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La peur :

« Jamais, pendant un siècle, la classe ouvrière n’a rien obtenu en développant ses raisons. Elle a amélioré son sort en s’organisant, en manifestant, en prenant part aux insurrections et aux révoltes. Ce que la prudence et l’intérêt public bien entendu n’avaient pu lui procurer, elle l’a arraché en faisant peur. C’est chose merveilleuse d’ailleurs, de contempler les miracles que provoque cette peur. Les lois économiques cessent subitement d’être fatales et plient à toutes sortes d’arrangement. Ce qui était impossible la veille devient supportable le lendemain. Ce qui promettait les entreprises à une ruine nécessaire n’est plus une cause irrémédiable de décadence… Je ne dis pas que dans tous les conflits du travail, la raison se soit toujours trouvée du même côté. Cela ne serait pas humain. Je dis simplement que si, pendant des dizaines et des dizaines d’années, le patronat (toutes exceptions faites) n’avait pas habitué les salariés à ne compter que sur la force pour faire aboutir des revendications même très modérées, même très légitimes, ils n’auraient pas, lorsqu’ils croient menacés les avantages acquis, le réflexe de se porter aussitôt du côté extrémiste, du côté qui fait peur, avec la certitude que leurs demandes paraîtront soudain plus acceptables que s’ils avaient « bien voté ».

Pierre GAXOTTE de l’Académie Française

« La Révolution en détruisant les corporations, en les spoliant de leurs biens et les interdisant, voulait rendre impossible toute organisation ouvrière autonome. C’est donc contre cette révolution bourgeoise et libérale, symbole de la victoire du capitalisme que s’affirme la nécessité du retour des communautés de métiers… »

Mise en page : P.P BLANCHER

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SOMMAIRE :

- Diversité p4 - Grèves et conflits p5 - Vers l’aristocratie ouvrière p5 - De la coutume à la corporation p6 - Organisation autonome p7 - Caractère populaire p7 - Les corporations ouvrières p8 - Les corporations féminines p8 - Instrument du progrès social p9 - Défense du consommateur p11 - Social parce que Chrétien p12 - Horaires repos et jours fériés p12 - Quelques exemples... p14 - Démocratie locale et professionnelle p17 - Une économie humaine p18 - Tous privilégiés par la propriété p19 - Le sens de la vie p19 - La Révolution spoliatrice p20 - La Révolution antisociale p20 - Les nouveaux martyres p21 - Réhabilité le travail manuel p22 - Demain p22 - Décret d’Allarde et Loi Le Chapelier p23 - L’enseignement de la Tour du Pin confirmé p24 - Plaidoirie pour le corporatisme p26 - Les origines de la Législation sociale en France p27

Louis XVI ressuscitant cent quarante quatre corporations se justifiait, devant TURGOT, par cet argument : “ En faisant cette création, nous voulons donner aux ouvriers les moyens de défense, nous voulons qu’ils puissent jouir en commun de leur intelligence, qui est le bien le plus précieux de l’homme ”. (Ce n’était pas encore la liberté individuelle !)

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Diversité On parle aujourd’hui de réflexe « CORPORATIF » pour

indiquer une défense identitaire professionnelle, en général ce terme est devenu péjoratif mais autrefois on entendait : confrérie, ghilde, maîtrise, charité, hanse, collège, fraternité, jurande…

Il reste difficile de donner une définition définitive tant les disparités existaient entre lieux, époque et professions…

Devons nous parler du Moyen-âge ou du XVIème siècle ? « Vous avez le choix entre huit siècle d’histoire et entre

plusieurs dizaines de provinces…D’une ville à l’autre et, dans chaque ville, d’une profession à la profession voisine, elles diffèrent plus que les amples bliauts du XIIIème siècle et les justaucorps collants du XVIème, que les draps riches et lourds des communes du Nord et les tissus légers du Midi moderne.»

E. Coornaert

Celles-ci sont de vraies petites républiques autonomes dont

les différences sont accentuées encore par le fait qu’elles soient réglées ou libres, c'est-à-dire jurés ou non. L’uniformisation n’est pas de rigueur. Les métiers jurés font des assemblées, le devoir du chef-d’œuvre, de la juridiction professionnelle, du droit du sceau, du contrôle de la production, avec plus de discipline…La différence essentielle entre juré et libre ne réside pas dans les conditions de travail mais dans les rapports avec l’Etat.

« La réglementation est une garantie contre les excès de la concurrence, un gage de solidarité pour les producteurs. L’autorité en fait aussi le plus souvent une garantie pour les consommateurs, pour la collectivité. Mais elle y ajoute un autre gage de sécurité pour les premiers en élevant leurs communautés au dessus du droit privé, en leur donnant une personnalité juridique, d’ailleurs plus ou moins parfaite selon les cas, et en leur conférant une autorité propre sur leurs membres. »

E. Coornaert On peut d’ailleurs faire un parallèle avec l’organisation

territoriale entre ville franches et communes libres. Les métiers libres sont quelquefois plus contraignants que les métiers réglés. L’organisation autonome fonctionne par serment, qui à l’époque est respecté…Les métiers libres sont sous contrôle des pouvoirs publics ou religieux et leurs recettes sont versés sur un compte municipal ou à l’Eglise. Les chefs plaident avec un échevin ou un agent urbain. Il faut toujours se garder de prendre ses indications pour une stricte observance générale, on dira que ce sont les grandes lignes. Toute organisation dans l’ancienne France reste sur le modèle de la famille élargie avec le principe d’autorité…

On trouve quelques révoltes sociales, les tisserands, les foulons et autres travailleurs de la laine, au XIIIème et XIVème siècle dans les Flandres. En France, grève des bouchers d’Evreux en 1244 (confrères de St Jacques) sous Charles VI au temps de Caboche et avec les canuts lyonnais en 1744…

La France était alors hérissé de libertés bien réelles (devoirs avec droits et privilèges), on n’avait pas besoin alors de le marteler sur les mairies pour y croire. Nous sommes loin alors de l’univers gris des conflits incessants d’aujourd’hui…

« Ne parlons pas de l’université parisienne du XIIIème siècle : maîtres et étudiants de la Montagne Sainte-Geneviève formaient alors une authentique corporation. Mais, au cours de l’ancien régime, on réunit parfois avec les corps de métiers, sous les mêmes noms de corps et communautés, les universités, collèges, chapitres, monastères et confréries et on tend, aujourd’hui, à allonger

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cette liste autrefois limitée : ensemble disparate, où les artisans pouvaient trouver, au vrai, des parentés inattendues à nos regards modernes. Leurs groupements sont confondus ainsi plus ou moins avec les « corps intermédiaires » qui contribuaient à assurer à la société d’autrefois hiérarchie et organisation. Ainsi associés à d’autres communautés, ils se rattachent, plus intimement encore qu’il ne paraît à première vue, à un aspect général de la société d’ancien régime, à ses tendances sociales, si différentes de l’individualisme du XIXème siècle. Ils témoignent bien de la place qu’elle accordait à l’homme, de l’idée qu’elle se faisait de la liberté, des rapports qu’elle établissait entre l’économie et les autres formes de la vie collective. »

« Nous parlions, il y a un instant, des différences

provinciales : elles imposent une discipline plus étroite dans le Nord, elles laissent plus de jeu à la liberté dans le Midi ;Toulouse et Montpellier en sont largement pourvues dès le XIIIème siècle ;Bordeaux, Nîmes, Marseille se défendront encore au XVIIème siècle contre l’établissement de jurandes ; très tôt, les « chonffes » de Montbéliard, qui empruntent leur nom aux Zünfte, participeront étroitement à la vie artisanale allemande ; la vie corporative ne s’implantera en Franche-Comté qu’au XVIIème siècle. Au vrai, c’est d’une ville à la ville voisine que le décor change : de Saint-Omer, par exemple, à Abbeville, qui en est distante d’une vingtaine de lieues seulement, on passe d’un milieu industriel à un autre, d’une ville riche de traditions, de sève et de vigueur, et de libertés efficaces, à une ville longtemps médiocre où les corporations ont poussé plus tard, et moins librement. Mieux encore, dans la même ville, c’est successivement, métiers par métiers, que l’ambition est née parmi les travailleurs de constituer des corps autonomes ou que le moyen leur en a été procuré : à Lyon, où quelques communautés sont organisées dès la fin du XIIème siècle, c’est au XVème et au XVIème seulement que se propage la conquête corporative ; à Poitiers, c’est de la façon la plus irrégulière au cours de deux ou trois siècles, du XVème au XVIIème, qu’elle gagnera la plupart des professions. »

E. Coornaer C’est un sujet très vaste et ces deux citations sont là pour

expliquer qu’il ne faut pas systématiser la structure sociale de l’ancien régime.

Grèves et conflits Loin d'avoir tout inventer, comme nous essayons de le

démontrer notre temps semble découvrir aujourd'hui ce qui hier était monnaie courante. La grève existait déjà sous Saint-Louis. Les organisations ouvrières s’organisent avec leurs Saints et fêtes chômés, leurs blasons avec privilèges et devoirs, leurs justice, police et coutumes. Quelques conflits naissent des rivalités entre maîtres et ouvriers car les premiers cherchent à se distinguer des seconds, nous sommes dans les temps dits classiques ou la bourgeoisie s’affirme, loin de l’humilité du Moyen-âge…

- Maçons et ouvriers du bâtiment à Paris, 1660-62, - les papetiers en Auvergne, 1664 les garçons boulangers à

Bordeaux, 1666-67 à Lyon…

- Guerres et disettes en 1694. Plus tard il est important d’étudier les problèmes

économiques liés aux temps de colères sociales comme l’inflation du système de Law de 1719 à 1721 et la déflation de 1724…

Les artisans prennent l’habitude de se regrouper par profession et par rue (voir les noms de rues dans Paris…) présent. Un trafic intense se développe en Occident et l’aisance nouvelle permet à un marchand de St Omer de faire construire à lui seul, une Eglise…

L’ascension des humbles se poursuit et certaines fois les consommateurs se liguent contre le monopole d’une corporation comme en 1267 à Pontoise avec les boulangers.

- A Paris en 1250, les valets protestent contre les maîtres des foulons.

C’est à la suite de ces divers conflits que St Louis demandera à Etienne Boileau de codifier les us et coutumes des métiers, jusqu’ici orales dans un livre. Cela n’empêchera pas d’autres conflits comme les tisserands contre les drapiers à Paris en 1270

- les valets contre les maîtres foulons en 1277-79.

Vers l’aristocratie ouvrière

C’est dans un contexte de conflits et dans le but de la paix

sociale que la rédaction des droits et devoirs par profession sera rédigée. La codification des corporations représenta à l’époque une grande avancée sociale et une conquête ouvrière…Ces organismes à la fois économiques et politiques, gérant l’organisation sociale dans la cité, représentaient un barrage aux gros entrepreneurs et aussi garantissaient les droits des ouvriers. Il existait déjà de grandes industries qui employaient de nombreux ouvriers et celles-ci étaient tenues par de riches propriétaires bourgeois :

« Toujours tisserons drap de soie, Jamais m’en serons mieux vêtues, Toujours serons pauvres et nues, Et toujours aurons faim et soif… »

Chrestien de Troyes 1170/1175 La terre de France voit s’élever les Cathédrales comme des

champignons, symbolisant la richesse urbaine de l’époque. Les seigneurs féodaux et les villes organisent leur gouvernement à

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partir des cadres corporatifs présents, pour l’administration fiscale, militaire et électorale. C’est surtout dans les villes que les corporations jouent un rôle de premier plan, dans l’organisation politique et sociale, véritable chef d’œuvre économique des bourgeoisies du Moyen-Âge. Imaginons comment une telle organisation pouvait tenir avec les difficultés qui pouvaient surgir ; guerres, pénuries, conflits sociaux…Les corporations sont des personnes féodales avec leurs droits et devoirs, blasons et gens d’armes. Les règles s’installaient et malgré quelques petites divergences, une harmonie s’établissait. On voit des seigneurs créer des communautés de travailleurs. L’abbé de St Denis (1175) garantie l’organisation de ses bouchers. Les rois auront toujours le soucis des travailleurs et seront qualifiés par eux de prince besogneux (Henri Ier, Philippe Ier, St Louis, Louis le Gros).Sous le règne de Philippe Auguste, la capitale compte 30 métiers organisés. Il laissa le gouvernement de Paris aux bourgeois pendant l’expédition en Terre Sainte. On trouve bien là, l’alliance peuple et Roi, chère à la vieille France.

« Le bon roi Philippe » criaient les classes artisanales. Saint Louis, outre le fait d’organiser les métiers, voulut organiser la garde, l’approvisionnement des villes (le guet fut réorganisé en 1254) et tenu par des gens de métier…L’extension du marché international et la rigueur corporative fait apparaître le contrôle technique et cela pas seulement dans le domaine industriel des grandes entreprises mais dans le monde artisanal, agricole et littéraire(l’université parisienne, les ménestrels) .Les corporations jouèrent un rôle d’émancipation et les caractères analogiques avec l’université sont criants (bacheliers, doctorat, maîtrise de métier…). Quelle richesse alors dans les sciences d’art et métiers et quel gâchis quand on compare avec aujourd’hui. Mais encore une fois, attention, l’ancienne France n’avait rien d’uniforme mais un enchevêtrement de droits divers, de coutumes locales, un véritable canevas riche de multiples organisations complexes suivant les lieux…On est loin du gaufrier étouffant d’aujourd’hui… « Il y a, indéniablement, montée sociale des travailleurs manuels…le Registre de 1292 qui signale des cotes appréciables pour plusieurs valets…Autre indications :des maçons et des tailleurs de pierre qui travaillaient au couvent des Augustins dans les dernières années du XIIIème siècle étaient payés 20 deniers par jour

ouvrable, leurs aides 14 deniers ; des travailleurs de l’habillement gagnaient de 24 à 36 deniers ; mais il semble que le salaire moyen de beaucoup de compagnons fût d’environ 18 deniers. Or, en 1312…un mouton valait 6 sous huit deniers (80deniers), un pourceau 14 sous 7 deniers (175 deniers).N’allons pas conclure à d’exceptionnelles conditions de vie : il y a des métiers dont nous ignorons les salaires…»

De là l’extension des corporations malgré quelques zones de « franches aires » maintenant leurs privilèges en dehors du cadre corporatif. Cette multiplication, toujours à l’ombre du roi, permet aussi l’obtention de pouvoir comme l’élection des chefs de métier. En 1338, à Rouen, « les filassiers sont invités à se dire d’accord avec un règlement fait, sur leur demande, par le maire et ses pairs…»

Entre le XIIIème et le XIVème siècle, le pouvoir qu’exerçaient les capitouls de Toulouse sur les métiers, passe aux mains des jurés de ceux-ci.

