Les jeunes et la culture générale préface + infographie

2
Jeunes et culture générale : une approche pragmatique Etude menée par MaCultureGenerale.fr et Raphaëlle Camous Conseil Préface de l'étude (par Mr Eric Cobast, professeur agrégé de l'université et auteur de nombreux ouvrages de référence en matière de culture générale) L’expression « Culture Générale » n’a cessé de m’embarrasser depuis que j’ai commencé à préparer des étudiants à ces épreuves dites précisément de Culture Générale, épreuves hybrides associant connaissances du monde contemporain , de l’actualité et pratiques plus académiques relevant de compétences historiques, littéraires, artistiques, voire philosophiques. Mon éditeur me demanda même il y a une dizaine d’années de rédiger un essai qui aurait eu pour ambition de cerner cette « fameuse »/ « fumeuse » Culture Générale. Je n’y suis pas parvenu et je renonçai alors à l’entreprise. On pourrait y voir une contradiction, dans la mesure où j’ai signé tant de manuels ou d’ouvrages affichant la Culture Générale en couverture et qu’il s’en est vendu tant d’exemplaires. En réalité, ce que je connais ce sont des concours précis qui obéissent à des codes associant, pour le faire court, Histoire et Histoire des Idées dans le cadre précis d’un exercice très sélectif qu’on appelle « dissertation ». En dehors de cette réalité qu’en est-il ? Je me pose toujours la question et la réponse que j’imagine me renvoie toujours à l’idée que chacun se fait d’un fonds commun de connaissances. Mais qui établit ce « fonds » ? A partir de quel niveau de précision ce qui était « général » devient « particulier », « spécialisé » ? En fin de compte les contours de cette culture commune dépendent entièrement de la représentation que s’en font ceux qui mobilisent l’idée même de Culture Générale. Chacun s’en fait un objet singulier. Voilà pourquoi mener une enquête sur la Culture Générale telle que la perçoivent les jeunes me semble être une démarche intéressante et pourquoi les résultats de l’enquête sont très instructifs, à cette réserve près que les « jeunes » interrogés constituent un groupe assez homogène et pas forcément représentatif de la « jeunesse » dans sa diversité. Mais précisément, on peut aussi noter que la « jeunesse » se laisse aussi difficilement circonscrire que la « Culture générale » ! Aujourd’hui que tous les savoirs sont immédiatement disponibles, grâce à internet, cette idée même de culture générale mérite ainsi d’être à nouveau sollicitée. C’est d’ailleurs ce qui émane aussi des éléments d’enquête qui suivent. Plus que jamais, l’aspect quantitatif et l’aspect normatif de la Culture doivent être, à mon sens, contestés. Ce que l’on attend, c’est bien de mettre en relation, « en réseaux » des savoirs ; ce qui est utile à présent, c’est de faire des liens. Les linguistes l’ont montré depuis longtemps, c’est la relation qui est créatrice de signification. Un signe, c’est un rapport. C’est de cela dont, à mon avis, il faut que les « jeunes » se souviennent quand ils évoquent leur « Culture Générale ». Ce n’est pas un « bagage », c’est plutôt une manière de voyager. Eric Cobast. Eric Cobast est professeur agrégé de l’université. Il enseigne la littérature en Khâgne et la culture générale à l’Ecole Nationale de la Magistrature. Il s’est particulièrement engagé depuis de nombreuses années dans la préparation à l’examen d’entrée des Instituts d’études politiques. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages qui, pour la culture générale, font désormais référence.

Transcript of Les jeunes et la culture générale préface + infographie

Page 1: Les jeunes et la culture générale préface + infographie

Jeunes et culture générale : une approche pragmatiqueEtude menée par MaCultureGenerale.fr et Raphaëlle Camous Conseil

Préface de l'étude (par Mr Eric Cobast, professeur agrégé de l'université et auteur de nombreux ouvrages de référence en matière de culture générale)

L’expression « Culture Générale » n’a cessé de m’embarrasser depuis que j’ai commencé à préparer des étudiants à ces épreuves dites précisément de Culture Générale, épreuves hybrides associant connaissances du monde contemporain , de l’actualité et pratiques plus académiques relevant de compétences historiques, littéraires, artistiques, voire philosophiques. Mon éditeur me demanda même il y a une dizaine d’années de rédiger un essai qui aurait eu pour ambition de cerner cette « fameuse »/ « fumeuse » Culture Générale. Je n’y suis pas parvenu et je renonçai alors à l’entreprise.On pourrait y voir une contradiction, dans la mesure où j’ai signé tant de manuels ou d’ouvrages affichant la Culture Générale en couverture et qu’il s’en est vendu tant d’exemplaires. En réalité, ce que je connais ce sont des concours précis qui obéissent à des codes associant, pour le faire court, Histoire et Histoire des Idées dans le cadre précis d’un exercice très sélectif qu’on appelle « dissertation ».

En dehors de cette réalité qu’en est-il ? Je me pose toujours la question et la réponse que j’imagine me renvoie toujours à l’idée que chacun se fait d’un fonds commun de connaissances. Mais qui établit ce « fonds » ? A partir de quel niveau de précision ce qui était « général » devient « particulier », « spécialisé » ? En fin de compte les contours de cette culture commune dépendent entièrement de la représentation que s’en font ceux qui mobilisent l’idée même de Culture Générale. Chacun s’en fait un objet singulier. Voilà pourquoi mener une enquête sur la Culture Générale telle que la perçoivent les jeunes me semble être une démarche intéressante et pourquoi les résultats de l’enquête sont très instructifs, à cette réserve près que les « jeunes » interrogés constituent un groupe assez homogène et pas forcément représentatif de la « jeunesse » dans sa diversité. Mais précisément, on peut aussi noter que la « jeunesse » se laisse aussi difficilement circonscrire que la « Culture générale » !

Aujourd’hui que tous les savoirs sont immédiatement disponibles, grâce à internet, cette idée même de culture générale mérite ainsi d’être à nouveau sollicitée. C’est d’ailleurs ce qui émane aussi des éléments d’enquête qui suivent. Plus que jamais, l’aspect quantitatif et l’aspect normatif de la Culture doivent être, à mon sens, contestés. Ce que l’on attend, c’est bien de mettre en relation, « en réseaux » des savoirs ; ce qui est utile à présent, c’est de faire des liens. Les linguistes l’ont montré depuis longtemps, c’est la relation qui est créatrice de signification. Un signe, c’est un rapport. C’est de cela dont, à mon avis, il faut que les « jeunes » se souviennent quand ils évoquent leur « Culture Générale ». Ce n’est pas un « bagage », c’est plutôt une manière de voyager.

Eric Cobast.

Eric Cobast est professeur agrégé de l’université. Il enseigne la littérature en Khâgne et la culture générale à

l’Ecole Nationale de la Magistrature. Il s’est particulièrement engagé depuis de nombreuses années dans la

préparation à l’examen d’entrée des Instituts d’études politiques. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages

qui, pour la culture générale, font désormais référence.