les contes oublier de grimm

124
1 1

description

 

Transcript of les contes oublier de grimm

Page 1: les contes oublier de grimm

11

Page 2: les contes oublier de grimm

2

Page 3: les contes oublier de grimm

3

Page 4: les contes oublier de grimm

4 4

Page 5: les contes oublier de grimm

54

Esteban Sohet

Grimm

Page 6: les contes oublier de grimm

6 6 7

PréfaceComme j' aime ce qui sort de l' ordinaire. Pour la fin de mes études il fallait trouver une idée très originale et la travailler de façon inhabituelle.

Alors je me suis rappelé des contes que l' on me lisait le soir avant de m'endormir, les très fameux contes des frères Grimm. Ces mêmes contes que j' ai vu sur grand écran quelques années plus tard. Jakob et Wilhelm Hanau, plus connus sous le nom des frères Grimm qui se sont employés à collecter et à ressusciter les créations poétiques de la culture populaire allemande et tout ça en 1806.

Les mêmes frères qui nous ont transmis les contes très connus de Raiponce, La belle au bois dormant,Blanche-Neige et Cendrillon. Ces contes que les enfants d' aujourd’hui connaissent dans la version de Walt Disney.

Page 7: les contes oublier de grimm

76 7

C' est là que j'ai compris que ces contes ne faisaient pas seulement partie de mon enfance, mais de l' enfance de tous les européens ainsi que les espagnoles. Donc retour aux sources et à ma culture d' origine. Mais ce n' était pas tout, il ne fallait pas illustrer la millième version du petit Chaperon rouge.

En faisant quelques recherches sur les écrits des frères Grimm, j'ai découvert qu' ils avaient recueilli beaucoup de contes dont certains oubliés.

C' est ça, voilà ce que je veux illustrer, des contes perdus dont les parents ne se souviennent plus et qu' ils ne racontent plus à leurs enfants. Mais qui sont pourtant gravés dans leur mémoire et qui sait peut-être ont forgé leur personnalité.

Page 8: les contes oublier de grimm

8 8 9

Mais les enfants d' aujourd’hui n' ont plus rien avoiravec ceux d' hier. Ils ne sont plus si naïfs et n' avaleront pas des concepts et des principes d' autres temps. Il fallait donc travailler de façon innovatrice.

Alors je me suis lancé et j' ai découvert de petits bijoux de principes et de conduite de vie.C' est l' étalage des beaux sentiments et du sens du sacrifice. Mais oui, pourquoi pas après tout dans ce monde égoïste et individualiste. Je me suis laissé prendre au jeux et je me suis passionné, comme toujours, par ces personnages hauts en couleur.

Pour la fin de mes études, j'ai tenu à renouer avec une tradition populaire européenne dans une société mondialiste.

Page 9: les contes oublier de grimm

98 9

En lisant ces histoires perdues, j'ai ressenti une ambiance angoissante et pleines de danger, avec aussi toujours la présence de personnages maléfiques même le diable en personne.

Par mes dessins noirs et sombres, j' ai voulu exprimer tout cela et aussi parce que je m' adresse à un public averti, bercé par les images de la toile.

J' espère que ma version vous plaira et qu' en feuilletant ce livre vous allez passer un moment nouveau rempli de nostalgie.

Ces illustrations sont un bien petit hommage aux deux frères qui nous ont tant transmis.

Page 10: les contes oublier de grimm

10 11

Un frère et une soeur qui s’ adorent, mais une vilaine sorcière qui souhaite leur malheur.

Un vilain esprit enfermé dans une bouteille qu’ un jeune homme libère. Un magicien qui dupe le public. Un loup qui se mesure

à la force d’ un humain.Un petit oiseau qui veut être considéré comme le roi

des oiseaux...Voici une partie de l’ univers des frères Grimm

que je vais vous faire redécouvrir.Avec ces huit contes oubliés, je vais vous ramener

à votre enfance pour que vous vous rappeliez de toutes ces histoires qui vous ont tant marqué et peut-être même inf luencé dans vos choix.

Bonne lecture et bon voyage dans l’ espace temps.

Page 11: les contes oublier de grimm

1111

Page 12: les contes oublier de grimm

12 12

Page 13: les contes oublier de grimm

1312

-Le roitelet................................................................... 15-Le loup et l’ homme............................................. 31-Frérot et Soeurette........................................... 39-La paille et la poutre du coq........................ 61-La reine des abeilles.......................................... 67-L’ esprit dans la bouteille............................... 81-Les lutins................................................................... 99-Le roitelet et l ’ours........................................ 107

SOMMAIRE

Page 14: les contes oublier de grimm

1514 14

Page 15: les contes oublier de grimm

151514

Page 16: les contes oublier de grimm

16 16 17

Au temps jadis, chaque bruit qui résonnait dans les champs et les villages avait sa propre signification . Quand le mar-teau du forgeron frappait l’ enclume, il signifiait nettement:

« Forgeons, formons et façonnons ! » Quand le rabot du meunisier faisait crisser le bois, il disait:

«Voilà, petit bois! Voilà, petit bois ! » Et lorsque le moulin se mettait à tourner, il appelait très clairement:

« Mon Dieu, venez-moi en aide! Mon Dieu, venez-moi en aide ! »

Et si jamais le meunier voulait le faire tourner en cachette, il se mettait à crier très nettement :

« Qui va là ? Qui va là ? » Puis il tournait plus vite et criait: « C’ est le meunier ! C’ est le meunier ! » Et encore plus

vite, et encore plus fort : «Volons, trois sixièmes au quintal! Volons-les hardiment ! »

Page 17: les contes oublier de grimm

1716 17

C’ était aussi un temps où chaque oiseau avait son langage, que chacun comprenait, alors que maintenant nous n’ enten-

dons plus que sifflements, pépiements et jacasseries . Or, les oiseaux en ce temps-là,

décidèrent qu’ il leur fallait un seigneur au-dessus de leur tête, et qu’ un roi devait régner pour éviter

le chaos. Tous étaient d’ accord sur ce point, tous, sauf le vanneau . Il avait été libre toute son existence, et enten-

dait bien le demeurer. Et comme il était fort inquiet, il volait partout en criant :

« Où aller? Où demeurer ? » Il finit par se réfugier au bord des étangs, fuyant la compagnie des autres oiseaux et

se cachant à leur égard.

Page 18: les contes oublier de grimm

18 19

Page 19: les contes oublier de grimm

1919

Par une belle journée de printemps, tous les oiseaux arri-vèrent de la ville et des champs,

de la forêt et des sous-bois. Ils voulaient discuter et la chose entre eux. Tous étaient présents,

l’aigle et le pinson, le hibou et le corbeau, l’ alouette et le moineau et même le coucou et la huppe,

qui partout le devance. Il y avait également un petit oiseau qui n’ avait pas de nom. En voyant cet étrange

rassemblement, la poule qui ne savait rien de leurs intentions, se mit à caqueter :

«Cot, cot, qu’ est-ce que c’ est?» Et le coq lui répondit, pour la tranquilliser:

« Rien que des riches!» Et il lui racontace qu’ ils avaient en tête.

Les oiseaux, après une longue discussion, décidèrent que serait nommé roi l’ oiseau qui volerait le plus haut.

Page 20: les contes oublier de grimm

20 20

Une grenouille, qui passait par là, se mit à coasser: « Coa, coa, on croit ça!»

voulant dire par là qu’ il y aurait bien des grincements de dents chez ceux qui n’ en n’ ont pas.

Mais le corbeau lui ordonna de se taire, certain que tout irait bien.

Tous les oiseaux décidèrent que l’ épreuve se déroulerait tout de suite, en cette belle journée

de printemps, afin que personne ne puisse dire que la nuit tombante

l’ avait empêché de voler plus haut. Le signal fut donné, et ce fut une nuée d’ oiseaux qui s’ envo-

lèrent, dans un formidable bruissement d’ ailes, soulevant un nuage de poussière, alors même qu’ un

énorme nuage noir se formait dans le ciel.

