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92 Annales de lUniversité Marien NGOUABI, 2011-2012 ; 12-13 (3) : 92-113 Sciences Juridiques et Politiques ISSN : 1815 4433 www.annales-umng.org LES DROITS DE L’HOMME AU CONGO : UNE VOLONTE DAPPLICATION MANIFESTE MALGRE DES DIFFICULTES EVIDENTES V. MAVOUNGOU Université Marien NGOUABI Faculté de Droit B.P. 69, Brazzaville, Congo INTRODUCTION Les droits de lhomme, aujourdhui question transversale, sont l’une des conditionnalités premières dans les rapports entre les citoyens et les Etats 1 et nécessaires au développement harmonieux de ces derniers. Aucun Etat dans la dynamique de développement intercommunautaire, ne peut se soustraire au respect des droits de l’homme, qui sont devenus des valeurs universelles, 2 induisant non seulement la responsabilité internationale, mais plus encore, l’émergence dun monde de justice, de stabilité, de paix et de démocratie, porteur de promesse pour la bonne et sereine existence de l’humain en société 3 1 La question de la responsabilité de lEtat, en matière de protection des droits de lhomme est dune importance primordiale, car il ne suffit pas de déclarer un droit, il faut le garantir". (Cf. Gérard Soulier ; "Nos droits face à lEtat", édition du Seuil, Paris 1981 ; P7.).L’Etat est donc au centre de lintérêt des droits de lhomme pour tout citoyen, à défaut de lappropriation effective de ceux-ci par ce dernier. 2 La déclaration Universelle des Droits de lHomme du 10 décembre 1948 traduit dans son préambule et ses 30 articles, lintérêt majeur des droits de lhomme pour tous les citoyens du monde ; doù leur caractère universel 3 Cf . le pacte International relatif aux droits civils et politiques adopté et ouvert à la signature, à la Il est certes indéniable que la société ne peut se développer sans les droits de l’homme. Depuis la fin du XXe siècle, plusieurs mécanismes régionaux et internationaux ont vu le jour, essayant dexercer leur vigilance sur l’ensemble du monde, des gouvernements et des peuples. In fine, les droits de lhomme visent dans leur essence ; la promotion et la protection des droits et libertés des citoyens 4 . Cette politique se fixe comme objectifs ; l’éradication des inégalités, l’instauration et le renforcement de l’Etat de droit, pour une nation acceptable par tous et, pour ce qui est des droits fondamentaux des populations, elle tend à renforcer des capacités nationales aux fins de l’appropriation et la jouissance ratification, à ladhésion par lAssemblée Générale dans sa résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre 1966. entrée en vigueur ; le 23 mars 1976, conformément aux dispositions de larticle 49 4 En matière de droit International, « on admet que les droits correspondant aux droits du citoyen sont les droits de l’homme ». voir 1 SZABO ; « Fondements historiques et développement des droits de lhomme ». P21, in, les dimensions internationales des droits de lhomme-UNESCO- Paris 1978,780p.

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V. MAVOUNGOU Ann. Univ. M. NGOUABI, 2011-2012 ; 12-13 (3)

Annales de l’Université Marien NGOUABI, 2011-2012 ; 12-13 (3) : 92-113Sciences Juridiques et Politiques

ISSN : 1815 – 4433www.annales-umng.org

LES DROITS DE L’HOMME AU CONGO : UNEVOLONTE D’APPLICATION MANIFESTEMALGRE DES DIFFICULTES EVIDENTES

V. MAVOUNGOU UniversitéMarien NGOUABI Faculté de

DroitB.P. 69, Brazzaville, Congo

INTRODUCTIONLes droits de l’homme, aujourd’hui

question transversale, sont l’une desconditionnalités premières dans les rapportsentre les citoyens et les Etats1 et nécessaires audéveloppement harmonieux de ces derniers.Aucun Etat dans la dynamique dedéveloppement intercommunautaire, ne peut sesoustraire au respect des droits de l’homme,qui sont devenus des valeurs universelles,2

induisant non seulement la responsabilitéinternationale, mais plus encore, l’émergenced’un monde de justice, de stabilité, de paix etde démocratie, porteur de promesse pour labonne et sereine existence de l’humain ensociété3

1 La question de la responsabilité de l’Etat, enmatière de protection des droits de l’homme estd’une importance primordiale, car il ne suffit pas dedéclarer un droit, il faut le garantir". (Cf. GérardSoulier ; "Nos droits face à l’Etat", édition du Seuil,Paris 1981 ; P7.).L’Etat est donc au centre del’intérêt des droits de l’homme pour tout citoyen, àdéfaut de l’appropriation effective de ceux-ci par cedernier.2 La déclaration Universelle des Droits del’Homme du 10 décembre 1948 traduit dans sonpréambule et ses 30 articles, l’intérêt majeur desdroits de l’homme pour tous les citoyens dumonde ; d’où leur caractère universel3 Cf . le pacte International relatif aux droits civilset politiques adopté et ouvert à la signature, à la

Il est certes indéniable que la sociéténe peut se développer sans les droits del’homme.

Depuis la fin du XXe siècle, plusieursmécanismes régionaux et internationaux ont vule jour, essayant d’exercer leur vigilance surl’ensemble du monde, des gouvernements etdes peuples.

In fine, les droits de l’homme visentdans leur essence ; la promotion et laprotection des droits et libertés des citoyens4.Cette politique se fixe comme objectifs ;l’éradication des inégalités, l’instauration et lerenforcement de l’Etat de droit, pour unenation acceptable par tous et, pour ce qui estdes droits fondamentaux des populations, elletend à renforcer des capacités nationales auxfins de l’appropriation et la jouissance

ratification, à l’adhésion par l’Assemblée Généraledans sa résolution 2200 A (XXI) du 16 décembre1966. entrée en vigueur ; le 23 mars 1976,conformément aux dispositions de l’article 494 En matière de droit International, « on admet queles droits correspondant aux droits du citoyen sontles droits de l’homme ». voir 1 SZABO ;« Fondements historiques et développement desdroits de l’homme ». P21, in, les dimensionsinternationales des droits de l’homme-UNESCO-Paris 1978,780p.

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effective de ces droits individuellement ou defaçon collective5

A l’effet de faire droit à ces exigencesidoines au bien être de l’homme, le Congo nefait pas exception à l’application des pratiquesuniversellement reconnues en la matière.

Deux axes vont décrire pour cetteétude ; l’approche congolaise ou du moins desgouvernants dans l’application des règles liéesaux droits de l’homme. On évoquera ici, lavolonté manifeste d’application des règles dedroit de l’homme, esquissée autour d’un bilan,qui se traduit par l’implication volontariste duCongo dans l’acceptation et la mise en œuvrede la politique planétaire des droits del’homme6 (I).

Et dans un domaine dont on peut dire,enclin à une évolution permanente, ledit bilansuscite des attitudes d’amélioration ou decorrection, pour prétendre à la valorisation desambitions vouées à la promotion et à laprotection des droits de l’homme. Il ne fait nuldoute que des difficultés auréolentl’engagement du Congo en la matière7 (II).

5 Quatre catégories des droits président à lasatisfaction des droits attenants à la bonne vie ducitoyen : les droits civils et politiques ; les droitséconomiques et culturels ; les droits dits de lasolidarité ; et les droits liés aux nouvellestechnologies de l’information et de lacommunication6 La constitution congolaise du 20 janvier 2002 aconsacré l’internalisation dans le corpus normatif,notamment dans son préambule, les principesfondamentaux relatifs aux droits de l’hommedûment ratifiés par le Congo ; ce qui est unengagement fort dans un secteur souvent sujet àcaution7 Les révolutionnaires français du XVIIème siècleaffirment avec raison que : « la méconnaissance,l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont lescauses des malheurs publics, de la corruption desdirigeants des Eta ts »,. Cette thèse peut-ondire, pourrait être encore d’actualité si un Etat ouses dirigeants s’emploient à ignorer l’intérêt desdroits de l’homme. On est donc tenu ou tout au plusde veiller sur l’évolution de ces derniers et leurimplication dans la société. (Voir Karel VASAK ;« les dimensions internationales des droits del’homme ». ouvrage collectif Unesco op.cit.

I. - UNE VOLONTE MANIFESTED’APPLICATIONDES REGLES DES

DROITS DE L’HOMME

A) l’esquisse d’un bilan

Faire un bilan dans une matièredonnée, c’est apprécier quantitativement et/ouqualitativement les résultats auxquels on estparvenu, au regard des exigences liées àl’existence de ladite matière. Le bilan duCongo sur les droits de l’homme, supposeainsi, l’arrimage de ce dernier à la donneinternationale y relative, notamment ; lesrègles et différentes normes conventionnellespréétablies8.

A.1. La souscription du Congo auxinstruments internationaux en matièredes droits de l’homme

"Prendre un engagement est une chose,le matérialiser en est une autre", tant lescontingences au niveau endogène à la vie d’unEtat peuvent, surtout dans ceux dits émergents,être constitutives de frein à la volontéd’honorer ledit engagement.9

On peut cependant reconnaître quemalgré les nombreuses turbulences à sa viepolitique, le Congo a eu à remplir autant quefaire se peut ses obligations internationales.Cette pratique est restée constante depuisl’accession à la souveraineté internationale.

