Les Critiques de la psychanalyse

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Q U E S A I S - J E ?

Les critiques de la psychanalyse

R E N É E B O U V E R E S S E - Q U I L L I O T Maître de conférences de philosophie

à l'Université de Dijon

et

R O L A N D Q U I L L I O T

Maître de conférences de philosophie à l'Université de Dijon

Troisième édition corrigée

15e mille

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DES MÊMES AUTEURS

Renée Bouveresse, Karl Popper ou le rationalisme critique, Vrin, 1978, 2 tirage de la 2 édition, 1986 ; en réimpression sous une forme aug- mentée pour janvier 1995.

— Spinoza et Leibniz, l'idée d'animisme universel, Vrin, 1992. — Esthétique et psychologie, à paraître chez Vrin en 1995. Roland Quilliot, Arthur Koestler, de la désillusion tragique au rêve d'une

nouvelle synthèse, Vrin, 1990. — Borges ou l'étrangeté du monde, Presses Universitaires de Strasbourg,

1991.

ISBN 2 13 044739 2

Dépôt légal — 1 édition : 1991 3e édition corrigée : 1995, mai

© Presses Universitaires de France, 1991 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

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Introduction

LA PSYCHANALYSE,

DISCOURS PROBLÉMATIQUE

1. Pourquoi consacrer une étude aux « critiques de la psychanalyse » ? La réponse est simple : parce que le dé- bat que suscite la psychanalyse lui est essentiel. Sa signi- fication culturelle tient autant dans les controverses passionnées qu'elle fait naître que dans son contenu propre. Ces controverses ont d'abord une réalité de fait, puisque près d'un siècle après l'époque de sa nais- sance, où elle s'enorgueillissait de susciter des résis- tances et y voyait le signe qu'elle disait la vérité, la psy- chanalyse a toujours, comme à ses débuts, des partisans fanatiques et des adversaires résolus. Mais cette situation de fait renvoie à l'impossibilité de droit de trancher absolument en faveur d'une des deux par- ties : il suffit d'examiner les arguments en présence pour comprendre à la fois pourquoi les interprétations et les théorisations psychanalytiques sont inaccepta- bles à leurs critiques rationalistes, et pourquoi ces cri- tiques sont malgré tout impuissants à dissiper complè- tement la séduction qui leur est propre. Cet état de choses prouve à tout le moins qu'encore à notre épo- que, et même entre esprits également avancés et « mo- dernes », il n'y a pas de consensus complet sur ce qui est intellectuellement acceptable et ce qui ne l'est pas :

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des zones de désaccord subsistent dans la culture, des discours continuent à faire problème, qui voient s'af- fronter des normes intellectuelles rivales. Le débat sur la psychanalyse semble notamment suggérer qu'entre le souci de trouver de l'intelligibilité aux comporte- ments humains et celui de soumettre la pensée à une exigence de rigueur critique subsiste toujours une ten- sion impossible à supprimer.

Au-delà du cas particulier de la psychanalyse, c'est aussi la question plus générale des ambitions que peut s'assigner la connaissance psychologique que ce débat invite à poser. Est-il possible de dépasser les banalités de la psychologie ordinaire, et de pénétrer dans les « profondeurs cachées du psychisme », en y décou- vrant des sentiments et des désirs insoupçonnés ? Ou l'idée qu'il existe, au-delà des apparences, une profon- deur enfouie de ce type ne constitue-t-elle pas un mi- rage, qui entraîne ceux qu'il attire dans les pièges de l'ésotérisme ? Cette question renvoie à une autre, dont on découvre finalement que nous connaissons mal la réponse : qu'entend-on exactement, en définitive, par des mots comme désir, sentiment, motivation, que nous employons quotidiennement, tout en admettant en pratique que leur identification est toujours affectée d'une certaine indétermination ? L'examen des thèses psychanalytiques, et des objections qu'elles suscitent, oblige à reformuler clairement ces interrogations. En ce sens la controverse sur la validité de la psychanalyse a manifestement un intérêt très large, elle est essentielle pour l'ensemble de notre culture. Et elle est, du coup, un des objets privilégiés de la philosophie, si du moins on entend par philosophie un effort pour décrire les désaccords et les malentendus qui se produisent inévi- tablement dans le champ de la pensée humaine, et pour tenter de les élucider.

