Les Indiens et la vie en Inde · 2018-04-13 · hindi partage plus de similitudes avec le français...

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Mumbai

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KolkataSurateRajkot

Nagpur

Indore

Bhopal

Pune

Srinagar

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KanpurVaranasi

Lucknow

Madurai

Trivandrum

ÎlesLaquedives

Puducherry

Visakhapatnam

Jaipur

Ahmedabad

New DelhiNew Delhi

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ColomboColombo

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Islamabad

Katmandou

Karnataka

AndhraPradesh

TamilNadu

Kerala

Goa

Territoirede Pondichéry

Maharashtra

Odisha

JharkhandBengale-

Occidental

Bihar

Haryana

Uttarakhand

HimachalPradesh

Punjab

Jammu-et-Cachemire

UttarPradesh

Rajasthan

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SikkimSikkimSikkim

ArunachalPradesh

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Zones revendiquées soit par l’Inde,soit par la Chine ou soit par le Pakistan

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Vie au quotidien 5

Une réelle mosaïque sociale 5La diversité ethnique et culturelle 5Les langues : indo-européennes, dravidiennes, tibéto-birmanes 6Les religions : diversité, vie en société et défis de demain 8Le clivage rural-urbain 12

La santé 13Un système à deux vitesses : public et privé 13L’eau 13Malaria, amibes et Giardia 14Précautions de base 15

L’éducation 16La complexe diversité du système scolaire indien 16L’éducation supérieure et les universités 18

La sexualité 18Entre Indiens 18Homosexualité 19Entre visiteurs et Indiens 20Les viols collectifs 20

Les transports 21Le train 21Le bus 21L’avion 21La voiture et le taxi 22

Vie en société 23

La famille, unité de base de la structure sociale 23

Classes et castes : deux structures fort différentes 25

Les grands moments de la vie 26Mariage 26Naissance 29Funérailles 30

Fêtes et festivals 31Jour de l’Indépendance 32Jour de la République 32Gandhi Jayanti 33Ramadan 33Eid al-Adha 33Navaratri et Durga puja 34Divali 34Mahashivaratri 35Holi 35Ganesha caturthi 36

La nourriture 36

Le tourisme 38Le tourisme « sac à dos » 38Le tourisme de type maharaja 38Le tourisme historique et culturel 39Le tourisme d’aventure 39Le tourisme médical et de mieux-être 40

Les Indiens et la vie en Inde

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Le symbole graphique que nous retrouvons tout au long des pages de ce livre se nomme le chakra d’Ashoka. Dans l’Inde ancienne, un disque de métal symbolisait le pouvoir (chakra en langue sanskrite); par la suite, le disque a représenté Bouddha ainsi que les souverains bouddhistes comme Ashoka, qui régna sur l’Inde au IIIe siècle av. J.-C. et qui contribua fortement à la diffusion du bouddhisme. On trouve ce chakra d’Ashoka au centre du drapeau indien. Le mot chakra est aussi utilisé dans les domaines de la médecine traditionnelle et du yoga; il désigne généralement des points de contrôle, ce qui rappelle le disque du pouvoir.

La page couverture illustre le dieu Krishna, un des avatars (dieu fait homme) de Vishnou. On le représente souvent adoles-cent, avec sa flûte, comme ici. On dit qu’il enjôla par sa musique les « gopis », vachères de son village. Divinité très vénérée en Inde, on désigne parfois Krishna sous les noms de Hari ou Govinda.

En couverture

Le chakra d’Ashoka

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Vie au quotidien

Une réelle mosaïque sociale

La diversité ethnique et culturelle Nous mentionnions dans le chapitre précédent que l’Inde n’est une réalité géopolitique que depuis 1947. Avant cette date, le sous-continent était composé de plus de 527 royaumes indé-pendants, tous différents les uns des autres, mais aucun avec des frontières réellement étanches. Ces royaumes, au cours des siècles, ont vécu affronte-ments, conquêtes et ont, bien entendu, subi l’influence de maintes migrations – immigrations et émigrations. Les différentes populations autochtones qui habitent le territoire sud-asiatique

depuis déjà plusieurs millénaires, ainsi que les mouvements de population subséquents qui ont pris place sur le même territoire, ont contribué à faire de l’Inde contemporaine la mosaïque qu’elle est devenue. Les populations des régions frontalières ressemblent à celles des pays limitrophes : les habitants de Nagaland – l’un des États du Nord-Ouest – partagent plusieurs caractéristiques avec ceux de l’ouest du Myanmar, la population du Ladakh, avec celle du Tibet occidental, et celle du Pendjab indien, avec celle du Pakistan oriental. Ce qui caractérise ici les habitants à l’orée des frontières natio-nales actuelles est également applicable aux frontières étatiques internes à l’Inde;

