LES PARTENARIATS EUROPÉENS - BFC International
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Étude réalisée par Gena ROTACoordonnée par Benjamin LÉGER et Ousmane SYLL
LES PARTENARIATS
EUROPÉENSEN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
Membres du comité de pilotage régional de l’étude :
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 2 sur 112
COMITÉ DE RÉDACTION
Rédaction : Gena ROTA (BFC International) Coordination et suivi : Benjamin LÉGER et Ousmane SYLL (BFC International) Structures membres du comité de pilotage de l’étude : Région Académique de Bourgogne-
Franche-Comté, Association de Jumelages en Europe Bourgogne Franche-Comté (AJE-BFC),
Comité de jumelage d’Arbois, CRIJ Bourgogne-Franche-Comté, Département du Jura,
Département du Territoire de Belfort, Maison de l’Europe Bourgogne-Franche-Comté, Maison
des jumelages, de la francophonie et des échanges internationaux d’Auxerre, Maison de
Rhénanie-Palatinat, Région Bourgogne-Franche-Comté, Ville de Dijon, Ville de Besançon, Ville
d’Autun, Ville de Dole, Ville de Nevers.
Remerciements : Karine L’HOSTIS, Eve SATIN et Loïc MAINGUY (Région Bourgogne-Franche-Comté), Laurent CHABAUD (Département du Jura), Edith GODFROY (Département du Territoire de Belfort), Adrien CASSINA et Nathalie MONNET (Ville de Dijon), Arlette BURGY-POIFFAUT et Dominique LEVREY (Ville de Besançon), Gilbert DARROUX, Josette JOYEUX, Damien HERLEM, Catherine GIRARD, Laetitia FEDERICO (Ville d’Autun), Karine MÉTIVIER (Ville de Dole), Ali HADDOU, Agnès GAY et Isabelle PERRASSO-BIARD (Ville de Nevers), Frédéric BERGELIN et Julien PEA (Maison de l’Europe Bourgogne-Franche-Comté), Natacha LANAUD-LECOMTE et Géraldine MAZUE (Région Académique de Bourgogne-Franche-Comté), Till MEYER (Maison de Rhénanie-Palatinat), Martine BERILLE (CRIJ Bourgogne-Franche-Comté), Jacqueline et Henri LECHENET (AJE-BFC), Marité CATHERIN et Claude LEROUX (Maison des jumelages, de la francophonie et des échanges internationaux d’Auxerre), Bernard LAMBERT (Comité de jumelage d’Arbois) et plus largement toutes les personnes qui ont participé et contribué à ce travail d’étude. Date de publication : Septembre 2020
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TABLE DES SIGLES ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise
de l’Energie
ADF : Association des Départements de France
AER BFC : Agence Économique Régionale Bourgogne-
Franche-Comté
AES : Association Européenne des Sports
AFCCRE : Association Française du Conseil des
Communes et des Régions d'Europe
AICC : Association Interjurassienne des Centres
Culturels
AJE-BFC : Association de jumelages en Europe
Bourgogne-Franche-Comté
AMF : Association des Maires de France
ARE : Assemblée des Régions d’Europe
ARRICOD : Association de professionnel-le-s de
l'action européenne et internationale au sein des
collectivités territoriales françaises
BFC : Bourgogne-Franche-Comté
BFCE : Bourgogne-Franche-Comté Europe
BFC International : Bourgogne-Franche-Comté
International
BIJ : Bureau d’Information Jeunesse
CCRE : Conseil des Communes et des Régions d'Europe
CdR : Comité des Régions
CES : Corps Européen de Solidarité
CESER BFC : Conseil Économique Social et
Environnemental Régional Bourgogne-Franche-Comté
CFA : Centre de Formation d’Apprentis
CGET : Commissariat Général à l’Egalité des Territoires
CNCD : Commission Nationale de la Coopération
Décentralisée
COPRA : COopérer Pour Réussir l’Avenir
CRESS : Chambre Régionale de l’Économie Sociale et
Solidaire
CRIJ : Centre Régional d'Information Jeunesse
CTE : Coopération Territoriale Européenne
CTJ : Conférence Transjurassienne
CUF : Cités Unies France
DAECT : Délégation pour l'Action Extérieure des
Collectivités Territoriales
DECRA : Developing European Cultural Routes for All
(Développement d’Itinéraires Européens pour tous)
DENA : Deutsche Energie-Agentur (Agence de l’énergie
allemande)
DFI : Deutsch–Französisches Institut (Institut Franco-
Allemand)
DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles
DRAREIC : Délégation Académique aux Relations
Européennes, Internationales et à la Coopération
DRDJSCS : Direction Régionale et Départementale de la
Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale
ECM : Éducation à la Citoyenneté Mondiale
EPCC : Établissement Public de Coopération Culturelle
EPCI : Établissement Public de Coopération
Intercommunal
EPIDE : Établissement pour l’Insertion Dans l’Emploi
ESN : Erasmus Student Network
ESPE : École Supérieure du Professorat et de
l’Éducation
ESS : Économie Sociale et Solidaire
FEDER : Fonds Européen de Développement Régional
FESI : Fonds Européens Structurels d'Investissements
FESC : Fédération Européenne des Sites Clunisiens
FFICE : Fédération Française des Itinéraires Culturels
Européens
FRMFR : Fédération Régionale des MFR
GAL : Groupement d'Acteurs Locaux
GT : Groupe de Travail
HEP BEJUNE : Haute École Pédagogique des Cantons de
Berne, du Jura et de Neufchâtel
JSI-VVV/SI : Jeunesse et Solidarité Internationale –
Ville, Vie, Vacances et Solidarité Internationale
LEADER : Liaison Entre Action de Développement de
l’Économie Rurale
MAPTAM (loi) : Modernisation de l’action publique et
d’affirmation des métropoles
MEAE : Ministère de l’Europe et des Affaires
Étrangères
MFR : Maisons Familiales Rurales
MOT : Mission Opérationnelle Transfrontalière
NOTRe (loi) : Nouvelle Organisation Territoriale de la
République
ODD : Objectifs de Développement Durable
OESS : Organisations de l'Économie Sociale et Solidaire
OFAJ : Office Franco-Allemand pour la Jeunesse
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONU : Organisation des Nations Unies
PEJA : Programme Européen Jeunesse en Action
PIJ : Point d’Information Jeunesse
POTEs : Pionnier Ordinaires de la Transition
Énergétiques
PPP : Partenariats Public-Privé
PTCE : Pôle Territorial de Coopération Économique
RRMA : Réseau Régional Multi-Acteurs
RTES : Réseau des collectivités Territoriales pour une
Économie Solidaire
SUERA : Stratégie de l’Union Européen pour la Région
Alpine
TDC : Territoires Dansés en Commun
TIE : Temps d'Information et d'Échanges
TEPOS : Territoires à Energie Positive
UCBRP : Union pour la Coopération Bourgogne
Rhénanie-Palatinat
VCFA : Volontariat Culturel Franco-Allemand
VEFA : Volontariat Écologique Franco-Allemand
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SOMMAIRE
COMITÉ DE RÉDACTION.................................................................................................................................................... 2
TABLE DES SIGLES............................................................................................................................................................... 3
INTRODUCTION ................................................................................................................................................................... 6
PARTIE I. OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE .............................................................................................................. 10
1. CADRE ET ORIENTATIONS .................................................................................................................................................................. 10 2. PILOTAGE ET ANIMATION .................................................................................................................................................................. 11 3. DEROULEMENT .................................................................................................................................................................................... 13 4. LIMITES DE L’ETUDE ........................................................................................................................................................................... 15 5. PRESENTATION DE L’ECHANTILLON ................................................................................................................................................ 17
PARTIE II. ÉTAT DES LIEUX DES INITIATIVES DE COOPÉRATION EUROPÉENNE EN BOURGOGNE-
FRANCHE-COMTÉ ............................................................................................................................................................. 21
1. PAYS DE COOPERATION ...................................................................................................................................................................... 21 2. ORIGINE ET ANCIENNETE DES PARTENARIATS .............................................................................................................................. 24 3. THEMATIQUES ET ACTIONS MENEES ................................................................................................................................................ 25 4. PANORAMA D’INITIATIVES INNOVANTES ........................................................................................................................................ 28 5. ACTEURS RESSOURCES EN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE ....................................................................................................... 39
PARTIE III. DIFFICULTES, BESOINS ET ATTENTES DES ACTEURS DE LA COOPERATION
EUROPEENNE EN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE .............................................................................................. 42
1. DES CONTRAINTES MAJORITAIREMENT FINANCIERES POUR LES ASSOCIATIONS ET DAVANTAGE HUMAINES POUR LES
COLLECTIVITES TERRITORIALES ............................................................................................................................................................ 42 2. LES PARTENARIATS EUROPEENS : UN SECTEUR DE L’ACTION PUBLIQUE A PART ENTIERE MAIS UNE PORTEE
STRATEGIQUE SOUS EXPLOITEE PAR LES COLLECTIVITES ................................................................................................................. 44 3. DES ACTEURS ASSOCIATIFS FINANCIEREMENT FRAGILES AU REGARD DE LEURS OBJECTIFS ET DES ENJEUX QU’ILS
PORTENT .................................................................................................................................................................................................... 45 ..................................................................................................................................................................................................................... 47 4. DES PARTENARIATS EUROPEENS CONFRONTES A L’ENJEU DU RENOUVELLEMENT DES PORTEURS DE PROJETS ET DES
PRATIQUES ................................................................................................................................................................................................. 47 5. AGIR DANS UN CONTEXTE INTERCULTUREL : UNE FORCE A CONSOLIDER ............................................................................... 51 6. ÊTRE VISIBLE : DES PARTENARIATS EUROPEENS EN QUETE DE RECONNAISSANCE A L’ECHELLE LOCALE.......................... 52 7. MALGRE UN BON NIVEAU D’INFORMATION, UNE REELLE DIFFICULTE A S’APPROPRIER LES DISPOSITIFS DE L’UNION
EUROPEENNE ............................................................................................................................................................................................ 53 8. LE BESOIN D’UN ACCOMPAGNEMENT GLOBAL, ARTICULE AUTOUR DE LA NOTION DE PROXIMITE, D’INDIVIDUALISATION
ET DE CONTACTS HUMAINS ..................................................................................................................................................................... 55 9. UN DEFICIT D’ESPACES D’ECHANGES ET COORDINATIONS THEMATIQUES, GEOGRAPHIQUES ET TERRITORIAUX.............. 57
PARTIE IV. RECOMMANDATIONS .............................................................................................................................. 64
1. RENFORCER LES CAPACITES DES ACTEURS ET LES ACCOMPAGNER DANS LA MISE EN PLACE DE PARTENARIATS
EUROPEENS DURABLES ET DE PROJETS DE QUALITE.......................................................................................................................... 64 2. INFORMER ET VALORISER LES INITIATIVES LOCALES DE PARTENARIATS EUROPEENS .......................................................... 64 3. ANIMER UNE DYNAMIQUE REGIONALE MULTI-ACTEURS DES PARTENARIATS EUROPEENS POUR FACILITER L’EMERGENCE
DE SYNERGIES ET DE PROJETS MUTUALISES ........................................................................................................................................ 65 4. FACILITER LE CHANGEMENT D’ECHELLE ET L’ACCES DES PETITES STRUCTURES AUX DIFFERENTS INSTRUMENTS
FINANCIERS ............................................................................................................................................................................................... 65 5. ÉVALUER ET CAPITALISER SUR LES INITIATIVES DE COOPERATION EUROPEENNE MENEES PAR LES ACTEURS LOCAUX. 66
CONCLUSION....................................................................................................................................................................... 67
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................................................ 71
ANNEXES .............................................................................................................................................................................. 75
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 5 sur 112
ANNEXE 1 : TYPOLOGIES DE PARTENARIATS EUROPEENS ............................................................................................................... 75 ANNEXE 2 : LA COOPERATION EUROPEENNE COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL ........................................... 79 ANNEXE 3 : NOTE DE CADRAGE DE L'ÉTUDE ..................................................................................................................................... 97 ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE A DESTINATION DES ACTEURS ASSOCIATIFS, DES ACTEURS INSTITUTIONNELS ET DES
ACTEURS DE L’EDUCATION. ................................................................................................................................................................. 101 ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE A DESTINATION DES COLLECTIVITES TERRITORIALES .............................................................. 104 ANNEXE 6 : LISTE DES STRUCTURES ENQUETEES PAR QUESTIONNAIRE ET/OU PAR ENTRETIEN ......................................... 106 ANNEXE 7 : LISTE DES STRUCTURES PRESENTES AUX TEMPS D’INFORMATION ET D’ECHANGES DE MAI A SEPTEMBRE 2019
.................................................................................................................................................................................................................. 108 ANNEXE 8 : PHOTOS DES RENCONTRES TERRITORIALES D’AVRIL A SEPTEMBRE 2019 ......................................................... 109 ANNEXE 9 : COMPTES RENDUS DES RENCONTRES ET TEMPS DE TRAVAIL ORGANISES ........................................................... 111
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 6 sur 112
INTRODUCTION
Le terme « partenariats européens » recouvre une multitude d’initiatives, de projets, d’acteurs
et de territoires si bien qu’il est difficile de l’appréhender comme un ensemble uniforme et
homogène. Dans le travail qui va suivre, les partenariats européens seront étudiés au sens large
comme un ensemble d’actions et de projets menés entre acteurs issus de pays européens
différents, et qui leur sont mutuellement profitables sur le court, moyen et long termes.
Ainsi, les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté comprennent toutes les formes
de collaborations entre acteurs dont le siège social se trouve sur le territoire régional avec
des acteurs issus d’autres territoires européens, situés hors de France, qui s’articulent autour
d’intérêts communs. Comme nous le verrons au cours de ce rapport d’étude, ils peuvent associer
des acteurs privés (associations, comités de jumelages, entreprises, etc.), des acteurs publics
(collectivités territoriales et regroupements, établissements d’enseignement, institutions, etc.)
où ces deux types d’acteurs à la fois. Ils sont également plus ou moins formalisés, allant dans
certains cas jusqu’à s’appuyer sur des protocoles d’accords, des conventions de partenariat, des
plans d’actions communs sans que cela ne soit systématique, peuvent aborder des thèmes très
divers (environnement, culture, éducation, économie, formation, jeunesse, etc.) et donner lieu à
des projets très variés.
Différentes sous-catégories1 de partenariats seront fréquemment évoquées dans le cadre ce
travail, comme la coopération décentralisée - qui réfère directement à l’action des collectivités
territoriales, les jumelages – terme très couramment utilisé dont la définition peut varier
ostensiblement d’un acteur à un autre. On évoquera aussi les réseaux de collectivités, la
coopération frontalière, la coopération transnationale ou la coopération interrégionale.
Toutefois, relevons que ces terminologies ne suffisent pas à décrire l’ensemble des partenariats
existants en région. Aussi, sans viser l’exhaustivité, la diversité des réalités propres aux
partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté sera explorée tout au long de ce travail.
Notons également que les acteurs et les projets qui bénéficient seulement de soutiens financiers
provenant de l’Union Européenne sans pour autant mener de collaborations spécifiques avec
d’autres acteurs européens ne font pas partie du champ d’analyse de ce travail. Retenons, pour
résumer, qu’il s’intéresse spécifiquement aux modalités des liens qui unissent les acteurs de
Bourgogne-Franche-Comté avec les acteurs européens et à la façon dont ils impactent le
développement des territoires.
Avec ses 47 800 km², la Bourgogne-Franche-Comté est tout d’abord l’une des régions les plus
vastes de France mais aussi une des moins denses, avec seulement 59 habitants par km² pour un
total 2,8 millions d’habitants2. Si elle est définie par son profil rural, caractéristique a priori peu
propice aux échanges internationaux, elle n’en n’est pas moins insérée au cœur des grands axes
de communication européens et se situe à la jonction entre le Rhône et le Rhin.
La Bourgogne-Franche-Comté a en effet la particularité d’être une région frontalière : les
Départements du Jura, du Doubs et du Territoire de Belfort partagent 230 km de frontières
communes avec les Cantons suisses de Berne, de Vaud, de Neuchâtel et du Jura. Cet arc, construit
autour du Massif du Jura, constitue un bassin de vie pour près de 2 millions de personnes3 mais
surtout un bassin d’emploi ancien et très dynamique marqué par une spécialisation dans
1 Pour en savoir plus, l’annexe n°1 de ce travail d’étude propose plusieurs définitions de catégories de partenariats européens . 2 Rapport « Chiffres-clés Bourgogne Franche-Comté » pour la DRJSCS de Bourgogne Franche-Comté (2017) 3 Mission Opérationnelle Transfrontalière (2019) : http://www.espaces-transfrontaliers.org/
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 7 sur 112
l’industrie horlogère. L’Arc Jurassien est aujourd’hui un territoire de coopération
transfrontalière privilégié, notamment animé par la Conférence Transjurassienne (CTJ), un
organe de concertation franco-suisse chargé d’impulser et d’accompagner des projets
transfrontaliers dans les domaines du développement économique, des mobilités et des
échanges, de la gestion de l’espace et des ressources naturelles et du vivre ensemble4. La Région
Bourgogne-Franche-Comté est également engagée dans le cadre de la Stratégie de l’Union
européenne pour la Région Alpine (SUERA)5 aux côtés des Régions Auvergne-Rhône-Alpes,
Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’État français qui en assurent la présidence en 2020, avec 47
autres régions et 6 autres pays européens.
Au-delà de ces espaces transfrontaliers, le territoire de la Bourgogne-Franche-Comté,
notamment par le biais de ses collectivités territoriales, cultive également une politique
d’ouverture à l’international de longue date avec ses voisins européens. A titre d’exemple, la
Région Bourgogne-Franche-Comté est jumelée avec le Landtag de Rhénanie-Palatinat
(Allemagne) depuis 1962 et conduit des actions avec son partenaire historique dans de
nombreux domaines (transition énergétique, agriculture biologique, mobilité des jeunes, etc.). La
présence d’une Maison de Rhénanie-Palatinat à Dijon et d’une Maison de Bourgogne-Franche-
Comté à Mayence (Allemagne) ou encore la coopération entre les deux capitales régionales Dijon
et Mayence facilitent la densification des actions de coopération entre ces deux régions. Le
dynamisme des échanges entre les deux collectivités régionales a notamment conduit, en 2003,
à l’élargissement du cadre de coopération à deux autres partenaires européens : la Région de
Bohême Centrale (République Tchèque) et la Voïvodie d’Opole (Pologne) sous la forme d’une
convention « quadripartite » originale et novatrice. Au-delà de ces coopérations
emblématiques, de nombreuses autres collectivités territoriales bourguignonnes-franc-
comtoises ou regroupements sont aussi fortement impliquées dans le cadre de
partenariats européens (Départements, Métropole, Agglomérations, Communautés de
Communes, Villes, Établissements Publics de Coopération Culturels ou Intercommunaux, etc.).
Au total, on dénombre par exemple 278 communes6 de Bourgogne-Franche-Comté jumelées
avec une ou plusieurs villes européennes. Un bon nombre d’entre elles s’appuient sur des comités
de jumelages, constitués pour la plupart en associations de loi 1901, qui se sont fixés pour
mission de faire vivre ces partenariats à l’échelle de leurs territoires. Plusieurs de ces comités de
jumelages sont eux-mêmes regroupés au sein d’un réseau, l’Association de Jumelages en Europe
Bourgogne-Franche-Comté (AJE-BFC), qui compte près de 236 comités de jumelages
membres7 engagés avec des partenaires européens, tout particulièrement dans l’une des quatre
régions de la convention quadripartite citées plus-haut (Bourgogne-Franche-Comté, Rhénanie-
Palatinat, Opole et Bohême Centrale) mais aussi avec le land du Bade Wurtemberg en Allemagne.
Ces différentes dynamiques de coopérations « territorialisées » - s’articulant autour
d’échanges entre acteurs issus d’espaces géographiques bien identifiés - servent de supports et
de catalyseurs à de nombreux projets de partenariats européens impliquant d’autres acteurs du
territoire régional tels que des établissements scolaires, des institutions, des associations
culturelles, des structures jeunesse, des acteurs économiques, etc. En ce sens, au-delà du nombre
important d’acteurs répertoriés, qui démontre d’une réelle dynamique territoriale, notons que
les coopérations animées par les collectivités territoriales ou les comités de jumelages ont un
caractère structurant pour l’ensemble des acteurs de leurs propres territoires (acteurs culturels,
4 Pour en savoir plus : https://www.arcjurassien.org/ 5 Pour en savoir plus : https://www.europe-bfc.eu/actualite/presidence-francaise-de-la-suera/ 6 Annuaire des villes jumelées de l’AFCCRE (2020) : http://www.afccre.org/fr/nos-membres/annuaire-des-villes-jumelees 7 Annuaire des membres de l’AJE-BFC (2019) : https://aje-bfc-asso.fr/organisation/liste-comites-bourgogne.html
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 8 sur 112
acteurs du développement durable, structures jeunesse, établissements scolaires, entreprises,
etc.).
En effectuant un panachage des différentes sources d’information régionales (répertoire des
acteurs de la coopération et de la solidarité internationale du réseau Bourgogne-Franche-Comté
International ; annuaire des membres de l’AJE-BFC) et nationales disponibles (annuaire des villes
jumelées de l’AFCCRE ; atlas de la coopération décentralisée du MEAE), on estime à près de 500
le nombre d’acteurs de Bourgogne-Franche-Comté impliqués dans au moins un
partenariat européen. Toutefois, force est de constater la limite d’une telle estimation à la vue
notamment de la sous-représentation de certains types d’acteurs dans les sources existantes
citées, notamment les établissements scolaires (collèges, lycées, etc.) et les acteurs économiques
(entreprises, coopératives, etc.) qui mènent également de très nombreux échanges et projets
européens, et pour lesquelles un travail spécifique associant les réseaux d’acteurs concernés
pourrait compléter les éléments présentés dans cette étude.
Si l’on s’accorde pour dire que les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté
mobilisent un nombre non négligeable d’acteurs, notamment publics, il est encore difficile de
décrire précisément cette dynamique et de juger de ses réels impacts sur le
développement du territoire régional et sur les habitants de la région. En effet, comme nous
le verrons, aux dires même des différents acteurs engagés, la lisibilité et la visibilité de toutes ces
initiatives sont encore faibles malgré le fort potentiel qu’elles revêtissent en termes de cohésion
sociale et territoriale, d’éducation, de jeunesse, de citoyenneté ou encore de développement
durable. Par ailleurs, au regard d’un contexte politique et social pointant régulièrement du doigt
les difficultés auxquelles les institutions et le projet européen font face, la question des
partenariats entre acteurs européens semble ainsi souvent être reléguée au second rang des
questions européennes. Enfin, à l’heure où nous publions ce travail, le monde et la France
subissent de plein fouet une épidémie de Covid-19 (crise sanitaire), dont nous ne pouvons encore
mesurer toute les conséquences sur les dynamiques de partenariats européens et internationaux.
Si l’on peut s’attendre à une contraction des projets menés et des budgets alloués à court
terme, il n’en demeure pas moins que notre capacité à coopérer efficacement à l’échelle
européenne et internationale face à des enjeux communs (épidémie, climat, pollution,
migration, inégalité, etc.) se révèle être une clé majeure pour la construction d’un monde
plus juste et de territoires résilients.
Comment se matérialisent les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté ?
Ont-ils des caractéristiques particulières ? Quels sont leurs atouts et quels freins
rencontrent-ils ? Quels sont leurs impacts sur le développement du territoire régional ?
Conduisent-ils à une appropriation plus forte des enjeux européens et internationaux par
les acteurs locaux et notamment par les jeunes ? Plus largement, comment les renforcer
et sous quelles conditions peuvent-ils devenir des moteurs du développement durable
pour les territoires de Bourgogne-Franche-Comté ?
Si l’étude régionale présentée ici entend apporter un éclairage sur un certain nombre de ces
questionnements, elle vise en tout premier lieu de dresser un état des lieux des initiatives de
partenariats européens existant en Bourgogne-Franche-Comté. Cette étude a ainsi été mise
en place dans le but d’identifier de manière plus précise les spécificités des partenariats
européens de Bourgogne-Franche-Comté, mais également de repérer les freins et les
problématiques rencontrés par les structures du territoire régional et leurs responsables, pour
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 9 sur 112
ensuite proposer des pistes d’actions concertées et concrètes afin de surmonter ces
difficultés.
Partageant ces constats et convaincus que conduire et animer un partenariat européen bénéficie
aux acteurs et aux territoires qui s’y engagent, différents acteurs de Bourgogne-Franche-Comté
se sont réunis en mars 2019 au sein d’un comité de pilotage multi-acteurs (associations,
collectivités, institutions) pour conduire la première étude régionale dédiée à cette thématique.
Le parti pris de ce travail est de s’appuyer sur une approche territorialisée et sur une
démarche multi-acteurs, dans le but de mieux connaître les liens qu’entretiennent les
acteurs locaux avec les territoires européens de manière globale. Il s’agit aussi, dans une
logique de proximité, de pouvoir ensuite engager une dynamique pérenne de mutualisations et
d’échanges afin de constituer un réseau de structures en capacité de co-construire une
stratégie territorialisée, d’identifier des synergies et de mettre en œuvre des activités
conjointes et coordonnées en région pour in fine renforcer l’impact des partenariats européens.
Si cette étude se situe clairement dans une perspective opérationnelle, il a toutefois été
complété par un travail de recherche (voir annexe 2) réalisé par l’auteure dans le cadre d’un
Master 2 « Économie Sociale et Solidaire » à l’Université de Lyon 2, sur le thème « La coopération
européenne comme outil de développement territorial ». Cette partie pose notamment les jalons
d’une réflexion plus approfondie sur les effets et les impacts des partenariats européens, les
indicateurs à utiliser, les modalités de prise de décisions et de co-construction de projets, etc.
Pour répondre à ces questionnements, ce rapport s’articule autour de quatre parties. La
méthodologie employée, les objectifs visés et l’échantillon composé pour cette étude seront
précisés dans un premier temps. La deuxième partie présentera un état des lieux des structures
et des initiatives identifiées en région. Dans un troisième temps, nous analyserons plus
spécifiquement les difficultés, les besoins et les attentes des partenariats européens en
Bourgogne-Franche-Comté avant de livrer, dans une quatrième partie, différentes
recommandations pouvant permettre le développement des partenariats européens menés par
les acteurs de Bourgogne-Franche-Comté.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 10 sur 112
PARTIE I. OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE
1. Cadre et orientations
a) Objectifs L’objectif général de cette étude est de réaliser un état des lieux des initiatives de coopération européenne, dans leur diversité, menées par les acteurs du territoire régional. Il s’agit donc plus spécifiquement de repérer les acteurs mobilisés du territoire, leurs statuts (associations, collectivités territoriales, institutions, etc.) et particularités (histoire, ressources, etc.), ainsi que la nature des partenariats conduits (échanges, jumelages, coopérations décentralisées etc.), les zones géographiques concernées (pays, régions et villes jumelles), les thématiques abordées (jeunesse, citoyenneté, développement durable, interculturalité, vie associative, mobilité internationale, tourisme, économie, formation professionnelle, etc.) ou encore, les activités développées (rencontres culturelles, formations d’acteurs, séjours de jeunes, échanges sportifs, etc.). Cet état des lieux a également pour objet d’identifier et de mettre en perspective des problématiques communes aux acteurs de la région : quels sont, à ce jour, les attentes, les besoins et les freins rencontrés dans la conduite de partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté ? A quels points ces éléments sont-ils partagés par les acteurs à l’échelle du territoire ? Est-il possible de s’appuyer sur ces éléments pour envisager la mise en place de solutions ? Il s’agit par ailleurs d’identifier les acteurs ressources ainsi que les bonnes pratiques pouvant être essaimées à l’ensemble du territoire régional. En donnant une meilleure visibilité aux initiatives et dispositifs qui ont fait leurs preuves, ce travail pourra apporter des clés pour mieux comprendre et identifier les impacts de la coopération européenne sur le territoire régional, mais aussi faire émerger de nouveaux cadres communs d’actions, dans l’intérêt du territoire régional. Ce travail vise également la mise en place d’actions concrètes sur le territoire. Cette dynamique de capitalisation et de connaissance du territoire pourra être à l’origine d’un accompagnement plus adapté aux besoins des acteurs, publics et privés, en termes de coopération européenne. Enfin et notamment à travers son comité de pilotage multi-acteurs, l’étude vise à esquisser les bases d’une approche concertée et transversale de la coopération européenne en Bourgogne-Franche-Comté. L’enjeu est donc à la fois de rendre visible le patrimoine commun que constitue la coopération européenne pour les bourguignons-franc-comtois mais également de créer les conditions de son appropriation et de son animation par les structures concernées.
b) Cibles
A l’origine, cette étude était principalement destinée aux collectivités territoriales et aux comités de jumelages de Bourgogne-Franche-Comté. Cependant, il a été convenu lors du premier comité de pilotage d’élargir son périmètre à d’autres catégories d’acteurs afin d’obtenir une vision plus précise et moins partielle de la réalité territoriale. Aussi, les cibles prioritaires de l’étude ont été les suivantes :
- Les collectivités territoriales et regroupements de Bourgogne-Franche-Comté menant des partenariats de coopération décentralisée en Europe ;
- Les comités de jumelages de Bourgogne-Franche-Comté ;
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 11 sur 112
- Les associations culturelles, sportives, environnementales, de solidarité, de jeunesse ou d’éducation populaire ayant des partenaires européens ;
- Les institutions, les établissements d’enseignement et de formation de Bourgogne-Franche-Comté impliqués dans la coopération européenne ;
- Toute autre structure de l’économie sociale et solidaire ayant des partenaires européens.
Enfin, ce travail a ciblé les acteurs conduisant une démarche de coopération, entendu au sens d’un partenariat durable, associant deux structures ou davantage, dans le cadre d’une réflexion ou d’actions communes sur le moyen ou long terme. En ce sens, les structures qui n’engagent des actions européennes de façon ponctuelle, mais sans entretenir de liens spécifiques avec un acteur particulier, ne figuraient pas parmi les cibles de l’étude.
c) Champ géographique
L’objet de l’étude est d’identifier les partenariats européens menés par des acteurs de
Bourgogne-Franche-Comté. L’idée est donc de s’intéresser aux différents territoires (pays,
régions, départements, communes et regroupements, etc.) et acteurs de ces territoires situés sur
le continent européen (associations, collectivités territoriales, établissements de formation,
institutions etc.) en lien avec les structures de Bourgogne-Franche-Comté. La délimitation du
périmètre géographique n’est ici volontairement pas opérée au niveau des pays membres de
l’Union Européenne dans la mesure où cet ensemble politico-administratif ne suffit à lui seul à
faire état de toute la richesse des dynamiques de coopération qui peuvent exister à l’échelle de la
région.
d) Phases de travail
L’étude des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté a été conduite de début mars à fin décembre 2019 en plusieurs phases :
- Une phase de recensement des acteurs investis sur le champ de la coopération européenne et préparation des instruments de collecte du 4 mars au 11 avril 2019 ;
- Une phase de collecte de données qui s’est étalée du 11 avril au 11 juillet 2019 ; - Une phase d’analyse des données du 11 juillet au 4 septembre 2019 ; - Une phase de rédaction d’un rapport de synthèse du 4 septembre 2019 au 31 décembre
2019.
Une restitution publique est programmée en 2020 pour présenter les résultats de l’étude dans le but de les partager et de favoriser leur appropriation.
2. Pilotage et animation
a) Coordination par Bourgogne-Franche-Comté International
Bourgogne-Franche-Comté International (BFC International) est un réseau régional multi-
acteurs (RRMA) dont l’objet est de renforcer la qualité et l’impact des initiatives menées par les
acteurs de Bourgogne-Franche-Comté dans le domaine de la coopération et de la solidarité
internationale. Il anime et développe des services accessibles à tous les porteurs de projets afin
de faciliter la mise en œuvre de leurs démarches dans les secteurs de :
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 12 sur 112
- La coopération et les échanges européens et internationaux en faveur du
développement durable ;
- L’éducation et la sensibilisation à la citoyenneté mondiale ;
- Les politiques publiques de coopération internationale et l’action extérieure des
collectivités territoriales ;
- La mobilité internationale, le volontariat et la mobilisation citoyenne pour la
coopération et la solidarité internationale.
Bourgogne-Franche-Comté International a plus particulièrement pour mission d’animer un
observatoire des pratiques, de contribuer à l’animation du territoire et à la mise en réseau des
acteurs, d’accompagner les porteurs de projets et de renforcer leurs capacités, de faciliter
l’information du plus grand nombre et la promotion des initiatives menées en région et à
l’international. Il fédère un réseau de plus de 140 collectivités territoriales, associations,
entreprises et institutions au sein d’une dynamique multi-acteurs, ascendante et concertée, afin
de coordonner, mutualiser et de renforcer les actions menées en Bourgogne-Franche-Comté et à
l’international.
Historiquement plus centré sur le champ de la coopération et de la solidarité internationale, et
moins sur la coopération dite européenne, BFC International a d'abord souhaité initier une
réflexion globale, en cohérence avec l’ensemble des acteurs du territoire, sur les
dynamiques propres à la coopération européenne en Bourgogne-Franche-Comté. En effet,
cette démarche fait écho au travail réalisé sur la charte de BFC International (finalisée à la
création du réseau le 25 mars 2017) rappelant la nécessité de considérer les questions
internationales au sens large sur le plan géographique, mais également aux orientations et
attentes du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères (MEAE), partenaire du réseau.