De la coutume à la corporation « La Fraternité fut le sentiment qui présida dans

l'origine à la formation des communautés professionnelles. »

Louis BLANC "L'Histoire de la Révolution " La Royauté fut, durant son histoire, la protectrice du monde

ouvrier. Elle encouragea la création des Corps de métier par la codification et la transcription des us et coutumes professionnels, dans le grand "Livre des Métiers" que rédigea Etienne Boileau, grand prévôt de Paris, aidé du conseil des anciens, travail malheureusement non terminé car celui-ci mourut la même année que Saint-Louis (1270). Celui-ci écrivit en préface :

«Quand ce fut fait, concueilli et ordoné, nous le feimes lire devant grand plenté (grand nombre) des plus sages, des plus léaux et des plus anciens homes de Paris, et de ceus qui devaient plus savoir de ces choses : lesquels tout ensemble louèrent moult cette œuvre ; il représente enfin une organisation spontanée et autonome».

Ce livre magnifique de 121 règlements, est une mine d'or de bon sens, véritable bible des organisations ouvrières

autonomes du temps jadis. « Quand les maîtres et jurés boulangers, iront par la ville accompagnés d'un sergent du Châtelet, ils s'arrêteront aux fenêtres où est exposé le pain, et si le pain n'est pas suffisant, la fournée peut être enlevée par le maître."Mais le pauvre n'est pas oublié, et : "les pains qu'on trouve trop petits, li juré feront donner par Dieu le pain ».

Louis Blanc La première partie parle des coutumes

professionnelles, puis le chapitre suivant traite des redevances de chaque corporation. La corporation sera le nom retenu pour parler des différents groupements de métiers, confréries, charités, maîtrises, ghildes, hanses, collèges, fraternités, jurandes...

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Organisation autonome C'est la troisième partie sur les droits et pouvoirs des

juridictions royales et seigneuriales qui ne fut pas terminée. Ces corps parfaitement structurés et organisés possédaient, privilèges et avantages, protégeaient leurs membres et assuraient qualité, formation, soins, repos, entraides et compassion...L'Etre humain trouvait dans son métier l'accomplissement de son destin temporel et spirituel. Comment ne pas voir pour aujourd’hui, une grande leçon face aux égarements de la jeunesse et aux destructions programmées du monde artisanal, commerçant et paysan. C’est souvent à l'ombre des abbayes, évêchés et monastères que se fondèrent de nombreuses corporations. Un saint patronnait chacune d'entre elles et les membres s'y regardaient en frères (confréries)."

« Abrités sous la bannière du même saint, priant les uns pour les autres au pied des mêmes autels, le cultivateur, l’homme de métier, l’industriel et le commerçant ne voyaient pas dans leurs voisins des antagonistes, mais des frères et des amis...C'est ainsi que les Confréries développaient la charité chrétienne et, par là, maintenaient à un niveau très élevé la valeur morale et professionnelle de leurs membres ; car on avait à cœur de bien apprendre son métier et de l'exercer en toute conscience et dans toute sa perfection, et c'est pour obtenir ce résultat que travaillait spécialement le second élément de la confrérie. »

Les anciennes corporations Cette vie intense et communautaire était jalonnée par le

sens des responsabilités, de la compétence et de l'élévation spirituelle. « C'est là, disait Georges Valois, le merveilleux secret de l'ordre social dans les nations de la chrétienté...Les passions temporelles, dont on pourrait craindre les dérèglements, sont utilisées pour le maintien de la paix chrétienne et de la paix civique. En premier lieu, c’est l'instinct de puissance, qui, dans une société non organisée, entraîne l'homme à la guerre perpétuelle, et qui, dans notre monde classique, l’entraîne au travail et devient un merveilleux instrument de progrès social. »

Les saines institutions canalisent les esprits tumultueux, orgueilleux, anarchiques au profit des métiers devenant ainsi dans l'organisation, des facteurs sains d'évolutions. Cette organisation « procurait à ses membres le moyen de se documenter sur les meilleures méthodes de travail, sur les perfectionnements à réaliser et les inventions capables de transformer la technique du métier ; par conséquent, c’était une lutte contre la routine, c’était l'aide aux chercheurs souvent isolés, et la création d'un utile esprit d'émulation. »

Les anciennes corporations Ces multitudes de petites républiques avaient leurs propres

lois qui remontaient à la nuit des temps, Mercier relatait l'exemple de la corporation des fumistes ayant jugé et pendu l'un des siens, coupable de vol sans que l'autorité royale n'ait eu son mot à dire...

Au XIVe siècle, les marchands de l’eau dirigent administrativement la ville de Paris. A Troyes pendant Jeanne D’Arc, « bouchers, boulangers, orfèvres pourront faire partie du conseil de ville ; des pâtissiers, meuniers,

couturiers, maçons, cordiers, chapeliers, tonneliers et des représentants d’une quinzaine d’autres professions prendront part à des assemblées qui délibèrent sur la dépréciation des monnaies, sur les aides demandées par le roi, sur les impôts nécessaires pour payer les fortifications, même sur les attaques dirigées contre la ville par les gens de guerre ».

E. Coornaert

Caractère populaire

Toute l'histoire de notre beau pays de France est jalonnée

d'exemples sur le caractère éminemment populaire de la Royauté française. Pensons à Saint Louis qui, avant de partir en croisade, s’assura que tout pauvre paysan de France bénéficierait d'une "retraite" pour ses vieux jours. Esprit de charité, compassion, entraide, la société d'alors était empreinte de christianisme. L’Eglise, maison du peuple réglait la vie du travail en sonnant de ses cloches le réveil comme le repos. La protection des pauvres était essentiel et la législation recommandait la probité au mesureur, défendait au tavernier de hausser le prix du vin, comme boisson du menu peuple, étalage des denrées sur les marchés pour constater fraîcheur, qualité et loyauté. Pour la petite bourse des pauvres, surveillance des prix et les marchands ne se serviront qu'après tous les autres habitants... Les bouchers étaient au pied de la tour Saint-Jacques; la rue de la Mortellerie rassemblait les maçons; la corporation des tisserands donnait son nom à la rue de la Tixeranderie qu'ils habitaient; les changeurs étaient rangés sur le pont au Change, et les teinturiers sur le bord du fleuve... « Chaque corps de métier constituait un petit Etat avec ses lois, ses rites, ses fêtes religieuses et jours chômés, ses bannières, fêtes et processions, sa « sécurité sociale», ses formes de retraites, ses hôpitaux, enfin son organisation propre, autonome et fraternelle. Les malades, les veuves, les orphelins étaient sous la protection des chefs du métier qui s'en occupaient comme de leur propre famille »

Les anciennes corporations.

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« Et premier, que nous et chacun de nous, confrères et consoeurs, debvons et sommes tenus par nos dicts serments, tenir foiz et loyauté, l'ung envers l'autre désirer le bien l'ung de l'autre, et si aucun de nous savait le domaige de son confrère, lui anuncer féablement que ci son frère, le ayder, conforter et soutenir son droit, si besoin estait. Voilà ce que disent les statuts des boulangers d'Epinal, dont on retrouve les premières traces en 630 (VIIe siècle). Jamais un ouvrier n'était abandonné. La communauté ou confrérie était la seconde mère de l'ouvrier. Pauvre, malade, trépassé, jamais elle ne l'abandonnait.». Quelle leçon pour le monde dit démocratique d'aujourd'hui... Cela est d'autant plus intéressant que nous vivions alors en Monarchie féodale, nous ne nous embarrassions pas alors de mots vides de sens comme démocratie, droits de l'homme, liberté, égalité, fraternité martelés sur nos monuments comme un affront envers la démophilie et la charité évangélique bien réelle du temps jadis...En France, c’est la liberté qui est ancienne, c’est le despotisme qui est nouveau, disait Madame de Staël. Rappelons que les métiers s'auto-organisaient librement dans des villes libres où l'administration se faisait par des gouverneurs assistés par des bourgeois élus au suffrage de tous. Les corporations étaient parties prenantes dans les conseils des cités féodales. Elles participaient et discutaient de tout, de la répartition des impôts, de l'organisation communale, de la défense et de la sécurité de la ville...Cette organisation décentralisée limitait tout empiètement arbitraire de l'autorité, soit du seigneur soit du roi.

« Quelle est la classe du continent, qui oserait prendre aujourd'hui des allures aussi indépendantes en face de la bureaucratie européenne ? »

Le Play

Les corporations ouvrières « Voulons, qu’ils fassent, souffrent et laissent les gens

du métier en jouir et user pleinement...ne les molestent, perturbent et empêchent ou souffrent être molestés, perturbés et empêchés en aucune manière, au contraire ».

Charles VI, 1390 Au bailli et aux officiers de la Ville

concernant les selliers d'Amiens Les corporations regroupaient les ouvriers, les apprentis et

les maîtres d'un même métier. Rien à voir avec nos organisations syndicales actuelles, souvent reflets des partis politiques et ayant en leur sein, pour les uns les patrons de différentes branches d'activités économiques et pour d'autres les employés ou les ouvriers, toutes professions confondues. A qui ferait-on croire, qu’un ouvrier du livre à des intérêts professionnels avec un apprenti boulanger ? C'est pourtant dans cette aberration sociale que nous vivons. Disons plutôt que ce système est une architecture de guerre sociale entraînant une lutte des classes perpétuelle. Les corporations maintenaient la modération dans la production, la qualité de la fabrication. Elles empêchaient le regroupement des capitaux, source de surproduction et de chômage, surveillaient l'âpreté au gain, source de fraude, de déloyauté et d'injustice dans le travail.

« La réclame par prospectus est interdite (mais non la criée des marchandises qu'un maître avait à vendre). Le tirage au sort est usité au lieu de la surenchère. C’est le cas des places sur un marché qui sont distribuées par tirage au sort et non par surenchère sur le prix. De même, les approvisionnements sont réglementés de façon à éviter les accaparements par un des fabricants au détriment des autres. Ainsi à Rennes, les maîtres démunis de matière première pouvaient en exiger d'un confrère plus prévoyant. La seule possibilité de concurrence réside donc dans l'habileté personnelle du maître ; ce qui explique au moins en partie la perfection atteinte en France par l'artisanat...Le prix s'établit au taux qui permet un plus grand nombre de consommateurs, compte tenu d'un gain légitime du maître et du salaire également légitime du compagnon. Toute pression sur l'un de ces éléments romprait l'équilibre et le consommateur or tout le monde est consommateur en pâtirait. »

L'Ordre Français, dec 1966. Leurs premières apparitions se situent vers 1160, au sujet

d'une charte touchant les revenus des métiers. Le mouvement communal, largement soutenu par la royauté, fût un traité de paix entre l'autorité féodale et l'organisation corporative. Une loyale concurrence s'exerçait entre artisans pour le plus grand bien de la vie sociale. « Si l'on devait juger un régime par le mot qui le caractérise le mieux, on appliquerait à celui de la communauté ouvrière l'épithète de protecteur, et cela dans le sens le plus large et le plus étendu. C’était, en effet, un véritable protectorat organisé au profit de tous... »

Tisserand «L’histoire de Paris »

Les corporations féminines

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Et les femmes dans tout cela, «Notre Avenir Français», journal aujourd'hui disparu publia sous la plume de J. Guilbert, un article intéressant à ce sujet :

«Les femmes de l'Empire germanique, comme les Françaises de l'époque d'ailleurs, sont fortes et indépendantes. Au XVème siècle, une Madame Liblar, épouse d'un commerçant de Cologne, dirige, sous son propre nom, l’un des principaux ateliers de soieries de la ville. A Francfort-sur-le-Main, on compte, entre le XIVème et le XVIème siècle, 65 corps de métiers uniquement féminins (entre autres, la brasserie). Les femmes sont majoritaires dans 17 autres corporations et à égalité avec les hommes dans 38 autres, tandis que 81 professions sont à prédominance masculine. Ce qui distingue les corporations féminines c'est, parfois, leur plus grande ouverture d'esprit : certaines d'entre elles acceptent de prendre en apprentissage des enfants illégitimes ».

Barbara Beuys Les femmes sont parties prenantes dans les affaires

corporatives : « Il arrive que des femmes siègent parmi eux, même dans des corporations qui ne sont pas spécifiquement féminines : à Paris, les marchands de grains, formés en métier juré en 1595, doivent avoir deux femmes parmi leurs quatre jurés ; chez les filassiers de Rouen, la moitié des gardes sont des femmes. Là où les maîtres sont divisés en anciens et modernes, d’ordinaire, leurs chefs sont choisis proportionnellement entre ces catégories.»

Ces communautés étaient des groupements spontanés à

l’origine dont les conventions orales devinrent des coutumes, petites entités ou groupements de grandes industries, les associations ouvrières s’entourèrent de barrières juridiques et organisaient leur vie à l’image de la famille. « Voyez, à Paris, en 1745 : les six corps sont parrains d’un enfant dont le père est secrétaire du lieutenant général de police ; en 1777 encore, à Toulouse, un jour de fête où trois métiers associés ont fourni une compagnie de trente hommes, « la femme à Maître Reuchin….a accouché d’un garçon et l’a donné au corps des selliers, des esperonniers et des chapeliers, qui l’on accepté ; et on l’a baptisé, l’après-dîner, avec des étendards et armes, tous rangés, fifres et tambours ; et a été baptisé en telle pompe ; tous les trois corps ont été parrains ». Les femmes étaient admises sans distinction et la maîtrise leur était ouverte : « leur caractère politique est bien essentiel et les amène à suivre le progrès de l’unité française, à s’intégrer dans la vaste construction monarchique de l’économie nationale, où elles subissent une discipline commune tout en gardant leur personnalité et, plus ou moins efficace, leur autonomie.» On retrouve dans les conseils de jurés des femmes (gardes, maïeurs, syndics, maîtres, consuls, bailes…), cela pour montrer combien celles-ci ne furent point écartés de la vie corporative et parfois même jurés dans des corpos non féminines…Ces experts chargés du contrôle technique, de la police professionnelle et de la juridiction. « A Paris, les marchands de grains, formés en métier juré en 1595,

doivent avoir deux femmes parmi leur quatre jurés ; chez les filassiers de Rouen, la moitié des gardes sont des femmes. ».

