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Jean Le FOLL Le 21 mai de l'an 1769 décédait à Rospiec, à l'âge de 73 ans, Messire Noël Antoine PERROT, recteur de Fouesnant. Pendant près de quarante ans il avait conduit les destinées de l'église paroissiale. De tous les anciens recteurs, c'est celui qui nous a laissé le plus de traces écrites de son passage, en particulier à propos de ses démêlés avec le sieur Aubin du Plessix. S'il sut gérer les affaires de sa paroisse, il n'en négligea pas pour autant les siennes propres, et il n'oubliait pas de réclamer, même à la noblesse, des arriérés parfois lointains. L'entretien du choeur et du cancel de l'église lui incombait, ainsi que celui du presbytère. Nous allons voir dans les pages qui suivent que le Général de la paroisse et le nouveau recteur allaient faire constater que l'état de ces bâtiments laissait fort à désirer. Les travaux de réfection envisagés furent d'autant plus importants que l'inventaire après décès du recteur allait révéler qu'il avait amassé une petite fortune, dont ses héritiers durent se priver d'une bonne part pour la remise en état du choeur et du presbytère. Inventaire à Rospiec après le décès de Messire Perrot. "L'an 1769, le 21 mai sur les huit heures du soir, je soussigné, greffier du siège royal de Concarneau, déclare que sur l'avis qui m’a été signifié du décès du recteur de la paroisse de Fouesnant, Messire Noël Antoine Perrot, je me suis rendu au manoir presbytéral de Fouesnant pour apposer les scellés et annoter tous les meubles et effets restés après le décès du dit sieur recteur, et ce, à la requête du substitut de Monsieur le Procureur Général du Roi du dit siège de Concarneau, pour la conservation des droits et intérêts de la paroisse et des héritiers du dit recteur. Entré au manoir presbytéral, j’y ai trouvé Messire Joseph Auguste Le Traon de Kerguidan et Jean Corentin Guillermo, qui sont tous les deux prêtres de la dite paroisse et Tanguy Bertholom, fabrique, N.D.L.R. : Les croquis des pages suivantes représentent les chapiteaux de colonnes de l'église romane de Fouesnant, dessinés (et commentés) à la fin du siécle dernier par Ducrest de Villeneuve. Après le décès du recteur PERROT EN 1769 1/20

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Jean Le FOLL

Le 21 mai de l'an 1769 décédait àRospiec, à l'âge de 73 ans, Messire NoëlAntoine PERROT, recteur de Fouesnant.Pendant près de quarante ans il avaitconduit les destinées de l'église paroissiale.De tous les anciens recteurs, c'est celui quinous a laissé le plus de traces écrites de sonpassage, en particulier à propos de sesdémêlés avec le sieur Aubin du Plessix.

S'il sut gérer les affaires de saparoisse, il n'en négligea pas pour autantles siennes propres, et il n'oubliait pas deréclamer, même à la noblesse, des arriérésparfois lointains.

L'entretien du choeur et du cancelde l'église lui incombait, ainsi que celui dupresbytère. Nous allons voir dans les pagesqui suivent que le Général de la paroisse etle nouveau recteur allaient faire constaterque l'état de ces bâtiments laissait fort àdésirer. Les travaux de réfection envisagésfurent d'autant plus importants quel'inventaire après décès du recteur allaitrévéler qu'il avait amassé une petitefortune, dont ses héritiers durent se priverd'une bonne part pour la remise en état duchoeur et du presbytère.

Inventaire à Rospiec après le décès deMessire Perrot.

"L'an 1769, le 21 mai sur les huitheures du soir, je soussigné, greffier dusiège royal de Concarneau, déclare quesur l'avis qui m’a été signifié du décès durecteur de la paroisse de Fouesnant,Messire Noël Antoine Perrot, je me suisrendu au manoir presbytéral de Fouesnantpour apposer les scellés et annoter tous lesmeubles et effets restés après le décès dudit sieur recteur, et ce, à la requête dusubstitut de Monsieur le ProcureurGénéral du Roi du dit siège deConcarneau, pour la conservation desdroits et intérêts de la paroisse et deshéritiers du dit recteur.

Entré au manoir presbytéral, j’y aitrouvé Messire Joseph Auguste Le Traonde Kerguidan et Jean Corentin Guillermo,qui sont tous les deux prêtres de la diteparoisse et Tanguy Bertholom, fabrique,

N.D.L.R. : Les croquis des pages suivantes représentent les chapiteaux de colonnes de l'égliseromane de Fouesnant, dessinés (et commentés) à la fin du siécle dernier par Ducrest deVilleneuve.

Après le décès durecteur PERROT EN

1769

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Jean Gléonec, Pierre Nédélec, A1ainLozac'h, Alain Bertholom, délibérants de ladite paroisse, lesquels m'ont requis quej'eusse à faire le travail de ma charge, ceque voyant j'ai procédé à l'annotation desdits effets comme suit :

Dans la chambre ou estdécédé le feu sieur recteur :- Un lit carré à rideaux rouges, garni dedeux matelas, une couette de plume, deuxdraps et deux couvertures, une chaisetapissée, 5 chaises de paille, deux montresd'argent, deux armoires desquelles,ouverture faite, il s'est trouvé dans celledu couchant :- 10 fourchettes et 8 cuillères d’argent,- 64 Livres 4 sols en argent blanc dans unpochon de liards*, dans un tiroir à droite ;- dans celui du milieu s'est trouvé 180Livres en argent blanc* dans un pochon, etplusieurs papiers ;- dans un autre tiroir s'est trouvé dans unpochon 16 louis en or et 480 Livres enpièces de six Livres et plusieurs bagatelleset papiers, Lesquelles armoires ont été fermées à clef

Il s'est trouvé de plus :- 20 pièces d'argent anciennes. 300 Livresdans un autre pochon "- 1200 Livres dans un autre pochon, enpièces de 6 Livres "- 1200 Livres dans un autre pochon, enpièces de 6 Livres,.- un rouleau l de 50 Iouis en or, valant1200 Livres ;- 1500 Livres dans un pochon.

Dans une chambre couchant dela première :- une couchette avec trois matelas;- un lit d'indienne garni d'une couette deplumes, un matelas ;- une armoire à deux battants danslaquelle il s'est trouvé :- 4 pièces de toile ;- 27 draps fins :

- 2 courtepointes,- une autre armoire à deux battantscontenant:- une pièce de toile ;- 3 couvertures de lit ;- 19 draps ;- 9 nappes,- Dans une autre armoire :- 8 pièces de toile ;- 24 chemises "- 6 couverts d'argent et une grandecuillère ;- 21 mouchoirs, quelques bouteilles, despaquets de fil, 5 draps à vanner, - 4 chaises de paille,

Dans la chambre au-dessus de lagrande cuisine :

Un lit garni d'un matelas, unecouette de plume, une couverture blanche,6 chaises bourrées, une table à quatrepieds, 4 chaises de paille, deux armoires àdeux battants: dans l’une d'elles s'esttrouvé 112 serviettes fines, 3 nappes, 3pièces de toile plusieurs autres linges ethabits " dans l’autre, 35 assiettes d'étain et9 plats.

Dans un cabinet: un lit à rideau detapisserie garni d’un matelas

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une couette de plume, traversin, oreiller,deux couvertures, une table.

Dans la salle: une table à tiroir,une grande glace, tapisserie de laine, 6chaises, 2 fauteuils, un tabouret tapissé, 8 chaisesde paille, 6 tableaux, un petit pliant, unegrande armoire à deux battants danslaquelle il s'est trouvé 12 cuillères et 1lfourchettes d'argent, une cuillère potagère,25 couteaux de table à pied blanc, 2salières, 6 terrines, 8 douzaines d'assiettes,15 plats.- Dans une autre armoire, douzaines deserviettes.

