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Les forêts du bassin du Congo ÉVALUATION PRÉLIMINAIRE

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Les forêts du bassin du CongoÉ V A L U A T I O N P R É L I M I N A I R E

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La protection desécosystèmes et de la biodiversité tout

en améliorant le bien-être des populations dans la région du bassin du Congo

Cette image de la Forêt du bassin du Congo a été créée grâce à un assemblage d’images prises par satellite MODIS entre 1999et 2002 permettant d’obtenir une vue dégagée de tout nuage. La couleur vert foncé montre des forêts denses et le vert clairindique des forêts dégradées ou des zones agricoles. Les savanes apparaissent en rose et les savanes boisées en violet. Les activi-tés du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC) en matière de conservation visent principalement 11 Paysages(délimités en blanc) qui ont été choisis par plus de 160 experts régionaux et internationaux lors d’un séminaire à Libreville enavril 2000. Les Paysages ont été sélectionnés pour leur exceptionnelle biodiversité (ainsi que pour la concentration d’espècesendémiques qu’ils représentent), parce qu’ils hébergent des populations intactes de grands mammifères (notamment des élé-phants et des gorilles dans les régions boisées sauvages) ou parce qu’ils représentent des habitats importants et caractéristiqueset des communautés d’espèces.

Ces Paysages choisis ne désignent pas des aires protégées mais plutôt représentent-ils des régions dans lesquelles les initiativesde conservation devraient jouer un rôle déterminant, au moyen d’activités variées d’utilisation des terres dans les aires et cou-loirs protégés ainsi que par une gestion forestière durable de même qu’une gestion communautaire durable des ressources natu-relles. Le PFBC œuvre avec un grand nombre d’organisations gouvernementales et non gouvernementales à l’intérieur de cesPaysages en vue de conserver leur biodiversité et promouvoir des pratiques durables d’utilisation des terres.

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Les forêts du bassin du CongoÉ V A L U A T I O N P R É L I M I N A I R E

2005

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Le Partenariat pour les forêts du bassin du Congo est composé des partenaires actifs suivants:

Les gouvernements du

CamerounGuinée équatorialeGabonRépublique du CongoRépublique centrafricaineRépublique démocratique du Congo

Afrique du SudAllemagneBelgiqueCanadaÉtats-UnisFranceJaponRoyaume-Uni

Organisations intergouvernementales:

Banque mondialeCommission européenneOrganisation internationale des bois tropicauxUnion mondiale pour la conservation

Organisations non gouvernementales, universités et organisations du secteur privé:

African Wildlife FoundationAssociation Technique Internationale des Bois

Tropicaux (American Forest and PaperAssociation)

Center for International Forestry Research Conservation InternationalFonds mondial pour la nature (World Wildlife

Fund—World Wide Fund for Nature)Forest TrendsJane Goodall InstituteSociety of American ForestersUniversity of MarylandWildlife Conservation SocietyWorld Resources InstituteWildlife Conservation SocietyWorld Resources Institute

et de nombreuses autres organisations

Les forêts du bassin du Congo: Évaluation préliminaireLe texte de ce document est disponible à l’adresse Internet suivante:http://carpe.umd.edu/products/PDF_Files/FOCB_APrelimAssess.pdf

Photos obtenues avec autorisation. Contributions:Stephen Blake, WCS: 5(b), 11 Allard Blom, WWF: Couverture i(b), i(e), 5(a), 13, 30 Richard Carroll, WWF: i(d), ii, 6(a) Michael Kock, Field Veterinary Program, WCS: Dos, i(a), 1Olivier Langrand, CI: 17, 33 Jeffry Oonk and Marlene Azink: i(c), 2, 16 Richard Ruggiero: 8 Gretchen Walters, Missouri Botanical Garden (MBG): 6(b)

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez consulter les sitesInternet du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC)et le Programme régional en Afrique centrale pour l’environnement(CARPE) aux adresses suivantes:http://www.cbfp.org/http://carpe.umd.edu/

Imprimé sur papier recyclé avec des encres dérivées du soja.

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Comparées à d’autres forêts tropicales, les forêts duBassin du Congo sont relativement intactes.

Cependant, sous ce qui semble être une canopée intacte,de sérieuses dégradations sont en cours. En effet, de largesblocs de forêts sont déjà devenus des forêts vidées de touteleur grande faune et sont de ce fait dépourvues des res-sources nécessaires à la survie des peuples de forêt et à cellede la faune. À moins que la tendance à l’accélération de ladégradation ne soit inversée, les forêts du Bassin du Congopourraient connaître une destruction de même ampleur quecelles survenues pour les forêts de l’Afrique de l’ouest etcelles de l’Asie du sud-est.

La reconnaissance de l’importance de conserver lesforêts et des dangers qu’elles encourent n’est pas un phéno-mène nouveau. Par exemple, la première réserve à élé-phant a été créée en 1889 ; le gorille de montagne est pro-tégé depuis 1912 ; et des parcs nationaux ont été créésdepuis 1925. Cependant, la protection de la forêt a seule-ment démarré sérieusement dans les années 1980, quandl’exploitation forestière industrielle a commencé à se dépla-cer des zones côtières vers l’intérieur des terres, augmentantet exacerbant les menaces sur les forêts.

Avec le temps, il est apparu clairement qu'uneapproche de la conservation basée en majeure partie sur degrandes espèces phares, telle que l'éléphant, et sur la créa-tion de parcs nationaux était particulièrement inadéquate.Une conservation réussie résulte d’une vision plus intégraleet plus globale des écosystèmes complexes, rendant néces-saire une approche plus régionale.

Cette approche régionale intégrale est reflétée dans des

initiatives plus récentes de conservation et de développe-ment. Le programme d'ECOFAC, financé par laCommission Européenne a démarré en1992 et concerne sixpays d’Afrique Centrale. ECOFAC dans sa stratégie régio-nale se focalise dans la conservation de la biodiversité, plusparticulièrement des aires protégées, tout en favorisantl'utilisation durable des ressources forestières afin de cataly-ser le développement et l’amélioration des conditions devie sans hypothéquer le futur.

Une autre initiative, le Programme régional d’Afriquecentrale pour l’environnement (CARPE) de l’USAID a 20ans et débuta en 1995. Ce programme fut créé pour améliorerles connaissances relatives aux forêts et à la biodiversitéd’Afrique centrale, et pour renforcer les capacités institution-nelles et les ressources humaines de la région. Pendant sa pre-mière phase, de 1995 à 2002, des enseignements précieuxfurent obtenus par les partenaires CARPE au sujet des condi-tions et pratiques nécessaires pour réduire la déforestation etla perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale.

Pendant la même période – et ceci est plus important –les pays d’Afrique centrale intensifièrent leurs efforts decoordination régionale dans le but d’assurer la conservationde la biodiversité et la gestion durable des forêts à traverstout le bassin du Congo. Cette volonté de collaboration futentérinée dans la Déclaration de Yaoundé de 1999, signéeau Cameroun par les chefs d’État de six pays. Cette décla-ration historique et le Plan de Convergence qui en découlaont créé un cadre pour l’élaboration d’objectifs communsdans la conservation des forêts et ont renforcé le dévelop-pement de nouveaux efforts transfrontaliers et régionaux deconservation.

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Introduction

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Le 4 septembre 2002, les États-Unis et l’Afrique du Sudont rejoint 27 partenaires publics et privés pour lancer lePartenariat pour les forêts du bassin du Congo (PFBC) àl’occasion du Sommet de la Terre sur le développementdurable à Johannesburg en Afrique du Sud. Ce nouveaupartenariat devait offrir un appui international à la réalisa-tion des objectifs de la Déclaration de Yaoundé.

Les objectifs du PFBC comprennent le développementéconomique, la lutte contre la pauvreté et l’améliorationde la gouvernance et de la conservation des ressourcesnaturelles à travers l’appui à un réseau d’aires protégées etde concessions forestières bien gérées, ainsi que par l’assis-tance aux communautés qui dépendent de la conservationdes ressources remarquables de la forêt et de la faune auCameroun, en République centrafricaine, en Républiquedémocratique du Congo, en Guinée équatoriale, au Gabonen en République du Congo. Les activités financées par lesÉtats-Unis dans le cadre du PFBC seront centrées sur laréalisation de ces objectifs dans 11 Paysages, importants surle plan écologique, répartis sur les six pays. Cependant, siles activités de CARPE recoupent en grande partie ledomaine géographique du PFBC, elles s’étendent aussi endehors des Paysages prioritaires, notamment au Paysage desVirunga.

Les objectifs et les approches de CARPE et du PFBC serenforcent mutuellement. Le lancement du PFBC coïncidad’ailleurs avec la décision de l’USAID de déplacer la ges-tion de CARPE de Washington D.C. à la Républiquedémocratique du Congo et de transformer le programmequi était centré sur la recherche en un programme centrésur la réalisation d’activités de terrain. Bien que l’USAIDne soit pas le seul programme gouvernemental des États-Unis appuyant le PFBC, CARPE est le principal mécanis-me au travers duquel le gouvernement des États-Unisappuie ce partenariat.

L’objectif principal de la seconde phase de CARPE estd’aider à instaurer des pratiques durables de gestion des res-

sources naturelles à travers toute l’Afrique centrale, afin d’ap-puyer le développement économique durable et la lutte contre lapauvreté au bénéfice des populations de la région et de la com-munauté mondiale. Cet objectif à long terme rappelle queles ressources naturelles du monde ne peuvent pas êtreconsidérées isolément les unes des autres.

En appui à cet objectif ultime, CARPE s’est donnécomme objectif opérationnel pour la seconde phase de sonprogramme (2003-2010), la réduction du taux de déforesta-tion et de perte de biodiversité au travers d’un renforce-ment des capacités locales, nationales et régionales dans ledomaine de la gestion des ressources naturelles. Pouratteindre cet objectif, les activités de CARPE sont centréessur la promotion de la mise en application de la gestion durabledes ressources naturelles, l’institutionnalisation du suivi des res-sources naturelles et le renforcement des institutions gérant lesressources naturelles, des politiques et des lois. Les activitésCARPE se proposent aussi de toucher à divers thèmestransversaux tels que le suivi et le partage des informations,la sensibilisation de la société aux problèmes de genre, lerenforcement des capacités et l’atténuation des conflits auniveau local.

CARPE attache aussi beaucoup d’importance aux par-tenariats, requierant que ceux qui reçoivent des fonds col-laborent entre eux, y compris les gouvernements locaux etnationaux, les institutions africaines, les universités etcentres de recherche, les ONG internationales, les autresbailleurs de fonds et les institutions gouvernementales desÉtats-Unis. Les menaces qui pèsent sur le bassin du Congosont multiples et ce n’est qu’au travers d’une collaborationbien coordonnée que les objectifs de CARPE pourront êtreatteints.

Le but de ce premier rapport est de mettre en exerguel’incroyable richesse en ressources naturelles et humainesdu bassin du Congo, tout en faisant valoir les partenariatsmultiples qui ont pris forme en appui à la ferme intentiondes pays d’Afrique centrale de protéger, de conserver et dedévelopper durablement ces ressources. Ce rapport initialmet en avant les activités qui ont été financées dans le bas-sin du Congo par le gouvernement des États-Unis. Nousreconnaissons que pareil travail ne reflète qu’une partie desefforts importants déployés dans la région et que le succèsde ceux des États d’Afrique centrale est le plus importantpour la suite. Nous espérons que les rapports suivants vontse focaliser sur les efforts des pays de la région, d’autresdonateurs internationaux et des ONG oeuvrant dans lebassin du Congo. À travers ce survol initial sur l’état desforêts de la région, nous espérons d’ailleurs fournir des rai-sons pour instaurer une évaluation périodique et plusdétaillée des forêts du bassin du Congo sur laquelle les ins-titutions africaines pourront finalement s’appuyer.

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L’étendue des forêts

Les forêts du bassin du Congo contiennent, après cellesde l’Amazonie, le deuxième plus grand massif de forêts

tropicales denses et humides. Elles forment le bloc orientaldes forêts guinéo-congolaises qui s’étend des côtes atlan-tiques à l’ouest jusqu’aux montagnes du rift Albertin à l’estet couvre près de 7° de part et d’autre de l’équateur. Cerapport est centré sur les forêts des pays faisant partie duPFBC – Cameroun, République centrafricaine, Républiquedémocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gabon etRépublique du Congo – et couvre une superficie approxi-mative de 2 millions de kilomètres carrés (Figures 1 et 2).

Végétation et ClimatLa distribution actuelle des différents types de forêt est for-tement corrélée avec la pluviosité annuelle et surtout avecla durée et la sévérité de la saison sèche. Les forêts du nord

sont soumises à une saison sèche chaude et sévère alors quele reste, surtout l’ouest, est soumis à une saison sèche plutôtfraîche.

Le long de la côte atlantique existe une bande de forêtssempervirentes riches en espèces. Ce sont les forêts les plushumides de la région avec une pluviométrie annuellemoyenne qui dépasse 3 000 mm par endroits. Cette bandes’étend sur près de 200 km à l’intérieur des terres. Ensuiteviennent des forêts progressivement plus sèches, plus plateset moins riches en espèces. Les marais du fleuve Congos’étendent au centre. Ils possèdent une diversité et unendémisme botanique significatifs répartis en une vastemosaïque de zones marécageuses et de milieux ripicoles. Àl’extrémité orientale des forêts d’Afrique centrale, le reliefs’élève vers les montagnes du rift Albertin. Au nord et ausud du bloc forestier, les forêts sempervirentes et semi-deci-dues laissent la place à une mosaïque plus sèche de forêt etde savanes, moins riche sur le plan botanique mais suppor-

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Les forêts du bassin du Congo

Figure 1. Carte globale 2000 de la couverture végétale d’Afrique centrale

-0.78

-0.01

-0.46 -0.21

-0.52

-1.42

-1.15

-0.04 -0.81

-0.02

-0.82

-0.21

-0.11

Sites TREES

« Points chauds » de la déforestation

Forêt dense humide planitiaire

Forêt montagnarde

Forêt marécageuse

Complexe rural

Mosaïque forêt-savane

Cultures

Savanes boisées

Savanes herbeuseset arbustives

Eau

200 0 200 400 Kilometers

Cette carte de la couverture végétale pour l’année 2000 a été réalisée par un réseau de partenaires en Europe et en Afrique sous la coordination du Centrecommun de recherche (UE). Elle est dérivée de plusieurs jeux d’images satellite, optiques et radar, et montre l’entièreté du bassin avec un niveau dedétails spatiaux et thématiques jamais obtenus auparavent, particulièrement dans le domaine des forêts marécageuses. Sur la carte de végétation ont été superimposées deux couches d’informations produites par le programme TREES (Tropical Ecosystem EnvironmentObservations by Satellites). La première montre les principales zones de déforestation définies par des experts régionaux (encerclées de rouge); la secondemontre les zones ayant servi à calculer entre 1990 et 1995 le taux annuel de déforestation sur base d’images Landsat (carrés pourpres).

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tant d’importantes populations de grands mammifères(Figure 3).

Plantes, faune et services écologiques La biodiversité d’Afrique centrale est d’importance mon-diale à la fois par le nombre d’espèces trouvées dans larégion – la richesse spécifique – et le nombre d’espèces deplantes et d’animaux qui n’existent pas ailleurs sur la pla-nète – l’endémisme. Les forêts du bassin du Congo repré-sentent l’une des deux dernières régions au monde qui pos-sèdent de vastes étendues interconnectées de forêt tropica-le humide abritant une grande diversité de plantes vascu-laires, d’insectes et de grands mammifères. Ces forêts sonthabitées par l’assemblage le plus diversifié de plantes etd’animaux, comprenant plus de 400 espèces de mammifères,plus de 1000 espèces d’oiseaux et probablement plus de10000 espèces de plantes dont 3000 environ seraient endé-miques. Ce n’est qu’en Afrique centrale que des éléphantsde forêt, des gorilles, des buffles de forêt, des bongos et desokapis existent en grands nombres sur de vastes étendues.

Les ancêtres lointains de l’homme sont peut-être origi-naires de l’Afrique centrale qui abrite encore nos trois plusproches parents : le gorille, le chimpanzé et le bonobo. Lesforêts d’Afrique centrale sont d’ailleurs les plus riches dumonde en primates. Elles abritent aussi l’éléphant de forêt,

un « ingénieur » de l’écosystème qui transforme continuel-lement le paysage et maintient le fonctionnement de sys-tèmes écologiques naturels. Rien que par sa taille, les forêtsdu bassin du Congo constituent une réserve de carboned’importance mondiale pour la régulation du gaz à effet deserre et le dioxyde de carbone. Cette forêt a aussi un rôlerégulateur sur le climat régional et local ; elle assure lerecyclage de l’eau, critique pour une grande partie del’Afrique. Sa richesse et sa diversité constituent une res-source d’importance critique pour des dizaines de millionsd’humains, en Afrique et au-delà, dont le bien-être endépend.

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Figure 2. Répartition des forêts parmi les pays du PFBC

Forêts atlantiques côtières équatoriales : gorille de l’ouest, éléphant, mandrill, autres primates; grande diversité de plantes, oiseaux, insectes, amphibiens etreptiles des forêts sempervirentes.Forêts congolaises planitiaires du nord-ouest : hautes densités de faune, gorille de l’ouest, éléphant, bongo; diversité botanique plus faible à l’est, plus riche àl’ouest.Forêts congolaises inondables de l’ouest : faune et flore des milieux humides, éléphant, gorille de l’ouest, chimpanzé, autres primates; diversité botaniquefaible, mais présence d’espèces endémiques de milieux humides.Forêts congolaises inondables de l’est : faune et flore des milieux humides, bonobo, autres primates; faible diversité botanique mais présence d’espèces endé-miques des milieux humides.Forêts congolaises planitiaires du centre : bonobo, okapi, éléphant, cercopithèque salongo, autres primates; diversité botanique apparemment faible.Forêts congolaises planitiaires du nord-est : gorille de Grauer, okapi, cercopithèque de Hamlyn, autres primates, oiseaux; diversité botanique assez importante.

Guinée-équatoriale 1.3%

Républiquedémocratique

du Congo

Gabon 17.70%

Cameroun 11.80%

Républiquecentrafricaine 3.40%

République duCongo 12.40%

RÉPUBLIQUEDU CONGO

Écorégions

Forêts atlantiques côtières équatoriales (1)

Forêts des hauts-plateaux camerounaises (2)

Mangroves centrafricaines (3)

Forêts congolaises planitiaires du centre (4)

Forêts trans-Niger de transition (5)

Forêts côtières trans-Sanaga-Biobo (6)

Forêts congolaises inondables de l’est (7)

Forêts montagnardes du Mont Cameroun et Bioko (8)

Forêts inondables du delta du Niger (9)

Forêts planitaires du Niger (10)

Forêts congolaises planitiaires du nord-est (11)

Forêts congolaises planitiaires du nord-ouest (12)

Forêts humides planitaires de Sao Tomé-et-Principe (13)

Forêts congolaises inondables de l’ouest (14)

Frontières internationales

Figure 3. Les écorégions forestières de la région guinéo-congolaise

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Histoire biogéographiqueDurant les deux derniers millions d’années, les forêts dubassin du Congo ont plusieurs fois été réduites et fragmen-tées suite à des périodes climatiques sèches. Ces change-ments climatiques en Afrique équatoriale sont liés à desvariations dans les résurgences d’eau froide dans le golfe deGuinée. Pendant la dernière période glaciaire – il y a envi-ron 18 000 ans – les précipitations sur l’Afrique équatorialeétaient fortement réduites et la majeure partie des forêtsactuelles était transformée en mosaïque de forêts et desavanes. Les forêts denses étaient limitées à des zones derefuge, situés principalement le long des basses montagnesproches de la côte atlantique et sur les hautes montagnesde l’est. Aujourd’hui encore ces zones abritent une diversi-té plus grande et un taux d’endémisme plus élevé que lesautres parties du massif forestier.

