Les enfants dans la guerre

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    LES ENFANTS DANS LA GUERRE

    Z O O M

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    Comit international de la Croix-Rouge19, avenue de la Paix

    1202 Genve, Suisse

    T + 41 22 734 60 01 F + 41 22 733 20 57

    E-mail: [email protected] www.cicr.org

    CICR, novembre 2009

    Couverture : Christoph Von Toggenburg/CICRDos de la couverture : Claire Kaplun/CICR

    Tous les noms mentionns dans la brochure ont

    t changs afin de protger lidentit des enfants

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    recruts par des forces ou des groupes arms, ou les

    enfants en dtention. Le trafic denfants, par exemple des fins dadoption illgale, peut aussi se dvelopper.

    Les garons et les filles privs de la protection de leurs

    parents et dautres proches sont les plus exposs.

    Le dnuement et la perte de leurs parents proches

    peuvent contraindre de toutes jeunes filles un

    mariage prmatur ou la prostitution, et lon voit

    de trs jeunes enfants devenir chefs de famille. La

    perturbation des services publics peut restreindre

    laccs des enfants aux soins de sant et lducation.

    Au moins la moiti des enfants de la plante en gede scolarit primaire mais non scolariss vivent

    dans des pays dchirs par des conflits. Outre leur

    souffrance immdiate, les enfants subissent aussi

    des dgts psychologiques lorsquils sont tmoins

    datrocits commises contre des tres chers.

    Cela tant, la rsilience des enfants, garons et filles,

    ne doit pas tre sous-estime. Des soins bien conus

    peuvent les aider se remettre, cesser dtre des

    victimes de la guerre et sapproprier leur propre vie.

    Un conflit arm rend encore plus vulnrables ceux

    qui le sont dj, en particulier les enfants. Un enfanta besoin dune famille et dune communaut qui lui

    procurent un environnement protecteur et favorable

    son dveloppement. Les effets de la guerre sur

    les jeunes peuvent tre dvastateurs. En 2008, on

    comptait 18 millions denfants forcs de fuir de chez

    eux, soit comme rfugis franchissant une frontire

    internationale, soit comme personnes dplaces

    lintrieur de leur pays.

    Dans les conflits arms qui, aujourdhui, sont

    souvent internes nul nest pargn. Des enfantssont emprisonns, viols, mutils vie, et mme

    tus. Des familles sont dchires, disperses, et

    des milliers denfants sont obligs de se dbrouiller

    tout seuls pour subvenir leurs propres besoins et

    soccuper de frres et surs plus petits.

    Lexploitation des enfants, qui augmente souvent

    pendant un conflit, revt de nombreuses formes,

    telles que le travail forc ou, dans des cas extrmes,

    lesclavage. Tel peut tre le sort qui attend les enfants

    LES ENFANTS DANS LA GUERRE

    PhilippeFichard/CICR

    un enfant sentend de tout tre humain g de moins de dix-huit ans, sauf si la majorit est atteinte plus

    tt en vertu de la lgislation qui lui est applicable.

    Convention relative aux droits de lenfant, article premier.

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    NOS ENFANTS MEURENT

    Nos enfants meurent en bas ge parce que

    personne ne vient les vacciner ni les soigner.

    Nous navons pas denseignants, nos enfants ne

    savent ni lire ni crire. Ils ont peur de jouer dans

    la jungle cause des groupes arms qui rdent

    autour de nos villages. Quand ils atteignent

    lge de 12 ans, nous devons les cacher pour

    que les gurilleros ne les recrutent pas pour se

    battre et que larme ne les enrle pas comme

    guides et indicateurs. Nos enfants sont terrifispar le bruit des combats et traumatiss par

    le dplacement. Pourtant, nous continuons

    avoir des enfants. Les enfants sont ce qui

    demeure quand on a perdu tout le reste.

    Un indigne de Colombie

    VIVRE DANS LA PEUR

    Noam, Adi et Amir Maoz ont grandi dans un

    kibboutz situ proximit de la bande de

    Gaza, do des groupes arms lancent des

    missiles. Lorsque retentissent les sirnes, ils ont

    15 secondes pour courir jusqu labri le plus

    proche. une poque, nous avions jusqu

    huit alertes par jour. Il tait trs difficile dtudier

    normalement. Cest une chose laquelle on ne

    shabitue jamais : tu as peur chaque fois.

    lcole, certains enfants pleurent sans arrt.

    Beaucoup ont des cauchemars. Parfois, lessirnes tardent donner lalerte. Un jour, une

    roquette est tombe peine cinq mtres de

    notre porte. Il y avait des clats lintrieur de

    la maison. Nous avons eu de la chance que a

    nait pas t plus grave.

    Les biens civils tels qucoles ou hpitaux sont protgs en vertu du DIH. Pourtant,

    ils sont de plus en plus souvent la cible dattaques. Il arrive parfois que des coles

    servent dabris des gens obligs de fuir de chez eux. Dans la rgion de Mindanao,

    dans le sud des Philippines, elles abritent une partie des dizaines de milliers depersonnes dplaces par le conflit. lcole primaire de Datu Gumbay Piang,

    Samira Endosan, une femme enceinte dj mre de sept enfants, faisait du caf

    dans une salle de classe transforme en dortoir quand elle a t touche au dos

    par un clat dobus. Huit personnes ont t blesses, dont trois jeunes enfants qui

    jouaient devant la salle.

    Lorsque les forces armes rgulires dun tat ou des groupes arms utilisent tout

    ou partie dun hpital ou dune cole leurs propres fins, non seulement ils privent

    des civils de soins de sant ou dducation, mais ils les exposent des attaques

    de lennemi. Le pre Alberto, prtre catholique colombien, raconte ce quil a vcu :

    En fvrier dernier, des soldats sont venus sinstaller dans notre petit pensionnat.

    Ils ont commenc faire la cuisine, jeter leurs ordures partout et salir les classes.

    Les enfants se sont enfuis et les parents ne voulaient pas quils reviennent tant que

    les soldats seraient l. Heureusement, jai pu contacter le CICR, qui a immdiatement

    parl au commandant. La situation est redevenue normale le jour mme : les soldats

    ont nettoy et sont partis. Le commandant a prsent des excuses et promis

    que cela narriverait plus jamais. Les enfants sont revenus et les cours ont repris.

    Les parents sont trs heureux de savoir que le CICR nous protge.

    Les chapitres qui suivent prsentent les risques les plus importants auxquels sont

    exposs les garons et les filles pendant un conflit, et quelques-uns des aspects delaide quapporte le Comit international de la Croix-Rouge (CICR). Les exemples

    utiliss viennent du terrain, essentiellement de situations de conflit arm.

    Cependant, les activits du CICR dans dautres situations de violence violence

    intercommunautaire notamment sont trs similaires.

    LES ATTAQUES VISANTDES CIVILS

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    JeroenOerlemans/CICR

    ChristophVonToggenburg/CICR

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    CE QUE FAIT LE CICR

    Le CICR a pour mission de sauvegarder la vie et la dignit des victimes de guerres

    et de situations de violence interne, de venir en aide ces personnes quand

    elles souffrent, et de prvenir leur souffrance en semployant promouvoir et renforcer le droit et les principes humanitaires universels.

    Il mne une action impartiale pour porter assistance toutes ces victimes, mais,

    quelle que soit la situation, ce sont toujours les personnes les plus vulnrables

    qui font lobjet de son attention prioritaire. Les enfants figurent donc parmi les

    bnficiaires de toutes ses activits sur le terrain.

    Le CICR encourage le respect du DIH en organisant des cours et des sessions de

    formation lintention des forces armes et groupes arms. I l rappelle aux parties

    un conflit lobligation qui leur incombe de permettre en tout temps laccs de

    laide humanitaire aux personnes qui en ont besoin, notamment aux enfants.

    Son action vise aussi ce que tous les civils, y compris les enfants, soient pargns ;

    pour cela, il mne des campagnes publiques en utilisant des moyens tels

    quaffiches, brochures, pices de thtre et missions de radio et de tlvision.

    Comme on le verra dans cette brochure, le CICR met aussi en uvre des

    programmes axs sur les enfants. Par exemple, il recherche des enfants ports

    disparus pour les runir leur famille, il dploie des activits visant mettre fin

    limplication denfants dans les conflits arms et, parfois, il apporte une aide

    spcifique des enfants dtenus.

    QUE DIT LE DROIT ?

    La protection des enfants en temps de guerre

    est consacre par le droit international

    humanitaire (DIH), qui lie aussi bien les tats

    que les groupes arms non gouvernementaux.

    Cet ensemble de traits, qui comprend les

    Conventions de Genve de 1949, leurs deux

    Protocoles additionnels de 1977 et le troisime

    Protocole additionnel de 2005, prvoit une

    protection gnrale pour toutes les personnes

    touches par les conflits arms et contient aussides dispositions applicables spcifiquement

    aux enfants.

    En tant que personnes civiles, les enfants sont

    protgs par le DIH dans deux types de situation

    diffrents. Dabord, sils tombent aux mains de

    forces ennemies, ils doivent tre protgs contre

    le meurtre et toutes formes dabus : torture et

    autres formes de mauvais traitements, violence

    sexuelle, dtention arbitraire, prise dotages ou

    dplacement forc. Ensuite, ils ne doivent en

    aucune circonstance tre la cible dattaques,

    mais doivent tre pargns et protgs.

    Nombre de rgles de DIH constituent en fait

    du droit coutumier et lient par consquent

    les parties un conflit arm, quelles aient ratifi

    ou non les traits pertinents.

    Le droit des droits de lhomme notamment

    la Convention relative aux droits de lenfant et

    son Protocole facultatif de 2000 concernantlimplication denfants dans les conflits arms

    prend spcifiquement en compte lui aussi

    la ncessit de protger les enfants contre les

    effets des conflits arms.

    CarlDeKeyzer/CICR

    JanPowell/CICR

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    Bahati, un garon de 13 ans vivant dans lest de la

    Rpublique dmocratique du Congo (RDC) est un des

    innombrables enfants qui se retrouvent spars de

    leurs parents, ou des personnes qui soccupent deux

    habituellement, dans la panique et le chaos causs

    par un conflit arm. En RDC, les observations faites

    sur le terrain indiquent quun pourcentage trs levde familles ont perdu un ou plusieurs enfants dans

    leur fuite perdue pour tenter dchapper au danger.

    Les parents ne savent pas si leurs enfants sont morts

    ou vivants. Les enfants ont un norme besoin daide.

