Les raisons du tassement du chômage à travers l'enquête emploi · Monsieur Michel Cézard Les...

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Monsieur Michel Cézard Les raisons du tassement du chômage à travers l'enquête emploi In: Economie et statistique, N°160, Novembre 1983. Emploi, inflation et gestion des entreprises industrielles / Le nombre des chômeurs / Le tassement du chômage. pp. 47-61. Citer ce document / Cite this document : Cézard Michel. Les raisons du tassement du chômage à travers l'enquête emploi. In: Economie et statistique, N°160, Novembre 1983. Emploi, inflation et gestion des entreprises industrielles / Le nombre des chômeurs / Le tassement du chômage. pp. 47- 61. doi : 10.3406/estat.1983.4803 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1983_num_160_1_4803

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Monsieur Michel Cézard

Les raisons du tassement du chômage à travers l'enquêteemploiIn: Economie et statistique, N°160, Novembre 1983. Emploi, inflation et gestion des entreprises industrielles / Lenombre des chômeurs / Le tassement du chômage. pp. 47-61.

Citer ce document / Cite this document :

Cézard Michel. Les raisons du tassement du chômage à travers l'enquête emploi. In: Economie et statistique, N°160, Novembre1983. Emploi, inflation et gestion des entreprises industrielles / Le nombre des chômeurs / Le tassement du chômage. pp. 47-61.

doi : 10.3406/estat.1983.4803

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1983_num_160_1_4803

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AbstractThe reasons for a slow-down in unemployment : results of the employment survey - Between April-May1982 and March 1983, the observed rate of unemployment rose by 2.8 per cent, when one uses themeasurements of the ILO. The drop in the unemployment rate is clear; however the situation appearsalmost paradoxical, as the employment situation has not improved. First, professional working yearshave shortened during the period under study here, this foreshortening of work life has accelerated inpace, motivated in part by government action in favour of early retirement. It accounts for some 200,000persons. At the same time, young people are prolonging their studies, thus putting off their entry into thework market. The least recourse to temporary employment by firms has favoured this behaviour.Another factor has also to be taken into account which tends to worsen the labour market. Categories ofunemployment which are close to ILO definitions but not exactly the same have developed j: «Unemployed who have given up » for instance that is, people who feel they will never find employment;temporary employment situations which were taken in hope of better, more stable employment later on.

RésuméEntre avril-mai 1982 et mars 1983, la croissance du chômage est de 2,8 %, quand on le mesure selonla définition du Bureau international du travail. Le tassement est net, mais peut sembler paradoxalpuisqu'il se produit sans que la situation de l'emploi ne s'améliore. Tout d'abord la fin de la vieprofessionnelle est de plus en plus précoce; au cours de la période étudiée, ce mouvement, appuyé pardiverses mesures gouvernementales, s'accélère et représente une ponction de 200 000 salariés. Dansle même temps, les jeunes, prolongeant leur scolarité, retardent leur entrée dans la vie active. Lemoindre recours des entreprises aux emplois précaires a favorisé ce comportement. Mais un autrefacteur joue également, et manifeste la dégradation du marché du travail. Des situations exclues duchômage BIT bien que s'en rapprochant se développent : « chômeurs ayant renoncé », considérant queleur recherche d'emploi n'avait plus guère de chance d'aboutir; emplois d'attente, souvent à tempspartiel, acceptés faute de mieux par leurs titulaires.

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POPULATION ACTIVE

Les raisons du tassement

du chômage

à travers l'enquête emploi

par Michel Cézard *

Entre avril-mai 1982 et mars 1983, la croissance du chômage est de 2,8 %, quand on le mesure selon la définition du Bureau international du travail. Le tassement est net, mais peut sembler paradoxal puisqu'il se produit sans que la situation de l'emploi ne s'améliore. Tout d'abord la fin de la vie professionnelle est de plus en plus précoce; au cours de la période étudiée, ce mouvement, appuyé par diverses mesures gouvernementales, s'accélère et représente une ponction de 200 000 salariés. Dans le même temps, les jeunes, prolongeant leur scolarité, retardent leur entrée dans la vie active. Le moindre recours des entreprises aux emplois précaires a favorisé ce comportement. Mais un autre facteur joue également, et manifeste la dégradation du marché du travail. Des situations exclues du chômage BIT bien que s'en rapprochant se développent : « chômeurs ayant renoncé », considérant que leur recherche d'emploi n'avait plus guère de chance d'aboutir; emplois d'attente, souvent à temps partiel, acceptés faute de mieux par leurs titulaires.

données de 1982 sont donc légèrement différentes de celles publiées en janvier 1983 dans ces colonnes [1], mais la différence est minime 1.

Chômage et emploi : divergence apparente entre les indicateurs

En mars 1983, on dénombre 1840 000 chômeurs au sens du BIT d'après l'enquête sur l'emploi, contre

En octobre 1982, la treizième conférence internationale des statisticiens du travail s'est réunie à Genève sous les auspices du Bureau international du travail (BIT). De nouvelles recommandations ont été adoptées concernant les définitions de la population active occupée et du chômage. Désormais les personnes cherchant un emploi non salarié sont comptées parmi les

meurs (voir encadré p. 56) ; en revanche les « personnes n'ayant pas travaillé la semaine de référence en raison de la mauvaise conjoncture économique », ne font plus partie des chômeurs, si elles gardent un lien avec leur emploi, ce qui est le cas général en France.

Les chiffres ci- dessous sont présentés selon les nouvelles définitions tant pour 1983 que pour 1982; les

* Michel Cézard fait partie de la division « Emploi » du département « Population-ménages » de l'INSEE.

Les nombres entre crochets, [ ], renvoient à la bibliographie en fin d'article.

1. On se reportera aux volumes à paraître des Collections de PINSEE sur les enquêtes de 1982 et 1983, pour obtenir des précisions sur la manière dont l'INSEE a interprété les nouvelles définitions du BIT.

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1 789 000 en avril-mai 1982 (tableau 1). A s'en tenir à cette évolution globale, + 2,8 % seulement au cours de la période, on pourrait conclure à un certain tassement du chômage en France. Pourtant, de mars 1982 à mars 1983, le nombre de salariés occupés dans les secteurs marchands, en dehors de l'agriculture, continue de diminuer (tableau 2), en raison de la persistance de la crise dans l'industrie et le bâtiment. L'évolution favorable du tertiaire marchand ne compense pas cette diminution. Le nombre des personnes à leur compte et celui des salariés agricoles diminuent aussi. Au total, malgré une croissance des services non marchands, la population active occupée régresse. Un écart se creuse donc entre les emplois et la population disponible en âge de travailler, rendant plausible une forte augmentation du chômage... démentie par les chiffres cités ci- dessus.

Deux explications sont examinées successivement. D'une part les retraits du marché du travail s'accélèrent. D'autre part il existe une frange croissante de personnes, pourtant proches des chômeurs par certains traits, mais qui sont exclues de la définition du BIT.

Tableau 1

Composition du chômage selon les enquêtes sur l'emploi de 1982 et 1983

Chômeurs déclarés Autres personnes ne faisant pas partie de la

population active occupée et cherchant un emploi

Moins : personnes ne remplissant pas les conditions pour être classées parmi les chômeurs (PSERE) <

Reste : chômeurs PSERE (population sans emploi à la recherche d'un emploi)

Plus : personnes sans emploi ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement (sauf étudiants, militaires du contingent) 2

Total : chômeurs au sens du BIT (Bureau international du travail)

Avril-mai 1982

1 783 000

+ 446000

— 606 000

1623 000

+ 166 000

1789 000

Mars 1983

1882000

+ 429 000

— 635 000

1 680 000

+ 160 000

1840 000

Taux de variation

(en%)

+ 5.6

-3.6

+ 3,5

+ 2,8

1. Ces conditions sont les suivantes : ne pas avoir travaillé la semaine précédant l'enquête; déclarer chercher effectivement un emploi; être disponible pour travailler sous quinze jours; avoir accompli un acte effectif de recherche d'emploi au cours du mois précédant l'enquête.