Page 21: les contes oublier de grimm

2120

Page 22: les contes oublier de grimm

22 23

Au bout de quelques instants, les petits oiseaux durent re-noncer; les plus gros continuèrent à voler, mais ils ne purent suivre l’ aigle qui s’ envolait si haut, qu’ il semblait percer le

soleil de son bec. Quand il vit qu’ il était seul, l’ aigle se mit à redescendre en

disant: «A quoi bon voler plus haut, je suis le roi dès mainte-nant!» Et déjà le soiseaux en dessous de lui l’ acclamaient en

criant: « Vive le roi! Tu es notre roi désormais! Personne

n’ a pu voler aussi haut!» «Sauf moi!»

Page 23: les contes oublier de grimm

2323

fit une petite voix toute aiguë. Et voilà que le petit oiselet qui n’ avait pas de nom, et qui s’ était fait porter dans les plumes de l’ aigle, s’ envole à tire-d’ aile, ses forces intactes. Il vola si haut qu’ il pouvait voir Dieu assis sur son trône. Une fois là-haut, il replia ses ailes et plongea vers le sol, plana un instant

puis se posa en criant: «Je suis le roi! Je suis le roi!»

Page 24: les contes oublier de grimm

24 24 25

-Toi, notre roi? Tu n’ y es arrivé que par la ruse et la triche-rie! s’ exclamèrent les autres oiseaux,

furieux. Cela ne compte pas. Il fut alors décidé que le roi serait celui qui pourrait s’ en-

foncer le plus profond dans la terre.A ces mots, et dans un grand pouf! L’ oie vint s’ aplatir sur le sol. Le coq se mit à gratter le sol à toute vitesse pour y faire un trou. Le canard vint s’ abattre dans un fossé, mais, dans

sa précipitation, il se foula une patte et on le vit se dandiner vers l’ étang en geignant:

« Ah ! que je suis malheureux! Pauvre de moi!» Le minuscule oiseau sans nom, pendant ce temps, s’ était précipité dans un trou de souris, s’ y était enfoncé sans peine, et du fond du trou, on entendit une petite voix qui

criait: «Je suis le roi! Je suis le roi!»

-Toi, notre roi? protestèrent les oiseaux, furieux. Tes ruses ne prendront pas avec nous.

Alors ils se réunirent et décidèrent de l’ enfermer dans son trou de souris,

afin qu’ il y périsse de faim. La chouette fut désignée pour garder le trou, et sutout, qu’

elle veille bien à ne pas laisser sortir l’ imposteur!

Page 25: les contes oublier de grimm

2524 25

Page 26: les contes oublier de grimm

26 26 27

Page 27: les contes oublier de grimm

2726 27

A la fin de cette journée, exténuée par leur grand vol, les oiseaux allèrent se coucher,

retrouvant leur famille. Il ne resta que la chouette, toujours plantée devant le trou

de souris. Mais elle sentit bientôt la fatigue l’ envahir et ses yeux pi-

quaient à force de guetter. «Je peux bien fermer un oeil, se dit-elle, l’ autre suffira

bien pour surveiller le trou de souris!» Elle ferma un oeil, gardant l’ autre bien ouvert en direction

du trou. L’ oiselet sortit timidement sa tête, espérant prendre la

fuite, mais quand la chouette fit un pas dans sa direction, il rentra bien vite dans sa cachette.

Alors la chouette ferma son second oeil et rouvrit le premier, et ainsi de suite toute la nuit,

gardant toujours un oeil ouvert surveillant le tricheur. Mais il vint un moment où elle oublia d’ ouvrir l’ oeil qui état

fermé, et dès qu’ elle eut les deux yeux clos, elle s’ endormit, sans même s’ en rendre

compte. Le petit diable lui, s’ en était aperçu, et il en profita pour filer bien vite.

Page 28: les contes oublier de grimm

28 28 29

Et c’ est depuis ce temps-là que la chouette reste cachée le jour, car sinon les autres oiseaux

lui arracheraient ses plumes l’ une après l’ autre; elle ne vole plus que la nuit et se venge contre les souris,

qu’ elle poursuit sans relâche, les punissant ainsi de creuser leurs maudits trous.

Le minuscule oiselet ne se montre pas non plus, craignant bien fort qu’ on ne lui passe la corde au cou.

Il se contente de voleter près des maisons, le long des haies de clôture, et là, parfois, lorsqu’ il se sent en sécurité, il

pousse un cri : « C’ est moi le roi! C’ est moi le roi!»

Et c’ est pour cela que les autres oiseaux, par moquerie, l’ on appelé le roitelet.

Quant à l’ alouette, elle est si heureuse de ne pas avoir à obéir ua roitelet, qu’ elle s’ envole très haut dans le ciel,

lorsque commence à poindre le soleil, en s’ écriant: « Mais que c’ est beau! Mais que c’ est beau!»

Mais plus personne aujourd’ hui ne comprend le langage des oiseaux!

Page 29: les contes oublier de grimm

2928 29

Page 30: les contes oublier de grimm

30 30

Page 31: les contes oublier de grimm

3130

Page 32: les contes oublier de grimm

32 32 33

Il était une fois un renard qui devisait avec son ami le loup. Il lui parlait de la force de l’ homme,

qui selon lui surpassait tous les animaux, et que l’ on ne pouvait combattre victorieusement

que par la ruse.-Moi, dit le loup, si je me trouvais face à un homme,

je saurais bien en faire mon affaire!-Qu’ à cela ne tienne, répondit son ami. Viens chez moi demain au lever du jour et je t’ en ferai voir un.

Page 33: les contes oublier de grimm

3332 33

Le loup se rendit donc de bon matin chez le renard qui l’ emmena sur un chemin où chaque jour

passait un chasseur. Ils virent d’ abord arriver un vieu soldat à la retraite.

-Est-ce là un homme? demanda le loup.-Non, celui-là a été un homme, répondit le renard

Peu après arriva sur le chemin un petit garçon qui se rendait à l’ école.-Est-ce là un homme? Demanda le loup.

-Non, celui-là deviendra un homme, répondit le renard.Le suivant n’ était autre que le chasseur,

qui arrivait portant sur lui son fusil à deux coups et son couteau de chasse à la ceinture.

-Regarde celui-là. Voilà un homme, dit le renard.

Page 34: les contes oublier de grimm

34 34

Attaque-le et vois si tu peux en venir à bout, mais moi, je me cache dans mon terrier.

Alors le loup s’ élança à découvert sur l’ homme. Celui-ci l’ épaula aussitôt,

regrettant amèrement de ne pas avoir chargé son fusil à balle.

Il visa et tira sur le loup qui reçut une volée de chevrotines en plein museau. Bien que la douleur fut cuisante,

le loup continua à charger, et lorsqu’ il fut à bonne distance,

le chasseur visa et lui expédia une deuxième cartouche. Le loup hurla de douleur mais tint bon,

et bondit sur le chasseur pour un terrible corps à corps. Le chasseur dégaina son couteau,

et l’ enfonça à plusieurs reprises dans la bête. Le loup, fou de douleur et perdant son sang de tous côtés,

s’ enfuit jusque chez le renard.

Page 35: les contes oublier de grimm

3534

Page 36: les contes oublier de grimm

36 37

Page 37: les contes oublier de grimm

3737

-Alors, mon ami, es-tu venu à bout de cet homme? fit le renard.

-C’ est trop douloureux, fit le loup en lèchant ses blessures. Jamais je n’ aurais imaginé que l’ homme soit aussi fort!

