Les domaines du patrimoine culturel immatérieldanses, du théâtre, des banquets, des traditions...

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Patrimoine culturel immatériel 172 Les domaines du patrimoine culturel immatériel

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Patrimoine culturel immatériel

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Les domaines du patrimoine culturel immatériel

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Les domaines du immatériel

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Les exemples de patrimoine culturel immatériel ne se limitent pas à une manifestation unique etnombreux sont ceux qui peuvent comporter deséléments tirés de divers domaines. Ainsi, un ritechamanique peut comporter de la musique et de la danse traditionnelle, des prières et des chants, des vêtements et des objets sacrés, ainsi que des pratiques rituelles et cérémonielles et uneconscience et une connaissance précises dumonde naturel. De même, les fêtes sont desexpressions complexes du patrimoine culturelimmatériel, qui comportent des chants, desdanses, du théâtre, des banquets, des traditionsorales et des contes, des expositions d’artisanatdes sports et autres divertissements. Les frontièresentre les domaines sont extrêmement fluides etvarient souvent d'une communauté à l'autre. Il estdifficile, sinon impossible, d'imposer de l'extérieurdes catégories rigides. Alors qu'une communautépourrait considérer ses vers chantés comme uneforme de rituel, une autre les interpréterait comme de la chanson. De la même manière, ce qu'unecommunauté définit comme du « théâtre »pourrait être interprété comme de la « danse »dans un contexte culturel différent. Il existe

également des différences d'échelle et de portée :une communauté peut opérer des distinctionssubtiles entre des variations d'expression, tandisqu'un autre groupe les considère commedifférentes parties d'une forme unique. Alors que la Convention définit un cadre pour l'identificationdes formes de patrimoine culturel immatériel, laliste de domaines qu'elle fournit est destinée à être plutôt inclusive qu'exclusive ; et elle neprétend pas nécessairement être « complète ». Les États peuvent utiliser un autre système dedomaines. Il existe déjà des variations importantes,certains pays répartissant différemment lesmanifestations du patrimoine culturel immatériel,tandis que d'autres utilisent des domainesglobalement semblables à ceux de la Conventionen leur donnant d'autres noms. Ils peuvent ajouterdes domaines supplémentaires ou de nouvellessous-catégories des domaines existants. On peutainsi intégrer des « sous-domaines » déjà en usagedans des pays où le patrimoine culturel immatérielest reconnu, comme les « jeux et sportstraditionnels », les « traditions culinaires », l’« élevage », les « pèlerinages » ou les « lieux de mémoire ».

LL Le Kankurang, rited’initiation mandingue,Sénégal et Gambie

L L’Olonkho, épopéehéroïque iakoute, Fédérationde Russie

J Le carnaval de Binche,Belgique

LL Le savoir-faire du travaildu bois des Zafimaniry,Madagascar

L Les expressions orales etgraphiques des Wajapi,Brésil

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patrimoine culturel

La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatérieladoptée par l’UNESCO en 2003 propose cinq grands « domaines » danslesquels se manifeste le patrimoine culturel immatériel :

� les traditions et expressions orales, y compris la langue commevecteur du patrimoine culturel immatériel ;

� les arts du spectacle ;

� les pratiques sociales, rituels et événements festifs ;

� les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers ;

� les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel.

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Les traditions et expressions oralesLe domaine des « traditions et expressions orales »englobe des formes parlées extrêmement variées,comme les proverbes, énigmes, contes, comptines,légendes, mythes, chants et poèmes épiques,incantations, prières, psalmodies, chants oureprésentations théâtrales. Les traditions etexpressions orales sont utilisées pour transmettredes connaissances, des valeurs culturelles etsociales et une mémoire collective. Elles jouent unrôle essentiel pour garder vivantes les cultures.

Certains types d'expression orale sont communs etpeuvent être utilisés par des communautésentières, alors que d'autres sont limités à desgroupes sociaux particuliers, par exemple leshommes ou les femmes seulement, ou les anciens.Dans de nombreuses sociétés, l’interprétation destraditions orales est une activité hautementspécialisée et la communauté a la plus hauteestime pour les interprètes professionnels qui s'yconsacrent, en tant que gardiens de la mémoirecollective. On trouve ces interprètes professionnelsdans les communautés du monde entier. Si lespoètes et les conteurs des sociétés non-occiden -tales, comme les griots et les dyelli africains, sontbien connus, il existe également une riche traditionorale en Europe et en Amérique du Nord. En

Allemagne et aux États-Unis, par exemple, oncompte des centaines de conteurs professionnels.

Transmises de bouche à oreille, les traditions etexpressions orales connaissent souventd'importantes variations. Les histoires sont unecombinaison – variable selon le genre, le contexteet l'artiste – d'imitation, d'improvisation et decréation. Cette combinaison en fait une formed'expression vivante et colorée, mais égalementfragile, car sa viabilité dépend d'une chaîneininterrompue qui doit transmettre les traditionsd'une génération d’interprètes à l'autre.