Au lendemain des conflits armés10, lanécessité s’est imposée de restaurer l’Etat de

8 On peut distinguer 2 sortes d’instrumentsinternationaux relatifs aux droits de l’homme, auxstatuts juridiques différents ; les déclarations,principes, directives, normes et recommandationsqui n’ont pas force obligatoire, mais plutôt moralepour les Etats. Les traités internationaux, eux,dénommés selon les cas ; pacte, statuts, protocolesou conventions, ont force obligatoire pour les Etatsqui ratifient ou qui y adhèrent. Cf. droits del’homme ; recueil d’instruements internationaux ;volumes I et II, United Nations Publication-NewYork et Geneva 2002.9 Voir 1. Charpentier : « contrôle de l’exécutiondesd obligations des etats ». in RGDIP 1983, Tome87 P. 209 ss.10 De 1993 à 1999 le Congo a été le théâtre deplusieurs conflits fratricides qui ont détruit lestissus politiques, économiques, sociaux et culturels.

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droit propice à l’éclosion des droitsfondamentaux de l’homme, les libertés, ladignité de la personne humaine et la justice.Cette préoccupation a été clairement expriméepar le Président de la République du Congolors de son investiture en 2002. Cette volontépolitique s’est traduite par l’adhésion duCongo aux instruments internationaux,régionaux et sous régionaux.

A.2. Cadre juridique d’exercice des droitsde l’homme

Pour assurer la promotion et laprotection des droits de l’homme, le Congo anon seulement ratifié les instrumentsinternationaux, régionaux, mais aussi adoptéun arsenal juridique interne important.

A.3. La ratification des instrumentsjuridiques internationaux

Le tableau I donne une idée desprincipaux textes internationaux ratifiés par laRépublique du Congo.

A.4. La législation interne

1. La constitution11

La Constitution du 20 janvier 2002énonce dans son préambule : « Déclaronspartie intégrante de la présente constitution, lesprincipes fondamentaux proclamés et garantispar :

- la charte des Nations Unies du 24 octobre1945 ;

- la Déclaration universelle des Droits del’Homme du 10 décembre 1948 ;

- la charte africaine des droits de l’homme etdes peuples du 26 juin 1981 ;

- la charte de l’unité nationale et la chartedes droits et des libertés adoptées par laconférence nationale souveraine le 29juillet 1991 » ;

11 Nous nous appesantirons plus sur la Constitutiondu 20 janvier 2002, qui donne une placeprépondérante à la promotion et à la protection desdroits de l’homme, bien que les précédentes n’aientpas éclipsé cette dimension, mais dans l’ensemblefaisant preuve de timidité dans l’approche. Cf. M.Alexis GABOU ; « les constitutions congolaises »in LGDJ Paris 1984, 546p.

- tous les textes internationaux pertinents,dûment ratifiés relatifs aux droits del’homme.

2. Les lois et règlements12

Les mesures légales ou règlementairesconstituent la traduction dans l’ordre juridiqueinterne des différents accords et traitésinternationaux auxquels la République duCongo est partie en matière des droits del’homme. C’est à cet effet que les mesureslégales ci-après peuvent être citées :

- Loi n° 60-18 du 16 janvier 1960 tendant etprotéger la moralité de la jeunessecongolaise ;

- Loi n° 35-61 du 20 juin 1961 portant codede la nationalité congolaise ;

- Ordonnance n° 62-62 du 28 juillet 1962portant interdiction de procédés de nature àcaractériser l’apparence d’une personne àune ethnie déterminée ;

- Loi n° 1-63 du 13 janvier 1963 portantcode de procédure pénale ;

- Loi n° 18-64 du 13 juillet 1964 réprimantla sortie illicite hors du Congo d’un enfantné de mère congolaise et d’un pèreétranger ;

- Loi n° 15-66 du 22 juin 1966 modifiant laloi n° 19-64 du 13 juillet 1964 sur laprotection des élèves mineurs ;

- Loi n° 45-75 du 15 mars 1975, instituantun code du travail de la RépubliquePopulaire du Congo ;

- Loi n° 51-83 du 21 avril 1983 portant codede procédure civile, commerciale,administrative et financière ;

- Loi n° 73-84 du 17 octobre 1984 portantcode de la famille ;

- Loi n° 001-84 du 20 janvier 1984 portantréorganisation de l’assistance judiciaire ;

- Loi n° 004-86 du 25 février 1986 instituantle code de sécurité sociale en Républiquedu Congo ;

- Loi n° 009-88 du 23 mars 1988 instituantun code de déontologie des professionnelsde la santé et des affaires sociales ;

- Loi n° 21-89 du 14 novembre 1989 portantrefonte du statut général de la fonctionpublique ;

12 Cf. les parutions du journal officiel de laRépublique du Congo depuis l’indépendance en1960 à nos jours.

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- Loi n° 003-91 du 23 avril 1991 sur laprotection de l’environnement ;

- Loi n° 009-92 du 22 avril 1992 portantstatut, protection et promotion de lapersonne handicapée ;

- Loi n° 002-93 du 30 septembre 1993modifiant l’article 30 de la loi n°35-61 du20 juin 1961 portant code de la nationalitécongolaise ;

- Loi n° 25-95 du 17 novembre 1995modifiant la loi scolaire n°08-90 du 06septembre 1990 et portant réorganisationdu système éducatif en République duCongo ;

- Loi n° 006-96 du 06 mars 1996 modifiantet complétant certaines dispositions de laloi n° 45-75 du 15 mars 1975 instituant uncode de travail de la République duCongo ;

- Loi n° 008-98 du 31 octobre 1998 portantdéfinition et répression du crime degénocide, des crimes de guerre et descrimes contre l’humanité ;

- Loi n° 009-1998 du 31 octobre 1998portant institution, attributions etfonctionnement du Médiateur de laRépublique ;

- Loi n° 001-99 du 08 janvier 1999 portantattributions, organisation etfonctionnement de la haute cour dejustice ;

- Loi n° 12-2000 du 31 juillet 2000 portantcréation d’un fonds national pour lapromotion et le développement desactivités physiques et sportives ;

- Loi n° 10-2000 du 31 juillet 2000 portantcréation d’un fonds d’appui à la jeunesse ;

- Loi n° 09-2000 du 31 juillet 2000 portantorientation de la jeunesse ;

- Loi n° 08-2001 du 12 novembre 2001 surla liberté de l’information et de lacommunication ;

- Loi n° 04-2003 du 18 janvier 2003déterminant les missions, l’organisation, lacomposition et le fonctionnement duconseil supérieur de la liberté decommunication ;

- Loi n° 01-2003 du 17 janvier 2003 portantorganisation et fonctionnement de courconstitutionnelle ;

- Loi n° 02-2003 du 17 janvier 2003 portantorganisation, composition etfonctionnement du Conseil économique etsocial ;

- Loi n° 05-2003 du 18 janvier 2003 portantattributions, organisation etfonctionnement de la commissionnationale des droits de l’homme ;

- Loi n° 13-2005 du 14 septembre 2005autorisant la ratification de la conventiondes Nations Unies contre la corruption ;

- Loi n° 14-2005 du 14 septembre 2005autorisant la ratification de la conventionde l’Union Africaine sur la lutte contre lacorruption ;

- Loi n° 21-2006 du 21 août 2006 sur lespartis politiques ;

- Loi n° 22-2006 du 12 septembre 2006autorisant la ratification du protocole deBâle sur la responsabilité etl’indemnisation en cas de dommagesrésultant des mouvements transfrontalierset leur élimination des déchets dangereux ;

- Loi n° 23-2006 du 12 septembre 2006autorisant la ratification de la conventionde Bâle sur les mouvementstransfrontaliers des déchets dangereux etde l’élimination ;

- Loi n° 24-2006 du 12 septembre 2006autorisant la ratification du protocole deKyoto relatif à la convention cadre desNations Unies sur les changementsclimatiques ;

- Loi n° 25-2006 du 14 septembre 2006autorisant l’adhésion à l’amendement à laconvention de Bâle ;

- Loi n° 30-2006 du 05 octobre 2006autorisant la ratification de la conventionde Stockholm sur les polluants organiquespersistants ;

- Loi n° 16-2007 du 19 septembre 2007portant création de l’observationanticorruption ;

- Décret n° 60-93 portant interdiction auxenfants de moins de 16 ans de circuler oude paraître dans les milieux publics du 20heures à 5 heures ;

- Décret n° 60-94 du 03 mars 1994règlementant la fréquentation des salles decinéma et de spectacles par les enfants demoins de 16 ans ;

- Décret n° 60-95 du 03 mars 1995règlementant la fréquentation des débits deboissons et dancings par les enfants demoins de 16 ans ;

- Décret n° 61-178 du 29 juillet 1961 fixantles modalités d’application du code denationalité ;

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- Décret n° 96-221 du 13 mai 1996 portantréglementation de l’exercice privé del’enseignement ;

- Décret n° 99-281 du 31 décembre 1999portant rectification au décret n°96-221 du13 mai 1996 portant réglementation del’exercice privé de l’enseignement ;

- Décret n° 2001-529 du 31 octobre 2001relatif à la gratuité des actes originaux del’état civil ;

- Décret n° 2004-323 du 8 juillet 2004portant création, attributions etcomposition de la commission nationale delutte contre la corruption, la concussion etla fraude ;

- Décret n° 2007-155 du 13 février 2007portant réorganisation de la commissionnationale de lutte contre la corruption, laconcussion et la fraude ;

- Décret n° 2008-127 du 23 juin 2008portant création, attributions, organisationet fonctionnement ;

- Décret n° 2008-128 du 23 juin 2008instituant un régime de gratuité pour laprise en charge du traitement anti-paludique, antituberculeux et despersonnes vivant avec le VIH/SIDA ;

- Décret n° 2004-8 du 2 février 2004 portantattributions et organisation de la directiongénérale des droits humains et des libertésfondamentales ;

- Arrêté n° 5907/MSPAS/DAS du 30décembre 1972 autorisant l’ouverture d’uncentre des sourds-muets dans le cadre desactivités caritatives du SecoursCatholique ;

- Arrêté n° 828/MATD-CAB du 13décembre 2007 fixant les quotasminimums des candidatures féminines auxélections locales.