Tout d’ abord, il apris une sorte de bâton qu’ il portait à l’ épaule, puis il a soufflé dedans,

m’ envoyant en pleine figure quelque chose qui m’ a brûlé; et puis il a soufflé une seconde fois,

c’ était comme si la foudre m’ étais tombée sur le museau; et quand je fus sur lui,

il a sorti de son corps une côte brillante avec laquelle il m’ a fait tellement mal que c’ est miracle si je ne suis pas resté

mort sur place!-Tu vois, mon ami, quel fanfaron tu as été!

Tu enfonces la cognée si profond que tu n’ es plus capable de la récupérer!

Page 38: les contes oublier de grimm

38 38

Page 39: les contes oublier de grimm

3938

Page 40: les contes oublier de grimm

40 40

Frérot prit sa Soeurette par le main et lui dit:-Depuis que notre mère est morte, nous ne connaissons plus

que le malheur; tous les jours notre belle-mère nous bat, et lorsque nous voulons nous approcher d’elle,

elle nous repousse à coups de pied. Nous n’avons, pour seul repas,

que de vieilles croûtes de pain, et le chien, sous la table est bien plus heureux que nous;

lui au moins, reçoit de temps en temps un bon morceau ! Que Dieu ait pitié de nous !

Si notre mère savait cela ! Sauvons-nous, nous allons parcourir le monde.

Toute la journée, en se tenant par le main, il marchèrent à travers champs,

à travers prés et dans des chemins caillouteux; et quand la pluie se mit à tomber, Frérot dit à Soeurette :

«Dieu verse des larmes, tout comme notre coeur!»Au soir, ils arrivèrent dans une grande forêt;

ils étaient si fatigués, leur chagrin était si lourd, et leurs forces étaient si faibles qu’ils se blottirent dans le

creux d’un arbre et s’endormirent.

Page 41: les contes oublier de grimm

4140

Quand ils se réveillèrent le lendemain matin, le soleil était déjà bien haut et la chaleur pénétrait dans la forêt.

Frérot dit à Soeurette: «Soeurette, j’ai grand soif, si seulement je pouvais trouver

une source, je courrais m’y désaltérer. Mais je crois bien entendre le murmure d’un ruisseau.»

Il prit sa Soeurette par la main, et ils partirent en quête de la source. Or, la marâtre qui était une sorcière,

avait vu partir les deux enfants et les avait suivis en secret, avec l’habileté d’une sorcière;

et elle avait jeté un sort sur toutes les sources de la forêt. Quand le frère et la soeur découvrirent un ruisseau limpide

qui cascadait sur les pierres, et alors que Frérot s’apprêtait à boire,

Soeurette entendit une voix qui provenait du ruisseau: « Qui me boit est changé en panthère; qui me boit est changé en panthère...»

Elle s’écria:-Je t’en supplie, Frérot ne bois pas de cette eau,

sinon tu seras changé en panthère et tu me dévoreras!

Page 42: les contes oublier de grimm

42 42 43

Frérot, bien que terriblement assoifé, ne but pas et dit: -J’attendrai jusqu’à la prochaine source.

Mais lorsqu’ils arrivèrent au ruisseau suivant, Soeurette entendit l’eau murmurer:

«Qui me boit devient loup; qui me boit devient loup...» -Je t’en supplie, Frérot, ne bois pas de cette eau,

sinon tu seras transformé en loup et tu seras transformé en loup et tu me dévoreras!

Frérot écouta une fois de plus Soeurette mais lui dit: -J’attendrai jusqu’à la prochaine source, mais cette fois-ci,

quoi que tu en dises, je boirai!Et lorsqu’ils arrivèrent au troisièpe ruisseau, Soeurette entendit l’eau claire lui murmurer : « Qui me boit est transformé en chevreuil; qui me boit est transformé en chevreuil...»

-Oh Frérot, s’il te plaît ne bois pas! Tu serais alors changé en chevreuil et tu t’enfuirais loin de

moi!

Page 43: les contes oublier de grimm

4342 43

Cependant, Frérot était déjà agenouillé au-dessus du ruisseau, et il commença à boire. Mais dès qu’il eut trempé ses lèvres,

il se transforma immédiatement en jeune chevreuil. Soeurette pleura sur le sort de son malheureux petit frère; et le jeune chevreuil pleura aussi d’elle et finit par s’allonger

tristement auprès d’elle. La petite lui dit:-Ne pleure, pas mon pauvre petit chevreuil,

je t’abandonnerai jamais. Elle détacha sa jarretière d’or et la mit au cou du jeune chevreuil, et lui tressa une laisse souple

en osier afin de pouvoir le mener.

Page 44: les contes oublier de grimm

44 44 45

Elle attacha le jeune animal et s’enfonça plus encore dans la forêt;

Ils marchèrent longtemps, logtemps, et arrivèrent enfin devant une chaumière

qui semblait abandonnée. Soeurette regarda à l’intérieur, et, constatant

qu’elle était vide, songea: «Nous pourrons nous y installer.»

Aussitôt, elle alla chercher des feuilles et de la mousse et préparer une litière bien douce pour son Frérot.

Chaque matin, elle allait cueillir des baies, des racines et des noisettes pour son Frérot,

qui venait lui manger dans la main; le jeune chevreuil semblait heureux,

gambadant et folâtrant autour d’elle. Le soir, quand Soeurette était bien fatiguée,

elle disait sa prière et se blotissait contre le doux pelage du chevreuil et s’endormait. Ils auraient pu être heureux, si seulement Frérot avait gardé son apparence humaine!

Page 45: les contes oublier de grimm

4544 45

Page 46: les contes oublier de grimm

46 46 47

Ils vécurent ainsi quelque temps, seuls. Puis un jourle roi de la contrée donna une grande chasse dans la forêt,

qui retentit soudain du son du cor, des aboiements joyeux des chiens de la meute et des voix

des chasseurs. Le petit chevreuil ne tenait pllus en place et supplia sa soeur

de le laisser participer à la fête: «Laisse-moi libre d’aller à la chasse, Soeurette, je n’ en

peux plus !»Il insista tant qu’elle finit par céder.

-Je te l’accorde, dit-elle, mais promets-moi de revenir ce soir sans faute.

Et comme je garderai ma porte close, pour les vilains chasseurs, tu frapperas et me dira :

«Soeurette, ouvre-moi!» pour que je puisse te reconnaître. Sinon, je n’ouvrirai pas.

Le jeune chevreuil s’ élança, tout joyeux de pouvoir gambader à son aise et de se retrouver

en liberté.

Page 47: les contes oublier de grimm

4746 47

Le roi et ses chasseurs apreçurent le jeune animal et se lancèrent à sa poursuite.

Mais à chaque fois, le chevreuil leur échappait, bondissait par dessus les fourrés,

et disparaissait de leur vue. Quand vint le soir,

il courut à la maison et frappa à la porte en criant: «Soeurette, ouvre-moi!»

La porte s’ ouvrit aussitôt et d’un bond, le jeune chevreuil se jeta sur sa douce litière

pour s’y reposer toute la nuit.Le lendemain matin,

la chasse recommença et à nouveau, entendant le son des cors et les jappements des chiens,

Frérot supplia sa soeur: «Soeurette, je n’ en peux plus, laisse-moi sortir!»

La petite soeur lui ouvrit la porte en lui recommendant de bien rentrer le soir et de ne pas oublier

de lui dire la formule convenue. Quand le roi et les chasseurs apreçurent de nouveau le jeune

chevreuil au collier d’ or, ils le prirent immédiatement en chasse et le poursuivirent

toute la journée.

Page 48: les contes oublier de grimm

48 49

Page 49: les contes oublier de grimm

4949

Mais il était trop vif et trop agile; vers le soir, les chasseurs réussirent pourtant à le cerner,

et l’un d’eux le blessa légèrement au pied. Le chevreuil parvint à leur échapper,

certes, mais sa course était ralentie par sa blessure et un chasseur le suivit jusqu’ à la maisonnette

et l’entendit crier: «Soeurette, ouvre-moi!»

Il vit la porte s’ ouvrir et se refermer bien vite, et nota cette scène dans sa mémoire.