Bien que la langue sous-tende le patrimoineimmatériel de nombreuses communautés, laprotection et la préservation des langues excèdentle champ de la Convention de 2003. Cela étant, lalangue est visée à l’Article 2 en tant que moyen detransmettre le patrimoine culturel immatériel. La différence des langues façonne la transmissiondes histoires, des poèmes et des chants, et affecteleur contenu. La mort d'une langue se traduitinévitablement par la perte définitive de traditionset expressions orales. Cependant, ce sont cesexpressions orales elles-mêmes et leur interpré -tation en public qui contribuent le mieux àsauvegarder une langue, plutôt que les

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L Le Hudhud, récits chantésdes Ifugao, Philippines

K La Hikaye palestinienne

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dictionnaires, grammaires et bases de données. Les langues vivent dans les chants et les récits, les énigmes et les poèmes ; ainsi, la protection des langues et la transmission de traditionsd’expressions orales sont très étroitement liées.

Comme d'autres formes de patrimoine culturelimmatériel, les traditions orales sont menacées parune urbanisation rapide, les migrations à grandeéchelle, l'industrialisation et les changementsenvironnementaux. Les livres, les journaux etmagazines, la radio, la télévision et Internet peuvent avoir des effets particulièrementpréjudiciables sur les traditions et expressionsorales. Les médias de masse modernes peuvent les altérer fortement, voire remplacer les formestraditionnelles d'expression orale. Des poèmesépiques dont la récitation intégrale demandaitautrefois plusieurs jours peuvent être réduits àquelques heures et les chants nuptiaux traditi -onnels chantés avant les noces peuvent êtreremplacés par des CD ou des fichiers musicauxnumériques.

La part la plus importante de la sauvegarde destraditions et expressions orales consiste à maintenirleur rôle quotidien dans la société. Il est égalementessentiel que survivent, par exemple, des occasionsde transmission des savoirs d'une personne àl'autre, d'interaction entre les plus anciens et lesjeunes ou de transmission des histoires au sein des foyers et dans les écoles. La tradition oralereprésente souvent une part importante descélébrations festives et culturelles et il peut êtrenécessaire de promouvoir ces manifestations etd'encourager de nouveaux contextes, tels que desfestivals de contes, afin de permettre à la créativitétraditionnelle de trouver de nouveaux moyensd'expression. Dans l'esprit de la Convention de2003, les mesures de sauvegarde devraientconsidérer les traditions et expressions oralescomme des processus, au sein desquels lescommunautés sont libres d'explorer leurpatrimoine culturel, plutôt que comme desproduits.

Les communautés, les chercheurs et les institutionspeuvent également recourir aux technologies del'information pour contribuer à sauvegarder toute la

L'Olonkho, épopée héroïque des Iakoutes de laFédération de Russie, exprime les croyances etcoutumes, les pratiques chamaniques, l'histoireorale et les valeurs iakoutes. L'« Olonkhosoute », ou narrateur, doit exceller dans l'interprétation, le chant, l'éloquence et l'improvisation poétique.Comme pour la plupart des traditions orales, ilexiste de multiples versions de l'Olonkho, la pluslongue étant composée de plus de 15 000 vers.

La Hikaye palestinienne est racontée par desfemmes à d'autres femmes et aux enfants etpropose souvent une critique de la société d’unpoint de vue féminin. Les Palestiniennes de plusde 70 ans sont presque toutes des conteuses de Hikaye et ce sont principalement elles quiperpétuent cette tradition. Cependant, il n'est pas rare que des filles et des garçons se racontent ces récits pour s'entraîner, ousimplement pour le plaisir.

Les récits chantés Hudhud des Ifugao(Philippines) sont déclamés au moment dessemailles, de la récolte du riz et des veilléesfunèbres. Une récitation complète, qui s'étendsur plusieurs jours, est souvent dirigée par unefemme âgée qui fait fonction d'historienne etde prédicatrice pour la communauté.

Afin de sauvegarder l'art des Akyn, six ateliersont été mis en place dans différentes régions du Kirghizistan où des conteurs épiquesreconnus, les Akyn, transmettent leur savoir etleur savoir-faire à des groupes de jeunes élèvesqui se préparent à devenir dans quelquesannées des Akyn modernes. Les enseignantspeuvent utiliser un équipement audiovisuel,des enregistrements et des textes, mais la formeinterpersonnelle de l'apprentissage reste intacte.

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I L’Urtiin Duu - chantslongs traditionnelspopulaires, Mongolie etChine Ph

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6 . INTANGIBLE CULTURAL HERITAGE DOMAINS

I L’Ahellil du Gourara,Algérie

gamme et toute la richesse des traditions orales, ycompris les variations textuelles et les différentsstyles d'interprétation. Des caractéristiquesexpressives uniques, comme l'intonation, et desvariations stylistiques bien plus nombreuses encorepeuvent aujourd'hui être enregistrées sous formede documents audio ou vidéo, de même que lesinteractions entre les interprètes et le public et deséléments non verbaux du récit, comme les gesteset les mimiques. Les médias de masse et lestechnologies de la communication peuvent êtreutilisés pour préserver, et voire même renforcer, les traditions et expressions orales en diffusant lesinterprétations enregistrées, à l'intention tant deleurs communautés d'origine que d'un public pluslarge.