Cette décision répond également à des demandes régulières d’accompagnement de collectivités
territoriales de la région pour la mise en place de dynamiques européennes, à des demandes de
soutien méthodologique de la part de comités de jumelages ou d'associations, membres de BFC
International, engagées dans la coopération européenne. Elle s’intègre également à l’un des axes
prioritaires de travail du réseau à savoir l’animation d’un observatoire régional des acteurs et
des pratiques de la coopération internationale au sens large du terme. En effet, BFC International
conduit régulièrement des travaux d’études afin d’explorer des thématiques encore relativement
peu documentées à l’échelle régionale et de renforcer son action ou celle des acteurs à partir
d’une connaissance plus fine des attentes et besoins exprimés localement ; le dernier exemple
étant la réalisation d’une l’étude régionale sur l’engagement en Service Civique à l’international
et en réciprocité en Bourgogne-Franche-Comté (2018).
BFC International a donc initié, en mars 2019 et avec l’appui d’un comité de pilotage régional
multi-acteurs, la conduite d’une étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-
Comté. Tout au long de cette étude, BFC International avait pour mission d’animer les
réunions du comité de pilotage, d’être force de proposition dans la construction des
documents de travail collectifs, d’assurer le suivi et la mise en cohérence des activités liées
à l’étude. Enfin, le réseau a joué un rôle de facilitateur dans la mise en dialogue des acteurs
de la coopération européenne en région via l’organisation de temps d’information et
d’échanges sur la thématique. Ceci étant, BFC International n’a pas de rôle décisionnaire puisque
celui-ci est attribué au comité de pilotage de l’étude.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 13 sur 112
b) Comité de pilotage régional multi-acteurs
L’étude des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté fut pensée dès le départ dans
le cadre d’une démarche collective avec la constitution d’un comité de pilotage régional et multi-
acteurs, premier « noyau dur » de la concertation, décliné comme suit :
Collectivités territoriales
- Région Bourgogne-Franche-Comté - Département du Territoire de Belfort - Département du Jura - Ville de Dijon - Ville de Besançon - Ville de Nevers - Ville de Dole - Ville d’Autun
Institutions - Maison de l’Europe en Bourgogne-Franche-Comté - Région Académique de Bourgogne-Franche-Comté
Associations - Association de Jumelages en Europe - Bourgogne-Franche-Comté (AJE-BFC) - Comité de jumelage d’Arbois - CRIJ de Bourgogne-Franche-Comté - Maison des jumelages, de la francophonie et des échanges internationaux d’Auxerre - Maison de Rhénanie-Palatinat
Le comité de pilotage est d’abord une instance stratégique : il définit collectivement les
orientations du travail d’étude, les principaux questionnements, les objectifs et les cibles. Tous
les documents de travail (note de cadrage) et outils de collecte de données (questionnaires, grille
d’entretien) sont soumis à la validation du comité de pilotage. Il a vocation à être un espace ouvert
à toute nouvelle structure désireuse d’intégrer la dynamique de l’étude.
Le comité de pilotage se révèle également être un appui technique tout au long de l’enquête pour
la conduite des entretiens (nombreux sont les membres du comité de pilotage qui ont également
participé à l’enquête) mais également pour l’organisation d'événements communs sur l’ensemble
du territoire. Le comité de pilotage se rencontre régulièrement afin de faire des points d’étape
sur la conduite de l’étude (tous les deux mois environ) et prolonger les questionnements qu’elle
soulève.
3. Déroulement
a) Recensement des acteurs
La première étape préalable au travail d’étude fut la réalisation d’un inventaire de la
documentation disponible sur la coopération européenne en France et sa déclinaison stratégique
et opérationnelle en Bourgogne-Franche-Comté. Ont été pour cela utilisés une grande variété de
rapports européens (Commission Européenne, Mission Opérationnelle Transfrontalière ; CCRE) ;
de rapports nationaux (MEAE – CNCD ; CGET ; L’Europe en France, AFCCRE, ARRICOD ; RTES ;
Réseau Rameau ; Réseau Rural Français) ainsi que des rapports régionaux (AER BFC ; CESER
BFC ; DRDJSCS BFC ; CRESS BFC ; Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté).
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 14 sur 112
Une fois ce corpus documentaire étudié, nous avons procédé au recensement des acteurs en
Bourgogne-Franche-Comté investis sur des partenariats européens grâce au panachage de bases
de données nationales (Atlas français de la coopération décentralisée du MEAE ; Annuaire des
communes jumelées de l’AFCCRE) et de bases de données locales (Répertoire des acteurs de BFC
International, liste des membres de l’AJE-BFC).
b) Définition d’une méthodologie et mise en place d’outils de collecte des données
Comme nous avons pu l’évoquer plus tôt, l’objet de cette étude est avant tout exploratoire. En
effet, très peu de documents techniques ou scientifiques ont été produits sur les dynamiques de
coopération européenne à l’échelle de la Bourgogne-Franche-Comté. Face à ce constat, il nous a
paru pertinent de s’inspirer de la méthodologie de la théorisation enracinée (Gagnon et Beaudry,
2015). En l’occurrence, il s’agit pour l’enquêteur d’opérer des allers-retours systématiques entre
son terrain d’étude (les acteurs de Bourgogne-Franche-Comté) et ses hypothèses de travail. Ainsi,
les hypothèses sont vérifiées au fur à mesure des entretiens et, les grandes tendances qui se
dessinent, guident ensuite les visites de terrain suivantes. Cette méthode a notamment pour
conséquence de faire évoluer l’échantillon de structures enquêtées : en effet, celui-ci ne vise pas
une représentativité statistique stricte mais reste ouvert et modulable de telle sorte qu’il est
difficile de connaître à l’avance son étendue.
Pour effectuer la collecte de données, trois instruments principaux ont été utilisés :
l’entretien semi-directif, le questionnaire en ligne et la documentation interne des
structures.
En l’occurrence, la conduite d’entretiens semi-directifs s’est révélé l’outil le plus pertinent dans
le contexte de l’étude. Il a permis un afflux important d’informations diverses sur les structures
enquêtées, leur contexte d’émergence, les projets menés et les relations avec leurs partenaires
européens, les difficultés rencontrées, etc. Le guide d’entretien offrait également une plus grande
flexibilité que les autres instruments de collecte : il s’agissait d’aborder avec les acteurs du
territoire leur vécu de la coopération européenne avec des questions ouvertes et générales dans
un premier temps puis affiner ces témoignages avec des questions plus précises sur des
thématiques spécifiques. Ainsi, les personnes enquêtées avaient une marge de manœuvre
beaucoup plus importante pour explorer par elles-mêmes le sens qu’elles donnaient à leurs
expériences de la coopération européenne.
Le deuxième outil de collecte était un questionnaire en ligne à dominante quantitative décliné en
deux versions : une à destination des collectivités territoriales (annexe 3), l’autre à destination
des acteurs associatifs et institutionnels (annexe 4). Les deux versions du questionnaire ont été
soumises au comité de pilotage et des ajustements ont permis d’enrichir les versions initialement
proposées. Il a notamment été question d’ajouter une section sur l’engagement des répondants
sur des partenariats hors-Europe. En effet, si la focale employée est européenne, l’idée est
également de rendre compte de l’ouverture au monde des acteurs locaux notamment dans les
territoires ruraux.
Le dernier outil de collecte consiste en la documentation interne (statuts, rapports d’activités,
programmes de rencontres, supports de communication, etc.) transmise par certaines structures
lors des entretiens qualitatifs, mais également externe liée à la thématique.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 15 sur 112
c) Organisation de temps d’information et d’échanges
Dans le cadre cette étude et parallèlement à la diffusion du questionnaire et à la réalisation
d’entretiens individuels, six (6) temps d’information et d’échanges (TIE) d’approximativement 2
heures chacun ont été proposés sur la thématique « Renforcer l’ancrage des partenariats
européens sur les territoires ».
Ces rencontres ont été organisées et animées par le réseau BFC International en partenariat avec
des collectivités territoriales, institutions et associations volontaires :
- Le lundi 27 mai 2019 à l’Hôtel de Ville de Besançon : 11 personnes présentes, 9 structures
représentées.
- Le mercredi 5 juin 2019 à l’Hôtel de Ville de Dijon : 16 personnes présentes, 11 structures
représentées.
- Le lundi 24 juin 2019 à l’Hôtel de Ville d’Autun : 18 personnes présentes, 9 structures
représentées.
- Le mercredi 26 juin 2019 à l’Hôtel du Département du Territoire de Belfort : 11
personnes présentes, 9 structures représentées.
- Le vendredi 28 juin 2019 à l’Hôtel de Ville de Mâcon : 7 personnes présentes, 6 structures
représentées.
- Le mardi 10 septembre 2019 à la Maison Paul Bert à Auxerre : 6 personnes présentes, 4
structures représentées.
Au total, ces rencontres ont réuni 69 participants et 44 structures et ont permis d’apporter un
contenu qualitatif aux résultats de l’étude.
Ces rencontres se composaient d’un premier temps de témoignages de structures porteuses
d’expérience ou de projets européens innovants et d’un second temps de réflexion collective avec
l’ensemble des participants. L’objectif était autant de favoriser l’interconnaissance des acteurs
du territoire engagés sur les partenariats européens que de faire émerger des problématiques
communes et susciter des échanges de bonnes pratiques entre pairs.
4. Limites de l’étude
Il est important de noter que plusieurs difficultés ont été rencontrées dans la conduite de ce
travail d’étude régionale. Nous proposons donc de retranscrire ci-dessous quelques-unes des
limites de ce travail.
a) Un périmètre nouveau en région
L’initiation d’une démarche régionale autour de la coopération européenne a constitué en elle-
même un véritable défi car, au-delà des membres du comité de pilotage, il n’y avait aucune
certitude quant à l’intérêt des acteurs enquêtés pour une telle démarche. Aussi, un important
travail de définition des termes clés a été engagé pour ne pas « restreindre » la coopération
européenne aux jumelages de villes. Le terme de « partenariats européens » a été retenu afin de
retranscrire la diversité des initiatives portées en région. Toutefois, cette dénomination si elle a
le mérite d’être ouverte au plus grand nombre peu aussi apparaître très vaste au risque de perdre
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 16 sur 112
en précision. Il a donc été difficile tout au long de la mission d’étude de trouver le bon équilibre
entre intégration des acteurs à la dynamique et pertinence dans le choix des structures sollicitées.
Par ailleurs, pour l’organisation des temps d’information et d’échanges sur les territoires, un réel
travail d’adaptation en termes de vocabulaire et d’accessibilité des thématiques traitées a été
nécessaire pour que les structures mobilisées partagent une même conception basique de la
coopération européenne.
b) Des cibles hétérogènes
L’étude avait pour objectif de recenser les acteurs de Bourgogne-Franche-Comté engagés dans
des partenariats européens. Or, au vu de l’étendue du champ de la coopération européenne et du
nombre potentiel d’acteurs impliqués, plusieurs cibles prioritaires ont été retenues.
Si la plupart des cibles ont pu être touchées, il a été difficile d’avoir un accès direct aux
établissements scolaires engagés dans un partenariat à l’heure actuelle. Toutefois, nous avons
bénéficié du témoignage de quelques acteurs éducatifs clés (notamment la Région Académique
de Bourgogne-Franche-Comté via la DRAREIC et plusieurs établissements de formation
professionnelle). Il a également été compliqué d’impliquer les Associations des Maires de France
(AMF) dans la démarche alors même que ces instances étaient invitées au comité de pilotage de
l’étude.
c) Limites méthodologiques
Comme nous l’avons indiqué plus tôt, le fait de se baser sur un échantillon de structures
enquêtées en permanente recomposition a rendu le travail d’étude complexe puisqu’il s’agissait
d’avancer « à vue » sans réelle possibilité de prise de recul avant la fin de la collecte de données.
Le calendrier très resserré pour réaliser ce travail de fond a rajouté un élément de complexité
supplémentaire dans la conduite de l’étude.
L’appropriation du questionnaire par toutes les structures, quels que soient leurs degrés de
connaissance et d’engagement dans la coopération européenne a soulevé plusieurs défis. D’une
part, une réflexion collective a été engagée dans l’organisation de ce questionnaire pour
encourager toutes les structures à se sentir concernées par la thématique. Ensuite, la solution
technique du questionnaire en ligne s’est révélée relativement limitée quant aux options de
réponses proposées voire même peu pertinente pour des structures menant de nombreux
partenariats (lourdeur au niveau du remplissage). En l’occurrence, le questionnaire en ligne
permettait avant tout de récupérer une base d’information commune à toutes les structures grâce
à un format court et peu chronophage (durée estimée de réponse à une dizaine de minutes). Il
est certain que les informations collectées par ce biais sont beaucoup moins précises et détaillées
que celles obtenues dans le cadre d’entretiens semi-directifs.
Par ailleurs, le travail de synthèse des résultats de l’étude s’est révélé particulièrement ardu
notamment du fait de son contenu très riche. Il est apparu nécessaire de croiser différentes
variables selon le domaine d’intervention des acteurs, leurs statuts et leur(s) zone(s)
géographique(s) d’intervention afin de retranscrire la diversité territoriale.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 17 sur 112
5. Présentation de l’échantillon
a) Nombre de structures enquêtées
L’étude des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté a permis d’interroger 87
structures du territoire. Parmi elles, 58 structures ont répondu au questionnaire en ligne et 29
structures ont été interrogées directement par entretien. Par ailleurs, sur les 58 structures ayant
répondu au questionnaire en ligne, 18 ont également été sollicitées pour un entretien
d’approfondissement ce qui fait un total de 47 structures rencontrées directement sur le
territoire.
TABLEAU 1 : REPARTITION DU NOMBRE DE STRUCTURES ENQUETEES DANS LE CADRE DE L'ETUDE
Structures ayant été interrogées par
entretien
Structures n’ayant pas été interrogées par entretien
Total
Structures ayant répondu au
questionnaire
18
40
58
Structures n’ayant pas répondu au questionnaire
29
/
29
Total
47
40
87
Parmi les 87 structures ayant participé à l’étude, 27 ont également participé aux 6 temps
d’information et d’échanges organisés par BFC International en partenariat avec des collectivités
ou associations locales volontaires entre avril et septembre 2019 sur les thématiques « Comment
renforcer l’ancrage des partenariats européens sur les territoires ? » et « Pistes de financements
européens pour les jumelages et partenariats du territoire ».
17 autres structures ont également participé à ces rencontres territoriales mais n’ont pas été
interrogées par questionnaire ou par entretien.
Au total, en combinant à la fois le nombre de structures ayant été interrogées par questionnaire
ou par entretien et celles ayant participé aux rencontres territoriales, on constate que 104
structures de Bourgogne-Franche-Comté ont été mobilisées dans le cadre de cette dynamique
régionale.
Dans la suite de ce rapport nous veillerons à bien différencier ces deux types d’échantillons
(acteurs enquêtés et acteurs rencontrés lors de temps d’information et d’échanges) dans la
mesure où ceux-ci sont complémentaires mais relèvent d’une approche différente. Nous nous
concentrerons essentiellement sur l’échantillon de structures enquêtées directement par
questionnaire ou entretien, structures pour lesquelles nous bénéficions d’une information plus
fournie et ciblée.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 18 sur 112
TABLEAU 2 : REPARTITION DU NOMBRE DE STRUCTURES MOBILISEES DANS LE CADRE DE L'ETUDE
Structures ayant participé aux TIE
Structures n’ayant pas participé aux TIE
Total
Structures ayant été
interrogées par questionnaire/entretien
27
60
87
Structures n’ayant pas été interrogées par
questionnaire/entretien
17
/
17
Total
44
60
104
b) Profils des structures enquêtées
Statuts
L’étude des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté a permis de mobiliser un
panel d’acteurs variés représentés dans le graphique ci-dessous.
L’atteinte d’une représentativité totale des initiatives de coopération européenne en région ne
sera pas envisageable au vu de la taille de l’échantillon. Cependant, l’étude apporte des éléments
d’éclairage sur le type de structures impliquées dans les partenariats européens.
Sur les 87 structures enquêtées, on retrouve dans un premier temps 63 associations loi 1901
(soit 71% des structures interrogées).
45 associations interrogées sont des comités
de jumelage (73% d’entre elles). On voit donc
l’importance que revêt ce type de structures dans
le recensement et la conduite de partenariats
européens.
6 associations interrogées travaillent
principalement dans le domaine de la culture
ou du patrimoine (Association Ombradipeter,
Association Consonances, Association Franche-
Sylvanie, Centre International de Conférences de
Cluny, Fédération Européenne des Sites
Clunisiens, Association Piatra Craiuli).
4 associations s’adressent directement à un
public jeune, dont 1 structure d’éducation
populaire (Fédération Léo Lagrange Centre-Est) ;
1 association étudiante (ESN Besançon) ; 1
association culturelle (Maison de Rhénanie-
Palatinat) et 1 association lycéenne (LHRP du Haut-Nivernais) tandis que 4 associations sont
GRAPHIQUE 1 : REPARTITION PAR STATUT DES 87 STRUCTURES
ENQUETEES
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 19 sur 112
investies dans le domaine de la solidarité internationale (Association Ped Sahel, Bizonteam,
Oikocredit Franche-Comté Bourgogne, Club UNESCO de Dijon).
On dénombre également 4 réseaux associatifs régionaux ou européens agissant dans le
domaine sportif (AES) ; des jumelages (AJE-BFC) ; de la formation professionnelle (Fédération
Régionale des Maisons Familiales Rurales) et de la transition énergétique (Energy Cities).
Le reste de l’échantillon est plutôt hétérogène : on recense la participation d’une institution
(DRAREIC – Région Académique de Bourgogne-Franche-Comté) ainsi que celle de 5
établissements publics (6% des structures interrogées) parmi lesquels on retrouve 2
établissements de formation (ENIL de Mamirolle et EPIDE de Belfort) ; 2 établissements
publics de coopération culturelle (Bibracte EPCC et Les 2 Scènes de Besançon) et 1
établissement public régional (Maison de l’Europe en Bourgogne-Franche-Comté).
Par ailleurs, 18 collectivités territoriales (soit 21% des structures interrogées) ont répondu à
l’enquête : 15 communes, 2 Départements (Saône et Loire et Territoire de Belfort) ainsi que la
Région Bourgogne-Franche-Comté.
Comme indiqué plus haut, 6 temps d’information et d’échanges ont été organisés entre le 27
mai et le 10 septembre 2019 successivement à Besançon, Dijon, Autun, Belfort, Mâcon et Auxerre.
Parmi les 44 structures présentes lors de ces
rencontres territoriales, on dénombre 27
associations (soit 62% des acteurs présents)
dont 16 comités de jumelages.
11 collectivités territoriales (et un groupement
de collectivités) ont également participé aux
rencontres : Ville de Besançon, Grand
Besançon Agglomération, Ville de Dijon, Ville
d’Autun, Ville de Montceau-les-Mines, Ville de
Mâcon, Ville de Saint Rémy, Ville de Fontaines,
Ville d’Auxerre, Département du Territoire de
Belfort et Région Bourgogne-Franche-Comté.
Enfin, 1 institution (DRAREIC – Région
Académique de Bourgogne-Franche-Comté) et 5
établissements publics ont participé aux
échanges. On peut évoquer la participation de la
Maison de l’Europe Bourgogne-Franche-Comté à 4
des 6 rencontres territoriales et qui a également
joué un rôle de facilitation et d’appui dans cette
dynamique régionale.
GRAPHIQUE 2 : REPARTITION PAR STATUT DES 44
STRUCTURES PRESENTES AUX RENCONTRES
TERRITORIALES DE MAI A SEPTEMBRE 2019
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 20 sur 112
Répartition géographique
L’étude des partenariats européens de
Bourgogne-Franche-Comté a permis
la mobilisation d’acteurs de
l’ensemble du territoire régional.
Ainsi, les 8 départements sont
représentés dans l’échantillonnage : la
participation des acteurs est la plus
forte en Côte d’Or (24 structures), en
Saône et Loire (20 structures) et dans
le Doubs (17 structures).
Le Jura et l’Yonne sont représentés
respectivement par 7% des acteurs,
suivis de près par le Territoire de
Belfort (6% des acteurs) et la Nièvre
(5% des acteurs). La Haute-Saône est
le département le moins représenté
dans l’étude (2% des acteurs).
Nous le rappelons ici, le fait que certains territoires ne soient pas autant représentés que d’autres
dans cette étude ne signifie pas pour autant qu’ils développent moins d’initiatives locales en
matière de coopération européenne. Il s’agit bien là d’un des biais de l’étude dont il est nécessaire
de tenir compte dans l’appréciation des résultats.
Une large majorité d’acteurs expérimentés
93% des acteurs interrogés (81 structures) déclarent disposer
d’au moins un partenariat avec un organisme situé dans un autre
pays européen. La grande majorité des acteurs enquêtés se
révèlent donc expérimentés en matière de coopération
européenne.
Il est intéressant de noter que parmi les 6 acteurs déclarant « ne
pas disposer d’un partenariat européen », seules 2 structures
n’ont pas d’expérience de partenariat à l’étranger, les 4 autres
structures étant des associations engagées dans le domaine de la
solidarité internationale (partenariats hors-Europe).
GRAPHIQUE 3 : STRUCTURES DEJA
ENGAGEES SUR UN PARTENARIAT
EUROPEEN
CARTE 1. REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES STRUCTURES ENQUETEES
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 21 sur 112
PARTIE II. ÉTAT DES LIEUX DES INITIATIVES DE COOPÉRATION EUROPÉENNE EN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
1. Pays de coopération
a) Des acteurs majoritairement engagés en Allemagne et les pays limitrophes…
Les principaux partenaires européens des acteurs de Bourgogne-Franche-Comté interrogés se
situent en premier lieu et très largement devant les autres pays, en Allemagne (64 partenariats).
Ces 64 partenariats sont menés par 59 structures bourguignons-franc-comtoises (une structure
pouvant conduire plusieurs partenariats en même temps). Sur ces 59 acteurs interrogés, 34
indiquent échanger avec un partenaire situé en Rhénanie-Palatinat (58%) et 17 avec un
partenaire situé dans le Bade-Wurtemberg (28%).
Viennent ensuite l’Italie (20 partenariats) ; le Royaume-Uni (18 partenariats) et la Belgique (9
partenariats). Ainsi, on constate que d’une manière générale les pays limitrophes sont privilégiés,
et s’inscrivent pour la grande majorité dans le cadre de jumelages menés par des collectivités
territoriales et des comités de jumelages.
On remarque également un fort dynamisme des partenariats avec l’Europe de l’Est à commencer
par les pays signataires de la Convention Quadripartite Régionale soit la Pologne (15
partenariats) et la République Tchèque (8 partenariats) ; mais aussi la Roumanie (9 partenariats)
et la Hongrie (8 partenariats). Ces échanges s’inscrivent principalement dans le cadre de projets
mutualisés entre associations locales et concernent aussi des jumelages et quelques accords
académiques.
CARTE 2 : REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES PARTENAIRES EUROPEENS DES STRUCTURES INTERROGEES EN REGION
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 22 sur 112
TABLEAU 3 : REPARTITION DES STRUCTURES INTERROGEES EN FONCTION DE LEUR(S) ZONE(S)
D’INTERVENTION
b) … et près d’un tiers d’entre eux sont aussi engagés sur des partenariats hors Europe
31% des acteurs interrogés (27 structures) déclarent s’investir
sur des partenariats hors-Europe. Parmi ces 27 structures, 24
sont aussi engagées sur des partenariats européens (soit 89%
d’entre elles). Quelques structures agissent d’ailleurs sur des
actions de partenariats tri ou quadripartites impliquant un
partenaire européen et un partenaire d’un pays plus lointain
comme c’est le cas du comité de jumelage d’Arbois (voir
témoignage page suivante).
Nous constatons que près de la moitié des organismes
partenaires sont situés sur le continent africain (47% des
partenariats). Plus précisément, les pays hébergeant le plus de
partenariats sont le Burkina Faso (5 partenariats), la Côte
d’Ivoire (4 partenariats), le Sénégal (3 partenariats) et l’Afrique
du Sud (3 partenariats).
Ensuite, 23% des partenariats se situent en Asie, principalement en Chine (4 partenariats), en
Russie (4 partenariats) et au Japon (3 partenariats). En ce qui concerne les autres continents,
Pays européens
Répartition des structures de la région enquêtées en
fonction de leur(s) zone(s) d’intervention
Allemagne 59 structures Autriche 1 structure Belgique 8 structures Bulgarie 1 structure Chypre 1 structure Croatie 2 structures
Danemark 2 structures Espagne 6 structures Finlande 3 structures Géorgie 1 structure Grèce 1 structure
Hongrie 8 structures Irlande 4 structures Italie 20 structures
Lettonie 1 structure Macédoine 3 structures Pays-Bas 1 structure Pologne 15 structures Portugal 5 structures
République Tchèque 7 structures Roumanie 9 structures
Royaume-Uni 17 structures Suède 1 structure Suisse 3 structures
GRAPHIQUE 4 : STRUCTURES DEJA
ENGAGEES SUR UN PARTENARIAT
HORS-EUROPE
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 23 sur 112
l’Amérique du Nord héberge 13% des partenariats des structures enquêtées (Etats-Unis, Canada)
tandis que l’Amérique du Sud (Chili) et le Moyen-Orient (Liban, Israël, Palestine) hébergent
respectivement 9% des partenariats des structures enquêtées.
ZONES Part d’organismes partenaires présents dans cette zone (%)
AFRIQUE 47% AMÉRIQUE DU NORD 13% AMÉRIQUE DU SUD 9%
ASIE 23% MOYEN-ORIENT 9%
PAROLES D’ACTEURS
« Le jumelage comme support de solidarités démultipliées »
« Nous sommes jumelés avec la Ville d’Hausach en Allemagne avec laquelle nous avons tissé de forts liens d’amitié.
Le jumelage fonctionne bien et les rencontres sont régulières. Par ailleurs, nous avons la particularité de former un
jumelage tripartite avec Douroula, commune du Burkina Faso. En partenariat avec nos amis allemands et
burkinabè nous avons mené plusieurs projets à Douroula dans différents domaines (réhabilitation de bâtiments
scolaires, campagnes de vaccination et maintenance d’une ambulance, accès à l’eau potable et plantation d’arbres
pour lutter contre la désertification dans la région). Nous avons travaillé en coopération avec la Ville de Besançon
pour financer plusieurs forages d’eau à Douroula. »
Témoignage d’un membre du comité de jumelage d’Arbois (25)
Extrait de compte-rendu du temps d’information et d’échanges organisé le 27 mai 2019 à Besançon
TABLEAU 4 : REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES ORGANISMES PARTENAIRES DES STRUCTURES ENQUETEES – HORS
EUROPE (SUR 47 PARTENARIATS)
CARTE 3 : REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES PARTENAIRES HORS-EUROPE DES STRUCTURES INTERROGEES
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 24 sur 112
GRAPHIQUE 6 : PRINCIPALES MOTIVATIONS A LA CREATION DES PARTENARIATS EUROPEENS (SUR 51 REPONDANTS)
2. Origine et ancienneté des partenariats
a) De nombreux partenariats anciens et une nouvelle vague de partenariats créés récemment
A la lumière des indications fournies
par les structures enquêtées nous nous
apercevons qu’une proportion
importante des partenariats européens
actifs à l’heure actuelle ont été initiés, il
y a plus de 30 ans (38 partenariats). Ils
s’inscrivent pour l’essentiel dans le
cadre de jumelages de villes.
Par ailleurs, on remarque plus
récemment une forte dynamique en
faveur de la coopération européenne :
en effet, 22 partenariats européens ont
émergé depuis 2015, essentiellement
sous la forme de projets concertés ou
mutualisés entre associations locales
mais aussi entre établissements
d’éducation et de formation.
b) La paix entre les peuples, motif principal de création des partenariats européens
Le graphique ci-dessous présente les principales motivations exprimées par les structures
interrogées pour la mise en place de partenariats européens (celles-ci pouvaient indiquer
plusieurs réponses).
GRAPHIQUE 5 : DATE DE CREATION DES PARTENARIATS EUROPEENS
(SUR 92 PARTENARIATS)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 25 sur 112
Parmi les raisons qui reviennent le plus souvent, on retrouve en première place la nécessité de
rapprocher les peuples et les nations dans une finalité de paix internationale (38% des réponses),
une motivation principalement évoquée dans le cadre des jumelages initiés à partir des années
50.
Ensuite, les structures interrogées mentionnent le fait que bien souvent, les partenariats
européens s’inscrivent dans la continuité d’échanges entre collectivités territoriales (10% des
réponses) ou sont initiées dans le cadre de relations interpersonnelles, par exemple à l’initiative
d’une personnalité militante, politique, ou dirigeante d’établissement scolaire, etc. (9% des
réponses).
Les structures interrogées évoquent également l’importance de renforcer l’ouverture culturelle
et linguistique des citoyens (10% des réponses) et de densifier les échanges et la coopération
internationale (9% des réponses) dans une perspective de vivre ensemble. La mutualisation
d’outils et de moyens semble également constituer une raison majeure de rapprochement entre
territoires européens notamment afin de mieux répondre aux besoins de petites structures
locales entreprises, associations ou établissements scolaires (7% des réponses).
Il est également intéressant de noter que la densification des liens entre les diasporas présentes
localement et les pays d’origine constitue également une raison motivant la création d’un
partenariat européen (4% des réponses) comme l’illustre la démarche engagée par la Ville de
Montceau-les-Mines (témoignage ci-dessous).
3. Thématiques et actions menées
a) La vie associative, la mobilité internationale et la jeunesse au cœur de partenariats développés en région
Le graphique ci-dessous illustre les principales thématiques de travail des structures interrogées
dans le cadre de leurs partenariats européens (celles-ci pouvaient indiquer plusieurs réponses).
PAROLES D’ACTEURS
« Penser l’ouverture à l’international des villes en partant des diasporas locales »
« Avec la Pologne, le jumelage est né suite à la venue de travailleurs de la région de Zory à Montceau-les-
Mines. La communauté franco-polonaise est très active à Montceau-les-Mines. Nous avons pour projet de
partir des communautés présentes localement pour tisser des liens avec d’autres pays. Par exemple,
beaucoup de populations italiennes de la Calabre sont venues vivre à Montceau et des jeunes ont même
créé leur propre association Calabria Casa Nostra. Nous envisageons donc de construire un partenariat
avec la ville calabraise de Cosenza prochainement et de déployer la même dynamique avec la ville de
Felgueiras au Portugal. »
Témoignage d’un agent de la Ville de Montceau-les-Mines (71) - Extrait de compte-rendu du temps d’information et
d’échanges du 24 juin 2019 à Autun
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 26 sur 112
Le premier constat qu’il est possible de dresser est que les acteurs du territoire sont impliqués
sur un large panel de thématiques. Toutefois, certaines thématiques sont plus représentées que
d’autres parmi les réponses des acteurs.
En effet, la « Vie associative » constitue la première thématique mentionnée par les enquêtés
(24% des réponses) et pour cause, la dimension associative est prégnante dans l’étude du fait du
nombre d’associations sollicitées impliquées sur la coopération européenne (nombreux projets
mutualisés entre associations de plusieurs pays européens).
Ensuite, la thématique « Jeunesse - Mobilité internationale » mobilise également un nombre
important d’acteurs du territoire (20% des réponses) et des acteurs très diversifiés puisqu’on
retrouve à la fois des associations locales (comités de jumelage, associations culturelles), des
réseaux associatifs régionaux (Fédération Léo Lagrange, Association Européenne des Sports,
Maison de Rhénanie-Palatinat), des collectivités territoriales (Ville de Dijon, Ville de Nevers,
Région Bourgogne-Franche-Comté) et aussi des institutions (Académie de Besançon).
A noter qu’une partie des acteurs impliqués sur les actions de « Jeunesse - Mobilité
internationale » l’est également sur la thématique « Éducation – Formation professionnelle ». En
effet, les structures en contact avec de jeunes publics (notamment les établissements de
formation) sont souvent engagées ou sollicitées par d’autres acteurs du territoire pour
développer des actions de mobilité internationale (Fédération Régionale des Maisons Familiales
Rurales).
Enfin, les thématiques « Interculturalité » et « Tourisme – Patrimoine » sont également
mentionnées respectivement à hauteur de 13% et 12% des réponses suivies de près par les
thématiques « Citoyenneté » (8% des réponses) ; « Éducation - Formation professionnelle » et
« Protection de l’environnement » (6% des réponses chacun).
GRAPHIQUE 7 : PRINCIPALES THEMATIQUES DES PARTENARIATS EUROPEENS (SUR 53 REPONDANTS)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 27 sur 112
Derrière certaines thématiques peuvent se cacher des approches et des projets différents.
