Les Échos de Saint-Maurice · Frère Serge Frésard, Case postale 142, ... velles que vous recevez...

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Les Échos de Saint-Maurice Nouvelles de l’Abbaye Numéro 3 • Juillet 2001

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Les Échos de Saint-MauriceNouvelles de l’Abbaye

Numéro 3 • Juillet 2001

Sommaire1. La sève de nos vies

Mgr Joseph Roduit2. Ainsi meurent les prêtres…

Guy Gilbert3. Éditorial

Olivier Roduit4. Chronique de l’Abbaye

Jean-Bernard Simon-Vermot22. Patrick Bosson docteur en théologie

Andrea Grillo24. M. Georges Charrière

Mgr J. Roduit et Marion Perraudin26. Mission accomplie

Edouard Gressot30. Pour le respect de la vie

Sœur Camille32. Dernières images du 850e de Bagnes

Olivier Roduit33. La rénovation de l’église Saint-Sigismond

Charles Neuhaus38. Madeline Diener

Marie Jeanne Coloni41. Chronique du Collège

Michel Galliker46. Stéphane Lambiel

Jérôme Favre48. L’Octogaune

Olivier Roduit49. Chronique des Anciens

Olivier Roduit50. Les Rencontres de Saint-Maurice 2000

Michel Tinguely52. 50 ans de diplôme en Bavière

Edmond Amacker54. Spiritualité canoniale

Jean-Bernard Simon-Vermot59. Travaux et générosités

Olivier Roduit60. Chronique des livres. Reçu à la rédaction

Olivier Roduit

Comité de rédactionChanoinesOlivier RoduitJean-Bernard Simon-VermotYannick-Marie Escher

ExpéditionFrère Serge Frésard

AdministrationChanoine Jean-Paul Amoos

AbonnementsA votre bon cœur !

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ImpressionCopy Service Pillet, Martigny

Toute correspondance relativeaux Échos doit être adressée à :Les Échos de Saint-MauriceAbbaye, Case postale 142CH-1890 Saint-Maurice

CouvertureLes stalles de la Basilique.Photo Boissonnas, Genève (cf. p. 59)

Crédit photographiqueSœurs de Saint Maurice : 30, 31. Paroisse St-Sigismond : 33, 34, 35, 36. L. Maillard : 20,21. J.-Y. Gabbud : 32. O. Roduit : 1, 5, 6, 8,10, 12, 13, 17, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 41,43, 44, 45.

Les Échos de Saint-MauriceNouvelles de l’Abbaye

Revue éditée parl’Abbaye de Saint-Maurice96e année.Quatrième sérieNuméro 3. Juillet 2001

ABBAYE DE SAINT-MAURICEAvenue d’Agaune 15Case postale 142CH-1890 Saint-Maurice

Tél. : [0041] (0)24 486 04 04Fax : [0041] (0)24 486 04 05Site internet : www.stmaurice.chE-mail : [email protected]

PORTERIE DE L’ABBAYE

La Porterie de l’Abbaye est ouverte tous les joursde 7h30 à 12h00, de 13h00 à 19h00et de 19h45 à 21h00

MESSES ET OFFICES

Dimanche7h00 Messe8h30 Office du matin (Laudes)9h00 Messe conventuelle11h30 Office des Lectures18h00 Office du soir (Vêpres)19h15 Office des Complies19h30 Messe

En semaine6h30 Office du matin (Laudes)11h35 Office des Lectures18h05 Messe conventuelle et vêpres20h20 Office des Complies

Jours de fêteMesse pontificale à 10h30le reste comme le dimanche

TRÉSORET FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES

Horaire des visites :

Janvier, février, mars, avril (jusqu’à Pâques) :15h00.Après Pâques, avril, mai, juin :10h30, 15h00, 16h30.Juillet, août : 10h30, 14h00, 15h15, 16h30.Septembre, octobre : 10h30, 15h00, 16h30.Novembre, décembre : 15h00.

Dimanches et des jours de fête : fermé le matinLundi : fermé toute la journée

Groupes : uniquement sur entente préalable,par écrit à l’adresse suivante :Chancellerie de l’AbbayeCase postale 124CH-1890 Saint-Mauriceou par Fax : [0041] (0)24 486 04 05

Groupes : CHF 2.- par personneVisites individuelles : offrande libre.Toutes les visites sont guidées.

PÈLERINAGES

Organisation et accueil :Chanoine Gaby Stucky, SacristeTél. : [0041] (0)24 486 04 04 ou 486 04 10Fax : [0041] (0)24 486 04 05

LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE. NOUVELLES DE L’ABBAYE

Revue éditée par l’Abbaye de Saint-Maurice à l’intention de ses amis

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ABBAYE DES CHANOINES RÉGULIERS DE SAINT-MAURICE

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1LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

LA SÈVE DE NOS VIES

Le temps des vacances estivales nous per-met de vaquer à quelques occupations in-habituelles. En général chacun reçoit plusde revues qu’il ne peut lire et il n’est pasrare qu’on laisse de côté telle ou telle lec-ture, tel ou tel article en se disant qu’on lelira « quand on aura un peu de temps ».

Chères lectrices, chers lecteurs des Échosde Saint-Maurice, puissiez-vous prendreun peu de temps pour parcourir les nou-velles que vous recevez par notre revue. Ilest un proverbe que j’aime citer souvent :

« Dans la forêt, un arbre qui craque faitbeaucoup plus de bruit que toute la forêtqui pousse ».

La presse et les médias en général sont fortpréoccupés des branches qui craquent eten répercutent le bruit chaque jour. Maisnous, nous ne devons pas oublier la sèvequi ne fait pas de bruit. Car c’est la réa-lité de la vie.

Ces centaines d’étudiants de notre collègequi ont progressé d’une année scolaire, ceuxqui ont franchi le cap de la maturité, celane fait pas de bruit, mais que cela fait dubien de voir une jeunesse capable d’assi-duité et de fidélité ! Des chanoines quichaque jour, fidèlement, se réunissent à labasilique pour la Messe et la prière chan-tée, selon une tradition de quinze siècles,cela ne fait pas beaucoup de bruit, maisc’est de la sève spirituelle qui coule dansles esprits.

Tous les jeunes retraitants de nos camps-retraites dans les hospices ou au chalet desGiettes ; tous les pèlerins de la basilique etdu trésor, cela ne fait pas beaucoup debruit, mais que de fruits de vie intérieure.

Que cet été laisse monter en chacun denous la sève qui est à l’arbre ce que« l’amour de Dieu est dans nos cœurs parl’Esprit-Saint qui nous a été donné ».

+ Joseph Roduit,Abbé de Saint-Maurice

2 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

AINSI MEURENT LES PRÊTRES…

Dans la sacristie, une quinzaine de prêtres entourent le cardinal Billé, archevê-que de Lyon. Nous allons entrer dans la basilique de Fourvière. Soudain, unprêtre âgé s’affaisse doucement, s’accrochant à deux jeunots de l’Église qui leretiennent. Nous nous précipitons. On l’allonge. Un malaise, peut-être… Undocteur arrive sur-le-champ. On part célébrer. Il meurt à la sacristie, pendantla consécration.

Je me souviens alors de mon curé, usé par sa tâche qu’il a assumée jusqu’au bout.J’allais tous les jours le visiter à l’hôpital. J’avais 15 ans. Bourru, pète-sec, direc-tif, il n’était pas très facile de contact. Mais la maladie qui le dévorait l’avaitrendu proche, calme et serein. Mes visites le réjouissaient fort. Il ne me le disaitjamais. Je n’avais qu’à regarder ses yeux pour comprendre que j’étais sa relève etque c’était sa joie. C’est en entrant une dernière fois dans sa chambre qu’il m’atendu les mains. Je me suis avancé et il a expiré dans mes bras, en articulant unedernière phrase que je n’ai pas comprise. Sans aucun doute, il me passait letémoin dans son dernier soupir. Usés, les prêtres, ils le sont. Jusqu’à la corde.Mais ils vont jusqu’au bout de leur mission. Partout, je les vois assumer millepetits services qui soulagent leurs confrères aux multiples paroisses. Ils sont par-fois à des années-lumière de ce que vivent les jeunes prêtres. Qu’à cela ne tienne,ils restent. Quelle est la profession où l’on dure ainsi, bien au-delà de la retraitefixée par la loi ?

Ayons pour ces « dinosaures » de l’Église la tendresse de ceux et celles qui admi-rent leurs petits pas où leurs dernières forces sont jetées. Visitons-les. Aimons-les.Souvenons-nous de leurs multiples charges, de leur passage d’un Vatican à unautre. Ils sont passés d’églises pleines à des temples déserts. D’une pastorale triom-phante à une Église qui semble ne rien signifier pour le monde. Ces « barou-deurs » sont des apôtres au cœur de feu. Réjouissons-nous de leur présence dansl’Église. Réchauffons-nous auprès de leur cœur usé par les labeurs. Ils restent despriants super-actifs. Et ils sont des « guetteurs » d’aurore. La leur qui pointe,par la proximité de l’éternité qui approche. La nôtre, par leur combat inlassablequi nous permet de continuer à faire renaître l’Église sur les chemins de l’Espérance.

Guy Gilbert Prêtre éducateurTexte paru dans La Croix du 27 mars 2001, p. 23

3LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Le rédacteur en chef et homme à toutfaire des Échos de Saint-Maurice a le plai-sir de vous offrir aujourd’hui 60 pagesde Nouvelles de l’Abbaye.

Après un numéro 2 de 68 pages, les su-périeurs de l’Abbaye nous avaient de-mandé d’alléger cette troisième livrai-son. Mais il y a tant à dire !

La communauté des 68 chanoines estbien vivante et active, à preuve ces nom-breuses pages de chronique !

L’Abbaye et son Collège ont de nom-breux amis, à preuve ces belles pages dela chronique des Anciens !

Et nous profitons de ces lignes pournous réjouir de la bonne collaborationqui règne entre les Échos et l’Associa-tion des Anciens : nous avons même desprojets bien ambitieux.

Nous ne saurions terminer sans oublierde dire un tout grand MERCI aux nom-

ÉDITORIAL

breuses et généreuses personnes qui ontfait bon usage du bulletin rose encartédans les Échos — dont l’abonnement,rappelons-le, est gratuit.

Cette revue est créée par des amateursqui aiment leur Abbaye. Tout n’est cer-tainement pas parfait, mais ce qui estfait, l’est fait par passion !

Et vous, chers lecteurs, si vous nousaimez, faites-nous connaître à vos amis,car, dit-on, « les amis de nos amis sontnos amis ».

Les chroniques de ce numéro couvrentla période de la Saint-Maurice 2000 ausamedi après Pâques 2001. Les contri-butions pour la prochaine livraison de-vraient nous arriver pour le 15 novem-bre 2001 afin que nous puissions vousoffrir un beau cadeau de Noël.

Bonne lecture et bon été à toutes et à tous !

Chne Olivier Roduit

4 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Dimanche 1er octobre

L’élan enthousiaste de l’année jubilairecontinue à nous amener des pèlerins :le dimanche 1er octobre, un fort groupede fidèles d’une paroisse de Belgiquedédiée à saint Maurice, rentrant d’Ita-lie, fait halte à Agaune et participe ànotre messe conventuelle.

Samedi 7 octobre

Des membres du Mouvement sacerdo-tal marial passent toute la journée àSaint-Maurice ; ils sont conduits parleur aumônier le Père Joseph, osb, deLongeborgne, qui leur donne un ensei-gnement portant sur le thème : « DeMarie à la Trinité ». Un peu auparavant,un groupe de veuves du Jura français

s’était aussi rendu en pèlerinage à la ba-silique. Et la liste peut s’allonger.

Dimanche 15 octobre

Messe radiodiffusée. Au beau milieu dusermon, panne d’électricité ; il y a dessituations où il faut avoir la tête sur lesépaules : M. Amoos, le prédicateur, nese laisse pas déconcerter, imperturbable,il poursuit son homélie et si les audi-teurs de la radio doivent fermer leurposte, les fidèles présents ne sont pasprivés de son éloquence. Cette pannese prolonge de façon anormale : c’estqu’elle est liée en effet aux intempériesqui ces prochains jours seront dévasta-trices. On se souvient des inondations

CHRONIQUE DE L’ABBAYE

Nous voilà entrés dans un nouveau millénaire. Que sont ces « aujourd’hui » qui sesuccèdent et forment la trame de notre brève existence à l’échelle des siècles et des millé-naires ? Des pas de fourmis, mais ces pas minuscules, nous devrions les faire, après lagrâce de l’année jubilaire, avec un élan nouveau, comme le pape Jean-Paul II nous yexhorte dans sa récente lettre apostolique Novo millenio ineunte : « Si notre pèleri-nage a été authentique, il nous a comme dérouillé les jambes pour le chemin qui nousattend ». Élan nouveau pour mieux prendre conscience de l’appel du Seigneur, pourentretenir vive la flamme de notre idéal, et réaliser ensemble dans le quotidien lesgrands axes de notre charisme communautaire.

Voici quelques traces de ces « pas de fourmis » depuis l’automne dernier.

5LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

catastrophiques provoquées par les cruesdu Rhône, des morts et des dégâts qu’el-les ont entraînés.

Mardi 17 octobre

Le Père-Abbé s’envole pour Rome, dé-légué par la Conférence épiscopale deSuisse pour présider, comme responsa-ble du dicastère de la mission, au jubilémissionnaire.

Vendredi 20 octobre

Chapitre général. Un Chapitre est tou-jours un moment bienvenu où s’inten-sifient les liens communautaires, à lafaveur des problèmes discutés et desorientations qui se précisent. C’est biendans ce sens d’une vie fraternelle renou-velée que le Père-Abbé nous exhorte,dans son entretien initial. La source en

est évidemment la vie spirituelle. Est en-suite abordée la question missionnaire :quelle réponse donner à la demande quinous est faite d’envoyer des confrères àMadagascar pour y fonder un prieurécanonial sur un terrain acheté il y a 20ans déjà ? La communauté accepte d’en-visager la chose et d’y réfléchir. On sepenche alors sur le projet de rénovationdu Trésor : au terme des délibérations,on renonce à une alternative qui avaitété proposée, pour adopter le projet étu-dié avec beaucoup de soin par la com-mission Pro Agauno, quitte à faire desamendements. Ce projet prévoit une ex-cavation dans le rocher.

Samedi 21 octobre

Nous entourons notre doyen d’âgeM. Léon Imesch pour son 90e anniver-

Le Président de Saint-Maurice, M. Georges-Albert Barman, écoute avec attention le nouveau nonagénaire,M. Léon Imesch. A droite, l’abbé Paul Bruchez.

6 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

saire. Déjà la veille, profitant de la pré-sence de la majorité des confrères venuspour le Chapitre, nous lui avions faitfête. Ce matin, il tient à présider lui-même la messe conventuelle : le ton as-suré de sa voix et ses gestes prouventqu’en dépit de son grand âge et de sabéquille, il garde bien sa vitalité et toutson esprit de foi. En début d’après-midi,le président de commune M. Georges-Albert Barman accompagné de M. Ni-colas Farquet, conseiller municipal,viennent lui présenter les vœux de laville et lui offrir un cadeau qu’il a pré-féré au trop bourgeois fauteuil traditionnel.

Lundi 23 octobre

Les cours de théologie reprennent àl’université de Fribourg. Nos deux jeu-

nes profès simples, Cédric Chanez etJean-Baptiste Farquet, s’y sont rendushier soir pour commencer leur forma-tion théologique, tandis que Yannick-Marie Escher aborde déjà sa 5e annéede théologie. Chaque samedi, tous troisrentrent à Saint-Maurice et sont heu-reux de se replonger dans le climat reli-gieux de l’abbaye. Ils n’en ont pas moinsune certaine vie régulière au Salesianumoù ils logent, du fait notamment qu’ilssont chargés de quelques offices liturgi-ques auxquels participent des étudiants ;chaque jeudi, leur Père-MaîtreM. Roland Jaquenoud va les trouver.Celui-ci d’ailleurs vient de rentrer d’unpèlerinage en Espagne, où un groupede laïcs de la région lausannoise lui ademandé de l’accompagner commeaumônier pour visiter des monastèresde carmélites, entre autres celui d’Avila.Il en rapporte le souvenir d’une grandeferveur parmi les jeunes carmes et car-mélites de ce pays, les monastères lesplus austères étant ceux où les vocationsabondent le plus.

Mercredi 1er novembre

En la fête de la Toussaint, la messe pon-tificale de 10 h 30 est paroissiale, chan-tée par le Chœur-Mixte de Saint-Mau-rice. Le souvenir des morts est évoquécomme chaque année déjà dans l’après-midi de la Toussaint par une célébra-tion au cimetière. Le lendemain, en lacommémoration de tous les fidèles dé-funts, le chœur de Neuchâtel In illotempore, qui met ses prestations musi-cales au service des cultes liturgiques,vient chanter la messe de requiem deVittoria à notre Eucharistie du soir.

Un feu d’artifice illumine la table pour fêter les 90 ansdu chanoine Imesch qui avait invité pour l’occasion le

docteur Léonce Delaloye.

7LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Samedi 4 novembre

Journée annuelle de l’Association desAnciens du Collège. Cette journée estconsacrée à l’écrivain valaisan MauriceChappaz, qui a fait ses études dans no-tre collège. Un compte rendu détailléen est donné p. 00.

Lundi 6 novembre

Frère Laurent est victime d’un accidentprès de Troistorrents : rendant visite àun ami et examinant avec lui sa vigne,il tombe malencontreusement et en-traîne dans sa chute une lourdebétonneuse qui bascule sur lui et luiécrase le bras… Plusieurs semaines d’hô-pital, et le voilà vaillamment debout età l’œuvre dans sa menuiserie… ; on n’estpas le neveu du bienheureux MauriceTornay pour rien !

Mercredi 8 novembre

A la Toussaint des Chanoines Réguliers,pour marquer le Jubilé canonial, les con-frères du Grand-Saint-Bernard sont in-vités à passer une journée à Saint-Mau-rice. Le matin, ils visitent nos lieux ab-batiaux guidés par le Père-Abbé et lePrieur ; puis tous ensemble, nous chan-tons l’Office des lectures au chœur —une belle et impressionnante assembléelouant et invoquant le Seigneur au nomde tout le Peuple de Dieu. Le repas demidi est une excellente occasion demieux se connaître mutuellement ; puisune visite du collège, une montée à No-tre-Dame du Scex et un goûter achè-vent cette journée où l’on ressent si bienle « Ecce quam bonum et jucundum »augustinien : « Oui, il est bon, il estdoux pour des frères de vivre ensemble

et d’être unis » (ps. 132,1). Il ne nousreste plus qu’à rendre la politesse à nosconfrères du Grand-Saint-Bernard parune visite à la prévôté de Martigny.