    Langoisse cause par la sparation assombrit la vie

    des enfants comme celle des adultes.

    Une question de survieIl ne fait aucun doute que le dplacement d un

    conflit est une des principales causes de sparation

    au sein des familles, que celles-ci restent dans leur

    pays ou franchissent une frontire internationale.

    Les dplacements massifs engendrent un nombre

    de sparations stupfiant. Il suffit de penser aux

    dizaines de milliers denfants rwandais spars de

    leurs proches dans les annes 1990, ou la situation

    qua connue la RDC ces dernires annes. Cependant,

    les sparations familiales peuvent aussi tre

    volontaires. Il nest pas inhabituel, par exemple, que

    des parents qui se retrouvent dans un dnuement

    total ou craignent pour la scurit de leurs enfantsconfient temporairement ceux-ci un orphelinat,

    ou de la famille ou des voisins dont la situation

    est meilleure, certains que cela amliorera leurs

    chances de survie. Des arrangements provisoires de

    ce type durent souvent beaucoup plus longtemps

    que prvu, surtout si, aprs la sparation, lenfant

    ou sa famille a d fuir la violence dun conflit arm.

    Dans certaines situations dsespres, les parents

    donnent leurs enfants en adoption, dans lespoir que

    cela amliorera leurs chances dans la vie.

    Quelle que soit la cause initiale de la sparation,

    ces enfants sont trs exposs des risques tels que

    dfaut de soins, exploitation, mauvais traitements,

    recrutement par des groupes arms, adoption

    illgale ou trafic denfants. Les filles peuvent tre

    particulirement vulnrables, surtout aux abus

    sexuels et au mariage forc un ge prcoce.

    Quant aux bbs et aux trs jeunes enfants, cest leur

    survie mme qui peut tre menace. Sans les soins

    et la protection que seul un adulte peut assurer,

    ils risquent de mourir rapidement de faim ou de

    maladies qui seraient normalement gurissables,

    telles que la diarrhe.

    En pareille situation, il nest pas rare que de trs jeunes

    enfants, parfois peine gs de 8 ou 9 ans, soient

    propulss dans des rles dadultes. Ils se retrouvent

    chefs de famille, devoir soccuper de frres et

    surs plus jeunes et les protger. De tels foyers sont

    extrmement vulnrables toutes sortes de dangers.

    Par exemple, le soutien de famille risque dtrerecrut par un groupe arm ou forc la prostitution

    pour survivre. Mais ces foyers sont aussi la preuve de

    la force et de lingniosit remarquables dont sont

    capables les enfants.

    SPARS Ctait la fin du mois doctobre, et nous tions lcole.Mon pre et ma mre travaillaient aux champs. Les militaires

    ont attaqu et tout le monde a fui, y compris les professeurs.Je suis retourn la maison et jai trouv ma petite surqui portait le bb sur le dos. Je ne savais pas o taient nosparents. Les six enfants, nous sommes partis tous ensemble pied vers Goma, parce que ctait dans cette directionquallaient tous les gens du village. Nous avons trouv refugedans une maison en construction et nous avons pass deuxsemaines mendier notre nourriture. Nous avions trs faim.Finalement, des femmes sur le march nous ont amens ici,dans cet abri pour enfants perdus.

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    Prise en charge spontaneDans un certain nombre de socits, la prise en charge

    spontane denfants peut tre une solution ponctuelle

    pendant une crise. Cela a t le cas de Suzanne Nyombe,

    51 ans, lune des nombreuses mres nourricires de

    lest de la RDC. Je fuyais avec mes enfants les combats

    qui faisaient rage dans mon village, quand jai entenduun bb pleurer. Jai regard dans le foss au bord de

    la route et je lai vue, une petite fille denviron 10 mois,

    au milieu de cadavres. Je ne pouvais pas la laisser l,

    elle serait morte aussi. Alors je lai prise et maintenant

    elle vit avec nous l o nous avons trouv refuge. Je lai

    appele Jemima.

    LE PLUS BEAU CADEAU DE NOL

    Cest au dbut de 2003 que la guerre avait atteint Bohebly, en Cte dIvoire. La petite Tia, 2 ans, tait avec une parente, Delphine, pendant

    que sa mre travaillait aux champs. Delphine et Tia avaient t enleves et emmenes de lautre ct de la frontire, au Libria. Puis la petite

    Tia avait disparu et, au bout dun certain temps, Delphine tait retourne seule au village. Tout le monde pensait que Tia tait morte, dit le

    chef du village. Comment une si petite fille aurait-elle pu survivre toute seule dans la brousse ? Je savais quelle tait vivante, rplique sa

    mre. Je la voyais dans mes rves. Personne ne me croyait, mais jtais sre que je la retrouverais un jour. De fait, une Librienne avait lev

    Tia comme sa propre enfant. La petite fille ne sachant pas dire son nom, la recherche stait avre plus difficile. En outre, le personnel de la

    Croix-Rouge tait submerg par le grand nombre de cas de sparation. Finalement, le dossier de recherche dpos par la famille de Tia en

    Cte dIvoire avait t rapproch de celui quavait dpos la Librienne qui avait recueilli la petite fille. Malgr les annes coules, la mre

    de Tia avait reconnu lenfant sur la photo. Une cicatrice dans le dos de la fillette avait confirm lidentification. Juste avant Nol 2007, Tia tait

    retourne chez elle, o lattendait une famille folle de joie.

    LADOPTION

    Lexprience montre que la plupart des enfants non accompagns ont des parents ou dautres proches qui veulent et peuvent soccuper

    deux, et que lon arrive trouver. Ladoption ne devrait tre envisage que si lon ne peut pas raisonnablement esprer retrouver la famille

    et la regrouper. Elle doit correspondre lintrt suprieur de lenfant, et se drouler conformment la lgislation nationale ainsi quaux

    dispositions de droit international et coutumier applicables en lespce. En outre, la priorit doit toujours tre donne ladoption par

    des membres de la famille, o quils vivent. Quand ce nest pas possible, ladoption au sein de la communaut ou, au moins, de la culture

    laquelle appartient lenfant doit tre privilgie.

    UN PLAN DACTION MONDIAL

    Le sort des enfants touchs par les conflits arms

    reprsente depuis longtemps une grave proccupation

    pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du

    Croissant-Rouge*. En se dotant dun plan daction relatif

    aux enfants touchs par un conflit arm, les composantes

    du Mouvement ont fait la preuve de leur dtermination agir dans ce domaine.

    Ce plan daction sarticule autour de deux engagements :

    Promouvoir le principe de non-enrlement et de non-

    participation denfants de moins de 18 ans dans les conflits,

    notamment en semployant faire reconnatre et appliquer

    les normes juridiques nationales et internationales

    par tous les groupes arms (gouvernementaux et non

    gouvernementaux), et convaincre le public de la

    ncessit de ne pas laisser les enfants rejoindre des forces

    ou groupes arms.

    Prendre des mesures concrtes pour protger et assister les

    enfants victimes de conflits arms notamment pourvoir

    aux besoins psychosociaux et physiques des enfants vivant

    dans des familles ainsi que des enfants isols, et plaider en

    faveur des enfants qui ont particip des conflits, afin de

    faciliter leur rintgration sociale.

    * Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge(ou Mouvement ) est compos du CICR, de la Fdration internationale

    des Socits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (ou Fdration

    internationale ) et des Socits nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-

    Rouge (ou Socits nationales ).

    RonHaviv/CICR/VII

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    Il a en effet un avantage tout fait unique cet gard :

    celui de travailler main dans la main avec les autres

    composantes du Mouvement. Dans de nombreuses

    zones de conflit, le CICR ne serait pas en mesure de

    regrouper les familles sil ne bnficiait pas de cette

    collaboration de longue date. Des milliers demploys

    et de volontaires de Socits nationales de par le

    monde sont prts agir le jour o un conflit armclate. Ils restent sur place lorsque le CICR se retire du

    pays concern, et continuent rechercher les proches

    dont les enfants ont t spars.

    Rechercher les famillesLe travail commence, avant toute chose, par

    lidentification des enfants spars des personnes qui

    soccupent normalement deux. Lorsque le nombre

    de cas traiter est norme, la priorit est donne aux

    plus vulnrables : les enfants trs jeunes, malades,

    handicaps, non accompagns, sans aucun adulte

    pour soccuper deux. Une distinction doit tre tablie

    entre les enfants spars qui se retrouvent sans

    les personnes qui soccupent normalement deux

    mais sont sous la protection dun autre parent et les

    enfants non accompagns , qui se retrouvent seuls

    ou pris en charge, souvent de faon spontane, par des

    personnes nayant aucun lien de parent avec eux.

    Dans les cas denfants chefs de famille, la priorit

    immdiate est de fournir nourriture, hbergementet accs lducation et aux soins de sant. Le CICR

    prendra dabord des dispositions provisoires comme

    des familles daccueil ou, dans des circonstances

    exceptionnelles, une prise en charge institutionnelle

    RUNIR LES ENFANTSAVEC LEURS PROCHESCest gnralement de leur famille et de leur communautque les enfants reoivent la protection la plus efficace.En cas de sparation, la priorit est donc de les runir avecleur famille et leur communaut dorigine. Le CICR utilisepour ce faire un procd appel la recherche de personnes

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    de courte dure tout en recherchant les parents. Le

    but vis est toujours de faire vivre les enfants en milieu

    familial, sous une forme ou une autre, de prfrence au

    sein de la communaut laquelle ils appartiennent.

    Un engagement long termeIl est dautant plus important de garder lenfant au sein

    de la communaut que le processus de recherche peutdurer des annes. Dix ans dans le cas dAmie Foray,

    par exemple. Sa grand-mre se rappelle le jour o des

    tirs ont clat autour de son village, en Sierra Leone :

    Nous avons travers la fort, mais une deuxime

    attaque nous a fait fuir dans toutes les directions.

    On tait alors en 1997, et Amie avait 4 ans. Avec le

    temps, sa famille avait fini par se convaincre quelle

    ntait plus en vie. En fait, elle avait t prise en charge

    par des personnes elles-mmes en fuite, ce qui avait

    considrablement compliqu les recherches. Enfin, en

    octobre 2007, le CICR a pu ramener Amie chez elle. Tout

    le village tait l lorsque Amie, devenue adolescente,

    a t runie avec sa mre et sa grand-mre.