Prenons donc comme point de départ l'existence

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dans la culture actuelle de deux images extrêmes et to- talement opposées de la psychanalyse. La première fait d'elle une des percées majeures de la pensée moderne. Freud aurait non seulement découvert le secret des « maladies de l'âme », et donné leur signification psy- chologique à des troubles du comportement qui pa- raissaient avant lui inexplicables ; mais continuant sur sa lancée, il serait parvenu à comprendre les méca- nismes fondamentaux qui régissent la formation de la personnalité et l'ensemble de la vie psychique. Ce fai- sant il aurait bouleversé l'image que nous donnaient de l'homme les religions et les philosophies tradition- nelles : être de désir et de pulsion, dominé par des émois infantiles qu'il ne parvient pas à contrôler tota- lement, exprimant sans le savoir par ses comporte- ments des aspirations et des tensions dont il n'a pas conscience, l'être humain serait beaucoup moins maî- tre de lui-même qu'il ne le croit spontanément. La blessure que la psychanalyse infligerait à son narcis- sisme en le lui révélant ne pourrait être comparée, d'après Freud lui-même, qu'à celles infligées précédem- ment par Copernic, qui lui a retiré le privilège d'être au centre physique de l'univers, et par Darwin, qui a mis en évidence son ascendance animale. Elle consacrerait le triomphe de la vision scientifique du monde, son ap- plication non plus à la nature, mais à l'homme même, mais elle expliquerait en même temps les résistances opposées à la discipline nouvelle par la partie la plus timorée du public.

Les détracteurs du freudisme donnent évidemment de la psychanalyse une tout autre image. Elle serait se- lon eux l'exemple même d'une idéologie close, d'es- sence religieuse, cachée sous une apparence rationaliste et même scientiste. Le matérialisme agressif qu'elle af- fiche, souvent outrancièrement réducteur, et destruc- teur de la possibilité même d'un discours rationnel,

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n'aurait en effet selon eux, en dépit des apparences, au- cune base empirique réelle : il serait posé a priori pour des raisons largement subjectives. Les affirmations de Freud et de ses successeurs reposeraient de fait en gé- néral moins sur l'examen critique des réalités que sur des intuitions souvent arbitraires, habilement dévelop- pées en un système cohérent qui permet d'interpréter toutes les activités humaines, en oubliant complète- ment les aspects du réel qui ne se conforment pas à ses dogmes. La maîtrise d'un tel système interprétatif donne à ses adeptes le sentiment de posséder une clef permettant de tout comprendre, et de percevoir ce que les autres hommes, trop naïfs et dominés par des pul- sions dont ils n'ont pas conscience, sont incapables de voir ; et la conviction d'être des initiés les incite à se re- grouper dans des sectes intolérantes d'où l'esprit criti- que finit le plus souvent par disparaître complètement.

Ces deux images sont en conflit depuis le début du siècle, et leur affrontement est passé par toute une série d'étapes. A l'époque de Freud déjà, dans les années précédant la première guerre mondiale, les luttes avaient été dures : la médecine officielle, les philoso- phies spiritualistes et les églises refusaient complète- ment la psychanalyse, qui suscitait en revanche pres- que immédiatement un réel engouement chez les artistes et les écrivains, dont certains avaient déjà en- trevu certaines des idées freudiennes : la lecture du li- vre de Stefan Zweig, La guérison par l'esprit, montre bien quel enrichissement un romancier pouvait avoir l'impression de tirer de la lecture de Freud dans son ef- fort pour analyser « la confusion des sentiments ». Il est vrai que, parmi les intellectuels, certains étaient déjà réticents : on connaît par exemple le mot célèbre de Karl Kraus selon lequel « la psychanalyse est elle- même la maladie qu'elle prétend vouloir guérir ». Mal- gré tout, la nouveauté de l'éclairage jeté par la théorie

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psychanalytique sur beaucoup d'aspects de la vie hu- maine allait lui permettre de s'imposer progressive- ment comme l'une des plus ambitieuses parmi les sciences humaines modernes. Et l'attitude obscuran- tiste d'un certain nombre de ses adversaires, dont les plus fanatiques furent, dans l'entre-deux-guerres, les nazis qui dénonçaient en elle une « science juive » aux effets démoralisateurs, et faisaient brûler les livres de Freud, devait contribuer encore plus à la faire apparaî- tre comme un mouvement moderniste et rationaliste aux yeux des intellectuels. Le problème devenait seule- ment vers le milieu du siècle de savoir comment en concilier les acquis avec ceux des autres sciences hu- maines (sociologie, ethnologie, psychologie de l'intelli- gence), ou avec l'image de l'homme donnée par d'au- tres courants philosophiques avancés (le marxisme, qui s'était montré dès le départ plus que réticent, et avait prétendu la réduire à un sous-produit de l'idéologie bourgeoise, ou l'existentialisme). Partie prenante dans la plupart des grands débats philosophiques de l'épo- que, la psychanalyse oscille alors entre une attitude of- fensive et critique à l'égard de ses concurrents, et une attitude d'ouverture qui permet des croisements : on voit se développer de façon significative le « freudo- marxisme », l' « ethnopsychanalyse », la « psychana- lyse existentielle ». A partir des années 60-70 pourtant, dans la plupart des pays occidentaux, cette position privilégiée commence à se dégrader, et un déclin s'amorce : incapable de se renouveler suffisamment, et concurrencée par des disciplines plus rigoureuses comme la neurologie ou les sciences cognitives, la psy- chanalyse est de plus en plus critiquée, ou, pire, laissée de côté. Elle commence aussi à connaître des défec- tions : aux Etats-Unis notamment, où sa vogue avait été grande dans les années 50-60, au point de s'intégrer presque au mode de vie, plusieurs des personnalités les