Dans la cave :- 10 barriques pleines de cidre ; - 3barriques de vin rouge :- 4 barriques vides ;- 10 potées de beurre ;- 3 tourtières :- une poissonnière :- 2 plats d'étain "- un dessus de tourtière ;- 2 moulins à tabac ;- 10 bailleaux*, un harpon, tranches, 2pelles, 2 tranches, 6 piguelles*.

Dans la cuisine :- Deux grands landiers,"- Deux autres, moyens,- un chauffe-Iit "- 16 casseroles,- une timbale de cuivre rouge - un chaudron de cuivre - 4 grands bassins :- 4 autres, plus petits ;- 6 trépieds, une crémaillère :- deux pots de fer, deux chaudrons de ferune poêle à crêpes ;- un vaisselier et un buffet garni de 16assiettes d'étain et un plat ;- une maye * à pâte :- une table de cuisine, un buffet, un garde-manger à deux battants ;- deux fléaux;

- un lit de cuisine garnie d’une couette deballe, deux draps, une couverture verte ;- un autre mauvais lit :- une armoire à deux battants.

Bestiaux : 4 vaches, une génis-se, 2 boeufs, 2 bouvillons, un cheval.

2 échelles; 3 charrettes ferrées ;une Charrue complète: un pressoir à vis ;environ 25 barriques,

Dans un cabinet servant dedécharge" une table, un lit à colonnesgarni en balle, un coffre, 6 quarts à pâte,

Dans un cellier sur la cour - 8 barriques de cidre :- 5 barriques vides ;- un moulin à café ;- 4 haches,.- 3 auges de pierre ;- 50 douzaines de planche environ"- 4 brouettes ;- 20 ruches d'abeilles ;- 4 meules de paille ;- 2 meules de fagots ;- une seringue, un calice, un chartil*,

Dans les champs' deux grandesmeules de bois de cent*,

Dans l'aire : une soixantaine debarriques vides, deux chenets,un soufflet, une pelle, une pairede pincettes, six gobelets à caféet un huilier.

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Ne pouvant entrer dans le grenieroù sont les blés, j'ai apposé une bande surla porte et sur cinq armoires et ai remis lemesurage des blés à mercredi prochain, nepouvant le faire dans le temps présent "

L'inventaire reprend donc le 26mai. Les délibérants sont cette fois JeanGuillermou, Tanguy Bertholom, fabrique,Paul Caradec, Jean Nédélec, et Jean LeCarre, Hémery curé de Fouesnant, aremplacé Le Traon de Kerguidan etGuillermou.

"Dans le grenier, il s'est trouvétrois barres de fer, deux demi-minots, ungrand fusil, 30 cannelles*, deux autresdemi-minots, un cordage avec deuxpoulies, 9 plombs, 6 quarts de pâte, 6poches à blé. Ayant fait une mesurationdes blés, il s'est trouvé 100 minots defroment à la mesure du Roi, 44 minots deseigle, 73 minots d'avoine, le tout mesuréricle*.

Dans l'aire : deux mulons* debois de cent, un mulon de fagots, deuxbâts, une selle, une bride, une autremauvaise bride, trois roues de charrette,12 roches de paille, deux mannequins*,deux quélornes*, un petit coffre, deuxtamis, une charrette à dévider*, undévidoir, une paire de ciseaux, 3 scies; 4chandeliers de cuivre dans la cuisine, unréchaud, deux crocqs à peser, une autreselle de cheval, 3 crocqs à fumier, deuxpinces, 12 pots à lait, 3 jattes, 2 mirges (?}, un garde-manger ; dans l'entrée, deuxgrandes échelles, un fléau ferré.

Dans un cabinet sur la cave, 11minots de seigle et deux de blé noir.

Il a été donné, pour le service de lamaison, 2 minots d'avoine, 4 minots deseigle et trois minots de blé noir.

Il s'est trouvé 83 serviettes

sales, 10 draps, 2 coeffes de bonnet, 2mouchoirs blancs qui ont été remis à MreHémery pour les faire blanchir; 5 grandsvolumes dans la salle, un mortier demarbre; il a été remis au sieur Hémery lasomme de 30 Livres tirée du tiroir où ils'est trouvé 70 Livres et 4 sols, poursubvenir aux frais et dépenses de lamaison jusqu'à l'arrivée des héritiers.

Les deux généraux de Fouesnant etde La Forêt sont chargés de veiller sur lesbiens ci-dessus annotés; ils ne resterontqu'à quatre chaque jour, lesquels répon-dront des dits effets et les représenterontlorsqu’ils en seront requis. "

Comme il était d'usage après ledécès d'un recteur, un état des lieuxconcernant l'église et le presbytère futétabli, avec les réparations à envisager.

Le 18 mars 1771 tous les intéressésse réunirent au bourg de Fouesnant, avecleurs experts et défenseurs :- Écuyer Claude Pierre Gobelot, de la villede Rosporden, expert désigné par AnneArmand Perrot, faisant pour lui et lescohéritiers de feu Messire Noël Perrot ;Jean-Baptiste Cajan, entrepreneurdemeurant à Quimper, expert nommé par

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noble et discret Messire Esprit FélicienCazimir de Ravenel du Boistilleul, docteuren théologie, grand vicaire de l'Évêché deQuimper, recteur actuel de la paroisse ;- Écuyer François Gabriel Gilart, sieur deLarc'hantel, expert nommé d'office en tantque rapporteur de l'exécution de lasentence rendue au siège du Présidial deQuimper des 9 et l6 du mois, qui demandequ'il soit fait et rapporté un état et desdevis estimatifs des réparations grosses etmenues à effectuer au choeur et cancel del'église paroissiale de Fouesnant.Au bourg de Fouesnant attendaient:- Le recteur, accompagné de MaîtreGailland, son procureur ;- le sieur Anne Armand Perrot, accom-pagné de Maître Douarin, avocat, et deHervé, son procureur ;- Maître Demizit, avocat du Général de laparoisse.- Maître Pierre Corentin Prédour, assistédes douze délibérants de la Paroisse.

En préliminaire à l'observation des lieux,une longue discussion s'engagea, oùchacune des parties développa son point devue et avança ses arguments. Il s'agissaitpour l'essentiel que "les experts déclarentce qu'ils entendent par choeur et cancel,seules parties de l'église à la charge durecteur». Il fallait déterminer "l'étendue

et l'emplacement des dits choeur etcancel en tenant compte de laconfiguration de l'église primitive, et s’ilne restait aucun vestige d'un ancienchœur ; d'autre part des deux côtés dusanctuaire il y a deux chapellesadjacentes, et on ne sait à qui ellesappartiennent. On ne peut

raisonnablement assujettir leshéritiers du feu recteur aux réparations etentretien de ces chapelles qui paraissentborner le sanctuaire." Maître Le Prédourtergiversa longuement en se basant sur

l'architecture des arcades, des piliers, et laposition du Christ, éléments qui, d'aprèslui, devaient permettre de préciserl'emplacement de qu'on voulait délimiter.Finalement, on décida de faire confianceaux experts qui veilleraient à ce qu'aucunedes parties ne soit lésée.

Ce n'est qu'après une expertise quidevait durer six jours, et une étudeapprofondie et méticuleuse, presque dansles moindres détails, des réparations à

envisager que fut rédigé un longétat estimatif de seize pages, quenous résumerons en insistant cependant surce qui peut présenter un intérêt.

"Sur l'indication et démonstration de MeLe Prédour de Minvain faisant pour legénéral de Fouesnant, avons vu etexaminé, en dedans et au dehors, tâté aumarteau, sondé et passé au plomb de hauten bas tous les murs de ce qui est décritpar les Édits et Déclarations du Roi, arrêtset règlements de la Cour, ce que nousavons désigné pour choeur et cancel del'église de Fouesnant..."