    Aider les enfants spars reprsente souvent

    un engagement long terme. La recherche de

    parents survivants est un processus complexe,

    rendu plus difficile dans bien des cas par un conflit

    arm persistant. Elle peut faire intervenir plusieurs

    Socits nationales de pays diffrents. Un moyen

    particulirement efficace de rtablir le contact entremembres de familles disperses est la radio. Cest par

    ce moyen que Bahati, le jeune Congolais de 13 ans, et

    ses frres et surs ont t runis avec leurs parents

    aprs une sparation de cinq mois.

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    Un suiviLe regroupement familial nest pas toujours la fin de

    lhistoire. Un suivi peut savrer ncessaire. Ce suivi

    est particulirement important aprs une sparation

    de longue dure, ou lorsque lenfant a t runi avec

    des parents loigns, ou encore lorsque la famille se

    trouve dans une situation trs difficile. Il simpose

    aussi quand les enfants reviennent avec leurs propresenfants en bas ge.

    Sil est tabli, au bout dun laps de temps raisonnable,

    que lenfant na aucun proche vivant prt prendre

    soin de lui ou delle, le CICR, avec les autorits ou en

    collaboration avec la Socit nationale et/ou dautres

    institutions humanitaires, sefforcera de trouver une

    solution long terme qui convienne.

    CE QUE FAIT LE CICR

    Le CICR a pour mandat, en vertu du DIH, de rtablir le contact entre les membres de

    familles disperses. Pour ce faire, il collabore troitement avec le rseau mondial

    de Socits nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

    Le CICR identifie et enregistre les enfants spars des adultes qui soccupent

    normalement deux. Cette information est ensuite diffuse travers le rseau

    national et, si ncessaire, international du Mouvement, ainsi que par lesmdias locaux et dans les lieux publics. Souvent, des photos sont exposes dans

    les bureaux des sections de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et dans des

    lieux qui attirent des foules, tels les marchs. Le CICR donne aussi des proches

    spars la possibilit de communiquer entre eux, par tlphone ou, souvent,

    en changeant des messages Croix-Rouge.

    Le CICR reoit de nombreuses demandes de parents dont les enfants ont

    disparu lors dun conflit ou dautres situations de violence, ou dans une situation

    de dplacement. Il lance une recherche de personne ds rception dune

    telle demande.

    Il contribue la cration de services de recherches spcialiss dans les Socits

    nationales du monde entier.

    Etant donn le nombre de civils touchs par les conflits, le Mouvement collabore

    troitement avec dautres institutions humanitaires.

    Le site Web www.FamilyLinks.icrc.org a t cr pour aider rtablir le contact

    entre des personnes qui ont t spares par un conflit ou une catastrophe

    naturelle. Depuis 2003, plus de 770 000 noms ont t enregistrs sur ce site.

    BerntApeland/CICR

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    CE QUE DIT LE DROIT

    Le DIH a dabord pour objet de sattaquer aux

    causes profondes de la sparation. Il interdit

    tout type de comportement menaant lunit

    familiale, tel que le dplacement forc de civils ou

    les attaques directes contre la population civile.Lorsque des familles sont disperses cause

    dun conflit arm, le DIH vise au rtablissement

    du contact entre les proches spars et, terme,

    au regroupement familial. Il prvoit en outre que

    les enfants touchs par le dplacement doivent

    faire lobjet de soins appropris. Dans certaines

    circonstances trs prcises, les enfants peuvent

    tre temporairement vacus dune zone de

    conflit vers une zone plus sre du pays, mais

    ils doivent tre accompagns de personnes

    responsables de leur scurit et de leur bien-tre.

    La Convention relative aux droits de lenfant

    vise aussi ce que les enfants spars ou non

    accompagns reoivent une protection et une

    assistance spciales, et fassent lobjet de mesures

    appropries leur situation : par exemple, le

    placement en famille daccueil ou dans des

    institutions adquates, la kafala1 ou ladoption.

    1. Concept de droit islamique qui peut se dfinir commelengagement de prendre bnvolement en charge

    lentretien, lducation et la protection dun enfant mineur,

    comme un pre le ferait pour son propre enfant. Cependant,

    la kafala ne cre aucun lien de filiation lgal.

    LES ONDES DE LESPOIR

    Bonjour tous , ic i Gedeon Masumbuko

    Birindua de Radio Bobandano. Pour commencer

    cette mission, nous allons vous lire une liste

    denfants recherchs par le CICR. Si vous avez

    perdu la trace dun enfant au cours dun conflit

    arm, la Croix-Rouge peut vous aider le

    retrouver. Nhsitez pas appeler le numro

    de tlphone : 081 76 83 615. Et maintenant,

    la liste : Nema Bahati, n en 1997, de Kibumba,

    Nema Justine, ne en 1993 Dans lest de

    la RDC, depuis fin 2008, les prsentateurs de

    cinq stations de radio lisent trois fois par jour les

    noms denfants perdus pendant la fuite de leur

    famille. Ils sont des dizaines, spars au cours de

    ce dernier conflit, avoir dj t runis avec leurs

    proches. Dans un pays o les gens coutent leur

    transistor pour sinformer, cest la faon la plus

    efficace de regrouper une famille disperse ,

    explique Prosper Sebuhire (CICR Goma).

    8

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    11/32RonHaviv/CICR/VII

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    Souvent sans armes, ces enfants remplissent toutes

    sortes de fonctions : cuisiniers, porteurs, messagers,

    espions, dtecteurs de mines, esclaves sexuels,

    travailleurs forcs et mme excutants dattentats

    suicides. Les organisations humanitaires prfrent

    donc les appeler enfants associs des forces

    armes ou groupes arms . Quel que soit le nom

    quon leur donne, ces enfants risquent leur vie ou leur

    sant. Il arrive souvent quils soient gravement blesss

    ou handicaps et quils conservent des cicatrices

    physiques et psychologiques durables. De plus, leuravenir, une fois le conflit termin, est incertain.

    Les enfants se retrouvent dans des groupes arms

    pour diverses raisons. Le recrutement forc en est

    une, bien sr, de mme que lenlvement pur et

    simple. Jacinata Ayaa avait 8 ans quand elle a t

    enleve dans son village en Ouganda. Ils mont

    dabord utilise pour garder les enfants puis, quand

    jai eu 12 ans, jai d commencer mentraner

    au combat. Je crois que javais environ 13 ans

    quand jai eu mon premier enfant. Peu aprs, jai

    reu deux balles dans une jambe. Jtais faible, mais

    je devais quand mme marcher, porter lenfant,

    porter larme et combattre.

    Beaucoup denfants, aussi, rejoignent volontairement

    des groupes arms. Les graves ingalits sociales,

    le bouleversement de la socit d la guerre, le

    fait dtre spars des adultes qui soccupaient

    normalement deux, le manque daccs lducation

    ou le dplacement sont quelques-unes des raisons quipeuvent pousser des mineurs senrler. Lidologie

    peut jouer un rle quand une cause est ardemment

    soutenue dans la communaut, ou quand des

    membres de la famille sont dj eux-mmes des

    combattants. Les enfants peuvent aussi tre tents

    par le pouvoir et la considration dont jouissent les

    porteurs darmes. Venger la mort dun proche peut

    aussi tre un motif. Souvent, ces facteurs sont lis

    entre eux et ont une influence cumulative.

    Akaash se souvient dtre entr dans un groupe arm

    au Npal lge de 10 ans. Parce quils mont offert

    de largent, une arme et une occasion de prouver

    que jtais quelquun , dit-il. Les filles ne sont pas

    insensibles aux attraits que dcrit Akaash, comme leprouve lhistoire de Furaha, qui sest laiss persuader

    de rejoindre un groupe arm en RDC parce que

    deux de ses amis en faisaient dj partie. Elle avait

    15 ans, et son rle tait descorter un commandant.

    Chaque fois que lofficier allait se battre, les escortes

    participaient aussi au combat. Ctait trs dur.

    Les enfants peuvent tre des recrues extrmement

    prcieuses pour les groupes arms. Ils peuvent tre

    plus dociles et faciles manipuler que les adultes

    et, selon leur ge, moins conscients du danger. On

    les force parfois commettre des atrocits contre

    leur propre famille ou leur communaut, afin de

    sassurer leur obissance aveugle et de les couper

    de leurs racines. Le fait quils puissent tre amens

    commettre des crimes ne doit jamais nous faire

    oublier quils sont avant tout des victimes.

    Mme dans des circonstances moins extrmes, leur

    rintgration sociale peut tre difficile, parce que les

    familles et les communauts peuvent avoir peur devoir revenir des jeunes quils considrent davantage

    comme des auteurs de violences que comme des

    victimes. Il peut en rsulter de la stigmatisation, de la

    discrimination, voire carrment un rejet. De plus, il arrive

    LES ENFANTS IMPLIQUSDANS DES CONFLITS ARMSSi les enfants sont habituellement des victimes de la guerre,il arrive aussi quils prennent part des conflits arms. Ils sont desdizaines de milliers tre recruts ou utiliss par des forces armeset groupes arms dans au moins 18 pays de la plante. Cest ainsique tout le monde connat aujourdhui le terme enfants soldats .

    10

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    13/32

    souvent que ces enfants naient pas eu de scolarit, et

    la communaut naccorde peut-tre pas une grande

    valeur aux comptences sens du commandement

    et capacits dorganisation, par exemple quils ont

    acquises auprs des groupes arms.

    Des filles invisiblesLopprobre dont font lobjet les filles a gnralement

    des racines plus profondes et dure plus longtemps.

    Dans certaines cultures, les abus sexuels quelles

    peuvent avoir subis compromettent leurs chances detrouver un mari. Lorsque, comme Jacinata Ayaa en

    Ouganda, elles reviennent dj mres, leurs enfants

    seront rejets de la communaut au mme titre

    quelles. Il arrive donc souvent que les filles vitent de

    se faire enregistrer comme ex-combattantes, ce qui les

    rend invisibles , tant pour les programmes nationaux

    de dsarmement, dmobilisation et rintgration

    (DDR) que pour les institutions humanitaires. Si les

    filles passent ct des programmes DDR, cest aussi

    parce que la plupart du temps, elles nont pas darmes

    rendre. Pour toutes ces raisons, leur retour la vie

    civile peut les exposer une marginalisation qui

    les prive de la possibilit de recevoir de laide pour

    rebtir leur vie.