Mercredi 15 novembre

Le Conseil presbytéral de Sion organiseà Martigny une journée de formationpour les prêtres du diocèse, à laquelleparticipent quelques confrères de l’ab-baye et des paroisses. Le Père Jean-Fran-çois Noël, moine apostolique à Aix-en-Provence, parle des difficultés psycho-logiques dont souffrent certains prêtres.Dans bien des cas, dit-il, un traitementpsychiatrique peut être indiqué et bé-néfique. S’appuyant sur des exemplesvécus, il montre qu’en ces situationsdélicates, il faut savoir à la fois utiliseravec réalisme les moyens humains etmettre sa confiance en Dieu et dans leslumières de l’Esprit Saint.

Ce même jour, plusieurs confrères visi-tent l’atelier où nos stalles sont en ré-fection : le travail précis et qualifié deM. Claude Veuillet les enthousiasme.

Samedi 18 novembre

Un concert sortant de l’ordinaire attireà la basilique de nombreux auditeurs :l’émission radiophonique Le kiosque àmusique a pris l’initiative d’unir en unesorte de symphonie des chants des prin-cipales religions du monde : après uneintroduction à l’orgue telle qu’on peutl’entendre chaque dimanche, des moi-nes bouddhistes tibétains du Mont-Pè-lerin en habits safran prennent placedans le chœur où ils entonnent de leursvoix gutturales des chants religieux ac-compagnés d’un tintement de clochet-

8 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

tes — des chants typiques de ces anti-ques traditions tibétaines que seul l’exilà l’étranger peut sauver de la persécu-tion chinoise. Suivent alors des hymneshindoues à la Mère divine, dont le si-lence final marque de façon impression-nante la profondeur, des chants hébreuxdont les accents émouvants nous rap-pellent les psaumes. Enfin de nombreuxchœurs tant catholiques que protestantsnous font comprendre combien tous lesdisciples du Christ sont proches les unsdes autres. Voilà bien un reflet du plu-ralisme religieux actuel, et l’on pensespontanément à la symbolique « jour-née d’Assise ». Notre laus perennisn’aurait-elle pas pour missionaujourd’hui, dans la fidélité à l’uniqueSauveur et l’ouverture à l’Esprit partout

à l’œuvre, de devenir louange de tousles peuples ?

Vendredi-samedi 24-25 novembre

Entre ces deux concerts, la récollectionmensuelle qui nous introduit à l’Aventest animée par le Père-Abbé. Il centreson entretien sur le Christ Jésus(Dominus Jesus, ce beau titre qui cesderniers temps a si malencontreusementété l’objet de polémiques superficielles,au lieu d’inciter à une réflexion en pro-fondeur). L’évangile de saint Luc, qu’onlit en cette année C, est celui qui parlele plus du « Seigneur ». Après avoir dé-veloppé quelques aspects spirituels pro-pres au troisième Évangile : accent missur l’Esprit Saint, importance de laprière, sens de la pauvreté, de la miséri-

Dans son atelier de Monthey, M. Claude Veuillet explique les travaux qu’il a entrepris pour restaurer lesstalles de la Basilique.

9LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

corde, le Père-Abbé achève par une mé-ditation sur quatre noms du SeigneurJésus, repris d’Isaïe, dont chacun peutêtre le symbole des quatre semaines del’Avent : « Merveilleux-Conseiller »,« Dieu fort », « Père à jamais », « Princede la paix ».

Dimanche 26 novembre

Huit jours après, c’est l’Ensemble vocalde Saint-Maurice qui donne un concertà la basilique en l’honneur de sainteCécile. Sous la direction de PascalCrittin, il débute par une messe d’An-dré Campra écrite « à la plus grandegloire de Dieu » : elle nous transportedans le Versailles du XVIIe siècle. Onrevient ensuite à l’abbaye d’Agaune avecdes œuvres de nos confrères LouisBroquet (Hymne à la Sagesse, Hymne àla Charité) et Marius Pasquier (Chan-tez au Seigneur, Étoile du matin). L’at-mosphère de Londres enfin est évoquéepar des pièces de plusieurs auteurs an-glais, entre autres un beau Pie Jesu deJohn Rutter. Des œuvres fort diversesmais unifiées par la pure louange :« Praise the Lord ! »

Jeudi 7 décembre

La veillée traditionnelle de l’Immacu-lée-Conception, cette année, est célébréeentièrement à la basilique en raison dela réfection de l’église Saint-Sigismond.Elle est animée avec beaucoup de fer-veur par des jeunes ayant participé cetété aux Journées Mondiales de la Jeu-nesse à Rome. Sœur Camille de la Cli-nique Saint-Amé donne un magnifiquetémoignage que vous pourrez lire enpage 00. À 22 heures, l’Eucharistie est

présidée par Mgr Norbert Brunner, tan-dis que — un signe de plus de l’excel-lente collaboration qui existe entre lediocèse de Sion et le Territoire abbatial— Mgr Joseph Roduit fait de même àla cathédrale sédunoise.

Dimanche 10 décembre

Noël approche : les Jeunesses musicaleset l’orchestre du collège, selon leur cou-tume, nous y préparent par un concertà la grande salle du collège. Mais il afallu faire face à un imprévu : la troupefrançaise qui devait interpréter la Flûteenchantée de Mozart a eu un empêche-ment… On a dû improviser, et ce futune réussite : le concerto de la nuit deNoël de Corelli a mis tout le mondedans l’ambiance du temps liturgique, etl’on a pu ensuite admirer de jeunes ar-tistes, entre autres la pianiste BéatriceBerrut dans une rhapsodie hongroise deFranz Liszt, des violoncellistes, de bel-les voix de solistes dans des morceauxde Charles Gounod, Gabriel Fauré, etc.

Le soir du même jour, Mgr J. Roduitrentre par avion de Constantinople : ilnous fait part des cérémonies d’inaugu-ration d’une rue consacrée à Jean XXIIIauxquelles il a assisté, délégué par laCES. Enthousiasmés par le « bon papeJean » qui a été nonce apostoliqueà Constantinople, les habitants de cetteville, gouvernement musulman en tête,ont baptisé de son nom une de leursrues, la rue « Papa Roncalli ».

Samedi 16 décembre

Lors d’un café-contact, on fait des pré-visions pour le temps de Noël-Épipha-nie ; puis le Père-Maître M. Roland

10 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Jaquenoud nous donne de bonnes nou-velles de nos jeunes théologiens à Fri-bourg ; comme il est aussi maître dechœur avec M. François Roten, il nous

exprime également des avis concernantla liturgie. Enfin M. Henri Pellissier, res-ponsable de maintes questions matériel-les, a été mis en émoi par une récentealerte au feu (en réalité une fausse alerte,mais qui nous a valu l’arrivée immédiatedes très consciencieux pompiers) : ilnous fait des recommandations sur cequ’il faut faire en cas d’incendie. Et joi-gnant l’exemple à la parole, il emmènetous ceux qui le désirent au deuxièmeétage où l’on peut se rendre compte devisu du fonctionnement des extincteurs

et autres dispositifs ad hoc… La viecommune est faite de mille détails !

Jeudi 21 décembre

Messe de fin d’année des étudiants ; lechœur du collège contribue au recueille-ment de tous par de beaux chants, enbonne partie en anglais. Suit une ren-contre au collège, animée par la fanfare,qui vient ensuite donner une aubadedans les couloirs de l’abbaye.

Dimanche 24 - Semaine de Noël

À l’église, on allume le dernier des qua-tre cierges de la couronne de l’Aventplacée devant l’autel : il ne brûlera qu’unjour… : l’Avent, cette année, est vrai-ment bien écourté, c’est aujourd’huidéjà la veille de Noël. La messe domi-nicale en grégorien s’ouvre par le si pre-nant Rorate coeli desuper (« cieux, faitespleuvoir le juste comme une rosée »).C’est comme un souffle d’espérance an-nonciateur de la joie de la Nativité duSeigneur, et le soir à 20 heures l’officede Vigiles nous fait entrer dans l’inti-mité de la fête. Un petit réveillon en-suite au réfectoire des novices, et lamesse de minuit est concélébrée dansl’église comble par le petit groupe desconfrères qui n’ont pas été envoyés enministère au service du peuple de Dieudans les paroisses. Deux images ressor-tent dans l’homélie de Mgr Roduit :« Bethléem, maison du pain » et « Jé-rusalem, cité de paix » ; comme on sou-haite, à notre époque, que ces visionsidéales deviennent réalité !

Dans les jours qui suivent, une quin-zaine de scouts de France venant deRouen font une halte de quelques jours

Pendant l’Avent, les membres de l’aumônerie ont vendudu thé et des chocolats lors des pauses du matin auprofit de l’association « Points-Rencontre » et de

Caritas-Valais. L’action a rapporté la belle somme deFr. 2’200.-.

11LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

à Saint-Maurice et visitent nos lieux mo-nastiques.

31 décembre - 1er janvier 2001

Paisible semaine de Noël, qui se ter-mine, au soir du 31 décembre, par lemoment symbolique du passage du IIe

au IIIe millénaire. Dans la tour romane,édifiée au début du millénaire quis’achève, toutes les cloches carillonnentjoyeusement pour marquer l’entrée dansune nouvelle ère, tandis que dansl’église, en cette nuit de prière, nous ren-dons grâce au Seigneur pour le tempsqu’Il nous accorde, et le prionspour une humanité plus unifiéedans la paix et la fraternité. Aprèsl’office de Vigiles en l’honneur deSainte Marie, Mère de Dieu, c’estl’Eucharistie, suivie par une col-lation offerte à tous au réfectoirede l’internat. Et la veillée se pour-suit dans la basilique le reste dela nuit, prise en charge par lesmembres de la communautéEucharistein. Ce sont eux égale-ment qui chantent à la messepontificale du matin.

Mardi 2 janvier

Le lendemain mardi, journée desvœux. Elle commence, comme ilse doit, par la messe conventuellequi réunit la grande majorité desconfrères. Ce jour ayant été choisipour accueillir Mgr NorbertBrunner, nommé chanoined’honneur de notre abbaye, c’estlui qui la préside, et le Père-Abbédonne l’homélie. Une homéliequi est avant tout une parole

d’encouragement, chaleureuse et pleined’affection : le meilleur souhait que l’onpuisse adresser à quelqu’un, dit-il, n’est-ce pas qu’il réalise entièrement sa voca-tion, qu’il trouve sa joie à devenir ce qu’ilest dans la Pensée de Dieu, se donnantà lui et aux autres selon le meilleur delui-même ? Cette joie sera pleine, ajoutele Père-Abbé, si en communauté noustémoignons ensemble avec courage desvaleurs évangéliques dans le monded’aujourd’hui. En cette célébration, cha-cun est heureux de la présence de nosdeux confrères hospitalisés dans des ho-mes, MM. Emmanuel Gex-Collet et

Le document officiel par lequel Mgr Norbert Brunner devientchanoine d’honneur de l’Abbaye.

Ce texte a été lu durant la messe par notre chancelier GabrielStucky, en français et … en haut-valaisan !

12 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Jean-Marie Theurillat, amenés en chaiseroulante, le premier de Troistorrents, lesecond du home Saint-Jacques de Saint-Maurice. Après la messe, Mgr NorbertBrunner est reçu « rituellement » parnotre chancelier G. Stucky dans notrecommunauté comme chanoine d’hon-neur — selon un rite quelque peu« antiquito », mais qui ne diminue enrien la cordialité des liens déjà bien réelsqui existent entre le Diocèse de Sion etnotre petit Territoire abbatial. Cettenomination réjouit beaucoupMgr Brunner, il tient à le souligner dèsle début du repas de midi, etMgr Roduit ne manque pas de notermalicieusement combien depuis unecinquantaine d’années le climat estchangé… ce qui suscite des remousamusés parmi les confrères âgés !

Samedi 6 janvier

Ponctuels, les Conseillers de la ville deSaint-Maurice arrivent à 13 heures dansnos couloirs, et nous les accueillons ausalon… un salon, même élargi, à peineassez grand pour les recevoir tous. Cetteannée, c’est au tour du présidentM. Georges-Albert Barman d’exprimerses vœux ; ce qui lui donne, en ce dé-but d’une législature renouvelée, l’oc-casion de présenter les nouveaux élusdes Conseils communal, bourgeoisial etgénéral. Il se réjouit de l’entente cor-diale qui règne entre les responsables del’État laïc et les ecclésiastiques.

Mercredi 17 janvier

Aujourd’hui c’est le Conseil d’État quivient de Sion pour les échanges de

La « Messe des vœux » a été présidée par notre chanoine d’honneur, M. le cardinal Henri Schwery.Il est accompagné ici par son successeur à l’évêché de Sion, Mgr Norbert Brunner

qui tient en mains son tout nouveau diplôme de chanoine d’honneur, et par Mgr Joseph Roduit.

13LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

vœux, accompagné de Mgr NorbertBrunner et de quelques prêtres de sonentourage, ainsi que d’un jeune confrèredu Grand-Saint-Bernard délégué par lePrévôt Mgr Benoît Vouilloz. Le Père-Abbé leur exprime les vœux de la com-munauté, des vœux pleins d’esprit, avecpour chacun un mot personnel quisonne juste. Il s’adresse notamment àM. Serge Sierro, qui a terminé son man-dat comme chef du département del’instruction publique (il est un ancienélève du collège). Pour nos employésArmindo et Manuel, c’est un grandjour : un des seuls de l’année où on lesvoit en costume de fête ! Tous deux sontde la péninsule ibérique, et c’est de làencore que vient une dame portugaise,Mme Maria Rodriguès, engagée depuisla mi-janvier pour le service du réfec-toire à midi et le soir. On a accepté cetassouplissement de la clôture pour leremplacement d’un autre employé, unequestion de propreté entrant aussi enconsidération.

Au début de janvier, Mgr Henri Salina,qui demeure encore quelque temps chez

les Sœurs de La Pelouse, a été de nou-veau éprouvé dans sa santé : il a été hos-pitalisé à Monthey, où il subit un trai-tement en chimiothérapie ; il est heu-reusement en bonne voie. D’autres con-frères ont également fait l’expérience dela fragilité humaine : opération de la ca-taracte pour M. R. Bérard, autres mauxdivers nécessitant l’hospitalisation pourMM. M. Dreier, G. Kohlbrenner etR. Gross ; ce dernier a été par la suiteamputé d’une partie du pied et il se re-met sereinement.

Vendredi 19 janvier

Dans une réunion interne à l’abbaye,nous reprenons la discussion abordée audernier Chapitre concernant l’envoiéventuel de missionnaires à Madagas-car. Cette question a été examinée dansleur perspective par les confrères ensei-gnant au collège, et elle le sera prochai-nement par ceux des paroisses. Que l’Es-prit Saint nous donne d’être ouverts etgénéreux, sans pour autant manquer deréalisme.

Samedi 20 janvier

A l’occasion d’un café-contact, le procureurM. Franco Bernasconinous met au courant destravaux matériels prévuspour cette année : amé-nagement de nouveauxpanneaux au réfectoire(avec le bruit, on a biendu mal à s’entendre, sur-tout le mercredi, jourpourtant bien sympathi-que avec la venue des

La salle de lecture de notre ancienne bibliothèque, en son état de mars 1998.

14 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

confrères de l’extérieur !), remplacementdes volets, sans compter la poursuite destravaux à la basilique, la transformationde l’ancienne bibliothèque en salle ca-pitulaire, et l’aménagement combiennécessaire d’un réfectoire d’hôtes à laprocure…

Autre projet, spirituel celui-là : on penseoffrir à des jeunes qui le désirent la pos-sibilité de partager pour un temps, aucours de l’été, la vie de la communauté.Ce qui leur permettrait aussi, tout enfaisant une expérience de vie religieuse,d’aider au service d’accueil des visiteurs-pèlerins au trésor et à la basilique.

Depuis que l’église Saint-Sigis-mond est en réfection, tous les of-fices paroissiaux se font dans no-tre basilique. Les cloches sonnentdonc fréquemment pour les an-noncer, si bien que souvent on nesait plus bien s’il s’agit d’une messeparoissiale, d’un enterrement,d’un pèlerinage ou d’une célébra-tion communautaire. Un soir àsouper, on entend à nouveau lescloches ; étonné, quelqu’un de-mande : « que sonne-t-il doncmaintenant ? » Réponse deM. Allet : « les cloches ! »

Semaine de l’Unité

Nous nous associons aux prièrespour l’unité des chrétiens, notam-ment par une célébration œcumé-nique au temple de Lavey le soirdu 19 à laquelle participent quel-ques confrères. Elle est animée parle pasteur Lavanchy et le curé deSaint-Sigismond Ch. Neuhaus.

Vendredi 26 janvier

En octobre dernier, une exposition auThéâtre du Crochetan à Monthey avaitété consacrée à la mission du Sikkim,où nos confrères ont fait œuvre d’évan-gélisation pendant 60 ans. Préparée parBenoît Lange, photographe bien connuet auteur de Lumières éternelles, elle at-tirait l’attention spécialement sur le PèreEmmanuel Gex-Collet (actuellementdans un home à Troistorrents) : natif deMorgins comme lui, il l’avait connu là-bas et avait admiré son travail mission-naire, d’où l’idée de cette exposition.

Au moment de leur départ pour le Sikkim, en novembre 1947,de gauche à droite, MM. les chanoines Gex-Collet, Pittet,

Simon-Vermot et Gressot.(Photo tirée de L’Echo du Sikkim de nov.-déc. 1947)

15LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Celle-ci a été transportée à la Mai-son de la Famille de Vérolliez, où ellefait bonne figure dans ses vastes lo-caux ; son titre à l’arrière-goût un peusyncrétiste : Près des dieux est de-venu : Inde mystique et mission dansl’Himalaya. Le vernissage a lieu le 26,une série de diapositives présentéespar M. J.-B. Simon-Vermot donnentdes explications sur l’histoire de lamission, le pays et ses habitants, l’ac-tivité missionnaire. La présence« d’espaces » réservés à l’hindouisme,au bouddhisme et à l’animisme à côtéd’un « espace chrétien » lui donneégalement l’occasion de parler du dia-logue interreligieux.