Les fluctuations climatiques ne se sont toutefois paslimitées aux glaciations et la destruction naturelle la plusrécente des formations forestières suite à une aridificationdu climat ne date que de 2 000-2 500 ans. Des preuves dechangements montrent qu’à de nombreux endroits, lavégétation se trouve en déséquilibre par rapport au climatactuel. Par exemple, l’okoumé, un arbre très importantpour la production de bois au Gabon, colonise les savanes, mais se régénère difficilement dans les forêtsmatures prédominantes. D’autres exemples, semblables àcelui de l’okoumé, montrent qu’en d’autres endroits lavégétation n’est pas en équilibre avec le climat actuel.Dans beaucoup d’endroits le long de la limite nord ou suddu massif forestier on observe ainsi une rapide reforestationdes savanes.

Cette histoire naturelle, combinée avec les change-ments rapides et quelquefois massifs engendrés par l’hom-me, fait que l’image globale des forêts du bassin du Congoest très complexe. Le taux de croissance des arbres et autresplantes, l’accumulation du carbone, la structure de la forêt,la biodiversité et les successions forestières sont fortementinfluencés à la fois par l’homme et par les changementsnaturels avec pour conséquence des implications au niveaude la gestion des forêts et de la conservation de la biodiver-sité qui sont malheureusement encore mal comprises.

L’homme dans la forêt Des hommes modernes ont occupé et utilisé cette forêtdepuis au moins 50 000 ans. Des indices de culture pygméeremontent à 20 000 ans. Aujourd’hui ces chasseurs-cueilleurs traditionnels entretiennent des relations com-plexes, étalées sur plusieurs générations, avec les agricul-teurs. Ils échangent des produits de la forêt comme de laviande, du poisson ou du miel ainsi que du travail contredes produits riches en hydrates de carbone ou des produitsmanufacturés.

L’agriculture dans la forêt représente une activité relati-vement récente. Les agriculteurs bantous ont envahi laforêt depuis le nord-ouest il y a 50 000 ans. L’agriculturetraditionnelle dans les forêts africaines s’est développée surbase d’une longue rotation de défrichements, de cultures,de jachères, de reforestations secondaires et de nouveauxdéfrichements. Étant donné la faible fertilité des sols deforêt dense humide en Afrique et la faible productivité dela forêt tropicale en général, le mode de vie traditionneldes chasseurs-cueilleurs et des agriculteurs n’est viable quedans une situation de stabilité écologique, de faible densitéde populations humaines et de prélèvements des ressourcesnaturelles axés uniquement sur la consommation locale.

Environ 29 millions d’humains, comprenant plus de150 groupes ethniques, vivent actuellement dans les forêtsdu bassin du Congo (Encadré 1). La majorité des popula-tions vivant dans ces forêts sont autochtones et dépendentencore très largement des ressources spontanées de la forêtpour compléter leur agriculture. Dans certaines régions dela RDC, du Cameroun et du Gabon, cette dépendance arécemment été accrue à cause de la situation économiquequi engendre un retour de populations urbaines sans emploià la chasse en forêt afin d’être en mesure de subvenir àleurs besoins et ceux de leur famille.

Les plus importantes populations humaines sont répar-ties le long des lisières du massif forestier, surtout là où lesforêts touchent des savanes. D’autres populations se

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concentrent le long des grands cours d’eau navigables,comme le fleuve Congo, de Kinshasa à Kisangani, etl’Oubangui. Traditionnellement, ces cours d’eau ont tou-jours été d’importantes voies de commerce et de transportapprovisionnant les populations locales en denrées alimen-taires et biens divers.

Comme tous les fleuves se jetant dans l’océan Atlan-tique sont entravés de rapides et de chutes à proximité deleur estuaire, l’intérieur du bassin du Congo est difficiled’accès. Par conséquent, l’influence européenne ne s’estmanifestée de manière significative qu’à partir du milieu du19e siècle dans l’intérieur de l’Afrique centrale. Depuis lors,la distribution des populations humaines a été fortementinfluencée par la construction de réseaux routiers. Les pre-mières routes furent construites à l’époque coloniale pourpermettre l’extraction de ressources naturelles. Durantcette période, des populations furent déplacées le long desroutes, laissant ainsi de vastes étendues de forêt vides depopulations.

Aujourd’hui, les routes influencent toujours le com-plexe rural. La construction de villages le long des routescrée des halos d’empiètement humain sur la forêt, tandisque, dans les zones sans routes ni voies navigables, devastes massifs forestiers restent intacts.

Ce schéma d’implantation de populations, générale-ment poussé par des forces économiques externes, conduità une extraction de plus en plus localisée et non durabledes ressources forestières autour de ces halos.Malheureusement, les populations locales supportent lamajeure partie des effets néfastes de cette tendance.

En Afrique centrale aujourd’hui, l’utilisation industriel-le des terres (particulièrement l’exploitation du bois et laproduction d’huile de palme), l’immigration et la croissan-ce démographique, la chasse non traditionnelle, laconstruction de routes et l’accès croissant à des marchéséloignés ont conduit le système traditionnel de gestion desressources naturelles à un point de rupture.

Un autre facteur important qui affecte les populationsdu bassin du Congo est la persistance de conflits.Récemment, des combats dans l’est de la Républiquedémocratique du Congo ont poussé des populations en pro-venance du Rwanda et du Burundi vers l’ouest le long dufleuve Congo. Des combats dans l’est de la Républiquedémocratique du Congo ont aussi poussé des populationsloin des routes dans les forêts et les aires protégées où ellesrisquent moins de rencontrer des soldats et des bandesarmées. Ces mouvements engendrés par des conflits ont deprofonds effets écologiques et sociaux.

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Encadré 1. Le contrôle des ressources dans le bassin du Congo

L’un des principaux défis adressé à la gestion des ressources naturelles à travers tout le bassin du Congo est le rétablisse-ment de systèmes d’utilisation des ressources dans lesquels les populations locales conservent le contrôle de l’utilisationdes terres sur base d’une éthique d’autorégulation afin de préserver les ressources qui leur sont nécessaires. Dans le paysagetri-national de la Sangha, les gestionnaires des ressources travaillent avec les populations locales, autochtones et immigrées,afin de mettre en place des systèmes durables d’exploitation, basés sur les schémas traditionnels d’utilisation des terres danslesquels la chasse, la pêche et l’agriculture visent uniquement la subsistance, ainsi que une diversification des revenus à peti-

te échelle. Les zones traditionnelles de chasse sont cartographiées. Des comités de pêcheet de chasse sont mis en place et font appliquer des quotas ; les résultats sont suivis entermes de captures par unité d’effort et de populations restantes de faune.

Le gouvernement, les ONG de la conservation et le secteur privé ont tous un rôleimportant à jouer dans l’orientation et l’appui de pareilles initiatives sur les terres com-munautaires qui vont au-devant des besoins locaux et aident à maintenir les écosys-tèmes forestiers.

Encadré 2. Un instantané de la diversité botanique en Afrique centrale

Avec seulement 34 botanistes formés en Afrique centrale pour la recherche, le suivi et laconservation de la diversité botanique, le renforcement des capacités, la formation et lacommunication sont des préoccupations essentielles. Le Réseau des botanistes d’Afriquecentrale (REBAC) a été créé en 1999 à l’occasion d’une formation financée par CARPEpour des botanistes de terrain. REBAC vise à établir, renforcer et faciliter les contactsentre botanistes d’Afrique centrale. Le réseau possède un coordinateur assisté par six pointsfocaux dans les six pays CARPE. La mission de REBAC consiste à promouvoir la connaissance de la flore d’Afrique cen-trale au travers du renforcement des capacités et des inventaires de terrain dans le but d’assurer la conservation des forêtsd’Afrique centrale.

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Suivi des forêts À cause de l’étendue et de la faible accessibilité des forêtsd’Afrique centrale, les données obtenues par satellite repré-sentent le seul moyen pratique de suivre les changementsdu couvert forestier et de cartographier l’utilisation desterres dans le bassin. Une photo satellite du bassin duCongo (voir l’intérieur de la page de couverture) montreque de vastes étendues de forêt subsistent sous forme deblocs. Les Paysages prioritaires contiennent nombre de cesétendues qui représentent une valeur considérable entermes de conservation. Cette même image montre aussil’ampleur des implantations humaines composées d’unemosaïque de forêts secondaires et de cultures à l’intérieurdes forêts denses humides. Avec l’augmentation de la popu-

lation et le développement de l’économie, ces complexesruraux vont se développer.

La capacité de suivre les forêts d’Afrique centrale à l’aide de systèmes d’information géographique (SIG), de latélédétection et d’enquêtes de terrain est limitée dans larégion. Un état des lieux est en cours et des activités derenforcement de capacité sont entreprises (Encadré 2).Parmi les besoins les plus urgents figurent l’élaboration de listes standards, la collecte et la présentation des don-nées existantes sous un format facile d’accès, l’identifica-tion d’espèces indicatrices pour l’évaluation des change-ments (Encadré 3) et une ligne de base pour le suivi de lavégétation.

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Encadré 3. Éléphant de forêt : déclin de population et rétrécissement de la distribution dans lesforêts d’Afrique centrale

En 2003-2004, une étude des populations d’éléphants à l’échelle régionale a été entreprise dans les forêts d’Afrique centra-le sous les auspices du Programme MIKE de la Convention internationale sur le commerce d’espèces en danger de flore etde faune sauvages (CITES). Neuf équipes de chercheurs africains, de cinq pays, ont reçu en 18 mois une formation dans ledomaine des méthodes de terrain, de la gestion et analyse des données et de la rédaction de rapports. Une étude systéma-tique de l’état de conservation des éléphants a été faite dans six sites, situés dans et autour d’aires protégées, y compris desparcs nationaux qui étaient censés contenir les plus grandes populations restantes d’éléphants du continent. Les activitéshumaines déterminent principalement la distribution des éléphants, même à l’intérieur de parcs nationaux apparemmentisolés et bien protégés. L’abondance relative des éléphants est de manière constante l’image inverse de la distribution dessignes de présence humaine (voir image de l’encadré). L’éléphant de forêt est ainsi repoussé dans des zones de plus en pluspetites et isolées. Ceci réduit ses déplacements à longue distance qui sont importants pour la dispersion des graines, ainsique l’impact physique sur la forêt, indispensable au maintien de la biodiversité. Si le taux d’abattage illégal et la réductionde l’aire de distribution ne sont pas stoppés et inversés, les éléphants et la forêt qu’ils aident à maintenir sont en dangerimminent.

Répartition des éléphants

ConcessionforestièreMokabi

Parc nationalde Dzanga

Réserve spécialede Dzanga-Sangha

Parc nationalde Ndoki

Parc national deNouabalé-Ndoki

Distribution de laprésence humaine

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Les dix prochaines années seront critiques pour laconservation et le développement en Afrique centrale.

La croissance de la population, l’immigration et la nécessi-té d’augmenter le niveau de vie des populations du bassindu Congo vont sans aucun doute accentuer les pressionssur les ressources naturelles. En même temps, les efforts derenforcement de capacité, de suivi et d’amélioration de lagouvernance vont offrir de nouvelles opportunités auxhabitants d’Afrique centrale pour trouver les solutionsnécessaires. Dans beaucoup de cas, les menaces qui pèsentsur les forêts du bassin du Congo sont étroitement liées auxopportunités de développement économique dans larégion. Avec une bonne compréhension des menaces et desforces qu’elles cachent – et plus d’attention aux impactsécologiques potentiels, aux développements de stratégiesd’atténuation et de systèmes de compensation – un avenirdurable pour les forêts du bassin du Congo peut devenirune réalité.

Aperçus des menaces directesBraconnage et commerce de viande de brousse. La surexploita-tion de la faune à des fins commerciales – communémentappelée le commerce de viande de brousse – est considéréecomme la menace la plus imminente pour les forêts et labiodiversité en Afrique centrale. Le commerce de l’ivoire adéjà conduit à l’extinction de l’éléphant dans beaucoup derégions. Des études récentes sous les auspices de la CITESmontrent que même dans les parcs nationaux sous hautesurveillance les populations d’éléphants déclinent (Encadré3). L’ampleur actuelle du commerce de viande de brousseest la fois énorme et non durable. Ce commerce ne menacepas seulement la faune, mais aussi le niveau de vie despopulations forestières traditionnelles qui dépendent enco-re largement de la faune pour leur subsistance.

Agriculture. Les cultures agricoles, à la fois commer-ciales et itinérantes traditionnelles, sont en pleine expan-sion dans les forêts du bassin du Congo. Combinées avecune augmentation des populations humaines, elles résul-tent souvent en une déforestation totale. Étant donné lafaible densité des populations humaines dans l’intérieur desforêts du bassin du Congo, l’impact global n’est pas encoreénorme. Cependant, certaines zones, particulièrement enRDC, au Cameroun et en Guinée équatoriale, subissentactuellement une pression locale sévère. Ces zones com-prennent des « points chauds » pour la biodiversité quisupportent de fortes densités humaines, notamment lesforêts côtières, les forêts du rift Albertin et les forêtsproches du rift Albertin dans l’est de la RDC.

Exploitation du bois. L’exploitation légale et illicite dubois dans les forêts du bassin du Congo est sélective car ellene porte que sur un nombre limité d’espèces d’arbres degrande valeur. Les entreprises et les communautés localesn’exploitent qu’un nombre limité d’essence à haute valeurcommerciale. Dans la plupart des régions, cette exploita-tion n’est toutefois pas réalisée d’une manière écologique-ment durable. Cette exploitation n’est généralement passocialement équitable non plus, sur le plan de la redistribu-tion de bénéfices aux populations locales et aux gouverne-ments nationaux. De plus, cette exploitation ouvre lesforêts à la chasse et à l’agriculture, tend à introduire d’im-portantes populations de travailleurs et de chercheursd’emploi exerçant des pressions sur les ressources locales etfacilite le commerce non durable de viande de brousse enapportant accès et marchés.

Exploitation minière. L’exploitation du coltan, un mine-rai vital pour la fabrication de téléphones cellulaires etd’autres appareils électroniques, continue à attirer l’atten-tion internationale à cause de la sévère dégradation envi-ronnementale qu’engendrent les pratiques actuelles.L’exploitation du diamant et l’orpaillage se font dans depetits cours d’eau et peuvent détruire ces écosystèmes fra-giles. Les impacts directs sont généralement très localisés,mais les impacts indirects tels que la sédimentation, la pol-lution, l’abandon des activités agricoles et l’augmentationdu braconnage peuvent être très étendus. L’exploitation dudiamant est la principale activité économique de la RCA.Le Gabon possède un de plus grands gisements de fer dumonde près du parc national de Minkébé, mais celui-ci n’apas encore été exploité. Le manque d’application desmeilleures pratiques, d’atténuation appropriée et demesures compensatoires pour le secteur minier constitueclairement une menace pour les forêts et la biodiversitédans le bassin du Congo.

Aperçu des principaux défis et menaces pesant sur la gestiondurable des ressources naturelles dans le bassin du Congo

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Pétrole et gaz. L’industrie pétrolière est importante dansle golfe de Guinée et dans les forêts du bassin côtier. Leséconomies de la Guinée équatoriale, du Gabon et de laRépublique du Congo dépendent très étroitement du pétro-le. Dans le Paysage Gamba-Conkouati, cette industrie estun acteur essentiel et des impacts négatifs importants surl’environnement ont été observés. À côté du risque réel degrandes marées noires, la pollution générale reste un pro-blème. L’abandon non conforme de puits de forage et depipelines tout comme les impacts indirects, notamment lebraconnage résultant de l’ouverture des massifs forestiers,menacent également la région. Le manque d’applicationdes meilleures pratiques d’un point de vue social et écolo-gique demeure à long terme un défi important pour ledéveloppement durable.

Pêche. La pêche industrielle a augmenté le long descôtes et, dans beaucoup de cas, elle ne tient pas compte desdroits de pêche et réglementations locales. Les accords depêche côtière sont souvent désavantageux pour les gouver-nements nationaux et les capacités de contrôle sontminimes. La pratique conjointe de la pêche industrielle etde la pêche artisanale a conduit à une surexploitation desstocks et à une diminution des revenus pour les populationslocales. Certaines parties de la côte atlantique d’Afriquecentrale sont « envahies » par des pêcheurs d’Afrique occi-dentale. Certaines communautés sont parfois installéesdans des aires protégées et pêchent intensivement dans des

frayères et des nurseries. Dans l’intérieur des terres, le pois-son représente souvent une source importante de protéinespour les communautés locales. La pêche excessive sur lesrivières, les lacs et les lagunes, causée par la commercialisa-tion, l’utilisation de techniques destructives et l’augmenta-tion des populations, menace maintenant la sécurité ali-mentaire des populations locales autant que la biodiversité.

Maladies. La santé animale, la santé humaine et la bio-diversité sont étroitement liées. Les meilleurs exemples decette relation sont donnés par le paludisme, le HIV/SIDAet l’Ebola qui ont des effets dévastateurs sur les capacitéshumaines locales en matière de gestion forestière, deconservation et d’environnement. L’Ebola, à côté de seseffets sur les humains, extermine aussi les grands singes etd’autres espèces de faune sur de très grandes étendues deforêt. L’insuffisance des connaissances au sujet des liensentre la santé humaine et la santé animale, ainsi que la fai-blesse des infrastructures capables de minimiser les effetsdes épidémies, représentent des menaces majeures pour ladurabilité dans la région.

Pollution. Actuellement, la pollution ne constitue engénéral pas un problème majeur dans la région. Elle estlocalisée et liée aux espaces urbains et aux activités indus-trielles. Cependant, les capacités de protection environne-mentale et de contrôle de la pollution sont extrêmementfaibles dans la région. Ainsi, l’urbanisation et l’industriali-sation croissantes, augmentent considérablement le risque

Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire 9

Tableau 1. Principales menaces et impacts potentiels

Menaces Cameroun Congo RCA RDC GE Gabon

Braconnage et commerce ■ ■ ■ ■ ■ ■

de viande de brousse

Agriculture ■ ■ ■ ■ ■ ■

Exploitation du bois ■ ■ ■ ■ ■ ■

Exploitation minière ■ ■ ■ ■ ■ ■

Exploitation de pétrole/gaz ■ ■ ■ ■ ■ ■

Pêche ■ ■ ■ ■ ■ ■

Maladies ■ ■ ■ ■ ■ ■

Changements climatiques ■ ■ ■ ■ ■ ■

Pollution ■ ■ ■ ■ ■ ■

Urbanisation ■ ■ ■ ■ ■ ■

Conflits/populations déplacées ■ ■ ■ ■ ■ ■

Croissance de la population ■ ■ ■ ■ ■ ■

■ Menace non applicable ou très faible

■ Menace faible (pas susceptible de produire des dégâts irréversibles dans les 10 prochaines années).

■ Menace moyenne (susceptible de produire des dégâts sévères et irréversibles dans les 10 prochaines années).

■ Menace grave (susceptible de produire des dégâts irréversibles dans les 10 prochaines années).

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d’impacts négatifs. Le stockage de résidus chimiques par desentreprises étrangères a été cité comme un problème préoc-cupant.

Aperçus des menaces indirectes Changements climatiques. Bien que nos connaissances ausujet des effets des changements climatiques dans le bassindu Congo soient limitées, diverses études suggèrent qu’àlong terme ils pourraient être sévères. Beaucoup d’espècesendémiques très localisées sont particulièrement vulné-rables à des changements climatiques mêmes légers. Uneaugmentation des variations interannuelles et des événe-ments climatiques extrêmes pourrait augmenter les pres-sions sur les communautés humaines qui dépendent encoreétroitement des ressources spontanées de la nature pourleur sécurité alimentaire et autres besoins.