Les arts du spectacleLes arts du spectacle sont aussi bien la musiquevocale instrumentale, que la danse et le théâtre, la pantomime, la poésie chantée et d'autresformes d'expression encore. Ils recouvrent denom breuses expressions culturelles qui reflètent lacréativité humaine et que l'on trouve également,dans une certaine mesure, dans de nombreuxautres domaines du patrimoine culturelimmatériel.

La musique est peut-être le plus universel des artsdu spectacle et on la trouve dans toutes lessociétés, faisant le plus souvent partie intégranted'autres formes d'arts du spectacle et d'autresdomaines du patrimoine culturel immatériel,comme les rituels, les manifestations festives ou

les traditions orales. Elle est présente dans lescontextes les plus divers : sacrée ou profane,classique ou populaire, étroitement liée au travail ou au divertissement. La musique peutégalement avoir une dimension politique ouéconomique : elle peut raconter l'histoire d'une communauté, chanter les louanges d'unpersonnage puissant ou jouer un rôle clé dans destransactions économiques. Les situations danslesquelles on interprète de la musique sont toutaussi variées : mariages, funérailles, rituels et initiations, activités festives, divertissements de toutes sortes, la musique jouant encore biend'autres fonctions sociales.

La danse, bien que très complexe, peut êtredécrite simplement comme des mouvementscorporels ordonnés, généralement interprétés enmusique. Outre sa dimension physique, lesmouvements rythmiques, les pas et les gestes dela danse expriment souvent un sentiment ou unétat d'esprit, ou illustrent un événementparticulier ou une action du quotidien, comme lesdanses religieuses et celles qui représentent lachasse, la guerre ou l'activité sexuelle.

Les représentations théâtrales traditionnellesconjuguent ordinairement le jeu d'acteur, le chant,la danse et la musique, le dialogue, la narration oula déclamation, mais peuvent également consisteren spectacles de marionnettes ou de pantomime.Ces arts sont cependant plus que de simples « représentations » pour un public : ils peuvent aussijouer un rôle crucial dans la culture et la société,comme les chants qui accompagnent les travauxagricoles ou la musique qui fait partie d’un rituel.Dans un cadre plus intime, on chante souvent desberceuses pour aider un bébé à s’endormir.

Les instruments, objets, objets d’artisanat etespaces associés aux expressions et pratiquesculturelles s'inscrivent tous dans la définition quedonne la Convention du patrimoine culturelimmatériel. Dans les arts du spectacle, celaconcerne notamment les instruments de musique,les masques, costumes et autres ornements ducorps utilisés pour la danse et les attributs duthéâtre. Les arts du spectacle sont souventpratiqués dans des lieux spécifiques qui, lorsqu’ils

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L La danse des masquesdes tambours deDrametse, Bhoutan

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sont étroitement liés à la représentation, sontconsidérés par la Convention comme des espacesculturels.

De nombreuses formes d'arts du spectacle sontaujourd'hui menacées. À mesure que les pratiquesculturelles se standardisent, de nombreusespratiques traditionnelles sont abandonnées. Mêmelorsqu'elles deviennent plus populaires, certainesexpressions seulement peuvent en profiter, alorsque d'autres souffrent. La musique en est peut-êtrel'un des meilleurs exemples, avec l'explosion de lapopularité des « musiques du monde ». Bien qu'iljoue un rôle important dans les échanges culturelset encourage une créativité qui enrichit la scèneartistique internationale, ce phénomène peutégalement causer des problèmes. De nombreusesformes diverses de musique peuvent êtrehomogénéisées dans le but de fournir un produitcohérent. Dans de telles situations, il reste peu deplace pour certaines pratiques musicales vitalespour le processus d'interprétation et les traditionsde certaines communautés.

La musique, la danse et le théâtre sont souvent desfigures clés de la promotion culturelle destinée àattirer les touristes et font régulièrement partie desitinéraires des tour-opérateurs. Bien qu’elle puisseattirer davantage de visiteurs et assurer davantagede revenus pour un pays ou une communauté etoffrir une vitrine de sa culture, cette démarche peutégalement avoir pour effet l'émergence denouvelles formes de présentation des arts duspectacle, altérées en vue du marché touristique. Sile tourisme peut contribuer à revitaliser les arts duspectacle traditionnels et à donner une « valeur demarché » au patrimoine culturel immatériel, il peutégalement avoir un effet de distorsion, en ce que lesreprésentations se réduisent souvent à montrer desextraits adaptés afin de répondre à la demande destouristes. Les formes artistiques traditionnelles sontsouvent transformées en marchandises au nom dudivertissement, ce qui s'accompagne de la perte deformes importantes d'expression communautaire.

Dans d'autres cas, des facteurs sociaux ouenvironnementaux plus larges peuvent avoir desconséquences graves sur les traditions d'arts duspectacle. La déforestation, par exemple, peut

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La Samba de Roda de Recôncavo de Bahia (Brésil)est née des danses et des traditions culturelles des

esclaves d’origine africaine, mais elle intègre

également des éléments de culture lusitanienne,

notamment la langue et quelques-unes de ses

formes poétiques. Ce genre local a influencé le

développement de la samba urbaine, devenue au

XXe siècle un symbole essentiel de l’identité nationale

brésilienne.