Un peu plus tard, 14 février, une ta-ble ronde est organisée en vue de faireconnaître la mission sous plusieurséclairages : l’ancien ambassadeur deSuisse en Inde, M. Guy Ducrey, parlede la situation géographique, sociale,politique, etc. de la région ; deux alpi-nistes valaisans, MM. Marco Bruchez etVincent May racontent la pathétiqueascension du Kanchenjunga qu’ils ontfaite il y a plusieurs années, et le PèreÉdouard Gressot, maintenant auxiliaireà Bagnes, évoque ses souvenirs d’ancienmissionnaire : ceux qui l’écoutent com-prennent que c’est la présence toute sim-ple au milieu des gens, un amour atten-tif à tous leurs besoins, même matériels,qui les attire au Christ. Cette exposi-tion reste ouverte jusqu’à la fin mai.

Vendredi-samedi 26-27 janvier

M. l’abbé Jean-Marie Pasquier, respon-sable du Centre catholique romand deformation permanente, assure la prédi-

cation de la récollection de ce mois.S’inspirant de la lettre du pape Jean-Paul II Au début du nouveau millénaire,il nous parle avec beaucoup d’expériencespirituelle, de spontanéité, de fraternité,du thème « contempler le Visage duSeigneur ». Il poursuit sa méditation lemois suivant, à la récollection du 24 fé-vrier, en attirant notre attention, aprèsle Visage à contempler, sur la Parole àécouter. L’art de l’écoute doit s’appren-dre, il ne va pas de soi : écoute des autres,surtout de ceux qui sont délaissés : onest si prompt à parler, si réticent à écou-ter (que de « parlotte » dans l’Église !).Écoute de la voix de Dieu, d’un cœurouvert et disponible. Écoute qui finale-ment se confond avec l’obéissance : ob-audire. On est ainsi bien introduit aucarême : « aujourd’hui ne fermez pas votrecœur, mais écoutez la voix du Seigneur ».

Le Père Emmanuel Gex-Collet.

16 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Vendredi 2 février

Dans l’atmosphère de Noël qui se pro-longe, la fête tout intime de la Présen-tation du Seigneur rassemble les reli-gieux et religieuses du Bas-Valais, quiune fois de plus reprennent ensembleconscience de leur commune vocation.La célébration des lumières introduitaux vêpres, qui seront suivies de l’Eucha-ristie. Chacun tient une frêle bougie, etcette longue procession de petites lumiè-res qui se déplacent dans la nef obscure,ce n’est pas un rite mort du passé, c’estplutôt la figure de l’Église actuelle enmarche, dont les consacrés sont commeune pointe avancée. Sympathique ren-contre ensuite au Foyer franciscainautour d’une collation offerte par lescommunautés locales, et où l’on ap-prend à mieux se connaître.

Samedi 3 février

Ce matin — en la fête de saint Avit,l’évêque de Vienne qui a présidé à l’inau-guration de notre monastère en 515,une date symbolique —, nous repre-nons une pratique communautaire quetoutes sortes de circonstances avaientfait par trop négliger depuis de longsmois : la répétition de chant hebdoma-daire. M. Max Hasler en est chargé et ilne manque ni de sens pédagogique nide fermeté, deux qualités appréciablespour cet exercice… Il faut noter aussiqu’une orientation plus nette encore quepar le passé se dessine en faveur du chantgrégorien : les deux maîtres de chœur,MM. Jaquenoud et Roten, l’introdui-sent plus largement, de belles pièces sou-vent peu connues sont chantées à lamesse conventuelle, le dimanche égale-

ment ; ce sera le cas notamment en ca-rême, vu que l’orgue, selon les prescrip-tions liturgiques, doit se montrer trèsdiscret en ce temps. Dans le même sens,M. Marius Pasquier, maître de chœur« émérite », continue à initier à ces mé-lodies si favorables à une prière contem-plative un groupe de laïcs qui se réunitrégulièrement à Saint-Maurice, et toutrécemment on a fait appel à lui dans lemême but pour des sessions à Delé-mont.

Mardi 13 février

Le Père Georges nous arrive deDarjeeling, envoyé par Mgr StephanLepcha dans l’espoir de recueillir uneaide financière, tout en prêchant desretraites dans des communautés reli-gieuses à Rome et en Amérique. Il restedeux jours parmi nous, ainsi les liensavec la mission du Sikkim demeurent.

Jeudi 15 février

Grand jour pour Patrick Bosson : il sou-tient brillamment sa thèse de doctoratau collège Saint-Anselme à Rome sur lathéologie sacramentaire de Karl Rahner,avec la mention summa cum laude.Quatre confrères l’ont accompagné etont assisté à la soutenance de sa thèse.Nous faisons nôtre la joie de notre jeuneconfrère qui pourra grâce à Dieu met-tre sa science théologique au service del’Église.

Dimanche 18 février

Cette fois c’est en tant que responsablede la liturgie en Suisse romande queMgr Roduit se rend à nouveau à Romepour mettre au point des textes sur leplan francophone.

17LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Lundi 19 février

Nos étudiants théologiens sont de re-tour de Fribourg pour un congé inter-médiaire entre deux semestres ; ils res-teront cinq semaines à l’abbaye.

Mardi 27 février

Mgr Maurice Bitz, Abbé de la Congré-gation canoniale de Saint-Victor, fêteaujourd’hui le 25e anniversaire de sonabbatiat : Mgr Roduit, accompagné parM. Imesch, s’est rendu à Champagne-sur-Rhône, près de Vienne en France,pour l’entourer à cette occasion ; ils yont trouvé une communauté jeune,pleine d’élan spirituel et apostolique,ayant fait déjà plusieurs fondations : troisprieurés avec souci pastoral de la région, etune mission florissante en Tanzanie.

Mercredi-jeudi 7-8 mars

Pour entrer dans l’esprit du carême, lapetite communauté du « noviciat » pro-pose deux jours de récollection ouverteaux confrères désireux de se replongerdans la pensée de notre bienheureuxPère saint Augustin : des entretiens sursa spiritualité sont en effet donnés parM. Gabriel Ispérian, entre autres uncommentaire très enrichissant sur la Let-tre à Proba sur la prière. Des momentsfructueux vécus dans une atmosphèrede silence et de fraternité.

Vendredi 9 mars

Le Père-Abbé s’envole pour Madagas-car, en vue d’étudier sur place les possi-bilités concrètes d’un envoi missionnairedans cette île. Il prend contact avec l’évê-que du diocèse, les Sœurs de Saint Mau-rice et quelques séminaristes. De retourà l’abbaye, il nous expose la situation ;il reste à implorer l’Esprit Saint pourdiscerner quelles sont les vues de Dieu.

Lundi 12 mars

Gros émoi dans la ville de Saint-Mau-rice : un fort incendie se déclare après20 heures dans la grand-rue, projetantde tous côtés des braises enflammées,et jusque par-dessus nos murs. Les pom-piers n’arrivent à le maîtriser que peuavant minuit. On n’ose penser à ce quiserait advenu si le föhn avait soufflé…

Mercredi 21 mars

Dîner traditionnel de mi-carême chezles Pères Capucins, qui accueillent avecleur simplicité et leur amabilité coutu-mières une quinzaine de confrères del’abbaye. Bonne occasion de raviver les

Le chanoine Patrick Bosson,nouveau docteur en théologie.

18 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

liens avec ces fils de saint François : ilssont proches de nous par les lieuxcomme par la vocation, ils participentaussi fréquemment à nos offices liturgiques.

Dimanche 25 mars

Dans l’après-midi, un remarquablespectacle est présenté à la grande salledu collège : des jeunes du conservatoirede Rueil Malmaison à Paris, invités parles Jeunesses culturelles du Chablais,s’unissent à l’orchestre du collège pourjouer, sous la direction de JanDobrzelewski, la Flûte enchantée deMozart, un opéra particulièrementgoûté par un nombreux public.

Samedi 31 mars

Lors de la récollection mensuelle,M. l’abbé Jean-Marie Pasquier achèvela suite de ses trois entretiens dans no-tre communauté ens’inspirant del’émouvante Prièred’abandon du PèreCharles de Foucauld.

Dimanche 1er avril

L’Ensemble vocal deSaint-Maurice, di-rigé par PascalCrittin, donne leconcert de la Passionà la basilique, avec leconcours d’un en-semble instrumental.Des motets inéditsdans l’esprit dutemps liturgique pré-cèdent le Requiem deJohn Rutter.

Samedi 7 avril

Au cours de la messe conventuelle de11 heures nous accueillons dans notrecommunauté comme « familier » Geor-ges Charrière, qui a été pendant unevingtaine d’années notre portier dévouéet très apprécié ; ce qui lui permettra departiciper plus directement à notre viereligieuse. Puis, selon le rite officielprévu, Mlle Monique Baechler est re-çue comme vierge consacrée, un état devie qui existait dans l’Église primitiveet qui est remis en valeur de nos jours.Infirmière à Fribourg, elle poursuivrason activité auprès des malades dans unesprit de consécration au Seigneur.

Dimanche 8 avril

Avec la liturgie du dimanche des Ra-meaux et de la Passion, à laquelle parti-cipe la paroisse de Saint-Sigismond,

Mgr Roduit reçoit l’engagement de Mlle Monique Baechler comme vierge consacrée.

19LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

nous entrons dans la Semaine Sainte.La messe chrismale du Jeudi Saint estanticipée au mercredi soir, ce qui per-met aux délégués des paroisses du Ter-ritoire abbatial de venir plus facilementà Saint-Maurice. Le recueillement desjours qui suivent, avec des célébrationssoignées et ferventes, nous achemineprogressivement au cœur du mystèrepascal, centre de l’année liturgique.Une foule particulièrement nom-breuse est présente à la belle et lon-gue veillée pascale, au cours de la-quelle deux enfants reçoivent le bap-tême par immersion. Et, malgré lefroid (il neige par moments à gros flo-cons !), nous entrons dans la joie duChrist ressuscité, joie qui se prolongecomme en une seule fête pendanttoute l’octave de Pâques.

Lundi 16 avril

En ce lendemain de Pâques pourtantune triste nouvelle nous émeut :M. Georges Charrière, qui venait d’êtrereçu dans notre famille religieusecomme familier, est mort subitementdans le train, alors qu’il se rendait à Neu-châtel pour voir sa cousine et visiter desmalades. L’affluence à ses obsèques,

Lors de la Vigile pascale, Mgr Roduit bénit le feu nouveau (ci-dessus) dont la flamme est transmise à la foulerassemblée dans la cour Saint-Joseph (ci-dessous).

20 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Deux enfants ont été baptisés par immersion dans lanuit de Pâques.

deux jours après, montre combien ilétait aimé de tous, surtout des pauvres,des handicapés, des malades. Il s’étaitdévoué pour eux avec autant de zèle quede discrétion commel’un des responsablesde la Fraternité desmalades et rédacteurdu Oui, revue men-suelle de cette organi-sation. Nous prionspour lui, confiantsque le Seigneur l’ac-cueille dans la lumièrede sa Résurrection.

Vendredi 20 avril

Comme chaque an-née, nous nous réu-nissons pendant la se-

maine de Pâques pour un Chapitre gé-néral. Tout d’abord, dans un entretieninspiré de la lettre du pape Jean-Paul IIA l’aube du troisième millénaire, le Père-Abbé nous invite à centrer nos effortssur l’essentiel, la vie spirituelle et la li-turgie, la vie communautaire, tout lereste en découle. Puis il nous donne desdétails de son voyage à Madagascar, oùil a pu juger sur place des services quel’on attend de nous en ce pays : une aideà l’aumônerie des étudiants universitai-res et aux paroisses au départ, puis plustard si possible une fondation canoniale.Comme on ne peut envisager un envoimissionnaire avant deux ans, ce qu’ilnous reste à faire pour le moment, c’estde tâcher d’intensifier et de resserrernotre vie communautaire, de façon àêtre disponibles pour ce que le Seigneurnous demandera. Un reflet des activitésdans les différents postes, en particulierà l’aumônerie de l’université de Lau-sanne, nous montre ensuite le dyna-misme de nos jeunes confrères GiovanniPolito et Patrick Bosson.

21LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Samedi 21 mars

Pour la première fois depuis quatre ans,nous avons la grâce d’une ordination sa-cerdotale : Yannick-Marie Escher reçoitle sacrement de l’Ordre des mains ducardinal Mgr Henri Schwery (Mgr H.Salina, vu son état de santé, ne peut leconférer lui-même, mais il est présent).Dans son homélie, Mgr Schwery souli-gne que le prêtre n’est que l’instrumentde l’unique Prêtre, le Christ Jésus. Lestrès nombreux parents et amis qui en-tourent notre jeune confrère sont ac-cueillis ensuite pour le verre de l’ami-

Yannick-Marie Escher reçoit l’ordination sacerdotale des mains de M. le cardinal Henri Schwery.

tié. Au repas de midi, Mgr J. Roduit ex-prime des vœux chaleureux au nouveauprêtre, que ses multiples contacts et sonengagement dans l’équipe des vocationsont bien préparé à son futur ministère.

Chne Jean-Bernard Simon-Vermot

NB. Cette chronique s’arrête à la fin de vacan-ces de Pâques 2001

22 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

PATRICK BOSSON DOCTEUR EN THÉOLOGIE

Un doctorat est un grand rite d’initia-tion à la science théologique. Cepen-dant, au cœur de toute initiation il s’agitd’une question de vie ou de mort. Onpeut vivre d’une vie nouvelle (celle dumagister et docteur) seulement si l’onsait mourir.

Patrick Bosson, dans sa thèse sur leWoran rahnérien, a appris à mourir etl’a fait de manière magistrale, choisis-sant un des thèmes les plus complexesqui soient dans l’horizon du savoir sa-cramentel, celui du conceptdu Realsymbol qui, comme un écueil au

milieu de l’océan de la théologie, obligepresque tous à le contourner bien au large…

Non seulement P. Bosson a pointé laproue de la « nacelle de son esprit » droitsur l’écueil, et l’a fait sans naufrage, maisplus encore, il s’est permis de rebaptiserce récif du « Realsymbol » par un autrenom, justement celui de Woran.

Avec tout ça — et pour tout cela — larecherche menée par P. Bosson consti-tue soit du point de vue du contenu soitdu point de vue de la méthode un tra-vail littéralement « magistral », se situantimmédiatement comme une contribu-

Aujourd’hui aumônier de l’Université et des Hau-tes Écoles de Lausanne, le chanoine Patrick Bosson,de Presinge, est né à Genève le 22 juillet 1966.Après sa maturité, il a obtenu la virtuosité de saxo-phone au Conservatoire de Genève en 1989. Il acouronné ses études musicales par une Médaille d’orau Conservatoire de Bordeaux (1990). Il est en-suite entré à l’Abbaye de Saint-Maurice où il a faitprofession le 29 août 1992 et a été ordonné prêtrele 2 janvier 1997. Il achève à Rome des études dethéologie commencées à Fribourg. Après la licenceen théologie en 1999, il a obtenu la mentionsumma cum laude pour son doctorat décerné parla Faculté de théologie du Collège Saint-Anselmede Rome — l’institut de formation supérieure desbénédictins. C’est le professeur Andrea Grillo quil’a guidé dans les subtilités de la théologie sacra-

mentaire de Karl Rahner pour la rédaction de sa thèse magistrale intitulée : « Woran »ou le rapport grâce-sacrement chez Karl Rahner. Identification ontologique,symbole réel et expression originaire.

Nous reproduisons ici des extraits de la présentation qu’en a faite le professeur Grillolors de la défense de thèse qui a eu lieu le 15 février 2001. Chne Olivier Roduit

Patrick Bosson à l’aise lors de la défense desa thèse de doctorat.

23LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

tion scientifique dehaut rang et à laquelleon ne peut renoncerau sein de la biblio-graphie des études surla pensée et l’impactde K. Rahner sur lathéologie du XXe etdésormais du XXIe s.

Il n’y pas de doute, cevolume doit être aus-sitôt donné à l’im-pression dans son in-tégralité, car il cons-titue un chapitre im-portant de « l’exégèse rahnérienne » quisurprendra positivement non seulement« les experts » du secteur, mais aussi toutvrai passionné de la théologie. On le liraaussi comme un roman (du Moïse etAaron de Schoenberg jusqu’au « che-veux de Pinocchio »), bien que conte-nant des passages argumentatifs d’uneabsolue rigueur et grande concentration.Aussi la relecture de la sacramentalitéen ressortira enrichie et singulièrementrepensée, si bien qu’une collectiond’études scientifiques ne pourra qu’êtrehonorée d’accueillir un travail de si finetessiture.Le doctorat de P. Bosson est donc di-gne de louange et constitue un résultatflatteur de la recherche au sein de la spé-cialisation sacramentaire de S. Anselmo.La rigueur avec laquelle il est mené et ladélicatesse avec laquelle il s’offre à la lec-ture peuvent montrer toute l’impor-tance de ce qui a été profondémentcreusé par le candidat dans l’univers dela pensée rahnérienne, univers dans le-quel il est entré avec une intelligence etune manière personnelle dont on ne

trouve presque aucun répondant ailleurs.Au début je disais qu’un doctorat est uneforme sophistiquée d’initiation.Pinocchio aussi a dû s’initier à la vie : ilmeurt comme pantin pour vivre humai-nement, avec ses beaux cheveux châ-tains. Qui ne meurt pas à la vie commele fait Pinocchio risque de vivre pourtoujours, aussi théologiquement, à lamanière d’un pantin. Nous devons alorsrendre tout l’honneur à cette mort ini-tiatique de Patrick Bosson (chanoinerégulier, virtuose de saxophone et dé-sormais aussi magister theologiae) : àcause de cela, sur la pierre qui cèle letombeau — habité par la marionnetteet abandonné par le théologien — jevoudrais graver une petite phrase de bonaugure pour le candidat qui s’est si biendistingué. Si je pouvais utiliser le bu-rin, j’écrirais sur la pierre :

HELVETIA ME GENUITMUSAE RAPUERE

NUNC TENENT CANONICICECINI GRATIAM, SIGNA, SAX

Roma 15.02.2001 Prof. Andrea Grillo

Le prof. Andrea Grillo, directeur de thèse, Patrick Bosson, les pères bénédictinsMark Sheridan (doyen) et Elmar Salmann (censeur).