2. 43 000 étudiants ou militaires en 1982, 25 000 en 1983 ont déclaré avoir trouvé un emploi. Considérées en général comme non disponibles immédiatement, ces personnes n'ont donc pas été retenues.

Tableau 2

Évolution des effectifs salariés des secteurs marchands (hors agriculture) au 31 mars

Effectifs en milliers et taux de variation annuels en %

Secteur

Industrie (sauf bâtiment)

Bâtiment-travaux publics

Industrie (y compris bâtiment)

Tertiaire marchand

Ensemble des secteurs marchands (sauf agriculture)

1975

5 879

1 617

7 495

5 934

13 429

1976

5 769 — 1.9

1 591 — 1,6

7 360 — 1,8 6137 + 3.4 13497 + 0.5

1977

5 772 0,0

1 588 — 0.2 7 360

0,0 6 377 + 3,9 13 737 + 1,8

1978

5 694 — 1.4

1 544 — 2,8 7 238

— 1.7 6 605 + 3,6 13 843 + 0,8

1979

5 581 — 2,0

1 505 — 2,5 7 086

— 2,1 6731 + 1.9 13 817 — 0,2

1980

5 530 — 0,9

1 500 — 0,3 7 030

— 0,8 6 862 + 1.9 13 891 + 0,5

1981

5 374 — 2,8 1481

— 1,3 6 855

— 2,5 6 952 + 1.3 13 808 — 0,6

1982

5 249 -2,3

1 431 — 3,4 6 680

— 2,5 7 041 + 1.3 13 721 — 0,6

1983

5159 — 1,7

1 371 — 4,2

6 530 -2,2 7123 + 1.2 13 653 — 0,5

Source : Estimation d'effectifs salariés. — INSEE division « Emploi ». 48

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Entre avril-mai 1982 et mars 1983 le taux d'activité global des personnes de 15 ans ou plus diminue [2]; il retrouve en 1983 son niveau de mars 1978. Depuis 1975 ce taux n'avait baissé qu'une seule fois, entre mars 1977 et mars 1978.

Si, entre mars 1977 et mars 1978 d'une part, entre avril-mai 1982 et mars 1983 d'autre part, la baisse du taux d'activité global est du même ordre, 0,5 point environ, un examen par sexe et âge fait apparaître des différences (tableau 3). Certes, dans les deux cas, le taux d'activité des jeunes fléchit, celui des personnes de plus de 50 ans également, et la croissance de l'activité féminine entre 25 et 49 ans se ralentit. Mais, en 1977-1978, la diminution du taux d'activité des jeunes, conséquence du développement des stages de formation mis en œuvre par le premier Pacte pour l'emploi, a été plus forte qu'en 1982-1983. De même, le ralentissement de la croissance de l'activité féminine était plus net en 1977-1978 qu'en 1982-1983. L'effet principal en 1982-1983 porte sur les personnes de 50 ans et plus : le taux d'activité des

hommes baisse de 2,3 points et celui des femmes de 1,1 point, contre des baisses de 0,8 et 0,6 point respectivement dans la période 1977-1978.

Cette baisse du taux d'activité des personnes de 50 ans et plus n'est pas un phénomène nouveau. Elle date du début de la crise de l'emploi. Divers dispositifs y ont contribué, en particulier la mise en place de mécanismes de garantie de ressources et de préretraite.

En 1978-1979 déjà la convention sociale de la sidérurgie prévoyait des départs en préretraite dès 56 ans et même, entre 50 et 54 ans, la possibilité de « dispenses d'activité ». La garantie de ressources prévue d'abord pour les salariés âgés licenciés est étendue ensuite aux démissionnaires de 60 ans et plus. Les allocations du Fonds national de l'emploi permettent, sous certaines conditions, le départ de salariés n'ayant pas atteint 60 ans [5]. L'accélération du retrait, déjà sensible avant 1982 se prolonge entre avril-mai 1982 et mars 1983, pour les 60-64 ans, et s'amplifie pour les 55-59 ans.

Tableau 3

Évolution des taux d'activité par sexe et âge entre mars 1977 et 1978, puis entre mars 1981, avril-mai 1982 et mars 1983

Hommes 15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus

Femmes 15 à 24 ans 25 à 49 ans 50 ans et plus

Ensemble

1977

48,5 96,6 49,4

45,4 61,4 23,5

56,2

1978

46,9 96,8 48,6

44,1 62,1 22,9

55,8

Écart

— 1,6 + 0,2 — 0,8

— 1,3 + 0,7 — 0,6

— 0,4

1981

45,5 96,8 47,0

42,5 65,5 23,7

56,2

1982

45,3 96,8 45,4

42,5 67,6 23,4

56,3

Écart

— 0,2 0,0

— 1,6

0,0 + 2,1 — 0,3

0,1

1982

45,3 96,8 45,4

42.5 67,6 23,4

56,3

1983

44.7 96,8 43,1

41.5 68,8 22,3

55,8

Écart

— 0,6 0,0

— 2,3

— 1,0 + 1,2 — 1,1

— 0,5

Source : Enquêtes sur l'emploi.

Une vision neuve et approfondie des communes

françaises

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Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

P401 INFORMATION, CONSULTATION, VENTE : Dans les Observatoires économiques régionaux de l'INSEE.

POPULATION ACTIVE 49

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Cet accroissement des départs a pour origine la signature, en 1982, des contrats de solidarité-préretraite ainsi que le développement du dispositif d'aide du Fonds national de l'emploi pour les entreprises défaillantes des secteurs ou des régions en difficulté. De plus, au début de 1983, les conditions de la garantie de ressources sont devenues moins avantageuses pour les nouveaux ayants droit. A l'approche de cette échéance, des entreprises ont sans doute accéléré des départs de salariés de 55 à 59 ans; ces départs étaient prévus, ou simplement envisagés, par le biais des contrats de solidarité ou du Fonds national de l'emploi; Us ont été avancés afin que les bénéficiaires puissent profiter encore de la garantie de ressources selon l'ancienne formule, une fois parvenus à 60 ans.

Le taux d'activité des hommes de 55-59 ans baisse de 5 points en un an

Entre 55 et 59 ans en effet, seulement 71 % des hommes restent actifs, en mars 1983, contre 75,6 % selon l'enquête de 1982 (tableau 4) : plus précisément, c'est entre 57 et 60 ans que le nombre de salariés diminue le plus nettement. En mars 1983, deux hommes sur cinq sont salariés à 57-58 ans, 1 sur 3 à 59 ans, 1 sur 4 à 60 ans. Et comme la part des non- salariés reste à peu près constante, aux environs de 20 %, de 55 à 62 ans, c'est la proportion des inactifs et des chômeurs qui croît. Aux inactifs, souvent préretraités s'ajoutent en effet, de 55 à 60 ans environ 4 à 5 % de chômeurs (proportion calculée sur l'effectif complet de la classe d'âge).