    La dmobilisation et la rinsertion des enfants sont

    essentielles la reconstruction des socits dchires

    par la violence. La priorit est de faire en sorte que ces

    enfants rintgrent leur famille et leur communaut

    dorigine. Il faut aussi les rintroduire dans le

    systme scolaire et les aider trouver un emploigrce la formation professionnelle ou des projets

    gnrateurs de revenus. Ceci est dune importance

    cruciale pour les empcher dtre marginaliss, ce qui

    les exposerait de nouveau lenrlement.

    CE QUE FAIT LE CICR

    Le CICR dploie des activits prventives (prvenir le recrutement denfants) et

    correctives (amliorer la situation des enfants).

    Il semploie activement promouvoir le principe de non-recrutement et de

    non-participation denfants de moins de 18 ans dans les conflits arms. Il rappelle

    aux tats et aux groupes arms les obligations qui leur incombent au titre du

    droit international, et uvre ce que les principes de ce droit soient intgrs

    dans les systmes juridiques nationaux.

    Lorsquils sont blesss ou dtenus, les enfants bnficient des activits du CICR

    en faveur des combattants hors de combat. Le CICR peut demander des forces armes ou groupes arms de librer

    des enfants.

    Bien quil ne simplique pas dans les ngociations relatives aux programmes

    de dsarmement, dmobilisation et rintgration, il est prt contribuer leur

    mise en uvre. Cest ainsi quil runit des enfants dmobiliss avec leur famille

    et suit lvolution de leur situation, notamment dans des rgions o il jouit dun

    accs que dautres organisations nont pas.

    En collaboration avec des Socits nationales et en consultation ou en

    collaboration avec la Fdration internationale, le CICR peut sassocier aux

    activits visant rpondre aux besoins psychologiques et physiques des

    garons et des filles qui ont particip un conflit arm, ainsi qu faciliter leur

    rinsertion. Cela a t notamment le cas en Sierra Leone et au Libria, pour ne

    citer que deux exemples.

    11

    REUTERS/STRNew

    TeunAnthonyVoeten/

    CICR

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

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    TUER OU TRE TUS

    Ctait en 2003, javais 11 ans. Nous marchions

    sur la route quand nous sommes tombs sur

    des inconnus arms. Ils nous ont dit de ne pas

    essayer de fuir. Ma mre a couru et ils lont

    abattue sous mes yeux. Ils mont donn un

    fusil et mont appris tirer. Sur le front, jai pris

    une balle dans le bras. Quand ils capturaient

    quelquun dune faction ennemie, ils braquaient

    un fusil sur moi et mordonnaient de tuer cette

    personne, alors je le faisais. Si je navais pas

    obi, jaurais t tu immdiatement. Jai vu ce

    quils ont fait dautres enfants.

    Pendant la guerre, mon pre a t bless et tous

    mes frres et surs ont t tus. Maintenant,

    je suis seul avec mon pre, qui est trs malade.

    Aprs la guerre, jai fait les dmarches ncessaires

    pour participer au programme Child Advocacy

    and Rehabilitation (CAR, programme de dfense

    et de radaptation des enfants) et jai t pris.

    Malgr tout ce que jai vcu, je reste optimiste

    quant mon avenir. Je crois que je serai

    quelquun de bien. Lavenir du Libria se passera

    bien tant que nous saurons viter la guerre.

    La guerre dtruit tout. Elle ma pris ma famille

    et mon enfance. Je ne les rcuprerai jamais.

    Ceci est lhistoire dOliver, qui a maintenant17 ans. Il apprend la maonnerie au centre CAR,

    Monrovia, avec 150 autres enfants ou jeunes

    gens victimes de la guerre au Libria. Ce projet

    est gr par la Croix-Rouge du Libria avec le

    soutien du CICR. Oliver est lun des meilleurs

    apprentis maons du centre.

    POSER LES ARMES

    Cyprien avait 9 ans lorsquil a volontairement

    rejoint les rangs dun groupe arm dans lest de

    la RDC. Ma mre me grondait tout le temps,

    jen avais assez , explique-t-il. Six ans plus tard,

    le CICR la ramen chez lui heureux mais un peu

    inquiet de lavenir. En tant que combattants,

    nous pouvons avoir tout ce que nous voulons.

    Aprs toutes ces annes, je vais arriver sans rien

    dans les mains. Je ne sais pas de quoi je vais

    vivre. Jean, qui est rentr en mme temps, na

    pas ce genre de doutes. Je suis trs heureux

    dtre la maison, affirme-t-il. Jai t enfantsoldat pendant moins dun an, mais je nai pas

    aim a, parce que jtais loin de ma famille.

    Je crois que je ny retournerai jamais.

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    CE QUE DIT LE DROIT

    Les Protocoles I et II additionnels aux

    Conventions de Genve de 1949 interdisent le

    recrutement et la participation aux hostilits

    denfants de moins de 15 ans. Dans les conflits

    arms internationaux, lorsquils incorporent

    des enfants de 15 18 ans, les tats doivent

    sefforcer de donner la priorit aux plus

    gs (Protocole additionnel I, article 77).

    Larticle 38 de la Convention relative aux

    droits de lenfant (1989), qui sapplique aussi

    bien aux situations de conflit arm international

    que non international, prvoit le mme type

    de protection.

    Le Protocole facultatif la Convention relative

    aux droits de lenfant, concernant limplication

    denfants dans les conflits arms (2000) vise

    relever 18 ans lge auquel des enfants

    peuvent tre recruts et participer des

    hostilits, bien quavec certaines exceptions :

    Lenrlement obligatoire dans les forces armes

    des tats est interdit avant lge de 18 ans.

    Lge minimum de lengagement volontaire

    doit tre relev plus de 15 ans. En outre, les

    tats ont lobligation de prendre toutes les

    mesures possibles pour faire en sorte que les

    membres de leurs forces armes qui ont moinsde 18 ans ne participent pas directement aux

    hostilits. Le Protocole facultatif prvoit aussi

    que les groupes arms non gouvernementaux

    ne devraient en aucune circonstance enrler ni

    utiliser dans les hostilits des personnes ges

    de moins de 18 ans . Les enfants qui ont t

    dmobiliss doivent recevoir toute lassistance

    approprie pour leur radaptation physique et

    psychologique et leur rinsertion sociale.

    Le fait de procder la conscription ou

    lenrlement denfants de moins de 15 ans

    ou de les faire participer activement des

    hostilits est galement considr comme un

    crime de guerre selon le Statut de Rome de la

    Cour pnale internationale (article 8).

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    ChrisHondros/GettyImages

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    Quelles que soient les raisons pour lesquelles ils sontdtenus, les enfants ont droit une attention et

    une protection particulires. Le fait dtre spars

    de leur famille constitue une privation qui engendre

    chez eux une profonde souffrance motionnelle. Les

    enfants risquent de subir des violences physiques

    et psychologiques. Ils sont parfois utiliss comme

    main duvre bon march, forcs travailler dans

    les champs et astreints des tches de nettoyage.

    Ils sont souvent privs dune ducation digne de ce

    nom. Tout cela, sans compter le risque de tomber

    sous linfluence de criminels endurcis, compromet

    leurs chances de se rinsrer dans la socit.

    Garons et filles doivent tre dtenus sparment

    et, plus important encore, dans des quartiers

    diffrents de ceux des adultes, si ce nest lorsquils

    sont incarcrs avec des membres de leur famille

    ou lorsquil est ncessaire leur bien-tre quils

    restent avec des adultes, notamment des femmes.

    Les enfants devraient bnficier des meilleures

    conditions possibles en matire dhbergement,dalimentation, deau potable et de soins (examens

    mdicaux, vaccination, etc.) et pouvoir participer

    des activits rcratives. Ils ont droit lducation et

    la formation professionnelle. Il est particulirement

    inacceptable que des enfants restent des annesen prison en attendant dtre jugs. Or, bien trop

    souvent, ils ne connaissent pas leurs droits et risquent

    une dtention prolonge.

    Les enfants peuvent tre dtenus tout simplement

    parce que leur mre ou dautres parents le sont aussi.

    Lorsquils sont trs jeunes, il peut sagir dune pratique

    parfaitement acceptable, car il est gnralement dans

    le meilleur intrt de lenfant quil reste auprs de

    sa mre. Les autres options, comme lorphelinat ou

    labsence de contact avec la mre, se rvlent parfois

    peu souhaitables.

    Pour ce qui est des enfants plus gs, tre dtenus

    avec leur mre ou dautres parents leur confre une

    protection physique et motionnelle. Cest notamment

    le cas lorsquaucun autre proche ne peut soccuper

    deux ou lorsquils sont stigmatiss et maltraits par

    la communaut ou leur famille largie cause de la

    dtention du parent. Reste quune prison nest pas

    un endroit o grandir. Vivre derrire les barreauxprsente des inconvnients vidents, et les solutions

    de rechange varieront en fonction des cas. Toute

    dcision en la matire devrait toujours tre dicte par

    ce qui est dans le meilleur intrt de lenfant.

    LES ENFANTS ET LA DTENTIONLorsquun enfant se retrouve derrire les barreaux,son bien-tre et sa scurit sont en pril. Les raisons pour

    lesquelles des enfants sont privs de libert en temps deconflit sont multiples. Dans bien des cas, il sagit duneconsquence directe de leur association avec les forcesarmes dun tat ou des groupes non gouvernementaux.Quand le nombre denfants dtenus augmente, cest souventdu fait de leur participation active aux hostilits. La violenceaccrue des gangs entrane elle aussi lincarcration de

    jeunes gens. Beaucoup denfants finissent en prison du faitde la dsintgration totale du tissu social que provoquentles conflits.

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    Sandra, membre de la gurilla colombienne, est unede ces mres dtenues : Une amie soccupe de ma

    fille de huit ans lextrieur de la prison. Cela faisait

    trois mois que jtais enceinte de mon deuxime

    enfant quand ils mont attrape. Mon fils de deux ans

    vit actuellement avec moi. Le matin, il va la crche

    de la prison, et laprs-midi, il joue dans la cour

    avec six autres bambins. Pour ma famille, cest trs

    compliqu de venir me voir ici, Bogota, et nous ne

    pouvons passer en moyenne quenviron cinq heures

    par mois avec nos enfants en visite. Etre spare de

    son enfant est extrmement douloureux.

    Il est essentiel au bien-tre psychologique de lenfant

    quil ait la possibilit de voir ses parents, que ce soit

    lui ou son parent qui soit dtenu ; il arrive que les

    deux le soient. Khaled, un jeune Afghan de 13 ans, est

    dtenu en Irak depuis lge de 11 ans. Ses parents sont

    incarcrs dans un autre centre de dtention irakien.