Urbanisation. Les populations humaines sont, toutesproportions gardées, très urbanisées. Le traitement desordures, l’assainissement et la pollution constituent desproblèmes majeurs et les services urbains sont incapables desuivre la croissance dramatique ainsi que les problèmesenvironnementaux qu’elle engendre. Toutes les villes ontde grands marchés de gibier. D’autre part, l’urbanisation ainduit dans certains cas un exode de l’intérieur des forêtsvers les centres urbains, réduisant ainsi les populationsrurales et leurs impacts sur les forêts.

Populations déplacées et conflits. Certains pays de larégion ont été sinistrés par des guerres et des troubles civilsqui ont engendré de grands nombres de réfugiés et de per-sonnes déplacées. Ces populations ont été forcées à vivredes ressources naturelles du pays et leur impact a quelque-fois été sévère. Ce problème est particulièrement aigu dansl’est de la République démocratique du Congo. De plus, desressources naturelles comme le bois, le diamant, l’or, le col-tan et l’ivoire, ont financé des conflits. Avec la raréfactionde ces ressources, il est probable que les conflits deviennentplus intenses si aucune action d’atténuation n’est entrepriseet que les structures appropriées de gouvernance ne sontpas mises en place.

Croissance démographique. En RDC, la populationhumaine est sensée doubler en 2020, passant de 50-60 mil-lions à 100-120 millions. D’autres pays de la région vontconnaître une croissance démographique similaire et lespressions démographiques les plus fortes sont attendues auCameroun, en Guinée équatoriale et en RDC. La pressionhumaine est à la base de beaucoup de menaces mention-nées ci-dessus ; elle augmente la consommation de res-sources naturelles. Une augmentation de l’immigration enprovenance d’Afrique de Ouest est aussi prévisible ; elle vaexacerber les pressions sur les ressources naturelles.

Corruption et manque de bonne gouvernance. Ces deuxproblèmes minent le progrès vers la conservation et la ges-tion durable des ressources forestières en Afrique centrale.Le manque de transparence et de procédures de bonnegouvernance dans l’attribution des concessions forestièresdans beaucoup de pays conduit à la corruption et aux mau-vaises pratiques dans les affaires. Il ne stimule pas les inves-tissements à long terme, indispensables pour améliorer ladurabilité du secteur forestier. La mauvaise gouvernancelimite aussi l’aptitude à maximaliser la collecte des béné-fices issus des ressources naturelles et à les distribuer équi-tablement parmi les populations de la région.

Manque de capacité institutionnelle. L’insuffisance desbudgets gouvernementaux affectés à la conservation a pourconséquence un personnel trop peu nombreux, une mau-vaise formation et une moralité douteuse dans les servicesen charge des forêts et de la faune, laissant ces servicesextrêmement faibles. Les connaissances pour suivre l’étatde la biodiversité ou la santé des forêts et pour engager lespopulations locales dans le « gardiennage » effectifs desressources naturelles manquent. Dans certains pays cepen-dant, un engagement national croissant envers la conser-vation conduit à une augmentation des financements de lapart des bailleurs de fonds en faveur des départements res-ponsables de la conservation et de la gestion durable desressources naturelles, ce qui engendre l’émergence de plusd’opportunités de formation et de carrière. Malgré l’insuffi-sance des fonds et la faiblesse des capacités, l’attachementà la conservation est important dans certaines régions. EnRDC par exemple, des gardes des parcs nationaux sont res-

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Cette carte montre les « points chauds » de la déforestation – des zonesd’intense déforestation détectée en comparant des images satellite prisesen deux années différentes. Les points chauds sont colorés en fonction del’organisation qui les a détectés : ceux qui sont trouvés par l’université duMaryland (1984-1997) sont en bleu, ceux qui sont trouvés par le pro-gramme TREES (1993-2003) sont en rouge. Ces points chauds de la défo-restation sont superposés à une carte des densités de population dont lesdonnées proviennent du Center for International Earth ScienceInformation Network (CIESIN). Les limites approximatives du massifforestier dense humide sont marquées en vert. D’après la FAO, le tauxannuel approximatif de déforestation dans le bassin du Congo est de 0,4pour cent.

Figure 4. Densité de population et « points chauds » dedéforestation en Afrique centrale

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tés en poste durant la guerre, mettant en jeu leur proprevie (Encadré 4).

Insuffisance des financements à long terme. La conserva-tion est un investissement à long terme. La planification àcourt terme, typique pour les principaux bailleurs de fonds,engendre cependant l’apparition et la disparition cycliquesde projets. Beaucoup d’aires protégées ont été nouvelle-ment créées ou négligées depuis de nombreuses années ;elles n’existent que sur le papier. Les transformer en entitésfonctionnelles va exiger un engagement soutenu, commecelui de CARPE sur 20 ans, appuyé sur des financementssubstantiels et un renforcement des capacités.

Manque de compréhension des problèmes d’échelle. Lacompréhension des fondements de la conservation doit êtrerenforcée dans le bassin du Congo à tous les niveaux.Beaucoup de personnes vivant dans ou en dehors de larégion pensent que la forêt est infinie et que ses ressourcessont inépuisables. Même si l’engagement politique dans larégion est fort, des efforts doivent être consentis pour fairecomprendre la valeur et la vulnérabilité de ces forêts à la

fois par le grand public et les agents des gouvernementsafin que ces derniers puissent prendre des décisions mieuxfondées dans le domaine de la conservation et de la gestiondes ressources naturelles.

Manque de capacité des ONG et organisations communau-taires locales. Les organisations communautaires locales doi-vent être renforcées et il faut leur donner le pouvoir decontribuer à la gestion durable des ressources naturelles.Souvent il n’existe aucun lien entre les processus tradition-nels de prise de décisions au niveau des villages ou descommunautés et les décisions prises à l’échelle nationale cequi engendre des conflits. Les connaissances, les valeurstraditionnelles et le savoir-faire des populations peuventcontribuer à la gestion durable des ressources naturelles,mais sont de plus en plus ignorés dans la mesure où desinfluences étrangères dictent la gestion des forêts.

Manque de données, de suivi et d’évaluation. Le manquede connaissances au sujet de l’état de la biodiversité est unobstacle majeur pour la conservation et le développementdurables dans le bassin du Congo. La gestion au niveau du

Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire 11

Encadré 4. Le partenariat en action : un engagement pour la conservation en RDC

Durant les années de conflit en République démocratique du Congo, les ONG et les gouvernements, qui ont appuyél’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) avec l’aide du bureau pour le Patrimoine mondial del’UNESCO, se sont joints pour venir en aide aux cinq sites du Patrimoine mondial du pays. Comme la direction généralede l’ICCN était coupée de ses agents sur le terrain, l’UNESCO a acheminé des fonds aux gardes des parcs nationaux autravers des ONG internationales restées actives sur le terrain. Ce partenariat a permis d’assurer la protection des sitesimportants pour la conservation durant cette période crise. Par conséquent, des comités de coordination basés sur le ter-rain (CoCoSi), constitués de conservateurs des parcs nationaux et de partenaires non gouvernementaux, ont été formés.Le nouveau CoCoSi continue à organiser la planification et le suivi conjoint des activités de conservation de manièretransparente et collaborative. Ce partenariat, né durant la guerre, continue ainsi à produire des bénéfices en temps depaix, dans la mesure où la coordination des diverses agences, des ONG et des gouvernements internationaux continue às’améliorer.

Encadré 5. ECOFAC (Ecosystèmes forestiers en Afrique centrale)

Lancé en 1992 par la Commission européenne comme une programme de conservation des forêts à dimension régionale,ECOFAC a aidé à assurer la bonne gestion d’aires protégées de la région au travers d’infrastructures fiables, de personnelbien formé et d’une surveillance efficace. Parmi les succès d’ECOFAC, on peut citer le développement d’un suivi basé surles patrouilles de surveillance reliant directement les données collectées par les gardes à un système d’information géogra-phique ; la création de nouveaux parcs et l’extension de parcs existants sur base des études et inventaires effectués par leprogramme ; les réunions bisannuelles des administrateurs des pays de la régionen vue de discuter des problèmes communs et de développer des stratégies deconservation. ECOFAC s’atèle également aux besoins des populations localesvivant autour des aires protégées et travaille activement au développement desources alternatives de revenus dans le but de réduire la pression de la chassesur la faune. Un résultat tangible de ces efforts réside dans le développement del’écotourisme basé sur la vision des grands singes qui, dans un exemple, a puaugmenter les revenus d’un village dans la zone tampon du parc nationald’Odzala-Koukoua en République du Congo.

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12 Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire

Encadré 6. Crise de déforestation dans le parc national des Virunga

Le parc national des Virunga, un des principaux sites du Patrimoine mondial, a perdu plus de 15 km2 de forêt entre le 19mai et le 3 juillet 2004. L’étendue de la déforestation est clairement visible en jaune sur la séquence d’images satellitesreproduites ci-dessous. Dès qu’ils furent alertés, l’ICCN, le programme du WWF pour l’écorégion du rift Albertin et lelaboratoire de géomatique de l’Université Catholique de Louvain ont acquis des images satellites à haute résolution afind’évaluer rapidement la déforestation en cours et d’en avertir les décideurs. Plus de 7 km2 de forêt avaient été rasés et plusde 8 km2 avaient été dégradés par environ 6000 personnes venant très probablement du Rwanda. Grâce à cette informa-tion, la communauté des ONG s'est mobilisée et, soutenue par des efforts diplomatiques internationaux, a pu arrêter ladéforestation début juillet 2004.

Paysage est un concept nouveau en Afrique et la constitu-tion d’une base d’information n’est qu’à ses débuts.L’amélioration des outils et des capacités est essentielle

pour assurer que les décideurs aient un accès permanent àl’information indispensable pour la prise des meilleuresdécisions (Encadré 6).

31 janvier 2003 7 juin 2004 3 juillet 2003

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L’extraction de bois dans un but commercial influence etva continuer à influencer la conservation et la gestion

des forêts dans le bassin du Congo. Environ 60 pour centdes 227 millions d’hectares que couvrent ces forêts sontjugés productifs ou commercialement exploitables. Ainsi,la foresterie commerciale offre d’importantes opportunitésde développement économique pour les pays du bassin.

Le secteur forestier contribue actuellement pour 3 à 8pourcent du produit national brut des États d’Afrique cen-trale et offre 20 pour cent de l’emploi disponible. Il vientgénéralement juste après le secteur minier et pétrolier. Deplus, il génère indirectement un certain nombre d’emploiset d’opportunités de création de revenus dans les zonesrurales et urbaines. Celles-ci comprennent des activitésdans le domaine du transport, par route et par voie mariti-me, de l’équipement et des services de maintenance, despetits transports de passagers et des micro-projets agricoleset pastorales. Directement et indirectement, le secteurcontribue au développement socio-économique del’Afrique centrale à travers la construction et la mainte-nance de route, ainsi que la création d’infrastructureslocales de santé et d’éducation, associées aux concessionsforestières.

L’état de la gestion des forêtsAu cours des dix dernières années, le secteur forestier mon-dial s’est tourné de manière croissante vers des formes plussophistiquées de planification de la gestion. Dans le bassindu Congo, les codes forestiers des six pays exigent mainte-nant l’élaboration et l’application de plans d’aménagementforestier. La superficie totale des forêts sous aménagementreste faible en Afrique centrale, bien que cet aménagementait exigé beaucoup de temps et d’investissements.L’amélioration de la capacité de gestion de beaucoup degrandes entreprises indique toutefois une évolution positiveen direction d’une utilisation plus rationnelle et plus sainedes forêts qui pourra être étendue à l’intérieur du bassin.

Récemment, les droits d’accès des populations localesaux ressources naturelles ont commencé à recevoir plusd’attention de la part du secteur forestier. La plupart descodes forestiers de la région prévoient des mesures quivisent à augmenter la participation des populations localesdans la planification et l’exécution des activités en relationavec l’exploitation commerciale et le partage des bénéficesgénérés. Bien que plus d’efforts soient nécessaires pouratteindre une situation sociale équitable dans le secteurforestier, des progrès sont en cours. Certains plans d’aména-gement forestier ont par exemple reconnu les droits d’usagedes populations locales. Des systèmes de redistribution des

taxes prélevées sur les concessions forestières et les superfi-cies ont été conçus en vue de l’usage explicite des popula-tions locales.

La progression d’un certain nombre d’entreprises vers lacertification constitue une avancée notoire en directiond’une exploitation durable des forêts du bassin du Congo(Encadré 7).

La transparence accrue dans l’attribution des conces-sions forestières constitue une autre avancée majeure dansle développement du bassin du Congo. Les négociationstraditionnelles à porte fermée font place à des systèmes plusouverts d’offres publiques opérant suivant des critères tech-niques et financiers plus transparents. Non seulement cetteévolution a amélioré la transparence et conduit à la sup-pression de permis d’exploitation non équitables, mais ellea aussi permis aux États de recouvrir une portion plusimportante de la rente forestière au travers des taxesannuelles (Encadré 8).

Structure de l’industrie et niveau de productionAu cours de 20 dernières années, il y a eu une augmenta-tion significative de la production de grumes dans les forêtsd’Afrique centrale (Tableau 2). En 2003, la productionrégionale a été estimée entre 12 et 13,5 millions de mètrescubes, dont 65 pour cent en provenance du secteur formelou légal. Le Gabon est le premier producteur avec une pro-duction de 3,7 millions de mètres cubes en 2003. Il estsuivi par le Cameroun avec 2,5 millions de mètres cubes etla République du Congo avec 1,2 millions. En comparai-son, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale etla République démocratique du Congo sont de petits pro-ducteurs. Malgré l’absence de statistiques fiables, l’abattageillicite est reconnu comme étant un grave problème.

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L’exploitation forestière commerciale dans le bassin du Congo—une importante opportunité de développement

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Dans l’ensemble, le secteur forestier commercial a été àtravers tout le bassin du Congo un exportateur de grumes.Au cours des dernières années, plusieurs gouvernements dela région ont toutefois adopté des mesures et fourni desavantages en vue d’encourager la transformation locale dubois. À travers toute l’Afrique centrale, cette transforma-tion a toutefois été faible autant dans la quantité de boistraité que dans la sophistication de la production.

Les tendances des marchés et les opportunités de développement de l’industrie du bois en Afrique centraleTout indique que dans le futur proche la demande pour lebois africain va continuer de croître sur le marché interna-

tional, surtout sur le marché asiatique. Actuellement, lapart africaine dans le marché international est plutôt rédui-te et les marchés internationaux devraient être capablesd’absorber toute augmentation de production en provenan-ce de la région. Les bois d’Afrique centrale continueronttoutefois à se positionner parmi les produits spéciaux plutôtque parmi les produits de grande consommation où les pro-duits forestiers nord-américains et européens dominent lemarché. La compétition avec des bois de plantation vaaussi continuer de croître car de nombreuses grandes plan-tations industrielles en Asie et en Amérique latine arriventà maturité.

Du côté de l’offre, l’analyse d’experts semble montrerque la production formelle en Afrique centrale va plutôtdécroître dans les deux prochaines années du fait de plu-

14 Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire

Encadré 8. Réforme et amélioration du secteur forestier en République démocratique du Congo :redistribution des exploitations

En 1999, dans le cadre d’un effort pour épurer le secteur forestier, une commission interministérielle a recommandé l’an-nulation de tous les contrats d’exploitation des forêts qui n’avaient pas encore été inventoriées ou qui n’étaient pas active-ment exploitées. Suite à cela, les contrats pour 25 des 41 millions d’hectares attribués furent annulés en 2002. En mêmetemps, un moratoire national sur l’attribution de nouveaux contrats d’exploitation fut imposé. Malgré cela, 3 millionsd’hectares furent quand même attribués, portant la superficie totale attribuée à 19 millions. En 2005, tous les contratsd’exploitation existants seront toutefois revus en vue de leur conversion en concessions forestières. Cet exercice pourraitconduire à de nouvelles annulations, réduisant la superficie totale allouée à environ 10 millions d’hectares.

Encadré 7. Un mouvement en faveur de la certification

Dans le but de communiquer des informations critiques aux marchés internationaux de bois tropicaux et d’augmenter latransparence dans le secteur forestier, l’initiative Global Forest Watch (GFW) du World Resources Institute (WRI) a établiun partenariat avec l’industrie, les gouvernements et la société civile afin de développer un système indépendant et volon-taire de suivi des concessions (FORCOMS). Ce nouveau partenariat entre le public et le privé cherche à créer une fenêtred’information vérifiée pour les principales entreprises forestières en Afrique centrale afin de faire connaître sur les marchésinternationaux, au niveau des gouvernements et dans la société civile, leur respect des réglementations en matière d’acti-vités forestières et leurs progrès dans le domaine de l’exploitation durable. Les partenaires pensent qu’il y aura une réac-tion positive des marchés envers les entreprises qui font les progrès nécessaires et qu’ainsi d’autres entreprises feront les pasnécessaires pour profiter des avantages de l’exploitation légale et durable.

Plusieurs producteurs importants ont pris les dispositions nécessaires en vue d’obtenir la certification par des systèmesinternationaux reconnus de certification forestière. Ce mouvement volontaire est venu principalement en réponse à unmarché international du bois de plus en plus sensible. Au début de 2004, la Congolaise Industrielle des Bois (CIB), uneentreprise allemande, a annoncé son intention de tendre vers les standards de certification du Forest Stewardship Council(FSC), un système reconnu internationalement. Avec des financements de CARPE et de ses collaborateurs, la WildlifeConservation Society (WCS) a travaillé avec CIB depuis plusieurs années afin d’améliorer la gestion des forêts au travers ducontrôle de la chasse commerciale et du braconnage. Aussi bien CIB que WCS ont investi des ressources significativesdans une période bien définie pour atteindre la certification. Cette collaboration CIB-WCS est importante pour deux rai-sons. Tout d’abord, la CIB exploite une concession de 1,3 million d’hectares qui forme une zone tampon tout autour duparc national de Nouabalé-Ndoki dans le nord de la République du Congo et assure la continuité de ce parc national avecla réserve communautaire du lac Télé au sud. Ensuite, en prenant cette décision, CIB a relevé la barre et initié de nou-veaux standards pour l’exploitation forestière en Afrique centrale.

Néanmoins, le coût relativement important et la longueur des procédures pour l’acquisition des capacités techniquesindispensables à la mise en œuvre des standards les plus exigeants en matière de certification restent un obstacle sérieux àleur application plus vaste.

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sieurs facteurs. Dans tous les pays de la région, à l’excep-tion de la RDC, la plupart des forêts de production ontdéjà été attribuées et beaucoup ont actuellement déjà étéexploitées ou surexploitées. Une exploitation illicite haute-ment compétitive pourrait toutefois continuer, appauvris-sant les forêts et mettant le secteur formel en position decompétition injuste. D’autre part, la plupart des forêtsexploitables restantes sont situées dans les zones les plusreculées de la région. Ceci accroît de manière significativeles coûts de transport engendrés par leur exploitation, cequi réduit la profitabilité d’un grand nombre d’essences.Enfin, il y a des indications selon lesquelles la mise enœuvre des plans d’aménagement réduira la production jadisillimitée. D’une part, elle réduira les superficies pouvantréellement être exploitées. D’autre part, elle limitera levolume qui pourra être extrait par hectare en augmentantle diamètre minimum d’abattage et en protégeant lessemenciers et certaines essences endémiques.