La femme perdit par la suite beaucoup de libertés et Léa Marcou ("Le Monde-Dimanche" 28/06/1981) commentant le livre de Barbara Beuys expliquait :

« La famille médiévale est une communauté de vie où les enfants, très tôt mêlés au monde des adultes, acquièrent leur autonomie et quittent le nid de bonne heure. Et puis Luther vient...Dont les écrits, largement diffusés grâce à l'imprimerie, vont profondément transformer la société...Il épouse, en 1525, l'ex-nonne Catherine Von Bora...qui ouvre une pension de famille pour compléter le modeste salaire de son mari. Mais, dans la tranquillité de son cabinet de travail, il jette - affirme Barbara Beuys - les fondements de la famille patriarcale et autoritaire et fait de celle-ci la cellule de base de l'Etat».

Le premier devoir d'un enfant est d'obéir à ses parents - mais bientôt il ne sera plus question que du père... « L'évolution du secteur tertiaire et la propagation des idées protestantes sur le paternalisme, éloigneront les femmes des professions corporatives. »

Une nouvelle catégorie sociale est née...et, avec eux, un nouvel idéal de vie familiale : l'épouse du marchand, de l'artisan, avait sa place au comptoir, à l'atelier, mais on n'emmène pas sa femme au bureau...Les corporations se sont peu à peu fermées aux femmes, mais, dans les logis, on tricote et on tisse...L'éducation du temps est rude : elle doit avoir pour objectif principal de briser la volonté de l'enfant, de ne jamais l'abandonner à lui-même. Mais parallèlement - on est tout de même à l'époque du rationalisme et des lumières (XVIIIe s) - on commence à s'interroger sur ce qui lui convient : des livres, et même des journaux pour enfants, font leur apparition...".Mais n'allons pas trop vite dans le temps, ceci étant une parenthèse prouvant que les notions de puritanisme, d’autoritarisme ainsi que les conceptions "étriquées" de la pensée furent attribuées à tord au catholicisme. Il est malheureux que certains catholiques se comportent comme des protestants. Nous entendons parler de "libération de la Femme" mais regardons le Moyen-âge où celles-ci étaient plus libres qu'aujourd’hui. Elles acquièrent petit à petit des “libertés” qu'elles avaient autrefois nombreuses, en perdant quelquefois au passage, leur féminité au profit d'une soi-disant égalité dans la ressemblance à l'homme.

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Instrument du progrès social

« La corporation, a été la sauvegarde et la tutrice de l'industrie. Elle a enseigné au peuple à se gouverner lui-même. Elle a fait plus; elle a donné aux artisans des dignités, la science et le goût du métier, les secours d'argent, les joies de la fraternité dans le sens étendu du mot, par ses fêtes, ses réceptions, ses examens. Elle a été la grande affaire des petites gens, la source de leurs plaisirs, l’intérêt de toute leur vie ».

Levasseur «Histoire des classes ouvrières »

Loin de représenter un frein, l’organisation corporative

assurait à la fois les protections sociales nécessaires, la formation continue sur le terrain et la mise à profit des dernières inventions dans l'évolution technique du temps. Levasseur écrivait : «La corporation, a été la patrie chérie de l'artisan; la royauté, sa tutrice vigilante; l’art, son guide et son maître. La corporation lui a permis de grandir...La royauté, en le protégeant et en le soumettant à ses lois, a créé la grande industrie et l'a fait lui-même, de bourgeois d'une commune, citoyen d'un grand royaume». Tout, dans la corporation se discute entre maîtres et valets ou apprentis sur les améliorations du cadre professionnel. Textes et règlements empêchaient toute forme d'abus à l'encontre des ouvriers. Des jurés assuraient le bon respect des statuts du métier empêchant ainsi : diminution de salaire, abus de temps de travail, renvoi...Les maîtres devaient assurer des garanties de bonnes mœurs, le logement sain, la nourriture suffisante et l'instruction professionnelle. On trouve dans les sentences de police, des arrêts indiquant, comme celui du 27 janvier 1716, la condamnation d'un maître cordonnier pour l'apprentissage du métier, par les échevins du Havre faisant suite à une plainte de son apprenti (Martin, Les anciennes communautés d'arts et métiers du Havre). Le maître, quand à lui s'assure du travail

bien fait, de l'ordre de ses ouvriers, «protégé contre les exactions et les entreprises rivales, assuré de la vente de ses produits par la limitation du nombre des ateliers, vaquait paisiblement aux soins de son industrie, et ne craignait pas de voir l'atelier paternel déchoir, entre ses mains »

Tisserand Tout le monde y trouvait son compte. Point de place pour le

chômage et autres maladies capitalistes mais beaucoup de leçons à prendre au contraire. Tisserand parlant des avantages, reprend :

«Protection de l'enfance ouvrière; garantie du travail à qui en vit et de la propriété industrielle à qui la possède; examen et stage pour constater la capacité des aspirants et interdiction du cumul des professions pour empêcher l'exercice abusif; surveillance de la fabrication pour assurer la loyauté du commerce; fonctionnement régulier d'une juridiction ouvrière ayant la main sur tous les métiers, depuis l'apprentissage jusqu'à la maîtrise; suppression de tout intermédiaire parasite entre le producteur et le consommateur; travail en commun et sous l'œil du public; solidarité de la famille ouvrière; assistance aux nécessiteux du métier... ».

Certains pensent, que cette organisation ne vaut que pour les petites économies, ce serait bien vite oublier, les enseignements de l'histoire. Les manufactures (Sèvres 1750, Gobelins...), les grands ateliers, la porcelaine de Limoges (1768), l'usine du Creusot (1742), les mines de houilles (1700), fabrication des indiennes (Alsace), les réseaux de grandes routes (système routier du Cardinal de Fleury sous Louis XV), les aménagements des fleuves et canaux (canal du Midi)...

« …les corporations composent un tableau vivant qu’anime, au long des siècles, une même force, le labeur consacré à la tâche quotidienne. Effort des ouvriers manuels peinant à la sueur de leur front, souci des chefs d’entreprise assis dans leur « comptoir », c’est le travail qui constitue leurs unions, sa discipline qui donne à leurs communautés une personnalité collective. Le travail s’élève par elles à une dignité reconnue et protégée. Permettant aux uns de « couvrir des besoins » immédiats, à d’autres de gagner richesse et domination, à tous d’assurer et de transmettre un état économique et moral, les corporations associent les travailleurs en des cellules qui ont vécu d’une vie propre, se ressemblant toutes, à travers les lieux, les temps les plus variés, par leur constitution et par leur rôle économique et social. »

« Les métiers organisés, réunissant des travailleurs pour l’exercice de leur profession, les constituent en corporation. Ce mot s’est usé à être mêlé parmi tant d’autres qui les désignent. Il a pourtant un sens plus plein qu’il ne paraît au premier abord. Il indique un être vivant, un organisme différencié. Pas seulement d’un point de vue juridique. Ces corps sont vivifiés par une âme commune, dont la vigueur et la valeur ont pu changer au cours des siècles, mais qui est, en son fond, restée identique. Etre complexes et de structure originale : ils sont des groupements de particuliers ; mais ils ne tiennent leur forme, leur droit que des pouvoirs publics ; leur activité est réglée par un gouvernement autonome ; leur unité essentielle s’entretient par les manifestations de leur vie collective. »

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Défense du consommateur Les consommateurs, contrairement à aujourd’hui,

trouvaient, grâce à une réglementation impartiale des produits de qualité en abondance. « Nul ne doit cuire ou rôtir des oies, du bœuf, du mouton, si ces viandes ne sont pas loyales et de bonne moelle. Nul ne doit garder plus de trois jours des viandes cuites qui ne sont pas salées. On ne doit faire saucisses qu'avec bonne chair de porc... »

"Le Moyen-âge" F.F. BRENTANO.

Voilà pour les statuts des cuisiniers. Une grande

surveillance est exercée sur la nourriture et dans le doute celle-ci est jetée au feu et le vendeur frappé d'amende. Chez les faiseurs de chandelles de suif, on inscrit : « Car la fausse œuvre de chandelle de suif est trop domageuse chose au pauvre et au riche et trop vilaine ». Les interdits sur la spéculation et le monopole assuraient le peuple contre toute forme de hausse arbitraire. « Pour ce que les marchands riches accapareraient toutes les denrées et que les pauvres ne pourraient rien se réserver, et que les riches revendraient tout aussi cher qu'il leur plairait » (XIIIe siècle). Les humbles étaient protégés contre les gros ateliers et certains règlements y veillaient...

Ce sont des maîtres désignés par les membres du métier

au tirage au sort dans le midi : « héritages indirects des démocraties méditerranéennes du passé. » Les conseils chargés des affaires corporatives étaient composés à la fois de

membres des dites corporations et de membres extérieurs (des consommateurs). « Les vingtaines » des draperies d’Arras, de Valenciennes, de Lille, au Moyen-Âge, étaient constituées de cette façon : à Arras, composée en réalité de treize membres, elle comprenait cinq drapiers et huit bourgeois. A Harfleur, au début du XVe siècle, des trois gardes cordonniers, deux étaient des bourgeois, le troisième seul, était membre du métier. A l’occasion, l’autorité introduit dans les gouvernements corporatifs des représentants d’ « usagers». « A Paris, en 1307, un peu plus tard à Pontoise, pour satisfaire à des réclamations des habitants, Philippe le Bel charge deux bourgeois d’examiner les pains avec deux boulangers ; à Langres en 1332, l’évêque impose un contrôle identique. Deux édits royaux, en 1351 et en 1416, prévoient, pour certains métiers, en cas de nécessité, que « d’autres bonnes gens autres que du métier » pourront élire les jurés à la place du commun, et celui de 1351 institue, en effet, à Paris et dans les autres villes, une commission de prud’hommes non boulangers, qui doivent contrôler la qualité du pain. »

Les Edits royaux de 1351 et 1416 prévoient pour certains métiers : « d’autres bonnes gens autres que du mestier.» pour élire les jurés. A Paris et dans les autres villes, sont institués des commissions « de prud’hommes non boulangers, qui doivent contrôler la qualité du pain. ». Certaines corporations sont impliquées dans les problèmes d’hygiène dans les villes, comme les poissonniers et les bouchers. D’autres corporations sont parties prenantes pour les risques d’incendie comme les teinturiers, foulons et fondeurs de métaux et autres métiers travaillant avec le feu. « …fabriquer…des produits « bons et loyaux »». Les corporations dont la charte repose sur la qualité rejettent toute forme de « faux » travail, pour le plus grand bien de l’éthique et du consommateur. « Nul ne doit cuire ou rôtir des oies, du bœuf, du mouton, si ces viandes ne sont loyales et de bonne moëlle…On ne doit faire saucisses qu’avec bonne chair de porc.». La marque certifie la bonne qualité et c’est le sceau qui le prouve. Les jurés visitaient les ateliers et on travaillait en général à la vue du public. Les boutiques et ateliers tenaient en général les rez de chaussé, ce qui stimulait les vocations par la vue des métiers et incitait à y entrer, sans parler de l’effervescence de la vie communautaire de l’époque…Au XVe siècle : «les chaussetiers de Marseille avaient organisés une sorte de cantine coopérative…Du XVIe au XVIIIe, de toutes parts, des contrats en forme précisent, entre maître et compagnons, des obligations très variables en ce qui concerne la nourriture, spécialement la boisson, les vêtements, les outils, le logement aussi bien que le salaire et la durée même des engagements ». En 1539, les imprimeurs doivent être nourris : « selon leurs qualitez, en pain, vin et pitance.». On se réunissait pour discuter dans les Eglises et Cathédrales (Chartres…), les maisons du peuple du temps : « Leurs conversations bruyantes troublent la paix.». A l’heure du chômage et de la misère, voir du nouvel « esclavage » consentie dans une société libérale rousseauiste, la main sur le cœur pour parler des « droits de l’homme » tout en acceptant la délocalisation vers les pays du tiers monde où l’on paie une misère la main-d’œuvre. Il est bon de rappeler qu’au Moyen-Âge on ne pouvait renvoyer un compagnon sans l’avis « des quatres maistres gardes du métier et de deus varlez dudit mestier. ». Les ouvriers d’alors étaient propriétaires de leur métier, tout comme les médecins ou avocats d’aujourd’hui, en

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fait « privilégiés ».On est loin de la Révolution qui donnera les pleins pouvoirs aux « bourgeois »…

Social parce que Chrétien « Voyez, mon fils. Ces enfants sont vos égaux sur cette

page, vos inférieurs dans le monde. Prenez garde qu'ils ne soient plus grands que vous devant Dieu. »

Le Grand Dauphin, montrant à Louis XVI, les registres de la paroisse où son nom

était inscrit entre ceux d'enfants du peuple. Les corporations fondaient leurs propres hôpitaux ou

simplement louaient des lits pour les malades de la profession. C'est ainsi que l'hôpital St Eloi appartenait aux orfèvres. Pour les moins fortunés, l'hôpital de la Trinité, était fondé en 1544 pour les fils des pauvres artisans afin de les mettre en situation de gagner leur vie. On leur apprend à lire, écrire, chanter...On les initie à l'exercice d'un métier dans l'hôpital même. Les garçons de l'hôpital qui se marient avec les filles de la même maison, sont dotés. La maîtrise est accordée aux artisans qui enseignent leur métier aux enfants de l'hôpital (Edit de Février 1553). Ces corps de métier s'occupaient aussi du logement et de l'entretien des pauvres et des infirmes. « A Rouen, existait la "Maison du refuge". A Lyon, Orléans et dans d'autres villes encore, fonctionnaient des institutions charitables. » Les hommes, dont la vie pouvait amener la misère, n'étaient pas à la rue, mais pris en charge par l'organisation professionnelle dont ils faisaient parti et cela, jusqu'à la mort...