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plus représentatives du mouvement — par exemple Kardiner, Perls ou Szasz — ont exprimé publiquement leur désenchantement.

Le cas de la France est un peu particulier. Le mouvement psy- chanalytique ne s'y est développé que tardivement — après la première guerre mondiale, sous l'impulsion de Laforgue et de Hesnard — et il a connu un grand essor dans les années 25-30, parallèlement à la vogue du surréalisme qui se réclamait de lui, tout en lui donnant une signification assez étrangère à l'esprit freudien. Un certain reflux est cependant sensible à l'approche de la guerre, avec l'arrivée au premier plan de préoccupations poli- tiques ou existentielles : la plupart des philosophes des années 40 vont être assez critiques à l'égard du freudisme (Politzer, qui pourtant s'était montré tout d'abord enthousiaste, Merleau- Ponty, Sartre, multiplient les objections). La situation se re- tourne cependant au cours des années 60-70, durant lesquelles la psychanalyse apparaît en pointe de l'offensive menée par cer- taines sciences humaines contre les illusions de la subjectivité. C'est l'époque où triomphe la mode « structuraliste », et où La- can éblouit et fascine, par sa démarche virtuose et sophistiquée, la fine fleur de l'intelligentsia française : Paris devient alors la ca- pitale mondiale de la psychanalyse. Ce moment d'envoûtement appelle bien entendu à son tour une réaction. A partir de la fin des années 70, tandis que le mouvement lacanien paraît se sclé- roser et se fissurer, les textes se multiplient qui témoignent d'une montée de la contestation aux pamphlets d'adversaires convaincus (Baruk ou Debray-Ritzen chez les psychiatres tradi- tionnels, Robert Castel du point de vue de la sociologie marxi- sante, François George pour les sartriens) s'ajoutent des écrits de sympathisants déçus (Catherine Clément, Les fils de Freud sont fatigués, François Roustang, Un destin si funeste, et Elle ne le lâche plus). Une réfutation en règle, d'un point de vue rationa- liste, est enfin présentée par un ancien adepte « ayant perdu la foi », Jacques Van Rillaer, dont le réquisitoire très documenté, Les illusions de la psychanalyse, apparaît sur certains points acca- blant. Les dernières années de ce XX siècle semblent être, pour le mouvement créé par Freud, des années de reflux. L'aventure cul- turelle représentée par la constitution, sous diverses formes, des « psychologies des profondeurs » paraît achevée et à certains égards déjà datée.

Certains vont même jusqu'à prédire à la psychana- lyse le sort connu au XIX siècle par exemple par une

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pseudo-science comme la phrénologie de Gall, qui sus- cita l'engouement avant de sombrer dans le ridicule et dans l'oubli ; ou, de façon plus modérée, la jugent au moins condamnée à une crise du même type que celle qui affecte le matérialisme historique marxiste, auquel elle ressemble par beaucoup de points. Peut-être vont- ils malgré tout un peu vite en besogne. Si les affirma- tions théoriques fortes du freudisme ne sont plus guère crédibles, certains facteurs continuent à jouer en faveur de la psychanalyse, sous ses différentes variantes : l'homme des sociétés développées apparaît notamment de plus en plus clairement comme un être narcissique, obsédé par le désir de se connaître et de trouver son identité, et que l'expérience de la cure, qui est après tout le noyau dur autour duquel s'est édifiée la doc- trine, continue à fasciner et à attirer. Il est en outre porté à conserver une certaine confiance aux héritiers de Freud, dans la mesure où ils lui paraissent représen- ter la seule alternative à une psychiatrie organiciste qu'il soupçonne toujours, malgré des résultats non né- gligeables, d'être superficielle et déshumanisante. Il y a donc des raisons de penser que la psychanalyse, même si elle adopte un profil plus bas que par le passé, a encore devant elle un certain avenir. Et qu'elle conti- nuera à constituer un discours inclassable et probléma- tique, ne relevant ni de la science, ni de la philosophie ou de la littérature, et proposant des interprétations subtiles et provocantes vouées à susciter des réactions contradictoires. La persistance d'une telle situation ap- pelle évidemment une analyse de type philosophique, dont le but doit se situer à deux niveaux. Il s'agit d'abord incontestablement de trouver un juste milieu entre le refus total et l'adhésion inconditionnelle, en tentant de confronter les thèses et les objections, et de démêler les acquis valables et les extrapolations arbi- traires. Mais dans un second temps, il faut surtout

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prendre acte du caractère indépassable de la contro- verse, et essayer de tirer les leçons de son existence. Après un siècle de combat, il est sans doute moins in- téressant de rejoindre l'un des camps dans le combat qu'il mène que de faire de ce combat même un symp- tôme dont on doit tenter de comprendre le sens.