Tableau I : Principaux textes internationaux ratifiés par la République du Congo

INSTRUMENTSDATE DE RATIFICATION OU

D’ADHESIONConvention n° 14 concernant le repos hebdomadaire (Industrie) 10 novembre 1960Convention n° 87 concernant la liberté syndicale et la protection du droit syndical,1948

10 novembre 1960

Convention n° 119 concernant la protection des machines 23 novembre 1964Convention relative au statut des réfugiés 1967Convention de Genève de 1949 04 février 1967Convention de l’OUA régissant les aspects propres des réfugiés en Afrique 1969Protocole relatif au statut des réfugiés 10 juillet 1970Convention n° 89 concernant le travail de nuit des femmes, 1948 04 juin 1971Convention sur les armes biologiques 13 octobre 1978Convention n° 155 concernant la sécurité et la santé au travail 1981Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminationà l’égard des femmes 25 août 1982

Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels 05 janvier 1984Pacte international relatif aux droits civils et politiques 05 janvier 1984Protocole facultatif se rapportant au pacte relatif aux droits civils et politiques 05 octobre 1985Convention n° 149 concernant l’emploi et les conditions de travail et de la vie dupersonnel infirmier 24 juin 1986

Convention n° 152 concernant la sécurité et l’hygiène dans les manipulationsportuaires 24 juin 1986

Convention n° 162 concernant les travailleurs âgés 1985

Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discriminationraciale 10 août 1988

Convention relative aux droits de l’enfant 13 novembre 1993

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Convention n° 81 concernant l’inspection du travail dans l’industrie et lecommerce 26 novembre 1999

Convention n° 98 concernant le droit d’organisation et de négociation collective 26 novembre 1999Convention n° 100 concernant l’égalité de rémunération 26 novembre 1999Convention n° 105 concernant l’abolition du travail forcé 26 novembre 1999Convention n° 111 concernant la discrimination (emploi et profession), 1958 26 novembre 1999Convention n° 138 concernant l’âge minimum (d’admission à l’emploi) 26 novembre 1999Convention n° 144 concernant les consultations tripartites relatives aux normesinternationales du travail 26 novembre 1999

Protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et autres peinesou traitements cruels, inhumains et dégradants 29 novembre 1999

Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant 31 mai 2006Protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et autres peinesou traitements cruels, inhumains et dégradants 29 septembre 2008

Charte africaine des droits et du bien être de l’enfant 31 mai 2006Protocole relatif à la création du conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine 11 février 2004Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains oudégradants 29 août 2003

Statut de Rome portant création de la Cour Pénale Internationale 03 mai 2004Convention sur l’interdiction de l’emploi, stockage, de la production et du transfertdes mines antipersonnelles et sur leur destruction 04 mai 2003

Traité d’Ottawa sur les mines antipersonnelles 04 mai 2001Convention n° 117 (et protocole) concernant les minimales à observer sur lamarine marchande 2001

Convention n° 182 sur les pires formes de travail des enfants, 1999 23 août 2002Protocole facultatif relatif à la convention contre la torture et d’autres peines outraitements cruels ou dégradants

29 septembre 2008

Convention relative à la vente des enfants, la prostitution des enfants et lapornographie mettant en scène les enfants

06 mai 2006

Protocole facultatif se rapportant à la convention relative aux droits de l’enfantconcernant l’implication d’enfants dans les conflits armés

31 mai 2006

Protocole facultatif se rapportant à la convention contre la torture et autres peinesou traitements cruels, inhumains ou dégradants

29 septembre 2008

B) Mécanismes de promotion et deprotection des droits de l’homme

B.1. Les juridictions

La protection effective des droits del’homme est une préoccupation constante duGouvernement de la République du Congo.

Il est prévu des mécanismes desurveillance qui sont les juridictionsconstituées des tribunaux et cours d’une part etde la Cour constitutionnelle d’autre part.

Pour assurer la promotion des libertésfondamentales, les institutions judiciairespermettent un égal accès de tous les citoyens à

la justice. La loi n° 19-99 du 15 août 1999modifiant et complétant certaines dispositionsde la loi n° 022-92 du 20 août 1992 portantorganisation du pouvoir judiciaire dispose enson article 2 : « Les citoyens congolais sontégaux devant la loi et devant les juridictions.Ils peuvent agir et se défendre eux-mêmesverbalement ou sur mémoire devant toutes lesjuridictions à l’exception de la CourSuprême ». Les plus démunis bénéficientd’une assistance judiciaire de la part de l’Etat.

Par ailleurs, on trouve un Tribunal deGrande Instance dans chaque chef-lieu dedépartement, quatre (4) cours d’appel et unecour suprême sur l’ensemble du territoirenational.

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D’autres tribunaux de grande instanceet cours d’appel ont été créés depuis le 25 juin2008, afin de mieux rapprocher les servicesjudiciaires des justiciables. C’est ainsi que parlois n° 13, 14, 15-2008, les tribunaux degrande instance de Kindamba, Oyo et Mossakaont été crées. De même, la loi n° 12-2008portant création de la cour d’appel de Ouesso,ainsi que les lois n° 20 et 21-2008 portantmodification des cours d’appel de Brazzavilleet Owando en sont des illustrations.

Le titre VIII de la Constitution du 20janvier 2002, consacré au pouvoir judiciairedispose en son article 136 que : « le pouvoirjudiciaire est indépendant du pouvoir législatifet du pouvoir exécutif.

Les juges ne sont soumis, dansl’exercice de leurs fonctions, qu’a l’autorité dela loi ».

La cour constitutionnelle est la hautejuridiction de l’Etat en matièreconstitutionnelle. Elle est juge de laconstitutionnalité de la loi et garantit les droitsfondamentaux de l’homme, ainsi que leslibertés publiques.

La haute cour de justice a compétencede juger les membres du Parlement et duGouvernement à raison des faits qualifiés decrimes ou délits commis dans l’exercice deleurs fonctions, ainsi que leurs complices encas de complot contre la sûreté de l’Etat. Elleest également compétente pour juger lePrésident de la République en cas de hautetrahison.

B.2. Les institutions nationales

Plusieurs institutions étatiques veillentau respect des droits de l’homme enRépublique du Congo. Il s’agit des structuresci-après :

- Le médiateur de la République ;- La commission nationale des droits de

l’homme ;- Le ministère de la justice et des droits

humains ;- Le ministère de la promotion de la femme

et de l’intégration de la femme audéveloppement ;

- Le ministère des affaires sociales et de lafamille ;

- Le conseil économique et social ;- Le conseil supérieur de liberté de

communication.

En République du Congo, lesorganisations non gouvernementales quimilitent dans le domaine des droits del’homme veillent au respect des droits civilspolitiques, ainsi que des droits économiques,sociaux et culturels.

Les syndicats jouent également auCongo un rôle important en matière de respectdes droits économiques, sociaux et culturels.Ils constituent une illustration du respect dudroit à la liberté syndicale et du droit à laliberté d’association.

C) Promotion et protection des droits del’homme : respect des engagementsinternationaux

L’expression de la volonté politique enmatière de promotion et de protection desdroits de l’homme par la République du Congose traduit par l’application des principesénoncés dans l’essentiel des instrumentsinternationaux des droits de l’homme13.

C.1. La mise en œuvre des droits civils etpolitiques

1. Le principe de la non discrimination

L’article 8 de la Constitution du 20janvier 2002 énonce : « Tous les citoyens sontégaux devant la loi. Est interdite toutediscrimination fondée sur l’origine, la situationsociale ou matérielle, l’appartenance raciale,ethnique ou départementale, le sexe,l’instruction, la langue, la religion, laphilosophie ou le lieu de résidence, sousréserve des dispositions des articles 58 et 96.La femme a les mêmes droits que l’homme. Laloi garantit et assure sa promotion et sareprésentativité à toutes les fonctionspolitiques, électives et administratives ».

13 Cf. Droits de l’homme ; « Recueil d’instrumentsinternationaux », Volume I et II (instrumentsuniversels) op. cit.

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Le premier paragraphe de l’article 25de la Charte des droits et des libertés adoptéele 29 juillet 1991 à la Conférence NationaleSouveraine, spécifie le cas particulier del’enfant congolais : « Tout enfant, sansdiscrimination aucune fondée sur la race, lacouleur, le sexe, la religion, l’origine nationaleou sociale, la fortune ou la naissance a droit dela part de sa famille, de la société et de l’Etat,aux mesures de protection qu’exige sacondition de mineur ».

2. Le droit à l’égalité

Le premier alinéa de l’article 8 de laConstitution du 20 janvier 2002, dispose à cesujet : « Tous les citoyens sont égaux devant laloi ».

Le droit à l’égalité est aussi mentionnéà l’article 1er de la Charte de l’UnitéNationale : « Tous les êtres humains naissentlibres et égaux en droit. Ils ont droit, sansdistinction, à la même dignité et à une égaleprotection de la loi ».

3. Le droit au respect de la vie et à laprotection de la personne humaine

La constitution du 20 janvier 2002dispose en son article 7 : « La personnehumaine est sacrée et a droit à la vie. L’Etat al’obligation absolue de la respecter et de laprotéger… ».

La charte des droits et libertés en sonarticle 2 stipule : « Tout individu a droit à lavie, à la liberté et à l’intégrité physique etmorale ». A l’article 3, il est énoncé ce quisuit : « La personne humaine est sacrée. L’Etatet les individus ont l’obligation de la protégeret de la préserver. L’avortement autre quethérapeutique, est interdit et puni par la loi ».Dans la pratique, la peine de mort n’est plusappliquée depuis 1979.