« Lorsque, rassemblant les plus anciens de chaque

métier, Etienne Boileau fit écrire sur un registre les vieux usages des corporations, le style même se ressentit de l'influence dominante de l'esprit chrétien ; souvent la compassion pour le pauvre, la sollicitude pour les déshérités du monde se font jour à travers la concise rédaction des règlements de l'antique jurande. Protéger les faibles était une des préoccupations les plus chères au législateur chrétien. Il recommande la probité au mesureur ; il défend au tavernier de jamais hausser le prix du gros vin, comme boisson du menu peuple ; il veut que les denrées se montrent en plein marché, et afin que le pauvre puisse avoir sa part au meilleur prix, les marchands n'auront qu'après tous les habitants de la cité la permission d'acheter des vivres. Sans doute on ne connaissait pas alors cette fébrile ardeur du pain, qui enfante quelquefois des prodiges, et l'industrie n'avait point cet éclat, cette puissance qui, aujourd'hui, éblouissent ; mais du moins la vie du travailleur n'était point troublée par d'amères jalousie, par le besoin de haïr son semblable, par l'impitoyable désir de le ruiner en le dépassant. Quelle union touchante, au contraire, entre les artisans d'une même industrie ! Loin de se fuir, ils se rapprochaient l'un de l'autre pour se donner des encouragements réciproques et se rendre de mutuels services... Grâce au principe d'association, le voisinage éveillait une rivalité sans haine. L'exemple des

ouvriers diligents et habiles engendrait le stimulant du point d'honneur. Les artisans se faisaient en quelque sorte une fraternelle concurrence. »

Louis Blanc.

Horaires, repos et jours fériés

Dans "Le Paysan Biologiste", numéro 64, je précisait une citation d'Alain Decaux sur les congés payés disant que : « L'Ancien Régime avait su, par le jeu savant des dimanches et des jours fériés, équilibrer de façon très remarquable le travail et le repos... » C'est ainsi que l'on retrouve (n'oublions pas que les dimanches n'existeront plus pendant 16 ans à partir de la Révolution), 38 jours chômés. Devrons nous parler du temps de travail, toujours d'actualité et pour cela, consultons le "Recueil des Ordonnances des Rois de France" (Tome VII, page 98, B.N.). Là se trouve, les heures de travail de nombreux métiers de jadis. « Pendant les six mois d'hiver, la journée était, en moyenne, de 8 heures : de 7 heures du matin à 5 heures du soir, moins deux heures environ pour les repas. Pendant les mois d'été, la longueur du jour était plus grande, le travail durait trois heures de plus. »

Philippe Levray. Congés Payés et Droits En 1578, un décret de Philippe le Bel contenait déjà, une

bonne partie de notre législation sociale. Je vous laisse imaginer le retard terrible, le sang et les larmes versés pour être parvenu aujourd'hui à une pâle caricature des libertés de jadis...Tout comme le vote des femmes, la grève et la journée de huit heure, faussement qualifié de semaine anglaise n'étaient donc pas inconnus du "Moyen-âge". Que dit l'ordonnance :

« Voulons et ordonnons que les ouvriers des mines travaillent huit heures par jour, à deux entrées de chacune quatre heures. Si l'ouvrage requiert accélération, il sera fait par quatre ouvriers qui travaillent chacun six heures... Ayant ainsi ses 18 heures de repos sur 24.Voulons et ordonnons qu'aux festes de commandement les ouvriers soient payés comme s'ils avaient besogné. Item aux festes de Pâques, Noël et Pentecoste, il ne sera besogné que

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demy semaine...Item aux quatre festes de Nostre Dame et aux douze festes d'Apôtres les ouvriers sont quittes d'une demi journée la veille de chaque feste. Mineurs ouvriers peuvent choisir chazal (terrain) pour faire maison et jardin sur les communaux des lieux où ils travaillent, en payant un sol de cens (loyer) par an et moyennant ce ont droit aux bois morts sur les dits communaux...Au marché qui commence à 10 heures du matin il n'est pas permis aux officiers, personniers et hosteliers d'acheter provision avant que les ouvriers soient fournis ».

Une pensée me vient sur la misère et les souffrances que subiront les enfants, les femmes et les ouvriers d'après la Révolution de 1789, que n'eurent-ils un Roi pour leur permettre de continuer à vivre comme leurs pères cette calme et paisible "révolution royale". La République s'est construite dans le sang du peuple et non pas pour le peuple. Il est plus facile d'opprimer lorsque l'on se réclame du peuple et la République a recréé l'esclavage social digne des temps les plus reculés...Les corporations de chaque métier géraient leur temps de travail selon de nombreux critères, saison, dureté de l'emploi...Tout uniformisation est à bannir lorsque l'on aborde l'Ancien Régime. Du bas de l'échelle sociale jusqu'en haut, on trouvait un enchevêtrement de droits, privilèges et devoirs dont personne n'était exclu. Cette ordonnance laisse entrevoir combien était souple le pouvoir royale. On y trouve la journée de 8 heures et 6 pour le travail continu,l'organisation des équipes d'ouvriers, le choix pour le travail à la tâche ou à la pièce, habitations ouvrières avec modique loyer, les congés payés et repos (52 dimanches + fêtes chômées beaucoup plus nombreuses qu'aujourd'hui), l'avantage d'être servi, sur les marchés (ou coopératives) avant les "bourgeois"...Guillaume de Hangest, prévôt de Paris en 1292 ordonna pour les brodeurs : « ...apprentissage de huit ans,défense de prendre un apprenti sans être reçu maître,défense de travailler de nuit ainsi que le dimanche et fêtes prescrites, défense de travailler ailleurs que dans l'atelier d'un maître. » On retrouve des accords entre seigneur et ouvriers dès 1395 (le seigneur d'Allevard en Dauphiné). Ceux-ci, stipulent des droits de concession et le concessionnaire fournira les outils, salaire minimum, protection des exploitations. En 1414, dans la mine du Rancier (Ariège), on

trouve des prud'hommes surveillant l'organisation et la qualité du travail...

Assistance sociale et médicale « Charles VII donna à Jacques Coeur, pour 200 livres

par an, la ferme des mines d'argent, de cuivre et de plomb du Lyonnais et du Beaujolais...Le personnel des mines que possédait Jacques Coeur avait une existence honorable. Il recevait des gages élevés ; on lui fournissait une alimentation de premier choix, un logis commun bien

chauffé, l'éclairage, le blanchissage, le vêtement, les soins médicaux, le service religieux. Chaque mine avait des dépendances rurales, et les mineurs, dans les intervalles de leur travail souterrain, cultivaient ces terres, dont ils pouvaient acheter des lopins... »

"Histoire de France de Lavisse, Tome IV, Par Charles Petit-Dutaillis

Les exemples d'attentions sociales des rois et

seigneurs envers les ouvriers sont infinis. Je ne résiste pas au plaisir d'invoquer Henri IV, qui dans la tradition populaire des rois de France ordonnait dans son conseil du 14 mai 1604 :

« Un trentième pris sur la masse entière de tout ce qui proviendra de bon et de net des mines sera mis entre les mains du receveur d'icelles tant pour l'entretenement d'un prêtre que pour celui d'un chirurgien et achat de médicaments, afin que les pauvres blessés soient secourus gratuitement et par cet

exemple de charité, les autres plus encouragés au travail » En Alsace, les statuts des boulangers stipulent les mesures

à prendre pour le compagnon arrivant à l'hôpital : « Il aura un lit bien propre qu'on renouvellera selon les

exigences de la maladie. On lui servira à chaque repas un cruchon de vin, du pain en suffisance, une bonne écuelle de soupe, autant de viande, d'oeufs, de poissons qu'à un autre malade »

Hanauer, Etudes sur l'Alsace A Toulouse, les statuts des pâtissiers de la fin du XVe

siècle, prévoient l'aide à accorder au maître dans "l'adversité", et ils ajoutent : « Pareillement la confrérie devra venir au secours de tout compagnon qui tombera dans la misère et ne pourra gagner sa vie. »

Retraites « Le 2 décembre 1587, la boutique de Me Simon

Lescalopier, orfèvre au pont au Changeur, fut pillée dans la nuit et complètement dévalisée. La valeur des objets volés fut estimée 400.000 livres par les jurés du métier et, six jours après l'évènement, c'est à dire le 8 décembre, Simon Lescalopier fut indemnisé par la corporation des orfèvres de la totalité de sa perte. Jehan Courtépée, dut, le 12 juillet 1598, cesser ses paiements. Instruits du fait, les jurés du métier font une enquête minutieuse, qui leur révèle que cette "défaillance" est uniquement due aux infirmités et au grand âge du marchand. La corporation répare la perte qui était de 30.000 livres, installe le compagnon Pierre Asselin comme gérant de la maison Courtépée, fixe à 800 livres les appointements de la gérance et les lui sert mensuellement

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jusqu'à la mort du titulaire, c'est à dire jusqu'au 12 janvier 1606. »

On retrouve tout l'esprit chrétien dans la rédaction des statuts et la prise en compte des problèmes. C'est une véritable anthologie de justice sociale et de charité humaine, compassion pour les pauvres et sollicitude pour les déshérités...

Lire : La journée de huit heures, Miroir de l’Histoire, janvier

1958

Quelques exemples...

« Je vous aime tous, je me sens périr et affaiblir en votre sang...

Je me puis bien lasser des calamités et misères que mon peuple endure...

Mes pauvres peuples que j'aime comme mes chères enfants... »

Henri IV Chez les tailleurs, tout ouvrier arrivant à Paris s'adresse au

clerc de la communauté, qui se charge de le placer. Quand un marchand coupe mal un vêtement, il paie une amende "pour les pauvres du métier à soutenir" (article 5). Les maîtres ayant trop d'ouvrage doivent en donner à leurs collègues moins heureux (article 12).

Chez les brodeurs, celui qui prend une commande pour la troupe doit la partager avec les confrères...

Chez les foulons, les deux jurés patrons étaient désignés par les ouvriers et les deux jurés ouvriers par les patrons sous l'oeil bienveillant du prévôt de Paris (Livre des métiers, Titre III).

Nous constatons que les compagnons, comme les maîtres disposent des mêmes droits quand à l'organisation du travail et des modalités qui en découlent. Ils bénéficient des mêmes avantages sociaux, ce qui démontre leur possession d'état, la reconnaissance de leur qualité, pour tout dire leur privilège...

Un patron n'a le droit d'embaucher un ouvrier étranger que lorsque tous ceux de la profession sont employés, cela évite déjà les risques de chômage...

Chez les tourneurs, un chargement de bois doit être notifié aux confrères du maître à qui on a proposé l'achat pour que chacun puisse avoir sa part.

A Tours, les maîtres tisserands doivent donner un denier tournois au « compagnon étranger malade à ne pouvoir travailler ».

A Bordeaux, il est remis de l'argent au compagnon de passage qui fait le tour de France; s'il a l'intention de s'installer dans la ville et s'il n'a pas d'ouvrage, on est tenu de l'occuper pendant huit jours.

A Epinal comme partout ailleurs, on se partageait les marchés « Se aucuns de nous, confrères et consoeurs achetait du bled, tant à la blaverie que d'autre part, et aucuns de nous venait dessus ou marchier fairé, ainsy, y deverait-il avoir sa part. » Voilà pour l'esprit qui animait les corporations.

A Paris, les statuts des cuisiniers prescrivent que le tiers des amendes sera affecté aux "pauvres vieilles gens dudit métier".

Ceux des couvreurs, en 1566, décident « que toute amendes qui surviendront, tant à cause des mésaventures ou fraudes que autrement, seront appliquées pour

sustenter et subvenir aux pauvres ouvriers dudit métier qui tombent ordinairement de dessus les maisons ou en quelque façon que ce soit,ou autre pauvres dudit métier. »

Les règnes d’Henri IV et François 1er marquent l’unification

administrative de la France et un contrôle accru du pouvoir sur la vie économique du pays. « Victoire du prince sur la féodalité». C’est à cette époque que se termine le rôle militaire des corporations (tour de surveillance aux remparts, guets), remplacement du guet des bourgeois par le guet royal. Les divers « passe-droits » gênent l’organisation corporative comme les établissements d’assistance, ceux-ci obtiennent la maîtrise de métiers en dehors du cadre corporatif :

- affranchissement des bourgeois de Paris par François 1er du monopole des maîtres-paveurs en 1538

Henri II en 1547 rend libres les oyers et rôtisseurs parisiens…

« …la Trinité, fondée à Paris en 1545, où les enfants pauvres et les ouvriers qui les instruisent peuvent acquérir la maîtrise de divers métiers sans passer par la filière corporative…de 1515 à 1530…trente neuf métiers sont ainsi constitués en corps par le roi »

L’industrie Les concentrations industrielles commençaient à mettre en

péril certaines professions et une réaction corporative victorieuse fit rentrer dans le rang nombre d’industriels et sauva pour un temps le monde artisanal. Le pouvoir royal avait relâché son contrôle, les édits pouvaient être contestés par les parlements de provinces. (Siège de présidiaux, baillages et sénéchaussées). Les industriels ne sont d’ailleurs pas tous hostiles :

« En ce qui concerne spécialement les corporations, les grands entrepreneurs, même les créateur d’industries nouvelles, n’étaient pas tous hostiles aux disciplines réglementaires. Turqueti, l’importateur de la soierie à Lyon, était, dès 1540, maître garde d’une communauté de veloutiers ; Lancefoc, son émule toulousain, demandait en 1552-1553 que sa propre entreprise fût organisée en corps de métier. Le système corporatif se distendit ici ; ailleurs il se resserra. Surtout le développement de l’organisation dans le commerce et l’industrie fut tout à fait inégal au progrès, à la consolidation du pouvoir politique. Les tendances « libérales » devaient avorter…L’élan capitaliste est amorti ; l’artisanat, lui, s’il faut se fier aux recensement de Paris en 1637 et en 1682 (13 474 maîtres pour 48 000 ouvriers et 17 085 pour 38 000) aurait gagné du terrain. La stabilité monétaire des deux premiers tiers du siècle favorise des tendances conservatrices »

« Dès 1601, celui de Bordeaux cassait une décision des jurats qui avaient érigés les brodeurs en corps de maîtrise ; celui de rennes empêchait les tonneliers nantais de constituer une jurande…»