2. Avant d'aller plus loin, il faut s'arrêter pour préci- ser ce que l'on entendra ici par psychanalyse. Plusieurs niveaux peuvent sans doute être distingués. Le premier est constitué par l'œuvre et la pensée de Freud, qui lui- même désignait par psychanalyse trois choses : « 1 / une méthode d'investigation de processus men- taux à peu près inaccessibles à toute autre méthode ; 2 / une technique de traitement des désordres névroti- ques, basée sur cette méthode d'investigation ; 3 / un corps de savoir psychologique dont l'accumulation tend à la formation d'une nouvelle discipline scientifi- que »'. Le deuxième niveau, lui, rassemble les re- cherches de tous ceux qui ont voulu assumer l'héritage de Freud, et faire avancer la discipline qu'il avait créée (quitte à prendre parfois des libertés avec les théories qu'il avait proposées), et qui se sont donc regroupés dans les sociétés officielles de psychanalyse. A un troi- sième niveau on rencontre tous ceux qui, tout en par- tageant certains des objectifs de Freud, ont explicite- ment pris leurs distances avec lui, proposant d'autres formes de psychothérapies et d'autres corps de doc- trine, tout en tentant de garder à leurs recherches une forme assez structurée. Au-delà, on peut regrouper dans un quatrième cercle tous ceux qui appartiennent, mais de façon souvent libre, et sans grand souci de ri- gueur, à ce qu'on peut appeler la « nébuleuse psy » : ils gardent simplement en commun avec Freud le souci

1. Psychanalyse et théorie de la libido, 1922.

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g é n é r a l d ' i n t e r p r é t e r e t d e s o i g n e r l a « n é v r o s e »

( t e r m e q u i d e v i e n t a l o r s e x t r ê m e m e n t v a g u e ) d e f a ç o n

e x c l u s i v e m e n t p s y c h o l o g i q u e , e t d e s e s e r v i r d e l e u r

« e x p é r i e n c e c l i n i q u e » p o u r p r o p o s e r u n e t h é o r i e g é -

n é r a l e d e l a v i e p s y c h o l o g i q u e e t d e s c o n d i t i o n s d e l a

s a n t é m e n t a l e . I l f a u t m a l g r é t o u t r e c o n n a î t r e q u e l e s

f r o n t i è r e s e n t r e c e s d i f f é r e n t s n i v e a u x n e s o n t p a s t r è s

n e t t e s . O ù s i t u e r e x a c t e m e n t l ' œ u v r e d e M e l a n i e K l e i n ,

c e l l e d e W i n n i c o t t o u d e L a c a n , l ' é c o l e p s y c h o c u l t u r a -

l i s t e d e K a r d i n e r o u c e l l e d e K a r e n H o r n e y , l e s f r e u d o -

m a r x i s m e s d e R e i c h , d e M a r c u s e o u d e F r o m m , le p s y -

c h o d r a m e d e M o r e n o , l a « d a s e i n a n a l y s e » d e

B i n s w a n g e r , l ' a n a l y s e t r a n s a c t i o n n e l l e d ' E . B e r n e , l a

g e s t a l t - t h é r a p i e d e P é r i s , l a t h é o r i e d u « c r i p r i m a i » d e

J a n o v ? E n c e t t e f i n d e X X s i è c l e , l a p s y c h o l o g i e d y n a -

m i q u e a p p a r a î t é c l a t é e e n u n t r è s g r a n d n o m b r e d e

c o u r a n t s , d e s p l u s s é r i e u x a u x p l u s f a r f e l u s , q u i p e u -

v e n t p r e s q u e t o u s s e p r é v a l o i r d e c e r t a i n s s u c c è s « c l i -

n i q u e s » , m a i s q u i s e r e l a t i v i s e n t é v i d e m m e n t l e s u n s

les a u t r e s . M ê m e c h e z c e u x q u i c o n t i n u e n t à s e r é c l a -

m e r d ' u n e d o c t r i n e p r é c i s e , p a r e x e m p l e c h e z les f r e u -

d i e n s o r t h o d o x e s , d e v e n u s d a n s le m o n d e n e t t e m e n t