4. Le principe du droit à la liberté

La Constitution du 20 janvier 2002 estintransigeante sur ce principe ; elle disposenotamment :

- Article 9 : « la liberté de la personnehumaine est inviolable » ;

- Article 16 : « tout citoyen a le droit decirculer librement sur le territoire national.Il a le droit de sortir librement du territoirenational, s’il ne fait l’objet de poursuitespénales, et d’y revenir » ;

- Article 18 : « la liberté de croyance et laliberté de conscience sont inviolables » ;

- Article 19 : « la liberté de l’information etde la communication est garantie » ;

- Article 21 : « l’Etat reconnaît dans lesconditions fixées par la loi, la libertéd’aller et de venir, d’association, deréunion, de cortège et de manifestation ».

La charte des droits et des libertésréaffirme le même principe en son article11 : « la liberté de la personne humaine estinviolable. Toute personne a droit à la libertéde pensée, de conscience et de négation… ».

Le Congo fournit des effortsincontestables pour assurer le respect de ceslibertés.

5. Liberté de pensée, de conscience et dereligion

Le cas de la liberté de religion estsuffisamment édifiant. Ces dix dernièresannées, l’on a noté une floraison d’églises deréveil en République du Congo. Ces églisesexercent leurs activités en toute sérénité.

6. Liberté de la presse

De même, la liberté de la presse estgarantie par la constitution qui stipule en sonarticle 19 : « Tout citoyen a le droit d’exprimeret de diffuser librement son opinion par laparole, l’écrit, l’image ou tout autre moyen decommunication. La liberté de l’information etde la communication est garantie. La censureest prohibée. L’accès aux sourcesd’information est libre. Tout citoyen a le droità l’information et à la communication. Lesactivités relatives à ces domaines s’exercentdans le respect de la loi ».

La loi n° 15-2001 du 13 décembre2001 garantit le pluralisme dans l’audiovisuelpublic.

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A l’issue des Etats généraux del’information et de la communication tenus du10 avril au 19 mai 1992 à Brazzaville, il a étéélaboré une charte des professionnels del’information et de la communication.

Dans le but de favoriser un meilleurépanouissement de la presse, il a été créé unconseil supérieur de la liberté decommunication par la loi organique n° 4-2003du 18 janvier 2003.

Il y a lieu de noter qu’à ce jour, iln’existe pas des journalistes détenus en prisonpour délits d’opinion.

7. Liberté d’association

Depuis l’avènement du multipartismeen République du Congo, de nombreux partispolitiques, associations de tous genres etorganisations aux objectifs variés ont vu lejour. Ils mènent librement leurs activités.

A cet effet, la constitution du 20janvier 2002 dispose en son article 21 :« L’Etat reconnaît et garantit, dans lesconditions fixées par la loi, la liberté d’aller etde venir, d’association, de réunion, de cortègeset de manifestation ».

8. Liberté de réunion

Ce droit est garanti par les articles 21de la Constitution et 15 de la Charte des droitset libertés14.

Cette ouverture impose tout de mêmedes restrictions, notamment quand la réunionpeut être source d’émeutes ou de troublessociaux.

9. Le droit à un procès équitable

Au Congo, ce droit est garanti par laconstitution du 20 janvier 2002 en son article9 : « Nul ne peut être arbitrairement accusé,arrêté ou détenu. Tout prévenu est présuméinnocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été

14 Cf. charte des droits et libertés du 21 juin 1999,insérée dans la Constitution Congolaise du 20janvier 2002.

établie à la suite d’une procédure luigarantissant les droits de la défense… ».

La charte des droits et libertés disposequant à elle au :

- paragraphe b de l’article 9 : «…Le droit àla présomption d’innocence, jusqu’à ceque sa culpabilité soit définitivementétablie » ;

- Paragraphe c : « Le droit à la défense, ycompris celui de se faire assister par undéfenseur de son choix » ;

- paragraphe d : « Le droit d’être jugé parune juridiction impartiale, conformément àla loi, dans un délai raisonnable et, autantque possible, fixé par les textes envigueur ».

10. Le droit de participer à la direction desaffaires publiques

En République du Congo, après latenue de la conférence nationale souveraine,tout citoyen remplissant les conditions fixéespar les textes en vigueur peut élire, se faireélire et participer à la gestion de la chosepublique.

Ce droit est garanti par l’article 22 dela Charte des droits et des libertés du 21 juin1999 : « Tout citoyen a le droit de prendre partà la direction des affaires publiques du payssoit directement, soit par l’intermédiaire dereprésentants choisis. Tout citoyen a le droitd’accéder, dans les conditions d’égalité auxfonctions publiques de son pays. La volonté dupeuple est le fondement de l’autorité despouvoirs. Cette volonté doit s’exprimer par desélections régulières qui doivent avoir lieupériodiquement, au suffrage universel égal etau vote secret, ou suivant une procédureéquivalente assurant la liberté de vote ».

Ce droit a été reconnu aux anciensexilés politiques qui avaient quitté le paysaprès la guerre de 1997. Certains d’entre eux,de retour au pays après avoir été amnistiés, ontété élus députés pendant les électionslégislatives de 2007.

Le 10 décembre 2001, a été adoptée laloi n° 9-2001 portant loi électorale par leConseil National de transition qui tenait lieu de

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Parlement en République du Congo, au sortirde la guerre. Celle-ci fixe les conditionsd’exercice du droit de suffrage etd’organisation des consultations référendaireset électorales. Elle détermine en outre, lesdifférents modes de scrutin.

La loi électorale15 vise exclusivementles scrutins ci-après :

- le référendum ;- l’élection du Président de la République ;- l’élection des députés à l’Assemblée

Nationale ;- l’élection des membres des conseils de

département et de commune ;- l’élection des sénateurs.

L’organisation des élections incombe àla Commission Nationale d’organisation desélections. L’article 18 de la loi électoraledispose : « La Commission Nationaled’organisation des élections est composée desreprésentants de l’Etat, des partis politiques etde la société civile ».

Dans le même sens, il est stipulé àl’article 23 : « Il est créé dans chaquecirconscription administrative une commissionlocale d’organisation des élections. Lescommissions locales d’organisation sontcomposées des représentants de l’Etat, despartis politiques et de la société civile ».

Conformément à l’article 19 de laConstitution du 20 janvier 2002 relatif à laliberté d’expression, la loi électorale a prévu cequi suit : « En période électorale, lapropagande des candidats est autorisée sur lesantennes de la radio et de la télévision d’Etat ».

Les magistrats, les agents de la forcepublique, les administrateurs maires, lespréfets et sous-préfets, les secrétaires générauxdes collectivités territoriales et les membres dela commission nationale d’organisation desélections ne peuvent être candidats, dansaucune circonscription électorale pendantl’exercice de leurs fonctions.

15 Cf. loi électorale du Congo 005/2007 du 25 mai2007.

Le contentieux des actes préparatoireset des élections locales relève du tribunal degrande instance, tandis que le contentieuxrelatif aux élections présidentielles etlégislatives relève de la compétence du jugeconstitutionnel.

C.2. la mise en œuvre des droitséconomiques et socioculturels

1. le droit au travail et à la sécurité

La Constitution garantit le droit autravail en son article 24 en cestermes : « L’Etat reconnaît à tous les citoyensle droit au travail et doit créer les conditionsqui rendent effective la jouissance de cedroit ».

L’article 26 complète : « Nul ne peutêtre astreint à un travail forcé, sauf dans le casd’une peine privative de liberté prononcée parune juridiction légalement établie. Nul ne peutêtre soumis à l’esclavage ».

Certains textes d’application de laConstitution, à l’instar de la loi n° 6/96 du 6mars 1996 modifiant et complétant certainesdispositions de la loi 45/75 du 15 mars 1975,portant Code de travail en République duCongo, prévoient quelques-uns des aspects liésau travail. Ainsi, à l’article 4 nouveau, il eststipulé : « Le travail forcé ou obligatoire estinterdit de façon absolue… ».

2. Le droit de jouir d’une bonne santéphysique et morale

L’article 30 de la Constitution du 20janvier 2002 dispose : « L’Etat est garant de lasanté publique. Les personnes âgées et lespersonnes handicapées ont droit à des mesuresde protection en rapport avec leurs besoinsphysiques, moraux ou autres, en vue de leurplein épanouissement. Le droit de créer desétablissements socio-sanitaires privés régis parla loi, est garanti ».

Quoique la Constitution ait mis enexergue le cas spécifique des couches socialesvulnérables, la charte des droits et libertés du21 juin 1991, avait ouvert un éventail pluslarge à l’article 32 : « Toute personne a le droitde jouir du meilleur état de santé physique,

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mental qu’elle soit capable d’atteindre. L’Etatdoit prendre les mesures nécessaires pourassurer :

- la diminution de la mortalité maternelle etde la mortalité infantile, ainsi que ledéveloppement sain de l’enfant ;

- l’amélioration de tous les aspects del’hygiène du milieu et de l’hygièneindustrielle ;

- la prophylaxie et le traitement desmaladies épidémiques, transmissibles,endémiques, professionnelles et autres,ainsi que la lutte contre ces maladies ;

- la création des conditions propres à assurerà tous les services médicaux et une aidemédicale en cas de maladie ;

- une meilleure qualité de la vie et unmeilleur environnement naturel ».

En République du Congo, un accentparticulier est mis sur la lutte contre lapandémie du VIH/SIDA.