Les communautés professionnelles se renforcent sous le règne de Louis XIII. De nouvelles corporations se créent forte des édits royaux de 1581 et 1597 en leur faveur et cela malgré quelquefois des parlements hostiles comme celui des magistrats d’Aix. Leur rôle social s’étend et leur présence s’affermit, les délégués rencontrent le Roi. Ils participent aux grands événements du royaume. Ils sont en grande livrée au sacre du Roi en y assurant d’ailleurs la police. « Les communautés gardent comme une arme, le droit de « porter voix» à leur hôtel de ville, même de désigner des

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électeurs aux Etats généraux, et elles exerceront encore en 1789 ce vestige de leur ancienne autorité. Les Six corps parisiens n’étaient ils pas assez puissants, en 1645-46, pour obliger le gouvernement de Mazarin à changer une émission de rentes imposées au cent trente plus riches d’entre eux en une taxe sur les marchandises, simplement en arrêtant toutes leurs commandes dans la capitale ? »

« - Les gens de métier reçoivent l’ordre de procéder partout à l’élection de leurs jurés… »

Colbert développa les jurandes en 1664 en les imposant à nombre d’industries textiles : Aumale 1666, Orléans 1670…En 1673 avec Louis XIV qui renoua avec la tradition d’Henri III et d’Henri IV pour standardiser les maîtrises (Edits de 1581 et 1597) : « …Disons, statuons et ordonnons…que lesdits édicts de 1581 et 1597 soient executez selon leur formel teneur, et en conséquence que tous ceux faisant profession de commerce de marchandises et denrées et d’arts de toutes sortes et mestriers, sans aucuns exepter, tant dans notre ville et fauxbourgs de Paris, que dans les autres villes et lieux de nostre royaume, pays, terres et seigneuries de nostre obeissance, où il y a maîtrise et jurande, qui ne sont d’aucun corps où communautés, soient establis en corps, communautés et jurandes pour exercer leurs professions, arts et mestriers… ». Cette politique dont le but était d’étendre et simplifier l’organisation du travail fut qualifiée de « socialisme monarchique ». Ce ne fut pas sans heurts car les groupes professionnels étaient attachés à leurs privilèges, le Faubourg St Antoine, le Temple, la Trinité, des villes comme Rouen, Nantes et Falaise empêchèrent de s’établir des maîtres venant de Paris…Colbert passa le nombre de 60 corporations dans Paris à 129 en 1691 et le mouvement fut de même en province, ceci permettait à un ouvrier d’exercer sa profession partout en France. Le mouvement ira en simplifiant et jusqu’à la veille de la

Révolution, des artisans se regrouperont pour se constituer en jurande.

Malgré un âge florissant, malgré une belle ascendance, les communautés de métiers ne purent avoir un succès total car déjà au XVIIe siècle, une tendance gouvernementale ralentissait leur constitution voir même les décourageait. A la fois tiraillé par le développement du monde industriel et un nombre grandissant de « capitalistes », une adaptation devenait nécessaire au développement du monde du travail.

L’économie changeait déjà et Colbert engage la France à

suivre l’exemple. La production de masse voit le jour. Les organisations professionnelles vont subir quelques mutations pour faire face à ce nouvel enjeu. Des luttes apparaissent en Angleterre (Trade-unions), aux Pays-Bas Autrichiens…En France des conflits du travail se multiplient et les philosophes des « Lumières » critiquent vivement les groupements de métiers représentant à leurs yeux un carcan contre la liberté du travail. En fait de carcan celui-ci protégeait l’ouvrier face au capitalisme grandissant et garantissait à l’homme un titre irremplaçable et une protection indéniable manquant cruellement aujourd’hui, la propriété du métier, titre de noblesse ouvrière. Les philosophes feront ainsi le lit du libéralisme et livreront, au nom de la liberté, le monde du travail pieds et poings liés à la sauvagerie de la Révolution industrielle du XIXe siècle.

Turgot puis la Constituante détruiront cet ordre qui ne fut

pas sans imperfections mais dont le caractère protecteur servirait seul à justifier son existence.

La France était tellement empêtré dans des droits distinctifs que pour en sortir il fallait que le roi fasse lui-même la Révolution !

Il est impossible d’avoir une vue d’ensemble car même dans certains endroits les seigneurs (Poitou…) exerceront leurs

Fonderie royale au Creusot

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droits de prééminence quand au contrôle des jurandes sur leur terre (300 paroisses sur 540). Petit à petit les organisations de métiers abandonnent aux pouvoirs publics certaines de leurs prérogatives, la police professionnelle, la garde des villes, les règlements (fabrication…). Tant et si bien qu’en 1789 on se trouvent comme ligotés par de multiples tracasseries « tyranneaux et parasites » qui empêchèrent toute initiative…Le Colbertisme livra les corps de métiers à une concurrence inégale, l’artisanat ne pouvait rivaliser avec des manufactures dont les coûts répartis, la production de masse, de nombreux ouvriers et la vitesse de production remportaient le marché en ruinant les corporations. « Au milieu du XVIIIe siècle, à Paris, sur une population de cinq à six cent mille habitants, on comptait onze mille deux cent huit patrons et environ cent mille ouvriers. »

E. Coornaert.

Naissant sous Henri IV et François 1er, se structurant sous

Colbert et se développant au XVIIIe siècle, les entreprises, de la révolution commerciale des grandes découvertes, aux mains de bourgeois et nobles capitalistes feront tout, au travers des sociétés de pensées pour détruire avec la révolution de 1789, la structure corporative protectrice du monde ouvrier.

Petit à petit les corps de métier perdent toute initiative au profit des grandes manufactures tant sur le plan professionnel que sur le plan des statuts corporatifs et la participation municipale. Une sorte de sclérose s’empare des corps de métiers et appellent aux réformes. Cette stagnation génère des abus contraires à leurs traditions : rejet des nouveautés, jurés installés sans limite de temps, achat des charges, abus des droits, négligence des devoirs, droits d’entrée au métier exorbitants, les examens techniques sont des occasions pour les jurés de boire (dictionnaire de Trévoux), les caisses d’assistance remplissent mal leurs offices, esprit étroits, faveurs aux fils de maître…

On voit même certains maîtres, prendre des apprentis en surnombre pour avoir une main-d’œuvre à bon marché et ainsi aller contre l’esprit même des corporations. De nombreux conflits apparaissent dès le début du règne de Louis XIV entre maîtres et ouvriers de différents corps. Dans les grandes manufactures, des révoltes éclatent et des grèves se multiplient, quelquefois sur fond de guerre notamment avec le système de Law... Les « marches sur Versailles » sont nombreuses pour aller parler au roi des divers tracasseries… « Depuis quelques temps, les ouvriers de la capitale sont devenus intraitables, parce qu’ils ont lu dans

nos livres une vérité trop forte pour eux, que l’ouvrier est un homme précieux »

Rétif de la Bretonne Dans certains cas, les ouvriers obtiennent le paiement des

journées de grève. Le monde des Lettres et plus particulièrement les encyclopédistes condamnent le monde organique des corps de métiers au profit d’une production de masse à la taille des Etats modernes de l’époque. Sous Louis XIV, les ministres Vauban et Colbert critiquaient le caractère rigide des corporations et Voltaire plus tard s’en fera l’écho dans son « siècle de Louis XV »…Les idées de libertés économiques font leur chemin avec notamment les physiocrates. L’arrivée de Turgot au pouvoir marque une nouvelle étape, celui des philosophes au pouvoir au détriment des nombreux ouvriers désirant se regrouper en

confrérie…Turgot se heurta dans son entreprise de révolution légale aux Parlements et fut renvoyé, Necker plus souple à l’égard du monde corporatif ne put rien : « Le désordre des métiers était à la mesure du désordre général de l’administration, au fond, de la démission de l’autorité ».

Les nouvelles corporations se heurteront

aux anciennes trop rigides, les ouvriers n’acceptant plus certaines règles…L’évincement des représentants ouvriers des corps de métiers par les divers filtrages des groupes d’électeurs ne leur permit pas d’être représenté normalement dans la rédaction des cahiers de Doléances.

Dans les cahiers du Tiers Etat, une majorité réclamera la suppression des corporations mais quand on regarde bien les cahiers, il semble que le vrai résultat soit inverse, écoutons Coornaert :

« mais la minorité n’est guère moins nombreuse : contre 65 cahiers hostiles, dont 14 seulement provenant de villes, 56 sont favorables aux communautés, et 26 d’entre eux sont rédigés par des centres importants de la vie économique. »

Néanmoins quelques cahiers des jurandes montraient bien le désir du maintien de l’organisation corporative avec des perspectives de réformes : « Parmi les cahiers, ceux des jurandes, dans l’ensemble, réclament leur maintien, quitte à proposer des réformes…Il s’en faut de beaucoup que tous les cahiers soient connus ; mais il est certain qu’un nombre important d’assemblées souhaitait le maintien des corporations… »

Revenons en arrière, Colbert travailla à l’unification des

corps de métier d’une même profession dans tout le royaume : « En 1686, un arrêt du Conseil permet, pour la première fois, à tous les ouvriers français de tous arts et métiers de s’établir à Perpignan et dans les autres villes du Roussillon. Les membres des jurandes « en forme» ont le sentiment d’une unité professionnelle nationale… » Mais ce ne fut dans cet enchevêtrements de « libertés » éparpillées dans le pays qu’un doux rêve…

Henri IV subit les résistances des Parlements à ses édits… - Les Conseils des villes comme à Marseille en 1604

refusaient l’application de la volonté royale

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- Bordeaux en 1601 et Nîmes, ou faisaient des objections ouvertes comme à Troyes, Tours, Bourges, Paris et Lyon…

- Le Parlement « de Rennes empêchait les tonneliers nantais de constituer une jurande : de 1614 à 1634, puis encore de 1674 à 1681… ».

- En 1710, s’interpose le juge royal de Castres pour défendre aux cordonniers de délibérer sans lui, ceux-ci répliquent : « tous les corps de métiers peuvent délibérer de leurs affaires sans assistance de magistrat ni procureur du roi »

La police professionnelle et le guet armé sont partagés entre les jurés des métiers et les agents du roi, qui en prendront définitivement le contrôle au XVIIIe siècle. Il serait important aussi de signaler le rôle militaire des corporations possédant pour certaines du matériel comme les tentes de guerre et assurant des services de garde dit « le guet » :

« A Troyes, en 1429, ce seront les gens de métiers, de service aux portes, qui les ouvriront à Jeanne d’Arc et c’est aux communautés connues pour leur fidélité à la cause royale qu’on en confiera la garde dans la suite dans la même ville, encore en 1500, tandis que les bourgeois et commerçants fournissent 1039 « hommes de fer », les ouvriers et maîtres des métiers fournissent 2532 « hommes de pourpoint »…on trouvera encore des vestiges au XVIIe.»…

Les assemblées des métiers et les fêtes : En 1361, à Rouen, « environ miles personnes des plus

notables et suffisant…de la draperie » Les finances sont constituées des droits d’entrée pour le

métier, des cotisations diverses, du droit de sceau, des dons et amandes…Les fêtes des métiers étaient les occasions de grande cérémonies, imaginons que chaque métier faisait ses propres fêtes, celle du saint patron, d’un mariage, d’une naissance, d’une fin d’apprentissage, d’une conquête de grade de métier, d’une accession à la maîtrise ou d’une nomination des jurés…L’occasion permettait de sortir les costumes chamarrés et les bannières, les maisons étaient décorés, pour les écoles, on était en congé, des aumônes étaient distribués aux pauvres, une grande messe était faîte ainsi qu’un grand

banquet….Quelle animation dans cette France d’alors. Les corporations étaient intimement liées à la vie générale : « Elles sont presque partout des cadres électoraux. De Marseille, Perpignan, Cahors à Beauvais, Amiens, Tournai elles forment les collèges où, ordinairement par un suffrage à deux ou trois degrés, sont désignés les magistrats municipaux.». Les métiers sont attentifs à la gestion des dépenses publiques : « …leurs jurés ou des agents choisis spécialement à cet effet levaient les sommes dues par les confrères, parfois même par tous les habitants de leur quartier. » A Amiens en 1380, ils dénoncent au roi, les scandaleux excès des échevins…Les corporations dont les chefs sont « élus à la pluralité des voix » assurent l’assistance entre les travailleurs et la charité pour les pauvres.

Démocratie locale et professionnelle

Certains penseront effectivement à une forme

d’organisation démocratique. « Fondées sur la nature des services, prenant les hommes tels qu’ils étaient, elles avouaient, de toutes part, l’inégalité. Mais elles ne faisaient pas de cette négation un principe. Inégalité, c’était chez elles hiérarchie. Comme du reste dans toute la société d’autrefois. Dans son ensemble, plus ou moins harmonieux, les communautés de métiers rejoignent, en effet, bon nombre de groupes sociaux munis de leurs droits particuliers, qu’un mot désigne de façon expressive : privilège. Tout roturier qu’ils sont, les artisans qui en font partie sont d’authentiques privilégiés. » En précisant bien que, tout travailleur ne faisait pas obligatoirement partie des communautés de métiers (déjà on considérant que les ¾ de la France était paysanne et ne possédait pas de structure corporative…). « Nous devons nous abstraire de la dispersion matérielle autant que du désordre moral où s’exerce aujourd’hui l’activité économique pour comprendre les conditions du travailleur d’autrefois. Il nous faut retourner dans l’une de ces rues du Moyen-Âge comme ont su en conserver quelques unes de nos villes,

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revivre dans des cités aux façades armées de pans de bois peints ou sculptés, aux hauts pignons barrés d’encorbellements. Beaucoup de métiers occupent, porte à porte, souvent une rue entière, parfois tout un quartier. Sous le filet de ciel découpé par les toits en saillie au dessus de ces couloirs, les rues de jadis, les volets des « fenêtres», qui donnent leur nom aux boutiques, débordent horizontalement des maisons pour former un étal et un auvent sous un heaume d’or, un brochet d’argent, un long vêtu, parfois une « enseigne de Gersaint ». Jusqu’au XVIIIe siècle, les devantures, les « cages », sont grandes ouvertes toute la journée. Des couleurs et des formes réglementaires distinguent les « fenêtres » de certains métiers : les « horlogeurs » sont voués au vert, les barbiers-chirurgiens au blanc, les barbiers-étuvistes au bleu…Les passants contemplent les travailleurs à la besogne. Les taverniers vantent leur « gentil clairet », les merciers leurs aiguilles, leur savon ou leur peignes. Des marchands et ouvriers ambulants, vitriers, tonneliers, fripiers et autres, appellent le client par des « cris », dont le ton et l’accent, vérifiés lors de l’entrée au métier, se transmettent d’âge en âge. Le guetteur du beffroi, le crieur passant devant les ateliers annoncent la mise en train ou la fin du travail, à moins que ce ne soient les cloches de l’Eglise voisine, qui sonnent aussi les fêtes du métier, les mariages et les enterrements des confrères, clamant leurs joies et leurs deuils, leur rappelant aussi ses principes de charité, de solidarité efficace qui contribuent à assurer l’institution corporative et fondent ses exigences de modération, cloches dont l’écho rejoint, par-dessus la ville, les sonneries des offices, annonçant d’une même voix la prière du travail et la prière des heures canoniales. Une atmosphère de poésie enveloppe et pénètre les humbles réalités du régime, qu’imposent aux artisans leurs communautés. ». Le monopole est interdit et la publicité dissimulatrice de tromperie. Dans les marchés, une égalité règne sur les emplacements des étals, afin de ne point léser les petits commerçants : « non plus de place que le petit et le riche que le pauvre.».