m i n o r i t a i r e s , l ' a d h é s i o n a p p a r e n t e à u n e m ê m e d o c -

t r i n e c a c h e d e t r è s g r a n d e s d i f f é r e n t e s d e s e n s i b i l i t é : il

n ' y a p r e s q u e r i e n d e c o m m u n e n t r e le s o i g n a n t q u i

u t i l i s e d e s b r i b e s d e p s y c h a n a l y s e p o u r a i d e r d e s g e n s

e n d i f f i c u l t é , l e t h é o r i c i e n l a c a n i e n q u i s ' a p p u i e s u r d e s

g r a p h e s m a t h é m a t i q u e s p o u r s p é c u l e r s u r l ' « o b j e t

a » , e t le c r i t i q u e l i t t é r a i r e q u i s e s e r t d u c o d e p s y c h a -

n a l y t i q u e p o u r f a i r e a p p a r a î t r e d e s s i g n i f i c a t i o n s i m -

p r é v u e s d a n s u n t e x t e . O n c o m p r e n d d u c o u p q u ' u n

e x a m e n c r i t i q u e d e l a p s y c h a n a l y s e n e p e u t e s p é r e r t e -

n i r c o m p t e d e l a t o t a l i t é d e s f a c e t t e s d ' u n m o u v e m e n t

a u x c o n t o u r s a u s s i i m p r é c i s , q u i a t o u t p a r t i c u l i è r e -

m e n t s u b i e n o u t r e l ' a c t i o n d é f o r m a t r i c e d e l a v u l g a r i -

s a t i o n : l a s e u l e f a ç o n d e le c o n d u i r e r e s t e d o n c d e p r i -

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qu'il faille s'en attrister, tant le rêve d'une humanité pleinement réconciliée semble en fait puéril, et tant il apparaît désormais que le véritable effet de tout pro- grès intellectuel et social est moins de simplifier que de complexifier l'existence.

Les révélations prodiguées par les penseurs du soupçon devaient par ailleurs une part importante de leur pouvoir de choc à leur nouveauté, et au contexte culturel idéaliste dans lequel elles étaient affirmées. Une fois banalisées au point de se transformer parfois en dogmes nouveaux, et situées dans le contexte d'une culture qui a tellement valorisé l'audace intel- lectuelle que plus rien ne peut finalement la surpren- dre, leurs faiblesses apparaissent plus clairement : la lutte des classes et la sexualité infantile sont des réali- tés indiscutables, mais ne jouent peut-être pas le rôle prééminent qu'on a voulu leur attribuer. Quant à l'insistance mise à souligner l'irrationalité et la passi- vité de l'être humain, elle apparaît elle aussi exces- sive : notamment parce que cette irrationalité est contredite par l'existence même du discours qui l'énonce — qui se veut, lui, pleinement rationnel, et revendique une absolue lucidité sur l'être humain. Peut-être même ce que l'on peut reprocher à la philo- sophie et aux sciences humaines du début du siècle est-il en fait d'avoir trop cru à la possibilité d'une conscience totale permettant la suppression complète de tout aveuglement : c'est cet orgueil démesuré, qui explique en partie le sentiment qu'elles donnent au- jourd'hui, non seulement de n'avoir pas tenu toutes les promesses qu'elles avaient faites, mais d'avoir créé de nouveaux dogmatismes et engendré des illusions dangereuses.

C'est tout particulièrement le postulat selon lequel ce qui n'est pas dit est rejeté dans l'ombre par une force qui le refoule qui paraît aujourd'hui daté. Autant

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une culture qui assigne à la pensée des normes contrai- gnantes peut laisser soupçonner à ses membres que ce qu'elle refuse d'évoquer est essentiel, et leur donner du coup le désir de le regarder en face, autant une culture permissive fait de son côté l'expérience qu'à vouloir tout dévoiler, on rend en fait les objets qu'on dévoile insignifiants : et paradoxalement elle finit par rendre intelligibles rétrospectivement les interdits discursifs qu'elle a voulu abolir — interdits qu'expliquaient à la fois le sentiment que sur certains sujets la parole est inutile ou inadéquate, et la volonté de donner préci- sément de l'importance aux objets sur lesquels ils portaient.