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en d’autres termes, la diversité ethnique et culturelle n’est guère observable si l’on se déplace à pied et graduellement. Le tout appartient à un continuum culturel et, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des régions périphériques et que l’on se rapproche de « l’Inde centrale », les trans-formations culturelles se perçoivent très subtilement, indépendamment des frontières étatiques. Cependant, si l’on compare le sud et le nord de l’Inde, l’ouest et l’est du pays, la différence culturelle est probante.

On retrouve au sein de plusieurs régions reculées de l’Inde des peuples nommés adivasi, littéralement les « premiers rési-dents ». Ils sont généralement décrits comme des peuples autochtones qui auraient été peu touchés par les grandes migrations (aryenne, grecque, perse et britannique) qui ont caractérisé l’his-toire de l’Inde. Le terme adivasi est une catégorie large qui regroupe plusieurs communautés autochtones très variées. Généralement, elles ont une langue qui leur est propre – souvent indépendante des grandes familles linguistiques que nous abordons plus loin –, des pratiques religieuses distinctes de l’hindouisme et de l’islam et des moyens de subsistance indépendants des centres urbains. Il faut cependant mettre en garde contre un certain romantisme : ces communau-tés adivasi n’ont pas évolué en complète autarcie au cours des siècles; elles ont subi et bénéficié de multiples influences.

L’identité ethnique et culturelle d’un groupe donné se décline selon différents paramètres, soit l’environnement au sein duquel le groupe réside, sa langue d’usage, l’histoire (réelle ou non) que le groupe s’attribue, son parcours migra-toire, ses coutumes alimentaires et vestimentaires, son folklore, sa religion, ses différentes expressions artistiques – sculpture, peinture, musique, danse – ainsi que son positionnement par rapport à « l’Autre », aux autres groupes. En Inde,

cette identité nominale se décline princi-palement, mais non exclusivement, selon les États puisque leurs frontières ont été déterminées, en grande partie, par la langue qui y est parlée. Ainsi, les locu-teurs d’une langue sont naturellement regroupés autour d’une même identité étatique générique – punjabie, gujaratie, marathie, bengalie, tamoule ou autre – qui transcende la seule caractéristique linguistique. La culture du groupe a égale-ment été marquée par les caractéristiques géophysiques de son territoire d’appar-tenance ou de provenance. Une région donnée de l’Inde – une vallée au sein des hautes montagnes himalayennes, la côte du Malabar, le désert du Thar, le plateau du Deccan – détermine en grande partie les habitudes quotidiennes des gens. Il importe également de souligner que la population de chaque État n’est cepen-dant pas homogène et que plusieurs autres éléments viennent contribuer à leur diversité démographique; la reli-gion et le fait de résider en ville ou à la campagne, par exemple, comptent parmi les facteurs déterminants.

Les langues : indo-européennes, dravidiennes, tibéto-birmanesLa Constitution indienne reconnaît l’existence de 22 langues distinctes sur l’ensemble du territoire national. Il importe de souligner ici que nous parlons de langues, et non pas de dialectes. Ces langues peuvent être divisées en trois grandes familles linguistiques – les langues indo-européennes, dravidiennes et tibéto-birmanes.