Dans tous les départementsministériels, des unités de lutte contre le Sida(U.L.S), démembrements du programmenational de lutte contre le Sida, ont été misesen place. Elles visent à vulgariser en priorité,dans les administrations publiques, les moyensde prévention et de protection.

En matière de prévention duVIH/SIDA, l’objectif est de faire adopter uncomportement sexuel sans risque à 80 % desjeunes des deux sexes dont l’âge varie entre 10et 24 ans.

En ce qui concerne le projet préventionde la transmission mère – enfant (P.T.M.E), leseffets attendus sont que l’on parvienne àréduire de 20 % la proportion de nourrissonsséropositifs, et que l’on facilite l’accès auconseil – dépistage volontaire à toutes lesfemmes reçues en consultation prénatale, ainsique l’accès à la prise en charge médicale,nutritionnelle et psychosociale des enfantsséropositifs. Un projet de loi portant protectiondes personnes vivant avec le VIH/SIDAélaboré par le Gouvernement attend d’êtreadopté par le conseil des ministres.

Par décret n° 2008-128 du 23 juin2008, il a été institué un régime de gratuité

pour la prise en charge du traitementantipaludique, antituberculeux et des personnesvivant avec le VIH/SIDA. Cette gratuitépermet de prolonger l’espérance de vie desséropositifs

Concernant la situation des enfants, lesjeunes gens de 10 à 14 ans et les femmes enâge de procréer, un programme comprenantdeux projets appuyés par l’Unicef a été mis enplace. Il s’agit de la prévention du Sida chezles jeunes et de la prévention de latransmission mère – enfant.

En appui aux dispositionsconstitutionnelles, des textes ont été initiéspour mieux gérer le domaine de la santé. C’estle cas du décret n° 96-525 du 31 décembre1996 portant définition, classification et modede gestion des formations sanitaires enRépublique du Congo.

Le droit de créer des établissementssocio – sanitaires privés est garanti par l’article30 de la Constitution. A cet effet, l’arrêtén° 3092/MSP/MEFB du 09 juillet 2003détermine les conditions d’implantation etd’ouverture des formations sanitaires privées.

D’une manière générale, il s’agit descliniques, des centres médico-sociaux, descabinets de soins. 8,8 % de ces structures sontimplantées dans les départements. Brazza

ville et Pointe-Noire comptent à ellesseules respectivement 64,9 % et 20,3 % del’effectif global.

Les programmes mis en œuvre pour lalutte contre les maladies diarrhéiques, lesproblèmes de la reproduction, les principalesmaladies endémiques, font l’objet deprogrammes spécifiques, soutenustechniquement et financièrement par desAgences de coopération bilatérales etmultilatérales (Institut International pour leDéveloppement, OMS, UNICEF, GTZ).

Par ailleurs, il existe au Congo desstructures dites d’appui à la formation despersonnels de santé (Faculté des sciences desanté de l’Université Marien NGOUABI,Ecoles paramédicales de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Owando).

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3. Le droit à l’éducation et à la culture

Le droit à l’éducation est garanti parl’article 23 de la Constitution.

Le système éducatif est organisé par laloi 25-95 du 17 novembre 1995 modifiant laloi scolaire n° 008/90 du 06 septembre 1990 etportant réorganisation du système éducatif auCongo. L’éducation est gratuite dans lesétablissements publics.

Pour améliorer la qualité del’enseignement, notamment la formationqualifiante, il a été créé par décret n° 2003-154du 04 août 2003, le Ministère del’enseignement technique et professionnel.

L’enseignement privé au Congo estrégi par les décrets n° 99-281 du 31 décembre1999 et 2004-327 du 16 juillet 2004 portantréglementation de l’exercice privé del’enseignement. A ces décrets s’ajoute ledécret n° 2008-127 du 23 juin 2008 portantcréation, attributions, organisation etfonctionnement des commissions d’agrémentdes établissements privés d’enseignement.

En vue d’encourager l’éducation debase, le Congo a relancé le programme dedotation des établissements primaires publicsen matière didactique.

Le droit à la culture est garanti parl’article 22 de la Constitution qui stipuleque : « le droit à la culture et au respect del’identité culturelle de chaque citoyen estgaranti ». Cependant, « l’exercice de ce droitne doit porter préjudice, ni à l’ordre public, nià autrui, ni à l’unité nationale ».

4. Le droit à la protection de la famille

Ce principe est prévu aux articlessuivants de la Constitution du 20 janvier 2002 :

- article 31 : « l’Etat a l’obligation d’assisterla famille dans sa mission de gardienne dela morale et des valeurs compatibles avecl’ordre républicain. Les droits de la mère etde l’enfant sont garantis » ;

- article 32 : « le mariage et la famille sontsous la protection de la loi. Tous lesenfants, qu’ils soient nés dans le mariage

ou hors mariage, ont, à l’égard de leursparents, les mêmes droits et devoirs. Ilsjouissent de la protection aux termes de laloi. Les parents ont des obligations etdevoirs à l’égard de leurs enfants, qu’ilssoient nés dans le mariage ou horsmariage. La loi fixe lesconditions juridiques du mariage et de lafamille » ;

- article 33 : « tout enfant, sansdiscrimination de quelque forme que cesoit, a droit de la part de sa famille, de lasociété et de l’Etat, aux mesures deprotection qu’exige sa condition ».

5. La situation des populations vulnérableset des minorités

a) Les migrants

La législation congolaise accorde uneplace privilégiée aux couches vulnérables,notamment aux enfants. Ainsi, au fil desannées, des changements ont été apportés en cequi concerne la perception de la protection del’enfance. De 1960 à 1977, la protection del’enfance était axée sur les aspects médico-sociaux et médico –psychologiques. Ceciexplique le rattachement de cette structure auministère de la santé et des affaires sociales.

Entre 1977 et 1998, la création de ladirection de l’éducation surveillée par décret n°77-571 du 11 novembre 1977 confère un statutjuridique et judiciaire au système de protectionde l’enfance. Cette direction s’occupeexclusivement des enfants délinquants ou endanger moral.

Par décret n° 99/85 du 19 mai 1999, ila été créé l’actuelle direction de la protectionlégale de l’enfance au sein du ministère de lajustice et des droits humains. Son champd’action est nettement plus vaste que lesprécédentes directions. Désormais, cettestructure prend en charge aussi bien les enfantsdélinquants, les enfants en danger moral queles enfants en danger physique.

La justice des mineurs est balisée pardeux textes juridiques fondamentaux : le Codede la famille (pour l’enfance en danger moral),Code de procédure pénale pour l’enfancedélinquante.

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Le Code de la famille règle lesrapports entre les parents et leur progéniture,au chapitre premier du titre X. Lorsque lafonction des droits et devoirs assignés auxparents est compromise, la justice des mineursintervient au moyen de l’assistance éducative.Cette démarche n’est employée que si l’actionsociale échoue, ou en cas de saisine ou designalement du juge des enfants.

Les juridictions pour mineurs

- Le juge des enfants

Il est compétent pour ordonner desmesures d’assistance éducative. Le code de lafamille au titre X de la section II, article 328dispose ainsi : « lorsque la santé, la sécurité, lamoralité ou l’éducation d’un mineur sontcompromises ou insuffisamment sauvegardées,en raison de l’immortalité ou de l’incapacitédes père et mère ou de la personne investie dudroit de garde, ou lorsque le mineur, par soninconduite ou son indiscipline, donne à ceux-cides sujets de mécontentements très graves oules met dans l’impossibilité d’exercer leur droitde direction, le juge des enfants peut, d’office,ou sur requête du ministère public, ou sur larequête des père, mère ou gardien, décider quele mineur sera, pour une période qui ne peutexcéder l’époque de sa majorité, soumis à lavisite régulière d’une assistance sociale ouplacé sous le régime de la liberté surveillée ».

Le juge des enfants est égalementcompétent pour juger seul les affaires lesmoins graves, en ordonnant par exemple, desmesures d’assistance et d’éducation à l’égarddes mineurs auxquels est imputée uneinfraction de moindre importance. Ces mesurespeuvent être l’enquête sociale,l’admonestation, la remise à parent, gardien outitulaire, la liberté surveillée, le placement eninstitution.

- Le tribunal pour enfants

Cette juridiction traite des affaires quiprésentent une certaine gravité. Il est composédu juge des enfants, président et deuxassesseurs. Ces derniers sont choisis pour leurcompétence et l’intérêt qu’ils portent auxquestions liées à l’enfance.

La remise à parent, l’admonestation, laliberté surveillée, le placement etl’incarcération sont les décisions prises par letribunal.

- La cour criminelle des mineurs

Sa compétence s’entend aux mineursâgés de seize ans au moins, accusés de crime.Elle est composée du président de la Courd’Appel ou d’un conseiller désigné par lui, dedeux assesseurs magistrats dont l’un est jugedes enfants, et six jurés.

- La Direction de la protection légalede l’enfance

Elle est chargée de faire appliquer lalégislation relative à la protection de l’enfance,et de mener des études concourant àl’élaboration de la législation sur la préventionde la délinquance juvénile et la protection del’enfance. De même, cet organe se charged’assurer la rééducation des mineursdélinquants ou en danger moral, en vue de leurréinsertion sociale, de gérer les établissementspublics spécialisés dans la protection del’enfance. Par ailleurs, il contrôle lefonctionnement des services auxiliaires del’enfance.