Ces chômeurs sont le plus souvent inscrits auprès de l'ANPE et indemnisés par l'UNEDIC; leur espoir de retrouver un emploi est quasi nul; n'ayant pu bénéficier des moyens de cessation anticipée d'activité, ils attendent leur soixantième anniversaire pour pouvoir bénéficier de la préretraite et maintenant de la retraite proprement dite.

Une autre illustration peut être donnée de l'accélération du retrait d'activité des salariés masculins âgés : le nombre des anciens salariés de 55 à 59 ans qui sont inactifs depuis moins d'un an est deux fois plus élevé que celui des anciens salariés inactifs depuis un à deux ans (tableau 5). Par catégorie sociale et secteur d'activité d'origine, les situations sont cependant assez différenciées : pour les ouvriers, les départs du secteur des biens intermédiaires

Tableau 4

Proportion d'actifs (salariés, non-salariés, chômeurs) et d' inactifs parmi les personnes de 50 à 64 ans selon le sexe et l'âge *

Hommes 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans

Femmes 50 à 54 ans 55 à 59 ans 60 à 64 ans

Salariés

66,1 49,0 20,9

41,2 31,5 14,2

Avril-mai 1982

Non- salariés

21,4 22,2 17,4

12,9 11,4 7,8

Chômeurs

3,9 4,4 1,7

3,5 3,2 1.3

Total des actifs

91.4 75,6 40,0

57,6 46.1 23.3

Inactifs

8,6 24,4 60,0

42.4 53.9 76,7

Mars 1983

Salariés

67.1 44,8 15,1

39,6 27,9 11,3

Non- salariés

20,7 21,5 17,1

13,5 12,3 8,4

Chômeurs

3,8 4,8 1.4

3,6 3,4 0,9

Total des actifs

91,6 71,0 33.6

56,7 43,7 20,6

Inactifs

8,4 29,0 66,4

43,3 56,3 79,4

* A l'enquête] sur l'emploi, l'âge est exprimé en années révolues au 31 décembre suivant l'enquête; au mois de mars, les « 60 ans » n'ont, dans leur grande majorité, pas encore atteint leur anniversaire; aussi esUce seulement à 61 ans que le chômage chute brutalement (de 4 % à moins de 1 % de la classe d'âge).

Source : Enquêtes sur l'emploi. 50

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Tableau 5

Salariés et anciens salariés de 55 à 64 ans selon le sexe, l'âge et le secteur d'activité actuel ou d'origine en mars 1983

Salariés et anciens salariés de 55 à 59 ans. Ouvriers

Industrie Bâtiment-travaux publics Autres secteurs

Non-ouvriers , Industrie Bâtiment-travaux publics Autres secteurs

Salariés et anciens salariés de 60 à 64 ans. . .

Bâtiment-travaux publics Autres secteurs

Industrie Bâtiment-travaux publics Autres secteurs

Hommes

Actifs occupés

654 000 283 000 121000 46 000

116000 371 000 115000 20 000

236 000

192000 67 000 20 000 9000

38 000 125 000 23 000 4000

98 000

Inactifs depuis moins de 10 ans1

Total

343 000 205 000 132 000 21 000 52 000

138 000 55 000 5000

78 000

662 000 352 000 194 000 52 000

106 000 310 000 101 000 13000

196 000

Depuis moins

d'un an

146 000 85 000 60 000 8000

17000 61 000 34 000 2000

26 000

128 000 63 000 32000 11 00

20 000 65 000 21 000 3000

41000

Depuis un à

deux ans

62 000 36 000 26 000 4000 6000

26 000 9000

e 17 000

118 000 64 000 34 000 14000 16 000 54 000 19 000 2000

33 000

Femmes

Actives occupées

438 000 80 000 45 000 2

35 000 358 000 40 000

318 000

162 000 27 000 10000

17000 135 000 11000

124 000

Inactives depuis moins

Total

230 000 70 000 55 000

15000 160 000 23 000

137 000

385 000 105 000 78 000

27 000 280 000

Depuis moins

d'un an

79 000 25 000 19 000

6000 54 000 11000

43 000

81 000 17 000 13000

4000 64 000

37 000 ( 8 000 V 243 000 56 000

de 10 ans1

Depuis un à

deux ans

30 000 10000 8000

2000 20 000 2000

18000

60 000 18000 14000

4000 42 000 7000

35 000

1 . Les personnes ayant cessé depuis longtemps leur activité pour raison familiale ou de santé ne sont donc pas incluses. 2. Étant donné le faible nombre de femmes salariées ou anciennes salariées du bâtiment-travaux publics, ce secteur a été regroupé avec

l'industrie.

Source : Enquête sur l'emploi de mars 1983.

sont deux fois plus nombreux entre mars 1982 et mars 1983 que l'année précédente; ce secteur qui comprend notamment la sidérurgie se caractérisait déjà, avant 1981-1982, par des départs assez nombreux d'ouvriers de 55 à 59 ans. Les départs d'ouvriers en provenance du secteur des biens d'équipement et du bâtiment-travaux publics s'accélèrent également, mais moins que dans le secteur des biens intermédiaires. Enfin, les départs

d'ouvriers des industries de consommation sont importants depuis un an; les retraits d'activité avant 60 ans y constituent un phénomène nouveau.

Au total, entre les deux enquêtes, le nombre des ouvriers de 55 à 59 ans en activité dans l'ensemble de l'industrie fléchit de 150 000 à 121000. Il devient moins élevé que le nombre des anciens ouvriers ayant quitté le secteur depuis moins de dix ans, nombre qui grimpe de 95 000 à 132 000.

Pour les non-ouvriers des mêmes âges, les retraits d'activité, peu fréquents avant 1982, se multiplient entre mars 1982 et mars 1983. Leur impact est surtout net dans l'industrie : on compte un départ au cours de l'année pour trois actifs de 55 à 59 ans restant dans les secteurs des biens intermédiaires et des biens d'équipement, contre un départ pour dix actifs dans le tertiaire. Au moins dans l'industrie, ces premiers départs

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massifs de non-ouvriers peuvent être l'indice d'un approfondissement de la crise, des entreprises se séparant maintenant même du personnel non lié directement à la production, employés et cadres en surnombre no

tamment.

Un phénomène de retrait de l'activité se manifeste aussi pour les femmes de 55 à 59 ans; il est toutefois moins marqué que pour les hommes : d'une part les femmes de ces générations ne participent pas à l'activité salariée autant que les hommes (ni autant que les femmes des générations plus jeunes); en nombre, les retraits d'activité les affectant sont donc moins importants. D'autre part, l'effet des retraits précoces est contrecarré par les reprises d'activité et aussi par le jeu du remplacement dans la tranche quinquennale d'une génération par une autre plus jeune comportant une proportion d'activés plus importante.

Cela étant, comme pour les hommes, le retrait des ouvrières de l'industrie âgées de 55 à 59 ans s'accélère entre mars 1982 et mars 1983 (tableau 5); il est particulièrement net dans le secteur des biens de consommation, fortement féminisé. Ce retrait touche aussi les femmes non ouvrières de l'industrie (un départ pour quatre actives), des services marchands (un départ pour six actives) et dans une moindre mesure des autres secteurs du tertiaire.

