Les Clés de la presse

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La vie de la presse Comment Idé réalise des infographies PAGE 8 La Revue fiduciaire élargit son offre de services PAGE 10 L’enquête La pub digitale se normalise PAGE 28 + lapresse www.lesclesdelapresse.fr n°35 Hiver 2014 _les clés de_ le magazine La boîte à outils des professionnels de la presse Les tendances 2014 de la presse de A à Z Europe 1 est parti à la rencontre des auditeurs avec son Train des municipales. DE A COMME AIDES À LA PRESSE À Z COMME ZAPPING, EN PASSANT PAR D COMME DIVERSIFICATION OU P COMME PAYWALL, LES CLÉS DE LA PRESSE VOUS PROPOSE UN DOSSIER AVEC LES 26 PRINCIPALES TENDANCES DU MOMENT. LIRE LE DOSSIER PAGE 12 L’analyse Les enjeux du datajournalisme PAGE 32 L’événement Focus sur 8 dispositifs médias pour les municipales PAGE 4

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La vie de la presseComment Idé réalise

des infographies PAGE 8

La Revue fiduciaire

élargit son offre

de services PAGE 10

L’enquêteLa pub digitale

se normalise PAGE 28

+lapressewww.lesclesdelapresse.fr n°35 Hiver 2014

_les clés de_le magazine

La boîte à outils des professionnels de la presse

Les tendances 2014de la presse de A à Z

Europe 1 est parti à la rencontre des auditeurs avec son Train des municipales.

DE A COMME AIDES À LA PRESSE À Z COMME ZAPPING, EN PASSANT PAR D COMME DIVERSIFICATIONOU P COMME PAYWALL, LES CLÉS DE LA PRESSE VOUS PROPOSE UN DOSSIER AVEC LES 26 PRINCIPALESTENDANCES DU MOMENT. LIRE LE DOSSIER PAGE 12

L’analyseLes enjeuxdu datajournalisme PAGE 32

L’événementFocus sur 8 dispositifs médiaspour les municipales PAGE 4

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2 sommaire Les Clés de la presse - hiver 2014

Sommaire

La vie de la presse

p.8 Comment Idé réalise des infographies à la chaîneL’agence produit pas moins de 18 000 infographies

par an, dont les trois quarts pour les médias.Reportage dans une ruche.

p.10 La Revue fiduciaire élargit son offre de services Pour Yves de la Villeguérin, Pdg du groupe

Revue fiduciaire, se développer signifie anticiperles demandes des abonnés en créant de nouveaux services.

Le dossier

Les tendances 2014 de la presse de A à Z p.12

Aides à la presse. L’heure de la réformeBuzz. Incontournables réseaux sociauxCrise. 2000 emplois supprimésDiversifications. A la recherchede nouvelles ressourcesEbusiness. Les groupes accélèrentsur le numérique

Fact-checking. Une évolution naturelle du journalisme ?Google. Le temps de l’apaisement ?Hersant. Le crépuscule d’un géantIrep. Un marché publicitaire toujours en reculJeux vidéo. L’éclosion du « game-documentaire »Kiosque. La réforme du système de distribution en routeLancements. Une année riche en création de titresMediapart. Edwy Plenel fait bouger les lignesNative advertising. Les régies marchent sur des œufsOuest France. Le premier plan social de son histoirePaywall. Le nouveau modèle économique des sites de presseQuotidiens. Le pari de l’OpinionRTB. L’essor des adexchangesScoop. L’exclusivité paieTerrain. Le reportage toujours à l’honneurU like. Une forte présence sur Facebookreste valorisanteVidéo. Ce qu’il faut faire, et ne pas faireWeb to print. Quand le salut passe par la presseXXL et XXS. Une question de formatY la génération. Les 18/30 ans dans la ligne de mireZapping. Le « multi-reading » en plein développement

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Les Clés de la presse - hiver 20143

> A l’heure où les édi-teurs de presse, etles médias en géné-

ral, manquent cruellement devisibilité, nous avons décidé,dans ce numéro, de décrypter lestendances 2014 du secteur à tra-vers un abécédaire. Le choix desvingt-six thématiques est évi-demment très subjectif, mais ilrévèle au final une vision beau-coup moins sombre que le tableauque certains décrivent parfois. Certes, la crise est bien pré-sente avec son lot de plans sociaux (C comme crise), desrecettes publicitaires en forte baisse (I comme Irep) ou desgéants en perdition (H comme Hersant). De même, les réformesen cours sont souvent douloureuses (A comme aides à la presse,K comme kiosque).

Mais les raisons d’y croire figurent aussi en bonne place,avec l’exploration de relais de croissance (D comme diversi-fications), la multiplication des innovations éditoriales(L comme lancements, W comme Web to print), sans compterquelques success story (M comme Mediapart). Le digital n’estpas oublié, tant sur le plan stratégique (E comme ebusiness,ou P comme paywall) qu’en termes éditorial (B comme buzz,V comme vidéo) ou commercial (N comme native advertising,R comme RTB). Notre sélection met aussi en lumière de nou-velles habitudes de consommation (Y comme génération Y, ou Zcomme zapping), et de nouvelles pratiques professionnelles(F comme fact-checking).

C’est aussi dans cette optique de veille que s’inscritnotre enquête sur les enjeux du datajournalisme. Si cettetechnique peine à se développer en France, elle pourraitpourtant permettre à la presse de fidéliser ses lecteurs etlui assurer de nouvelles recettes, estime, exemples à l’ap-pui, Estelle Prusker-Deneuville, doctorante à l’UniversitéPanthéon-Assas et responsable des enseignements médias deSciences com.

Les élections municipales sont enfin l’occasion, pour lesmédias, d’imaginer et de tester de nouveaux dispositifs pourassurer la meilleure couverture. Pour être le plus concretpossible, nous avons choisi de détailler huit d’entre eux, desinitiatives participatives de France télévisions au lancementdu journal télévisé de la Provence, en passant par une expé-rience de datajournalisme (encore une) aux Echos, la quête departenariats originaux du Monde, ou le recours du Journal dudimanche aux écoles de journalisme en région, afin d’offrir lacouverture médiatique la plus large. « C’est une façon de met-tre le pied à l’étrier et de rendre visible le travail desjeunes journalistes », estime Cyril Petit, le rédacteur enchef du JDD. Bonne lecture à tous. Didier Falcand

([email protected])

Nos enquêtes

L’événement p.4Des dispositifs médias novateurspour les municipalesAvec le numérique, la couverture de ces électionsprend un nouveau visage.

L’enquête p.28La publicité digitale se normaliseA l’occasion des dix ans du Syndicat des régiesInternet, bilan d’une décennie de pub digitale.

L’analyse p.32Les enjeux du datajournalismeIl pourrait permettre à la presse de fidéliserses lecteurs et lui assurer de nouvelles recettes.

édito

L’abécédairede la presse

Les Clés de la presse.

12 rue Gabriel Péri

BP 5, 92 122 Montrouge Cedex

Tél.01 46 55 88 40

www.lesclesdelapresse.fr

Directeur de la publication

Didier Falcand

Rédaction

Marie Malaterre-Roques,

Jessica Ibelaïdene (01 46 55 88 42),

Estelle Prusker-Deneuville.

Illustrations et infographies

Félé

Conception graphique

Les Designers Anonymes.

Site Internet CVMH solutions

Publicité En interne.

Nous contacter au 01 46 55 88 40

Abonnement 260 euros TTC (dont TVA

à 2,10 %) par an pour 6 magazines

papier et 90 lettres électroniques.

Impression

Magenta print, BP 9

17 380 Tonnay-Boutonne.

Tél.: 09 65 34 27 34

Les Clés de la presse est édité par la

société Jouillat Presse, Sarl au

capital de 16 000 euros, immatriculée

au RCS de Nanterre (n°479 276 396).

Siège social

8, rue Amaury-Duval, 92 120 Montrouge

Code Naf : 5813Z. ISSN : 1777-3059

Numéro de commission paritaire :

0314 I 87643.

Dépôt légal : mars 2014.

Toute reproduction interdite

et passible de poursuites.

Hélène Chartier, directricegénérale du SRI.

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4 l’événement Les Clés de la presse - hiver 2014

Des dispositifs médiasnovateurs

pour les municipales Les municipales sontun événement crucialpour de nombreuxmédias, éveillantparticulièrementl’intérêtdes Français.Avec le numérique,la couverturede ces élections prendun nouveau visage.

> Depuis l’élection présiden-tielle de 2012, les médias ontpu constater que les citoyens

se saisissaient des outils numériquespour participer activement au débatpolitique. Or, les élections municipalesconstituent un événement encore plusproche et concernant pour les Français,avec des problématiques locales précisesqui incitent les rédactions à adopter unevision plus large que d’habitude. Pourcorrespondre à la demande de proximitéque ces élections induisent, les rédac-tions doivent imaginer des dispositifsnovateurs, s’adapter aux nouveauxusages, voire même en créer, pour fairevivre ces premières municipales 2.0.Décryptage avec huit cas concrets.

Des initiativesparticipativespour France télévisions

Le groupe audiovisuel public adécidé de jouer pleinement avec le numé-

rique en lançant deux initiatives iné-dites. La première, #MonDébat2014, a étéconçue avec Google et ses technologies :une plateforme a été réalisée afin demettre le public au cœur du débat et lefaire participer directement. Avecl’outil « hangout » de Google, des tchatssont organisés entre un candidat et descitoyens préalablement inscrits sur laplateforme, avec le soutien des24 antennes de France 3 en région. Entout, une cinquantaine de débats sontespérés d’ici au deuxième tour, le 30mars. Ces débats en direct, d’environtrente minutes, commencent sur France 3,afin de permettre une plus grande visi-bilité, avant de basculer uniquement surInternet. Les personnes n’ayant pas puparticiper au live vidéo peuvent inter-peller le candidat sur Google+ ou Twit-ter, avec le hashtag #Mondébat2014. Mais

la plateforme permet aussi de s’informeren temps réel, avec une partie news etlive éditée par France TV info et leréseau régional de France 3.