La Direction de la protection légale del’enfance compte deux structuresdéconcentrées :

- le service d’action éducative en milieuouvert et de liberté surveillée implantédans les villes de Brazzaville, Pointe-Noireet Dolisie ;

- le centre d’observation de Brazzaville.

b) Les femmes

La condition de la femme congolaises’est améliorée au fil des années, grâce à lacréation du Ministère de la promotion de lafemme et de l’intégration de la femme audéveloppement. De même, par décret n°99-289du 31 décembre 1999, il a été mis en place uncentre de recherche, d’information et de ladocumentation sur la femme. Cet établissementpublic, placé sous l’autorité du Ministre encharge de la promotion de la femme et del’intégration de la femme au développement,

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est un lieu d’accueil, d’échanged’informations, d’éducation, de formation et decommunication sur toutes les questionsconcernant tant les femmes d’originecongolaise, que les étrangères résidant auCongo. Il faut noter l’existence au Congod’une politique nationale en matière depromotion de la femme. Cette politiquenationale est assortie d’un plan d’actionélaboré et validé en 2001, réactualisé en 2005et ayant cours jusqu’en décembre 2009. Deplus, une politique nationale « genre » 2009 esten cours d’élaboration.

De nombreux organismesinternationaux et ONG viennent en appui auGouvernement de la République dans la miseen œuvre des projets relatifs à l’émancipationde la femme, sa prise en charge et sonimplication dans la gestion des affairespubliques. Le tableau ci-dessous donne uneidée des responsabilités qui incombent à lafemme congolaise.

La République du Congo se préoccupenotablement de la situation de la femme. Sareprésentativité est de plus en plus marquéedans les sphères de prise de décisions. Parexemple, l’arrêté n° 8281/MATD-CAB du 13décembre 2007 fixe les quotas minimums decandidatures féminines aux élections locales16

Les violences faites aux femmes fontl’objet d’un projet de loi actuellement en coursd’élaboration. Il s’agit du projet de loi portantprotection des personnes victimes de violencessexuelles.

c) Les handicapés physiques et les albinos

Pendant la transition, le Conseilsupérieur de la République avait pris la loi n°009/92 du 22 avril 1992 portant statut,

16 Chaque parti politique devra pour touteprétention aux élection législatives ou localesprendre en compte la donne genre, aux fins depromouvoir la femme. Cf. loi n° 21-2006 du 21août 2006 sur les partis politiques article 8 le quotaau niveau des élections législatives et sénatorialesest de 15 %, et d’au moins 20 % des candidaturesféminines au niveau des élections locales. (Cf.article 67 ; alinéa 3 de la loi électorale 005/2007 du25 mai 2007 modifiant et complétant la loi009/2001 du 12 décembre 2001.

protection et promotion de la personnehandicapée. A l’article 4, il est énoncé ce quisuit : « Au titre de la solidarité nationale, desavantages, des aides individuelles et/oucollectives sont accordées aux personneshandicapées »17.

Les albinos ne font pas l’objet dediscriminations. Ils jouissent des mêmes droitsque tous les autres citoyens.

d) Les populations autochtones

Les populations autochtones sontprésentes dans tous Départements de laRépublique du Congo. Elles sont généralementvictimes d’une marginalisation. Cependant,sous l’impulsion du Président MarienNGOUABI déjà, une politique a été mise enœuvre pour la reconnaissance de leurs droits.Malgré ce pas significatif, les droits despopulations autochtones sont toujoursméprisés.

Des associations spécifiques dedéfense des droits des autochtones sont néesaprès la tenue de la conférence nationalesouveraine, renforcées par l’action d’autresorganisations apolitiques de défense des droitsde l’homme.

Sur initiative du Congo, il s’est tenu du10 au 15 avril 2007 dans le département de laLikouala (Impfondo), un Forum Internationaldes peuples autochtones d’Afrique Centrale(FIPAC).

Un plan d’action national pourl’amélioration de la qualité de vie despopulations autochtones 2009-2013 a étéélaboré.

La journée internationale de solidaritéavec les peuples autochtones est célébrée le 9août de chaque année sur l’étendue du pays.

17 Par ailleurs, il existe des écoles spécifiques deprise en charge des personnes vivant avec handicap.C’est le cas de l’institut des jeunes sourds où desformations professionnelles sont dispensées. Il enest de même de l’école spéciale de Moungali(Brazzaville) qui prend en charge les enfantsdéficients mentaux de moins de 15 ans.

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La loi n° 5-2011 du 15 février 2011portant promotion et protection des droits despopulations autochtones a été promulguée18.

Le Gouvernement du Congo aorganisé, du 20 au 21 août 2008, en partenariatavec le Haut commissariat des Nations Uniesaux droits de l’homme et le Bureau del’UNICEF, des journées parlementaires enfaveur des populations autochtones. L’objectifest d’amener les parlementaires à participer demanière effective à cet effort national depromotion et de protection des droits despopulations autochtones, en tant qu’élus dupeuple19.

e) Les réfugiés et autres migrants

Le Gouvernement de la République duCongo s’est engagé dans la gestion tant desréfugiés que des déplacés internes en vue de lapréservation et de la garantie de leurs droits.

Le Congo a mis en place un ComitéNational d’Assistance au Réfugiés (CNAR),placé sous la tutelle du ministère des affairesétrangères et de la coopération. Il est composéde :

- une commission d’éligibilité au statut deréfugié ;

18 Il faut rappeler que ladite loi est en adéquationavec toutes les initiatives internationales en lamatière, notamment ; « la Déclaration des NationsUnies sur les droits des peuples autochtones ». (voirdocuments officiels de l’Assemblée Générale,soixante unième session. Supplément n° 53(A/61/53), première partie chap. II, section A. pource qui est de la résolution du conseil des droits del’homme ½ du 29 juin 2006. ibidem : document107 è séance plénière du 13 septembre 2007).19 « La loi est le début d’un long chemin pourassurer à nos frères et sœurs autochtones la fin de ladiscrimination et de l’exploitation dont ils sontsouvent victimes, ainsi qu’un accès équitable auxservices sociaux de base pour qu’ils puissentatteindre un niveau de vie digne, tout en respectantleurs cultures et traditions ». Cf. déclaration deMonsieur Aimé Emmanuel YOKA, Ministre d’Etat,Coordonnateur du Pôle de la Souveraineté, gardedes Soeaux, Ministre de la Justice et des DroitsHumains, lors de l’adoption par le Sénat endécembre 2010, du projet de loi portant promotionet protection des droits des populationsautochtones.

- une commission des recours des réfugiés.

Pour résoudre le problème desdéplacés des différentes guerres qu’a connuesle Congo, un cadre institutionnel a étéprogressivement mis en place.

Récemment, il a été créé un ministèrede la coopération, de l’action humanitaire et dela solidarité.

Un certain nombre de programmes deréinstallation des déplacés est mis en œuvre,même s’il ne répond pas totalement auxdifférentes attentes.

Le Congo a engagé, conformément àl’esprit du projet de convention de l’UnionAfricaine sur la promotion et l’assistance despersonnes déplacées internes en Afrique et leprotocole initié par la ConférenceInternationale sur la Région des Grands Lacs,portant sur la même matière, un travail quiaboutira sous peu à l’adoption d’une loinationale sur la protection et l’assistance desdéplacés en République du Congo.

f) Les personnes détenues

Par décret n° 99-86 du 19 mai 1999portant attributions et organisation de laDirection Générale de l’AdministrationPénitentiaire, l’ancienne Direction del’Administration Pénitentiaire a été élevée aurang de direction générale.

La République du Congo compte treize(13) maisons d’arrêt. En réalité, seules cinq(05) fonctionnent, avec d’extrêmes difficultés :Brazzaville, la plus représentative de toutes ;Pointe-Noire ; Owando ; Djambala ;Madingou..

Dans le cadre de la politique demunicipalisation accélérée, le Gouvernementde la République a prévu la réfection et laconstruction des lieux de détention. L’exempleen est donné avec la maison d’arrêtconstitutionnelle d’Impfondo. C’est unestructure carcérale dont l’architecture est enconformité avec les normesinternationales.

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La maison d’arrêt centrale deBrazzaville est ouverte aux visites desinstitutions internationales et des organisationsnon gouvernementales. Le Comité

International de la Croix Rouge y effectue descontrôles réguliers sur la base d’un protocoled’accord signé entre les deux parties.

Tableau II : Différents postes occupés par les femmes dans l’administration congolaise

STRUCTURES / JURIDICTIONS POSTES OCCUPES

Départements ministériels

Ministère des petites et moyennes entreprises et del’artisanatMinistère des affaires sociales, de l’action humanitaire et dela solidarité

Ministère de l’enseignement primaire, secondaire et del’alphabétisation

Ministère de la promotion de la femme et de l’intégration dela femme au développement

Ministère du commerce et des approvisionnementsParlement Premier secrétaire du Sénat

Administration du territoire2 Sous préfets16 administrateurs maires

Cour suprêmeJugeJuge et présidente de la commission nationale de l’OHADA

Cour des comptes et de disciplinebudgétaire

Procureur généralVice-présidenteAvocat général2 conseillères

Cours d’appelPrésidente de la 2èmec chambre civile5 conseillères

Tribunaux

Présidente du tribunal d’instance2 présidentes du tribunal de travailVice présidente du tribunal de grande instancePrésidente du tribunal pour enfantsJuge d’instruction

Greffes34 femmes greffiers en chef71 femmes greffiers principaux

Notaires 19 femmesHuissiers de justice 6 femmesDirection générale des droitshumains et des libertésfondamentales

Directrice de la protection des minorités nationale et descatégories sociales vulnérables

Autres directions

Directrice générale de la solidarité nationale de l’actionhumanitaire

Directrice générale de la promotion de la femmeDirectrice générale de l’intégration de la femme audéveloppement

Directrice générale de l’enseignement de baseDirectrice générale de l’enseignement primaire et secondaireDirectrice générale de l’enseignement professionnelInspectrice générale de l’enseignement technique

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Le Congo a également opté pourl’humanisation des maisons d’arrêt. C’est ainsique, outre l’augmentation des effectifs et laformation des agents de la Direction Généralede l’Administration Pénitentiaire, la maisond’arrêt de Brazzaville est dotée d’un centremédico-social. Les personnes détenuesbénéficient des visites médicales et des soinsappropriés. Le test du VIH/SIDA est fait à tousles détenus et les traitements anti-rétrovirauxsont gratuitement administrés à ceux qui sontdéclarés séropositifs.