Pour les 60-64 ans, le processus de retrait d'activité s'est poursuivi en 1982, dans la plupart des secteurs, au même rythme que les années passées. En mars 1983, il ne reste plus au total que 15 % des hommes et 11 % des femmes de 60-64 ans qui occupent un emploi salarié. Pour 20 000 ouvriers et 10 000 ouvrières occupés dans l'industrie, on compte à cette date 194 000 anciens ouvriers et 78 000 anciennes ouvrières ayant quitté ce secteur depuis moins de 10 ans. La proportion de non-ouvriers encore occupés dans l'industrie est de plus du double : 23 000 hommes, 11 000 femmes pour 101 000 hommes et 37 000 femmes anciens non-ouvriers ayant quitté l'industrie. Enfin, on compte deux personnes non ouvrières

Tableau 6

Évolution des taux de scolarisation par sexe et âge

En%

Jeunes gens 16 ans 17 ans.., 18 ans 19 ans 20 à 24 ans

Jeunes femmes 1 6 ans 17 ans 18 ans 19 ans 20 à 24 ans

1975

91,1 66,6 52,0 34,0 15,1

94,3 72,7 56,3 39,0 15,1

1976

91,8 70,7 55,5 34,9 14,9

96,6 78,3 60,4 37,9 14,7

1977

92,2 70,2 55,6 34,1 16,0

96,2 78,6 62,5 40,5 15,0

1978

94,4 72,6 57,9 38,9 16,2

96,7 80,6 64,4 42,5 15,9

1979

95,2 71,6 55,0 37,7 16,5

96,4 80,1 66,5 43,2 15,5

1980

93,9 73,8 55,8 38,5 16,5

96,0 82,6 69,0 47,2 16,7

1981

95,5 74,7 58,2 40,3 18,8

97,1 84,3 70,2 48,0 17,4

1982

95,1 74,6 59,0 40,9 18,9

96,7 84,6 71,7 51,5 18,8

1983

96,3 78.1 64,6 43,9 17,8

98,3 87,8 75,8 55,0 19,8

Source : Enquêtes sur l'emploi.

inactives en provenance du tertiaire pour une active occupée par ce secteur.

Au total, entre avril-mai 1982 et mars 1983, la population des 50-64 ans augmente de 247 000 personnes. Dans cet ensemble, le nombre des non- salariés et celui des chômeurs évoluent peu; en fin de période les salariés sont 200 000 de moins et les inactifs 405 000 de plus.

Scolarisation croissante des jeunes

La baisse du taux d'activité des jeunes est surtout sensible entre 15 et 19 ans. Elle se traduit par une scolarisation plus importante, de 17 à 19 ans (tableau 6). Si le changement de la date d'enquête contribue à cet accroissement, les stages de formation étant plus nombreux en mars qu'en avril-mai [1], il ne suffit pas à l'expliquer. L'effet du plan d'insertion des jeunes de 16 à 18 ans joue également. Enfin, un certain nombre

de jeunes restent à l'école car ils ne trouvent pas de travail; la diminution du nombre des emplois précaires (encadré p. 60) accentue d'ailleurs ce processus et retarde leur première entrée sur le marché du travail. Cette scolarisation accrue peut avoir des effets bénéfiques, si les jeunes obtiennent à l'école un complément de formation et ne piétinent pas dans des classes de fin de scolarité.

En 1983, le taux de scolarisation des jeunes femmes de 20 à 24 ans continue de croître, mais pas celui des jeunes gens. Entre 19 et 21 ans a lieu pour ces derniers la coupure du service militaire, ensuite pour la plupart, l'insertion définitive dans la vie active s'accompagne de la décohabitation d'avec les parents mais précède généralement la constitution d'un couple stable. Et de fait, les jeunes hommes vivant en couple ont un taux d'activité élevé et un faible taux de chômage, comparés aux autres jeunes gens des mêmes générations.

Pour les femmes de 24 à 49 ans^ malgré le contexte économique défa.

52

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Tableau 7

Évolution de quelques indicateurs du chômage

Catégorie

Chômeurs au sens du BIT

Ensemble , Hommes , Femmes ,

Chômeurs PS ERE (population sans emploi

à la recherche d'un emploi)

Ensemble Hommes Femmes

Chômeurs PSERE inscrits auprès de l'ANPE

(d'après l'enquête)

Ensemble. Hommes. ............. Femmes

Ensemble des inscrits auprès de l'ANPE (d'après l'enquête)

Ensemble Hommes Femmes

Demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) '

Ensemble Hommes Femmes

Avril-mai 1982

1789 000 781000

1008 000

1 623 000 702 000 921000

1401000 636 000 766 000

1770 000 786 000 985 000

1928 000 976 000 952 000

Mars 1983

1840 000 823 000

1017 000

1679 000 741 000 939 000

1442 000 659 000 782 000

1848 000 836 000

1012 000

2048 000 1047 000 1001000

Taux de variation

+ 2,8 + 5,4 + 0,9

+ 3,5 + 5,6 + 2,0

+ 2,9 + 3.6 + 2,1

+ 4.4 + 6,4 + 2,7

+ 6,2 + 7,3 + 5,2

1. A la date moyenne d'enquête. Lors de l'enquête d'avril-mai 1982, cette date moyenne est proche de la fin du mois d'avril; pour mars 1983, on a effectué la demi-somme des DEFM de février et mars. Dans cette série ne sont retracées que les demandes d'emploi permanent à temps complet, demandes dites de catégorie 1.

Source : Enquêtes sur l'emploi, Ministère du travail.

vorable, le taux d'activité est passé de 67,6 % à 68,8 %. L'augmentation était plus forte entre mars 1981 et avril-mai 1982 qu'entre cette date et mars 1983. Mais l'inégalité de longueur des deux périodes, 13 mois et demi puis 10 mois et demi, contribue peut-être à expliquer la différence.

Entre 30 et 39 ans, un ralentissement s'observe cependant : des femmes ayant des jeunes enfants à charge s'abstiendraient, vu la conjoncture économique, de travailler, tandis que d'autres plus jeunes (25-29 ans) ou ayant de moindres charges familiales, continueraient à participer de façon accrue à l'activité économique.

La construction du chômage PSERE

Les indicateurs autres que le chômage BIT montrent une progression un peu supérieure du chômage. Le nombre des chômeurs PSERE, principale composante du chômage BIT (tableau 1), croît de 3,5 %; la discordance d'évolution entre chômeurs BIT et PSERE a pour origine la baisse du nombre des personnes ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement. Cette baisse est probablement liée à un facteur saisonnier : le marché du travail est moins actif en mars qu'en avril-mai. L'effectif des personnes s'étant déclarées à l'enquête « inscrites auprès de l'ANPE » croît de 4,4 %; si ces personnes ne recouvrent pas exactement les personnes recensées dans les fichiers de l'ANPE comme demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) leur taux d'évolution s'en rapproche néanmoins un peu (tableau 7).

Le chômage au sens du BIT ne reflète qu'imparfaitement l'aggravation intervenue. Pour être compté parmi les chômeurs au sens du BIT, il faut en effet satisfaire à certaines conditions : disponibilité, recherche effective d'emploi, absence d'emploi au cour» de la semaine de référence.

Toutes les personnes qui, au cours <fe l'interview, ont déclaré être au chômage ou rechercher un emploi mais ne satisfont pas à l'une de ces conditions, ne sont donc pas classées comme chômeurs.

POPULATION ACTIVE 53

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Tableau 8

Composition détaillée du chômage PSERE en mars 1983

Catégorie Chômeurs

déclarés

Inactifs déclarés

Ensemble Dont :

Élèv Militaires Personnes au foyer Autres inactifs

Actifs déclarés

Ensemble Dont :

stagiaires

Total

Chômeurs déclarés dont : inscrits ANPE.