Dans les 10 prochaines années, la demande internatio-nale, les pressions nationales, les législations et le besoin deproduire suffisamment de revenus pourraient conduire àd’importants investissements dans le secteur de la transfor-mation du bois qui pourrait alors progressivement rempla-cer l’exportation de grumes. Ceci devrait permettre à l’in-dustrie du bois de maximiser l’utilisation des ressourcesforestières limitées et d’améliorer leur situation financière.

L’exploitation informelle pour les marchés locaux et laproduction de bois de feu et de charbon de bois sont égale-ment très importantes dans beaucoup de régions d’Afriquecentrale. Les volumes impliqués dans ces activités peuventlargement dépasser ceux associés à la production industriel-le. Au Cameroun par exemple, cette exploitation, qui àl’inverse de l’exploitation industrielle, n’est pas limitée àun petit nombre d’espèces serait environ cinq fois plusimportante que celle du bois industriel. Alors que ces acti-vités pourraient être d’importance critique pour les popula-tions locales, leur durabilité est difficile à évaluer.

Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire 15

Tableau 2. Production et exportation de bois rond industriel en Afrique centrale (exprimé en 1 000 m3)

Bois ronds industriels 1980 1985 1990 1995 2000

Production 7 904 9 024 10 669 12 740 12 731Exportation 2 314 2 392 2 897 3 548 4 688

Tableau 3. L’industrie du bois en Afrique centrale: principales statistiques régionales pour 2000 (en 1 000 m3)

Principaux produits Production Export Premiers producteurs

Grumes 12 731 4 688 RDC, Cameroun, Gabon, RCA, Congo

Bois de sciage 1 148 777 Cameroun, RCA

Venir-sheets 141 146 * Cameroun, Gabon

Panneaux de bois 326 260 Cameroun, Gabon

Contreplaqué 185 114 Cameroun, Gabon, RDC

*Le volume des exportations peut dépasser la production lors de la vente des stocks de l’année précédente en plus de la production de l’année en cours.

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Des Monts de la Lune à l’océan Atlantique, le bassin duCongo est un système écologique vaste et immensé-

ment complexe qui s’est développé sur des périodes géolo-giques. La conservation de cette biodiversité est d’impor-tance critique pour l’avenir de la Terre. Comment laconserver est alors la question fondamentale.

Alors que les théories et pratiques de la conservationprogressent, il est absolument évident sur le plan scienti-fique que la fragmentation des systèmes naturels menace labiodiversité. Quand des fonctions indispensables des éco-systèmes sont empêchées, ceux-ci ont tendance à s’effon-drer et à perdre leur biodiversité. Les parcs nationaux, gar-diens traditionnels de la biodiversité, montrent que depetits espaces isolés sont incapables de sauvegarder leurbiodiversité. Tous, sauf les plus grands et les mieux proté-gés, sont trop petits pour conserver à long terme leur pleinassortiment d’espèces et de processus écologiques. Le main-tien des fonctions, de la structure et de la viabilité des éco-systèmes exige de penser et d’agir à « grande échelle », àl’échelle d‘écosystèmes entiers. À l’intérieur d’écosystèmesplus vastes, des assemblages critiques d’espèces – dans des« points chauds » de la biodiversité par exemple – peuventdemander une attention particulière, selon une approcheplus fine à une échelle plus petite.

Le succès de la conservation demande une durabilitétant sur le plan social que sur le plan écologique. Les stra-tégies doivent intégrer des objectifs très divers d’utilisationhumaine, en rapport avec la protection, l’exploitation com-merciale, la subsistance, l’agriculture, l’industrie et le déve-loppement urbain à travers une mosaïque complexe d’utili-sation des terres et des ressources. Avec une croissancedémographique de l’ordre de 3 pour cent dans le bassin duCongo et quelques-unes des réserves de bois et de mineraisles plus riches au monde, les nations d’Afrique centralevont devoir concilier l’intégrité des écosystèmes et l’utilisa-tion humaine si elles veulent garder leur biodiversité.

Dans le bassin du Congo, le Plan de convergence, unplan stratégique adopté par la Conférence des ministres encharge des forêts en Afrique centrale (COMIFAC), s’estapproprié du concept selon lequel la définition de prioritésà l’échelle mondiale ou continentale et la mise en œuvre àl’échelle des paysages offrent le plus de chances de succèsaux projets de conservation. En 2000 un atelier financé parle WWF, rassemblant plus de 160 spécialistes nationaux etinternationaux dans le but d’établir les priorités, est arrivéà la conclusion que les objectifs prioritaires pour la conser-vation ne sont pas ou ne doivent pas être partout enAfrique centrale.

L’urbanisation, la perte naturelle d’habitats et la dégra-dation ont créé de vastes zones où les écosystèmes ne fonc-tionnent plus ou mal, où la faune a disparu et où la biodi-versité est appauvrie. Sur base de la représentativité, de laviabilité des populations, de la durabilité des processus éco-logiques et de l’intégrité et la résilience des écosystèmes, unensemble de vastes étendues relativement intactes etd’autres sites d’importance écologique unique a été identi-fié. En tout, dans les six pays ces zones couvrent 685 500km2 ou 36 pour cent du massif forestier d’Afrique centraleet rassemblent, d’après les experts, la majorité de la biodi-versité terrestre et aquatique du bassin du Congo. Ellesoffrent un cadre pour la planification et la mise en œuvrede la gestion. Ces zones, incluses dans une matrice d’utili-sation humaine variable et transgressant souvent les fron-tières, constituent le réseau de Paysages du PFBC.

Les noyaux où la conservation de la biodiversité primesur toutes les autres formes d’utilisation des terres consti-tuent la base de l’organisation des Paysages en vue de laconservation. La plannification des Paysages est basée surle concept de conservation de noyaux intacts entourés dezones d’utilisation et d’impacts humains croissant vers l’ex-térieur. Compte tenu d’une superficie moyenne de 62 300km2,(allant de 26 700 et 141 100 km2), ces Paysages sontsuffisamment grands pour couvrir les vastes territoires utili-sés par des espèces focales et saisonnières comme l’éléphantde forêt, les calaos ou l’hydrocyon géant et pour conserverdes populations viables d’espèces ayant besoin de grandsespaces ou d’espèces rares.

Surtout, les Paysages du PFBC offrent un cadre tangiblepour la mise en œuvre de la gestion. Le concept de noyauxintacts entourés de zones d’utilisation et d’impacts humainscroissant vers l’extérieur est aisément explicable et compré-hensible. Les menaces qui pèsent sur les noyaux et sur lesPaysages peuvent être identifiés systématiquement et des

Le concept de Paysages

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mesures correctives peu-vent être envisagées. Unecompréhension croissantedes composantes biolo-giques et humaines desPaysages, obtenue grâceaux discussions avec lesgouvernements et les popu-lations locales, la rechercheet l’expérience de terrain,peut aider les intervenantsà développer et à négocierdes plans d’utilisation desterres incluant des zonesutilisées pour la subsistanceet des zones d’exploitationcommerciale. Le succès dela conservation reposeessentiellement sur la créa-tion de relations humainesfortes entre les acteursprincipaux. Elles doivent être basées sur le respect mutuel,la confiance et les intérêts communs. À l’intérieur dePaysages tangibles et bien définis, tous les intervenantspeuvent être identifiés et impliqués. Ils peuvent participeraux négociations en tant que principaux concepteurs etexécutants des plans de gestion des terres axés sur un futur

Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire 17

durable commun, à la fois sur le plan écologique et le plansocial.

La section suivante résume les principales caractéris-tiques de chaque Paysage du PFBC, y compris ses compo-santes écologiques et sociales, les menaces qui pèsent sur sabiodiversité, les capacités de gestion et les interventions.

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Les forêts de Monte Alen et des Monts deCristal du Gabon et de la Guinée équatoria-le sont caractérisées par une faible popu-lation humaine, de vastes étendues intactes,des inselbergs de granite, des forêts debrouillard et des forêts montagnardes, ainsique des refuges du Pléistocène où le couvertforestier est resté continu sur de longuespériodes géologiques. Tout ceci produit uneénorme richesse botanique avec au moins 3000 espèces de plantes vasculaires dont 100endémiques. La haute pluviométrie et lanature intacte des bassins fluviaux ajoutentà ce paysage une riche biodiversité aqua-tique et en font une source importanted’énergie hydroélectrique. L’utilisation desterres est dominée par l’exploitation fores-tière industrielle.

Gestion durable des ressourcesLe paysage comprend trois parcs nationaux et uneréserve nationale noyés dans un océan de conces-sions forestières. Une seule concession (Rougier) estcertifiée et fait de sérieux efforts pour combattre lachasse illégale. À travers tout le paysage, la gestiondes parcs nationaux en est à ses débuts. En Guinéeéquatoriale, où les populations locales ont générale-ment été peu impliquées dans la planification del’usage des terres, il existe des plans d’aménagementprovisoires pour les aires protégées et un pland’aménagement modèle pour les concessions fores-tières. Le plan pour Monte Alen est appliqué enpartie, mais aucune concession forestière n’est géréesuivant les meilleures pratiques. Les lois régissant lachasse ne sont pas respectées. Au Gabon, la gestiondes parcs nationaux se met en place : des réunionsd’intervenants ont eu lieu et les limites des parcsnationaux ont été marquées sur le terrain. L’abattageillégal dans le parc national a été stoppé et uneunité anti-braconnage a été créée.

Ressources naturelles et gouvernanceTrois agences gouvernementales ont en charge lagestion des ressources naturelles dans le paysage ;deux sont nouvelles. En Guinée équatoriale,l’INDEFOR a la charge légale des parcs nationauxet des concessions forestières. Créée en 2002, cetteinstitution est techniquement apte mais n’est pasacceptée et n’a que peu d’influence au sein du gou-vernement, voire au sein de son propre ministère, etne peut accomplir sa tâche. N’ayant pas reçu debudget de fonctionnement depuis deux ans,l’INDEFOR n’a pas pu réaliser les plans d’aménage-ment existants, n’est pas présent dans le paysage surle plan de la gestion et n’a pas pu prendre decontacts avec les populations locales. Au Gabon, unorgane interministériel, le CNPN, a été créé en2002 en vue de la gestion des parcs nationaux. Le

ministère des Eaux et Forêts est responsable de lagestion des concessions. Le CNPN devrait recevoirson premier budget gouvernemental en 2005. LeCNPN et la SEEG, la société d’exploitation hydro-électrique active dans le paysage, sont en voie designer un accord de collaboration comprenant lamise en place de quartiers généraux pour le parcnational.

Institutionnalisation du suivi des res-sources naturellesComme la gestion, le suivi des ressources naturellesest à ses débuts et il n’existe pas de suivis ni derecherches à l’échelle du paysage. Au Gabon, desétudes de base dans les domaines botanique, zoolo-gique et socio-économique ont commencé fin 2004.Elles impliquent des institutions nationales et inter-nationales. Cinq parcelles d’un hectare ont étéchoisies pour le suivi à long terme de la dynamiqueforestière. En Guinée équatoriale, le développementdes capacités est en cours grâce à une collaborationprometteuse entre l’INDEFOR, l’IUBioma , l’uni-versité d’Acalá, le Missouri Botanical Gardens,l’Imperial College et le Conservation International.L’IUBioma et l’INDEFOR développent un plannational de recherche et de suivi qui englobera lepaysage.

Réserves 3%

Concessions forestières

65%

Autres 14 %

Utilisation villageoise de ressources 3%

Parcs nationaux 15%

!(

!(

PN de Monte Alen

GABON

GUINÉE-ÉQUATORIALE

PN de Monts de Cristal

PN de Monts de Cristal

PN de Altos de Nsok

Estuario Rio Muni Reserve

Oyem

LIBREVILLE

0 25 5012.5 Kilomètres

Les forêts à inselbergs de Monte Alen et Monts de Cristal

Le Paysage enquelques points

Superficie: 26 747 km2

Partenaires: WCS CI, UNGE,INDEFOR, Université d’Acalá,Missouri Botanical Garden, ImperialCollege, CNPN, MINEF, Herbiernational du Gabon, Université deWageningen, Boston College,Smithsonian Institute

Parcs nationaux: 3, couvrant 3 900km2 (15% du paysage).

Biodiversité (Nombre d’espèces)

Plantes: > 3000Mammifères: ADOiseaux: > 340

Espèces menacéesAnimaux

• Éléphant de forêt• Gorille occidental• Chimpanzé• Hippopotame• Crocodile faux-gavial• Léopard

Plantes

AD

Menaces principales Directes

• Non-durabilité de la chasse• Non-durabilité de l’exploitation

industrielle et familiale du bois • Exploitations minières (or)

Indirectes

• Faiblesse des institutions en chargede la gestion du paysage

• Forte demande urbaine de viande dechasse

• Manque de ressources alternativesde protéines et de revenus

• Dégâts aux cultures• Manque d’information sur la planifi-

cation

Interventions clefs• Évaluation des menaces• Création d’un institut national de la

biodiversité• Création d’un système de suivi de la

conservation• Développement d’un système

durable de gestion de la faune et desressources en bois dans les conces-sions

• Développement de plans durablesde gestion des ressources commu-nautaires

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Gestion durable des ressourcesnaturellesLes infrastructures des quatre parcs nationauxont été mises en place, y compris de nou-veaux quartiers généraux pour le parc natio-nal de Mayumba, deux postes de surveillancesupplémentaires pour le parc national deMoukalaba-Doudou, ainsi qu’un poste de sur-veillance et une extension des quartiers géné-raux au parc national Conkouati-Douli. AuGabon, des mécanismes nouveaux de collabo-ration pour le développement de l’écotouris-me ont démarré dans le parc national deLoango. Une proposition de plan d’aménage-ment pour le parc national de Loango est envoie de révision et un plan de zonage et d’uti-lisation des terres a été soumis au gouverne-ment pour le complexe d’aires protégées deGamba qui couvre 20% du paysage. Fin 2004,un comité technique de suivi pour le complexe deGamba a été adopté par le gouvernement. AuCongo, un nouveau plan d’aménagement est envoie d’élaboration pour le parc national deConkouati-Douli. Il propose une simplification duzonage afin de créer un parc national continuentouré d’une réserve communautaire dotée derègles bien établies en matière d’accès et d’usage. Lespectaculaire parc marin de Mayumba qui protègel’habitat des baleines, tortues et dauphins est mena-cé par la pêche commerciale illicite.

Ressources naturelles et gouvernanceSur terre, la collaboration avec l’industrie pétrolièrese focalise sur la gestion de la chasse et sur lesbonnes pratiques environnementales. En mer, elles’attaque à la prévention des marées noires et à laréduction de l’impact des études sismiques sur lesbaleines. À Gamba, 61 écogardes et écoguides ontété formés dont 20 ont été affectés aux trois desquatre parcs nationaux. L’abattage illicite a été sup-primé dans tous les parcs nationaux du côté gabo-nais du Paysage. Les 43 patrouilles dans le complexede Gamba, effectuées dans les 10 derniers mois, ontpermis de confisquer 65 fusils, 92 pièces de gibier et496 câbles, y compris 30 câbles à éléphants. Lachasse illégale dans les endroits vitaux a été réduite.Neuf articles ont été publiés dans le journal natio-nal « l’Union ». Un programme a été transmis sur lachaîne nationale de télévision et 32 sur les radiosnationales et internationales. Durant une réunion àhaut niveau en octobre 2003, les ministres d’État encharge de l’économie forestière et de l’environne-ment au Congo ont publiquement insisté sur l’appuide l’État au parc national de Conkouati-Douli et surl’intention de mettre fin au commerce de viande dechasse en provenance du parc. Un comité d’interve-nants de divers horizons a examiné l’application desconclusions de cette réunion en consultation avec

les populations locales. Début 2004, le gouverne-ment du Congo et WCS ont signé un accord pré-voyant une extension marine du parc national encomplément au parc national marin de Mayumba auGabon.

Institutionnalisation du suivi des res-sources naturellesUn SIG et un centre de gestion de données installésà Gamba forment le noyau du suivi du Paysage. Uneévaluation des menaces au niveau du Paysage a étéinitiée. Des recherches écologiques et programmesde suivi sont en cours pour le éléphants, les grandssinges, les crocodiles, les baleines et les tortuesmarines. Les listes d’espèces pour les oiseaux, lesmammifères, les reptiles, les amphibiens et la floredans le complexe de Gamba sont en voie de mise àjour. En octobre 2004, une première estimation del’abondance des espèces clé et de la distribution etde l’impact des humains a été réalisée dansConkouati-Douli. Des programmes systématiquespour le suivi socio-économique et le suivi de l’appli-cation des lois ont également été mis en place. Lesbases de données socio-économiques sont en voie derévision et un programme de recherche sur la per-ception des ressources naturelles par les communau-tés a été initié.

Réserves 19%

Concessionsforestières

38%

Autres 23%

Parcs nationaux 20%

Mouila

Makabana

Tchibanga

Mossendjo !(

!(

!(

!(

!(

!(

Complexe de Gamba

GABON

PN de Loango

PN de Moukalaba-Doudou

PN de Mayumba

PN de Birougou

Réserve de la biosphère de Dimonika

PN de Conkouati-

Douli

Tsoulou

Iguela

Sette Cama

RC

0 50 10025 Kilomètres

Le Paysage enquelques points

Superficie: 34 390 km2

Partenaires: APDN, ASF, Biotopic, CI,CNPN, CRAP, CybertrackerMonitoring Program, Herbier nationaldu Gabon, Ibonga, MINEF, MEFE,Protomac, PSVAP, SCD, Shell, SI,université de Wageningen, WCS,WWF

Parcs nationaux: 4, couvrant 6 700 km2

de terres et 830 km2 d’espaces marins,soit 20% du paysage

Biodiversité (nombre d’espèces)

Plantes: 2121Mammifères: 89Oiseaux: 380Reptiles: 42Amphibiens: 70

Espèces menacées:Animaux

• Éléphant de forêt• Gorille de l’ouest• Chimpanzé• Lamantin• Crocodile du Nil et faux-gavial• Tortue luth et la tortue Pelusios marani

Plantes

• Hyfhaene guineensis• Didelotia pauli-sitai• Combretum ivanii• Xanthocercis rabiensis

Principales menaces sur lepaysage

Directes

• Chasse illicite• Exploitation du bois non durable• Pêche illicite sur la côte et en mer• Exploitation pétrolière• Exploitation minière de l’or• Expansion de l’agriculture

Indirectes

• Manque de systèmes de gestion clairspour les aires protégées

• Faible capacité • Manque de ressources alternatives de

protéines et de revenus pour les popu-lations locales

• Absence de gestion de la faune dans lapolitique nationale forestière

• Absence de structure légale pour l’ins-titution en charge de la gestion desparcs nationaux au Gabon.

• Plan de zonage non fonctionnel pourle parc national de Conkouati-Douli.

Interventions indispensables• Évaluation des menaces• Planification du zonage et de l’aména-

gement• Gestion de la faune dans les aires pro-

tégées• Suivi biologique et socio-économique• Développement de mécanismes

durables de financement • Planification durable de l’utilisation

des ressources au niveau communau-taire

• Éducation environnementale et aug-mentation des capacités des ONGlocales

• Promotion d’activités alternativesgénérant des revenus

• Développement de l’écotourisme

Le Paysage de Gamba-Mayumba-Conkouati

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Le Paysage forestier de Lopé-du Chaillu-Louesses’étend depuis le centre géographique du Gabon jus-qu’à 50 km à l’intérieur du Congo. Il se composed’anciennes savanes, vieilles d’au moins 40 000 ans, unrefuge forestier très diversifié et le massif du Chailluavec sa riche biodiversité comprenant de nombreusesespèces endémiques. Au nord, il comprend aussi devastes forêts à marantacées qui abritent la plus hautebiomasse animale jamais trouvée en forêt tropicale.Avant la création des parcs nationaux de Lopé, Wakaet Birougou en août 2002, toute la zone était vouée àl’exploitation forestière. Actuellement, ces trois airesprotégées sont d’importance capitale pour la conser-vation de la biodiversité, mais de nombreux villages,parfois grands, et des concessions forestières représen-tent un défi pour les gestionnaires des ressourcesnaturelles. L’intégration de la population résiduelle dePygmées babongo, des chasseurs cueilleurs qui ontvécu en équilibre avec les forêts pendant des milliersd’années, est une haute priorité.