Il s’ en alla trouver le roi et lui conta ce qu’il avait vu et entendu. Le roi déclara :

«Demain, nous reprendrons la chasse.»Soeurette avait été fort affligée de constater que son cher petit chevreuil avait été blessé.

Elle lava sa plaie, y appliqua des herbes et envoya l’animal se coucher bien vite.

Mais la blessure était si légère que le lendemain, il n’ y pensait plus. Et lorsqu’il entendit à nouveau les bruits

familiers de la chasse à courre, il dit: -Je n’y tiens plus, je dois y aller. Ils ne m’attraperont pas.

Soeurette pleura et dit: -Il vont te tuer, et moi je serai toute seule au monde,

abandonnée dans la forêt. Non, je ne te laisserai pas sortir.

Page 50: les contes oublier de grimm

50 50 51

-Alors, je mourrai ici de tristesse, lui répondit Frérot. Quand j’ entends le cor, je ne peux pas tenir en place. A contrecoeur, Soeurette ouvrit la porte et le jeune

chevreuil bondit hors du logis, tout joyeux. Le roi, quand il le vit, dit à ses chasseurs:

-Nous allons le poursuivre tout le jour, mais que personne ne lui fasse de mal!

Quand la nuit commença à tomber, le roi dit au chasseur de la veille :

-Maintenant, viens avec moi et monre-moi cette maisonnette dans la forêt.

Quand il fut devant la porte, le roi frappa en disant:-Petite soeur, ouvre-moi!

La porte s’ ouvrit et le roi entra. Il se trouva face à une jeune fille si belle qu’il n’ en avait

jamais vu de pareille.Mais Soeurette fut terrifiée en constatant

que ce n’ était pas son jeune chevreuil qui était entré, mais un homme portant sur sa tête une couronne d’or.

Page 51: les contes oublier de grimm

5150 51

Mais le roi la considéra avec tendresse et, lui prenant délicatement la main, lui demanda :

-Veux-tu venir avec moi dans mon château et devenir ma femme?

- Oh ! oui, répondit la jeune fille, mais seulement si mon jeune chevreuil vient avec moi,

car je ne l’abandonnerai jamais. -Tu pourras le garder aussi longtemps que tu voudras,

lui répondit le roi, et il manquera de rien.Le jeune chevreuil arriva a même instant et bondit dans la

maisonnette. Soeurette l’attacha à sa laisse d’ osier et sortit avec lui, le tenant elle-même par la main.

Le roi prit la juene fille sur son cheval et la ramena dans son château où l’ on célébra leurs noces avec faste. Soeurette

devint donc altesse royale et ils vécurent longtemps ensemble dans un bonheur parfait.

Page 52: les contes oublier de grimm

52 52

Le jeune chevreuil au collier d’or était choyé, et il gambadait tout le jour dans le parc du château.

Or la méchante marâtre, qui avait été la cause de leur départ croyait

pendant ce temps que Soeurette avait été dévorée par les bêtes sauvages et que Frérot, transformé en che-

vreuil avait été tué par des chasseurs.Quand elle apprit que tous deux, vivaient parfaitement

heureux, l’envie et la rage lui rongèrent le coeur. Elle ne dormait plus, réfléchissant au moyen

de détruire leur bonheur. Et sa propre fille, qui était fort laide et n’avait qu’un oeil,

lui faisait des toutes la journée : «C’ est à moi que revient la place de reine!»

-Sois patiente, ma fille, lui répondait la méchante femme. Je saurai bien m’en occuper lorsque le moment viendra!

Le temps passa et la reine mit au monde un fort beau petit garçon:

le roi était parti à la chasse, et la sorcière en profita pour prendre l’apparence d’une femme de chambre.

Elle entra dans la pièce où reposait la jeune reine et lui dit:

Page 53: les contes oublier de grimm

5352

-Venez, majesté. Votre bain est prêt et il vous redonnera des forces.

Hâtez-vous avant qu’il ne refroidisse!Sa fille, qui était également sur place,

aida à porter la jeune reine qui était bien faible et toutes deux la déposèrent dans son bain.

Puis elles fermèrent la porte à clef et s’ en allèrent. Elles avaient en effet allumé un feu d’enfer dans la salle de

bains, afin que la jeune reine périsse étouffée. Puis la mégère prit sa fille, lui mit sur la tête une coiffe et la coucha à la place de la reine dans le lit. Grâce à ses dons de

sorcellerie, elle avait donné à sa fille l’apparence et la taille de la jeune reine, mais elle n’avait pas réussi

à lui redonner son oeil inexistant. Pour que le roi ne s’ apreçoive de rien,

elle la fit coucher sur le côté où l’oeil manquait.

Page 54: les contes oublier de grimm

54 54 55

Le soir, rentrant de chasse, le roi apprit avec joie qu’un fils lui était né;

mais lorsqu’il voulut se rendre au chevet de sa tendre épouse, la vieille lui barra le chemin en s’ écriant:

-Prenez bien garde de ne pas la réveiller et laissez les rideaux tirés.

La reine ne doit pas voir aucune lumière car elle doit se reposer! Le roi se retira et ne sut donc pas que ce n’était

pas la vraie reine qui était couchée dans son lit.A minuit, quand tout fut endormi,

la nourrice qui veillait sur le sommeil du nouveau né vit s’ ouvrir la porte et entré la véritable

reine. Elle alla au berceau, prit l’ enfant dans ses bras et lui donna à boire.Puis elle le recoucha en arrangeant son oreiller

et en bordant avec tendresse. Elle n’oublia pas non plus le jeune chevreuil qui dormait dans

un coin et le caressa. Puis, sans bruit, elle ressortit. Le lendemain, la nourrice demanda aux gardes

s’ils n’avaient vu personne entrer au château dans la nuit. Ceux-ci répondirent qu’ils n’ avaient vu personne ni entrer,

ni sortir.

Page 55: les contes oublier de grimm

5554 55

Plusieurs nuits de suite, la reine revint de la même manière dans la chambre de l’ enfant,

toujours à la même heure et silencieuse. La nourrice, qui voyait bien, n’ osait en parler à personne.

Au bout de quelque temps, la reine commença à parler dans la nuit:

Comment va mon enfant? Que devient mon chevreuil?Deux fois encore je reviendrai

Puis plus jamais.

Page 56: les contes oublier de grimm

56 56

La nourrice ne répondit pas. Mais quand la reine eut disparu,

elle alla trouver le roi et lui raconta tout.-Mon Dieu, que veut dire tout cela?

la nuit prochaine, je veillerai moi-même sur l’ enfant.Et le soir même, il se rendit près du berceau,

et à minuit la reine paru et dit de nouveau:

Comment va mon enfant?Que devient mon chevreuil?Une fois encore je paraîtrai

Puis plus jamais.

Page 57: les contes oublier de grimm

5756

Puis elle s’ occupa de son enfant comme à l’accoutumée, caressa le chevreuil qui dormait et disparut.

Le roi non plus n’ osa pas lui parler, mais il revint la nuit suivante. De nouveau elle apparut et dit:

Comment va mon enfant?Que devient mon chevreuil?

Ce soir encore. Mais jamais plus je ne viendrai.

Page 58: les contes oublier de grimm

58 58 59

Alors le roi ne put se contenir et , s’ écria:-Tu ne peux être que ma femme chérie,

et pas une autre!-Oui, je suis ta femme chérie,

répondit-elle.A ces mots, par la volonté divine,

elle retrouva la vie et les forces lui revinrent. Elle était aussi belle et aussi fraîche qu’ auparavant.

Elle raconta alors au roi le crime que la sorcière et sa fille avaient commis contre elle.