France télévisions va encore plusloin avec une autre initiative inno-vante, conçue cette fois-ci avec Wedo-data, agence spécialisée dans le data-journalisme. Ensemble, ils ont mis enplace un « jeu d’anticipation électo-rale », Municipaly. Sur le site dédié,les internautes peuvent participer àdes paris et à des quiz, mais aussiaccéder à des informations débloquéesau fur et à mesure, sur les 36 000 com-munes de France. Un système de pointspermettra d’établir un classement.Avec ces deux dispositifs, France télé-visions a trouvé des voies originalespour informer, attirer et faire parti-ciper les citoyens sur ses médias.

La plateforme #MonDébat2014 a été conçue pour France télévisions, avec Google.

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5 Les Clés de la presse - hiver 2014

Un enjeu éditorialet économiquepour Ouest France

Comme pour toute la presse quoti-dienne régionale, les élections munici-pales représentent pour Ouest France un« véritable enjeu éditorial et écono-mique », selon les mots de Jean-LucEvin, rédacteur en chef. « Ce sont un peunos Jeux olympiques, ajoute-t-il. Nousavons beaucoup d’espoirs pour la diffu-sion. En 2008, pour le 1er tour, nousavions un tirage d’1,2 million d’exem-plaires. Nous n’en avons pas faitd’aussi important depuis ».

Le rédacteur en chef estime que lafonction première de la PQR et de OuestFrance est d’animer les débats locaux.Pour conforter ce rôle et sa légitimité,le quotidien breton a organisé environ150 débats publics, sur l’ensemble de sazone de diffusion. Côté éditorial, legroupe a aussi réfléchi à un dispositifmobilisant toutes les rédactionslocales et les 2 500 correspondants depresse. Le papier et Internet apparais-sent comme complémentaires. Sur lesite, la data et l’outil lui-même per-mettent de donner toutes les informa-tions, de manière exhaustive. Desfiches pratiques sont mises à la dispo-sition des internautes pour chaque com-mune couverte par le réseau OuestFrance, avec les données principales dela commune, les listes complètes avecles photos des candidats. « Chaque can-didat est présenté dans le Vidéotour,assure Jean-Luc Evin. Les internautessont aussi invités à se filmer pourfaire leurs propositions, pour larubrique Si j’étais maire. » OuestFrance est aussi l’un des partenaires dela plateforme questionnezvoscandi-dats.org, avec l’Express, la Voix dunord, le Courrier picard et le groupeSud Ouest, qui permet aux internautes dequestionner directement un ou plusieurscandidats de sa ville.

Sur le papier, « nous privilégionsl’analyse, le reportage et l’expertise,poursuit-il. Nous y mobilisons nosforces pour apporter notre valeur ajou-tée journalistique. D’autant que lesmunicipales constituent l’essentiel del’actualité à partir de début mars ». Leséditions locales doivent apporter, enpremier lieu, les noms et les listes des

candidats. « Entre le 15 janvier et le 6mars, nous avons publié plus de 120 000noms », nous apprend Jean-Luc Evin. Lapublication des résultats fera aussil’objet d’un soin tout particulier dansles colonnes du journal : « Notre bou-clage sera retardé et nous allons regrou-per les éditions pour faire un journaldes municipales par département. »

Le JDD cherche la fraîcheuret les idées des jeunesjournalistes

La politique est l’un des sujetsforts du Journal du dimanche. C’est unerubrique très consultée, tant sur lesite Internet que sur le papier, même endehors des périodes électorales. Pourles élections municipales, les lecteursattendent donc une couverture média-tique assez large de la part de l’hebdo-madaire. Or, le journal n’a pas de cor-respondants partout en France, commel’explique Cyril Petit, rédacteur enchef du JDD. « Nous avons fait appel auxécoles de journalisme reconnues enrégion pour l’opération Vidéovilles.Sur les neuf, sept ont accepté. C’esttoujours bien de bénéficier de la fraî-cheur et des idées apportées par lesjeunes journalistes. Ils sentent lessujets et les problématiques locales etnous permettent d’avoir des relais surplace, d’assurer une présence ».

Ainsi, chaque jour, à 12 h, depuisfin janvier, une vidéo réalisée par

l’une des écoles (Lannion, Tours,Cannes, Grenoble, Toulouse, Lille etStrasbourg) est publiée sur le site. Ledimanche, dans le journal, un encartreprend les sept vidéos, accessiblessur les supports mobiles grâce à un dis-positif de réalité augmentée. Chaquemercredi, le « Tour de France desvilles » est en accès gratuit, sur laversion iPad du JDD. « Nous voulions undispositif multi-supports pour donnerune plus grande visibilité », expliquele rédacteur en chef.

Les sujets ont été proposés en amontau JDD pour mettre les étudiants ensituation, comme pour vendre le sujet.« C’est une façon de leur mettre le piedà l’étrier et de rendre visible le tra-vail des jeunes journalistes », ajouteCyril Petit, qui se défend de profiterd’une main d’œuvre pas chère et livrée àelle-même. « Au contraire, les étu-diants sont très encadrés dans leurécole et nous sommes en contact fré-quent avec eux, si besoin, pour leurapporter notre expertise ». La rédac-tion revoit tous les reportages avantde les diffuser et les fait corriger sinécessaire : « Les ajustements sontsurtout d’ordre technique, pour desproblèmes de son ou de charte gra-phique. Nous ne sommes pas encoreintervenus sur les angles ».

Le JDD, satisfait de l’expérience etdes idées qui ont émergé, pourrait serapprocher encore plus des écoles dejournalisme. C’est en tout cas le sou-hait de Cyril Petit.

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La Provence en profitepour développerde nouvelles compétences

La Provence a décidé de frapper fortpour ces municipales : sous l’impulsiond’Olivier Mazerolle, directeur de larédaction et ancien homme de télévi-sion, le quotidien régional se déclinedésormais sous la forme d’un journaltélévisé. « Nous sommes dans une périodeoù l’image domine et nous ne pouvons pasl’ignorer, nous expliquait OlivierMazerolle, le jour du lancement du18:18, le 10 février. Nous voulionsfaire vivre les municipales presque endirect avec un support venant compléterl’écrit. »

Pour l’instant, le 18:18 est un« journal des municipales » d’unedizaine de minutes, diffusé du lundi ausamedi, disponible aux alentours de18 h, comme son nom l’indique, ou enreplay. « Les municipales sont un événe-ment qui passionne les Français et lestouche de près. C’est l’occasion pournous de tester ce format. Ces électionsnous servent de tremplin car nous allonspérenniser ce JT, qui deviendra plusgénéral », affirme Olivier Mazerolle.Ce lancement doit aussi permettre detrouver de quoi faire vivre le groupe etlui donner de la vitalité, car « si lapresse écrite nous apporte une grandecrédibilité, elle ne peut plus vivreseule, conclut le directeur de la rédac-tion. Nous devons devenir un grandgroupe multimédia ».

Europe 1 part à larencontre des auditeurs

Europe 1 a choisi de se rendre direc-tement sur le terrain des auditeurs enparcourant la France en train, depuis le2 février. Au départ, seules deux émis-sions par semaine devaient être réali-sées en direct et en public sur ce par-cours, l’une présentée par WendyBouchard (Europe 1 midi), l’autre parNicolas Poincaré (Europe 1 soir). Maisen trois semaines, après avoiraccueilli 3 500 visiteurs, la radio dugroupe Lagardère était tellement satis-faite de son succès qu’elle a décidé deréaliser d’autres émissions à bord dutrain : Jean-Marc Morandini (le Granddirect des médias), Franck Ferrand (Aucœur de l’histoire), Cyril Hanouna (lesPieds dans le plat) et Helena Morna (lesExperts d’Europe 1) se sont ainsi collésà l’exercice.

Sur le Web, Europe 1, via son Lab, aégalement mis en place un outil, #Moi-Maire, pour jouer toujours plus la proxi-mité avec les citoyens et les interpel-ler. Les internautes sont ainsi invités àrépondre à la question « Et si vous étiezmaire, que feriez-vous ? » ; et appelés àfaire des propositions, à en débattre età les commenter. Des élus, de grandesvilles comme de villages, médiatiques ounon, se sont aussi prêtés au jeu.

Le Monde s’ouvreà d’autres regards

Le plus marquant dans les disposi-tifs mis en place par Le Monde, c’estcette volonté d’aller chercher d’autresregards, de s’ouvrir à de nouveauxpoints de vue pour sortir de la vision« trop parisienne », souvent reprochéeaux quotidiens nationaux. Pour cela, leMonde a fait appel au savoir-faire duBondy blog et de ses jeunes journa-listes, partis pour un tour de Francedes banlieues, spécialement pour cesélections. « Les municipales dans lesbanlieues, en dehors de la région pari-sienne, sont une actualité que peu demédias traitent, estime Nicolas Cha-puis, chef adjoint au service France duMonde. Le Bondy blog parle des banlieuestoute l’année, avec un ton et une fraî-cheur qui apportent un plus à la couver-ture du Monde. » Le quotidien choisittrois articles par semaine qu’il met enavant sur son site Internet, offrant auxjeunes du Bondy blog une belle visibi-lité et permettant au Monde d’être là oùil ne peut pas être.

Le site du journal fait aussi appelaux internautes-photographes amateurspour « voir ce que nous ne pouvons pasvoir », « soulever et montrer des pro-blématiques vraiment locales », commele dit Gabriel Coutagne, du service

Les Clés de la presse - hiver 20146 l’événement

Dans le Train des municipales d’Europe 1, Nicolas Poincaré présente son émission Europe 1 soir, en directet en public. Ici, à Saint-Etienne.