La famille indo-européenne regroupe les langues qui seraient originaires d’une langue commune, que les linguistes euro-péens du XVIIIe siècle (Gaston Cœurdoux, William Jones et, au XIXe siècle, Franz Bopps) ont nommé le « proto-indo-européen ». Le grec ancien, le latin et l’ensemble des langues européennes

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– mis à part le hongrois, le finnois et le basque – appartiennent à cette famille. Sur le territoire sud-asiatique, plusieurs langues émanent également de cette souche : pensons notamment au sanskrit (langue dans laquelle furent composés les Veda), au hindi, à l’urdu, au gujarati, au punjabi, au rajasthani, au marathi et au bengali. Les langues indo-euro-péennes partagent certaines structures syntaxiques et, bien entendu, des racines étymologiques communes : pensons, à titre d’exemple, aux termes « dieu » en français, deus en latin et deva en sanskrit, à « ignition » en français et au nom de la divinité hindoue du feu, Agni, ou bien à pater en latin et à pitr en sanskrit. Nous constatons ici la proximité étymologique entre deux langues qui, d’emblée, nous semblent aux antipodes. Sur le terri-toire sud-asiatique, plusieurs langues d’origine indo-européenne partagent un même alphabet, le devanagari : c’est le cas du sanskrit – langue pour laquelle cet alphabet fut originalement développé – du hindi, du marathi et du rajasthani. Les autres langues indo-européennes du nord de l’Inde sont rédigées dans un alphabet légèrement différent du deva-nagari, mais la similarité entre ces alpha-bets est facilement perceptible. L’urdu

est la langue généralement parlée par la population musulmane habitant le nord du sous-continent – c’est également la langue officielle du Pakistan –; en termes de syntaxe et de vocabulaire, cette langue est pratiquement la même que le hindi, à l’exception de certains termes recherchés qui sont plus d’influence arabe ou perse pour l’urdu, ou d’influence sanskrite, pour le hindi. Un locuteur urdu peut donc tout à fait comprendre un locuteur hindi s’exprimant dans un langage quotidien; l’inverse est également vrai. Cependant, même si l’urdu et le hindi parlés pour-raient être perçus comme une seule et même langue, ils sont rédigés dans des alphabets distincts : le hindi, en devana-gari, et l’urdu, en alphabet arabe.

La famille linguistique dite dravidienne regroupe les langues appartenant aux États du sud de l’Inde : le tamoul (Tamil Nadu), le malayalam (Kerala), le kannada (Karnataka), le telougou (Andhra Pradesh) et l’orissi (Odisha). Chacune de ces langues possède un alphabet qui lui est propre et qui est fort distinct du deva-nagari. Il importe également de noter la distance séparant les langues dravi-diennes des langues indo-européennes. À titre d’exemple, mentionnons que le

Les langues principales en Inde

Indo-européennesHindi 41%

Bengali 8,1%

Marathi 7%

Urdu 5%

Gujurati 4,5%

Punjabi 2,8%

Maitili 1,2%

DravidiennesTelugu 7,2%

Tamoul 5,9%

Kannada 3,7%

Malayalam 3,2%

Oriya 3,2%

Autres langues (appartenant aux familles indo-européenne, dravienne et tibéto-birmane) : 5,9%

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hindi partage plus de similitudes avec le français qu’avec le tamoul. On comprend ainsi les raisons de faire de l’hindi et de l’anglais les langues officielles de la nation indienne au lendemain de l’indé-pendance du pays en 1947. Bien que vestige colonial, l’anglais était la langue des infrastructures gouvernementales et la seule pouvant réellement assurer une cohésion au sein d’un pays si diver-sifié linguistiquement. L’anglais devenait ainsi la lingua franca du gouvernement sans qu’aucun groupe linguistique ne se sente désavantagé. L’inclusion du hindi dans la Constitution indienne comme langue officielle eut, quant à elle, des conséquences fort différentes. Les locuteurs de langues dravidiennes n’ayant aucune reconnaissance linguis-tique formelle au sein de la Constitution se sentirent exclus, et cela participa à alimenter certaines velléités nationales et séparatistes, notamment au Tamil Nadu.

En Inde, la famille tibéto-birmane regroupe des langues qui ne sont parlées que par de petites minorités linguis-tiques, toutes situées dans la région himalayenne, comme certaines vallées de l’Himachal Pradesh, du Ladakh, de l’Ut-tarakhand, du Sikkim et de l’Anuranchal Pradesh. Bien que ces langues soient plus parlées qu’écrites, lorsqu’elles sont rédi-gées, elles le sont dans un alphabet géné-ralement inspiré du devanagari. Le tibé-tain reflète justement cette inspiration alphabétique du devanagari alors que la langue parlée est radicalement différente de toute autre langue indo-européenne.