Gestion durable des ressources naturellesLes parcs nationaux de la Lopé, de Waka et deBirougou doivent être gérés en tenant compte de lachasse de subsistance, de l’exploitation industrielle dubois et du développement du Gabon. Waka, Birougouet la partie sud de la Lopé ont été délimités. Desréunions de concertation ont eu lieu avec les exploi-tants forestiers touchant les aires protégées (NSG,Leroy, IFL, EGG, Bordamur et SBL). Des recomman-dations pour la rédaction d’un accord avec Bordamuront été faites. Des plans pour la fermeture temporairede pistes d’exploitation et l’implantation de barrièressur les pistes utilisées ont été proposés. Des négocia-tions sont en cours avec NSG pour assurer une tran-sition en douceur lorsque cette société cessera sesactivités. Des études sur l’exploitation à impact réduitsont en cours chez SBL. Des études socio-économiquessur la chasse, de subsistance et commerciale, et surl’utilisation de la forêt par les Pygmées babongo sontégalement en cours et orienteront la prise de déci-sions en matière de gestion des ressources naturelles.

Ressources naturelles et gouvernanceLe WCS a participé à des réunions régulières avec leCNPN et le ministère des Eaux et Forêts pour discu-ter de la gestion des aires protégées et des concessionsforestières, y compris le processus de création dezones tampons et le contrôle de l’extraction des res-sources. Aucun plan de gestion durable n‘existe pourdes zones situées en dehors des aires protégées et lesconcessions sont gérées dans la seule optique de l’ex-traction du bois. De même, à l’échelle locale, desplans pour l’exploitation de subsistance des terres doi-vent encore être développés. Toutes les ONG exis-tantes, travaillant dans les trois parcs nationaux etleur périphérie, ont été contactées et des réunionsont eu lieu. Un article a été publié dans le journal« L’Union » à propos d’activités ayant eu lieu à laLopé à l’occasion de la journée mondiale de l’envi-ronnement. Des émissions ont eu lieu à la radionationale et la télévision. L’équipe en charge del’éducation environnementale au parc national de la

Lopé a visité chaque village de la périphérie du parc.Elle se focalise sur le développement des pratiquesdurables de chasse de subsistance et de pêche. Unrepérage préliminaire des villages, camps de chasse etroutes dans et en périphérie des parcs nationauxWaka et Birougou a été fait.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesDes plans de travail pour des études socio-écono-miques et biologiques ont été rédigés pour Waka etBirougou. Du personnel a été recruté et formé. Unplan de suivi biologique pour Lopé a été finalisé ; leséquipes ont été recrutées et formées ; la collecte dedonnées a débuté. Les recherches et le suivi desbuffles, éléphants, panthères, grands singes et man-drills ont été poursuivis. La construction du centre deformation au parc national de Lopé a été achevée, ycompris des logements pour le personnel, desbureaux, d’une bibliothèque, d’un centre d’informa-tique et de deux dortoirs pour 32 étudiants en tout.Un directeur a été engagé pour le centre de forma-tion. Des cours ont été développés et les premièressessions de formation pour des élèves de l’ENEF, desétudiants universitaires et de jeunes techniciens-bio-logistes gabonais ont eu lieu. Le programme MIKE dela CITES a tenu un atelier régional pour la gestion etl’analyse des données à l’attention d’agents des paysd’Afrique centrale ; les résultats ont été communi-qués lors de la 13e Conférence des parties de laCITES à Bangkok en Thaïlande.

Le Paysage forestier Lopé-du Chaillu-LouesseLe Paysage en

quelques points

Superficie: 34 859 km2

Partenaires: CIRMF, CNPN, ECO-FAC, ELF, Union européenne,London Zoological Society, MINEF,Missouri Botanical Gardens, WCS

National Parks: 3, couvrant 6 730km2, 19% du Paysage

Biodiversité (nombre d’espèces)

• Plantes: > 1500• Mammifères: > 84• Oiseaux: > 400• Reptiles: AD• Amphibiens: AD

Espèces menacées Animaux

• Éléphant de forêt• Gorille de l’ouest• Chimpanzé• Singe à queue de soleil• Mandrill

Plantes

AD

Menaces principalesDirectes

• Chasse illicite• Exploitation forestière industrielle

non durable

Indirectes

• Absence de systèmes clairs de ges-tion des aires protégées

• Faible capacité • Manque de sources alternatives de

protéines et de revenus pour lespopulations locales

• Absence de gestion de la faune dansla politique forestière nationale

• Absence de structure légale de l’au-torité gérant les parcs nationaux auGabon

Interventions essentielles• Évaluation des menaces• Planification du zonage et de la ges-

tion• Développement et mise en place de

systèmes de gestion de la faune dansles aires protégées

• Mise en place de systèmes efficacesde suivi et de SIG

• Éducation environnementale

Concessionsforestières

61%

Autres 20%

Parcs nationaux 19%

!(

!(

!(

GABON

PN Ivindo

PN de la Lopé

PN Waka

NP

PN BirougouMouila

TchibangaMossendjo

0 25 5012.5 Kilomètres

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Le Paysage enquelques points

Superficie: 141 000 km2

Partenaires: MINEF-Cameroun,MEF-Gabon, MEF-Congo, CNPN-Gabon, WWF, WCS, CIFOR, JGI,GEF/UNPD, UE, ECOFAC,UNF/UNESCO, FIGET, IRET

Aires protégées: 4 couvrant 25 300km2 ou 18% du paysage

Biodiversité :

Plantes: élevée (AD)Mammifères: 191Oiseaux: 520

Espèces menacéesAnimaux

• Éléphant de forêt• Gorille de l’ouest• Chimpanzé• Hippopotame• Loutre du Congo• Crocodile faux-gavial• Tortue à carapace molle• Crocodile du Nil• Lion

Plantes

• Baillonnella toxisperma (en dehorsdes aires protégées)

Menaces principalesDirectes

• Exploitation forestière industrielle• Chasse commerciale• Chasse à l’éléphant pour l’ivoire et

la viande• Pêche non durable• Chasse de subsistance non durable• Mortalité des grands singes due au

virus de type Ebola• Exploitation minière du fer

Indirectes

• Faible capacité des agents gouverne-mentaux

• Absence d’un plan de zonage desforêts

• Faiblesse de la politique de gestionde la faune

• Appui insuffisant à la lutte anti-bra-connage

Interventions essentielles• Lutte anti-braconnage au niveau des

concessions, des aires protégées etdes cours d’eau d’accès

• Planification de la gestion de lafaune dans les concessions

• Développement participatif de nou-velles réglementations sur la faune

• Développement de l’écotourisme• Développement de moyens durables

de financement

Le TRIDOM est un vaste Paysage de forêts pla-nitiaires s’étendant sur le Cameroun, le Congoet le Gabon. Il est d’importance majeure pourla sauvegarde d’une faune intacte de grandsvertébrés, particulièrement d’éléphants de forêtet de grands singes. Sa densité de populationhumaine est faible et de vastes espaces sauvagessubsistent. Les principales menaces compren-nent la chasse commerciale, l’exploitationindustrielle du bois, les activités minières et levirus Ebola qui a réduit de façon dramatique lespopulations de grands singes et qui constitueégalement une menace majeure pour l’homme.Les aires protégées couvrent 25% du Paysagedont la majeure partie n’a encore jamais étéexploitée. Les principaux défis à la gestion decet espace comprennent la réduction du bra-connage des éléphants, la gestion de la faune dans lesconcessions forestières, la durabilité de la chasse villa-geoise de subsistance, la protection des écosystèmesaquatiques et le développement de mécanismesdurables de financement pour les organes émergentsde conservation.

Gestion durable des ressources naturellesLes gouvernements et les partenaires actifs dans lePaysage travaillent étroitement ensemble pour trou-ver une solution au braconnage des éléphants et à lachasse commerciale illicite dans les concessions fores-tières. Plus de la moitié du paysage a été allouée àl’exploitation forestière et il est important que ceszones restent des écosystèmes variés et viables.Certaines sociétés, comme Rougier au Gabon,Pallisco au Cameroun et IFO-Danzer au Congo, pré-parent des plans d’aménagement prévoyant des zonesde conservation et un appui à la gestion de la faune.La stratégie de conservation dans le Paysage se focali-se sur le renforcement des capacités de surveillancedans les aires protégées et les concessions préparantun zonage, ainsi que sur l‘amélioration de la gestioncommunautaire des ressources naturelles. Celle-cicomprend notamment la chasse villageoise auCameroun, l’orpaillage artisanal à Minkébé, l’accep-tation et la mise en œuvre d’une réglementation dela chasse dans les concessions au Cameroun, auGabon et au Congo, ainsi que l’atténuation desconflits homme-éléphant. Dans le parc nationald’Ivindo, l’écotourisme est en voie de développe-ment. Des infrastructures pour la gestion de laconservation existent à Somalomo, Lomié, Djoum etYokadouma au Cameroun, Ouesso et Mbomo auCongo, Oyem, Makokou et Ivindo au Gabon. Ellesservent de bases et de supports logistiques pour l’en-semble du paysage.

Ressources naturelles et gouvernanceLors de la dernière réunion de la COMIFAC, unaccord TRIDOM a été finalisé au sujet de la coopéra-tion transfrontalière entre le Congo, le Gabon et leCameroun. La gestion TRIDOM des ressources natu-relles est en voie de se concrétiser. Elle est basée surdes exemples innovateurs qui sont en voie de réplica-tion dans le paysage : le travail du WCS avec la

société CIB est répliqué chez IFO-Danzer ; l’expé-rience du WWF chez Bordamur sert d’exemple dansla plupart des autres concessions de moyenne impor-tance au Gabon ; les accords sur l’orpaillage àMinkébé peuvent inspirer des accords similaires auCongo ou ailleurs au Gabon. Les gouvernements, leWWF, le WCS et l ‘ECOFAC ont activement parti-cipé à la préparation de la proposition TRIDOMPNUD/FEM qui va centrer des moyens sur la gestiondurable et la conservation dans les zones du TRI-DOM situées en dehors des aires protégées. Le gou-vernement du Congo a exprimé son intention decréer avec l’appui du WCS un organisme parastatalpour la conservation. Cependant, plus de travaildevra être accompli sur le plan stratégique dans ledomaine de la gestion de la chasse dans les conces-sions. Il devra trouver des moyens innovateurs pourassurer le coût de la surveillance.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesLe suivi dans le TRIDOM vise principalement la dis-tribution et l’abondance des grands mammifères, ainsique le suivi socio-économique, notamment l’utilisa-tion de la faune et les conflits homme-faune. L’étudedes grands mammifères est achevée dans Minkébé,Ivindo, Mwagné, Boumba Bek et Dja ; elle se pour-suit dans Odzala-Koukoua. Des éléphants de forêt ontété dotés d’émetteurs et suivis par satellite à Odzala,Ivindo et Nki. Un suivi de la santé de la faune focali-sé sur le virus Ebola a été initié au Congo et auGabon. Des études socio-économiques ont été lan-cées afin d’évaluer les terroirs traditionnels, lesconflits avec les limites des parcs nationaux et lesusages en matière d’utilisation des ressources natu-relles. Les capacités en SIG sont bien développées etl’utilisation du « Cybertracker » permet d’accélérer lacollecte, la gestion et l’analyse des données.

Autres 10%

Concessionsforestières

63%

Réserves 9%

Parcs nationaux 18%

!(

!(

!(

!(

!(

!(

!(

!(

!(

!(

!(

!(

RC

CAMEROUN

GABON

RCA

PN d’Odzala-Koukoua

PN d’Ivindo

PN de Minkébé

PN de Mwagné

Réserve de faune du Dja

C

Boumba Bek

Forêt de Nki

Oyem

Nola

Makoua

Ouesso

Mbalmayo

Sangmelima

Trinational de la Sangha

Mbomo

Lomie

Djoum

Makokou

SomalomoYokadouma

PN proposé de Boumba Bek-Nki

0 50 10025 Kilomètres

Le Paysage Tri-National Dja-Minkébé-Odzala (TRIDOM)

Page 26: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: 36 236 km2

Partenaires: MEFE, MINEF, MEFC-PET, WWF, WCS, GTZ, CIB, SBB,Decolvenaere, SEFAC

Parcs nationaux: 3, couvrant 7600km2 (21% du paysage) dans troispays.

Biodiversité (nombre d’espèces)

Plantes: 1071Mammifères: 58Oiseaux: 302

Espèces menacéesAnimaux

• Éléphant de forêt• Gorille de l’ouest• Chimpanzé• Hippopotame• Loutre à cou tacheté• Crocodile nain

Plantes

• Autranella congolensis• Pericopsis alata• Diospyros crassiflora• Swartzia fistuloides• Kaya spp.• Entandrophragma spp.

Principales menacesDirectes

• Chasse commerciale• Chasse villageoise non durable• Exploitation forestière industrielle• Exploitation du diamant

Indirectes

• Manque d’information• Faibles capacités• Manque de sources alternatives de

protéines et de revenus pour lespopulations locales

• Absence de gestion de la faune dansles politiques forestières nationales

• Troubles et guerre civile

Interventions essentielles• Évaluation des menaces• Planification de l’utilisation com-

munautaire de ressources• Développement et mise en place

d’une gestion durable de la faunedans les concessions

• Amélioration de la gestion des airesprotégées

• Création de systèmes durables definancement

• Mise en place d’un suivi efficace

La principale valeur du Paysage TNS pourla conservation réside dans ses vastes éten-dues de forêts intactes, son abondance degrande faune charismatique et sa faible den-sité de populations humaines (0,7/km2). Laforêt couvre 96% du Paysage. La conserva-tion a débuté en 1984. Auparavant, larégion avait été vouée à la production debois. Quatre parcs nationaux couvrentmaintenant 21% du Paysage. Ceci représen-te un grand succès, car le TNS est mainte-nant un des massifs les plus importants pourla conservation en Afrique centrale.L’exploitation industrielle du bois constituela principale activité dans la région avec 17concessions couvrant 71% du Paysage. Troissociétés se sont engagées dans l’applicationdes meilleurs pratiques en matière d’exploi-tation ; deux parmi celles-ci (CIB au Congo etDecolvenaere au Cameroun) ont opté pour la certifi-cation FSC. L’accord international sur le TNS doitencore être ratifié, mais des programmes de collabora-tion sont déjà en cours sur le terrain.

Gestion durable des ressources naturellesÀ l’intérieur du TNS, une collaboration effective aété développée entre les gouvernements, les ONG etles principaux acteurs, notamment les populationslocales pour l’utilisation des ressources, les sociétésforestières pour l’exploitation durable et les opéra-teurs touristiques au Cameroun pour la gestion deleurs concessions. Des accords ont été signés avec dessociétés forestières du Congo et du Cameroun pour lagestion de la faune. Le plan d’aménagement du parcnational de Nouabalé-Ndoki est mis en application.Des programmes souples de gestion de la faune ontété mis en place dans trois concessions forestières etde propositions tangibles pour la création de zones deprotection sont discutées. Le développement de l’éco-tourisme continue avec la mise en place de pro-grammes binationaux sur le Congo et la RCA. Parmiles priorités, figure la validation du plan d’aménage-ment du parc national de Lobéké et l’établissementde zones communautaires, l’adoption d’un pland’aménagement pour Dzanga-Sangha et la créationd’un fonds TNS afin d’aider le financement durable.

Ressources naturelles et gouvernanceLa coordination technique et administrative du TNSest assurée par des réunions locales et régionales régu-lières. Des patrouilles de surveillance nationales etbinationales composées d’écogardes et d’agents d’Étatsont déployées dans tous les secteurs du Paysage. Lesactivités illégales ont été beaucoup réduites au Congoet en RCA. Au Congo, le gouvernement a annoncéla création, avec l’appui du WCS, d’un organismeparastatal en charge de la conservation. Dans tout lepaysage, les communautés locales et les ONG localesont été intégrées dans la gestion des ressources natu-relles. Au Congo et au Cameroun, des zones commu-nautaires de chasse ont été créées. En RCA, les com-munautés locales bénéficient directement de l’éco-

tourisme. L’accord TNS, ratifié par le Congo, offre uncadre institutionnel pour la coordination des activitéstransfrontalières. Parmi les priorités, figurent la ratifi-cation de l’accord par le Cameroun et la RCA, lapromotion des politiques nationales appuyant la par-ticipation des communautés locales et le partage debénéfices, ainsi que le renforcement de l’applicationdes lois, en particulier en matière de chasse illicitepour l’ivoire et la viande de brousse.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesUne vision commune sur le suivi à long terme, parta-gée dans tout le TNS, permet une meilleure compré-hension du dynamisme des écosystèmes et assiste lesgestionnaires des parcs nationaux dans la prise dedécisions. Elle est basée sur le suivi des grands mam-mifères, de l’impact de l’exploitation forestière et dela chasse, de l’application des lois et de paramètressocio-économiques. La méthodologie établie pour lesuivi de l’abattage illégal d’éléphants (MIKE-CITES)est appliquée dans tout le paysage. Des méthodescommunes assurent le suivi des grands mammifèresdans les clairières et les déplacements des éléphants àl’aide de télémétrie GPS. Des recensements régulierssont effectués dans la majeure partie du Paysage. Ilscomprennent des comptages complets dans les agglo-mérations et camps d’exploitation forestière. Des SIFsont opérationnels à Lobéké et Nouabalé-Ndoki. Desréunions et des sessions de formation pour les biolo-gistes des trois projets permettent de partager lesidées et de progresser dans la standardisation. Lesétapes suivantes comprennent l’achèvement desétudes de la faune et la mise en place d’un SIF, desinventaires de faune et l’organisation d’études de lafaune et des impacts humains à travers le paysage.