    Grce lintervention du CICR, les autorits sont en

    train dorganiser une rencontre intra muros entre le

    jeune garon et sa mre. Khaled a appris larabe etest aujourdhui capable de sexprimer parfaitement

    dans cette langue.

    UNE DUCATION DERRIRELES BARREAUX

    Le centre de dtention pour mineurs de

    Kandahar se trouve dans une petite maison prs

    de la Mosque rouge. Les 20 jeunes dtenus

    quil compte peuvent y tre vus lisant, brodant

    ou occups des jeux de socit. Durant la

    journe, ils assistent des cours donns par

    un enseignant et un tailleur, qui leur montre

    comment confectionner des vtements dans

    le style local. Seuls quatre de ces jeunes sont

    dtenus du fait des combats. Il nempche que le

    directeur de ltablissement, Saleh Muhammad,

    est convaincu quaucun deux ny serait sans la

    guerre : Presque tous ces pauvres gosses sont

    ici parce quils ont commis des larcins. Leurs

    pres ne sont pas en mesure de subvenir

    leurs besoins. Quel autre choix ont-ils ? Jamil,

    15 ans, a pu reprendre ses tudes au centre :

    Cet endroit est presque aussi bien que chez moi,

    sauf que ma famille nest pas l. M. Muhammad

    nourrit lespoir que, grce lducation et uneinfluence positive, les perspectives davenir de

    ces jeunes seront meilleures.

    Le centre bnficie du soutien du CICR.

    BikasDas/AssociatedPress

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

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    CE QUE FAIT LE CICR

    Dans le cadre de son mandat humanitaire, le CICR visite chaque anne plus dun

    demi-million de dtenus dans plus de 70 pays ; 33 000 dentre eux bnficient des

    possibilits offertes par son programme de visites familiales. En 2008, le CICR a

    visit individuellement 1500 mineurs. Par des changes rguliers et confidentiels

    avec les autorits responsables, il semploie suivre et amliorer leurs conditions

    de dtention. Les garons et les filles dtenus, tout comme les mres avec de

    jeunes enfants, constituent des priorits. Linstitution sefforce dassurer lintgrit

    physique et psychologique de lenfant, ainsi que son avenir, de diffrentes faons.

    Le CICR identifie et enregistre les enfants dtenus.

    Le CICR permet aux garons et aux filles en dtention et aux enfants de dtenus

    de garder un contact rgulier avec leur famille. Il facilite les visites familiales et les

    appels tlphoniques et met ses services de messages familiaux la disposition

    des dtenus. Rester en contact contribue au bien-tre psychologique de toutesles personnes concernes et aide la rinsertion sociale des ex-dtenus.

    Les dlgus du CICR valuent les conditions matrielles de dtention et

    assurent un suivi individuel des dtenus. Ils vrifient que les infrastructures

    sont adquates et que les personnes, en particulier les nourrissons, jouissent

    de suffisamment despace, de lumire et dair frais.

    Le CICR sattache sassurer que les lieux de dtention rpondent aux besoins

    essentiels des dtenus, en particulier pour ce qui est de lalimentation, leau,

    les vtements, les soins mdicaux (vaccination comprise), lducation, laccs

    des activits rcratives et les articles pour bbs.

    Dans le cadre de ses efforts damlioration des conditions sanitaires rserves

    aux dtenus, le CICR procde souvent des travaux dentretien, de rnovation

    ou de construction dans des lieux de dtention. Ce faisant, linstitution prend

    toujours les besoins des femmes et des enfants en considration. Elle apporte

    ainsi son soutien la construction de quartiers spars ou adapts aux besoins

    des femmes avec des bbs ou de jeunes enfants.

    Le CICR dtermine sil est dans le meilleur intrt de lenfant quil soit dtenu

    avec des parents. Si tel nest pas le cas, il recommande quil soit dtenu dans des

    quartiers diffrents de ceux des adultes, soit dans un tablissement rserv aux

    enfants et/ou adolescents, soit dans une aile spare dune prison pour adultes.

    Le CICR semploie par ailleurs convaincre les autorits de faire surveiller les

    filles par du personnel fminin. Le CICR semploie galement convaincre les autorits de faire bnficier les

    enfants dtenus dune assistance juridique et de procdures judiciaires rapides.

    Il collabore en outre avec les autorits nationales pour amliorer la lgislation

    relative aux enfants en dtention.

    CE QUE DIT LE DROIT

    Conformment au DIH, les personnes prives

    de libert doivent tre traites avec humanit

    en toutes circonstances. Les actes tels que

    le meurtre, la torture, les traitements cruels

    ou inhumains, les peines corporelles et les

    mutilations, quils soient commis sur des

    adultes ou des enfants, sont prohibs. Le DIH

    dispose en outre que les enfants privs de

    libert doivent bnficier dune protection

    et dun traitement spciaux en fonction de

    leur ge. En particulier, ils doivent tre gards

    dans des locaux spars de ceux des adultes,

    sauf dans le cas de familles loges en tant

    quunits familiales. La prononciation ou

    lexcution dune peine capitale contre des

    personnes ges de moins de 18 ans au

    moment de linfraction est prohibe.

    Les tats parties la Convention relativeaux droits de lenfant ont convenu que

    lemprisonnement dun enfant doit ntre

    quune mesure de dernier ressort et tre dune

    dure aussi brve que possible (article 37).

    DES PARENTS ABSENTS

    Gazala, huit ans, est de Bethlem, en Cisjordanie,

    et ses parents sont dtenus dans deux prisons

    israliennes diffrentes. La vie est dure, dit-

    elle. Ma grand-mre, avec qui je vis, essaie de

    me donner tout lamour que mes parents me

    donneraient, mais je ne peux pas oublier leur

    visage, jai besoin deux chaque instant. Il ne

    se passe pas un jour sans quils ne me manquent

    et que je ne pleure parce que nous sommes

    spars. Grce un programme de visites

    familiales du CICR, Gazala et ses grands-parents

    peuvent rendre visite leurs proches dtenus.

    ce jour, ce programme a permis quelque

    12 000 16 000 Palestiniens de Cisjordanie

    daller trouver leurs tres chers.

    GiacomoPirozzi/Panos

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    19/3217

    MayaAlleruzzo/AssociatedPress

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

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    Cette triste histoire nest hlas pas un cas isol. Le

    nombre de viols et dautres formes de violence sexuelle

    augmente considrablement durant les conflits, et les

    femmes adultes ne sont pas les seules victimes. En RDC,

    on estime quune victime sur deux est mineure. Le viol

    peut tre une mthode de guerre, lorsque les groupes

    arms lutilisent pour torturer, blesser, extorquer des

    informations, dgrader, dplacer, intimider, punir ou

    simplement pour dtruire le tissu communautaire.

    La seule menace de violence sexuelle peut pousser des

    communauts entires fuir. Le Dr Tharcisse Synga,

    qui traite de nombreuses victimes de viol en RDC,

    na aucun doute ce sujet : La violence sexuelleest un baromtre de la guerre. Lorsque les combats

    sintensifient, les cas de violence sexuelle augmentent.

    Les groupes ethniques lutilisent contre leurs adversaires

    et les enfants ne sont pas pargns.

    Le dplacement, lindigence ou le fait dtre spars

    des personnes qui soccupent deux habituellement

    rend les garons et les filles extrmement vulnrables :

    lexploitation sexuelle est alors un risque majeur.

    Parfois, pour assurer leur survie, les enfants ont recours

    la prostitution. La pauvret gnralise qui svit aprs

    un conflit peut renforcer la pratique courante dans

    certaines cultures qui consiste donner en mariage

    des filles jeunes, voire trs jeunes. Toutes sont exposes

    des grossesses prcoces, qui peuvent aboutir des

    complications mdicales, et mme la mort. Le sort

    des enfants ns dun viol peut lui aussi tre douloureux :

    dans certains cas, les proches rejettent lenfant, ou

    vont parfois jusqu le tuer. Les victimes dabus sexuels

    courent galement le risque de contracter le VIH ou

    dautres infections sexuellement transmissibles.

    Les enfants adultesEn Irak, le conflit qui dure depuis plusieurs

    dcennies a laiss des millions denfants sans pre.

    Si les consquences ne sont pas les mmes pour les

    garons et pour les filles, elles sont tout aussi difficiles

    supporter pour les uns comme pour les autres.

    Amal, une femme irakienne que la guerre a rendu

    deux fois veuve, a t force de donner sa fille de

    11 ans en mariage un homme de plus de vingt

    ans son an. Ctait la cadette de la famille. Je sais

    que jai fait quelque chose de mal, dit-elle. Mais je

    navais pas dautre choix. Javais quatre filles, dont

    une handicape mentale. Jallais me coucher tous

    les soirs le ventre vide. En 2008, un homme ma

    demande en mariage, mais il ne voulait pas prendreen charge ma fille handicape mentale. Peu de temps

    aprs, un homme riche a demand ma fille de 11 ans

    en mariage, se dclarant prt accueillir galement

    sa sur handicape. Jai accept parce que ctait

    une bonne solution pour nous toutes. Mais aprs

    quelques mois de mariage, ma fille de 11 ans ma

    racont que son mari violait sa sur. Par honte, par

    peur du scandale et dtre jete la rue par mon mari

    actuel si ma fille venait divorcer, je lui ai demand

    de ne rien dire. Tout ce que jai pu faire, cest mettre

    ma fille handicape labri. Jai laiss mon autre fille

    avec un violeur.

    Si les filles peuvent tre contraintes des mariages

    prcoces, les garons sont appels tre soutien

    de famille un ge auquel ils devraient frquenter

    lcole primaire. Ibrahim navait que neuf ans lorsquil

    a d commencer vendre des marchandises dans les

    rues dune ville du sud de lIrak : En 2008, jai perdu

    mon pre dans un change de tirs. Depuis, je suis

    responsable de ma mre et de mes trois surs. Ellesne travaillent pas et doivent rester la maison. Dans

    notre socit, cest aux hommes de soccuper des

    femmes. Du coup, jai d quitter lcole et renoncer

    mon rve de devenir mdecin. Chaque jour, je dois

    VULNRABLESManou, dix ans lpoque, et sa sur Chance, six ans, travaillaientdans les champs, dans lest de la RDC, lorsque des hommes arms ont

    surgi. Certains dentre eux ont tent dagresser sexuellement Manou,qui portait une robe. Lorsquils ont ralis que ctait un garon, ils sesont mis le rouer de coups. Pendant ce temps, Chance se faisait violerpar les autres hommes. Lorsque leur mre les a trouvs, Chance avaitles jambes paralyses et Manou souffrait de srieuses blessures duesaux coups reus. Par la suite, il a dvelopp une grave infection dansla rgion abdominale.

