LES NBIC - · PDF fileRécemment Apple a rejoint la course avec son projet de montre...

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LES NBIC Dans son récent ouvrage on entend l’arbre tomber mais pas la forêt pousser , Nicolas Bouzou soutient l’idée que l’économie ne traverse pas une crise mais vit au contraire une transition vers une croissance où les NBIC auront un rôle majeur. Les Nanotechnologies, Biotechnologies, technologies de l’Information et sciences Cognitives (NBIC) représentent en effet un potentiel d’innovations et d’avancées techniques considérable pour les pays industrialisés. N Les nanotechnologies sont issues de l’invention du microscope à effet de tunnel en 1980 par G. Binnig, elles permettent désormais la fabrication industrielle d’objets à l’échelle nanométrique (l’infiniment petit). B Les biotechnologies concernent l’application des principes de l’ingénierie à la transformation de matériaux par des agents biologiques pour produire des biens et services. I La révolution informatique (NTIC) en cours va faciliter le développement des applications informatiques dans le domaine des NBIC. Dans la génétique par exemple, les séquençages de génome nécessitent un nombre colossal de données et d’opérations mais avec la loi de Moore, le coût du traitement de ces données va diminuer et faire de ces services de véritables biens de consommation. C’est ainsi grâce à la puissance informatique que, déjà, ces domaines ne sont plus uniquement réservés à la recherche fondamentale publique. C Les sciences cognitives, elles, ont pour but la description et la stimulation de tout système de traitement de l’information capable d’acquérir, utiliser et transmettre des connaissances (pensée, intelligence artificielle). Applications : Les nanoparticules manufacturées sont déjà présentes dans de nombreux biens (textiles, crèmes, peintures). L’armée travaille elle aussi à la création de vêtements furtifs, de drones miniatures ou encore de poussières intelligentes capables de transmettre des informations sur le champ de bataille. Les NBIC vont permettre la production d’énergie sous une forme adaptée à la raréfaction des matières premières. Les nanotechnologies améliorent, par exemple, les cellules photovoltaïques favorisant ainsi une augmentation considérable des rendements. Les nanotechnologies assurent aussi la durabilité des produits High tech en proposant une alternative aux terres rares qui sont en majorité détenues par les Chinois (dépendance énergétique) et dont la raréfaction s’accroît. Dans le domaine médical et de l’informatique, les NBIC cherchent à restaurer certaines fonctions chez des personnes malades ou handicapées au moyen d’implants cérébraux. Grâce aux nanotechnologies, il sera bientôt possible de soumettre un malade à un traitement puissant, tout en minimisant les effets secondaires. Acteurs clefs : Selon J.P Bourgoin, les nanotechnologies provoquent une réorganisation radicale de la recherche et de l’innovation à cause des investissements nécessaires. A l’exception notable de Google et Apple, les grands acteurs des NBIC sont regroupés dans l’IBM Technology Alliance dont le laboratoire d’électronique des technologies de l’information (LETI) est situé au CEA de Grenoble. Ainsi dans les NBIC ce sont les réseaux de recherche qui feront la différence. Google est le premier embryon d’intelligence artificielle au monde, l’objectif de ses dirigeants est en effet de transformer leur moteur de recherche en intelligence artificielle. Cette société a rapidement compris la puissance de la révolution des technologies NBIC. Ainsi, depuis quelques années, Google procède à une vague de rachat de start-ups dans des marchés clés : - La santé et plus précisément la lutte contre la mort ; Google a crée Calico une filiale qui a pour objectif d’augmenter la vie de vingt ans d’ici à 2035. Elle investit également dans le séquençage ADN avec sa filiale 23andMe mais aussi dans un projet de lentilles intelligentes pour les diabétiques. - En moins d’un an, Google a racheté les huit principales sociétés de robotique dont Boston Dynamics (conception du chien robot BigDog) et Nest (domotique et objets intelligents). Des centres de lutte contre le cancer, des start-ups cherchent aussi de nouveaux médicaments. Watson, le système conçu par IBM en 2011, diagnostique déjà certains cancers mieux que les oncologues (90% de succès dans le diagnostic de cancer de la langue contre 50% chez les spécialistes humains). Il peut lire en quelques secondes des millions d’articles scientifiques, de résultats cliniques et de dossiers de patients.