Le théâtre sanscrit Kutiyattam est l’une des traditions

les plus anciennes de l’Inde, synthèse du classicisme

sanscrit et des traditions locales du Kerala. Par leur

langage stylisé et codifié, l’expression des yeux et la

gestuelle jouent un rôle fondamental en cristallisant

l’attention sur les pensées et sentiments des

personnages. Les représentations ont tradition -

nellement lieu dans l’espace sacré des temples et la

présence d’une lampe à huile sur scène symbolise

une présence divine.

Les Slovácko verbŭnk, les danses des conscrits

(République tchèque) sont des danses

traditionnelles exécutées par des hommes de tous

âges, qui ne sont pas astreintes à une chorégraphie

précise, mais plutôt marquées par la spontanéité et

l’expression individuelle, et comportent en outre des

concours d’acrobaties Leur complexité structurelle

et la variété de leurs mouvements font des slovácko

verbŭnk une expression culturelle d’une grande

valeur artistique, exprimant l’identité et la diversité

culturelles de la région.

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Les mesures de sauvegarde destinées aux arts duspectacle traditionnels devraient se concentrerprincipalement sur la transmission des savoirs etdes techniques, du jeu et de la facture desinstruments et du renforcement des liens entrele maître et l'élève. Les subtilités d'un chant, lesmouvements d'une danse et les interprétationsthéâtrales sont autant de choses qui doivent êtreaméliorées.

L'interprétation doit également être étudiée,enregistrée, documentée, inventoriée etarchivée. Il existe d'innombrablesenregistrements sonores dans les archives dumonde entier, dont certains remontent à plusd'un siècle. Ces enregistrements anciens sontmenacés de détérioration et peuvent êtredéfinitivement perdus s'ils ne sont pasnumérisés. Le processus de numérisation permetd'identifier et d'inventorier convenablement lesdocuments.

Les médias, les institutions et les industriesculturels peuvent également jouer un rôleessentiel pour assurer la viabilité des formestraditionnelles d'arts du spectacle endéveloppant les publics et en sensibilisant legrand public. On peut informer le public desdivers aspects d'une forme d'expression, assurantà celle-ci une popularité nouvelle et plus large,tout en promouvant une approche plus expertequi renforce à son tour l’intérêt pour lesvariations locales d’une forme artistique et peutavoir pour effet une participation active àl'exécution même.

La sauvegarde peut également recouvrir desaméliorations de la formation et des infrastructuresen vue de préparer convenablement le personnelet les institutions à la préservation de l'ensemblede la gamme des arts du spectacle. En Géorgie, les élèves sont formés aux méthodes du travail deterrain de l'anthropologie, ainsi qu'à l'enregis -trement des polyphonies, ce qui leur permet deposer les bases d'un inventaire national par lacréation d'une base de données.

8 . PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

priver une communauté du bois nécessaire à lafabrication des instruments traditionnels utiliséspour jouer de la musique.

De nombreuses traditions musicales ont étéadaptées aux modes de notation occidentauxafin de pouvoir être enregistrées, ou à des finséducatives, mais ce processus peut êtredestructeur. De nombreuses formes de musiqueutilisent des gammes comportant des tons etdes intervalles qui ne correspondent pas auxformes occidentales classiques et certainessubtilités tonales peuvent se perdre dans leprocessus de transcription. De même quel'homogénéisation de la musique, les modifi -cations apportées aux instruments traditionnelspour les rendre plus familiers ou plus faciles àjouer pour les élèves, par exemple en ajoutantdes frettes sur les instruments à cordes, altèrentfoncièrement les instruments eux-mêmes.

L Le Ballet royal duCambodge

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Des « master classes » permettant aux élèves de travailler étroitement avec des maîtres de l'interprétation peuvent être organisées,comme cela a déjà été le cas au Tadjikistan et en Ouzbékistan pour la musiqueShashmaqom, en Guinée pour le Sosso Bala etau Bhoutan pour le Drametese Ngacham,danse de masques sacrée.

En Afghanistan, le Mugam recourt aux Archives nationales pour faire en sorte que lesenregistrements puissent également servir desource d’inspiration, d’apprentissage et deconnaissance aux générations de musiciens à venir.

Les activités de transmission peuventégalement être renforcées par l’enseignementdu patrimoine culturel immatériel dans lesécoles, comme à Cuba, où la Tumba Francesaest enseignée aux enfants.

En Éthiopie, un ambitieux programme derecherche et de formation a été entrepris en vuede collecter les musiques, danses et instrumentstraditionnels à travers le pays et de soutenir lacréation d’un cursus universitaire enethnomusicologie.

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ouverts à tous les membres de la société. Ainsi, lescarnavals et les événements destinés à marquer leNouvel an, le début du printemps ou la fin de lamoisson sont des festivités inclusives que l'onretrouve dans le monde entier.