Ils constatèrent d'abord que lespiliers, arcades et voûtes du sanctuaireétaient "ventrueux, lézardés et ouverts, letout défectueux, hors d'état de subsister ; ille faut démolir et réédifier depuis lesfondements dans la même forme etstructure actuelles". Travaux évalués à1010 Livres.

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" Le cul-de-Iampe voûté en pierres demoellons mesurant extérieurement 32pieds de tour, orné de deux pilastres,soutenu au dehors par deux forts arcs--boutants posés après coup : au dehors etau dedans, vers le bas, si, arcades, troisvitraux, le dessus du cul-de-Iampe enpierres de moellons posés à chaux et àsable..., l'intérieur de la voûte, enduit àchaux et sable, peint en bleu avec desétoiles blanches et des chérubins.., tout ceque dessus troué, surplombé, lézardé,ouvert, creux par vétuté, et hors d'état desubsister : il faut tout démolir et relever àneuf depuis les fondements sur une hauteurde 27 pieds hors la terre."

Travaux estimés à 1350 Livres.

Le lendemain, Maître Le Prédour,soucieux de défendre au mieux les intérêtsde la paroisse, demande de préciser "qu'ilfaudra enduire de chaux mélangée à dusable lavé, puis de chaux détrempée lesendroits relevés à neuf comme ils l'étaientavant leur démolition, remplacer lespeintures telles que la description en a étéfaite, garantir le pavage en carreaux dusanctuaire de tout événement, ainsi que lemarchepied en pierre et en bois du maître-autel et sa garniture, à l'exception desgradins pour recevoir les cierges et dutabernacle qui sont comme il sera dit ci-après de nulle valeur...

Avons ensuite examiné le maître-autel ou l'on monte par un marchepied enbois et pierre, le tabernacle et les gradins,les dits gradins à deux étages de chaquecôté du tabernacle, ce dernier qui lessépare formé de deux étages et d 'uncouronnement en forme de dôme en sapartie supérieure ; le premier étagepossède une porte ornée de Sculptures,environnées de deux pilastres à vis dechaque côté; le second étage a 2 pieds 9pouces de haut, ses deux angles coupés et

accompagnés de petites colonnes torses,trois niches dans lesquelles sont des saintsen sculpture : le couronnement en forme dedôme avec aussi trois petites niches sansfigures, le dit couronnement se trouvantsurmonté à son sommet par une figurereprésentant l'Ascension... Ce que ci-devant décrit et orné de sculptures,peintures et dorures est pourri, vermoulu,rompu en une infinité d'endroits, il faut leremplacer à neuf entièrement conforme àl'ancien, peint et doré comme lui.

Estimé 200 Livres.La charpente au- dessus du

sanctuaire, les lambris, les pièces de boisaboutissant sur les quatre piliers duchoeur en forme de croix en ogive sontdéfectueux .Les lambris en particulier sontvermoulus, ainsi que la charpente descombles du choeur, il faut tout remplacer àneuf, ainsi que les chevrons, en bon bois dechêne. Estimé y compris la réfection de latoiture d'ardoise. "

Estimé 1260 Livres.Il est prévu également 108 Livres

pour la réfection du dernier rang de pavébordant le choeur.

La commission prévoit aussi, pourêtre placée au milieu du choeur, "'uneplate-/orme en bois de 8 pieds de long sur4 pieds 6 pouces de large qui se termineraen rond aux deux extrémités et sera élevéeà 4 ou 5 polices du pavé, et sur laquelle

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on placera en triangle trois escabeauxd'environ deux pieds de hauteur, l'unepour le célébrant et les deux autres pourles chantre, on assemblera vers la partiesupérieure de la dite plate-/orme unpupitre tournant où on pourra placer deuxlivres, un de chaque côté. Le bas duchoeur doit être séparé de la nef par unebalustrade de la hauteur de 3 pieds 1/2 aumoins, qui se terminera à la partie la plussaillante de chaque pilier: le bas en seraclos à la hauteur d’un pied et le surplus enbalustres tournés, aux deux bouts et endedans de la dite balustrade on placeradeux stalles ayant chacune en avant unaccoudoir en forme de prie-dieu et uneespèce de marche pour se mettre àgenoux. Entre ces deux stalles et au milieude la balustrade on fera une porte à deuxbattants de 4 pieds de large, dans la mêmeforme que la dite balustrade. Des deuxcôtés du choeur, dans l'intervalle despiliers, on clora le choeur par des bancs àdossier clos par derrière qui seront ausside la hauteur de la susditebalustrade, et seront les dits bancsséparés par des accoudoirs pour formerquatre stalles de chaque côté, le surplus dechaque côté restant sans séparation. Letout sera composé en menuiserie de chêneou de châtaignier.

Estimé !60 Livres.Il faudra aussi rétablir et rempla-

cer les vitres aux cinq fenêtres condam-nées: à trois desquelles on remettra lesécussons qui y sont, consistant: savoir,celui de la fenêtre au-dessus du tabernacleportant d'azur à deux lions dorés armés etlampassés de gueules : ceux des deuxfenêtres suivantes, côté de l'Évangile,portant de gueules à la croix pattée d'azur.

Estimé: 12 Livres.On ne saura pas comment se présentaientles murs intérieurs du sanctuaire à cetteépoque. La commission en donne lesraisons: "Quelques jurisconsltltes

admettent encore à la charge dudécimateur* le crucifix qui dans le plusgrand nombre d'églises sépare le choeur etcancel de la nef ainsi que les images dessaints et sculptures ou peintures enferméesdans l'étendue des dits choeur et cancel,mais lachose n'étant généralement pasreconnue et ces objets en étant mêmeexceptés en plusieurs endroits, nous nousdispenserons de les comprendre dans leprésent procès-verbal. ""Nous avons procédé au calcul généraldes sommes précédemment rapportées, quenous avons trouvé monter a quatre milledeux cent soixante quatorze Livresquatorze sols (4274 L 4 s)."

Monsieur Perrot versera à Gilart deLarc'hantel la somme de cent soixantequatre Livres pour ses vacations et cellesdes autres experts.

Un marché fut passé le 14 octobre1775 entre les héritiers du recteur Perrot etEtienne Bigot, entrepreneur, marchécontrôlé seulement le 14 juin 1776.

Le sieur Bigot aurait souhaitécommencer rapidement les travaux, maisalors se présenta un autre contretemps : lestravaux comportaient un risque pour lesvitraux et particulièrement les armoiriesqui s'y trouvaient, et qui constituent autantde signes des prééminences dontbénéficient les familles nobles qui en sontqui en sont propriétaires.

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L'entrepreneur demanda donc que cesarmoiries soient clairement définies, afind'éviter ennuis et contestations de la partdes familles concernées. Il fit procéder àdes bannies les 23 et 30 juin et le 7 juillet,"faisant appel à tous les prétendants auxdroits honorifiques et intersignes desprééminences tant au dehors qu'au dedansde la dite église; et par la suite il seraprocédé à la réception des plaidés desparties comparantes, soit par elles enpersonne, soit par procuration."