Si on le prend dans sa version maximaliste, le projet qui sous-tend la psychanalyse apparaît donc d'une am- bition démesurée, et semble appartenir à un moment révolu de l'histoire de la culture. Mais on peut en re- vanche en donner une présentation minimaliste, qui s'accorde alors parfaitement avec l'esprit pluraliste qui semble caractériser la culture « post-moderne » ac- tuelle. Autant en effet la prétention de dévoiler « la » vérité absolue d'un être humain paraît abusive, autant il paraît difficile de critiquer l'effort fourni pour propo- ser de ses comportements une lecture qui les éclaire d'une lumière originale, tout en reconnaissant sa pro- pre incomplétude et la légitimité de lectures concur- rentes. La grille psychanalytique est partielle et artifi- cielle, mais elle est aussi stimulante et échappe à la trivialité. La place qu'elle occupe dans la culture mo- derne, ne serait-ce qu'à titre de langage possible, té- moigne en tout cas de la préférence affichée par celle-ci à l'égard de discours valant plus par leur fécondité que par leur vérité, et dont chacun ne dévoile qu'une partie de l'intelligibilité inhérente à l'objet dont il parle : ce qui disparaît dans cette perspective, c'est précisément l'idée d'un langage vrai unique, d'une perspective tota-

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lisante qui ferait la synthèse des différentes perspectives partielles et les unifierait. Le réel est désormais éclaté, et c'est de la juxtaposition et du choc des multiples points de vue qu'on peut prendre sur lui que la culture moderne attend la seule lumière métaphysique qu'elle estime concevable.

Il existe un autre aspect de l'influence de la psycha- nalyse qui semble échapper en partie à la remise en cause. L'image qu'elle donne d'un homme en proie à des pulsions et des fantasmes qu'il ne peut contrôler, animé par un désir dont il ne connaît pas le véritable but, ignorant de ce qu'il est et de ce qui se passe en lui, dominé par des symbolismes dont il ne comprend pas le sens, en un mot étranger à lui-même, parle ma- nifestement à la sensibilité moderne, et l'on pourrait retrouver dans l'art, la littérature et la philosophie du XX siècle de nombreuses œuvres qui la reprennent à leur compte. Pourquoi cette attirance pour des thèmes comme ceux de la « dissolution du sujet » ou de « la mort de l'homme » (Foucault) ? Pas forcé- ment parce qu'ils correspondent à la réalité objec- tive : prétendre que la psychanalyse ou n'importe quelle autre science humaine moderne ont établi que l'homme était complètement passif ou irrationnel est, on l'a vu, complètement abusif. En fait, c'est plutôt le contraire. C'est parce qu'il est sûr de sa rationalité et de sa puissance sur le monde que l'homme moderne cherche à regarder en face les aspects les plus chaoti- ques et les plus inhumains du monde comme de lui- même : à la fois pour maîtriser intellectuellement l'irrationnel, et, en sens inverse, pour compenser par sa contemplation ce que l'effort pour mettre perpé- tuellement de l'ordre dans le réel peut avoir de dessé- chant. Une civilisation hyperrationalisée a besoin d'une culture irrationaliste et métaphysiquement anti- humaniste.

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II. — Le problème de la connaissance psychologique

Sur un autre plan, l'existence de la psychanalyse semble riche d'enseignements. Elle suggère sans doute tout d'abord la nécessité de relativiser les séparations radicales que nous tendons à poser entre les différents genres de l'activité culturelle. Par certains côtés, la discipline créée par Freud touche sans doute à la science : et elle tente bien de fait d'expliquer les comportements humains, même si l'intelligibilité qu'elle apporte, faite de relations de causalité senties intuitivement sans le moindre souci de mise à l'épreuve, n'est assurément pas une intelligibilité forte. Mais, à d'autres égards, la psychanalyse est aussi une forme de littérature, une éthique, une philo- sophie, voire (le passage de Freud à Jung, ou dans un autre style à Lacan est à cet égard significatif) une forme de spiritualité ou de mystique. Dans chacun de ces domaines sa réussite peut être contestée : à tout le moins le fait qu'elle soit parvenue à s'y affirmer et à y susciter des sympathies prouve-t-il qu'il n'y a pas en- tre eux de cloisons absolument étanches ; et qu'en particulier il est difficile de concevoir une psychologie qui ne soit pas largement imprégnée d'éléments philo- sophiques et moraux.

Comment s'en étonner ? Les aspects de la vie psy- chique dont peut traiter une psychologie authentique- ment scientifique sont limités, et l'analyse des senti- ments vécus ou des motivations qui expliquent nos actes n'en fait pas partie. A côté de la psychologie « en troisième personne » qui étudie expérimentalement les comportements, il y a donc toujours place pour une psychologie introspective (« en première personne ») ou pour une psychologie « en seconde personne », re- posant sur l'observation, dans des conditions suppo-