Le roi les fit arrêter et juger. La fille fut conduite dans la forêt où les bêtes sauvages la

dévorèrent. La sorcière fut jetée au feu et périt dans les flammes

d’une manière atroce. Mais lorsqu’ elle fut réduite à un misérable tas de cendres,

le petit chevreuil se transforma instantanément et retrouva son apparence humaine. Et c’est ainsi que Frérot et Soeurette

vécurent heureux ensemble pour le reste de leurs jours.

Page 59: les contes oublier de grimm

5958 59

Page 60: les contes oublier de grimm

60 60

Page 61: les contes oublier de grimm

6160

Page 62: les contes oublier de grimm

62 63

Il était une fois un sorcier qui exécutait ses tours devant une grande foule rassemblée.

Il pouvait faire des prodiges, et entre autres choses, il fit avancer un coq, qui portait sur son dos une énorme

poutre, aussi aisément que s’ il se fut agit d’ un fétu de paille. Mais dans la foule se tenait une jeune fille qui veanit juste

de trouver un trèfle à quatre feuilles, et qui grâce à cela possédait un esprit de sagesse,

peu propice à se laisser berner par des hallucinations.

Page 63: les contes oublier de grimm

6363

Voyant donc que la poutre était en réalité un fétu de paille, elle s’ adressa à la foule:

« Braves gens, ne voyez-vous donc pas que ce n’ est qu’ un simple brin de paille que porte

ce coq sur le dos?» L’ illusion s’ évanouit aussitôt et les badauds

virent effectivement les choses telles qu’ elles étaient. Le sorcier fut couvert d’ injures et de crachats,

et il dut quitter la ville précipitamment, mais il jura bien de se venger, et le plus tôt serait le mieux.

Quelques temps après, la jeune fille fêtait ses noces et s’ acheminait vers l’ église,

à la tête du cortège, coupant à travers champs. Le cortège fut soudain stoppé par un ruisseau dont les eaux

avaient enflé, et qui ne comportait ni pont, ni passerelle.

La fiancée hésita, puis, comme elle ne voulait point se mettre en retard, releva ses jupes et s’ avança pour traverser.

Page 64: les contes oublier de grimm

64 64 65

Elle allait poser son pied dans l’ eau quand un grand éclat de rire retentit à côté d’ elle.

Et une voix moqueuse lui susurra:«Alors, tu ne vois donc pas clair?

Qu’ as-tu fait à tes yeux pour vir de l’ eau là où il n’ y en a pas?»

C’ est le sorcier qui parlait et ses paroles eurent pour effet de dessiller les yeux de la jeune femme.

Elle se vit soudain, au beau milieu d’ un champs de fleurs, les jupes haut relevées. Toute la noce se moqua d’ elle et elle

dut s’ enfuir à son tour, sous les quolibets et les rires moqueurs.

Page 65: les contes oublier de grimm

6564 65

Page 66: les contes oublier de grimm

66 66

Page 67: les contes oublier de grimm

6766

Page 68: les contes oublier de grimm

68 68 69

Il était une fois deux princes qui s’ en étaient allés parcourir le monde, en quête d’ aventures,

et qui avaient vécu une telle vie de débauche et de rouerie qu’ ils n’ étaient plus jamais rentrés chez eux.

Ils avaient un frère Cadet, surnommé le Benêt, qui partit un jour à leur recherche;

quand il les trouva, ils se moquèrent bien fort de lui car lui qui était si naïf prétendait réussir là où ses deux aînés avaient échoué.

Page 69: les contes oublier de grimm

6968 69

Ils se mirent en route tous les trois et arrivèrent bientôt devant une fourmilière;

les deux aînés voulurent aussitôt la démolir à coups de pied pour s’ amuser du spectacle des petites bêtes affolées.

Mais le Benêt leur dit fort sérieusement:-Laissez ces fourmis tranquilles!

Elles ne vous ont rien fait, et je ne pourrai supporter que vous y touchiez!

Ils passèrent leur chemin

Page 70: les contes oublier de grimm

70 70 71

et arrivèrent près d’ un étang sur lequel évoluaient de nombreux canards. Les deux aînés se mirent en tête

d’ en tuer un ou deux pour les faire rôtir, mais le Benêt s’ interposa et dit:

-Laissez donc ces bêtes tranquilles! Elles ne vous ont rien fait, et je ne pourrai supporter que vous y touchiez!

Ils continuèrent leur route et se trouvèrent bientôt face à un nid d’ abeilles sauvages dégoulinant de miel.

Les deux aînés voulurent aussitôt faire un feu au pied de l’ arbre afin d’ étouffer les abeilles

et de se régaler de leur miel. Mais le Benêt les en empêcha avec véhémence:

-Laissez ces petites bêtes tranquilles! Elles ne vous ont rien fait, et je ne pourrai supporter que vous y touchiez!

Page 71: les contes oublier de grimm

7170 71

Ils continuèrent leur chemin et arrivèrent enfin à un château qui était bien étrange :

les écuries étaient pleines de chevaux, mais ils étaient en pierre; rien ne bougeait dans ce château

qui semblait abandonné. Ils pénétrèrent à l’ intérieur et se promenèrent de salle en salle sans rencontrer âme qui vive, et ils arrivèrent tout au

fond du château, devant une simple porte fermée par trois serrures,

mais qui possédait une petite ouverture permettant de voir ce qui se passait de l’ autre côté.Ils virent alors un petit

homme gris, assis à une table. Ils l’ appelèrent une première fois, mais il ne

les entendit point; ils appelèrent une seconde fois,

toujours pas de réponse. Mais quand ils l’ appelèrent pour la troisième fois,

le petit homme tout gris se leva d’ un bond, vint débloquer chacune

des trois serrures et sortit sans un mot.

Page 72: les contes oublier de grimm

72 72 73

Page 73: les contes oublier de grimm

7372 73

Page 74: les contes oublier de grimm

74 74 75

Page 75: les contes oublier de grimm

7574 75

Toujours sans prononcer un seul mot, il les mena devant une table chargée

de mets les plus appétissants, et ils n’ eurent

qu’ à manger et à boire tout ce que bon leur semblait.

Lorsqu’ ils eurent bien mangé et bien bu, le petit homme gris les conduisit,

toujours sans un mot, dans trois chambres

différentes pour passer la nuit.

Page 76: les contes oublier de grimm

76 76 77

Le lendemain matin, le petit homme gris entra dans la chambre de l’ aîné, lui fit un signe,

et le mena jusque devant une table de pierre où étaient gravées les trois épreuves

qu’ il fallait surmonter pour désenchanter le château. La première épreuve consistait à chercher dans la forêt,

sous la mousse, les perles de la princesse qui étaient au nombre de mille;

il fallait trouver ces perles avant le coucher du soleil, et il ne devait en manquer aucune, sinon la personne serait

elle-même changée en pierre.

Page 77: les contes oublier de grimm

7776 77

L’ aîné se rendit donc dans la forêt, chercha tout le jour les perles sous la mousse,

mais au coucher du soleil, il en avait trouvé à peine une cen-taine. Alors la pédiction se réalisa et il fut changé en statue

de pierre. Le deuxième jour, ce fut au tour du deuxième frère d’ aller chercher les perles dans la forêt; mais il ne fut pas plus chanceux et en trouva à peine deux cents. Il fut aussi

changé statue de pierre.Il fut aussi changé statue de pierre.

Le lendemain, ce fut le tour du frère cadet de se mettre à la recherche des perles.

Mais c’ était si dur et si lent de trouver les perles une à une sous la mousse qu’ il perdit courage et s’ assit sur une pierre pour pleurer.

Alors apparut devant lui, pour l’ aider, la reine des fourmis qu’ il avait sauvées

auparavant; avec l’aide de ses cinq mille sujets,

elle eut tôt fait de rassembler les mille perles de la princesse.

Page 78: les contes oublier de grimm

78 78 79

Mais il restait encore deux épreuves à accomplir et la suivante consistait

à trouver la clef de la chambre de la princesse qui se trouvait quelque part dans le lac.