24 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

MONSIEUR

GEORGES CHARRIÈRE(7 JUIN 1929 – 16 AVRIL 2001)

Monsieur Georges Charrière est né àEstavayer-le-Lac le 7 juin 1929. Après sesclasses primaires et secondaires il entradans le commerce familial qu’il reprit aprèsle décès de ses parents. Les maladesd’Estavayer avaient droit à ses visites cha-que dimanche. En 1976 il devint portierde l’Abbaye de Saint-Maurice, poste qu’iloccupa jusqu’à sa retraite. Il est resté ausein de la communauté, qui l’accueillitcomme familier le 7 avril 2001. Il fut ré-dacteur du journal Oui de la Fédérationromande des organisations catholiques de malades et d’infirmes et responsable de la

Fraternité des malades et handicapés duChablais. Il est décédé subitement le 16 avril2001 en allant visiter des malades.

Voici le mot d’accueil qu’a prononcé MgrJoseph Roduit lors de la messe de sépulturecélébrée à la Basilique le 18 avril 2001.

Chère famille, chers membres de la Fra-ternité des malades et personnes handi-capées, chers amis de Georges, frères etsœurs bien-aimés,

Samedi 7 avril dernier, nous vivions icimême une cérémonie émouvante. En ef-fet, pour la première fois dans l’histoirede notre Abbaye, nous admettions un laïccomme membre familier de notre mai-son, en la personne de Georges Charrière.

C’était une forme de reconnaissance dela vie quasi-religieuse que Georges a vé-cue parmi nous pendant 25 ans.Allo, l’Abbaye de Saint-Maurice ! Monsieur Charrière

dans son lieu de travail en 1993.

25LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Homme d’une bonté exquise et d’uneserviabilité remarquables, Georges avaitun vrai charisme pour entourer et ac-compagner les malades, ses amis. Sonsouci de collectionner les articles pourson journal, le Oui était connu de tousses collaborateurs. De même que son

activité au service de l’Apostolat de laprière pendant des années. Il fut mem-bre de la Légion de Marie et de l’Asso-ciation des Retraitants paroissiaux.

Attaché à sa ville d’Estavayer-le-Lac oùil avait repris le commerce de ses pa-rents, il choisit chez nous un travail cor-respondant à ses aspirations religieuses.

Homme de relations, il trouva la réali-sation de ses vœux en fonctionnantcomme portier-téléphoniste de notreMaison. Très vite il trouva la confiancenon seulement de notre communautémais aussi de tous nos interlocuteurs.Même après sa retraite, il nous rendaitencore quelques services de remplace-ment certains soirs à la porterie.

Lundi, après avoir demandé l’abonne-ment général à M. le Prieur, il prenaitle train pour aller encore visiter desmalades et des membres de sa parenté.Ayant subi une grande opération car-diaque il y a deux ans, il ne savait qu’ilprenait le train pour le ciel…À sa famille et à ses nombreux amisémus nous présentons notre sympathie.

Mgr Joseph Roduit

Le 7 avril 2001, M. Charrière était reçu Familier del’Abbaye par Mgr Joseph Roduit.

Hommage rendu en fin de messe par Marion Perraudin au nom de la Fraternité

À toi notre ami Georges. Avec les lettres de ton prénom nous voulons te rendre undernier hommage.

G comme Gaieté, celle que tu savais faire rayonnerE comme Écoute, celle que tu avais pour tes amis malades et handicapésO comme OUI, le journal pour lequel tu as tant œuvréR comme Responsable de la Fraternité du ChablaisG comme Grandeur, celle de ton cœur débordant d’amitiéE comme Espérance, celle que tu avais en Christ ressuscitéS comme Services, ceux que tu savais si bien rendre.

Par ces quelques mots, tous tes amis de la Fraternité te disent un dernier au revoiret merci.

26 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Quand, en 1937, la Préfecture Aposto-lique du Sikkim fut confiée par le Saint-Siège à l’Abbaye de Saint-Maurice, lebut qui nous était assigné ne consistaitpas à prendre en charge telle ou telleInstitution, mais bien à planter uneÉglise locale dans un territoire où le ca-tholicisme n’avait pas droit de cité, lepetit Royaume Himalayen du Sikkimet la Sous-Préfecture de Kalimpong quile jouxtait.

Le Père Auguste Desgodin, des MissionsÉtrangères de Paris, y avait planté satente en 1880, dans le petit village dePédong, dernier relais des caravanes demulets tibétaines avant leur arrivée àKalimpong. Ses confrères et successeurs

y avaient fondé trois postes de mission,quelques écoles élémentaires, un orphe-linat, une Caisse d’Épargne et avaientintroduit à Kalimpong des religieusesfrançaises et Irlandaises qui y tenaientun orphelinat et un pensionnat fré-quenté par la petite noblesse des paysenvironnant : Sikkim, Tibet, Népal.Dès leur arrivée en 1934, les chanoinesAurelio Gianora et John Roger Fox sevirent confier la direction de l’école dePédong qu’ils élevèrent au rang d’ÉcoleMoyenne (6 classes). L’année suivante,le chanoine Auguste Schyrr se chargeaitde l’orphelinat. C’est peu après l’arri-vée du chanoine Martin Rey (1937) queles pères français reçurent l’ordre de seretirer, laissant à l’Abbaye la tâche de

MISSION ACCOMPLIE

Le chanoine Édouard Gressot, ancien missionnaire, a participé à la table ronde orga-nisée à la Maison de la Famille à l’occasion de l’exposition : Inde mystique et missiondans l’Himalaya. Il y a évoqué ses souvenirs d’ancien missionnaire. Nous lui avonsdemandé de les rédiger pour les Échos.

Le Kangchenjunga, 8598 m., un des plus hauts sommets de l’Himalaya, dans le Sikkim.Il domine toute la région de Kalimpong.

27LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

semer le bon grain sur l’ensemble duterritoire.

Nommé Préfet Apostolique, MgrGianora n’était assisté que de trois con-frères et d’un prêtre anglo-indien. Lesrenforts ne tardèrent pas à arriver : leschanoines Gustave Rouiller et PaulThurler en 1938, André Butty en 1939,Patrice Vergères et Robert Eigenmandébut 40 et, quelques mois plus tard,passant de justesse entre les bombes, lechanoine Jean-Marie Brahier. La pé-riode de guerre fut sans doute difficile.Aucun subside, aucune aide ne leur par-venant, nos confrères eurent beaucoupde mal à maintenir les postes existants,l’orphelinat en particulier. C’est alorsque le père Butty initia ses orphelins àla fabrication du fromage.

La paix enfin conclue, et le canal de Suezlibéré des épaves qui en entravaient lepassage, prirent le départ :MM. Emmanuel Gex-Collet, ÉdouardGressot, Meinrad Pittet et Jean BernardSimon-Vermot (1947), rejoints l’annéesuivante par le chanoine JosephHofstetter et, en 1952, par M. HubertRuckstuhl. Désormais, d’un côtécomme de l’autre, la porte de sortie del’Abbaye et la porte d’entrée en Inde de-meurèrent désespérément fermées.D’autre part MM. Fox et Thurler, encongé, annoncèrent qu’ils ne revien-draient pas, et l’abbé Philippe Bussienqui, par miracle, avait obtenu un per-mis de séjour, ne supporta pas le climat !Restaient alors quatorze confrères ettrois prêtres indigènes, répartis en neufparoisses, deux collèges et une froma-gerie. C’est en 1950 que, faisant œuvrede pionnier, Mgr Gianora construisit la

pro-cathédrale en style tibétain. Dansles années soixante, les subsides de laCoopération Technique du Gouverne-ment suisse permirent d’installer leCollège Saint-Augustin dans un com-plexe entièrement neuf de bâtiments etde terrains de sport ; d’ouvrir un centrede développement agricole relié à laroute principale (par téléphérique) ettroisièmement, de rentabiliser la ferme-fromagerie du père Butty.

Les catholiques étant encore peu nom-breux, les vocations indigènes restaientrares, insuffisantes en tout cas pour réa-liser les développements envisagés.Mgr Gianora envoya alors le père Gex-Collet en tournée de propagande dansquelques séminaires du Sud de l’Indeafin d’y susciter des vocations mission-naires. C’est ainsi qu’au fil des ans, nom-bre de jeunes gens originaires des pro-vinces méridionales de l’Inde s’inscrivi-rent à la Préfecture Apostolique du Sik-kim et, leurs études terminées, collabo-rèrent de plein pied avec les mission-naires suisses.

Autre heureuse initiative deMgr Gianora : l’ouverture à Kalimpongd’un noviciat des Sœurs de Saint-Josephde Cluny, nos collaboratrices de tou-jours (1952). L’implantation en régionrurale de deux petits couvents (avecécole et dispensaire) avait en effet bienété accueillie par les gens et un impactprofond sur les mentalités ; au point quequelques fillettes postulaient leur admis-sion dans la congrégation des religieu-ses. Seulement, pour doter chaque pa-roisse d’un couvent, comme on le sou-haitait, il aurait fallu cinq à six fois plusde religieuses que de prêtres. Comme

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pour les prê-tres donc, lessœurs firentappel à des jeu-nes filles duSud, espérantque nos petitesmontagnardes« se dégrossi-raient » à leurcontact, ce quifut d’ailleurs lecas ! Avec le re-cul des ans, onne peut que seféliciter queces « mission-naires intéri-eurs » se soient parfaitement intégrésaux autochtones, qui, en retour, leur ac-cordent leur confiance.

« Si le grain de blé ne tombe en terre etne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il portebeaucoup de fruit. » (Jn 12, 24). Ladernière intuition majeure de MgrGianora et la plus méritoire, fut d’envi-sager la création d’un diocèse indigèneenglobant toutes les ethnies himalayen-nes de la région. En unissant son destinà celui de l’ensemble du district deDarjeeling, la Préfecture Apostolique duSikkim perdrait, pour ainsi dire, sonnom de jeune fille, mais en retour, elley gagnerait une vitalité et une féconditénouvelles. Si, en guise de dote,Kalimpong apportait neuf paroisses et18’000 chrétiens au nouveau diocèse(alors que Darjeeling n’offrait que qua-tre paroisses et 6’500 chrétiens) on yespérait en revanche pouvoir mieux pro-fiter de l’expérience séculaire et de l’in-

fluence des pères jésuites (canadiens) deDarjeeling et peut-être aussi de leursressources financières. Dès que le Saint-Siège eut donné son aval, Mgr Gianorase démit de ses fonctions en faveur duprêtre indigène qui, en tant que curé deDarjeeling, y occupait déjà l’Archbishop’sHouse, ancien palais d’été de l’archevê-que de Calcutta. C’était l’abbé Eric Ben-jamin, qui avait été ordonné prêtre en1945 et reçut l’ordination épiscopale àLa Valette (Malte), en route pour Romeoù il assista à la 1ère session du Concile(1962). Chez nos fidèles, cette nomi-nation ne manqua pas de produire leseffets escomptés ; une nouvelle prise deconscience, une plus grande fierté d’ap-partenir à l’Église et un dynamismeapostolique inconnu jusqu’alors. Lesmouvements d’Église et les œuvres ca-ritatives se restructurèrent à l’échelle dudiocèse et, grâce à de nombreuses re-traites et séminaires, la prière et les con-naissances religieuses s’approfondirent.

Mgr Steven Lepcha, évêque de Darjeeling.

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Mgr Benjamin fut un évêque aimé,éclairé et dynamique, sous l’autoritéduquel les chanoines se rangèrent vo-lontiers tout en restreignant leurs acti-vités au territoire de la ci-devant Pré-fecture Apostolique du Sikkim. Il mou-rut subitement en pleine tournée apos-tolique (1994). Son successeur, aprèsavoir longtemps hésité reçut l’ordina-tion épiscopale le 8 décembre 1997. Filsspirituel du père Rouiller, il fut baptiséavec toute sa famille alors qu’il avait huitans. C’est un prêtre humble, mais sûrde lui, exigeant mais sachant patienter.Depuis que le peuple du Sikkim plébis-cita le rattachement du Royaume àl’Union Indienne (1978), l’Église y bé-néficie de la faveur du régime, lequelcompte sur elle pour développer le ré-seau de ses écoles secondaires et insti-tuts pédagogiques. Faisant appel auxJésuites, aux Salésiens de Don Bosco età plusieurs congrégations féminines(dont la branche indienne d’Ingenbohl),l’Église diocésaine y ouvrit coup surcoup sept écoles secondaires et une fa-culté de pédagogie ! Les fondations deparoisses se suivirent au même rythmede sorte qu’on en compte une bonnedizaine, qui rassemblent cinq milliers decatholiques. Chaque fondation sert deprétexte à de grandes manifestationsdiocésaines qui, dans le bon entrain etla joie des retrouvailles, soudent les par-ties disparates du diocèse en une grandefamille unie par les liens de la Foi et dela Charité. De fait, le diocèse se com-pose actuellement de trente-six parois-ses, quelque trente-trois mille catholi-ques, et une centaine de prêtres ; sanscompter les religieuses qui y sont par-tout à l’œuvre.

L’arbre que nous avons planté, taillé, ir-rigué, est donc plus vigoureux que ja-mais : Dieu soit loué ! Mais, me deman-derez-vous peut-être : « Qu’est-ce quipousse les gens à se convertir ? » « Per-sonne ne vient à moi, a dit Jésus, si monPère ne l’attire. » Nul doute que ces« Enfants de Dieu » (Gandhi) sont atti-rés par le Père qui manifeste spéciale-ment son amour pour le monde par latendresse de ses prêtres et de ses fidèles.Nous, les chanoines, étions si différentsles uns des autres ! Il y avait parmi nousle fonceur et le temporisateur, l’éclai-reur et l’organisateur, le pasteur d’âmeset le défricheur de forêts, l’agent socialet le liturgiste, le professeur et le froma-ger… Mais, unis par une même affec-tion pour ces peuplades si simples, siouvertes et si méritantes, nous nouscomplétions, au fond, admirablement.Je puis témoigner que chacun de nous,quelles que fussent ses occupations,aimait sincèrement ces gens et recher-chait efficacement à améliorer leur ni-veau de vie à tous points de vue sansfaire de distinction entre hindous,bouddhistes ou chrétiens.

C’est cela qui intriguait les gens et lesdisposait à s’ouvrir au Christ. Dans lareligion que nous pratiquions, ils décou-vraient « le Dharam », la Religion parexcellence, la Loi cosmique et divine,qu’ils portaient dans le fond de leurcœur. Notre joie, c’est que les prêtresqui nous succèdent et qui nous consi-dèrent comme les pionniers l’ont com-pris et marchent sur nos traces. Maisdans le fin fond, il n’y a d’autre explicationque : « Le vent souffle où il veut… » (Jn 3,8)

Chanoine Édouard Gressot

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POUR LE RESPECT DE LA VIE

Le 7 décembre à la Basilique, au cours de la veillée de prière pour le respect de la vie,Sœur Camille, infirmière à la Clinique Saint-Amé, a donné le beau témoignage quenous reproduisons ici.

Tant de personnes âgées rencontrées !Et chacune unique ! Que de richesses :un passé empreint d’expériences, de sa-gesse et de foi profonde ; on a envie derevenir en leur présence pour les écou-ter : ce courage face aux difficultés de lavie, cette confiance, cette simplicité decœur vous remettent en question.

D’autres, par contre, ont été blessées,bloquées, mal aimées par la famille, lesvoisins, l’Église, d’où leur tendance à re-garder la vie et les autres avec amertume,à se renfermer en elles-mêmes.

Nous touchons donc ici l’essence mêmede l’homme qui, de la naissance à lamort, existe pour aimer et être aimé.Être aimé, reconnu, accepté tel qu’il est.Voilà le long chemin de la vie.

S’il est vrai que, petit à petit, les forces,la vue, l’ouïe, la mémoire ou la possibi-

lité de s’exprimer diminuent, cettesomme de vécu antérieur n’en demeurepas moins une réalité, elle fait partie deleur personnalité. Chacune reste unepersonne à part entière digne de respect,d’estime et d’amour.

Aussi, je m’approche de cette personneen pensant à tout ce qu’elle est même sison extérieur me surprend ! « Elle exer-çait une telle activité, parlait avec tantd’éloquence ! »

Connaissant ses goûts et ses habitudes,je m’en servirai pour la rejoindre un ins-tant, pour lui permettre un momentagréable. Tous mes gestes, mes paroles,mes attitudes seront orientés pour main-tenir, protéger cette dignité jusqu’aubout, pour lui assurer une présenceaimante. Une grand-maman me disaitun jour : « J’ai beaucoup de petits-en-fants mais ils ne viennent pas me voir,c’est dommage. »

Cette étape difficile de la vie donne par-fois l’impression d’un échec à cause despertes successives : Je ne peux plus… Jen’ai plus… Je ne sais plus… Ce ne sontpas des échecs car « Sa Présence dansl’histoire transfigure nos tourments endouleurs d’enfantement… »

Ces passages qui ébranlent tout l’être dela personne âgée ont besoin d’être ac-cueillis, compris, accompagnés.

31LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Oui, accompagnés par une attituded’humble écoute, sans m’imposer. Il n’ya pas d’explication à donner, il n’y a sou-vent rien à dire mais à être à l’écoutesans jugement, sans préparer une ré-ponse, mais avec tendresse. Claudel ledit : « Dieu n’est pas venu nous expliquer lasouffrance, mais la remplir de sa présence. »

Accompagner cette personne en adap-tant mon pas au rythme du sien, encréant un climat de sécurité, de paix,en lui permettant d’être quelqu’un jus-qu’au bout. Accompagner cette per-sonne en étant convaincue de l’immenseamour que Dieu lui porte ; convaincueque cet être fragile est le Temple de l’Es-prit-Saint et qu’en elle, membre souf-frant du Corps du Christ, Jésus conti-nue sa passion qui va vers la Vie en plé-nitude et sans fin.

C’est dans cet espace offert que se faitla lumière en elle et en moi pour pro-noncer, si nécessaire, une parole au mo-ment adéquat.

Oui cette attention aimante est capitale :Aimer chacun comme un ami, aimerjusqu’à donner sa vie, aimer par-delà lesdouleurs, c’est donner et trouver le bonheur.

C’est découvrir la vie telle qu’elle est au-delà des apparences de la vieillesse et deses handicaps qui la voilent bien sou-vent ; c’est percevoir à travers leurs pau-vretés humaines les signes de leur di-gnité, de leur chemin de combat, de leurouverture à plus malheureux.