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sées privilégiées, d'un homme par un autre. Chacune de ces deux dernières démarches a ses avantages : un observateur extérieur peut percevoir de nous des choses qui nous sont inaccessibles, mais il n'a pas d'ac- cès direct à notre vécu. Mais toutes deux ont en commun de ne pas permettre de distance réelle entre l'observateur et ce qu'il observe, et donc de supprimer toute différence entre l'être et l'apparaître : le psycha- nalyste en particulier, loin d'observer son patient du point de vue de Dieu, le juge en fonction de sa sensibi- lité, de ses valeurs, et de ses catégories intellectuelles personnelles. Ce manque inévitable d'objectivité ne les empêche cependant pas d'être l'un comme l'autre riches de contenu. Peu importe au fond que les senti- ments décrits par l'observateur appartiennent ou non à l'objet qu'il croit observer : du seul fait qu'il croit les voir, ils sont réels — au moins en lui ; et du seul fait que d'autres adhèrent à son interprétation, ils sont si- gnificatifs de la façon dont l'homme s'apparaît à lui- même, c'est-à-dire dont il vit sa condition. Dans cette optique, la psychanalyse (au même titre que l'intros- pection) n'est peut-être pas tant une connaissance des émotions et des fantasmes de l'homme, qu'une manière de manifester et d'exprimer certains d'entre eux. A cet égard elle contribue bien, mais indirectement et au se- cond degré, à révéler l'homme à lui-même.

Peut-être faut-il de toute façon se rendre compte que les énoncés portant sur nos sentiments, nos désirs, les motivations de nos actes, ne sont pas susceptibles d'être déclarés vrais ou faux avec la même simplicité que ceux qui portent sur les objets extérieurs. Ce que révèle l'existence du discours psychanalytique, c'est précisément que derrière nos sentiments conscients, on peut toujours en trouver un grand nombre d'autres, sans qu'une telle analyse apparaisse jamais ni certaine ni complètement absurde. Comme Gide l'avait fait

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remarquer, en psychologie, la frontière entre le réel et le fictif, l'authentique et l'inventé semble étrangement s'effacer.

Comment comprendre cette indiscernabilité de l'être et de l'apparaître dans le domaine psychologique ? Une première façon de le faire est peut-être de dire que notre expérience enveloppe (de façon très leibnizienne) au fond l'infini. Non seulement il n'est pas une sensa- tion ou une émotion qui, soumise à l'analyse, ne se ré- vèle d'une richesse quasiment illimitée, mais il n'est peut-être pas de sentiment qui nous soit complètement étranger, même s'il ne pèse en pratique que d'un poids infime dans nos comportements : d'une extrême complexité, notre vie affective fait coexister les émo- tions et les aspirations les plus diverses et les plus op- posées. Lorsque Freud découvre en nous des fan- tasmes sexuels qui nous paraissent incroyables (comme le fantasme de castration), lorsqu'il montre l'ambiva- lence de chacun de nos sentiments (nous éprouvons des désirs agressifs à l'égard de ceux que nous croyons le plus aimer), il ne peut en ce sens jamais avoir complètement tort. Tout au plus peut-on lui reprocher de jouer un peu sur le sens du mot désir, qui dans la psychologie commune désigne simplement un désir dominant, et non une composante infinitésimale de notre vécu ; et surtout de présenter souvent les ten- dances embryonnaires qu'il décèle en nous comme nos « vrais » désirs, alors que c'est précisément de l'inadé- quation du concept de désir vrai que son analyse tire sa possibilité.

Une autre façon de rendre compte de l'indétermina- tion intrinsèque de notre vie psychologique serait d'es- sayer de déterminer à quels critères concrets nous re- connaissons la présence de ce que nous appelons « désir », « sentiment », « motivation » : quels sont en d'autres termes les signes extérieurs de notre prétendue

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« vie intérieure ». Le cas où ces notions ont le sens le plus clair est celui où l'on peut constater la conver- gence effective de deux éléments supposés fonctionner en accord l'un avec l'autre : un discours et un compor- tement. Etre amoureux c'est par exemple avoir conscience d'être amoureux, et en même temps se comporter d'une façon qui le confirme. Il est clair ce- pendant que dans certains cas le comportement et le discours conscient sont en désaccord, et qu'en général nous tendons alors à considérer que les actes, même s'ils sont plus difficiles à interpréter, expriment plus profondément la vérité des sentiments que la pensée consciente : si l'on se croit amoureux, et que l'on aban- donne en fait la personne que l'on aime à la première difficulté, on se trompe sur son amour ; de même et en sens inverse, si l'on se croit indifférent, et qu'on montre par sa conduite qu'on est obsédé par elle. C'est en ce sens que l'on peut parler de sentiments inconscients, à condition de préciser malgré tout que leur identifica- tion a tout de même besoin, étant donné l'équivoque inhérent aux comportements, que le sujet finisse par « en prendre conscience », faute de quoi elle reste incertaine.