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LES NBIC

Dans son récent ouvrage on entend l’arbre tomber mais pas la forêt pousser, Nicolas Bouzou soutient l’idée que l’économie ne traverse pas une crise mais vit au contraire une transition vers une croissance où les NBIC auront un rôle majeur. Les Nanotechnologies, Biotechnologies, technologies de l’Information et sciences Cognitives (NBIC) représentent en effet un potentiel d’innovations et d’avancées techniques considérable pour les pays industrialisés.

N Les nanotechnologies sont issues de l’invention du microscope à effet de tunnel en 1980 par G. Binnig, elles permettent désormais la fabrication industrielle d’objets à l’échelle nanométrique (l’infiniment petit).

B Les biotechnologies concernent l’application des principes de l’ingénierie à la transformation de matériaux par des agents biologiques pour produire des biens et services.

I La révolution informatique (NTIC) en cours va faciliter le développement des applications informatiques dans le domaine des NBIC. Dans la génétique par exemple, les séquençages de génome nécessitent un nombre colossal de données et d’opérations mais avec la loi de Moore, le coût du traitement de ces données va diminuer et faire de ces services de véritables biens de consommation. C’est ainsi grâce à la puissance informatique que, déjà, ces domaines ne sont plus uniquement réservés à la recherche fondamentale publique.

C Les sciences cognitives, elles, ont pour but la description et la stimulation de tout système de traitement de l’information capable d’acquérir, utiliser et transmettre des connaissances (pensée, intelligence artificielle). Applications : Les nanoparticules manufacturées sont déjà présentes dans de nombreux biens (textiles, crèmes, peintures). L’armée travaille elle aussi à la création de vêtements furtifs, de drones miniatures ou encore de poussières

intelligentes capables de transmettre des informations sur le champ de bataille. Les NBIC vont permettre la production d’énergie sous une forme adaptée à la raréfaction des matières

premières. Les nanotechnologies améliorent, par exemple, les cellules photovoltaïques favorisant ainsi une augmentation considérable des rendements.

Les nanotechnologies assurent aussi la durabilité des produits High tech en proposant une alternative aux terres rares qui sont en majorité détenues par les Chinois (dépendance énergétique) et dont la raréfaction s’accroît.

Dans le domaine médical et de l’informatique, les NBIC cherchent à restaurer certaines fonctions chez des personnes malades ou handicapées au moyen d’implants cérébraux. Grâce aux nanotechnologies, il sera bientôt possible de soumettre un malade à un traitement puissant, tout en minimisant les effets secondaires.

Acteurs clefs : Selon J.P Bourgoin, les nanotechnologies provoquent une réorganisation radicale de la recherche et de l’innovation à cause des investissements nécessaires. A l’exception notable de Google et Apple, les grands acteurs des NBIC sont regroupés dans l’IBM Technology Alliance dont le laboratoire d’électronique des technologies de l’information (LETI) est situé au CEA de Grenoble. Ainsi dans les NBIC ce sont les réseaux de recherche qui feront la différence. Google est le premier embryon d’intelligence artificielle au monde, l’objectif de ses dirigeants est en effet

de transformer leur moteur de recherche en intelligence artificielle. Cette société a rapidement compris la puissance de la révolution des technologies NBIC. Ainsi, depuis quelques années, Google procède à une vague de rachat de start-ups dans des marchés clés :

- La santé et plus précisément la lutte contre la mort ; Google a crée Calico une filiale qui a pour objectif d’augmenter la vie de vingt ans d’ici à 2035. Elle investit également dans le séquençage ADN avec sa filiale 23andMe mais aussi dans un projet de lentilles intelligentes pour les diabétiques.

- En moins d’un an, Google a racheté les huit principales sociétés de robotique dont Boston Dynamics (conception du chien robot BigDog) et Nest (domotique et objets intelligents).