    18

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    21/32

    ramener de la nourriture la maison, et la fin du

    mois, il faut quil y ait suffisamment dargent pour

    payer le loyer. Sinon je serai jug par la communaut

    et je perdrai le statut dhomme de la maison aux yeux

    de ma mre.

    CE QUE FAIT LE CICR

    Le CICR a adopt une approche globale qui comprend action prventive et

    assistance aux victimes.

    Dans ses programmes de formation au DIH destins aux forces armes et auxgroupes arms, le CICR met laccent sur linterdiction de la violence sexuelle

    et prconise lincorporation de cette interdiction dans les lois ou dans les

    rglements internes.

    Par des campagnes, des pices de thtre, des affiches, des brochures et dautres

    activits de sensibilisation, le CICR sefforce de prvenir la violence sexuelle,

    en mettant toujours laccent sur le fait quelle constitue un crime grave qui a

    des consquences trs lourdes pour les victimes. Les campagnes visent aussi

    porter le problme au grand jour, briser le tabou et informer les victimes sur

    les services qui sont leur disposition.

    Des campagnes similaires sont organises pour rappeler aux autorits, aux

    acteurs arms et au grand public les autres questions relatives au DIH, comme

    la ncessit absolue dpargner les civils dans les confits. Le CICR ne cesse de

    rappeler les droits de la population civile enfants inclus. Il apporte un soutien

    financier et matriel de diffrentes manires aux victimes de la guerre.

    Les victimes de violence sexuelle doivent recevoir des soins mdicaux au plus vite.

    Pour cela, elles peuvent se rendre dans des centres de sant que le CICR soutient

    en leur fournissant de laide sous diverses formes : mdicaments et matriel

    mdical, formation pour le personnel de sant, travaux de rparation, etc.

    Le CICR dispense aux volontaires travaillant au sein de la communaut une

    formation psychosociale qui leur permettra de conseiller les victimes et de servir

    dintermdiaires entre elles et leur famille. Dans lest de la RDC, par exemple,des maisons dcoute ont t mises sur pied pour accueillir les victimes de

    violence sexuelle.

    Le personnel du CICR enregistre les allgations de violence sexuelle et en informe

    les autorits, en leur demandant instamment de prendre les mesures ncessaires.

    Birendra Yadav a perdu ses parents quand il

    avait 12 ans. Aprs que son frre an eut t

    tu durant le conflit, Birendra sest retrouv seul.

    Cest pourquoi le CICR la choisi comme lun des

    bnficiaires dun projet gnrateur de revenus,

    men conjointement avec la Croix-Rouge du

    Npal. Le projet vise gnrer des revenus en

    amliorant les capacits de production des

    mnages dont les moyens de subsistance ontt durement touchs par le conflit. Birendra

    prvoit prsent de travailler dans un centre de

    formation en informatique. Il rve de pouvoir

    ouvrir un jour son propre centre de formation.

    WojtekLembryk/CICR

    WojtekLembryk/CICR

    QUE DIT LE DROIT ?

    Le DIH dispose que les personnes au pouvoir

    dune partie un conflit arm doivent tre

    traites avec humanit en toutes circonstances.

    Plus particulirement, le DIH les protge

    contre les atteintes la dignit de la personne,

    notamment les traitements humiliants et

    dgradants, le viol, la prostitution force et

    toute autre forme dattentat la pudeur.

    Aux termes du Statut de Rome de la Cour

    pnale internationale, le viol et les autres

    formes de violence sexuelle constituant une

    infraction grave aux Conventions de Genve

    sont considrs comme des crimes de guerre

    lorsquils sont perptrs dans un conflit arm

    international ou non international (article 8).

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    22/32

    Les besoins sont bien plus importants que les

    ressources permettant de les satisfaire. Les tats

    et les municipalits ont beaucoup moins dargent

    investir dans les soins de sant essentiels, tels

    que des programmes de vaccination indispensables

    et des centres de soins de sant maternelle etinfantile. Lchec des campagnes de vaccination peut

    galement tre d au fait que les rgions touches par

    la violence sont difficiles daccs. Les consquences

    peuvent tre dsastreuses : par exemple, les flambes

    de rougeole ou de mningite qui se produisent

    en particulier mais pas exclusivement dans les

    endroits surpeupls, dans les camps pour rfugis ou

    pour personnes dplaces, peuvent tre mortelles.

    En temps de guerre, mme la maladie la plus

    ordinaire peut tuer.

    Les mdecins et le personnel infirmier peuvent faire

    partie des personnes qui fuient la violence et le chaos.

    Parfois, les combattants sen prennent directement

    aux cliniques et aux hpitaux. La difficult daccder

    de leau potable reprsente souvent un grave

    problme, et est lorigine de diffrentes maladies,

    comme la diarrhe, qui peut tre mortelle chez

    les nourrissons et les enfants en bas ge. Le plus

    souvent, les familles pauvres ne peuvent pas se

    payer des soins de sant. La pauvret engendre lamalnutrition, qui nuit la croissance et affaiblit le

    systme immunitaire, rendant lenfant plus vulnrable

    aux maladies. Lorsque Barakissa Ouattara, ge de

    cinq mois, est arrive dans un centre local de nutrition

    de la Croix-Rouge, dans le nord de la Cte dIvoire,

    elle pesait seulement un kilo. Le directeur du centre

    se souvient : Sa mre tait elle-mme trs maigre

    et ne pouvait pas la nourrir convenablement. Les

    rcoltes mdiocres ne produisaient plus de surplus

    pouvant tre vendus, son travail dans les champslpuisait et elle avait trois autres petits enfants

    nourrir : la mre navait pas les ressources suffisantes

    pour assurer la survie de ce dernier bb.

    Depuis trente ans, lAfghanistan subit un conflit aprs

    lautre. Comme lexplique ce pdiatre qui travaille

    pour le CICR, la situation a renforc la gravit des

    maladies touchant les enfants. Llment de loin le

    plus important est la malnutrition, qui augmente la

    morbidit et la mortalit infantiles. Ainsi, mme les

    maladies courantes sont beaucoup plus graves parce

    que les enfants sont mal nourris.

    Les nouveau-ns et les femmes enceintes sont

    particulirement exposs lorsque les structures de

    sant sont inaccessibles ou ne disposent pas du

    matriel de base, comme du coton ou une lame

    de rasoir propre pour couper le cordon ombilical.

    La grossesse et laccouchement sont une des causes

    majeures de dcs dans les pays en dveloppement

    dans des circonstances normales ; la situationsaggrave fortement en priode de conflit.

    SANTLa guerre moderne npargne pas les enfants : elle les blesse,les mutile et les tue. Mais elle provoque aussi beaucoup

    dautres situations qui font normment de tort aux enfants.Une des consquences indirectes dun conflit arm est queles infrastructures indispensables ne sont plus entretenueset vieillissent prmaturment. Laccs des services de santet des mdicaments est rduit, et parfois lensemble dusystme de sant seffondre.

    20

    JanPow

    ell/CICR

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    23/32

    CE QUE FAIT LE CICR Les soins de sant maternelle et infantile sont une des priorits du CICR.

    Le soutien aux structures locales de sant vise en premier lieu amliorer le

    premier niveau de soins la mre et lenfant, ainsi que les soins chirurgicaux,

    gyncologiques, obsttriques et pdiatriques durgence. Le CICR forme du

    personnel local : infirmiers, mdecins et autres membres du personnel mdical.Il peut fournir du matriel, des fournitures mdicales et des mdicaments.

    Le CICR organise des distributions rgulires de colis pour bbs, contenant des

    articles dhygine et dautres articles pour les soins aux nourrissons.

    Le CICR soutient la formation du personnel mdical de sexe fminin, en

    particulier dans les socits o il est tabou pour les femmes et les fillettes

    dtre en compagnie dhommes qui ne sont pas de leur famille, mme sil sagit

    de membres du personnel mdical. Si ncessaire, le CICR peut payer les frais

    de transport des patientes et des enfants leur charge vers des dispensaires

    disposant de personnel fminin.

    En rgle gnrale, le CICR soutient les structures locales de ses partenaires

    privilgis, les Socits nationales. Il peut galement contribuer soutenir

    dautres centres mdicaux. Dans les situations durgence, le CICR peut soccuper

    lui-mme des blesss (par exemple en les oprant) ou apporter des soins de

    sant de base la population.

    Le CICR soutient les programmes de vaccination.

    Laccs de leau potable et des services dassainissement adquats est essentiel

    une bonne sant. Les ingnieurs du CICR fournissent des structures de distribution

    deau, par exemple des citernes eau, rparent les systmes dapprovisionnement

    en eau existants et construisent des toilettes dans les centres collectifs.

    Le CICR peut apporter son soutien des centres nutritionnels thrapeutiques

    pour aider les enfants souffrant de malnutrition ; il peut galement apporterun soutien aux mres de ces enfants. Etant donn les risques lis lutilisation

    de lait en poudre dans les oprations dassistance, le CICR, conformment la

    politique de promotion de lallaitement de lOMS, a recours depuis 1984 au lait

    en poudre uniquement pour le traitement de la malnutrition.

    CE QUE DIT LE DROIT

    Lorsque des civils sont privs des moyens

    indispensables leur survie nourriture, eau et

    soins mdicaux adquats , le DIH prvoit que

    des actions de secours doivent tre menes.

    Toutes les parties au conflit arm doiventpermettre et faciliter ces oprations si elles

    sont humanitaires, impartiales et ralises sans

    discrimination.

    Selon le DIH, les blesss et les malades doivent

    tre respects, protgs, traits avec humanit

    et recevoir les soins mdicaux ncessaires ;

    le personnel mdical et humanitaire doit lui

    aussi tre protg et respect.

    Les tats parties la Convention relative aux

    droits de lenfant reconnaissent galement le

    droit des enfants de jouir du meilleur tat de

    sant possible . La Convention demande en

    outre aux tats parties de prendre des mesures

    appropries pour assurer tous les enfants

    lassistance mdicale et les soins de sant

    ncessaires et pour lutter contre la maladie et

    la malnutrition (article 24).