Pour quelqu’un qui voyage en Inde, l’importance de connaître une des langues indiennes varie selon ce que l’on désire y vivre plus ou moins long-temps. Une personne qui se limite aux grands centres urbains et qui a un contact avec une population éduquée saura très bien se débrouiller exclusive-ment avec l’anglais. Cependant, si vous

désirez avoir un contact plus intime avec l’Inde et sa population en région plus rurale, ou avec une population moins éduquée dans les grandes villes, alors la connaissance du hindi ou de l’une des langues dravidiennes devient nécessaire. Le hindi est passe-partout, surtout au nord, puisque la culture ciné-matographique de Bollywood s’est diffu-sée de façon très large et qu’une grande majorité des Indiens, tout au moins du nord, le comprend. On peut affirmer la même chose pour le sud de l’Inde, avec la nécessité de souligner cependant que certaines personnes, bien que compre-nant le hindi, se refuseront de le parler par fierté linguistique. Cela dit, si vous désirez séjourner pendant une période prolongée dans une région spécifique, la connaissance de la langue régionale est toujours un élément qui contribue au succès de l’insertion. Un Indien consta-tant qu’un visiteur s’est donné la peine d’apprendre l’une des langues de son pays sera flatté et naturellement enclin à l’ouverture.

Les religions : diversité, vie en société et défis de demainL’Inde est un pays officiellement laïque, mais fondamentalement religieux. La Constitution indienne de 1948 stipule clairement que la République indienne est laïque et, bien que la nation ne promeuve aucune religion, la liberté de culte est cependant garantie. La Constitution reconnaît également la présence de plusieurs religions sur son territoire national : hindouisme, islam, sikhisme, christianisme, jaïnisme, bouddhisme et zoroastrisme (parsi). Les hindous consti-tuent la foi majoritaire, avec près de 78% de l’ensemble de la population. Viennent par la suite les musulmans, avec près de 18% de la population. Ce chiffre est peu élevé par rapport au pourcentage d’hindous, mais ce maigre pourcentage appliqué à une population nationale

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Une réelle mosaïque sociale

d’un milliard deux cent millions d’habi-tants représente tout de même un grand nombre, faisant ainsi de l’Inde le pays où habitent le plus de musulmans après l’Indonésie. Hindous et musulmans sont présents sur l’ensemble du territoire indien, des zones himalayennes à l’extré-mité méridionale. Viennent par la suite sikhs et chrétiens, représentant chacun près de 2% de la population indienne. Bien que les sikhs soient plus présents dans l’État du Pendjab – là où le fonda-teur de la tradition, Guru Nanak, est né au XVIe siècle –, ils sont également présents partout en Inde. La même chose peut être affirmée des chrétiens que l’on retrouve partout sur le terri-toire, mais majoritairement à Goa – un État fortement influencé par la présence coloniale portugaise et, par le fait même, par la religion catholique – et au Kerala. Le bouddhisme, quant à lui, était très présent et influent entre le Ve siècle avant l’ère chrétienne et le XIIe siècle, moment où il a disparu totalement de l’Inde. Ce n’est que dans les années 1930 que le Dr. Ambedkar, né « intouchable », mais ayant cependant étudié la médecine en Angleterre et participé à la rédaction de la Constitution indienne, créa un mouve-ment de conversion de masse vers le bouddhisme. Selon Ambedkar, le boudd-hisme rejette toute hiérarchie de classes et de castes; l’homme politique était donc convaincu que la conversion de gens de castes inférieures leur permettrait de s’affranchir de cette structure oppressive. Depuis, une toute petite minorité d’In-

diens s’identifie comme bouddhiste. Les jaïns, quant à eux, sont présents sur le territoire indien depuis les débuts de leur tradition, au Ve siècle avant l’ère chré-tienne. Bien que le jaïnisme ait pris son essor dans la même région que le boud-dhisme, dans la région du Bihar actuel, la grande majorité des jaïns contemporains sont d’origine gujaratie; ils constituent moins de 1% de la population totale du pays. Les parsis – zoroastriens établis en Inde – représentent probablement la plus petite minorité religieuse de l’Inde et résident essentiellement à Mumbai. L’auteur indo-canadien Rohinton Mistry et le défunt chanteur Freddie Mercury du groupe rock Queen sont tous deux nés de parents parsis.