Le Benêt se rendit donc au bord du lac et fut bientôt rejoint

par tous les canards qu’il avait sauvés auparavant. Ils se mirent tous à plonger et ne tardèrent pas à rapporter

le clef tant convoitée.Mais la troisième épreuve était de loin la plus difficile;

il s’ agissait en effet de désigner, qui, parmi les trois filles du roi, toutes endormies, était la plus jeune et jolie. Les trois

soeurs se ressemblaient terriblement, et leur seule différence résidait dans le genre de sucrerie

qu’ elles avaient mangé avant de s’ endormir.

Page 79: les contes oublier de grimm

7978 79

L’ aîné avait sucé un morceau de sucre candi, la deuxième avait gouté un peu de sirop, et la cadette avait mangé une

cuillérée de miel. Ce fut la reine des abeilles qu’ il avait sauvées qui vint à son secours; elle goûta aux lèvres de chacune et finit par se poser sur celles de la

cadette, qui avait mangé du miel, permettant ainsi au jeune homme de désigner quelle était la princesse

la plus jeune et jolie.Aussitôt l’ enchantement qui régnait

sur le château s’ évanouit, et la vie revint à tous ceux qui avaient été changés en pierre.

Le Benêt, puisque tel était son surnom, épousa la princesse la plus jeune et la plus jolie, et il hérita du royaume à la mort de son père. Quant à

ses deux frères, ils épousèrent les eux autres soeurs et tous vécurent fort heureux.

Page 80: les contes oublier de grimm

80 80

Page 81: les contes oublier de grimm

8180

Page 82: les contes oublier de grimm

82 82 83

Il était une fois un pauvre bûcheron qui trimait du matin jusqu’ au soir.

A force de travailler sans relâche, il avait réussi à économiser quelque argent. Il dit un soir à

son garçon: «Tu es mon seul fils, et cet argent que j’ ai gagné à la sueur

de mon front, je vais l’ employer à ton instruction. Si tu apprends quelque chose d’ utile,

alors tu ne connaîtra jamais la misère et tu pourras même me nourrir lorsque je serai bien vieux,

que mes forces m’ auront abandonnées, et que je resterai assis dans la maison.»

Le jeune homme suivit des cours à l’ université et étudia assidûment. Il ne recueillait que des louanges

de la part de ses professeurs. Après quelques temps, il partit dans une autre université, puis dans une troisième,

afin de parfaire son enseignement; mais avant qu’il eût terminé le cycle de ses études

et obtenu un quelconque diplôme, l’ argent de son père avait fondu comme neige au soleil.

Page 83: les contes oublier de grimm

8382 83

L’ étudiant fut alors obligé de retourner chez son père.-Mais, dit le père, en ces temps de disette,

je n’ ai rien à te donner, et je parviens tout juste à gagner mon pain quotidien!

Mon fils, je ne peux rien faire pour toi.-Ne vous en faites pas, père, et Dieu me garde,

je parviendrai bien à me débrouiller seul.Comme son père allait dans la forêt pour y couper du bois de

chauffage, le fils se proposa de l’ accompagner.

Page 84: les contes oublier de grimm

84 84 85

Page 85: les contes oublier de grimm

8584 85

-Mais c’ est un travail bien trop dur pour toi! S’ exclama le père, un rien moqueur.

Tu n’ es pas habitué à ces travaux, et puis de toute façon je n’ ai qu’ une cognée,

et pas assez de sous pour en acheter une autre.-Demande donc au voisin de te prêter la sienne,

insiste le fils, juste le temps que je gagne assez d’ argent pour acheter ma propre hache!

Le père alla donc emprunter la hache du voisin et, le lendemain, ils partirent tous deux dans la forêt.

Le fils aida son père du mieux qu’ il put, sans laisser paraître aucune trace de fatigue ni d’ ennui. Et

ce fut son père qui l’ arrêta, lorsque le soleil parvint au zénith.

Page 86: les contes oublier de grimm

86 86 87

Asseyons-nous un peu mon fils, pour me reposer, et cassons la croûte. Nous avons besoin de reprendre des forces. Mais le fils prit son morceau de

pain sans s’ asseoir et dit:-Restez assis, père, et reposez-vous un peu. Je ne suis pas fatigué et j’ ai envie de me promener un peu dans les bois,

voir si je peux dénicher quelques nids.-Que me dis-tu là, mon fils? Repose-toi donc,

car autrement tu ne pourras même plus soulever un bras à la fin de la journée. Assieds-toi donc près de moi!Mais le jeune homme n’ en fit qu’ à sa tête et partit

dans les bois, levant le nez pour apercevoir les nids d’ oiseaux. Il alla ainsi, de droite et de gauche,

et parvint jusqu’ à un énorme chêne qui était vieux de plusieurs siècles, et dont le tronc était si large que cinq

hommes n’ auraient pu en faire le tour en se donnant la main. Le jeune homme s’ approcha, se disant que c’ était un endroit

idéal pour faire son nid. Et comme il se tenait là, immobile, il lui sembla entendre une voix.

Page 87: les contes oublier de grimm

8786 87

Retenant son souffle, il entendit en effet une faible voix qui appelait:

«Fais-moi sortir! Fais-moi sortir!» Il regarda tout autour de lui mais ne vit rien.

Ecoutant à nouveau, il lui sembla que la voix venait de sous terre. Il cria alors:

-Où es-tu?-Couché, là, dans les racines du vieil arbre! répondit la voix.

Fais-moi sortir!Le garçon s’ avança et commença à fouiller les racines

du vieux chêne. Il gratta et chercha un bon moment puis finit par trouver une bouteille à demi enfouie. Levant la bouteille

au jour, il vit que quelque chose s’ agitait à l’ intérieur, ressemblant vaguement à une grenouille.

-Laisse-moi sortir ! Laisse-moi donc sortir ! cria la voix à nouveau. Et le jeune homme, sans méfiance,

enleva le bouchon de la bouteille. Aussitôt, il en sortit un esprit qui se mit à croître à toute vitesse pour devenir en moins de deux un terrifiant géant au moins aussi grand

que la moitié du chêne.

Page 88: les contes oublier de grimm

88 88 89

Page 89: les contes oublier de grimm

8988 89

-Je te dois une récompense pour m’ avoir laissé sortir, clama le colosse. Sais-tu quelle est-elle?

-Non, répondit l’ étudiant sans la moindre crainte.-Eh bien, je vais te le dire, hurla le géant:

je vais te rompre le cou!

Page 90: les contes oublier de grimm

90 90 91

-J’ aurais mieux fait de te laisser dedans, rétorqua le jeune homme.

Mais ma tête est bien trop solide pour toi, et tu ne pourrais y arriver seul.

-Comment cela, bien trop dure pour moi, rugit le géant. ce qui est dû est dû. Si tu t’ imagines

que je suis resté enfermé dans cette bouteille par pure miséricorde, tu te trompes.

C’ était par punition, car je suis très fort et très puissant et mon nom est Mercurius.

Maintenant je dois te rompre le cou, puisque c’ est toi qui m’ a délivré.

Le jeune homme vérifia ses dires: il écorcha un arbre d’ un coup de hache,

puis appliqua l’ emplâtre; L’ écorchure disparut aussitôt,

laissant l’ écorce de l’arbre tout à fait lisse.-Eh bien, dit-il à l’ esprit, tu as dit vrai et il ne nous

plus qu’ à nous séparer.L’ esprit le remercia de l’avoir libéré,

et l’ étudiant le remercia pour son cadeau.

Page 91: les contes oublier de grimm

9190 91

Page 92: les contes oublier de grimm

92 92 93

Après quoi, il s’ en fut retrouver son père. Celui-ci lui cria en le voyant:

-Où diable étais-tu donc? Pourquoi m’ as-tu laissé tomber comme cela? Je le savais bien, que tu ne tiendrais

pas le coup, je t’ avais prévenu.-Ne vous en faites pas, père, je vais rattraper!