    21

    UN MDECIN SE SOUVIENT

    Said Abou Hasna, un mdecin du Croissant-Rouge

    du Qatar en mission pour le CICR, a soign les blesss

    lhpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, pendant

    lincursion militaire isralienne de 2009 : Je ne

    mtais jamais trouv dans une telle situation. Il mest

    arriv de ne pas pouvoir contenir mes larmes. Je me

    souviens en particulier de Bissan, une fillette de huit

    ans. Elle ma t amene au service des soins intensifs.

    Elle avait perdu son frre et dautres membres de sa

    famille. Elle prsentait de nombreuses blessures et il

    y avait peu despoir quelle sen sorte. Elle na repris

    connaissance que trois jours plus tard. Lorsquelle

    a ouvert les yeux, elle a fait un grand sourire. Son

    courage ma tout simplement sidr.

    LHISTOIRE DAMINA

    Amina a dix ans. Elle se rappelle quelle jouait avec

    des amis dans sa petite ville du nord-ouest du

    Pakistan : Tout dun coup, la bombe a explos. Je ne

    sais toujours pas do elle est venue. Ses jambes ont

    t touches par des clats dobus. Au dispensaire,

    ses blessures se sont infectes. Son pre la amene

    lhpital chirurgical du CICR pour les personnes

    blesses par arme, Peshawar. Aprs deux oprations

    pour retirer les clats de ses jambes, Amina se rtablit

    et rapprend lentement marcher. Quand on lui

    demande ce quelle veut faire quand elle sera grande,

    elle sourit timidement : Matresse dcole. Prs de

    la moiti des blesss de guerre civils soigns par le

    CICR Peshawar sont des femmes et des enfants.

    Bor

    isHeger/CICR

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    24/32

    Les enfants subissent ou sont tmoins de faits atroces

    durant les conflits : la petite fille qui a vu sa mre se

    faire violer ; les enfants qui ont vu leur pre se faire

    rouer de coups, tre emmen et qui nont plus eu de

    nouvelles de lui ; ceux qui ont fui leur foyer lorsque

    les bombes ont commenc tomber ; cette fille de

    14 ans qui a d grimper par-dessus les cadavres de son

    pre et de ses frres pour sextraire des dcombresde sa maison. Tous dveloppent des peurs qui ne les

    quitteront plus et perdent confiance dans la capacit

    des adultes les protger. Des Philippines au Liban,

    les mres ont toutes des histoires similaires raconter :

    Lorsquun orage clate, mes enfants se mettent

    crier parce quils pensent que les bombardements

    ont repris. Zukhra navait que huit mois lorsque sa

    mre, qui la portait, fut tue au cours dune fusillade

    en Tchtchnie. Zukhra est reste par terre dans la

    rue pendant plusieurs heures, alors que les balles

    sifflaient au-dessus de sa tte, avant que quelquun

    ne vienne son secours. Elle a aujourdhui sept ans,

    mais na toujours pas prononc son premier mot ;

    les examens cliniques nont rien dcel danormal

    du point de vue physique ou physiologique.

    Il y a de fortes probabilits que les enfants qui

    ont t contraints de commettre des atrocits

    alors quils portaient des armes soient marqus

    psychologiquement. Il en va de mme pour les enfants

    de dix ans qui sont forcs de devenir soutien de famille.La dtresse psychologique sexprime de diffrentes

    manires : par des problmes physiques (maux de

    tte ou destomac), des troubles du comportement

    (repli sur soi, agressivit envers les personnes ou les

    objets), des difficults dapprentissage, des problmes

    dincontinence nocturne, des difficults sexprimer,

    et de bien dautres manires encore.

    Lenfance et ladolescence sont des phases cruciales

    dans le dveloppement psychologique dun

    individu, et si des vnements traumatisants se

    produisent durant ces priodes, ils peuvent avoir desconsquences durables. Les enfants ont cependant

    une rsistance surprenante et sont capables de

    surmonter des expriences traumatisantes de la

    manire la plus inattendue. Les enfants ont une

    capacit naturelle mais variable sadapter aux

    changements qui surviennent dans leur cadre de

    vie. Cette capacit dpend de plusieurs facteurs,

    parmi lesquels lge, les aptitudes personnelles et

    les caractristiques de leur environnement social et

    affectif. La capacit de faire face un vnement ou

    une situation traumatisante varie dun enfant lautre,

    et le soutien devrait tre adapt en consquence ,

    affirme Laurence De Barros-Duchene, coordonnatrice

    des services de sant mentale au CICR.

    Les cas de traumatisme requirent parfois des soins de

    sant mentale, mais que trs rarement. Dans les pays

    en proie un conflit, les organisations humanitaires

    prfrent adopter une approche communautaire plutt

    quune approche centre sur les individus. Il sagit de

    crer les conditions propices afin que les victimespuissent se remettre delles-mmes. La plupart du

    temps, il suffit de rtablir un semblant de normalit :

    en veillant apporter soins et attention, en subvenant

    aux besoins essentiels, en rtablissant une routine et

    SANT MENTALEDiya avait trois ans et demi lorsquil a t enlev avec sonpre en Irak. Pour faire cder son pre, les kidnappeurs ont

    tortur Diya et ont forc son pre couter ses cris depuisune pice voisine. Diya en porte toujours les cicatrices surson crne. Il mange mal, fait des cauchemars, est hyperactifet mouille son lit. Il vit dans la peur constante de voleurs et, le soir, ne russit sendormir que sil peut se cramponner la jambe de son pre. 1

    22

    1. Ce jeune garon irakien et sa

    famille sont des rfugis au Liban ;

    il est pris en charge dans le cadre

    dun projet du HCR.

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    25/32

    des structures normales, et en organisant des activits

    rcratives (pices de thtre, jeux de rle, jeux, activits

    sportives, dessin, etc.). Dans certaines socits, les rituels

    traditionnels peuvent galement se rvler utiles, en

    particulier lorsquil sagit de rintgrer des enfants

    associs aux forces armes ou des groupes arms.

    Dans certains cas, la souffrance psychologique peuttre si intense quelle demande une intervention

    plus cible. Ce peut tre le cas pour les familles des

    personnes portes disparues, qui vivent en permanence

    dans lincertitude et sont dans limpossibilit de faire le

    deuil de leurs proches dont le sort demeure inconnu.

    Dans ces situations, les enfants sont particulirement

    sensibles aux motions au sein du cercle familial

    mme quand on cherche malencontreusement leur

    pargner la vrit et peuvent mme dvelopper

    un sentiment de culpabilit. Le CICR subvient aux

    besoins de certaines familles qui sont sans nouvelles

    dun de leurs membres, en apportant notamment un

    soutien psychologique.

    CE QUE FAIT LE CICR Le CICR participe des projets grs par les Socits nationales visant fournir

    un soutien psychosocial aux enfants victimes de conflits arms. Par exemple, il a

    coopr avec le Croissant-Rouge algrien au lancement dun programme destin

    apporter une aide psychologique des milliers de jeunes victimes de la violence.

    Actuellement, le CICR soutient un projet de construction de salles de jeux pour lesenfants men par la section tchtchne de la Socit de la Croix-Rouge russe.

    Le CICR aide les familles de personnes portes disparues faire face aux

    consquences de la disparition dun tre cher. Outre une assistance matrielle,

    cela inclut un soutien et des soins psychologiques.

    ThierryGassmann/CICR

    QUE DIT LE DROIT ?

    Larticle 39 de la Convention relative aux droits

    de lenfant dispose que [l]es tats parties

    prennent toutes les mesures appropries

    pour faciliter la radaptation physique et

    psychologique et la rinsertion sociale de tout

    enfant victime de toute forme de ngligence,

    dexploitation ou de svices, de torture ou de

    toute autre forme de peines ou traitements

    cruels, inhumains ou dgradants, ou de conflit

    arm. Cette radaptation et cette rinsertion

    se droulent dans des conditions qui favorisent

    la sant, le respect de soi et la dignit de lenfant

    (sans italiques dans loriginal). Le Protocole

    facultatif concernant limplication denfants

    dans les conflits arms comporte unedisposition semblable qui protge les enfants

    afin quils ne soient pas enrls dans les forces

    armes ou dans des groupes arms ni contraints

    de participer aux hostilits.

    StuartFreedma

    n/Panos

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    26/32

    Au Sud-Liban, quelques jours avant son 12e anniversaire,

    Mouhammad roulait moto avec son pre lorsquils

    ont but contre un obstacle sur la route : Je suis

    tomb de la moto et jai fini ma course dans un

    trou. Je me souviens que quelque chose a alorsexplos. Les blessures de son pre ntaient pas

    trop graves, mais la dflagration a enflamm le corps

    de Mouhammad. Lorsquil sest rveill lhpital,

    il avait perdu ses deux jambes.

    Ces armes peuvent tuer ou mutiler des personnes

    plusieurs dcennies aprs la fin du conflit. Le pre

    de Bounma ntait pas encore n lorsque des avions

    ont largu des bombes sous-munitions sur le Laos

    dans les annes 1960. Or 40 ans plus tard, Bounma,

    qui commenait tout juste marcher, a t tu sur

    le coup par une sous-munition qui a explos dans

    le jardin de ses parents. Sa sur de six ans a eu les

    jambes cribles dclats et son frre an a eu le visage

    souffl par lexplosion.

    La plupart des personnes qui sont tues ou blesses

    sont des hommes qui travaillent aux champs ou qui

    vaquent dautres activits de subsistance. Car pour

    survivre, elles doivent tout simplement continuer

    cultiver la terre, aller chercher de leau et du boisde feu, faire patre le btail ou ramasser de la ferraille

    dans les zones infestes. Cependant, les enfants sont

    eux aussi souvent victimes de ces armes. Les jeunes

    garons sont particulirement exposs ce danger

    en raison des activits qui leur sont gnralement

    confies dans les communauts rurales (travaux

    des champs et surveillance du btail, par exemple).

    En outre, les enfants prennent rgulirement des

    risques par ignorance, par curiosit ou encore sousla pression de leur entourage.

    Les enfants reprsentent prs dun tiers des victimes

    des mines et des restes explosifs de guerre dans le

    monde : en Afghanistan, ce chiffre avoisine les 50%.

    Si lon ne tient compte que des victimes civiles,

    les enfants constituent 46% de tous les cas dans le

    monde. Les restes explosifs de guerre reprsentent

    un danger dans plus de 70 pays.