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photo. C’est pour ces raisons que ledispositif #Municigrams a été pensé.Chaque semaine, une thématique est lan-cée avec un hashtag. Il suffit auxinternautes de poster leur photo avecce hashtag thématique et celui de#Municigrams sur un réseau social pourla proposer à la rédaction. « Ce travailsur les réseaux sociaux vient complétercelui d’un photographe professionnel,qui apporte un regard d’auteur sur leshuit thématiques », ajoute Gabriel Cou-tagne. Il n’était pas question de « met-tre en danger » les professionnels,mais plutôt de faire coexister leursœuvres avec les possibilités offertespar les réseaux sociaux. « Il y a un côtéexpérimental. Les internautes ontl’air de plutôt bien réagir et la parti-cipation est régulière d’une théma-tique à l’autre ». Ce regard direct deslecteurs semble prendre, tant et sibien que ce genre d’expérience pourraitêtre reconduite à l’avenir.

Les Echos jouent la cartede la data

« Le rôle des Echos est d’apporterdes données chiffrées, factuelles,pour éclairer les décideurs et les lec-

teurs et leur fournir de la matière pournourrir leur réflexion et leur argumen-tation ». En partant de ce constat,Donat Vidal-Revel, directeur déléguéde l’information numérique, et leséquipes du journal ont travaillé à lamise en place d’un portail sur son site,Communes.lesechos.fr. « C’est la pre-mière fois qu’une base de données aussilarge est lancée sur les 36 000 communesfrançaises. Elle est la plus à jour etla plus complète possible, même s’ilest plus difficile d’avoir des donnéesde gestion ou sur la situation finan-cière des petites communes », reconnaîtDonat Vidal-Revel.

C’est aussi la première fois que lesEchos se lancent dans une opération dedatajournalisme d’une telle ampleur.Une expérience qui apparaît comme « trèsintéressante, fournissant des donnéesbrutes contextualisées et nous permet-tant de découvrir des tendances que nousn’aurions pas pu décrypter jusque-là ».Véritable force de frappe autour desmunicipales pour le journal, les élé-ments statistiques, mis à jour toutesles quinze minutes les soirs de résul-tats, pourront donner lieu à des conte-nus éditoriaux. « L’outil est adapté àdes événements comme les municipales quipeuvent mener à une analyse politique,estime Donat Vidal-Revel. Mais il sertaussi aux universitaires, aux étu-

diants, aux professeurs ou aux écoles decommerce par exemple. » Une mine d’in-formations qui devrait être pérenne.

20 minutes s’inviteà la télévision

Le quotidien gratuit 20 minutes amis en place un partenariat avec iTélépour couvrir les municipales 2014. Cepartenariat a plusieurs avantages pourAcacio Pereira, le directeur de larédaction : « Nous n’avons pas besoin devisibilité et de puissance, puisquenous sommes le plus grand journal deFrance. Mais nos interventions suriTélé nous permettent d’incarner lamarque et de l’installer plus fortementen montrant le sérieux de nos journa-listes. » Le directeur de la rédaction,qui se sent proche des valeurs et de lafaçon de traiter l’informationd’iTélé, « avec des sujets larges etconcernants », reconnaît également quec’est une façon de mutualiser lesmoyens, notamment pour les sondages. Enplus des interventions sur l’antenned’iTélé de journalistes de 20 minutesles lundis, vendredis et dimanches, larédaction du quotidien va aussi parti-ciper aux soirées électorales de lachaîne d’information.

Jessica Ibelaïdene

Les Clés de la presse - hiver 20147

Communes.lesechos.fr propose de nombreuses données(de gestion, sur la situation financière, etc.)sur les 36 000 communes françaises.

Avec #Municigrams, le Monde veut faire participer ses lecteurs autrement.

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8 la vie de la presse Les Clés de la presse - hiver 2014

Comment Idé réalise des infographies

à la chaîneL’agence Idé produitpas moins de 18 000infographies par an,dont les trois quartspour les médias.La rédaction des Clésde la presse estpartie à la recherchede ses secretsde fabrique.

> Vous ne connaissez peut-êtrepas l’agence Idé, mais vousn’avez pas pu manquer ses

réalisations, puisque ses infographiessont régulièrement publiées dans lapresse, que ce soient les quotidiensnationaux (la Croix, 20 minutes, leParisien, Libération, les Échos…), lapresse quotidienne régionale (laDépêche du midi, le Courrier picard, laNouvelle république, la Voix du nord,Sud Ouest…), les magazines (l’Express,le Nouvel obs, Jeune Afrique, Télérama,Télé poche), sans oublier la pressejeunesse (mon Quotidien, Géo ado), etmême la télévision (TF1 principale-ment) et les sites web (Radio France,Rtl.fr…).

Implanté rue des Jeuneurs, au cœur deParis, Idé a un statut d’agence depresse, une dizaine de CDI pour la partieédition, une cinquantaine pour l’infor-mation. Parmi eux, 12 journalistes, 5cartographes, 26 graphistes et 4 déve-loppeurs, qui publient quelque 18 000infographies par an, 365 jours par an,

entre 8 h 30 et 20 h en semaine, et uneéquipe sur le pont dès 14 h le week-end.

Une quarantained’infographies par jourAvec une quarantaine d’infographies

par jour, Idé doit faire preuve d’unebonne organisation, en termes de gestiondu planning et de connaissance desbesoins des clients. Dans l’open space,à chaque métier son espace : les journa-listes à gauche, les cartographes aufond, les graphistes à droite. Cettedisposition permet à chacun de circulerfacilement, d’interagir au besoin, etdonne l’impression de dialoguer plusaisément entre les métiers. « Les gra-phistes et les journalistes doivent tra-vailler ensemble et se comprendre,explique Christophe Héral, le présidentde l’agence. Les premiers doivent bienscénariser les éléments apportés par lesseconds, qui eux-mêmes doivent demanderdes choses réalisables. »

Chaque matin, un « menu » est élaboréen fonction de l’actualité prévisible,avec les infographies print et Web pro-grammées et proposées aux clients médiasau fil de la journée. Envoyées par mailet réactualisées au besoin, ces infogra-phies sont disponibles sur le site del’agence, dans les fils print ou Web. Idése doit d’être extrêmement réactif, enpubliant une carte de situation trèsrapidement après un événement, quitte ày revenir ensuite. « Pour Fukushima,nous avons dû sortir une localisationtout de suite, explique un graphiste.Puis, nous y sommes allés progressive-ment : dans la journée, nous avions faitune animation simple, en 3D, avec des

blocs textes, pour les sites Web. Un moisplus tard, nous avions une propositionplus élaborée avec une voix off, plusd’informations, de photos et de la 3D. »

Une maîtrise de la 3DLa 3D, c’est l’une des compétences

qu’a dû chercher à acquérir Idé, aussibien pour ses animations que pour desinfographies fixes. «Tous les gra-phistes n’en font pas, mais c’est indis-pensable, assure Christophe Héral, pourqui cette combinaison fait la force del’agence. Une microcompétence qui vientse compiler aux autres au sein de larédaction». Idé est d’ailleurs la seuleà avoir des géographes-cartographes de

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9 Les Clés de la presse - hiver 2014

Copyright @ Visa pour l’image

Copyright @Michael Nicols. Parc national du Serengeti,

Tanzanie, 2012.

formation au sein de son équipe, assure-t-il. Un vrai plus pour l’un d’entre eux,pour une expertise plus pointue. «Noussommes capables de faire de l’hyperlocalcomme de la localisation d’une ville dansle monde.» Sur son écran d’ordinateur,le plan d’un hôpital qu’il a réalisé àpartir d’une vue satellite et d’un cro-quis mal orienté. «Même sans connaîtrela ville, nous devons pouvoir donner desclés d’orientation pour reconnaîtrel’endroit, tout en gardant l’informationprincipale au cœur de la carte.» Unsavant mélange aussi valable pour descartes historiques: «Il faut presquepouvoir comprendre la carte sans lire lalégende et, pour cela, appliquer descodes, des typographies spécifiquesquand on parle d’histoire par exemple…»

Si l’agence est force de proposi-tions, elle peut aussi réaliser des pro-ductions pour les médias à la demande.« Si le sujet est mutualisable et quenous ne l’avons pas prévu, nous le réa-lisons sans rien demander, préciseChristophe Héral. Sinon, ou nous le fac-turons en plus, ou il rentre dans lecadre de l’abonnement (de 2 500 à 5 000euros par mois, en fonction de l’au-dience du client, NDLR). » Illustrationavec une graphiste réalisant la pageNoël, avec un sapin très graphique etoriginal, d’un hebdomadaire TV.

Une banque de données sur 200 paysUne autre clé de la réactivité d’Idé

tient dans ses archives et sa capacité àretrouver et actualiser des donnéestrès larges, notamment via Idé data, quiregroupe des données économiques,financières et sociétales. « Nous avonsune centaine d’indicateurs répertoriés

dans notre base de données sur près de200 pays, venant de sources offi-cielles, internationales, poursuitChristophe Héral. Il est possible decomparer plusieurs indicateurs, plu-sieurs pays, ou les données de diffé-rentes sources. Nous les mettons à jourau fur et à mesure que les informationstombent. » Pour lui, c’est cette compo-sante documentation qui a convaincu TF1de rejoindre l’agence. « Notre ambitionest d’accrocher l’œil, pour être lu,compris, voire mémorisé, ajoute-t-il.Si nos productions ont permis au lecteurde retenir un chiffre et d’enrichir sesconversations, alors, le pari estgagné. De même, nous souhaitons appor-ter à nos clients une valeur ajoutéeoriginale. Car vendre de l’informationn’est pas simple à l’heure actuelle. »

Pour répondre à ces exigences, Idédéveloppe des infographies animées, dontcertaines avec de la vidéo intégrée etdes voix off, enregistrées parfois pardes comédiens, dans le studio maison.L’agence réalise aussi, depuis mars, desWeb-documentaires, une quinzaine cetteannée. «Cette proposition n’est pasencore très connue, mais elle suscite ungrand enthousiasme chez les éditeurs,affirme Christophe Héral. L’agencementde l’information y est plus ludique, nouspouvons y introduire des quiz et uneinteraction qui va valoriser l’informa-tion auprès du lecteur et générer beau-

coup de trafic sur les sites. L’HTML 5 etcette interactivité prolongent la naturemême de l’infographie». Certains Webdocumentaires sont même évolutifs, commecelui sur le chômage, mis à jour quand leschiffres sont disponibles. Avec lesélections en 2014, Idé espère en réalisertoujours plus, en sollicitant ses diffé-rents savoir-faire.