« Souvent, l’intervention des autorités dans la vie professionnelle frise ce que nous appelions naguère le « socialisme municipale. »»

Une économie humaine Toute l’organisation corporative reste calqué sur la notion

d’intérêt général de la collectivité. « Les corporations qui sont devenues de grandes industries sont celles qui travaillent pour l’exportation.». Le seul souci reste la production « de masse » restant pourtant corporative, qui n’a rien à voir avec l’esprit des jurandes axé vers la qualité. « Au sommet de l’échelle des producteurs apparaît parfois étranger aux contrôles de la communauté, un grand entrepreneur, un marchand presque toujours, qui assure les relations du centre industriel avec les débouchés, marchés ou foires, dont dépend le débit de la production. ».

« Si leur travail était ordinairement très astreignant, les ouvriers avaient souvent l’occasion de l’interrompre. En dehors des dimanches, ils chômaient un grand nombre de fêtes et anticipaient même ces repos périodiques, du moins au Moyen-Âge, les après-midi des samedis et veilles de fêtes, quand ce n’était pas la vigile entière. Un métier

parisien, celui des tréfiliers d’archal, connaissait au XIIIe siècle des vacances d’un mois. Il ne faut pas oublier les baptêmes, mariages, enterrements, premières communions. La semaine de travail devait être d’environ quatre jours. Dès le XVe siècle, on commença de supprimer des fêtes chômées. En moyenne, on en comptait encore, outre les dimanches, une soixantaine au XVIe siècle. ». Cette « économie dirigée » a pour but le bien commun : « Le but essentiel de ses promoteurs, de ses membres, ce n’est pas la production : ce n’est pas la richesse qui est au centre de leurs préoccupations, ce ne sont pas les choses, ce sont les hommes. Cette économie veut, avant tout, être humaine ».

« Faites pour les hommes, les constituant en groupes distincts dans leur milieu, les corporations étaient nécessairement, profondément sociales.»

« Nous savons déjà qu’elles furent loin de grouper tous les travailleurs, que leurs unités se répartirent dans les petits mondes urbains, dans la grande unité nationale suivant une distribution pleine d’imprévu, isolée parfois, peu nombreuses dans une ville, réunissant dans une autre la majorité des travailleurs, parfois aussi les encadrant tous. D’un point de vue qu’on pourrait appeler externe, leur place et leur action furent donc extrêmement variables. Nous savons aussi qu’elle dépendaient des pouvoirs publics, qu’elles collaboraient à l’administration des seigneuries, des villes, du royaume, que certaines taches, certaines fonctions extraprofessionnelles les associaient intimement à la vie collective, à la direction même de l’Etat, petit ou grand…»

La charité était de rigueur dans le monde chrétien et les métiers donnaient l’exemple. Les drapiers parisiens, chaque année le jour de la fête de leur saint patron, jour ou le roi recevait d’eux son repas (son « mez ») offraient « un plantureux dîner aux pauvres de l’Hôtel-Dieu : la saveur d’expression avec laquelle ils s’y engagent relève pour nous la qualité de ce bienfait et a aidé à la mise en valeur de leur mérite. » ce fut de même pour les orfèvres : « jusqu’au moment de la Fronde, les gardes du métier et leurs femmes servirent les convives de leurs propres mains. D’autres les incitèrent, à toute époque, par des libéralités diverses, souvent en attribuant aux pauvres une part de leurs amendes. » On retrouve le plus souvent l’entraide, le soutien mutuel. Certaines corporations percevaient des cotisations spéciales, effectuaient des quêtes pour aider les nécessiteux du métier. « Dans le Nord, les gildes étaient devenues assez tôt patriciennes ; à Valenciennes, à Tournai (les bourgeois de cette ville étaient nobles), les drapiers constituaient une « chevalerie ». Les marchands « chevaliers » du Languedoc « inscrits dans la milice militaire de l’ordre de mercerie» avaient bien le droit de se croire membres d’une aristocratie. Les Six Corps parisiens en formaient une dès le XVe siècle : parmi eux, même, les orfèvres n’auraient ils pas reçu de Philippe le Valois le droit d’armoiries ?... »

Voilà pour cette expérience sociale qui a duré pendant des siècles et qui a façonné notre pays. « Ce long passé nous propose d’abord une idée fondamentale, comme à tous les métiers organisés : ils représentaient un compromis entre la liberté des producteurs et le contrôle de l’économie par les pouvoirs publics ; ils répondaient à un effort pour assurer la concordance des intérêts particuliers avec l’intérêt générale, pour en garantir l’équilibre. Or c’est là un

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principe qui répond à une nécessité de tous les temps, en particulier de ceux où le désordre de la production cause le désordre de la société…La surproduction par le machinisme suscite les mêmes difficultés aujourd’hui qu’une production déficiente autrefois : et d’abord, une répartition sans ordre et sans équité des richesses et du travail lui-même. Entre l’individualisme libéral qui disperse les travailleurs et écrase les faibles et d’autres méthodes qui avilissent l’homme et mènent à des impasses, le « corporatisme », qui fait appel à la collaboration active des producteurs, mais la dirige, apparaît comme une solution moyenne raisonnable. »

« On y trouve en effet ce qu’il faut pour le gouvernement de l’économie ; pour l’organisation même des entreprises. Pour le premier, elles accordaient une part à l’action des intéressés, aux délibérations de leurs assemblées, aux initiatives de leurs chefs ; part plus réduite qu’on ne le dit à l’ordinaire, car le droit des autorités publiques s’étendait souvent jusqu’à une intervention directe, active dans leur vie. Pour la seconde, la liberté individuelle des producteurs, stimulée par leur intérêt, gardait un jeu limité, mais réel : ici encore, la loi, les contraintes collectives s’efforçaient de corriger les abus, de sauvegarder l’intérêt général, l’ordre. ».

Les corporations ne vaudront que ce que vaudront les hommes…

Tous privilégiés par la propriété

« Défendons à toute personnes sans qualité

d'entreprendre sur les droits et professions des dits corps et communautés ».

Louis XVI (Edit août 1776) Les corporations apportaient dans la société, un solide

rempart face aux puissances d'argent. Le capitalisme, ne pouvait naître avec une telle organisation du monde du travail. « Les Corporations, groupes nouveaux, sont des groupes de privilégiés : "la loi","les lois"reconnaissent, à travers elles, cette réalité importante, un droit collectif du travail »

Emile Coornaert "Les Corporations en France avant 1789". L'organisation corporative apportait une chose encore plus

importante encore pour le monde du travail : la propriété de sa profession. A l'heure ou le monde du travail représente un marché infernal par les changements de professions dans la vie d'un homme ainsi que les migrations de celui-ci, avec les problèmes que cela entraîne pour sa famille, vers la quête d'un travail. L'homme est un véritable nomade au service d'une société anonyme construite pour le profit et où bientôt, plus rien d'humain n'aura place. Tout comme l'officier, le magistrat et le médecin, chaque métier possédait la propriété de sa charge. On exerçait son métier, véritable possession d'état, que l'on soit maître, compagnon, apprenti ou artisan. « C'est par cette possession d'état que la Monarchie capétienne avait fait de tous les ouvriers des propriétaires. »

Firmin Bacconnier

Le sens de la vie « Il n'est permis aux Frères de sortir de la ville que

plusieurs ensemble, afin que l'un puisse assister l'autre, en toute circonstances, de ses conseils, de sa bourse et de son épée. Un Frère est tenu, par exemple, de contribuer, en cas de besoin, à la rançon de son compagnon ou de ses marchandises qui seraient saisies. Que la voiture d'un Frère se brise à un obstacle, que ses chevaux tombent d'accident ou de fatigue, son compagnon a l'obligation de l'assister à son pouvoir. Si l'un des compagnons a terminé ses affaires en une localité, il n'en doit pas moins prolonger son séjour de 24 heures, auprès de son Frère qui le lui demande. S'il arrivait qu'un membre de la corporation s'oubliât jusqu'à en frapper ou à en injurier un autre, il était condamné à l'amende, voire chassé de la 'Frairie'... Les amendes se payaient, tantôt en argent, tantôt en muids de vin, car les Frères de Valenciennes étaient francs buveurs...Représentons-nous ces marchands du XIe siècle assis autour de grandes tables en bois brut, dans le local de la confrérie. Chacun a devant soi un grand pot de vin. ”Le jour où les Frères ensemble boiront, dit l'article IV, on donnera aux pauvres du vin en quantité égale au dixième de ce qu'ils auront bu”. Nul n'aura d'armes ni n'amènera de valets (jeunes gens) ni d'enfants, “afin que Frères puissent être ensemble en paix et sainte religion, sans noise... »

F.F. BRENTANO "Le Moyen-âge" Les ouvertures d'assemblées se faisaient avec beaucoup

de sérieux et des prières les accompagnaient. Ecoutons encore le socialiste Paul Lafargue, s'élevant contre les conditions odieuses de travail du XIXe siècle :

« Pour que la concurrence de l'homme et de la machine prît libre carrière, les prolétaires ont aboli les sages lois qui limitaient le travail des artisans des antiques corporations ; ils ont supprimé les jours fériés. Parce que les producteurs d'alors ne travaillaient que 5 jours sur 7, croient-ils donc, ainsi que le racontent les économistes menteurs, qu'ils ne vivaient que d'air et d'eau fraîche ?

-Allons donc ! -Ils avaient des loisirs pour goûter les joies de la

terre...; pour banqueter joyeusement en l'honneur du réjouissant dieu de la Fainéantise. La morose Angleterre encagottée dans le protestantisme, se nommait la "joyeuse Angleterre" (Merry England)

-Rabelais, Quevedo, Cervantès, les auteurs inconnus des romans picaresques, nous font venir l'eau à la bouche avec leurs peintures de ces monumentales ripailles dont on se régalait alors entre deux batailles et deux dévastations, et dans lesquelles tout "allait par escuelles". Jordaens et l'école flamande les ont écrites sur leurs toiles réjouissantes. Sublimes estomacs gargantuesques, qu'êtes-vous devenus ? Sublimes cerveaux qui encercliez toute la pensée humaine, qu'êtes-vous devenus ? Nous sommes bien amoindris et bien dégénérés ».

Que devient effectivement notre vie dans tout cela, la densité de celle-ci enfermé dans le carcan du métro-boulot-dodo ne laisse pas beaucoup de place à l'épanouissement de l'être. Tout passe très vite et trop vite, le système nous broie et l'on se laisse par habitude et peut être par lâcheté et soumission, broyer par celui-ci. Tout y passe dans la destruction des valeurs humaines.

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Les corporations avaient besoin de réformes car elles déclinaient lentement. La négligence, le blocage des maîtrises et le besoin d'actualisation face aux progrès de l'industrie limitèrent l'évolution de celles-ci. L’esprit révolutionnaire naissant détestait tout corps intermédiaire entre l'Etat jacobin tout puissant et oppressif et la poussière d'individus sortis des délires de Rousseau...

La Révolution spoliatrice

« Les Français se sont montrés les plus habiles artisans de ruine qui aient jamais existé au monde. Ils ont entièrement renversé leur monarchie, leur église, leur commerce et leurs manufactures. Ils ont fait nos affaires à nous leurs rivaux, mieux que vingt batailles de Ramillies n'auraient pu le faire. Si nous avions complètement vaincu la France, si elle était prosternée à nos pieds, nous aurions honte d'envoyer aux Français, pour régler leurs affaires, une commission qui leur imposât une loi aussi dure, aussi fatale à leur grandeur nationale que celle qu'ils se sont donnée eux-mêmes. »

E. BURKE Le capitalisme, triompha par la chute de la Monarchie et

des corps intermédiaires. Alors que Turgot essaya de détruire les jurandes et maîtrises en 1776, Louis XVI, conscient du danger et des conséquences sociales pour le monde ouvrier, recréait 144 corporations en disant :

« En faisant cette création, nous voulons donner aux ouvriers un moyen de défense, nous voulons qu'ils puissent jouir en commun de leur intelligence, qui est le bien le plus précieux de l'homme. »

Louis XVI

La spoliation des biens accumulés par des générations de travailleurs représente à bien des égards, le caractère profondément anti-social de la Révolution et plus tard de la République. Si l'on parle souvent du fameux milliard des émigrés, on oublie trop souvent de relater les milliards saisis aux corporations lors de leurs dissolutions. « Nous avons vu la vieille société périr et, avec elle, cette foule d'institutions domestiques et de magistratures indépendantes qu'elle portait dans son sein, faisceaux puissants de droits privés, vraie république dans la monarchie. Ces institutions, ces magistratures ne partageaient pas, il est vrai, la souveraineté ; mais elles lui opposaient partout des limites que l'honneur défendait avec opiniâtreté. Pas une n'a survécu et nulle autre ne s'est élevée à leur place. La Révolution n'a laissé debout que des individus...Spectacle sans exemple. On n'avait encore vu que dans les livres des philosophes une nation ainsi décomposée et réduite à ses derniers éléments. De la société en poussière est sortie la centralisation...En effet là où il n'y a que des individus, toutes les affaires qui ne sont pas les leurs sont des affaires publiques, les affaires de l'Etat...C'est ainsi que nous sommes devenus un peuple d'administrés... »

Les corporations ne purent par leur absence endiguer les ravages et le cortège de misère qu'entraîna la prise du pouvoir par le monde financier. La déchristianisation commencée avec 1789 allait jusqu'à aujourd'hui semer ses fruits de haine et de destruction. Toute forme d'autorité devant être banni, un écrivain célèbre s'écria qu'en fin de compte en décapitant Louis XVI, c'était les pères de famille que l'on décapitait...L'oeuvre de la Révolution, mère de toutes les révolutions mondiale, est d'extirper tout christianisme des nations.