Aussitôt les bannies terminées, onenregistra les déclarations des diversintéressés :"En l'endroit s'est présenté Maître PierreMichel Cuzon, procureur de Messire JeanPierre François de Guernisac, Chevalierseigneur du Stang et autres terres etseigneuries. Le dit Cuzon demande pourapurer que le dit seigneur de Guernisac,comme propriétaire du château du Stang,situé en cette paroisse, est par lui et sesprédécesseurs en possession immémorialedes prééminences ci-après en la diteparoisse :

En la maîtresse vitre du côté del'Épître, au bout méridional du grandautel, il a droit d'avoir un écussonportant les anciennes armes de sa Maison,qui sont "d'azur avec un aigle éployéd'argent, au chef endanché de même", avecune tombe élevée au dessous et uneautre plus basse y joignant. Quoique parvétusté les intersignes des ditesprééminences ne paraissent pas

aujourd’hui ni dans la vitre, ni surles tombes, leur existence n'en est pasmoins constante, les aveux fournis au Roile 22 juin 1683 par messires Ollivier etRené de Guernisac, ses auteurs, ne laissentaucun doute sur la réalité des ditesprééminences. C'est pourquoi le dit Cuzon,au nom du dit seigneur, requiert que lors

de la réédification du choeur et cancel dela dite église, les susdites prééminencessoient maintenues et que le général de laparoisse ait à les faire placer aux mêmesendroits et dans la même forme ci-dessusdécrite, et a signé sous la réservation detous les droits du dit seigneur deGuernizac". Signé: Cuzon.

En l'endroit s'est présenté, MaîtreCharles François Hervé, Procureur auPrésidial de Quimper, procureur fiscaldes juridictions du Mur, Henvez etGuériven, agissant et occupant pourMessire Marie François Henri deFranquetot, duc de Coigny, Maréchal desCamps de l'armée du Roi, Colonel Généraldes Dragons de France, Gouverneur de laville et château de Caen et du château etmaison royale de Choisy, tant pour lui quepour Messires ses frères, propriétaires parindivis des dites terres et seigneuries,lequel Hervé a dit qu'à cause de laseigneurie de Henvez s'étendant en grandepartie dans cette paroisse, que le ditseigneur de Coigny est haut justicier etpremier prééminencier de l'égliseparoissiale de Fouesnant, qu'il s'agitaujourd’hui de rebâtir le choeur et cancelde la dite église, qu'il ne s'oppose point àla dite reconstruction, mais qu’en qualité

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de prééminencier, il est fondé, sans éviterles petites rentes honorifiques et préroga-tives que les droits communs accordaientaux dits titres, soit qu'ils existent dans ladite église ou qu'on ait négligé de les yétablir, que la seule distraction à faire enl'état se réduit à l'obligation pourl'entrepreneur de rétablir les intersignes etprééminences des dits seigneurs de Coignyexistant actuellement, et même à conservercelles qu'il ne sera pas nécessaire de

détruire, comme vitres armoiriéeset autres choses semblables. Requiert depar le même seigneur de Coigny que tousles autres prétendants aux droitshonorifiques et prééminences en la diteéglise aient à déclarer les titres surlesquels ils se fondent; demande le ditHervé, au dit nom, pour apuré que dans lesprincipales vitres, au fond du cul-de-Iampe, il est un écusson à fond d'azur àdeux lions rampant armés et lampassés degueules, qui sont les véritables armes de laseigneurie du Henvez ; que suivant lestitres des dits seigneurs, il doit exister dansle choeur, soit aux environs du maitre-autel, soit dessous, attendu leschangements qui y ont été faits par lesprécédents recteurs, une tombe leurappartenant et portant leurs armes, delaquelle il demande égalementqu’apurement lui soit donné, réservant aucas ou il n'en existe pas de marques oud'intersignes, d'en faire en tout état decause la perquisition lors de la démolitiondu grand autel.

Le dit Hervé, comme procureur deMessire Hervé du Guermeur, seigneur deKerguilly et autres lieux a dit que quoiquela chapelle à droite de l'église, dite Notre-Dame, ne soit pas dans le cas dedémolition, comme le vitrage en pourraitêtre rompu par celle du choeur, il requiertqu’il soit donné pour apuré qu'il existedans la partie supérieure du vitrailéclairant la dite chapelle, vers le nord, unécusson écartelé portant: au premier,

"d'or à un lion rampant de sinople" ;au deuxième, d'argent à trois croissantsmontant de gueules, deux et un" ; autroisième, "d'azur à la coquille d'argent" ,au quatrième, "d'or à trois burettes degueules ". De plus, il est une tombe aupavé du sol de la dite chapelle, laquelleexistait auparavant, au milieu et vis à visde l'autel où sont répétées ou à peu prèsles mêmes armoiries que dessus lesquellesprééminences appartiennent au ditseigneur de Guermeur comme propriétairede la terre de Kerguilly, requérant encorequ'au cas ou les dites armoiries setrouveraient altérées ou cassées par ladémolition, qu’elles seront rétablies aux

frais de qui il appartiendra.Et a le dit Hervé signé sous la réservationde tous les droits de la partie.

S'est encore présenté le dit MaîtrePierre Michel Cuzon, procureur deMessire Louis Jean Marie chef de nom etd'armes de Kerret juveigneur des anciensPrinces et Comtes de Léon, chevalierseigneur de Quillien, fondé en procure deDame Sylvie Perrine Alleno de Keralic,

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de Keralic, son épouse, auquel il a été ditqu'à cause des seigneuries de Kergaradecet Bréhoulou, il lui appartient en l'églisede Fouesnant du chef de la dite dame sonépouse, plusieurs prééminences et droitshonorifiques, que ces droits lui sontassurés par un aveu de 1684 et unesentence de la même année, consistant :dans la partie susceptible de démolition,deux tombes situées dans le sanctuaire, àl'aile droite, dont I'une se prolonge sous lemarchepied de l'autel armoiriées d’unecroix pattée, les couleurs ne pouvant sedistinguer, et deux écussons situés au-dessus de la dite tombe, dans deuxvitrages différents, portant "d'argent à lacroix pattée d'azur", et une tombe situéeautrefois derrière le maître-autel etactuellement dessous suite auxchangements qui y ont été faits. Desquelsdroits et intersignes le dit Me Cuzonrequiert qu'il lui soit donné apurement, seréservant expressément tous les autresdroits honorifiques qui lui appartiennentdans la nef et les autres endroits del'église, particulièrement le droit qu'il ad'apposer ses armes à la maîtresse vitre dugrand autel, telles qu'on les voit sur lestombes ci-devant désignées et tellesqu’elles doivent être sur celle sous legrand autel.

En l'endroit, le dit Maître CharlesFrançois Hervé, procureur des seigneursde Coigny, a protesté de nullité du plaidéci-dessus, en ce que le seigneur de Quillienprétendrait au droit d'avoir des armoiriesen la maîtresse vitre, ce droit appartenantuniquement aux dits seigneurs de Coignyainsi qu'il est constaté par leurs armoiriesqui y sont actuellement placées.

De la part du dit Hervé commeprocureur de Messire Jean François Chefde nom et d'armes de Keratry, a été dit quele dit sieur de Keratry a des prééminenceset droits honorifiques dans la chapelle deSainte-Marguerite, du côté gauche de la

dite église, telles qu'une tombe plate quidoit porter un écusson "d'azur au grelier oucor de chasse d'argent", et ce à raison de saterre de Coet Clévarec. Il requiert que lesieur de Keratry soit maintenu dans les ditsdroits et prééminences au cas dedémolition de la dite chapelle

Pour terminer, Maître Piriou, fai-sant pour le dit Bigot, a présenté le plangéométrique et figuratif de l'état actuel duchœur et cancel. Le commissaire a déclaré,en accord avec le sieur David, l'état deslieux exact et véritable.

Ont signé: Flamand, huissier; deReymond, faisant fonction de Procureur duRoi, Le Goaze de Kervélégan, Sénéchal deQuimper ; David, ingénieur des Ponts etChaussées, Piriou ; Bigot, entrepreneur;Gelin, greffier. "

Le lendemain, "sur les huit heuresdu matin, nous nous sommes transportésdu manoir prieural de Locamand où nousavons pris ce jour nos logements, jusqu’àladite église paroissiale de Fouesnant,accompagnés de Mr de Reymond,Conseiller au siège présidial de Quimper,faisant pour Mr le Procureur du Roi et dessus dénommés au procès-verbal"...