Moins : ayant un emploi BIT. dont : inscrits ANPE —

Moins : ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement

dont : inscrits ANPE. Moins : ne cherchant pas d'emploi (« ayant

renoncé ») dont : inscrits ANPE

1 884 000 1 633 000

45 000 35 000

98 000 74 000

108 000 55 000

Plus : autres personnes cherchant un emploi et ne faisant pas partie de la popula< tion active occupée

Total : petit cercle des postulants à un emploi

dont .'inscrits ANPE.

Moins : personnes non disponibles ayant effectue des démarches, inscrites ANPE.

Moins : personnes non disponibles, ayant effectué des démarches mais non inscrites.

Moins : personnes non disponibles, n'ayant effectué aucune démarche

Moins : personnes disponibles n'ayant effectué aucune démarche

Reste : Chômeurs PSERE. dont : inscrits ANPE. .

1633 000 1469 000

96 000

4000

5000

48 000

403 000 92000 28 000 234 000 49 000 26 000 16000

1884 000 1 633 000

45 000 35 000

98 000 74 000

108 000 55 000

429 000

403 000 76 000

12000

51 000

47 000

103 000

92 000 14000

5000

30 000

20 000

8000

28 000 4000

3000

10000

13000

1000

234 000 46 000

3 000

7000

12000

82 000

49 000 12000

1 000

2000

2000

13 000

26 000 10000

5000

4000

4000

3000

16000 6 000

4000

4 000

2000

2 00C

2 062 000 1 555 000

113000

59 000

56 000

154 000

1480 000 1373 000

190 000 64 000

29 000 10000

2000 128 000 42 000

31000 12000

10 000 5000

5 00C 2 000

1 680 000 1 442 000

Source : Enquête sur l'emploi de mars 1983.

La population de départ, à partir de laquelle est construit le nombre de chômeurs PSERE est constituée de personnes qui ont été classées comme chômeurs au début de l'interview (tableau 8, graphique I). Par convention, on les appelle « chômeurs déclarés »; en mars 1983 ils sont 1 884 000. Parmi ceux-ci on supprime! les personnes faisant partie de lay

population active occupée, celles ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement et enfin celles qui ne cherchent pas d'emploi.

Les chômeurs déclarés faisant cependant partie de la population active occupée à la date de l'enquête sont classés actifs occupés au sens du BIT parce qu'ils ont travaillé au moins une heure au cours de la semaine

de référence. Ces chômeurs déclarés sont le plus souvent inscrits auprès de l'ANPE. 45 000 en 1983, ils étaient un peu moins nombreux en 1982 (41 000). Si certains d'entre eux ont trouvé ou retrouvé un emploi satisfaisant et de ce fait ne cherchent plus, 9 sur 10 déclarent rechercher un autre emploi, soit par crainte ou même certitude de perdre leur emploi actuel,

54

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Graphique I

« Petit cercle » et « grand cercle » des postulants à un emploi *

Effectifs en millier» EU Chômeurs déclarés

Dont inscrits à I'A.N.P£.

o

o

Petit cercle des postulants à un emploi

Grand cercle des postulants à un emploi

il

iiï

/

[35 Illii

:76;

* Les différents chiffres apparaissant dans les graphiques sont tirés du tableau 8 ou du texte (pour le grand cercle).

soit le plus souvent parce que l'emploi actuel n'est qu'un emploi d'attente, précaire ou à temps partiel (28 000 sont dans ce cas en 1983).

Les chômeurs déclarés ne cherchant pas d'emploi et aussi exclus du chômage BIT sont appelés ici « chômeurs ayant renoncé ». Leur nombre croît entre 1982 et 1983, de 81000 à 108 000. La moitié d'entre eux sont inscrits auprès de l'ANPE, proportion qui est en augmentation. Parmi les inscrits à l'ANPE, les deux tiers ont 50 ans ou plus, et la grande majorité déclarent avoir été licenciés.

On ajoute à cette population 403 000 autres personnes cherchant un emploi sans faire partie de la population active occupée et qui ne sont pas déclarés chômeurs. Parmi celles-ci 92 000 sont « élèves ou étudiants », 28 000 « militaires du contingent », 234 000 « au foyer », 49 000 « autres inactifs » ou « retraités ». Enfin on ajoute 26 000 individus classés parmi les actifs d'après les questions du début du questionnaire mais qui n'ont cependant pas été retenus dans la population active occupée (au sens du BIT); parmi ces individus, on dénombre 16 000 stagiaires en formation.

On aboutit à un ensemble de personnes ayant en commun deux propriétés : rechercher un emploi et ne pas faire partie de la population active occupée (BIT). Cet ensemble est appelé ici « petit cercle des postulants à un emploi » (graphique I).

Tous ces postulants à un emploi ne sont pas chômeurs au sens du BIT et ne se retrouvent donc pas dans l'effectif correspondant : certains ne sont pas disponibles, d'autres n'ont effectué aucune démarche de recherche d'emploi. Une personne est déclarée non-disponible si elle ne peut pas prendre un emploi sous 15 jours, délai porté à un mois en cas de maladie bénigne.

Pour les personnes inscrites à l'ANPE mais non disponibles, la participation à des stages de formation professionnelle pour adulte notamment, et pour les femmes, les raisons liées à la maternité et à la garde des enfants, sont les motifs les plus souvent cités de non-disponibilité. Les non-inscrits,

POPULATION ACTIVE 55

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EXTRAIT DE LA RÉSOLUTION CONCERNANT LES STATISTIQUES DE L'EMPLOI ET DU CHÔMAGE, ADOPTÉE PAR LA 13* CONFÉRENCE INTERNATIONALE DES STATISTICIENS DU TRAVAIL

Les personne» temporairement absentes de leur travail pour raison de maladie eu d'accident, de congé ou de vacances, de conflit du travail ou de grève, de congé-éducation ou formation, de congé- maternité ou parental, de mauvaise conjoncture économique ou de suspension temporaire du travail due à des causes telles que : conditions météorologiques défavorables, incidents mécaniques ou électriques, pénurie de matières premières ou de combustibles, ou toute autre cause d'absence temporaire avec ou sans autorisation, devraient être considérées comme pourvues d'un emploi salarié, à condition qu'elles aient un lien formel avec leur emploi.

Ce lien formel avec l'emploi devrait être déterminé à ta lumière des circonstances nationales, par référence à l'un ou plusieurs des critères suivants : i. Le service ininterrompu du salaire ou du traitement; ii. Une assurance de retour au travail à la fin de la situation d'exception ou un accord sur la date de retour; iii. La durée de l'absence du travail qui, le cas échéant, peut être la durée pendant laquelle les travailleurs peuvent recevoir une indemnisation sans obligation d'accepter d'autres emplois qui leur seraient éventuellement proposés.

Les « chômeurs » comprennent toutes les personnes ayant un âge spécifié qui, au cours de la période de référence, étaient : a. « Sans travail », c'est-à-dire qui n'étaient pourvues ni d'un emploi salarié ni d'un emploi non salarié, comme défini au paragraphe 9; b. « Disponibles pour travailler » dans un emploi salarié ou non salarié durant la période de référence, et c. « A la recherche d'un travail », c'est-à-dire qui avaient pris des dispositions spécifiques au cours d'une période récente spécifiée pour chercher un emploi salarié ou un emploi non salarié. Ces dispositions spécifiques peuvent inclure : l'inscription à un bureau de placement public ou privé; la candidature auprès d'employeurs; les démarches sur les lieux de travail, dans les fermes ou à la porte des usines, sur les marchés ou dans les autres endroits où sont traditionnellement recrutés les travailleurs; l'insertion ou la réponse à des annonces dans les journaux; les recherches par relations personnelles; la recherche de terrain, d'immeubles, de machines ou d'équipement pour créer une entreprise personnelle; les démarches pour obtenir des ressources financières, des permis et licences, etc. En dépit du critère de recherche de travail incorporé dans la définition standard du chômage, les personnes sans travail et disponibles pour travailler, qui ont pris des dispositions pour prendre un emploi salarié ou pour entreprendre une activité indépendante à une date ultérieure à la période de référence, devraient être considérées comme chômeurs.

qu'ils aient effectué ou non des démarches, sont principalement des élèves ou étudiants, puis des personnes au foyer et des militaires du contingent. De 1982 à 1983, le nombre des élèves et étudiants dans cette situation baisse fortement, passant de 70000 à 50000; ceci est lié au décalage de l'enquête en 1982 (avril-mai au lieu de mars); à l'approche de la fin de l'année scolaire, les élèves et étudiants sont en effet plus nombreux à déclarer chercher du travail et éventuellement à effectuer des démarches en ce sens, sans être, pour autant, disponibles immédiatement.