Les pratiques sociales structurent la vie quotidienneet sont familières à tous les membres de la commu -nauté, même si tous n'y participent pas. LaConvention de 2003 privilégie les pratiques socialesdistinctives qui sont particulièrement liées à une

DOMAINES . 9

K Le rituel royal ancestraldu sanctuaire deJongmyo et sa musique,République de Corée

Pratiqué dans le sanctuaire de Jongmyo, à Séoul(République de Corée), le rituel royal ancestralassocie chant, danse et musique dans unecérémonie séculaire de culte des ancêtresexprimant la piété filiale.

Deux fois par an, au moment de la migrationsaisonnière vers les pâturages du delta intérieur duNiger, au Mali, la traversée du fleuve par le bétailmarque le début des fêtes du yaaral et du degalpour la communauté peule. Celles-ci comportentle concours du troupeau le plus richement décoréainsi que des concours de chants et de décla -mations de poèmes pastoraux.

Le carnaval de Binche, en Belgique, le carnavald'Oruro en Bolivie ou la mascarade des Makishien Zambie comportent des spectacles colorés, deschants et des danses et font intervenir différentstypes de costumes et de masques. Dans certainscas, ces événements festifs constituent un moyende dépasser temporairement les clivages sociaux,en revêtant différentes identités, et de commenterla situation sociale ou politique sur le ton de ladérision ou par le biais du divertissement.

Le rituel de guérison vimbuza, largement pratiquédans les régions rurales du nord du Malawi, s'estdéveloppé au milieu du XIXe siècle comme moyende surmonter les expériences traumatisantes, maisa perdu du terrain au cours des quelques dernièresdécennies. En vue de le sauvegarder, des mesuresont été mises en place afin d'inciter des jeunes àapprendre la danse de guérison vimbuza et defavoriser le dialogue entre les guérisseurs vimbuzaet les milieux médicaux, gouvernementaux et nongouvernementaux au moyen de tables rondesradiodiffusées, d’ateliers de formation et de festivals.

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Les pratiques sociales, rituels etévénements festifsLes pratiques sociales, rituels et événements festifssont des activités coutumières qui structurent la viedes communautés et des groupes, et auxquelles ungrand nombre des membres de celles-ci sontattachés et y participent. Ces éléments sontimportants car ils réaffirment l'identité de ceux quiles pratiquent en tant que groupe ou société et,qu'ils soient pratiqués en public ou en privé, ils sontétroitement liés à des événements importants. Lespratiques sociales, rituelles et festives peuventcontribuer à marquer le passage des saisons, lesmoments du calendrier agricole ou les périodesd’une vie humaine. Elles sont étroitement liées à lavision du monde qu’a une communauté et à saperception de son histoire et de sa mémoire. Il peuts'agir aussi bien de petites réunions que decélébrations sociales et de commémorations degrande ampleur. Chacun de ces sous-domaines estvaste, mais ils se recoupent largement entre eux.

Les rituels et les événements festifs se déroulentsouvent à des moments et dans des lieuxparticuliers et rappellent à une communautécertains aspects de sa conception du monde et deson histoire. Parfois, l'accès aux rituels peut êtrerestreint à certains membres de la communauté –c'est le cas par exemple des rites d'initiation et descérémonies funéraires. Certains événements festifsfont cependant partie de la vie publique et sont

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La grande variété des pratiques sociales que l'onobserve place Jemaa el-Fna, à Marrakech(Maroc), était menacée de disparitionprogressive par l'intense circulation et lapollution atmosphérique résultant de projetsd'urbanisation et de développement. Dansl'espoir de résoudre le conflit opposantl’aménagement urbain et le développementéconomique aux préoccupations culturelles etenvironnementales, les autorités ont créé desrues piétonnes convergeant vers la place et ontréorganisé la circulation routière de façon àréduire le nombre de voitures et d'autocars detouristes, sauvegardant ainsi les pratiques sociales.

Afin de préserver l'originalité du carnaval deBarranquilla et d'encourager la participation àcelui-ci, une fondation locale a lancé unenouvelle manifestation, le carnaval des enfants,dont elle assure le financement et qui est devenue l’un des éléments essentiels de cecarnaval colombien. Les participants ont reçudes aides financières pour la fabrication d'objetsartisanaux, notamment de chars, de costumesextravagants, de coiffes, d'instruments demusique, de masques animaliers et d’autresréalisations. Un programme de micro-crédit apermis aux artisans d'emprunter des petitessommes d'argent pour produire des objets qu'ilspouvaient vendre pour s'assurer un revenusupplémentaire. Rendant évidente l'importancede la participation des artisans au carnaval, leprogramme a également permis d'améliorer leurqualité de vie.

communauté et contribuent à renforcer unsentiment d'identité et de continuité avec le passé.Ainsi, dans de nombreuses communautés, lescérémonies de salutation sont informelles, tandisque, dans d'autres, elles sont plus élaborées etritualisées, jouant un rôle de repère identitaire pourla société. De même, les pratiques liées au don et àla réception de cadeaux peuvent être desévénements ordinaires ou des manifestationsformelles assorties d’une importante significationpolitique, économique ou sociale.