N’est-ce pas une joie d’entendre M. X.en chaise roulante, entièrement dépen-dant, les deux mains recroquevillées surelles-mêmes, dire avec assurance : « Jesuis heureux ! » ou cette Maman déso-rientée, m’accueillir chaleureusement ets’exclamer : « Je suis tant contente decommunier et de prier pour mes en-fants. » Mme Y., gravement souffrante,reçoit l’Onction des Malades, en Église,dans sa chambre d’hôpital entourée desa famille et de ses amis. À la prière d’in-tercession elle ajoute : « Je te rends grâceSeigneur pour ce temps de conver-sion… de préparation… »

Et le Père Carré, dominicain, de nouspartager : « Que la fragilité de moncorps et sa lente usure, ne fasse jamaispâlir mon sourire, n’altère jamais mavaillance intérieure. Parce que je suis leréceptacle de ta Vie, je voudrais quecette Vie rayonne autour de moi jus-qu’en la minute inimaginable où jem’endormirai sur ton épaule. »

Avec A. de S. Exupéry je dirais : « Voilàle secret du respect de la vie, il est trèssimple on ne voit bien qu’avec le cœur,l’essentiel est invisible pour les yeux. »

Sœur Camille

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DERNIÈRES IMAGES DU 850E DE BAGNES.

Nous avons déjà évoqué dans ces colonnesles nombreuses et belles festivités qui ontmarqué le 850e anniversaire de la premièremention du nom de Bagnes. Voici encorequelques photos offertes par Jean-YvesGabbud, journaliste.

Le 12 août 2000,lors de la journée of-ficielle, un grandcortège a permis derevisiter l’histoire dela plus grande com-mune de Suisse àtravers une dou-zaine de chars.Nous voyons ici lecomte de SavoieHumbert III si-gnant l’accord parlequel il cède àl’Abbé de Saint-Maurice une partiedes droits qu’il pos-sédait sur Bagnes enremboursement de la dette contractée par son père parti pour lesCroisades.

Chaque semaine de l’année, on a posé sur le clocher multi-sécu-laire du Châble un élément de la fresque du 850e. L’artiste,Arnould Oosthoek, a représenté, en plus d’un paysage, trois pan-neaux historiques. Dans leur ensemble, les panneaux présentent

les trois résidences des Bagnards : mayens, maisons, et vignes de Fully ; dans le même temps, la fresque raconte égalementl’évolution historique qu’a connu la vallée : du labour aux champs de neige.

Le 17 septembre, la célé-bration de la fête parois-siale a donné lieu à unebelle messe présidée parMgr Norbert Brunner,évêque de Sion, accom-pagné de Mgr AndréPerraudin et de Mgr Jo-seph Roduit. La proces-sion qui suivit a vu laparticipation des fanfaresdes Fifres et Tambours,du Vieux-Pays, des cho-rales, des autorités etd’une foule nombreuse.Tout ce monde fut invitéà partager l’apéritif et lerepas sur la place duChâble.

Chne Olivier Roduit

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Les anciens d’avant 1960 se souviennentde la ruelle qu’ils empruntaient, étroiteet pavée, pour se rendre depuis le col-lège à la salle de gymnastique qui étaitaussi salle de spectacle. Dans le prolon-gement de celle-ci, un chemin pavé, luiaussi, aboutissait à la porte latérale nordde l’église paroissiale Saint-Sigismond,édifiée sur une petite colline. Les an-ciennes gravures de Saint-Maurice fontbien voir ce monticule à l’extérieur desremparts.

C’est là que nos ancêtres ont édifié unepremière chapelle au début du VIe siè-cle alors que la cité d’Agaune accueillaitdéjà les pèlerins qui venaient vénérersaint Maurice et ses compagnons dansla basilique des martyrs, au pied du ro-cher. Elle fut dédiée à saint Jean, apôtreet évangéliste. Vers 535 on y ensevelitles corps du roi Sigismond et de ses com-pagnons, celui qui avait fondé le mo-nastère d’Agaune le 22 septembre 515.

Sigismond, roi des Burgondes

Sigismond, le premier roi catholique desBurgondes, de 516 à 523, a vécu à uneépoque où les conflits familiaux deve-naient des affaires d’État. Lui-même im-pliqué dans des jeux d’alliance et de tra-hison sera poursuivi par la soif de ven-geance des membres de sa propre fa-mille. En effet, il avait fait tuer son filsSigéric. Celui-ci, issu d’un premier ma-

riage, avait injurié la deuxième épousede son père qui le fit alors accuser decomplot contre le roi Sigismond. Maisrempli de remords à la suite de ce for-fait, le roi se réfugia à Saint-Maurice,où il avait fondé le monastère d’Agauneen 515, pour expier son crime dans lejeûne et la prière. C’est là que le roi francClodomir pourra se saisir de Sigismond,après avoir vaincu les Burgondes, aidéde l’Ostrogoth Theodoric le Grand, roid’Italie et père de la première femmedu roi Sigismond, et donc grand-pèrede Sigéric assassiné. C’était en 524. La

famille royale, avec ses deux jeunes gar-çons Gisclahad et Gondebaud, seraamenée à Orléans et précipitée dans unpuits. Il faudra l’intervention d’un abbéd’Agaune, Vénérand, pour que les dé-pouilles de la famille royale soient ex-traites du puits en 535. Elles seront ra-menées à Saint-Maurice. Les moines

LA RÉNOVATION DE L’ÉGLISE PAROISSIALE SAINT-SIGISMOND

Sous l’autel de l’église, la châsse de saint Sigismondet de ses Compgnons, martyrs.

34 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

feront construire une église sur ce lieude la sépulture qui deviendra aussi unbut de pèlerinage. Les reliques de Sigis-mond passaient pour guérir de la fièvre.

Histoire de l’église paroissiale

Au VIIIe siècle, les reliques furent dé-posées dans une crypte construite sousle chœur de l’antique église dont nouspouvons encore voir les vestiges sous

l’église actuelle. Au cours des siècles,cette église fut maintes fois transforméeou rebâtie et elle est devenue l’égliseSaint-Sigismond. En 1380, lorsqu’il vintà Agaune consacrer la nouvelle égliseparoissiale, l’évêque de Sion Édouard deSavoie offre une magnifique grille en ferforgé pour protéger la châsse contenantles reliques du saint. Ce reliquaire futdonné en 1364 par l’empereur d’Alle-magne Charles IV. Le trésor de l’Abbayepossède également une châsse duXIIe siècle appelé châsse des enfants deSaint Sigismond. Elle est actuellement

en restauration au laboratoire de recher-che du Musée d’art et d’histoire de Genève.De 1711 à 1720 environ, l’église fut en-tièrement rebâtie dans un style baroquetrès sobre appelé par les spécialistes « ba-roque alpin », de la fin du XVIIe et dudébut du XVIIIe siècle. Ce style s’étendde la Savoie aux Grisons, de la SuisseCentrale à l’Italie du Nord. Il prend plu-sieurs formes. Notre église paroissiale,

comme celle deSembrancher etl’église conventuellede Neu St. Johann(SG) est du style« église-halle ». Il estcaractérisé par un vo-lume extérieur sim-ple, une nef à troisvaisseaux, toutes lesvoûtes, y compriscelles du chœur, àmême hauteur.L’existence de ce typed’églises dans l’arc al-pin révèle le travaild’architectes qui

émigraient d’un endroit à un autre. Ony trouve en effet les noms de « Maistres »comme les Chiesa (= de l’Eglise), lesGianetta (= Joannet, Janetta) ou MichelMorchaz.

Les restaurations

Une église paroissiale n’est pas seule-ment un monument historique, témoindes artisans du passé. Elle est un édificeau service de la communauté chrétiennedont les goûts et les besoins varient aucours de l’histoire, pour dire et pourvivre sa foi. Elle va donc connaître des

La nef de l’église en chantier.

35LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

restaurations d’entretien et de transfor-mation, qui seront plus ou moins ap-préciées par les générations suivantes.En l’année jubilaire de 1901, sous lepontificat de Léon XIII, notre égliseparoissiale a été restaurée par le Cha-noine Louis Revaz, curé, comme nousl’apprend le médaillon de lavoûte, au-dessus de la tribune.C’est à cette époque que, entreautres, le maître-autel monu-mental a été déposé et transféré,semble-t-il, en Angleterre. Nousen avons perdu la trace.

En 1947, l’église paroissiale aété enrichie d’une œuvre artis-tique unique : les huit vitrauxde Marcel Poncet dans les gran-des fenêtres de la nef, représen-tant quatre juges de l’AncienTestament, Aaron, Moïse, Josuéet Samuel, et quatre prophètes,Élie, Jérémie, Daniel, Isaïe.Marcel Poncet, considérécomme le premier verrier d’Eu-rope, était un peintre remarqua-ble de la classe des Braque et desRouault. Paul Budry décrivaitainsi le travail artistique dans unarticle de la Gazette Littéraire,en août 1947 : « Pas de dessinspar les plombs ; à peine unecourbe autour des têtes ; tout lereste articulé par angle et lignes brisées.Au verre Poncet n’emprunte plus, commenaguère, une matière plastique etdessinante, docile au ciseau, il n’en retientque la nature tranchante, brisante, ada-mantine et miroitante, le verre en soi. Pourma part, je n’ai jamais vu de vitraux oùl’élément s’impose avec cette énergie, où ses

propriétés physiques conditionnent à cepoint le poème qu’elles semblent en for-mer l’idée première et dernière, l’idée d’unmonde pareil au verre, tout éclat, fragi-lité et cruauté : le nôtre ».

De 1960 à 1962, une nouvelle restau-ration a été réalisée alors que M. le cha-

noine Fernand Donnet était curé. Pourdonner de la clarté à l’église qui étaitalors très sombre, il a été décidé, augrand dam des admirateurs de l’œuvrede Poncet et de ses héritiers, d’enleverces vitraux. Ils ont été remplacés par desfenêtres claires avec, au centre de cha-cune d’elles, l’évocation d’une des huitbéatitudes, œuvre de Pierre Chevalley,

Dans le chœur de l’église, on distingue bien l’autel de A. Claraz.

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en 1966. Les vitraux de Poncet ont étéfinalement installés dans le chœur oùl’on a aménagé trois grandes ouvertu-res pour placer deux vitraux l’un surl’autre, ce qui, il faut bien le reconnaî-tre, dénaturait totalement l’œuvre ori-

ginelle de l’artiste.L’artiste, peintre et sculpteur, AntoineClaraz dessina l’aménagement duchœur pour mettre en valeur la chassede Saint Sigismond. Au centre, surélevécomme un tertre, il a placé l’autel, unetrès grande table de marbre pour le sa-crifice eucharistique célébré selon le rited’avant Vatican II. Le centre de la tabled’autel était occupé par un grand taber-nacle en bronze du même artiste. L’autelformait ainsi comme la pierre tombale

de la chasse des reliques de Saint Sigis-mond encastré dans la grille en fer forgédu moyen âge. Quelques années plustard, la réforme liturgique de Vatican IIa introduit la célébration de la messeface au peuple. À la suite de ce change-ment liturgique le tabernacle a été dé-posé pour que le prêtre puisse célébrerface à l’assemblée.

L’ancien et le moderne

En cette année 2001, notre église pa-roissiale connaît une nouvelle restaura-tion. Au pont de départ, il y a eu la né-cessité de rafraîchir la peinture à maintsendroits de l’édifice. À cette occasion,des groupes de réflexion de la paroisseont élaboré des projets pour un nouvelaménagement du chœur, pour diversesaméliorations de l’équipement del’église — acoustique, chauffage — etsurtout pour une remise en valeur desvitraux de Marcel Poncet. La réalisationde ces divers projets a été confiée à l’ar-chitecte Jean-Michel Rouiller et à l’ar-tiste-peintre Jean-Pierre Coutaz, tousdeux de Saint-Maurice.

Aujourd’hui, nous pouvons à nouveaucontempler les vitraux dans leur splen-deur première. Installés dans les fenê-tres de la nef, après avoir été nettoyésen atelier, ils nous dévoilent la richessedes couleurs que rayonnent les verrespréparés par l’artiste lui-même. Nouscomprenons mieux l’admiration qu’asuscité la réalisation de ces vitraux lorsde leur création.

De nouveaux vitraux habilleront lesgrandes ouvertures du chœur. C’est l’ar-tiste agaunois Jean-Pierre Coutaz, grandadmirateur de Marcel Poncet, qui s’est

La cuve baptismale de pierre est recouverted’une pièce de bronze sculptée par A. Claraz.

37LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

offert pour réaliser cette œuvre qui évo-quera l’effusion de l’Esprit Saint sur lesApôtres le jour de la Pentecôte. L’Espritqui a animé les guides et les prophètesdu peuple de Dieu de l’Ancien Testa-ment a été répandu en abondance surles Douze à Jérusalem. C’est ce mêmeEsprit qui accompagne l’Eglise et sescommunautés dans sa mission d’annon-cer l’Évangile.

Les vitraux de Pierre Chevalley conti-nueront de diffuser le message du Christdans le Sermon sur la Montagne. Avecces « Huit paroles pour l’Éternité »,comme les appelle Gilbert Cesbron,nous tracerons un chemin des Béatitu-des sur les bas-côtés de la nef.

Dans le chœur, l’autel a été avancé pourfaire davantage corps avec l’assemblée.Ceci a permis d’aménager un espacedans le fond du chœur pour les messesde semaine. À l’entrée du chœur, l’am-bon, table de la Parole, a été dressé avecle même marbre que l’autel, table del’eucharistie. Au sommet d’une nef la-térale, un nouvel espace pour le baptis-tère a été créé. De la cuve baptismale,taillée dans la pierre et recouverte d’unepièce de bronze sculptée par AntoineClaraz, jaillira la vie nouvelle dans le Christ.

Ces travaux de restauration seront cou-ronnés par l’installation de nouvellesorgues. Après dix ans d’effort, la fonda-tion Saint-Sigismond, sous l’impulsionenthousiaste de notre organiste, Ray-mond Berguerand, a réussi à réunir lesfonds pour doter notre église paroissialed’un nouvel instrument de qualité. Leprojet élaboré par notre organiste sousl’experte direction de M. le chanoineGeorges Athanasiadès, et avec la colla-

boration de M. le chanoine FrançoisRoten, verra son aboutissement dans lecourant de l’été. Un orgue de 25 jeuxenviron a été construit par la Manufac-ture de Grandes Orgues Th. Kuhn SA,à Maennedorf. Dès sa naissance, il con-naîtra une renommée mondiale, puis-qu’il sera utilisé pour la demie finale duConcours International pour Orgue quiaura lieu à Saint-Maurice du 18 au26 août de cette année.

Notre église paroissiale en chantier, no-tre église restaurée nous redit la richessede son histoire. Elle nous offre de con-templer des œuvres artistiques et arti-sanales qui révèlent le génie humain auservice du beau et qui élèvent l’âme dansla prière. Les anciens du collège qui par-ticiperont à la rencontre de cet automne,le samedi 27 octobre, seront invités àdécouvrir notre église paroissiale restaurée.

Les paroissiens de Saint-Maurice se ras-sembleront le 3 juin prochain, diman-che de la Pentecôte, pour célébrer l’inau-guration de leur église restaurée. Brû-lants de zèle pour la maison du Seigneurdans la cité, beaucoup ont déjà contri-bué par leurs dons à cette réalisation(env. Fr. 800’000.- pour l’église ; env.Fr. 650’000.- pour les orgues). Mais lechantier qui reste toujours ouvert c’estl’Église du Christ dont nous sommesappelés à être des pierres vivantes.

Chne Charles NeuhausCuré de la paroisse Saint-Sigismond

Restauration : CCP BCV, 19-81-6, Cpte U0850.71.73 Orgues : CCP BCV, 19-81-6,Cpte L 0829.29.51

NDLR. Ce texte a été rédigé bien avant laparution de ces Échos. C’est donc dans le

38 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Les influences qui ont permis au stylede Madeline Diener de s’épanouir ontété diverses dès sa jeunesse et elle n’ajamais cessé d’ouvrir les fenêtres de son« atelier intérieur » vers les travaux desautres artistes pour en tirer profit. En-couragée par Bosshard à s’engager dansla peinture à laquelle son grand-père,créateur et fabriquent de broderies,l’avait initiée dès sa petite enfance, elleentra à 18 ans à l’école des beaux arts

de Lausanne. Elle y découvrit la gravureavec Bischoff et Violette Diserens et futmarquée durablement par la personna-lité de Marcel Poncet et celle de Casi-mir Reymond. Cependant, elle quittaassez vite Lausanne pour travailler àSaint-Gall chez Stoffel. Heureusementles cours du soir et les liens d’amitié avecles peintres de la ville continuèrent saformation ainsi que les stages qu’elle fitchez des artistes d’Assise, de Rome, de

MADELINE DIENER

AU SERVICE DE LA BEAUTÉ ET DE LA COMMUNAUTÉ

Madeline Diener aimait beaucoup notreAbbaye pour laquelle elle a réalisé des mer-veilles, la dernière en date étant la face in-térieure du grand portail de la basilique.Elle ne se doutait pas alors qu’elle irait sirapidement rejoindre tous les martyrs dontelle a évoqué les noms.

Mgr Henri Salina l’a beaucoup encoura-gée dans son art qui s’est exprimé dans lapeinture, le dessin, l’aquarelle, la gravure,les textiles, la sculpture sur bois et sur bronze,la céramique, la mosaïque… Aussi n’est-cepas surprenant qu’il ait pris l’initiative d’unouvrage à paraître sur son œuvre. Des ar-tistes et des commanditaires apportent unéclairage particulier à cette œuvre qui, parla subtilité de l’expression et la parfaite maî-trise des techniques et des matières, justifie la place qu’a trouvée Madeline Diener dansl’effort de renouveau de l’art sacré qui a suivi Vatican II.

Nous vous offrons ici la contribution de Marie Jeanne Coloni, amie de MadelineDiener, ayant enseigné à l’Institut catholique de Paris les relations entre l’art et la foi.

39LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Venise, de Paris, de Provence, de Lon-dres. De là vient l’étendue des techni-ques qu’elle maîtrisait.

Il ne suffit pourtant pas de savoir fairepour être content de ce qu’on fait. Or,le travail de Madeline Diener s’inscritdans le profond questionnement dontla révolution française de 1968 a été uneexpression privilégiée et le concile Vati-can Il une réponse engageant le longterme. Les artistes de cette époque onteu souvent l’impression que tout avaitété dit et expérimenté avant eux, queles grands noms de l’art moderneavaient épuisé la sève occidentale, etrendu plus étroite la créativité de leurssuccesseurs. Comme beaucoup,Madeline Diener a mis en question sespropres œuvres, a cherché de nouveauxchemins pour s’exprimer.