Réserves 8% Concessionsforestières

71%

Parcs nationaux 21%

!(

!(

RC

CAMEROUN RCA

PN d’Odzala-Koukoua

ee

Réservecommunautaire

du lac Télé

Boumba Bek

Forêt de Nki

Nola

Ouesso

NP de Nouabalé-Ndoki

PN de Lobéké

Réserve spéciale de Dzanga-Sangha

Ndoki NP

PN de Dzanga

PN propose de Boumba Bek-Nki

Lac Tele

0 50 10025 Kilomètres

Le Paysage Tri-National des forêts de la Sangha (TNS)

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Le Paysage enquelques points

Superficie: 35.138 km2

Partenaires: CNPN, IGAD, INC,MINEF, Missouri BotanicalGardens, PPG-Gabon, WCS,MINEF-Congo, PPG-Congo

Parcs nationaux: 1, (2 050 km2 ou6% du Paysage); 1 proposé (5 300km2)

Biodiversité (nombre d’espèces)

• Plantes: AD• Mammifères: AD• Oiseaux: AD• Reptiles: AD• Amphibiens: AD

Espèces menacéesAnimaux

• Éléphant de forêt• Gorille de l’ouest• Chimpanzé• Lion• Céphalophe de Grimm

Plantes

AD

Menaces principalesDirectes

• Chasse illicite et feux de brousse• Agriculture non durable

Indirectes

• Absence de systèmes clairs de ges-tion des aires protégées

• Faibles capacités • Manque de sources alternatives de

protéines et de revenus pour lespopulations locales

• Absence d’une politique de gestionde la faune dans la loi forestière auGabon

• Absence d’une structure légale pourla gestion des parcs nationaux auGabon

Interventions prioritaires• Études de base pour le zonage et la

planification de la gestion • Évaluation des menaces• Établir une politique de gestion de

la faune• Développement de mécanismes

durable de financement • Création de systèmes de suivi et de

bases de données géoréférencées • Planification de l’utilisation durable

des ressources à l’échelle des com-munautés

• Éducation environnementale etaugmentation des capacités desONG locales

• Promotion d’activités alternativesgénérant des revenus

• Planification de l’écotourisme

Ce Paysage est dominé par d’anciennes dunesdu système géologique du Kalahari. Il est cou-vert de vastes étendues herbeuses entrecoupéesde savanes arborescentes ou boisées et de gale-ries forestières denses qui occupent les fonds devallée. Malgré la faible productivité des solspauvres qui supportent une faible biomasse glo-bale, la diversité des habitats est grande et lePaysage comprend l’un des plus importantsécosystèmes de savane quasi intacts existantencore en Afrique centrale. La faible densitéde populations humaines et l’absence de pasto-ralisme ont fait que cet écosystème fragile n’apas été dégradé par le surpâturage. Jusqu’il n’y apas très longtemps, il abritait une populationde lycaons et, peut-être, abrite-t-il encore deslions. La diversité de l’avifaune est remar-quable. Le plateau Batéké est une importante sourced’eau pour les populations humaines croissantes duCongo et du Gabon. Enfin, c’est un Paysage d’unegrande beauté.

Gestion durable des ressourcesLa gestion de ce Paysage va se focaliser sur uneapproche incluant la création de parcs nationaux etde zones tampons. Une structure durable pour laconservation à long terme sera développée à traversl’intégration du secteur publique, du secteur privé etdes communautés locales. Durant l’année écoulée,des études écologiques et socio-économiques ont étéeffectuées sur 5 300 km2 au Congo en vue de la créa-tion de la nouvelle aire protégée de Bambana-Lekana-Zanaga. Une étude des lions est prévue pourdébut 2005. La réserve de la Léfini de 6 300 km2,créée en 1961, sera évaluée en 2005 en vue d’uneéventuelle révision de ses limites et la création duparc national de la Léfini. Du côté gabonais, le parcnational des plateaux Batéké a été créé en 2002 et sagestion a été vraiment mise en place en 2004. Ellecomprend une étroite collaboration avec le PPG quigère des sanctuaires de gorilles au Congo et auGabon. Le braconnage transfrontalier est un problè-me et des démarches ont été entreprises pour tra-vailler avec les autorités de part et d’autre de la fron-tière pour tenter d’arrêter cette pratique.

Ressources naturelles et gouvernanceLa coordination technique et administrative des acti-vités a débuté à l’échelle du Paysage par une réuniondes partenaires gabonais et congolais à Brazzaville en2004. Une réunion de suivi technique, programméepour février 2005, va se focaliser sur le développe-ment de stratégies visant le braconnage transfronta-lier. Au Congo, des travaux socio-économiques et desréunions avec les administrations locales ont permisla communication et le partage d’informations entreles acteurs du Paysage. Au parc national des plateauxBatéké, des infrastructures rustiques ont étéconstruites. Elles comprennent des quartiers générauxet des plateformes pour tentes afin de tester le poten-tiel touristique. Trois écogardes ont été affectés à lasurveillance. À Libreville, WCS-Gabon continue departiciper activement aux réunions du CNPN et àassister le conservateur. Des missions anti-braconnage

ont permis l’arrestation au Gabon de braconnierscongolais, mais relâchés par la suite, et la saisied’ivoire et d’armes. Une proposition pour la gestiondu tourisme a été soumise aux acteurs. Des discus-sions ont lieu avec l’IGAD pour une collaborationéventuelle dans le développement de petits projets dedéveloppement rural dans les villages en périphériedu parc national. Des équipes d’éducation environne-mentale sont actives dans les villages du Congo et duGabon et des réunions régulières ont eu lieu avec lesautorités locales et régionales au sujet de la stratégieet de la gestion journalière.

Institutionnalisation du suivi des ressourcesDes études biologiques et socio-économiques ainsique la cartographie des activités humaines illégalesont été entreprises dans le PNPB au Gabon et dans lazone Bambana-Zanaga-Lekana au Congo. Au Congo,une collaboration a été établie pour le développe-ment de méthodes de suivi avec le CNIAF. AuGabon, le projet en charge du Paysage a collaboréavec le PPG-Gabon pour le suivi écologique dans lePNPB et la communication avec les communautéslocales. De même au Congo, le PPG-Congo est unpartenaire important dans le développement du suividans la partie sud de la réserve de la Léfini et dans lesanctuaire des gorilles de Lesio-Louna de la réserve dela Léfini. Le WCS offre des conseils techniques auMEFE et au PPG-Congo en vue du développementde stratégies de gestion incluant le suivi écologique etsocio-économique, l’écotourisme et l’application deslois sur le terrain. Le Global Carnivore Program duWCS va assister dans la planification, la formation etl’exécution d’une étude des lions dans la région, quipourrait abriter la dernière population de lions de lazone forestière d’Afrique centrale.

Concessions forestières 5%

Parcs nationaux 6%

Réserve 18%

Autres29%

Savanes42%

Agriculture 5%

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RDC

GABON

Bolobo

Djambala

Franceville

Zanaga

Lekana

Bambama

0 50 10025

RC

Gamboma

PN desPlateauxBatéké

Réserve Léfini

Kilomètres

Le Paysage Leconi-Batéké-Léfini

Page 28: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: 126 440 km2

Partenaires: WCS, WWF, BCI, IRM,CREF

Parcs nationaux: 0; 1 réserve com-munautaire

Biodiversité (nomdre d’espèces)

Plantes: > 1100Mammifères: > 60Oiseaux: > 300

Espèces menacéesAnimaux

• Gorille de l’ouest• Bonobo• Éléphant de forêt• Hippopotame• Cercopithèque ascagne• Colobe rouge• Crocodile faux-gavial

Plantes

AD

Principales menacesDirectes

• Chasse • Sur-pêche

Indirectes

• Faible gouvernance des ressourcesnaturelles

• Complicité militaire dans la chasseet la pêche illicite

• Manque de sources alternatives desprotéines et de revenus pour lespopulations locales

• Manque d’information• Absence d’une politique de gestion

de la faune dans la loi forestière• Troubles et guerre civile

Interventions prioritaires• Évaluation des menaces• Études biologiques et écologiques• Gestion communautaire de la faune• Collaboration avec l’armée afin de

réduire la chasse illicite et améliorerla sécurité

• Application des lois• Habituation de bonobos• Planification de l’exploitation com-

munautaire durable• Développement de moyens de sub-

sistance alternatifs • Création d’un suivi effectif

S’étendant de part et d’autre du fleuve Congo, lePaysage de forêts marécageuses des lacs Télé etTumba abrite les plus vastes forêts marécageuses etinondables d’Afrique. La diversité et le taux d’endé-misme des poissons sont très importants mais encorepeu étudiés. Le fleuve Congo forme une barrière bio-géographique séparant la distribution de deux grandssinges et d’une foule d’autres espèces. Au Congo, lazone du lac Télé abrite la plus forte densité de gorillesde plaine occidentaux jamais trouvée ; en RDC, lazone du lac Tumba est importante pour la conserva-tion du bonobo, le plus proche parent de l’espècehumaine. La principale menace qui pèse sur cePaysage est le prélèvement incontrôlé de ressourcesau travers de la chasse et de la pêche.

Gestion durable des ressourcesAu nord-ouest, ce Paysage touche le Paysage trinatio-nal de la Sangha. Il contient une réserve, la réservecommunautaire du lac Télé, située au Congo. Desétudes écologiques, la cartographie participative desterroirs traditionnels et une évaluation socio-écono-mique des besoins et de l’utilisation des ressourcessont en cours en vue d’orienter la planification desplans d’utilisation des terres et de la gestion de lafaune. L’implication des communautés dans le proces-sus de planification et de gestion durable des res-sources est hautement prioritaire. Une activitémajeure dans le Paysage consiste à créer des moyensalternatifs de subsistance pour les communautéslocales. L’éducation et la sensibilisation des popula-tions ont augmenté le taux d’adhésion des commu-nautés locales aux lois existantes relatives à la fauneet à l’environnement.

Ressources naturelles et gouvernance La gouvernance des ressources naturelles est plusavancée dans la partie nord du Paysage. Au Congo,le lac Télé intéresse la conservation depuis desannées et il était déjà une réserve communautairereconnue quand fut créé le Paysage. Des écogardesformés travaillent avec les agents du MEFE et de la

société CIB afin de contrôler la chasse et le commer-ce de viande de brousse le long des principales voiesd’accès. La direction du projet a aussi pris descontacts avec les autorités militaires et politiques afind’améliorer la sécurité et la conservation de la fauneen réduisant le nombre d’armes automatiques entrantdans la réserve. Dans le sud, en RDC, la gestion desressources naturelles est faiblement développée sur-tout du fait qu’elle est nouvelle dans la région, maisdans la région du lac Tumba la situation commence às’améliorer grâce â la création d’assemblées locales etde structures participatives de gestion.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesUn programme de suivi des forêts, centré sur lesbonobos et autres grands mammifères, est mis enplace dans le secteur du lac Tumba où le personnellocal du CREF a reçu une formation en méthodes desuivi écologique. Un suivi des grands mammifères,effectué dans la réserve du lac Télé en 2004, a mon-tré que les populations d’éléphants et de grands singessont stables. La formation a été une composanteimportante de cette activité. Le suivi des oiseauxaquatiques est parvenu dans sa huitième année et amontré que le lac Télé est d’importance internatio-nale pour trois espèces. Le poisson représente 90%dans la consommation de protéines des populationslocales. Aussi, la compréhension de la dynamique despêcheries est essentielle pour parvenir à une gestiondurable des stocks de poissons, ce qui devrait égale-ment réduire la pression sur le reste de la faune. Lesuivi des populations de poissons doit commencer àtravers tout le Paysage en 2005.

Réserve 4%

Autres96%

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Lac Tele

Lac Tumba

RDC

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Réservecommunautaire

du lac Télé

Kiri

Kutu

Kungu

Nioki

Bikoro

Bolobo

Mushie

Inongo

a

Owando

Ouesso

Ingende

Bolomba

Bomongo

Budjala

Makanza

Mossaka

Lukolela

Mbandaka

Impfondo

Basankusu

Trinational dela Sangha

Lo

Fle

uve

Con

go

0 50 10025 Kilomètres

Le Paysage de forêts marécageuses des lacs Télé et Tumba

Page 29: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: 102 847 km2

Partenaires: ICCN, WWF, WCS,ZSM, MPI, LWRP, UMD

Parcs nationaux: 1 (2 secteurs) cou-vrant environ 36 560 km2 (36% duPaysage)

Biodiversité (nombre d’espèces)

Mammifères: 53 (estimation)Oiseaux: > 101Plantes: AD

Espèces menacéesAnimaux

• Éléphant de forêt• Bonobo• Paon congolais• Bongo

Plantes

AD

Menaces prinicipalesDirectes

• Chasse commerciale• Installation de populations et utili-

sation de ressources dans le parc• Présence de braconniers lourdement

armés et non application des lois àtravers le pays

Indirectes

• Manque d’information• Faible capacité• Exclusion des communautés locales

dans la prise de décisions et la ges-tion

• Absence de sources alternatives deprotéines et de revenus pour lespopulations locales

• Troubles civils et guerre

Interventions essentielles• Initier la planification de l’usage des

terres au travers d’études socio-éco-nomiques et d’utilisation de res-sources

• Renforcement des capacités del’ICCN

• Inclusion des communautés localesdans la prise de décision et la ges-tion

• Création d’un système SIG local enliaison avec la base de donnéenationale

• Renforcement des structures de ges-tion du parc national

• Lobbying auprès des autorités pro-vinciales et nationales pour l’arrêtdu braconnage par des braconniersen uniforme

Le centre du Paysage Salonga-Lukenie-Sankuro est le parc national de la Salonga(PNS), créé en 1970 et classé parmi lessites du Patrimoine mondial en 1984. Il estconnu comme étant la seule aire protégéede la RDC abritant le bonobo Pan paniscus,un primate endémique du pays, et il est ledeuxième plus grand parc national aumonde. Il est couvert principalement deforêts marécageuses, de forêts ripicoles et deforêts de terres ferme avec quelques éten-dues de savane dans le sud. Malgré l’accessi-bilité difficile (uniquement par la rivière oupar les airs), des études récentes effectuéessous les auspices du programme MIKE ontmontré que la faune est sévèrement mena-cée par une forte pression de chasse, laconséquence de nombreuses années dechasse commerciale non contrôlée et d’une capacitéde gestion insuffisante. D’autres formes d’exploitationdes ressources dans le Paysage comprennent l’exploi-tation forestière, l’exploitation minière, la pêche etl’agriculture de subsistance.

Gestion durable des ressourcesEn guise de premier pas dans le développement deplans d’utilisation des terres, des études socio-écono-miques sont effectuées dans les villages bordant leparc national. Ces études seront étendues géographi-quement et intégrées avec plus d’approches participa-tives pour l’évaluation des utilisations actuelles desterres, pour résoudre des conflits au sujet des limitesdu parc et pour finaliser une évaluation des menaceset des opportunités de conservation. Des plans pourdes études de bases concernant la pêche pratiquée parles populations locales sont en voie de finalisation.Les capacités de gestion sont faibles dans le Paysageet l’ICCN a un grand besoin de formation technique,de restructuration, de planification stratégique desactivités et d’une amélioration des infrastructures, dutransport et des systèmes de communication. Unconseiller pour le parc assurera une approche coor-donnée de la formation et de la planification desforces anti-braconnage et de surveillance. Une cartede base est en voie de finalisation pour le parc natio-nal et la carte à l’échelle de tout le paysage sera ache-vée en 2005.

Ressources naturelles et gouvernanceSix postes de gestion de l’ICCN, répartis à travers lePaysage, sont responsables de la gestion du parc. Cespostes fonctionnent cependant mal à cause de l’insuf-fisance budgétaire, du faible degré de formation, de lamauvaise gestion du personnel et des mauvaises infra-structures. Depuis la création du parc, les populationslocales ont été exclues de sa gestion. Cette exclusion,combinée aux faibles capacités de l’ICCN, à la guerrecivile et aux structures gouvernementales centraliséesmais inefficientes, a contribué à l’utilisation anar-chique des ressources naturelles du Paysage. Un pre-mier pas pour le développement des capacités de ges-tion et de prise de décisions consistera à créer unestructure de type CoCoSi pour la gestion du parc,

comprenant l’ICCN et des organisations partenaires.La participation de représentants des communautéset du secteur privé (minier et forestier) sera encoura-gée dans le CoCoSi. La possibilité de créer des comi-tés de gestion communautaire des ressources natu-relles, idéalement basés sur les structures civiles exis-tantes, sera discutée avec les communautés locales.Les mandats pour la négociation avec les communau-tés seront clarifiés avec l’ICCN. Parallèlement, desinitiatives émanant du secteur des ressources natu-relles, telles que la création de forêts communau-taires, encourageront la participation des communau-tés locales au niveau du Paysage.

Institutionnalisation du suivi des res-sources naturelles Les études MIKE effectuées récemment ont fournid’importantes informations de base et mis en placedes capacités qui permettront de mettre en œuvre lefutur suivi de la faune du parc, en particulier des élé-phants de forêt, des utilisations par l’homme et desactivités illégales observées dans le parc national.Plusieurs institutions de la recherche étudient l’écolo-gie, la distribution et le comportement du bonobo.Une base de données SIG nationale pour les sites duPatrimoine mondial existe déjà et a produit une cartepréliminaire du parc et de sa zone tampon. Cette basede données sera accompagnée directement du déve-loppement de capacités similaires au niveau du ter-rain. Une activité essentielle consistera dans le déve-loppement des moyens pour évaluer et suivre l’ex-ploitation, le transport et le commerce de la viandede brousse, peut-être au travers d’une collaborationavec les Paysages voisins du lac Tumba et deMaringa-Lopori-Wamba.

Parcs nationaux36%

Concessions forestières 26%

Autres38%

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0 50 10025 Kilomètres

PN de la Salonga – Secteur sud

Kole

Kiri

Ikela

Oshwe

LodjaDekese

Lomela

Mangai

Monkoto

Dibaya-Lubue

PN de la Salonga – Secteur nord

RDC

RDC

Le Paysage Salonga-Lukenie-Sankuru

Page 30: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: 42 737 km2

Partenaires: AWF, CARE-RDC, CI,ICCN, WCBR, WCS, CIDA, BCI,GCF, UMD

Parcs nationaux: 0; (des aires proté-gées sont proposées)

Biodiversité (nombre d’espèces)

Plantes: ADMammifères: AD Oiseaux: > 400

Espèces menacéesAnimaux

• Bonobo• Paon congolais• Éléphant de forêt

Plantes

• Diospyros crassiflora

Principales menacesDirectes

• Commerce de viande de brousse• Sur-pêche• Exploitation forestière

Indirectes

• Troubles et guerre civile• Faiblesse des capacités• Manque de sources alternatives de

protéines et de revenus pour lespopulations locales

• Faiblesse des politiques

Interventions essentielles• Planification à l’échelle du Paysage• Foresterie communautaire• Appui institutionnel• Appui des politiques• Amélioration de la communication

envers les décideurs• Gestion basée sur des données

Le Paysage Maringa-Lopori-Wamba s’étendsur 4,2 millions d’hectares de forêts tropi-cales et marécageuses occupant la provincede l’Équateur en République démocratiquedu Congo. Cette région appartient aux dis-tricts de l’Équateur, de Mongala et deTshuapa. L’importance écologique de cePaysage est très grande non seulement parcequ’il est en grande partie recouvert par uneforêt tropicale mais également parce qu’ilabrite le bonobo, primate en danger d’ex-tinction, ainsi que d’autres espèces endé-miques du grand bassin de ce pays. De nom-breuses autres espèces importantes y cohabi-tent comme l’éléphant de forêt, le colobede Thollon et plus de dix espèces de pri-mates rares, d’amphibiens et de reptiles. LePaysage héberge également une avifaunetrès variée.

La valeur de ce Paysage en matière de biodiversitédemeure très élevée malgré les effets néfastes de laconservation de la forêt, de l’agriculture itinérante,de l’exploitation forestière commerciale et illicite etdu commerce de la viande de brousse. Ces effetsrésultent de la crise politique en cours, de l’occupa-tion militaire pendant la guerre et de la paupérisationcroissante des populations.

Gestion durable des ressourcesLa majeure partie du Paysage a été attribuée à desconcessions forestières et agricoles. Dans un mouve-ment sans précédent, la planification et la mise enœuvre de la conservation a été initiée à l’échelle duPaysage avec une large participation d’intervenants.Des études biologiques et socio-économiques appro-fondies ont été effectuées en octobre 2004 en colla-boration avec un grand nombre d’ONG locales etinternationales. Les données tirées de cet inventairebiophysique, socio-économique et de l’état des infra-structures seront utilisées pour parvenir à un premierplan d’aménagement du Paysage incluant un zonagede l’utilisation des terres en vue de débuter la mise enplace de forêts communautaires, d’entreprises, ainsique d’agriculture et d’exploitation forestière durables.