Toutefois, à la lumière des échanges avec les acteurs enquêtés, il est indispensable de s’appuyer
sur des thématiques précises pour développer et renforcer les partenariats en région. En effet,
l’approche par thématique faciliterait le passage au « mode projet », la définition d’objectifs, la
recherche de partenaires locaux, l’identification de sources de cofinancement, etc.
b) Des actions à majorité culturelles, sportives et éducatives mais encore peu portées sur l’échanges de bonnes pratiques ou l’économie
Le graphique ci-dessous présente les types d’actions menées par les structures du territoire en
matière de partenariats européens. Les participants pouvaient donner plusieurs réponses.
PAROLES D’ACTEURS
« Les partenariats fonctionnement bien lorsqu’une thématique précise est identifiée »
“Il faut aussi réinterroger la question du sens pour les acteurs associatifs. Par exemple, les partenariats
fonctionnement bien lorsqu’une thématique précise est identifiée, dans les domaines du sport, de
l’éducation ou encore de la mobilité des jeunes. Les comités de jumelages apportent la « matière »
internationale mais il peut être plus difficile pour certains de repérer le sens des échanges, car au-delà des
relations amicales, peu de projets sont développés. Le fait d’intégrer ce mode projet permet également de
développer les actions sur le temps long.”
Extrait de compte-rendu du Comité de Pilotage du 24 juin 2019 à Dijon – Propos d’un agent de collectivité territoriale
GRAPHIQUE 8 : PRINCIPALES ACTIONS MENEES DANS LE CADRE DE PARTENARIATS EUROPEENS (SUR 53 REPONDANTS)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 28 sur 112
Le premier type d’actions engagées par les acteurs du territoire dans la conduite de leurs
partenariats européens est l’organisation d’événements musicaux ou culturels communs (18%
des réponses). En effet, il apparaît que les manifestations culturelles sont particulièrement
propices au rapprochement des peuples et fédèrent une grande diversité d’acteurs locaux et
internationaux (on pense notamment aux nombreuses rencontres organisées par les comités de
jumelages en région, mais aussi aux festivals Chalon dans la Rue à Chalon-sur-Saône, Itali’art à
Dijon, au Joli Mois de l’Europe, à la journée franco-allemande, etc.).
Les échanges de jeunes (volontaires, stagiaires, jobs d’été) et les manifestations sportives
communes constituent le deuxième type d’actions le plus menées par les acteurs locaux
(respectivement 15% des réponses) suivi de près par les échanges scolaires et éducatifs (14%
des réponses) et les voyages de groupes de citoyens (13% des réponses).
Les échanges de bonnes pratiques et d’expériences en matière de développement local
représentent 10% des réponses et sont quant à elles moins nombreuses et majoritairement
développés par les collectivités territoriales à l’instar des cérémonies et délégations officielles
(10% des réponses) et des actions de promotion du territoire (5% des réponses).
A noter que seules 3% des réponses concernent les échanges économiques : ce chiffre
relativement faible s’explique notamment par la typologie des acteurs interrogés (avec une
grande majorité d’associations non-employeuses et de collectivités territoriales).
4. Panorama d’initiatives innovantes
Cette section présente plusieurs initiatives conduites par les acteurs de Bourgogne-Franche-
Comté. Nous les avons retenues car elles illustrent les principales thématiques de coopération
identifiées dans le cadre de ce travail, ainsi que la diversité des effets engendrés par les
partenariats européens et la diversité des acteurs engagés dans des partenariats européens. Cette
liste est loin d’être exhaustive et beaucoup d’autres initiatives auraient également pu être
mentionnées. Elle permet néanmoins de dresser un premier panorama du potentiel des
partenariats européens en termes de développement pour la Bourgogne-Franche-Comté, et plus
largement pour ces territoires et acteurs partenaires.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 29 sur 112
COOPERATION INTERNATIONALE - Les villes Montbéliard (25) et de Ludwigsburg (Allemagne) unies pour le développement au Burkina Faso
Historique : Le premier jumelage franco-allemand est établi en 1950 entre la ville de Montbéliard (France) et la ville
de Ludwigsburg (Allemagne), toutes deux liées par leur passé commun au sein du duché du Wurtemberg et
administrées par des personnalités engagées dans l’amitié franco-allemande à l’image de Lucien Tharradin, maire de
Montbéliard. Les deux maires à l’initiative de ce rapprochement font figure de précurseurs en Europe.
Axes de coopération : A l’heure actuelle, les deux villes poursuivent activement leurs actions communes : outre les
rencontres scolaires, sportives et culturelles organisées chaque année en lien avec les établissements éducatifs et les
associations locales, elles développent également des échanges de bonnes pratiques professionnelles. Un pool d’élus
et de techniciens français et allemands se réunit régulièrement pour aborder les problématiques rencontrées sur des
thématiques variées (politiques de la ville, scolarité des plus jeunes, échanges de jardiniers, construction durable
d’équipements scolaires etc.). Ces rencontres permettent la circulation d’idées, de contacts, de solutions et enrichissent
le fonctionnement respectif des deux communes.
Spécificité du partenariat : Dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)8, Montbéliard et
Ludwigsburg se sont engagées en 2006 dans une action commune de coopération décentralisée avec les communes de
Kongoussi et de Zimtanga au Burkina Faso. Ce partenariat tripartite vise ainsi à mutualiser les moyens d’actions de
deux villes européennes pour développer l’accès des populations à l’eau potable et la mise en place de systèmes
d’assainissement durables dans des territoires hors de l’Europe. Plus récemment, la Ville de Montbéliard et le Pays de
Montbéliard Agglomération, en lien avec la Ville de Ludwigsburg ont rejoint un collectif de collectivités
bourguignonnes franc-comtoises, suisses et burkinabè pour monter le programme de coopération décentralisée
mutualisé « COopérer Pour Réussir l’Avenir » (COPRA) au Burkina Faso9. Cinq grands axes de travail sont développés
collectivement avec le soutien d’experts locaux : l’agriculture et l’alimentation, l’eau et l’assainissement, l’appui
institutionnel au développement local, le tourisme et le patrimoine et la fracture numérique.
8 La réalisation des OMD prend fin en 2015 et leur succèdent 17 objectifs de Développement Durable (ODD) à atteindre à l’horizon 2030. Ce programme de développement durable a été adopté par l’ensemble des pays membres de l'ONU. 9 Plus d’informations sur www.bfc-burkina.org
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© Archive disponible sur zeitzeugen-ludwigsburg-montbeliard.de
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 30 sur 112
FORMATION PROFESSIONNELLE – Faciliter l’accessibilité de la mobilité professionnelle en Europe dans le domaine agricole grâce à la mutualisation à l’échelle régionale
Description : Depuis 2010, la Fédération Régionale des Maisons Familiales Rurales (FRMFR) s’engage dans différentes
actions internationales et européennes en lien avec les acteurs de Bourgogne-Franche-Comté. Elle développe
notamment chaque année un vaste projet d’échanges Erasmus + (volet échanges de jeunes et mobilité des acteurs de
la jeunesse) autour de la thématique de la mobilité professionnelle qui mobilise un nombre très important
d’établissements, d’apprenants et de formateurs de la région dans le cadre d’une dynamique à dimension européenne.
Porteur(s) de projet : La FRMFR est un mouvement associatif et éducatif regroupant en Bourgogne-Franche-Comté
29 établissements essentiellement périurbains. Les Maisons Familiales Rurales (MFR) préparent des élèves ou
étudiants sous statut scolaire par alternance aux métiers du monde agricole et proposent également une offre de
formation professionnelle par apprentissage ou continue pour de nombreux métiers autres qu’agricoles (bâtiment,
bois, hôtellerie-restauration, animation, mécanique générale, commerce, vente, service à la personne…). Dans le cadre
de ce projet européen, la fédération mobilise au total 20 MFR de son réseau et 20 lycées professionnels de la région au
sein d’un consortium de mobilité professionnelle en Europe.
Objectifs principaux du projet : favoriser l’ouverture au monde, à d’autres cultures et de nouveaux gestes
professionnels ; favoriser l’échange de bonnes pratiques entre professionnels européens ; faciliter l’apprentissage de
langues étrangères ; initier une réflexion collective sur des thématiques de société (citoyenneté européenne).
Actions du projet : au total, dans le cadre d’un seul et même projet, 500 jeunes élèves, apprentis et stagiaires de la
formation continue (jusqu’au bac) ont effectué un stage professionnel de 15 jours à 6 semaines dans une des 400
structures partenaires d’un autre pays européen (80% d’entre eux sont issus de milieu rural) ; 160 membres du
personnel des MFR (formateurs, administrateurs, maîtres de stage et d’apprentissage) ont pu se former et échanger
des bonnes pratiques avec leurs homologues européens.
Partenaires locaux et internationaux : La Région Académique de Bourgogne-Franche-Comté, CRIJ Bourgogne-
Franche-Comté, Les Compagnons du Tour de France et 400 structures partenaires en Europe.
Originalité du projet : Le montage d’un projet Erasmus+ requiert une réelle ingénierie et un suivi administratif et
financier qui peuvent s’avérer lourds à porter pour de petits établissements. Aussi, le fonctionnement en consortium,
favorisé par la compétence de l’organisme chef de file, fédérateur des MFR à l’échelle régionale, la FRMFR, mais
également par le partage du pilotage entre plusieurs partenaires dans le cadre d’une dynamique concertée, permet aux
établissements les plus modestes de se fédérer autour d’un objectif commun et de bénéficier d’une dynamique
mutualisée pour renforcer la qualité et l’impact de l’apprentissage auprès de leurs élèves.
Perspectives : Le consortium a aujourd’hui vocation à se pérenniser au-delà de la durée du projet, une plateforme
numérique permettant de partager des ressources et des informations entre les établissements est en cours de
création. Le consortium est également ouvert à de nouvelles structures qui souhaiteraient rejoindre la dynamique
initiée en région.10
10 Plus d’informations : https://www.mfr-bfc.fr/pages/erasmus
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PAROLES D’ACTEURS
« Après une expérience européenne, les jeunes sont davantage prêts à prendre en main leur avenir »
« Pour certains jeunes, il s’agit d’une véritable aventure : c’est parfois la première fois qu’ils s’éloignent de leur domicile
et qu’ils quittent la région. Pendant une semaine, les jeunes se découvrent dans un contexte complètement différent de
celui dans lequel ; ils évoluent habituellement ; ils s’entraident davantage les uns les autres ; ils acquièrent une plus
grande autonomie. Ils ressortent grandis de cette expérience, avec une plus grande confiance en eux. Après cette
expérience européenne, ils sont davantage prêts à prendre en main leur avenir »
Témoignage d’un salarié de l’EPIDE de Belfort - Extrait d’entretien réalisé le 14 juin 2019
INSERTION – La coopération décentralisée comme vecteur d’appropriation de la dimension européenne dans les projets d’insertion et de jeunesse sur le Territoire de Belfort (90)
Description : Depuis 1995, le Département du Territoire de Belfort est engagé dans un partenariat de coopération
décentralisée avec le Landkreis du Harz (Allemagne) afin de faciliter les synergies et la mise en lien entre structures
françaises et allemandes dans de multiples domaines (sportif, culturel, mobilité des jeunes etc.). Dans ce cadre, un
projet d’échanges de jeunes entre l’EPIDE de Belfort et le VHS Bildungswerk11 a été initié en 2011 pour favoriser
l’insertion des jeunes.
Porteur(s) de projet : L’EPIDE de Belfort est un établissement public administratif dont l’objectif est d’accompagner
des jeunes de 18 à 25 ans dans toutes les dimensions de leur parcours (professionnel, social, santé, savoir-être etc.)
dans une perspective d’insertion sur le marché du travail. Le VHS Bildungswerk est une structure d’insertion
allemande spécialisée dans le travail du bois.
Objectifs principaux : L’objectif du partenariat entre ces deux établissements est de permettre aux jeunes de s’ouvrir
au monde via un échange « lointain ». Ces temps de cohésion permettent un choc des cultures, des langues et des âges, très
enrichissant pour des jeunes qui n’ont souvent pas l’occasion de vivre une expérience de mobilité internationale.
Actions du projet : Ces temps de cohésion durent généralement deux semaines et mobilisent entre 11 et 15 jeunes de
chaque nationalité. En amont, les jeunes s’engagent dans une phase de préparation au départ (linguistique et
interculturelle) en partenariat avec le Département du Territoire de Belfort. Ces échanges sont composés d’un chantier
d’insertion collectif le matin où les jeunes français et allemands rénovent ensemble un lieu du patrimoine local (ex :
réhabilitation d’un ancien fort de l’OTAN) ou réalisent des équipements pour les collectivités demandeuses (ex :
rénovation d’un jardin d’enfants en Allemagne). L’après-midi sont proposées aux jeunes des activités culturelles et
sportives conviviales. A la fin de leur séjour, les jeunes français et allemands sont reçus par le Département du
Territoire de Belfort et se voient remettre un diplôme de participation par les élus.
Originalité du projet : Les temps de cohésion franco-allemands sont devenus de véritables outils pédagogiques à part
entière pour l’EPIDE et constituent pour les jeunes de chaque nouvelle promotion une étape indispensable de leur
parcours au sein de la structure. De plus, ces chantiers participent à la sauvegarde du patrimoine historique et des
espaces naturels du département. La présence d’une jeune allemande volontaire en service volontaire européen au
sein des services du Conseil Départemental facilite grandement les échanges avec les partenaires allemands et
l’organisation de ces temps de cohésion.
11Plus d’informations : https://www.epide.fr/actualites/detail/article/7eme-harz-un-echange-gagnant-gagnant-entre-belfort-et-
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 32 sur 112
MUTUALISATION ET DYNAMIQUE TERRITORIALE – Un collectif de 5 comités de jumelage du bassin minier pour renforcer l’efficacité des actions menées en direction des jeunes (71)
Description : L’association de jumelages « Eurojeunes »12 s’est lancée en 2012 dans l’organisation d’un projet de
mobilité de jeunes européens autour de la thématique du sport financé par notamment par le programme « Europe
pour les Citoyens ». Il s’agissait de permettre pendant 5 jours la rencontre en Saône-et-Loire de plus de 250 jeunes de
13 à 18 ans d’Allemagne, de Pologne, d’Italie, de Grande Bretagne et du bassin minier. Le projet est un véritable succès
et est reconduit en 2015 autour de la thématique de la gastronomie (« Euro culture gastronomie ») et en 2018 autour
de la musique (« Euro Festiv Music »).
Porteur(s) de projet : L’association « Eurojeunes » est née en 2010 de la volonté de 5 comités de jumelage du bassin
minier (Sanvignes-les-Mines, Blanzy, Montceau-les-Mines et St Vallier) d’unir leurs forces. L’objectif de cette
association est d’établir un système d’entraide entre les comités de jumelage via la mutualisation des moyens, des
compétences et des volontés. Chaque comité conserve son indépendance mais est intégré à une dynamique collective
pour le montage de projets communs. Par ailleurs, le collectif constitue un réel réseau de soutien pour chacun des
comités de jumelage dans l’organisation d’évènements tout au long de l’année (coups de main, prêts de matériel, relais
de communication, invitation ou participation des bénévoles aux actions d’autres comités, etc.).
Actions du projet (selon la thématique) :
- Activités sportives / Activités culturelles et musicales
- Temps conviviaux entre jeunes
- Visites locales et hébergement en familles
- Représentations/spectacles ouverts au grand public
Partenaires locaux et internationaux :
- Les Villes de Sanvignes-les-Mines, de Blanzy, de Montceau-les-Mines et de St Vallier
- Leurs 8 villes jumelles en Europe : Hettenleidelheim, Eisenberg, Wallerfangen, Geislingen en Allemagne ; Zory
et Rybnik en Pologne ; Umbertide en Italie et Baldock en Grande Bretagne.
- La Maison de l’Europe en Bourgogne-Franche-Comté et l’AJE-BFC (ex UCBRP) pour un appui au montage du
projet
- Le Département de Saône-et-Loire et la Région Bourgogne-Franche-Comté
- De très nombreux partenaires locaux aussi bien des associations sportives, des écoles de musique, des
établissements scolaires, des centres de loisirs, des entreprises.
Originalité du projet : Eurojeunes est à l’origine d’une dynamique unique sur le territoire autour de l’Europe : elle a
permis une véritable ouverture au monde des jeunes qui ont participé aux échanges mais aussi de leurs familles et de
tous les habitants qui ont participé au projet. Cette initiative a permis aux quatre communes impliquées d’initier un
véritable dialogue à l’échelon local mais aussi de renforcer leurs liens avec l’ensemble des partenaires européens du
bassin minier et pas seulement leurs collectivités jumelles. Cette dynamique de mutualisation, articulée autour d’une
thématique commune et de projets bien identifiés, a permis de redonner un nouveau souffle aux jumelages du bassin
minier et aux projets menés de changer d’échelle.
Perspectives : Depuis 2012, Eurojeunes participe également chaque année au Joli Mois de l’Europe avec l’organisation
de nombreuses manifestations sur le bassin minier.
12 Plus d’informations : http://eurojeunes.canalblog.com
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 33 sur 112
ALIMENTATION DURABLE – Dijon (21) et Reggio-Emilia (Italie) s’entraident pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et promouvoir une alimentation locale de qualité
Description : En 2018, Dijon Métropole a fait partie des 24 lauréats de l’appel à participation national « Territoires
d’innovation de grande ambition » avec son projet « Dijon, Alimentation durable 2030»13. Ce dernier consiste à
développer un nouveau système alimentaire durable qui intègre tous les acteurs de la filière agro-alimentation
(production, transformation, distribution, citoyens-consommateurs) et permette une réelle transformation du
territoire, du point de vue environnemental, économique mais aussi social en replaçant le citoyen au cœur de cette
filière.
« La mise en œuvre de la transition repose sur le principe que mieux manger exige de mieux produire, et que
réciproquement mieux produire permet de mieux manger ; ce que nous mangeons change le territoire où nous vivons. »
Partenaires locaux et internationaux : Dijon Métropole participe à ce projet aux côtés d’une trentaine de partenaires
locaux (Conseil Départemental de Côte-d’Or, Région Bourgogne-Franche-Comté, les Communautés de communes du
Pays Châtillonnais et du Montbardois engagées depuis décembre 2018 dans un Contrat de Transition Écologique, la
Communauté de communes du Pays d’Alésia et de la Seine, le syndicat mixte du Pays Auxois-Morvan, la Communauté
de communes Plaine Dijonnaise, etc.) mais aussi en Europe. En effet, Dijon Métropole s’appuie également sur son
réseau de villes jumelées pour des échanges de bonnes pratiques, en particulier la Ville de Reggio Emilia en Italie, avec
qui elle mène une coopération décentralisée depuis de nombreuses années, autour du thème de l’agriculture de
proximité.
Axes de coopération :
- Reggio Emilia et Dijon ont toutes les deux développé une expertise dans le domaine agroalimentaire : d’une
part, elles sont dotées d’un patrimoine gastronomique à forte valeur ajoutée (le vinaigre balsamique, le
parmesan et le jambon pour Reggio Emilia ; le pain d’épice, le cassis, la moutarde pour Dijon) qui a permis de
faire émerger de nombreuses entreprises agroalimentaires reconnues (notamment pour Dijon Mulot &
Petitjean, Amora, Maille etc.). Celles-ci participent pleinement à l’ouverture européenne de ces deux régions ;
- Outre leur dynamisme entrepreneurial, les deux villes jumelles se sont également spécialisées en matière de
recherche et d’innovation agroalimentaire. Reggio Emilia possède par exemple une forte expérience sur les
procédés de biométhanisation et conduit plusieurs projets de pédagogie innovante d'éveil au goût et au
développement durable (projets Pause et Reggio Emilia Approach). Dijon est quant à elle reconnue pour la
qualité de son enseignement supérieur (Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, AgroSup, Food
Science de l’Université de Bourgogne) et pour le dynamisme de ses pôles de compétitivité spécialisés
(Vitagora, Agronov, FoodTech Dijon Bourgogne-Franche-Comté) ;
Actions du projet : Les experts des deux villes ont notamment pu échanger sur leurs pratiques et visions de la
transition agroalimentaire lors du 8ème séminaire de l’École internationale de recherche Agreenium en avril 2019. Ont
été discutées, les similitudes et particularités de chaque territoire sur la mise en œuvre des transitions agricoles et
alimentaires ainsi que les gouvernances respectives employées pour optimiser les équilibres entre productions
spéculatives d'exportation et productions/aménagements pour l'usage local.
13 Plus d’informations : https://www.metropole-dijon.fr/Les-grands-projets/Un-systeme-alimentaire-durable-pour-2030
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 34 sur 112
TRANSITION ENERGETIQUE – Besançon (25) et Fribourg (Allemagne) en tandem pour le climat
Description : Le dispositif TANDEM est né en 2013 de la volonté des deux réseaux européens de villes Energy Cities
(dont le siège est à Besançon) et Climate Alliance de proposer un outil de coopération franco-allemande pour la
transition énergétique entre collectivités territoriales. Pour former un tandem, les jumelages déjà existants entre les
collectivités partenaires peuvent être une bonne base au montage d’actions communes pour la protection du climat,
mais il est également possible de trouver un nouveau partenaire. Une équipe de coordination accompagne les
collectivités à toutes les étapes de leurs projets communs, de la recherche de partenaires à l’évaluation finale.
Porteur(s) de projet : Parmi les collectivités territoriales en TANDEM, les Villes de Besançon et de Fribourg, jumelées
depuis 1959, développent depuis 2009 des actions concertées pour le Climat.
Actions du projet : La Ville de Besançon a notamment initié le dispositif « Familles actives pour le Climat »14 afin
d'inciter les comportements éco-citoyens. Cette opération est déclinée à Fribourg sous le nom de « 200 Familien aktiv
fürs Klima » :
- Participation financière aux travaux d'installation de panneaux solaires ou de cuve de récupération de l'eau
de pluie ;
- Animation d’ateliers de sensibilisation aux enjeux climatiques et environnementaux ;
- Organisation de rencontres conviviales citoyennes et de visites de sites vertueux pour les habitants ;
- Rencontre de familles engagées dans les deux villes de 2010 à 2012.
Partenaires internationaux : Plateforme franco-allemande pour le climat (émanation des agences de l’énergie
française l’ADEME et allemande la DENA) ; l’Office franco-allemand pour la transition énergétique (OFATE) ; l’Office
franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) ; l’Institut franco-allemand (DFI).
Perspectives : Sur cette solide base de coopération, de nombreux échanges d’expériences se sont développés entre
les deux villes jumelles. En 2015, une délégation bisontine s’est rendue en Allemagne pour échanger sur la rénovation
des quartiers, l’implication des TPE-PME dans la lutte contre le changement climatique et la lutte contre la précarité
énergétique. En 2016, une délégation allemande est venue à Besançon afin d’échanger autour du « Manger local », une
thématique qui semble rencontrer un grand intérêt de chaque côté du Rhin.
14 Plus d’informations : http://ville-tandem.eu/couples-tandem.html
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 35 sur 112
PAROLES D’ACTEURS
« Le comité de jumelage peut devenir un facilitateur pour le tourisme »
« L’Office du tourisme reçoit beaucoup d’Allemands et de Néerlandais qui parcourent la Loire à Vélo. Le comité de
jumelage pourrait devenir un facilitateur pour le tourisme. On pourrait par exemple proposer à un jeune de notre ville
partenaire de venir perfectionner son français et de mettre à disposition ses compétences linguistiques pour l’accueil
des touristes. On a également une entreprise locale de tonnellerie et nous pourrions accueillir un jeune menuisier qui
pourrait avoir envie de venir pour se perfectionner ici pendant quelques mois… Ou tout cela dans le sens inverse. Pour
nous, c’est une autre façon de repenser le jumelage »
Témoignage d’un membre du comité de jumelage de La Charité sur Loire (58) - Extrait d’entretien réalisé le 23 mai 2019.
ENVIRONNEMENT - Les jeunes de la Charité-sur-Loire (58) engagés pour la protection de la biodiversité grâce au « co-jumelage » de 5 communes européennes
Description : En 2011, le Comité de jumelage de la Charité sur Loire se lance dans l’organisation d’un projet d’accueil
pendant une dizaine de jours de 6 jeunes de 4 pays différents (Italie, Allemagne, Belgique et France) afin de travailler
sur la préservation des écosystèmes locaux. Le projet est financé par le programme européen « Jeunesse en action »
(programme effectif de 2007 à 2013 et qui visait à encourager la citoyenneté active des jeunes Européens) aujourd’hui
remplacé par le programme « Erasmus+ ».
Porteur(s) de projet : La Charité sur Loire a la particularité d’être co-jumelée avec 5 autres communes européennes.
Chaque année toutes les villes jumelles se rencontrent pour plusieurs jours de festivités à tour de rôle accueillies par
l’un des partenaires. Le Comité de jumelage coordonne les relations aux partenaires européens et prépare l’accueil de
cette fête européenne lors de laquelle se déroulent des jeux inter-villes.
Actions du projet : A la Charité sur Loire, les jeunes ont donc développé des actions en lien avec la protection des
bords de Loire : découverte de la faune et de la flore locales ; sensibilisation aux risques climatiques et aux enjeux de
la protection de l’environnement ; rencontre et échanges avec des professionnels chargés de la protection de
l’environnement (ex : Techniciens de la Loire à vélo, associations de protection des oiseaux etc.) ; temps conviviaux et
animations sportives et culturelles (visite de sites naturelles et patrimoine local) ; réalisation de supports sur la
biodiversité et les écosystèmes locaux.
Partenaires locaux et internationaux : Localement, le centre social a fortement participé au montage du projet en
partenariat avec les 5 communes jumelles de la Charité sur Loire : Biedenkopf et Neustadt an der Orla en Allemagne,
Wépion et Oostduinkerke en Belgique et Castiglione Fiorentino en Italie.
Originalité du projet : Le fonctionnement à plusieurs voix a permis la création de forts liens d’amitiés entre les villes
jumelées et surtout l’émergence d’axes de travail communs innovants. En 2012, le projet s’est poursuivi dans la ville
flamande d’Oostduinkerke cette fois-ci avec un focus sur la protection des dunes.
Perspectives : Le comité de jumelage réalise actuellement un état des lieux des besoins des acteurs locaux
(associations, services de la commune, entreprises locales etc.) afin de proposer des missions de Service Civique ou de
stages à de jeunes volontaires des villes jumelles.
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 36 sur 112
ART ET CULTURE - La danse pour franchir les frontières entre France et Suisse (90)
Description : Le projet « Territoires Dansés en Commun (TDC) »15 vise à réinventer les démarches d’éducation
artistique et culturelle en danse sur le territoire transfrontalier. La danse est utilisée comme levier de démocratisation
culturelle et d’éducation artistique en milieux scolaire, médico-social et d’éducation populaire, mais aussi comme
support d’échanges entre populations frontalières. Le projet s’inscrit dans le cadre du programme transfrontalier
Interreg France-Suisse et se déroule de janvier 2018 à décembre 2021.
Porteur(s) du projet : VIADANSE - Centre chorégraphique national de Bourgogne-Franche-Comté à Belfort
(CCNBFCB) et son partenaire suisse l’Association Interjurassienne des Centres Culturels (AICC).
Actions du projet :
- Proposer une formation extensive (cours, ateliers, interventions dans les écoles) à une soixantaine de
professionnels des milieux de l’éducation, de la culture, du médico-social et d’éducation populaire (artistes,
enseignants, éducateurs spécialisés, médiateurs culturels) sur la pratique de la danse et le portage de projets
artistiques dans les établissements concernés. Ces « personnes ressources » pourront intervenir vers les publics
concernés et initier des démarches d’éducation artistique auprès d’une vingtaine de groupes, soit 400
bénéficiaires chaque année.
- Favoriser la mobilité des publics sur le territoire transfrontalier et faciliter la rencontre de groupes franco-suisses
pour échanger sur les pratiques d’éducation artistique (ex : classes culturelles de Danjoutin et de Bure).
- Initier une recherche académique franco-suisse (portée par la HEP BEJUNE) afin d’étudier les impacts socio-culturels du projet sur le parcours d’éducation des bénéficiaires et ainsi faire évoluer les politiques publiques en matière d’éducation artistique.
Partenaires locaux et internationaux : Fonds de coopération culturelle Belfort/Jura Suisse ; côté français la Ville de Belfort, le Grand Belfort, le Pays de Montbéliard Agglomération, la Préfecture du Territoire de Belfort, la DRAC de Bourgogne-Franche-Comté, le Rectorat et l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation de l’Académie de Besançon (INSPE Besançon), la fondation SNCF, MA Scène Nationale ; et côté suisse le Canton de Berne, le Canton du Jura et son service d’enseignement, le Conseil du Jura Bernois, la Fondation Mercator et la HEP BEJUNE.
Originalité du projet : mobilité et échanges de pratiques d’éducation artistique entre populations frontalières ; développement de partenariats innovants entre acteurs culturels et éducatifs ; réflexion croisée autour des impacts de l’éducation artistique sur le parcours du jeune ; montée en compétences de l’ensemble des acteurs du territoire sur cette thématique ; création d’une plateforme numérique afin de faciliter la mise en réseau des professionnels de l’éducation et de la culture, le partage d’informations, d’outils et de ressources pour monter des projets artistiques en milieu scolaire.
Perspectives : le projet TDC a vocation à se poursuivre au-delà de sa durée initiale avec la sollicitation du dispositif
Europe Créative (2022 à 2024), avec un possible élargissement vers d’autres pays européens et extra-européens.
15 Pour plus d’informations : https://viadanse.com/territoires-communs-danses
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 37 sur 112
PATRIMOINE - Les sites clunisiens pour réinventer l’Europe de demain (71)
Description : Initié en 2013, le projet « Clunypedia »16 vise à développer une encyclopédie numérique pour mieux
faire connaître les sites clunisiens en Europe et ainsi participer à leur préservation et promotion. Il s’agit d’un projet
multi-acteurs à dimension européenne.
Porteur(s) du projet : La Fédération Européenne des Sites Clunisiens (FESC) est une association basée à Cluny (71)
qui fédère environ 200 sites clunisiens situés dans 7 pays européens. Parmi ses membres, on retrouve notamment des
collectivités territoriales, des institutions, des associations et des particuliers. Elle s’est associée à la société de
développement informatique Paztec pour la modélisation d’outils numériques grand public.
Partenaires locaux et internationaux : La FESC s’appuie sur ses 200 partenaires européens ainsi que sur de
nombreux acteurs locaux (collectivités territoriales, associations, citoyens engagés, etc.).
Actions du projet :
- Création d’une plateforme rassemblant toutes les connaissances sur le patrimoine clunisien (publications
scientifiques, documents anciens, schémas, plans, dessins, films, reportages, interviews, etc.)
- Création d’une carte interactive qui recense l’ensemble des sites clunisiens en Europe avec des fiches
documentées sur chaque lieu. A l’heure actuelle, cette carte géolocalise plus de 1800 sites clunisiens
(monastères, domaines agricoles, vignobles, etc.) et permet de visualiser les itinéraires culturels reliant ces
sites clunisiens à travers l’Europe.
- Création de plusieurs applications pour faciliter la visite touristique de la cité-abbaye de Cluny (Clunetour),
du Département de Saône et Loire (Clunypedia 71) et dernièrement du bourg de Sauxillanges.
Originalité du projet : la réalisation de supports numériques ludiques et accessibles au grand public ; le renforcement
du réseau de sites européens et partage de bonnes pratiques ; la création d’un espace de citoyenneté européenne dont
le véhicule est le patrimoine ; la création de dynamiques interterritoriales pour la valorisation du patrimoine local.
Perspectives : La démarche Clunypedia vient étayer, pour son apport scientifique, la candidature de la FESC au
patrimoine mondial de l’UNESCO pour une liste de sites intitulée « Cluny et les Sites clunisiens » qui sera lancée
publiquement en octobre 2020, à Cluny. Le FESC a notamment été certifiée « Itinéraires Culturel du Conseil de
l’Europe » et fait partie de la Fédération Française des Itinéraires Culturels Européens (FFICE).
En 2017, la FFICE a initié avec 6 autres partenaires situés dans 4 pays européens, le projet DECRA (Developing
European Routes for All – Développement d’Itinéraires Européens pour tous) dans le cadre du programme européen
Erasmus +. Le projet DECRA vise notamment à acquérir une connaissance fine de 16 itinéraires culturels européens et
faciliter la circulation d’informations et les échanges de bonnes pratiques entre professionnels du patrimoine clunisien
en Europe.
16 Plus d’informations : http://www.clunypedia.com
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 38 sur 112
MANIFESTATIONS CITOYENNES – Repenser le rôle des jumelages auxerrois sous
l’angle d’une dynamique territoriale fédératrice (89)
Description : En septembre 2018, la Maison des jumelages, de la Francophonie et des échanges internationaux
d’Auxerre17 organisait sur trois journées “Les Rencontres Européennes des Villes jumelles d’Auxerre”, un évènement
international et citoyen qui avait pour thématique l’économie du patrimoine. Cet événement inédit à Auxerre s’est vu
décerné le label « 2018 Année Européenne du Patrimoine Culturel » par la Commission Européenne.
Porteur(s) du projet : La Maison des Jumelages, de la Francophonie et des échanges internationaux d’Auxerre fédère
320 adhérents et plusieurs dizaines de partenaires locaux (établissements scolaires, collectivités territoriales,
associations et entreprises locales). Également Maison de la Francophonie Bourgogne, elle assure à l’échelle régionale
la promotion de la Francophonie avec notamment l’organisation de sa Caravane de la Francophonie et des ateliers
« Découvrons la Francophonie en s’amusant » auprès des enfants de structures de quartiers Politique de la ville.