Il n'y a cependant pas toujours de convergence concevable entre les discours et les comportements. Dans toute une série de cas, mes sentiments se ramè- nent à ce que je crois et dis voir d'eux, et aucune vérité n'est alors imaginable : à vrai dire, la description que je fais de mes états d'âme, si je tiens par exemple mon journal intime, se donne pour leur connaissance, mais elle est en fait leur expression et leur manifestation. Il n'y a pas de référent objectif à laquelle on pourrait en tout cas la confronter.

Symétriquement, toute conduite humaine laisse ap- paraître à l'observateur extérieur des caractères struc- turaux, qui ne correspondent à aucun vécu subjectif

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possible. La plupart des concepts psychanalytiques dé- signent d'ailleurs des structures de ce genre : lorsqu'on dit d'un homme qu'il s' « identifie » à un autre, ou qu'il « projette » ses désirs sur un autre, on ne décrit pas un mystérieux ou inaccessible processus intérieur, mais seulement une caractéristique de sa conduite. Même les désirs que l'analyse croit pouvoir déceler chez son patient — ainsi d'un individu dont on dit qu'il « recherche inconsciemment l'échec », parce qu'il connaît un insuccès répété — ne renvoient le plus sou- vent à aucune expérience subjective occulte, ou en tout cas n'ont pas besoin d'y renvoyer. Il faut cependant rester conscient dans ce cas que dans l'ensemble confus et équivoque des lignes qui constituent la conduite d'un homme, il est possible de mettre en évidence plu- sieurs types de formes organisées concurrentes, et qu'aucune ne peut prétendre être plus réelle que les au- tres : il y a certes des faits qu'il nous est difficile de ne - pas rapprocher et de ne pas percevoir en continuité, mais ils ne permettent pas de faire émerger une lecture unique de ses actes, ni même de nous garantir que no- tre désir de sens n'est pas à certains égards illusoire. Un choix amoureux, un engagement politique, une dé- pression, un suicide, sont ainsi interprétables d'une multiplicité de façons, souvent contradictoires, qui ont toutes leur intérêt, et dont la coexistence suggère l'exis- tence d'une ambiguïté essentielle aux conduites hu- maines, qui ne peut jamais être supprimée.

Bien sûr, il ne s'agit pas de nier qu'on puisse être en pratique plus ou moins bon psychologue, à condition de préciser ce qu'on entend par là : ce peut être prévoir avec exactitude le comportement des autres, être capa- ble d'agir sur eux, de les séduire, de les manipuler, ou de soulager leurs souffrances, leur donner l'impression qu'on les comprend et qu'on devine ce qu'ils se disent, ou encore décrire des sentiments d'une façon qui soit

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pour eux « parlante ». En revanche, il y a une chose que le meilleur psychologue ne peut prétendre faire — et dont on peut reprocher pourtant aux diverses psy- chanalyses d'avoir suggéré la possibilité — : « sonder le reins et les cœurs », connaître réellement les senti- ments profonds de ceux qu'il étudie. Car l'idée de sen- timents objectivement déterminés « à l'intérieur » de nous semble bien relever de l'illusion.

Une telle indétermination peut paraître frustrante, mais elle a aussi, il faut s'en rendre compte pour finir, sa positivité : le fait que la vie psychologique n'existe pas « en soi » implique qu'elle a toujours à être inter- prétée, de façon qui peut gagner en richesse et en pro- fondeur, et que de nouvelles formes de description peu- vent en être proposées. Ecrivains et psychologues ne sont pas en mesure de prétendre dire la vérité au sens strict du terme, mais leurs analyses peuvent faire appa- raître la réalité psychique sous un éclairage sans cesse renouvelé. Il y a de fait, on le sait, une histoire de la fa- çon dont les hommes comprennent leur vie intérieure, qui se transforme suivant les époques et les sensibili- tés : Homère et saint Augustin, Shakespeare et Proust, en donnent par exemple des images qui ne sont pas complètement divergentes mais assurément pas non plus identiques. Dans cette histoire, le freudisme et la psychanalyse constituent assurément un moment par- ticulièrement fort : mais la description qu'ils donnent de l'être humain, qui n'en éclaire de nouvelles dimen- sions qu'en en occultant d'autres, n'est certainement pas plus « exacte » que les descriptions antérieures, même si elle est plus complexe et plus moderne. Elle ne reflète pas, comme on l'a d'abord cru, l'accession à la pleine lucidité de l'être humain, devenu capable de re- garder en face la réalité intérieure qu'il avait jusque-là méconnue. Bien au contraire : le caractère provocateur et problématique de certaines de ses interprétations

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aura surtout contribué en fait à faire prendre conscience de l'impossibilité d'une telle lucidité, et de l'inévitable pluralité des points de vue, toujours par- tiels, en fonction desquels on peut tenter de décrire la vie psychologique.

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