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LES MORTIERS
1. DEFINITION
Un mortier est une bouche à feu tirant à inclinaison élevée (plus de
45°), pour effectuer des tirs courbes. La
trajectoire, en forme de cloche, du projectile permet d'atteindre un
objectif dissimulé derrière un obstacle, ce qu'un canon classique ne
permet pas de faire car la trajectoire de son projectile est plus tendue.
L'énergie produite par le recul est directement absorbée au travers d’une
plaque de base par le sol ou la plate-forme renforcée d'un véhicule.
L'arme a un tube court. Dans la plupart des cas, il est chargé par la
bouche, la munition étant mise à feu en tombant sur un percuteur fixe.
2. HISTORIQUE DES MORTIERS
C’est une arme de siège née au XVIIe siècle, le mortier devint au cours du XXe siècle une arme
d'appui essentielle de l'infanterie, fournissant à celle-ci la possibilité d'attaquer un ennemi
retranché avec une pièce bien plus mobile et demandant moins de logistique que l'artillerie
conventionnelle.
Né du besoin d'artillerie, le mortier est capable d'effectuer des
tirs contre des objectifs masqués lors d'un siège. En effet, la
généralisation et l'augmentation des canons, avait fait évoluer les
travaux de défense vers d'épais remblais de terre, inattaquables
par un boulet en tir tendu. On eut alors l'idée d'envoyer un
nouveau projectile, la bombe en tir courbe par dessus les
fortifications pour atteindre les défenseurs, jusque là abrités. Le
projectile arrivant moins vite et moins apte au rebond, avait dû
être adapté, on utilisa un corps creux rempli de poudre et mis à
feu par une fusée. L'usage de celle-ci nécessitant un double
allumage difficile et dangereux, le projectile puis la charge
propulsive, ainsi que les calculs savants pour la trajectoire, le
mortier restait une arme maniée par des spécialistes. De plus,
son gros calibre et l'absence de roue sur son affût, en faisaient
une pièce peu mobile et utile uniquement lors des sièges ; pour
pratiquer le tir masqué sur le champ de bataille, on inventa et
utilisa une pièce intermédiaire entre le canon et le mortier,
l'obusier.
L'apparition des fortifications en béton à la fin du XIXe siècle,
provoqua l'apparition du mortier de siège, encore plus puissant,
tirant des munitions perforantes spéciales, pour venir à bout du
toit des casemates. Développé jusqu'à la Seconde Guerre
mondiale, ce type de mortier, finit par disparaître au cours de
celle-ci, faute d'objectif nécessitant son emploi. L'apogée est le
mortier automoteur allemand Karl d'un calibre de 600
millimètres.
Mortiers de 120mm TR
1. Lance-grenade « Granatenwerfer 16 », 1915 et son projectile * 2. Mortier de tranchée français, modèle 52 A, 1916 3. Lance-torpilles « Minenwerfer » sur roues
3. LES MORTIERS MODERNES
Le mortier moderne naquît dans la boue des tranchées de la Première Guerre mondiale,
l'infanterie ayant besoin d'une arme pour atteindre son adversaire dans la tranchée en face. On met au point une série d'armes pratiquant le tir courbe,
comme les lance-torpilles ou les lance-grenades. En 1915, Sir Wilfred Stokes
met au point son trench mortar, littéralement mortier de tranchée, qui devient le premier mortier moderne. Appelée crapouillot par les soldats
français, cette arme et ses dérivés sont utilisés tout au long de la guerre
avec un grand succès. En effet, sa trajectoire courbe permet d'atteindre plus facilement les tranchées adverses que l'artillerie qui tire très en arrière du
front. Après la guerre, ces armes sont améliorées et donnent le mortier tel
qu'il existe de nos jours. Il est rendu démontable et transportable par de
petites équipes et les munitions sont rendues extrêmement efficaces par l'emploi de la fusée percutante, explosant au choc. C'est la société Brandt
qui fixe le standard du mortier d'infanterie, avec ses deux modèles conçus dans les années
1920, le 81mm et le 60mm.
Cette nouvelle arme est très mobile car elle se démonte en trois parties, l'embase, le tube et le bipied, toutes les trois transportables par un homme à pied. Sa munition, l'obus de 81mm, est
terminée par une queue empennée, autour de laquelle
est fixée la charge propulsive. Elle est facile d'emploi :
il suffit de la lâcher dans le tube et, arrivant au fond, l'amorce, située à son extrémité arrière, est mise à feu
par un percuteur fixe au fond du tube. Ce principe est
simple, le tube n'a pas de parties mobiles et compliquées à fabriquer et un tireur entraîné arrive à
tirer entre vingt et vingt cinq obus à la minute. Les
opérations de pointage et de mise en batterie restent simples et ne nécessitent pas un personnel nombreux
ni des équipements spécifiques comme les pièces d'artillerie conventionnelles, on règle la portée
en inclinant plus ou moins le tube avec une manivelle située sur
bipied et en ajoutant et retirant des portions de la charge
propulsive.