Partenaires internationaux : Ville de Redditch (Angleterre) ; Ville de Worms (Allemagne) ; Ville de Plock (Pologne) ;
Ville de Greve in Chianti (Italie) ; Villes de Saint-Amarin et Roscoff (France) ; Ville de Ouidah (Bénin) et Ville de Vavoua
(Côte d’Ivoire).
Actions du projet :
- Accueil des délégations internationales et dîner au Lycée Européen des métiers Vauban. - Visite de l’entreprise traiteur Les Festins de Bourgogne et du CFA Les Compagnons du devoir. - Colloque public sur la thématique « Notre patrimoine : quand le passé rencontre l’avenir » avec deux tables
rondes suivies d’un échange/débat avec les participants. - Cérémonie du cinquantenaire du jumelage avec Worms - Visite de sites patrimoniaux d’Auxerre lors des Journées du Patrimoine.
Perspectives : La Maison des Jumelages, de la Francophonie et des échanges internationaux d’Auxerre souhaite repenser les échanges internationaux non plus dans une perspective bilatérale mais dans une logique territoriale qui unit pays d’Europe (villes jumelées) et Francophones (villes partenaires), avec une mise en réseau des acteurs locaux et régionaux agissant dans ce domaine (création d’un site internet en cours). Elle projette pour 2020 l’organisation de deux évènements fédérateurs et ouverts à tous les acteurs de l’international à l’échelle de la Communauté d’agglomération auxerroise :
- Organisation d’une Journée de l’international pour rendre compte du dynamisme de l’agglomération auxerroise et des opportunités qu’offrent les échanges européens et francophones, sous forme de 3 tables rondes : les actions associatives présentées par les Comités de jumelages et les associations francophones de solidarité ; les programmes européens pour les jeunes (Erasmus +) avec la participation d’établissements scolaires et de la Maison de l’Europe en BFC ; les échanges économiques des entreprises présentés par des entrepreneurs.
- Organisation des « Rencontres Internationales des Villes partenaires d’Auxerre » avec pour thématique « Terroirs, arts de vivre et innovations ». La Maison des Jumelages, de la Francophonie et des échanges internationaux d’Auxerre s’est entourée de nombreux acteurs locaux pour organiser cette manifestation (Conseils de quartiers, Jeune chambre économique, Tiers-lieux, agriculteurs etc.), axée sur le dynamisme des actions et les avancées à partager dans les domaines du développement durable et de l’économie sociale et solidaire.
17 Pour plus d’informations : 03 86 51 75 97 – [email protected]
© Maison des jumelages d’Auxerre
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 39 sur 112
Comme nous l’avons vu au cours de cette partie, les initiatives développées dans le cadre de
partenariats peuvent impliquer des structures diverses, de petites ou grandes tailles, publiques
ou privées, abordant des sujets aussi variés que l’éducation, la jeunesse, l’environnement, la
culture, le patrimoine, l’emploi, etc. L’ensemble de ces initiatives nous montre que les
partenariats européens peuvent permettre d’agir sur différents champs du développement local
en région, tout en apportant une vision européenne, voire globale, aux initiatives proposées ce
qui permet d’en renforcer le sens. Ces initiatives, même si elles ne sont pas exhaustives, nous
montre aussi que la conduite de partenariats européens demande une ingénierie spécifique :
travailler dans une langue étrangère, mener un projet multi-acteurs, animer un consortium,
identifier l’intérêt de son territoire et les intérêts que l’on partage avec un ou des partenaires
européens, monter des dossiers et obtenir des cofinancements européens, etc.
Cette étude a notamment été confrontée à une relative absence de travaux de capitalisation
sur les projets menés en région. Aussi, pour aller plus loin dans ce travail qui constitue une
première étape, de nouveaux temps d’échanges entre acteurs et la production de documents
spécifiques pourraient être envisagés à l’avenir, permettant d’approfondir les enjeux liés à
l’évaluation des projets et la construction d’indicateurs de suivi, aux méthodes de travail utilisées
par les organisations, à la capacité de co-construire des projets, etc.
5. Acteurs ressources en Bourgogne-Franche-Comté
Le travail que nous avons conduit a été rendu possible par l’existence de nombreux acteurs
ressources de la coopération et des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté. Dans
le cadre de cet état des lieux, il nous est apparu nécessaire de présenter ces structures afin de
préciser leurs rôles respectifs. Comme nous le verrons dans les parties suivantes, une partie des
questionnements posés dans le cadre de cette étude concernent directement ces structures et
interrogent leur complémentarité et leur capacité de concertation et de mutualisation dans le
cadre d’une réflexion régionale d’intérêt général.
- Association Européenne des Sports (AES) : créée en 1962 dans la lignée du jumelage avec
la Rhénanie-Palatinat, cette association régionale a pour objectif de faciliter les relations
sportives entre les acteurs de Bourgogne-Franche-Comté et les autres régions d’Europe. Elle
organise la mise en réseau de dirigeants sportifs (clubs, ligues, comités) ; de responsables des
comités de jumelages et d’organisations de jeunesse des différentes régions européennes
notamment lors de sa bourse annuelle des partenaires sportifs. Elle a également un rôle
d’appui aux acteurs locaux pour l’organisation d’évènements sportifs ou la recherche de
financements et organise chaque année « le Prix Bourgogne-Franche-Comté Pierre de
Coubertin » récompensant les jeunes bacheliers pour leur excellence sportive, scolaire et leur
engagement bénévole en lien avec les établissements scolaires de la Région.
- Association de Jumelages en Europe Bourgogne-Franche-Comté (AJE-BFC) : cette
association régionale a pour objectif d’accompagner le développement des jumelages dans
les régions partenaires de Rhénanie-Palatinat (Allemagne), d’Opole (Pologne) et de Bohême
Centrale (République Tchèque). Composée de plusieurs groupements départementaux (Côte
d’Or, Yonne, Saône-et-Loire, Nièvre) et active également dans le Doubs et en Haute-Saône,
l’AJE-BFC fédère et appuie aujourd’hui plus de 236 comités de jumelages locaux dans leurs
projets. Ce vaste réseau est un acteur important dans l’amorce d’une dynamique régionale
dans la mesure où il rassemble l’essentiel des acteurs historiquement impliqués dans la
coopération européenne notamment en Bourgogne.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 40 sur 112
- Bourgogne-Franche-Comté International (BFC International) : réseau régional multi-
acteurs (RRMA) dédié à la coopération internationale, il agit au service de l’intérêt général
dans le but de renforcer la qualité et l’efficacité des projets. Il identifie, informe, accompagne
et met en réseau les acteurs de la coopération européenne et internationale de la région. Il
anime notamment des groupes de travail thématiques (collectivités territoriales et
institutions, éducation et citoyenneté, etc.) ou géographiques (Roumanie, Niger, Maroc,
Burkina Faso, Sénégal, etc.) et coordonne différents dispositifs ou projets mutualisés
(Tandems Solidaires, Service Civique à l’international et en réciprocité, Festival des
Solidarités, projets COPRA, etc.). Depuis mars 2019, il anime le comité de pilotage de l’étude
des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté.
- Collège Européen de Cluny : depuis 2001, il organise des universités d’été à destination des
acteurs du territoire sur des enjeux européens. Le Collège Européen devrait proposer d’ici
2021 un cursus professionnalisant destiné aux acteurs de l’innovation territoriale (élus et
techniciens des collectivités territoriales, des professionnels du monde associatif mais aussi
des étudiants post-master) afin de répondre aux défis européens. Cette formation diplômante
est co-construite avec des établissements d’enseignement et de recherche, des collectivités
territoriales, des institutions et des associations autour de la thématique « Innovation,
gouvernance et ingénierie territoriale en Europe ». Le cursus sera proposé sur un an dont 6
mois de formation sur le campus de Cluny (séminaires thématiques) et 4 mois en immersion
professionnelle au sein d’une collectivité territoriale « ailleurs en Europe ». Les premiers
séminaires pilotes ont démarré à l’été 2019 et visent à faire émerger des problématiques
communes entre acteurs européens et faciliter le partage de pratiques.
- Groupements d’acteurs locaux (GAL) : il existe en Bourgogne-Franche-Comté 24 GAL en
charge de la mise en place du programme LEADER sur les territoires comprenant notamment
un volet coopération internationale. A l’approche de la nouvelle programmation 2021-2027,
il pourrait être intéressant pour les acteurs du territoire notamment des comités de jumelage
de se rapprocher de ces structures afin d’imaginer des projets concertés ou mutualisés
favorisant le développement local et les échanges de pratiques.
- Maison de l’Europe en Bourgogne-Franche-Comté : née de la mutualisation des deux
centres de ressources de Dijon et de Besançon, elle a pour objectif de faire parler d’Europe
sur les territoires. Elle a tout d’abord un rôle d’information au sens large et propose deux
centres de ressources ouverts au public à Besançon et à Dijon. Par ailleurs, elle porte des
actions de pédagogie active dans le cadre scolaire et universitaire (ex : simulations de
Parlements européens) en partenariat avec les Académies de Besançon et de Dijon. Elle
facilite aussi le rapprochement entre les institutions communautaires et les citoyens en
organisant par exemple des visites des sites européens. Elle coordonne avec la Région
Bourgogne-Franche-Comté « le Joli Mois de l’Europe », une campagne annuelle de
valorisation des initiatives locales autour de l’Europe du 1er au 31 mai. Enfin, elle propose un
accompagnement aux porteurs de projets à dimension européenne, sur la connaissance des
différents programmes existants (Europe pour les Citoyens, Erasmus+, etc.) et sur le
montage, le suivi et la valorisation des actions menées.
- Maison de Rhénanie-Palatinat : est un centre culturel et de ressources franco-allemand qui
facilite notamment l’apprentissage de la langue allemande et la mobilité des jeunes via le
Volontariat franco-allemand (VFA) dans les domaines écologique et culturel. Elle envoie
chaque année 53 jeunes bourguignons-franc-comtois en Allemagne et accueille également de
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 41 sur 112
nombreux jeunes allemands en Bourgogne-Franche-Comté. Elle met également à disposition
de l’ensemble des acteurs du territoire un bureau des stages dont la mission est de faciliter la
mise en lien d’entreprises allemandes et de jeunes du territoire (élèves, étudiants, apprentis).
Le bureau des stages s’adresse tout particulièrement aux associations investies sur l’amitié
franco-allemande et désireuses de monter des projets de mobilité et d’échanges de jeunes.
- Bureau Bourgogne-Franche-Comté Europe (BFCE) à Bruxelles : service composé
d’agents du Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté, le BFCE est basé à Bruxelles dans
le but d’appuyer les porteurs de projets désireux de s’investir dans des projets à dimension
européenne. Il publie notamment un guide des programmes européens, appui au montage ou
à l’écriture de projets, diffuse des actualités européennes, etc. Le bureau réalise également un
travail de plaidoyer auprès des institutions européennes afin de faire avancer la prise en
considération des préoccupations locales. Les acteurs du territoire sont donc encouragés à
faire remonter leurs observations et attentes auprès de cette structure ressource.
- Réseaux de collectivités territoriales : AMF, CUF, ADF, AFCCRE, ARE18 sont autant de
réseaux dans lesquels de nombreux acteurs du territoire sont impliqués et qui peuvent servir
d’appui dans le développement de partenariats européens (notamment dans la recherche de
partenaires internationaux).
- Réseaux liés à l’éducation et à la formation : les établissements scolaires représentent un
vaste réseau particulièrement propice au développement de partenariats européens
notamment dans l’optique de développer l’ouverture au monde et la mobilité internationale
des jeunes. Certaines structures sont d’ailleurs déjà très impliquées sur la coopération
européenne en région comme par exemple les Académies de Besançon et de Dijon
(DRAREIC), la Fédération Régionale des Maisons Familiales Rurales (formation
professionnelle) ainsi que le réseau Erasmus Student Network (ESN) qui dispose
d’associations à Besançon (ESN Besançon) et Dijon (InsiDijon) pour les échanges
universitaires.
- Réseaux des acteurs de l’économie sociale et solidaire : les initiatives locales dans les
domaines de l’éducation populaire (Fédération Léo Lagrange), du développement durable
(réseau GRAINE), de la finance solidaire ou encore de l’insertion sociale sont autant de
potentielles structures partenaires à solliciter dans le cadre de projets européens.
18 AMF : Association(s) des Maires de France
CUF : Cités Unies France
ADF : Association(s) des Départements de France
AFCCRE : Association Françaises du Conseil des Communes et Régions d’Europe
ARE : Association des Régions d’Europe
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 42 sur 112
PARTIE III. Difficultés, besoins et attentes des acteurs de la coopération européenne en Bourgogne-Franche-Comté
Dans cette partie, nous présenterons les attentes, les besoins et les difficultés rencontrés par les
structures de Bourgogne-Franche-Comté enquêtées. Un ensemble de facteurs contraignent la
mise en œuvre et limitent les effets des partenariats européens en région, que nous tenterons
d’analyser afin d’identifier des leviers d’actions concrets.
1. Des contraintes majoritairement financières pour les associations et davantage humaines pour les collectivités territoriales
Nous constatons tout d’abord que les principaux freins rencontrés par les acteurs du territoire
varient en fonction de leur statut (voir graphiques 9 et 10). Il semblerait qu’en comparaison aux
collectivités territoriales, les acteurs associatifs et institutionnels rencontrent davantage de
difficultés liées à l’aspect financier (difficulté mentionnée par 58% des acteurs), au manque de
ressources humaines, de temps et de disponibilité (difficulté mentionnée par 40% des acteurs) et
au manque de motivations des partenaires de part et d’autre (38% des acteurs). Les difficultés
liées à la communication (27% des acteurs), l’aspect juridique et administratif (21% des acteurs)
et l’éloignement géographique (15% des acteurs) semblent secondaires.
Quant aux collectivités territoriales, elles évoquent principalement un manque de ressources
humaines, de temps et de disponibilité (50% des acteurs) ainsi que des difficultés liées à l’aspect
GRAPHIQUE 9 : PRINCIPALES DIFFICULTES RENCONTREES PAR LES ACTEURS ASSOCIATIFS ET INSTITUTIONNELS (SUR 52 REPONDANTS)
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 43 sur 112
juridique et administratif, l’aspect financier et à la communication (mentionnées chacune par
38% des acteurs). Le manque de motivations des partenaires de part et d’autre (25% des acteurs)
et l’éloignement géographique (13% des acteurs) sont aussi évoqués mais comme difficultés
secondaires dans la conduite de partenariats européens.
Si nous identifions des différences significatives entre les associations et les collectivités
territoriales, elles ne suffisent pas à comprendre l’ensemble des difficultés rencontrées par les
acteurs. En effet, ces dernières sont souvent interconnectées les unes aux autres et sous-
entendent parfois d’autres problématiques, ce que révèle notamment les échanges ouverts avec
les enquêtés. Par exemple, le manque de ressources humaines, évoqué par les collectivités
territoriales sous-entend un manque de moyens financiers, mais peut aussi impliquer un
« manque d’engagement politique » de la part des élus de la collectivité. De même, le manque de
moyens financiers, évoqué très facilement par les associations, peut aussi être la conséquence
d’une problématique humaine interne (« crise du bénévolat », « difficulté à monter de bons
dossiers » et donc d’acquérir des financements, etc.) parfois non perçue comme centrale par
l’enquêté. Aussi, les leviers potentiellement les plus déterminants et les plus impactants pour agir
doivent prendre en compte cette dimension systémique, ce qui conduit aussi à interroger des
enjeux tels que le modèle économique et les capacités d’actions des associations, les modalités
des partenariats entre les acteurs publics et privés, les orientations politiques locales, les
missions et responsabilités des acteurs, etc.
De manière générale, le montage et l’animation d’un partenariat européen nécessite des moyens
humains et financiers perçus comme « très lourds » par les acteurs, notamment dans les phases
de structuration de projets. Est-ce parce que les structures ou les services concernés ne sont pas
assez solides ou suffisamment dotés ? Ou alors, est-ce que cet engagement serait perçu comme
GRAPHIQUE 10 : PRINCIPALES DIFFICULTES RENCONTREES PAR LES COLLECTIVITES TERRITORIALES (SUR 8 REPONDANTS)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 44 sur 112
lourd simplement parce que ces résultats et ces effets seraient, en comparaison, peu évidents à
justifier ? Il semblerait, à la lumière des entretiens réalisés en région, que ces deux enjeux soient
partagés par toutes les familles d’acteurs.
2. Les partenariats européens : un secteur de l’action publique à part entière mais une portée stratégique sous exploitée par les collectivités
Rappelons tout d’abord que l’action des collectivités territoriales est financée essentiellement
par le biais de la fiscalité locale (notamment les taxes d’habitation et foncière) et de dotations
étatiques. Bien que les collectivités territoriales bénéficient d’une autonomie financière, on voit
que celle-ci est questionnée par la réforme fiscale et les réductions de crédits étatiques annoncées
dans le projet de loi des finances 2019 (Néau, 2018).
Les montants alloués par les collectivités territoriales aux partenariats européens et
internationaux sont relativement faibles au regard d’autres secteurs de l’action publique. De plus,
l'action internationale des collectivités territoriales est souvent la première politique publique à
être affectée par les réductions budgétaires locales (Marre, 2016) avec des conséquences très
directes sur la structuration des ressources humaines mobilisées en interne sur cette question.
A l’heure où ce rapport est rédigé, le monde et la France en particulier subissent de plein fouet
l’épidémie de Covid-19, dont les conséquences pour les collectivités territoriales seront
vraisemblablement très lourdes, au regard notamment de tous les investissements d’urgence qui
devront être réalisés.
Dans ce contexte de raréfaction des ressources publiques, le développement de projets
européens est fortement contraint, notamment parce qu’il requiert une ingénierie spécifique,
comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, des agents formés, mais aussi parce qu’il nécessite la
mise en place de stratégies transversales et opérationnelles au sein des collectivités, ce qui
demande du temps et, à court terme, une difficulté à en démontrer immédiatement l’impact.
Bien souvent, les agents des collectivités chargés des relations internationales cumulent
plusieurs casquettes et sont donc rarement à temps plein sur la conduite de coopérations avec
des partenaires étrangers. Et pourtant, l’un des facteurs clés de succès des partenariats,
spécifiquement lorsqu’ils impliquent une dimension internationale, est de consacrer un temps
suffisant à la coordination des actions et à l’établissement d’une relation de confiance entre les
partenaires. L’accumulation et la diversité des tâches, le manque de temps et de disponibilité
pour mener à bien les projets peuvent ainsi limiter le potentiel des coopérations et faire naître
un sentiment de frustration auprès des agents de collectivités impliqués (spécifiquement lorsque
la collectivité est engagée dans des partenariats multiples). En conclusion, l’action européenne et
internationale ne semble « pas reconnue à sa juste valeur ».
Au sein des collectivités territoriales, les métiers liés à l’international sont souvent méconnus ou
peu compris des autres services, du fait de routines différentes (mobilité, langue de travail, etc.),
de calendriers et contraintes différents, autant d’éléments qui rendent plus difficiles le partage
d’une culture professionnelle commune. Or parce qu’ils sont confrontés à l’international au
quotidien, qu’ils agissent le plus souvent dans un cadre multi-acteurs et qu’ils ont la capacité de
replacer les enjeux territoriaux au sein d’enjeux globaux, les agents de collectivités en charge des
relations internationales sont particulièrement bien placés pour faciliter l’ouverture au monde
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 45 sur 112
de leur organisation et plus largement de leur territoire. Ils développement également une
capacité à agir de façon transversale et à construire une approche globale. Aussi, tout l’enjeu est
de renforcer au sein des collectivités les occasions de dialogues interservices afin de faire naître
une vision concertée et transversale du développement du territoire, intégré à son
environnement proche et lointain.
Plus largement, si cette réflexion ne peut pas être isolée de la question des effets et des impacts
des projets menés sur les territoires, l’ingénierie nécessaire à la conduite de projets européens
est, d’après les enquêtés, largement sous-évaluée et peu reconnue, tant en interne (agents, élus,
etc.) que par les partenaires et les habitants.
3. Des acteurs associatifs financièrement fragiles au regard de leurs objectifs et des enjeux qu’ils portent
On constate que les restrictions budgétaires qui affectent les collectivités se répercutent en
cascades sur d’autres acteurs socioéconomiques, tout particulièrement sur les associations. Afin
de mieux comprendre ce phénomène, il est intéressant de revenir sur les évolutions récentes des
budgets associatifs (Tchernonog, 2018). On assiste ainsi à une inversion des tendances en
matière de sources de financement associatif.
Historiquement soutenu par une majorité de financements publics, le budget associatif est
aujourd’hui de plus en plus alimenté par des financements privés (en 2017, 44% de base
publique et 56% de base privée contre respectivement 51% et 49% en 2005). Cela se traduit au
niveau des collectivités territoriales par un moindre recours à la subvention publique (seulement
20% du budget associatif en 2017) et par la priorisation de nouveaux modes de financements
comme la commande publique et l’appel à projets.
Dans ce nouveau contexte, les associations sont mises en concurrence pour l’obtention de fonds
et doivent remplir des conditions de redevabilité plus exigeantes.
PAROLES D’ACTEURS
« Les autres agents ont du mal à comprendre les métiers des relations
internationales »
« Il est vrai que les fonctionnaires d’une collectivité territoriale, en général, ils ne prennent pas
l’avion, ils ne vont pas dans des pays étrangers dans le cadre de leurs missions, donc les autres
agents ont du mal à comprendre ce qu’est le métier des relations internationales, il faut souvent
le répéter »
« Dans les centres sociaux par exemple, il y a un projet d’équipe qui fédère tous les salariés alors
qu’au sein d’une collectivité, on perçoit beaucoup moins ce projet collectif et les agents ont moins
l’habitude de travailler ensemble. L’international ou l’Europe est rarement le centre de la
discussion »
Témoignages d’agents de collectivités territoriales en charge des relations internationales
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 46 sur 112
La retranscription de ce phénomène à l’échelle locale est tout à fait palpable, notamment lorsqu’il
s’agit d’aborder la situation de petites structures comme les comités de jumelage . En effet, les
comités de jumelage fonctionnent quasi-exclusivement sur la base d’une subvention annuelle de
la collectivité territoriale dont ils sont issus. Le montant de la subvention varie en fonction de la
taille de la commune et de l’implication de la collectivité sur le champ international mais, d’après
les comités de jumelages interrogés, il est dans la grande majorité des cas inférieur à 12 000 €
annuels.
Cette question financière est à mettre en perspective avec les missions et les rôles que ces comités
de jumelages s’assignent qui ont déjà été rapidement évoqués dans la première partie de ce
travail. Au-delà des ambitions de « contribuer à la paix entre les peuples », certaines associations
vont se fixer pour objectifs d’organiser et d’animer « simplement » des échanges culturels et des
rencontres alors que d’autres souhaitent plus spécifiquement contribuer à l’ouverture à
l’international du territoire, à la mise en réseau de plusieurs villes partenaires et des acteurs des
territoires concernés, à la mobilité des jeunes, à l’éducation à la citoyenneté européenne, etc.
Toutes ces missions, qui impliquent la construction d’une vision large, d’une stratégie et une forte
capacité à fédérer les acteurs au sein d’un même mouvement, demandent a priori des moyens
qui vont bien au-delà de ceux dont les comités de jumelages disposent. Aussi, se pose ici très
clairement la question de la complémentarité des comités de jumelages avec les collectivités
territoriales, du rôle et des responsabilités de chacune de ces parties. Les comités de jumelages
doivent-ils se spécialiser ou au contraire développer une approche transversale et territorialisée
des partenaires européens ? Et dans ce cadre, quel est le rôle des autres acteurs du
territoire (établissements, institutions, etc.) ? Nous identifions à travers ce questionnement, un
axe de réflexion majeur pour l’avenir des partenariats européens.
Afin de conduire leurs activités, la majorité des comités de jumelages cherchent des sources de
revenus complémentaires. Ils arrivent à dégager un peu de trésorerie via l’organisation de repas,
de lotos, de marchés ou de foires locales mais sont parfois contraints, en dernier recours
d’augmenter la participation des habitants aux activités proposées. Dans ce contexte, on voit
notamment l’importance de favoriser les mutualisations entre les comités de jumelages à
l’échelle de bassins de vie afin de faciliter l’entraide et la réalisation de projets communs (voir
l’exemple de l’association « Eurojeunes » mentionné plus haut). Ceci étant, tous les acteurs
s’accordent sur la nécessité d’organiser des rencontres et des échanges conviviaux associant les
bénévoles des comités de jumelages, leurs partenaires européens et les habitants du territoire,
mais cette dynamique est aussi souvent perçue comme « fastidieuse » et « redondante ». Plusieurs
acteurs en interrogent à la fois le format choisi (« Nous faisons toujours la même chose de la même
manière »), mais aussi la finalité (« Finalement, pour qui faisons-nous cela ? »). Les comités de
jumelages l’assurent eux-mêmes, ils pâtissent d’une image parfois négative qui est entretenue
par ces pratiques devenues historiques. Cette difficulté à modifier les habitudes et à sortir d’une
forme d’« entre-soi » s’explique notamment le fait que de nombreux comités de jumelages
priorisent la fidélisation d’un premier cercle de sympathisants sans qui la dynamique associative
même perdrait du sens. Pour certains enquêtés, proposer des projets ou des rencontres dans
lesquels les membres, notamment les anciens, ne se retrouveraient pas, fragiliserait davantage
encore l’association. Par ailleurs, dans la mesure où l’organisation desdites manifestations
dépend en grande partie de la santé financière des comités, on assiste à une sorte de cercle vicieux
et l’on comprend que la mutation souhaitée par tous les enquêtés doit être accompagnée (voir
schéma ci-dessous).
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 47 sur 112
4. Des partenariats européens confrontés à l’enjeu du renouvellement des porteurs de projets et des pratiques
On constate une inquiétude grandissante des comités de jumelage quant au renouvellement de
leurs membres et donc à la pérennité de leurs actions. En effet, la survie de ces petites structures
dépend bien souvent exclusivement de l’engagement de bénévoles (sur les 45 comités de
jumelage interrogés, seule une structure bénéficie de la mise à disposition d’un salarié
permanent) et il devient de plus en plus compliqué de mobiliser des forces vives. Beaucoup
d’entre eux assurent « chercher des jeunes » et avoir « du mal à les impliquer » tant dans les actions
menées que dans la gestion de la vie associative.
PAROLES D’ACTEURS
« On essaie de gagner de l’argent avec des manifestations, mais il est difficile de
motiver les citoyens à donner pour notre cause »
« On essaie de gagner de l’argent avec des manifestations, mais il est difficile de motiver les
citoyens à donner pour notre cause. En même temps, les personnes qui nous soutiennent sont
souvent les mêmes ».
« Nous tentons d’établir des partenariats avec des entreprises privées du territoire afin qu’elles
nous sponsorisent, mais nous nous heurtons à plusieurs difficultés, notamment le fait que nous
n’ayons pas de rescrit fiscal. Les dons chutent […] ce n’est pas simple. »
Témoignages de membres de comités de jumelage – Extraits d’entretiens individuels
Les comités de jumelage ont du mal à impliquer de nouvelles personnes dans
un contexte de contraintes budgétaires
fortes.
Le socle de bénévoles engagés dans le jumelage
est vieillissant. Les activités traditionnelles sont
maintenues mais il n’est pas initié de nouveaux
projets faute de moyens financiers et humains.
Les formats d'engagement tout comme les activités
proposées ne correspondent pas aux attentes de nouveaux
bénévoles.
Les jeunes générations n'identifient pas les
points forts du comité de jumelage, ne voient pas de raisons de s'y
impliquer.
Il n'y a pas d'apport de nouvelles idées, de nouvelles compétences,
de nouvelles méthodes. L'entre-soi rend difficile une prise de recul
sur la structure et la recherche de solutions, créant un sentiment d'impasse chez les participants.
SCHEMA 1. LES COMITES DE JUMELAGES FACE A L'ENJEU DU RENOUVELLEMENT
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 48 sur 112
Toutefois, au-delà du vieillissement des bénévoles que de nombreux comités de jumelages
constatent, cette problématique révèle surtout une difficulté à renouveler les effectifs et à
s’ouvrir vers d’autres horizons, davantage qu’un problème spécifique avec les jeunes. Un enquêté
rappelle notamment que « dans une association ou la moyenne d’âge atteint parfois plus de 60 ans,
avec une majorité de personnes retraités, les personnes de 40 ou de 50 ans sont considérées comme
des jeunes ». Aussi, si les publics d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes peuvent être
directement visés par les actions des comités de jumelages (voir plus bas) se sont bien souvent
leurs parents qui sont en définitive recherchés pour assurer le renouvellement des équipes de
bénévoles.
De manière générale, transmettre des responsabilités à de nouveaux bénévoles ou encore plus à
des jeunes pose problème à la majorité des acteurs interrogés dans le milieu associatif.
L’évolution des pratiques et des habitudes semble nécessaire pour la majorité des enquêtés mais
difficile à mettre en pratique.
A titre d’exemple, l’atelier mobilité Léo Lagrange Centre-Est à Dijon, qui s’appuie sur deux
salariés pour développer la citoyenneté et la mobilité européenne, propose notamment aux
jeunes de s’impliquer pleinement dans la vie la structure à travers un dispositif innovant appelé
« La Grange à projets », un espace collaboratif ou les jeunes conçoivent et mettent en place eux-
mêmes des projets de façon autonome (cafés débat, atelier d’écriture, cours de musique et
rencontres musicales, cours d’anglais, atelier cuisine, échange culturel et formations sur les
méthodes de pédagogie active et de montage de projet, etc.), avec un appui technique et matériel
via notamment la mise à disposition d’un local.
De manière générale, « les jeunes ont besoin d’autonomie, de mise en responsabilités et de
s’attaquer à des projets concrets » nous rappelle un enquêté. On constate aussi que les initiatives
concrètes, qui concernent notamment l’écologie, la culture, ou le sport permettent de mobiliser
les jeunes de façon plus efficace et pérenne.
PAROLES D’ACTEURS
« Dans les comités de jumelages, il n’est pas facile de transmettre aux jeunes »
« Nous sommes confrontés au vieillissement des membres de l’association et rencontrons des
difficultés pour impliquer les jeunes et assurer le renouvellement de nos membres. »
« Les jeunes peuvent s’impliquer dans les actions ponctuellement mais il est beaucoup plus
compliqué de les mobiliser dans le bureau ou dans des fonctions à responsabilité »
« Parfois certains jeunes ne trouvent pas leur place dans l’association, ils n’ont pas de marge de
manœuvre quant au fonctionnement et quant au type de projets qui sont proposés. »
« Il est parfois difficile d’expliquer ce qu’est la structure aux jeunes ou aux nouveaux arrivants. Il
y a des routines, des manières de fonctionner que l’on ne formalise pas et qui ne sont pas évidentes
à transmettre et à saisir »
Témoignages de membres de comités de jumelages – Extraits d’entretiens
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 49 sur 112
De plus, les associations et les comités de jumelage souhaitent « contribuer à développer la
mobilité internationale des jeunes » : en effet, compte-tenu du lien spécifique qu’ils entretiennent
avec d’autres pays, ces acteurs expliquent détenir une connaissance et une expertise qui peut être
« mise à profit pour guider les jeunes et où les acteurs de la jeunesse » vers une première expérience
de mobilité internationale. En effet, aujourd’hui en région, il existe une multitude de dispositifs
afin d’accompagner les jeunes dans leur projet de mobilité (Cap Jeunes, le CRIJ, les PIJ et BIJ,
le bureau des stages de la Maison de Rhénanie-Palatinat, la plateforme numérique « Agitateurs
de mobilité », le programme de stage Eurodyssée, les volontariats culturels ou écologiques
franco-allemands (VCFA ou VEFA), le corps européen de solidarité (CES), les échanges de jeunes
Erasmus+, etc.). Toutes ces ressources constituent pour les acteurs associatifs et les comités de
jumelages l’opportunité de jouer un rôle à minima de relais, voire d’animateurs et de porteurs de
nouvelles initiatives. Toutefois, cette dynamique est encore peu exploitée par les petites
associations.
On note aussi que les acteurs des partenariats européens peuvent accueillir au sein même de
leurs structures des jeunes volontaires de leur territoire ou issus de leurs pays partenaires afin
de développer des activités existantes ou créer de nouveaux services (supports de
communication attrayants, etc.) ou projets. Lorsque le volume d’activités d’une structure n’est
pas suffisant pour accueillir un volontaire à temps plein, il est aussi possible d’envisager un
partage de la mission entre plusieurs associations locales, sous certaines conditions. Cette piste
est notamment exploitée par les collectivités territoriales comme la Ville de Nevers, la Ville de
Dijon ou encore le Département du Territoire de Belfort.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 50 sur 112
Pour les acteurs des partenariats européens, agir en direction des établissements scolaires est
plutôt répandu même si l’on constate aussi certaines frustrations et difficultés à la mise en place
de projets pédagogiques, parce qu’ils trop ponctuels ou parce qu’il est difficile de nouer des
collaborations durables avec les établissements. Plusieurs leviers sont évoqués par les acteurs et
demandent à être davantage développés, tels que la Maison de l’Europe en Bourgogne-
Franche-Comté, qui peut être mobilisée pour proposer des animations sur l’Europe en classe
(ex : Histoire de la construction européenne, travail sur la monnaie, les échanges, la culture, les
institutions, simulations de parlement européen grandeur nature etc.) ; la Maison de Rhénanie-
Palatinat à travers son dispositif « Mobiklasse.de », qui propose l’intervention d’un(e) jeune
allemand(e) auprès d’une classe afin de sensibiliser à la langue et à la culture allemande ou le
réseau BFC International avec son dispositif « Tandems solidaires » qui permet à des
associations et des groupes de jeunes (avec leur équipe éducative) de monter ensemble un projet
d’Éducation à la Citoyenneté Mondiale (ECM) sur une année scolaire.