Les pratiques sociales, les rituels et événementsfestifs revêtent des formes d'une extraordinairevariété : rites cultuels, rites de passage, rituels liés àla naissance, au mariage et aux funérailles, sermentsd'allégeance, systèmes juridiques traditionnels, jeuxet sports traditionnels, cérémonies rituelles liées à laparenté et à l'appartenance au clan, modesd'habitat, traditions culinaires, cérémonies enrapport avec les saisons, pratiques spécifiques auxhommes ou aux femmes, pratiques liées à lachasse, à la pêche et à la cueillette, et bien d’autresencore. Elles recouvrent aussi une grande variétéd’expressions et d’éléments physiques : gestuelleset formules spéciales, récitations, chants et danses,vêtements spécifiques, processions, sacrificesd'animaux, aliments particuliers.

Les pratiques sociales, rituels et événements festifssont durement touchés par les changements quesubissent les communautés dans les sociétésmodernes, tant elles dépendent d’une largeparticipation des praticiens et autres acteurs de la communauté. Des processus tels que lesmigrations, la montée de l'individualisme, lagénéralisation de l'éducation formelle, l'influencecroissante des grandes religions du monde etd'autres effets de la mondialisation ont un effetparticulièrement marqué sur ces pratiques.

Les migrations, en particulier lorsqu'ellesconcernent les jeunes, peuvent éloigner de leurscommunautés ceux qui pratiquent des formesde patrimoine culturel immatériel et mettre enpéril certaines pratiques culturelles. Dans lemême temps, cependant, ces pratiques sociales,rituels et événements festifs peuvent être pourles personnes concernées autant d'occasions deretourner chez eux pour y célébrer ces moments

privilégiés avec leur famille et leur communauté,réaffirmant par là leur identité et leurs liens avecles traditions de la communauté.

De nombreuses communautés constatent que lestouristes sont de plus en plus nombreux à participerà leurs événements festifs et, si la participation destouristes peut avoir des aspects positifs, les fêtes enpâtissent souvent au même titre que les arts duspectacle traditionnels. La viabilité des pratiquessociales, des rituels et en particulier des événementsfestifs peut aussi largement dépendre du contextesocioéconomique général. Les préparatifs, la

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J La Samba de Roda deRecôncavo de Bahia, Brésil

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12 . PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

Ce domaine comporte de nombreux élémentstels que les savoirs écologiques traditionnels, lessavoirs autochtones, les savoirs relatifs à la floreet la faune locales, les médecines traditionnelles,les rituels, les croyances, les rites initiatiques, lescosmologies, le chamanisme, les rites depossession, l’organisation sociale, les festivités,les langues ou les arts visuels.

Les savoirs et les pratiques traditionnels sont aucœur de la culture et de l'identité d'une commu -nauté, mais ils sont gravement mis en péril par lamondialisation. Même si certains aspects dessavoirs traditionnels, comme les usages médicinauxdes espèces végétales locales, peuvent présenterun intérêt pour les scientifiques et les entreprises,de nombreuses pratiques traditionnelles n'en sontpas moins en train de disparaître. L'urbanisationrapide et l'extension des terres agricoles peuventavoir un effet sensible sur l'environnement natureld'une communauté et sur la connaissance qu'elleen a ; le déboisement peut provoquer la disparitiond'une forêt sacrée ou la nécessité de trouver une

kk Les dessins sur le sablede Vanuatu

K Les fêtes indigènesdédiées aux morts, Mexique

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fabrication des costumes et des masques et la priseen charge des participants sont souvent trèscoûteux et peuvent n'être pas durables en périodede ralentissement économique.

Pour garantir la continuité des pratiques sociales,des rituels ou des événements festifs, il fautsouvent mobiliser un grand nombre depersonnes et les institutions et mécanismessociaux, politiques et juridiques d'une société.Tout en respectant les usages coutumiers quilimitent parfois leur accès à certains groupes, ilpeut également être souhaitable d'encourager laparticipation du public le plus large. Dans certainscas, des mesures juridiques et officielles doiventêtre prises pour garantir les droits d'accès de lacommunauté à ses lieux sacrés, objets etressources naturelles indispensables auxpratiques sociales, rituels et événements festifs.

Les connaissances et pratiques concernantla nature et l'universLes connaissances et pratiques concernant lanature et l'univers recouvrent un ensemble deconnaissances, savoir-faire, pratiques etreprésentations élaborés par les communautésdans leur interaction avec l’environnement naturel.Ces manières de penser l’univers s'expriment dansla langue, les traditions orales, les sentimentsd'attachement à un lieu, les souvenirs, la spiritualitéet la vision du monde. Elles ont également uneforte influence sur les valeurs et les croyances etsous-tendent de nombreuses pratiques sociales ettraditions culturelles. Elles sont, en retour,façonnées par l'environnement naturel et lemonde qui entourent la communauté.

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autre source de bois de construction. Lechangement climatique, la déforestation continueet l'extension permanente du désert menacentinévitablement de nombreuses espèces en péril etse traduisent par le déclin de l'artisanat traditionnelet de la médecine par les plantes, du fait de ladisparition des matériaux bruts et des espècesvégétales.

Il est encore plus difficile de sauvegarder une visiondu monde ou un système de croyances qu'unenvironnement naturel. Parallèlement aux menacesextérieures qui pèsent sur leur environnementsocial et naturel, de nombreuses communautésdéfavorisées ou marginalisées sont elles-mêmesenclines à adopter un mode de vie ou un modèlede développement purement économiqueétranger à leurs traditions et à leurs coutumes.