Ces différentes allégeances religieuses contribuent également à distinguer les identités ethnoculturelles au sein d’un même État. Un Punjabi ou Marathi, par exemple, pourrait être sikh, hindou, musulman ou autre. L’identité d’un indi-vidu ou d’une collectivité est alimentée bien entendu par sa langue maternelle, mais également par son appartenance religieuse qui le distingue des autres. Il importe de souligner ici que chaque État de l’Inde abrite plusieurs traditions religieuses et que ces différentes iden-tités se côtoient de façon relativement paisible depuis plusieurs siècles. Oui, des tensions ont existé, et sont toujours présentes, mais elles ne sont pas repré-sentatives des relations interreligieuses actuelles et passées caractérisant le pays.

Réapprendre à compter

En Inde, tout comme au Pakistan, au Bengladesh, au Népal et au Sri Lanka, on utilise l’expression « 1 lakh » pour signifier la somme de 100 000 et l’expression « 1 crore » pour la somme de 10 millions. Le lakh et le crore sont notés, respectivement, comme suit : 1,00,000 et 1,00,00,000. Bien que cette numération soit issue de l’an-cien système védique, elle est utilisée systématiquement dans la vie quotidienne de l’ensemble des Indiens. Il importe également de noter que chaque alphabet indien possède son propre système de numérotation.

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Vie en société

La famille, unité de base de la structure socialeLa famille est l’unité de base à partir de laquelle se déploie l’identité d’un indi-vidu en Inde. Sans famille, la personne n’existe pas. Au-delà de la classe, de la caste, l’identité familiale est celle qui prime. La famille indienne n’est pas une famille nucléaire comme nous en avons l’habitude en Occident; le modèle est plutôt celui de famille élargie, où les enfants vivent avec les parents, les grands-parents, les oncles et les tantes. La famille élargie compte généralement plusieurs personnes de diverses généra-tions vivant sous un même toit, parta-geant une même cuisine, un même foyer. Ainsi, il n’est pas rare de voir des familles de plus de 15 individus résidant au même endroit. La vie familiale est communau-taire, les enfants des uns grandissant avec les enfants des autres et apprenant

au sein de cette microsociété une multi-tude de règles fondamentales à la culture indienne.

Les liens familiaux sont régis par une hiérarchie importante. L’épouse du frère aîné, par exemple, n’a pas le même statut que celle du frère cadet; l’homme le plus âgé de la maison – qu’il soit le grand-père ou l’oncle aîné – détient, théoriquement, une autorité totale sur l’ensemble de la maisonnée. De plus, le mode relation-nel entre chaque membre de la famille dépend de la relation définie par le statut de chacun. La nomenclature familiale se doit donc d’être plus complexe en contexte indien afin justement de reflé-ter ces importantes nuances : selon la langue (hindi, tamoul ou autres), un terme distinct est utilisé pour parler de l’oncle maternel et de l’oncle paternel, du

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frère aîné et du frère cadet, de l’épouse du frère aîné et de celle du frère cadet, et ainsi de suite. À chaque rôle, à chaque statut, son nom précis, ce qui permet de tisser ce tissu social venant unir les membres d’une communauté transgé-nérationnelle se reproduisant depuis plusieurs siècles.

Il importe ici de présenter la notion d’ashrama, les quatre stades traditionnels divisant la vie d’un individu masculin hindou. Bien que cette structure ne soit vraiment plus suivie à la lettre  – peut-être encore dans certains milieux ortho-doxes et traditionnels –, elle permet tout de même de comprendre comment se déploient les rôles masculins au sein de la famille. La première étape est celle de brahmacarya et débute alors que le jeune entame son éducation formelle; il passe alors du statut indéfini de l’enfance – où tout est pratiquement permis  – à celui d’étudiant. Traditionnellement, le jeune allait apprendre un art, une profession sous l’égide d’un maître (guru) et devait quitter le domicile familial pour rejoindre une école traditionnelle (gurukula). De nos jours, l’école et le collège remplissent cette fonction. Lorsque le jeune termine ses études, il passe alors à la deuxième étape, celle de maître de maison (grhas-tha); le début de cette période est marqué par le mariage, et l’individu doit alors exercer pleinement la profession qui lui incombe et assurer une progéniture masculine à sa lignée. Lorsque ses propres enfants deviennent eux-mêmes grhastha, l’homme se doit de se retirer de la vie professionnelle et de laisser ses propres