La Révolution antisociale

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Le baron d’Allarde « était bien qualifié pour proposer la réforme. Il avait exploité dans ses terres une mine dont il envoyait le charbon à Paris, et il s’était ruiné ». Sous l’Empire, maître de forges, il se ruinera encore…Le décret qui porte son nom de mars 1791, met fin à sept siècles d’organisation professionnelle. L’extrémiste Marat, pour le coup, avait vu juste et s’insurgera contre leurs suppression en s’exclamant « Adieu la bonne foi ». Les agitations ouvrières suivirent ainsi que les pétitions à l’Assemblée Constituante. Les entrepreneurs de charpente (22 mai 1791) accusèrent les ouvriers de s’être « réunis en corporation ». Le Moniteur du 29 avril :

«Des ouvriers de quelques professions se réunissent journellement en très grand nombre, se coalisent…taxent arbitrairement le prix de leurs journées ;…plusieurs d’entre eux se répandent dans les divers ateliers, y communiquent leurs prétendus arrêtés à ceux qui n’y ont pas concouru et emploient la menace et les violences pour…leur faire quitter leur travail.». Les révolutionnaires eurent peur que les corporations renaissent et votèrent la loi Le Chapelier le 14 juin 1791…Seul le compagnonnage connut son heure de gloire « sous la Restauration qui s’enchanta de ses traditions, de son cachet ancien… »

Les agitations ouvrières éclataient partout dans le but de se regrouper par corps (réaction naturelle). Le monde du travail montrait ainsi le souci d’organisation et les ouvriers se retrouvaient démunis face au capitalisme triomphant dans la Révolution de 89. Il fallait comme en Grande Bretagne en 1745, livrer le monde ouvrier à la bourgeoisie triomphante.

« Les corporations en 1789 avaient besoin d'une

réforme : on les supprima, et ce fut le peuple des ouvriers qui en souffrit le plus ; car bien entendu, lorsque la Révolution supprima les corporations, elle confisqua leurs biens, fonds de prévoyance, caisses de chômage, fondation de lits dans les hôpitaux, comme on a confisqué depuis, en 1904, les caisses de retraite des prêtres âgés et les fondations de messes ; telle est la manière impitoyable et tyrannique des légistes. Et tout fut dilapidé, comme les biens des collèges et des universités et les biens du clergé. Les ouvriers parisiens, privés de ce secours mutuel que leur procurait la corporation et inquiets de cet isolement qu'on appelait liberté réclamèrent dès 1791 le droit de se réunir dans un but d'assistance mutuelle en cas de chômage ou de maladie. »

Henri Charlier La bourgeoisie industrielle et commerçante triompha du

catholicisme. « Entre cet Etat et les simples particuliers, il n'y a plus

d'intermédiaires : la famille, les groupements corporatifs ne comptent plus...Dans ces conditions, on comprend que le plus fort puisse écraser facilement le plus faible...La doctrine du libéralisme où la société n'est plus qu'une masse informe, qu'un rassemblement d'individus juxtaposés, sans lien moral ni économique quelconque. Dès lors, c'est la poussée universelle vers le plus grand profit possible, surtout quand la conscience et le sentiment religieux font défaut, c'est la concurrence effrénée, la surproduction, le monopole ; et, comme conséquence, la réalisation de fortune colossales d'un

côté, et la misère 'imméritée' de l'autre, suivant le mot de Léon XIII. »

Les anciennes corporations

Les nouveaux martyrs Comment ne pas parler des milliers de pauvres gens qui

payèrent de leur sang les folies révolutionnaires. La République a derrière elle une longue tradition anti-sociale... « Ainsi, non seulement on enlevait aux ouvriers la défense qu'ils trouvaient dans les corps de métiers et dans le principe du juste salaire, mais on les laissait face à face avec les capitalismes dans une économie de libre concurrence sans tenir compte des différence de puissance économique des uns et des autres... » (1)

Le compagnon d'échafaud du défunt roi Louis XVI était un ouvrier couvreur de Savigny-sur-Orge. Les deux têtes roulant dans le même panier illustrèrent bien le symbolisme populaire de la Monarchie Française. Jamais les rois ne voulurent massacrer le peuple ni en 1789, ni en 1830, ni en 1848. A Paris, sur 18 613 guillotinés, 13 633 n'étaient pas nobles, le 9 Thermidor, on guillotine encore une vingtaine de boutiquiers et d'artisans... « Dans le Doubs, sur 1900 émigrés, 1100 appartiennent au peuple. En Alsace, on estime que 50000 habitants de la campagne se sont réfugiés au delà du Rhin dans le seul hiver 1793-94 »

P. Gaxotte Faudrait-il parler de la Vendée, de la Bretagne, de la

Normandie qui se révoltèrent contre la République, des "chouans" niçois, ardéchois, des massacres à Lyon, des déportations du Pays Basque... On pourrait aller jusqu'à aujourd'hui en passant par les massacres d'ouvriers dont la République détient l'horrible palme. Sans aucune protection la souffrance ouvrière fut terrible et les monarchistes se dépensèrent sans relâche pour restaurer les lois sociales qui faisaient la noblesse des corps sociaux de la France avant 1789. Quel sentiment pouvait animer un capitaliste gagnant de l'argent sur un enfant de 13 ans, venant gagner une misère pour une quinzaine d'heures de travail dans des conditions souvent terribles. Ces jeunes étaient coupés trop tôt de l'affection maternelle. Ils manquaient de sommeil, en plein développement physique, à peine sortis de l'enfance et déjà sacrifiés à l'autel du veau d'or...Quand les accidents survenaient, ils étaient handicapés et marqués à vie. La Révolution avait promis la liberté et c’est des chaînes plus terribles qu’elle impose...

On a laissé croire à l’ouvrier, pour mieux le manipuler, qu’il discuterait sur un point d’égalité avec un patron. On oubliait de lui dire qu’il n’aurait que ses mains et sa sueur à proposer face à un capitaliste possédant l’argent, les outils et les usines, bref un marché de dupes s’exclamait Proudhon. Quelle ignoble machination au profit de la bourgeoisie victorieuse sur les cendres des institutions sociales des rois. Le peuple apprit à ses dépend que la Liberté martelée sur les mairies était celle de l'argent. Les monarchistes furent les pionniers des droits ouvriers retrouvés difficilement sur les révolutionnaires spoliateurs des libertés de l'ancien Régime.

(1) L'Ordre Français, DEC 1966

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Réhabiliter le travail manuel « La plupart des hommes ont à penser dans leur

métier, par leur métier, par leur métier et sur leur métier... » « L'enseignement actuel, si chargé de connaissances

diverses et soi-disant fait pour préparer à la vie, a une tare profonde, c'est d'être séparé des métiers. Il sépare les jeunes gens de leur métier et même de tout métier. »

Disait Henri Charlier. Trop souvent aujourd'hui, le travail manuel est déconsidéré.

Cela est dû au triomphe de la bureaucratie du secteur tertiaire. La satire veut que l'on condamne les "mauvais" élèves aux orientations dites techniques et souvent considérés comme voies de garage... Seulement souvent les jeunes allant vers ces secteurs ont déjà un âge (18 ans environ) trop élevé pour un bon apprentissage d'un travail manuel. « L'idée corporative, comme l'idée de l'avenir, parce qu'elle était juste ; la nature finit toujours par reprendre ses droits. »

Les anciennes corporations L'homme est un animal social, l'isolement ne lui convient

pas, écoutons le grand orateur catholique et royaliste que fut Albert de Mun :

« ...Nous demandons une organisation corporative qui ne soit pas seulement un moyen de rapprocher les hommes, mais qui donne aux travailleurs,par la reconnaissance légale des associations formées entre les maîtres et les ouvriers de la même profession, l'appui nécessaire pour garantir, par des règlements qu'ils feront eux-mêmes, les droits des uns et des autres, la stabilité de la condition et de l'intérêt professionnel ; qui leur permette enfin, au moyen de caisses corporatives, d'assurer des secours et des remèdes aux malades et aux vieillards, de remédier, au chômage involontaire et de résoudre cette question de l'assurance contre les accidents du travail... »

Dans ce vieux texte proclamé avant notre législation du travail actuelle on trouve toute l'éternelle jeunesse des idées et solutions corporatives aux maux d'aujourd'hui qui gangrènent notre vie sociale. « L'heure appelée par de Mun a été retardée par le développement continu du libéralisme.

Aussi, cette doctrine néfaste a couvert le monde d'usines, a fait de millions d'ouvriers, de simples rouages du machinisme, et provoqué enfin la crise économique formidable où nous nous débattons. »

Les anciennes corporations

Demain « Il est donc certain que lorsque les hommes capables

se rencontreront, et que les circonstances seront favorables, les corporations se reconstitueront d'elles-mêmes, comme un ordre naturel adapté aux différents métiers. Il nous faut donc rechercher et observer attentivement les signes de cette reconstitution d'une société normale. »

Henri Charlier « Les syndicats ne sont en réalité que des organismes

de défense d'intérêts individuels que leur union fortifie ; mais ils ne forment pas de communautés ayant des buts propres, assurant la réglementation et la discipline de la profession et partant de la production. »

L'Ordre Français, décembre 1966 Le problème du gouvernement reste dans l'indépendance

que celui-ci doit avoir vis à vis des groupes de pression. Il doit être représentatif et garantir en dehors de ses attributions essentielles (haute magistrature, armées, diplomatie...) l'éclosion de multiples fédérations communales, professionnelles, familiales. Ces libertés ainsi retrouvées restaureraient la saine autorité dans l'échelle sociale et garantiraient une solide organisation des associations libres dans les démocraties communales. Le peuple de nouveau décideur dans sa vie communautaire, reprendrait ses pouvoirs sacrifiés sur l'autel de la Révolution une certaine nuit du 4 août 1789...

Si donc, la démocratie veut dire une distribution du pouvoir au peuple, nous en serions alors plus près dans le cadre d'une monarchie. La république étant devenue synonyme de magouilles en tout genre, véritable assiette au beurre pour arrivistes technocrates sans foi ni loi. Ce système est une entreprise de démolition de la France et de ses racines. La plus grande escroquerie de l'histoire, basée sur le mensonge soigneusement entretenu de la Liberté et de l'Egalité. La république vit sur le pays après y avoir livré à l'holocauste des guerres calculés, la masse des jeunes, les paysans rebelles et les réactionnaires récalcitrants en passant par les massacres des ouvriers dont son histoire est tachée...

Frédéric WINKLER

« La Révolution qui voulait libérer l’homme n’a fait que libérer le capital à travers l’établissement d’un système capitaliste que nous haïssons…Le capitalisme est une création libérale qui non seulement désorganise l’économie et suscite des injustices mais qui de plus se trouve être le plus sûr soutien matériel de la démocratie. La démocratie est la forme politique du capitalisme. »

Georges Bernanos

Albert de Mun 1841-1914

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Décret d’Allarde et loi Le Chapelier : Voici les termes exacts de cette loi :

ARTICLE PREMIER : L'anéantissement de toutes les espèces de Corporations d'un même état et profession étant une des bases fondamentales

de la Constitution Française, il est défendu de les rétablir sous quelque prétexte et quelque forme que ce soit.

ARTICLE SECOND : Les citoyens d'un même état ou profession, les entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte ne pourront, lorsqu'ils se trouveront ensemble, se nommer ni présidents, ni secrétaires, ni syndics, tenir des registres, prendre des arrêtés ou

délibération, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs. En clair, et par ces quelques lignes, les soi-disant champions le LA Liberté (abstraite) étranglaient, purement et simplement, LES Libertés (concrètes) de tous les travailleurs de France, lesquels pouvaient désormais être exploités, bafoués et maltraités à l'aise par la bourgeoisie d'affaires, sans avoir le droit de se réunir entre eux...ni même celui de tenir le moindre registre exposant leurs doléances. Cette Loi Le CHAPELIER, ne sera que le complément d'un décret voté le 2 mars 1791 sous la proposition de Pierre D'ALLARDE. Le décret d’Allarde supprime les corporations, introduisant un changement radical dans l’économie et l’organisation du travail. Les corporations étaient des regroupements de personnes exerçant le même métier. Cette structure née au Moyen-Âge permettait à un corps de métiers d’exercer un monopole par secteur, souvent par ville, et d’avoir un certain poids politique. Mais elle subissait depuis le début du siècle la concurrence avec un modèle industriel capitaliste reposant sur la libre concurrence. Renforcée par la loi Le Chapelier, ce décret permet ainsi de modifier l’économie (capitaliste) ainsi que le statut de l’employé (prolétaire). La loi Le Chapelier sera aussi l’occasion d’interdire le droit de grève.

« Je ne connais rien de plus dangereux que les gens qui propagent des idées fausses sous prétexte que la nation ne voudra jamais y renoncer. Si elle n’y renonce pas, elle périra ; mais ce n’est pas un motif pour accélérer la décadence en adoptant l’erreur. Il n’y a d’autre règle de réforme que de chercher le vrai et de le confesser sans réserve, quoiqu’il arrive. »

Frédéric Le Play

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L’enseignement de la Tour du Pin confirmé La tour du Pin, dans un l’un des chapitres les plus chargés de substance de son livre : « Les Jalons de route. Vers un ordre social chrétien », s’exprime ainsi : « Il y a trois écoles irréductibles en économie sociale : Celle où l’on considère l’homme comme une chose ; celle où on le considère comme une bête et celle où on le considère comme un frère ». La première est l’école libérale, la seconde l’école socialiste, la troisième l’école corporative. Ces lignes eurent peu d’écho à l’époque où elles furent écrites. Les effets du libéralisme paraissaient encore supportables à la majorité des gens ; la jeunesse intellectuelle adhérait au marxisme pour des raisons qu’elle croyait « scientifiques », et l’idée corporative ne ralliait qu’une élite assez restreinte. C’est cette dernière, néanmoins, qui avait raison. Les faits ont parlé. Ils condamnent le libéralisme et le socialisme et confirment tout l’enseignement de la Tour du Pin. L’école libérale considère l’homme comme une chose, en ce sens qu’elle réduit toute l’économie sociale à la considération de la production des richesses matérielles, qu’elle ne tient pas compte de l’homme et de ses besoins moraux. Jacques Valdour a écrit que notre civilisation industrielle, fondée sur ce principe de l’économie libérale que la fin des individus et des sociétés est la production de la richesse matérielle, est essentiellement malfaisante. Cela ne fait pour nous et nos contemporains aucun doute, mais a été contesté

pendant le siècle et demi qu’à duré l’ère libérale. Cela a pu être contesté parce que la création, à la fin du XVIIIè siècle, de la métallurgie et la découverte de la vapeur, ont permis aux pays de l’Europe occidentale de vivre pendant près d’un siècle et demi sous le signe de la facilité. Cela serait contesté encore, si l’état d’équilibre fondé la fin du XVIIIè siècle, sur le monopole industriel de l’Europe, s’était maintenu. Mais cet état d’équilibre ne s’est pas maintenu : l’Europe a perdu son privilège industriel ; les pays qui, autrefois fournissaient à l’Europe des matières premières et lui achetaient des articles manufacturés, travaillent maintenant ces matières sur place et sont devenus les concurrents de l’Europe ; mieux : des concurrents forts dangereux, car leurs habitudes de vie étant très inférieures aux nôtres, leurs produits sont deux, trois, quatre fois moins chers que les nôtres. Conséquence : les usines des vieux pays industriels se ferment, et trente millions d’ouvriers sont sans travail. Voilà comment, aujourd’hui, les principes de l’économie libérale sont mis en question. Les principes de l’école socialiste le sont aussi, parce que partout où il a été appelé à guérir les maux causés par le libéralisme, le socialisme n’a enregistré que des échecs. Il ne pouvait pas en être autrement. Le socialisme ne pouvait réussir là où le libéralisme avait échoué, étant donné que l’économie politique marxiste et l’économie politique libérale sont fondée sur le même point de vue matérialiste. Comme le libéralisme, le collectivisme de Marx subordonne la vie intellectuelle et morale de l’homme à la vie matérielle. Pour le socialisme, comme pour le libéralisme, la chose essentielle est la production de la richesse. Il y a cependant entre le système libéral et le système socialiste une différence, celle-ci : dans le système libéral, la production de la richesse n’a d’autre règle que le libre jeu de la « loi de l’offre et de la demande », tandis que dans le système socialiste, cette production est réglée par l’Etat. Dans le système libéral, l’homme est une chose ; dans le système socialiste, il est une bête, dont l’Etat règle le travail, les loisirs, la nourriture. Seule, l’Ecole corporative considère l’homme comme un frère, parce que, tout en tenant compte des conditions matérielles de la production des richesse, elle ne perd pas de vue que la richesse est faite pour l’homme, non l’homme pour la richesse et, qu’en conséquence, le travail doit être organisé en vue de satisfaire les exigence matérielles et spirituelles de ceux qui travaillent. L’école libérale et l’école socialiste font de l’homme un instrument du travail ; l’école corporative en fait le but du travail. Pour elle, la chose essentielle n’est pas la production de la richesse ; elle subordonne le produit au producteur, oblige la machine à servir l’ouvrier, au lieu de l’asservir. Les principes de l’école corporative sont ceux d’une civilisation vraiment humaine. Et c’est assurément ce qui explique le réveil du corporatisme dans notre monde que le libéralisme a couvert de ruines et que le socialisme a si cruellement déçu.

Firmin BACCONNIER René de la Tour du Pin 1834 -1924

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« Ce n’était qu’un homme disent les raisonneurs demi-philosophes en parlant du Roi, ce n’était qu’un homme, mais c’était le point de ralliement de vingt millions d’hommes, voilà pourquoi la stupeur était universelle »

R. de La Bretonne

Un journaliste français demandait à l'illustre

Norvégien Fridtjof Nansen : pourquoi ses compatriotes avaient choisi la Royauté et non la République en 1905 après leur séparation du royaume de Suède ; Il répondit: « Nous avons choisi la Monarchie pour trois

motifs : « Le premier, c'est que, la Norvège n'étant pas

riche, nous voulons un gouvernement économique, et, vous le savez, il n'y a pas de gouvernement plus coûteux que la République.

Le deuxième, c'est que nous voulons être forts ; et la République nous eût rendu trop faible vis-à-vis de la Suède.

Enfin, nous voulons être libre ; nous ne nous soucions nullement de subir la tyrannie des partis. »

« La politique sociale est l’art d’un gouvernement plus appliqué à servir les hommes dans leurs rapports entre eux qu’à les exploiter au profit de ses propres visées. »

René de la Tour du Pin « L’objet naturel de toute intervention en matière sociale est d’aider les membres du corps social, et non pas de les détruire ni de les absorber. »

Encyclique « Quadragesimo Anno ».

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Plaidoirie pour le corporatisme “Par leurs attributions, elles (les corporations) limitaient le nombre de maîtres, interdisaient les coalitions, les succursales, l’accaparement, contrariées les initiatives particulières et, pour égaliser les chances de succès, imposaient à tous les membres le respect des même règles de la pratique des mêmes procédés. Le souci de l’équilibre l’emporter sur le stimulant de la concurrence, la qualité sur la quantité, le fini sur la vitesse. Les compagnons organisés dans le corps de métier, bénéficiaient de la force immense que l’association ajoute à chaque unité humaine ; la discipline et la solidarité corporative contribuaient à rendre la société stable et prospère. Par ailleurs, traitant les métiers comme un service public, L’Etat n’eût pas admis qu’un maître fût libre de s’enrichir à son grès. L’idée chrétienne du juste prix inspirait encore sa politique économique. Aussi intervenait-il durement, soit pour vérifiés la qualité d’un objet mis en vente, soit pour fixer le prix à un taux qui conciliât les intérêts de l’ouvrier, du patron et du consommateur. ”

Pierre GAXOTTE “ Plusieurs me demandent pourquoi, même dans les milieux catholiques, on n’ose plus parler de cet ordre corporatif, dont il est souvent question dans les textes pontificaux. Pourquoi ? Parce qu’aux yeux de certains, le mot évoque l’organisation mussolinienne ; comme si les deux choses étaient nécessairement liées ! Mais on peut se demander si les efforts déployés de nos jours pour échapper au collectivisme et à un individualisme excessif dans l’exercice de la propriété privée des biens de production, ne tendent pas finalement à restaurer un nouvel ordre corporatif qui évidemment tiendrait compte de tout l’apport de la technique et des sciences modernes.”

Chanoine VANCOURT dans "la France Catholique" (1975). “ La crainte de se modeler sur le système mussolinien est d’ailleurs absurde ; ce n’est pas le fascisme qui a inventé l’ordre corporatif ! ”

Jacques VILLEDIEU (la doctrine corporative). “Les corporations, ainsi que les communes, se sont développées progressivement, elles correspondaient à un besoin : celui de l’union des faibles pour défendre leurs intérêts et s’opposer à toute oppression d’où qu’elle vint.

Les corporations constituèrent donc des asiles ; les ouvriers y trouvèrent leur indépendance, une part légitime de profits, une collaboration avec le capital, la possibilité de gravir l’échelle sociale. ” “L’organisation corporative n’est pas seulement un régime de protection sociale, il était celui de la qualité ”

Henri Comte de Paris Le Prolétariat 1937. Louis XVI ressuscitant cent quarante quatre corporations se justifiait, devant TURGOT, par cet argument : “ En faisant cette création, nous voulons donner aux ouvriers les moyens de défense, nous voulons qu’ils puissent jouir en commun de leur intelligence, qui est le bien le plus précieux de l’homme ”. (Ce n’était pas encore la liberté individuelle !) “ D’un côté le libéralisme accroché à sa devise asymptotique “ laisser faire laisser passer ”. « Véritable loi de la jungle qui engendre l’anarchie économique, laisse le champ libre aux grands rapaces écrase ou subjugue les individus et les peuples moins favorisés, dresse enfin, irréductiblement, dans un mouvement de révolte sans cesse élargie, les masses de salariés qui refusent d’être soumises, tel du bétail, à l’incapable loi de l’offre et de la demande. De l’autre, l’étatisme : ultime recours des spoliés et de ceux qui se sentent menacés contre les aléas, les injustices sociales, les rapines d’un régime capitaliste – “ Français ” - qui s’est délibérément exclut de toutes les lois morales pour entretenir en toute quiétude la confusion entre le capital de production et le capital de spéculation. L’étatisme, maladie évolutive qui de la démocratie au socialisme puis au communisme (ou au fascisme et à l’hitlérisme dans ses formes réactionnaires) nous conduit peu à peu à la perte des libertés essentielles. »

La révolution corporative spontanée Jean Paillard 1962. " La plus haute vertu du corporatisme est sans doute sa conformité aux lois du droit naturel. Pour vivre, pour assurer sa subsistance, l’homme doit fournir un effort, accomplir une conquête sur la nature."

Maurice BOUVIER-AJAM, La doctrine corporative

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DATE

NATURE

INITIATIVE

OBJET

21 Mars 1841 22 avril 1850 18 juin 1850 15 juillet 1850 22 février 1851 1874 4 juillet 1876 Mars 1883 Juin 1883 2 février 1886 24 février 1886 29 mars 1886 Octobre 1886-87 11 juin 1888 23 novembre 1889 7 décembre 1889 7 décembre 1889 9 mars 1891 7 juillet 1891 Décembre 1891 1892 29 octobre 1892 27 décembre 1892 1893 1893 1894 1894 12 janvier 1895 1895 1895 1895 1895 1898 1898 1900 1900 1902 1905 13 juillet 1906 2 avril 1909 1910 1911 Mars 1912 1912 10 juillet 1915 19 novembre 1918 25 mars 1919 28 mars 1919 12 mars 1920 5 avril 1920 18 avril 1920 21 décembre 1920 Janvier 1922 1922 1922 1922

Loi Loi Loi Loi

Proposition de loi Loi

Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi

Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi

Proposition de loi

Proposition de loi Proposition de loi

Loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi

Loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi

Loi

Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi

Loi Proposition de loi

Loi

Loi Loi Loi

Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi Proposition de loi

Montalembert A. de MELUN Benoist d’AZY Benoist d’AZY A. de MELUN E. Le KELLER Lockroy Mgr. FREPPEL A. de MUN A. de MUN et Mgr FREPPEL A. de MUN A. de MUN et Mgr FREPPEL A. de MUN A. de MUN A. de MUN A. de MUN A. de MUN A. de MUN et Lecour Grandmaison A. de MUN A. de MUN, F. de RAMEL , Lecour Grandmaison A. de MUN A. de MUN A. de MUN A. de MUN A. de MUN Abbé LEMIRE F. de RAMEL A. de MUN Abbé LEMIRE Dessausay A. de MUN A. de MUN Abbé LEMIRE Dausette F. de RAMEL Abbé LEMIRE Dausette GAILLARD-BANCEL P. Lerolle A. de MUN A. de MUN A. de MUN A. de MUN Abbé LEMIRE A. de MUN J. Lerolle J. Lerolle J. Lerolle J. Lerolle M. Patureau Mirand F. RAMEL GAILLARD- BANCEL Roulleaux-Dugage De Castelnau De Castelnau et GAILLARD-BANCEL

Travail des femmes et des enfants dans les manufactures. Logements insalubres. Caisses de retraite. Sociétés de secoure mutuel. Contrats d’apprentissage. Travail des femmes et des enfants. Organisation des chambres syndicales. Retraites ouvrières. Syndicats mixtes. Accidents du travail. Interdiction du travail pour les jeunes avant 13 ans. Durée du travail limitée à 11 heures par jour. Retraites ouvrières. Maladie et vieillesse. Repos dominical. Salaire minimum légal. Journée de travail limitée à 10 heures. Conflit du travail et arbitrage. Accident du travail. Suppression du travail de nuit pour les femmes et les enfants. Caisses de retraites, maladie et vieillesse. Assurances sociales. Limitation de la journée de travail. Arbitrage temporaire et facultatif dans les conflits du travail. Limitation de la saisie-arrêt des salaires. Accidents du travail. Insaisissabilité du bien de famille. Extension de l’arbitrage. Insaisissabilité partielle du salaire. Création d’un ministère du Travail. Extension de la capacité syndicale. Reconnaissance de la capacité de posséder aux syndicats. Conciliation et arbitrage. Insaisissabilité du bien de famille. Extension de la capacité syndicale. Retraites des ouvriers mineurs. Assurance obligatoire contre l’invalidité et la vieillesse. Retraites ouvrières. Assurances vieillesse par des caisses professionnelles et régionales. Repos dominical. Salaire minimum légal. Retraites ouvrières. Réglementation du travail des employés. Semaine Anglaise. Institution du vote familial. Salaire minimum légal pour les travailleurs à domicile. Obligation de respecter accord conclu entre employeur et salarié pour une profession ou une région. Statut des conventions collectives du travail, dans le cadre de la liberté contractuelle. Interdiction du travail de nuit dans les boulangeries. Capacité de posséder reconnue aux syndicats. Accession à la petite propriété. Organisation du crédit commercial. Caisses de chômage. Assurances sociales. Vote familial. Logement des familles nombreuses. Organisation régionale et professionnelle des caisses d’assurances sociales.

Nous limitons ce relevé aux principales propositions de Loi ou Lois, sans vouloir être exhaustifs et sans mentionner les interventions au Parlement.

NB : Les personnages cités dans ce document étaient des catholiques sociaux souvent royalistes.

LES ORIGINES DE LA LÉGISLATION SOCIALE EN FRANCE Relevé chronologique de 1841 à 1922.

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