    Les enfants peuvent galement tre des victimes

    indirectes. La perte soudaine dun pre ou dun

    soutien de famille, parce quil est dcd ou devenu

    invalide, signifie souvent la fin de laccs lducation

    et aux services de sant, ainsi que des problmes de

    malnutrition, avec des consquences particulirement

    graves pour les enfants en bas ge.

    Les jeunes survivants de ces engins meurtriers

    sont souvent gravement handicaps, ce qui peut

    compromettre dfinitivement leurs perspectivesdavenir. Dans certaines socits, les filles risquent de

    se retrouver dans la misre et de perdre tout espoir de

    trouver un mari. Lindigence peut alors les rduire la

    mendicit ou dautres activits dgradantes telles

    LES TUEURS DE LOMBREUne irrgularit du sol, un ruban pendu dans un olivierou gisant dans une rizire : les mines antipersonnel,

    les bombes sous-munitions et les autres restes explosifsde guerre sont souvent invisibles et paraissent toujoursinoffensifs, mais ce sont des engins de mort qui frappentsurtout des civils.

    24

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    27/32

    que la prostitution, ou les exposer des mauvais

    traitements. Les consquences peuvent tre tout aussi

    lourdes pour les garons, qui sont censs devenir des

    soutiens de famille et subvenir aux besoins des leurs.

    Cela dit, si elle reoit des soins mdicaux et orthopdiques

    appropris, une jeune victime peut mener une vie

    normale et digne, et exercer pratiquement nimporte

    quelle profession. Cela suppose cependant des

    ressources financires, puisquun enfant aura besoin

    dune nouvelle prothse chaque anne, jusqu la fin

    de sa croissance, ainsi que dun suivi rgulier (au moins

    deux fois par anne) dans un centre dappareillage. Les

    perspectives pour les enfants handicaps dpendent

    aussi des possibilits dducation qui leur sont offertes.

    Malheureusement, bon nombre dentre eux ne

    bnficient souvent pas des mmes possibilits que

    leurs pairs, parce que les coles ne sont pas adaptes

    leurs besoins (elles peuvent tre inaccessibles en

    fauteuil roulant, par exemple) ou simplement parce

    quils ne sortent plus de chez eux.

    Tesfahun Hailu, un Ethiopien de 20 ans, a perdu une

    jambe et une partie dun bras lorsquil avait 13 ans :

    Je jouais avec un objet curieux que javais trouv,

    en essayant de voir ce quil y avait lintrieur,

    mais il a explos. Lobjet en question tait enfait une mine antipersonnel. Sa mre tait morte

    lorsquil avait cinq ans. Du c oup, jai fait des

    petits boulots, comme cireur de chaussures. Aprs

    laccident, je me suis demand comment jallais

    pouvoir continuer travailler , raconte-t-il. Grce la

    jambe artificielle fournie par le Fonds spcial du CICR

    en faveur des handicaps, Tesfahun a pu retourner

    lcole et mme donner des cours de danse ses

    camarades de classe. Beaucoup dhandicaps

    restent clotrs chez eux et se sentent inutiles parce

    que la socit ne leur laisse pas leur chance. Mais si

    on leur donne une chance, ils peuvent avoir une vie

    active et panouie, dit-il. Je veux aller luniversit

    pour devenir mdecin. Dans mon village, il ny a quun

    mdecin pour 6000 habitants. Nous avons besoin de

    plus de mdecins.

    INTERDIRE LES MINES ET LES ARMES SOUS-MUNITIONS

    La communaut internationale a pris des mesures substantielles pour interdire les mines et les armes sous-munitions. La Conventionsur linterdiction des mines antipersonnel a t adopte en 1997. En signant la Convention, les tats parties se sont engags mettre fin

    lutilisation des mines antipersonnel, apporter une assistance aux victimes, procder lenlvement des mines dj poses et rduire

    entre-temps le risque pour les civils par des actions de prvention. La Convention sur les armes sous-munitions a t signe par 94 tats

    en dcembre 2008. Elle interdit lemploi, la production, le stockage et le transfert de ces armes.

    MarkoKokic/CICR

    SebastiaoSa

    lgado/CICR

  • 8/9/2019 Les enfants dans la guerre

    28/32

    CE QUE FAIT LE CICR

    Le CICR utilise la fois une approche prventive et corrective :

    Le CICR aide les Socits nationales offrir des alternatives plus sres en

    matire de scurit conomique dans les pays contamins. Les activits cet

    effet consistent typiquement tablir des zones sres, notamment des aires de

    jeu scurises pour les enfants dans des zones pollues par les mines, fournir

    de nouvelles sources deau situes en terrain non contamin et des sourcesalternatives de nourriture ou de combustible, ainsi qu mettre en place des

    projets de microcrdit.

    Le CICR organise des activits dducation aux dangers, comme la sensibilisation

    des populations risque dans les situations durgence, dans le but dinduire

    long terme des changements de comportement et de faire en sorte que les

    communauts jouent un rle central dans la dtermination des priorits en

    matire de dminage. Des activits rcratives, telles que quiz et spectacles de

    marionnettes, peuvent tre utilises pour lducation des enfants.

    Le CICR participe activement llaboration, la promotion et la mise en uvre

    des normes de DIH visant prvenir et soulager les souffrances humaines

    infliges par les mines, les armes sous-munitions et les autres restes explosifs

    de guerre, telles que la Convention sur linterdiction des mines antipersonnel,

    la Convention sur les armes sous-munitions et le Protocole relatif aux restes

    explosifs de guerre.

    Le CICR travaille en collaboration avec les autorits nationales pour rduire

    les effets de la contamination par les armes et soutient le dveloppement des

    capacits des Socits nationales.

    Le CICR fournit une assistance en matire de soins durgence aux blesss de

    guerre et soutient des hpitaux et des structures mdicales dans de nombreux

    pays touchs par les mines et les restes explosifs de guerre.

    Le CICR gre et soutient des centres de radaptation physique pour les victimesde ces armes et autres handicaps physiques dans les pays en proie un conflit,

    afin de les aider retrouver leur mobilit et leur indpendance conomique.

    Il peut galement faciliter la rinsertion sociale des handicaps et leur permettre

    de jouer un rle productif dans la socit.

    LHISTOIRE DE RITA

    Rita Pariyaar faisait patre son troupeau prs dune caserne de larme lorsquelle

    a pos son pied droit sur une mine. Cette jeune Npalaise de dix ans se souvient :

    [Jai eu limpression] davoir plong mon pied dans un chaudron deau chaude,

    et linstant daprs, il y avait du sang partout. Il ma fallu un moment pour raliser

    quil ne restait plus rien en dessous de la cheville. Elle a t transporte un

    centre orthopdique soutenu par le CICR Pokhara, dans louest du Npal, o elle

    a reu un membre artificiel et des soins de physiothrapie. Aprs une anne de

    traitement, Rita est heureuse de pouvoir retourner lcole.

    26CICR

    CICR

    CICR

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    PROMOUVOIR LES PRINCIPES HUMANITAIRES

    Que sest-il rellement pass dans le village vietnamien de My Lai en 1968 ? Pourquoi est-il ncessaire dpargner les civils en temps de

    conflit ? Pourquoi ne pas interdire totalement la guerre ? Faudrait-il punir ceux qui violent le DIH ? Et que peut faire un individu lorsque la

    dignit humaine dun autre est menace ?

    Ce sont l quelques-unes des questions que des milliers dadolescents du monde entier, gs de 13 18 ans, ont abord dans le cadre du

    programme Explorons le droit humanitaire (EDH). EDH est n de la constatation que les conflits arms et la violence urbaine sont prsents

    partout dans le monde, que les adolescents sont exposs aux images de guerre vhicules par les mdias et aux produits de divertissement

    qui glorifient la violence, et que certains jeunes subissent les effets directs de la guerre.

    EDH vise faire connatre et comprendre non seulement les rgles observer durant un conflit arm, mais aussi celles qui sont en fin de

    compte ncessaires pour permettre aux gens de vivre ensemble. Bien que le programme soit ax sur la protection de la vie et de la dignit

    humaine en priode de guerre, ses enseignements peuvent tre appliqus chaque aspect de la vie de tous les jours. Les diffrents

    modules aident les jeunes devenir des citoyens adultes informs aux niveaux local, national et mondial.

    Inculquer les principes humanitaires aux jeunes gnrations relve de la mission traditionnelle du CICR consistant soutenir les

    gouvernements dans leurs efforts de diffusion du DIH ainsi que de laction mene par le Mouvement cet effet dans le monde entier.

    LES CONSEILS DUNE MARIONNETTE

    Le personnage principal de la campagne de prvention contre les dangers des mines que le CICR mne en Tchtchnie est incarn

    par Cheerdig, un hros populaire des histoires tchtchnes qui se transmettent de gnration en gnration. Ces dernires annes,

    une compagnie de marionnettes tchtchne a mont un spectacle faisant intervenir Cheerdig pour sensibiliser les enfants aux risques

    que reprsentent les munitions non exploses. Intitul Danger, mines : les nouvelles aventures de Cheerdig, le spectacle a t jou lors dune

    tourne dans les camps et les centres collectifs pour personnes dplaces en Ingouchie voisine ; ce personnage est galement le hros

    dune bande dessine qui a t publie et qui est prsent utilise dans les coles. Le CICR a en outre produit des affiches et un dessin

    anim qui a t diffus par la tlvision locale. Les conseils prodigus par Cheerdig ont rencontr un tel succs que les enfants empruntent

    dsormais un chemin plus long mais plus sr pour se rendre lcole, au lieu de prendre les raccourcis habituels.

    Pour davantage dinformations, visiter le site Internet www.ehl.icrc.org

    BorisHeger/CICR

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    MISSIONOrganisation impartiale, neutre et indpendante,

    le Comit international de la Croix-Rouge (CICR) a

    la mission exclusivement humanitaire de protger

    la vie et la dignit des victimes de la guerre et de la

    violence interne, et de leur porter assistance. Il dirige et

    coordonne les activits internationales de secours du

    Mouvement dans les situations de conflit. Il sefforce

    galement de prvenir la souffrance par la promotion et

    le renforcement du droit et des principes humanitaires

    universels. Cr en 1863, le CICR est lorigine du

    Mouvement international de la Croix-Rouge et du

    Croissant-Rouge.

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    Christoph

    Von

    Toggenburg/CICR

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