-Rattraper! Comment cela rattraper? fit le père qui était en colère.

Le temps perdu ne se rattrape jamais!-Alors, regardez bien,

père. Je vais vous abattre cet arbre-ci en un rien de temps! Au premier coup, il va s’ effondrer!

Tournant le dos à son père, il passa un peu d’ emplâtre sur sa cogné et han!

Il frappa de toutes ses forces... Mais comme il avait changé le fer en argent, le métal s’ écrasa et se faussa sous le coup.

-Regardez, père, quelle mauvaise cognée nous avions là: elle est toute faussée.

Le père, à ces mots, se précipita.

Page 93: les contes oublier de grimm

9392 93

-Mon Dieu, qu’ as-tu fait là! gémit-il. Il va falloir acheter une nouvelle conée, mais avec quoi?

Ah oui, tu peux dire que tu m’ as bien aidé! -Ne vous fâchez pas, père; cette cognée,

c’ est moi qui vais la payer!-Et avec quoi coùptes-tu payer,

nigaud? Tu n’ as comme argent que ce que je te donne, et je n’ en ai plus. Tu es peut-être instruit et rusé,

avec une tête bien pleine, mais pour ce qui est des travaux manuels, tu n’ y connais rien de rien!

Le fils ne répondit pas, attendant que son père s’ apaise; puis, enfin, il parla:

-Père, comme je ne puis plus rien faire de toute façon, arrêtons là nos travaux et rentrons à la maison.

-Et puis quoi encore? rigit le père. Crois-tu que je peux m’ arrêter et me tourner les pouces

comme tu le fais?

Page 94: les contes oublier de grimm

94 95

J’ ai encore du travail, moi, mais si tu veux rentrer, rien ne t’ empêche d’ y aller...

-Père, c’ est la premmière fois que je viens par ici et assurément je ne pourrai pas retrouver

mon chemin tout seul. Allons, rentrons tous les deux...Le père se fit encore un peu prier puis finalement rentra avec son fils, laissant là sa besogne. Arrivé à la maison,

il dit à son fils:-Voilà, tu vas essayer de vendre cette cognée tordue.

Vois quel prix tu peux en tirer, et le reste, il faudra que je le gagne pour rembourser notre voisin.

Le jeune homme emporta la cognée jusqu’ à la ville voisine et la porta au joaillier.

Celui-ci l’ examina, la soupesa, et affirma:

Page 95: les contes oublier de grimm

9595

-Elle vaut dans les quatre cents écus. Mais je ne dispose pas d’ une telle somme en argent liquide.

-Cela n’ est pas grave, répondit l’ étudiant.

Donnez-moi ce que vous pouvez aujourd’ hui et je viendraii chercher le reste la semaine prochaine.

Le joaillier rassembla trois cents écus et s’ engagea à donner le reste lors du prochain passage du jeune homme.

Celui-ci rentra précipitamment chez lui.-Père, j’ ai l’ argent, vous n’ avez plus qu’ à demander au

voisin ce qu’il veut pour sa cognée, dit-il en arrivant.

-Je ne le sais que trop: un écu et six sous. - Eh bien, donnez-lui deux cents écus et douze sous:

wle double, et ce sera bien assez!

Page 96: les contes oublier de grimm

96 96 97

Et regardez tout cet argent! Tenez, prenez tous ces écus et vivez confortablement, désormais.-Mais, balbutia le père, d’ où te viens toute cette fortune?

Comment es-tu devenu aussi riche?Le fils entreprit alors de lui raconter par le détail

sa mésaventure dans la forêt et comme il avait bien fait de croire en sa bonne étoile.

Le lendemain, il s’ en retourna à l’ université et, grâce à l’ argent qui lui restait,

il poursuivit brillamment ses études. Et comme il pouvait guérir toutes les plaies et toutes les

blessures avec son amplâtre, il devint le docteur le plus célèbre dans le monde entier.

Page 97: les contes oublier de grimm

9796 97

Page 98: les contes oublier de grimm

98 98

Page 99: les contes oublier de grimm

9998

Page 100: les contes oublier de grimm

100 100

Ceci est l’ histoire d’ un cordonnier qui était devenu si pauvre, la malchance s’ étant abattu sur lui,

qu’ à la fin il lui resta juste assez de cuir pour fabriquer une dernière paire de chaussures.

Ce soir-là, il tailla donc le cuir et se promit de finir son travail le lendemain. Il se coucha,

fit sa prière et s’en remit au Bon Dieu pour les jours à venir et il s’ endormit. Le lendemain matin,

comme il voulait se remettre au travailpour achever sa besogne, il trouva sur son établi,

à la place des morceaux de cuir, une paire de souliers parfaitement terminés.

La stupeur le laissa sans voix et il regarda les chaussures de plus près :

c’ étaient les plus jolies souliers qu’ il eût jamais vus, si bien finis que pas un point n’ était de travers.

Le cordonnier était encore à les contempler lorsqu’ un client entra et aperçut la paire de fins souliers.

Il les trouva tellement beaux qu’ il en donna un fort bon prix. Muni de cet argent,

Page 101: les contes oublier de grimm

101100

Il les trouva tellement beaux qu’ il en donna un fort bon prix. Muni de cet argent, le cordonnier put acheter

suffisamment de cuir pour confectionner deux paires de souliers.

Il tailla les morceaux le soir même et le lendemain matin, quand il voulut achever son ouvrage,

il trouva à nouveau deux paires de souliers posés sur son établi. Il les vendit aussi bien que la veille car

les clients appréciaient la qualité du travail. Avec cet argent, il put acheter de quoi confectionner quatre

paires de chaussures.Et de nouveau, il retrouva le lendemain les quatre paires de souliers déjà réalisées. Et cela se reproduisit chaque jour, si

bien qu’ après quelque temps, le cordonnier se trouva à l’ abri du besoin,

vivant même assez confortablement.

Page 102: les contes oublier de grimm

102 102 103

Un soir, à l’ approche de Noël, alors que le brave homme avait taillé tous ses morceaux de cuir et les avait laissés sur

son établi, il dit à son épouse, qui était au courant de tout :

« Et si nous nous cachions cette nuit pour observer qui nous aide ainsi toutes les nuits ?»

L’ épouse trouva l’ idée bonne et ils se cachèrent tous l deux dans le placard aux vêtements,

laissant une lampe allumée. Alors que minuit sonnait, ils virent arriver deux petits lutins,

complètement dénudés. Ils s’ installèrent à l’ établi et se mirent à piquer et à coudre

les morceaux de cuir, les assemblant avec une telle agilité et une telle précision

que le cordonnier en restait abasourdi, se demandant comment une telle chose était possible.

Les lutins ne s’ arrêtèrent que lorsque tout l’ ouvrage fut terminé.

Ils alignèrent les souliers sur l’ établi et disparurent dans la nuit. La femme dit alors à son mari :

Page 103: les contes oublier de grimm

103102 103

«As-tu remarqué que ces petits lutins sont nus comme des vers ?

Ils nous ont sauvés de la misère, montrons-leur notre reconnaissance.

Je vais leur coudre à chacun un petit pantalon et une chemise et leur tricoter une paire de chaussettes.

Et toi tu leur confectionneras une petite paire de souliers.» «Avec un grand plaisir» répondit le cordonnier.

Page 104: les contes oublier de grimm

104 104 105

le soir, quand tout fut terminé, ils déposèrent leurs cadeaux sur l’établi,

à la place des morceaux de cuir qu’ ils étalaient habituellement.

Ils allèrent ensuite se cacher pour ne pas manquer la réaction des petits lutins. A minuit,

les petits lutins arrivérent en sautillant pour se mettre au travail. Mais à la place des morceaux de cuir ils trouvèrent les petits habits et la paire de souliers.

Ils eurent d’ abord l’ air surpris, puis ils manifestèrent leur joie en sautant en l’ air.