PAROLES D’ACTEURS
La jeunesse et l’ouverture au monde, le nouveau levier des partenariats européens ?
« Le Département accueille actuellement une jeune volontaire allemande en Service Volontaire
Européen et prévoit de développer un projet de mobilité de jeunes dans le domaine de l’hôtellerie-
restauration avec le Landkreis du Harz. Notre jeune volontaire a joué un rôle de facilitatrice dans
les échanges entre les partenaires allemands et français »
Témoignage du Département du Territoire de Belfort (90)
« Nous proposons encore des échanges scolaires essentiellement au niveau de l’école primaire
(classe de CE2 et CM1) mais aussi des camps d’été avec des jeunes anglais et allemands. Depuis cette
année, le dynamisme de cet échange d’été se fait ressentir à nouveau. Nous avons un groupe de
jeunes français impliqués dans le montage de cet échange qui aura pour focale l’écologie. Le comité
de jumelage est une ressource pour les jeunes, un appui à la constitution de leur projet mais les
jeunes sont en autonomie et font preuve d’initiatives et d’une réactivité extraordinaire. Ils sont les
véritables moteurs du projet et c’est pour cette raison que cela fonctionne bien »
Témoignage du Comité de jumelage d’Autun (71)
« A Nevers, nous avons un Conseil Municipal de la Jeunesse (CMJ) où des jeunes citoyens majeurs
s’impliquent dans la vie de la commune. Notre projet pour 2020 est que deux jeunes du CMJ soient
rattachés aux élus qui partent rencontrer nos partenaires internationaux et participent ainsi
pleinement aux jumelages »
Témoignage de la Ville de Nevers (58)
« Il faut également un contenu et du sens dans l’échange. Il faut qu’il y ait une trace des projets.
Par exemple, dans le cadre des échanges franco-allemands, certains jeunes s’occupent des
cimetières de la Première Guerre Mondiale, et là se disent “Je suis utile ” »
Témoignage de la Maison de Rhénanie-Palatinat (21)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 51 sur 112
5. Agir dans un contexte interculturel : une force à consolider
La conduite d’un partenariat européen suppose la coopération entre plusieurs acteurs aux
références culturelles différentes. La prise en compte de l’interculturalité est donc nécessaire à
la mise en place d’une dynamique de partenariat. Toutefois, ces différences culturelles, si elles
apportent indéniablement une profondeur aux échanges, s’accompagnent également d’un certain
nombre de complexités. En effet, le fait de ne pas partager les mêmes systèmes d’interprétation
de la réalité liés à des systèmes de règles, normes et valeurs, peut avoir pour conséquences des
divergences de jugement, de perception des problèmes rencontrés et d’approche dans le
traitement des difficultés (D’Iribane et al., 2002).
En l’occurrence, on peut illustrer ce point avec le témoignage de plusieurs acteurs du territoire
impliqués sur la coopération franco-allemande. Dans la conduite de leurs partenariats respectifs,
ces acteurs identifient notamment des différences au niveau de la perception de la
responsabilisation des jeunes. En effet, il apparaît que les jeunes allemands sont très vite
responsabilisés dans la conduite de leurs actions ; leur environnement familial, scolaire et
professionnel encourage cette autonomie. En France, les cadres réglementaires et sociaux ont
tendance à rendre plus long le processus d’autonomisation des jeunes. Aussi, ces éléments sont
particulièrement importants par exemple dans le cadre de l’organisation d’un échange de jeunes,
où il faudra trouver le bon niveau d’encadrement du groupe pour s’adapter à chaque culture.
Autre déclinaison de l’interculturalité, la barrière linguistique peut, dans certains cas s’avérer
très compliquée à surmonter si tous les partenaires du projet ne peuvent se comprendre
correctement. En effet, la maîtrise d’une langue commune est donc essentielle pour la bonne
conduite d’un projet de coopération européenne surtout lors de phases techniques où la moindre
approximation risque de compromettre la suite des actions. Pour faire face à cette difficulté, les
acteurs du territoire ont développé un certain nombre de stratégies : certains proposent des
initiations à la langue du partenaire aux habitants de leurs villes, d’autres mutualisent les frais de
traductions avec l’ensemble de leurs partenaires, d’autres enfin font appel aux services d’un(e)
jeune volontaire originaire du pays partenaire en échange dans la région. On constate ainsi tout
le potentiel d’activités dont les partenariats européens peuvent être à l’origine ou contribuer au
développement sur le territoire régional.
Enfin, le dernier type de difficultés liées à l’interculturalité concerne les cadres juridiques et
administratifs. En effet, on constate encore un nombre important de freins à la coopération en
matière réglementaire. Par exemple, depuis l’annonce du Brexit, un certain nombre de
partenariats locaux ont été gelés dans l’incertitude des conditions de sortie du Royaume-Uni de
l’Union Européenne. Si cette situation est particulièrement pénalisante dans le cadre d’échanges
bilatéraux, elle l’est également dans le cas de coopération tri ou quadripartite, dans la mesure où
la perte de liens avec les partenaires anglais remet aussi en cause la conduite d’actions avec les
autres partenaires européens.
Ainsi, l’action en contexte multiculturel requiert donc un certain nombre de compétences aussi
bien pratiques (langues vivantes et cadre réglementaire) que relationnelles (respect de la
diversité, ouverture d’esprit, empathie), qui, si elles ne sont pas maîtrisées peuvent restreindre
les possibilités de coopération entre acteurs et entre territoires. Cette capacité à agir dans un
contexte interculturel est un atout de poids pour les acteurs des partenariats européens, ceci
étant, un grand nombre d’entre eux nous rappelle que cette dimension de la conduite de projets
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 52 sur 112
est parfois très contraignante, parce qu’elle peut ralentir les dynamiques, être mal comprise ou
sous-estimée par les partenaires ou les élus locaux, etc.
6. Être visible : des partenariats européens en quête de reconnaissance à l’échelle locale
Les structures interrogées mentionnent la difficulté de faire connaître leurs projets de
coopération européenne à la fois aux autres acteurs du territoire mais aussi et surtout aux
populations locales. En effet, elles identifient deux principaux freins à la visibilité de leurs
actions : le premier tient à la communication dont elles bénéficient et le second relève des enjeux
de calendrier des manifestations locales.
Les principaux canaux employés par les acteurs locaux pour communiquer sur leurs actions
sont : le bouche à oreille, la presse locale, le bulletin municipal, l’affichage (flyers, affiches), le
mailing, le site internet de la structure et/ou le site internet de la commune et plus rarement les
réseaux sociaux. Ces différents canaux ne sont pas sollicités de la même manière selon le statut
de la structure et ses dotations en moyens humains et financiers
Par exemple, les actions des collectivités territoriales sont davantage relayées par le biais de la
communication institutionnelle (bulletins et publications officielles, sites internet de la
PAROLES D’ACTEURS
« Les différences de cadres juridiques pour la gestion du jumelage : des spécificités
propres à chaque pays »
« La structuration du jumelage en Italie est différente de la structuration française ; il n’y a pas
de comité de jumelage qui assure la continuité des échanges, le jumelage est directement pris
en charge par la commune et dépend donc beaucoup de la volonté des personnes impliquées. Le
renouvellement politique ralentit parfois les activités. A l’inverse, le portage politique peut
faciliter certaines actions : il faut s’adapter. »
Témoignage du Comité de jumelage Béthoncourt (25) - Extrait d’entretien réalisé le 7 juin 2019
« Proposer des formats ludiques et originaux pour l’apprentissage des langues
étrangères »
« Nous avons mis en place des ateliers de conversation en anglais et en allemand qui ont lieu
une fois toutes les trois semaines et qui sont animés respectivement par deux collègues
américaines et une collègue allemande. Tous les sujets y sont abordés et ce sont vraiment des
rendez-vous très conviviaux. Nous proposons également un atelier scrabble en anglais qui
fonctionne bien. Par le passé, nous avions essayé de monter un cours de tango dispensé en italien
mais nous n’avions pas suffisamment de public pour cette activité. »
Témoignage du Comité de jumelage de Chalon-sur-Saône (71) - Extrait d’entretien réalisé le 28 mai 2019
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 53 sur 112
collectivité) et de la presse locale tandis que les comités de jumelage fonctionnent
essentiellement via le bouche à oreille, le mailing aux adhérents et bénévoles et le bulletin
municipal.
De manière générale, les acteurs du territoire expriment un manque de couverture médiatique
des actions internationales menées, notamment les petites structures associatives qui ne sont
pas relayées dans la presse locale malgré les sollicitations. Il est donc parfois difficile d’atteindre
directement les citoyens et d’intéresser un nouveau public pour les manifestations organisées.
De même, les acteurs évoquent la méconnaissance d’autres initiatives locales ou régionales sur
la thématique européenne et l’absence de tribune régionale pour les projets locaux. Un autre frein
évoqué par les acteurs du territoire est le manque de coordination sur la programmation
d’évènements locaux. En effet, au vu de la densité des offres culturelles proposées sur les
territoires, le risque de chevauchement de dates est important avec pour conséquence une
moindre fréquentation des publics ciblés.
7. Malgré un bon niveau d’information, une réelle difficulté à s’approprier les dispositifs de l’Union Européenne
L’enquête révèle que la grande majorité des acteurs du territoire ne s’est pas approprié les
dispositifs notamment financiers de l’Union Européenne à deux échelles.
En ce qui concerne le niveau d’information sur les opportunités proposées par l’Union
Européenne en région, les avis sont très contrastés : 39% des acteurs enquêtés déclarent
bénéficier d’une information suffisante cependant, celle-ci est perçue comme difficilement
accessible ou vague et trop générale pour respectivement 16% des acteurs enquêtés voire
PAROLES D’ACTEURS
« L’enjeu de construire une programmation commune et de rendre visibles des projets
locaux »
« Un petit projet culturel isolé a en général très peu de visibilité. Les petits projets peuvent devenir
de grands projets s’ils s’inscrivent par exemple dans le cadre de festivals. Ils ont de fait beaucoup
plus de poids puisqu’ils apparaissent dans la programmation commune de l’évènement et
bénéficient ainsi d’une couverture médiatique plus importante. […] Ce qui fonctionne bien avec le
festival Itali’art, c’est que nous restons prêts à accueillir de nouveaux acteurs (artistes, partenaires)
jusqu’au dernier moment, nous essayons d’être le plus flexible possible sur la programmation. Et
puis il y a également un véritable lien de proximité qui se créé avec le public, les artistes ne sont pas
tenus à distance mais font pleinement participer les gens à la création artistique. »
Témoignage de l’association culturelle franco-italienne Ombradipeter (21) - Extrait d’entretien réalisé le 6 mai 2019
« Il y a un réel besoin d’exemples concrets, de rendre visibles des initiatives locales qui ont fonctionné
et de comprendre quels ont été les clés de succès de ces expériences »
Témoignage de participants au temps d’information et d’échanges du 28 juin 2019 à Mâcon (71)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 54 sur 112
insuffisante pour 23% des acteurs enquêtés. On peut alors formuler l’hypothèse suivante :
l’information existe en région mais les acteurs n’arrivent pas forcément à la décrypter ni même à
l’opérationnaliser au quotidien. En effet, les acteurs expliquent être suffisamment connectés ou
éveillés pour accéder à une information de qualité mais rappellent le besoin de personnes,
« d’interprètes ou de guides techniques » pour en faciliter la compréhension. S’ajoute à cette
difficulté l’impression de surnager dans la multitude et la complexité des dispositifs existants à
l’heure actuelle au niveau des instances communautaires. Il manquerait donc un chaînon jusqu’à
l’appropriation réelle de la question européenne et des outils qui vont avec (appels à projets,
appels à propositions, etc.) pour passer le cap de la mise en action.
Ensuite, en ce qui concerne l’accès aux financements européens, on relève tout au long de
l’enquête une certaine déconnexion entre les attentes de l’Union Européenne d’une part et les
capacités du terrain d’autre part. Ce constat peut être dressé à la lumière de plusieurs facteurs.
D’une part, les acteurs de terrain évoquent la lourdeur administrative, la complexité des dossiers
européens (cadres logiques, reporting, nombreuses pièces justificatives, etc.) et l’investissement
en termes de moyens humains que ce type de dossier représente tout au long du projet (rédaction
de dossier, suivi et coordination, comptes-rendus, évaluation). Cette difficulté à se lancer est très
souvent associée à des questions de méthodologie et la maîtrise de compétences spécifiques,
toutes deux nécessaires pour être en capacité de penser des projets efficaces.
Ensuite, les acteurs locaux mettent en avant des mécanismes financiers peu adaptés aux petites
structures. En effet, les acteurs qui portent des micro-projets se situent pour la grande majorité
dans le « trou de la raquette » des financements européens : seuls quelques programmes
européens comme Erasmus+ prévoient le versement d’un acompte au démarrage du projet (80%
de la somme totale), le reste n’étant versé qu’à la clôture du projet. Ces mécanismes jouent le rôle
de barrière à l’entrée pour des petites structures qui n’ont de toute manière pas la trésorerie
suffisante pour mobiliser ce type de fonds. Et pourtant, de nombreuses opportunités à l’échelle
européenne seraient particulièrement porteuses pour les projets présents en région. On pense
notamment au programme « Europe pour les Citoyens » qui s’adresse particulièrement aux
associations locales et aux collectivités territoriales (mesures « Jumelages de villes » et « Réseaux
de villes »).
L’information est… Associations et
institutions
Collectivités
territoriales
Total
« Suffisante » 44% 11% 39%
« Insuffisante » 21% 33% 23%
« Facilement accessible » 10% 0% 9%
« Difficilement accessible » 17% 11% 16%
« Claire et précise » 4% 11% 5%
« Vague et trop générale » 13% 33% 16%
TABLEAU 5 : ÉVALUATION DE L’INFORMATION SUR LA COOPERATION EUROPEENNE EN REGION PAR LES STRUCTURES
INTERROGEES (57 REPONDANTS)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 55 sur 112
En définitive, l’enquête révèle un sentiment partagé d’éloignement de l’Europe
« institutionnelle » par les acteurs du territoire, qui se considèrent comme trop « petits » et ont
le sentiment qu’on ne les aide pas à dépasser leurs projets habituels. Les dynamiques de
coopération entre acteurs ne seraient pas suffisamment valorisées au détriment d’autres critères
moins méthodologiques et l’engagement dans des démarches européennes serait trop coûteux
(ressources humaines, temps, fonds de roulement etc.).
8. Le besoin d’un accompagnement global, articulé autour de la notion de proximité, d’individualisation et de contacts humains
Le graphique ci-dessous présente les principaux besoins exprimés par les 52 structures
interrogées sur cette question (dont 44 acteurs associatifs et institutionnels et 8 collectivités
territoriales). Les répondants avaient la possibilité de sélectionner plusieurs réponses.
PAROLES D’ACTEURS
Une Europe administrative qui ralentit la dynamique de projets locaux
“Les associations locales souhaitent développer des projets européens mais ne disposent pas de
fonds de roulement suffisant pour le faire. Les dossiers européens sont extrêmement techniques
et ne sont pas réellement conçus pour répondre aux besoins locaux : l’approche trop
administrative et trop comptable a tendance à tuer la dynamique de projets. Pour permettre aux
petites structures de s’investir sur la dimension européenne, on pourrait imaginer qu’une
collectivité s’associe au projet pour par exemple permettre une avance sur les subventions afin
de soulager les difficultés de trésorerie.”
Témoignage de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens (71) - Extrait d’entretien réalisé le 25 juin 2019
GRAPHIQUE 11 : PRINCIPAUX BESOINS D’ACCOMPAGNEMENT DES ACTEURS LOCAUX SUR LA COOPERATION
EUROPEENNE (SUR 52 REPONDANTS)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 56 sur 112
L’appui sur la réponse aux appels à projets de l’Union Européenne représente
l’accompagnement le plus souvent demandé par les acteurs locaux (24 structures). La nécessité
d’être familiarisé au vocable spécifique des projets européens et d’être appuyé sur la rédaction
des dossiers et sur l’ingénierie de projet se fait réellement sentir localement.
Si ce besoin d’appui technique est très fortement exprimé, il y a toutefois une question de
temporalité à prendre en compte : ce n’est pas une formation ponctuelle qu’il faut
nécessairement (les acteurs savent lorsqu’ils en ont besoin, s’inscrire à celles qui existent), mais
bien un ou des référents réguliers qui accompagnent un projet sur le long cours, en respectant
le rythme et les possibilités d’engagement des acteurs, en veillant à ce qu’il soit toujours en
capacité de porter l’initiative et d’assumer les responsabilités afférentes. On voit ici se dessiner
le besoin d’accompagner des parcours individualisés et d’avancer progressivement dans la
démarche de partenariat européen.
Dans la continuité de ce premier besoin, on retrouve la fonction de veille et d’information sur
les programmes et financements de l’Union Européenne (20 structures). En effet, de nombreuses
structures évoquent la nécessité d’un meilleur ruissellement des informations sur les
opportunités et les actualités de l’Union Européenne en particulier dans des zones rurales ou
relativement éloignées des principales structures ressources. Faciliter une information et un
suivi de proximité constitue donc une attente réelle des porteurs de projets.
La mise en réseau avec d’autres acteurs du territoire (17 structures) revient comme un
besoin régulièrement cité par les structures enquêtées. Ce besoin ne se traduit pas par de la
simple mise en contact mais par une réelle demande d’animation du territoire sur cette
thématique, la possibilité de se voir régulièrement, créer du lien au quotidien et imaginer des
projets ensemble.
La mise en réseau avec de potentiels partenaires européens (16 structures) représente le
quatrième besoin le plus fréquemment exprimé. Ce besoin soulève la question de l’inscription
dans le temps des partenariats : il s’agit de faire en sorte que des structures peu expérimentées
n’aient pas à recommencer chaque année un travail d’identification de nouveaux partenaires
mais plutôt construisent des partenariats solides et établissent une relation de confiance pouvant
s’inscrire dans la durée. Pour cela, le maillage déjà établi par d’autres acteurs locaux
expérimentés en Europe ou à l’international peut constituer un premier socle de partenariats à
mobiliser plus facilement.
L’appui sur l’animation et le suivi du partenariat et la formation linguistique sont
respectivement demandées par 15 structures tandis que la mise en réseau avec des structures
de financement est sollicitée par 14 structures.
L’appui sur la communication représente le besoin le moins sollicité par les structures
interrogées (11 structures). On peut également noter que seules 3 structures interrogées
déclarent ne pas avoir de besoins majeurs quant à la conduite de leurs partenariats européens.
Si le besoin de financements est plus important, ce qui fait logiquement écho aux principaux
problèmes rencontrés par les acteurs que nous avons déjà évoqués plus haut, il ne se détache pas
réellement des autres besoins qui sont tous cités de manière sensiblement égale par les acteurs.
Aussi, on peut penser qu’il n’est pas pertinent d’agir sur un axe spécifique, isolément de tous les
autres, mais plutôt de rechercher à agir sur l’ensemble de ces besoins dans le cadre d’une
approche globale. Dans cette perspective, la proximité, les échanges humains et
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 57 sur 112
l’individualisation des outils d’accompagnement semblent davantage constituer le fil de rouge
des actions à mener.
9. Un déficit d’espaces d’échanges et coordinations thématiques, géographiques et territoriaux
Tout au long de cette étude, un point régulièrement soulevé
par les acteurs du territoire est le manque d’espaces et de
temps de rencontres réguliers afin de faire le point
localement sur l’ensemble des initiatives menées en matière
de coopération européenne. En filigrane, ce besoin pose la
question de l’animation du territoire et de coordination de ces
interfaces au niveau local comme au niveau régional.
On note que parmi les 57 structures ayant répondu à la
question « Seriez-vous intéressé(e) pour participer à un temps
d’information et d’échange sur la coopération européenne ? »
43 structures déclarent leur intérêt, soit 75% des acteurs
interrogés sur cette question.
On comprend dès lors que l’organisation de rencontres
territoriales d’information et d’échanges sur la thématique
européenne répond à une réelle attente des acteurs locaux.
Afin de faciliter le développement des initiatives de coopération européenne en Bourgogne-
Franche-Comté, les acteurs identifient que des rapprochements par zones géographiques
d’intervention seraient pertinents et porteurs de synergies. Dans ce cadre, les jumelages et les
partenariats de coopération décentralisée portés par les collectivités territoriales pourraient
jouer le rôle de catalyseurs ou d’incubateurs de projets à l’échelle régionale ou locale, tout
en garantissant une certaine cohérence et l’efficacité des initiatives.
Par exemple, la Région Bourgogne-Franche-Comté propose un appel à projets « Coopération
internationale » qui vise à soutenir la mise en œuvre de coopérations avec ses territoires
partenaires en Europe (Rhénanie-Palatinat, Opole, Bohême Centrale) et à l’international (Afrique
du Sud, Chili, Chine). La Région ouvre ainsi une fenêtre d’opportunité pour des porteurs de
projets souhaitant s’investir à l’international et facilite de ce fait leur convergence avec des
partenariats locaux déjà existants en direction de territoires spécifiques.
Pour aller plus loin, des échanges spécifiques peuvent être organisés entre les acteurs concernés
par les mêmes pays de partenariats, comme cela a déjà été proposé ponctuellement par la Région
Bourgogne-Franche-Comté ou encore la Ville de Besançon dans un passé récent dans le cadre de
son partenariat avec Bistrita (Roumanie).
De manière générale, à la lumière des entretiens et des données chiffrées présentées dans la
première partie de ce travail, nous pouvons identifier les espaces de concertation par pays de
partenariats suivants :
- Allemagne : l’Allemagne est un partenaire historique de la Bourgogne-Franche-Comté. Au
niveau régional, le jumelage de la Bourgogne-Franche-Comté avec le Land de Rhénanie-
Palatinat est le moteur d’une forte dynamique d’initiatives locales. L’existence de la Maison
GRAPHIQUE 12. INTERET DES ACTEURS POUR
L’ORGANISATION DE TEMPS D'ECHANGES SUR
LES PARTENARIATS EUROPEENS
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 58 sur 112
de Rhénanie-Palatinat à Dijon et de la Maison de Bourgogne-Franche-Comté à Mayence tend
à renforcer les échanges (notamment la mobilité des jeunes) entre les deux territoires outre-
rhin. Au niveau départemental, le Territoire de Belfort est jumelé avec le Landkreis du Harz.
Au niveau local, 209 communes bourguignonnes-franc-comtoises sont jumelées avec des
villes allemandes majoritairement situées en Rhénanie-Palatinat mais aussi au Bade-
Wurtemberg (selon l’AFCCRE). Parmi ces jumelages de communes, on retiendra notamment
que l’ensemble des chefs-lieux de départements sont reliés à l’Allemagne : Dijon et Mayence
; Besançon et Fribourg ; Lons-le-Saunier et Offenburg ; Nevers et Coblence ; Vesoul et
Gerlingen ; Mâcon et Neustadt an der Weinstrasse ; Auxerre et Worms ; Belfort et Leonberg.
Par ailleurs de très nombreuses associations locales sont investies en Allemagne. A l’échelle
de l’étude, 59 des 87 structures interrogées sont actuellement impliquées sur cette zone
géographique. Le très dense maillage existant autour des relations franco-allemandes
soulève donc l’enjeu d’une animation territoriale concertée et multi-acteurs.
- Belgique : selon l’AFCCRE, il existe 35 jumelages de communes avec la Belgique dont 22 ont
été engagés par des communes de Côte d’Or. Parmi les structures interrogées, 8 travaillent
déjà avec ce pays partenaire dont 5 comités de jumelages (Association des comités de
jumelages de Montbard, Club d'Amitiés Européennes de Semur en Auxois, Comité de
jumelage de la Charité sur Loire, Comité de jumelage de Mâcon, Association Cosnoise
d’échanges internationaux) ; 2 associations régionales (Fédération Régionale des Maisons
Familiales Rurales ; Oïkocrédit Franche-Comté Bourgogne) et 1 commune (Ville de Mâcon).
- Hongrie : selon l’AFCCRE, il existe 6 jumelages de communes avec la Hongrie. Parmi les
structures interrogées, 8 travaillent déjà avec ce pays partenaire dont 4 communes (Ville de
Charnay-lès-Mâcon ; Ville de Delle ; Ville de Dijon ; Ville de Mâcon) ; 3 comités de jumelage
(Comité de jumelage de Charnay-lès-Mâcon ; Comité de jumelage de Mâcon ; Comité de
jumelage Hérimoncourt-Tiszaföldvar) et 1 association régionale (Association Européenne
des Sports).
- Italie : pays avec lequel 44 communes de Bourgogne-Franche-Comté sont jumelées et qui
mobilise 20 structures interrogées dans le cadre de l’étude (12 comités de jumelages ; 6
communes ; 1 association culturelle et 1 association d’éducation). On peut noter le
dynamisme de l’association culturelle Ombradipeter qui organise chaque année à Dijon
Italiart, un festival italien pluridisciplinaire artistique d’envergure internationale. Un nombre
important d’acteurs associatifs sont impliqués sur cette zone géographique notamment
portés par des membres issus de la diaspora. Par ailleurs, une réflexion a été initiée à l’échelle
du bassin de vie de Puisaye-Forterre (89) notamment au niveau des communes de Saint-
Sauveur en Puisaye, Champignelles et Bléneau (toutes trois jumelées avec des communes
italiennes proches en Ombrie) afin de mettre en œuvre un jumelage de territoire. Cette
démarche amorcée dans l’Yonne peut tout à fait être essaimée ailleurs, notamment en Saône
et Loire où les jumelages avec l’Italie sont particulièrement nombreux.
- Pologne : lien historique avec ce pays notamment avec la Voïvodie d’Opole, région partenaire
de la convention quadripartite. Cette zone géographique mobilise un bon nombre d’acteurs
locaux notamment en Saône-et-Loire et en Haute-Saône dans le cadre de jumelages (8
communes jumelées selon l’AFCCRE) mais aussi via des projets associatifs culturels. Parmi
les structures interrogées, 15 travaillent avec ce pays partenaire dont 6 comités de jumelages
(Comité de jumelage Blanzy-Wymiarki-Ilowa ; Comité de jumelage de Charnay-Lès-Mâcon ;
Comité de jumelage de Montceau-Zory ; Comité de jumelage Saint Vallier ; Comité des Fêtes
et de Jumelage de Ronchamp ; Maison des jumelages, de la francophonie et des échanges
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 59 sur 112
internationaux d'Auxerre) ; 2 associations culturelles (Association Ombradipeter ; Maison de
Rhénanie-Palatinat) ; 2 associations régionales (AJE-BFC ; AES) et 5 collectivités territoriales
(Région Bourgogne-Franche-Comté ; Ville de Besançon ; Ville de Charnay-lès-Mâcon ; Ville de
Dijon et Ville de Nevers).
- République-Tchèque : lien historique avec ce pays notamment avec la Bohême Centrale,
région partenaire de la convention quadripartite. Les acteurs en lien avec la République
Tchèque sont les plus représentés dans le Jura, en Saône-et-Loire et dans l’Yonne (au total 9
communes jumelées selon l’AFCCRE) et particulièrement à Dijon (présence du Lycée Carnot
qui propose une section tchèque et organise des échanges scolaires depuis les années 1920).
Parmi les structures interrogées, 7 travaillent avec ce pays partenaire dont 3 collectivités
territoriales (Région Bourgogne-Franche-Comté ; Ville de Dijon ; Ville de Dole) ; 2
associations régionales (AJE-BFC ; AES) ; le Comité de jumelage de Dole et la Maison de
Rhénanie-Palatinat.
- Roumanie : pays avec lequel il existe 8 jumelages de communes (selon l’AFCCRE) et sur
lequel 9 structures interrogées sont engagées. Parmi elles, on retrouve 4 communes (Ville de
Besançon, Ville de Charnay-lès-Mâcon, Ville de Nevers et la Ville de Dijon qui anime déjà des
actions de mobilité de jeunes avec la Ville de Cluj) ; 2 comités de jumelage (Comités de
jumelage d’Arbois et de Charnay-lès-Mâcon) ; 2 associations d’amitié franco-roumaine
(Association Piatra Craiului et Association Franche-Sylvanie, qui accueille des volontaires en
Service civique roumains et initie entre autres un projet de développement des circuits courts
alimentaires) et une association d’éducation populaire (Fédération Léo Lagrange). La saison
culturelle France-Roumanie 2019 a constitué également un levier intéressant qui a été
exploité notamment par la Ville de Besançon et Franche-Sylvanie pour proposer des actions
concertées et mutualisées avec leurs partenaires de Bistrita avec le soutien de l’Institut
Français. Par ailleurs, BFC International anime un groupe pays sur la Roumanie qu’il peut être
intéressant de renforcer avec les structures participantes à cette étude.
- Royaume-Uni : pays avec lequel il existe 31 jumelages de communes à l’échelle de la région.
D’ores et déjà 17 structures interrogées dans le cadre de l’étude travaillent sur cette zone
géographique (7 comités de jumelages ; 8 communes ; 2 associations d’éducation populaire).
Les derniers éléments d’actualité sur les conditions de sortie du Royaume-Uni de l’Union
Européenne interrogent de nombreux acteurs quant à l’avenir de leurs partenariats. Il
pourrait donc être utile de réfléchir collectivement à des pistes de maintien des échanges
quelle que soit l’issue du Brexit.
Pour aller plus loin, au regard des différents entretiens menés sur le terrain, nous pouvons aussi
mettre en exergue le potentiel d’une concertation par thématiques de travail. Ainsi, en
Bourgogne-Franche-Comté, plusieurs domaines sont particulièrement porteurs de
mutualisations et de synergies. Le tableau ci-dessous présente les principales dynamiques
identifiées dans le cadre de cette étude et les différents acteurs concernés.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 60 sur 112
THÉMATIQUES ET ACTEURS MOTEURS DES PARTENARIATS EUROPÉENS EN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
THÉMATIQUES
ACTEURS CLÉS
OPPORTUNITÉS DE DÉVELOPPEMENT
FORMATION PROFESSIONNELLE
- Académies de
Dijon et de
Besançon
- Fédération
des Maisons
Familiales
Rurales
- Maison de
Rhénanie-
Palatinat
- EPIDE de
Belfort
- Région
Bourgogne-
Franche-
Comté
- Le Bureau des stages de la Maison de
Rhénanie-Palatinat (Dijon) met en contact
des acteurs de Bourgogne-Franche-Comté
(jeunes, apprentis, étudiants, volontaires,
entreprises, associations locales,
établissements de formation) avec leurs
homologues en Allemagne.
- L’appel à projets régional « Coopération
internationale » intègre à ses priorités la
formation professionnelle.
- Un dispositif équivalent à Abibac (double
diplôme du bac franco-allemand) est en cours
de préparation pour être adapté à
l’enseignement professionnel par l’Académie
de Besançon et la Maison de Rhénanie-
Palatinat.
- Les entreprises allemandes manquent de
main d’œuvre et recherchent des jeunes
apprentis qualifiés dans de nombreux
domaines.
- Le dispositif européen « Erasmus + »
présente des entrées destinées à faciliter la
mobilité européenne des jeunes et des
adultes en formation professionnelle.
- Le dispositif « Corps Européen de Solidarité »
propose également des volets
professionnalisants stages et emplois dans le
domaine de la solidarité.
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
- Energy Cities
- Ville de
Besançon
- Région
Bourgogne-
Franche-
Comté
- La Région BFC expérimente une démarche de
« gestion de la transition énergétique » avec
l’identification d’acteurs - pionniers
ordinaires de la transition énergétiques
(POTEs) sur le territoire régional – et de
Territoires à Énergie Positive (TEPOS). Des
échanges avec la Rhénanie-Palatinat ont eu
lieu sur ces dispositifs.
- Energy Cities est un réseau ressource
spécialisé sur cette dimension et fédère
aujourd’hui 1000 collectivités territoriales
membres dans 30 pays d’Europe.
- Le programme européen Life encourage les
initiatives dans ce domaine.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 61 sur 112
- L’une des priorités du programme
opérationnel de Franche-Comté pour la
gestion du FEDER concerne la limitation de la
consommation énergétique pour une
croissance durable (Axe 3.)
ALIMENTATION DURABLE
- Ville de Dijon
- Association
Franche-
Sylvanie
- Département
de Saône et
Loire
- La Cité de la Gastronomie et le projet « Pour
un système d’Alimentation durable 2030 »
menés par la Métropole de Dijon vont avoir
des répercussions sur l’ensemble de la
Région.