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Monsieur de Reymond décide deconclure ".., pour le Roi, à ce qu’il soitdécerné acte des dires et raisons ci-dessus

produites par les différentsprétendants aux droits qui ont comparu ennotre présent procès-verbal, et que défautsoit donné envers les non comparants;en conséquence du serment du dit David,expert en blason, qui a été reçu, luiordonnons de procéder aux apurements etvérifications de tous les droits honorifiques

et intersignes de prééminencesexistant dans la partie de l'église de

Fouesnant susceptible dedémolition et d'en dresser un procès-verbalséparé du présent pour y être joint, et asigné sous la réservation des droits de SaMajesté. "

Le Goaze de Kervélégan reprendrales conclusions de Me de Reymond :

" Donnons acte des droits etraisons portés dans les plaidés ci-dessusdes différents prétendants aux droits quiont comparu à notre présent procès-verbalet avons donné défaut envers les non-comparants ; avons ordonné au dit David,expert en blason, de procéderincessamment et sans délai aux apure-ments et vérifications de tous les droitsexistants, "

Le sieur David se mit aussitôt autravail: on lira ci-après le procès verbalcomplet qu'il établit.

'L'an 1776. le 30 juillet, nous,Noble homme Julien Barthélemy David,ingénieur des Ponts et Chaussées audépartement de Quimper, y demeurant rueViniou, paroisse de Saint-Sauveur, rapportà l'exécution d'instance rendue au siègeprésidial de Quimper le 15 juin dernierportant notre nomination pour expert enblason à l'effet de constater lesprééminences, droits honorifiques, signeset intersignes existant dans la partie duchoeur et cancel de l'église paroissiale de

Fouesnant qui doit être démolie par lesieur Étienne Bigot, entrepreneur, et auxfins d'assignation pour cet effet à nousdonnée à la requête du dit Bigot, parexploit d 'huissier le 10 de ce mois, et parsuite de notre prestation de serment àl'endroit du comparant, de la descente faitepar Mr Le Goaze de Kervelegan, Sénéchalde Quimper, commissaire nommé à ceteffet en vertu d'ordonnance, en présence deMr Raymond faisant fonction de Procureurdu Roi du dit siège, nous nous sommesrendu en la dite église paroissiale et yavons vaqué à l'examen et vérification desarmoiries, signes et intersignes deprééminences existant dans le choeur etcancel de la dite église, tant intérieurementqu'extérieurement, comme suit :

D'abord, nous nous sommes faitassurer des parties que l'on doit démolirdes dits choeur et cancel d'après un planservi par le dit Bigot aux fins de sonmarché, lequel dit plan a été chiffré cejour, avons vu que le dit Bigot, aux termesde son marché, ne doit démolir que le cul-de-lampe de cette église, dont le dessusforme une voûte en maçonnerie àmoellons, et partie des deux retours enaile jusqu’à l'arcade séparant le chœur dela nef " lequel cul-de-Iampe est éclairé partrois petits vitraux étroits et assez élevés,qu'il y a aussi dans chaque aile deuxautres petits vitraux de même forme

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et grandeur que les précédents. Le ditentrepreneur ne doit démolir l'aile gaucheque de quelques pieds au-delà de lanaissance du cintre du cul-de-Iampe, et nedoit point démolir les deux vitraux quiéclairent la dite aile gauche, ni les cha-pelles Notre-Dame ni Sainte-Marguerite, àgauche, qui font partie des bas-côtés, maisseulement une partie de la voûte au-dessusde la chapelle de Notre-Dame, à droite.

Et après avoir écouté les plaids etréquisitoires faits de la part des différentsintéressés ou prétendant aux droits en ladite partie du choeur et cancel à démolir,nous avons vu et fait voir qu’au bas duvitrail du cul-de-Iampe, au dessus dumilieu de l'autel, il existe seulement unécusso de forme carrée, portant "d'azur àdeux lions rampants d'argent armés etlampassés de gueules ", et qu'il n'existeaucun autre écusson dans le dit vitrail quiest en verre à petits carreaux communs, enplomb et vergettes de fer.

Nous avons vu et fait voir que dansle vitrail de la droite du cul-de-lampe,aussi en verre commun à petits carreaux eten plomb, il existe au haut du dit vitrail unécusson portant "d'argent à la croix pattéed'azur", et qu'il n'existe nul autre écussondans le dit vitrail

Nous avons vu et fait voir qu'ausecond vitrail à droite, lequel vitrail est luiaussi en verre commun petits carreauxposés au plomb, dans la partie supérieureil existe aussi, de même qu'au précédent,un écusson portant "d'argent à la croixpattée d'azur", et qu’il n'existe aucun autreécusson dans le dit vitrail.

Avons vu et fait voir que dans letroisième vitrail, à l'aile droite proche del'arc séparant le choeur de la nef lequelvitrail est à grands carreaux de verre

commun posés au plomb, il n'existe, aucunécusson.

Avons vu et fait voir, passant àl'examen des vitraux de l'aile gauche du ditcul-de-Iampe, que le premier vitrail,proche du vitrail du centre est vitré à petitscarreaux posés au plomb et qu’il n’ yexiste aucun écusson.

Avons vu et fait voir que le bas dudeuxième est vitré à petits carreaux posésau plomb, et le haut à grands carreauxaussi posés au plomb, ce qui signifieraitque cette partie du haut a été refaite etréparée nouvellement, sans pouvoir assu-rer si cette partie ancienne du vitragecontenait quelque écusson ni aucunintersigne.

Avons vu que le troisième vitrail dela dite aile gauche est aussi vitré àcarreaux de verre commun posés au plombet qu'il n y existe aucun écusson,d'observation qu'il ne sera aucunementtouché par la démolition aux dits derniersvitraux et qu'ils ne seront aucunementdéfigurés ni changés

Nous sommes ensuite passé àl'examen des pierres tombales ou enfeuxprétendus dans les dits choeur et cancel.

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Avons vu et fait voir que dans lesanctuaire, à l'aile droite, proche le mur,au bas du deuxième vitrail, il existe deuxportions de pierre de tombe rase: lapremière, proche de la première marche del'autel et se prolongeant même dessous ladite première marche, la dite pierre de 2pieds et 8 pouces de longueur apparenteau-delà de la marche, sur 2 pieds 4 poucesde largeur, sur la quelle pierre est sculptéegrossièrement une croix pattée sanspouvoir distinguer ni l'émail, ni la couleur.

Avons vu et fait voir qu’à ladeuxième pierre tombale, proche et join-tive à la première et allant le long du murd'aile droite du cul-de-Iampe, laquellepierre a 3 pieds de longueur sur 2 pieds 4pouces de largeur, sont grossièrementsculptés deux accolés où on aperçoitquelques vestiges de croix pattée, mais toutdépéris par vétusté, sans pouvoir découvrirni émail, ni couleur.

Nous sommes ensuite passés à l'ailegauche du cul-de-Iampe et y avons vu etfait voir qu’il existe dans le sanctuaire, au-dessous du deuxième vitrail, une espèce depierre tombale à la hauteur du pavé du ditsanctuaire, sur laquelle il ne paraît aucunécusson mais seulement quelques traitstracés qui n'indiquent aucune armoirie niécusson.