L'observation et le réglage du tir peuvent être effectués à la
jumelle. Cette arme s'impose très vite, et est adoptée ou copiée de
façon plus ou moins modifiée par la plupart des armées. L'URSS choisit par exemple d'utiliser le calibre de 82 mm, ce qui a
l'avantage de pouvoir utiliser les munitions de 81 mm, moyennant
une perte de précision, mais de rendre l'inverse impossible.
On parvint à une classification :
Mortiers légers, appelés lance-grenades, d’un calibre de 47, 50 ou 60mm, destinés à l’appui
rapproché, d’une portée maximale de 400 à 1000m selon le modèle.
Mortiers moyens, d’un calibre de 76 à 100mm, souvent appelés « mortiers de campagne » et
d’une portée de 3 à 4km.
Mortiers lourds, de calibres allant de 106 à 240mm avec une portée de 5 à
13km pour des projectiles munis d’une propulsion additionnelle.
3.1. Les Mortiers Légers
Le mortier léger est l’arme de tir courbe de la compagnie d’infanterie. Ses
composants, tube, bipied et plaque de base son transportable en un seul
fardeau. Il est courant sous le calibre 60 dans l’armée des Etats Unis et en calibre 50 dans les
armées occidentales ou de l’ex-URSS.
3.2. Les Mortiers de Campagne
Ce sont les tubes les plus courants sur le champ de bataille. Les
calibres 81 et 82mm sont pratiquement les seuls calibres moyens que
nous rencontrons dans les conflits modernes. Leur poids est d’environ
40kg ce qui implique trois personnels pour transporter et servir cette
arme.
3.3. Les Mortiers Lourds
C'est l’Union soviétique qui fait évoluer le mortier à l'approche et pendant la Seconde Guerre
mondiale. En 1938, elle met en service un modèle plus lourd d'un calibre de 120mm, destiné à
l'échelon régimentaire. Poussés par leur manque d'artillerie conventionnelle, suite aux terribles
pertes de l'été 1941, les Soviétiques confient le mortier à des artilleurs privés de canons. Leurs
mortiers lourds, regroupés dans des régiments, voire des
brigades de mortiers, comprenant 108 pièces, compensent
le manque d'obusiers ou de canons. En 1943, un modèle
encore plus puissant de 160mm est mis en service, puis
après guerre un de 240mm, dont l'obus de cent
kilogrammes dépasse largement la puissance destructive
d'un obus de 155mm d'obusier. Même si l'utilisation est
restreinte du fait de la portée plus courte, cette artillerie au
rabais est d'une efficacité redoutable pour préparer le terrain
aux unités d'assaut.
3.4. Les Mortiers Automoteurs
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, bien que le mortier soit assez mobile pour suivre les troupes à pied, apparaît le besoin de lui fournir un support automobile, pour pouvoir suivre les
unités mécanisées naissantes. La première solution trouvée est d'utiliser un simple mortier
d'infanterie à partir d'un véhicule dont le plancher a été renforcé, on utilise alors des semi-chenillés de transport d'infanterie, voire de simple camions, mais aussi des chars démodés où le
mortier est installé dans le puits de tourelle, en lieu et place de celle-ci. L'arme peut être alors
démontée et servir à terre en dehors du véhicule. Un modèle imposant, le Sturmtiger sur
châssis Panzer VI Tiger verra le jour.
Par la suite, apparaissent de véritables mortiers automoteurs où
l'arme est intégrée au véhicule et ne peut être servie qu'à partir de
celui-ci. Une des armées pionnières dans ce domaine est Tsahal,
qui réutilise de nombreux tubes lourds, d'origine soviétique, sur des châssis comme celui du M4 Sherman. Les Soviétiques leur
emboîtent le pas avec des modèles comme le 2S4, ou le 2S9. Un
autre type intéressant est le Advanced Mortar System (AMOS), mis au point par les Finlandais et les Suédois ; bitube, il tire des
munitions intelligentes à guidage infrarouge, pour attaquer les
chars par le dessus
4. LES PROJECTILES
Les projectiles de mortiers se présentent en coups complet : le projectile, la fusée et la charge
propulsive (cartouche + relais). Ces éléments peuvent être assemblés, projectile + fusée
+charge propulsive. Ils peuvent être réunis dans un même emballage mais non-assemblées.