Une année 2014 déjà très chargéeCar 2014 est chargée en termes d’évé-

nements, avec les élections municipaleset européennes, les Jeux olympiquesd’hiver qui ont eu lieu à Sotchi (leswidgets en HTML5 d’Idé étaient visiblessur 10 sites et ont totalisé 30 millionsde pages vues sur les quinze jours, unrecord pour ce type d’opération) et laCoupe du monde de football. « Débutdécembre, nous avions déjà fait connaî-tre nos propositions pour ces quatregrands événements pour anticiper,explique Yoann Robic, rédacteur en chefde l’agence. Nous avions surtout commu-niqué sur les municipales car c’est unsujet qui intéresse beaucoup demédias. » La preuve. A la veille du pre-mier tour, 14 sites ont souscrit au packWeb complet, proposant de multiplesinfographies et un module de résultatsen direct. Sur le print, « tous nosclients abonnés au fil savent qu’ilspourront avoir très tôt des infographiessur l’abstention, les personnalités etles principales triangulaires que nousréactualiserons au fur et à mesure queles résultats s’affineront », poursuitYoann Robic. Même des groupes non abon-nés, comme Ebra, vont faire appel àl’agence. Pour assurer ces soiréesd’élections, la rédaction sera mobili-sée de 19 h à 2 h du matin pour le print,et poussera jusqu’à 4 h pour le Web !

De plus, en ce début d’année, l’ac-tualité ne manque pas pour l’agence,dont les clients reconnaissent la réac-tivité: Idé produit beaucoup de carteset d’infographies politiques et écono-miques autour de l’Ukraine, de la Russieet de la Crimée. Plusieurs autres parjour sont réalisées autour de la dispa-rition du Boing de la Malaysia airlines.Le premier semestre est donc bienchargé. Il sera bien temps, ensuite, depenser aux célébrations des 30 ans del’agence. Jessica Ibelaïdene

||Chiffres clés||1984. Création de l’agence.4 millions d’euros. Chiffred’affaires réalisé en 2013, stable par rapport à 2012.50 personnes travaillent pour la partie information de l’agence,10 pour la partie édition.18 000 infographies sont réalisées,en moyenne, chaque année.2008. Christophe Héral rachète Idé,après avoir été éditeur desmagazines du Figaro.

||Leader pour le Web,le print et la TV||

Créée en 1984, Idé travaille avec trois catégories de clients.- Les médias sont le bateau amiralde l’activité, puisqu’ilsreprésentent 75 % du chiffred’affaires. L’agence assureainsi être « leader pour le Web,le print et la télévision »en matière d’infographies. - Elle travaille aussi pour lesinstitutions publiques (5 % del’activité), ministères, conseilsgénéraux et régionaux ou encorecommunes et agglomérations.- Elle a décliné une activitécorporate (20 % de l’activité) etréalise pour de grandes entreprisesde l’énergie et des transportsdes infographies ou des vidéospour leur communication interne.

reportage Idé_Gabarit test 20/03/2014 16:32 Page9

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10 la vie de la presse Les Clés de la presse - hiver 2014

Le groupe

Revue fiduciaireagrandit sa gamme de services

Pour Yvesde la Villeguérin,Pdg du groupe Revuefiduciaire,se développersignifie anticiperles demandesdes abonnés en créantde nouveaux services.C’est ce qu’il a faiten lançant RF cloud,les applicationsBiblio RF et GRF+sur smartphoneet tablette.

> « L’évolution multicanalenous donne des opportunitéspour diffuser nos contenus

plus largement. En investissant dans lesnouvelles technologies, il faut sedemander comment accompagner le lec-teur ». Yves de la Villeguérin et legroupe Revue fiduciaire sont partis deces principes pour se déployer sur lenumérique. Après avoir mis à dispositionl’ensemble de ses données dans une base,le Pdg du groupe a voulu investir lesoutils mobiles. Fin 2013, le groupe alancé l’application gratuite Biblio RF,un moteur de recherche pour retrouver unarticle dans toutes les publications dugroupe. « C’est une aide au choix et à ladocumentation », précise-t-il.

Sur le Salon du livre de Paris legroupe a annoncé le lancement de sa nou-velle application pour smartphone ettablette: GRF+. «Nous y avons intégré laréalité augmentée. Grâce à la reconnais-sance de la couverture du code du tra-vail, par exemple, on peut accéder à desinformations complémentaires et aux der-nières mises à jour dudit code». Legroupe vient aussi de lancer RF cloud, unservice qui, au départ, a été pensé pour«faciliter l’échange de documents entreles experts-comptables et les clients,mais qui, au fur et à mesure, proposera unbouquet de services et d’outils pouranticiper, alerter nos clients et lesaccompagner dans les mutations fré-quentes de réglementation», selon lePdg. Le tout dans un espace sécurisé ethébergé en France.

Maintenir le papier,malgré les difficultésYves de la Villeguérin est catégo-

rique sur un point : « Notre valeur ajou-tée, c’est d’abord la qualité de noscontenus. Ces nouveaux services ne can-nibalisent pas les autres formes de dif-fusion. Ils sont complémentaires auxéditions papier et à la presse, et inci-tent même à l’achat, surtout Biblio RF.La preuve, sur le premier trimestre,nous avons vendu plus d’édition ». Sur-tout que la cible experte du groupe tra-vaille avec des codes et des supportspapier, principalement. Le numériquedoit leur permettre d’avoir les mises àjour permanentes et les dernières infor-mations dont ils ont besoin.

Entre octobre 2012 et novembre 2013,le groupe a suivi le mouvement de la

presse, de façon générale, et a vu sesabonnements et diffusions papier baisser(même si les seuls chiffres disponiblessur l’OJD, concernant RF social, sontstables, à 15 449 exemplaires). Despertes compensées, selon le Pdg, parl’ensemble des services mis en place etpar la rationalisation du cycle de pro-duction. «Nous avons divisé par deux letemps du process pour la sortie d’unouvrage», explique-t-il. Le résultat etle chiffre d’affaires du groupe ontd’ailleurs progressé et continuent surles quatre premiers mois de cette annéefiscale, à hauteur de 2-3%. Et si ladocumentation en ligne a connu une crois-sance d’environ 12% en 2012-2013, «lavolonté du groupe, c’est que le papier semaintienne, assure le Pdg. Nous avonsbeaucoup de produits mixtes. Le papierest attendu par les abonnés et nousparions qu’il restera un support essen-tiel. Si on lui apporte les mises à jourpermanente sur les outils numériques, lacomplémentarité entre les deux supportsest parfaite». Jessica Ibelaïdene

Yves de la Villeguérin, Pdg du groupe Revue fiduciaire.

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Lots à gagner lors du tirage au sort :2 appareils photos numériques Fujifilm XF11 an d’abonnement au magazine Les Clés de la Presse

et plus d’agences à venir...

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12 le dossier Les Clés de la presse - hiver 2014

Les tendances 2014de la pressede A à Z

De A comme aidesà la presse à Z commezapping, en passantpar D commediversification,F comme fact-checking,P comme paywallou V comme vidéo,les Clés de la pressevous proposeles principalestendances du moment.

> Le moins que l’on puisse dire,c’est que 2013 restera comme unmillésime douloureux pour la

presse et les médias. Comme nous l’expli-quait Louis Echelard, le vice-président dugroupe Sipa-Ouest France, en octobre der-nier, « le premier trimestre a été épouvan-table » et, si la situation s’est un peuaméliorée depuis, le constat de base restele même : d’un côté, les revenus se dégra-dent en raison de la baisse conjointe desdiffusions et des recettes publicitaires ;de l’autre, les charges sont en hausse. Ducoup, la sanction n’a pas tardé à tomber.Pour faire des économies, les éditeurs ontmultiplié les plans de réduction descoûts. Au total, plus de 2 000 emplois ontété supprimés, ou vont l’être dans les moisqui viennent (le temps de boucler lesphases de consultation des représentantsdu personnel) dans les médias, dont 500chez Presstalis. Un record.

Dans ce contexte, certains groupes, etnon des moindres, n’ont pas hésité à annon-

cer des décisions drastiques, à l’instarde Lagardère active qui a mis en vente pasmoins de dix titres de son portefeuille,dont Auto moto, Be, Campagne et décora-tion, Psychologies, Première ou Pari-scope. De son côté, le groupe Hersant médiaa poursuivi son désengagement de la pressequotidienne régionale avec la cession dela Provence et, ces jours-ci, de Nicematin. Il n’y a pas si longtemps, ces deuxgroupes se situaient pourtant parmi lescinq premiers groupes de presse en France.« La croissance n'est plus au rendez vousdans la presse, reconnaissait Jean-Clé-ment Texier, président de la Compagniefinancière de communication, l’un des

meilleurs experts financiers du monde dela presse, dans les Clés de la presse denovembre, à l’occasion de la publicationde notre traditionnel classement desgroupes de presse. La majorité d’entre euxont plus de projets de cession ou de ferme-ture que d'acquisition. L'objectif, c'estle régime minceur, avec la volonté de semuscler pour surmonter la crise et derebondir vers des créneaux porteurs horspresse ».