II. - DIFFICULTES DE LA MISE ENŒUVRE DE LA PROMOTION ET DE LA

PROTECTION DES DROITS DEL’HOMME ; DEFIS ET PERSPECTIVE

A) Des difficultés évidentes

La mise en œuvre d’une politique depromotion et de protection des droits del’homme au Congo est confrontée à une sériede difficultés. On retiendra ici, à titred’illustration, cinq (5) niveaux : les difficultésd’accès et d’appréhension des normesinternationales des droits de l’homme, lesinstitutions, la santé, l’éducation et l’économie.

A.1. les difficultés d’accès et d’appréhensiondes normes internationales des droitsde l’homme

La République du Congo, en tantqu’Etat souverain depuis le 15 août 1960, s’estdotée d’un arsenal de textes déterminants dansson bon fonctionnement. Ceux des textesrelatifs à la promotion et à la protection desdroits de l’homme, font partie de cet édifice ;et leur importance est sans contexte notoire.L’on souhaiterait même une adhésion totaledes congolais aux préceptes édictés par lesdifférents textes y relatifs ; or, loin s’en faut,nombreux sont ceux des congolais qui ignorentl’intérêt de ces textes, parce que n’ayant pas puy accéder ; ou alors ne les ayant pas comprisdans leur complexité.

1. La difficulté d’accession aux textes desdroits de l’homme

Depuis des années, la difficultéd’accession aux textes a été évidente etparticulièrement nette. Jusqu’à l’indépendance,

et voire même plus tard, le concept des droitsde l’homme était presque inexistant enRépublique du Congo. Les textes en l’espèce,quand ils pouvaient exister, n’avaient droit decité qu’en milieu dit "intellectuel", et souventressentis comme sans objet et intérêt.

La majeure partie de la population,presque analphabète n’avait pas accès auxtextes, ce qui la pérennisait dans son étatd’insouciance sur les droits de l’homme.

Reconnaissons malgré tout qu’à cetteépoque, l’idée même des droits de l’homme,furent-ils intrinsèques en l’espèce humaine, neprédestinait pas les africains à sa connaissancea fortiori les congolais ; d’autant plus quemême en Europe occidentale et en Amériquedu Nord, cette philosophie ne triomphe qu’auXVIIIe siècle20.

Les données et les faits qui ont induitl’émergence de cette philosophie en Europeoccidentale et en Amérique du Nord sontdifférents de la vie africaine à cette époque21.

C’est donc très tardivement que leCongo va s’adjoindre aux pays ayant opté pourle principe des droits de l’homme ce, avecbeaucoup d’intérêt22.

20 Cf. J. GODECHOT : « La Grande Nation ».Aubert MONTAIGNE 1983, Y. MADIOT : Droitsde l’homme, MASSON, 1991, 230p, P. ARDANT :les textes sur les droits de l’homme, PUF « Quesais-je ? », n° 253821 Une vie plutôt de cueillette, de subsistanceprimaire et du respect de l’ordre établi ; alors qu’enEurope occidentale et en Amérique du Nord, lesuccès des droits de l’homme tient en ce qu’ils sonten accord avec l’esprit de l’époque et ce que l’onappellerait aujourd’hui la culture dominante, c’est-à-dire l’exploit des thèses et intérêts politiques bienconcrets différents les uns des autres.22 Après son accession à l’indépendance et à lasouveraineté internationale, le Congo a connu destroubles politiques, mettant en mal les droits descitoyens. Les perpétuels coups d’Etat ont émailléles élans nés de la période de revendication del’indépendance dont le mobile était entre autres, lenon respect des droits de l’homme par lecolonisateur. Les différentes constitutions élaboréesquelque soit le régime, ont établi les droits del’homme comme paravant à la stabilité politique.

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2. La difficulté d’appréhension des textesdes droits de l’homme

On a souvent tiré prétexte desproblèmes liés au développement économiquepour justifier un retard dans le respect desdroits de l’homme. C’est ce qui ressort del’article 13 de la conférence de Téhéran quiaffirme que : « les droits de l’homme étantindivisibles, la jouissance complète des droitscivils et politiques est impossible sans celle desdroits économiques, sociaux et culturels »23.

Au Congo - Brazzaville, l’importancede la politique étant cardinale, son expressioninfluence considérablement les droits civils etpolitiques et leur respect est souvent sujet àcaution.

La déclaration universelle des droits del’homme fut élaborée à l’issue de la deuxièmeguerre mondiale afin de traduire la foi en ladignité humaine en réaction « à des actes debarbarie qui révoltent la conscience ». Et sil’on s’en tient à ses règles de base, elle répudietoutes les peines possibles d’être infligées àtout être humain dans une société donnée parson semblable.

Ce texte déterminant, n’est toujourspas appréhendé des congolais, qui s’adonnentet le plus souvent, à des comportementsmettant en mal les exigences de ce dernier24.

Les pactes de 196625 ne sont pastoutefois pris en compte et leur applicabilités’exerce selon la compréhension de tout unchacun et l’intérêt qu’il y trouve.

A.2. Sur le plan institutionnel et sanitaire

23 P.M. DUPUY : Droit international public, Dalloz,1995 (3è édition), 1ère partie, chap. III : « l’individudans le cercle de la protection internationale desdroits de l’homme » ; cf. également : M. BETTATI,le droit d’ingérence. Mutation de l’ordreinternational, Odile Jacob, 1996, 386p.24 Les différents conflits fratricides qui ontintervenu au Congo depuis les indépendances,résultent entre autres de l’inappropriation du textede la déclaration universelle des droits de l’homme.25 Les pactes de 1996 sont constitués du pacte« relatif aux droits civils et politiques » et de celui« relatif aux droits économiques et sociaux ».

Du point de vue institutionnel etjudiciaire, il est important de mettre enévidence les difficultés rencontrées dans lesdomaines judiciaire et pénitentiaire, car c’est àces deux niveaux que sont appliqués et mis enœuvre les textes relatifs aux droits humains.

Au regard des exigencesinternationales en matière des droits humains,il ne parait pas abusif de faire remarquer que lesystème judiciaire congolais souffre de la noneffectivité du principe de l’indépendance dupouvoir judiciaire, condition nécessaire d’unejustice impartiale.

En effet, le système judiciairecongolais ploie sous des contingences souventtrès déplorables, rendant son indépendanceimpossible. Des interventions non seulementintitu personae, mais souvent politique altèrentla bonne administration de la justice devant desjusticiables sans recours.

A l’inobservation de cette exigencedéontologique fondamentale, s’ajoute denombreuses difficultés d’ordre matériel,humain et financier.

En matière pénitentiaire, d’unemanière générale, il importe de faire remarquerque les prisons congolaises ont été construitesà l’époque coloniale pour héberger un petitnombre de détenus. Un des problèmes majeursdemeure ; la surpopulation carcérale.

A ces difficultés dont l’énumération iciest loin d’être exhaustive, on ajouteral’absence de dispositif de réinsertion socialedans la plupart des prisons et le sous-équipement du système pénitentiaire.

Sur le plan sanitaire, quelquesconditions préalables sur la situationendémique du Congo s’imposent, carnombreuses sont les maladies et les épidémiesqui sévissent sur le territoire sans que lesystème de santé soit apte à apporter lessolutions attendues par les populations.

Le tableau de mortalité estcaractéristique de la situation observée dans lespays africains, au sud du sahara. Il est dominépar les maladies liées à la reproduction. C’est

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ainsi que le couple mère - enfant présente unevulnérabilité particulière.

Par ailleurs, les maladies chroniquesdues au vieillissement sont de plus en plusimportantes.

Les maladies sexuellementtransmissibles (MST) sont un réel problème desanté publique. Le taux annuel d’infection estde 15 % pour la gonococcie, 20 % pourl’infection à la Chlamydia trachomatis.

Les violences sexuelles faites auxfemmes sont un épiphénomène qui a fait sonapparition au cours des derniers conflits armés.

Face à ces problèmes, les réponsesapportées ne sont pas encore suffisantes. L’unedes difficultés concerne les ressourceshumaines.

Des statistiques établies pour lapériode située entre 1996 et 2002 attestent queles effectifs du personnel de santé sont passésde 7135 à moins de 5130, soit une réduction de31,5 % en six ans. Le déséquilibre entre leszones rurales et les cités urbaines est criant.

A.3. Sur les plans de l’éducation et socio-économique

Les indicateurs dans le domaine del’éducation ne sont pas plus satisfaisants quedans les autres domaines.

En matière d’accès, d’équité et dequalité au cycle primaire, la préoccupation estgrande. En 2005, l’accès au primaire a connuune augmentation de 4 points par rapport àl’année 2004, avec un taux brut d’admission de72,8 % contre 69 % en 2004. Cette relativeprogression est loin de permettre au systèmed’accueillir tous les enfants en âge d’entrer auprimaire. Le taux brut de scolarisation estpassé de 89 % en 2004 à 91,4 % en 2005 ; cechiffre inclut également les enfants surâgés ousous âgés26.