À ce moment, la décolonisation géné-rale et ses préalables restituaient aux artsdes autres continents une noblesse quel-que peu oubliée aux siècles passés. Iln’est pas étonnant que les plus grandsde nos artistes se soient intéressés auxestampes d’extrême-orient comme auxsculptures africaines et aient cherchéauprès des maîtres de ces pays un re-nouvellement non seulement des for-mes mais du regard. Heureusementqu’en même temps les éditions des œu-vres maîtresses de la littérature de cespays ouvrait la possibilité d’une fréquen-tation profonde du génie de ces peu-ples, une première esquisse de familia-rité avec leurs élites.

En effet, il ne suffit pas de remarquer lapureté du trait d’une gravure exotiquepour en féconder un travail occidental :entre la pauvreté apparente de l’expres-

sion et l’intensité de celle-ci, il y a unmonde d’attention, d’observation, demodestie devant la nature qui condi-tionne la puissance et l’harmonie del’image. Les sculpteurs africains netaillaient pas une antilope sans s’y pré-parer comme pour une action religieuse,une fréquentation du mystère de la créa-tion. Et, certes, leur talent fascine parla science des volumes et l’a habileté duciseau, mais l’ampleur que prennent cescouvres au-delà de leurs dimensionstient à leur caractère sacré. Celui-ci in-duit une résonance dans le cœur de l’oc-cidental qui les contemple pourvu quece dernier se tienne humblement devantla réalisation d’autrui.

Toujours soucieuse de perfectionne-ment, avide de communiquer son en-thousiasme devant la nature, MadelineDiener n’a pas hésité à reprendre lemême thème, la même compositiondans des techniques différentes : dessin,aquarelle, gravure sur bois et même àtenter des procédés venus d’extrême-orient pour pousser plus loin la réalisa-tion de son travail, d’abord classique,en couvrant ensuite le bois d’un coupde pinceau aquarellé.

Les musées ne lui suffisaient pas pourse familiariser avec le travail des autrescultures, sa propre chambre était unpetit musée domestique dont elle rem-plaçait les éléments selon ses préoccu-pations du moment. A force de regar-der, sous tous les angles de lumière pos-sibles, les sculptures africaines ou lesgravures chinoises, elle finissait par trou-ver le courage d’innover pour mieuxadapter son travail au cadre auquel Ilétait destiné.

40 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Ce même respect, cette sorte d’amitiéqu’elle nouait spontanément avec lesartistes qui avaient orné les églises avantelle, la conduisait à chercher une har-monie entre la sculpture modernequ’elle proposait et l’œuvre d’art plusancienne dont sa réalisation serait pro-che. Ce souci est particulièrement évi-dent pour les autels qu’elle a réaliséspour être face au peuple, après le con-cile Vatican Il. Elle voulaità tout prix éviter de cacher,par cette nouvelle masse,l’autel inamovible qui cor-respondait à l’ancien rituelde la messe et qui pouvaitêtre fort beau. Pour respec-ter le travail du maître quil’avait précédée, MadelineDiener n’hésitait pas à évi-der le socle du nouvelautel, s’inspirant souventde la sculpture africainepour cela. Car elle ne vou-lait ni copier l’ancien styleni trahir l’œuvre ancienne.

Cette même sollicitude pour les géné-rations précédentes et le souci de trans-mettre leur message aux générationsmontantes apparaît dans les nombreu-ses réalisations qu’elle a consacrées à ladévolution populaire. Qu’il s’agisse descrèches à renouveler, des chemins decroix à adapter à la sensibilité moderne,des objets du culte eucharistique dontelle voulait restituer le sens, ou bien duréaménagement des cimetières en fonc-tion de l’évolution urbaine, toutes cesrecherches l’ont passionnée. Elle n’hé-sita même pas à entreprendre une véri-table catéchèse de mosaïques au baptis-

tère de la vénérable Abbaye de Saint-Maurice et à couronner cette œuvremajeure par une porte de bronze mo-numentale dédiée aux martyrs de tousles pays, de tous les temps et du nôtreaussi. Elle ne sentait ni l’effort ni la du-rée quand il s’agissait de servir une com-munauté.

On comprend, dès lors, l’audace descréations collectives auxquelles l’artiste

s’est prêtée plusieurs fois.Elle savait associer lesbonnes volontés d’uneparoisse de Ville Nouvellepour entreprendre des ta-pisseries ou des pat-chworks de plusieurs mè-tres carrés. Et c’était mer-veille de l’entendre susci-ter des initiatives, écoutertoutes les suggestions,animer un véritable ate-lier où chacun trouvait saplace et, pourtant, maîtri-ser la réussite commune

et assurer son unité. Comment faisait-elle ? Quel était son secret ? Sans doutela même modestie avec laquelle elleécoutait la leçon venue de ses profes-seurs, des artistes d’Afrique ou d’Asie,le même enthousiasme avec lequel ellese penchait sur « ses amies les fleurs »pour en apprendre la science des for-mes et des couleurs.

Marie Jeanne Coloni

Madeline Diener. Son œuvre. Un livre àparaître en octobre 2001 aux EditionsAd Solem. Format 23.5 x 27.5 cm, 208pages, 160 reproductions en couleurs eten noir et blanc, Fr. 74.-. A réserver auxEditions AD SOLEM, C.P. 479, 1211

41LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Le monde scolaire

Le collège de l’Abbaye poursuit sa mu-tation, s’adapte aux conditions nouvel-les imposées par la réforme de l’ensei-gnement secondaire et l’introductiond’une nouvelle Maturité. Les anciennessections (Littéraire, Scientifique, Mo-derne et Socio-économique) sont appe-lées à disparaître. La Maturité 2002 serala dernière du régime ancien. Depuisplusieurs années, le corps professorals’est penché sur cette évolution des étu-des gymnasiales. Peu à peu les nouvel-les règles entrent en application. Désor-mais, l’étudiant se voit octroyer la pos-sibilité de choisir entre diverses optionsqui offrent un cadre d’études moins ri-gide que l’actuel système. Enfin, auxexamens traditionnels (écrits et oraux)s’ajoutera pour les élèves de 4e et 5e an-nées, l’obligation de rédiger un travailde maturité dont la teneur devrait êtreproche des travaux de séminaires à l’en-trée à l’université.

Permettre la réussite du cursus scolaireest le souci permanent des parents et desenseignants. Consulté régulièrement, leForum des Parents apporte ses proposi-tions pour une meilleure gestion desétudes. Dans les questions débattuescette année, celle de la toxicomanie ré-pandue chez les jeunes reste évidem-ment un sujet très important d’inquié-tude. Établir des mesures de protectionest un objectif primordial.

Le corps professoral a pris des initiati-ves visant à assurer une meilleure effi-cacité dans le travail. De nombreux élè-ves des classes de 5e année participaientà une session de gestion du stress à Fri-bourg et à Lausanne. La démarche, in-titulée Matu en dé-stress, a été couron-

née de succès, et suivie de conférencesdepuis cette date. Internet, l’informati-que, la maîtrise des nouvelles technolo-gies de l’information et de la commu-nication (TICS) sont absolument indis-pensables dans l’enseignement. Un

CHRONIQUE DU COLLÈGE

Entre la gare et le collège…

42 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

groupe de professeurs est en train d’éla-borer des projets pour leur meilleure uti-lisation au service des élèves.

Dans ce contexte de changements, leConseil rectoral avait organisé l’annéedernière un audit, supervisé parM. Jean-Jacques Martin, Professeur defrançais et membre de ce conseil. Uninstitut genevois d’études statistiques a

dépouillé plus d’un millier de réponsesprovenant des professeurs, des élèves etd’un grand nombre de parents. Les ré-sultats furent rendus publics àl’automne. Toute la vie du collège —l’enseignement, les activités extra-sco-laires, les services administratifs, les con-ditions de vie des demi-pensionnaireset des internes — a été passée au criblede la critique. Le Collège de l’Abbayegarde une bonne image de marque.

Néanmoins des améliorations sont sou-haitées sur plusieurs points. Il est dé-sormais du ressort de la direction duCollège et de la Procure de l’Abbaye deprendre les mesures les favorisant.

Au service de la jeunesse du canton de-puis des siècles, le Collège de l’Abbayeest chargé d’une mission éducative re-connue par le pouvoir politique. Desaccords ont été signés à plusieurs repri-ses. Paraphée par M. Serge Sierro, Con-seiller d’État, chef du Département del’Éducation, de la Culture et du Sport,par Monseigneur Joseph Roduit, Abbéde Saint-Maurice et par M. le chanoineFranco Bernasconi, Procureur, la Con-vention du 26 avril 2001 engage l’Ab-baye jusqu’en 2020. La Congrégationdes Chanoines conserve cette responsa-bilité séculaire. De nouvelles clausesprécisent pour les prochaines années lesobligations réciproques, spécialement fi-nancières, du canton et de l’Abbaye dansla direction de l’établissement gymnasialagaunois.

Vie culturelle

Le programme culturel de l’année futparticulièrement intéressant. Concerts,représentations théâtrales, conférences,rien n’a manqué : autant d’excellentesoccasions pour les élèves de vivre debeaux moments d’émotion ou de satis-faire une curiosité intellectuelle en éveil.

Citons pour les étudiants en 1e, 2e et 3e

années dans le domaine musical, unconcert impromptu sur l’art de la fu-gue de Jean-Sébastien Bach (24 octo-bre), une représentation de La Flûteenchantée de Mozart (début décembre),une initiation à la musique interactive

L’affiche des Poissons rouges.

43LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

présentée par le musicienChristophe Felley le 17 janvier et uneautre à la Sonate le 5 avril.

Le théâtre reste un enchantement. Legrand acteur français Jacques Weber aoffert un remarquable récital littéraireen octobre. Au mois de janvier, la Com-pagnie François Marin (ancien du col-lège) s’est attaquée avec brio à une adap-tation d’un monument de la littératurerusse, la Légende du Grand Inquisiteurtirée des Frères Karamazov deDostoievski. Avec une grande sobriété,les deux acteurs MarcMayoraz et Raoul Teuscheront su rendre le dilemmeévoqué par le grand écrivainrusse entre les valeurs évan-géliques et la réalité tragi-que du monde. Les jeunesacteurs de la troupe du col-lège, dirigée par BertrandRoduit, professeur de fran-çais, ont joué au début marsune pièce contemporainedu répertoire français, LesPoissons rouges, comédiedouce-amère de JeanAnouilh.

Deux moments forts de découverte del’art littéraire furent proposés au coursdu premier semestre. Plusieurs classes

ont pu entendre l’écrivainfrançais Michelle Tour-neur : cette romancière ta-lentueuse témoigne de sonexpérience d’auteur et de lanécessité d’un travail inces-sant pour bâtir une œuvrelittéraire. Maurice Chappaza une dette immense enversles chanoines de l’Abbaye,ses professeurs. Sa vocationest née à cette époque bé-nie des études gymnasiales

dans les années trente, guidée par Ed-mond Humeau et les chanoines Nor-bert Viatte et Paul Saudan. À l’hiver desa vie, les hommages lui sont rendus :le dernier en date fut la remise des insi-gnes de Commandeur des Arts et desLettres, ordre français destiné à récom-penser auteurs et artistes, le 21 mai 2001à Martigny. Quelques mois auparavant(4 novembre), l’Assemblée des Anciens

La classe de 2 E Sciences.

Désirée, SAbrina et Marie surprises par le photographe.

44 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

du Collège a tenu à lui montrer son ad-miration. Le Testament du Haut-Rhône,œuvre très forte de Chappaz, a fait l’ob-jet d’une lecture publique à laquelle denombreuses classes purent assister enpremière audition. Lors de la journéeofficielle, Maurice Chappaz a rappelé àune assistance subjuguée avecquelle intériorité il fallait lire son texte :son intervention fut un moment de grâce.

Il faut ajouter également plusieurs con-férences sur différents sujets traitant del’économie, de la société ou des scien-ces. Présenté par Nicolas Buttet, fon-dateur du mouvementEucharistein, le ProfesseurDebinski de Fribourg évoquela « dette du sud » (16 no-vembre). Le groupe Unescodu collège organisait le29 novembre des débats surles Droits de l’Enfant. En jan-vier, Mademoiselle LaurenceÉquey, cadre à l’agence de pu-blicité Hermès Communica-tion de Genève, permettaitaux élèves de 4e et 5e socio-éco-nomiques de découvrir et de

démythifier le monde du mar-keting et de la publicité à tra-vers une excellente présentationd’exemples pratiques réels.

Semaine culturelle

Chaque année, vers la fin no-vembre ou au début décembre,une semaine entière est consa-crée à un pays, une culture, unthème. Aussi entre le 20 et24 novembre, le collège a vécuà l’heure britannique. Monsieur

David Henderson, professeur d’anglais,fut le maître d’œuvre de tout un ensem-ble de conférences, concerts, débats.Darwin, Stuart Mill, Shakespeare, Tur-ner furent tour à tour présents, des ex-perts de la société britannique ont évo-qué la presse anglaise, le footballd’outre-manche, la religion anglicane ;l’esprit britannique a gagné les élèves :chaque jour un Speaker’s corner commecelui du Hyde Park a permis à de nom-breux étudiants de se lancer dans desjoutes oratoires.

La Grande-Bretagne sans sa Familleroyale serait-elle ce qu’elle est ? À l’ins-

Pendant la pause, dehors…

Pendant la pause, à l’intérieur…

45LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

tar des usages universitaires pratiquésdans ce pays, un débat opposa un dé-fenseur des valeurs républicaines et unpartisan de la tradition monarchique.Les élèves présents se sont prononcés surla place de ce régime politique : en pays

républicain, il eût été surprenant d’as-sister à la victoire d’un pouvoir jugéappartenir au passé ; il n’empêchequ’une minorité a soutenu sans com-plexe ce système ou… du moins a mon-tré une sympathie pour son défenseur.

Le corps professoral a cependant béné-ficié d’une attention particulière : les élè-ves ont certes eu droit à une « cup oftea », mais les enseignants, heureux maî-tres… purent déguster un choix degrands whiskies.

Sport

Nos jeunes sportifs excellent dans denombreux sports. À l’automne, au 15e

Meeting d’Athlétisme inter-collègesFranco-suisses-romands, les athlètes duCollège ont brillé en décrochant lemeilleur classement chez les garçonscomme chez les filles.

Récemment, le 17 mai dernier, un heu-reux tirage n’a pas pour autant favorisél’équipe de football du collège arrivée3e au Tournoi du championnat de foot-ball inter-collèges Franco-suisses-ro-mands. De mauvaises conditions clima-tiques ont joué les trouble-fête et em-pêché les Agaunois de s’imposer commeils le méritaient.

Nous ne pouvions terminer ces lignessans évoquer notre jeune championStéphane Lambiel. Élève en 2e Scien-ces, le jeune Saxonin s’est hissé en quel-ques mois au niveau des grands cham-pions européens de patinage : aprèsavoir conquis le titre de championsuisse, il a brillamment participé auxchampionnats d’Europe de patinage ar-tistique qui se sont déroulés à Bratis-lava (Slovaquie) en février. Âgé de 15ans, Stéphane est sans nul doute pro-mis à de grandes espérances.

Souvenir

Le 18 mai, une assistance nombreuseentourait Madame Mireille Revaz, sesenfants et sa famille lors de la messe desépulture de César Revaz, célébrée à laBasilique. Une maladie implacable a ter-rassé en quelques mois notre ami et an-cien collègue César, parti l’année der-nière à la retraite.

Michel Galliker

Merci pour le sourire !

46 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Âgé d’à peine 16 ans (il les a fêtés le2 avril dernier), il est sans doute l’unedes figures les plus connues des élèvesdu Collège de l’Abbaye. Son palmarèsest impressionnant et, outre ses nom-breux titres nationaux, StéphaneLambiel peut se vanter d’avoir tutoyéjusqu’à l’élite euro-péenne. Vous avezcertainement en-core en tête sabrillante neuvièmeplace aux Cham-pionnats d’EuropeÉlite de janvier. Sitel n’est pas le cas,lui, et c’est biennormal, s’en sou-vient parfaite-ment : « Quand jesuis arrivé là-bas,j’étais impres-sionné d’y rencon-trer les plus grandschampions. A l’en-traînement, j’étaisavec les Russes, quiétaient les favoris. J’ai eu peur, je medemandais ce que je faisais là. Mais çam’a aussi motivé. » Tellement qu’il en adonc décroché une neuvième place.Était-ce une surprise ? « C’était un mi-racle ! Je ne pensais même pas me qua-lifier, car je n’avais jamais évolué à untel niveau. Dans le meilleur des cas, jepensais me retrouver… vingtième. »

Pessimiste, le Saxonin ? Non, tout sim-plement modeste. Toujours. Même àl’heure de fixer les objectifs pour la sai-son prochaine. Champion d’Europe ?« Peut-être pas l’année prochaine… Ilfaut travailler. Sans travail, on n’arrive àrien. L’année prochaine, c’est l’année

olympique, et il yaura les Cham-pionnats duMonde à Lau-sanne… Mon ob-jectif, c’est faireaussi bien que cetteannée. Et la quali-fication pour lesJO, c’est un rêve. »

Travailler… Unmot qui plaît tantau corps professoraldu Collège, et quia toujours habitél’esprit de Sté–phane, depuis sesdébuts il y a 9 ans.A 7 ans, il a donc

eu l’étrange idée de faire du patinageartistique. Explications : « Au départ,ma sœur en faisait. Comme ma mamanne voulait pas me laisser seul à la mai-son, elle me prenait avec elle. Et j’aivoulu mettre des patins… » Ce qui,l’histoire nous l’a montré, lui réussiraplutôt bien. Mais comment entrevoyait-il alors son avenir dans ce sport ?« D’abord, je voulais que ça reste un

STÉPHANE LAMBIEL, COLLÉGIEN ET PATINEUR

47LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

plaisir, comme les petits enfants, au dé-but, mon but était de m’amuser, trou-ver des gens… Il y a 7 ans que je suisdans le vrai circuit. A partir de ce mo-ment, je me suis dit qu’il fallait arriver àun niveau mondial. »