Ils ne délaissent pas pour autantl’écrit si l’on en croit les nombreux lan-cements intervenus l’an dernier, notam-ment l’Opinion, Vanity fair, Stylist, Lui.Si l’on ajoute les nouvelles formules et la

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13 Les Clés de la presse - hiver 2014

multiplication des déclinaisons digi-tales, que ce soit sur Internet ou pour desapplications mobiles, les éditeurs depresse font plutôt preuve d’innovation etde créativité. Certes, ces paris sont loind’être gagnés, notamment en matière numé-rique où la monétisation reste compli-quée, mais ils sont nécessaires. C’est àce prix que la presse pourra s’en sortir.Sur ce terrain, le gouvernement vient delui donner un petit coup de pouce en ali-gnant le taux de TVA de la presse en ligne(jusqu’alors à 20 %) sur celui de la presseécrite (2,10 %).

Pour vous permettre d’y voir plusclair, les Clés de la presse vous proposeun tour d’horizon des principales ten-dances du moment, de A comme aides à lapresse à Z comme zapping.

Aides à la presse

L’heure de la réformeLa mesure était demandée depuis des

années par les éditeurs de presse. Ils ontfinalement obtenu gain de cause le17 février dernier quand le Sénat aadopté, deux semaines après l’Assembléenationale, le projet de loi visant à har-moniser les taux de TVA de la presse écrite(2,10 %) et de la presse en ligne (jusque-là 20 %), en vertu « du principe de neutra-lité technologique en matière fiscale ».Cette mesure peut, certes, exposer la

France à un contentieux avec les autoritéseuropéennes pour non-respect des règlescommunautaires, mais Aurélie Filippetti,ministre de la Communication, se veutoptimiste : « Avec le soutien de l'Alle-magne, la France sera dans une positionplus solide en ayant déjà mis en place cetaux super-réduit et en uniformité sur lelivre », a-t-elle tenu à préciser lors desdiscussions parlementaires.

Dans le même temps, fidèle aux engage-ments qu’elle avait pris dès son arrivéeau ministère, Aurélie Filippetti a com-mencé à mettre en œuvre sa réforme desaides à la presse, avec l’ambition « deréorienter et de rationaliser les diffé-rents mécanismes d’intervention de l’Etaten faveur du portage, du postage et desdiffuseurs de presse ». Pour 2014, cela setraduit d’ores et déjà par une réductionde 56 millions d’euros, dont 32,4 millionsliés à l’annonce de la fin du moratoirepostal (correspondant au décalage d’uneannée dans l’application du dernieraccord Etat-Presse-Poste, décidé à l’is-sue des Etats généraux de la presse) et16,5 millions de réduction de l’aide autransport postal.

Le montant des aides directes s’élèveencore à plus de 450 millions d’euros,dont voici la répartition :

- 200 millions d’euros pour le trans-port postal (contre 249 millions en 2013) ;

- 123 millions d’euros pour l’AFP (vs119,6 millions) ;

- 57 millions d’aides au portage, dont21 d’exonération de charges patronalespour les porteurs et colporteurs de presse(55 millions en 2013) ;

- 31 millions pour le Fonds stratégiquepour le développement de la presse ;

- 18,9 millions d’aides à la distribu-tion de la presse (inchangé) ;

- 13 millions d’aides à la modernisa-tion sociale des entreprises de presse(20 millions en 2013) ;

- 9 millions d’aides aux quotidiensd’information politique et générale àfaibles ressources publicitaires (10 mil-lions en 2013) ;

- 4 millions d’aides à la modernisationdes diffuseurs (inchangé) ;

- 1,4 million d’aides aux quotidiensd’information politique et générale àfaibles ressources de petites annonces (2millions en 2013) ;

- 1,4 million d’aides à la PHR(inchangé).

B uzz

Des réseaux sociauxdevenus incontournables

2013 a confirmé, pour ceux qui en dou-taient encore, la montée en puissance desréseaux sociaux dans la consommation desFrançais. S’il est encore difficile, pourles médias, de trouver des perspectivesréelles de monétisation, il ne faut paspour autant les négliger, car ils permet-tent par exemple « un vrai ciblage marke-ting sur la diffusion de nos contenus »,dixit Nathalie Collin, coprésidente sur ledépart du Nouvel observateur. Traduction :un éditeur peut suivre précisément quelcontenu est consommé par quelle popula-tion… et adapter ses contenus à ses diffé-rentes cibles. Au Nouvel obs, Nathalie Col-lin a été particulièrement attentive à lanotion d’engagement des followers surTwitter. « Ceux qui partagent des contenusm’intéressent davantage que les autres »,souligne-t-elle. Mais attention, l’enga-gement n’a rien à voir avec le nombre. Bienau contraire, note Xavier Romatet, Pdg deConde Nast en France, qui rappelle quel’engagement est beaucoup plus fort sur GQ(qui a 110 000 followers sur Twitter) quesur Vogue (plus d’un million de followers).

Autre atout de poids, les réseauxsociaux permettent de constituer etd’animer des communautés autour desmarques médias. « Ce sont des facteursd’attractivité considérables, poursuit-il. Le fait que des communautés accèdent ànos marques, et soient toujours plus nom-breuses à le faire, est très encourageantet démontre la vigueur de nos marques ».Les réseaux sociaux permettent aussi de

La réforme engagée par Aurélie Filippetti doit«réorienter et rationaliser les mécanismesd’intervention de l’Etat en faveur du portage,du postage et des diffuseurs de presse».

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booster les audiences des sites Internet…sans passer par Google. A titre d’exemple,23 % de l’audience de Vogue vient desréseaux sociaux. Mieux, un internaute quivient de Twitter ou Facebook reste2,5 fois plus sur le site qu’un venant d’unautre site. Ce qui fait dire au Pdg deConde Nast France qu’il est temps « d’ar-rêter de vendre des diffusions pour vendredes communautés ».

Crise

2000 emplois supprimésAprès une année 2012 déjà difficile

pour la presse, qui a supprimé 1 158 postesdont 600 de journalistes, 2013 n’aura pasété de tout repos non plus et donne mêmeencore plus le tournis. Tous les secteurssont touchés, à commencer par la distribu-tion, avec l’un des plans de restructura-tion les plus importants en France : celuide Presstalis. Après une crise qui s’esttraduit par trente jours de grève en 2012,paralysant la distribution de la pressequotidienne, un accord a été trouvé. Ini-tialement, la moitié des 2 500 salariésdevaient partir et des licenciements secsétaient envisagés. Mais les négociationsont conclu à un nombre de départs moinsimportants (500 en 2013, 500 en 2014) etnon contraints, des mesures incitativeset des reclassements étant prévus.

Dans la presse quotidienne régionale,la série noire a continué et des groupes,jusque-là épargnés, ont annoncé la sup-pression de nombreux postes. C’est le casde Ouest France, qui a lancé un plan dedéparts volontaires portant sur137 postes (et aucun journaliste). Autre

surprise, le plan social annoncé en novem-bre par Centre France-La Montagne, por-tant sur plus de 300 emplois en tout(métiers non rédactionnels, rédactions,cession de l’imprimerie Fusium qui fer-mera si elle ne trouve pas de repreneur).Les groupes Hersant média, avec Nice matin(environ 140 postes) et la Provence, Ros-sel et Sud Ouest ont également réduitleurs effectifs ou s’apprêtent à le faire.En presse quotidienne nationale, 80 per-sonnes (dont une cinquantaine de journa-listes et 7 licenciements) ont quitté legroupe Figaro en 2013. Un plan de départsqui devait générer une économie annuellede 8,5 à 9 millions d’euros. Le Web n’estpas épargné par la destruction de postes.Dijonscope et Quoi.info ont fermé et News-ring s’est séparé de sept journalistes,soit la moitié de son effectif.

La presse magazine fait aussi les fraisde la crise, comme le montre la cession,par le groupe Lagardère, de dix de sestitres, accompagnée par un plan de départsvolontaires chez les magazines restants.De son côté, Courrier international a dûse résoudre à supprimer 22 de ses79 postes, après que Bruxelles ait décidéd’arrêter son site d’information traduiten dix langues, Presseurop.eu. Dans legroupe Express-Roularta, 80 salariés ontquitté l’entreprise, dont 43 journalistespermanents. Et le Nouvel obs aussi aannoncé réduire sa masse salariale, ensupprimant une dizaine de postes en 2013et autant en 2014. Selon la direction, lesprincipaux concernés devraient être despersonnes proches de la retraite.

Globalement, pas moins de 1 500 emploisont été supprimés ou menacés en 2013, dansles médias, en comptant France télévi-sions et son plan portant sur 360 postes,mais sans les 500 départs chez Presstalis.

Et malgré le lancement de titres commel’Opinion, Vanity fair, Lui ou Elle man,300 emplois de journalistes ont étédétruits.

Diversifications

A la recherchede nouvelles ressourcesLa diversification fait partie de la

stratégie des éditeurs de presse depuisplusieurs années. Elle leur permet d’ex-plorer de nouveaux relais de croissance etd’enregistrer des ressources supplémen-taires dans un contexte économique plutôtmorose pour l’ensemble des titres. La ten-dance s’est, encore une fois, confirmée en2013. Hors-série thématiques, déclinai-son régionale, édition de beaux livres, leterritoire des marques de presse estétendu un peu plus, chaque année. LaDépêche du midi a ainsi créé l’an dernierla Dépêche entertainment, une structuredestinée à élaborer des opérations événe-mentielles dans les domaines du sport, dudivertissement ou encore de la culture. Legroupe travaille conjointement au déve-loppement de son activité d’imprimerieavec Occitane imprimerie, de producteurde salons et gestionnaire de parcs d’expo-sition avec Dépêche events, ou encored’agence marketing avec Ovalie communica-tion. Bernard Maffre, le vice-présidentdu groupe, a même réaffirmé son souhait dedévelopper les brasseries liées au titrede rugby, Midi olympique, détenu par legroupe.