Ressources naturelles et gouvernanceUn renforcement des capacités en vue de l’aménage-ment forestier est un aspect essentiel du programmede conservation à mettre en œuvre dans le Paysage.En collaboration avec le ministère del’Environnement et le projet financé par la Banquemondiale pour le zonage des forêts, un cadre concep-tuel pour le renforcement de la société civile en vuede l’amélioration de la gouvernance en matièresforestières en RDC est en cours d’élaboration. Uneévaluation préliminaire et des consultations avec les

intervenants ont été réalisées et un spécialiste de lasociété civile sera engagé. Des sites pilotes, choisis àtravers le Paysage, offriront un modèle devant per-mettre d’étendre l’objet et l’échelle de la gestion desforêts ainsi que l’appui institutionnel. Étant entenduque le Paysage ne compte actuellement qu’une petiteaire protégée (la réserve scientifique du Luo s’éten-dant sur 628 km2), le recours à la gestion communau-taire des réserves de forêts représente l’une des oppor-tunités exceptionnelles possibles pour mitiger lesconséquences destructrices de l’utilisation incontrôléeet non durable des ressources forestières.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesLe système d’information du Paysage est en voied’élaboration. Il comprendra le suivi communautairebasé sur des gardes, le suivi socio-économique, le ren-forcement de lois, le suivi des forêts et le suivi deschangements par télédétection. Un expert en infor-mation a été engagé pour le Paysage et travaille avecles agences locales responsables du suivi et avec lespartenaires du Paysage. Les résultats des études mésoet macro socio-économiques et biologiques formentla base du réseau de suivi. Des programmes de forma-tion approfondie ont été entrepris avec les acteurslocaux afin d’obtenir leur participation active dans leprogramme de suivi continu.

Le Paysage Maringa-Lopori-Wamba

Bordés de forêts74%

Cultures et plantations

croisées 6%

Autres 1%

Forêts humides 19%

Page 31: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: 71 745 km2

Partenaires: ICCN, UGADEC,DFGFI, CI, WCS, WWF, JGI,GTZ, UMD

Parcs nationaux: 2, couvrant à peuprès 16 830 km2 (23% du Paysage)

Biodiversité (Nombre d’espèces)

Plantes: ADMammifères: ADOiseaux: AD

Espèces menacéesAnimaux (17) y compris:

• Éléphant de forêt• Gorille de Grauer• Chimpanzé• Okapi

Oiseaux (16) y compris:

• Paon congolais• Eurylaime de Grauer• Bouscarle de Grauer• Phyllanthe de Chapin• Sénégali de Shelley• Indicateur nain• Grive du kivu• Bulbul de Sassi• Grive d’Oberlaender

Menaces principalesDirectes

• Chasse non durable• Immigration • Défrichement pour l’agriculture• Exploitation minière artisanale• Exploitation du bois

Indirectes

• Troubles civiles• Pauvreté extrême• Faiblesse de la capacité institution-

nelle• Croissance démographique• Faiblesse des capacités de gestion

des ressources

Interventions essentielles• Renforcement des capacités des

organisations locales et du person-nel des parcs

• Evaluation de la biodiversité et desbesoins

• Élaboration de plan d’aménagementpour les aires protégées et zonescommunautaires

• Développement de sources alterna-tives durables de revenus

• Élaboration de mécanismes durablesde financement

• Mise en œuvre d’un suivi effectif

Le Paysage de Maiko-Lutunguru Tayna-Kahuzi-Biegaest situé dans l’extrême est de la RDC. Ce Paysageest montagneux, principalement couvert de forêtsombrophiles denses, pour la plupart intactes, et repré-sente un des blocs forestiers les plus reculés du nord-est du bassin du Congo. Il abrite une faune uniqued’espèces réputées, telles que l’okapi, le paon congo-lais et le chimpanzé. Il englobe quasiment toute l’airede distribution du gorille de Grauer.

Une guerre civile qui dure depuis des années a faitbeaucoup de dégâts à ce Paysage très divers sur leplan ethnique et très riche sur le plan biologique. Lestroubles civils et l’immigration de populations venantdes régions très peuplées situées plus à l’est (environ300 habitants/km2) menacent directement la biodi-versité à travers l’expansion de l’agriculture, l’exploi-tation minière artisanale et le commerce de viandede chasse. Avec la stabilisation et l’unification decette région, de nouvelles menaces apparaissent sousforme d’exploitation commerciale du bois, développe-ment des infrastructures et commerce croissant de pro-duits issus de l’exploitation des ressources naturelles.Ces menaces sont aggravées par le manque d’opportu-nités de subsistance, la pauvreté générale et la faiblessedes capacités de gestion des ressources naturelles.

Gestion durable des ressources naturellesL’objectif clef de la stratégie de gestion concerne lerenforcement des capacités de gestion dans les parcsnationaux et la création de zones communautaires deconservation formant des corridors entre les parcs. Àde vastes étendues de ce Paysage, aucun usage n’a étéattribué formellement, ce qui laisse la possibilité dedévelopper des plans d’aménagement incorporant à lafois le développement durable et la conservation. Lesefforts consentis dans la première année du program-me se sont concentrés sur le renforcement de capaci-té des services de l’ICCN et des organisations descommunautés locales en vue de la gestion des zonesde conservation. Les partenaires de CARPE ont équi-pé et formé des gardes, construit des postes de sur-veillance et formé du personnel local aux techniquesde base de la conservation et du suivi. En collabora-tion avec des intervenants locaux, les partenaires ontconçu des plans provisoires de gestion pour les parcsnationaux et proposé des zones communautaires deconservation. Les étapes suivantes comprennent lacontinuation des suivis, le renforcement de la forma-tion, l’identification et la démarcation de zones com-munautaires de conservation et la finalisation de plansd’aménagement et de gestion à travers tout le Paysage.

Ressources naturelles et gouvernanceLa conservation durable nécessite des populationslocales qui comprend les efforts de conservation et enbénéficie, des politiques qui appuient à la fois lesobjectifs de la conservation et du développement,ainsi que des institutions et du personnel qui possè-dent la capacité de mettre en œuvre ces politiques.Les activités de la première année se sont focaliséessur l’analyse des politiques et lois existantes en matiè-re de gestion et d’usage des ressources naturelles. En

même temps a été développé un centre local pour laformation en conservation (TCCB) afin de parvenirà un groupe de conservateurs dans la région. Dansl’année à venir, les partenaires de CARPE vont tra-vailler avec les autorités locales et nationales pourclarifier et mettre en œuvre des lois qui permettrontla création de réserves communautaires et des zonesde gestion communautaire des ressources naturelles.Les partenaires vont renforcer les capacités des orga-nisation communautaires à engager dans la conserva-tion et élargir les efforts de planification afin d’impli-quer les organisations de développement de manièreplus effective.

L’institutionnalisation du suivi desressources naturellesDans la première année, les partenaires ont commen-cé à former le personnel de l’ICCN et des organisa-tions des communautés locales dans le suivi de la bio-diversité et des menaces et ont introduit le conceptde suivi dans tous les plans de gestion des différenteszones du Paysage. Les activités de la première annéese sont aussi concentrées sur la collecte d’informa-tions de base sur le terrain par le biais de l’imageriesatellite et de survols aériens. Les efforts de la secon-de année vont se centrer sur la standardisation de lacollecte des données et l’élaboration d’une base dedonnées à l’échelle du Paysage sur laquelle pourras’appuyer la gestion adaptative à travers tout lePaysage. Les efforts vont être poursuivis dans ledomaine de la publication et la dissémination desinformations relatives à la gestion durable des res-sources naturelles dans tout le Paysage.

Réserve 1%

Parcs nationaux 23%

Autres76%

!(

!

!(

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!(

!(

!(

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!(

!(

PN de la Maiko

PN de Kahuzi-Biega

Masisi

Lubutu

Kalehe

Kabare

Bukavu

Kashofu

Walungu

Walikale

Shabunda

RDC

0 50 10025 Kilomètres

Le Paysage forestier de Maiko-Lutunguru Tayna-Kahuzi-Biega

Page 32: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: 33 188 km2

Partenaires: ICCN, WCS, GIC, SI

Parcs nationaux: 0; aires protégées 1(13 7000 km2, 41 % du paysage)

Biodiversité

Plantes: 121 familles, 1192 espècesGrands mammifères : 62 (en forêt)Oiseaux: 312 (en forêt)

Espèces menacéesAnimaux

• Éléphant de forêt• Okapi• Cercopithèque de Hamlyn• Genette aquatique• Céphalophe à ventre blanc• Tisserin à nuque d’or

Plantes

• Encephalartos ituriensis • Encephalartos septentrionalis• Euphorbia bwambensis • Euphorbia venenifica• Euphorbia teke

Occupation humaine • Chasseurs-cueilleurs• Agriculteurs traditionnels de forêt • Immigrants récents

Menaces principalesDirectes

• Immigration et installation de popu-lations

• Chasse non durable• Exploitation minière artisanale• Exploitation forestière artisanale• Occupation militaire

Indirectes

• Manque de mandat légal pour zonage

• Faible capacité de faire respecter leslois

• Faiblesse de la gestion des terres • Troubles civiles et insécurité

Interventions essentielles • Élaboration d’une carte et d’une

base de données à l’échelle duPaysage

• Inventaire de base post-conflit• Zonage de l’utilisation des terres

dans la RFO• Élaboration de programmes de suivi• Construction de postes de sur-

veillance dans la RFO• Création d’un réseau communautai-

re d’information et d’éducation dansla RFO

Le Paysage d’Ituri-Epulu Aru est une desrégions d’Afrique les plus diversifiées, abri-tant une faune d’oiseaux et de mammi-fères exceptionnellement riche, y comprisdes populations majeures de l’okapi. Lebassin de la rivière Ituri abrite une faunepiscicole riche, peu connue et à peineexploitée. La forêt de l’Ituri est un réser-voir d’importance mondiale de richessefloristique avec une flore significative quin’existe que sur une chaîne d’inselbergs degranite qui couvre la limite entre la forêtet la savane. Environ 30 000 Pygméenomades, les Mbuti et les Efe, vivent dansle Paysage. Pendant longtemps ils ont par-tagé la forêt uniquement avec des agricul-teurs traditionnels, mais plus récemmentdes immigrants en provenance de la zonede conflit du rift Albertin et des savanes qui bordentl’Ituri à l’est et au nord sont venus s’installer. Cespopulations de pionniers ont provoqué une extensionde l’agriculture à l’échelle commerciale, de l’exploita-tion minière et de l’exploitation forestière dans lePaysage. Pendant la guerre civile, des milices ontoccupé la forêt de l’Ituri et se sont battues pour l’ac-cès aux ressources naturelles du Paysage : l’ivoire, laviande de brousse, les minéraux et le bois. Le Paysagecommence à se remettre du conflit, mais le cadre ins-titutionnel et légal pour la protection et la gestionreste faible tant au niveau local que national.

Gestion durable des ressources etgouvernance La station de capture des okapis a été créée à Epuludans les années 1950 et la réserve de faune desOkapis (RFO) a été créée en 1992. Celle-ci couvreenviron 41 pour cent du Paysage et elle a pour mis-sion la protection de la biodiversité en même tempsque l’utilisation durable des ressources de la forêt parles populations locales. La gestion de l’utilisation desterres a débuté dans la RFO en 2000 avec l’installa-tion de zones agricoles en collaboration avec lespopulations locales et l’ICCN. La gestion de la chassede subsistance a été initiée dans le secteur d’Epuluavec la participation des chasseurs mbuti en 2004. Lecontrôle de l’immigration dans le Paysage et des pra-tiques d’utilisation des terres est une priorité en vuede la protection d’importantes ressources en biodiver-sité dans les zones non incluses dans la RFO. Les par-tenaires du PFBC vont travailler aussi plus au sud,au-delà des limites du Paysage, dans une zone detransition écologique importante.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesDans la RFO, la mise en application des lois est lemandat de l’ICCN. La participation des communau-tés dans le suivi des zones agricoles et cynégétiquesdans la réserve est organisée par le CEFRECOF.Depuis 1994, le CEFRECOF, le WCS et laSmithsonian Institution ont suivi 30 000 arbres dansquatre parcelles de dynamique forestière. Ces par-celles peuvent être directement comparées à unréseau de grandes parcelles standardisées dans 13autres pays tropicaux. Les parcelles de l’Ituri mon-trent que les forêts dont la canopée est dominée parune seule espèce d’arbre sont tout aussi riches sur leplan biologique que la forêt mixte adjacente. Ces par-celles de dynamique forestière ont été utiliséescomme plateforme pour la recherche écologique debase et pour la formation de beaucoup de botanistesafricains. En dehors de la RFO, le suivi de l’exploita-tion forestière artisanale a été initié au travers duCEFRECOF en 2002. La RFO est un site pour lesuivi des éléphants dans le cadre du programmeMIKE et une campagne de suivi a été accomplie jus-qu’à présent. Un deuxième inventaire couvrant l’en-semble du site est en cours pour les éléphants, lesgrands singes et les impacts humains.

Concessions forestières 2%

Autres57%

Réserve 41%

!(

!(

!(

!(!(

Réserve de faune des Okapis

Irumu

Wamba

Isiro

Mambasa

0 25 5012.5 Kilomètres

Epulu

Ituri River

DRC

DRC

Le Paysage d’Ituri-Epulu-Aru

Page 33: Les forêts du bassin du Congo · la perte de biodiversité dans neuf pays d’Afrique centrale. Pendant la même période – et ceci est plus important – les pays d’Afrique

Le Paysage enquelques points

Superficie: à déterminer

Partenaires: ICCN, ORTPN, UWA,ONG locales, Organisations com-munautaires, AWF, IGCP, WWF,WCS, DFGFI, DFGFE, FZS

Aires protégées: Parc national desVirunga en RDC (8 000 km2)

Biodiversité (estimation)

Plantes: au moins 2077Mammifères: 196Oiseaux: 706Reptiles: 134Amphibiens: 84

Espèces menacéesAnimaux

• Gorille de montagne• Chimpanzé• Éléphant• Singe doré• Touraco du Ruwenzori• Bouscarle de Grauer• Vautour oricou• Aigle couronné

Plantes

• Bambou (Arundinaria alpina)• Prunus africana• Acajous

Menaces principalesDirectes

• Conversion d’habitats• Chasse• Sur-pêche• Fabrication de charbon de bois• Exploitation du bois

Indirectes

• Faiblesse des capacités• Manque d’emplois• Faible degré d’application des lois• Troubles civils et guerre

Interventions essentielles• Appui institutionnel• Appui aux politiques• Coordination trans-sectorielle• Amélioration de la communication

envers les décideurs• Gestion basée sur les données • Planification de l’utilisation des res-

sources naturelles

Situé dans le rift Albertin, ce Paysage aux limites maldéfinies est centré sur le parc national des Virunga,un site du Patrimoine mondial. C’est le paysage leplus riche en espèces de vertébrés en Afrique et c’estun des principaux endroits de la Terre pour la conser-vation eu égard à son taux extraordinaire d’endémis-me. Le Paysage couvre un grand assortiment de bio-topes : des forêts denses humides, des forêts afromon-tagnardes, des savanes, des lacs d’eau douce et desvolcans actifs.

Ce parc national des Virunga date de 1925. La vastePaysage abrite les derniers 700 gorilles de montagne.

L’agriculture de subsistance est l’utilisation dominan-te des terres. Les sols volcaniques fertiles supportentles plus fortes densités de populations humaines enAfrique, pouvant atteindre 700 habitants/km2. Ceciconduit à une très forte pression pour convertir leshabitats naturels en terres agricoles, à une pêche nondurable, ainsi qu’à la chasse et au pâturage illégal.

Durant les dix dernières années, la guerre civile enRDC et le génocide au Rwanda ont transformé lesparcs nationaux en champs de bataille et en campsde retranchement pour des miliciens et des réfugiés.Elle a engendré des déplacements humains massifscausant d’énormes pressions sur les forêts, la faune etles autorités des parcs.

Gestion durable des ressources naturellesLes partenaires non gouvernementaux du Paysage,l’Union européenne et la Banque mondiale ont tra-vaillé avec les autorités des aires protégées en vue dudéveloppement d’un plan coordonné qui couvriraittout le rift Albertin. Malgré l’instabilité et l’absencede délimitation claire du Paysage, des succès ont étéenregistrés récemment dans la cartographie des airesprotégées, dans les consultations avec les diversacteurs, dans l’appui matériel aux autorités des parcsnationaux, aux relogement des populations installéesillégalement et dans l’amélioration du niveau de vie.

Ressources naturelles et gouvernance Pour que la conservation soit efficace, un cadre régio-nal de collaboration a été mis en place afin de parve-nir à une gestion transfrontalière des ressources natu-relles. Ce cadre formalise les collaborations non offi-cielles qui ont été initialisées par les partenaires actifsdans les zones habitées par les gorilles et aussi ailleursdans le Paysage. Une révision des législations natio-nales et régionales ainsi que des politiques de conser-vation des grands singes a été réalisée et distribuée

aux intervenants pour commentaires comme faisantpart du processus GRASP. Le personnel de l’ICCN abénéficié d’une formation en planification, suivi etatténuation de conflits.

Un processus de matérialisation des limites du parcnational des Virunga est en cours avec la participa-tion des communautés locales. Les partenaires duPaysage travaillent avec les communautés afin dedévelopper des activités et des sources alternatives derevenus.

Institutionnalisation du suivi des ressources naturellesPour le Paysage des Virunga, un grand nombre d’in-formations est disponible pouvant appuyer la planifi-cation et le suivi de la gestion des ressources natu-relles. Ceci inclut des informations obtenues au tra-vers d’un suivi basé sur les patrouilles de surveillance,des études socio-économiques, des informations surl’application des lois, une évaluation du secteur dutourisme, des études sur la restauration des habitats etl’étude des changements détectés par télédétection.Un programme de suivi de la région des volcans, basésur le travail des gardes, a été étendu à l’ensemble duparc national des Virunga afin d’obtenir un suivi pluscomplet des gorilles. L’appui institutionnel comprenddes efforts pour améliorer et augmenter les patrouillesconjointes, la formation, les études de faune, le suivides écosystèmes et des populations, ainsi que la com-pilation des données relatives au Paysage.

RDC

OUGANDA

RWANDA

Le Paysage des Virunga

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30

Le Programme régional d’Afrique centrale pour l’envi-ronnement (CARPE) est mis en oeuvre dans le cadre

du contexte plus étendu des programmes et initiativesentrepris par les multiples partenaires gouvernementaux,intergouvernementaux et non gouvernementaux partici-pant au Partenariat pour les forêts du bassin du Congo. Lacontribution du gouvernement des États-Unis est une com-posante intégrale s’inscrivant dans l’effort internationalbeaucoup plus important du PFBC.

CARPE a l’intention de contribuer à un futur durablepour les populations du bassin du Congo en appuyant lesnations d’Afrique centrale dans leurs efforts de réduire laperte de biodiversité et de la mise en œuvre d’une gestiondurable des ressources naturelles. La conservation et lesdéveloppements basés sur les ressources naturelles sontindispensables à l’accroissement de la prospérité, au relève-ment du niveau de vie et à l’expansion économiquedurable et équitable dans la région. Alors que les défis sontnombreux et que les efforts soutenus restent indispensablesau progrès, il est évident à la fin de la première année demise en œuvre de CARPE II que des bases importantespour le succès ont été posées.

Des institutions africaines de la région donnent corps àdivers engagements politiques envers des actions concrètessur le terrain. En République du Congo, l’engagement for-mel envers la création d’un service national pour les aires

protégées et la gestion de la faune constitue un pas impor-tant. Une étude du réseau des aires protégées en vue del’identification de lacunes et de l’évaluation de leur gestionest en cours. Au Gabon, un nombre croissant de personnelformé est mis à la disposition des parcs nationaux ; le déve-loppement d’infrastructures en voie de planification ; lacommunication avec les populations locales mise en route.En République démocratique du Congo, l’Institut congolaispour la conservation de la nature (ICCN) a commencé àfaire régulièrement la synthèse des informations indispen-sables dans les domaines écologique et socio-économique,collectées sur le terrain par les patrouilles et les chercheurs,afin d’offrir aux décideurs des diverses institutions uneinformation aisément accessible.