enfants prendre en charge la profession familiale; il entre alors dans le troisième ashrama, soit celui de vanaprastha ou de reclus forestier. Traditionnellement, il devait s’installer avec ou sans son épouse à l’orée de la forêt. De nos jours, cepen-dant, l’homme s’installe plutôt dans un endroit plus en retrait dans la demeure familiale, demeurant ainsi accessible à ses enfants pour toute question profession-nelle ou autre. La dernière étape, celle de samnyasa, propose une renonciation totale et radicale de l’univers mondain; celle-ci est rarement mise en pratique. Bien que la majorité des hindous contem-porains ne parlent plus d’ashrama en tant que tels, on remarque cependant que la structure de ceux-ci – tout au moins dans son essence  – est toujours bel et bien présente. La vie typique d’un Indien, peu importe son appartenance religieuse, est marquée par ces mêmes étapes impor-tantes. Un parcours de vie doit nécessai-rement inclure  – à quelques exceptions près – une période de formation profes-sionnelle, le mariage, la procréation, la prise en charge de ses parents (d’une façon ou d’une autre), le soutien à ses enfants pour qu’ils acquièrent l’éduca-tion nécessaire pour s’engager dans une carrière et, plus tard, un retrait de la vie professionnelle en gardant un œil bien-veillant sur le parcours professionnel de ses propres enfants. Certaines grandes familles indiennes – telles les Tata et les Bajaj, toutes deux de confession parsie – ont pu faire leur fortune grâce à cette structure traditionnelle et aux liens étroits que permettent les systèmes de classes et de castes.

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Classes et castes : deux structures fort différentes

Classes et castes : deux structures fort différentesOutre la famille, d’autres catégories iden-titaires traditionnelles influent sur les pratiques sociales. Nous pensons parti-culièrement aux classes et aux castes. Les varna (classes) et les jati (castes) sont deux systèmes de catégorisation sociale dont les fondements sont fort différents. Tel que nous l’avons vu dans le chapitre « Histoire et civilisation », les varna sont les quatre classes décrites par l’un des mythes cosmogoniques des Veda; cette division sociale est fondée sur la notion de pur/impur. À chacune de ces classes, est attribuée une fonction particulière : les brahmanes ont comme fonction première l’accomplissement des rituels et l’enseignement; les ksatriya, la direction et la protection de la société; les vaisya, la responsabilité de nourrir celle-ci par l’en-tremise du commerce et de l’agriculture; les shudra, l’obligation d’être au service des trois premières classes. Cette division sociale est fondée sur la pureté rituelle : plus le statut d’un individu est élevé, plus les restrictions et obligations rituelles sont contraignantes afin de maintenir le niveau de pureté acquis à la naissance. La classe et la caste déterminent donc, traditionnellement, le type d’activités professionnelles permises à un individu donné. L’appartenance à la caste, jati, est par ailleurs définie selon la profession; le jati est en fait une sorte de corporation professionnelle réunissant les membres d’un même métier d’une région donnée. Les membres d’un jati sont naturelle-ment tous de même varna.