Enfin ils peuvent séparés dans des emballages différents.
4.1. Les Caractéristiques du projectile de mortier
Les projectiles pour mortiers sont tirés sous faible charge, les pressions développées au départ
du coup sont peu élevées et la réaction d’inertie est également faible.
Les projectiles ont des parois relativement minces et
donc de grandes capacités de chargement. Leurs
formes sont bi-ogivales, cylindriques ou cylindro-
ogivales.
Le centrage du projectile dans le tube est réalisé par
un renflement. Ce renflement comporte des rainures
appelées « nids à crasse » qui limitent la fuite des gaz
de détente. Lors de la descente du projectile dans le
tube, les rainures de la ceinture de forcement
entrainent les résidus du tir précédent d’où leur nom
de « nids à crasse ».
Il y a une perte de gaz et pour la limiter certains
projectiles disposent d’une ceinture d’étanchéité en
pastique loge dans une gorge placée derrière la
ceinture de forcement. Cette ceinture se désintègre au
moment du tir.
La stabilité du projectile est assurée par des ailettes
ou carrément un empennage pour els projectiles
lourds à grande capacité. Cet empennage est
nécessaire mais présente de gros défauts :
C’est un poids mort et encombrant pour le
transport de la munition ;
Les ailettes offrent une certaine surface au vent qui disperse le tir exagérément.
Si les ailettes sont faussées, le projectile n’est plus stable sur sa trajectoire, la portée et
la précision sont altérées.
4.2. Les différents types de projectiles de mortier
Dans chaque calibre, les projectiles de mortiers sont classés en projectiles Explosifs, fumigènes,
éclairants, cargos, d’exercices, de tir réduit ou inertes.
4.2.1. Les projectiles explosifs
Les projectiles explosifs sont utilisés pour leur fragmentation
antipersonnel/anti-véhicule, ou leur effet de démolition suivant le
mode de fonctionnement de la fusée instantanée ou à court retard.
Un obus de mortier de 120mm, quoique moins lourd qu’un obus
d’artillerie de 155mm, contient plus d’explosif.
Cet explosif est le la tolite ou de l’hexolite. Dans le passé, les obus
de mortier étaient chargés à la schnédérite (SC) ou mélinite
dinitronaphtaline (MDN).
Les parois minces sont, soit en acier, soit en fonte aciérée, soit en
fonte malléable perlitique. La fonte aciérée permet une meilleure
fragmentation.
4.2.2. Les projectiles fumigènes
Ces projectiles sont destinés à aveugler les positions ennemies ou à dissimuler
les mouvements des troupes amies par un rideau de fumées.
Le chargement est constitué soit par du phosphore blanc (PH/WP) qui est aussi
incendiaire, soit un produit fumigène tel que la fumigérite.
En plus de son chargement fumigène, l’obus peut contenir une gaine relais
contenant une charge d’éclatement destinée à fragmenter l’enveloppe du
projectile et à disperser la charge fumigène.
4.2.3. Les projectiles éclairants
Les obus éclairants sont employés pour la recherche d’objectifs ou pour la surveillance du champ
de bataille pendant la nuit.
Ils contiennent un chargement constitué par un mélange à base de
magnésium ou de nitrate de baryum et de poudre d’aluminium
contenu dans un pot relié à un parachute.
Le dépotage s’effectue grâce à une charge de poudre noire dont la
déflagration est provoquée par une fusée à temps au moment voulu,
à une altitude variable selon le calibre du projectile.
4.2.4. Les projectiles cargos
Ce sont de vecteurs de dispersion de sous-munitions ou de
tracts. Ils disposent d’une fusée semblable aux obus éclairants.
Leur veine d’éclatement permet la séparation en deux parties
du corps de l’obus ayant pour effet la dispersion du contenu,
sous-munitions ou tracts.
4.2.5. Les projectiles d’exercice
Ce des obus d’entrainement. Leur chargement est fait de
lest et de poudre noire (PLPN) destinée à marquer le
point de chute du projectile sur le réceptacle.
Certains obus d’exercice sont constitués d’un corps muni
d’évents laissant échapper de la fumée à l’impact.
4.2.6. Les projectiles inertes
Ils sont utilisés pour former les recrues à la manipulation des obus ; Ils en ont la forme et le
poids mais ne contiennent aucune matière active.