Toutes les ci-devant descriptionssont les seules prééminences et droitshonorifiques que nous avons pu découvrirdans les dits choeur et cancel à démolir;disons cependant qu'il peut exister sousl'autel et sous son marchepied des tombesrases ou élevées ou pierres tombales, maisque personne n'ayant requis que les ditsautel et marchepied fussent démolis pour yvoir, que nous n'avons pu le faire fairesans au préalable y être autorisé dejustice.

11 a été requis au surplus deconstater des armoiries que se trouvent

dans le vitrail éclairant la chapelle deNotre-Dame, la dite chapelle à droite, àtout événement qu'il fut nécessaire de ladémolir, quoique l'entrepreneur n’ y futpas obligé, nous avons vu et fait voir qu'ilexiste au haut de ce vitrail un écussonécartelé portant: au premier, "d'or à unespèce de lion rampant de sinople", audeuxième," d'argent à trois croissantsmontant de gueules, deux et un ", autroisième, "d'azur à la coquille d'argent" ;au quatrième "d'or à trois burettes degueules, deux et un ".

Avons de plus vu et fait voir qu'aupavé du sol de la dite chapelle, proche lemur, au bas du vitrail, il existe une pierretombale rase avec le dit pavé, laquellepierre a 5 pieds 4 pouces de longueur sur 2pieds 3 pouces de largeur, ou sont sculptésgrossièrement deux écussons accolés, aupremier, un lion rampant, au deuxième uneespèce d'arbre, plus un troisième écussonportant un lion passant, le dit troisièmeécusson supporté par deux espèces delions; le tout sans pouvoir distinguer lesémaux ni les couleurs.

Nous sommes ensuite passés à lachapelle à gauche du dit choeur et cancel,nommée Sainte Marguerite, où dans levitrail il ne s'est trouvé aucun intersigned’écusson ;

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mais dans le sol du pavé, entre la porte dela sacristie et l'autel, s'est trouvée unepierre tombale et rase ayant 6 pieds delong sur 2 pieds 6 pouces de large,chargée de trois écussons sculptésgrossièrement en pierre. Au premier, onn'a pu distinguer ce qui a pu y exister: audeuxième, nous y avons vu une espèce delion rampant et une autre figure qu'on nepeut désigner : au troisième écusson, nousavons vu à peu près qu'il est mi-parti etcoupé : au mi-parti, une espèce de grelierou cor, sans cependant pouvoir l'assurer,et autres figures qu'on ne peul définir.

Ce sont là tous les intersignes etécussons que nous avons relevés."

Le sieur Piriou, procureur du sieurBigot, a alors demandé "qu'attendu que lavérification était faite et qu'il estintéressant pour sa partie d y travaillerd'un moment à l'autre pour éviter leschicaneries des héritiers du sieur Perrot,attendu que par le marché qu'a fait le sieurBigot avec eux, il s'est obligé decommencer les travaux dans le courant duprésent mois de juillet il demande qu'ilplaise à Mr le Commissaire d'ordonnerque le dit Bigot travaille incessamment à ladémolition en question."

Le commissaire trancha aussitôt,"faute aux comparants d'avoir montré leslettres au soutien de leurs prétentions auxdroits, les avons renvoyés se pourvoir ausiège et d’y apporter leurs titres dans undélai de trois mois, faute de quoi les avonsdès à présent, ainsi que les défaillants,déboutés de leurs prétentions. Faisantdroit sur les conclusions du sieur Piriou,avons invité sa partie à travaillerincessamment à la démolition, réédifica-tion et réparations dont il s'agit, sans nuireni causer préjudice aux droits d'une partiequelconque."

Plan de l'église de Fouesnant,emprunté au bel ouvrage de L-MTILLET : "Bretagne Romane" (Ed."Zodiaque")

Selon l'auteur, les parties dont les épaisseurssont en blanc ne seraient pas d'époque: c'estévident pour le pignon ouest et le porche sud,mais beaucoup moins pour le chevet à panscoupés. Ce1ui-ci aurait été refait à partir de1754, après l'écroulement de la toursurmontant le carré de transept, 20 ansseulement avant les événements que nousrelatons. Comment expliquer qu'il n 'y soitfait aucune allusion, et qu'en si peu de temps,la maçonnerie, bâtie "à chaux et à sable", soit" trouée, surplombée, lézardée, ouverte,creuse par vétusté, hors d'état de subsister",la charpente des combles du choeur "pourrie,vermoulue" ?

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Les travaux réalisés, le nouveaurecteur, Mre Hyroë, n'en fut pas satisfait etune nouvelle expertise fut demandée :Le 21 septembre 1778, se retrouvèrentdonc devant l'église de Fouesnant :" Messire Jacques Marie Hyroë, recteur deFouesnant, demeurant ordinairement àBrest, paroisse Saint-Louis, avec pourexpert Louis Magado Noble HommeAntoine Joseph Jean de la Hubaudière,sous-ingénieur des Ponts et Chausséesdemeurant à Quimper, expert nommé parÉtienne Bigot et les héritiers de feu lerecteur Perrot, Noble homme PierreJoachim Bernard, ingénieur en chef desPonts et Chaussées de Bretagne audépartement de Landerneau, expert nomméd'office par sentence du siège présidial deQuimper."

A la sacristie, Louis Le Bescond,procureur du sieur Hyroë, les attendait. Illeur signala ce qu'il considérait commemalfaçons : une lézarde au haut des murs,la charpente qui avait travaillé, les arcs--boutants qui n'étaient pas bien liés auxmurs, la couverture laissant filtrer l' eau.

Le sieur Bigot s'expliqua etreconnut qu'il pouvait y avoir quelquesardoises "faillantes", mais que s'il en avaitété prévenu il y aurait remédié. Il démontraque les autres observations n'étaient pasfondées, et le sieur de La Hubaudièreconforta ses dires. Il fit remarquer qu'ilavait réalisé certains travaux non prévus aumarché, particulièrement le revêtementextérieur en pierres de taille jusqu'à laplinthe, au lieu de pierres de bardage ainsiqu'il en était auparavant, et refait à neufune partie du mur du côté de la sacristie.

La conclusion, après un longrapport de douze pages, sera donnée par lesieur Bernard, expert nommé d'office :- 1 Pour la lézarde, il suffira de collier unpeu de mortier dans la disjonctionconstatée, mais que cette dernière n'est pasdu fait de l'entrepreneur.

- 2 : Les arcs-boutants sont réalisés dansles règles de l'art.- 3 : Que la charpente des combles estbonne, que le bois est sain.- 4 : Que la couverture construite enardoises de Châteaulin est exécutéesuivant les règles de l'art " il suffira deremplacer quelques ardoises.Estimons enfin, compte tenu des différentesdéfectuosités indiquées ci-dessus, que l'onpeut donner "renable " du reste desouvrages exécutés par le sieur Bigot auxchoeur et cancel de l'église de Fouesnant."

Il en coûtera 192 Livres 8 sols 6deniers au sieur Hyroë pour régler lesvacations des différents experts, dont 96Livres pour le sieur Bernard.

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Au manoir presbytéral deRospiec

L'entretien du presbytère et de sesdépendances était à la charge du recteur.Après le décès de chaque recteur, unecommission procédait à l'inspection deslieux pour en vérifier le bon état. Celas'était produit en 1728 à l'arrivée de M.Perrot, puis au cours de son ministère en1748 : les travaux préconisés avaient étéréalisés l'année suivante.

Mais cette fois, compte tenu del'importance de l'héritage laissé par ledéfunt, le Général de la paroisse qui avaitla responsabilité du presbytère entreprit depasser au peigne fin l'état des lieux et derelever dans les moindres détails lestravaux à prévoir. Les héritiers du recteur,Anne Armand Perrot, Jan Ollivier et NoëlBoulicant, ainsi que le nouveau recteur, semirent d'accord, souhaitant que tout soitfait dans les règles pour éviter toutecontestation future: le procès-verbal couvrequarante pages !