Les personnes disponibles mais n'ayant effectué aucune démarche sont principalement des personnes au foyer et des chômeurs 'déclarés. Sans avoir à proprement parler renoncé, puisqu'ils ont déclaré rechercher du travail, ils paraissent peu pressés ou peu motivés; leur recherche d'emploi reste

velléitaire. Leur nombre global augmente entre 1982 et 1983 de 133 000 à 154 000, peut-être en raison des difficultés grandissantes à trouver du travail, difficultés qui conduisent ceux dont la recherche d'emploi est la moins affirmée à ne pas entreprendre des démarches d'efficacité douteuse.

Du « petit cercle » au « grand cercle » des postulants à un emploi

Ayant ainsi caractérisé les personnes faisant partie des chômeurs déclarés ou du « petit cercle des postulants à un emploi » mais non retenues dans le chômage BIT, il reste à examiner le cas des personnes faisant partie de la population active occupée (BIT) qui cherchent un autre emploi et qui ne sont pas chômeurs déclarés.

En prenant ainsi en compte l'ensemble de la « population active occupée à la recherche d'un autre emploi (PARAE) », on élargit le champ d'analyse, et on emploiera le terme de « grand cercle des postulants à un emploi » pour désigner la réunion du « petit cercle » et de la PARAE (graphique I). Ce « grand cercle » comprend, en 1983, les 3 040 000 personnes recherchant un emploi, qu'elles soient déjà occupées ou non.

942 000 personnes font partie de la PARAE en mars 1983 contre 895 000 en avril-mai 1982. Si l'on en retranche les chômeurs déclarés faisant partie de la population active occupée et cherchant un autre emploi, que nous avons déjà comptés ci-dessus, il reste 907 000 personnes en 1983 (860 000 en 1982).

Parmi ceux-ci, 129 000 sont inscrits auprès de l'ANPE et 772 000 ne le sont pas. Entre les deux enquêtes,

56

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les non-inscrits augmentent de 3,2 %, les inscrits de 15,2 %. Cette forte progression des inscrits ayant un emploi corrobore l'idée que des « chômeurs » de plus en plus nombreux ne sont plus classés dans le chômage BIT parce qu'ils ont une occupation à la date de l'enquête. De fait, parmi ces inscrits auprès de l'ANPE, les emplois d'attente, les emplois à temps partiel, sont nombreux. Une minorité non négligeable est même constituée de personnes travaillant habituellement moins de 15 heures par semaine.

La plupart des inscrits travaillant à temps partiel déclarent chercher un emploi à plein temps. Parmi les non- inscrits, la place des personnes travaillant à temps partiel est plus réduite, une sur six environ en 1983, ainsi que celle des emplois d'attente, dont le nombre baisse même entre 1982 et 1983, accompagnant la diminution des emplois précaires, intérim, contrats à durée déterminée (encadré p. 60). Parmi les inscrits comme parmi les non-inscrits se développe entre les deux enquêtes la part de ceux qui ont « la crainte ou la certitude de perdre leur emploi actuel ». Ceci n'est, bien sûr, pas sans rapport avec la détérioration de la situation de l'emploi. La majeure partie des non-inscrits cherchent cependant un emploi pour d'autres motifs, — notamment pour trouver un emploi mieux payé; ils sont donc plus éloignés du noyau du chômage, et ne se perçoivent probablement pas comme chômeurs. D'ailleurs ils ne se sont pas déclarés comme tels.

Alors que le nombre de chômeurs au sens du BIT augmente de 51 000, certaines catégories, non retenues bien que voisines, ont crû fortement. D'une part, faisant partie de la population active occupée et cherchant un autre emploi, des « chômeurs déclarés », ainsi que des personnes qui ne se sont pas déclarées spontanément au chômage mais qui sont inscrites à l'ANPE. Ces personnes ont été amenées, volontairement ou poussées par la nécessité, à prendre un emploi, souvent d'attente ou à temps partiel, plutôt que de rester totalement oisives. Leur effectif s'est accru de 23 000 personnes entre 1982 et 1983.

D'autre part d'autres personnes ont fait un choix inverse. Elles ont préféré rester en marge, considérant que leur

Fondateur : Alfred Sauvy.

pttMtëatton : Gérard Calot. cjhtelî Hervé Le Bsàs. .

POPULATION

^^^^^^wm^if^^^m^ti^^^^ RETtîE B1MES7EI1JLLE DE /L'INSTITUT NÂÎIOIfAfc PÉMOGMAFEïQtîIS

SOMMAIRE 38° année, juillet-octobre 1983, numéro 4-5

Douzième rapport stir U situation dérnûgrâ- de la France

Rémy Cognet

Louis " et DWier Bianchet

- L'influence du concept de coîiorte sur la fr démographie des' pays en voie dé âévaïop- r*ement« Le cas dt* Cameroun 4e fOûest ,

- Cancer et alimentation : le cas des de l*intes$a et du rectum „ -

- Le mouvefnent .saisonnier de^ la mortalité". infantile: "une** G*eswe impossible f ' , - ."

-~La: population de, TÂngleterre de IS4P à 18,71 , \ ;..

La conjoncture démographique: et les pays développés d'Outre-Mçr -- ^ " ■. par Aïain Monhjbr - * ,■

Hôtes et Documents par Jacques Hob&aïlle; Marie-Claude CnmtA ? et Françoise Pemouom; Jacques Véron; Gérard Calotj Alfred Sauvy

Bibliographie crïtjaae — Informations

ÉDITIONS DE I/IJ.E.DV 27, RUE DU COMMANDEUR, 75675 PARIS - CEDEX 14

TARIFS DE VENTE ET D'ABONNEMENT 1982 ( à souscrire a IINED )

France, DOM, TOM Le numéro 25,00 F Abonnement d'un an 1 10,00 F

Etranger Le numéro ' 30,00 F Abonnement d'un an ■ 130,00 F

POPULATION ACTIVE 57

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Tableau 9

Circonstances de recherche d'emploi et ancienneté moyenne de chômage des chômeurs PSERE selon le sexe et l'âge

En%

Circonstance de recherche

Fin d'emploi non salarié Fin d'emploi précaire Licenciement Démission Retraite Fin des études ou du service mili

taire Reprise d'activité Autre circonstance

Total

Ancienneté moyenne de chômage (en mois)