- Les GAL LEADER sont des structures tout à
fait propices au développement de projets de
coopération sur cette thématique.
- Il y a une forte présence d’exploitations
agricoles sur le territoire notamment en
agriculture biologique.
CULTURE - Les 2 Scènes
- ViaDanse
- Ombradipeter
- Le dispositif Europe Créative soutient le
développement de projets culturels
européens.
- Le domaine culturel est fortement développé
en BFC avec notamment grâce à la présence
du PTCE « La Coursive Boutaric » à Dijon.
- L’appel à projets régional « Coopération
internationale » intègre à ses priorités les
actions culturelles.
SPORT - Association
Européenne
des Sports
(AES)
- Comité de
jumelage de
Monéteau
- Ville de Mâcon
- L’AES est un réseau régional qui met en lien
les structures locales (associations sportives,
comités de jumelage, établissements
scolaires, collectivités) avec des partenaires
européens (bourse annuelle des partenariats,
manifestations sportives européennes etc.).
- L’appel à projets régional « Coopération
internationale » intègre à ses priorités les
actions sportives.
- Le programme « Erasmus+ » comprend un
volet « Sport » pouvant soutenir des actions
et manifestations sportives à dimension
européenne
PATRIMOINE - Saline Royale
d’Arc-et-
Senans
- Bibracte EPCC
- Fédération
Européenne
des Sites
Clunisiens
- Les nombreux sites historiques et culturels
de la Région sont souvent le point de départ
du développement touristique des territoires.
- La préservation et la valorisation du
patrimoine sont particulièrement
fédératrices des acteurs du territoire aussi
bien privés que publics.
- Il existe de nombreuses similitudes
culturelles dans d’autres pays
européens propices à la coopération : sites
datant de la même époque (préhistoire, gallo-
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 62 sur 112
romain, clunisien) ou liés à une production
particulière (sel, fer etc.).
MOBILITÉ DES JEUNES
- Eurojeunes
- Fédération
Léo Lagrange
- Maison de
Rhénanie-
Palatinat
- CRIJ
Bourgogne-
Franche-
Comté
- Ville de
Nevers
- Région
Bourgogne-
Franche-
Comté
- Il existe de nombreux dispositifs de mobilité :
Corps européen de solidarité, Erasmus+,
Volontariat européen, Volontariat franco-
allemand (écologique ou culturel) Service
civique à l’international et en réciprocité,
chantiers jeunes JSI-VVV/SI, appel à
initiatives ISI etc.
- Au niveau régional, de nombreuses
structures ressources travaillent sur cette
thématique et il existe des outils comme la
plateforme « Agitateurs de mobilité » à
destination des jeunes.
On relève notamment que les acteurs clés sont de statuts divers et que dans une perspective de
coordination et de mutualisation à l’échelle régionale ou locale, la dimension multi-acteurs se
révèle prépondérante.
Enfin, la coordination des acteurs à l’échelle des communes ou des bassins de vie est très
largement souhaitée par les acteurs interrogés. Dans cette perspective, les collectivités
territoriales et les comités de jumelages devront nécessairement être au cœur des réponses
apportées aux acteurs, tout en veillant à ce que leurs rôles respectifs soient bien précisés, et que
tous les acteurs des territoires soient associés à la définition des orientations.
De manière générale, les acteurs rappellent que de nombreuses structures ressources existent
en Bourgogne-Franche-Comté (voir partie II) afin de contribuer cette dynamique d’échanges. La
« coordination et la complémentarité » de ces structures est elle-même souhaitée par plusieurs
acteurs, qui regrettent parfois de ne pas bien identifier les rôles et missions précises de chacune
d’elles.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 63 sur 112
PAROLES D’ACTEURS
La nécessité de créer des espaces de partage et d’échanges de proximité
« Il faut créer des espaces et des temps d’échanges pour fédérer les acteurs de la coopération
européenne sur les territoires. On pourrait commencer par une logique de bassins avec des
rassemblements locaux et prévoir ensuite un temps régional afin de valoriser aussi les
initiatives locales et de susciter l’envie chez d’autres de monter des projets dans ce domaine. »
« Il est important que les acteurs de la coopération européenne puissent échanger ensemble
régulièrement sous la forme par exemple d’un groupe de travail local, et que soient imaginés
également des temps d’échanges régionaux. Cela permettrait aux collectivités territoriales (à
la fois villes moyennes et communes rurales) d’échanger des bonnes pratiques, de chercher des
solutions communes. »
« L’information manque au niveau local par rapport à de vrais questionnements territoriaux, il
y a un réel besoin de mise en cohérence des initiatives. Par exemple, ces espaces collectifs
pourraient être l’occasion d’aborder la problématique de l’évaluation des actions
internationales des collectivités et des associations locales. »
« Un groupe de travail regroupant des acteurs culturels des environs de Besançon a été monté
à l’initiative de la Saline d’Arc-et-Senans sur la thématique de la coopération européenne. Ce
type d’initiative peut tout à fait être essaimée à d’autres territoires et d’autres thématiques. »
Témoignages de participants - Extraits de comptes-rendus des temps d’information et d’échanges du 5 juin 2019 (Dijon), du 24
juin 2019 (Autun) et du 26 juin 2019 (Belfort)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 64 sur 112
PARTIE IV. Recommandations
Cette étude régionale des partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté nous conduit à
effectuer différentes propositions qui ont pour objectif principal de renforcer la qualité des
projets de coopération européenne en région et d’approfondir le sens donné à ces
échanges par les acteurs locaux et régionaux.
On comprend ici l’importance d’adopter une approche transversale et de réfléchir à une
stratégie de territoire concertée en matière de coopération européenne afin de faire
émerger des synergies entre l’ensemble des acteurs du territoire et permettre le développement
de projets concertés ou mutualisés. A l’aune de ces enjeux, 5 sous-objectifs ont pu être identifiés :
1. Renforcer les capacités des acteurs et les accompagner dans la mise en place de partenariats européens durables et de projets de qualité
L’étude révèle que le besoin des acteurs locaux concerne l’accès à un accompagnement
méthodologique et à un réseau de structures ressources en capacité d’apporter une ingénierie
spécifique en matière de montage de partenariats européens. L’hypothèse avancée ici est que le
renforcement des capacités opéré dans le domaine de la coopération européenne devrait
permettre aux acteurs du territoire de lever les freins auxquels ils sont confrontés aujourd’hui
grâce à l’acquisition de nouvelles compétences techniques. L’enjeu est donc de favoriser
l’autonomisation progressive, voire la professionnalisation des acteurs dans la mise en place de
partenariats européens et de permettre une utilisation optimale des dispositifs de coopération
existants à l’échelle locale, régionale, nationale et européenne.
Exemples d’actions : renforcer fortement les dispositifs de soutien et d’accompagnement de
proximité aux acteurs de la coopération européenne (appui-conseil individualisés, sessions de
formations collectives, ateliers de travail, identification des stratégies et méthodologies
d’intervention, relecture de dossiers, mise en relation des acteurs, maillage du territoire) avec une
dynamique concertée des acteurs ressources régionaux ; réaliser des outils pour faciliter
l’appropriation des dispositifs européens au local (fiches techniques, calendrier des appels à projets
ou à propositions, argumentaire à destination des nouveaux élus notamment municipaux sur
l’intérêt et la mobilisation des partenariats européens, etc.).
2. Informer et valoriser les initiatives locales de partenariats européens
Ce sous-objectif répond à un double enjeu : d’une part, il s’agit de faciliter l’accès à une
information claire, précise et opérationnalisable sur la coopération européenne pour l’ensemble
des acteurs de terrain, quel que soit l’échelle territoriale à laquelle ils se situent. Cela passe
notamment par l’identification rapide des principales structures ressources en fonction de leurs
domaines d’expertise et l’appropriation d’outils pratiques mutualisés. D’autre part, il s’agit de
rendre visibles les initiatives locales en matière de coopération européenne à la fois auprès
d’autres professionnels locaux mais aussi auprès des populations locales, à commencer par les
jeunes générations. Ce travail de sensibilisation aux outils et aux enjeux de la coopération
européenne à l’échelle régionale est nécessaire pour permettre le développement de nouveaux
projets et une meilleure implication citoyenne dans l’approfondissement de la construction
européenne.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 65 sur 112
Exemples d’actions : réaliser des outils de promotion des initiatives locales de partenariats
européens par le biais notamment de formats numériques (vidéos, infographies, lettres
d’information etc.) ; organiser des temps de valorisation d’expériences européennes en région
(rencontre régionale de la coopération européenne, manifestations citoyennes autour de l’Europe,
restitution d’expériences de mobilité européenne et internationale de jeunes) ; construire un
calendrier régional commun d’évènements portés par des acteurs de la coopération européenne ;
faciliter les démarches d’éducation à la citoyenneté mondiale et européenne en milieu scolaire (ex :
ouverture du dispositif « Tandems solidaires » de BFC International aux acteurs de la coopération
européenne) ; faciliter la mobilité des jeunes en Europe et à l’international (Corps Européen de
Solidarité, Service civique à l’international et en réciprocité, volontariats écologiques et culturels
franco-allemands, chantiers de jeunes, etc.).
3. Animer une dynamique régionale multi-acteurs des partenariats européens pour faciliter l’émergence de synergies et de projets mutualisés
Le principal souhait des acteurs est de mieux connaître les actions de coopération européenne
portées par d’autres structures de Bourgogne-Franche-Comté afin de faciliter le partage
d’expériences, la recherche de solutions communes et l’essaimage de bonnes pratiques. Ils
souhaitent également créer plus de liens avec les autres acteurs de leurs bassins de vie afin de
favoriser des logiques de mutualisation, au regard de leurs territoires partenaires en Europe, de
leurs thématiques de travail ou encore de leurs statuts juridiques.
Exemples d’actions : réfléchir à l’animation de groupes de travail géographiques et/ou
thématiques en fonction des priorités fixées collectivement ; associer systématiquement les acteurs
ressources de la coopération européenne aux espaces de dialogue et concertation déjà existants
dans le domaine de l’international (groupe “Éducation à la citoyenneté mondiale” de BFC
International, plateforme “Agitateurs de la mobilité”, forums de la mobilité, etc.) ; organiser
régulièrement et sur l’ensemble des territoires de la région des temps d’information et d’échanges
avec alternativement une entrée généraliste sur la coopération européenne et des entrées plus
spécifiques (recherche de financements européens, Corps Européen de Solidarité, Erasmus Plus,
Europe pour les citoyens, etc.).
4. Faciliter le changement d’échelle et l’accès des petites structures aux différents instruments financiers
A l’aune des difficultés évoquées plus tôt, il apparaît comme primordial de réfléchir à une
meilleure cohérence entre les instruments financiers existants et les besoins et capacités réelles
des acteurs locaux, notamment via l’aménagement de critères d’éligibilité et de modalités de
financements plus adaptés aux petites structures. Il s’agit également d’accompagner l’émergence
et la coordination de consortiums d’acteurs locaux, capables à plusieurs d’opter pour des
logiques plus « actives » de recherche de financements européens.
Exemples d’actions : faire remonter régulièrement, par le biais d’ateliers et de productions
communes, les préoccupations des acteurs locaux aux acteurs régionaux, nationaux et européens ;
accompagner les collectivités territoriales et les institutions de la région à la mise en place de
politiques publiques en faveur de la coopération européenne (élaboration d’appels à projets ou
d’initiatives simplifiés, mise en place de bourses, solutions de trésorerie relais, généralisation du
principe d’acompte etc.) ; renforcer les dotations de collectivités territoriales à l’intermédiation
régionale afin d’accompagner l’émergence et la coordination de consortiums.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 66 sur 112
5. Évaluer et capitaliser sur les initiatives de coopération européenne menées par les acteurs locaux.
Peu d’outils existent à l’heure actuelle afin de rendre compte de l’ampleur et de l’évolution des
dynamiques de coopération européenne sur le territoire régional. Et pourtant, il apparaît
primordial pour les acteurs de pouvoir capitaliser sur les expériences menées et d’être en mesure
d’évaluer l’impact des différents projets en cours. Aussi, afin d’engager ce travail de longue
haleine, un observatoire régional de la coopération européenne pourrait être mis en place couplé
à l’élaboration collective d’une grille de mesure d’impact des initiatives locales de coopération
européenne.
Exemples d’actions : poursuivre le travail d’identification des acteurs locaux impliqués sur la
coopération européenne et réaliser une cartographie de ceux-ci ; publier des baromètres
thématiques et/ou géographiques selon les besoins identifiés collectivement ; réfléchir avec l’appui
de chercheurs, de représentants de collectivités territoriales, d’institutions et d’associations locales
à l’élaboration d’un outil de suivi et de valorisation de l’impact des dynamiques collectives de
coopération européenne en région.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 67 sur 112
CONCLUSION
La coopération européenne se révèle en Bourgogne-Franche-Comté un formidable outil
d’expérimentation collective. En effet, ce champ mobilise à ce jour une multitude d’acteurs
(collectivités territoriales, acteurs éducatifs, acteurs associatifs, acteurs institutionnels etc.) qui
initient des projets diversifiés et innovants. Le dynamisme régional en matière de coopération
européenne s’explique notamment par une situation géographique privilégiée au cœur de
l’Europe mais est également à mettre en perspective avec des facteurs d’ordres historique,
culturel, socio-économique et politique. Cette atmosphère particulièrement propice aux
échanges laisse présager d’un fort potentiel de développement en région notamment au regard
de certaines thématiques stratégiques (développement durable, mobilité des jeunes, formation
professionnelle, protection du patrimoine, etc.) et en lien avec des pays partenaires européens
privilégiés (Allemagne, Roumanie, Pologne, Hongrie, République Tchèque, Italie, Suisse, etc.).
S’il existe bel et bien une forte hétérogénéité des pratiques en matière de partenariats européens,
tous les acteurs interrogés partagent une volonté affirmée de faire vivre l’Europe en région de
façon concrète, par le biais d’échanges humains, de rencontres, sans artifices technocratiques,
ni dogmatisme.
Un potentiel d’actions à l’échelle européenne encore sous-exploité localement
Comptant au total 87 structures, l’échantillon de cette étude a la particularité d’être composé
d’acteurs pour la grande majorité expérimentée en matière de partenariats européens.
Toutefois, malgré leur engagement régulier ou ancien dans des dynamiques de coopération
européenne, les acteurs locaux sont encore confrontés à un certain nombre de freins limitant
l’impact, la qualité ou la pérennité de leurs projets.
Les acteurs locaux identifient comme principal frein à la conduite de leurs partenariats
européens leurs capacités humaines et financières. Pour les collectivités territoriales, les
restrictions budgétaires, le manque de temps dédié à la coopération et les échéances électorales
peuvent ainsi limiter l’approfondissement de partenariats européens. Du côté du monde
associatif et plus spécifiquement des comités de jumelages, ces contraintes organisationnelles se
traduisent différemment : fonctionnant quasi-exclusivement grâce à l’engagement de bénévoles,
ces derniers expriment des difficultés à renouveler leurs effectifs historiques et à créer de la
diversité chez les groupes d’acteurs mobilisés, notamment pour impliquer dans la gouvernance
et dans les actions menées les jeunes générations. Ce constat est d’autant plus vrai qu’il devient
difficile de mobiliser en interne des personnes en capacité d’aller chercher des financements afin
de développer de nouveaux projets ou à minima de pérenniser les projets existants.
Outre ces contraintes organisationnelles « traditionnelles », qui ne sont a priori pas spécifiques
au secteur de la coopération européenne, les acteurs locaux sont confrontés à une inégale
maîtrise des enjeux liés à l’interculturalité dans leurs partenariats. La barrière linguistique
est régulièrement évoquée comme un frein aux échanges à l’instar de l’hétérogénéité des
systèmes administratifs en Europe qui ont tendance à ralentir certains projets et supposent des
structures de la région une forte adaptabilité.
De même, les structures interrogées mentionnent la difficulté de faire connaître leurs projets
de coopération européenne à la fois aux autres acteurs du territoire mais aussi et surtout aux
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 68 sur 112
habitants de Bourgogne-Franche-Comté. En effet, leur déficit de visibilité au niveau local tient
notamment aux faibles moyens de communication dont elles bénéficient et à un manque de
coordination pour harmoniser leurs calendriers d’évènements sur les territoires.
Enfin, l’enquête révèle un sentiment partagé d’éloignement de l’Europe « institutionnelle ».
Si l’information sur les dispositifs proposés par l’Union Européenne est bien présente et
accessible en région, notamment grâce à la présence d’acteurs ressources dynamiques, les
acteurs n’arrivent pas forcément à la décrypter ni même à l’opérationnaliser au quotidien. De
plus, les mécanismes financiers et programmes européens sont perçus comme complexes,
fastidieux, coûteux (suivi administratif, investissement en temps et moyens, etc.) et donc peu
adaptés aux capacités et besoins de petites structures locales. Les acteurs expriment également
ne pas se sentir suffisamment outillés en termes d’ingénierie de projets et de compétences
spécifiques pour se lancer dans le dépôt de projets européens. De manière générale, ce manque
global de compréhension et d’appropriation des dispositifs européens a pour conséquence une
sous-utilisation des guichets accessibles aux acteurs de la région.
De fortes attentes exprimées par les acteurs locaux
En termes d’accompagnement, les attentes exprimées par les acteurs concernent plus
spécifiquement un suivi individualisé et de proximité – impliquant notamment une relation
régulière avec un référent local et des rendez-vous personnalisés – adapté au rythme et aux
possibilités d’engagement de chacun. Il s’agit de faciliter la montée en compétences et en
responsabilités des structures locales dans une logique de subsidiarité, de maillage territorial et
d’autonomisation, étapes par étapes. Ce suivi de proximité va de pair avec un meilleur
ruissellement des informations européennes au niveau local.
Par ailleurs, le besoin d’échanger avec d’autres acteurs du territoire, rencontrant les mêmes
problématiques est, de façon quasi-unanime, évoqué comme une réponse possible aux freins
rencontrés par les structures. Cela suppose la création et la pérennisation d’espaces et de temps
de rencontres réguliers afin de faciliter les synergies, mutualisations et partages de bonnes
pratiques entre structures.
Les acteurs insistent également sur la nécessité d’inscrire leurs partenariats européens dans
le temps et ce compte tenu des moyens engagés et des difficultés énoncées. Dans cette logique,
la mise en réseau et la complémentarité des initiatives locales en matière de coopération
européenne paraissent essentiel pour permettre à la fois aux structures expérimentées mais
aussi à des structures novices d’inscrire leurs partenariats au sein de dynamiques de coopération
entre territoires déjà établies.
A ce titre, les acteurs enquêtés identifient les bassins de vie comme une échelle de
d’expérimentation et d’action particulièrement pertinente pour développer le maillage des
initiatives et ainsi faire vivre concrètement les partenariats européens sur les territoires.
Des pistes d’actions concertées en réponses à ces attentes
L’enjeu principal autour duquel se retrouvent les acteurs enquêtés est de réfléchir à une
stratégie de territoire concertée en matière de coopération européenne et ainsi mieux
exploiter le potentiel des structures déjà engagées dans ce domaine. Ce travail de
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 69 sur 112
concertation est nécessaire pour clarifier les rôles et responsabilités de chaque famille
d’acteurs sur les territoires, fédérer autour d’objectifs et de moyens communs et garantir la mise
en œuvre d’une action durable au service de l’intérêt général.
En l’occurrence, ce processus de mobilisation de l’existant autour de la coopération européenne
nécessite de nombreuses étapes allant de l’identification d’un enjeu partagé, à sa transformation
en problème public en passant par la constitution des acteurs du territoire en une communauté
d’intérêts et de destins. Dans cette mise en mouvement, certains acteurs collectifs peuvent jouer
le rôle de véritables pivots et ainsi amorcer la transformation du territoire et de ses
pratiques.
Les collectivités territoriales, se portant à la fois financeurs, facilitateurs et animateurs de la
dynamique territoriale, ont un travail d’ensemblier à affirmer. Elles ont un intérêt à relier les
thématiques entre elles sous le prisme de l’international (coopérations décentralisées, export,
éducation, environnement, etc.) pour permettre à une diversité grandissante d’acteurs de
profiter d’un lien privilégié avec un autre territoire, et plus largement à la coopération
européenne de « nourrir » l’ensemble des politiques publiques locales. Les élus des collectivités,
émanations directes de la volonté citoyenne, sont les plus-à-même d’impulser et mettre en place
cette concertation des acteurs à l’échelle locale où l’émergence d’une vision globale est possible.
Cette responsabilité est partagée avec les comités de jumelages et plus largement les
associations, qui, outre leurs capacités d’identification et de réponses aux besoins des
populations locales, disséminent leur culture du collectif et de la coopération à l’ensemble des
acteurs locaux et favorisent l’ouverture au monde de leur territoire d’implantation.
Les établissements d’éducation et de formation, à travers le montage de projets de
coopération éducative avec leurs homologues européens, favorisent la mobilité
d’élèves/étudiants et de personnel enseignant ; la promotion d’une éducation à la citoyenneté
mondiale sur leur territoire ; le partage de pratiques professionnelles ; la création de consortiums
de recherche dans l’optique de proposer une meilleure qualité de service public et d’accroître la
participation citoyenne à sa conception.
Enfin et non des moindres, les structures d’intermédiation permettent la rencontre et la mise
en réseau des acteurs de la coopération européenne sur le territoire. En créant de nouvelles
interfaces de concertation, elles participent ainsi au décloisonnement des acteurs et des
pratiques (acculturation), renforcent leurs capacités d’action (empowerment) et contribuent
ainsi à la formation d’un capital social territorial.
Plus spécifiquement, les déclinaisons opérationnelles de cette stratégie s’articulent autour
de plusieurs priorités :
- Un accompagnement de proximité des acteurs, systématisé et structuré dans la durée, de
l’idée du projet à son évaluation ;
Une information et une promotion des initiatives locales de coopération européenne
renforcée, harmonisée et mutualisée à l’échelle régionale ;
- Une mise en réseau des acteurs locaux afin de permettre l’émergence de dynamiques
concertées locales et régionales ;
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 70 sur 112
- Une réflexion engagée sur l’adaptation des dispositifs financiers locaux, régionaux,
nationaux et européens aux réalités des petits porteurs de projets ;
- Une analyse plus fine des dynamiques de partenariats européens poursuivie en
Bourgogne-Franche-Comté notamment avec l’objectif de capitaliser et d’évaluer avec
précision l’impact de la coopération européenne sur les territoires.
En définitive, le travail d’étude initié en Bourgogne-Franche-Comté a permis aux acteurs de
partenariats européens de « faire territoire » à travers la construction progressive d’un
patrimoine commun - socle de valeurs partagées et communauté de pratiques - autour de la
question européenne19. En outre, l’intérêt de cette démarche est qu’elle favorise l’émergence de
synergies et mutualisations entre structures mais aussi et surtout elle permet de réfléchir à
une meilleure articulation des politiques publiques avec les besoins exprimés par les
acteurs locaux dans une logique d’intérêt général.
Cette démarche a aussi l’avantage d’être duplicable : son essaimage à d’autres
territoires régionaux, par le biais d’autres réseaux régionaux multi-acteurs (RRMA) notamment,
peut-être un moyen de faire vivre concrètement et à l’échelon le plus proche des citoyens le projet
européen tout en contribuant au développement durable des territoires concernés.
19 Plus d’informations sur la dimension territoriale de la coopération européenne en Annexe 2 (p.79)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 71 sur 112
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Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 75 sur 112
ANNEXES Annexe 1 : Typologies de partenariats européens
Les partenariats entre acteurs privés
Les partenariats privés correspondent à l’alliance de plusieurs acteurs du secteur privé (à but
lucratif ou non) issus de différents pays qui coopèrent en vue de réaliser un projet commun. Selon
les acteurs impliqués (entreprises, associations etc.), le partenariat peut être de nature
économique, scientifique, culturelle, sportive, éducative etc. et peut s’inscrire sur le temps d’un
projet (action ponctuelle) ou sur le plus long terme. Dans la majorité des cas, la relation entre les
partenaires est formalisée par un contrat ou un protocole de collaboration qui reconnaît
clairement les responsabilités, rôles et contributions de chaque partie. Toutefois, les acteurs
peuvent aussi échanger dans un cadre moins formalisé. Ce type de partenariat caractérisé par
une mutualisation de moyens financiers, techniques, humains permet aux partenaires d’acquérir
une certaine souplesse de fonctionnement et dans un contexte incertain, un peu de stabilité et de
prédictibilité (Tremblay, 2003, p. 204). Le financement de ce type de projets peut être
entièrement d’ordre privé mais également inclure une variété de ressources publiques (soutien
à l’innovation et à la coopération, appels à projets des collectivités territoriales).
Exemple : Plusieurs associations sportives issues de différents pays organisent ensemble une
rencontre sportive européenne de jeunes.
Les partenariats de service public
Les partenariats de service public visent au rapprochement d’organismes de service public
(administrations, institutions, établissements d’éducation et de formation) de différents pays
dans le but notamment d’échanger des bonnes pratiques, des méthodes de management afin de
proposer une meilleure qualité de service public et une meilleure participation des citoyens à sa
conception. Ces partenariats sont particulièrement efficaces dans des domaines supposant de
lourds investissements de départ comme par exemple la recherche fondamentale, l’éducation ou
les transports mais ils ne sont pas les plus simples à mettre en place compte tenu de la grande
variété des systèmes administratifs en Europe. Par ailleurs, le financement de ce type de projet
est dans la majorité des cas entièrement public et nécessite donc un réel portage politique de la
part des structures engagées qui peut être remis en question par certains enjeux électoraux ou
encore une révision des budgets.
Exemple : La coopération éducative initiée par des établissements de l’Éducation Nationale et de
l’Enseignement Agricole est particulièrement représentative des dynamiques de partenariats
européens entre acteurs publics. On pense notamment aux échanges entre établissements
scolaires/universitaires pour la mobilité d’élèves/étudiants, de personnel enseignant ; le partage
de pratiques professionnelles ; la création de consortiums de recherche etc. Ces partenariats
peuvent s’inscrire dans le cadre de programme européens dédiés, à l’image du programme
Erasmus+.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 76 sur 112
Les partenariats public-privé (PPP) ou partenariats multi-acteurs
Les partenariats multi-acteurs correspondent à « l’alliance entre entités publiques et privées qui
s’associent en vue de remplir un objectif collectif » (Schümperli, Younossian et Domen, 2005). Ces
structures mettent en commun leurs ressources financières, humaines, techniques et logistiques
afin de développer, ensemble, un projet d’intérêt général. Dans ce type de partenariat,
l’hybridation des ressources et des modes de fonctionnement contribue à l’amélioration
significative de la gestion du projet et participe à l’atténuation des risques supportés par chacun
des partenaires. De plus, le croisement de financements aussi bien privés que publics garantit
une certaine indépendance et pérennité au projet. Enfin, les partenariats multi-acteurs
permettent de créer un cadre propice à l’émergence d’innovations (technologiques, managériales
et sociales) et à leur essaimage (capacité de changement d’échelle).
Exemple : Deux associations culturelles, plusieurs établissements scolaires et collectivités
territoriales de deux pays européens décident de se réunir pour proposer des activités
d’éducation artistique aux populations de deux territoires frontaliers (voir p. 41).
Enfin, les partenariats européens peuvent s’inscrire dans des cadres plus larges de coopération
entre ensembles territoriaux.
Les partenariats de coopération décentralisée
La coopération décentralisée correspond à la possibilité, pour une collectivité territoriale, « de
lier des partenariats avec des collectivités étrangères et de pouvoir y financer des projets dès lors
qu’il y a signature d’une convention et respect des engagements internationaux de la France ».20
Les partenariats de coopération décentralisée se déclinent sous plusieurs modalités notamment
celles décrites ci-dessous.
Les jumelages
Les jumelages constituent la forme de coopération décentralisée la plus ancienne et la plus
utilisée en Europe. Selon Jean Bareth, premier secrétaire général du Conseil des Communes et
des Régions d’Europe (CCRE), le jumelage correspond à « […] la rencontre de deux communes qui
entendent proclamer qu’elles s’associent pour agir dans une perspective européenne, pour
confronter leurs problèmes et pour développer entre elles des liens d’amitié de plus en plus étroits »
(CCRE, 2007, p. 2). L’idée de jumelage peut émaner d’un individu, d’une association ou d’une
collectivité territoriale mais doit être soumise à ladite collectivité qui décidera ou non d’en faire
un projet d’intérêt local. Une fois le projet de jumelage accepté, la gestion de celui-ci peut relever
de trois principales configurations.
- La collectivité peut gérer directement le jumelage qui est alors intégré dans un service
dédié aux relations internationales ou dans un autre service. Si cette configuration
permet un certain portage politique du jumelage, le manque d’ancrage associatif peut
toutefois ralentir l’intégration pleine et entière des habitants à la dynamique.
20 Définition extraite du site de Cités Unies France (CUF) : http://www.cites-unies-france.org/-C-est-quoi- [consulté le 30 septembre
2019]. A noter, que le terme « coopération décentralisée » est aujourd’hui petit à petit remplacé par celui d’action internationale des
collectivités territoriales (AICT) qui inclut également des actions de soutien en cas d’urgence humanitaire et des actions de promotion
économique ou culturelle.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 77 sur 112
- La collectivité peut déléguer « au coup par coup » les actions de jumelage à une
association locale sur présentation de projet et d’un contrat. Cette option laisse une
moindre marge de manœuvre à l’association en charge du jumelage qui est contrainte sur
le programme, le calendrier et le financement de ses actions.
- La collectivité peut également déléguer l’animation du jumelage à une ou plusieurs
associations indépendantes appelées « comité de jumelage ». Le comité de jumelage
entretient un lien privilégié avec les habitants de la commune puisqu’essentiellement
composé de bénévoles locaux. Il se veut donc une structure accessible et ouverte à tous.
Par ailleurs, son statut associatif lui permet également une beaucoup plus grande
souplesse de fonctionnement que l’administration territoriale. Le principal risque
supporté par le comité de jumelage est que la collectivité ne s’implique guère plus qu’au
titre d’un soutien financier annuel dans le développement des échanges ou se met en
gestion de fait.
Le choix d’une configuration est principalement lié aux porteurs du projet de jumelage et doit
avant tout s’adapter aux spécificités de chaque territoire (par exemple, réseaux d’acteurs déjà
constitués etc.). Une fois la charte de jumelage signée entre les collectivités partenaires, de
nombreuses actions peuvent être mises en place, qu’il s’agisse d’échanges culturels, sportifs,
scolaires à destination des habitants, d’échanges de bonnes pratiques entre techniciens et élus
des collectivités territoriales ou encore d’échanges économiques entre entreprises d’un même
secteur.
Les jumelages peuvent ainsi permettre de renforcer des liens déjà préexistants avec un autre
territoire (tradition d’amitié ou de réconciliation, présence d’habitants originaires de la
collectivité territoriale étrangère) ; de rendre concrète la citoyenneté européenne par des actions
quotidiennes d’ouverture au monde et l’accès à une mobilité facilitée pour les populations
locales ; ou encore d’appuyer un secteur d’activité spécifique (intérêt mutuel d’entreprises
locales). Le premier niveau de coopération que représente le jumelage de territoires peut alors
devenir le moteur de nouveaux partenariats et synergies entre leurs acteurs aussi bien publics
que privés.
Les réseaux de villes
Les réseaux de villes correspondent à une démarche volontariste d’alliance entre ensembles
urbains qui portent un projet de développement partagé (Royoux, 1997, p. 17). Ces réseaux
peuvent émerger à partir de villes jumelées ou de manière spontanée et permettent l’échange
d’expériences, d’expertises et de pratiques innovantes en matière de politique locale. Ils offrent
une grande flexibilité aux collectivités territoriales impliquées qui ont la possibilité de s’investir
de manière ponctuelle ou sur la durée en fonction de leurs besoins et de leurs capacités (AFCCRE,
2011). Les réseaux de villes dépassent le cadre traditionnel d’amitié entre deux communes
jumelées et revêtent une dimension plus fonctionnelle. En effet, afin d’atteindre une masse
critique tant sur le plan des ressources que des débouchés, les centres urbains de rang
comparable peuvent se lancer dans des coopérations ciblées. Plusieurs configurations de réseaux
de villes sont envisageables et répondent chacune à une stratégie en matière de développement
urbain (Bucher et Grillon, 2008) :
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 78 sur 112
- Réseaux complémentaires : les villes peuvent, à partir de leurs spécialisations
respectives, mettre en place une division spatiale du travail spécifique qui permet une
allocation optimale des ressources et des compétences ;
- Réseaux de synergies : les villes peuvent mettre en avant des spécialités comparables
afin de former un marché intégré et promouvoir une image commune ;
- Réseaux d’innovation : les villes peuvent unir leurs forces pour faire émerger une
innovation spatiale collective.
S’ils s’inscrivent dans la continuité des jumelages, les réseaux de villes leur offrent un véritable
prolongement stratégique. Cet instrument concerne aujourd’hui de plus en plus de grandes villes
à la recherche de nouvelles formes de coopérations (ex : réseau « 100 Résilient Cities »).