Des centres de lutte contre le cancer, des start-ups cherchent aussi de nouveaux médicaments. Watson, le

système conçu par IBM en 2011, diagnostique déjà certains cancers mieux que les oncologues (90% de succès dans le diagnostic de cancer de la langue contre 50% chez les spécialistes humains). Il peut lire en quelques secondes des millions d’articles scientifiques, de résultats cliniques et de dossiers de patients.

Récemment Apple a rejoint la course avec son projet de montre iWatch, un instrument de mesure en

continue des variables de santé Les NBIC ont également une implication politique. Newt Gingrich, l’ancien speaker républicain de la

Chambre des représentants est devenu membre actif de la Nanobusiness Alliance, un lobby créé en 2001. Il investit également à titre personnel dans les start-ups spécialisées en nanotechnologie. Selon lui, Les Etats-Unis doivent continuer à investir dans les nouvelles sciences et adapter les systèmes de santé, d’apprentissage et de sécurité nationale à ces changements pour rester leader en matière de prospérité, de qualité de vie, et de potentiel militaire.

Les recherches sur les technologies d'altération du cerveau et du corps ont été accélérées sous la tutelle du

département américain de la Défense, intéressé par les avantages que celles-ci pourraient apporter sur le champ de bataille à leurs soldats, pour les États-Unis et leurs alliés

L’Etat a ainsi un rôle puisqu’il peut favoriser l’innovation dans les NBIC par la recherche fondamentale,

l’éducation, la propriété intellectuelle. Président de la société Belge DNA Vision, spécialisée dans le séquençage du génome humain, Laurent Alexandre dénonce une France et un continent Européen bio-conservateur là où l’Asie et la Californie foncent tête baissée dans les projets transhumanistes des NBIC. Chiffres et perspectives économiques : Aujourd’hui, les produits incluant des nanomatériaux sont assez nombreux mais le nombre de nanoparticules fabriquées à l’échelle industrielle reste inférieur à 20. Selon un rapport publié en 2001 par la National Science Foundation de Washington les produits issus des nanotechnologies génèreront un marché planétaire de 1000 milliards de dollars en 2016. Dix millions d’emplois pourraient être créés d’ici à 2020 tandis que les produits intégrant des nanotechnologies représenteront à terme 15 % de l’ensemble des biens commercialisés. Pour ce marché prometteur et révolutionnaire, il reste cependant impossible de connaître le potentiel actuel ou futur. Pour Eszter Toth, de l’Université d’Amsterdam, le secteur souffre paradoxalement de l’engouement qu’il suscite. Les médias jouent en effet sur l’incertitude des chiffres, un flou qui leur permet de faire passer un phénomène scientifique encore très informe pour un marché unifié, structuré, sur lequel il faudrait investir d’urgence. Selon la communauté scientifique, les Etats-Unis sont en tête dans la course aux NBIC suivit de l’Asie puis

de l’Europe. Le cabinet Cientifica établit en 2009 un classement différent :

Pays Union-Européenne

Russie Etats-Unis Japon Chine Corée du Sud

Pourcentage de l’investissement dédié aux NBIC

27 23 19 12 11 4

L’Europe fait beaucoup de recherche avec à la clé de nombreuses publications dans les grandes revues scientifiques mais elle peine à les transformer en brevets, faute d’une bonne coordination entre les centres de recherche et les entreprises. Dans cette optique, Alain Costes rappelle qu’en France environ 7000 chercheurs travaillent dans ce secteur, revendiquent 6,7 % des publications mais seulement 1,8 % des brevets. Alors que la Corée du Sud, qui ne peut se prévaloir que de 2 % des publications, est propriétaire de 7 % des brevets et donc d’une part nettement plus grande du potentiel industriel. Le documentaire de Philippe Borrel, un monde sans humain, est incontournable pour mieux comprendre les enjeux sociaux, économiques de la convergence des NBIC. Selon lui, les transformations radicales du monde et de l’homme (transhumanisme) qui se mettent en place avec les NBIC sont réelles mais les avancées techniques notamment dans le domaine de la santé restent cependant très inégalitaires. Ainsi, si les NBIC s’apparentent au capitalisme, c’est d’abord parce qu’elles renforcent les inégalités. Jacques Ellul voit également les NBIC et le transhumanisme comme un prolongement direct du capitalisme et plus généralement de l’idéologie productiviste.