La protection de l'environnement naturel estsouvent étroitement liée à la sauvegarde de lacosmologie d'une communauté, ainsi qu'à d'autresexpressions de son patrimoine culturel immatériel.

Grâce à leur riche connaissance des propriétésmédicinales des plantes, les prêtres médecinsKallawaya des Andes boliviennes ont élaboré unsystème de médecine traditionnelle reposant surles savoirs des peuples autochtones de la zoneandine. Les femmes Kallawaya intègrent desmotifs de la cosmologie de leur communautédans les textiles qu'elles produisent.

Le Nha Nhac, musique de cour vietnamienne,permet non seulement de communiquer avec lesdieux et les rois et de leur rendre hommage, maisaussi de transmettre les savoirs relatifs à la natureet à l'univers.

Au Sénégal et en Gambie, la protection juridiquedes forêts sacrées et la promotion de la gestion deszones protégées au moyen de l'information et dela replantation d'espèces végétales menacées acontribué à sauvegarder l'avenir du rite d'initiationKankurang de la communauté mandingue.

Au Madagascar, un plan d'action visant àpréserver le savoir-faire du travail du bois desZafimaniry comporte des protections juridiquesprévoyant notamment le dépôt de brevets auxniveaux national et international, qui permettrontde protéger les formes et les motifs graphiquesétroitement liés à l'identité de la communautéZafiminiry. Des essences d'arbres rares utiliséespour l'artisanat sont également replantées.

Les dessins sur le sable de Vanuatu, les expressionsorales et graphiques des Wajapi (Brésil) ou lesavoir-faire du travail du bois des Zafimaniry(Madagascar) sont autant de formes diversesd'arts visuels et décoratifs, fruit et expression descroyances de leurs communautés respectives àpropos de la création. La pratique des dessins sur lesable connaîtra une nouvelle vie dans lescommunautés traditionnelles grâce àl'organisation de nouvelles fêtes et d'autresévénements communautaires permettant auxartistes de montrer et de transmettre cette formed'art. Des règles juridiques et commerciales sontégalement introduites afin de protéger le statut desdessins sur le sable. Celui-ci sera intégré dans lecadre du programme scolaire normal enseignéaux élèves et un fonds en dépôt sera créé en vue depermettre aux artistes d'en tirer des revenus.

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14 . PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

Les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnelL'artisanat traditionnel est peut-être la manifestationla plus matérielle du patrimoine culturel immatériel.Cependant, la Convention de 2003 se préoccupedavantage des savoir-faire et des savoirs quesuppose l'artisanat que des produits artisanaux eux-mêmes. Au lieu de se concentrer sur la préservationdes objets artisanaux, les efforts de sauvegardedevraient plutôt s'attacher à encourager les artisansà en poursuivre la production et à transmettre àd'autres leurs savoirs et leurs savoir-faire, enparticulier au sein de leur communauté.

Il existe de nombreuses expressions de l'artisanattraditionnel : les outils, les vêtements et les bijoux,les costumes et les accessoires des fêtes et des artsdu spectacle, les récipients, les objets utilisés pour lestockage, le transport et la protection, les artsdécoratifs et les objets rituels, les instruments demusique et les ustensiles de ménage, ainsi que lesjouets destinés aussi bien au divertissement qu’àl'éducation. Nombre de ces objets ne sont destinésà être utilisés que peu de temps, comme ceux quisont créés en vue de rites festifs, alors que d'autrespeuvent devenir un héritage qui se transmet degénération en génération. Les savoir-faire quesuppose la création d'objets d'artisanat sont toutaussi divers que les objets eux-mêmes et peuventêtre aussi bien un travail délicat et détaillé tel quecelui des ex-voto de papier que la tâche rudeconsistant à fabriquer un panier solide ou unecouverture épaisse.

Comme pour d'autres formes de patrimoineculturel immatériel, la mondialisation se traduit pardes difficultés importantes pour la survie desformes traditionnelles d'artisanat. La production demasse, que ce soit celle des grandes entreprisesmultinationales ou des petites industries artisanaleslocales, peut souvent fournir les biens nécessaires àla vie quotidienne pour un coût moindre que celuide la production à la main, en termes de prix et detemps. De nombreux artisans doivent se battrepour s'adapter à cette concurrence. La pression del'environnement et du climat a également deseffets sur l'artisanat traditionnel, car la déforestationet le défrichement rendent moins abondantes lesressources naturelles essentielles. Même lorsquel'artisanat traditionnel devient industrie artisanale, laproduction à plus grande échelle peut avoir poureffet des dommages pour l'environnement.

Le Kris indonésien, à la fois arme et objet de culte,

est considéré comme doté de pouvoirs magiques.

Un forgeron, ou empu, en fabrique la lame en

superposant plusieurs couches de différents minerais

de fer et de nickel météorique. Les empus sont des

artisans très respectés, également experts en

littérature, en histoire et en sciences occultes. Si l'on

trouve encore sur de nombreuses îles des empus actifs

et révérés qui fabriquent des kris de grande qualité

selon les méthodes traditionnelles, leur nombre

diminue de façon alarmante et ils ont du mal à trouver

des successeurs à qui transmettre leur savoir-faire.