La coopération territoriale européenne
Instrument principal de la politique de cohésion de l’Union Européenne, la coopération
territoriale européenne (CTE) correspond à la mise en réseau de partenaires de plusieurs pays
de l’Union dans le cadre de projet d’intérêt général visant à résoudre collectivement des
problématiques communes sur des bassins de vie transfrontaliers. Les principaux outils de la CTE
sont les programmes « Interreg » qui interviennent essentiellement à trois échelles de
coopération :
- La coopération transfrontalière concerne « un partenariat entre des acteurs locaux ou
régionaux, séparés par une frontière [terrestre ou maritime] d’État et dont les actions ont
des répercussions aux échelles régionales et locales, de part et d’autre de cette frontière. »
(Wassenberg et al., 2015) ;
- La coopération transnationale correspond à la mise en coopération d’acteurs sur de
vastes espaces européens comme le Massif des Alpes ;
- La coopération interrégionale permet la mise en réseau d’acteurs à l’échelle de toute
l’Union Européenne pour favoriser l’échange de bonnes pratiques et d’expériences entre
l’ensemble des pays membres.
L’originalité d’un tel instrument est qu’il utilise le concept de frontière non pas comme un
dispositif de séparation et de mise à distance mais plutôt comme un espace de co-construction
permettant de recréer de la proximité entre acteurs d’un même territoire transfrontalier
(Wassenberg et al., 2015). De plus, la CTE peut être sollicitée par une grande diversité d’acteurs
du territoire aussi bien publics (collectivités territoriales, institutions, universités etc.) que privés
(société civile, monde de l’entreprise, etc.).
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 79 sur 112
Annexe 2 : La coopération européenne comme outil de développement territorial
Cette partie est issue d’un travail mémoire de recherche réalisé par Gena ROTA dans le
cadre de la validation de son Master 2 Économie Sociale et Solidaire à l’Université Lyon 2.
Cette section vise tout particulièrement à inscrire l’étude régionale dans une démarche de
recherche-action en considérant le processus de mobilisation des acteurs du territoire
autour de la question européenne comme un résultat à part entière de l’étude.
L’actualité récente autour de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne nous invite à
réfléchir à la notion d’État-Nation et à réinterroger sa pertinence au regard du processus actuel
de mondialisation-globalisation. En effet, face aux incertitudes et aux crises à répétition, l’État-
Nation semble mis à l’épreuve à la fois dans sa capacité à fournir de véritables réponses aux
besoins sociaux et dans sa légitimité à piloter (seul) les relations internationales.
Ce questionnement fait écho aux débats partageant les spécialistes des relations internationales
quant à la signification à donner à l’arrivée de nouveaux acteurs (non étatiques) dans le système
international (Viltard, 2008). En effet, certains voient par exemple la montée en puissance des
mouvements nationalistes et indépendantistes (à l’image de ceux engagés en Flandre, en
Catalogne ou au Pays Basque) comme symptomatique d’une dislocation progressive des États-
Nations, ne pouvant conduire à terme qu’au désordre international. Tandis qu’à l’autre bout du
spectre, d’autres considèrent l’apparition de ces nouveaux acteurs comme le témoignage d’une
reconfiguration profonde du système international articulant de nouveaux espaces de
gouvernance en deçà et au-delà des frontières étatiques.
En l’occurrence, l’Union Européenne constitue l’ensemble territorial le plus illustratif de ce point
de vue dans la mesure où elle s’établit en un « système fait de relations de dépendances et de
convergences entre réseaux subnationaux, transnationaux, gouvernementaux,
intergouvernementaux et supranationaux » (Viltard, 2008). Cette configuration originale invite à
repenser les relations internationales à la lumière de deux éléments : d’une part, la géométrie des
territoires n’est plus postulée à partir de frontières étatiques mais est révélée par
l’enchevêtrement d’acteurs à des niveaux multiples. Par voie de conséquence, l’opposition
traditionnelle entre le global et le local perd tout son sens : le local n’est plus une sous-partie
du global mais bien une composante à part-entière, tout autant que le global ne s’impose
pas de l’extérieur mais se construit aussi au local (Colletis et al., 2005).
Toutefois, cette configuration appelle également à une certaine vigilance : l’enchevêtrement
d’espaces et d’acteurs au sein d’un système aussi vaste que l’Union Européenne est à la fois une
force par sa diversité mais aussi une faiblesse au vu des tensions qui y sont liées. Finalement,
l’Union Européenne est un colosse aux pieds d’argile qui ne résistera aux chocs qui la traversent
actuellement que si tous ceux qui la composent sont en capacité et ont la volonté de continuer à
vivre ensemble. Cette vision non neutre nous amène à formuler l’hypothèse suivante : en période
de forte incertitude sur l’avenir de l’Union Européenne, il parait essentiel de recréer des liens
entre les différentes dimensions du système européen et en particulier entre ses
territoires, des espaces vécus, stables, tangibles et proches des citoyens.
A l’aune de ces enjeux il parait donc intéressant de réfléchir à la problématique suivante : dans
quelle mesure la coopération européenne peut-elle constituer un outil de développement
des territoires ?
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 80 sur 112
Nous reviendrons dans une première partie sur les principales caractéristiques et évolutions de
la notion de territoire. Nous verrons que celle-ci s’affirme progressivement à l’échelle
européenne sous l’impulsion conjointe des acteurs locaux et des institutions communautaires.
Nous tenterons ensuite de décrypter les principaux enjeux liés à la mise en coopération des
territoires à l’échelle européenne. Forts de ces éléments de cadrage, nous analyserons ensuite,
dans une troisième partie, l’émergence d’une dynamique collective régionale autour de l’étude
des partenariats européens de Bourgogne-Franche-Comté.
1. Les territoires, une échelle d’action pertinente pour la coopération européenne
a) De la notion de territoires
Nous nous proposons dans cette section de revenir à la genèse du fait territorial avant d’en
détailler les principales évolutions. Nous verrons ensuite que le territoire s’établit aujourd’hui
comme un nouveau cadre pour l’action européenne.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’État français est caractérisé par une forte
concentration des décisions et des activités sur la capitale. Conscient de ce développement spatial
à deux vitesses, l’État se lance à partir des années 60 dans des politiques d’aménagement visant
à limiter l’hypertrophie parisienne et à assurer une meilleure répartition des activités et de la
population sur les territoires. La logique qui guide ces politiques est avant tout redistributive : il
s’agit par exemple pour la puissance centrale d’inciter les entreprises (par le biais de
défiscalisation ou d’aides financières) à s’installer en province afin de créer des activités
pourvoyeuses d’emplois.
Ces politiques reflètent une vision particulière du territoire qui est ici appréhendée comme un
espace point configuré en termes de coûts de parcours de la distance en fonction des contraintes
physiques et de transports (Colletis et al., 2005). Sous ce prisme, il s’agit donc de repérer la
localisation « optimale » des activités productives, sources d’emplois et de ressources extérieures
(on parle alors de développement exogène). Si dès cette époque, des tentatives de prise en
compte des besoins locaux sont initiées par l’État, sa position majeure dans l’aménagement des
territoires crée une telle distance entre l’échelle de planification et la sphère locale que les
politiques publiques sont bien incapables de s’adapter aux expériences de terrain (Moine, 2006,
p. 115).
A partir des années 70 et plus particulièrement du choc pétrolier de 1973, l’économie française
est heurtée de plein fouet par une violente crise industrielle qui s’accompagne d’une défiance
progressive vis-à-vis de l’État providence, questionné dans sa capacité à fournir seul les
conditions au bien-être de sa population. La fin d’une période de croissance soutenue annonce
une nouvelle ère, plus instable, qui modifie le rapport à l’espace (Pecqueur & Itçaina, 2012, p.
50). En effet, les acteurs locaux prennent conscience de la nécessité de s’organiser pour faire face
au délitement de l’économie. Ils revendiquent la prise en compte des problématiques réelles du
territoire et la nécessité de faire remonter les besoins du terrain aux décideurs publics. On
voit se multiplier les mouvements de désobéissance civile et de luttes territoriales qui sont les
prémices du mouvement de décentralisation de l’État qui marquera les années 80.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 81 sur 112
Pour mémoire la décentralisation correspond au processus qui vise à « accorder une certaine
autonomie aux collectivités territoriales, élues et libres de s’administrer comme elles le souhaitent,
mais toujours dans le cadre d’une unique loi nationale qui continue de s’imposer à elles » (Kada,
2010, p. 8). Les premières lois du 2 mars 1982 relatives aux droits et aux libertés des communes,
départements et régions (dites « lois Defferre » et considérées comme l’Acte I de la
décentralisation) suppriment la tutelle administrative exercée par le préfet sur les collectivités
territoriales. Elles érigent également les régions comme des collectivités territoriales de plein
exercice aux côtés des communes et des départements. Les lois du 7 janvier 1983 et du 22 juillet
1983 organisent quant à elles le transfert d’un certain nombre des compétences et de ressources
entre l’État et les collectivités territoriales (Kada, 2010, p. 20).
On voit ici que le rôle de la puissance centrale est relativisé par un poids croissant donné aux
collectivités territoriales dans la gestion et l’organisation du territoire. Cependant, un des
biais de ce processus est qu’il invite à se focaliser sur le terme de collectivité territoriale qui se
substitue progressivement à celui de territoire, isolant à la fois les pratiques et les
représentations de la diversité d’acteurs qui le composent (Brunet, 1990, p. 116). Il faut attendre
les années 90 pour qu’une prise en compte du territoire en tant que tel soit entreprise notamment
sous l’impulsion de la « Loi Pasqua » de 1995 et de la « Loi Voynet » de 1999. Ces lois
reconnaissent qu’il existe localement des acteurs en interrelations étroites dont l’action
dépasse les frontières administratives édictées par l’État et qu’il est nécessaire d’accompagner
ces dynamiques collectives ancrées dans une réalité territoriale (Moine, 2006, p. 116).
La notion de territoire s’étaye donc et s’enrichit de nouvelles dimensions comme le propose le
Réseau Rameau (Gil (dir), 2016) : il est aussi un espace naturel dont les caractéristiques
physiques et géographiques spécifiques conditionnent le mode de vie de ses habitants tout autant
que ces derniers le façonnent et le valorisent. Par ailleurs, le territoire correspond à un espace
vécu, un bassin de vie sur lequel les populations développent des habitudes, des actions
quotidiennes (accès aux équipements et aux services courants) mais aussi à un héritage culturel
forgé par une Histoire, des savoir-faire, une mémoire collective qui en font sa particularité. Tous
ces éléments participent à la création d’une identité et d’un sentiment d’appartenance à une
même communauté de destins. Enfin, le territoire devient un lieu d’incarnation de projets
pour les populations qui le constituent, qui l’animent, le dynamisent et en définissent les usages
(CESER BFC, 2017).
On comprend alors que la notion de territoire appelle à une réflexion dynamique à plusieurs
niveaux comme l’analyse Moine (2006, p. 126). Selon l’auteur, le territoire se compose tout
d’abord d’un sous-système géographique qui englobe à la fois le milieu géographique à savoir
les contraintes ou aménités naturelles ; l’espace anthropisé qui correspond à l’ensemble des
objets aménagés par l’Homme ; et l’espace social couvrant l’ensemble des rapports sociaux qui y
prennent forme.
Cette première sphère est en lien avec un deuxième sous-système social construit par une
grande variété d’acteurs en interrelations étroites. Ces acteurs constituent tout à la fois des
formes de pouvoirs et de contre-pouvoirs qui s’équilibrent et agissent avec leurs propres
représentations de l’espace géographique. Ces différents « filtres » influencent considérablement
leur prise de décisions à la fois sur le « temps présent » lors de leur observation immédiate de
l’espace géographique mais aussi sur le « temps à venir » lors de la projection qu’ils se font de ce
que sera l’espace géographique une fois le choix d’une action effectué.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 82 sur 112
Sous-systèmes géographique et social s’entremêlent et se recomposent en permanence.
Leur mise en dialogue permet de maintenir la stabilité du système territorial tout entier face
aux différentes influences auxquelles il est confronté.
Nous venons de décrypter les évolutions qui caractérisent la notion de territoire et avons tenté
de mettre en lumière la complexité d’un tel objet de réflexion. Aussi, nous allons voir dans la
section suivante que l’intérêt croissant pour le territoire comme espace d’actions et de débats
résulte d’un double mouvement à l’échelle européenne.
b) A leur affirmation sur la scène européenne
On assiste à une double dynamique à l’échelle européenne : d’une part, les acteurs locaux
s’affirment aux côtés des États et des gouvernements pour répondre aux grands défis
contemporains et d’autre part l’Union Européenne accompagne le mouvement d’autonomisation
et de responsabilisation des territoires via des dispositifs légaux et financiers. Sous ce prisme, le
territoire est donc à la fois une remise en question de l’État nation « par le bas » portée par
les acteurs locaux notamment les collectivités territoriales et la société civile qui entendent eux-
aussi participer au dialogue européen ; mais également une remise en question « par le haut »
dans la mesure où les institutions communautaires sont convaincues que les démocraties locales
sont à la fois de solides garanties contre les régimes autoritaires mais aussi des interlocuteurs
plus prompts que les souverainetés nationales à participer à la construction européenne (Kada,
2010, p.11).
La montée en puissance des acteurs locaux
La montée en puissance de revendications locales sur la scène européenne n’est pas un
phénomène récent mais s’inscrit dans le temps long. En effet, dès la fin de la Seconde Guerre
mondiale, les acteurs locaux s’organisent déjà en vue de reconstruire la paix durable en Europe
et participent à la réorganisation des relations internationales. Les collectivités territoriales aux
premiers rangs desquelles les communes s’investissent rapidement dans le rapprochement de
leurs homologues européens et fondent plusieurs associations de défense d’intérêts communs
comme l’Union Internationale des Maires (UIM) en 1950 et le Conseil des Communes et des
Régions d’Europe en 1951.21
Dans le sillage de ces associations internationales, et en s’appuyant sur de nombreuses initiatives
citoyennes de réconciliation des peuples belligérants (notamment franco-allemandes), certaines
communes se lancent dans ce que l’on peut qualifier de première forme véritable de coopération
européenne : les jumelages. Il apparaît rapidement que la commune est un terrain propice au
rapprochement des peuples non seulement car cette structure juridique semble exister dans la
majorité des pays d’Europe mais aussi car sa gestion concerne la vie quotidienne de tous les
citoyens (Claeysen, 1999, p. 126). Cependant, fort est de constater qu’il n’existe à l’époque aucun
cadre juridique reconnaissant l’action internationale des communes. La pratique des jumelages
se développe donc en grande partie grâce à son ancrage associatif (AFCCRE, 2011). Les
jumelages revêtent rapidement une vocation militante et citoyenne qui ouvre une toute
nouvelle scène locale pour des relations transnationales démocratisées (Defrance, 2008, p. 190).
21 Le CCRE est une association européenne de pouvoirs locaux et régionaux dont l’objectif est de promouvoir une Europe unie, fondée sur
l’autonomie locale et régionale et la démocratie. Elle rassemble aujourd’hui 49 associations nationales de pouvoirs locaux et régionaux
(en France l’AFCCRE) soit près de 100 000 membres dans 36 pays. Sur la scène internationale, le CCRE constitue la section européenne
de l’organisation mondiale Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU).
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 83 sur 112
Si les communes sont les principaux fers de lance de la coopération européenne, elles ne sont pas
les seules collectivités territoriales à s’y impliquer. En effet, la loi du 6 février 1992 relative à
l'administration territoriale de la République comble enfin le vide juridique qui préexistait
jusqu’alors et établit un nouveau cadre d’intervention pour tous les échelons territoriaux : la
coopération décentralisée. La coopération décentralisée recouvre alors toutes les relations
d’amitié et partenariats entre collectivités infra-étatiques de différents pays qui s’insèrent dans
le cadre d’accords, de conventions, de jumelages etc. (MEAE – CNCD, 2017). On y inclut également
différentes formes d’assistance ou d’échanges d’expériences avec des structures publiques
locales étrangères. Cette loi permet certes une première reconnaissance de l’action extérieure
des collectivités mais reste très encadrée : « les collectivités territoriales et leurs groupements
peuvent conclure des conventions avec des collectivités territoriales étrangères et leurs
groupements, dans les limites de leurs compétences et dans le respect des engagements
internationaux de la France. »22
Dans la foulée, deux structures institutionnelles d’appui à la coopération décentralisée sont
créées : la Commission nationale de la coopération décentralisée (CNCD) un espace de
concertation et de dialogue rassemblant à parité des représentants des associations nationales
de collectivités territoriales (AFCCRE, Cités Unies France etc.) et des représentants de l’État ; et
la Délégation pour l’action extérieure des collectivités territoriales (DAECT), délégation rattachée
au MEAE et chargée du développement des coopérations décentralisées en concertation avec les
ambassades et la CNCD (MEAE-CNCD, 2017).
Plus récemment, le cadre juridique amorcé par la loi de 1992 s’assouplit notamment sous
l’impulsion de la loi Thiollière de 2007 qui définit la coopération décentralisée comme une
compétence à part entière des collectivités territoriales et de leurs groupements. Ceux-ci ne sont
donc plus soumis à la preuve a priori de l’intérêt local de leur intervention (MEAE – CNCD, 2017)
et peuvent désormais agir sur le plan humanitaire notamment en dehors de toute convention en
cas d’extrême urgence (Kada, 2010, p. 157).
Par ailleurs, la « loi MAPTAM » 23 de 2014 reconnaît la montée en puissance des métropoles
et plus largement des nouveaux groupements de collectivités territoriales24 - derniers-nés
du processus de décentralisation - sur le plan international. La « loi NOTRe » de 2015 renforce
quant à elle le rôle structurant des régions dans l’établissement de stratégies cohérentes pour
le rayonnement international des territoires notamment via la conception des schémas
régionaux de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) en lien
étroit avec les métropoles, les autres niveaux de collectivités et les acteurs socioéconomiques.
A travers ces différentes évolutions, on voit donc ici que les territoires à travers l’action
simultanée des collectivités territoriales et de la société civile acquièrent une véritable place sur
l’échiquier des relations européennes et s’établissent comme un réseau diplomatique non
gouvernemental grandissant (Viltard, 2008).
22 Code général des collectivités territoriales, disponible sur le site : https://www.senat.fr/ct/ct04-02/ct04-028.html [consulté le 15 août
2019] 23 Loi de Modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) 24 Les groupements de collectivités territoriales sont créés avec le statut d’établissement public de coopération intercommunale (EPCI).
Il en existe 5 catégories principales aujourd’hui : les communautés de communes, les communautés d’agglomération, les communautés
urbaines, les métropoles et les syndicats mixtes.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 84 sur 112
Le rôle des institutions communautaires dans l’émancipation des territoires
L’action de l’ensemble des institutions européennes encourage pleinement ce mouvement
d’émancipation des territoires (Kada, 2010, p. 21). D’une part, Le Conseil de l’Europe est à
l’origine en 198525 de la Charte européenne de l’autonomie locale, le premier instrument
conventionnel reconnaissant l’autonomie des collectivités locales sur le plan européen.
En l’occurrence, ce traité international énonce deux principes fondamentaux qui devront être
reconnus dans le droit interne de chaque pays signataire : d’une part le principe d’autonomie
locale qui correspond à l’indépendance politique, administrative et financière des collectivités
territoriales ; d’autre part le principe de subsidiarité qui implique que la prise de décision au
sein de l’Union Européenne soit effectuée au plus près du citoyen, d’où la possibilité pour les
collectivités territoriales de gérer, sous leur propre responsabilité une partie conséquente des
affaires publiques dans l’intérêt de leur population locale.
La mise en application de ces deux principes guide notamment la création en 1994 du Comité
des Régions (CdR), un organe politique de représentation des pouvoirs locaux au sein de l’Union
Européenne composé de 344 membres issus des 27 Etats membres de l’UE. Le CdR est
notamment associé à l’élaboration des politiques et de la législation communautaire : il doit
obligatoirement être consulté par la Commission, le Parlement et le Conseil de l’Europe pour
toute nouvelle proposition susceptible d’avoir des répercussions locales ou régionales. En 2002,
le CdR a notamment rendu un avis sur « les partenariats entre les collectivités locales et régionales
et les organisations de l’économie sociale : contribution à l’emploi, au développement local et à la
cohésion sociale » et a soutenu la même année l’organisation de la première conférence de
l’Economie Sociale en Europe de l’Est à Prague (Bouchart (dir.), 2018).
Parallèlement, l’Union Européenne pose, dans l’Acte unique européen (1986), les jalons d’une
politique régionale visant à « réduire l’écart entre les diverses régions et le retard des régions les
moins favorisées »26. Avec le Traité de Lisbonne (2007), cette politique régionale devient la
politique de cohésion économique sociale et territoriale, précisant que cet outil s’adresse
autant aux régions qu’aux autres échelons territoriaux de l’Union. Depuis 2010, les nouvelles
orientations de la politique de cohésion économique, sociale et territoriale sont redéfinies dans
le cadre de la Stratégie Europe 2020. Cette dernière a pour objectif de favoriser une croissance
« intelligente, durable et inclusive » afin de faire face aux grands défis contemporains (AFCCRE,
2018).
Aussi, la Stratégie Europe 2020 est mise en œuvre à travers 3 politiques prioritaires financées
par 4 fonds européens (figure 3). Ces Fonds européens structurels d’investissement (FESI) sont
répartis sous forme d’enveloppes aux Etats membres, qui les affectent ensuite à des programmes
thématiques (déployés sur le pays entier) ou à des programmes régionaux pour lesquels les
Régions sont les autorités de gestion.
On voit donc à travers ces dispositifs que la Région devient un acteur central des politiques
publiques communautaires qui la considèrent alors comme niveau d’effectuation de plus en
plus pertinent (Allies, 1991). Dernière pierre dans le processus d’émancipation des territoires à
25 La Charte européenne de l’autonomie locale est entrée en vigueur le 1er septembre 1988 et est aujourd’hui ratifiée par 44 pays (sur 47)
membres du Conseil de l’Europe (Kada, 2010, p. 51). 26 Disponible sur le site https://ec.europa.eu/regional_policy/fr/ [consulté le 13 août 2019]
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 85 sur 112
l’échelle européenne, après leur reconnaissance légale et politique et leur soutien financier,
l’Union Européenne facilite leur mise en dialogue par le biais de la coopération territoriale
européenne (CTE). Ce nouvel outil, établi comme un des objectifs principaux de la politique de
cohésion, permet aux acteurs des territoires de trouver des solutions à des enjeux communs au-
delà des frontières.
En conclusion, le double mouvement en faveur des territoires à la fois porté par les acteurs locaux
et par les institutions communautaires procède d’un éclatement du territoire sous sa forme
nationale-étatique (Allies, 1991). L’Europe des Nations laisse progressivement place à l’Europe
des Territoires, une nouvelle échelle d’action qui semble particulièrement pertinente pour
répondre aux défis contemporains.
EN RÉSUMÉ
« Les territoires : une échelle d’action pertinente pour la coopération européenne ? »
Une vision du territoire qui évolue : initialement résumé à un espace point (années 60),
le territoire gagne en épaisseur avec la montée progressive des revendications locales
(années 70) jusqu’à faire l’objet de profondes réformes aboutissant à la mise en place
d’une administration territoriale (processus de décentralisation). A partir des années 90,
le territoire accède à une véritable reconnaissance en tant qu’espace vivant, lieu
d’incarnation de projets entre acteurs.
Le territoire une notion multidimensionnelle : un espace naturel, un espace de vécu
où se construisent des modes de vie, des relations sociales, un patrimoine culturel et des
projets.
Le territoire, système géographique et social en permanente recomposition :
façonné par le dialogue avec ses habitants, il influence également les actions de chacun
dans le temps et dans l’espace.
Les territoires, nouveaux acteurs des relations internationales : au sortir de la
seconde guerre mondiale, les acteurs locaux (citoyens, associations et communes)
s’organisent pour tisser des liens d’amitié avec des homologues internationaux
(jumelages). L’action extérieure des collectivités territoriales est petit à petit encadrée
avec le développement de la coopération décentralisée. L’État-Nation n’est plus le seul à
agir à l’international.
Une émancipation des territoires soutenue par les institutions européennes : l’UE
accompagne la reconnaissance légale et politique des territoires sur la scène
internationale (principe d’autonomie locale et de subsidiarité) et leur donne les moyens
d’agir (fonds structurels). Elle encourage également la mise en dialogue des territoires
européens avec de nouveaux outils de coopération (CTE).
Les territoires constituent une échelle d’action de proximité, au contact direct des
citoyens européens, tout à fait adaptée à la résolution des grands défis
contemporains.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 86 sur 112
2. Enjeux liés à la mise en coopération des territoires à l’échelle européenne
La mondialisation a complètement transformé nos modes de vies, de production, de
consommation et même nos représentations. Ce phénomène universel d’une incroyable
puissance est pourtant loin d’être uniforme et sans écueils. En effet, en y regardant de plus
près, les écarts se creusent entre ceux à qui bénéficient ce processus et ceux qui en assument
les coûts. Aussi, dans cette perspective il nous paraît essentiel de changer la donne en récréant
des liens et de la solidarité entre les territoires. Nous allons le voir, la coopération européenne
est à ce titre un outil particulièrement pertinent pour réduire des fractures d’ordres spatiales,
économiques, sociales et démocratiques.
a) Coopérer pour réduire les fractures spatiales et économiques
Dans un premier temps, il nous paraît particulièrement pertinent d’aborder ici le phénomène de
métropolisation qui façonne le paysage mondial depuis les années 80. En effet, les métropoles
s’établissent aujourd’hui comme les principales « portes d’entrée » de la mondialisation sur les
territoires dans la mesure où elles attirent l’essentiel des flux de personnes, de marchandises,
d’informations et de capitaux (Caudron, 2015). Parce qu’elles concentrent la plupart des
grandes fonctions territoriales (emploi, culture, éducation, équipement, santé) et sont insérées
dans les principaux réseaux économiques, de recherche, d’innovation et de production à l’échelle
européenne et mondiale, les métropoles sont considérées comme des moteurs clés de croissance
des territoires. En ce sens, elles relèvent d’un intérêt national tout particulier au vu de leur
capacité à créer des effets d’entraînements et des externalités sur d’autres territoires.
Cependant, la vision qui consiste à sacraliser les métropoles comme poumon économique unique
est réductrice à deux égards. D’une part, le phénomène de métropolisation entraîne également
un certain nombre de distorsions territoriales qu’il convient de rappeler. A mesure que les
métropoles s’élargissent d’autres territoires se vident de leurs populations et de leurs activités
comme c’est le cas pour de nombreux territoires ruraux et plus récemment pour des petites villes
en déshérence économique et sociale (CESER BFC, 2017).
D’autre part, la sacralisation du fait métropolitain implique de négliger la contribution d’autres
territoires – notamment ruraux – au processus de création de valeur. Selon une étude menée par
l’IRSTEA de Grenoble, il apparaît que la contribution des espaces ruraux français dans la
production nationale s’élève à 59% du PIB soulevant ainsi « l’importance de ces espaces non
urbains dans la croissance régionale » (Bertrand, 2013). En donnant le primat aux métropoles, le
risque est alors de passer à côté de l’ensemble des potentiels existants sur tous les autres
territoires urbains comme ruraux et ainsi freiner les énergies de leurs acteurs et de leurs
habitants. Aussi, afin de permettre un développement moins asymétrique des territoires, la
coopération européenne peut s’avérer un outil intéressant. En effet, sa mise en œuvre suppose la
création de nouveaux espaces sociaux et géographiques de concertation qui s’affranchissent
de la catégorisation « territoires insérés » et « territoires délaissés » par la mondialisation et
recréer du lien entre les acteurs (Chiffoleau & Prévost, 2012).
On peut notamment citer ici l’exemple des Groupements d’Acteurs Locaux (GAL) qui
correspondent à l’association volontaire d’acteurs privés et publics d’un même territoire rural en
vue de co-construire une stratégie commune de développement pour celui-ci. Le GAL peut à ce
titre solliciter le programme européen LEADER (Liaison Entre Action de Développement de
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 87 sur 112
l’Économie Rurale) pour un appui financier et humain à la mise en œuvre de projets de
développement territorial, notamment ceux inscrits dans des dynamiques de coopération
interterritoriale et transnationale. D’après une étude de capitalisation de la coopération LEADER
menée par le Réseau Rural Français, les GAL français ont mis en œuvre entre 2007 et 2013, 256
projets de coopération dont 118 avec des partenaires français et 137 avec des groupes LEADER
de pays européens ou tiers. Parmi les principaux apports relevés par les GAL interrogés dans le
cadre de cette étude, on peut noter une « évolution et une amélioration des politiques locales grâce
à l’échange avec d’autres territoires expérimentés, l’identification de nouvelles solutions à des
enjeux locaux grâce à la complémentarité des savoir-faire ou à la similitude des problématiques. »
(Réseau Rural Français, 2014). Malgré ces résultats encourageants, la mobilisation de la
coopération LEADER reste encore relativement confidentielle et difficilement appropriée par les
GAL selon les régions (notamment dû au manque de temps et de compétences spécifiques
consacrées à la coordination). On voit donc bien le potentiel que représente ce dispositif de
coopération européenne territorialisée, s’il est davantage investi par les acteurs locaux.
Par ailleurs, la coopération européenne participe pleinement à la mise en mouvement des
territoires qu’elle relie. En effet, elle permet de créer des emplois locaux non délocalisables
dans la mesure où elle valorise l’ensemble des ressources humaines, organisationnelles et
culturelles déjà présentes sur place. Cette valorisation peut se traduire par la revitalisation de
filières économiques en déclin (industries, agriculture) ou au contraire par l’activation de
nouveaux gisements d’emplois (tourisme etc.). De plus, la coopération européenne s’établit
comme un véritable accélérateur d’innovation : elle favorise la circulation des idées, de
savoirs, de compétences et l’hybridation des ressources entre acteurs variés du territoire,
procédant au maillage des initiatives et des réseaux locaux. En ce sens, la coopération
européenne participe à une plus grande résilience des territoires impliqués face aux éventuelles
crises.
b) Coopérer pour réduire les fractures sociales et démocratiques
Nous venons de voir les différents avantages que présente la coopération européenne au regard
des fractures spatiales et économiques. Nous allons maintenant nous intéresser aux dynamiques
qui affectent la sphère citoyenne.
Partout en Occident, on constate un décrochage citoyen important à plusieurs échelles : les taux
de participation dans les différents processus électoraux sont partout à la baisse ; le militantisme
politique ne semble plus intéresser personne et les listes de partis politiques se réduisent à vue
d’œil. L’action civique quant à elle semble se maintenir grâce à un engagement grandissant des
populations dans les organisations de la société civile. Fort est de constater que la participation
au débat public reste l’affaire d’une poignée de citoyens. A part quelques sursauts de conscience
et d’engagement quand un ras-le-bol citoyen se met en marche (comme on a pu le voir ces
derniers mois avec le mouvement des gilets jaunes), on assiste à d’importantes périodes
d’apathie et de désintérêt citoyen (Charbonneau, 2005).
Face à ce phénomène, la coopération européenne des territoires entend redonner à chacun la
capacité de participer à la vie publique et de formuler ses propres choix de société. D’une part,
la coopération européenne des territoires favorise l’émergence de pouvoirs locaux. Que ce soit
par le biais de la société civile, des collectivités territoriales ou directement par le biais de
populations locales, la coopération européenne encourage une gouvernance horizontale sur les
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 88 sur 112
territoires (en opposition à une gouvernance verticale). Ainsi, elle permet de rétablir au niveau
le plus proche du citoyen une véritable démocratie participative. Elle rend également
accessible et tangible l’Europe à travers des projets de terrain et de proximité. Elle participe
donc au renforcement du sentiment d’appartenance à la communauté européenne et à
l’affirmation de la citoyenneté européenne.
Par ailleurs, elle permet une ouverture au monde, à l’ailleurs et à l’autre qui permet de recréer
une solidarité durable entre sociétés d’origine et sociétés d’accueil. En effet, des dizaines de
milliers de personnes migrantes ou réfugiées arrivent quotidiennement en Europe avec l’espoir
d’y fonder une vie meilleure. Face à cette situation d’urgence, l’Union Européenne à l’instar des
États-membres semble dépassée par l’ampleur du phénomène. Pourtant, des outils comme la
coopération territoriale européenne (CTE) pourraient être mis en œuvre afin de faciliter le
développement de projet d’accueil de personnes réfugiées ou migrantes à l’échelle des zones
frontalières.
EN RÉSUMÉ
« Enjeux liés à la mise en coopération des territoires »
La mondialisation est un phénomène universel mais loin d’être uniforme : certains
territoires en bénéficient quand d’autres en sont exclus.
Les écarts se creusent de plus en plus entre territoires urbains et territoires
ruraux : les métropoles concentrent les principaux flux de capitaux, de personnes et
d’informations et attirent toujours plus d’habitants tandis que les campagnes se vident
progressivement.
La coopération européenne constitue un outil de rééquilibrage entre territoires :
elle permet de recréer des espaces géographiques et sociaux de concertation ouverts
sur l’international. On pense notamment aux groupements d’acteurs locaux qui, par le
biais du programme LEADER, peuvent développer des projets de coopération avec des
partenaires en Europe et dans le monde.