4.2.7. Projectiles spéciaux
En plus des obus précités, il y a aussi des obus « canister », HEAT (High Explosive Anti Tank) et
APFSDS (Armour Percing Fine Stabilization Discarbing Sabot) pour le tir direct. Et aussi des obus
chimiques pour le maintien de l’ordre ou le combat d’infanterie.
Canister
Obus toxique
4.3. Les fusées des projectiles de mortiers
Il existe deux types de fusées d’obus de mortiers, soit la fusée d’impact (fusée percutante), soit
sur la trajectoire (fusée à temps)
Les fusées percutantes fonctionnent par refoulement du percuteur à l’impact et éventuellement
par inertie, dans ce cas elle est équipée d’un cordon pulvérin ou d’un mouvement d’horlogerie.
Les fusées percutantes sont instantanées ou à court retard après l’impact, selon l’effet
recherché. Elles amorcent les projectiles les obus explosifs, fumigènes et d’exercices.
Les fusées à temps sont soit à temps fixe soit à temps réglable. Elles amorcent les obus
éclairants ou chimiques.
L’armement des fusées d’obus de mortiers est généralement réalisé par inertie de translation,
puisqu’à l’exception des mortiers à tube à âme rayée, il peut être fait appel à l’inertie de rotation
ou à la force centrifuge.
Ces dernières années des améliorations techniques ont été apportées à la sécurité au transport
et au tir grâce à des fusées présentant les caractéristiques suivantes :
Une interruption de la chaine pyrotechnique permettant la livraison de projectiles amorcés
et le parachutage.
Une sécurité totale en cas de double chargement du tube pendant le tir (accident le plus
courant depuis des lustres).
Une sécurité de sortie de bouche au cas où un obstacle toucherait l’obus avant une
certain distance du tube.
Il existe des fusées de proximité radio électrique qui explose à quelques mètres au-dessus de
son objectif pour créer plus de dégâts.
4.4. La charge propulsive
La charge propulsive est une charge divisible
constituée de poudre. Elle comprend une
charge de base contenue dans une cartouche
constituée d’un corps cylindrique en carton
fort et d’un culot en laiton portant une
amorce centrale.
Cette cartouche propulsive est placée dans la
queue de l’obus soit au moment du tir soit
livrée en place.
On trouve plusieurs sortes de cartouches de propulsion :
A éléments séparés.
A bossage circulaire.
A gorge de sertissage.
A culot vissé.
Cette cartouche peut être complétée par des charges d’appoints appelés
relais de poudre (voir ci-dessus). Ces relais sont accrochés aux ailettes de l’empennage ou
maintenus sur la queue au-dessus de celle-ci. Les charges sont numérotées suivant le nombre
d’appoints utilisés.
Pour certains projectiles de 120mm à propulsion additionnelle, il y a dans le corps du projectile
un bloc de poudre inhibé extérieurement.
4.5. La mise à feu
Elle est soit automatique soit commandée.
4.5.1. Mise à feu automatique
Le tube porte à sa base et en son centre une tige de percussion
dépassant de plusieurs millimètres. Lorsque l’obus, introduit
dans le tube, par la bouche, atteint le fond du tube, sous l’effet
de son propre poids le percuteur frappe l’amorce de la cartouche
propulsive qui transmet le feu à la charge propulsive grâce aux
évents pratiqués dans la queue de l’empennage.
4.5.2. Mise à feu commandée
La tige de percussion ne fait pas saillie avant l’introduction de l’obus
dans l’âme. Lorsque le projectile atteint le fond du tube, le tireur
agit sur un cordon tire-feu ce qui a pour effet de libérer le
percuteur qui vient frapper l’amorce. Immédiatement après la
percussion le percuteur se positionne en retrait grâce à un ressort
de percussion.
5. QUELQUES VIDEOS
Tir d’efficacité au mortier de 60mm
http://www.youtube.com/watch?v=0kBdmLgzBKY
Tir au mortier de 120mm obus éclairants
http://www.youtube.com/watch?v=a67G8YXy96U&feature=related
Tir au mortier automoteur de 120mm
http://www.youtube.com/watch?v=a67G8YXy96U&feature=related
Effet d’un tir au mortier de 120mm
http://www.youtube.com/watch?v=mHNH-IVyZiA&feature=related
Tir au mortier de 240mm automoteur
http://www.youtube.com/watch?v=U_F-W4aBfgw&feature=related
Le mortier ultra moderne
http://www.youtube.com/watch?v=Qln3hVoe8qA&feature=related