L’importance de maintenir une pureté rituelle se manifeste par l’observance de trois contraintes généralement liées à la varna, mais également étendues au jati dans le cas de certains groupes plus orthodoxes : l’endogamie, l’exclusivité de la profession et la commensalité. En ce

qui concerne l’endogamie, les membres d’un jati particulier doivent tradition-nellement trouver pour leurs enfants un conjoint issu du même milieu. Celui-ci doit donc provenir d’une famille de même jati. Il n’est pas rare, cependant, de constater un certain élargissement du bassin d’épouses et d’époux potentiels à d’autres « castes » au sein d’une même classe. Traditionnellement, l’exclusivité de la profession implique sa transmission héréditaire, au sein des familles appar-tenant à chaque jati. Quant à la règle de la commensalité, elle implique, pour l’ensemble des trois premières classes, que la nourriture soit préparée par les membres de sa classe ou ceux d’une classe supérieure. Plusieurs restaurants des grandes mégalopoles indiennes s’affichent comme pure veg, soulignant ainsi que tous leurs cuisiniers sont brah-manes. Alors que cette pratique tend à disparaître dans l’Inde moderne, l’Inde traditionnelle  – qui demeure toujours majoritaire dans le sous-continent  – lui accorde toujours beaucoup d’importance. Il importe de souligner que ces trois règles sont appliquées de la façon la plus restrictive pour les brahmanes, tout en haut de la hiérarchie socio-religieuse.

Techniquement, les classes (varna) sont des catégories fondamentalement hindoues. Les castes (jati), quant à elles, n’ont aucune racine religieuse et sont partagées par l’ensemble de la société indienne, hindoue comme musulmane, sikhe et chrétienne. Les différentes tradi-tions religieuses présentes sur le terri-toire indien ont intégré cette structure sociale – même si aucune ne l’admettrait réellement. Cependant, l’Inde moderne, telle qu’on la retrouve dans certains secteurs des grandes villes, tend à s’af-franchir de ces structures traditionnelles. w

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IndexAAmibes 14Avion 21

BBus 21

CCastes 25Classes 25Clivage rural-urbain 12

Cricket 35

DDensité 12Divali 34Diversité ethnique et culturelle 5

Durga puja 34

EEau 13Éducation 16Éducation supérieure 18

Eid al-Adha 33

FFamille 23Fêtes et festivals 31Filles ou garçons 30

Funérailles 30

GGandhi Jayanti 33Ganesha caturthi 36Giardia 14Grands moments de la vie 26

HHoli 35Homosexualité 19

IIndian Standard Time (IST) 32

JJour de la République 32

Jour de l’Indépendance 32

LLangues 6

MMahashivaratri 35Malaria 14Mariage 26Marquage corporel 11

Mendicité 14

NNaissance 29Navaratri 34Nourriture 36

PPrécautions de base 15

RRamadan 33

SSanté 13Sexualité 18Système scolaire indien 16

TTaxi 22Tourisme 38Tourisme médical et de mieux-être 40

Train 21Transports 21

VViols collectifs 20Voiture 22

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Page 14: Les Indiens et la vie en Inde · 2018-04-13 · hindi partage plus de similitudes avec le français qu’avec le tamoul. On comprend ainsi les raisons de faire de l’hindi et de

Les Indiens et la vie en Inde, 978-2-76581-071-1 (version numérique PDF), est un chapitre tiré du guide Ulysse Com-prendre l’Inde, ISBN 978-2-89464-752-3 (version imprimée), dont la publication et le dépôt légal ont eu lieu le premier tri-mestre 2015.

Crédits Auteur : Mathieu BoisvertÉditeur : Daniel DesjardinsAdjointe à l’édition : Annie GilbertCorrecteur : Pierre DaveluyInfographistes : Judy Tan, Philippe ThomasCartographe : Philippe ThomasDirecteur des éditions : Claude MorneauPhotographie : Première de couverture, Illustration du dieu Krishna, un des avatars de Vishnou : © Shutterstock.com/Shyamalamuralinath

Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Claude Morneau.

RemerciementsCe livre n’aurait pu être possible sans mes deux frères, Francis et Jagara, sans qui mon intérêt pour l’Inde ne se serait jamais développé. Je tiens également à remercier Béatrice Halsouet pour son œil aguerri et la lecture attentive qu’elle a effectuée du manuscrit. Je ne pourrais passer sous silence Mayté Perez, qui m’a mis sur la route d’Ulysse.

Guides de voyage Ulysse reconnaît l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour ses activités d’édition.

Guides de voyage Ulysse tient également à remercier le gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

Guides de voyage Ulysse est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres.

Note aux lecteursPour faciliter la lecture, les signes diacritiques sur les mots de langues indiennes ont été omis.

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