Hommes

15-24 ans

1982 1983

0,5 28,9 15,3 7,5

41,9 2,9 3,0

100,0

8,5

e 27,8 14,9 6,8

43,1 3,8 3,6

100,0

9,8

25-49 ans

1982 1983

3,7 21,7 52,1 9,4

3,6 5,3 4,2

100,0

11,5

3,4 26,1 46,1 11,0

3,4 4,9 5,1

100,0

12,1

50 ans et plus

1982 1983

2,4 9,5

70,5 4,6 2,0

9,5 1,5

100,0

20,7

5,6 8,7

68,1 3,4 1,5

-1 6,5 6,2

100,0

21,6

Femmes

15-24 ans

1982 1983

0,3 27,8 12,4 9,0

39,8 8,8 1,9

100,0

11,9

0,3 29,8 12,5 6,0

39,6 8.1 3,7

100,0

12,4

25-49 ans

1982 1983

1,1 19,6 30,9 13,7

1,6 30,4 2,7

100,0

14,0

0,8 20,1 31,7 10,1

2,4 27,5 7,4

100,0

14.6

50 ans et plus

1982 1983

2.5 10,3 56.4 7,9 0,7

16,9 5,3

100,0

22,5

2,0 14,0 48,3 9,3 0,7

14,7 11,0

100,0

21,8

Source : Enquêtes sur l'emploi d'avril-mai 1982 et de mars 1983.

recherche d'emploi n'avait guère de chances d'aboutir. L'augmentation du nombre des personnes relevant de cette catégorie est encore plus sensible que dans le premier cas. H s'agit des chômeurs déclarés ne cherchant pas d'emploi, que nous avons appelés « chômeurs ayant renoncé » (+ 27 000 entre avril-mai 1982 et mars 1983) ainsi que des personnes qui, bien qu'ayant déclaré rechercher un emploi, n'ont effectué aucune démarche en ce sens (+ 21000).

Face à cette interprétation « rassurante » — en ce sens qu'elle rapproche l'évolution des deux indicateurs de chômage — subsiste toujours une interprétation moins simple, moins confortable, mais peut-être plus significative. Plutôt que de pencher pour une simple substitution comptable de catégories à d'autres aux frontières du chômage BIT, on peut mettre l'accent sur les relations entre la mesure et l'instrument de mesure. La définition

du chômage BIT fait référence à des critères factuels (disponibilité, recherche effective d'emploi, démarche en ce sens, absence de travail au cours de la semaine précédant l'enquête); au sein d'un ensemble de personnes assez large au début, elle opère un partage précis entre chômeurs et non-chômeurs.

Or d'une année sur l'autre, les personnes susceptibles d'être classées chômeurs réagissent de façon différente : elles acceptent ou non des emplois d'attente; elles effectuent ou non des démarches. En outre, dans leur réponse à l'enquête, les personnes interrogées peuvent omettre un emploi d'attente, voire s'inventer des démarches de recherche, afin d'apparaître plus crédibles vis-à-vis de l'enquêteur. L'examen de la comparaison entre DEFM et résultats de l'enquête montre que face à l'enquêteur de l'INSEE et vis-à-vis de l'ANPE, les personnes n'adoptent pas la même attitude. A deux reprises, dans le passé, la

pendance de la mesure à l'égard de l'instrument d'observation est apparue avec clarté : en 1982, lors du changement de questionnaire de l'enquête emploi [1] et surtout en 1975 lors du rapprochement individuel entre déclaration au recensement (février-mars 1975) et à l'enquête emploi de cette année-là (faite en avril-mai 1975 [4]. Le lien entre la mesure et l'instrument de mesure n'est pas pour étonner, mais mettre l'accent sur cette interprétation c'est souligner ce qui peut apparaître comme une fragilité.

Quelle que soit l'interprétation retenue, entre avril-mai 1982 et mars 1983 la croissance du nombre des actifs cherchant un autre emploi par crainte ou certitude de perdre l'emploi actuel et surtout des chômeurs « ayant renoncé » et des chômeurs n'ayant effectué aucune démarche, sont des indices de l'aggravation de la situation qui tranchent avec la croissance modé-

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Graphique II

Évolution du taux de chômage par sexe et âge *

Femmes de 15 à 24 ans

Hommes et femmes de 50 ans et plu

1979 1980 1981 1982 1983 1975 1976 1977 1978 Source : Enquête sur l'emploi.

* Chômage « PSERE » : population sans emploi à la recherche d'un emploi.

rée du chômage dans son ensemble, qu'elle soit vue à travers la norme internationale ou l'ANPE.

Une aggravation du chômage plus forte pour les hommes que pour les femmes

Comme c'est souvent le cas quand la situation de l'emploi s'aggrave,

le chômage masculin augmente plus vite que celui des femmes [1], Cette remarque reste vraie quel que soit l'indicateur retenu. Par ailleurs, les différents indicateurs du chômage sont plus rapprochés pour les hommes que pour les femmes.

L'évolution des taux de chômage PSERE par sexe et âge fait apparaître une progression continue du chômage des jeunes, tandis que le taux de chômage des femmes de 25 à

49 ans se stabilise depuis 1981 (graphique II). 4 jeunes sur 10 environ ont indiqué comme circonstance de recherche d'emploi « fin des études ou du service militaire » (tableau 9) ; près de 3 sur 10 ont mentionné une fin d'emploi occasionnel (intérim, contrat à durée déterminée, stage, etc.). Malgré un certain reflux des emplois précaires, particulièrement des contrats à durée déterminée (voir en cadré p. 60), cette circonstance de recherche d'emploi affecte d'abord les jeunes, mais de plus en plus aussi les adultes.

De ce fait, pour les hommes de 25 à 49 ans et les femmes de 50 ans et plus, la part des licenciements diminue un peu; avoir été licencié demeure cependant le principal motif de chômage. Enfin, pour les femmes, la proportion des reprises d'activité baisse assez fortement.

Un reclassement de plus en plus difficile pour les chômeurs les plus âgés

L'ancienneté moyenne du chômage augmente encore de 1982 à 1983, passant globalement de 13,3 mois à 13,9 mois. Elle est maximale, plus de 20 mois, pour les chômeurs de 50 ans et plus. A l'inverse les jeunes chômeurs ayant déjà travaillé ont une ancienneté d'environ 8 mois. D'une façon générale les personnes qui travaillaient avant d'être au chômage ont une ancienneté moyenne moins élevée que les personnes cherchant un premier emploi comme les jeunes. Enfin parmi les chômeurs ayant déjà travaillé, ceux qui ont été licenciés ont une ancienneté moyenne supérieure aux autres. Une ancienneté moyenne élevée est souvent le signe de difficultés aiguës de reclassement, c'est ce qui se passe pour les plus âgés; cependant, elle peut également refléter la recherche plus exigeante d'un bon emploi. A l'inverse, l'ancienneté moindre des jeunes tient à la fois à leur meilleure employabilité, du point de

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LES EMPLOIS PRÉCAIRES ET LE CHÔMAGE