Sans aller jusqu’à créer de nouveauxdépartements et de nouvelles activités,la plupart des éditeurs travaillent plus

Les Clés de la presse - hiver 201414 le dossier

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simplement sur la diversification autourde leurs titres. Le groupe Uni éditions,éditeur de magazines comme Santé magazineou Régal, a vu cette activité atteindrejusqu’à 9 % de son chiffre d’affaires endeux ans. Hors-séries, guides, productionaudiovisuelle, contenus numériques,« tout est possible à partir du moment oùvous disposez de contenus et de compé-tences », expliquait aux Clés de la presseFarid Adou, directeur de la communicationdu groupe en juin dernier. Tout en recon-naissant que « toutes les marques ne seprêtent pas à la diversification ».

Autre exemple, le groupe Prisma médiaa fait de la diversification son véritablecheval de bataille, surtout depuis l’ar-rivée de son président actuel, Rolf Heinz,en 2009. Géo, Ça m’intéresse, Femmeactuelle… la plupart des titres phares dugroupe sont passés à la moulinette de ladiversification. En 2014, l’éditeur pré-voit le lancement d’une nouvelle décli-naison régionale de Géo qui viendrait com-pléter la collection de Géo histoire, Géoarts ou encore Géo terroirs.

Ebusiness

Les groupes accélèrentsur le numériqueUne fois encore, 2013 a été largement

placée sous le signe du numérique. Mobile,vidéo, mise en place de contenus payants,les éditeurs investissent massivementpour réussir leur transition numérique.L’objectif : préparer les entreprises depresse dont le chiffre d’affaires estencore largement basé sur les revenus dupapier à des entreprises qui s’appuientsur une économie numérique.

Le groupe le Monde, qui a entamé sonchantier numérique très tôt, avec le lan-cement du monde.fr dès 1995, envisage uneinversion de tendance d’ici à 2020. « Nousrécoltons les fruits de la stratégie Pre-mium mise en place très tôt par le Mondeinteractif avec l’aide du groupe Lagar-dère, admet Louis Dreyfus, président dudirectoire du groupe. Aujourd’hui, lepoids du numérique dans l’ensemble duchiffre d’affaires atteint les 12 % etnous nous attendons à une inversion detendance d’ici à cinq ans. Le numérique vaà terme, devenir majoritaire.»

Fact-checking

Une évolution naturelledu journalisme?Désintox chez Libération. Les Déco-

deurs du Monde. Le Vrai du faux de Franceinfo. Le Vrai/faux de l’info d’Europe 1…Ce ne sont là que quelques exemples derubriques estampillées « fact-checking ».Depuis l’élection présidentielle de 2012,l’expression est entrée dans les mœurs eta continué à connaître de belles heures en2013. Désormais, ce n’est plus seulementun procédé utilisé dans le cadre d’élec-tions, pour « vérifier » la parole des can-didats. Le fact-checking entend éclairertout débat quel qu’il soit, toute prise deparole potentielle d’un politique, oumême d’un chef d’entreprise.

Finalement, cette pratique dont onentend si souvent parler n’est-elle passimplement l’évolution naturelle dumétier ? En effet, comme l’expliquaitSamuel Laurent, fact-checker au Monde,lors des dernières Assises du journa-lisme, tout journaliste fait du fact-checking par définition, puisqu’il s’agitde vérifier les informations d’un dis-cours ou d’une interview. La différenceavec la pratique ancienne est la tempora-lité, beaucoup plus courte. Avec le fact-checking, pas question d’attendre la pro-chaine publication papier, l’informationdoit être vérifiée et apportée le plusrapidement possible, souvent par le biaisdu numérique.

Seule certitude, en cette annéed’élections municipales et européennes,

le fact-checking devrait encore faireparler de lui, les campagnes électoralesétant un terrain de jeu tout trouvé, four-millant de chiffres, valorisant un biland’un côté, démontant un argumentaire del’autre. La preuve, Libé a lancé une pageDésintox municipales, en collaborationavec des écoles de journalisme, et lesDécodeurs ne sont plus seulement un blog,sur le site du Monde, mais une chaîne àpart entière, mêlant notamment fact-checking et datajournalisme.

Google

Le temps de l’apaisement?2013 restera marquée par le rapproche-

ment de Google avec la presse française. Al’issue de plusieurs années de batailleacharnée, les deux parties ont trouvé unaccord pour réguler l’utilisation descontenus de la presse par le moteur derecherche, et établir une équité dans larépartition des recettes publicitaires. Ilfaut dire qu’ils avaient plutôt intérêt des’entendre, le gouvernement ayant envisagéla mise en place d’une «taxe Google », pourrégler le problème une fois pour toutes.

Face à cette situation, le géant del’Internet a d’abord accepté de « lâcher »60 millions d’euros à la presse, notammentpour doter un fonds de soutien à la pressedestiné à favoriser la transition numé-rique. « Peut-être cet accord va-t-il ser-vir de modèle et de référence », avaitalors commenté le président de la Répu-blique, François Hollande. Au final, ce

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Libération a lancé une rubrique Désintox spéciale pour les municipales, les élections restant un terrain de jeutout trouvé pour s’exercer au fact-checking.

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fameux fonds, réservé à la presse d’infor-mation politique et générale, est chargé desélectionner des projets présentés par lestitres de presse. Concrètement, les dos-siers sont étudiés par un comité formé depersonnalités indépendantes. Le Figaro adéposé un dossier pour le développement dela vidéo, notamment le lancement de nou-velles émissions. Le Monde défend, lui, unprojet sur le mobile avec de nouveaux for-mats éditoriaux. Autre exemple, les Echosont déposé une candidature pour le finance-ment de son application BtoB baptisée Grid.Bien qu’innovant, la création de ce fondssuscite encore et toujours certaines cri-tiques, notamment sur son manque de trans-parence et sur le fait qu’il n’intègre pasles projets des pure-players.

Pour Google, 2014 risque d’être rem-plie de nouveaux projets avec l’installa-tion attendue de Google magazine, qui per-met d’acheter directement des magazines enligne après le lancement des applicationsmobiles et tablettes pour Google play.

Hersant

Le crépuscule d’un géantEn 2010, dans le classement des

groupes de presse que les Clés de lapresse publie chaque année à l’automne,

le groupe Hersant média figurait encoreau 3ème rang, avec un chiffre d’affairesde près de 750 millions d’euros. Troisans plus tard, ce géant n’est plus quel’ombre de lui-même après la dispari-tion pure et simple de Comareg, safiliale de petites annonces criblée dedettes (le plus gros plan social fran-çais de l’année 2011 avec la suppressionde près de 2 000 postes), et la cessionpar appartement de son pôle de pressequotidienne régionale. En quelquesannées, Philippe Hersant se seradélesté de la quasi-totalité de l’héri-tage de son père, à l’exception destitres de France Antilles. Quand l’opé-ration de cession de Nice matin, encours, sera achevée, il ne restera plusrien d’un leader qui possédait il n’y apas si longtemps trois quotidiens dansl’Ouest (Presse océan, le Courrier del’ouest, le Maine libre), un pôle nor-mand (Paris normandie, le Havre libre,le Havre presse), deux fleurons enRhône-Alpes (le Progrès et le Dau-phiné), un pôle picard (l’Union et l’Ar-dennais) et une présence forte dans lesud : la Provence vendue à Bernard Tapieet Nice matin, sur le point d’être cédéeà l’homme d’affaires local Jean Icart.

Si elle aboutit, cette opérationprévoit la suppression de 128 postesd’ici à fin 2015, et un apport financierde 20 millions d’euros dans les semainesqui viennent. L’objectif de Jean Icart,qui a promis de démissionner de tous sesmandats, est « d’assurer un avenir dura-ble au groupe grâce à une nouvelle orga-

nisation de ses métiers et à uneréflexion globale sur la transitionnumérique, ainsi qu’à une diversifica-tion et au développement de ses activi-tés ». Et, bien sûr, le retrait de Phi-lippe Hersant, qui préfère développerun groupe de presse prospère… en Suisse.

Irep

Un marché publicitairetoujours en reculSelon l’Irep, les recettes publici-

taires nettes des médias français ontchuté de 3,6 % en 2013, à 13,3 milliardsd'euros, et devraient encore baissercette année de 1,5 %. « Le premier tri-mestre, désastreux, a fortement impactél’ensemble de l’année, malgré unelégère amélioration de la situation au2ème semestre », précise Philippe Legen-dre, directeur délégué de l'Irep. Autotal, avec 900 millions d’euros derecettes nettes en moins sur deux ans,le marché publicitaire françaisretrouve le niveau qui était le sien aumilieu des années 2000. En revanche, lesparts de marché de chacun des médias ontfortement évolué.

- Les médias audiovisuels parvien-nent ainsi à limiter la casse. La télé-vision, par exemple, en baisse de 3,5 %,à 3,219 milliards d'euros, a maintenusa part de marché sur les trois der-nières années, assure Xavier Guillon,

Les Clés de la presse - hiver 201416 le dossier

Eric Schmidt, président de Google, et François Hollande, à l’Elysée, en février 2013.

Philippe Hersant se déleste de la quasi-totalitéde ses titres français, mais développe un groupede presse en Suisse.

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directeur général de France pub, quinote que la catch-up TV (la télévisionde rattrapage sur d’autres écrans)génèrerait 60 millions d'euros. Laradio, de son côté, ne perd que 0,4 %, à736 millions d’euros.