Les vêtements de laine artisanaux que portent les

femmes de la communauté sont l’emblème le plus

visible de l'espace culturel de Kihnu (Estonie).

Travaillant chez elles sur des métiers à tisser

traditionnels avec de la laine produite localement, elles

tissent et tricotent des moufles, des bas, des jupes et des

corsages ; pour une grande part, les motifs et les

couleurs symboliques qui ornent ces vêtements

remarquables s’enracinent dans les légendes

d’autrefois.

La fabrication des tissus d'écorce en Ouganda fait

intervenir l'un des savoirs les plus anciens de

l'humanité, une technique préhistorique antérieure

à l'invention du tissage. Le tissu d'écorce est

principalement porté pour les cérémonies de

couronnement et de guérison, lors de funérailles et

de rassemblements culturels, mais il peut également

être utilisé pour confectionner des rideaux, des

moustiquaires, des draps ou pour conserver des

produits. Avec l'introduction des tissus en coton

apportés par les caravanes de marchands, la

production s'est ralentie et les fonctions culturelles du

tissu d'écorce ont perdu de leur importance, jusqu'à ce

que cette technique soit remise à l'honneur depuis

quelques décennies.

En France, le système des « maîtres d’art » distingue

des dizaines d’artisans exemplaires dans des domaines

aussi divers que la facture instrumentale, les arts du

textile ou la reliure. Ce système vise à favoriser la

transmission des savoirs et des savoir-faire.

Dans la ville lituanienne de Prienai, un centre et un

atelier ont été créés en vue de promouvoir la tradition

locale de fabrication de croix. Les apprentis peuvent y

apprendre à fabriquer des croix auprès de maîtres pour

répondre à la demande des villes de la région et de

clients privés du pays et de l’étranger.

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À mesure que la situation sociale ou les goûtsculturels évoluent, les fêtes et célébrations quiexigeaient autrefois une production artisanaleélaborée peuvent devenir plus austères, offrantaux artisans moins d’occasions de s'exprimer. Les jeunes des communautés peuvent trouverque l'apprentissage, parfois long, nécessairepour apprendre de nombreuses formestraditionnelles d'apprentissage est trop exigeantet cherchent plutôt un emploi à l'usine ou dansle secteur des services, où le travail est moinsexigeant et la rémunération souvent meilleure.De nombreuses traditions artisanales supposentdes « secrets de fabrication » qu'il n'est paspermis de divulguer à des personnesextérieures, de telle sorte que, lorsque lesmembres de la famille ou de la communautén'ont pas envie de les apprendre, ces savoirspeuvent disparaître, puisque ce serait violer latradition que de les communiquer à desétrangers.

Comme pour d'autres formes de patrimoineculturel immatériel, l'objectif de la sauvegardeconsiste à s'assurer que les savoirs et les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel sont transmisaux générations futures, afin que l'artisanat soitencore pratiqué au sein de leur communauté,tant comme source de revenus que commeexpression de créativité et d'identité culturelle.

De nombreuses traditions artisanales possèdentdes systèmes séculaires d'enseignement etd'apprentissage. Une manière de renforcer et de consolider ces systèmes qui a déjà fait sespreuves consiste à offrir des avantages financiers

aux élèves et aux enseignants afin de rendre letransfert des savoirs plus attractif pour les uns etles autres.

On peut également renforcer les marchés locauxtraditionnels de produits artisanaux, tout en créantde nouveaux marchés. Face à l'urbanisation et àl'industrialisation, nombreux sont ceux qui, àtravers le monde, sont heureux de posséder desobjets faits à la main, qui sont imprégnés del'accumulation du savoir et des valeurs culturellesdes artisans et offrent une alternative plus douceaux nombreux objets « high-tech » qui dominentla culture mondiale de la consommation.

Dans d'autres cas, des forêts peuvent êtrereplantées pour tenter de compenser lesdommages infligés aux artisanats traditionnelsutilisant le bois comme matériau de base. Danscertaines situations, des mesures juridiquespeuvent être nécessaires pour garantir le droit descommunautés à utiliser ces ressources tout enassurant la protection de l'environnement.

D'autres mesures juridiques telles que laprotection de la propriété intellectuelle et ledépôt de brevets ou l'enregistrement de droitsd'auteur peuvent aider une communauté à tirerprofit de ses procédés et artisanats traditionnels.Parfois, des mesures réglementaires prises àd'autres fins peuvent encourager la productionartisanale ; ainsi, l'interdiction au niveau local dessacs en plastique jetables peut dynamiser lemarché des sacs en papier faits à la main et despaniers en fibres tressées, contribuant à l’essor dessavoir-faire et des savoirs de l’artisanat traditionnel.

K Le Kris Indonésien

L La fabrication des tissusd’écorce en Ouganda

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Le patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautéset les groupes, et leur procure un sentiment d’identité et decontinuité, promouvant ainsi le respect de la diversité culturelleet la créativité humaine.

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