Le manoir de Rospiec ne se pré-sentait pas à l'époque sous son aspectactuel. La maison avait 20 mètres de long(elle a été diminuée depuis dans sa partieouest), 6 de large et 8 de haut, avec neufouvertures au sud, toutes de pierre de taille.Elle comportait au rez-de-chaussée unvestibule; côté levant, une grande et bellecuisine dont la cheminée est encore intacte;a l'ouest, un très grand salon aveccheminée. A l'étage, deux chambres aveccheminées, un cabinet, au-dessus, ungrenier. Au nord du vestibule, dans unpavillon en saillie, un escalier en pierre detaille desservait les appartements et legrenier. Au sud de la cour, l'anciennechapelle était en ruines.

La commission nommée d'officepar sentence du siège royal de Concarneaucomprenait Sébastien de Penandreff, expert

des sieurs héritiers; noble homme CharlesPoullain, entrepreneur, expert du Général,Messire René Marie Le Rousseau, de laparoisse Saint-Colomban de Quimper;Maître Le Paige, greffier au siège royal deConcarneau les accompagnait, afin delever les scellés et d'ouvrir lesappartements.

La commission se pencha d'abordsur les procès-verbaux de 1728 et 1748 quileur permirent d'établir exactement la 1istedes bâtiments et annexes concernés : lamaison, l'écurie, la crèche à vaches et lamaison à four, seuls anciens édifices à lacharge du Général et "conséquemment"des héritiers, et enfin les murs formant laclôture de la cour, du jardin, ainsi que lereste des clôtures "qui sont de terre," lesfossés et autres dépendances du pourpris.

Me Yves Perrault, procureur duGénéral, s'est alors présenté en compagniede Tanguy Bertholom, le marguillier encharge; Jean Guillermou, Jean Le Calvez,Jean Gléonec, Paul Caradec, délibérants dela paroisse; Jean Guériven, Alain Lozac 'het Charles Gléonec, délibérants de la trêvede La Forêt; et a déclaré "consentir à cequ’il soit procédé par les experts au devisestimatif conformément aux piècesmentionnées.

Tanguy Bertholom guidera lacommission. On va d'abord s'arrêter à laporte cochère de la cour "construite enpierre de taille, garnie de ses vantaux : lesquatre pierres de voûte sont disjointes, ilfaut démolir cette partie et replacer lespierres à chaux et à sable, bien d'aplombet en alignement; il faudra aussi, enconséquence, démolir le chapiteau et lereconstruire à neuf avec de bons moellonsposés à mortier d'argile. On y replaceral'écusson qui y est... On passera auxvantaux une peinture d'ocre rougedétrempée et broyée à l'huile, à deuxcouches..."

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Le pavé de la cour entre la maisonprincipale, l'écurie et la porte cochère esten bon état, quelques pierres seulement àremplacer. Le mur du midi entre la cha-pelle et la maison à four, en bon état" saufau bout du levant où l'ouverture pourcommuniquer avec une loge à poules devraêtre reconstruite. Celui du levant, depuis lamaison principale jusqu'à la maison à fourest en mauvais état et devra être reconstruitdans toute sa longueur de 56 pieds sur 12pieds de hauteur.

Tous ces travaux estimés 147 Livres.

La maison principale: la façadecomportait huit fenêtres et une porte. " Lapartie occidentale devra être refaite à neufau mortier d'argile, les jambages desfenêtres en pierre de taille seront replacéeset posées à chaux et à sable". Le pignonest reconnu en bon état, mais celui de laconstruction le abritant le cabinet devraêtre refait à neuf, ainsi que la partieoccidentale de la costière nord.

Travaux évalués 206 Livres

L'intérieur de la maisonprincipale : L'escalier à noyau tournant enpierre de taille est en bon état. Ce sont lesportes et fenêtres qui demandent le plus deréparations, ainsi que les volets et vantaux: toutes précisions sont données sur lafaçon de les réparer en bois de chêne ou dechâtaignier. Dans la cuisine, "la dalle,l'étal à baratte et les orbes sont en bonétat, ainsi que la cheminée, dont le foyercependant devra être refait à neuf enpierre de taille. Il faudra aussi aplanir etremplir en terre le sol de la cuisine et duvestibule, de même que recaler à chaux età sable les deux marches de la porte quicommunique de la cuisine au vestibule".Le plancher de la salle est bon, ainsi que lacheminée, mais l'état des fenêtres laisse àdésirer et 20 carreaux manquent.

Travaux évalués 95 Livres.

Le sol de la "boulangerie" devra être

remblayé et aplani. A l'étage, le plancherde chambre au-dessus de la cuisine est enbon état, ainsi que la fenêtre du côté nord"composée à l'antique" ; les deux fenêtresdu sud" bien qu'elles présentent .."des vicesdans la construction des châssis à verresne peuvent être condamnées eu égard àleur forte consistance", mais 8 carreauxmanquants sont à remplacer: de même 13carreaux sont à remplacer à la fenêtre ducabinet. Rien à redire de la chambre au-dessus de la boulangerie" ni du petitcabinet au-dessus de la cave.

Le plancher du grand grenier est àrelever en entier à neuf avec "de bonnesplanches de sapin ou de châtaignier,rabotées des deux côtés, jointes à rainureet languette, clouées sur chaque solive";La charpente est faite de bon bois, maiscertaines pièces " arquées et concavéespour avoir été posées vertes" demandent àêtre doublées en bois de chêne pour lesfortifier. Dans la couverture d'ardoises tantdu grand corps de logis que desappartements en appentis, seules quelquespièces "faillantes" sont à remplacer.

Une rampe d'escalier en marches debois, sans contre-marches, conduit à unepetite fuie* au-dessus du grand escalier dela maison principale: "son plancher est àrelever à neuf en y plaçant une petitetrappe garnie d'une targette; la terrasse dela dite fuie est à réparer et les tringles quisont au devant des ouvertures prévuespour les pigeons à remplacer ".

Les bâtiments annexes: A l'ouestde la cour s'étendait une construction quicomprenait l'écurie, la "maison à buer" etl'étable, avec 3 portes et 5 fenêtres s'ou-vrant à l'est, et deux lucarnes. Un escalieren pierre de taille au pignon nord permet-tait d'accéder au grenier. Les réparations ày effectuer sont détaillées sur quatre pages:remplacement des râteliers, des troispoteaux qui servent de séparation à quatrechevaux, des fenêtres, du plancher

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grenier, de la porte d'entrée de la crècheaux vaches "en y attachant la serrureencloisonnée en bois avec son écusson".La charpente, "quoique non placée selonles règles de l’architecture, est d'ancienneconstruction et de bon bois, il suffira de laconsolider".

Montant de ces réparations: 458 Livres.Restait encore à voir la maison à

tour, en bon état. Le grand four, ayant 6pieds 3 pouces de diamètre, devra êtrecouvert de terre et de mottes après avoirdétruit la loge à poules construite sur le ditfour ; le petit four de 3 pieds 6 pouces dediamètre, totalement détruit, est à refaire àneuf, avec une pierre de taille pour servirde fermeture. "Compte tenu des dangersd'incendie que présente /a maison à four, ilest nécessaire de poser sur les poutres etsoliveaux un torchis composé de rondinsenveloppés de foin mêlé avec moitiéd'argile, une couche en dessous et uneautre en dessus".

On poursuit l'inspection par lavisite des murs du jardin, la clôture del'aire, les fossés des vergers, des champs,des bois: tout est à refaire ou à réparer.

Finalement, le montant des travauxà effectuer s'est élevé à 2.621 Livres 2 sols3 deniers. Charles Le Poullain, architecte,percevra pour ses vacations 56 Livres ; LeRousseau, 65 Livres, et de Penandreff 56Livres.