Pour atteindre un tel niveau, il lui fal-lait d’abord s’affirmer en terres helvéti-ques. En 7 ans, il a remporté 6 fois letitre national. Seul le titre 2000 lui aéchappé. Pourquoi ? Tout simplementparce qu’il était… blessé et n’avait pu yprendre part. Ces titres ont été acquisdans différentes catégories : une fois enespoirs, deux fois en cadets, autant enjuniors, et une fois en élite. Lequel re-vêt, à ses yeux, le plus d’importance ?« Le dernier, parce que c’était ma pre-mière compétition en élites. C’est à cetteoccasion que j’ai montré le meilleur pro-gramme de ma vie. Sans cette perfor-mance, je n’aurais jamais gagné. En plus,c’était à Genève, dans la patinoire demon club. » De son club ? Commentdiable — si j’ose écrire dans le journalde l’Abbaye — a-t-il atterri aux Vernets,qui ne se situent pourtant pas aux por-tes de Saxon ? « Il fallait trouver un bonentourage, une personne capable dem’amener très loin. Je suis donc allé àVillars. Mais je me suis aperçu que maprof — qui était très gentille — ne pour-rait pas m’amener plus loin. J’ai choisimon entraîneur actuel (ndlr. : PeterGrütter, Bernois installé à Genève de-puis tant d’années qu’il en a perdu sonaccent…) parce qu’il avait un très bonniveau et qu’il pouvait m’amener là oùje voulais. De plus, âgé de 56 ans, c’estun homme d’expérience. » Pourtant,malgré la différence d’âge, entre eux, lecourant passe bien. « Avec mon carac-

tère, je suis étonné que ça tienne autantque ça. Il faut remettre les pendules àl’heure, parce qu’il m’arrive de dépasserles bornes… Il faut parfois serrer lesdents, mais c’est normal, commente lejeune Lambiel, qui avait tenu, en débutd’entretien, à préciser son signe astro-logique : Bélier. Ça peut être important,souligne-t-il avant de reprendre, heureu-sement qu’il y a le soutien de la famille,lorsque l’on a l’envie de tout claquer… »

Les appuis extérieurs sont très impor-tants, et Stéphane ne manque pas uneoccasion de le rappeler : « La famille mesoutient déjà sur le plan financier ; c’estmon sponsor principal. Le patinage estun sport très cher. Mon père paie mesdépenses. Mais c’est surtout un soutienmoral. Dans le sport, il y a des hauts etdes bas. On a besoin de quelqu’un pournous remonter le moral. C’est le rôledes parents. » L’entourage est tellementimportant que Stéphane « patine aussipour le public. Il faut faire plaisir auxspectateurs. »

Et son public apprécie. La preuve, c’estque Stéphane Lambiel a son fan’s club :« Mon oncle, Nicolas Lambiel, a eucette idée de créer un fan’s club avec leprésident (ndlr. : Rémo Sargenti, qui estaussi le directeur de Papival, sponsor deStéphane). Cela permet d’avoir un sou-tien de plus, tant financier que moral. »

Un moral qu’il lui faut égalementd’acier, pour gérer sport et études. « Audébut, j’arrivais à faire les deux presquefacilement, commence-t-il. Mais jepense qu’au fil des années ce sera de plusen plus dur. J’espère que je n’aurai ja-mais à faire de choix entre les deux.Parce que, même en faisant une bonne

48 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

carrière dans le patinage, je ne pense pasque l’on puisse en vivre. Plus tard,j’aimerais bien faire des études de mé-decine. C’est pour cela que j’ai choisil’option scientifique. Pour le futur,c’était la meilleure section. L’année pro-chaine, je prendrai biologie-chimie. »

Quant à ses camarades et aux profes-seurs, leur attitude a-t-elle changé, aprèssa dernière perf ? « Le regard de chacuna changé depuis. Ils comprennent unpeu plus pourquoi je suis souvent ab-sent des cours. Et il y a une bonne am-biance en classe ; cela m’encourage pourtravailler, explique Stéphane, qui re-grette que la classe soit dissoute l’annéeprochaine. Et, comme je ne suis pas là

le lundi après-midi, il faut tout rattra-per… » A noter encore que « pratique-ment tous les profs sont venus me féli-citer. Même les ‘antisport’. »

Ainsi donc, tous sont fiers, et le serontencore longtemps, les premiers de pou-voir affirmer qu’ils étaient en classe avecl’élève Stéphane Lambiel, et les secondsde l’avoir compté parmi leurs élèves.

Jérôme Favre

Note de la rédaction. Parmi nos collégiens setrouvent plusieurs autres sportifs de haut ni-veau. Parmi eux, citons le champion suissede ski Grégoire Farquet, de Bagnes, dont lesjournaux ont parlé lors de sa participation auxchampionnats du monde junior à Verbier.

L’OCTOGAUNE« VOTRE JOURNAL RÉGIONAL MENSUEL VU PAR DES JEUNES »

Le portrait de StéphaneLambiel est dû à la plumedu rédacteur en chef deL’Octogaune, « Le nou-veau journal qui vous faitdécouvrir votre région, sesproblèmes et ses atouts ;Journal de la région deMartigny à Saint-Mau-rice ».

Belle initiative que celle deJérôme Favre, rédacteuren chef, et Pierre-MariePochon, chef de produc-tion. A eux deux, ils arrivent à publierrégulièrement ce petit journal mensueld’une vingtaine de pages A4 qui est

vendu — pour le trèsmodique prix de Fr. 1.50— dans une dizaine decommerces de la région.

Les deux journalistes enherbe nous font à chaquefois découvrir un village,une activité sociale re-marquable, un club ouune société ; tout celadans un style fort agréa-ble et dans une belle miseen page.

Les Échos de Saint-Maurice souhaitentun bel avenir à leur jeune confrère etfélicitent ses artisans.

Chne Olivier Roduit

* * *

49LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Nous ne publions dans cette rubrique que les nouvelles qui nous sont communiquées ouque nous relevons dans la presse. Nous demandons à tous nos anciens élèves, à leursfamilles et à nos amis, de nous communiquer systématiquement toutes les nouvellessusceptibles d’intéresser nos lecteurs (examens réussis, titres universitaires obtenus, no-minations ou distinctions, publications, décès…).Écrivez simplement à : Rédaction des Échos de Saint-Maurice, Abbaye, Case postale142, 1890 Saint-Maurice. Merci de votre collaboration ! Chne Olivier Roduit

CHRONIQUE DES ANCIENS

M. Jean-Claude Chaperon et M. Jean-Pierre Coutaz ont exposé leurs tableaux àla Galerie du Chêne à Lausanne du 7 décembre 2000 au 20 janvier 2001.

Le 21 mai 2001, à Martigny, Son Excellence M. Régis de Belenet, Ambassadeurde France à Berne, a remis les insignes de Commandeur de l’Ordre des Arts et desLettres à l’écrivain Maurice Chappaz.

M. Raphaël Arlettaz, directeur de l’antenne valaisanne de la Station ornithologiquesuisse de Sempach, a reçu le prix 2000 de la Fondation Elisabeth Rentschler pourla protection des espèces animales. De plus, M. Arlettaz a été récemment nommétitulaire de la chaire de biologie de la conservation à l’Université de Berne.

Le P. Bernard Maillard, OFMcap, a été nommé directeur des Œuvres pontificalesmissionnaires, MISSIO-OPM, de suisse et du Liechtenstein.

Le Conseil d’État du Valais a nommé deux directeurs de la formation profession-nelle du Valais romand. Il s’agit de M. Daniel Cordonier, qui devient directeur del’office d’orientation scolaire et professionnelle du Valais romand, et de M. JérômeBorgeat, qui sera le nouveau directeur de l’École professionnelle de Martigny.

On nous a communiqué le décès de M. l’abbé Justin Jobin, de Saignelégier, le 6avril 2000, et de M. Jacques Deladoëy, syndic d’Yvorne.

Rencontres de Saint-MauriceSamedi 27 octobre 2001

« Autorité à l'école et autorité de l'école »

Tel est le débat que nous proposera un ancien, Monsieur Jean Romain, philoso-phe, professeur et écrivain à Genève, à qui répondra Madame Cilette Cretton,rédactrice de l'Éducateur.

Et tout plein d'activités ad libitum, retrouvailles, apéritif, repas en commun, cafésthématiques, visite de l'église paroissiale (vitraux de Jean-Pierre Coutaz) et con-cert sur son nouvel orgue, assemblée générale, messe conventuelle.

50 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

Le samedi 4 novembre 2000, Monsei-gneur Joseph Roduit, Président d’hon-neur de l’Association des anciens Élè-ves du Collège de l’Abbaye accueillait,dans la grande salle rénovée du Collègeles Rencontres de Saint-Maurice 2001.Près de 200 participants à cette journéeconsacrée à la poésie et plus particuliè-rement dédiée à Maurice Chappaz. Uneaubaine pour les membres de l’associa-tion que de se réunir autour d’un An-cien dont la renommée rejaillit sur leCollège. Après la publication de Partirà vingt ans (Editions La Joie de Lire, 218p.) et son passage chez les étudiants en1998, le voilà parmi les Anciens, cevieux Monsieur, avec son gros pull et sacanne de montagnard, ce regard douxet perçant à la fois, l’apostrophe quijaillit de la moustache.

La matinée commence par la présenta-tion du poète par une fribourgeoise,Madame Gisèle Sallin, co-metteuse enscène de la dernière Fête des Vignerons,qui nous fait partager son affectueuseconnaissance de Maurice Chappaz. En-suite sont projetés trois films de jeunesréalisateurs inspirés de l’œuvre del’auteur de Vocation des fleuves. Félicita-tions et merci à Nadia Baumberger etOdile Cornuz pour Le petit garçon quicroyait au paradis, à Jean-Henry et Fré-déric Dougoud, ainsi qu’à Axelle Herren(membre du comité et responsable dece Festival de courts-métrages) pour Le

Cyclope, à Valérie Odermatt et Nicolas Meyerenfin pour Hommage à Maurice Chappaz.

Après la pause-café baignée de l’am-biance de convivialité qui marque cettejournée, Le Café-littéraire du Théâtre desOsses (Véronique Mermoud et AngeFragnière avec Matthias von Imhoff àla batterie) nous offre le Testament duHaut-Rhône, dans une mise en lecturede Gisèle Sallin. Une petite heured’écoute attentive d’un texte dense pré-senté avec talent et ponctué de cetteintervention inoubliable de MauriceChappaz qui décomplexe l’auditoire,désarçonne les organisateurs, range sonpoème dans les pages il doit demeureret renvoie chacun le lire à petites dosesdans le silence de sa chambre. Duelamical de la poésie et du théâtre que lePrésident ne peut interrompre qu’à l’ap-pel pressant de l’apéritif.

Après un délicieux repas en communau réfectoire de l’internat, concocté parla cuisine du collège et organisé commeà l’accoutumée de manière irréprocha-ble par M. le chanoine FrancoBernasconi, le café et le pousse-café sontpris au comptoir improvisé des troislieux de discussion, celui du Café desSports où il reçoit ses amis, celui du Baraux Maîtres tenu par Jean-Pierre Gross,Président de la Fédération suisse desAvocats ou celui du Café de la Cons-truction exploité par Jean-Marie Pittet,tous membres du comité.

LES RENCONTRES DE SAINT-MAURICE 2000

51LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

L’assemblée générale a permis d’ajoutercomme but statutaire de l’association,celui d’assurer le rayonnement du col-lège. Elle pourra accueillir désormais,outre les anciens élèves, les chanoineset les enseignants actuels. Son comitéélargi à treize membres, dont l’Abbé etdeux chanoines désignés par lui, a ac-cueilli Lucile Torrent, Cyril Saulnier,nouveau trésorier, Gabriel Troillet etPierre-Michel Volandré qui rejoignentM. le chanoine Charles Neuhaus, lesautres membres fondateurs PatrickProgin, secrétaire général, et ThierryMarguet, trésorier depuis 7 ans, ainsique le soussigné. Représentant les an-nées de maturité de 1960 à 1999, il n’at-tend que la générosité des membrespour mener à chef les multiples projetsqu’il a dans ses cartons.

La Messe conventuelle clôt la journée,dans cette sérénité qui n’est pas s’en rap-

peler ces Complies de fin de dimanched’internat. Avec un point d’orgue, évi-demment, offert comme chaque annéepar M. le Chanoine Georges Athanasiadès.

Le lien inter-générations, souhaité parnotre premier Président d’honneur,Mgr Henri Salina, se file gentiment.L’Association offre depuis 2000 unephoto-souvenir de la remise des diplô-mes à chaque maturiste, elle invite aurepas des Rencontres ceux qui fêtentleurs dix ans de matu. Ceux de 1965nous ont fait le plaisir de choisir lesRencontres 2000 pour célébrer, encorebien après la fin de la journée, leurs 35ans de diplôme. La mayonnaise com-mence à prendre, je vous dis !

Michel Tinguely

Photo de Gianni Ghiringhelli, BlonayMichel Tinguely, Avocat, Case postale 44, 1630 Bulle

52 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

La classe de diplôme de commerce 1951comptait 27 diplômés. Sur ce nombre,il faut malheureusement enregistrer ledécès de quatre condisciples qui nousont quittés pour l’autre monde. Quatreautres collègues ont renoncé, pour diversesraisons, à se joindre aux dix-huit survivantsqui sont partis en ce printemps ensoleillérejoindre leur vieil ami en Bavière.

Pourquoi avoir choisi une région si éloi-gnée de Saint-Maurice pour fêter ces re-trouvailles ? La vraie raison est la sui-vante : dès 1951, chaque cinq ans, nousavions organisé une réunion à Saint-Maurice et dans les environs. À chacunede ces réunions, notre ami HermannFabricius de Garmisch-Partenkirchennous a fait l’honneur et l’amitié d’êtreparmi nous. En remerciement pour tantde fidélité, nous avons simplementchoisi d’aller à sa rencontre pour fêterchaleureusement ce demi-siècle d’étu-des sur ses terres.

Départ en car de Saint-Maurice avec ar-rêts à Berne et à Zurich pour prendre encharge divers participants qui ont forcé-ment essaimé pour accomplir leur vie pro-fessionnelle et familiale. La joie des retrou-vailles se lisait sur les visages de chacun.

Dès notre arrivée à Garmisch-Partenkirchen, visite de la chapelleSaint-Antoine et examen de son trèscélèbre plafond. Réception par M. leMaire de la commune de Garmisch quinous a gratifiés d’un concert de lied desa belle voix de ténor, accompagné par

son épouse et de Mme Fabricius en cos-tume local. Le programme préparé parnotre ami bavarois fut riche et varié. Ildébuta par la messe du souvenir, célé-brée dans la vieille église de Garmisch(XIIIe siècle) par notre ami et condisci-ple Albin Jard de la Maison du Grand-Saint-Bernard. À cette occasion, leMaire de la ville et son frère nous ontinterprété quelques pages de leur réper-toire vocal. Dans son homélie, le célé-brant n’a pas manqué de rendre hom-mage à nos disparus : Michel Lugon deFinhaut, André Gaillard de Saxon, Mi-chel Crittin de Saint-Maurice, RaphaëlMichaud de Bovernier ainsi qu’à nosprofesseurs, MM. les chanoines JeanDeschenaux, Georges Revaz, FrançoisChevalley, René Gogniat, Paul Müller,Otto Jacomet, Paul Thurler, Jean-Ma-rie Closuit, Max Grandjean, XavierMaillat, Lucien Surdez, Aloïs Lickès,Denis Terraz, Marius Pasquier et RenéBérard (seuls ces deux derniers sont encore vivants).

Puis ce fut la découverte de Garmisch-Partenkirchen, la particularité de sesvieux quartiers et des maisons de la villepresque toutes décorées et recouvertesde peintures. La visite de la maison dutrès célèbre compositeur d’opéra Ri-chard Strauss, qui fit de Garmisch sonprincipal lieu de résidence et où soncorps repose au cimetière de la ville. Lajournée continua par la visite du stadeolympique de ski, du lac d’Eibsee pour seterminer par le restaurant de Grasberg oùnous avons contemplé des vues admira-

1951-2001 : 50 ANS DE DIPLÔME SAINT-MAURICE EN BAVIÈRE

53LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

bles sur la station et la plus haute cimed’Allemagne, le Zugspitze (2964 m.).Le troisième jour de notre périple ba-varois a été réservé à la visite de la capi-tale, Munich, où nous avons admiré enparticulier le Centre olympique (1972)avec le stade de football du Bayern, lecentre ville avec la résidence des rois deBavière, l’Hôtel de ville, des quartiersanciens avec des brasseries monumen-tales. La soirée se termina par le repasdu « cinquantième », ponctué par l’as-semblée de l’amicale et animé par notreinfatigable « administrateur » BernardCettou, ses réminiscences historiquessur notre période agaunoise et notre jeu-nesse studieuse. Des remerciements sontadressés au prénommé, ainsi qu’à notreami bavarois Hermann Fabricius, pourla magnifique organisation de ces jour-

nées printanières. Pour clore cette soi-rée, nous avons entendu une magistraleintervention, en allemand, de notre con-disciple Elias Kuonen, nous invitant àrenouveler, dans trois ans, une futureréunion dans le Haut-Valais.

Sur le chemin du retour, nous avons vi-sité l’église d’Ettal avec son collège, l’undes plus renommés de Bavière (700 étu-diants) et la fameuse « Wieskirche », unedes plus belles églises d’Allemagne choi-sie par l’Unesco comme monumentmondial de culture.

L’ambiance qui régna pendant ces jour-nées, la joie de l’amitié retrouvée, le rap-pel de souvenirs heureux, ont grande-ment favorisé la réussite de notre voyage.Souhaitons à toutes les classes d’anciensune aussi belle unité. Rendez-vous dans

Les participants devant la maison Richard Strauss : Au 1er rang, de gauche à droite : Claude Kaegi, MarcelRichard, Raymond Marchetti, Hermann Fabricius, Elias Kuonen, Emile Gex et Albin Jard. Au 2e rang :

Bernard Coudray, Bernard Cettou, Henri Métrailler, Eric Bandi, Maurice Mottiez, Jean Claret et EdmondAmacker. Au 3e rang : Serge Saudan, Bernard Matter, Norbert Bonvin, Paul Rouiller et Gaston Gigandet.

54 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

La croissance spirituelle

La vie spirituelle est un devenir cons-tant, une montée, que les Victorinscomparent volontiers à l’ascensiond’une montagne, dont le mont Thaborest le symbole. Dans cette croissance,ils distinguent avant tout deux grandesétapes. Dans la première, tout dépendde l’activité volontaire et consciente del’homme, de son effort de concentra-tion, de piété, de don de soi. C’est uneétape essentiellement « humaine ».Dans la deuxième au contraire, ce quiest premier, c’est l’action de Dieu : lavie de foi et d’amour est toute inspirée,toute mue par l’action de l’Esprit Saint.Cette étape « divine », où l’homme re-çoit passivement ce que Dieu lui donne,comporte elle-même deux degrés : dansle premier, l’action de Dieu est encoremêlée à l’activité humaine, tandis quedans le second elle prédomine de plusen plus, jusqu’à devenir exclusive.