Les partenaires de CARPE, dont beaucoup travaillentdans la région isolément depuis des années, mettent main-tenant en commun leurs ressources et collaborent selon lanouvelle approche afin d’atteindre des objectifs communs.Les agences partenaires de CARPE ont établi une présencesur le terrain dans tous les Paysages prioritaires afin dedévelopper des plans durables d’utilisation des terres et desressources avec une diversité d’acteurs. Des activités renfor-cent les capacités locales en matière de gestion des airesprotégées et initient des partenariats innovateurs entre lessecteurs privés et gouvernementaux en vue d’une gestionefficace des concessions pétrolières et forestières. Elles sus-

Les bases du développement durable et de la conservation dans lebassin du Congo : CARPE et le PFBC

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Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire 31

citent un intérêt international significatif pour la continua-tion des travaux dans le bassin du Congo.

CARPE travaille à l’amélioration de la conservation etde la gestion durable des ressources naturelles au bénéficedes peuples d’Afrique centrale sur plus de 65 millionsd’hectares. Par exemple, dans le Paysage trinational de laSangha qui s’étend par-dessus les frontières du Cameroun,de la République du Congo et de la République centrafri-caine, les efforts de renforcement des capacités ont conduità l’élaboration d’un plan pour le développement des affaires dans la Paysage. Ce plan constituera la base duFonds fiduciaire pour le trinational de la Sangha qui seraprochainement créé et sera le premier en son genre dans larégion.

La majorité des Paysages prioritaires de CARPE estsituée en dehors des aires protégées et fonctionne de factoou de jure sous l’administration d’entreprises privées. Aussiles efforts pour minimiser les impacts négatifs sur l’environ-nement liés aux utilisations des terres sont essentiels.Durant l’année écoulée, les partenaires de CARPE ontœuvré en collaboration étroite avec le secteur privé. Parexemple, Shell-Gabon, une des 15 compagnies pétrolièrestravaillant dans la région, s’oriente vers des investissementstenant plus compte des aspects sociaux et environnemen-taux. L’appui financier de cette société à la conservation età la recherche dans le Paysage du complexe de Gamba etl’élaboration d’un code environnemental pour ses opéra-tions sont un bon pas en avant dans la direction du partagedes responsabilités.

À l’intérieur de concessions forestières, des partenairesont travaillé à l’élimination de la chasse aux animaux pro-tégés et du commerce de viande de brousse. Ils ont désignédes zones de non-exploitation dans les endroits sensiblespour la faune. Ils ont élaboré des règlements locaux dechasse pour les animaux non en danger et ont minimisé

l’extension du réseau de pistes et des impacts négatifs asso-ciés, liés à la collecte illicite de plantes et d’animaux. Ilsont aussi fermé des pistes après exploitation afin d’enrayerl’exploitation illicite non durable. Au courant de l’annéepassée, plusieurs grandes entreprises forestières opérantdans la région ont pris des mesures significatives en vue del’adoption de systèmes de certification pour des centainesde milliers d’hectares de forêt. Elles ont ainsi effectivementrelevé les standards de la gestion forestière dans le bassindu Congo.

Trouver des ressources financières suffisantes pourappuyer à long terme la gestion des aires protégéesd’Afrique centrale constitue un important défi que les par-tenaires de CARPE ont décidé d’accepter. Durant l’annéeécoulée des avancées significatives ont été marquées. AuGabon, l’élaboration des plans de gestion pour les 13 nou-veaux parcs nationaux progresse et a déjà attiré des res-sources significatives. Les gouvernements nationaux duCameroun, du Gabon et de la République du Congo ontaccepté le développement de plans de gestion à l’échelle duPaysage pour le Paysage TRIDOM et des ressources finan-cières pour plus de 10 millions de dollars US ont déjà étésécurisés par le FEM/PNUD.

CARPE continue aussi de démontrer que des pro-grammes de conservation peuvent aussi réussir en pleinesituation de conflit, quand les partenaires s’engagent dansdes processus politiques et diplomatiques en complémentaux approches techniques.

À travers ces efforts et d’autres, les initiatives CARPEont aidé à préserver les valeurs intrinsèques et marchandesdes écosystèmes de forêt et de savane humide en Afriquecentrale. Il existe plusieurs exemples importants de progrès,mais beaucoup de travail reste à faire pour sécuriser cettepierre angulaire du développement économique durablepour les nations d’Afrique centrale.

Encadré 9. Le site cartographique interactif CARPE Mapper

CARPE Mapper est un outil cartographique interac-tif basé sur Internet qui permet aux utilisateurs devisualiser et d’interroger une base de données spatia-le concernant les 11 Paysages CARPE. Les donnéesproviennent d’un vaste éventail de partenaires deCARPE. Elles incluent des données obtenues parsatellite, telles que des cartes des feux ou de la végé-tation, et des données géoréférencées sur la distribu-tion des population, les routes, les cours d’eau, lesaires protégées et la biodiversité – y compris lesmouvements d’éléphants de forêt (voir image degauche) dotés de colliers GPS dans quatre Paysages.

Pour en savoir plus, consultez le site à l’adressesuivante: http://maps.geog.umd.edu/carpemapper.

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CARPE : améliorer l’efficacité Dans les années à venir, CARPE va continuer à mettrel’accent sur les partenariats, liant des acteurs locaux etinternationaux en appui à la gestion durable des ressourcesdu bassin du Congo. Pour aider les Africains de la région àrésoudre des problèmes apparemment insolvables associés àla pauvreté, aux opportunités restreintes de travail et aupartage inégal des bénéfices par les populations locales, lescollaborations doivent être renforcées. Au sein de ces par-tenariats la situation exige le développement d’efforts sou-tenus, d’idées nouvelles et une attention accrue à la pro-duction de bénéfices au travers de la conservation et desactivités basées sur les ressources naturelles.

Un programme aussi varié s’étendant sur une aussi vasterégion géographique, demande une planification straté-gique saine, des outils adaptés et des systèmes efficaces desuivi pour donner forme à une approche consistante etcomplémentaire. Au cours de l’année à venir, les parte-naires de CARPE vont se concentrer sur l’amélioration dupartage de l’information, la communication et la résolutionde conflits afin de renforcer les résultats sur le terrain.

De nouveaux efforts sont déployés pour harmoniser lesapproches et les méthodologies, la compilation de donnéeset l’accessibilité pour les Africains de la région (Encadré9). Finalement, ces efforts vont permettre aux concepteursdes politiques de prendre des décisions de manière mieuxinformée.

La réalisation de deux avancées essentielles continueraégalement à faire l’objet du suivi CARPE. Premièrement,le nombre de plans de gestion durable élaborés pour les dif-férentes zones d’utilisation à l’intérieur des Paysages priori-taires constitue un indicateur essentiel du progrès vers ladurabilité. Dans la seule année écoulée, huit plans ont étémis en place et acceptés par les gouvernements et les popu-lations locales. Sept concernent des aires protégées, desaires gérées par les communautés ou des concessions fores-tières au Gabon. Dans les années à venir, les partenaires deCARPE continueront à assister les populations d’Afriquecentrale, les investisseurs privés et autres pour le dévelop-pement de leurs propres plans en vue d’atteindre la durabi-lité à l’intérieur des Paysages prioritaires.

Le deuxième indicateur de succès pour CARPE concer-ne l’amélioration du suivi de l’état du couvert forestier dansles zones prioritaires. En établissant des critères de basepour le couvert forestier des Paysages, les partenaireslocaux seront non seulement capables de suivre les change-ments dans le temps, mais – et ceci est plus important – ilspourront utiliser pareille information pour entreprendre desactions et mobiliser des réactions face aux menaces quipèsent sur la disponibilité à long terme des ressources natu-relles en Afrique centrale. À cette fin, des images satellitesà haute résolution furent rendues accessibles en 2004 pourle Paysage de Maringa-Lopori-Wamba en République

démocratique du Congo. Des informations similaires sontprévues pour tous les Paysages prioritaires dans les quelquesprochaines années.

CARPE s’est engagé à fournir une contribution durableau PFBC en aidant les populations du bassin du Congo àparvenir à une conservation effective et une utilisationdurable des ressources naturelles dans les années à venir.Les efforts pour améliorer les moyens de subsistance baséssur la forêt en vue de l’amélioration du bien-être des popu-lations d’Afrique centrale seront accrus. CARPE continueraà travailler avec les institutions africaines pour renforcerleurs capacités dans les domaines de la technique, de la com-munication et de l’appui à la gestion durable et à la conser-vation. Des partenaires vont aussi continuer à aider lespopulations d’Afrique centrale à créer un environnementpropice au développement économique durable, à la conser-vation et à la gestion des ressources naturelles au travers del’adoption de politiques et d’instruments légaux appropriés.

Ces activités et partenariats CARPE élargis, sontimportants pour la région mais ne sont qu’une partie d’ungroupe beaucoup plus vaste d’acteurs qui travaillent pouratteindre les objectifs de la conservation et de la gestiondurable des ressources dans le bassin du Congo. Pour parve-nir au succès, il est essentiel de continuer à marier étroite-ment les activités CARPE avec les efforts nationaux amé-liorés et les engagements du PFBC.

Le futurLe Partenariat est parvenu à apporter un appui supplémen-taire aux efforts de la région et à susciter un intérêt inter-national accru pour les forêts du bassin du Congo, à la foisdans le cadre de la santé environnementale mondiale et dubien-être des populations de la région. Comme ce rapportl’a illustré, beaucoup à été appris et accompli dans les deuxpremières années du PFBC. Cependant, pour atteindre sespleines potentialités, les partenaires doivent construire desliens plus solides, bien au-delà des groupes traditionnels debailleurs de fonds ou des ministères en charge des forêts etde l’environnement. Atteindre les grands objectifs duPFBC sera un processus à long terme qui nécessitera despartenaires actifs à tous les niveaux, des gouvernements àla base. Le fait que le PFBC comprend des partenaires trèsdivers représente toutefois un défi au niveau de la coordi-nation. Cependant, si ces forces et expériences variées peu-vent être rassemblées autour d’une vision commune, ellespeuvent produire des résultats extraordinaires.

Activités essentiellesConstruction de liens plus forts avec les processus de développement.

Les ressources naturelles sont intimement liées à la paix, lastabilité, la santé humaine et la croissance économique etle PFBC a une visibilité qui s’étend bien au-delà de beau-

32 Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire

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Les forêts du bassin du Congo : Évaluation préliminaire 33

coup de programmes environnementaux traditionnels.Néanmoins, la reconnaissance du partenariat au-delà descercles de la conservation est en retard, ce qui fait perdredes opportunités de maximiser les synergies entre la conser-vation et le développement. Aussi bien les experts en envi-ronnement que ceux en politique de développement doi-vent faire plus pour se comprendre, travailler ensemble etapprendre les uns des autres. Les partenaires devraientchercher à susciter plus d’intérêt et de reconnaissanceenvers leurs programmes, leurs résultats et les défis aux-quels ils doivent faire face, y compris par la voie diploma-tique, le contact avec des partenaires non traditionnels etla participation à la planification des processus de dévelop-pement – notamment dans le domaine de la réduction dela pauvreté. Cette intégration est cruciale, non seulementpour assurer le succès global du PFBC et le financement àlong terme de ses priorités, mais aussi pour l’amélioration laqualité générale de la prise de décision en matière de poli-tiques de développement.

Susciter un impact du PFBC sur la gouvernance

La transparence, la fiabilité, l’application des lois et l’ab-sence de corruption sont les ingrédients essentiels de laconservation et du développement économique. Les activi-tés dans la conservation, à l’échelle du Paysage et baséessur les communautés, entreprises dans le cadre du PFBCpeuvent être de puissants outils pour inciter à la bonnegouvernance en montrant les avantages des processus parti-cipatifs et transparents. À travers l’engagement actif d’unevariété d’acteurs dans ces processus, sera créé un nouveaunoyau d’acteurs locaux demandant des processus plusdémocratiques et plus ouverts. Les partenaires peuventaider à ce que les résultats de cesprocessus améliorés soient partagéset compris aux niveaux national etinternational.

Chercher des appuis à la base et despartenaires locaux

La conservation est encore tropsouvent comprise comme une pré-occupation pour riches étrangersqui s’intéressent plus aux arbres etaux animaux d’Afrique qu’au bien-être des populations africaines. Lespartenaires du PFBC peuventcontribuer à faire disparaître cettefausse distinction entre conserva-tion et développement en soignantet en étendant le cercle des parte-naires locaux, en créant des possi-bilités de formation et d’avance-

ment, et en cherchant à développer des opportunités qui,en même temps, donnent du pouvoir à des personneslocales, améliorent leur niveau de vie et atteignent desobjectifs de la conservation. Tout cela finalement contri-bue une base solide pour une meilleure gouvernance etpour le développement économique.

Encourager la collaboration innovatrice avec le secteur privé

Les forêts constituent une ressource économique majeu-re qui attire les investissements du secteur privé. Dans debonnes conditions, ceux-ci peuvent contribuer significati-vement à l’amélioration du niveau de vie et à la croissanceéconomique. En de mauvaises circonstances, cela devientau contraire une exploitation au bénéfice à court terme dequelques-uns et au détriment à long terme de beaucoup. Lamise en place d’une exploitation forestière saine, basée surdes investissements sains et un code du travail approprié,va non seulement engendrer un accroissement des investis-sements mais va aussi encourager la bonne gouvernance encommun et l’intendance responsable des ressources fores-tières. Les partenaires devraient continuer à appuyer lesréformes de la réglementation qui encouragent lesapproches innovatrices axées sur les marchés tout en assu-rant une forte régulation destinée à limiter et à éviter lesimpacts négatifs éventuels sur l’environnement. De maniè-re toute aussi importante, les gouvernements, les profes-sionnels de la conservation et les investisseurs privés doi-vent penser au-delà des barrières sectorielles afin d’identi-fier des opportunités de collaboration faisant gagner tout lemonde, comme celles qui émergent dans certaines conces-sions forestières et dans le développement de l’écotourisme.

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ACDI Agence canadienne de développement internationalAD À déterminerAP Aire protégéeAPDN Association des pêcheries du département de Ndougou,

complexe de Gamba, GabonASF Aventures sans frontières AWF African Wildlife FoundationBCI Bonobo Conservation InitiativeBiotopic ONG néerlandaise pour la préservation des tortues

marines, active dans le complexe de Gamba, GabonCARE-RDC Cooperative for Assistance and Relief Everywhere - RDCCARPE Programme régional d’Afrique centrale pour

l’environnementCEFRECOF Centre de formation et de recherche en conservation

forestièreCI Conservation InternationalCIB Congolaise industrielle du bois CIESIN Consortium for International Earth Science Information

NetworkCIFOR Centre pour la recherche forestière internationaleCIRMF Centre international de recherches médicales de

FrancevilleCITES Convention sur le commerce international des espèces de

faune et de flore sauvages menacées d’extinctionCNIAF Centre national des inventaires et de l’aménagement

forestier, CongoCNPN Conseil national des parcs nationauxCoCoSi Comité de coordination du siteCOMIFAC Conférence des ministres en charge des forêts en Afrique

centraleCRAP Comité de réflexion sur l’après-pétrole, département de

Ndougou, complexe de Gamba, GabonCREF Centre de recherche en écologie et foresterie DFGF Dian Fossey Gorilla FundDFGFE Dian Fossey Gorilla Fund EuropeDFGFI Dian Fossey Gorilla Fund InternationalECOFAC Conservation et utilisation rationnelle des écosystèmes

forestiers d’Afrique centraleEGG Exploitation gabonaise des grumesFCFA Franc CFA (Communauté financière africaine)FEM Fonds pour l’environnement mondialFIGET Fondation internationale Gabon éco-tourismeFORCOMS Forest Concession Monitoring System FSC Forest Stewardship CouncilFZS Société zoologique de FrancfortGCF Global Conservation FundGFW Global Forest WatchGIC Gilman International ConservationGQ Guinée équatorialeGTZ Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

(Coopération technique allemande)ha HectareIbonga-ACPE Association locale pour la connaissance et la

conservation de l’environnement, complexe de Gamba,Gabon

ICCN Institut congolais pour la conservation de la natureIFO-Danzer Industrie forestière d’Ouesso - DanzerIGAD Autorité intergouvernementale pour le développementIGCP International Gorilla Conservation ProgrammeINC Institut national de cartographie, GabonINDEFOR Instituto Nacional de Desarollo Forestal

(Institut national de développement forestier, Guinéeéquatoriale)

IPHG Idriss Plantation Holdings GabonIRET Institut de recherche en écologie tropicaleIRM Innovative Resources Management Inc.JGI Jane Goodall Institutekm Kilomètrekm2 Kilomètre carréLBV Libreville

LTCR Lac Tele Community ReserveLTLT Lac Tele-Lac Tumba Swamp Forest LandscapeLWRP Lukuru Wildlife Research ProjectMEF Ministère de l’économie forestièreMEFCPET Ministère des eaux, forêts, chasse, pêche, de

l’environnement et du tourisme, RCAMEFE Ministère de l’économie forestière et de l’environnementMIKE Suivi de l’abattage illicite d’éléphants (programme de la

CITES)MINEF Ministère de l’environnement et des forêtsMODIS Moderate Resoution Imaging SpectroradiometerMPI Max Planck InstituteNSG Nouvelle société gabonaiseONG Organisation non gouvernementaleORTPN Office rwandais du tourisme et des parcs nationauxPE Protocole d’ententePFBC Partenariat pour les forêts du bassin du CongoPN Parc nationalPNPB Parc national des plateaux BatékéPNS Parc national de la SalongaPNUD Programme des Nations unies pour le développementPPG Projet Protection des gorillesPSVAP Programme sectoriel de valorisation des aires protégéesRC République du CongoRCA République centrafricaineRDC République démocratique du CongoREBAC Réseau des botanistes de l’Afrique centraleRFO Réserve de faune à OkapiSBB Société des bois de BayangaSBG Société du Bois du GabonSBL Société des bois de LastourvilleSC Siège centralSCD Société pour la conservation et le développementSEAF Société d’exploitation et d’aménagement forestiersSEEG Société d’énergie et d’eau du GabonSEFAC Société d’exploitation forestière et agricole du CamerounSG Shell-GabonSI Smithsonian InstitutionSIG Système d’information géographiqueSNBG Société nationale des bois du GabonTCCB Tayna Center for Conservation BiologyTEF Transformation Forestière TFE Total-Fina-ElfTREES Observation de l’environnement de l’écosystème tropical

par satelliteTRIDOM Tri-National Dja-Odzala-Minkébé UCL Université catholique de Louvain (Belgique)UE Union européenneUGADEC Union des associations pour la conservation des gorilles

et le développement à l’Est de la Républiquedémocratique du Congo

UMD University of MarylandUNESCO Organisation des Nations unies pour l’éducation, la

science et la cultureUNF United Nations FoundationUNGE Universidad Nacional de Guinea Ecuatorial

(Université nationale de Guinée équatoriale)USAID Agence des États-Unis pour le développement

internationalUWA Uganda Wildlife AuthorityVIH/SIDA Virus de l’immunodéficience humaine/ Syndrome

d’immunodéficience acquise WCBR Wamba Committee for Bonobo ResearchWCS Wildlife Conservation SocietyWRI World Resources InstituteWWF Fonds mondial pour la natureZSM Zoological Society of Milwaukee

Acronymes et Abréviations

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Une contribution au Partenariat pour les forêts du bassin du Congo de la part de: