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4 Les collines et l’amorce du piémont Ce chapitre rassemble toutes les fouilles récentes, et quelques informations anciennes pertinentes, localisées sur les pentes des collines ouest et nord ainsi qu’au contact de celles- ci et du piémont (fig. 70). Les principales opérations de sauve- tage conduites ces dernières années dans cette zone ont l’avan- tage d’être regroupées dans trois secteurs principaux. Il en est ainsi des quatre fouilles menées sur les pentes est de la colline de Montaury, dont la proximité favorise la vision globale d’un espace assez vaste, coincé entre l’avenue Georges-Pompidou, la rue de Sauve et l’impasse de Montaury [51 à 54]. Plus remarquable encore est la fouille dirigée en 1991 par M. Pis- korz (AFAN) sur les pentes sud du Mont-Cavalier. Sur ce site, «Villa Roma», exploré sur près de 6000 m2, plusieurs vestiges préromains, ainsi qu’un vaste quartier d’époque romaine, ont pu être dégagés [57]. Enfin, sur le flanc sud-est du Mont-Cava- lier, plusieurs interventions réalisées entre 1965 et 1992 per- mettent, bien que couvrant respectivement des emprises assez moyennes, d’appréhender une surface totale cumulée d’envi- ron 9000 m2. Elles autorisent également, grâce à leur relative dispersion, l’analyse plus précise d’une zone couvrant un peu plus de 3 ha [59 à 62]. Celle-ci, baptisée «Quartier des Béné- dictins», a fait l’objet d’une récente publication monogra- phique et collective (Garmy dir., Monteil dir. à paraître). D’autres notices font le tour des quelques observations plus lacunaires réunies ces trente dernières années ou plus ancien- nement dans cette partie nord de la ville antique. Enfin, les pentes abritent également deux points forts du cadre urbain : l’Augusteum [58] et l’arrivée de l’aqueduc [67]. [51] Le Troicadereau 53, avenue Georges-Pompidou. Angle de l’avenue G. Pompidou et de l’impasse de Montaury. Parcelle ED-69 (cadastre révisé pour 1981). Site n° 30.189.75. Coordonnée Lambert III : X = 761,560 ; Y = 3172,710. Altitude actuelle : entre 55 et 56,80 m NGF. Sauvetage urgent conduit en avril-mai 1986 par J. Pey (Musée archéologique). Bibliographie : Pey et al. 1986 (DFS) ; Darde dir. 1990 : 38-39 (catalogue Nîmes) ; Nickels 1987-1988 : 238 (Gallia) ; CAG 122. Analyse des vestiges Le terrain se situe à l’amorce de la pente de Montaury qui corres- pond à peu près à la courbe de niveau des 55 m (fig. 71). Le point 0 de référence ayant servi à la prise des cotes d’altitude des vestiges a été établi, par nos soins, à 56,22 m NGF à ± 5 cm près. Celui proposé dans le rapport de fouille (51,12 m) s’est en effet avéré erroné, car estimé sur la base d’un plan d’état des lieux dessiné en coordonnées indépendantes. On signalera également que la parcelle située immédiatement au-dessus du site vers l’ouest (ED-68) a égale- ment été sondée mais n’a livré aucune trace d’occupation. La parcelle fouillée (ED-69) présente, quant à elle, une pente ouest-est actuelle faible (env. 3%), le long de l’impasse Montaury : 56,83 m en limite ouest contre 55,06 m en limite est. Trois sondages (Sd 1 à 3), réalisés dans la partie orientale du terrain, se sont révélés stériles mais ont atteint le sistre (Sd 3 = 53,86 m ; Sd1 = 53,66 m ; Sd2 = 53,06 m). Par contre, la moitié ouest a livré quelques vestiges. Le sistre n’y a été coté qu’en un point, au débouché conservé du petit égout CN1 vers le nord-est (54,72 m). Mais les aménagements de cour dallée reconnus ont été apparemment posés au contact d’un paléosol brun-rouge, peu épais, qu’il convient de restituer aux alen- tours de 55,30 m. La pente naturelle ouest-est du terrain, supérieure à l’actuelle, peut donc être estimée à environ 9 %. Dans les bermes de l’excavation liée au projet immobilier, deux portions de sols en terrazzo (SL1 et SL2), respectivement cotés à 55,12 m et 54,81 m, ont pu être relevées. Au-dessus de ces deux sols et du mur isolé MR7, la fouille a principalement concerné une surfa- ce d’environ 240 m2. Dans l’angle sud-ouest du terrain, les fouilleurs n’ont observé qu’un tronçon de mur et une construction circulaire en pierre difficilement interprétables (env. 55,42 m). Au nord-ouest de la parcelle, l’essentiel des vestiges s’organise autour d’une aire dallée et comprend six murs, un seuil et un petit

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Les collines et l’amorce du piémont

Ce chapitre rassemble toutes les fouilles récentes, etquelques informations anciennes pertinentes, localisées sur lespentes des collines ouest et nord ainsi qu’au contact de celles-ci et du piémont (fig. 70). Les principales opérations de sauve-tage conduites ces dernières années dans cette zone ont l’avan-tage d’être regroupées dans trois secteurs principaux. Il en estainsi des quatre fouilles menées sur les pentes est de la collinede Montaury, dont la proximité favorise la vision globale d’unespace assez vaste, coincé entre l’avenue Georges-Pompidou,la rue de Sauve et l’impasse de Montaury [51 à 54]. Plusremarquable encore est la fouille dirigée en 1991 par M. Pis-korz (AFAN) sur les pentes sud du Mont-Cavalier. Sur ce site,«Villa Roma», exploré sur près de 6000 m2, plusieurs vestigespréromains, ainsi qu’un vaste quartier d’époque romaine, ontpu être dégagés [57]. Enfin, sur le flanc sud-est du Mont-Cava-lier, plusieurs interventions réalisées entre 1965 et 1992 per-mettent, bien que couvrant respectivement des emprises assezmoyennes, d’appréhender une surface totale cumulée d’envi-ron 9000 m2. Elles autorisent également, grâce à leur relativedispersion, l’analyse plus précise d’une zone couvrant un peuplus de 3 ha [59 à 62]. Celle-ci, baptisée «Quartier des Béné-dictins», a fait l’objet d’une récente publication monogra-phique et collective (Garmy dir., Monteil dir. à paraître).D’autres notices font le tour des quelques observations pluslacunaires réunies ces trente dernières années ou plus ancien-nement dans cette partie nord de la ville antique. Enfin, lespentes abritent également deux points forts du cadre urbain :l’Augusteum [58] et l’arrivée de l’aqueduc [67].

[51] Le Troicadereau

53, avenue Georges-Pompidou. Angle de l’avenue G. Pompidou et del’impasse de Montaury. Parcelle ED-69 (cadastre révisé pour 1981).

Site n° 30.189.75. Coordonnée Lambert III : X = 761,560 ; Y =3172,710.

Altitude actuelle : entre 55 et 56,80 m NGF.Sauvetage urgent conduit en avril-mai 1986 par J. Pey (Musée

archéologique).Bibliographie : Pey et al. 1986 (DFS) ; Darde dir. 1990 : 38-39

(catalogue Nîmes) ; Nickels 1987-1988 : 238 (Gallia) ; CAG 122.

Analyse des vestiges

Le terrain se situe à l’amorce de la pente de Montaury qui corres-pond à peu près à la courbe de niveau des 55 m (fig. 71).

Le point 0 de référence ayant servi à la prise des cotes d’altitudedes vestiges a été établi, par nos soins, à 56,22 m NGF à ± 5 cm près.Celui proposé dans le rapport de fouille (51,12 m) s’est en effet avéréerroné, car estimé sur la base d’un plan d’état des lieux dessiné encoordonnées indépendantes. On signalera également que la parcellesituée immédiatement au-dessus du site vers l’ouest (ED-68) a égale-ment été sondée mais n’a livré aucune trace d’occupation.

La parcelle fouillée (ED-69) présente, quant à elle, une penteouest-est actuelle faible (env. 3%), le long de l’impasse Montaury :56,83 m en limite ouest contre 55,06 m en limite est. Trois sondages(Sd 1 à 3), réalisés dans la partie orientale du terrain, se sont révélésstériles mais ont atteint le sistre (Sd 3 = 53,86 m ; Sd1 = 53,66 m ;Sd2 = 53,06 m). Par contre, la moitié ouest a livré quelques vestiges.Le sistre n’y a été coté qu’en un point, au débouché conservé du petitégout CN1 vers le nord-est (54,72 m). Mais les aménagements decour dallée reconnus ont été apparemment posés au contact d’unpaléosol brun-rouge, peu épais, qu’il convient de restituer aux alen-tours de 55,30 m. La pente naturelle ouest-est du terrain, supérieureà l’actuelle, peut donc être estimée à environ 9 %.

Dans les bermes de l’excavation liée au projet immobilier, deuxportions de sols en terrazzo (SL1 et SL2), respectivement cotés à55,12 m et 54,81 m, ont pu être relevées. Au-dessus de ces deux solset du mur isolé MR7, la fouille a principalement concerné une surfa-ce d’environ 240 m2. Dans l’angle sud-ouest du terrain, les fouilleursn’ont observé qu’un tronçon de mur et une construction circulaire enpierre difficilement interprétables (env. 55,42 m).

Au nord-ouest de la parcelle, l’essentiel des vestiges s’organiseautour d’une aire dallée et comprend six murs, un seuil et un petit

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égout (fig. 71, 72). L’altitude générale de cet ensemble, presque hori-zontal, est donnée par le seuil pris dans le mur MR6 (55,44 m) et parle dallage (55,39 m). L’espace dallé, incomplètement dégagé, est limi-té par les murs MR1 et MR5 ; son extension est-ouest n’a pu être défi-nie. Le sol de cette cour, large de 5,60 m, est recouvert par des dallescalcaires de formes et de dimensions variables. Elles étaient recou-vertes par une couche de tuiles, de fragments d’enduits peints et debriques crues liée à la destruction et à l’abandon de l’habitat. Danscette cour, on note une sorte de réduit (1,80 x 0,70 m) délimité par lesmurs MR1 à MR4. A l’angle des murs MR3 et MR2, un petit foyer estsignalé par une tuile posée à plat.

Le mur MR5 (0,40/0,45 m de large) et la cloison MR6 (0,20/0,25m de large), seuls pourvus d’enduits peints sur leur deux parements,délimitent deux pièces contiguës à la cour et probablement dotées desols en terre battue. Ceux-ci n’ont pas été reconnus avec certitude aumoment de la fouille, mais leur existence paraît logiquement ressortirde l’absence d’indices de sols construits dans les sondages réalisés. Lacloison MR6 est interrompue par un seuil monolithe en calcaire (1,18x 0,62 m), ménageant une ouverture d’1,10 m. La présence d’enduitsur le parement du mur MR5 donnant sur le dallage suggère l’existen-ce d’un auvent ou d’un débours de toiture prononcé susceptible de leprotéger. Enfin, le mur MR5 s’interrompt au nord-est sur un bloc

NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE96

80 m

50 m

60 m

70 m

90 m

100 m

100

m

90 m

80 m

70 m

60 m

80 m

70 m

60 m

40 m

762.

000

763.

000

3172.500

3173.500

0 100 500 m

Les collines etl'amorce du piémont N

5152

5354

55 56

57

58 59

6061 6262

63

6465

66

67

68

69 7071

7273 74

Fig. 70. Plan de localisation des fouilles menées sur les pentes des collines et à l’amorce du piémont. Le trait gris marque l’extension moyenne de l’agglomération des IIIème et IIème s. av. J.-C.

Les numéros renvoient à ceux placés en tête des notices (M. Monteil del.).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 97

percé d’un trou de louve, qui a pu servir de base de pilierLe petit égout CN1, large de 0,31 à 0,34 m et dégagé sur 9 m de

long, longe le mur MR4 puis franchit le mur MR1 pour se diriger,dans l’alignement de ce dernier, vers le nord-est. Son fond, composéde tuiles plates, repose sur le sistre dont il suit la pente. Ajoutonsenfin que tous les murs sont constitués de moellons irréguliers liés àla terre, à l’exception du mur MR6, bâti en fragments de tuiles liés àla terre, et du mur MR3 au sein duquel on note quelques éléments enremploi (meule, céramiques).

Le mobilier recueilli au cours de cette opération, bien que peuabondant et souvent associé aux nettoyages de surface, livre malgrétout quelques éléments de chronologie. Ainsi la couche de cendres etcharbons de bois liée à l’utilisation du foyer de la cour a livré un bordde sigillée du sud de la Gaule de type Drag. 35/36. Le sondage établidans la pièce limitée par les murs MR5 et MR6, mêlant couchesd’abandon et probables surfaces d’occupation difficiles à individuali-ser, a fourni plusieurs fragments de céramique : à pâte calcaire, dontun bord de type Cl-rec. 3d ; sableuse réductrice, dont un bord de typeSabl-or C3 ; sigillée du sud de la Gaule, dont 1 Drag. 27, 1 Drag. 37, 1Drag. 46, etc. Plusieurs tessons associés aux nettoyages de surface età la fouille des niveaux d’abandon complètent cet inventaire sommai-re : Amphore gauloise, céramique à pâte calcaire, céramique nontournée en petite quantité, communes à pâte sableuse (Sabl-or F1,

MR1

MR2

MR

3

MR

4

MR5

MR

6

MR

7

SL1

SL2

Avenue G. Pom

pidou

Impass

e de Montaury

Sond 1

Sond 2

Sond 3ED-69

ED-68

CN1

55,70 m

54,81 m

55,12 m

55,39 m

N

Cour dallée

0 2 10 m

Fig. 71. Les vestiges relevés lorsde l’opération «Troicadereau»

(M. Monteil del., d’après unplan de J. Pey).

Fig. 72. Les fouilles vues du sud-est (Cliché J. Pey).

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F4, A2, C3), sigillées du sud de la Gaule (Drag. 27, Drag. 33). L’élé-ment le plus récent, bien isolé, est marqué par un bord de Claire-B,probablement de type Desbat 20.

A partir de tous ces éléments, il paraît possible de proposer, avecprudence, la chronologie suivante. L’habitat semble installé après lesannées 30-40 ap. J.-C. C’est du moins ce qui ressort de l’absence demobilier antérieur à cette date, les rares céramiques non tournéespouvant être mises au compte d’une fréquentation plus ancienne dessols (mise en culture ?). Les autres éléments traduisent une occupa-tion qui a pu s’étendre jusque dans le courant de la seconde moitié duIIe s. ap. J.-C.

Aménagements de la topographie

La surface du sol antique suit une pente un peu plus prononcéeque l’actuelle. Il semble que l’habitat s’y soit développé en terrassessuccessives, comme le montrent les différences d’altitude entre lacour dallée et les sols de terrazzo observés à seulement quelquesmètres de distance. L’ampleur des terrassements et/ou des remblaie-ments liés à l’installation du bâti ne peut être estimée.

Insertion dans la trame urbaine

Les murs, malgré les courtes longueurs dégagées, paraissent bienparallèles ou perpendiculaires à la limite sud de la parcelle, définiepar J. Benoit comme appartenant au système vert (NL-33° O). Le sec-teur dans lequel s’insère la parcelle est d’ailleurs assez fortement mar-qué par la structure verte, ici isolée en groupe V2. J. Benoit supposaitque cet ensemble, tout comme le groupe V1 situé plus au sud, étaitbien différent du vaste système vert V4 reconnu au centre-ville. Il pro-posait d’y voir des alignements, peut-être liés à une cadastration rura-le, qui auraient pris pour base l’axe du Cadereau voisin (Benoit 1981 :77-78).

[52] L’Équinoxe

4, impasse de Montaury. Parcelle ED-66a (cadastre révisé pour 1981).Altitude actuelle : 58 m NGF.Sauvetage urgent dirigé par J. Pey (Musée archéologique) en

novembre 1987.Bibliographie : documentation inédite de J. Pey ; Darde dir. 1990 :

39 (catalogue Nîmes) ; CAG 121.

Analyse des vestiges

Le terrain est localisé au bas des pentes orientales de la colline deMontaury, non loin du cours d’eau intermittent du Cadereau,aujourd’hui recouvert par l’avenue Georges-Pompidou.

Seuls quelques vestiges bâtis ont été observés dans la partie est dela parcelle, sur une petite surface préservée par les terrassements demasse liés au projet immobilier (fig. 73, 74). Dans la berme nord de lazone détruite, au contact de la limite avec les parcelles ED-57 à 59,plusieurs sols antiques bétonnés ont toutefois pu être repérés.

Au sein de la petite enclave non détruite, trois murs chaînés,construits en moellons irréguliers liés à la terre, ont été relevés.Contre l’un d’entre eux, un grand foyer était délimité par un aligne-ment de briques. Les sondages menés aux abords des murs ont per-mis de fouiller quelques probables sols de terre battue reposant surdes couches de nivellement et recouverts par des remblais d’abandon.Ces traces d’occupation étaient supportées par un paléosol brun-rouge, épais d’environ 0,60 m.

Le peu de mobilier recueilli au cours de cette opération livrequelques éléments de chronologie qui couvrent une période assezlarge, comprise entre le changement d’ère et le premier quart du IIe s.ap. J.-C.

Impass

e de Montaury

ED-66

57,85 m

N

0 10 20 m

Fig. 73. Les vestiges relevés à l’Équinoxe (M. Monteil del., d’après un plan de J. Pey).

Fig. 74. Vue partielle de la fouille de l’Équinoxe prise du nord-est (Cliché J. Pey).

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Insertion dans la trame urbaine

Les murs, relevés sur de courtes lon-gueurs, semblent bien conformes à l’axemoyen de l’impasse de Montaury, définie parJ. Benoit comme appartenant au système vert(NL-33° O).

[53] Casa

57, avenue du Cadereau. Angle de la ruede Sauve, de l’avenue Georges-Pompidou etde l’impasse Bonfils.

Parcelle ED-56 (cadastre révisé pour1981).

Site n° 30.189.74. Coordonnées LambertIII : X = 761,515 ; Y = 3172,745.

Altitude actuelle : 56 m NGF.Sauvetage urgent conduit en septembre

1984 par J. Pey (Musée archéologique).Bibliographie : Pey 1984a (DFS) ; Darde

dir. 1990 : 38 (catalogue Nîmes) ; CAG 120.

Analyse des vestiges

Le terrain est situé au bas des pentes estde la colline de Montaury, au bord du coursd’eau intermittent du Cadereau, aujourd’huimatérialisé par l’avenue G. Pompidou.

La surveillance du terrassement de cetteparcelle a permis de constater l’existence d’unsol assez fortement remblayé sur 1,50 m demoyenne (terre de jardin) et dépourvu de ves-tiges sur la quasi-intégralité du terrain. Seulsquelques éléments ont pu être reconnus dansl’angle nord-est, sur une surface d’environ 60m2, ainsi qu’un puits à proximité de la limite parcellaire occidentale(fig. 75).

Dans le secteur nord-est, la couche de terre de surface reposait àmême les fondations de murs constituées de moellons équarris etd’éclats de taille liés au mortier (fig. 76). Les murs est-ouest MR1 etMR2 semblent marquer deux états successifs : MR2 paraît en effetrecouper MR1. Ces deux murs, conservés sur 2,70 m de long, sontparallèles à un troisième mur (MR3). L’espace intermédiaire est mar-qué par un sol de tuiles posées à plat (54,41 m). Il semble à mettre enrelation avec un puits et sa margelle, situés plus à l’est. Vers le nord,les vestiges très dégradés d’un petit égout ainsi que de deux murs(MR4 et MR5), qui limitent un lambeau de sol en terrazzo (54,81 m),ont également été relevés. Murs et sols reposent directement sur lesistre, repéré entre 54,47 et 54,57 m NGF, et leur nettoyage n’a livréaucun mobilier.

A proximité de la limite parcellaire ouest, apparemment isolé(dans une cour ou un jardin ?), un puits de creusement ovalaire (2 x1,30 m) s’inscrit dans des parements maçonnés (fig. 77). Il est établiau contact même d’un fort dénivelé qui correspond à la rupture deversant de la colline de Montaury. Son comblement a pu être fouillésur environ 3,20 m de profondeur (altitude sup. du puits = 55,44 m).Le sistre est ici à une altitude équivalente à celle reconnue dans lesecteur nord-est. Le comblement a livré le seul mobilier susceptible

de permettre une esquisse de la chronologie du site : des communes àpâte sableuse et à cuisson oxydante ou réductrice, dont une urnecomplète de forme Sabl-or A4 ; une olpé en pâte calcaire de forme Cl-rec 1g ; quelques fragments de sigillée du Sud de la Gaule dont deuxbords de forme Drag. 27 et Drag. 35/36. Bien qu’il soit délicat de daterce lot peu abondant, on peut cependant assurer que le comblementdu puits est postérieur aux années 60 ap. J.-C.

L’habitat mis en évidence de façon très lacunaire peut être globa-lement daté du Ier s. ap. J.-C., mais la présence, dans le comblementdu puits, d’un tesson de campanienne A tardive et d’un bord de sigil-lée italique, pourrait témoigner d’une occupation plus ancienne dusecteur.

Aménagements de la topographie

La surface du terrain est relativement plane, ce qui s’explique parsa position à l’amorce du piémont, et n’a pas été fondamentalementtransformée au moment des premières constructions.

Insertion dans la trame urbaine

Les vestiges suivent un axe général équivalent à celui de la limitesud-est de la parcelle, définie par J. Benoit comme appartenant ausystème vert (NL-33° O).

Puits

Impa

sse

Bon

fils

Rue de Sauve

Avenue G. Pom

pidou

NED-35

ED-5657,80 m

56,42 m

56,09 m

puits

MR

5

MR1MR2MR3

MR4Sol

CN1

0 2 10 m

Fig. 75. Plan des vestiges de l’opération Casa (M. Monteil del., d’après un plan de J. Pey).

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[54] Sauveté et Cézanne

A l’angle de la rue de Sauve et de l’impasse Bonfils. Parcelles ED-28 et 33 (cadastre révisé pour 1981).Site n° 30.189.10. pour les observations de M. Py. Coordonnées

Lambert III centrales : X = 761,40 ; Y = 3172,770.Altitude actuelle : environ 59 m NGF.Observations réalisées par M. Py en 1974 puis par J. Pey en 1986

(Musée archéologique).Bibliographie : Py 1974 (DFS) ; Barruol 1975 : 524 (Gallia) ; Pey

1986 (DFS) ; Darde dir. 1990 : 37-38 (catalogue Nîmes) ; CAG 119.Au bas des pentes orientales de la colline

de Montaury, M Py a pu relever quelques ves-tiges, en avril 1974, sur une parcelle terrasséepour la construction de l’immeuble «LeCézanne» (ED-28) (fig. 78). Ses observationsont porté sur la berme nord-ouest du terrainoù étaient conservés une mosaïque à décornoir et blanc suivie d’un sol en béton de tui-leau, tous deux situés à une altitude de 58,03m NGF. En 1986, à l’occasion de la construc-tion d’un autre immeuble dans la parcelleED-33 («Le Sauveté»), J. Pey a observé le pro-longement de la mosaïque. Ces deux informa-tions n’auraient guère d’intérêt pour notrepropos si elles ne venaient abonder, en com-plément de fouilles récentes [51 à 53], le dos-sier de l’occupation antique de ce secteur.

[55] Chemin vieux de Sauve

C’est la suite des inondations de 1988,qui avaient fortement érodé les berges duCadereau d’Alès et de Camplanier, le long duchemin vieux de Sauve, que le mur d’un jar-din (parcelle DV-83) donnant sur la bergesud du cours d’eau s’est effondré (fig. 79). A

cette occasion, M. Célié et M. Monteil (information inédite) ont puobserver, posés à même le sol naturel, plusieurs niveaux de circula-tion empierrés d’aspect antique. Cette voie, visible uniquement encoupe, semble suivre plus ou moins l’axe de l’actuel chemin vieux deSauve mais serait située, au contraire de ce dernier, sur la rive droitedu Cadereau.

[56] Avenue Franklin-Roosevelt

18, avenue Franklin-Roosevelt. A l’angle formé par cette avenue,la route d’Alès, le chemin vieux de Sauve, l’avenue Georges-Pompidouet la rue de la Carrière Romaine.

Parcelle DV-370 (cadastre révisé pour 1981).Site n° 30.189.134. Coordonnées Lambert III : X = 761,525 ; Y =

3172,875.Altitude actuelle : 56 m NGF.Fouille de sauvetage menée du 15/09 au 15/10/1991 par P. Klin-

genfus (AFAN).Bibliographie : Klingenfus, in Massy dir. 1991 : 49 (BSR) ; Massy

1992 : 118 (Gallia) ; documentation inédite de P. Klingenfus et P. Pou-pet ; rapport de synthèse 1991 du programme collectif interrégionalH11 «L’occupation des sols en Narbonnaise de la conquête romaineau Moyen-Age» (coord. T. Odiot du SRA Rhône-Alpes).

Analyse des vestiges

La parcelle est située à 380 m au sud-ouest de la source de la Fon-taine et à 200 m à l’est d’une très probable porte de l’enceinte augus-téenne, à l’entrée nord du Cadereau dans la ville (Varène 1992 : 87-89). La fouille en a été décidée à la faveur du projet de constructiond’un immeuble H.L.M. (fig. 79).

Les quelques éléments d’information publiés à ce jour ont fait étatdes trois observations suivantes :

NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE100

Fig. 76. Casa. Les murs et le puits observés dans l’angle nord-est de la parcelle (Cliché J. Pey).

Fig. 77. Casa. Vue du puits et de son comblement, dans l’angle sud-ouest de la parcelle (Cliché J. Pey).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 101

— présence d’un très probable cours fossile de Cadereau ;— voie en creux augustéenne, dont le tracé aurait été exactement

repris à l’époque moderne ;— absence de bâti antique ou médiéval.Ces données ne sont malheureusement pas étayées par une docu-

mentation de fouille cohérente. En l’absence de rapport et de notessur papier, les seuls éléments qu’il est possible de consulter à ce jourse résument en effet à quelques coupes dressées sur papier millimé-tré, heureusement conservées par P. Poupet, et au mobilier archéolo-gique déposé à Nîmes. L’absence de plan général, notamment, renddonc difficile toute analyse fine de cette intervention. Malgré ce, il estpossible d’établir une petite synthèse, dont certains résultats sontd’un intérêt non négligeable.

L’analyse menée par P. Poupet sur les horizons profonds du site aainsi livré quelques informations intéressant le paysage naturel (Klin-genfus, Poupet, in rapport H11). Le terrain se situe à l’amorce du pié-mont des reliefs calcaires. Il suit une légère pente vers le sud-ouest etest dominé au nord et à l’est par le Mont-Cavalier et la colline deMontaury. Il est placé, en outre, non loin du confluent des cadereauxd’Alès et de Camplanier qui, une fois réunis, s’engagent dans un litaujourd’hui marqué par l’avenue G. Pompidou. Là où l’on pouvaitattendre, a priori, un sous-sol constitué de sistre, la fouille a en faitpermis d’observer une forte épaisseur de blocs et de moellons cal-caires aux arêtes émoussées, mêlés à des graviers roulés, sans traced’anthropisation quelconque (cote supérieure = 54,20/54,60 m NGF).Cette granulométrie particulière paraît pouvoir être mise en relationavec les dépôts laissés par un cours d’eau arrivant avec force depuisl’ouest. Il peut s’agir des traces anciennes du confluent des deux cade-reaux, légèrement décalé vers l’est par rapport à celui qu’il est pos-sible de restituer de nos jours. Mais une autre hypothèse consisteraità y voir les vestiges d’un lit ancien s’écoulant en direction des jardinsde la Fontaine, le long de l’avenue F. Roosevelt. Deux indicationscomplémentaires viendraient à l’appui de cette dernière idée : le ter-

rain fouillé suit un léger pendage nord-sud recouvert d’un sol limo-neux et noirâtre que P. Poupet a interprété comme une très probableberge ; les inondations catastrophiques du 3 octobre 1998 ont montréque les eaux issues des cadereaux d’Alès et de Camplanier se sontécoulées, avec une égale vigueur, le long de l’avenue G. Pompidou(leur lit «naturel») et le long de l’avenue F. Roosevelt. Une dernièrehypothèse, non évoquée par P. Poupet, pourrait plus simplement assi-miler cet horizon particulier à un paléo-cône de déjection né de larencontre des deux cadereaux. Ce dernier, également repéré à l’occa-sion des fouilles de la place Jules-Guesde, pourrait avoir une grandeextension (Fabre, Martin 1994 : 71-72, fig. 4).

Cet apport à la connaissance du paysage naturel n’est pas ininté-ressant mais reste difficile à resituer précisément dans le contexte dela ville protohistorique et romaine. La datation, proposée par G.Fabre et P. Martin, pour la formation de cet horizon est assez large ;Pléistocène supérieur et Holocène. Ce qui n’interdit pas, comme l’asouligné P. Poupet et quelle qu’en soit l’interprétation véritable(confluent, cadereau est-ouest, paléo-cône de déjection), que le phé-nomène de dépôts de matériaux ait encore eu cours, au moins durantla Préhistoire ou les phases anciennes de la Protohistoire.

En définitive, on retiendra surtout que le secteur, soumis sinon àde violents écoulements d’eau directs, du moins aux débordementsdes cadereaux voisins, était peu propice à l’installation de l’homme.

C’est donc sur ce contexte naturel particulier, recouvert d’un soljeune peu épais, que s’est installée une voie d’orientation moyenneouest-nord-ouest/est-sud-est, grossièrement alignée sur le cheminvieux de Sauve. En l’absence de tout document planimétrique, on nepeut guère être plus précis. Son empierrement le plus profond(autour de 53,50 à 54 m NGF), installé dans un léger creusement arti-ficiel, a été, sur la base d’une étude rapide du mobilier, considérécomme d’époque augustéenne. Les fouilleurs ajoutent que toutes lesautres strates (deux, en l’occurrence), qui se développent au-dessussur une faible épaisseur, sont à rattacher à la période contemporaine.

ED-32

ED-28

ED-33

impasse Bonfils

rue de Sauve

58,03 m

0 10 20 m

N

mosaïque

tuileau

Le Cézanne

Le Sauveté

Fig. 78. Plan des vestiges des opérations Cézanne et Sauveté (M. Monteil del., d’après des relevés de J. Pey et M. Py).

Avenue F. Roosevelt Avenue G. Pom

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rue de Sauveroute de Sauve

route d'Alès

Cadereau de Camplanier

Cadereau d'A

lès

DV-370

DY-83

40 m0

Chemin vieux de Sauve

pt 55

pt 56

N

Fig. 79. Plan de situation des observations réalisées chemin vieux de Sauve [55] et 18, avenue Franklin-Roosevelt [56]

(M. Monteil del.).

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Elles sont associées à un système d’égouts de tailles diverses. Fouillés sur environ 20 m2, ces niveaux d’empierrement ont livré

un mobilier assez abondant dont nous avons pu dresser un rapideinventaire, toutefois difficile à raccorder précisément aux unités stra-tigraphiques définies sur les coupes. Il en ressort cependant que tousles lots examinés présentent un aspect hétérogène et couvrent desintervalles chronologiques parfois importants (céramique vernisséemoderne et contemporaine, tuile mécanique, céramiques d’époquerépublicaine, du Haut-Empire, de l’Antiquité tardive). Le mobilierissu du sondage 4, établi sur la voie, montre effectivement que lesniveaux empierrés de surface, ainsi que les égouts, sont datables de lafin de l’époque moderne et de la période contemporaine. Mais ceconstat peut également être appliqué au niveau de circulation d’origi-ne. En effet, le matériel livré par un petit sondage établi sous sa surfa-ce, et donc parfaitement scellé, n’est qu’apparemment homogène. Ilcomprend de l’amphore massaliète, de la campanienne A, de la céra-mique non tournée et à pâte claire récente, tous éléments plutôtcaractéristiques d’un large intervalle couvrant les IIe/Ier s. av. J.-C.,ainsi qu’un fragment de céramique kaolinitique médiévale à décor àmolette. Ces éléments rejoignent donc les autres (mobilier mélangéde toutes époques ; stratigraphie de rue homogène du point de vuedes techniques, …) et contribuent à désormais fixer l’image d’une voiedont l’origine ne peut qu’être très récente.

En définitive, ce petit secteur doit donc être considéré commevierge de bâti durant la plus grande partie de son histoire. On peutsupposer, cependant, que le mobilier d’époque républicaine, antiqueet médiévale, découvert sur place en position remaniée, est à ratta-cher à une possible fréquentation ponctuelle de cette très vraisem-blable friche urbaine : zone de dépotoir ( ?), possibles activités agri-coles ( ?).

[57] Villa Roma

Villa Roma, du nom de l’opération immobilière la plus récente.Anciennement connue sous l’appellation «propriété Boissier», puis«propriété Solignac».

Vaste terrain dont la partie basse est limitée à l’ouest par l’impas-se Boissier, au sud par l’avenue Franklin-Roosevelt et à l’est par lequai Georges-Clémenceau.

Parcelles DV-307 à 312 et 315 (cadastre révisé pour 1981).Site n° 30.189.050. Coordonnées Lambert III d’encadrement : Ax

= 761,630, Bx = 761,720 ; Ay = 3173,025, By = 3173,090.Altitude actuelle : entre 73 et 53 m NGF.Repérages du 1/12/1990 au 31/01/1991 puis fouille de sauvetage

du 1/06/1991 au 31/05/1992 dirigés par M. Piskorz (AFAN). On a éga-lement souhaité rattacher à cette fouille récente, les opérations, liéesà un premier projet immobilier, menées au même emplacement en1981 et 1982, sous la responsabilité de P. Garmy (Musée archéolo-gique) ou, plus anciennement, celles dirigées par le Colonel Pothieren 1888. De même, les fouilles réalisées au XIXe s. entre Villa Romaet le temple de Diane (Augusteum) seront brièvement évoquées.

Bibliographie : pour les fouilles du XIXe s. : Pothier 1888 (publi-cation) ; Pelet 1851-1852 ; Pelet 1854-1855a ; Gouron 1946. Pour lesfouilles menées en 1981 et 1982 : Garmy et al. 1981a (DFS) ; Garmyet al. 1982 (DFS) ; Barruol 1983 : 513-514 (Gallia) ; Darde et al. 1985 :53-55 (publication partielle) ; Darde et al. 1990a : 39-47 (catalogueNîmes) ; Chazelles, Poupet 1984 : 71-101 (publication d’un mur enterre crue) ; Chazelles 1990a : 49 (idem dans catalogue Nîmes) ;Fabre, Pey 1990 : 51-53 (publication de la fouille d’un puits dans

catalogue Nîmes) ; Sabrié 1985 (enduits peints). Pour les fouilles de1991/1992 : Piskorz 1991 (DFS de repérage) ; Piskorz dir. 1993(DFS) ; Guillet et al. 1992 (publication du bâtiment à portique) ; Pis-korz, in Massy dir. 1992 : 64-66 (BSR) ; Sabrié 1993 : 47 (présenta-tion d’un enduit peint restauré) ; Fiches 1993c, Célié et al. 1996(publication de quelques plans de maisons) ; CAG 112 ; Sabrié àparaître a (étude de l’ensemble des enduits peints du site).

Analyse des vestiges

Le site de Villa Roma est immédiatement à l’ouest et au sud-ouestde l’Augusteum, sur la pente sud du Mont-Cavalier (fig. 80).L’ampleur même des résultats de cette vaste fouille (6000 m2) et leuranalyse encore très partielle, à l’exception d’un bâtiment à portiquedu premier quart du Ier s. av. J.-C. (Guillet et al. 1992) et de quelquesunes des maisons d’époque romaine (Célié et al. 1996), font que cettenotice restera relativement succincte. Au début de l’année 1998, laCommission Interrégionale de la Recherche Archéologique du Sud-Est a émis un avis favorable sur un dossier de demande d’aide à lapublication, présenté sous la responsabilité de M. Monteil, avec unecoordination scientifique réunissant également M. Piskorz, M. Py etF. Souq.

Le contexte naturel

En partie haute du site, le sous-sol est constitué par les bancs decalcaire massif du Hauterivien supérieur. En partie basse, à l’amorcedu piémont, ces calcaires sont remplacés par le sistre. La pente géné-rale, assez forte, est comprise entre 10 et 18%, pour un dénivelémoyen total d’environ 22 m. Au plus haut de la fouille, le sol naturelest coté aux alentours de 72/70 m NGF ; au plus bas (îlot F), le sistreaffleure autour de 51/50 m NGF. Cette pente est rythmée par une suc-cession de petites terrasses naturelles dont les caractéristiques ini-tiales, fortement remaniées par l’homme, sont difficiles à restituer.

NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE102

VILLA ROMA

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Boi

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rue de Com

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avenue Fr. Roosevelt

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Quai de la Fontaine

Source

Temple de Diane

N

0 20 100 m

Fig. 80. Emprise parcellaire des fouilles de Villa Roma(M. Monteil del.).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 103

Premières traces d’occupation

Dans la partie basse du site, une fosse isolée d’1,15 m de diamètreet quelques lambeaux de sols ont pu être reconnus. Le mobilierrecueilli permet de les associer à une phase récente du Chalcoli-thique. Bien que très ténus, ces indices montrent une occupation

ancienne, non loin de la source de la Fontaine, dont l’ampleur exactereste cependant impossible à estimer.

Pour une période plus récente, quelques vestiges ont pu être iden-tifiés dans l’angle sud-est de la fouille (D04 à D06) (fig. 81). Il s’agit enpremier lieu d’un réseau de fossés en U, creusés dans le sistre, ayantapparemment pour fonction l’amenée d’eau ou son évacuation (fig.

D06

D05

D04

0 10 20 m

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Boi

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silos

silos

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fossés

Fig. 81. Villa Roma. Plan des vestiges des Ve/IVe s. av. J.-C. (M. Monteil del., d’après un plan de M. Piskorz et A. Recolin).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE104

82). Aux abords immédiats, et plus haut vers le nord, des groupes desilos sont à associer à des pratiques de stockage des récoltes. Cesfosses mesurent, en général, 1,50 m de diamètre pour autant de pro-fondeur et ont livré une grande quantité de grains de céréales carbo-nisés. Enfin, quatre murs au tracé en baïonnette définissent deux ter-rasses dont l’une, la plus haute, est occupée par les fossés et un grou-pe de silos. Ces éléments, auxquels il faut également associer un lam-beau de mur relevé en D04 et quelques remblais et sols épars surl’ensemble du site, peuvent être datés du courant du Ve s. av. J.-C.(Guillet et al. 1992 : 57-58, fig. 3).

Ces vestiges peuvent suggérer une utilisation principale despentes à des fins agricoles, avec mise en culture possible de terrassesaménagées, irrigation et/ou drainage et enfin stockage des produc-tions. Les travaux nécessaires à ces pratiques semblent avoir étéassez importants si l’on en juge par l’ampleur des enlèvements dematériaux préalables à la création des terrasses ou par l’épaisseur desmurs de soutènement. Cette vision agreste du paysage ne doit cepen-dant pas exclure la proximité d’habitations, sans doute assez disper-sées et en relation avec l’exploitation des terrains situés aux alen-tours. Elle demande toutefois à être confirmée par une analyse plusattentive des documents de fouille.

Durant la première moitié du IVe s. av. J.-C., le réseau de fossésest progressivement comblé par l’accumulation de rejets domestiques(cendres de foyers, faune, fragments de céramique, etc.) qui illustrentbien la présence d’habitations non loin. Pour la seconde moitié duIVe s. et tout le IIIe s., l’absence de vestiges et de témoins matériels

traduit un changement dans les modes d’occupation de cespentes, sans doute similaire à celui reconnu sur le site voisindes Villégiales (cf. infra, [61]) : les pentes sont probablementdésormais exclusivement réservées à l’agriculture. Le IIe s. av.J.-C. signe un retour progressif des habitations, mais selondes modalités qui nous échappent presque totalement.

Un quartier d’époque républicaine

En fonction des datations disponibles, c’est dans le cou-rant du dernier quart du IIe s. av. J.-C. ou du premier quartdu siècle suivant que l’habitat paraît reconquérir de manièreréellement notable les pentes (fig. 83). C’est désormais unvéritable quartier qui se met en place, structuré par plusieursrues assez bien identifiées. Cette phase ancienne de l’urbani-sation a été principalement reconnue en partie basse du site,mais l’habitat qui lui est associé, dont certains composantspeuvent être légèrement antérieurs, a malheureusement étéassez considérablement détruit par les phases d’urbanisationultérieures.

• Les rues

La rue H constitue l’un des axes forts du nouveau réseau.Elle avait déjà été en partie fouillée lors de l’opération de1982, mais les traces anciennes de son fonctionnementétaient totalement effacées par les aménagements du change-ment d’ère. La fouille de 1991/1992 a démontré son origineancienne. Plusieurs recharges de cailloutis, galets et sable,souvent marquées de traces d’ornière, ont en effet pu êtreidentifiées et définissent autant d’états successifs datés ducourant du Ier s. av. J.-C. Elle est limitée au nord-ouest parun mur construit en gros blocs agencés de manière irréguliè-re. Vers le sud-est, la rue H forme carrefour avec la rue I,

dont l’origine ancienne est ainsi également affirmée. Cette rue I suitun tracé rectiligne, souligné par un mur de terrasse, puis amorce unecourbe en direction de la rue G. Un sondage établi dans ce tronçoncurviligne n’a livré que des traces de niveaux de roulement liés auxaménagements du changement d’ère. Les fouilleurs proposent doncque la voie ait suivi, à l’origine, un tracé établi plus longuement, selonl’axe de la terrasse qu’occuperont les futures maisons 14, 29 et 30.

En limite est de la fouille, une amorce de changement de direc-tion de la rue H laisse supposer un nouveau carrefour au droit del’actuel quai G. Clémenceau. C’est sans doute là qu’arrivait la voie J,dont le tronçon fouillé plus à l’ouest a également livré des niveauxd’empierrement anciens. La rue G existe probablement dès l’origine,mais ses aménagements plus tardifs ont malheureusement provoquéla disparition d’éventuelles surfaces de circulation d’époque préau-gustéenne. A l’appui de son origine ancienne, on remarquera que lemur de limite ouest de la maison 12, datée dans son premier état dutroisième quart du Ier s. av. J.-C., paraît bien s’aligner avec elle.

Ces quelques informations indiquent que l’essentiel du réseauviaire de ce secteur est vraisemblablement constitué dès les années125-75 av. J.-C. Il définit ainsi quatre ou cinq îlots au sein desquelsquelques traces d’unités domestiques et, surtout, un bâtiment publicà portique ont pu être relevés (Guillet et al. 1992 ; Célié et al. 1996).

• Les maisons

Les maisons, comme celles de la phase suivante, ont dû tenir

Fig. 82. Vue partielle, prise du sud, des fossés du Ve s. av. J.-C. (Cliché J. Pey).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 105

0 10 20 m

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Fig. 83. Villa Roma. Plan des vestiges du courant du Ier s. av. J.-C.(M. Monteil del., d’après un plan de M. Piskorz et A. Recolin).

compte du contexte topographique. Elles sont donc le plus souventaménagées sur un, voire deux, plan(s) de terrasse dont la construc-tion est en grande partie artificielle, même s’il est bien évident que lesaménageurs ont tiré le meilleur profit possible du profil brisé de lapente naturelle. Décaissement du substrat et apports de matériauxsont donc fréquents, quoi que moindres qu’à l’époque augustéenne etdans le courant du Ier s. ap. J.-C.

A la phase qui voit l’installation du réseau viaire, on ne peutguère rapporter que les vestiges des maisons 08, 15 et 30 qui s’insè-rent dans la partie basse du site. La maison 08 (57 m NGF env.) seplace ainsi à l’angle des rues H et I. Une grande pièce de forme rec-tangulaire ouvre, vers l’ouest, sur une cour, traversée par un petitégout en dalles dressées de chant qui se dirige vers la rue I. Les murssont construits en moellons grossièrement équarris et liés à la terre.

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE106

Fig. 84. Évolution du bâtiment à portique de Villa Roma (Guillet et al. 1992). A = phase Ia (vers -100/-75), construction du monument(les sols de terre sont en grisé). B = phase Ib (vers -100/-75), aménagement d’un drain à l’ouest du bâtiment. C = phase IIa (vers -75/-50) :en haut, état IIa1, percement d’une porte latérale et nouveaux aménagements intérieurs ; en bas, état IIa2, aménagements intérieurs,comblement de l’ambitus, caisson de drainage (?) à l’arrière du bâtiment. D = phase IIb : en 1, état IIb1, comblement du caisson arrièreet construction d’un mur à côté ; en 2, état IIb2, arasement du caisson et du mur voisin pour laisser place à de nouvelles constructions ;en 3, état IIb3, aménagement d’une terrasse à l’arrière ; en 4, état IIb4, niveaux d’occupation au sud. E = phase III (vers -40/-30 à -20),mise en place d’une terrasse monumentale qui oblitère le quart nord de l’édifice.

A

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 107

La pièce principale était marquée par un solformé de fines recharges à texture sableuse.

L’espace 15 n’a livré aucun mur, maisune sole de foyer d’au moins 1,45 m de côté,des lambeaux de sols en terre battue ainsiqu’un vaste foyer circulaire.

De la maison 30, située dans l’autre angleformé par les rues H et I, on connaît troisespaces distincts. Contre la rue H, une piècede forme rectangulaire, large de 4,38 m etlongue de plus de 10 m, comprend plusieurssols de terre battue, ainsi qu’une successionde soles de foyers décorées. Au sud-ouest,s’étendent des sols de terre battue similairessans qu’il soit possible de délimiter d’éven-tuelles pièces. A l’ouest, enfin, la nature dessols change, mais sans qu’on puisse y asso-cier de murs.

Un peu plus tardivement, d’autres mai-sons ont également été édifiées. C’est le casde la maison 12, qui occupe deux plans deterrasses entre 60 et 63 m NGF. Sa phaseancienne a été identifiée seulement au niveaude ses murs périmétraux, d’une pièce rectan-gulaire de grande taille et d’un four domes-tique datés des années 50-25 av. J.-C. Un état antérieur à la maison10, daté des années 80-30 av. J.-C., a également été reconnu. Unepièce y ouvre sur une cour à portique et quelques murs portent destraces d’enduit peint. L’origine ancienne des maisons 06, 11 et 14semble également très probable.

Peu de choses à dire, donc, du point de vue de l’habitat républi-cain sur le site de Villa Roma. L’installation des unités d’habitationparaît bien progressive, dès peut-être le dernier quart du IIe s. etdurant tout le Ier s. av. J.-C., et semble s’être d’abord limitée au basdes pentes pour gagner progressivement les hauteurs. Les construc-tions ont été précédées de travaux d’installation apparemment asseznotables — décaissement du substrat, apport de remblais — afind’établir des plans de terrasse semi-artificiels. L’architecture présenteun caractère encore très traditionnel : sols de terre battue, plaques-foyers, murs liés à la terre, probables écoulements d’eaux usées parl’intermédiaire d’égouts secondaires en dalles dressées de chant. Rienqui ne diffère foncièrement des habitats reconnus par ailleurs en Lan-guedoc oriental. Pourtant, quelques maisons pourraient avoir couvertdes surfaces assez importantes, comme la maison 8 installée à lacharnière des IIe/Ier s. (Célié et al. 1996 : 206-207) ou la maison 12construite vers 50-25 av. J.-C.

Leurs plans très partiels semblent montrer l’existence de vastescours autour desquelles s’inscrivent plusieurs pièces. Un type particu-lier de pièce est attesté en plusieurs exemplaires : il se présente sousla forme d’un vaste espace rectangulaire, disposé dans un angle etouvrant sur la cour. L’exemple le plus ancien est celui de la maison 8,bien que la pièce ne soit pas ici complète. M. Piskorz et F. Souq ontproposé que ce genre de « vaste espace, de plan barlong » dérive « demodèles hellénistiques » (Célié et al. 1996 : 188). Il pourrait s’agird’une illustration de ces grandes pièces qu’on reconnaît égalementdans le premier état des maisons au Dauphin et du Prétoire de Vai-son-la-Romaine, ainsi que dans la maison des Antes à Glanum, et queC. Goudineau rapproche des «Oikoi» du monde grec (Goudineau1979 : 241). Une pièce rectangulaire de forme proche a pu être distin-

guée dans une maison à cour de plan méditerranéen fouillée à Latteset datée du deuxième quart du IIe s. Placée à l’un des angles de lacour, cette pièce (espace 9/3, 3,30 x 9,60 m) est toutefois interprétéedavantage comme un lieu de stockage que comme une pièce de vie(Garcia 1996b : 160-162, fig. 4). L’arasement des états anciens desmaisons de Villa Roma, dû aux installations plus tardives, ainsiqu’une étude du site encore bien incomplète, incitent à la plus grandeprudence. Avant d’élaborer des conclusions par trop hâtives, les ves-tiges liés à l’époque préaugustéenne demanderaient un examen plusattentif. On ne retiendra donc de ce site que l’image de maisons peut-être assez vastes dès une date haute, et laissant une place importanteaux espaces ouverts.

• Un bâtiment public à portique

Plus remarquable, pour le premier quart du Ier s. av. J.-C., est laconstruction, dans la partie basse du site, d’un portique de traditionhellénistique (fig. 83, 84, 85). Installé sur une plate-forme semi artifi-cielle, il se présente sous la forme d’un rectangle barlong ouvert endirection de l’est. Mesurant plus de 24 m de longueur pour 6,50 m delargeur, ce portique, dont les murs nord et ouest sont aveugles,s’ouvre vers l’est par une série de baies séparées par des pilastres.Dans cette direction, les fouilleurs proposent de restituer une placeou une rue. Il pourrait d’ailleurs tout aussi bien s’agir d’une cour.L’architecture de l’ensemble, de facture hellénistique, est très soignéedu moins extérieurement. En effet, les fouilleurs ont noté le contrasteexistant avec l’intérieur, dont les parements sont moins bien finis et lesol apparemment de simple terre battue. Quoi qu’il en soit, cet édificene peut que relever du domaine public et doit être associé à des amé-nagements réalisés, à date haute, autour de la source de la Fontainevoisine (pour plus d’informations, cf. infra, [58]).

Plusieurs réaménagements ont affecté ce monument jusque dansle courant des années 30-20 av. J.-C. : aménagement d’un ambituscontre le mur aveugle ouest (drainage et meilleure maîtrise des pous-

Fig. 85. Vue de l’extrémité nord du bâtiment à portique et du mur en grand appareilde la terrasse monumentale postérieure (Cliché équipe de fouille).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE108

53,60 m

71,20 m

64,07 m

53,10 m

53,75 m

Fouille de E. Pothier

Fouille de A. Pelet

Temple de Diane

0 10 20 m

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Fig. 86. Villa Roma. Plan des vestiges du courant du Ier s. ap. J.-C. et localisation moyenne des fouilles menées au XIXe s. par A.Pelet et E. Pothier (M. Monteil del., d’après des plans de M. Piskorz et A. Recolin (1993) et de E. Pothier (1888 : pl. I).

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sées de terre) ; percement d’une porte au nord rapidement rebou-chée ; obturation partielle ou totale des baies du portique ; successiond’aménagements périphériques (vide sanitaire, murs d’un autre éven-tuel monument). Ce n’est cependant que vers 40/30-20 av. J.-C. que leportique disparaît en grande partie sous une terrasse monumentale,le reste étant définitivement occulté vers 10 av. J.-C. par l’installationd’une maison.

A ce bâtiment, il faut ajouter une inscription incomplète, décou-verte en remploi dans un mur de terrasse monumentale des alentoursde 50 av. J.-C. Peut-être placée à la base d’une statue, cette dédicaced’un certain Nertomaros d’Anduze, datée du courant de la premièremoitié du Ier s., traduit le rayonnement du sanctuaire à l’extérieur dela ville (Lejeune 1992). S’y ajoutent aussi une statue de guerrier assiset un fragment de linteau dont une face comporte deux alvéolescéphaliques soutenues par deux personnages, et l’autre face des che-vaux affrontés. Ces éléments, portant tous deux des traces de poly-chromie, pouvaient s’insérer dans le bâtiment à portique sous uneforme équivalente à celle restituée à Entremont (Barbet 1992, Bessac1992).

Les aménagements augustéens et postérieurs

Au vaste plan de quartier relevé sur le site de Villa Roma (fig. 86,87, 88), on peut désormais ajouter les informations apportées par lesfouilles antérieures menées, sous la direction de P. Garmy, en 1981 et1982. L’opération de 1981 a principalement concerné l’espace 07situé à l’extrémité nord-ouest de l’îlot D. Elle a permis non seulementd’observer une portion de la voie G, mais également de redégager unepartie de l’habitat fouillé en 1888 par le Colonel Pothier, habitat quifut alors également reconnu, associé à une rue, plus au nord (espace03). L’intervention complémentaire de 1982 a, quant à elle, permis ledégagement partiel des maisons 11 et 12, et de deux tronçons desrues H et G. Les informations fournies par ces diverses campagnesseront, ainsi que celles relevant des fouilles menées par A. Pelet, H.Revoil ou M. Gouron au contact du temple de Diane, ponctuellementintégrées au texte qui suit. Ajoutons qu’il nous faudra attendre uneanalyse fine de la documentation de fouille pour mieux cerner lespériodes de dynamisme ou, au contraire, de régression dans l’inves-tissement des pentes entre les années -50 et +120. Pour l’heure, l’évo-lution du quartier ne peut être appréhendée que dans ses grandeslignes et sous réserve d’aménagements de détail ultérieurs.

• Les rues et les îlots

Il semble bien que les deux dernières décennies du Ier s. av. J.-C.et le tout début du Ier s. ap. J.-C. signent le réaménagement global duréseau viaire, tout en maintenant le tracé général fixé dès les années125-75 av. J.-C. (fig. 86, 87). Les nouveaux équipements mis en œuvrevisent surtout à améliorer le réseau de drainage des eaux usées et plu-viales et à faciliter la circulation par l’intermédiaire de nouveauxrevêtements.

La rue G est alors composée de deux tronçons distincts qui gra-vissent la pente en direction du nord-est. Depuis son carrefour avec larue H et vers le nord-est, elle est directement taillée dans le rochercalcaire sur une largeur de 3 m. La surface du roc est sillonnée demultiples ornières et, dans la partie médiane, on note l’existence d’unpetit égout recouvert de dalles calcaires. De part et d’autre, des ban-quettes de rocher larges de 0,60 à 0,80 m servent de trottoirs som-maires. En direction du sud-ouest, sur plus de 50 m de long, la rue

apparaît par contre pavée de petits moellons calcaires disposés dechant (fig. 89). Longée côté est par un petit égout, la chaussée mesureentre 3 m et 3,50 m de largeur.

A son extrémité nord-est, la rue G forme carrefour avec plusieursautres rues allant en direction de l’ouest et du sud-ouest mais ausside l’est. L’axe oriental a été dégagé, dans sa partie basse voisine dutemple de Diane, par A. Pelet qui le décrivait ainsi : une rueSSO/NNE « se dirigeant sur la colline par une inclinaison de 4 m 50sur une longueur de 20 mètres (soit une pente d’environ 22%). Cetterue est, comme celle de la porte d’Auguste, pavée en larges dalles irré-gulières, recouvrant un canal d’écoulement, et sa pente est rachetéepar des marches placées de distance en distance sur toute sa lon-gueur … » (Pelet 1854-1855a : 233). C’est le prolongement de cetterue qu’observe le Colonel E. Pothier, quelques années plus tard et unpeu plus haut sur la pente, au contact du carrefour avec la voie G. Cetaxe est, selon lui, « tracé suivant la ligne de plus grande pente du ter-rain. Cette voie (…) était fondée sur le rocher. Sa chaussée était unsimple empierrement, non relié par du mortier, recouvert de sable,large de 2 m 06 » (Pothier 1888 : 11).

La voie G est aussi en relation avec une autre rue qui descend lapente en direction du sud-ouest. Celle-ci (rue H), également d’origineancienne, est quasiment perpendiculaire aux courbes de niveau. Elleest taillée à même le rocher en partie haute et son petit égout centralrécupère les eaux de celui de la voie G. Sa chaussée, large de 2 m à2,50 m, est limitée par des trottoirs latéraux de 0,50 à 1,50 m de large.En partie basse, sa surface de circulation, comme celle des rues I et J,est moins sommairement aménagée. La présence, dans ces trois cas,d’un égout central, impose la mise en place de dalles dont la surfacepermet également la circulation des véhicules (fig. 90). Les bas-côtéssont, en général, empierrés, élargissant ainsi la chaussée. On ajouteraque c’est peut-être durant cette période que le tracé de la voie I estpartiellement détourné de son tracé initial pour rejoindre, en suivantune légère courbe, la rue G.

Toutes ces rues sont donc pourvues de trottoirs latéraux dont lesformes sont variables : banquettes de rocher non décaissé et doncsurélevé, blocs de pierre ou dalles alignés. De nombreux escaliers,surtout en partie haute du site, permettent l’accès aux maisons etillustrent le poids de la topographie ; certains dénivelés peuvent ainsialler jusqu’à 1,50 m.

Ces rues définissent un certain nombre d’îlots de forme irréguliè-re (fig. 86, 87). L’îlot le plus central, enserré par les rues G, H et Iaffecte la forme d’un trapèze de grande taille, dont la hauteur avoisine64 m, la grande base 55 m et la petite base 21 m, et qui couvre unesurface approximative de 2780 m2. Sur l’ensemble de la fouille, cesont quelques 21 espaces distincts qui ont pu être individualisés :friches ou zones non aedificandi, maisons de formes diverses plus oumoins bien conservées, peut-être ensembles à usage public ou tout aumoins collectif, etc. L’aspect serré du tissu urbain est assez nettementperceptible, en particulier dans l’îlot E (8 maisons individualisées),même si quelques venelles qui finissent en impasses participent à sonaération tout en permettant l’accès aux demeures les plus centrales. Ilen est ainsi du passage, d’une largeur voisine de 2 m, entre les mai-sons 24 et 25 ; de ceux, larges d’environ 1,50 m qui longent la domus04 ou le bâtiment allongé 27 ; de celui, enfin, qui couvre 1 m, entre lesmaisons 10 et 9/26 et donne accès à la maison 12. Toutes ces ruellesdisposent de sols de circulation sommairement empierrés ou simple-ment constitués de terre.

Les parcelles, telles qu’elles ont pu être définies par lesfouilleurs, sont relativement irrégulières en partie haute, puis sem-

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE110

blent se régulariser vers la bas de pente. Elles suivent en cela laforme plus générale des îlots. Une grande partie d’entre elles relèvetrès vraisemblablement de l’habitat d’époque républicaine, c’est dumoins ce que montrent les exemples des maisons 8, 12 ou 30. Lesmurs périmétraux des maisons s’alignent généralement sur les rup-tures de pentes des terrasses. Ces dernières, dont l’origine est égale-ment pour partie ancienne, sont aménagées, ou réaménagées — ce

qui explique la destruction de l’habitat antérieur —, par décaisse-ment du rocher et remblaiements. Les dénivelés successifs sont com-pris entre 1 m et 1,80 m.

• Les maisons

L’analyse rapide de six des maisons dégagées est parue dans les

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Fig. 87. Villa Roma. Plan de repérage alpha-numérique des îlots, des rues et des maisons du Haut-Empire (M. Monteil del., d’après un document de M. Piskorz et A. Recolin).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 111

actes du récent colloque d’Avignon consacré aux maisons urbaines(Célié et al. 1996). L’évolution de la plupart d’entre elles se place entrela fin du Ier s. av. J.-C. et le début du IIe s. ap. J.-C.

Compte tenu du caractère encore inachevé de leur étude, il n’estbien entendu pas question d’en entreprendre ici la descriptiondétaillée. On se contentera donc de quelques remarques de fond oude détail glanées dans la documentation existante.

Les contraintes de la topographie sont très fortes mais n’ont pasempêché la mise en place de maisons à plan assez régulier, notam-ment en bas de pente (fig. 86, 87). Certaines d’entre elles s’installentparfois sur deux terrasses (par ex., les maisons 11 et 12), le passageentre les deux étant assuré par des escaliers. Ces maisons occupentdes surfaces moyennes, comprises, par exemple, entre 230 (domus 9)et 540 m2 (domus 8) dans un même îlot (E). Pas de très grandes mai-sons donc, mais la présence de cages d’escaliers montre l’existence,dans de nombreux cas, de très probables étages augmentant la surfa-ce habitable.

Les techniques de construction adoptées pour ces maisons sontlargement traditionnelles. Les murs sont constitués de moellons gros-sièrement équarris, liés à la terre. Leurs élévations utilisent majoritai-rement la terre crue sous la forme d’adobe ou de pans de bois.L’usage du liant de mortier est assez exceptionnel. Les sols de terrebattue sont très fréquents, en particulier dans les parties haute etmoyenne du site. Les emprunts aux techniques de constructiongréco-italiques sont surtout perceptibles dans les sols et les revête-ments de murs. Sur le site de Villa Roma, aucun sol bétonné n’a étéreconnu au-dessus de la cote des 60 m NGF. Ceux rencontrés se limi-tent aux maisons de la partie moyenne et basse et développent toutesles techniques de décoration sur terrazzo-signinum : croisettes en tes-selles noires cernées d’un bandeau de trois lignes, décor géométriqueparfois complexe, ajout de crustae de couleurs différentes. Aucunemosaïque n’a été observée, mais ceci tient sans doute à l’origine pré-coce du quartier et à sa disparition rapide, dès le début du IIe s. ap.J.-C. Les revêtements de murs en enduits peints sont plus fréquents ettransgressent la limite d’apparition des sols bétonnés. On les ren-contre dans quasiment toutes les maisons, y compris au-delà de lavoie G. Ils sont souvent conservés en place sur plus d’1,50 m ou effon-drés sur les sols. L’un des panneaux, issu de la pièce à exèdre de lamaison 10, a été restauré par M. et R. Sabrié. Il permet de restituerune hauteur de pièce voisine de 3,70 m avec un beau décor en trompel’œil (Sabrié 1993 : 47).

Toutes les maisons, exceptées les plus nord-occidentales d’aspectgénéral plus compact, offrent un plan articulé autour d’une cour.Celle-ci est fréquemment équipée d’un bassin et/ou d’un puits et deportiques périphériques (fig. 91). Si les vastes pièces rectangulairesd’angle de l’époque antérieure sont conservées (maisons 08, 09), lespièces à exèdre, dont l’usage est sans doute polyvalent, les concurren-cent désormais (maisons 10,14).

Quelques maisons, ou espaces, présentent des caractéristiquesqui méritent d’être soulignées. Ainsi, l’unique pièce reconnue del’espace 27 présente un plan rectangulaire long de près de 18 m pourune largeur intérieure de 5,50 m. Le panneau d’enduit peint présentsur son mur nord-ouest montre l’absence de subdivisions. Cette vastesurface disponible évoque sans doute d’avantage un espace à usagesemi-public qu’une pièce d’habitat. L’analyse plus détaillée de cetespace nous le confirmera peut-être. La maison 08 est l’une des raresà avoir fourni un témoignage tangible d’une alimentation en eau. Untuyau de plomb y dessert une fontaine qui se déverse dans un bassind’agrément. L’altitude générale de cette habitation (autour de 57 mNGF) interdit cependant d’imaginer un branchement sur le réseau

Fig. 88. Le site de Villa Roma en cours de décapage mécanique,vue prise du sud (Cliché équipe de fouille).

Fig. 89. La rue pavée G (Cliché équipe de fouille).

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public. L’eau n’était d’ailleurs pas un problème : de nombreux puitsont été dégagés et devaient suffire à l’alimentation, peut-être complé-tée par un captage complémentaire dans la source de la Fontaine voi-sine, si l’on en juge par l’absence de citernes.

L’espace 07, fouillé par E. Pothier puis par P. Garmy, a montréles vestiges d’une maison à sols de terre battue (Darde et al. 1990a :42-43), dans laquelle le Colonel Pothier avait identifié un très pro-bable laraire (Pothier 1888 : 15). La maison 11, située de l’autre côtéde la rue H, a, quant à elle, livré un foyer en briques mobile avec grill,trépied et pinces à feu (Darde et al. 1990a : 47). Au contact de l’arrièredu temple de Diane, A. Pelet et, par la suite, H. Revoil, ont égalementexhumé plusieurs maisons, dont celles dites de Crassius et desCanaux. Les descriptions portant sur ces demeures sont peu satisfai-santes et leur plan sujet à caution, comme le note M. Gouron, àl’issue de leur redégagement partiel en 1946.

Plusieurs maisons disposent de pièces, proches des rues, qui évo-quent des espaces semi-artisanaux ou de possibles boutiques. La mai-son 12 est toutefois la seule à avoir livré des traces effectives d’artisa-nat, sous la forme de fours de potiers liés à une production de céra-miques à pâte calcaire — principalement des olpés et des vasesminiatures à caractère votifs — et d’urnes en pâte sableuse.

Dès les années 70-80 ap. J.-C., les premières traces d’abandon decertaines maisons sont assez nettement perceptibles. La désertiondéfinitive de la plus grande partie de l’habitat est avérée dans le pre-mier quart du IIe s. ap. J.-C., et le site est désormais transformé enzone de récupération de matériaux. Plusieurs dépotoirs montrentégalement que les terrains servent désormais de décharge. Pourtant,

le réseau viaire semble subsister, au moins pour partie, jusque dansle courant de la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C. Enfin, quelquestraces d’occupation plus tardives, très ponctuelles, ont été repérées àl’extrémité sud du site pour le courant du Ve s. ap. J.-C.

Aménagements de la topographie

La pente a été, dès le Ve s. av. J.-C., aménagée, en partie basse,sous la forme de terrasses propices à l’installation de l’habitat, maiségalement sans doute aux activités agricoles. L’urbanisation desannées 125-75 av. J.-C., précédée peut-être d’aménagements antérieursdu courant du IIe s. av. J.-C., marque un remodelage plus généralisédu site. Il est probable que les limites de parcelles sont désormaisfixées et qu’elles ne changeront guère par la suite. A l’époque augus-téenne, les aménagements en terrasse sont réalisés au prix de décais-sements et de remblaiements plus notables qu’auparavant.

Insertion dans la trame urbaine

Le site de Villa Roma s’insère dans un parcellaire actuel danslequel J. Benoit (1981) n’a pas reconnu d’alignements remarquables.Seule la partie basse, au contact du quai G. Clémenceau, présentequelques traces du système rouge (Benoit 1981 : plan hors texte).L’ensemble des vestiges a été relevé par des géomètres-experts, ce quitend à donner une assez grande précision aux orientations indiquéesci-après.

Les contraintes évidentes imposées par la pente n’ont pas permisl’établissement d’un quartier strictement orthonormé. Malgré ce, unecertaine tendance à la régularisation est perceptible, surtout en partiebasse du site. Les rues est-ouest ont adopté un tracé de moindrepente parallèle aux courbes de niveau. Les rues sud-est/nord-ouestleur sont grossièrement perpendiculaires. Les maisons installées dansles îlots ainsi matérialisés respectent les grandes orientations mar-quées par ces rues, ou en comblent les intervalles.

La rue J suit un axe moyen proche de NL-44-45° O, comparable àcelui rectiligne de la rue I. Cette orientation est également proche decelle de la partie basse de la rue H, établie autour de NL-43°O. Lapartie haute de cette même rue est légèrement déviée à NL-37° O. Larue G adopte une direction moyenne à NL-28° E et celle longeant letemple de Diane à NL-19° E.

NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE112

Fig. 90. La rue dallée J et son égout médian (Cliché équipe de fouille).

Fig. 91. Vue partielle, prise du sud, de la maison 14. Cour avecgaleries, bassin, puits et pièces de l’aile nord

(Cliché équipe de fouille).

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La plupart de ces orientations majeuressont donc présentes sur le site dès la fin du IIes. av. J.-C. ou le début du Ier s. av. J.-C. Le bâti-ment à portique de cette période adopte pour-tant une orientation distincte, reconnue parailleurs dans la ville (NL-13/14° O). Celle-ci estproche du système rouge (NL-13° O), dont J.Benoit considérait qu’il était d’époque augus-téenne (Benoit 1981 : 88). Les fouilleurs notenten outre que les axes du portique respectentplus ou moins ceux des terrasses du Ve s. av. J.-C. (mur sud à NL-19°50’ O et mur nord à NL-9°50’ O), de même que la domus 04 plus tardivequi ne s’en écarte que de quelques degrés (NL-10° O) (Guillet et al. 1992 : 87).

[58] L’Augusteum

Dans les actuels Jardins de la Fontaine. Par-celle DV-2 (cadastre révisé pour 1981).

Site n° 30.189.135. Coordonnées LambertIII : X = 761,840 ; Y = 3173,120.

Pour le temple de Diane, site n°30.189.25.Coordonnées Lambert III : X = 761,770 ; Y =3173,080.

Altitude moyenne : 53 à 75 m NGF.

Ouvrir le dossier de ce sanctuaire protohis-torique et gallo-romain dans le cadre de ce cata-logue de sites peut sembler relativement pré-somptueux, notamment après les nombreusesétudes qui lui ont été consacrées. Celles-ci por-tent essentiellement sur le décor d’une partiedes édifices et sur leur fonction, voire sur desessais d’appréhension plus globale du sanctuai-re au travers de l’ensemble de ses composantes(fig. 92). Le dossier proprement archéologiquereste cependant à reprendre dans son entier.Rappelons simplement que ce secteur n’a faitl’objet d’aucune intervention véritable depuis lesannées 1940. Les résultats de ces dernières, quiont touché une partie du théâtre et les abordsdu temple de Diane, sont d’ailleurs restés inédits(rapports de fouille déposés au Service Régionalde l’Archéologie). Quelques opérations et étudesrécentes ont toutefois apporté des informationscomplémentaires, en particulier sur les antécé-dents préaugustéens et sur le thème de l’hydrau-lique.

C’est dans les années 1738-1739 que le pro-blème de l’alimentation en eau des artisans dutextile nîmois entraîne le dégagement de lasource et de ses abords. Ces premiers travaux,qui provoquent la découverte de nombreux ves-tiges mobiliers et immobiliers, sont poursuivis,entre 1745 et 1760, par J.-Ph. Mareschal, ingénieur du roi. Son projeturbanistique ambitieux comprend non seulement l’amélioration de lacanalisation des eaux de la Fontaine vers la ville (Agau) mais égale-ment la création de l’amorce d’un nouveau quartier (avenue Jean-Jau-

rès) ainsi que l’insertion de la source dans des jardins architecturés àla Française. Ces derniers conservent l’essentiel des fondations desvestiges antiques dégagés, en les dotant d’élévations conformes augoût du XVIIIe s. Les fouilles nous sont en partie connues grâce aux

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Fig. 92. Plan général de l’Augusteum dominé par la Tour Magne (Varène 1987 : fig. 1).

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informations de témoins de l’époque, J.-F. Séguier et son frère l’abbé.La relation la plus complète, et quasiment la seule conservée, en estcelle rapportée par L. Ménard (1758 : 79-121).

Le cadre naturel

Placée au pied du Mont Cavalier, la source pérenne de la Fontai-ne, exsurgence karstique, est enserrée dans un bassin architecturé,d’origine augustéenne et repris à l’époque moderne. Le niveau supé-rieur du batardeau moderne est coté à 51,10 m NGF, mais celui del’Antiquité a pu être légèrement inférieur.

Antérieurement aux aménagements d’époque romaine, la restitu-tion du plan d’eau et de ses abords laisse place à diverses supputa-tions. Ainsi, M. Janon émet-il l’hypothèse que le bassin augustéen sesoit implanté au milieu de l’étang originel, « le plan irrégulier decelui-ci ayant été conservé au nord et au sud » (Janon 1991 : 761, n.73). L. Sauvage, reprenant le dossier du sanctuaire protohistorique,suppose que l’aspect de la source a dû rester longtemps celui d’unsanctuaire topique peu ou pas aménagé. Le nom même de la villeΝΑΜΑΥΣΑΤΙΣ / NEMAUSUS semble tirer son origine de ce lieu sacré(racine celtique «nem» avec suffixe hydronyme) (Sauvage 1992 : 112-113). Si certains ont voulu traduire ce nom par «bois sacré» (Lejeune1985 : 207-209), d’autres ont préféré lui attribuer le sens «d’enceintesacrée» (Goudineau 1991b : 252). Plus récemment, A. Veyrac et J.-M.Pène supposaient qu’à l’origine, la source était contenue, pour l’essen-tiel, dans son exutoire profond de 11 m et d’un diamètre en surfaceproche de 17 m (Veyrac, Pène 1994-1995 : 125-126). Ces mêmesauteurs ont relevé que, vers le sud, devait s’étendre une zone relative-ment palustre. L’écoulement actuel de la Fontaine vers l’est résultedes travaux de J.-Ph. Mareschal, mais son tracé originel reste en par-tie difficile à restituer.

Les origines préromaines

Il est probable que cette source a joué un rôle non négligeabledans l’histoire de l’agglomération nîmoise, et ce dès la plus hauteantiquité. Pour M. Py, l’existence d’un culte important autour de lasource de Nemausus n’est toutefois pas étayée archéologiquement, dumoins à date haute (Py 1990 : 178-179). Il n’en reste pas moins quel’aspect mystérieux, jusqu’à une date récente, des origines du pointd’eau a pu frapper les esprits dès une époque ancienne et conduireainsi à la formation d’un lieu de culte. Les expressions matérielles decelui-ci ont pu longtemps se limiter à des dons d’offrandes mobilièresou alimentaires (Sauvage 1992 : 113, n. 6).

Jusqu’à il y a peu, la perception d’éventuels aménagements préau-gustéens du sanctuaire de la Fontaine se réduisait à trois ex-voto ins-crits en gallo-grec sur des chapiteaux ou des piliers, découverts àproximité. Deux de ces inscriptions font état d’un culte rendu auxMères nîmoises. Si la plupart des chercheurs estiment que ce regrou-pement n’est sans doute pas fortuit et va dans le sens de leur insertiondans un sanctuaire (sous quelle forme ?), leur datation reste encorediscutée (Py 1990 : 809-811, n.247 et 248). Pour M. Lejeune, l’une aumoins pourrait être de la première moitié du IIe s., les autres anté-rieures au milieu du Ier s. (Lejeune 1985). Pour M. Py, une datationaugustéenne ne peut être exclue, compte tenu du maintien de l’usagedu gallo-grec jusqu’à cette période (Py 1990 : 811). P. Gros souligneque les dédicaces aux mères nîmoises tout au moins sont au plus tôtde la première moitié du Ier s. en raison d’un profil qui les rangentdans la tradition «dorico-toscane» (Gros 1992a : 372).

Le revers d’une partie des monnaies à légende latine NEM-COL(palme et urne renversée), datées des années 40 av. J.-C., pourraitégalement renvoyer à la source et à son importance nouvelle ou, plu-tôt, renforcée (Christol, Goudineau 1987-1988 : 89, 95, n. 13 et 38 ;Sauvage 1992 : 113 ; contra Veyrac 1998).

Un petit édifice carré (fig. 92, pt E), proche du bassin, était inter-prété par R. Naumann comme un temple celtique (Naumann 1937 :30), mais P. Gros a proposé d’y voir plutôt le socle d’un groupe sta-tuaire ou d’un autel au dieu Nemausus, entouré d’une enceinte (Gros1984 : 128).

Les fouilles de Villa Roma (fig. 83, 84) attestent désormais l’exis-tence d’aménagements publics bâtis autour de la source dès le débutdu Ier s. av. J.-C. (Guillet et al. 1992 ; cf. supra [57]). Le bâtiment àportique mis au jour trouve des parallèles évidents, mais plus pré-coces, à Roquepertuse (seconde moitié du IIIe s.) ou à Entremont(seconde moitié du IIe s.) (Arcelin et al. 1992 : 210-212). Il apparaîtcependant bien éloigné, dans sa conception architectonique, des amé-nagements à caractère cultuel connus sur d’autres agglomérations duLanguedoc oriental, comme les petits fana de Nages ou de Roque deViou (Py 1990 : 828-835 ; Py 1992). On a proposé d’interpréter le por-tique nîmois comme un lieu d’accueil des pèlerins ou bien une salled’incubation en annexe au véritable sanctuaire (Arcelin et al. 1992 :213), mais l’absence d’indices caractéristiques rend ces hypothèsesfragiles. Dans les années 40-20 av. J.-C., une terrasse monumentalecondamne une partie du monument et participe, sans doute, de laphase ancienne d’aménagement de l’Augusteum (Guillet et al. 1992 :79-80).

Il est vraisemblable que la tour préromaine qui culmine au som-met du Mont-Cavalier — la plus haute connue à ce jour en Languedocoriental — a joué un rôle de «signal» indiquant au loin la présence dusanctuaire. Cette possible scénographie pourrait avoir préfiguré celle,plus complexe, qui relie la Tour Magne postérieure à l’Augusteum édi-fié à partir de -25 autour de la source (Gros 1984 ; Varène 1987b ;1993).

Cette tour préromaine, dont deux états ont pu être distingués —l’un du début du IVe s. et l’autre du IIIe ou du IIe s. av. J.-C. —, estpar ailleurs associée à un petit temenos voisin qui se compose d’unestèle-statue, placée dans un coffre de dalles et encadrée de deuxbétyles, peut-être assimilables à des horoi (Py 1981a ; 1990 : 819, 826 ;1992 : 120-121). M. Py le date au plus tôt du début du Ier s. et ajoutequ’il se pourrait « qu’un rapport «idéologique», certes lâche, existeentre le monument ostentatoire (la tour) et la vocation religieuse deses alentours » (Py 1992 : 121). Récemment, certains sont allés bienau-delà de cette prudente interprétation en voyant dans la statuel’image d’un héros local faisant face au territoire qu’il surveille etajoutant que cet heroon participait peut-être d’une « barrière spiri-tuelle de protection » autour de l’agglomération (Arcelin et al. 1992 :191-194). Une étude de J.-C. Bessac a par ailleurs suggéré une data-tion aux alentours des années 200, voire antérieure (Arcelin et al.1992 : 193).

L’Augusteum

La description des divers éléments composant l’ensemblemonumental d’époque romaine (fig. 92, 93) qui se surimpose au pré-cédent peut être brièvement abordée, en insistant principalement surles données nouvelles et en renvoyant, pour plus de détails, auxsources suivantes : Naumann 1937 ; Bon 1940 ; Lassalle 1967 ; Gros1983 ; Roth-Congès 1983 ; Gros 1984 ; Ménard 1758 : 79-121 ; Gans

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 115

1990 ; Janon 1991 ; Veyrac, Pène 1994-1995 ; Varène 1993. L’analyserésumée, archéologique et historiographique, du complexe est parti-culièrement claire dans : Fiches dir., Veyrac dir. 1996 (CAG 125 à136).

R. Naumann est le premier à s’être penché, de façon approfondieet analytique, sur l’ensemble monumental de la Fontaine, mais sonétude considère chaque monument de manière isolée et aucune syn-thèse d’ensemble n’est esquissée (Naumann 1937).

En 1984, P. Gros a proposé de reconnaître un Augusteum — sanc-tuaire consacré au culte de l’empereur et de sa famille — dans lesdiverses composantes architecturales du site : bassin de la source,socle de plan carré, Nymphée, pseudo-temple de Diane, édifice sud,théâtre, portique à trois galeries, tour Magne. Celles-ci seraient toutes

établies entre les deux dernières décennies av. J.-C. et le début dusiècle suivant, et en partie refaites dans le courant du IIe s. ap. J.-C.Cet Augusteum, et d’autres connus dans le monde romain, sont« caractéristiques d’une politique d’annexion progressive de l’espacearchitectural. Celui-ci ne se dépouille pas pour autant de ses fonc-tions antérieures, et les cultes anciens, quand ils existent, sont inté-grés sans perte d’identité à la nouvelle organisation religieuse. Le butest, à vrai dire, d’ancrer celle-ci à proximité des sites et des édificesqui représentaient traditionnellement, pour la communauté urbaine,des centres de convergence naturels » (Gros 1984 : 124).

U.-W. Gans considère par contre que le projet est moins unitairequ’il n’y paraît. Il note ainsi que le plan des constructions n’est pastraité selon des axes rigoureux et que l’on peut individualiser au

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Fig. 93. L’Augusteum situé par rapport au cadastre actuel. 1 = bassin de la source ; 2 = «nymphée» et autel impérial ; 3 à 3’’ = porticustriplex ; 4 = pseudo temple de Diane ; 5 = propylées et sortie des eaux ; 6 = théâtre ; 7 = alignement de piles dans l’exutoire ; 8 = maisons

dégagées par A. Pelet (M. Monteil del., sur la base de plans de J. Bigot/P. Varène et E. Pothier).

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moins trois ateliers différents, œuvrant dans des temps distincts.D’autre part, il considère que la porticus triplex n’a pu être réaliséeavant l’époque flavienne tardive (Gans 1990). En l’absence d’argu-ments récents autre que ceux tirés de comparaisons stylistiques ouplanimétriques, il nous est difficile d’entrer dans ce débat dont l’inté-rêt est cependant à la mesure de l’importance du complexe monu-mental.

Plus récemment, M. Janon a largement admis l’hypothèse globaleémise par P. Gros, la renforçant de multiples exemples comparatifs. Ilpropose en outre de voir dans Agrippa, plus que dans Auguste lui-même, le maître d’œuvre du projet (Janon 1991).

Quoi qu’il en soit, les traces les plus anciennes de l’établissementdu sanctuaire impérial sont signalées, à ce jour, par deux inscrip-tions à Auguste datées de 25 av. J.-C. (C.I.L., XII, 3148 et 3149), etqui prenaient place à la base des deux escaliers en hémicycle bordantla source. L’aménagement du site est donc précoce et montre l’inté-rêt que portait Rome à l’agglomération nîmoise et surtout sa volontéd’annexer rapidement cet ancien lieu de culte indigène. Le program-me de constructions fut cependant sans aucun doute progressif et ila pu s’étaler, selon les auteurs, sur un quart de siècle à un siècle,voire davantage.

Le bassin de la source

L’emprise totale du bassin, à compter de sa construction, couvreenviron 46 m de long pour 26 m de large (fig. 94, pt A). Au sud, il estlimité par deux exèdres (C et C’), larges d’environ 7,90 m, dotées de 4marches d’une hauteur totale de 2,35 m. En 1991, suite au pompagede la source, A. Veyrac et J.-M. Pène ont pu observer une série depieux soutenant les fondations des ces deux exèdres. Si la premièreligne appartient aux réfections liées aux travaux du XVIIIe s., lespieux situés à l’arrière sont par contre incontestablement antiques etmontrent la nature instable du terrain initial. Les analyses conduitespar F. Guibal ont permis de montrer que l’ensemble des pieux étaientissus de chênes à feuillage caduc. Deux d’entre eux ont pu être datés,par dendrochronologie, des environs de 285 ap. J.-C., mais sur la basede référentiels nordiques, faute d’une chronologie des chênes médi-terranéens (Veyrac, Pène 1994-1995 : 129-132).

Cette datation correspond sans aucun doute à une réfection tardi-ve. En effet, la construction des exèdres est précisément datée grâce àdeux inscriptions lapidaires identiques dont la forme curvilignemontre clairement qu’elles y étaient insérées. A. Veyrac et J.-M. Pèneont récemment repris le dossier de la position exacte de ces inscrip-tions, datées de 25 av. J.-C. (cf. supra). Ils proposent de les situer à labase des hémicycles où elles restaient ainsi immergées durant lamajeure partie de l’année. Ils ne voient guère d’inconvénients à cettedisposition, qui pourrait paraître curieuse pour deux textes à caractè-re honorifique, destinés avant tout à être lus. En effet, ils supposentque, très vraisemblablement, les exèdres n’étaient accessibles qu’auxofficiants du culte. Les inscriptions ne pouvaient donc être vues quedepuis le nord, la limpidité de l’eau ne constituant pas un obstacle àleur lecture (Veyrac, Pène 1994-1995 : 158-159).

Le caractère très hydromorphe des sédiments dans lesquels lespieux ont été implantés montre bien que les abords sud de la source,avant son aménagement construit, devaient être marécageux. C’estégalement pour lutter contre cette forte contrainte naturelle que futsans doute édifié le barrage situé 17,55 m plus au sud (fig. 94, pt G)(Veyrac, Pène 1994-1995 : 129).

De l’ouest au nord-est, le bassin est cerné par le rocher contre

lequel s’appuie un mur en pierre de taille d’épaisseur variable (fig. 94,pt B). Au nord-est, ce mur était contrebuté par deux contreforts mas-sifs (fig. 94, pts B’ et B’’) entre lesquels un escalier de 12 marches per-mettait d’accéder au plan d’eau. A. Veyrac et J.-M. Pène ont proposé,à juste titre, de restituer en arrière de ce bâti un drain lié à la récupé-ration des eaux de ruissellement issues des pentes (Veyrac, Pène1994-1995 : 126-127).

Guidées par ces contreforts, les eaux de la source s’engageaientensuite en direction du sud et, donc, du «nymphée». Elles passaient làsous un petit pont à trois arches et à deux piles, puis se heurtaient àune digue constituée de deux gros blocs que l’eau pouvait submerger(fig. 94, pt V). En temps normal, les eaux passaient cependant pardeux ouvertures percées dans la paroi. De part et d’autre du pont,enfin, deux autres escaliers permettaient de descendre au niveau del’eau dans le «nymphée» (fig. 94, pts O et O’) ; leur faible largeur lesapparente à des escaliers de service.

L’édifice de plan carré

A proximité immédiate de l’exèdre situé le plus à l’est, un massifconstruit en pierres de taille a été associé à la découverte de frag-ments de colonnes et de chapiteaux (fig. 94, pt D). Mesurant 13,65 mde côté, cette plate forme a été récemment assimilée, par P. Gros, à labase d’un groupe statuaire ou d’un autel au dieu Nemausus, élémentcentral qui pouvait être entouré d’une colonnade.

Le «nymphée»

C’est là le cœur du sanctuaire. Il occupe une surface totale de35,30 x 30 m, et comprend une plate-forme de 16,50 x 20,15 m pourune hauteur de 2,60 m (fig. 94, pt M), entourée d’un portique semi-enterré (fig. 94, pt N). La plate-forme était accessible par l’intermé-diaire de deux passerelles situées à l’ouest et au sud et supportées pardes colonnes. Les murs sont construits en grand appareil couronnépar une frise à rinceaux. Aux quatre angles de la terrasse supérieure,quatre colonnes libres sont surmontées de chapiteaux aménagés pourrecevoir des statues ou des offrandes (sur leur rôle symbolique, voirJanon 1991 : 764-766). Alors que la frise de la plate-forme, sans douteréalisée par une équipe d’origine orientale, doit être attribuée à ladeuxième décennie av. J.-C., les colonnes libres, elles, sont plus pro-bablement du début de la dernière décennie av. J.-C. et ont été réali-sées par une équipe attentive aux nouvelles directives venues deRome.

Au centre « de cette aire solennisée et sacralisée », un massifcarré décoré de marbre de placage supportait probablement un autelà Rome et Auguste pour P. Gros, ou, peut-être dans un premiertemps, un monument lié à la Victoire pour U.-W. Gans (fig. 94, pt L).Sur trois côtés, la plate-forme est entourée par un portique placé encontrebas, dont le mur de fond alterne des exèdres semi-circulaires etrectangulaires.

Une étude d’A. Veyrac et de J.-M. Pène a montré que les mursintérieurs de ce portique semi-enterré n’avaient pu être animés pardes fontaines, comme le proposait P. Gros et avant lui d’autresauteurs (Gros 1984 : 127). En effet, la prise d’eau dans la source estétablie au niveau du fond des portiques et ne peut donc alimenter desfontaines murales (Veyrac, Pène 1994-1995 : 160). Cette hypothèseétant exclue, A. Veyrac et J.-M. Pène reviennent sur le terme de «nym-phée» couramment utilisé pour désigner le socle de l’autel impérial etles portiques l’entourant et considèrent qu’il n’a plus lieu d’être (Vey-

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Fig. 94. Plan de détail des abords de la source de la Fontaine(J.-M. Pène del., d’après Naumann 1937 et Veyrac, Pène 1994-1995).

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rac, Pène 1994-1995 : 161). A cette définition — dont la traductionn’est d’ailleurs pas des plus simple (Gros 1996 : 418-419) —, attribuéepar Naumann (1937) sur la base de nombreuses inscriptions dédiéesaux nymphes découvertes alentours, et retenue par P. Gros (1984 :127), on préférera désormais celle, plus conforme à la réalité, delacus au sens de bassin pour recueillir des eaux (Gros 1996 : 418).

Enfin, quatre exutoires (fig. 94, pt P) situés au sud permettaientl’évacuation des eaux en direction d’un bassin (fig. 94, pt Q).

L’édifice sud et la sortie des eaux vers le sud-est

Le bassin d’évacuation (fig. 94, pt Q) récupérait probablement laplus grande partie des eaux de la source. Contre son bord septentrio-nal, et au centre de la galerie méridionale de la porticus triplex, unesérie de piliers (1,21 m2) couvre une surface carrée de 13,25 m decôté. Assimilé au support d’un temple par Naumann (1937), cetensemble a été prudemment interprété par P. Gros comme un accèsmonumentalisé au sanctuaire (propylées). Celui-ci aurait eu la formed’un large vestibule à colonne donnant accès à un porche monumen-tal solennisant le portique limitrophe. L’élévation du porche d’entréecomprendrait six ou huit colonnes de 9,10 m de haut supportant unfronton avec inscription. Les éléments architectoniques qui lui sontrattachés assignent cet édifice à la période trajano-hadrianique, maisson existence, dès l’époque augustéenne, est fort probable. Les élé-ments du début du IIe s. seraient l’expression d’une réfection que P.Gros propose, par ailleurs, d’assimiler à la basilique dont Spartiennous rapporte qu’elle fut bâtie à Nîmes par l’empereur Hadrien à lamémoire de Plotine (Gros 1983).

M. Janon ajoute qu’un fragment d’inscription découvert auxabords, portant des lettres de plus de 30 cm de haut (MP.), pourraitétayer l’hypothèse de propylées établis dès l’époque augustéenne,mais il suggère de rechercher ailleurs dans le sanctuaire la basiliquede Plotine (Janon 1991 : 760-761). U.-W. Gans préfère quant à luiconserver l’hypothèse d’un temple et situerait plus volontiers les pro-pylées sur le portique oriental, en direction du centre ville (Gans1990 : 124). Il apparaît difficile en l’état de la documentation de favo-riser l’une ou l’autre de ces propositions.

Ajoutons que les plans anciens (Naumann 1937) montrent, immé-diatement à l’est des piles qui marquent, d’après P. Gros, l’emplace-ment d’une entrée monumentale, une autre série de piles égalementsituée dans le système d’évacuation des eaux (Ménard 1758 : 94). Cespiles, de taille plus réduites que les précédentes, s’inscrivent dans unrectangle d’environ 2 m sur 14 m et ont pu supporter une doublecolonnade.

La porticus triplex

Les vestiges du portique à trois branches et à deux nefs, enserrantle sanctuaire sur ses côtés ouest, sud et est, ont été observés à plu-sieurs occasions entre 1830 et 1995 (fig. 93, 94). Ouvert au Nord, endirection de la colline, le portique assure la liaison entre un théâtreau nord-est et le temple de Diane à l’ouest, tout en enserrant le «nym-phée».

La branche orientale s’interrompt bien avant le théâtre, consti-tuant ainsi l’exact symétrique de l’aile occidentale (cf. CAG 130 :Fiches dir., Veyrac dir. 1996). Il n’est pas impossible cependantqu’une nef ait été prolongée jusqu’à l’édifice de spectacle (Gros1990b : 384-385). Les quelques colonnes qui ont pu y être repérées

définissent apparemment un entraxe moyen de 6,10 m. La galerieoccidentale, mieux dégagée par A. Pelet, a montré une série decolonnes distantes de 6 m, entre lesquelles des piédestaux suppor-taient des statues. Entre la limite ouest de ce portique et la façade dutemple de Diane, plusieurs aménagements hydrauliques ont égale-ment été reconnus. L’aile méridionale, quand à elle, n’est déduite quede la position du mur de limite nord du bassin d’évacuation Q et de ladernière colonne de la branche ouest (Naumann 1937 : 170 ; Gros1983 : n. 2).

Ce type de porticus triplex en Pi, ou plus souvent curviligne, appa-raît comme une constante dans les sanctuaires de source, maisl’exemple nîmois en constitue le plus ancien puisqu’il participe,d’après P. Gros, du projet augustéen (Gros 1996 : 440-441). U.-W.Gans lui attribue cependant une datation plus tardive — dernierquart du Ier s. ap. J.-C. — (Gans 1990). Enfin, P. Gros toujours a pro-posé d’assimiler la branche méridionale de la porticus au Xyste, prisici au sens vitruvien de portique (Gros 1984 : 132), dont une inscrip-tion nous apprend qu’il fut donné à Nîmes par C. Caesar (C.I.L., XII,3155). Cette proposition ne fait cependant pas l’unanimité et M.Christol proposait récemment de placer ce monument ailleurs (Chris-tol 1994).

Dans le périmètre circonscrit par la porticus triplex, et aux abordsimmédiats de la source et du lacus, plusieurs mosaïques, mal locali-sées, ont été découvertes aux XVIIIe et XIXe s. Leur interprétationreste à ce jour difficile, mais une au moins mesurait 4,822 m (sic) x24 m et pourrait avoir recouvert le sol d’une galerie (Fiches dir., Vey-rac dir. 1996 : CAG 129).

Le pseudo-temple de Diane

Ce vaste édifice en grand appareil, auquel on accédait depuis l’est,se compose d’une façade monumentale au-delà de laquelle s’ouvreune salle voûtée de 14,48 x 9,46 m (fig. 93). Au-dessus de celle-ci, ilconvient de restituer un étage ou, tout au moins, une terrasse. De partet d’autre, deux escaliers couverts permettaient l’accès à des espacesmitoyens et placés à l’étage. L. Ménard rapporte que le sol de l’édificeétait pavé de mosaïque comme le montrait la mise au jour d’unechape de ciment, typique d’un support d’opus tesselatum, lors desdéblaiements effectués en 1745 (Ménard 1758 : 68). Le sol visible àl’heure actuelle est un épais revêtement de béton de tuileau apparem-ment antique, à la surface duquel on distingue les traces d’accrochagede dalles quadrangulaires. Cette observation tend à restituer, pourl’Antiquité, un sol dallé (marbre ?) plutôt que mosaïqué.

Les fouilles menées par A. Pelet (1832b ; 1854 ; 1854-1855a ;1854-1855b ; 1863b) ou M. Gouron (1946) aux abords de la salle cul-tuelle ont permis le dégagement de nombreux vestiges, dont le réexa-men et le relevé précis restent à réaliser (fig. 95). Plusieurs portionsde maisons privées, qu’il convient de rapprocher de celles reconnuessur le site voisin de Villa Roma, ont ainsi été mises au jour. Une par-tie d’entre elles a d’ailleurs été détruite lors de la construction dumonument comme l’indique un lambeau de sol en terrazzo décoré,conservé à l’arrière (Naumann 1937 : 13).

Ces mêmes fouilles montrent que le pseudo-temple de Diane ne seréduit pas à sa seule cella voûtée, limitée par deux galeries latérales,mais que son plan se développe largement dans toutes les directions.Au nord et au sud, le temple est accosté de deux vastes salles qua-drangulaires. A l’ouest, les nombreux vides de constructions et lesmurs qui limitent des conduits ayant servi à l’évacuation des eaux deruissellement, ont dû également supporter une terrasse artificielle sur

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laquelle d’autres pièces ont pu s’établir. Enfin, à l’est et au contact duportique, A. Pelet a dégagé un grand nombre de vestiges — emmar-chement, égouts, bassins, etc.… — qui participent des abords immé-diats de l’édifice.

Si tout le monde s’accorde désormais pour voir dans le pseudo-temple de Diane une construction augustéenne (Hesberg 1981-1982 ;Gros 1984), à l’encontre de R. Naumann qui en faisait un ouvrage tra-jano-hadrianique, la datation de la réfection de sa façade reste encoreobscure : peut-être le dernier quart du Ier s. ap. J.-C., d’après U.-W.Gans, en liaison avec l’aménagement des portiques (Gans 1990) ? Safonction n’est pas encore non plus très clairement établie. Le plan desa cella, et notamment la présence de niches dans les murs, évoquecelui d’une bibliothèque (Callmer 1944), mais qui a pu égalementjouer un rôle de salle cultuelle. La dualité cultuelle et culturelle de cetype d’édifice n’a en effet rien d’étonnant au Haut-Empire (Gros1984 ; Gros 1996 : 370-373). P. Gros notait cependant il y a peu que lapossible présence d’une fontaine à l’intérieur de la salle (Naumann

1937 ; illustration de A. Simil dans Darde, Lassalle 1993 : 37), n’étaitpas forcément compatible avec le stockage des ouvrages (Gros 1996:371).

Le théâtre

Il est situé au nord-est du sanctuaire, sur le flanc de la colline(Bauquier 1945b) (fig. 92, 93). Il était peut-être longé à l’est par la nefla plus occidentale de la porticus triplex, « le front de scène devant seconfondre avec la façade de ce portique vers l’area » (Gros 1990b :384-385), mais rien à ce jour ne l’atteste formellement.

Partiellement dégagé au XVIIIe s., en 1854 puis en 1944, etaujourd’hui enfoui, pour l’essentiel, sous une pente gazonnée, cethéâtre reste fort mal connu. Seuls neuf de ces gradins ont été repéréssur une hauteur totale de 5 m. Chaque gradin mesurait 34 cm dehaut, sauf le plus bas, haut de 25 cm, qui bordait le mur de l’orchestredont le rayon mesurait environ 12 m. Au moins quatre cunei en

Fig. 95. Relevé des fouilles menées au XIXe s. autour du temple de Diane par A. Pelet et E. Pothier (Pothier 1888 : pl. I).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE120

auraient été reconnus (Pelet 1855). M. Louis, seul auteur à avoir tenté une res-

titution, s’est fondé sur les indications laisséespar A. Pelet et la maquette qu’il en avait dres-sée (Louis 1947) (fig. 96). Il note d’abord qu’aunord, la cavea atteint le demi-cercle — elles’appuie contre les bâtiments de scène —, tan-dis qu’au sud elle le dépasse, et il propose doncd’y voir un «théâtre grec». La dissymétriecurieuse des deux extrémités de la cavea quecette restitution engendre paraît peu cohéren-te, d’autant plus qu’un examen récent de lamaquette d’A. Pelet, conservée au Muséearchéologique, ne laisse rien apparaître de tel.

Moins sujette à caution est la dimensionconnue de l’orchestre, de l’ordre de 12 m derayon (Pelet 1855). De ce chiffre et de compa-raisons avec d’autres théâtres de Gaule, des-quels il ressort qu’un rapport moyen, comprisentre 3,3 et 4, existe entre les dimensions del’orchestre et celles de la cavea, M. Louis pro-pose un théâtre disposant d’une cavea d’aumoins 85 m d’ouverture et d’une scène de 50 mde long. Les bases de ce calcul sont, il faut bienle reconnaître, peu rigoureuses, mais leurrésultat trouve un appui par ailleurs. La distan-ce mesurée entre le centre du théâtre — maisla position de celui-ci sur les plans anciens est-elle bien assurée ? — et l’interruption attestée au nord de la galerieorientale, contre laquelle vient s’appuyer la cavea, est en effet del’ordre de 42 m : rayon moyen compatible avec les propositions de M.Louis.

D’autres questions portent sur sa fonction ou sa datation. S’agis-sait-il là du théâtre principal de Nîmes, auquel se rapporterait l’ins-cription de ce riche affranchi qui a « fait installer à ses frais dans lethéâtre de nouveaux voiles avec leur appareillage » (Christol 1992 ;Barruol, Gascou 1982 : 285-290 ; Gros 1990b) ? Est-il augustéen ouflavien, selon la date qu’on accorde à la porticus triplex à laquelle il estsans doute étroitement lié ?

Les aménagements hydrauliques

Les aménagements hydrauliques souterrains sont particulière-ment nombreux dans l’Augusteum, mais seule l’une des canalisationsa fait l’objet d’un réexamen récent. Celle-ci, dite canalisation souter-raine ouest, a été étudiée par A. Veyrac et J.-M. Pène (1994-1995), enprofitant d’une mise hors-d’eau de la vasque de la Fontaine.

Au contact de l’hémicycle occidental, une première prise d’eau(49,55 m NGF), repérée dès le XVIIIe s., était matérialisée par untuyau de plomb long de 11,70 m et de 0,40 m de diamètre (fig. 94, ptF). Une seconde doit être désormais reconnue immédiatement àl’ouest. Il s’agit d’une canalisation maçonnée qui devait permettrel’évacuation des eaux en cas de trop plein (fig. 94, pt E).

Trop plein et tuyau de plomb se dirigeaient vers le sud-est endirection d’une longue canalisation. Auparavant, ils traversaient unechambre cylindrique servant à la décantation et à la régulation dudébit des eaux, puis une chambre polygonale à cuvelage de bois. Lemur sud de celle-ci permettait le passage du trop-plein d’eau maisétait également percé de trois orifices (deux de 0,43 m de diamètre et

un de 0,16 m). Les deux premiers participaient à la régulation de l’eautandis que le troisième livrait passage à un tuyau de plomb qui pour-suivait son cheminement vers le sud-est. Les eaux issues de lachambre polygonale se déversaient ensuite dans un espace de réparti-tion, d’où partaient probablement deux tuyaux de plomb en directiondu nymphée, suivant le tracé de deux autres galeries (fig. 94, pts H etK). De cet espace de répartition démarrait également une longuecanalisation filant en direction du bassin d’évacuation de la source(fig. 94, pt Q). Les murs de cette dernière, large d’1,17 m et haute de2,50 à 3,20 m, était liés à l’origine à 36 blocs monolithes qui ont étéconsidérés par L. Ménard comme les supports de tuyaux en plomb. A.Veyrac et J.-M. Pène y voient plutôt, à juste titre, des entretoises desti-nées à renforcer les parements du canal.

Douze de ces entretoises, situées en aval du canal et plus hautesque celles placées en amont, ont été volontairement détruites à unmoment donné. Les auteurs proposent d’associer cette destruction àla nécessité de faire passer le tuyau de plomb de 0,16 m de diamètrepartant de la chambre polygonale. Ils interprétent ce dernier, qui sortà l’extérieur à la cote 49,67 m NGF, comme une alimentation en eaude la ville antique, susceptible d’alimenter plusieurs établissements.Bien que n’excluant pas la possibilité d’une mise en œuvre tardive, ilspréfèrent envisager de dater cette réalisation de la première moitié duIer s. ap. J.-C., antérieurement à la construction de l’aqueduc deNîmes. Les altitudes NGF précises que les fouilleurs ont relevé plai-dent effectivement en faveur de cette hypothèse, qui paraît cependantcritiquable à deux titres. D’une part la section du tuyau semble bienréduite pour qu’on lui accorde une importance aussi grande. Pour neciter qu’un exemple qui va dans ce sens, on remarquera que lestuyaux de répartition situés au sortir du castellum ont un diamètremoyen d’environ 0,25 m et que l’étude des fragments de concrétionsdécouverts dans la galerie technique des Villégiales [61], destinée à

Fig. 96. Maquette en liège du théâtre de l’Augusteum réalisée par A. Pelet (Cliché musée archéologique de Nîmes).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 121

acheminer les eaux vers la ville, donnent des sections comprises entre0,23 et 0,30 m (Veyrac à paraître). On ne peut cependant exclure qued’autres captages soient venus compléter le premier. Les archives quifont état de querelles entre la ville et l’ordre des Cordeliers, à proposde la récupération et de la vente de tuyaux de plomb découverts prèsde la source, vont d’ailleurs dans ce sens (Blétry-Sébé, Veyrac 1991 :124 ; Fabre et al. 1994 : 68). D’autre part, la datation proposée n’estpas étayée archéologiquement et pourrait tout aussi bien être tardive,hypothèse que les auteurs n’excluent pas, mais rejettent aussitôt sansréelle argumentation. Quoi qu’il en soit, et d’un point de vue plusgénéral, il reste cependant fort probable que les eaux de la sourceaient alimenté quelques édifices publics, voire des maisons, avant laconstruction de l’aqueduc d’Uzès à Nîmes.

La canalisation à entretoises était en outre accessible par l’inter-médiaire de plusieurs regards et communiquait avec quelques canali-sations secondaires (fig. 94, pts T et J) ainsi qu’avec une canalisationaérienne, sans doute reliée à un réservoir proche (fig. 94, pt I).

Cette galerie n’a, de toute manière, jamais servi d’égout, l’eau quiy circulait était donc limpide et pure. Elle s’apparente à un canal defuite qui amenait l’eau non détournée vers le nymphée en directiondu bassin d’évacuation sud-est (fig. 94, pt Q). Ses dérivations vers lenymphée servaient non pas à alimenter d’hypothétiques fontainesagrémentant les côtés du portique semi-enterré du nymphée, maisplutôt à permettre, en cas de montées des eaux, d’ennoyer lenymphée : « Selon le système des vases communiquants, plan d’eau etcanalisations se comportaient ainsi comme une vaste chambred’immersion, ce qui supprimait toutes les pressions exercées sur leursparois » (Veyrac, Pène 1994-1995 : 161).

La Tour Magne

Cette tour monumentale de l’enceinte augustéenne, située ausommet du Mont Cavalier (110 m NGF), masque les vestiges d’unetour antérieure et de deux tronçons de courtine d’époque préromaine.Alors que P. Varène ne distinguait a priori dans ces constructionsqu’un état daté de la fin du IIIe s. av. J.-C. (Varène 1989 : 38-39 ;1993), M. Py y voit au moins deux phases distinctes, l’une du débutdu IVe s. et l’autre du IIIe ou du IIe s. (Py 1990 : 726-729 ; 1992 : 119-121). La construction monumentale qui s’y surimpose en conserve lesfonctions, propres à l’architecture militaire, de tour défensive, voirede tour à signaux ou de guet (Varène 1993 : 71-72). Elle exprime éga-lement la puissance de Rome tout en maintenant, en le rhabillant, unsymbole du passé (Février 1983a).

Mais au-delà de ces fonctions, sans qu’aucune d’ailleurs n’enexclue une autre, la Tour Magne a pu jouer le rôle d’un signal indi-quant l’emplacement de l’Augusteum (Gros 1984 : 133). Pour P. Varè-ne, non seulement cette hypothèse est probable, mais elle expliquel’une des particularités architecturales de la construction. Le soubas-sement de la tour est en effet lié à deux tronçons de courtine maiségalement, vers le sud et donc en direction du sanctuaire, à un accèsextérieur. Ce dernier se présente sous la forme d’un L inversé dont labranche la plus longue est composée par une série d’arcades de hau-teur croissante. Cette rampe, longue de plus de 44 m, permettaitd’accéder, depuis l’extérieur, au chemin de ronde et plus loin, peut-être, à l’escalier menant au sommet de la tour. Mais la monumentali-té même de cet accès, ainsi que sa conception peu logique s’il nes’agissait que de rejoindre le chemin de ronde, est surprenante et P.Varène propose de lui attribuer, avant tout, une fonction plastique.La rampe serait un lien direct entre l’Augusteum et la Tour Magne,

dont d’autres exemples de tours monumentales (Jérusalem, CaesareaMaritima) montrent qu’elle pouvait elle aussi être étroitement liée auculte impérial. Enfin, P. Varène souligne que le système Tour-rampea pu également jouer un rôle dans le cadre des cérémonies propresaux cultes (Varène 1987). M. Janon, reprenant cette idée, la dévelop-pe et propose que cet ensemble ait fait partie du « trajet procession-nel parcouru lors des fêtes de l’empereur », dont l’effigie pouvaitprendre place au sommet de la tour (Janon 1991 : 751).

Aménagement de la topographie

Le déficit en fouilles récentes est particulièrement ressenti dupoint de vue de la restitution des grandes phases de l’aménagementtopographique du site. Les travaux menés aux époques antérieures àAuguste sont ainsi très mal connus, sauf pour le portique de VillaRoma. On peut supposer que la mise en place de l’Augusteum n’a puque modifier assez considérablement le site antérieur. Les travauxqui s’y sont succédé durant au moins un quart de siècle ont été sûre-ment considérables : terrassements, remblaiements, assainissement,etc., sans qu’il soit possible, pour l’heure, de les évoquer précisément.

Insertion dans la trame urbaine

Le plan des structures urbaines réalisé par J. Benoit montraitdéjà clairement que les principaux monuments de l’Augusteum s’insé-raient dans le système rouge (NL-13° O) (Benoit 1981 : plan hors-texte). Dans le cadre de travaux récents, M. Fincker a relevé un cer-tain nombre de monuments par le biais d’un télémètre à ondes. Elle aainsi confirmé l’identité d’orientation entre la Maison Carrée et lesanctuaire de la Fontaine et précisé l’orientation du système rouge(NL-12° 55’ O) (Fincker 1994 : 190).

A cet « univers tiré au cordeau », il faut rattacher le bord méridio-nal de la source, l’édifice carré, le nymphée, les propylées, le portique,la salle cultuelle et le théâtre. Les seuls irrégularités admises sontcelles qui tiennent à la bordure nord et ouest de la source et à sonbassin d’évacuation (Janon 1991 : 761-763). La tour Magne elle-mêmen’échappe pas à cette orientation rigide. P. Varène note en effet que larampe monumentale s’inscrit « dans le même quadrillage que la por-ticus triplex qui structure le sanctuaire » (Varène 1987b : 95).

[59] La Fontaine des Bénédictins

A l’angle des rues des Bénédictins et Pasteur . Parcelle DT-538 (cadastre révisé pour 1981).Site n° 30.189.59. Coordonnées Lambert III : X = 762,100 ; Y =

3173,130.Altitude actuelle : 56,38 à 52,70 m.Fouille de sauvetage dirigée par P. Garmy (Musée archéologique),

en juillet-août 1981.Bibliographie : Barruol 1983 : 515 (Gallia) ; Darde et al. 1990d :

118-122 (catalogue Nîmes) ; Darmon 1990a : 123-128 (les mosaïquesdans catalogue Nîmes) ; Darde et al. 1985 : 47-59 (publication partiel-le) ; Sabrié 1985 (publication des enduits peints) ; CAG 139 ; Aman-dry à paraître ; Chazelles à paraître ; Darde et al. à paraître ; Darmonà paraître ; Fabre à paraître ; Garmy et al. à paraître ; Garmy, Monteilà paraître ; Jallot à paraître ; Manniez, Monteil à paraître ; Monteil àparaître b ; Potay à paraître ; Poupet à paraître ; Sabrié à paraître b ;Sauvage à paraître ; Veyrac à paraître.

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE122

Analyse des vestiges

Les parcelles sont situées au pied des pentessud-est du Mont-Cavalier, à 300 m à l’est de la sour-ce de la Fontaine et à 350 m au nord-ouest de laMaison Carrée. La fouille a été décidée en préalableà un programme immobilier («Fontaine des Béné-dictins») qui prévoyait des restaurations de bâti-ments existants, ainsi que la construction d’unimmeuble avec garages souterrains sur environ 550m2. La partie sud du terrain, au contact de la ruePasteur, a été irrémédiablement détruite par unevaste excavation récente (fossés liés aux fortifica-tions modernes dites de Rohan ?), qui n’a épargnéqu’un tronçon d’égout. La fouille s’est ainsi concen-trée sur une zone préservée d’environ 180 m2.

Les descriptions techniques et stratigraphiquespropres à ce site ont été en grande partie allégéesdans la mesure où elles sont largement abordéesdans une publication collective à paraître (Garmydir., Monteil dir. à paraître).

Les premières traces d’occupation

Les niveaux les plus profondément enfouisn’ont pu être atteints que dans trois sondages d’1m2 établis dans les pièces 1, 2 et 4 de la maisond’époque romaine ainsi que, plus largement dansles espaces 5, 6 et 7 (fig. 97). Partout, le sistre a puêtre reconnu à une altitude moyenne compriseentre 53 et 54 m NGF. Il était surmonté par unpaléosol très anthropisé.

C’est au sein de ce sol, mais en position rema-niée, que plusieurs éléments d’outillage lithiqueattestent d’une occupation, non autrement caracté-risée, durant la Préhistoire récente. La surface de cepaléosol incluait également de nombreux fragmentsde céramique (amphore de Marseille, céramiquegrise monochrome, pseudo-ionienne, attique, etc…), auxquels aucune construction n’a pu être ratta-chée. La quantité de céramiques recueillies, ainsique leur aspect non émoussé, vont cependant dansle sens d’une probable occupation bâtie, datée entrela fin du VIe et le début du IVe s. av. J.-C.

Après un probable hiatus chronologique (IVe-IIIe s. av. J.-C.), quedénote l’absence totale d’informations, quelques vestiges, très détruitspar le bâti d’époque romaine, traduisent une nouvelle occupation deslieux dans le courant des IIe-Ier s. av. J.-C. (campanienne A et C, céra-mique non tournée et à pâte calcaire, amphore massaliète et italique(fig. 97).

Un premier mur, en moellons calcaires irréguliers liés à la terre,est apparu dans la fouille de l’espace 5. Large de 0,40 m et reconnusur 2 m de long, il est en relation avec un remblai riche en cailloutis.Deux autres constructions ont été observées dans l’espace 7 : un murnord-sud, au contact de l’espace 6, et une cloison en terre large de0,38 m. Ils conservent, à leurs abords, des traces ténues de solsempierrés ou dallés. Un dernier mur est-ouest (espace 8), très épierré,vient compléter ce bref inventaire. Large de 0,50 m, il est pourvu d’unretour qui se place dans l’exact prolongement du mur situé au contact

des espaces 6 et 7.Ces traces d’habitat des IIe/Ier s. av. J.-C. sont difficiles à caracté-

riser davantage, mais ne semblent pas entretenir de rapports particu-liers avec l’habitat postérieur. Cette hypothèse est d’ailleurs étayéepar la date relativement tardive d’installation de la maison romaine(fin Ier/début IIe s. ap. J.-C.), ainsi que par l’absence de mobilier, qu’ilfaut cependant relativiser faute de lots importants, pour la périodecouvrant les dernières décennies du Ier s. av. J.-C. et l’essentiel du Iers. ap. J.-C. (hiatus ?).

Une maison urbaine

L’essentiel de la fouille a porté sur une partie de maison compre-nant six pièces, disposées sur deux ailes nord et ouest, et deux gale-ries, le tout agencé autour d’un espace ouvert équipé d’un bassin (fig.97, 98). Aucune limite de propriété n’a pu être mise en évidence, à

Rue des Bénédictins

Rue Pasteur

11, rue des Bénédictins (1966)

Puitségout N

0 10 20 m

54,41 m

62,40 m

60,80 m

56,38 m

53,47 m

52,70 m

égout

1 22 bis

4

3

5

6

6

7

8

0 5 mmurs Haut-Empire

murs préaugustéens

Fig. 97. La Fontaine des Bénédictins. Plan général des vestiges et détail des construc-tions préaugustéennes repérées par rapport aux espaces de la maison du Haut-

Empire (M. Monteil del., d’après un plan de P. Garmy et J. Pey).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 123

l’exception du mur de fond des espaces 1 et 2 qui, observé lors desterrassements de masse conduits après fouille, semblait marquer unelimite entre deux terrasses.

La pièce 2bis, située à l’extrémité est de l’aile nord et hors empri-se de la fouille n’a pu qu’être attestée, sans qu’il soit possible de l’ana-lyser précisément. La pièce 2 voisine est délimitée par le mur nordainsi que par deux murs à élévation en terre crue dont l’un, à l’est,portait deux couches successives d’enduits peints. Sans doute large-ment ouverte sur la galerie la longeant au sud, elle communiquaitaussi avec la pièce voisine 1, peut-être sur toute sa profondeur. Ellemesure 3,80 m de large pour 5,30 m de long, soit 20 m2. Son sol(54,58 m NGF) est composé d’un terrazzo-signinum blanc pourvu, enson centre, d’un panneau en tesselles, offrant un décor géométriqueavec dauphins dans les angles, et encadré de trois bandes de tessellesnoires et blanches dessinant un bandeau périphérique

La pièce 1 est limitée par des murs dont le plus occidental,construit à l’aide de matériaux divers liés à la chaux, était revêtud’enduit peint sur ses deux parements. Le mur sud, bâti en petitsmoellons réguliers, était également recouvert, côté pièce, par deuxcouches successives d’enduit. Il comporte un seuil monolithe témoi-gnant d’une porte large d’environ 1,30 m. De forme irrégulière, lapièce mesure 4,20 à 4,60 m de large pour 5,30 m de long, soit unesurface de 23 m2. Son sol (54,41 m) est marqué par une mosaïquenoire et blanche dont le tapis central (3 x 3,15 m) s’orne de décorsgéométriques et d’un panneau polychrome à scène mythologique(Léda séduite par Jupiter métamorphosé en cygne), traité en opusvermiculatum. Cette scène tourne le dos à l’entrée, ce qui va dans lesens d’une attribution à un triclinium, où le décor était avant toutconçu pour être vu des banqueteurs.

La pièce 3, très détruite, n’a pas été réellement fouillée, mais on apu y reconnaître, le long des murs est et sud, des enduits peints, ainsique les restes lacunaires d’un hérisson qui devait supporter un solconstruit.

La pièce 4, partiellement observée, couvre une surface supérieureà 13 m2, équipée d’un sol mosaïqué à décor géométrique (54,52 m).Trois de ses murs ont pu être relevés. Le mur nord, construit en petitappareil lié au mortier, présentait, côté sud, un enduit peint. Le murest, très épierré, était enduit du côté de la galerie. Quand au mur sud,ce sont ses deux parements qui étaient décorés de peintures. Le com-blement de cet espace a livré une très grande quantité d’enduitspeints (Sabrié 1985).

La pièce 5, très arasée, n’a livré que quelques vestiges ténus decouches liées à sa destruction.

Les espaces 6, 7 et 8 peuvent être réunis. Ils correspondent à unecour cernée, au nord et à l’ouest, par deux galeries. La présence decelles-ci est attestée par un sol en terrazzo très dégradé, dont leslimites ne sont pas précisément définies. Une probable fondation decolonne ou de pilier repérée dans la partie est de la fouille va dans lesens de la restitution d’une cour à portiques. L’espace ainsi défini estcomplété par les restes d’un bassin excentré, revêtu de mortierhydraulique et conservé sur 2,30 m de long. Son alimentation n’a puêtre reconnue mais son évacuation était conservée sous la forme dedeux petits égouts.

L’analyse globale montre que ces différents vestiges appartien-nent vraisemblablement à un programme architectural établi d’unseul tenant, qu’il est difficile de dater en l’absence de lots de mobiliersuffisamment abondants. On remarquera cependant, sans trop s’yattacher, que le radier du sol de la pièce 1 a livré un bord de sigilléedu Sud de la Gaule de forme Drag. 24/25, daté habituellement entre30 et 70 de notre ère. De plus, le sol en terrazzo des galeries a fourniun fragment de panse et un bord de sigillée claire A attribuables à laforme Hayes 14 ou 16, datées de la seconde moitié du IIe siècle denotre ère.

Ces quelques informations sont complétées, et parfois contre-dites, par les données stylistiques issues de l’analyse des pavements etdes enduits peints, que l’on peut récapituler rapidement (Sabrié 1985

Fig. 98. Vue partielle, prise de l’ouest, de la maison de la Fontaine des Bénédictins. A gauche, pièces 3, 1 et 2 ; au premier plan, pièce 4 et cour à portiques (Cliché J. Pey).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE124

et à paraître b ; Darmon 1990a et à paraître). Les mosaïques sontdatées par J.-P. Darmon comme suit : pièce 2 = antérieure au débutdu IIe s. ap. J.-C. ; pièce 1 = dernières décennies du IIe s. ou toutespremières du IIIe s. ; pièce 4 = courant IIe s. Pour lui, l’hypothèse laplus vraisemblable consiste à proposer deux états, l’un datable ducourant du Ier s. ap. J.-C. ou, au plus tard, du tout début du IIe s. (solde la pièce 2 et des galeries) et l’autre de la fin IIe/début IIIe s. ap. J.-C. (réfections des sols des pièces 1 et 4, entraînant la disparition desniveaux antérieurs). L’hypothèse où l’ensemble des sols serait installédans le même temps lui parait improbable, puisqu’elle entraîneraitl’utilisation simultanée de techniques décoratives archaïques et, aucontraire, innovantes. Si on l’admet tout de même, il faudrait placerla mise en place de l’ensemble vers le milieu du IIe s. Pour M. et R.Sabrié, les enduits de la pièce 2 bis sont datés de la fin Ier/début IIe s.et ceux de la pièce 4 indiquent, au travers de la diversité des frag-ments, plusieurs états successifs. Dans cette même pièce, une peintu-re représentant un félin serait à rattacher à l’époque d’Hadrien, anté-rieurement au milieu du IIe s. ap. J.-C.

L’ensemble de ces informations nous amène donc à supposerune installation de la maison vers la fin du Ier ou le début du IIe s.ap. J.-C., une partie de son décor étant renouvelé, en plusieursétapes, entre le milieu du IIe s et le début du IIIe s.

Par report symétrique des parties reconnues, on peut estimer quecette maison s’étendait sur un minimum de 500/600 m2 dont unecentaine attribuée à la cour. Les analyses respectives de M. et R.Sabrié et de J.-P. Darmon en livrent l’image d’une demeure assez cos-sue qui se distingue par le bel aspect de ses pavements et par larichesse iconographique de ses peintures murales. Non loin de là, aunord-est (11, rue des Bénédictins), V. Lassalle avait pu reconnaîtreplusieurs sols construits, un égout et une statue de femme à têteamovible (Lassalle 1990d, Garmy et al. à paraître ; Lassalle, Terrer àparaître) (fig. 97).

Les derniers temps de l’existence de la maison de «la Fontaine desBénédictins» n’ont livré que des vestiges malheureusement très boule-versés. Un foyer placé au contact de la mosaïque de la pièce 1, maisnoyé dans les niveaux de démolition de la maison, a livré une panse devase en sigillée claire B, typique du courant du IVe s. ap. J.-C. Protégépar trois petits murets, ce foyer traduit une occupation tardive dont lanature, faute d’autres éléments, est difficile à déterminer mais quis’implante à un moment où l’abandon de la maison est déjà avéré, dumoins dans sa forme initiale. On n’est sans doute pas loin de la déser-tion définitive du site, que peut également indiquer une monnaie de337-341 ap. J.-C. Plus tard, dans le courant des X-XIe s., plusieursfosses liées à une très probable aire d’ensilage perforent les vestigesd’époque romaine depuis longtemps détruits et traduisent de nouvellesformes d’occupation du sol (Manniez, Monteil à paraître).

Aménagements de la topographie

A la Fontaine des Bénédictins, la partie d’habitat du Haut-Empi-re reconnue s’installe sur une terrasse de bas de pente où le sistreapparaît à une altitude à peu près constante, autour de 53/54 m NGF.Cette terrasse est encore très visible dans la topographie actuelle etn’a guère due être transformée par les constructeurs des IIe/Ier s. av.J.-C. ou par ceux du Haut-Empire.

Insertion dans la trame urbaine

Les vestiges de la Fontaine des Bénédictins ont été relevés authéodolite avec métrage manuel et rattachés au parcellaire environ-

nant. Leur report initial a été fait sur des fonds de plan au 1/100e ouau 1/200e, fournis par les aménageurs, mais rattachés à des systèmesde coordonnées indépendants du système Lambert. Leur positionne-ment par rapport au quadrillage Lambert n’a donc pu être réalisé quepar le biais d’un jeu de réductions et de superpositions des limitesparcellaires. Les orientations doivent donc toutes être considérées àplus ou moins 2° près.

La parcelle fouillée s’insère dans la structure rouge (NL-13° W),la plus présente dans le parcellaire urbain actuel, qui s’étend sur lebas des pentes du mont Cavalier mais ne dépasse que très peu lacourbe de niveau des 65 m (Benoit 1981 : 79).

Sur les cinq murs des IIe/Ier s. av. J.-C. reconnus, quatre suiventune orientation comparable à celle du bâti du Haut-Empire alorsqu’un seul est nettement divergent (espace 5). Aucun, par contre,n’est repris dans le plan de la maison romaine. Les murs de cette der-nière suivent une orientation moyenne NL-16°30’ O.

[60] Les Hespérides

On accède au site par la rue des Bénédictins prolongée, vers lenord-ouest, par un passage du même nom. Parcelles DT-228, 229,230 et 231 (cadastre révisé pour 1981).

Site n° 30.189.73. Coordonnées Lambert III centrales : X =762,050 ; Y = 3173,280.Altitude actuelle : 70 à 60 m NGF.

Fouille de sauvetage dirigée par M. Célié (AFAN), du 1er juilletau 13 septembre 1986.

Bibliographie : Nickels 1987-1988 : 236 (Gallia) ; Célié 1990a :129-131 (catalogue Nîmes) ; CAG 111 ; Amandry à paraître ; Célié,Monteil à paraître ; Chazelles à paraître ; Fabre à paraître ; Garmy etal. à paraître ; Garmy, Monteil à paraître ; Hervé à paraître ; Man-niez, Monteil à paraître ; Monteil à paraître a ; Monteil à paraître b ;Potay à paraître ; Poupet à paraître ; Sabrié à paraître b ; Sauvage àparaître ; Veyrac à paraître.

Analyse des vestiges

La parcelle fouillée est située sur les pentes sud-est du MontCavalier, à 300 m à l’est de la source de la Fontaine et à 500 m aunord-nord-ouest de la Maison Carrée. L’intervention a été déclenchéeen préalable à la réalisation d’un projet immobilier comprenant laconstruction, après terrassement de masse, de trois bâtiments surune emprise au sol de 1100 m2. Conditionnée par des délais trèscourts, la fouille n’a porté que sur une surface d’environ 400 m2,située dans la moitié nord du projet. La partie sud du terrain, peutouchée par les terrassements de masse et occupant l’emplacementde bâtiments modernes dotés de caves, a volontairement été délais-sée. Toutefois, à l’issue des terrassements définitifs, quelques obser-vations et relevés complémentaires ont pu être réalisés dans ce sec-teur (espace 15).

Le texte qui suit reprend l’essentiel de l’article récemment consa-cré au site, allégé des descriptions stratigraphiques et chronolo-giques, mais abondé des éléments complémentaires de l’étude collec-tive menée, de manière plus large, sur le quartier (Célié, Monteil àparaître ; Garmy dir., Monteil dir. à paraître).

Occupations et topographie antérieures au Haut-Empire

Faute de temps, les niveaux antérieurs à la mise en place des rues etde l’habitat d’époque romaine n’ont été que rarement atteints (fig. 99).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 125

En fait, ils n’ont été observés, en tout et pour tout, que sur une surfa-ce d’environ 10 m2, divisée en sondages dispersés sur le site. L’absen-ce de vision extensive rend donc difficile toute restitution complète del’histoire ancienne du site.

Le substrat est caractérisé par les roches calcaires du Hauteriviensupérieur et, vers le bas, par le sistre. Il a pu être coté à 66,13 m NGFsous la rue pavée est-ouest VO22, à 64,43 m dans les espaces 10 et 14,entre 62,75 m et 62,30 m dans l’espace 15. Le paléosol qui le recouvre,conservé sur 5 à 50 cm d’épaisseur, est caractérisé par un sédimentargileux brun.

En raison même de l’observation lacunaire des niveaux profonds,il est difficile de proposer une restitution de la micro-topographie ori-ginelle et de ses transformations éventuelles à l’époque préromaine(par exemple sous forme de mise en terrasses). Les quelques raresobservations réalisées, complétées par la topographie d’époqueromaine, semblent cependant montrer que le substrat et le paléosolqui le recouvre présentent un fort pendage nord-sud dans la moitiéest de la zone fouillée. La moitié ouest semble plutôt correspondre àun replat affecté d’une pente nord-sud de moindre amplitude. En fait,le site s’insère dans un petit vallon, dont les limites est et ouest sontencore matérialisées de nos jours par un pierrier et une limite de par-celle. Ce petit vallon suit une pente de 7 à 18 % environ, brisée parplusieurs terrasses successives (entre 66 et 62 m). L’occupation préro-

maine qui s’installe sur ce profil topographique semble le respecter,même s’il est probable que les terrasses naturelles ont alors été enpartie rectifiées.

Le paléosol reconnu sur le site est anthropisé dès la fin du VIe s.ou la première moitié du Ve s. av. J.-C., comme en témoignent denombreux tessons de céramique grise monochrome, de céramiquenon tournée et d’amphore massaliète. Ces premières traces d’occupa-tion sont associées à un habitat dont l’étendue et la densité sontimpossibles à déterminer. Ce dernier n’a en effet été perçu que dansl’espace 9, aux abords d’une cloison d’époque romaine. Là, associées àun sol de terre battue, trois plaques-foyers quadrangulaires (0,50 à0,60 m2) ont été relevées à 65,22 m (fig. 100). Deux d’entre elles repo-saient sur un radier de tessons et étaient décorées d’un encadrementde deux ou trois incisions linéaires et de motifs en M imbriqués dansles angles. Elles viennent s’ajouter aux quelques rares cas anciensreconnus en place dans la région nîmoise (Py 1990 : 786-793), et auxnombreux exemples récemment publiés pour le site de Lattes (Roux,Raux 1996). Au-dessus des plaques-foyer, trois remblais successifsclôturent la séquence préromaine à une altitude de 65,46 m.

Après un hiatus probable, ou une occupation de faible ampleurn’ayant livré que peu de vestiges mobiliers, les lieux ne paraissentréinvestis qu’au début du IIe s. av. J.-C. C’est du moins ce donttémoigne le comblement d’une unique fosse (campanienne A, céra-

Rue des Bénédictins

0 10 20 m

N

67,56 m

65,81 m

65,83 m

65,33 m

64,88 m

64,01 m

64,15 m

63,55 m

66,28 m

62,40 m

60,80 m

Esp. 3

Esp. 4

Esp. 15

Esp. 7à 14

Esp. 5 et 6

VO

42

VO22

Fig. 99. Le site des Hespérides au Haut-Empire (M. Monteil del., d’après un plan de M. Célié et H. Pomarèdes).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE126

mique non tournée, amphores massaliète et italique). Les autres ves-tiges qui peuvent être rattachés aux IIe/Ier s. av. J.-C. sont particuliè-rement rares, faute de dégagement extensif : quelques remblais diffi-ciles à interpréter, un mur reconnu dans l’espace 4, un fond dedolium dans l’espace 11 et du mobilier résiduel. Ces éléments parais-sent bien démontrer une continuité de l’occupation des lieux jusquedans le premier tiers du Ier s. ap. J.-C. Leur rareté ainsi que l’absencede constructions associées ne doivent pas être surinterprétées. Il estseulement probable que, même si les formes de cette occupation ontpu être assez importantes, elles n’ont été en rien comparables auvaste mouvement d’urbanisation qui conduit à la mise en place derues et d’un habitat structuré autour des années 20/30 ap. J.-C.

L’occupation du Haut-Empire

Les données fournies par le mobilier archéologique, qui ne serontpas développées dans cette notice, indiquent que l’urbanisation dusecteur (rues et habitat) doit être située dans les années 20-30 ap. J.-C. Son évolution se poursuit jusqu’aux environs de 70/80 ap. J.-C.dans l’îlot ouest et jusque dans le premier quart du IIe s. ap. J.-C.dans les espaces 5 et 6 de l’îlot est. L’abandon définitif, amorcé plustôt dans l’îlot ouest que dans son symétrique, semble acquis dès lemilieu du IIe s. ap. J.-C. Par contre, le réseau de rues subsiste au delàde cette date pour ne disparaître que dans le dernier quart du IIe s.ap. J.-C. au plus tard.

• Les rues

La configuration générale du tracé des deux rues repérées suggè-re la restitution d’un croisement en forme de Y ouvert (fig. 99, 101).Construites suivant une technologie identique, avec des moellonsquadrangulaires, parfaitement agencés en assises régulières et posésde chant sur la largeur, ces deux rues sont établies à même lesniveaux préromains, en partie rectifiés et nivelés. Cette observationinterdit d’exclure qu’elles se superposent à un (ou à des) chemine-ment(s) antérieur(s).

La rue VO22, perpendiculaire aux courbes de niveau, a été obser-vée sur 5,80 m de long. D’orientation est-ouest, elle suit une pented’environ 9%. Elle est interrompue, à son point de raccord avec la rueVO42, vers l’ouest, par un vaste pierrier d’époque moderne. Il semblecependant certain qu’elle se poursuivait au-delà de cette zone. Sa per-pendiculaire, qui suit le sens de la pente (env. 7%) a pu être observéesur près de 55 m de long. Plusieurs traces d’ornières y sont bienvisibles mais celles marquant l’amorce du virage sont les plus remar-quables, sans doute en raison de la faible largeur de la chaussée est-ouest et de l’angle du virage à effectuer (environ 90°). Leur espace-ment (1,44 m à 1,45 m) est similaire à celui observé sur d’autres tron-çons.

La chaussée de la rue est-ouest mesure entre 2,50 et 3,10 m delarge. Côté nord, dans sa partie la mieux conservée, des dalles servanttout à la fois de couverture à des petits égouts, de trottoir et de pre-mier degré à de probables escaliers, non reconnus mais indispen-sables pour accéder à la terrasse supérieure. Il est probable qu’unbas-côté la longeait également au sud. La chaussée nord-sud couvreune emprise moyenne de 4,50 à 5,10 m. En partie haute du site, elleest accostée de deux trottoirs : celui placé à l’ouest atteint 2 à 2,10 m.Vers le bas du site, ces deux trottoirs disparaissent et la chaussées’étend jusqu’au contact des murs de façade riverains.

Le revêtement de pavés de la rue VO22 est légèrement inclinédans le sens de la pente, alors que celui de sa perpendiculaire (VO42)est incurvé dans sa partie médiane. Ces dispositions particulières ontpour but de drainer correctement les eaux pluviales, mais aussi leseaux usées issues des petits égouts liés à l’habitat : l’un d’eux traversel’espace 11 et se déverse sur les pavés dans une rigole volontairementaménagée à cet effet ; deux autres petits égouts jumelés venant de laterrasse haute (espace 3) sont réceptionnés par la rue VO22.

La mise en place des deux rues scinde la surface fouillée en troisîlots et s’accompagne d’un programme immobilier de constructionsprivées (fig. 95, 102, 103). Le bâti a pu être observé sur quatre zonesdistinctes, mais dans des conditions différentes. Ainsi, dans l’îlotnord, qui correspond par ailleurs à une terrasse haute, c’est un anciensondage clandestin qui a été nettoyé puis relevé sur une surfaced’environ 5 m2 (espace 3). Au sud-est, un vaste sondage de 32 m2, aconfirmé la présence d’habitations sur l’îlot est (espaces 5 et 6). Lesprincipales observations ont cependant été menées au sein de l’îlotouest, et plus précisément dans son angle nord-est, et ont couvertenviron 115 m2 (espaces 7 à 14). Au sein des espaces dégagés, l’exis-tence d’une rupture de pente assez nette, marquée par le murmitoyen des espaces 11, 12 et 7, 9, 10, laisse supposer l’existence dedeux maison accolées dont le développement vers l’ouest n’est pasconnu. Enfin, bien après l’opération, les terrassements de masse liésau projet immobilier ont permis le relevé des coupes de deux bermessituées dans la partie basse du site, au sud (espace 15).

• L’îlot nord

Sur une surface de 5 m2, un sol en béton de tuileau (67,56 mNGF) est partiellement encadré par deux étroits murs perpendicu-laires, larges de 0,20 m, dont ne subsiste que le solin composé depierres calcaires liées au mortier. Le mur occidental est en relationavec un seuil monolithe, pourvu de crapaudines, long d’1,60 m.

• L’îlot est

La pièce 5 mesure, d’est en ouest, 4,80 m pour une longueur

Fig. 100. Plaques-foyers décorées du courant du Ve s. av. J.-C.,découvertes dans l’espace 9 (Cliché H. Pomarèdes).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 127

minimale nord-sud de distance égale. Lestrois murs qui la cernent sont chaînés entreeux et mesurent entre 0,35 et 0,40 m delarge. Construits en petit appareil irrégulierde moellons, ils sont revêtus, sur leur pare-ment interne, d’un enduit de couleurblanche. Ils sont établis à même le sol natu-rel (63,44 m). En parallèle, un puissant rem-blai surélève l’intérieur de l’espace de près de0,60 m et supporte le seul sol de terre battuereconnu (64,01 m).

L’espace 6, quant à lui, flanque à l’ouestle précédent sans que ses limites soientautrement reconnues qu’au contact del’espace 5. Un sol de terre battue, précédéd’un remblai, a pu être relevé à une altitudede 64,19 m. La rapidité de fouille de ce sec-teur nous interdit objectivement d’en conclu-re à un seul état de fonctionnement. Il estpossible, par exemple, que d’autres sols aientpu exister sous le seul reconnu de l’espace 6.Le mobilier recueilli permet de situer l’évolu-tion de ce secteur entre les années 20-30 et lecourant du premier quart du IIe s. ap. J.-C.

• L’îlot ouest

Trois ensembles peuvent être distingués ici, qui correspondentprobablement à trois unités d’habitation. La première réunit lesespaces 11 à 14 et a été dégagée sur environ 90 m2, sa voisine au sud(espaces 7 à 10) sur 63 m2. Leur plan est compact et sans doute desurface assez limitée. Si l’on imagine un habitat occupant une parcel-le plus ou moins rectangulaire, avec une cour centrale bordée à l’estet à l’ouest par des pièces, il faut restituer des maisons qui devaientcouvrir tout au plus 200 m2. Rappelons que ces deux unités évoluententre 20/30 et le dernier quart du Ier s. ap. J.-C., et que la plupart desremaniements attestés dans cet intervalle ne sont en règle généralejamais mieux datés. Enfin, un troisième ensemble n’a été repéré qu’encoupes (espaces 15) mais se distingue nettement des deux précédentspar l’existence de plusieurs sols construits.

– Les espaces 11 à 14

La vaste pièce 14 occupe l’angle nord-ouest des deux rues. Obser-vée sur environ 24,60 m2, elle peut être restituée sur une surfacecomprise entre 28 et 30 m2, partagée, dans un second temps, en deuxsecteurs d’environ 15 m2 chacun. Dans le premier état, ses murs péri-métraux sont dépourvus d’enduits peints et enserrent un sol de terrebattue (65,40 m), perturbé par une fosse/foyer comblée par de nom-breuses scories. Le second état est caractérisé par la pose d’enduitsblancs et, sans doute, l’apparition d’une cloison médiane. Celle-ci,orientée est-ouest, est connue sur sa longueur totale, soit 2,50 m, ets’interrompt sur un piédroit qui ménage un passage de 2 m entre lesdeux parties de l’espace 14. Un nouveau sol de terre battue est alorsétabli à une altitude moyenne de 65,83 m. Le bon état de conserva-tion des murs qui bordent cette pièce — ils sont, en général, conser-vés plus haut que les sols leur correspondant — semble interdiretoute communication avec les espaces avoisinants, du moins sur lestronçons observés. Il faut donc restituer les accès dans les parties

nord ou ouest non dégagées. Enfin, la présence d’un escalier, de typeéchelle de meunier, dans l’espace 11, le long du mur mitoyen, pour-rait suggérer l’existence d’un étage.

L’espace 13 a été observé sur une très petite surface, en bordurede fouille. Il correspond à une nouvelle unité qui se développe directe-ment à l’ouest de la pièce 14 et n’est matérialisée que par un bourreleten béton de tuileau accolé au mur occidental. Ce dernier doit êtreinterprété comme une protection contre les écoulements des eaux desurface et suggère un espace ouvert.

L’espace 11 communique avec le précédent par l’intermédiaired’un passage ouvert large d’1,30 m. Il couvre une surface d’environ 17m2. Ses murs ne présentent aucune trace d’enduit, du moins sur leursfaces internes. Dans un premier temps, cet espace dispose d’un sol deterre battue (65,37 m) traversé par un petit égout. Ce dernier sembletrouver son origine au sein de l’espace 13 puis se déverse sur la rueVO42, en passant au travers du mur de façade. A la même époque, unpetit bâti quadrangulaire, d’interprétation difficile, est construit dansl’angle nord-est et est marqué par un fin niveau de sol en terre(réduit ?). Un deuxième état signe la mise en place d’un autre petitégout dont le point de départ, situé dans l’angle sud-ouest, évoqueune probable descente de toiture qui vient se jeter dans l’égout anté-rieur. Un nouveau sol de terre battue recouvre toute la surface à unealtitude moyenne de 65,60 m.

En parallèle, contre le mur nord, une nouvelle construction, for-mée de deux petits espaces rectangulaires contigus, prend place. Al’ouest, c’est un petit bassin de 0,5 m2 (cote fond : 65,68 m), dont lefond est constitué de tuiles plates liées au mortier et isolé des murspar un petit bourrelet de béton hydraulique, qui est construit. Il dis-pose d’une évacuation, dans l’angle sud-est, qui débouche directementdans le petit égout voisin. A côté, un réduit de même dimension estbordé de deux blocs monolithes. Les murs périmétraux de ce doubleespace ont, de plus, supporté un escalier à échelle de meunier, repo-sant sur les deux blocs ainsi que sur les murs 30 et 29. Cette hypothè-se repose également sur la possibilité d’un accès au droit des blocs,dans le mur de façade, et entraîne la restitution d’un étage au-dessus

Fig. 101. Le carrefour de rues pris de l’ouest (Cliché H. Pomarèdes).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE128

de l’espace 14 (Chazelles à paraître). Le bassin et le réduit connexe, peut-être placés en renfoncement

de cette cage d’escalier, la réception des eaux de ruissellement d’unetoiture (probablement celle qui recouvrait l’espace 10) ainsi quel’absence d’enduits peints nous amènent à interpréter cet espacecomme une cour accessible depuis la rue.

L’espace 12 est incomplétement dégagé et n’est caractérisé quepar ses murs de limite — peut-être deux états — et un sol de terre bat-tue coté à 65,63 m.

– Les espaces 7 à 11

Les espaces 7, 8 et 9 sont d’interprétation difficile en raisons demultiples perturbations liées à leur abandon. Ils n’ont, de plus, étéabordés qu’en fin d’opération et n’ont donc pu être réellement perçusque dans leur dernier état. Les niveaux profonds n’ont été appréhen-dés qu’au travers d’un sondage ponctuel de 1 m2, établi au pied dumur le plus méridional. Il semble cependant possible, malgré unefouille lacunaire, de restituer deux états successifs, le second ne sedifférenciant du premier que par l’adjonction de deux petits égoutsdans l’espace 7 et par la mise en place d’une construction indétermi-née dans l’espace 8.

L’espace 9 est partiellement subdivisé en deux par une cloison etcouvre environ 5,75 m2. Un accès avec l’espace 7, large de 0, 80 m,peut être restitué au sud comme le démontrent deux piédroits et lestraces d’arrachement d’un seuil. L’emprise de cet espace correspond àune zone où les niveaux protohistoriques sont conservés très hauts etoù aucun sol antique n’a pu être repéré. Les sols disparus doiventêtre, de toute façon, restitués à une altitude très supérieure à cellesdes sols des espaces 7 et 8, ce qui explique sans doute leur absence.

L’espace 8, situé en bord de fouille, n’a été que très ponctuelle-ment observé. Il est limité par des murs dépourvus d’enduits. A l’est,un seuil à glissière, dépourvu de crapaudines, assure une communi-cation avec l’espace 7 (cote : 65,53 m). Dans son dernier état, il estrecouvert par un sol de terre battue (65,46 m), sur lequel repose unbloc monolithe accolé à une dalle quadrangulaire. Ces éléments sontd’interprétation difficile (banquette, support d’élévation en matériauxpérissables...), mais suggèrent éventuellement une aire ouverte.

L’espace 7 comprend deux unités accolées et perpendiculaires,mais associées par un même traitement de sol. La première est trapé-zoïdale et mesure 3,75 m de long pour 3,20 m de large au sud et 2,70m de large au nord. Elle est limitée par des murs revêtus d’un enduitpeint de couleur rouge et correspond donc vraisemblablement à unepièce d’habitation. A un premier état, auquel correspond la base deces enduits peints, peut être associé un sol de terre battue (65,13 m).Un passage avec l’espace 10 voisin est attesté par un seuil large de1,10 m (65,23 m). Cette première unité communique largement avecune sorte de couloir nord-sud, long de 2,30 m et large d’1,10 m (espa-ce de rangement ?).

Dans un second état, sans changement de plan, deux égouts per-pendiculaires sont mis en place, ainsi qu’un nouveau sol de terre bat-tue (65,33 m). Celui orienté nord-sud semble intégré dans un bâtiquadrangulaire, long de 1,50 m pour 1,10 m de large et suggère l’exis-tence d’un point d’eau (évier ?).

La pièce 10 n’est connue qu’au travers de ses limites nord etouest, dont les parements sont recouverts d’enduit blanc et peut êtrerestituée sur environ 24,70 m2. Là encore, seul le dernier sol, directe-ment situé sous les premiers niveaux d’abandon, a pu être observé. Ils’agit d’un sol de terre battue (65,18 m).

67,56 m

NA

7

4

8

9 10

1112

1314

N

0 5 10 m

B

N

5

15

6

A

B

C

DE

VO42

64,01 m

64,19 m

63,75 m

63,55 m

64,15 m

0 1 5 mCaniveaux

Sols en béton de tuileau

C

0 1 2 m

Fig. 102. Plans, à échelles différentes, des portions de maisonsdu Haut-Empire. A = l’espace 3 ; B = les espaces 7 à 14 ;

C : les espaces 5, 6 et 15 (M. Monteil del.).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 129

– L’espace 15

Séparé de la rue par un mur de façadeque l’on peut restituer sur une longueur de 18m, cet espace se développe au sud sur unesurface de 80 m2 environ. Les relevés et lesobservations effectués sur les bermes livrentdes informations, certes très lacunaires, maisqui autorisent la restitution de cinq pièces, etpeut-être de deux unités d’habitat distinctes.

Les premiers niveaux d’occupation dis-cernables sont tous des sols de terre liés à desmurs construits à l’aide de moellons de cal-caire froid liés à la terre. Ils sont cotés à unealtitude variant, du nord vers le sud, de 63,36m à 62,45 m, suivant en cela le profil généraldu site. Ils se superposent à des niveaux deremblais divers, parfois très hétérogènes,mais dans tous les cas à des strates que l’onne saurait rattacher à des phases bien pré-cises. Aucune construction antérieure n’esttoutefois attestée sur ces séquences stratigra-phiques. Il semble donc que ces vestiges sontà rattacher à la première installation du début du Haut-Empire.Enfin, comme dans l’espace 11, un petit égout constitué de deux pare-ments en moellons de calcaire, d’une couverture et d’un fond dallé,provient de la pièce E pour se jeter non pas sur la rue, mais dans unpetit égout placé sous cette dernière. Après un exhaussement impor-tant lié à l’apport de remblais, les pièces C et D reçoivent deux sols enbéton de tuileau, cotés à 63,75 m et 63,55 m, et posés sur des héris-sons. Le même phénomène apparaît comme vraisemblable dans lecas de la pièce A, qui présente un sol en béton de tuileau à la cote64,15 m, mais pour laquelle on n’a pu mettre en évidence de sols plusanciens. Le mur limitant la pièce E subit lui aussi une réfection, mar-quée par une reprise très nette dans sa construction et l’utilisation dumortier. Ces éléments sont sûrement à mettre en relation avec undeuxième état.

Les dimensions de ces pièces restent inconnues dans leurensemble et seul le plan restitué permet de reconnaître les largeurssuivantes : 5,40 m pour la pièce A, 4,20 m pour la pièce C et 2,50 mpour la pièce D, qui pourrait ainsi prendre la forme d’un couloir oud’une galerie. Enfin, les deux murs accolés qui limitent les pièces B etC laissent présumer l’existence de deux unités d’habitation distinctes.

L’abandon progressif du site

Les rues sont lentement recouvertes par une série de niveauxréunis par les caractéristiques suivantes : sédiment argilo-sableuxjaune évoquant par sa texture un niveau d’adobes fondues incluant denombreux éléments de construction, tuiles, enduits peints — dont desplaques entières —, adobes — dont certaines complètes —, blocs etmoellons, céramiques, charbons de bois et tesselles de mosaïque. Cescouches paraissent indubitablement liées à l’abandon et à la destruc-tion lente de l’habitat voisin et témoignent de processus de récupéra-tion et d’effondrement. L’ensemble des informations apporté par lemobilier indique un abandon définitif du réseau viaire dans le cou-rant de la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C., au plus tard dans le der-nier quart du siècle.

Sur la zone d’habitat, mis à part les niveaux de surface fouillés

rapidement, plusieurs niveaux d’abandon caractéristiques ainsi quequelques fosses ont pu être observés. Il est probable que l’îlot ouest,du moins sa partie haute, est abandonné dès les années 70-90, maisl’exemple des espaces 5 et 6, situés dans l’îlot opposé et encore occu-pés jusque dans le courant de la première moitié du IIe s. ap. J.-C.,démontre bien que cet abandon n’affecte pas l’ensemble du site aumême moment. Cependant, l’ensemble de l’habitat fouillé peut êtreconsidéré comme définitivement déserté à partir du milieu du IIe s.ap. J.-C.

Les seules traces d’occupation postérieures relèvent de l’époquemoderne, où le secteur est partiellement occupé par plusieurs tombesde sujets protestants.

Aménagements de la topographie

L’habitat s’est installé à même un relief antérieur dont la natureexacte nous échappe partiellement. Il semble cependant que les amé-nagements n’aient pas été de très grande ampleur et que le souci prin-cipal, dès la Protohistoire sans doute, a été de s’adapter à la pente enla modifiant au minimum. Si les rues adoptent des pentes assez fortes,l’habitat s’installe à l’évidence sur une succession de terrasses dont lafouille n’a pas permis de déterminer la forme exacte et l’origine.

Insertion dans le parcellaire

Le site des Hespérides a été relevé au théodolite avec métragemanuel et rattaché au parcellaire environnant. Le report des vestigesa été fait sur un fond de plan au 1/100e, fourni par l’aménageur, etrattaché à un système de coordonnées indépendantes du systèmeLambert. Son insertion dans le quadrillage Lambert n’a donc pu êtreréalisée qu’après réduction et positionnement sur le cadastre au1/1000e. Les orientations doivent donc toutes être considérées à plusou moins 3° près.

Le site est localisé dans un espace vide de structures, mais estlimité au sud par le système rouge (Benoit 1981 : plan hors-texte). Lavoie nord-sud s’établit à NL-22°30’ O et la voie est-ouest à NL-11°30’

Fig. 103. Les espaces 14, 11 et 7 à 10 vus du nord-ouest (Cliché H. Pomarèdes).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE130

O. Au sein de l’habitat, la majorité des orientations s’articule autourde celle de la voie nord-sud, à 2° près. Les autres (murs sud et nord dela cour 11) sont à considérer comme des directions intermédiaires(NL-18°30’ O et 14° O) permettant de rattraper les contraintes impo-sées par le croisement non orthogonal — en forme de Y — des deuxrues.

[61] Les Villégiales des Bénédictins

7, rue Rouget-de-Lisle. A l’angle de cette rue et de la rue des Béné-dictins. Parcelle DT-256 (cadastre révisé pour 1981).

Site n° 30.189.133. Coordonnées Lambert III : X = 762,175 ; Y =3173,275.Altitude actuelle : dénivelé aménagé en terrasses, de 69 m à 60 mNGF.

Repérages (16 août au 15 septembre 1991) puis fouille de sauveta-ge (1er décembre 1991 au 15 février 1992) dirigés par L. Sauvage(AFAN).

Bibliographie : Sauvage 1991 (DFS de repérage) ; Sauvage inMassy dir. 1992 : 56-57 (BSR) ; Sauvage, Monteil 1996 (DFS) ; CAG92 ; Amandry à paraître ; Barberan à paraître ; Chazelles à paraître ;Darmon à paraître ; Fabre à paraître ; Garmy et al. à paraître ;Garmy, Monteil à paraître ; Jallot à paraître ; Manniez, Monteil àparaître a ; Monteil à paraître b ; Potay à paraître ; Poupet à paraître ;Sabrié à paraître ; Sauvage à paraître b; Sauvage, Monteil à paraître ;Veyrac à paraître.

Analyse des vestiges

La parcelle (6214 m2) est située au bas des pentes sud-est du

N

0 5 10 m

E

G

domus A

domus B

domus C

galerie technique antique

plaques-foyers

aire d'ensilage ouest

four

bâtiment sur poteau etaire d'ensilage est

H

occupation IIe/Ier s. av. J.-C.

60 m

59,80 m

58,40 m

59,90 m

sols d'occupation

foyer ou four

rue Rouget-de-Lisle

rue des Bénédictins

Fig. 104. Les Villégiales. Plan cumulé des vestiges protohistoriques repérés par rapport au parcellaire actuel et au quartier du Haut-Empire (L. Sauvage/M. Monteil del.).

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Mont Cavalier, à 410 m à l’est de lasource de la Fontaine et à 390 m aunord de la Maison Carrée. L’inter-vention archéologique a été réaliséeen préalable à la construction d’unensemble immobilier qui prévoyaitd’une part la sauvegarde d’un hôtelparticulier du XVIIIe s. et de ses jar-dins, situés dans la partie sud de laparcelle et, d’autre part, la construc-tion, sur le reste de la parcelle, dedeux immeubles et d’une piscine(2420 m2).

Au contact de la rue Rouget-de-Lisle, les vestiges sont apparus trèsdétruits par des aménagementsrécents. Plus haut sur la pente, ilsétaient en grande partie arasés aucontact du rocher. La fouille s’estdonc principalement concentrée surla partie basse de la parcelle, soit surenviron 2000 m2. Une surveillancedes travaux a été par ailleurs effec-tuée en partie haute du site ainsiqu’à l’occasion des travaux de réha-bilitation de l’hôtel particulier, àl’angle des rues Rouget-de-Lisle etdes Bénédictins.

Le texte qui suit est tiré desarticles à paraître consacrés au site,allégés de la plupart des descriptionsstratigraphiques et de la présenta-tion du mobilier (Sauvage, Monteil àparaître ; Poupet à paraître ; Sauva-ge à paraître). Les informationstirées de l’étude plus globale duquartier dans lequel il s’insère y ontété ajoutées (Garmy dir., Monteil dirà paraître).

Les antécédents protohistoriques

Le sous-sol est caractérisé par les bancs calcaires du Hauterivienen partie haute, par des sables de l’Astien en partie moyenne et enfinpar le sistre en partie basse. Les premières traces d’occupation recon-nues sous les vestiges bâtis d’époque romaine ont considérablementsouffert de l’installation de ces derniers. Repérées en sondages plusou moins étendus, ou à la faveur de coupes relevées le long de la rueRouget-de-Lisle, elles ne peuvent être facilement décrites dans ledétail, tant leur analyse repose sur un faisceau d’arguments com-plexes, notamment du point de vue de l’évolution des sols (phasessuccessives d’occupation, d’érosion et de reprise de la pédogenèse).Compte tenu de la publication récente qui leur est consacrée, danslaquelle le lecteur trouvera toutes les justifications utiles, on secontentera ici de dresser un bref résumé des grandes étapes d’occupa-tion du secteur.

Les premiers indices d’anthropisation remontent à la Préhistoirerécente (Néolithique/Chalcolithique) et se présentent sous la forme dematériel lithique piégé dans des sols peu épais comblant les anfrac-

tuosités du rocher. L’absence de céramique modelée ainsi que lestypes d’outils en silex recueillis suggèrent d’associer cette premièreoccupation à des activités agricoles (Jallot à paraître).

L’occupation préromaine livre l’image d’un paysage peu bâti (fig.104). Dans le courant du dernier quart du VIe s. av. J.-C., un bâtimentsur poteaux, dont le plan ne peut être restitué, est interprété commeune annexe à usage agricole (espace E). A l’issue de cette premièreinstallation, plusieurs indices témoignent d’une relative déprisehumaine associée à une crise érosive de moyenne importance. Dès lemilieu du Ve s. av. J.-C., plusieurs vestiges signalent une réoccupa-tion, dont les caractères ne tranchent guère d’avec ceux de la fin duVIe s. av. J.-C. Deux aires d’ensilage ont ainsi pu être relevées, l’une àl’est à l’emplacement du bâtiment antérieur (espace E), l’autre àl’ouest. En parallèle, un sol d’occupation et plusieurs plaques-foyerdémontrent la présence d’unités d’habitation (espace H). Ces installa-tions sont abandonnées dans le courant de la seconde moitié du Ve s.av. J.-C.

Par la suite, le site paraît bien déserté par l’habitat — cequ’indique l’absence de traces de sols, de foyers, de rejets domes-tiques— et désormais occupé par des champs agricoles, pour partie

LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 131

Rue R

ouget-de-Lisle

Rue d'Albenas

Rue des Bénédictins

0 10 20 m

N

58,23 m

56,18 m

68,65 m

64,47 m

61,18 m

60,44 m

59,90 m

59,51 m

60,22 m

58,20 m

Maison C

Maison AMaison B

D

E

G

F

CN73

VO180

VO

181

Fig. 105. Les Villégiales. Plan du quartier au Haut-Empire (L. Sauvage/M. Monteil del.).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE132

aménagés en terrasse. La fouille de l’espace E a ainsi montré uneaccumulation sédimentaire qui recouvre lentement les vestiges anté-rieurs. La surface du sol pédologique ainsi constitué présentait plu-sieurs sillons de labour parallèles. En partie basse du site, un paléosolbrun-rouge parfaitement conservé et anthropisé en surface, est inter-rompu par des murs parallèles qui délimitent plusieurs terrasses deculture. Ces aménagements agricoles n’ont malheureusement pasfourni un mobilier suffisamment abondant pour être précisémentdatés. Ils prennent place entre la fin du Ve s. av. J.-C. et le courant dela première moitié du IIe s. av. J.-C.

C’est en effet dans la seconde moitié de ce siècle que l’habitatreconquiert à nouveau la pente et condamne les terrasses de cultureantérieures. Très dégradé, il est principalement attesté par un uneportion de pièce d’habitation matérialisée par deux murs, dont lesfondations de pierres liées à la terre supportaient de probables éléva-tions en terre crue. Installée au contact du paléosol, sans remblaie-ment véritable, cette construction recoupe également un petit affleu-rement rocheux, volontairement aménagé pour laisser place à unpoteau porteur d’angle. Le premier sol de terre battue, auquel deuxautres succéderont dans le même intervalle chronologique, supporteun petit four domestique et la pièce couvre une surface minimum de3,40 x 3,50 m (espace G). S’y ajoutent les restes d’un sol et d’un mursous la maison A postérieure, d’un petit égout et d’un four sous la

maison C et, enfin, de quelques remblais. L’un d’entre eux (espace G)incluait un lot de 18 tessons de céramique retaillés pour leur donnerune forme circulaire. Bien qu’ils ne soient pas percés, leur taille lesapparente à ces petits pesons de tisserands recueillis par ailleurs (Py1990 : 454-457 ; doc. 108, n° 1 à 8).

Ces maigres restes de maisons, dont les rapports avec l’habitatpostérieur ne peuvent être appréhendés, peuvent subsister duranttout le Ier s. av. J.-C., mais cette période n’est que faiblement repré-sentée.

Les axes directeurs de l’urbanisme du Haut-Empire

La vision extensive apportée par la fouille de la partie basse a faitapparaître un certain nombre d’aménagements viaires et hydrau-liques qui structurent le quartier antique (fig. 105). Il s’agit essentiel-lement d’un long canal établi à mi-pente selon une direction est-ouest(CN73) dont le débouché vers le sud correspond à l’angle d’une rueprincipale nord-sud (VO181) et d’une rue pavée qui lui est perpendi-culaire (VO180).

Les contraintes inhérentes à l’opération archéologique ont eupour conséquence la fouille limitée des niveaux d’occupationd’époque romaine. Il en ressort que les lots de mobilier recueillis nepermettent pas de dater précisément les vestiges repérés. A l’excep-tion de la maison C, qui a livré quelques informations, rares sont lesensembles qui peuvent être rattachés aux phases d’installation etd’occupation. Dans l’ensemble, les éléments qui peuvent être datés dela fin du Ier s. av. J.-C. et du premier quart du Ier s. ap. J.-C. sontquasi absents ou, en tout cas, en nombre suffisamment peu importantpour empêcher de supposer que l’installation du quartier ait pu êtreréalisée dans cette période. L’urbanisation du secteur paraît plutôtdevoir se situer quelque part aux alentours des années 40-50 ap. J.-C.,l’ensemble du site étant abandonné dans le courant du dernier quartdu IIe s. ap. J.-C.

• Le canal CN 73

Implanté à mi-hauteur du site, le canal CN73 est construit dansun secteur où le terrain naturel est caractérisé par un effondrementde rochers calcaires (fig. 105, 106). Les difficultés techniques liées àce substrat particulier ont amené les constructeurs à procéder diffé-remment selon les tronçons. Les deux extrémités connues ont ainsiété réalisées en tunnel, tandis que le tronçon médian, long d’environ 6m, a été établi en tranchée. Dans cette partie, le substrat a été taillédu côté nord sur au moins 2,60 m. Deux murs parallèles, d’une hau-teur totale d’environ 1,40 m définissent un canal large d’1,20 m, cou-vert par une voûte en place épaisse d’environ 0,34 m. L’extrados decette dernière est fait d’une chape de mortier orange noyant les cla-veaux de chant et des cailloux à plat. Sur cette chape (61,18 m), unmuret maçonné, large de 0,20 m et observé sur une hauteur de 0,60m, marque en surface la bordure sud du canal. Il est situé à 2 m envi-ron de la paroi taillée du rocher, tous deux délimitant ainsi une sortede passage. Vers l’ouest, après un parcours rectiligne en tunnel d’envi-ron 16 m, le canal effectue un coude vers le sud long d’à peu près 6 m(largeur entre les parements = 0,69 à 0,74 m) puis débouche durocher au travers d’une cavité naturelle. Au delà, le canal, large de0,50 à 0,70, est délimité par des murs construits en appui dans unetranchée. L’existence d’une couverture de larges dalles calcaires estattestée par les quelques éléments retrouvés en comblement. Le fondest constitué par le substrat, sables astiens ou rocher calcaire (58,51m NGF). Enfin, 10,50 m environ au sud de son débouché, le canal

VO180

VO181

CN73

SB182

trottoir

trottoir

trottoir

maison B

maison C

maison A

60,44 m

60,09 m

58,16 m

59,11 m

N

0 1 5 m

59,36 m

59,61 m

Fig. 106. Plan de détail de l’articulation entre les deux rues et lagalerie technique (L. Sauvage/M. Monteil del.).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 133

bifurque légèrement vers l’ouest et se connec-te à un égout (CN103) sous-jacent à une ruedallée (VO180). Le comblement de cette gale-rie est constitué de matériaux issus de sondémantèlement : gravats, moellons et nom-breux fragments de concrétions carbonatéesépousant la forme de volumes cylindriquesqui évoquent des tuyaux de plomb.

Le canal CN73 doit être relié aux vestigeséquivalents découverts sur le site voisin de laMarseillaise (cf. infra, [62]) et, au-delà, auCastellum divisorium (cf. infra, [67]).L’ensemble est à considérer comme un deséléments du circuit d’approvisionnement eneau lié à l’aqueduc : une galerie techniqueacheminant des tuyaux de plomb. Mais saposition à mi-pente fait qu’elle a égalementpu contribuer au drainage des eaux de ruis-sellement. Véritable axe sutructurant duquartier, cette galerie a peut-être déterminél’implantation des rues. Sa construction, quientretient un rapport indéniable avec l’aque-duc, est un élément de chronologie important. Les plus récentesrecherches conduites sur ce monument ont en effet permis de le daterdu milieu du Ier s. ap. J.-C. : ce qui confirme la datation proposéepour l’installation du quartier, à condition d’admettre une mise enplace rapide du réseau de rues et de la galerie et en relevant les liensqu’entretient ce dernier avec l’habitat.

Enfin, il convient de revenir rapidement sur la restitution du sys-tème telle qu’elle a été proposée plus haut, et notamment sur le pro-blème que pose le changement brutal de direction de la galerie. PourA. Veyrac « les tuyaux de plomb contenus dans la conduite est-ouesttournaient ensuite à 90° pour suivre la voie N/S. D’un point de vuepurement technique, un changement si brutal de direction a dû forcé-ment poser problème, si l’on tient compte de la forme en coude àdonner aux tuyaux et des fortes pressions qui, par voie de conséquen-ce, s’exerçaient à cet endroit » ; il ajoute qu’un tel coude a dû nécessi-ter la construction d’une chambre, dont aucune trace n’a cependantété relevée puis, qu’au delà de cette dernière, « la paroi ouest de laconduite en tranchée N/S, destinée à contenir les tuyaux venant de lagalerie technique CN73, bifurque à 60° environ en direction de l’égoutde la voie. Ce changement de direction pourrait marquer le passaged’un tuyau à travers l’égout pour aller alimenter une autre partie duquartier, mais en l’absence de fouille on peut également imaginer quec’était simplement un dispositif destiné à verser dans l’égout les eauxdrainées par la tranchée. Enfin, selon une hypothèse chère aux éru-dits du XIXe siècle, on peut supposer qu’un tuyau au moins de laconduite N/S, a pu servir à alimenter les aménagements hydrauliquesde la plaine » (Veyrac à paraître). Pour ma part, je suggérerais plutôtque la galerie, et ses tuyaux, se soient prolongés vers l’ouest, le débou-ché observé dans le rocher étant exclusivement destiné à évacuer leseaux de ruissellement drainées par le conduit et à permettre l’alimen-tation du quartier situé aux abords et, peut-être, celle d’une petitefontaine établie au carrefour des deux rues (SB182). On ne voit eneffet guère d’intérêt à interrompre le système au droit de cette rue.

• La construction SB 182

Un aménagement construit (SB182) paraît matérialiser le pointde convergence des deux rues et du canal CN73 (fig. 106). Il s’agit

d’une petite construction très détruite, large d’1,20 m et conservée sur0,90 m de hauteur, qui se présente sous la forme d’un muret semi-cir-culaire appuyé contre un autre mur. Ce dernier est posé au contact dedalles aménagées en escalier qui prolongent la rue nord-sud VO181,et d’un hérisson soigné de moellons calcaires disposés de chant, tour-né en direction de l’exutoire de la galerie technique. Le mauvais étatde ce vestige rend son interprétation exacte difficile. Il pourrait s’agirde la base d’un laraire de carrefour, comme du socle d’une fontainesusceptible d’être alimentée par les tuyaux d’adduction d’eau achemi-nés par la galerie CN73.

• Les rues

La rue VO180 est construite avec des moellons calcaires disposésde chant (fig. 105, 106). D’une largeur restituée de 3,50 m, elle se diri-ge vers l’ouest. Vers l’est, l’existence de la maison C exclut l’hypothèsed’un prolongement. Côté sud, cette rue est bordée par une série dedalles calcaires juxtaposées qui recouvrent un égout (CN192), lequelvient se connecter à celui de la rue VO181.

Cette rue nord-sud, reconnue sur 15,50 m de long, forme avec laprécédente un carrefour en L renversé. Quelques dalles superposéesprolongent cependant son axe jusqu’au contact de la constructionsemi-circulaire SB182 et suggèrent un accès vers l’exutoire de la gale-rie CN73, mais aussi sans doute vers le haut du site. Son revêtementdallé recouvre un égout collecteur (CN103) dont le fond est constituéde dalles calcaires et les piédroits de moellons plus ou moins équar-ris. Large d’environ 0,60 m au sommet et haut de 1 à 1,26 m, leconduit était entièrement comblé. Deux sondages menés, l’un à mi-longueur du tronçon, l’autre au niveau de son extrémité sud, ont livrérespectivement les altitudes de 58,79 et 58,30 m pour le sommet desdalles de couverture, et 57,53 et 56,88 m pour le dallage de fond.

Le dallage de la rue est fait de blocs monolithes — l’un d’entre euxau moins correspond à un remploi —, dont les dimensions variententre 1,30 et 2 m de long pour une largeur de 0,40 à 1 m. Il est établidans l’axe médian de l’espace compris entre les murs de façade desmaisons B et C, distants l’un de l’autre d’environ 4 m. Côté ouest, untrottoir, surélevé de 0,40 m, est composé de dalles disposées sur unradier. Large de 0,70 m environ, il était sans doute protégé par une

Fig. 107. Vue générale de la partie basse du site des Villégiales prise du nord. Dans l’axedu cliché, débouché de la galerie technique et carrefour de deux rues. A gauche, maisons

A et C. A droite, maison B (Cliché X. Belougne).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE134

avancée de toiture du mur de façade de la maison B, comme l’attestela présence d’enduit peint le long de ce même mur. Côté est, une lar-geur libre d’importance équivalente est matérialisée, dans la partiehaute, par la couverture dallée du canal CN73 : ce dallage, qu’on peutéventuellement prolonger plus au sud, constituerait ainsi un secondtrottoir.

Aucun mobilier archéologique n’est associé à la mise en place deces rues, mais on remarquera que l’ensemble des petits égouts recon-nus dans les maisons voisines viennent se raccorder au collecteursous voie CN103, illustrant ainsi les relations entretenues par l’habitatet les éléments qui structurent le cadre topographique.

Un quartier d’habitations

La galerie CN73 et les deux rues divisent le terrain en trois îlotsdistincts (fig. 105,107). Les maisons A et B occupent la partie occi-dentale de l’îlot est ; la maison B s’inscrivant dans l’îlot ouest. Au nordde la galerie, des tranchées de repérage et un sol construit (SL74)attestent l’urbanisation du haut des pentes (espace D). Enfin, desindices relevés à l’intérieur de sondages menés à l’est de la maison C(espaces E et G) ou des observations de coupes effectuées le long dela rue Rouget-de-Lisle (espace F), témoignent également d’aménage-ments d’époque romaine plus isolés.

La maison A

Les neuf espaces distingués sur une surface de 162 m2 définissentl’angle nord-ouest d’une unité d’habitation où cinq pièces disposéesen enfilade, intégralement ou en partie reconnues, ouvrent sur deuxgaleries de circulation (A7 et A8) qui bordent un espace ouvert (courA9) (fig. 108, 109). Cette portion de maison est située en contrebas dela maison C, dont elle est séparée par un mur mitoyen. Les pièces quila constituent sont établies à une même altitude (de 58,30 à 58,20 m)et dominent d’une cinquantaine de cm la surface de la cour. Leur ins-tallation a été précédée par un terrassement qui a contribué à la dis-parition des traces d’occupation antérieures.

Le mur MR49 de limite nord de la maison fait office de mur desoutènement. Large de 0,60 m, et repéré sur une longueur d’au moins12,20 m, il est en grande partie épierré mais plusieurs indices indi-quent que sa fondation de pierres devait supporter une élévation en

terre crue. Son parement sud dispose d’un revêtement d’enduit peint(fond jaune et base de panneaux rouges encadrés de blanc) dont abénéficié l’ensemble des pièces de l’aile nord. Lors d’une réfection,enfin, le parement nord du mur a été doublé par un contrefort demortier de chaux, large d’une dizaine de cm, et sans doute lié à unevolonté de protection contre les infiltrations venant de la terrassesupérieure (maison C).

La pièce A1, très détruite et incomplète, est attestée par desamorces de murs en direction de l’est.

La pièce A2, encadrée par des murs décorés d’enduits peints,ouvre sur la galerie A8 au sud. De forme légèrement trapézoïdale(3,30/3,60 x 4,10 m, soit environ 14 m2), elle dispose, dès l’origine,d’un sol construit en terrazzo blanc, dont le contact avec le premierétat de sol de la galerie A8, ne peut être restitué. Dans un secondtemps, le passage de la pièce A2 à la galerie A8 est marqué par unseuil coulissant. Le long des murs nord et ouest de la pièce, court uneétroite bande (0,20 m env.) de béton de tuileau qui condamne unerigole d’écoulement antérieure.

La pièce A3, plus longue que large (4,20 x 1,80/2 m, soit environ 8m2), est caractérisée par un sol en terre (SL170), directement recou-vert par un niveau de destruction d’enduits peints.

La pièce A4 possède un sol en opus signinum (SL45) qu’une fossemoderne perturbe vers le nord : seule l’amorce d’un cadre et d’unmotif à base de tesselles noires nous est ainsi connue. Mesurant 6,40x 4,70 m (30,10 m2), la pièce est limitée au nord et à l’est par desmurs décorés d’enduits peints (plinthe jaune et panneaux rougesencadrés d’un bandeau blanc). Le long des murs MR49 et MR51, uneétroite bande de béton de tuileau est similaire à celle repérée dans lapièce A2.

Les pièce A5 et A6, très détruites par une vaste fosse moderne, nepeuvent être précisément décrites.

La galerie A7 est dotée d’un sol en opus signinum monochromeblanc (SL94). Ce sol est traversé par une rigole (CN89), large de 0,15m et construite au moyen de fragments de tuiles ou de petites pierresplates, qui se dirige vers la cour A9 et est, dans un second temps,condamnée par un bouchage en béton de tuileau.

La galerie nord A8 est un peu mieux connue et comprend dansun premier temps un sol en terrazzo blanc (SL77), continuité de celuide la galerie A7. Dans un second temps, le terrazzo cède la place à unsol de mosaïque (SL47) composé d’un tapis blanc, avec cadre etincrustations de croisettes noires, orné d’un panneau polychrome. Cedernier (1,74 x 2,25 m) représente deux panthères affrontées, de partet d’autre d’un cratère. Le passage vers la pièce à exèdre A2 est désor-mais marqué par un seuil à glissière (PR48), d’une longueur totale de4,04 m pour une largeur de 0,17 m.

Enfin, la cour A9 n’est connue que par l’angle formé par les mursépierrés qui la bordent au nord et à l’ouest.

Si l’ensemble des pièces de cette maison s’articule bien autourd’une cour qu’on peut supposer centrale, la superficie totale de lamaison a donc pu atteindre entre 600 et 800 m2. Bien que trèsincomplète, elle offre l’intérêt de montrer un exemple architecturalreconnu par ailleurs : celui d’une pièce à exèdre encadrée, vraisem-blablement, de deux petites pièces de même module. J.-P. Darmonattribue d’ailleurs une fonction conviviale à la pièce A2, comme lemontre sa relation avec le panneau de la galerie A8 et sa symbolique(le cratère étant un instrument de banquet). Il date cet aménagement,qui participe d’un second état, de la fin du Ier s. ou du début du IIe s.ap. J.-C. C’est là l’une des seules informations chronologiques pourcette habitation.

A1

A2A3

A4A5

A6

MR49

MR

55

PR48

SL43

MR171

MR

50

MR

51

SL45

MR

54

MR52

MR

53

MR172

MR

173

SL94

SL47

SL70

A7

A9

A8

58,27 m

MR191

58,20 m

58,25 m

N

0 1 5 m

Fig. 108. Plan de détail de la maison A (L. Sauvage/M. Monteil del.).

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La maison B

Les six espaces distingués présentent desdegrés de conservation différents et couvrentenviron 170 m2 (fig. 110). Les pièces B1 à B4sont à une altitude similaire de 59,60 m envi-ron et entourent une cour (B6) et une galerie(B5).

L’aile orientale n’est connue qu’au tra-vers de l’espace B1 qui se développe le longde la rue dallée nord-sud VO180. Le sol decette pièce est constitué d’un terrazzo mono-chrome blanc (SL158), qui surplombe le trot-toir sur rue d’environ 0,40 m.

Les limites de la pièce B2 peuvent êtrerestituées, en prolongeant les murs voisins,sur environ 4,80 m pour une largeur minima-le de 3,20 m. La construction SB141 en occu-pe l’angle sud-est et se présente sous la formede deux murets parallèles longeant un blocmonolithique rectangulaire long de 0,55 m.La surface de ce dernier est affectée par unléger surcreusement concave, limité par unrevêtement de mortier hydraulique en quart de rond. Une cavité rec-tangulaire communique, au travers d’un orifice aménagé dans le murMR169, avec un petit égout (CN144), qui se déverse dans le collecteurplacé sous la rue VO181. Cet aménagement pourrait être interprétécomme un évier. A part lui, les seuls autres éléments repérés dans cetespace consistent en traces de mortier désagrégé qui définissent unsol rudimentaire.

La pièce B3 (4,50 x 2,60 m) était décorée d’enduits peints et dotéed’un sol en terre battue (SL156).

La pièce B4 correspond à une pièce principale à exèdre. Son solest constitué par un terrazzo à fond blanc (SL116), décoré de motifsgéométriques (polygones sécants) en incrustations de tesselles noiresà l’intérieur d’une bande périphérique blanche. Au contact de la gale-rie B5, un seuil stylisé a été dessiné entre deux bases moulurées depilastres (fig. 111). Cette pièce, de 4,80 x 3,80 m, est bordée côté ouestpar un renfoncement, large de 1 m environ et long de 4,20 m, limitéau sud par une cloison. Son sol est marqué par un terrazzo blanc(SL166). Un sillon, large de 1 à 2 cm, sépare celui-ci de celui de lapièce, et peut correspondre aux vestiges d’une porte à glissière enpans de bois.

La galerie B5 a été observée sur 6,20 m de long pour une largeurcomplète de 2,10 m. Elle est équipée d’un sol en opus signinum avecincrustations de 10 rangs parallèles de tesselles noires (SL157).

La cour B6, longue de 8 m pour une largeur explorée de 6 m, peutêtre restituée sur 72 m2. Elle a livré une série de creusements et neufpots horticoles en place. Ces derniers, fabriqués en céramique à pâtecalcaire, ont pour caractère commun un fond évidé et la présence detrois perforations à la base. Ils étaient destinées à transporter, puis àtransplanter les plants, mais n’étaient pas visibles en surface. On lesretrouve d’ailleurs en général partiellement brisés par la pousse desracines, ou parce qu’une partie en était volontairement cassée lors dela plantation. Les analyses palynologiques n’ont pas permis d’identi-fier les plantes qui poussaient dans ce jardin. La présence voisine detrous de poteaux, destinés peut-être à des échalas, suggère toutefoisl’existence d’au moins quelques plantes grimpantes. Dans ce jardin,enfin, on note l’absence de bassin, remplacé par un puits dont on

peut supposer qu’il servait à l’arrosage (Barberan à paraître). L’unique état de sol de la pièce B4 est daté, par J.-P. Darmon, du

milieu ou, au plus tard, de la seconde moitié du Ier s. ap. J.-C. Undépotoir fouillé dans le jardin traduit une des phases principalesd’occupation de la demeure, qu’il faut placer dans les années 60/90ap. J.-C. (Monteil à paraître a).

La maison C

Limitée à l’ouest par la rue dallée VO181 et, au nord, par une rup-ture de pente que longe la galerie technique CN73, cette maison com-prend sept espaces distincts qui couvrent une surface dégagée d’envi-ron 810 m2 (fig. 112). Vers l’est, l’impact destructeur des construc-tions de l’époque moderne empêche de connaître son extension. Ausud, le mur MR49 sert de mur mitoyen avec l’autre unité d’habitationA, placée en léger contrebas. Une cour (C6), prolongée à l’ouest parune zone à l’évolution complexe (C7 et C8), est bordée par trois pièces(C3 à C5). Celles-ci forment, associées à un espace allongé (C1), deuxailes qui encadrent une arrière-cour (C2) limitée, au nord, par la gale-rie CN73. La plupart des niveaux de fonctionnement sont dégradés etrendent impossible toute analyse de détail.

Cette maison est marquée par un pendage nord-sud assez pro-noncé. En effet, depuis la galerie CN73, rocher et paléosol suivent unepente qui s’établit à 61,69 m NGF dans la partie nord de l’espace C2contre 60,10 m dans le tiers nord de l’espace C1 et 59,93 m à l’arrièredu mur MR14, limite des pièces C3 à C5. Ces dernières prennentplace sur un secteur de moindre pente qui surplombe cependant lesespaces situés plus au sud, puisque que C6, C7 et C8 semblent s’ins-taller sur une terrasse cotée entre 58,60 et 58,30 m. Enfin, le murmitoyen MR49 marque une nouvelle rupture de pente qui peut êtreestimée à environ 0,50 m. Ces contraintes initiales, issues du reliefnaturel, et probablement des occupations antérieures, sont respec-tées, dans leurs grandes lignes, lors de l’installation de la maison.Malgré quelques travaux de terrassements préalables, celle-ci conser-ve en effet en son sein des dénivelés assez importants. Ainsi, alors quel’espace C2 conserve une pente de l’ordre de 10%, les espaces C1 à C5

LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 135

Fig. 109. Les pièces 1 à 4 et la galerie 8 de la maison A vues de l’est (Cliché X. Belougne).

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ont été assez nettement encastrés dans le rocher, afin d’accentuer larelative plate-forme préexistante. Les sols existants ou restitués de cesespaces s’établissent ainsi à une altitude moyenne comprise entre59,90 et 60,10 m. Les espaces C6, C7 et C8, situés nettement encontrebas, s’inscrivent sur la terrasse antérieure et leurs sols suiventune légère pente nord-sud comprise entre 58,80 et 58,40 m.

L’espace C1 se présente sous la forme d’un vaste rectangle d’envi-ron 66 m2. Les parements intérieurs des murs MR176 et MR179 sup-portaient deux états successifs d’enduits peints. Une série de sols deterre battue (entre 60,10 et 60,30 m) leur est associée. Au nord, desmurs, définissant un rectangle étroit relié à un massif de pierres liéesau mortier, pourraient être interprétés comme les fondations d’unescalier extérieur permettant l’accès à un étage. Ce vaste espace, pro-bablement doté d’un étage ou tout au moins d’un grenier, rested’interprétation difficile. L’hypothèse d’un possible lieu de stockage(entrepôt) résiste mal à la présence d’enduits peints. On proposeradonc plutôt d’y voir une pièce d’habitat, sans doute subdivisée àl’image de l’aile perpendiculaire occupée par les espaces C3 à C5,mais dont les limites internes auraient disparu lors de récupérationspostérieures.

L’espace C2 est apparu très détruit et aucun sol n’était conservésur sa surface estimée, au minimum, à 275 m2. On supposera qu’ils’agit là d’une arrière-cour, en assez forte pente nord-sud, peut-êtrebordée au sud et à l’ouest d’une galerie couverte dont témoigneraientune base de colonne, à l’angle des murs MR14 et MR179 et un restede mur, conservé à hauteur de l’extrémité nord de l’espace C1.

Les espaces C3 à C5 sont séparés de l’arrière-cour C2 par le murMR14, dont le parement nord semble avoir été protégé, sur toute salongueur, par un petit égout parallèle (CN42).

L’espace C3 est divisé en deux parties par le mur MR174. Al’ouest, une petite pièce de 17,5 m2 n’a livré aucune trace de sol. Al’est, une sorte de couloir (14,5 m2), largement ouvert au sud, donneaccès à un probable puisard (SB98). Celui-ci se présente sous laforme d’un bâti légèrement trapézoïdal (1,02 à 1,15 m de large pour1,66 à 1,85 m de long) et est recouvert par une dalle calcaire mono-lithe très concrétionnée. Profond d’1,70 m, il communique avec unpetit égout d’évacuation (CN95) qui file vers le sud.

La pièce C4 est dotée d’un sol mosaïqué polychrome (SL9 ; 59,90m) à décor géométrique et panneau figuratif qui montre un chevalmarin et des écoinçons occupés par des dauphins. Il peut être restituésur l’ensemble de la pièce, soit environ 40 m2, et on relève la présencede plaques d’enduits peints effondrées à son contact. Le fort épierre-ment subi par le mur MR3 au sud ne permet pas la restitution d’unaccès. L’étude de la mosaïque permet cependant de proposer uneouverture dans l’angle sud-est et ne privilégie donc pas la restitutiond’une baie largement ouverte au sud (Darmon à paraître).

La pièce C5 a été dégagée sur 25 m2 et son nettoyage a livré denombreuses tesselles blanches qui pourraient marquer, à l’origine,l’existence d’un sol mosaïqué.

L’espace C6, dont l’extrémité orientale est totalement détruite etqui couvre, au minimum 111 m2, n’a livré, une fois le décapage méca-nique des niveaux modernes réalisé, que le rocher recouvert de lam-beaux de paléosol et de quelques traces d’occupation plus ancienne.Son sol restitué, en légère pente nord-sud, s’établit entre 0,70 et 1 men contrebas des pièces C3 à C5. Ce dénivelé impose, pour d’évidentesraisons de communication, l’existence d’un escalier tout au long despièces C3, C4 et C5. Aucun vestige tangible de ce dernier n’a cepen-dant pu être mis en évidence au moment de la fouille.

A l’intérieur de cet espace, interprété comme une cour, un bassinexcentré (BA1) se présente sous la forme d’un hexagone dont la dis-tance entre deux côtés parallèles est de l’ordre de 2,15 m. Cette cuve,dont les parois intérieures sont recouvertes de béton hydraulique etdont la profondeur atteint 0,40 m (fond à 58,87 m), s’inscrit dans unefosse circulaire d’un diamètre de 3,90 m. Son fond de tuileau reposesur un radier de pierres calcaires disposées de chant qui occulte unensemble de dalles calcaires. Ces dernières obturent une possibleciterne circulaire antérieure (SB96) d’un diamètre de 1,18 m. Au suddu bassin BA1, enfin, deux doliums jouent un rôle dans la décoration(jardinière ?) ou dans la conservation d’eau.

Vers l’ouest, la cour C6 est prolongée par deux passages qui bor-dent les espaces C7 et C8. Toute cette zone occidentale est de compré-hension très difficile en raison de la présence d’un réseau quasi inex-tricable de petits égouts, de murs, de lambeaux de dallages, de mas-sifs maçonnés et de l’absence de sols bien conservés. Les rarescouches fouillées entre les constructions permettent tout juste d’affi-ner la chronologie relative, présupposée grâce aux contacts qu’entre-tiennent les architectures entre elles.

Dans le dernier état représenté sur le plan (fig. 112), le passage leplus au sud, large de 2,25 m, est limité par le prolongement probabledu mur MR49 et permettait, sans aucun doute, un accès direct à larue dallée nord-sud. Il a subi de nombreux réaménagements liés, enparticulier, au passage de deux petits égouts superposés (CN58 etCN92) qui ont servi successivement à évacuer les eaux de la citerneSB96 puis du bassin BA1. Quelques murs (MR64, piédroit sud deMR185) le barrent partiellement sans toutefois interdire le passage.

136

B4

B5MR164

MR

165

MR160

SL166

SL116

B6

MR163

MR162

SL157

Puits

SL156

MR

161

MR

159 SB141

CN144

SL158

MR166

B1

B2

B3

MR167

VO

181

VO180

59,45 m

59,56 m59,71 m

59,61 m

MR

169

N

0 1 5 m

Fig. 110. Plan de détail de la maison B (L. Sauvage/M. Monteil del.).

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Peut-être s’agit-il là de renforts liés à l’exis-tence d’une couverture, également suppor-tée par les autres murs environnants : hypo-thèse que vient renforcer la présence d’unrevêtement d’enduit peint le long du pare-ment sud du mur MR66. Le second passage,au nord, s’interrompt en impasse. Large de1,50 à 2,25 m, et pourvu d’un sol de terrebattue observé de manière très ponctuelle, ilassure la communication entre la cour C6 etles espaces C3 et C7.

L’espace C7 (16 m2) dispose au sudd’une ouverture restituable entre les murMR63 et MR183. Il est largement ouvert aunord en direction du puisard SB98. Sondernier sol est marqué par des dalles cal-caires, partiellement conservées et en pentenord-sud (entre 58,83 et 58,58 m). Ce dalla-ge sert également de couverture à deuxpetits égouts (CN75 et CN76) qui vont sejeter dans l’exutoire du puisard de l’espaceC3. La fouille en profondeur a permis de mettre en évidence un étatde dallage antérieur totalement comparable et reposant à même le solnaturel. Ce dernier, qui préexiste aux deux égouts, suit également unepente nord-sud (entre 58,58 et 58,44 m). Cet ensemble reste difficile àinterpréter mais pourrait avoir joué, dès l’origine, le rôle d’un accèsau puisard SB98 de l’espace C3. Le type d’aménagement du sol et sapente seraient en effet naturellement adaptés à des activités liées àl’eau et/ou à son transport vers le puisard. Cet accès n’est possible,cependant, que par l’intermédiaire d’un escalier. Le dénivelé entre lamargelle du puisard (59,41 m) et le dallage étant de 0,80 m dans lepremier état et de 0,60 m dans le dernier état.

L’espace C8 voisin subit, quant à lui, une évolution des plus com-plexes dont on saisit surtout l’aboutissement, quand les murs MR59 àMR66 forment une construction composée de deux rectangle accoléssur une surface totale d’environ 12 m2 et enserrant un radier demoellons et cailloux, un gros bloc formant piédroit (SB71) ainsi quedivers remblais. Au nord, entre les murs MR70, MR60 et MR67, sontdisposés de longs blocs calcaires liés au mortier (SB72). L’interpréta-tion de cette construction reste hypothétique, mais on pense bien évi-demment aux fondations d’une cage d’escalier auquel on pouvaitaccéder directement depuis la rue. En l’état du plan, cet escalier nepeut guère déboucher que sur un étage situé au-dessus de l’espace C7et, si l’on admet que le passage longeant cet espace au nord ait pu êtrecouvert, à tout ou partie des pièces C1 et C3 à C5.

Quoi qu’il en soit, cet escalier s’implante sur un état antérieurdans lequel existent seulement les murs MR62, MR63 et MR65 et unmur disparu par la suite (MR68) qui encadrent ainsi un petit espacequadrangulaire de 6 m2 environ. A l’origine, le plan des espaces C7 etC8 est donc sans doute composé d’un petit local, sorte de guérite,bordé, de part et d’autre, par deux couloirs couverts dont seul le plusau sud ouvrait sur la rue, et accolé, à l’est, à un espace dallé (C7) ; letout ouvrant vers la cour C6. L’absence de sols et l’imbrication desvestiges interdisent d’aller au-delà dans la description de ce premierétat.

En conclusion, cette portion de maison dégagée sur près de 800m2 et qui devait couvrir une surface totale supérieure à 1000 m2,offre l’image d’une demeure articulée autour de deux cours et où, laprésence d’escaliers, au moins dans un dernier état, démontre l’exis-

tence d’étages. La mise en évidence d’une possible citerne, d’un pui-sard, d’un bassin et d’un réseau complexe d’égouts montrent parailleurs l’intérêt particulier porté à l’eau et surtout à son évacuation,qu’il s’agisse d’eaux de récupération ou d’eaux de ruissellement. J.-P.Darmon a proposé de dater la mosaïque de la pièce C4 de la premièremoitié du IIe s. ap. J.-C. Son radier de construction a livré un petit lotde mobilier bien antérieur (milieu Ier s. ap. J.-C.). Cet élément vienten appui d’autres ensembles céramique découverts dans cette maisonpour placer sa construction dans les années 40/60 ap. J.-C.

La partie haute du site

Des tranchées d’évaluation menées dans la partie haute de la par-celle (espace D) ont permis de mettre en évidence des vestiges le plussouvent très dégradés (fig. 113). La vision partielle de ces éléments etles conditions de leur observation ne permettent pas de déterminers’ils se rapportent à une ou plusieurs unités d’habitation, qui pren-drai(ent) place au nord de la galerie technique CN73. Leur dessertedevait s’effectuer depuis l’est ou l’ouest ou depuis le sud, s’il existaitbien un escalier dans le prolongement de la rue VO181.

Au sud du mur MR188, une partie d’une pièce d’habitation (2 x2,80 m au minimum) a pu être observée à l’intérieur d’un sondagemécanique profond. Deux murs puissants (largeur 0,55 m), dont l’un(MR189) fait office de mur de soutènement, ont conservé leur enduitmural et délimitent des sols de terre battue qui sont à une altitudemoyenne de 64,66 m, soit 0,80 m environ en contrebas du niveauassocié au mur MR190 (65,40 m).

Dans le même secteur, un sol en terrazzo blanc (SL74) est décorépar un panneau polychrome (1,10 m de côté environ) en opus tesse-latum, composé de motifs géométriques et d’une rosace centrale ins-crite dans un carré, et qui semble en position excentrée vers le nordde la pièce. Dans l’angle nord-ouest de celle-ci, les restes d’un enduitmural peint blanc sont les seuls témoins de murs disparus. Implantéeà environ 68,65 m NGF, la pièce présente une largeur totale de 3,73m pour une longueur minimale de 5,76 m. Pour J.-P. Darmon, lepavement de terrazzo est probablement uni dans un premier tempspuis doté, vers la fin du Ier s. ou le début du IIe s. ap. J.-C., d’un pan-neau polychrome.

137LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÈMONT

Fig. 111. La pièce 4 et la galerie 5 de la maison B vues du nord (Cliché X. Belougne).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE138

Les autres zones fouillées

Au sein du sondage E, seuls deux murs antiques parallèles ont puêtre reconnus (fig. 105).

A l’angle des rues Rouget-de-Lisle et des Bénédictins (espace F),un sol en terrazzo blanc a été observé en coupe sur une longueurminimale de 3,10 m le long de la rue des Bénédictins. Il est divisé endeux parties par une tranchée de 0,60 m qui suggère la restitution dedeux pièces (55,60 m). Le long de la rue Rouget-de-Lisle, un sol enterre (56,20 m) a été relevé en relation avec un mur. A l’angle desdeux rues, c’est un puits ou un égout qui a été repéré.

Dans le sondage G, le sommet compacté d’un remblai de nivelle-ment, conservé sur seulement 6 m2, a été percé par cinq fosses, dontl’une correspond aux vestiges d’un four. Leur comblement, ainsi que

les niveaux supérieurs, ont livré de nombreuses scories, quelques cou-lures, des nodules d’argile rubéfiée, des nappes de charbons de boisainsi qu’un fragment de moule en pierre calcaire (objet indéfini). Lesscories et coulures vont dans le sens d’une activité de forge liée princi-palement à la fabrication d’objets en bronze. Ce petit atelier a sansdoute fonctionné principalement dans le courant du Ier s. ap. J.-C.

Aménagements de la topographie

Au nord de la galerie CN73, qui s’établit sur une rupture naturelle,la pente est forte (env. 18%) et fortement érodée dès la Préhistoire ; ausud, par contre, elle n’est plus que de l’ordre de 9%. C’est d’ailleursuniquement dans cette partie basse que des terrasses, aménagéesdurant la Protohistoire, ont pu être révélées. La maison C occupe trois

MR183

C1

C2

C3

C4

C5

C6

C7

C8

D3

SB178

CN73

MR177

MR

179

MR

176

MR

175MR70

MR14

CN42

CN18

MR

4

MR

5

MR

174

MR3

MR186

MR

185

MR184

CN78

CN

91

CN92

CN58

SB84

CN78

CN

95CN75

CN

76

SB 98

MR49

BA1

DL11

DL12

VO

181

VO180

60,20 m

60,10 m

59,90 m

59,41 m

58,80 m

58,47 m

58,57 m

58,51 m

58,87 m

SL9

58,40 m

MR

59 MR66MR65

MR62 MR

63M

R64

SB72

MR

67

SB71

MR

97

MR70

MR60

N

0 1 5 m

Fig. 112. Plan de détail de la maison C (L. Sauvage/M. Monteil del.).

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139

terrasses successives alors que les domus A et B n’en occupent qu’uneseule (respectivement 58,25 et 59,60 m NGF). La fouille a montré lesterrassements qui ont précédé l’installation de la maison A, puisque lessols de cette dernière sont à une cote altimétrique plus basse que cellerestituée pour l’habitat d’époque républicaine qui lui préexiste. Maisils sont tout de même de faible ampleur, et les quelques lambeaux decette même période qui subsistent aux abords ainsi que ceux reconnussous la maison C (four, caniveau …) marquent bien l’existence de deuxterrasses distinctes qui ont été respectées par l’habitat romain.L’implantation de la maison B respecte également la terrasse qu’occu-pait antérieurement l’aire d’ensilage des VIe/Ve s. av. J.-C. Vers l’est, làou les vestiges du Haut-Empire ont disparu, les champs du Ve s. av. J.-C. et l’habitat républicain qui s’y superpose s’installent également surun même plan dont on peut supposer qu’il sera repris plus tard. Enfin,en haut de la pente, marquée par une forte érosion, au contraire, il estprobable que l’habitat protohistorique, s’il a existé, se soit implantésous la forme de cases à encoche. C’est en tout cas le sentiment quelivrent, pour l’époque romaine, une partie des vestiges de l’espace D,les sols d’une des pièces étant établis à 0,80 m en-dessous de la surfacetopographique alentour.

Insertion dans la trame urbaine

Les vestiges du site des Villégiales, relevés au théodolite infrarou-ge, ont tous été rattachés à un fond de plan calé en Lambert. Lesorientations avancées peuvent donc être considérées comme assezrigoureuses.

La parcelle est faiblement structurée bien que placée au contactdu système rouge à l’est et au sud, du groupe vert V3 au nord-nord-est, et de l’axe violet de la rue Rouget-de-Lisle à l’ouest (Benoit 1981 :plan hors-texte).

Les orientations des murs du Haut-Empire sont plus ou moinscelles des murs de l’habitat républicain, mais il semble avant tout quece soient les contraintes de la pente et des plans de terrasse naturelsqui aient dicté ces axes. La rue nord-sud est orientée à NL-19°20’ O,contre NL-16°12’ O pour la voie cardinale. Les deux axes ne sont doncpas strictement orthogonaux. Les murs de façade longeant la ruenord-sud sont logiquement parallèles à celle-ci. Les maisons B et C,dans leurs divisions internes, respectent également cette orientation.Par contre, deux orientations majeures de la domus A (mur mitoyenavec la maison C et mur de limite entre les espaces A4 et A5), s’enécartent sensiblement (NL-16°24’ O et 11° O). Elles se rapprochentpar contre de celles de la voie est-ouest et de la canalisation CN73(NL-11°15’ O). Ces deux éléments structurants étant assez éloignés,on supposera que cette inclinaison peut annoncer un point d’inflexionde la voie nord-sud ramenant celle-ci, plus bas vers le sud, aux envi-rons de NL-10/15° O. Dans la partie haute des Villégiales (ensembleD) ainsi qu’en bordure de la rue Rouget-de-Lisle (ensemble E), lesvestiges se placent autour de NL-13°30’ O et 11°42’ O, soit relative-ment dans le même axe que la galerie CN73.

[62] La Marseillaise

A l’angle des rues Ménard, Poldo-d’Albenas et Rouget-de-Lisle, àl’emplacement du complexe immobilier baptisé «La Marseillaise».

Parcelles DT-563, 632 et 633 (cadastre révisé pour 1981).Site n° 30.189.16. Coordonnées Lambert III : X = 762,290 ; Y =

3173,290.Altitude actuelle : 64,47 à 59,70 m NGF.

Surveillance de travaux, dégagement et relevé des vestiges réaliséssous le contrôle de V. Lassalle (Musée Archéologique), entre mai etjuillet 1966.

Bibliographie : Lassalle 1969 (DFS) ; Barruol 1969 : 406-407(Gallia) ; Lassalle 1990b : 141-144 (catalogue Nîmes) ; CAG 90 et 91 ;Chazelles à paraître ; Christol, Darde à paraître ; Darmon à paraître ;Fabre à paraître ; Garmy et al. à paraître ; Garmy, Monteil à paraître ;Lassalle à paraître ; Monteil à paraître a ; Monteil à paraître b ; Potayà paraître ; Poupet à paraître ; Sabrié à paraître ; Veyrac à paraître.

Analyse des vestiges

Les parcelles sont situées au pied des pentes sud-est du Mont-Cavalier, à 500 m à l’est de la source de la Fontaine et à 390 m au

LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÈMONT

N

0 1 5 m

D1

D2SL74

CN73

68,65 m

65,40 m

MR187

MR188 MR

190MR189

Fig. 113. Plan de détail des vestiges de la zone D(L. Sauvage/M. Monteil del.).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE140

R

R

R

Rue Poldo-d'Albenas

Rue de la Lam

pèze

Rue M

énard

Rue R

ouget-deLisle

Rue des Bénédictins

Rue M

. de Salinelles

Castellum

C

0 10 20 m

N

64,47 m

61,63 m

56,18 m

60,20 m

55,90 m

55,47 m

59,63 m

A

BC

D

E

FG

H

I

J

K

LM

N

0 5 10 m

Fig. 114. La Marseillaise. Plan général des vestiges du Haut-Empire et relevé de détail de la maison (M. Monteil del., d’après un plan de V. Lassalle et J. Pey).

nord de la Maison Carrée.Cette fouille ancienne a été menée, dans des conditions d’inter-

vention difficiles, par des ouvriers terrassiers dirigés par V. Lassalle.Elle a permis de reconnaître, sur un vaste terrain couvrant près de6500 m2, des aménagements hydrauliques et une rue nord-sud, ainsi

que le plan quasi complet d’une maison d’époque romaine. L’imaged’ensemble de ces vestiges peut être dressée grâce à la conjonctiondes précieuses informations de V. Lassalle et des études réalisées parplusieurs archéologues et spécialistes, dans le cadre d’un ouvrage col-lectif à paraître (Garmy dir., Monteil dir. à paraître).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 141

Les données relatives à la topographie naturelle du site ainsi qu’àson occupation ancienne sont quasi inexistantes. Les installationsd’époque romaine se sont faites sur un terrain en assez forte pentequi semble s’interrompre sur un relatif replat au niveau de la maisondégagée (fig. 114).

Aménagements hydrauliques

Au nord du site, V. Lassalle a pu dégager et relever un aménage-ment hydraulique composé d’un canal est-ouest, d’une chambre rec-tangulaire et d’un second canal nord-sud, perpendiculaire au premier(fig. 114, 115, 116).

Le canal est-ouest a pu être reconnu sur environ 38 m de long,jusqu’au contact d’une chambre rectangulaire qu’il traverse mais au-delà de laquelle il n’a pu être suivi. Il est implanté dans une tranchéecreusée au travers du rocher et ses parements, construits en moellonscalcaires liés au mortier, supportent une voûte en plein cintre percéed’au moins quatre regards. Le fond en était constitué par le rochergrossièrement aplani. C’est celui-ci qui avait peut-être déjà été obser-vé par L. Estève en 1892 (Espérandieu 1934 : 57).

Vers l’ouest, ce canal, large de 1,24 à 1,44 m et haut de 1,76 à 1,82m, traverse une chambre rectangulaire (3 x 1,50 m) dont les murs,construits en moellons calcaires assez régulièrement assisés, compor-taient des trous de boulins. A l’exception de la paroi nord aveugle, lesautres parois montraient des ouvertures en plein cintre proportion-nées aux canaux y aboutissant. Si l’on en croit les éléments retrouvésen comblement, il est certain que cette chambre était recouverte dedalles épaisses d’environ 0,50 m. Son fond n’était, par contre, aucune-ment aménagé (rocher aplani). Plusieurs détails de construction fontdire à A. Veyrac que cette chambre paraît inachevée et pourrait avoirappartenu à un projet avorté (Veyrac à paraître). En 1966, au momentde la démolition, cette construction servait encore de cave à des parti-culiers. On y accédait alors par un escalier établi dans un secondcanal, d’orientation nord-sud, débouchant également dans la chambre.

Ce dernier, de même facture que le précédent, a pu être observésur 6 m de long. Sur cette distance, V. Lassalle a pu distinguer troistronçons distincts : un premier fondé en tranchée et probablementrecouvert de dalles à l’origine, un deuxième creusé en tunnel dans lesubstrat calcaire et un troisième identique au premier mais dont lesdalles de couverture étaient encore conservées. Le conduit était, enmoyenne, large de 0,75 m et haut de 1,25 m.

Les réflexions conjointes de V. Lassalle et surtout d’A. Veyrac(Veyrac à paraître) ont permis d’attribuer une fonction à cetensemble, qui doit être d’ailleurs raccordé à un certain nombred’autres d’éléments, anciennement ou récemment découverts, qui par-ticipent du même système (cf. infra, [67]). Les vestiges de la Marseillai-se peuvent ainsi être mis en relation avec le castellum divisorium à l’estet prolongés, vers l’ouest, sur le site des Villégiales des Bénédictins(cf. supra, [61]). Il faut restituer là un des élément du circuit d’approvi-sionnement en eau lié à l’aqueduc : une galerie technique acheminantdes tuyaux de plomb. Mais sa position à mi-pente fait qu’elle a égale-ment pu contribuer au drainage des eaux de ruissellement. L’interpré-tation de la conduite nord-sud reste par contre plus délicate : ellepourrait être liée à des impératifs de délestage ou, au contraire, à unearrivée d’eau supplémentaire.

Rues

Au-dessus du tronçon à couverture de dalles de la galerie nord-

sud, et séparée de celle-ci par un remblai d’une quarantaine de centi-mètres d’épaisseur, une rue pavée, de même orientation, a pu êtremise en évidence sur 2,70 m de long pour une largeur incomplète de4,20 m (fig. 115, 116). Elle est constituée de petits moellons calcairesdisposés en assises irrégulières et suit une pente qui devait être com-prise entre 5 à 10%.

Si son prolongement vers le sud ne fait guère de doute, il n’en estpas de même vers le nord. En effet, en tenant compte des cotes NGFrelevées par le géomètre, il semble bien que le sommet restitué desdalles couvrant la chambre se place à environ 0,60 m au-dessus de lasurface de la voie ; ce qui impliquerait, pour que cette dernière puissesauter l’obstacle, une brusque pente de 24%, sur moins de 2,60 m dedistance (le sommet de la voie pavée, en limite nord, s’établit à 61,63m, alors que la couverture de la chambre culmine à 62,26 m). Le fran-chissement de la chambre semble donc difficile à admettre et on pro-posera de restituer ici un escalier permettant à la rue de se poursuivreplus au nord, mais alors uniquement pour un passage piéton. Lesvéhicules pouvaient toutefois bénéficier ici d’un élargissement de labande de circulation, leur permettant de poursuivre leur route au-delà de l’obstacle.

Plus loin vers l’est, les deux autres rues reconnues (rues 7 et 8)flanquent à l’ouest et au sud la maison fouillée au sud du terrain,mais leur position précise et leur orientation sont incertaines. L’axenord-sud est marqué par quelques dalles irrégulières qui recouvrentun petit égout près des pièces H et I. On lui a attribué une fonction deruelle, séparant deux habitations, en raison du caractère sommaire desa construction. La rue dallée est-ouest n’est mentionnée, sous cettedénomination, que sur un croquis antérieur au dégagement de lamaison. Sa position par rapport aux limites parcellaires et au bâtiancien, ainsi que les souvenirs de V. Lassalle, nous ont amené à pro-poser de la restituer le long de la maison, mais il s’agit d’une hypothè-se très fragile. Quoi qu’il en soit, son mode de couverture suggère laprésence d’un égout collecteur sous-jacent.

L’habitat

C’est dans la partie sud du site qu’a été révélé, à 2 m de profon-deur, le plan quasi-complet d’une maison urbaine dont l’ensemble —fait rare pour l’époque — a été relevé par un géomètre (fig. 114). Lesdifficultés techniques liées à cette intervention ont cependant limitéles investigations en profondeur et les observations de détail.

Cette maison comprend une série de pièces ou d’espaces s’articu-lant autour d’une cour encadrée de portiques et équipée d’un bassin(fig. 117). Image classique qu’il est possible de développer plus endétail. Les limites de la maison, d’abord, sont sûrement reconnues surtrois côtés. Au nord, on remarquera la présence d’un probable ambi-tus (largeur : env. 0,45 m) pris entre le mur de façade de la maison etcelui d’une autre se développant plus au nord. A l’ouest et à l’est, lapropriété est longée par les deux probables zones de circulationsignalées plus haut.

Au titre du décor intérieur, on notera, dès l’abord, que quatrepièces (C, D, E et F), au moins, ainsi que les trois galeries reconnuessont dotées de sols en opus tesselatum blanc. La nature du sol desautres pièces (B, G, H, I, K et M) n’a pu être reconnue. Enfin, desenduits muraux, dont les quelques fragments recueillis ont été ratta-chés par M. et R. Sabrié au 4e style provincial, sont mentionnés danstrois espaces (C, D et E).

L’espace A correspond à une cour bordée par un portique à troisbranches dont l’aile orientale (4,20 m) apparaît plus large que les ailes

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE142

A A'

voie pavée

canal nord-sud

rocherdallage

chambremur du canal

couverture de lachambre

fond

sud nord

tronçon dallé tronçon en tunnel tronçon dallé à l'origine,détruit à l'époque moderne,pour l'aménagement d'un escalier

voie pavée

dalles de couverture

canal nord-sud

chambre

galerie est-ouest

mur

mur

rocher

rocher

N

A A'

B

B'

C

C'

0 0,5 1 m

couverture dallée de la chambre

mur nord de la chambre

ouest est

parement

trous de boulins (?)

fond

voûte

voûte

niveau d'arasement

B B'

parement

galerie ouest galerie est

0 1 2 m

C C'

voie pavée

Est Ouest

canalnord-sud

niveau actuel

Fig. 115. La Marseillaise. Plan de détail et coupes de la rue pavée et des aménagements hydrauliques découverts rue Rouget-de-Lisle(M. Monteil del., d’après un plan de V. Lassalle et M. Méger).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 143

septentrionale et occidentale (1,80 m). Dotées de sols en mosaïqueblanche, ces galeries sont séparées d’un espace ouvert central par unesérie de dalles, encore conservées au nord et à l’est, qui évoquent lesvestiges d’un stylobate. Au centre (32,5 m2), une tranchée réalisée parV. Lassalle a permis de reconnaître une dépression remblayée, inter-prétable comme l’emplacement d’un très probable bassin démantelé.

Trois des pièces de l’aile nord ont pu être dégagées. La première(B) peut être restituée sur une surface de 18 m2 et communique avecle portique par l’intermédiaire d’un seuil coté à 55,87 m. Son sol n’apas été reconnu (terre battue ?) mais les fouilleurs ont pu observer,dans son comblement intérieur, un tas de fragments de brique piléeainsi qu’une gaine à portrait inscrite, sans doute peu éloignée de sonemplacement d’origine : G.Q.N./ ABASCANTVS / SER (Genio Quintinostri, Abascantus, servus : «Au Génie de notre Quintus, Abascantus,son esclave»). Comme le notent M. Christol et D. Darde, cet élémentest un témoin du culte domestique, signe d’un hommage rendu aumaître des lieux par des clients, des amis, des esclaves ou des affran-chis (Christol 1990 : 189-190 ; Christol, Dardeà paraître).

La pièce C (19,6 m2) ouvrait directementsur la galerie la jouxtant, sans que le passageentre les deux soit matérialisé autrement quepar un changement dans le décor du sol, cotéentre 55,88 et 55,97 m. A un tapis de tessela-tum blanc identique à celui de la galerie, lesdécorateurs avaient ajouté, dans cette pièce,un semis de croisettes en tesselles noires.L’entrée de cette pièce d’apparat, exèdre large-ment ouverte au sud, était cependant renfor-cée par deux bases de pilastres d’angle. Enfin,une troisième pièce (D), de taille plus réduite(11,9 m2) fermait cette aile. Son sol demosaïque blanche communiquait de plain-pied avec celui de la galerie grâce à un seuilcoté à 55,91 m.

Dans l’angle nord-ouest, la vaste pièce E,située au contact entre les ailes nord et ouest,couvre une surface d’environ 28 m2. Égale-ment pourvue d’un sol en mosaïque blanche,mais surélevé par rapport à ses voisins (56,30

m), elle ouvrait sur le galerie par un seuil et une marche. Vers le sud,elle communique également avec un réduit (F) de 5,75 m2. Cet espaceaux allures de couloir était revêtu de mosaïque blanche et donnaitégalement sur le portique après le passage d’une marche puis d’unseuil.

Suivent ensuite trois espaces dont les sols n’ont pas été reconnus.Les pièces G et H semblent intimement liées, la première (7,2 m2)paraissant servir d’antichambre à la seconde (22,8 m2) et étant laseule à être en relation avec les galeries (seuil coté à 55,95 m). V. Las-salle a cependant noté à juste raison qu’il ne fallait pas exclure la pos-sibilité d’une communication entre la pièce H et l’extérieur de la mai-son, au travers du mur périmétral ouest. Plus au sud, enfin, l’espace I(surface supérieure à 4,5 m2), difficile à restituer, ferme les élémentsreconnus de l’aile occidentale.

De la partie sud de la maison, probablement longée par une ruedallée, les fouilles ont permis le dégagement de quatre espaces dis-tincts. En J, l’existence d’un dallage, qualifié de «grossier» et placé àune altitude de 55,47 m, milite en faveur d’un espace ouvert de 17,7m2. Il s’agit là d’un secteur de transition relié à la cour à portiquespar un seuil (55,76 m) et une marche, mais également aux espaces K,L et probablement M. Si le premier de ces trois espaces est trop lacu-naire pour être interprété, le second, caractérisé par l’existence d’unseuil donnant accès vers l’extérieur (55,46 m) et par une base d’esca-lier, semble bien être assimilable à l’entrée principale de cette maison.Enfin, la pièce M, aux dimensions assez vastes semble-t-il, n’a pu êtredégagée dans son entier mais devait supporter un étage auquel onaccédait par l’escalier de l’espace L, une probable échelle de meunieren bois et en pente de 50° environ (Chazelles à paraître).

L’unité de construction de cette maison, d’un point de vue global,apparaît assez bien dans la cohérence de son plan général et on peutdonc, malgré l’absence de toute stratigraphie, supposer que la des-cription tracée ci-dessus dépeint un état chronologique donné. Unedes seules traces de réaménagement ultérieur est fournie par un mur,non reporté sur la plan, et qui, partant de l’espace F dont il condam-nait une partie du seuil, recoupait l’angle des galeries nord et ouest etcondamnait le stylobate nord. Non daté, mais d’apparence antique, ce

Fig. 116. La chambre technique, la canalisation nord-sud et la ruepavée vues du sud (Cliché V. Lassalle).

Fig. 117. Vue partielle, prise du sud, de la partie occidentale de la maison. Au premierplan, à droite, égout secondaire et probable ruelle (Cliché V. Lassalle).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE144

mur traduit un remaniement d’importance puisqu’il provoque la dis-parition d’une partie de la colonnade et l’interruption de la circulationautour de la cour centrale. La maison a été reconnue sur environ 394m2. Sa limite orientale, seule non observée, ne doit guère être éloi-gnée de celle restituée pour fermer la pièce M à l’est ; sa surface totalepourrait donc être estimée à 550/600 m2.

On résumera ainsi les données chrono-stratigraphiques généralesqui permettent d’avancer quelques dates :

— la rue pavée de direction nord-sud, reconnue dans l’axe del’actuelle rue Rouget-de-Lisle, est forcément postérieure aux aména-gements hydrauliques qu’elle recouvre. Ces derniers sont, par ailleurs,mis en étroite relation avec le Castellum, qui constitue l’aboutisse-ment de l’aqueduc nîmois. La rue, du moins dans la forme souslaquelle elle nous est parvenue, est donc probablement aménagée peuaprès ou aux alentours du milieu du Ier s. ap. J.-C., datation désor-mais admise pour la construction de l’aqueduc de Nîmes (Fabre et al.dir. 1991 : 274-276), ceci n’exclut cependant pas l’existence d’un che-minement antérieur ;

— le mobilier recueilli dans la maison et à ses abords, en petitequantité et hors stratigraphie, est à rattacher, pour l’essentiel, à laseconde moitié du Ier s. ap. J.-C. ;

— une partie des enduits peints, trouvée dans les mêmes condi-tions, est datée des années 50-60 ap. J.-C. ;

— l’utilisation importante de la technique du tesselatum mono-chrome, décoré dans un cas d’un semis de croisettes, entraîne J.-P.Darmon à dater les pavements du courant de la seconde moitié du Iers. ap. J.-C.

La maison de la Marseillaise, ainsi que la mise en place des pavésde la voie nord-sud, pourraient donc être datées des alentours de 50ap. J.-C., en liaison avec un aménagement général du secteur étroite-ment dépendant de la mise en place du réseau d’alimentation en eau.L’abandon est, par contre, impossible à fixer dans le temps.

Aménagements de la topographie

Dans la maison de la Marseillaise, les sols sont à une altitudeéquivalente, en légère pente nord/sud cependant puisque la pièce Cest à 55,90 m contre 55,46 m pour l’accès à la rue. Par contre, la pièced’angle E était nettement surélevée (0,40 m env.) et on y accédait parle biais d’un seuil rehaussé ou par le plan incliné de la pièce F. Demême, le seuil de passage entre la cour J et la galerie s’accompagnaitd’une marche (0,40 m de dénivelé). Le dénivelé total entre le nord etle sud, qui n’excède pas 0,50 m, suggère une installation sur unméplat préexistant qui traduit, sans doute, l’aspect topographique ori-ginel. Au nord, quelques photos montrent que la galerie technique aété installée au travers des calcaires du Hauterivien supérieur quasiaffleurants.

Insertion dans la trame urbaine

Aucune orientation notable, participant d’un système mis en évi-dence par J. Benoit, n’a été relevée sur ce secteur (Benoit 1981 : planhors-texte). On signalera que le plan de la voie nord-sud et du réseauhydraulique a été réalisé sur la base d’un relevé géomètre relative-ment précis (1/200e) mais rattaché à un système de coordonnéesindépendant. Son positionnement par rapport au quadrillage Lam-bert, sur le cadastre au 1/1000e, n’a donc pu être réalisé que par lebiais d’un jeu de réductions et de superposition des limites parcel-

laires. Par contre, la maison et ses abords, bien qu’également levéspar un géomètre, n’ont malheureusement pas été rattachés au parcel-laire environnant. Le positionnement de ce plan a donc été proposésur la base des croquis, de l’état cadastral de l’époque, de photogra-phies et des souvenirs de V. Lassalle. Si son emplacement peut-êtreconsidéré comme relativement exacte, son orientation est bien évi-demment assortie d’une réserve d’au moins 5° de part et d’autre de ladirection moyenne proposée. La maison de la Marseillaise est doncapproximativement orientée autour de NL-22 O, à ± 5°.

[63] Carrefour des rues Poldo-d’Albenas et Ménard

En 1909, F. Mazauric avait pu observer, à l’angle sud de la rueMénard et de la rue Poldo-d’Albenas, des canalisations, sur lesquellesnous reviendrons (cf. infra, [67]), placées sous une couverture dedalles (fig. 70, pt 63). M. Célié a pu réaliser quelques observationscomplémentaires, en octobre 1995, à l’occasion de travaux de pose deréseaux dans l’axe de la rue d’Albenas (projet des «200 rues»). Pourl’essentiel, il s’agit de niveaux empierrés bien stratifiés, qui attestentl’existence d’une rue qui suit apparemment une direction nord-ouest/sud-est.

[64] Le n° 49, rue Rouget-de-Lisle

P. Lemerle (AFAN) a été chargée de réaliser, en novembre 1993,un repérage archéologique au n° 49 de la rue Rouget-de-Lisle (parcel-le DT-287. Coordonnées Lambert III centrales : X = 761,900 ; Y =3173,600), à l’angle de la rue Arthur-Rimbaud (fig. 70, pt 64).

Bibliographie : Lemerle 1993b ; Lemerle, in Massy dir. 1993 : 78 ;CAG 106.

La configuration actuelle du terrain est celle d’une plate-formelimitée à l’ouest par un front de taille. L’obligation de ne fouiller qu’àl’emplacement des fondations du futur bâtiment et à une profondeurmaximum de 0,80 m s’est avérée fortement contraignante. Le rocher apu être reconnu uniquement au nord de la parcelle (à 91 m NGF) et,vers l’ouest, où il est surmonté par un niveau d’éclats de taille qui alivré deux tessons d’époque gallo-romaine. Le front de taille n’a puêtre daté mais semblerait plutôt récent.

[65] Ancienne école normale/impasse Meynier-de-Salinelles

En mars 1993, un repérage a été réalisé par P. Lemerle (AFAN), àl’emplacement de l’ancienne École Normale de Nîmes (parcelle DT-643. Coordonnées Lambert III centrales : X = 762,100 ; Y = 3173,600),au bout de l’impasse Meynier-de-Salinelles, le long de la rue Ménard(fig. 70, pt 65).

Bibliographie : Lemerle 1993c ; Lemerle, in Massy dir. 1993 : 72 ;CAG 105.

Les sondages n’ont révélé aucun indice d’occupation antique ; cequi peut s’expliquer tout à la fois par la nature très pentue et acciden-tée du terrain, mais également par les destructions occasionnées ausous-sol par l’aménagement de l’École Normale au XIXe s. On noteratout de même que le rocher calcaire était en grande partie à nu (dis-parition de toute trace de sols), sans doute en raison du fait que laparcelle s’inscrit nettement dans un vallon d’axe nord-sud. Celui-ci estencore partiellement marqué, dans la topographie actuelle, par la rueMénard, et, même s’il était déjà passablement colmaté dans l’Antiqui-té, on peut supposer que le secteur devait être peu propice à l’installa-tion humaine.

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 145

[66] Fort Vauban

En novembre 1992, une opération de repérages conduite parMahfoud Ferroukhi (AFAN) a été réalisée, avant l’aménagement d’uneUniversité, à l’intérieur d’une citadelle datée du XVIIe s. et connuesous le nom de Fort Vauban. Ce bâtiment occupe la parcelle DT-126(Coordonnées Lambert III centrales : X = 762,425 ; Y = 3173,400) (fig.70, pt 66).

Bibliographie : Ferroukhi, Célié 1993 ; CAG 82.Outre d’intéressantes observations sur le bâti d’époque moderne,

les tranchées faites dans l’angle nord-ouest de la parcelle n’ont paspermis de relever de vestiges d’occupation antique, à l’exception delambeaux de paléosol dépourvus de mobilier. Le nivellement durocher, partout où il a été atteint, permet cependant de confirmer unetopographie naturelle qui, à cet emplacement, est marquée par unesorte d’éperon rocheux. L’absence de niveaux antiques doit probable-ment être mise au compte des grands aménagements récents.

[67] Castellum divisorium et aqueduc

L’aqueduc nîmois a fait récemment l’objet d’un premier voletd’une publication collective qui traite, dans une perspective diachro-nique et pluridisciplinaire, de son tracé, de son architecture, de sesrapports avec la ville et la campagne, de son évolution et de sa data-tion (Fabre et al. dir. 1991). On y retrouvera l’essentiel de ce qui estconnu du tracé en dehors et à l’intérieur de la ville augustéenne, sur

lequel on ne s’étendra donc pas outre mesure. En plus de l’ouvragedéjà cité, la bibliographie récente est assez abondante : Fabre et al.1988 ; Fabre et al. 1989 ; Fabre et al. 1990a ; Fabre et al. 1990b ; Fabreet al. 1991 ; Fabre et al. 1993 ; Fabre et al. 1994 ; Fabre, Fiches 1985 ;Fabre, Vaudour 1992 ; Fiches, Paillet 1988 ; Fiches, Paillet 1989 ; Blé-try-Sébé, Veyrac 1991 : 119-132 ; Veyrac, Pène 1992. La partied’aqueduc qui circule sur la commune de Nîmes est également bienanalysée, avec quelques compléments, dans le volume de la Cartearchéologique de la Gaule consacré à Nîmes (Fiches dir., Veyrac dir.1996 : CAG 53 à 76).

Présentation synthétique

Partant des sources d’Eure, non loin d’Uzès, l’aqueduc suit untracé d’environ 50 km de long, selon une pente moyenne de 25 cm/km(fig. 118). La conduite est construite en tranchée ou en tunnel suivantla nature des terrains rencontrés et est accessible grâce à une succes-sion de regards. Plusieurs ouvrages de franchissement, dont le Pontdu Gard reste le plus connu, jalonnent son parcours.

L’un des apports majeurs des études récentes a été de reconsidé-rer la datation augustéenne jusqu’alors proposée pour la constructionde l’ouvrage. Après avoir suggéré que cette construction avait pu êtrele résultat d’un financement à la fois privé (evergésie) et public(exemption d’impôts) — et non pas seulement impérial —, J.-L.Fiches et J.-L. Paillet ont proposé de distinguer sept grandes phases(Fabre et al. dir. 1991 : 317-333) :

1

2

3

4

5BEAUCAIRE

AVIGNONMarduel

NIMES

UZESUZESUZES

CastelvielhCastelvielhCastelvielh

Le B

ourd

ic

L'Alizon

Le Gardon

Le Vistre

Le Rhône

La Durance

étang de Pazac

étang de Clausonne

étang de Pujaut

0 1 10 kmMM

Fig. 118. Tracé de l’aqueduc depuis les sources d’Eure à Uzès jusqu’à Nîmes. 1 = relief au-dessus de 100 m ; 2 = relief au-dessusde 70 m dans la zone de chngement de bassin versant ; 3 = agglomérations antiques ; 4 = routes romaines ; 5 = aqueduc

(M. Monteil del., reproduction de Fabre et al. dir. 1991 : fig. 56).

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1. l’aqueduc est daté, par le mobilier recueilli dans plusieurs son-dages, des années 40-80 ap. J.-C. et plutôt de l’époque de Claude. Ilest, en tout cas, indubitablement postérieur à l’époque augustéenne,comme le montrent ses relations avec un certain nombre d’aménage-ments de cette période (carrière, passage sous l’enceinte augustéenne…) ;

2. une période de réglage, liée à certains dysfonctionnementsapparus lors de la mise en eau, entraîne, dansla seconde moitié du Ier s. ap. J.-C., l’exhaus-sement du canal du Pont du Gard et le bou-chage, pour consolidation, des arches de plu-sieurs ponts ;

3. le «fonctionnement optimal» del’ouvrage couvre environ 140 ans, durant les-quels il est entretenu en permanence ;

4. suivent un arrêt de l’entretien systéma-tique et quelques dégradations. L’eau estmoins claire, on note la construction decontreforts et l’aménagement de captagesorganisés, tout ceci dans le courant du IIIe s. ;

5. certains indices (réfections du cuvelage…) traduisent un essai de réhabilitation del’ouvrage dans le courant des IVe/Ve s. ;

6. la fin du fonctionnement est à dater ducourant du VIe s. ap. J.-C. et, peut-être même,du début de ce siècle ;

7. l’abandon définitif de l’aqueduc entraî-ne la récupération partielle d’une partie deses matériaux, mais aussi la réutilisation decertains de ses tronçons (puits, ponts, mursde terrasse, etc …)

L’aqueduc dans la ville

Arrivant du nord-est, l’aqueduc franchit l’enceinte augustéenne auniveau d’une porte située au col de la Croix de Fer, rue Bonfa (Varène1992 : 29-31) (fig. 119). Il est construit là en tunnel sur environ 400m, ce qui a permis aux concepteurs de faire l’économie d’un itinérairede contournement plus long du Mont-Duplan. Depuis la porte de larue Bonfa jusqu’au castellum, soit sur une longueur d’environ 750 m,le parcours urbain de l’aqueduc est assez bien connu, grâce à desobservations anciennes ou récentes réalisées rue Bonfa, rue de la Cru-cimelle et aux abords du château d’eau. Très récemment encore,l’implantation d’une Université à l’intérieur du Fort Vauban (DT-126)a permis de réaliser un certain nombre de tranchées destinées à repé-rer le tracé exact de l’aqueduc avant son aboutissement au castellum.Dans le sondage est, le canal antique a pu être observé, creusé dansdes couches détritiques anthropisées. Le comblement de la voûte alivré, en particulier, un bord de sigillée du sud de la Gaule (formeDrag. 18) qui ne peut être antérieur à 40 ap. J.-C. (Fabre, Pey inMassy dir. 1992 : 60).

Dans la ville, l’aqueduc se compose d’une série de tronçons curvi-lignes dont le plus notable est visible au niveau du fort Vauban. Il secalque assez précisément sur la courbe de niveau des 60 m NGF, pouraboutir au castellum aquae (fig. 120). Le fil d’eau à l’arrivée dans cetouvrage, l’un des rares conservés dans le monde romain, est à unealtitude de 58,94 m NGF. Ce monument est enregistré au ServiceRégional de l’archéologie sous le numéro de site 30.189.105 (Coor-données Lambert III : X = 762,365 ; Y = 3173,370). Il est signalé pourla première fois par A. de Rulman, au début du XVIIe s. puis, vrai-semblablement enfoui lors de la construction du Fort Vauban, ne seraredégagé, par un particulier, qu’en 1844. A. Pelet (1845-1846) en rap-porte alors l’essentiel des caractéristiques : un bassin circulaire (6 mde diamètre pour 1,40 m de profondeur) entouré d’un dallage ; le toutenglobé dans une maçonnerie carrée sans doute couverte, à l’imagedu château d’eau de Pompéi (Adam 1989 : 273, fig. 577), et dont l’undes murs portait un enduit peint représentant une scène nautique.

NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE146

Fig. 120. Le castellum divisorium tel qu’il se présente de nos jours (Cliché J. Pey).

rue

Bonfa

porte de la rue Bonfa

60 m

0 100 200 m

Enceinte

Castellum

Mont-Duplan

N

Fig. 119. Tracé de l’aqueduc à son entrée dans Nîmes (M. Monteil del., d’après les documents publiés

dans Fabre et al. dir. 1991).

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Les eaux y pénétraient par l’intermédiaire d’une courte section decanal carré munie d’une vanne, elle-même suivie d’une grille-peigneservant de filtre. Elles se divisaient ensuite par l’intermédiaire de 10orifices circulaires, placés en éventail, et prolongés par des tuyaux deplomb. Ces derniers étaient ensuite réunis deux par deux au sein de 5galeries techniques. Enfin, sous les orifices répartiteurs, une bondepermettait la vidange ou l’évacuation des excédents dans un canal dedégagement relié au réseau d’égouts.

Un nettoyage récent de l’ouvrage a permis, comme au XIXe s., derécupérer un grand nombre de monnaies prises dans les concrétionsdu canal de décharge qui évacue le trop-plein en direction de l’ouest(Veyrac, Pène, in Massy dir. 1993 : 78). Ces éléments laissent suppo-ser que le château d’eau, outre ses fonctions purement utilitaires, aaussi, dès l’origine, été associé à un culte des eaux. Le dégagementinsuffisant des abords occidentaux de l’édifice ne permet pas de resti-tuer le moyen par lequel les monnaies ont pu parvenir dans le canalde fuite. Étaient-elles lancées dans un simple orifice percé dans le dal-lage de couverture de l’égout ? dans un bassin construit au devant ?

ou existait-il ici une fontaine monumentale, le monument cumulantalors les fonctions de point de distribution des eaux et de nymphée,participant ainsi du décor urbain ? Une telle restitution n’aurait riend’étonnant dans la mesure où les arrivées d’eau dans la ville sont sou-vent soulignées de cette façon (Leveau 1991 : 243) : c’est le cas àRome pour le monument dit des «trophées de Marius», dans lequel ilfaut en fait reconnaître un nymphée placé au débouché d’une branchede l’aqua Julia (Gros 1996 : 432) ou, moins sûrement à Neris, en Aqui-taine, où deux aqueducs débouchent dans un vaste réservoir en ellipseduquel partent des tuyaux d’alimentation des eaux et qui a pu égale-ment constituer un nymphée (Leveau 1992 : 274-275).

On ajoutera, enfin, qu’existait peut-être un second aqueduc, ditrétrograde ou de Valz d’après le nom de son inventeur, censé dirigerune partie des eaux de l’aqueduc d’Uzès à Nîmes vers Marguerites,mais dont ne connaît ni le sens, ni le parcours complet, malgré derécentes recherches (Valz 1840 ; 1841 ; Veyrac, Pène in Massy dir.1994 : 180-181).

LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 147

0 10 20 m

Castellum

La Marseillaise

Les Villégiales

1

2

3

R

R

R

Chambre

Rue de la Lam

pèze

Rue M

énard

Rue Poldo-d'Albenas

Rue M

. de Salinelles

Rue R

ouget-de-Lisle

Rue des Bénédictins

N

Fig. 121. Plan du réseau de distribution des eaux aux abords du castellum divisorium. 1 = canal de dégagement ; 2 = galeries techniquesrepérées par V. Lassalle ; 3 = suite du canal de dégagement et galeries techniques relevées par F. Mazauric ; découvertes récentes de la

Marseillaise et des Villégiales ; R = regard (M. Monteil del.).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE148

Quai de la Fontaine

Rue Pasteur

Rue Trajan

rue Agrippa

rue Auguste

29

30

31

32

33

34

12 bis

0 25 50 m

172,900

173,000

762,000

N

51,40 m

EYDV

Égout

Fig. 122. Le tracé de l’égout monumental du 12 bis, quai de la Fontaine (M. Monteil del., d’après un plan inédit de Cl. Méry, 1905).

La distribution des eaux

Le fonctionnement propre du castellum nous est connu dans sesgrandes lignes, et on n’y reviendra donc pas (Pelet 1845-1846 ; Nadal1974 ; Trevor Hodge 1984 ; Hauck, Novak 1988 ; Blétry-Sébé, Veyrac1991 : 129 ; Leveau 1991 : 230). La distribution des eaux se faisaitprobablement par quartiers, à partir des dix orifices percés au-devantdu bassin circulaire. A. Veyrac a justement remarqué que la cote58,94 m NGF prise au débouché de l’aqueduc, dans le fond du bassin,n’était pas le véritable niveau de départ des eaux. La bonne cote est enfait celle de la base des tuyaux de plomb qui en partent, à 59,54 NGF(Veyrac à paraître).

Au-delà du château d’eau, une partie du système d’alimentationen eau de la ville peut-être restituée grâce aux résultats apportés parles fouilles des Villégiales [61] et de la Marseillaise [62] et à ceux dedécouvertes plus anciennes faites aux abords (fig. 121). Son étude,déjà abordée en 1991 (Blétry-Sébé, Veyrac 1991 : 129-132) a été repri-se récemment (Veyrac à paraître) et on ne fera qu’en résumer briève-ment les résultats.

Immédiatement à l’ouest du point de distribution, en 1909, F.Mazauric a observé, au milieu du carrefour formé par les ruesMénard et Poldo-d’Albenas, deux canalisations qui se croisaient sousun dallage (cf. supra, [63]). Quelques mètres plus loin, à l’angle sud dela rue Ménard et de la rue Poldo d’Albenas, à 2 m de profondeur, il apu observer, sous une couverture de dalles, « trois ou quatre canaux,larges de 1,50 m environ, et séparés entre eux par de petits mursépais de 0,60 m environ ». L’ensemble suivait une direction nord-est/sud-ouest. Les concrétions retrouvées en comblement portaient

l’empreinte de tuyaux de plomb. Il s’agit, sans aucun doute, desconduits techniques qui, partant du castellum, contenaient les tuyauxde distribution de l’eau en direction de la ville basse (Mazauric1909a : 154-156 ; Mazauric 1911a : 266 ; Blétry-Sébé, Veyrac 1991 :129-131).

En 1964, sur la parcelle DT-169 située côté sud de la rue Poldod’Albenas, entre les rues Ménard et de la Lampèze, V. Lassalle a rele-vé, dans la berme nord du chantier, deux canaux « parementés inté-rieurement en petit appareil ». Le premier, installé dans le rocher,était visible dans l’angle nord-est du chantier et suivait une orienta-tion nord-sud ; le second, situé plus à l’ouest, a pu être restitué sur 6m de long dans le sens nord-est/sud-ouest. Tous deux étaient « com-blés par des concrétions calcaires (…) dans lesquelles se voyaient lesempreintes cylindriques des tuyaux ». Il est probable que ces conduitsparticipent du même système que ceux reconnus par F. Mazauriclégèrement plus à l’ouest (Darde dir. 1990 : 132 ; Blétry-Sébé, Veyrac1991 : 129-131).

En 1909, F. Mazauric a également pu réaliser quelques observa-tions plus au sud, dans une tranchée de 2 m de profondeur creuséedans l’axe de la rue Ménard, « à peu de distance de la rue Clérisseau». Il y a vu des vestiges de canalisations, uniquement matérialisés pardes « débris du dépôt calcaire ou tuf formé à l’intérieur », et les asso-ciaient au passage d’un ou de plusieurs tuyaux de plomb. Les fouillesplus récentes des Villégiales et de la Marseillaise ont quant à elle livrédeux tronçons de galerie qui appartiennent en fait à un mêmeconduit orienté est-ouest. Percée de regards et dépourvue d’aménage-ments de fond, cette galerie est construite en tranchée ou en tunnel. Al’image de ceux découverts plus en amont, ce conduit a avant tout

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 149

une fonction technique, puisqu’il abrite au moins deux tuyaux deplomb de diamètre probablement voisin de 0,30 m. A. Veyrac a mon-tré que de nombreux exemples de galeries techniques similaires sontconnus dans le monde romain, auxquels on peut ajouter celui de lagalerie d’Argentomagus qui amenait l’eau à une fontaine monumenta-le par l’intermédiaire de tuyaux en bois (Coulon 1996 : 69-72). Mais leconduit nîmois avait également sans doute vocation à participer audrainage des pentes.

Enfin, du castellum part également un égout dont le prolonge-ment a été observé en 1909 par F. Mazauric, sous le carrefour desrues d’Albenas et Ménard, où il reçoit un autre égout venant du nord-ouest. Cet égout destiné à évacuer le trop-plein du château d’eau seplace dans l’alignement de la galerie technique évoquée plus haut,mais il est plus profond et devait sans doute obliquer rapidement versle sud et la ville basse. Les eaux de surplus de l’aqueduc participaientainsi au nettoyage des égouts en complément de celles de la source dela Fontaine.

[68] Égout monumental du n° 12 bis, quai de la Fontaine

E. Espérandieu rapporte qu’en 1905, l’architecte Cl. Méry a fouilléet relevé un égout situé au-dessous de l’ancien hôtel du marquisd’Ure, au 12bis, quai de la Fontaine, à l’angle de la rue Agrippa (Espé-

randieu 1932a : 34 ; CAG 68) (fig. 122, 123). La coupe dressée à cetteépoque est reproduite par E. Espérandieu et le plan du tracé a étéredécouvert récemment, dans les archives des services techniques dela ville, par B. Radjekian (1990 : fig. 1). Le plan, que nous avons repo-sitionné sans trop de difficultés sur le cadastre au 1/1000e, ainsi quela coupe, sont des documents assez précis. Ils permettent de restituerun vaste égout collecteur d’orientation est-ouest dont l’extrados s’éta-blit à 2,65 m de profondeur (env. 48,55 m NGF) et dont le canalmesure 2,40 m de haut pour 3,80 m de large. Obstrué sur 1,40 m dehauteur par du sable et de la vase, il était pavé de dalles plates.

Sa fouille a été menée en un point qu’il faut replacer à la limiteentre les parcelles DV-32 et 33. Son parcours, dessiné par Cl. Mérysur près de 400 m entre le canal oriental moderne de la Fontaine et lesquare Antonin, est-il le résultat d’une restitution hardie à partir ducourt tronçon fouillé ou d’une exploration réelle du canal assortied’un relevé assez fiable ? On penchera plutôt en faveur de la secondehypothèse, rendue plausible par la possibilité de visite que laissait lemètre non sédimenté du canal. Quoi qu’il en soit, cet égout doit êtreconsidéré comme un des éléments majeurs du réseau hydrauliquenîmois, sans doute en relation directe avec l’effluent de la source de laFontaine voisine.

[69] et [70] Rue Trajan

En 1955, dans un rapport sur les découvertes fortuites faites àNîmes et dans les environs, V. Lassalle note qu’une tranchée creuséeen mai et juin dans la rue Trajan a livré, face au n° 22 (EY-24), « desfragments de corniche, d’architrave, de colonne cannelée à arêtesplates, de colonne lisse, et plus loin, en direction du square de la Bou-querie, des fragments de chapiteaux corinthiens en pierre et enmarbre, et des morceaux de moulures, tous ces éléments de fortesdimensions. Au fond de la tranchée un fût de colonne, cannelé mono-lithe et une base de mur » (fig. 70, pt 70).

Dans un second rapport, il ajoute, qu’à l’angle de cette même rueTrajan et de la rue Plotine (site n° 30.189.45, coordonnées LambertIII : X = 762,190 ; Y = 3173,075), « en janvier 1957, une tranchée a per-mis d’apercevoir la base d’un mur assez fort (fig. 70, pt 69). On a trou-vé de nombreux fragments d’architecture, fragments de chapiteaux, decolonnes cannelées de fort diamètre, les uns en marbre, les autres enpierre, et deux fragments d’inscription sur plaques de marbre. Un son-dage effectué sur un point a permis de reconnaître plusieurs sols suc-cessifs et une couche d’incendie assez nette contenant des tuiles brû-lées et des tenons en fer » (Lassalle 1955 : 2 ; Lassalle 1957 : 2 ; Galletde Santerre 1959 : 469 ; Darde dir. 1990 : 115 ; CAG 141).

Ces deux informations semblent témoigner de l’existence d’unensemble public assez vaste, plutôt que de l’existence de riches mai-sons. Cette dernière possibilité ne peut cependant être totalementexclue.

[71] Rue Pasteur (thermes)

Dans le courant de la première moitié du XIXe s. (fig. 70, pt 71),le creusement de caves au n° 13, rue Pasteur (EY-14) a permis à M.Rouvière-Cabane de découvrir « l’aqueduc du Gard longeant la rue, àune profondeur de 2 mètres au-dessous du niveau du sol. A côté,mais un peu plus bas, il trouva une salle de bains, d’une forme ellip-tique, ayant au grand diamètre 8 m et au petit 6 environ. Elle étaitvoûtée et prenait jour d’en haut par une ouverture circulaire. Unecorniche régnait autour de l’édifice et était placée à environ 2,50 m

Fig. 123. Coupe de l’égout monumental du 12 bis,quai de la Fontaine (Espérandieu 1932a : fig. 12).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE150

de hauteur. Cette corniche formait comme un abri sous lequelétaient placés les baigneurs qui étaient assis dans des fauteuils demarbre, rangés autour de l’ellipse. D’après les fragments que nous enpossédons, ces fauteuils avaient pour pieds de devant un griffon, lesailes déployées ; les bras étaient ornés d’une tête de lion. Au centrede l’appartement, sur un piédestal, était posée une statue de Vénussortant du bain. Un conduit en marbre prenait l’eau dans l’aqueducdont nous avons parlé » (Perrot 1840 : 245-247 ; Blétry-Sébé, Veyrac1991 : 126 ; CAG 145).

Cette information reste pour le moins suspecte, même si l’état deconservation assez incroyable des vestiges pourrait s’expliquer par unrecouvrement sédimentaire plus important dû à sa position àl’amorce du piémont. On tiendra plutôt compte d’une certaine exagé-ration du narrateur, tout en remarquant que ces éléments sont peuéloignés des découvertes faites par V. Lassalle dans la rue Trajan. A.Bouet proposait récemment d’y voir une vaste citerne (Bouet 1996 :243), ce qu’on ne peut exclure, tout en notant qu’il s’agirait alors d’undes rares ouvrages de ce type connu à Nîmes.

[72] Rue Pasteur (rue antique)

En avril 1994, à l’occasion de travaux de pose de réseaux dansl’axe de la rue Pasteur (projet des «200 rues»), M. Célié et M. Monteilont pu réaliser quelques observations (fig. 124). A partir de la rueNerva et sur 28 m de long en direction de l’est, la berme nord de latranchée, située à l’aplomb du trottoir de la rue, a livré une stratigra-phie composée de niveaux empierrés. Ceux-ci s’échelonnent entre51,85 m et 51,25 m NGF en fond de tranchée, pour un niveau de rueactuel à 52,45 m. Cette rue antique semble bien suivre une orienta-tion est-ouest, assez conforme à celle de l’actuelle rue Pasteur.

[73] Rue Baduel

M.-L. Hervé (AFAN) a dirigé, en octobre 1994, un diagnostic surune parcelle (DO-1147) située à l’angle des rues Baduel et de la Pari-sière (Hervé 1994a ; Hervé in Massy dir. 1994 : 92 ; CAG 378) (fig. 70,pt 73). Sous le sol actuel (49 m NGF), la tranchée réalisée a mis enévidence la destruction du terrain suite au creusement, entre 1625 et1628, d’un fossé lié à la nouvelle ligne de fortifications urbaines éta-blie par le général en chef calviniste Rohan, et ce jusqu’au moins laprofondeur de 47,50 m NGF. Cette opération, dont les résultats relè-

vent de l’anecdote, illustre les dégâts causés par les fortificationsmodernes.

[74] L’îlot Fléchier

Opération immobilière réalisée en trois tranches successives auxabords de la rue Fléchier.

La première tranche n’a été précédée d’aucune opération archéo-logique et a concerné les parcelles DO-300, 301 et 468 situées de partet d’autre de la rue Fléchier, à l’angle de la rue Dumas.

La seconde tranche de travaux a fait l’objet d’une surveillance detravaux et d’une campagne de relevés. Elle était liée à des construc-tions établies sur les parcelles DO-306, 310, 311 et 315 sur le côtéouest de la rue Fléchier à l’angle de la rue Imbert. L’intervention, diri-gée par M. Célié (ADAL, chargé de la ville de Nîmes) et M. Prévost(AFAN), a été menée entre le 27/11 et le 15/12/1989.

La troisième tranche de travaux a entraîné la démolition de latotalité de l’îlot compris entre les rues Fléchier, Imbert, Rangueil etDumas (parcelles DO-450 à 467). Des tranchées à la pelle mécaniqueont été réalisées le 16/07/1990 par C. Olive (SRA) et M. Célié et ontconclu à l’absence de vestiges antiques. En janvier 1993, à l’occasiondes travaux de terrassement de la partie septentrionale de l’îlot, M.Monteil (AFAN), P. Poupet (CNRS) et L. Sauvage (AFAN) ont pu rele-ver, en coupe, plusieurs indices d’une occupation antique.

Altitude actuelle : 46,20 à 47,10 m NGF.Bibliographie : Darde dir. 1990 : 145 (catalogue Nîmes) ; Massy

1992 : 117 (Gallia) ; CAG 391 et 392 ; informations inédites de M.Célié, M. Monteil, C. Olive, P. Poupet, M. Prévost et L. Sauvage.

Analyse des vestiges

Le secteur restructuré dans le cadre des trois étapes de réalisationd’un vaste projet immobilier couvre environ 3500 m2, dont 10 % ontlivré des vestiges construits d’époque romaine, dans des circonstancestoutefois peu propices à une analyse fine. Il est situé immédiatementau nord du boulevard Gambetta à l’amorce du piémont qui s’étendvers le sud (fig. 125, 126).

Le sous-sol

Le substrat, constitué d’argiles jaunes plaisanciennes, affleure àune moyenne de 44,30 m NGF sur l’opération Fléchier II et à 44,20 mà Fléchier III. Il est surmonté, partout, par une couche épaisse d’envi-ron 0,75 m (45,05 à 45,15 m) qui présentait un faciès tout à fait inéditsur Nîmes, comme l’a montré une analyse détaillée menée par P. Pou-pet (Ingénieur de recherche CNRS, pédologue, UMR 154).

Il s’agit d’un sol brun calcaire non lessivé à texture globalementlimoneuse et poreuse. Plusieurs horizons peuvent cependant y êtredistingués (fig. 126) :

— l’horizon supérieur, épais d’environ 0,60 m, est très organique.Sa structure est composée d’agrégats centimétriques et plus, bien for-més. L’ensemble est aéré, marqué par un développement du cheveluracinaire abondant, et homogène de haut en bas. La transition avecl’horizon du dessous se fait de manière progressive ;

— ce dernier est très poreux et démuni de macro-structure, ce quilui confère une structure particulaire. Il est plus riche en malacofau-ne. Vers le bas, cette strate passe, en l’espace de 10/15 cm, à un maté-riau plus argileux et massif.

L’horizon organique de ce paléosol est trop épais pour être issu de

52,20 m

rue

Ner

va

rue Pasteur

place de la Révolution

rue

Plo

tine

3173,200

762,

200

762,

300

0 10 20 m

N

54,45 m

rue antique

Fig. 124. Relevé d’une portion de rue empierrée,rue Pasteur (M. Célié/M. Monteil del.).

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LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 151

phénomènes naturels. Il contient en outre un peu de mobilier, peuabondant, constitué principalement de faune et de Céramique nontournée qui peut être rattachée à la période Néolithique/Chalcolitiqueou, au plus tard, au premier Age du Fer. Il est issu d’une accrétionprogressive liée à des conditions édaphiques qui sont restées long-temps identiques sur ce bassin-versant. Il s’agit d’un sol brun calcairepeu évolué (car non lessivé et non entretenu) et nourri en permanen-ce, la richesse en matière organique de l’horizon supérieur provenantplutôt d’une couverture végétale (sol de chênaie ?) que d’un apportanthropique (sols cultivés par exemple). En clair, la partie organiquede cette couche s’est formée grâce à l’accumulation progressive, enbas de pente, de sédiments constituant, à l’origine, le sol des penteset/ou du sommet des collines bordant le secteur au nord. Cette obser-vation traduit de manière pertinente les phénomènes d’éradication dela végétation sur les collines (récolte de bois, pâturage etc …) et,donc, la fragilisation des terres.

Des maisons du Haut-Empire

C’est dans ce cadre, qu’ont été construites plusieurs unités d’habi-tation dont les vestiges et l’évolution chronologique sont difficiles àrestituer, faute de fouille extensive (fig. 125, 126).

Sur le côté occidental de la rue Fléchier, la deuxième trancheimmobilière a concerné une surface d’un peu plus de 300 m2 surlaquelle les archéologues n’ont pu intervenir qu’en suivant les terras-sements de masse et en relevant les coupes ainsi créées. Le plan desvestiges proposé est issu de ces observations et d’un croquis établi surla base d’un relevé métré des bermes par rapport aux limites parcel-laires. On soulignera que, compte tenu de l’absence, en coupes, desols caractéristiques situés sous l’état architectural présenté ci-après ;de la faible épaisseur qui sépare la surface des sols construits obser-vés du sommet du paléosol sous-jacent (0 à 0,50 m), il est fort pro-bable que l’ensemble des aménagements antiques soient plus oumoins contemporains et correspondent au premier et au seul état debâti mis en place dans ce secteur.

A peu près au centre de la zone relevée, un épais mur est-ouest(MR1), associé à un changement assez net dans l’altitude des solsreconnus de part et d’autre, semble bien marquer une limite forte quipourrait témoigner d’une division entre deux maisons.

Les espaces liés à la plus méridionale sont encadrés par deuxmurs épais MR1 et MR2. Le premier, probable limite de propriété, estlarge de 1,30 à 1,40 m. Le second, d’orientation nord-sud, n’a étéobservé que sur son côté occidental et sa disparition, peu avant soncroisement avec MR 1, pourrait indiquer un éventuel retour vers l’est.Il est construit en moellons bien appareillés liés au mortier et contreson parement s’appuient trois blocs de grand appareil (0,88 x 0,68 x0,75 ; 0,73 x 0,82 x 0,65 ; 0,96 x 0,88 x 0,52) (fig. 127). Ces bases doi-vent être interprétées comme des supports d’éléments qu’il est cepen-dant difficile de restituer : colonnes ou piliers engagés ( ?), supportd’ouverture à deux entrées larges de 1,60 m ( ?).

Dans l’angle sud-ouest de la fouille, les murs MR6 et MR7 définis-sent une portion de construction revêtue d’un sol en béton de tuileauhydraulique (SL11) coté à 44,82 m. Ce bassin est entouré par unepetite galerie, perçue sur deux ailes (1,60 et 2 m de large) à sol enopus signinum blanc (44,98 m), limitées par les murs MR4 et MR5.Sa faible profondeur, par rapport au sol environnant, amène à l’inter-préter comme un impluvium.

Au-delà, vers le nord et l’est, d’autres espaces sont égalementdotés de sols en opus signinum blanc (SL13 et 14), établis entre 44,98

et 45,01 m. Il peut s’agir d’une même pièce dans l’angle ou au centrede laquelle s’insérerait l’impluvium, ou de deux pièces séparées par leprolongement du mur MR4. Enfin, le mur MR3, qui limite le sol SL14au nord, cerne également, avec MR1, un espace allongé, large d’envi-ron 5 m, à sol de terre battue (SL15 à 45 m).

La portion de maison reconnue au nord vient s’appuyer au murMR1 mais son organisation visible est surtout marquée par un puis-sant mur nord-sud, large de 1,80 m (MR8). A l’est de ce mur, une suc-cession de sols et de limites a pu être relevée : SL17, bordure blanchede mosaïque avec bandeau de tesselles noires (45,55 m) ; un creuse-ment linéaire qui pourrait correspondre à la récupération d’une cloi-son ou d’un seuil monolithe large de 0,56 m ; une deuxième bordureblanche de mosaïque avec bandeau de tesselles noires (SL18 à 45,55m) ; un mur (MR10) ; une troisième bordure blanche de mosaïque(SL19 à 45,50 m). A l’ouest du mur MR8, peut-être limité au nord parMR9, un espace très vraisemblablement ouvert (cour ?), est traversépar des petits égouts (CN20 à 22) et son sol de terre battue a pu, aumoins ponctuellement, être aménagé en petites dalettes calcaires(SL16 à 45,60 m).

A cette organisation de l’espace peuvent également être rapportésles quelques éléments reconnus en coupe, en limite nord de l’îlot Flé-chier III. Sous le transformateur électrique, surmonté par une galerieaérienne reliant les parcelles 311 et 451 et franchissant la rue Flé-

450 à 467

468

306, 310, 311, 315

301

300

rue Imbert

rue Fléchier

rue Dumas

rue Rangueil

rue Bachalas

boulevard Gambetta

Fléchier III

Fléchier I

Fléchier I

Fléchier II

0 10 20 m

N47,10 m

46,40 m

46,65 m

Fig. 125. Les diverses interventions menées aux abords de la rueFléchier (M. Monteil del., d’après des relevés de M. Célié,

M. Monteil, M. Pévost et L. Sauvage).

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NIMES ANTIQUE ET SA PROCHE CAMPAGNE152

MR1

MR9

MR10

CN22

MR3

MR4

MR6

SL15

SL14

SL13

MR

2

MR

8C

N20

CN

21

MR

5

MR

7

SL12

SL11

SL17SL16

SL1845,50 m

45,55 m45,60 m

45,22 m

45,01 m

44,98 m45 m

44,82 m

0 1 5 m

N

A

45,43 m

45,2

3 m 45,41 m

B

45,01 m

46,01 m

44,01 m

0 1 m 2 mOuest Est

Niveau moyen du sol antique

Horizon organique

Sol brun d'origine

Argiles jaunes

C

45,01 m

46,01 m

44,01 m

5 m0 1 m 2 m 3 m 4 m

Ouest Est

Mur Mur

Paléosol

Fosse d'assainissement

cloi

son

?

Sol de tuilesOpus signinum

D

Fig. 126. A = plan détaillé des vestiges de Fléchier II ; B = plan agrandi des vestiges de Fléchier III-nord ; C = coupe au travers des hori-zons profonds ; D = coupe d’un sol doté d’une fosse d’assainissement (M. Monteil del., d’après des relevés de M. Célié,

M. Monteil, M. Prévost et L. Sauvage).

Page 59: Les collines et l’amorce du piémontsyslat.on-rev.com/ArcheOnLine/PUB1/PUB000050.pdfLES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÉMONT 97 percé d’un trou de louve, qui a pu servir de base

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chier, un sol en béton de tuileau a pu être observé à une altitude de45,49 m. La coupe relevée en limite des parcelles 452 à 454 a, quant àelle, permis de reconnaître, d’ouest en est (fig. 126, 128) :

— une fondation de mur large de 0,60 m construite en pierres etmoellons liés au mortier :

— un sol en opus signinum blanc (largeur min. : 3,95 m) établi à45,43 m ;

— un mur de construction identique au précédent mais large de0,70 m ;

— une construction bâtie en tuiles posées à plat (45,23 m) larged’au moins 1,10 m puis, sans mur intermédiaire, un nouveau sol enopus signinum blanc (45,41 m) ;

— un mur totalement épierré mais dont la largeur devait avoisi-ner les 0,80 m.

Les trois sols reconnus ont en commun une particularité. Leurinstallation a en effet été précédée par un creusement de surface équi-valente, sur une profondeur moyenne de 0,80 m au travers du paléo-sol décrit ci-dessus. Ces excavations ont ensuite été comblées pardeux remblais successifs au sommet desquels ont été installés lesradiers de pose des sols bétonnés : au fond, un remblai riche en maté-riaux de construction/destruction (pierres, moellons, tuiles, tesselles,etc.) ; au-dessus, un remblai de nature semblable mais plus riche endéchets domestiques. Plutôt que d’imaginer, dans ce cas précis,l’épierrement de vastes constructions antérieures à la pose des pave-ments retrouvés, il semble bien qu’il faille interpréter ces excavationsdans le sens d’une volonté d’assainissement et de lutte contre d’éven-tuelles remontées d’humidité dues au caractère très particulier dusous-sol.

Les niveaux d’abandon qui recouvrent tous ces vestiges sontconservés, en moyenne, sur 0,50 m d’épaisseur puis cèdent la place àdes remblais modernes qui supportent le sol actuel à 47,10 m envi-ron.

Ces quelques éléments de maisons urbaines sont les seuls à avoirété observés récemment dans tout ce secteur qui s’étend au nord duboulevard Gambetta, entre la citadelle Vauban à l’ouest et le passagede l’enceinte augustéenne à l’est et au nord. Les deux maisonsmitoyennes repérées à l’ouest surprennent par l’épaisseur anormale-ment forte d’une partie de leurs murs, qui pourraient suggérer l’exis-tence d’étages et, en tout cas, présument de riches habitations. Laplus méridionale dispose en outre de pièces dotées de sols en opussigninum, dans l’angle sud-ouest desquelles deux portions de galeries

limitent un bassin peu profond, doté d’un béton hydraulique, qu’onest tenté d’interpréter comme un impluvium. Galeries et bassin (env.16 à 20 m2) pourraient constituer un atrium, entouré de pièces,comme par exemple dans la partie orientale de la maison du Clos dela Lombarde à Narbonne (Sabrié et al. 1987).

Faute de mobilier et de fouille fine, les dates des constructions etde leur abandon sont par contre difficiles à proposer. Ainsi l’opéra-tion Fléchier 2 n’a livré que quelques fragments de céramique ramas-sés hors stratigraphie (céramique vernissée de l’Uzège, 3 pansesd’amphore africaine, 1 panse de céramique à pisolithes, 1 bord decommune oxydante tardive, quelques fragments d’amphore gaulois etde Bétique, 1 bord de sigillée du sud de la Gaule de forme Drag.15/17). Par contre, à l’occasion du relevé de la coupe de Fléchier III,plusieurs fragments de céramique ont pu être extraits, en positionstratigraphique, dans les remblais préparatoires à la pose des solsbétonnés. La présence d’une panse de céramique commune à engobemicacée, d’un bord de céramique Africaine de Cuisine de formeHayes 23B, d’une panse de claire B et de 2 panses de Drag. 37 tardifen sigillée du sud de la Gaule, indiquent que les sols se sont sansdoute installés ici dans le courant de la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C., en tout cas forcément après les années 140-150 ap. J.-C. On nepeut cependant rapporter cette précieuse information à l’ensemble dusite dont on conviendra, plus globalement, qu’il est progressivementoccupé durant le courant du Haut-Empire.

Aménagements de la topographie

A l’est, mis à part les terrassements ponctuels observés au droit decertains sols bétonnés, le sous-sol n’a guère été modifié durant l’Anti-quité. Les deux maisons les plus occidentales s’installent quant à ellessur deux terrasses successives dont le modelé originel est légèrementaccentué par des remblais de nivellement préalable.

Insertion dans la trame urbaine

Le quartier dans lequel s’insèrent les vestiges est principalementstructuré par le système bleu B4 (NL-0°30’ E) (Benoit 1981 : 76-77).Les murs reconnus n’ont pu être relevés, puis repositionnés, avec unetrès grande précision. Leur orientation moyenne, qui s’établit autourde NL-4° O, doit donc être considérée comme assortie d’une réserved’au moins 4 à 5°.

LES COLLINES ET L’AMORCE DU PIÈMONT

Fig. 127. Vue en coupe du mur MR2 (Cliché M. Célié). Fig. 128. Vue de la coupe D, cf. fig. 126 (Cliché M. Monteil).