Ils revêtirent leurs nouveaux habits et se mirent à chanter gaiement :

Page 105: les contes oublier de grimm

105104 105

Nous voilà habillés comme de riches dandys !Pourquoi travailler plus longtemps sur l’ établi ?Tout joyeux, ils se mirent à danser sur l’ établi,

à danser sur le banc et ils dansèrent encore en partant.A partir de ce jour, ils ne revinrent plus jamais.

Mais le cordonnier n’ en fut pas affecté, et aussi longtemps qu’ il vécut,

ses affaires furent prospères et il réussit avec bonheur tout ce qu’ il entreprit.

Page 106: les contes oublier de grimm

106 106

Page 107: les contes oublier de grimm

107106

Page 108: les contes oublier de grimm

108 108 109

Il était une fois, par une belle journée d’ été, un ours et un loup qui se promenaient dans la forêt. L’ ours, qui écoutait le

chant mélodieux d’un oiseau, demanda à son ami:- Dis-moi mon ami, quel est donc cet oiseau qui chante si

joliment? - C’ est le roi des oiseaux, et

nous devons lui rendre hommage. (Il s’agissait en fait du roitelet).

- Alors, j’ aimerai bien visiter le palais royal. Conduis-moi, s’il te plaît ! demanda l’ ours.

- Cela n’ est pas aussi aisé. Il nous faut attendre le retour de la reine. La reine arriva peu après,

bientôt suivie du roi, portant tout deux quelque chose dans leur bec, car ils rentraient nourrir leurs petits.

Page 109: les contes oublier de grimm

109108 109

L’ ours voulut les suivre et pénétrer à l’intérieur du palais, mais le loup l’ arrêta.

- Non, non, lui dit-il; il faut attendre que le roi et la reine soient repartis de nouveau!

Ils notèrent donc précieusement l’ emplacement du nid royal, puis s’ éloignèrent. Mais l’ ours,

ne tenant plus d’ impatience, alla voir le palais royal. Le roi et la reine venaient de s’ envoler de nouveau,

et le gros ours avança son museau pour jeter un coup d’ oeil à l’ intérieur du nid. Il vit cinq ou six petits qui se serraient

les uns contre les autres.

Page 110: les contes oublier de grimm

110 110

- Cela, un palais royal ! Fit-il en grognant. Il est bien misérable ! Et vous, pauvres petites créatures,

pour des fils de roi, vous manquez bien de noblesse !Ces paroles déchaînèrent la colère des oisillons et ils se

mirent à piailler:- Ce n’ est pas vrai ! Ce n’ est pas vrai ! Nos parents ont du

sang noble et toi, tu vas le payer ! Tu ne t’ en tireras pas comme ça.

Page 111: les contes oublier de grimm

111110

Page 112: les contes oublier de grimm

112 112 113

L’ ours et le loup prirent peur et filèrent se cacher dans leurs terriers, mais les roitelets continuaient à crier. Aussitôt que leur parents arrivèrent pour les nourrir,

les oisillons se mirent à crier: - Nous ne toucherons pas au moindre vermisseau,

quitte à mourir de faim, tant qu’il n’ aura pas été prouvé que nous sommes vraiment nobles et de sang bleu ! Le vilain ours

nous a insultés et nous a offensés.

Page 113: les contes oublier de grimm

113112 113

- Calmez-vous, dit leur père, le roi. Nous allons régler cela et votre honneur sera sauf.

Il vola directement vers le terrier de l’ ours, suivi par la reine. Il se posta devant et cria:

- Toi le vieil ours mal léché, comment oses-tu venir insulter mes enfants ? Tu vas le regretter, car nous allons te faire la

guerre, et tu t’ en mordras les doigts !La guerre étant déclarée, tout ce qui marchait à quatre

pattes fut mobilisé par l’ ours : Les boeufs, les ânes, les cerfs, les biches et les chevreuils et tous

leurs compagnons de la forêt.

Page 114: les contes oublier de grimm

114 115

Le roitelet, de son côté, rassembla tout ce qui pouvait voler : les oiseaux, bien sûr,

du plus petit au plus grand, mais aussi les insectes, les mouches, les moustiques, les guêpes et les bourdons, bref

tout ce qui possédait des ailes.

Page 115: les contes oublier de grimm

115115

Alors que la bataille s’ annonçait entre les deux camps, le roitelet, qui malin, envoya des espions pour savoir qui

prenait le commandemant de l’ armée ennemie. Un moucheron,

qui était plus intelligent que tous les autres, vola discrètement jusque

dans les sous-bois où se tenait la garde ennemie, et se posa sur la feuille d’ un

arbre au pied duquel les chefs délibéraient. Il entendit l’ ours appeler le renard et lui dire :

- Maître renard, tu es le plus rusé d’ entre nous. Tu prendras le commandement !

- Très bien, dit le renard, quel sera notre signal de reconnaissance ?

Page 116: les contes oublier de grimm

116 116 117

Page 117: les contes oublier de grimm

117116 117

Comme personne n’ avait d’ idée là-dessus, le renard décida :

- Voyez ma queue, longue, touffue et d’ un rouge éclatant.

Telle un panache, elle sera visible de loin.

Tant que je la tiendrai haute, cela voudra dire que tout va bien, et vous pourrez progresser vers l’ avant.

Mais si je l’ abaisse, au contraire, alors, ce sera la débâcle.

Fort de ces renseignements, le moucheron reprit son vol

et s’ en alla raconter au roitelet ce qu’il avait vu et entendu.

Page 118: les contes oublier de grimm

118 118 119

Lorsque pointa le jour de la grande bataille, l’ armée des quadruplèdes s’ élança pour se mettre

en position, faisant trembler le sol de son terrible galop. Le roitelet se mit en route,

à la tête de son armée volante, et l’air retentit d’ un tel vrombrissement et d’ un tel bourdonnement

que c’ en était effrayant. Et puis ce fut l’ affrontement, un choc terible, car chacun se donnait dans la bataille.

Or, le roitelet avait commandé au frelon d’ aller pmiquer le renard sous la queue,

en y mettant toute sa force. Au premier coup d’ aiguillon, le renard hurla de douleur mais garda la queue haute;

au deuxième coup, elle s’ abaissa malgré lui, mais il parvint à la redresser; au troisième coup,

en revanche, la douleur fut telle que le renard s’ enfuit en courant, la queue entre les jambes.

Page 119: les contes oublier de grimm

119118 119

Page 120: les contes oublier de grimm

120 120

Voyant cela, et pensant que tout était perdu, les animaux détalèrent en tous sens, cherchant à regagner

au plus vite leur refuge; et cette débâcle donna la victoire aux oiseaux,

qui restèrent maître du territoire.Alors le roi et la reine se dépêchèrent de voler vers le nid

royal et crièrent à leurs petits :- Réjouissez-vous, mes enfants, mangez

et buvez autant qu’ il vous plaira ! Nous avons gagné la guerre !

- Non, non répondirent les roitelets. Nous ne mangerons que lorsque l’ ours sera venu lui-même

nous faire ses excuses et reconnaître que nous sommes de sang royal.

Page 121: les contes oublier de grimm

121120

- Eh, l’ ours ! Viens avec moi jusqu’ au nid de mes enfants pour leur présenter tes excuses et reconnaître

qu’ ils sont de noble naissance; sinon, mon armée viendra te mettre en pièces !

L’ ours était tellement terrorisé qu’ il obéit et accompagna l’oiseau jusqu’ au nid royal. Là,

il présenta ses excuses aux petits roitelets. Les oisillons se déclarèrent satisfaits

et ajoutèrent qu’ ils avaient grand-faim. Alors, ce fut un fameux banquet jusque tard dans la nuit.

Page 122: les contes oublier de grimm

122

Page 123: les contes oublier de grimm

123

Page 124: les contes oublier de grimm

124 124