- La presse est le secteur le plusdégradé en 2013 avec des recettes nettesen baisse de 8,4 %, à 2,939 milliardsd'euros. Dans le détail, la presse quo-tidienne nationale accentue son recul(-10,2 %, à 209 millions d'euros), etles quotidiens régionaux baissent de6,4 %, à 819 millions. Les magazinessont en chute de 9,6 %, à 1,030 milliard,et la presse spécialisée cède 11,5 %, à320 millions d'euros. La presse gra-tuite a, elle aussi, baissé de 7 %, à437 millions d’euros. Pour les troisquotidiens gratuits, le recul estencore plus fort (-9 %), à un peu plus de100 millions d’euros de recettesnettes. Selon l’Irep, la presse auraitainsi perdu, en deux ans, 1,7 milliardd'euros, quand le Web aurait gagné2 milliards en euros courant.

- Internet n’est pas épargné parcette baisse : après des années decroissance, l’Internet display reculede 1 %, 640 millions d’euros. « Maisl’ensemble serait en croissance de 2 %en tenant compte du mobile, en hausse de55 %, à 68 millions d’euros », soulignePhilippe Legendre. En revanche, lesearch (l’achat de mots clés, essen-tiellement par Google) continue de soncôté à croître de 4,7 %, à 1,671 mil-liards d'euros.

Jeux-vidéo

L’éclosiondu «game-documentaire»Après avoir largement critiqué les

jeux-vidéos pour ses effets néfastessur les plus jeunes, la presse et lesmédias s’en emparent mais, cette fois-ci, comme un moyen de diffusion de l’in-formation. Cette tendance a émergé enFrance grâce au documentariste DavidDufresne, qui se qualifie lui-même de« journaliste à l’ancienne ». Pourtant,ce réalisateur de Web-documentaires,toujours à la recherche de nouvellesécritures journalistiques, a investi ledomaine du jeu-vidéo. Il a lancé, ennovembre, le « game-documentaire » FortMc Money, dans lequel l’internaute estpartie prenante et doit prendre desdécisions capitales pour l’avenir d’unepetite ville du Canada. Tout en infor-mant l’internaute, le game-documen-taire favorise son engagement. Ildevient acteur du Web-documentaire.

S’il est virtuel, ce jeu-vidéo docu-mentaire s’appuie sur des faits bienréels, ceux de l’actualité de la villede Fort Mc Murray, qui tire ses princi-pales ressources de l’exploitation dupétrole. « Une fois entré dans ce jeu, lejoueur spectateur explore troisfacettes de cette région hors du com-mun : l’industrie, le social et l’envi-ronnement, détaille David Dufresne. Cedocumentaire cherche à vous attirer au-

delà d’un récit unilatéral et, au fur età mesure du déroulé, chacun va faire ensorte que ses convictions l’empor-tent. » Si les exemples de game-documen-taire en France sont encore rares, lesmédias ont tout intérêt à investir l’undes secteurs de l’industrie culturelleles plus rentables, avec 70 milliards dedollars de recettes réalisés dans lemonde en 2013.

Kiosque

La réforme du systèmede distribution en routeDans le monde de la distribution de

la presse, 2013 restera marquée parl’opération, réussie, de sauvetage dePresstalis. « En prenant les commandesde l’entreprise, nous nous doutionsbien que la restructuration seraitdifficile, mais pas à ce point, recon-naissaient d’ailleurs, l’été dernier,Anne-Marie Couderc, présidente duconseil d’administration, et VincentRey, directeur général, dans noscolonnes. En deux ans, il ne s’est paspassé une semaine sans qu’une catas-trophe ne succède à une autre. Rien nenous aura été épargné ». Et il aurafallu, au printemps 2013, l’interven-tion d’un médiateur (Raymond Redding)pour rétablir le dialogue social dansl’entreprise « et évité un conflitsocial majeur dont les conséquences

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En France, le ratio entre les dépenses de communication et le PIB baisse considérablement depuis 2000. De plus, il est deux à trois fois inférieur à nos voisins européens.Source France pub

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auraient pu être très graves pour denombreux titres de presse et l’ensem-ble de la filière », explique-t-on auministère de la Culture et de la Commu-nication. Son action a contribué à lasignature de plusieurs accords sociauxqui, sans remettre en cause le néces-saire plan de réorganisation indus-trielle, garant de la poursuite del’activité de Presstalis, visent à enlimiter les effets pour les salariés.

Huit mois plus tard, plus de500 salariés (sur 2 000) ont quittél’entreprise et le même nombre s’ap-prête à le faire cette année. Logique-ment, une nouvelle organisation, tantcommerciale que logistique, a dû êtremise en place, suite à la fermeture dedeux sites (Gonesse et Moissy-Cra-mayel) en région parisienne, et lacréation, en province, de cinq régionset sept plateformes. Au siège, prèsd’une centaine de départs ont entraînél’adoption d’une nouvelle organisa-tion, pour les métiers comme les pro-cess. « Il nous faut définir de nou-veaux services et adapter l’offre,traduit Vincent Rey. La demande stan-dard doit être industrialisée, lesservices supplémentaires payés parl’éditeur plus chers ». L’objectif dece « reengineering » de Presstalis,pour reprendre l’expression de sondirecteur général, est le retour à

l’équilibre en 2015, en sachant qu’il apresque été atteint dès 2014.

Cette réorganisation de la princi-pale messagerie s’accompagne de lapoursuite de la réforme du système dedistribution. Dans un rapport remis peuavant Noël au Conseil supérieur des mes-sageries de presse (CSMP), FrancisMorel, Pdg du groupe les Echos, et Car-mine Perna, le directeur général de Mon-dadori France, estimaient que le pro-cessus devait s’accélérer. « Lecontexte actuel impose qu'éditeurs etmessageries ne repartent pas dans unlong processus de négociation, maisnécessite des décisions et des actionsrapides », soulignaient-ils, en préco-nisant notamment un rapprochement entreles deux messageries, Presstalis etMLP. Les deux hommes pointaient égale-ment un autre chantier, celui de la miseen œuvre d'un système informatique com-mun, présentée comme « indispensablepour maximiser les économies associéesau suivi et au décloisonnement desflux ». Ce qui devrait être décidé dansles semaines qui viennent. D’ici là, leCSMP devra aussi avancer dans le diffi-cile dossier de la rémunération des dif-fuseurs de presse, qui a fait l’objetd’une vaste consultation, sans oublierla mise en application du schéma direc-teur des dépositaires dont le nombredoit être réduit de moitié.

Lancements

2013, une année richeen création de titres

Vanity fair, Lui, Elle man, l’Opi-nion, Vital, Stylist, Causeur, Master-chef… Les nouveautés presse ont été trèsnombreuses en 2013. Presstalis a accom-pagné pas moins de 218 nouvelles réfé-rences pendant cette période. « Des lan-cements prometteurs qui contribuent àla croissance, affirme-t-on en interne.Si ces nouveautés sont légèrement moinsnombreuses qu’en 2012, en revanche,elles pèsent plus dans notre chiffred’affaires » : 10 % du nombre de titresparus en 2013, contre 11 % en 2012 ; et3 % des ventes des magazines, en valeur,contre 2 % en 2012. Il faut dire que ceslancements ont affiché un prix de ventemoyen de 3,61 euros. Une somme supé-rieure à la moyenne des publicationsdistribuées par Presstalis, qui s’élèveà 2,61 euros. « L’acheteur de nouveautésest donc un bon consommateur de presse,pour qui le prix n’est pas un frein »,analyse la messagerie.

Certaines familles se sont démar-quées et ont largement contribué auchiffre d’affaires. Le segment mode-beauté arrive en première position, sousl’effet Vanity fair, avec 14 % du chiffred’affaires généré par les nouveautés.Vient ensuite la famille des pictures-people avec, par exemple, le retour deJour de France : elle compte égalementAnne-Marie Couderc, présidente du conseil d’administration de Presstalis.

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pour 14 % du chiffre d’affaires générépar les nouveautés. La famille BD-humourse place en troisième position (9 %),devant la cuisine-gastronomie (7 %),avec 750g ou encore le magazine de JamieOliver. Les magazines de sciences fontégalement partie des familles les pluscontributrices (7 %), tout comme lesmasculins généralistes (5 %) à traversLui ou Elle man.

Mediapart

Edwy Plenel fait bougerles lignesEntre les révélations de l’affaire

Cahuzac et l’alignement du taux de TVAde la presse en ligne sur le taux réduitde la presse écrite, Mediapart a rythmél’actualité médiatique de ces derniersmois. Six ans après sa création, le site

d’information a trouvé son modèle éco-nomique. Dans un marché où les pure-players d’information généralisten’ont pas percé, le site lancé par EdwyPlenel fait figure d’exception. En2013, son chiffre d’affaires a atteint6,8 millions d’euros, avec un bénéficede 900 000 euros. « Il est possible decréer de la valeur en ne faisant que dujournalisme », a-t-il expliqué il y aquelques jours à l’occasion de son 6ème

anniversaire.Mais il est vrai que ces résultats

financiers s’expliquent par l’applica-tion d’un taux abusif de TVA de 2,10 % aucours de l’exercice (jusqu’au1er février et le vote d’une nouvelleloi, les services de presse en lignerelevaient officiellement d’un taux deTVA de 19,6 %, ou 20 % depuis le 1er jan-vier 2014). Ce qui lui a valu un contrôlefiscal peu avant Noël… qui pourraitentraîner 1 million d’euros de redres-sement. Qu’à cela ne tienne, « c’est

parce que l’on s’est battu pour êtrealigné sur le taux de TVA réduit de lapresse que nous avons eu gain de cause »,poursuit-il, en rappelant que son por-tefeuille d’abonnés ne cesse de croîtreet dépasse désormais les 80 000 abonnéspayants. « Notre objectif, en 2014, estdésormais de dépasser les 100 000 ».