La coopération européenne participe à la résilience des territoires impliqués : elle
permet de créer des emplois locaux non délocalisables, valorisent l’ensemble des
ressources présentes localement et établie de nouvelles logiques d’action mutuellement
profitables entre partenaires (solidarité et réciprocité).
La coopération européenne favorise l’émergence de pouvoirs locaux : elle redonne
une place à chacun dans le débat public.
La coopération européenne rapproche l’Europe des citoyens : elle s’ancre dans une
réalité de proximité et rend tangible l’appartenance à une même communauté de
destins.
La coopération européenne comme outil de rapprochement des peuples : elle est
le meilleur outil contre la montée des régimes totalitaires et favorise le dialogue et la
solidarité entre sociétés d’accueil et société d’origine.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 89 sur 112
3. La mise en mouvement du territoire de Bourgogne-Franche-Comté autour de la
coopération européenne : l’exemple de la dynamique de l’étude
Cette section propose de revenir sur le processus de mobilisation des acteurs du territoire autour
de l’étude des partenariats européens de Bourgogne-Franche-Comté. Nous nous intéresserons
de façon très concrète à la manière dont la question européenne a « pris vie » en Bourgogne-
Franche-Comté. Pour cela, nous nous intéresserons tout d’abord au processus de mise en
mouvement du territoire autour de la coopération européenne en revenant sur les principales
étapes et conditions nécessaires à sa mise en œuvre. Ensuite, nous expliquerons le rôle décisif
que jouent trois grandes familles d’acteurs dans cette mobilisation locale et nous efforcerons
enfin de montrer les principaux apports de cette démarche sur le territoire.
a) Les principales étapes de la mise en mouvement
Le premier prérequis à cette mobilisation territoriale est la mise en lumière d’un enjeu
partagé, capable de fédérer une multitude d’acteurs. En ce sens, l’identification par le réseau
BFC International de la coopération européenne comme objet de réflexion collective est apparue
pertinente au regard de deux aspects : d’une part, compte tenu du nombre et de la diversité des
acteurs impliqués sur cette thématique, et d’autre part, du fait du besoin de lisibilité des
dynamiques européennes régionales exprimé par certains acteurs locaux (notamment comités
de jumelage).
Une fois l’identification de l’enjeu social effectuée, il est question de son appropriation
collective par les acteurs du territoire. Le processus d’appropriation collective s’étale sur trois
phases : une phase d’interconnaissance ; une phase de conscientisation et une phase de
projection.
En l’occurrence, cette première phase d’interconnaissance suppose que les acteurs d’un même
territoire aient la possibilité de dépasser leur seule proximité spatiale pour s’investir dans des
liens plus profonds. Bouba-Olga et Grossetti (2008) avancent l’idée que la proximité n’est pas
seulement perceptible à travers une concentration immédiate d’acteurs sur un même espace
géographique (proximité spatiale) mais admet de nouvelles dimensions socioéconomiques
axées sur la dotation en ressources et la capacité de coordination (voir schéma 1).
On le comprend bien ici, « si la proximité spatiale permet de révéler et combiner plus facilement
des connaissances tacites détenues par les acteurs, elle ne trouve son sens qu’à la condition que les
acteurs concernés partagent un certain nombre de représentations et de valeurs communes »
(Colletis et al., 2005). Le fait de révéler ces nouvelles dimensions de proximité socioéconomique
entre les acteurs permet de démultiplier le potentiel de synergies entre ceux-ci.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 90 sur 112
En l’occurrence, l’étude régionale engagée par BFC International s’inscrit tout à fait dans cette
démarche. En effet, un premier constat au lancement de l’étude révèle qu’il existe un grand
nombre d’acteurs impliqués sur la coopération européenne mais que tous n’entretiennent pas
spécialement de liens les uns avec les autres. L’objectif de l’étude est donc de permettre à des
acteurs, issus des mêmes bassins de vie, de se rencontrer, d’apprendre à se connaître et
d’échanger sur leurs pratiques et leurs représentations (présumées similaires ou
complémentaires), activant ainsi les différentes déclinaisons de proximité socioéconomique.
Sont proposés dans cette optique de nouveaux espaces locaux de concertation sur la
coopération européenne qui prennent la forme d’un comité de pilotage régional multi-acteurs
et de 6 temps d’information et d’échanges (TIE) sur les territoires. Le comité de pilotage est
l’instance de direction stratégique de l’étude : il réunit tous les deux mois, à l’échelle régionale,
une vingtaine de collectivités territoriales, d’institutions et d’associations qui posent les grands
questionnements soulevés par la thématique et définissent collectivement les principales
orientations et objectifs du travail d’étude. Les TIE prennent la forme des forums locaux ouverts
à toute structure intéressée et intègrent un tour de table des participants, un temps de
témoignages d’acteurs du territoire « experts » et un temps d’échanges et de réflexion collective.
Ils sont organisés dans les villes de Besançon, Dijon, Autun, Belfort, Mâcon et Auxerre du 27 mai
au 10 septembre 2019.
La deuxième phase d’appropriation de la coopération européenne comme enjeu collectif relève
du processus de conscientisation par les acteurs d’appartenir à un même groupe, à une
même communauté d’intérêts et de destins. La constitution de cette communauté est possible
car les acteurs concernés disposent de compétences et d’intérêts spécifiques dans le domaine
de la coopération européenne ; ils appartiennent à des milieux de nature différente (multi-
acteurs) et ont un fort degré d’engagement sur l’enjeu soulevé (Lascoumes et Le Galès, 2007).
Là encore, les TIE sont éclairants sur ce point, d’une part car ils ont la particularité de rassembler
Interconnaissance entre acteurs
Proximité socioéconomique
Dotation en ressources
1/ Ressources cognitives : Les acteurs partagent les mêmes
valeurs, routines, conventions, habitudes.
2/ Ressources matérielles : les acteurs disposent de revenus, diplômes et statuts similaires.
Capacité de coordination
1/ Médiation : les acteurs partagent les mêmes règles et
normes.
2/ Relationnelle : les acteurs identifient leurs places
respectives au sein des réseaux sociaux.
Proximité spatiale
Concentration immédiate d'acteurs sur un même
territoire
SCHEMA 1 : L’INTERCONNAISSANCE ENTRE ACTEURS PERMISE PAR UNE COMBINAISON DE FORMES
DE PROXIMITES (BOUBA-OLGA & GROSSETTI, 2008)
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 91 sur 112
autour de la même table des acteurs d’une grande diversité, qui n’ont pas forcément l’habitude
de travailler ensemble et qui pourtant parviennent à développer une « culture de réseau »
(Demoustier, 2010). Ceux-ci organisent petit à petit un partage d’informations et de contacts ;
procèdent à l’identification collective des principaux besoins, enjeux et difficultés et cherchent
des pistes de solutions communes. L’interface des TIE décourage ainsi les comportements
opportunistes et participe à la construction de la confiance entre les acteurs (Itçaina, 2010).
Enfin, la phase de projection constitue la dernière étape d’appropriation de la coopération
européenne comme enjeu collectif. En effet, par la notion de projection, on entend la capacité des
acteurs du territoire de penser l’action collective sur le temps long et de formuler des idées
de projets partagés. Le fait que les acteurs du territoire puissent d’une part se coordonner plus
facilement, partager des routines, et se sentent appartenir à la même communauté permet de
passer d’un mécanisme de résolution d’un problème rencontré par un acteur situé dans le temps
et l’espace (au départ quelques comités de jumelages) à un projet de développement
territorial faisant converger les horizons temporels de l’ensemble des acteurs concernés
(Colletis et al., 2005).
En l’occurrence, ces différentes phases d’interconnaissance, de conscientisation et de projection
aboutissent à la constitution des acteurs du territoire en un même acteur collectif capable
de formuler des décisions et porter des projets pour la coopération européenne en région. La
démarche d’étude régionale reflète donc le processus de mobilisation des acteurs du territoire
afin de transformer un enjeu social (la coopération européenne en région) en problème
public (visibilité en dehors de sa sphère d’émergence locale via la création d’espaces de
concertation), puis en problème politique impliquant une réponse des pouvoirs publics
(Lascoumes & Le Galès, 2007).
b) Les rôles respectifs des acteurs du territoire dans cette démarche
Le rôle des collectivités territoriales
Comme on l’a vu, les collectivités territoriales sont des acteurs clés de la coopération européenne
des territoires. En l’occurrence, elles jouent un rôle tout particulier dans l’émergence, la
coordination et le développement d’une dynamique collective autour de cette question. Parce
qu’elles sont les seuls gouvernements locaux désignés démocratiquement par les habitants, les
collectivités territoriales sont probablement les seuls acteurs à avoir la légitimité et les moyens
de mettre en synergies les différents acteurs du territoire autour de politiques publiques
locales (Arricod, 2012). En effet, les collectivités territoriales disposent de plusieurs leviers
qu’elles peuvent actionner à cette fin. D’une part, les collectivités peuvent jouer le rôle
d’ensemblier sur la question de la coopération européenne. En effet, elles disposent d’un aperçu
global des initiatives menées sur le territoire et sont donc en capacité de faciliter la
coordination des différentes familles d’acteurs notamment en identifiant leurs
complémentarités. Elles peuvent donc s’assurer de la mise en cohérence des initiatives locales
en évitant la dispersion et les doublons (Arricod, 2012).
Ensuite, elles peuvent participer à l’animation du territoire et des dynamiques collectives qui
en découlent, encore faut-il qu’elles s’approprient ce rôle d’animateur. Cela signifie concrètement
créer ou encourager la création d’interfaces où les acteurs puissent échanger, construire des
projets ; favoriser la circulation d’informations et rendre visibles les bonnes pratiques à
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 92 sur 112
tous les échelons territoriaux ; et surtout susciter l’adhésion, la participation et l’implication
des acteurs du territoire dans la « construction collective des systèmes d’action publique »
(Leloup, Moyart et Pecqueur, 2005).
Le rôle des acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire
Les organisations de l’ESS (OESS), au premier rang desquels on retrouve les associations, ont
un rôle considérable dans la mise en mouvement du territoire autour de la coopération
européenne notamment au vu des spécificités qui les caractérisent. Dans un premier temps, les
OESS ont développé une forme de gouvernance organisationnelle qui les distinguent du
Marché et de l’État. En effet, elles émanent de la mobilisation de personnes, souvent issues d’un
même territoire, qui se regroupent afin de répondre aux besoins sociaux auxquels elles sont
confrontées. Le moteur de la coordination entre acteurs devient le projet collectif qui fait l’objet
« d’un engagement volontaire et solidaire d’acteurs locaux » (Draperi, 2003).
La mise en œuvre de ce projet collectif s’établit tout d’abord dans le processus de mutualisation
de ressources locales à la fois marchandes, non marchandes et non monétaires (hybridation)
qui permet l’activation de réseaux locaux (capital social territorial). La valorisation et le
redéploiement de ces ressources sur le territoire est institué via un mécanisme de décision
donnant la même voix à chaque partie prenante du projet (du salarié de l’OESS au bénéficiaire
citoyen) suivant le principe de démocratie participative (Enjolras, 2005).
On comprend alors que les OESS sont à la fois territorialisées (mobilisation de personnes et de
ressources locales) et territorialisantes dans leur capacité à renforcer les liens et la confiance
entre les acteurs d’un même territoire et donc substituer la coopération à la concurrence
comme logique d’action. A ce titre, les effets de débordement des OESS sur le territoire sont
nombreux : développement d’un espace public de proximité où le citoyen est réellement actif,
recours à de nouvelles procédures propres au travail en collectif ancrées sur la réciprocité, la
délibération et la co-construction (Colletis, Gianfaldoni, Richez-Battesti, 2005). Les spécificités
propres au fonctionnement « interne » des OESS transcendent les frontières de l’organisation et
produisent un ensemble d’externalités sur leurs territoires d’émergence et au-delà. En ce
sens, nous pouvons dire que les OESS sont particulièrement aptes à conduire une dynamique
collective autour d’un projet de territoire comme la coopération européenne.
Le rôle des structures d’intermédiation
Nous nous intéressons maintenant à une troisième catégorie hybride d’acteurs du territoire : les
structures d’intermédiation ou d’appui. En effet, celles-ci peuvent tantôt prendre une forme
associative ou prendre une forme d’un établissement public. Ces structures ont la caractéristique
de travailler au quotidien avec une grande diversité de partenaires aussi bien des associations,
des collectivités territoriales, des institutions, des établissements d’éducation et de formation etc.
Le caractère multi-acteurs est donc ancré dans leur ADN. En l’occurrence, nous allons voir que
ces structures d’intermédiation participent pleinement à l’émergence d’une dynamique
collective autour de la coopération européenne en région à deux égards : d’une part car elles
favorisent une mise en capacité des acteurs du territoire et d’autre part car elles permettent
l’acculturation de ceux-ci.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 93 sur 112
Les structures d’intermédiation accompagnent le renforcement des capacités des acteurs du
territoire suivant quatre étapes inspirées du processus d’empowerment de Csazar (2004). Il
s’agit donc pour les acteurs du territoire de réaliser leurs propres choix (pouvoir de), d’être en
mesure d’agir avec les autres (pouvoir avec), d’acquérir une estime de soi et de son travail
(pouvoir intérieur), et la capacité d’orienter à termes les politiques publiques (pouvoir sur).
Tout d’abord, les structures d’intermédiation invitent les acteurs à sortir des logiques sectorielles
et à penser la transversalité de leurs actions notamment en adoptant une démarche de projet.
Dans cette configuration, les acteurs du territoire sortent de leurs cadres « traditionnels »
d’intervention et sont amenés à développer au sein du collectif une autonomie de décision et
d’action (pouvoir de). Cette autonomie s’accompagne d’une montée en responsabilités qui
suppose donc la formation à de nouvelles compétences (Chiffoleau et Prevost, 2012).
Ensuite, la structure d’intermédiation offre aux acteurs du territoire la possibilité d’enrichir leur
capital social (densification des réseaux) et leur capital humain (échange de savoir-faire,
d’expériences et d’expertises). En ce sens, elles favorisent également l’émergence de
collaborations multi-acteurs (pouvoir avec). Par ailleurs, la création d’espaces de concertation
amène les acteurs à se rencontrer plus régulièrement, ils établissent des routines et s’auto-
organisent en un espace de soutien et de convivialité. En outre, l’appartenance à un collectif
œuvrant pour l’intérêt général procure une estime de soi : les métiers du développement local
et de l’international sont alors valorisés et le travail fourni est reconnu à sa juste valeur (pouvoir
intérieur). Enfin, la notion de pouvoir sur ne doit pas être interprétée textuellement mais invite à
se positionner plutôt sur la capacité des acteurs du territoire à se constituer en acteur collectif
capable d’orienter les politiques publiques locales.
Par ailleurs, les structures d’intermédiation permettent l’acculturation des acteurs du
territoire. Le processus d’acculturation peut être défini dans son sens ethnologique comme « une
notion désignant les phénomènes complexes qui résultent des contacts directs et prolongés entre
deux cultures différentes, entraînant la modification ou la transformation de l’un ou des types
culturels en présence. » (Gresle et al., 1994). En adaptant cette définition à l’expérience de l’étude
régionale, nous pouvons dire que les structures d’intermédiation permettent la rencontre de
cultures organisationnelles différentes ayant chacune des modes opératoires, des méthodes
et outils de travail qui lui sont propres.
Cependant, il est tout à fait possible que ces cultures organisationnelles évoluent de l’intérieur
sous l’effet d’une ouverture de leurs membres à l’altérité. En effet, on peut illustrer ce phénomène
avec les différentes contributions réciproques qui ont pu être observées entre les OESS et les
collectivités territoriales. Nous avons pu remarquer par exemple que le dialogue avec les
associations locales avaient permis à certains agents de collectivités de travailler de manière plus
transversale, avec le projet de se rapprocher notamment des autres services internes afin de
réfléchir de manière concertée à l’ouverture internationale. Par ailleurs de nouveaux outils
d’animation de réunion, plus participatifs ont pu être transmis (ex : méthode du Fish bowl), de
même que de nouvelles méthodes de budgétisation très utilisées dans le secteur associatif mais
finalement assez peu mobilisées au niveau des collectivités (ex : prise en compte des valorisations
dans le budget du projet). En dialoguant avec les collectivités territoriales, les acteurs associatifs
ont pu mieux comprendre les contraintes spécifiques de l’environnement institutionnel, les
attentes des collectivités notamment liées à l’aspect financier. Par exemple, la présentation d’un
projet en termes de coûts évités pour la collectivité peut être une façon pour les acteurs
associatifs d’accéder plus facilement à des financements.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 94 sur 112
En définitive, les structures d’intermédiation, les OESS tout comme les collectivités sont des
acteurs moteurs de la mise en mouvement du territoire, chacun apportant, en fonction de son
domaine d’expertise, une pierre à l’édifice commun. Nous allons maintenant tenter d’analyser les
principaux apports de cette dynamique collective sur le territoire.
c) Les principaux apports de la mise en mouvement du territoire autour de la coopération
européenne
A la lumière de l’analyse dressée précédemment, on comprend ainsi que la problématisation du
territoire initiée sous le prisme de la coopération européenne et la constitution d’une
communauté d’acteurs ont participé à l’émergence d’une nouvelle gouvernance territoriale
définie comme « l’ensemble des situations de coopération non ordonnées par la hiérarchie qui
correspondent à la construction, à la gestion ou à la représentation des territoires, en particulier
face à leur environnement économique et institutionnel. » (Simoulin, 2007). En ce sens, on
comprend que l’institution publique n’a plus « le monopole de l’organisation du territoire » mais
au contraire que celle-ci fait intervenir une multitude d’acteurs aux intérêts différents (Coissard
& Pecqueur, 2007). Découle de cette nouvelle organisation politique au sein de la communauté
d’acteurs un nouveau mode de régulation des relations à savoir une « série d’institutions, de
règle du jeu et de conventions marchandes et non marchandes qui impliquent des rationalités
situées » (Orléan,1994). Comme on l’a évoqué plus tôt, nous nous situons sur un registre de
coopération et de réciprocité entre acteurs où il est question de co-construire une réponse
à un problème commun.
Ainsi, on peut affirmer que maintenant qu’elle s’est structurée, la communauté d’acteurs est
capable de mobiliser un ensemble de ressources marchandes, non marchandes et non
monétaires, apportées par chaque membre, pour répondre à l’enjeu de la coopération
européenne sur le territoire et que, d’autre part, l’ensemble des méthodes de travail, des routines,
des informations, des apprentissages croisés, des nouvelles institutions de gouvernance, des
instruments de régulation créés entre les membres de la communauté constitue en lui-même un
patrimoine collectif, ressource pour l’ensemble du territoire. En ce sens, on peut rapprocher
cette analyse de celle de Florence Gallois, Christopher Lecat et Martino Nieddu (2016) qui
identifient les patrimoines collectifs comme des biens communs pour lesquels, s’ils sont
reconnus comme tels, les acteurs déploient les efforts nécessaires à leur préservation dans le
temps, même en période d’incertitude.
La spécificité de la communauté d’acteurs construite en Bourgogne-Franche-Comté autour de la
coopération européenne est qu’elle émane d’une démarche ascendante. De ce fait, on peut
prévoir qu’elle sera plus résiliente aux différentes instabilités liées à son environnement
notamment politique (on pense ici à la perspective des élections municipales de 2020).
En définitive, la construction de communs autour de la coopération européenne en
Bourgogne-Franche-Comté correspond à la traduction des intérêts collectifs, portés par la
communauté d’acteurs, en intérêt général, réponse à un idéal partagé.
En ce sens, on peut dire que cette démarche participe au développement durable des territoires
concernés, mais aussi par effet d’entraînement, de l’ensemble des territoires reliés à la région.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 95 sur 112
d) Évaluation et valorisation des démarches collectives autour de la coopération européenne
Au regard de cette analyse, une question mérite d’être posée : dans quelle mesure les dynamiques
collectives à l’image de celle initiée par l’étude des partenariats européens de Bourgogne-
Franche-Comté peuvent-elles se pérenniser ? On pense notamment à deux conditions
essentielles cumulatives : il faut que le processus soit reconnu comme participant à l’intérêt
général par les acteurs du territoire et plus largement par les populations locales ; il est
nécessaire que le processus soit animé et prenne vie sur le territoire (fonction cruciale de
coordination du projet territorial et de son financement). Aussi, afin de répondre à ces deux
impératifs (légitimation auprès de la population locale et auprès des financeurs), il nous paraît
nécessaire d’ouvrir, dans cette section une réflexion sur la capacité actuelle des acteurs de
mesurer l’impact des dynamiques collectives de coopération européenne sur le territoire.
Force est de constater qu’il n’existe que très peu d’outils développés à l’heure actuelle et quand
bien même ils existent, ces outils évaluent exclusivement les résultats produits et non la
dynamique en elle-même.
Il convient de préciser que les dynamiques collectives à l’image de celle initiée autour de la
coopération européenne en Bourgogne-Franche-Comté, s’apparentent à des innovations
sociales territorialisées au sens où elles mobilisent « un ensemble d’acteurs qui coopèrent sur
un territoire en vue de construire une réponse nouvelle aux besoins sociaux ou aux enjeux sociaux
quelle que soit la nature de l’innovation (technologique, de service, de nouveaux usages) à travers
une approche collaborative qui implique et affecte les parties prenantes (bénéficiaires, usagers) et
qui a un impact mesurable. »27 Cette définition sous-entend que l’innovation se situe autant dans
le processus (la mobilisation d’acteurs d’un même territoire) que dans les résultats (les impacts
mesurables), une nouvelle approche qui élargit considérablement le champ d’étude et se
distingue en cela des approches plus traditionnelles comme la gestion axée sur les résultats
(GAR). A cet égard, on s’intéressera particulièrement à la thèse proposée par Emmanuel
Besançon et Nicolas Chochoy (2019). Les auteurs rappellent que la GAR est un cadre logique qui
« propose une évaluation de l’impact centrée sur la mise en évidence d’une relation causale entre les
ressources investies et les résultats obtenus ou à obtenir [celle-ci étant] au fondement même de la
preuve qui doit être mise en évidence ». Cette grille de mesure évalue cinq éléments : les ressources
monétaires ou non monétaires mobilisables sur le projet ; la manière dont l’organisation va
utiliser ces ressources (activité) ; la façon dont l’activité touche les bénéficiaires (production) ;
l’ensemble des incidences obtenues par la mise en œuvre de l’activité (résultats) et enfin les
impacts qui correspondent aux résultats uniquement imputables à la mise en œuvre du projet
isolément de tout autre action ou changement dans l’environnement. Les auteurs identifient trois
limites principales à cette méthode : d’une part, la GAR implique de prédéterminer des effets
objectivables et des indicateurs qui canalisent l’action. Ensuite, elle restreint les effets produits à
une seule organisation alors même que l’innovation sociale émerge bien souvent d’un processus
collectif. Enfin, elle établit une distinction forte entre ceux qui produisent l’action de ceux qui en
bénéficient alors que l’innovation sociale tant à brouiller cette frontière.
Face à ces limites, les auteurs proposent, dans une approche institutionnaliste, un nouveau
cadre d’évaluation qu’il nous paraît particulièrement pertinent d’adapter au contexte
27 Cette définition est issue du travail de recherche mené actuellement par la Chaire d’Économie Sociale et Solidaire de l’Université Lyon
2, la Coopérative Oxalis, la Métropole de Lyon ainsi que leurs partenaires européens dans le cadre du projet européen Alpine Space
Innovation Strategy. Cette définition a été proposée lors de la Journée de l’Innovation Sociale, organisée au sein de l’Université Lyon 2, le
27 juin 2019.
Étude sur les partenariats européens en Bourgogne-Franche-Comté Page 96 sur 112
bourguignon-franc-comtois. La démarche d’évaluation proposée n’est pas linéaire mais bien
circulaire et inclut quatre étapes principales :
- Codétermination de l’aspiration sociale : il s’agit pour les acteurs de planifier l’avenir
non pas en fonction des futurs possibles (liés aux ressources) mais des futurs
souhaitables.
- Évaluation du processus collectif : les acteurs vont effectuer un suivi des pratiques de
co-construction et de coréalisation, d’ancrage territorial, de gouvernance élargie,
d’hybridation des ressources et d’accessibilité sur toute la durée du projet.
- Boucle de rétroaction : il s’agit de s’interroger sur le cheminement des acteurs dans le
processus collectif, de repérer les apprentissages mutuels, les adaptations aux problèmes
rencontrés, la manière dont les opportunités sont saisies.
- Boucle autoréférentielle : il s’agit d’évaluer l’écart entre l’aspiration sociale construite
et objectivée par les acteurs et les réalisations pratiques du projet. Cela permet de mettre
en perspective l’ensemble des transformations générées par le processus d’innovation
sociale.
EN RÉSUMÉ
« La mise en mouvement du territoire de Bourgogne-Franche-Comté autour de la
coopération européenne : l’exemple de la dynamique de l’étude »
La mise en mouvement du territoire est un processus : de l’identification d’un enjeu social
partagé et fédérateur à son appropriation collective par les acteurs du territoire.
Plusieurs catégories d’acteurs ont un rôle clé dans la mise en mouvement du territoire :
- Les collectivités territoriales jouent un rôle d’ensemblier sur le territoire et facilitent la
coordination des acteurs locaux et l’animation de dynamiques collectives.
- Les acteurs de l’ESS agissent dans une logique de réponse aux besoins sociaux et développent
des capacités à créer du lien entre acteurs locaux et entre territoires.
Les structures d’intermédiation participent au renforcement des capacités des acteurs
locaux tout en veillant à fluidifier leur mise en dialogue
La communauté d’acteurs qui s’est créée autour de la coopération européenne en
région constitue en elle-même un patrimoine collectif durable : l’ensemble des méthodes
de travail, des routines et informations partagées, des apprentissages croisés représentent
des biens communs pouvant être mobilisés par l’ensemble du territoire.
Peu d’outils existent à l’heure actuelle pour mesurer l’impact des dynamiques
collectives de coopération européenne sur les territoires : afin de valoriser le processus
de mobilisation des acteurs de Bourgogne-Franche-Comté, de nouveaux cadres d’évaluation
sont à imaginer.
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Annexe 3 : Note de cadrage de l'Étude
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Annexe 4 : Questionnaire à destination des acteurs associatifs, des acteurs institutionnels et des acteurs de l’éducation.
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Annexe 5 : Questionnaire à destination des collectivités territoriales
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Annexe 6 : Liste des structures enquêtées par questionnaire et/ou par entretien
- Fédération Léo Lagrange Centre Est
- Maison de Rhénanie-Palatinat
- Comité de jumelage Beire-le-Châtel
Saulheim
- Association Ombradipeter
- Comité de jumelage de Chenove
- Comité de jumelage de St Jean de Losne
- Association Européenne des Sports
Bourgogne-Franche-Comté
- Cercle d'Amitié Dijon-Mayence
- Comité de jumelage de Longchamp
- Association Ped Sahel
- Comité de jumelage Epoisses-Lörzweiler
- Association des comités de jumelage de
Montbard
- Fédération Régionale des MFR de
Bourgogne-Franche-Comté
- Club d'Amitiés Européennes de Semur en
Auxois
- Comité de jumelage de Velars-sur-Ouche
- Comité de jumelage de la Montagne de
Bar
- Comité de jumelage Hamm - Varois
- Comité de jumelage de Bretenière
- Comité de jumelage de Messigny et
Vantoux
- Comité de jumelage de Pouilly en Auxois
- Comité de jumelage Auxonne-
Heidesheim
- Club UNESCO de Dijon
- Oïkocrédit Franche-Comté-Bourgogne
- ENIL de Mamirolle
- Les 2 Scènes
- Bizonteam
- Association de jumelages en Europe
Bourgogne-Franche-Comté (AJE-BFC)
- Comité de jumelage Béthoncourt-
Rigolato
- Comité de jumelage Baume-Zell
- Comité de jumelage Hérimoncourt-
Tiszaföldvar
- Energy Cities
- ESN Besançon
- Académie de Besançon - DAREIC
- Association franco-allemande
Consonances
- Association d’amitié franco-roumaine
Franche-Sylvanie
- Comité de jumelage d'Arbois, Vignes &
Villages
- Comité de jumelage de Dole
- Comité de jumelage de Lons-le-Saunier
- Bibracte EPCC
- Comité de jumelage de la Charité sur
Loire
- Association cosnoise d'échanges
internationaux
- Association franco-roumaine Piatra
Craiuli
- Comité des fêtes et de jumelage de
Ronchamp
- Comité de jumelage Saint Vallier
- Comité de jumelage de La Clayette
- Comité de jumelage Chatenoy-
Beniganim
- Comité de jumelage de Chalon sur Saône
- Comité de jumelage de Mâcon
- Comité de jumelage de Charnay-lès-
Mâcon
- Comité de jumelage de Montceau-Żory
- Comité de jumelage de Montceau-
Geislingen
- Comité de jumelage de Sanvignes les
mines
- Comité de jumelage de Blanzy-
Hettendelheim
- Comité de jumelage de Tournus
- Association Eurojeunes
- Collège Européen de Cluny
- Centre Conférences International de
Cluny
- Fédération Européenne des sites
clunisiens
- Comité de jumelage de Blanzy-Wymiarki
- Comité de jumelage d'Epinac
- Maison des jumelages, de la
francophonie et des échanges
internationaux d'Auxerre
- Comité de jumelage Migennes- Simmern
- Comité de Jumelage Toucy-Kusel
- Comité de jumelage Tonnerre-
Montabaur
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- Comité de jumelage Monéteau-
Sougères/Föhren
- Comité de jumelage Charbuy-Serrig
- Comité de jumelage Essert-Ballinamuk
- EPIDE de Belfort
- Maison de l'Europe Bourgogne-Franche-
Comté
- Ville de Dijon
- Ville de Chevigny St Sauveur
- Ville de Montbéliard
- Ville de Besançon
- Ville de Delle
- Ville de Jougne
- Ville de Champagnole
- Ville de Dole
- Ville de Sellières
- Ville de Nevers
- Ville d'Autun
- Ville de Mâcon
- Ville de Charnay-lès-Mâcon
- Ville de Danjoutin
- Ville de Valdoie
- Département de Saône et Loire
- Département du Territoire de Belfort
- Région Bourgogne-Franche-Comté
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Annexe 7 : Liste des structures présentes aux temps d’information et d’échanges de mai à septembre 2019
- Ville de Besançon
- Grand Besançon
- Académie de Besançon DAREIC
- Maison de l'Europe BFC
- Association Européenne des sports
- Association Franche-Sylvanie
- Association Consonances
- Comité de jumelage d'Arbois
- Energy Cities
- Ville de Dijon
- Conseil Régional Bourgogne-Franche-
Comté
- Fédération Régionale des Maisons
Familiales Rurales
- Maison de Rhénanie-Palatinat
- Association de jumelage intercommunal
Mirbellois Fontenois
- Cercle d'amitiés Dijon-Mayence
- Comité de jumelage de Chenôve
- AJE-BFC
- GIP-FLTV de Bourgogne
- La Cimade
- Ville d'Autun
- Comité de jumelage d'Autun
- Office Municipal des Sports d'Autun
- Ville de Montceau-les-Mines
- Comité de jumelage d'Epinac
- Comité de jumelage du Creusot
- Comité de jumelage d'Étang sur Arroux
- Comité de jumelage de Blanzy-Wymiarki
- Département du Territoire de Belfort
- France Nature Environnement
- Les 2 Scènes
- EPIDE de Belfort
- Comité de jumelage Essert-Ballinamuk
- AMF 90
- Comité des fêtes et de jumelage de
Ronchamp
- Les Amis de Schwabmünchen
- Ville de Mâcon
- Ville de Fontaines
- Ville de St Rémy
- Collège Européen de Cluny
- Comité de liaisons internationales de
Chagny
- Maison des jumelages, de la
francophonie et des échanges
internationaux d’Auxerre
- Ville d’Auxerre
- Comité de jumelage de Saint Sauveur en
Puisaye
- Comité de jumelage de Monéteau
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Annexe 8 : Photos des rencontres territoriales d’avril à septembre 2019
PHOTO 1 : COMITE DE PILOTAGE DU 11 AVRIL 2019 A LA MAISON REGIONALE DE L'INNOVATION A DIJON
PHOTO 2 : TEMPS D'INFORMATION ET D'ÉCHANGES DU 5 JUIN 2019 A L'HOTEL DE VILLE DE DIJON
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PHOTO 3 : TEMPS D'INFORMATION ET D'ÉCHANGES DU 28 JUIN 2019 A L'HOTEL DE VILLE DE MACON
PHOTO 4 : TEMPS D'INFORMATION ET D'ÉCHANGES DU 10 SEPTEMBRE 2019 A LA MAISON PAUL BERT A
AUXERRE
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Annexe 9 : Comptes rendus des rencontres et temps de travail organisés
Ces documents sont disponibles à la consultation sur le site de BFC International via le lien
suivant : http://www.bfc-international.org/
Contacts
Site de Besançon (Siège social)
Arsenal Bat. QPlace Saint-Jacques - BP 16163
25014 Besançon cedex
Site de Dijon
Maison des Associations2 rue des Corroyeurs - BP H15
21068 Dijon cedex
Tél. : 03 81 66 52 38 / 09 83 20 12 03Courriel : [email protected]
www.bfc-international.org
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