Si les travaux de l'église furentréalisés convenablement, il est probableque ceux concernant Rospiec et sesdépendances laissèrent à désirer, carl'ensemble se retrouva assez rapidement enétat de délabrement prononcé.

Quelques remarquesConcernant l' héritage du recteur Perrot" Les recteurs, sous l'Ancien Régime,étaient titulaires d'un "bénéfice avec

charge d'âmes", c’est-à-dire titulairesd'une responsabilité pastorale à laquelleétaient attachés, outre l'inamovibilité, desrevenus en principe bien précisés pourchaque cas. (Le mot " bénéfice ", employécomme terme technique du droit de

l'Église, ne comporte pas uneconnotation de "profit " aussi forte quedans le langage courant)

Ces revenus étaient de deux sortes

- des revenus strictement bénéficiaux - quelques revenus annexes, appelés "casuels ", intégralement et définitivementacquis à qui les percevait.

Les revenus bénéficiaux étaientessentiellement constitués de la "dîme",impôt ecclésiastique, auquel s'ajoutait,dans le diocèse de Cornouaille, 1/3 desquêtes du dimanche et d'autres offrandes.Chaque recteur était tenu d'utiliser sesrevenus bénéficiaux :- pour s'assurer une honnête subsistance ;- pour financer, ou participer au finance-ment de l'assistance publique dans saparoisse.- pour faire face à certaines charges luiincombant, variables avec les temps et leslieux : ce pouvait être les grosses répara-tions ou les réparations courantes dupresbytère et de l'église. Dans certainesparoisses, le recteur avait ainsi à sacharge l'entretien du choeur de l'église.

Ces obligations remplies, s'il yavait du superflu, le recteur ne pouvait, enprincipe, se l'approprier, mais devaitl'affecter à quelques pieuses activités.

La gestion financière et matériellede chaque paroisse était assurée par un"conseil de Fabrique ". Les conflits entrerecteur et conseil de Fabrique n'étaient pasrares:

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il est arrivé, par exemple, qu’un conseil deFabrique traîne en justice son recteur tropnégligent, dans son obligation d'entretenirl'église.

En pareille situation, il est arrivéaussi qu'un conseil de Fabrique ne bougepas, soit que la forte personnalité durecteur lui ait imposé de ne pas le faire,ou qu’il se soit laissé impressionner par lesmérites passés, le grand âge, ou lesinfirmités de son pasteur ... se réservant,celui-ci décédé, de se retourner contre seshéritiers pour en obtenir des réparationsqui auraient du être faites depuislongtemps. "

Communiqué par Hubert Bouché.

NB. Nos lecteurs feront par ailleursun utile rapprochement entrel'inventaire des biens du recteur Perrot etd'autres inventaires déjà publiés dans nosprécédents bulletins.

Concernant les armoiries et écussons :

Regrettons tout d'abord qu'il n'enreste rien, tout au moins rien de visible.Ensuite que "l'expert en blason " n'ait pasjugé utile de donner son avis sur l'originedes armoiries qu'il a relevées : ce n'étaitévidemment pas son rôle. Mais il nous estaujourd'hui très difficile de porter unjugement sur le bien-fondé des argumentsdes prétendants aux prééminences

Les tombes et vitraux des deuxchapelles latérales appartenant aux famillesdu Guenneur et Keratry -Landanet nedevraient pas prêter à contestation.Pourtant, mise à part la tombe rase de lachapelle Sainte-Marguerite, on ne retrouvedans les armes citées aucun élément desarmoiries des dites familles.

Dans la partie centrale, on peutaccorder un certain crédit aux déclarationsde Maître Cuzon, procureur de Mr deKerret, héritier par sa femme des

seigneuries de Kergaradec et Bréhoulou. Ilest dommage que n'ait pu être vérifiéel'existence de la troisième tombe situéesous l’autel.

Dans te grand vitrail central, on n'arelevé qu'un seul écusson, qui pourraitdonc porter les armes des premiersprééminenciers : en l’occurrence, selon lesdires de la famille de Coigny, celles duHenvez. Si cela était vérifié, on pourrait endéduire que la seigneurie du Henvez était,à l'époque de la construction de l'église,c’est-à-dire au XII ème siècle, la pluspuissante de la paroisse.

Autre sujet d'étonnement, nulle partn'apparaissent les armoiries de l'ancienneseigneurie de Fouesnant. La famille deGuernisac prétend bien que devraient setrouver les armes de ses prédécesseurs,"d'azur à une aigle éployée d'argent auchef endanché de même", mais elles ne s 'ytrouvent pas ! Et les armes de Fouesnantétaient "de sable à l'aigle éployéed'argent"...

On remarquera aussi l'absence detout blason des tenants de Penfoulic depuisles origines. Mais cette seigneurie avait sesattaches plutôt à La Forêt.

Pas plus, la seigneurie de Lespontn'est représentée, à moins que lui appar-tienne la tombe portant un écussonsupporté par deux lions, à rapprocher decelui qui figurait autrefois sur le portaild'entrée du manoir.N.B. : Nos lecteurs trouveront, dans notrenuméro spécial "SeigneuriesFouesnantaises", deux pages couleursreprésentant les armoiries citées.

Enfin, ces querelles de préséancesnous semblent aujourd'hui bien dérisoires.Elles montrent l'attachement de lanoblesse, grande ou modeste, au moindrede ses privilèges, même purement hono-rifiques. Ceci à quelques années seulementde la Révolution...

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LEXIQUE

Argent blanc: un "blanc" est une petite monnaie d'argent valant 5 deniers. (La Livre vaut 20sols ou sous, un sol vaut 12 deniers, un liard vaut 1/4 de sol, soit 3 deniers.)Bailleau : Baquet, récipient en bois.Bois de cent: Selon le contexte, il s'agit probablement de billettes de bois de chauffage.Cannelle: Robinet de bois qu'on met à un tonneau, un pressoir.Charrette à dévider: C'est la traduction littérale du breton "karr-dibuner" désignant undévidoir, c'est-à-dire l'appareil servant à disposer le fil en écheveaux. Cependant, il est déjàfait état d'un dévidoir dans le même paragraphe: il pourrait donc s'agir d'un rouet, en breton"karr nézan", charrette à filer.Chartil : Charrette servant au transport des gerbes, du foin.Décimateur: Celui qui a le droit de lever la dîme, cette dernière étant l'impôt ecclésiastiquequi correspond à la dixième partie des récoltes (en réalité une traction variable selon les lieuxou les circonstances).Fuie: Petit colombier.Général (de la paroisse) : Assemblée de quelques membres influents de la paroisse autour durecteur afin de régler les problèmes de la communauté: une préfiguration du conseil municipal Mannequin: Panier long et étroit en lattes de bois à claire-voie. Désigne aussi un épouvantailà oiseaux suggérant une forme humaine.Maye (à pâle) : Pétrin; désigne également le coffre de bois servant à ranger le pain.Minot: Unité de mesure utilisée pour les grains, extrêmement variable selon les endroits et lesdenrées. " A la mesure du Roi", un minot vaut 39 litres, mais le terme semble souventconfondu avec la "mine", qui en vaut le double. Ces mesures sont spécifiées rases (ou ricles)ou bien combles : dans le premier cas, on verse le grain dans la mesure jusqu'à la remplir àras; dans le second, on ajoute ce qui peut tenir par dessus, ce qui l'augmente d'environ 1/5.Mulon : petite meule.Piguelle : Pioche ( en breton," pigul).Pochon : Diminutif de "poche", l'un et l'autre désignant un petit sac de toile.Quélornes : Baquet ou seau en bois (en breton "kelorn").

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