Ces étapes, ces degrés de vie spirituelle,une image les symbolise de façon très

expressive : celle de l’arche d’alliance.On se souvient du récit de l’Exode : lesHébreux, entrés au désert après leursortie d’Égypte, avaient reçu de Dieul’ordre de construire une arche, qui se-rait le lieu de sa présence et le signe deson alliance. Cette arche est symboli-que : elle figure l’âme où Dieu demeure.Or l’arche est d’abord fabriquée par leshommes : ce qui figure la phase activede la vie spirituelle. Elle est ensuite trans-portée sur les épaules à la lumière de lanuée de feu : c’est la phase où l’emprisedivine se mêle à l’effort humain. Enfinl’arche pénètre dans le Saint des Saintsoù elle repose dans l’intimité divine, loinde tout ce qui est terrestre : c’est la der-nière étape, où l’homme n’a plus d’ef-fort à faire, puisque Dieu fait tout ; Dieudemeure seul, l’âme est perdue en lui.

Une telle classification a sans doutequelque chose de bien abstrait et sché-matique : l’École de Saint-Victor saural’utiliser avec souplesse. Elle a du moinsl’avantage de montrer que la vie spiri-

LA SPIRITUALITÉ DE LA CONGRÉGATION DE SAINT-VICTOR

SPIRITUALITÉ CANONIALE

(3E PARTIE)

Nous achevons la brève étude de la pensée et de la spiritualité des Victorins abordéedans les deux numéros précédents des Échos. Pour accéder à Dieu, avons-nous vu,l’homme passe progressivement de la science à la sagesse en trois paliers, correspondantaux trois sens de l’Écriture : littéral, allégorique et spirituel. C’est ce sens spirituel quinous intéresse maintenant, il nous mène au cœur et au sommet de l’enseignement del’École de Saint-Victor.

55LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

tuelle est une croissance, une montéecontinue, car, dit saint Bernard, « lamesure d’aimer Dieu, c’est de l’aimersans mesure ».

Première étapela contemplation humaine

1. Lecture et méditation.

Entrons dans la première étape. À la basede départ, il y a la « lecture divine »(lectio divina). La lecture de la Parolede Dieu était une pratique monastiquecourante, pratiquée aussi à Saint-Vic-tor (notons qu’on la redécouvreaujourd’hui, même dans les milieux

laïcs). Cette Parole, c’est d’abord natu-rellement la Bible, mais c’est aussi legrand livre de la création, ainsi que lesévénements du monde et les expérien-ces de la vie. En lisant la Bible, ou en-core ses commentaires par les Docteursde l’Église, la préoccupation premièrene doit pas être de scruter intellectuel-lement le texte, mais d’écouter la voixde Dieu qui nous parle par lui. Une telle« lecture » s’accompagne donc d’un si-lence méditatif où l’on a tout le loisirde réfléchir, sous le regard de Dieu, à ce

qu’elle signifie pour nous. Elle est uneassimilation personnelle du texte, une« rumination » qui amène une transfor-mation intérieure.

Pour qu’une telle lecture produise tousses fruits, il est nécessaire qu’à la faveurdu silence l’homme se saisisse pleine-ment, s’unifie, devienne vraiment lui-même. Les Victorins attachent une im-portance extrême à cette unificationintérieure ; c’est une œuvre ardue et delongue haleine, qui comporte une dou-ble purification : morale et psychologi-que.

2. Ascèse et intériorité.

La purification morale n’est autre quela conversion du cœur (la metanoïa bi-blique), la lutte contre les vices, la maî-trise des passions. Hugues parle ici de« circonspection des mœurs » : il s’agitde jeter le regard autour de nous, dansla réalité existentielle, pour voir si nouscorrespondons vraiment à ce que le Sei-gneur nous demande — et pour recti-fier s’il y a lieu notre comportement, nosintentions.

Mais cet effort ascétique se double, chezles Victorins, d’une purification psycho-logique. Cet aspect, qui est une de leursoriginalités, mérite toute notre atten-tion : il peut en effet suppléer à certai-nes insuffisances de beaucoup d’auteursoccidentaux préoccupés avant tout dela seule dimension morale. On sent icil’influence platonicienne, reçue à traverssaint Augustin et Denys l’Aréopagite.Cette purification ne vise pas seulementà rectifier le cœur, le vouloir et toute laconduite, mais à dégager la consciencede la multiplicité des choses terrestres

56 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

pour l’appliquer à l’éternel, à Dieu dansla contemplation. C’est donc un pro-cessus d’intériorisation, d’introversionque Hugues appelle soliloque, c’est-à-dire une « conversation avec soi-même »où « l’homme extérieur se soumet àl’homme intérieur » et « l’homme inté-rieur scrute les secrets du cœur ». Celarappelle le « connais-toi toi-même » dela sagesse grecque, avec cette différenceque l’intériorité aboutit à la connais-sance de Dieu — ce qu’exprime si bienla prière de saint Augustin : « que je meconnaisse, Seigneur, que je te con-naisse. » (Soliloques)

Prendre con-naissance desoi, disent lesmaîtres del’École deSaint-Victor,c’est prendre

connaissancede l’image de Dieu qui est en nous, etpar là s’élever à Dieu lui-même : « Parla connaissance de soi », dit Richard,« on accède à la connaissance de Dieu.Que l’homme apprenne donc d’abordà connaître l’image de Dieu qu’il est lui-même, alors il percevra quelque chosede Dieu, il aura de lui une certaine ex-périence directe ». Et encore : « Lemeilleur miroir qui permette de voirDieu, c’est indubitablement en soi-

même que l’esprit humain le trouve ».C’est pourquoi, ajoute-t-il : « Quicon-que aspire à voir Dieu, qu’il nettoie cemiroir, qu’il purifie son esprit. Ce mi-roir, il faut le tenir et le regarder cons-tamment. Il faut le tenir, de peur qu’ilne tombe entraîné par le poids des dé-sirs terrestres ; il faut le purifier pour quela vanité ne l’obscurcisse pas. Il faut lefixer constamment du regard, pour quel’attention ne se porte pas à des recher-ches vaines. Le miroir est-il pur, le re-gard demeure-t-il attentif à sa transpa-rence, alors la clarté de la lumière di-vine commence à briller, et une visionnouvelle et immense éclaire les yeux ».

Deuxième étape :la contemplation divine

Au terme de cet effort d’intériorisation,qui est, remarquons-le, un effort actif,l’homme est mûr pour une nouvelleétape, il franchit un seuil. Désormaistout vient d’en haut, de Dieu, de sonirruption, de son illumination : pourreprendre la comparaison de l’arche :une fois laborieusement bâtie, elle esttransportée à dos d’hommes ; l’hommeest passif sous l’emprise de l’Esprit deDieu : c’est le « contemplation divine ».Mais une loi de la vie spirituelle, c’estde croître toujours : cette contemplationva s’intensifier progressivement : ellepassera par deux degrés successifs.

1. Une prière encore mêlée d’humain(1er degré)

Au début, elle est encore mêlée d’élé-ments humains, c’est pourquoi Richardprécise : c’est une contemplation« humano-divine ». Il en parle longue-

57LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

ment dans un traité qui eut un grandretentissement et qui est un petit chef-d’œuvre mystique : « Les quatre degrésde l’amour ardent ». Voici ce qu’il ditde cette étape : « Un goût plus doux quele miel pénètre l’âme et l’enivre de sadouceur… C’est là cette douceur spiri-tuelle, cette suavité intime qui allaite etnourrit constamment les âmes commedes enfants nouveau-nés, et qui les con-duit progressivement à la vigueur del’âge mûr » (PL 196,12,17 D).

Pourtant cette contemplation n’est en-core qu’un premier stade : elle saisit lavolonté, qu’elle meut suavement, qu’elleblesse de l’amour divin, mais elle n’at-teint pas encore le centre de l’être, l’es-prit, l’intelligence profonde : « le pre-mier degré de contemplation (il s’agitde cette étape passive, non de tout cequi précède) embrase la volonté, maisn’illumine pas encore l’intelligence. Ilenflamme le désir, mais n’éclaire pas l’es-prit » (PL 1218 D). Ce n’est doncqu’une première ébauche destinée às’approfondir : il faut qu’une nouvellevenue de Dieu s’empare non seulementde la volonté, mais encore du fond spi-rituel, de l’esprit, et ce sera le seconddegré : la contemplation divine, la con-templation mystique au sens fort duterme, celle qui dépasse radicalementtout mode humain.

2. La prière parfaite (2e degré)

Cette nouvelle phase, Richard la décritainsi : « de même que la suavité que l’ongoûte dans le degré précédent… blessela volonté, de même dans celui-ci la per-ception de la clarté lie la pensée, de sortequ’elle ne puisse plus ni oublier ce

qu’elle a vu, ni penser à autre chose ». Ily a ici beaucoup plus que l’attrait infinide l’amour divin qui captive la volonté :c’est comme une rencontre directe deDieu dans une région plus profonde,celle de l’esprit ; c’est un face-à-face donton ne peut absolument rien dire, parcequ’il transcende tout mode humain.Cela se passe « par-dessus les nuages »dit encore le maître victorin. Et ce face-à-face « au-delà des nuages » est un chocsi intense, il atteint de telles profondeursde l’être qu’il est quelque chose d’inou-bliable, et aussi la source d’une joie in-dicible : « Qui pourrait exprimer toutela joie que procure pareille vision ? Unefois qu’on a éprouvé et goûté cette joie,on ne peut plus s’en passer lorsqu’elle sefait sentir, ni l’oublier lorsqu’elle disparaît ».

Dans les développements ultérieurs decette contemplation, qui n’est autrequ’une intense charité, une participa-tion à l’Agapè même de Dieu, l’esprithumain est tellement anéanti, mort àlui-même, qu’il n’a plus aucune préoc-cupation de lui-même, il passe tout en-tier en Dieu, il se laisse totalement agirpar lui. Dieu le fait alors vivre de sa pro-pre vie, il peut dire enfin en vérité avecsaint Paul : « ce n’est plus moi qui vis,c’est le Christ qui vit en moi » (Gal2,20). C’est comme une totale identifi-cation au Christ mort et ressuscité. C’estpourquoi dans le Christ, mû par sonEsprit, il se donne totalement, dans unamour en quelque sorte infini, puisquec’est l’amour même de Dieu, l’Agapè, àla fois au Père et aux hommes ses frères.Pour eux il se dévoue jusqu’à l’héroïsme,il peut dire comme saint Paul : « je mesuis fait tout à tous pour les sauvertous. » (1 Co 9)

58 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

On voit ainsi que l’union à Dieu la plusélevée, celle qu’à la suite de saint Jeande la Croix et de sainte Thérèse d’Avilaon nomme l’union transformante, loinde détourner l’homme du monde, faitde lui un apôtre de feu, participant étroi-tement à la Croix rédemptrice duChrist.

Actualité des Victorins

On pourrait penser qu’un enseignementsi élevé, qui paraît tellement nous dé-passer, ne nous concerne pas, surtout ànotre époque. Et pourtant le progrèsdans la prière, dans la vie spirituelle, c’estune chose à la-quelle on n’estpas suffisammentattentif. Ons’imagine queprier, à toutes lesétapes de la vie,est une activitétoujours plus oumoins identiqueà elle-même,donc quelquepeu monotone,et que ne pasoublier la prière,c’est déjà beau-coup demander.Alors que la vraie prière, la prière ducœur, mène à un approfondissementétonnant, à une intimité croissante avecDieu, en même temps qu’elle ouvre tou-jours plus largement au prochain et àl’action. De cela, les Victorins étaientbien conscients, c’était pour eux uneexpérience vécue ; c’est pourquoi, en dé-pit d’un langage et de formes qui ne sont

plus de notre temps, ils nous parlent sifort aujourd’hui encore.

Ils sont actuels aussi parce que leur doc-trine est toute nourrie de l’Évangile,centrée sur le Christ, sur l’Église : biendes mystiques ont été suspectés au coursde l’histoire, eux jamais. En notre tempsoù les sectes foisonnent, où les religionsorientales offrent une alternative atti-rante, ils peuvent nous aider à redécou-vrir saint Jean, saint Paul, toutes les ri-chesses mystiques de notre traditionchrétienne. Par là, ils nous tracent unauthentique chemin vers la sainteté,cette sainteté à laquelle tout chrétien est

appelé à tendre selon sa propre voca-tion, le Concile l’a clairement affirmé.Ils nous montrent comment répondreà l’appel du Seigneur : « Soyez parfaitscomme votre Père céleste est parfait »(Mt 5,48).

Chne Jean-Bernard Simon-Vermot

59LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

TRAVAUX ET GÉNÉROSITÉS

La page de couverture de ce numéroreproduit un cliché du photographeBoissonnas de Genève. Vous y recon-naissez les stalles de notre Basilique quiont subi une cure de jouvence ces der-niers mois grâce aux travaux de M.Claude Veuillet et de son équipe. Nousespérons bien pouvoir prochainementprésenter plus longuement ces stallesconstruites par Alexandre Mayer et sonfils Jean-Pierre entre 1703 et 1706.

La photo que nous avons reproduiten’étant pas datée, nous pouvons toute-fois affirmer que le cliché a été tiré après1933, mais avant 1948. En effet, lorsde la restauration de la basilique en1933, on a recouvert de blanc les pein-tures murales. En 1948, on a transforméla porte de la sacristie que l’on voit icisur la gauche, remplacé la colonne demarbre noir par un pilier de tuf, sup-primé la table de communion et amé-nagé un chancel. Notons enfin que lecarrelage dont l’entretien a fait suer desgénérations de novices a été lui aussiremplacé en 1962.

Quiconque entrera dans notre Basiliqueremarquera encore que les voûtes et lesmurs ont été repeints, mais que les boi-series du chœur et le trône abbatial sonttoujours en restauration. Des spécialis-tes étudient toujours le réaménagementdu chœur et l’éclairage de l’église.

Ces derniers mois, M. le Procureur adû s’occuper de nombreux travaux. Tous

les volets de la façade Sud de l’Abbayeont été remplacés. Les locaux de la Pro-cure ont été réaménagés ; on a fait di-vers travaux d’assainissement et d’équi-pement à la cuisine. Le local des archi-ves a été entièrement rénové et l’on acréé un bureau pour l’archiviste. Unarchitecte étudie l’aménagement de l’an-cienne bibliothèque est en salle capitu-laire : d’immenses travaux en perspec-tive puisque l’on va en profiter pourrefaire les chambres du Noviciat et duNoviciat du haut et réaménager la toi-ture du côté Nord.

Au collège, diverses réfections ont étéentreprises, parmi lesquelles la restau-ration complète de la cafétéria. L’inter-nat se voit de plus en plus « colonisé »par le collège, ce qui passe par la créa-tion de nouvelles salles de classe.

On a encore refait le chemin d’accès àNotre-Dame du Scex et entrepris quel-ques travaux à la Ferme En Pré et dansles vignes. Le bâtiment « Dubois » de larue Saint-Sigismond est actuellement enréfection complète.

Cette liste non exhaustive montre bienles soucis de notre Procureur, soucis quiont été allégés par la généreuse contri-bution de nombreux amis qui ont faitun bel usage du bulletin de versementencarté dans les Échos.

Que chacune et chacun soit chaleureu-sement remercié.

Chne Olivier Roduit

60 LES ÉCHOS DE SAINT-MAURICE

CHRONIQUE DES LIVRES

Jean Ansaldi, Le combat de la prière, del’infantilisme à l’esprit d’enfance. Poliez-le-Grand, Éd. du Moulin, 2001, 91 p.

Daniel Marguerat, Résurrection. Une his-toire de vie. Poliez-le-Grand, Éd. duMoulin, 2001, 98 p.

Jean Zumstein, Notre Père. La prière deJésus au cœur de notre vie. Poliez-le-Grand, Éd. du Moulin, 2001, 91 p.

REÇU À LA RÉDACTION

Mgr Joseph Roduit,Chrétiens jusqu’au boutdes doigts. Petit guidepour la prière et la vie detous les jours. Saint-Mau-rice, Œuvre Saint-Augustin, 2001, 76 p.

L’engagement de MgrJoseph Roduit au service de la familleet de la jeunesse l’a fait apprécier bienau-delà du Valais. Ses nombreuses con-férences et prédications lui ont fait dé-velopper le thème des cinq doigts de lamain. Il a développé cette belle imagedans un petit livre paru aux ÉditionsSaint-Augustin qui se veut un petit guidepour la prière et la vie de tous les jours.Une manière de décliner des attitudesconstitutives des rapports humains,comme par exemple l'écoute et l'affec-tivité. Et dans une main où le pouce sertà la préhension, Mgr Roduit aime à direla compréhension de toute la vie qu'ap-porte la spiritualité.

M. Jean-Jacques Gay nous a envoyé sabelle traduction des psaumes qu’il apubliée récemment. Il nous la présenteainsi : « Traduction des Psaumes selonLiber psalmorum juxta septuagintaemendatus et Liber psalmorum juxtahebraicum translatus, de saint Jérôme.Essai d’expression française. » Les psau-mes, Éditions Jan Amos Komensky,2001, 225 p.

M. Fernand Gay nous a dédicacé unexemplaire du petit volume qu’il a pu-blié à la mémoire de son ami PaulVoutaz décédé en 1935 à l’âge de 20

ans. Il s’agit de la correspondance entrePaul Voutaz et Georges Borgeaud, pré-sentée par Fernand Gay. Paul Voutaz,Le prince de l’amitié. Lettres de PaulVoutaz à Georges Borgeaud. Sierre, Édi-tions à la carte, 2000, 52 p.

M. Yvan Fournier a eu la bonté de nousoffrir le magnifique ouvrage auquel il acollaboré. Lieux-dits de nos alpages.Nendaz - Isérables. Édité par l’Associa-tion pour la sauvegarde du patrimoinenendard sous la direction d’Arsène Praz.

Nendaz, 2000, 199 p.Les auteurs ont relevétous les noms de lieuxpatois de leurs alpages.Ils donnent la traduc-tion et une explicationétymologique de prèsde 550 noms qui onttendance à se perdreactuellement, mais quiracontent la longue

histoire des vachers qui ont façonné lesprairies escarpées de ces belles monta-gnes livrées aujourd’hui aux touristes.