Il est à noter que ces données cachentdes disparités notoires au niveau des

26 Cf. Statistiques de l’UNICEF pour l’année 2005sur le système éducationnel au Congo.

départements et districts, mais aussi en ce quiconcerne les enfants des minorités (populationsautochtones), les handicapés physiques et lesorphelins, dont le pourcentage d’accès àl’éducation primaire est estimé négligeable.

Le même problème se pose en matièred’équité des genres. Les filles représentent48 % des effectifs contre 52 % des garçons,avec un indice de parité filles – garçons de0,95. Cet écart s’explique par la sousscolarisation relative des filles en milieu rural,et la déscolarisation précoce.

Au-delà de la valeur des facteursmacro-économiques, des études révèlent que lapauvreté est un phénomène bien et solidementinstallé au Congo. La population vivant endessous du seuil de pauvreté est de 50,1 %, àraison de 30.925 F CFA à Brazzaville, parpersonne et par mois.

La situation de l’eau potable au Congoreste critique puisque plus de la moitié de sapopulation n’y a pas accès. Selon le bilan duCongo de décembre 2005, le taux de desserteen milieu urbain est de 40 %, et chute à 14 %en milieu rural.

L’électricité est sujette à des délestagesquotidiens, plongeant des quartiers entiers dansl’obscurité pendant de très longues heures.

Néanmoins, des efforts sont consentisen vue d’améliorer les conditions d’accès descitoyens congolais à l’électricité, comme entémoignent les projets en cours de réalisationtelle que la construction du barraged’Imboulou et la réhabilitation des barrageshydro-électriques de Moukoukoulou et duDjoué.

B) Défis et perspectives

B.1. Les défis à relever

La reconnaissance de la dignitéhumaine à travers le respect effectif des droitset libertés de la personne remonte aux tempstrès anciens27. Aussi, le Congo fait-il du

27 Le code du roi HAMMOURABI (entre 1760 et1750 avant Jésus Christ) se fixant entre autrestâches celles de discipliner les méchants et les

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renforcement de la culture des droits del’homme et de la démocratie, le défi majeur ce,en vue de permettre à chaque citoyen lajouissance des droits attachés à la personnehumaine28.

Pour ce faire, le Congo doit accomplirun certain nombre d’actes notamment :

- sensibiliser la force publique sur lesquestions des droits de l’homme ;

- améliorer la condition des détenus enmilieu carcéral ;

- renforcer la lutte contre les discriminationsdont sont victimes les femmes ;

- élargir la carte de santé et renforcer lescapacités et la qualité des services desanté ;

- assurer la protection des personneshandicapées ;

- promouvoir le respect des droits desenfants ;

- rendre effective la distribution des manuelsscolaires dans tous les établissementsprimaires publics ;

- étendre la gratuité à l’enseignementsecondaire et technique ;

- implanter des nouvelles écoles dansl’arrière-pays ;

- réhabiliter les écoles devenues vétustes ;- renforcer les capacités des enseignants et

des inspecteurs ;- introduire l’enseignement des droits de

l’homme dans les programmes scolaires ;- abolir la peine de mort ;- ratifier les conventions non encore

ratifiées ;- assurer un niveau de vie décent à tous les

congolais ;- renforcer les capacités des magistrats et de

leurs auxiliaires.

mauvais et d’empêcher que le fort opprime lefaible. (Cf. l’histoire universelle « l’aube descivilisations ». HAMMOURABI le législateur p.154-163 ; collection les éditions marabout ;université 1983).28 Si l’on tient pour acquise la célèbre formule deM. Boutros Boutros Ghali selon laquelle : « si lesdroits de l’homme sont passés de la philosophie à lanorme, il nous faut passer de la norme à laculture » ! On peut penser qu’au regard de lapratique, le Congo s’emploie à intégrer les droits del’homme dans sa culture de bonne gouvernance ce,même encore de façon timide.

B.2. Un engagement fort louable dansl’Examen Périodique Universel

D’autres faits ont été relevés lors dupassage du Congo à l’examen périodiqueuniversel, qui est un mécanisme établi parl’Assemblée Générale des Nations Unies enmars 2006, dans le cadre de la mise en placedu conseil des droits de l’homme qui a reçu lemandat de « procéder à l’examen périodiqueuniversel, sur la foi d’informations objectiveset fiables, du respect par chaque Etat de sesobligations et engagements en matière dedroits de l’homme et de façon à garantirl’universalité de son action et l’égalité detraitement de tous les Etats… ».

Il s’agit d’une entreprise decoopération fondée sur un dialogue avec lesEtats membres de l’Organisation des NationsUnies qui sont examinés à tour de rôle par lespairs, dans un exercice auquel participe lasociété civile ainsi que les partenaires audéveloppement. Il vient compléter l’œuvre desorganes conventionnels et des procéduresspéciales sans faire double emploi.

Selon l’échéancier initial, les 192 Etatsmembres des Nations Unies doivent subir cetexamen avant la fin de l’année 2011.L’examen de chaque Etat membre se terminepar des recommandations, à charge pour l’Etatde mettre en œuvre celles qu’il aura accepté29.Ainsi, les Etats examinés sont encouragés demettre en place un mécanisme national servantde système de suivi et de coordination de lamise en œuvre des recommandationsacceptées, adopter un plan d’action facilitant

29 Le prochain cycle de l’EPU (2012-2015), seraaxé notamment sur le contrôle de la mise en œuvredes recommandations résultant du cycle précédant(2008-2011). Ces recommandations expriment unconsensus entre la communauté internationale et unpays donné concernant les besoins de protection desdroits de l’homme. Le défaut d’agir est, enconséquence perçu comme un négligence d’assurerla protection de ces droits. C’est ainsi que le conseildes droits de l’homme a affirmé que ces« recommandations faites à l’issue de l’examenpériodique universel devraient être appliquées aupremier chef par l’Etat intéressé.. », ce qui établit laresponsabilité principale des Etats à traduire cesrecommandations dans les faits, en étroitecollaboration avec les partenaires internationaux etnationaux.

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cette mise en œuvre, et soumettre des rapportsconstatant les progrès réalisés dans la mise enœuvre30.

La République du Congo a fait desefforts louables depuis les années 1990 pourratifier et mettre en œuvre des droits humains,à travers :

- la finalisation de la politique nationale depromotion et de protection des droits del’homme, en cours d’élaboration ;

- la traduction en langues nationales desdifférents instruments relatifs aux droits del’homme ;

- l’affichage de ces instruments, sous formede tableaux, dans les commissariats depolice et autres lieux publics ;

B.3. Les perspectives

Incontestablement, les droits del’homme sont une finalité dont l’atteinte n’estpas exhaustive, mais se limite et s’apprécieselon les domaines liés à la vie de l’homme ensociété.

- l’instauration de la campagned’information et de sensibilisation deproximité dans les principales villes ;

- l’élaboration des manuels d’enseignementdes droits de l’homme ;

- la poursuite de l’exécution du projetd’appui à l’Etat de droit (PAED).

Tout ceci n’est qu’une traduction de lavolonté requise de la République du Congopour s’atteler à une dynamique existentielle,qui exige beaucoup d’allants et voire deretenus.

30 L’examen de la situation des droits de l’hommeen République du Congo a été conduit le 06 mai2009 devant le groupe de travail du conseil dedroits de l’homme, lors de sa cinquième session àGenève. A l’occasion de l’adoption finale durapport de l’examen lors de la 12ème session duconseil des droits de l’homme (en septembre 2009),le Gouvernement du Congo a réaffirmé sa volonté àrespecter tous ses engagements internationaux, etrenforcer sa coopération pour la promotion et laprotection des droits de l’homme. A l’issue de ceprocessus, le Gouvernement de la République duCongo a accepté 50 recommandations sur 60 qu’ils’est engagé à mettre en œuvre.

CONCLUSION

Au regard de l’analyse qui précède,force est de constater que la République duCongo est l’un des pays à avoir intégré laquestion des droits humains dans lesattributions du Ministère de la justice. L’actionconcertée du Gouvernement, des associationset des organisations non gouvernementales apermis une meilleure coordination des effortset une cohérence dans la gestion des questionsrelatives à la promotion des droits de l’hommeau Congo.

Le parcours effectué par le Congo enmatière des droits de l’homme estencourageant dans l’ensemble. Dans lesdomaines économique, social, culturel,politique, matériel et humain, bien dessituations ont été traitées. C’est le cas del’amélioration de l’habitat dans le cadre de lamunicipalisation accélérée, du salaireminimum interprofessionnel garanti, lepaiement de la dette intérieure et des arriérésde salaires. D’autres situations sont en attentede règlement.

Il s’agit des défis de développementauxquels la République du Congo resteconfrontée :

Amélioration de la gouvernance, luttecontre la corruption, la concussion, la fraude etle trafic d’influence, amélioration de lasituation sociale des travailleurs,singulièrement de la jeunesse et des autrescouches vulnérables.

Beaucoup reste à faire et le chemin àparcourir est encore long. De nombreusesdifficultés fragilisent et paralysent parfois lesefforts et les actions, si elles ne les anéantissentpas purement et simplement.

Après des années d’efforts, il est aussiimprudent que prématuré de dresser un bilandéfinitif, tant il est vrai que la nature même desproblèmes traités, intimement liés auxfluctuations et aux conjonctures sociales, seprête mal au jugement définitif et péremptoire.

Il requiert des pouvoirs publics leurengagement aux fins d’encourager lavulgarisation des divers droits garantis aux

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citoyens et assurer la formation des agents del’Etat, surtout ceux de la force publique et de la

justice garantes de la promotion et de laprotection des droits humains.