Interrompant une progression régulière depuis 1975, le nombre des emplois précaires diminue entre avril-mai 1982 et mars 1983. Le nombre des intérimaires recensés par l'enquête passe de 125000 à 112 000, celui des personnes sous contrat â durée déterminée de 298 000 à 257 000. Pour l'intérim, cette évolution recouvre une stabilité dans beaucoup de secteurs, en particulier les services marchands, et une diminution assez rapide dans quelques secteurs, bâtiment, industries des biens d'équipement, commerce. La baisse du nombre de personnes sous contrat à durée déterminée est plus forte, et sensible dans presque tous les secteurs. Elle est particulièrement vive dans les industries de biens intermédiaires et dans le bâtiment, secteurs qui sont fortement touchés par la crise entre avril-mai 1982 et mars 1983 : la part des personnes sous contrat à durée déterminée passe de 1,5% à 0,9% dans les industries des biens intermédiaires; elle chute de 2,5 à 1,6% dans le bâtiment-travaux publics. Au sein du chômage PSERE qui croît modérément entre avril-mai 1982 et mars 1983, le nombre de personnes qui sont au chômage pour fin d'emploi précaire progresse vite (+ 11%). Avant 1982 déjà, la cause «fin d'emploi occasionnel » représentait depuis 1975 une part croissante des circonstances de recherche d'emploi; cette croissance accompagnait le développement de l'intérim, des stages, des contrats à durée déterminée qui sont en général des emplois d'assez courte durée, entrecoupés de passages fréquents par des périodes de chômage. Entre 1982 et 1983, au contraire, la montée des fins d'emplois précaires dans le chômage ne peut plus s'expliquer par un recours accru à ces formes d'emploi. On peut d'abord faire l'hypothèse que l'aggravation de la situation de l'emploi depuis un an a donné lieu à des non-renouvellements de contrats, ou bien à des fins de mission d'intérim, moyens plus souples que les licenciements pour faire diminuer les effectifs salariés. Mais l'examen de l'ancienneté de la perte d'emploi des chômeurs ayant déclaré « fin d'emploi précaire » entre 1982 et 1983 ne confirme pas complètement cette hypothèse : en 1983, les fins d'emplois précaire

depuis moins d'un an s'accroissent de 3,5 % seulement, contre + 37,4 % pour celles d'un an ou plus. On peut alors supposer que de nombreuses cessations d'emplois précaires ont eu lieu avant mars 1982, dès l'annonce des nouvelles mesures législatives restreignant les possibilités de recours au travail intérimaire et aux contrats â durée déterminée. Certes l'enquête d'avril-mai 1982 recense un peu plus d'intérimaires que l'enquête de mars 1981, mais le changement de questionnaire pourrait masquer une inflexion survenue entre les enquêtes de 1981 et 1982. Le nombre des personnes sous contrat â durée déterminée en 1982 paraît en léger retrait par rapport à celui de 1980 [6]. A titre d'explication complémentaire, les embauches entre mars 1982 et mars 1983 sur des emplois précaires se sont sans doute un peu raréfiées, laissant sur le marché du travail des personnes qui recouraient souvent à ce type d'emploi. Les mesures nouvelles adoptées au début de 1982 ont introduit des conditions plus strictes qu'avant pour l'usage de l'intérim et des contrats à durée déterminée. Le cas du bâtiment-travaux publics en constitue un bon exemple : le nombre total de fins d'emplois précaires de moins d'un an y diminue, alors que celles de plus d'un an croissent. Or la loi nouvelle a supprimé la possibilité de conclure des contrats â durée déterminée pour la durée d'un chantier (sans date précise de fin) alors que cette possibilité était prévue dans la loi de 1979, ce qui a pu limiter la conclusion de nouveaux contrats. Dans les industries des biens intermédiaires, les fins d'emplois précaires de moins d'un an se raréfient, accompagnant la baisse des contrats â durée déterminée dans ce secteur. Dans le secteur commerce et les services marchands, le nombre des fins d'emplois précaires de moins d'un an reste â peu près stable alors que celui des un an ou plus croît fortement : il semble que ces secteurs, auparavant très actifs sur le marché des emplois précaires, ont moins embauché que par le passé et de ce fait ont laissé sans emploi des personnes qui, travaillant occasionnellement, recouraient de préférence à ce type d'emploi. L'abandon par les pouvoirs publics de la formule des stages pratiques en entreprise en 1982-1983, alors que ces secteurs y recouraient fréquemment par le passé, a certainement joué un rôle important.

vue des entreprises, et aussi au fait qu'ils acceptent plus souvent que leurs aînés des emplois d'attente, précaires ou peu qualifiés [3]. Un meilleur indicateur de l'ancienneté du chômage est la proportion de personnes au chômage depuis un an ou plus; il est de 25 % pour les jeunes gens contre 22 % un an plus tôt, et 8 % en 1975, mais atteint deux tiers pour les personnes de 50 ans et plus (30 % en 1975).

Les ouvriers non qualifiés sont les plus sensibles au chômage

La proportion de chômeurs ayant déjà travaillé par rapport à l'ensemble

des actifs est un bon indicateur de la sensibilité au chômage des diverses catégories sociales : ouvriers non qualifiés, ouvrières, employés et employées de commerce et des services aux particuliers sont les catégories les plus touchées. Les cadres et professions intermédiaires sont peu atteints par le chômage, à l'exception des « professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises ». De 1982 à 1983, le taux des ouvriers non qualifiés se détériore encore : 9,6 % contre 8,6 %. Par catégorie de commune, le même indicateur de sensibilité montre que si parmi les ouvriers qualifiés ceux habitant des communes rurales et des petites villes sont les moins mal lotis, ceux habitant l'agglomération parisienne voient leur situation se redresser un peu entre 1982 et 1983.

D'autre part, la sensibilité au chômage des employées et même des ouvrières est bien moindre dans l'agglomération parisienne que dans les autres catégories de commune. Enfin, quels que soient le sexe, l'âge, et la circonstance de recherche d'emploi, l'ancienneté moyenne du chômage y est toujours plus faible. Au total, résider dans l'agglomération parisienne expose moins au risque du chômage et permet un reclassement plus rapide ; la dimension du marché du travail parisien, la diversité des emplois offerts, notamment pour les femmes, sont à l'origine de ces avantages.

Un examen des secteurs d'où viennent les chômeurs ayant déjà travaillé confirme et précise les observations précédentes : un tiers des hommes viennent de l'industrie, un quart du bâtiment-travaux publics,

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un peu plus d'un tiers du tertiaire. Par contre les femmes viennent en majorité du tertiaire, deux sur cinq.

Mais c'est l'industrie qui fournit la plus forte proportion de chômeurs anciens (ayant perdu leur emploi depuis plus de un an); c'est dans ce secteur également et dans celui du bâtiment, que la proportion de chômeurs licenciés est la plus élevée. A l'inverse, les chômeurs en provenance

du tertiaire sont moins anciens, et ont plus souvent quitté un emploi précaire ou ont démissionné. Or le secteur tertiaire est particulièrement important dans l'agglomération parisienne, tandis que l'industrie prédomine dans les villes autres que Paris.

La croissance relativement modeste du nombre global des chômeurs BIT d'avril-mai 1982 à mars 1983 masque une situation assez défavorable pour

les ouvriers et ouvrières non qualifiés des communes urbaines excepté l'agglomération parisienne et plus généralement pour les chômeurs en provenance de l'industrie. En revanche, les ouvriers qualifiés notamment en zone rurale, les employées et ouvrières de l'agglomération parisienne, semblent moins directement touchés par l'aggravation récente de la crise de l'emploi.

BIBLIOGRAPHIE

[1] « Emploi et chômage en avril-mai 1982 », Économie, et statistique, n° 151, janvier 1983.

[2] « L'activité et le chômage en mars 1983 », Premiers résultats, n° 2, septembre 1983.

[3] C. Saglietti : « Chômage et chômages : les quatorze mois suivant la perte d'un emploi », Économie et statistique, n° 155, mai 1983.

[4J « Les catégories socioprofessionnelles et leur repérage dans les enquêtes », Archives et documents, n° 38, INSEE.

[5] « Rapport sur les comptes de la nation de l'année 1982 », Collections de l'INSEE, série C, n° 108-109, juin 1983.

[6] « Les emplois précaires en 1980 », Archives et documents, n° 63, décembre 1982, INSEE.

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