Son deuxième objectif concerne l’in-dépendance du site. Aujourd’hui, l’ac-tionnariat de Mediapart compte lescofondateurs, la société des amis deMediapart et des actionnaires exté-rieurs, dont le fonds Odyssée Venture,qui avait investi 1 million d'euroscontre 20 % du capital. Pour verrouillerles choses, Mediapart souhaite êtredétenu par un « fonds de dotation », uneforme juridique instituée en 2008 àl'image des « endowment funds » anglo-saxon, à mi-chemin entre l'associationet la fondation. Pour l'heure, ce statutn'est pas ouvert à la presse et lescofondateurs de Mediapart en appellentaux parlementaires pour le faire évo-luer… et mobiliser des fonds auprès denouveaux donateurs ou de leurs action-naires actuels, tout en leur permettantd'en garder le contrôle, avec les amisde Mediapart.

Native advertising

Les régies marchentsur des œufsNative advertising est l’un des mots

clé de l’année. Pourtant, le fait d’in-tégrer des contenus publicitaires à lamanière de contenus rédactionnels posequestion aux professionnels de la com-munication. M publicité a même lancé uneplateforme de veille dédiée, Native M.« Nous souhaitons nourrir lesréflexions et accompagner les échangesavec nos clients autour de ce nouveaumodèle », explique Corinne Mrejen,directrice générale de M publicité, larégie publicitaire du groupe le Monde.

Dans un contexte économique tendu oùles marques ont, plus que jamais, besoind’émerger, le native advertising appa-raît comme une aubaine, à condition debien savoir s’en servir et de fixer deslimites. Pour M publicité, il s’agit de« contenu sponsorisé, pertinent pour

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A l’aube de ses six ans, Mediapart prouve sa réussite en révélant l’évolution de son chiffre d’affaireset de son résultat depuis son lancement.

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l’utilisateur, qui n’interrompt pas sonexpérience de lecture, et s’intègredans l’environnement éditorial quil’accueille ». Cette tendance colleparfaitement à l’ère du temps, estimeCaroline Marti de Montety, maître deconférences au Celsa (Paris Sorbonne).« Nous assistons à un phénomène de dépu-blicitarisation, explique-t-elle. Ilse produit une hybridation entre le dis-cours de la marque marié aux discoursmédiatiques. Dans ce contexte, il fautfaire attention aux risques de rejet oude non-valorisation des propos desmarques. »

Si le native advertising est unevraie tendance de fond, il est doncimportant d’y aller prudemment. « Dansune période de mutation, il faut repar-tir de la marque et créer de nouvellesformes d’écriture, remarque CorinneMrejen. Le point clé est de ne jamaisaltérer le lien de confiance entre lesmarques et les audiences. » Selon Mpublicité, le native advertising ne peuttrouver sa place qu’à deux conditions :produire des contenus de qualité et gar-der un souci de transparence dans l’ori-gine de la création de ces contenus.

O uest France

Le premier plan socialde son histoire La date restera dans les annales.

Ouest France a présenté le 21 octobredernier, en comité d'entreprise, un plande sauvegarde de l'emploi prévoyant 137suppressions de postes en équivalenttemps complet (sur 1500). Une premièrepour un groupe qui avait toujours su sau-vegarder jusque-là ses marges… et sessalariés. Cette décision s’est imposéedevant l’évolution de l’activité dugroupe. «Nous n’échappons pas au ventdéfavorable que subit la presse avec unebaisse de nos diffusions et de nosrecettes publicitaires, nous expliquaità l’époque Louis Echelard, le vice-pré-sident de Sipa-Ouest France.Aujourd’hui, nos revenus baissent, maisnos charges, dans le même temps, augmen-tent. Il nous faut donc trouver des éco-nomies dans tous les domaines, y comprissur les frais de personnel».

Pour redresser ses marges, la direc-tion de Ouest France s’est égalementrésolue, il y a quelques jours, à augmen-ter le prix de vente du quotidien de 10centimes (de 85 à 95 centimes), un anaprès une première hausse de 5 centimes.Ce qui devrait lui assurer 10 à 15 mil-lions de recettes supplémentaires enannée pleine… si cela n’entraîne pas aupassage une accélération de la baisse desa diffusion (-2,1% en 2013, à 733078exemplaires). Il faut dire que le groupeSipa-Ouest France ne bénéficie plus,comme dans le passé, du cash dégagé par safiliale Spir communication. Pire, celle-ci a encore accru ses pertes l’an der-nier, à 55,6 millions d'euros, contre undéficit de 4,7 millions en 2012, devantla dégradation de ses deux métiers prin-cipaux: la distribution de prospectus(Adrexo), qui représente plus de la moi-tié de son chiffre d'affaires et qui a

reculé de 4,5%, et la presse gratuited'annonces (Top), en chute de 15,4%. Acela s’ajoutent les pertes du quotidiengratuit 20 minutes (2,1 millions sur unchiffre d'affaires de 51,5 millions)dont le groupe détient 50% du capital etqu’il cherche à céder. Pour s’en sortir,Spir n'exclut pas de lever des finance-ments bancaires ou de procéder à des ces-sions, comme il l'a fait en 2010 en ven-dant sa participation dans le Bon coin.

Parallèlement, Ouest France entendcontinuer à investir : 32 millions d’eu-ros ont été budgétés pour acquérir denouvelles rotatives et aménager unenouvelle salle d’expédition. « Et unesomme encore supérieure sera investiedans les cinq ans dans nos activitésnumériques », précise Louis Echelard.

Paywall

Le nouveau modèleéconomique des sites WebAlors que la presse peine encore à

trouver son modèle économique sur lenumérique, une chose est désormais cer-taine : l’heure n’est plus au tout-gra-tuit sur les sites Web de presse ! Entrepaywall et premium, leur cœur balance,bien que les deux aient été parfoisconfondus.

Le paywall, comme le premium, est unsystème visant à bloquer tout ou partiede l’accès à un site Internet à l’aide

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d’un « péage informatique ». Il désigneplus particulièrement les offres quipermettent de lire gratuitement un nom-bre limité d’articles, avant d’orienterle lecteur vers une offre payante. EnFrance, ce dispositif commence à êtreenvisagé par les rédactions. Les Echosont joué un rôle de précurseur, puisqueson système, qui permet de lire jusqu’à15 articles gratuitement, a été lancé enoctobre 2012. Depuis, le quotidien éco-nomique a fait des émules, que ce soit àla Voix du nord ou la Dépêche du midi. Deson côté, Libération devait le lancer enseptembre dernier, avec son nouveausite, mais s’est finalement donné cetobjectif « à moyen terme » pour dégagerdes revenus complémentaires aux abonne-ments numériques. L’Express et le Pointétudient aussi la possibilité d’un pay-wall sur leur site…

Le premium est encore l’offre la plusrépandue lorsqu’une partie du contenudu site est payante. Comme sur la plu-part des sites de PQN, certains articlessont uniquement accessibles par lesabonnés ou à acheter à l’unité. C’est lemodèle qu’a souhaité conserver et ren-forcer Le Monde, avec la refonte de sonoffre numérique initiée en avril 2013.Le Monde interactif s’est même refusé àpasser au paywall. Sans doute car, mêmesi son offre gratuite n’est pas trèsrentable (15 % de bénéfices), ellereprésente 70 % de son chiffre d’af-faires. Enrichir l’offre premium doitpermettre de faire évoluer et croître lechiffre d’affaires.

Le premium est généralement la pre-mière étape dans la mise en place d’unsite « semi-payant ». Et c’est d’ail-leurs cette porte d’entrée qu’a choisiel’Equipe, en octobre. Côté PQR, SudOuest a lancé son offre digitale, avec

un abonnement à son journal en versionnumérique, en novembre, annonçant « unprojet plus ambitieux » : la mise enligne, le 17 décembre, d’un nouveau siteWeb qui met fin au tout-gratuit. Celui-ci contient une « zone abonnés » qui avocation à proposer « une offre enri-chie », premium, donnant accès aucontenu du journal, à des articles thé-matiques inédits et des reportages com-plémentaires, à des newsletters et à desservices. Avec un objectif de 6 500abonnés en 2014, Sud Ouest entend trou-ver une source de revenus complémen-taire aux 6 millions d’euros de recettespublicitaires espérées, en 2014, sur lesite. Pour les mêmes raisons, la Nou-velle république parle aussi de venir aupayant cette année.

Quotidiens

Le pari de l’OpinionAlors que l’année 2012 a été plutôt

meurtrière pour les quotidiens natio-naux, avec notamment la disparition dela Tribune et de France soir, le lance-ment de l’Opinion, en mai 2013, est unesorte de revanche. Fondé par NicolasBeytout, ancien patron des rédactionsdu Figaro et des Echos, ce nouveau jour-nal à la ligne éditoriale libérale, pro-business et pro-européen, est un véri-table événement depuis la création duquotidien Info matin en 1994.

Après plusieurs mois d’activité,les premiers résultats sont plutôtsatisfaisants, selon les équipes del’Opinion, même si Nicolas Beytout seveut encore « modeste ». En quelqueschiffres, l’Opinion revendique 500 000

visiteurs sur un site essentiellementpayant, une diffusion totale situéeentre 35 000 et 37 000 exemplaires dontla moitié en diffusion qualifiée via lescompagnies aériennes, les hôtels ouencore les universités. « Au total, nouscomptons 13 500 abonnés payants »,ajoute-t-il.

En kiosque, les résultats sont plutôtdécevants. Nicolas Beytout avance lechiffre de 3000 ventes au numéro par jouren moyenne. Décevant certes, mais impos-sible pour lui de renoncer au papier. Cequi lui permettrait pourtant de réaliserdes économies importantes. «Etre enkiosque, c’est l’un des éléments géné-tiques d’un journal», assure-t-il. Lespremiers pas de l’Opinion restent fra-giles mais les équipes du journal affir-ment être dans leur plan de marche etpoursuivent l’objectif d’atteindrel’équilibre en 2016. Deux ans pour satis-faire des actionnaires comme Claude Per-driel et la famille Bettencourt, même sil’essentiel du capital de l’entrepriseappartient à Nicolas Beytout lui-même.

RTB

L’essor des adexchanges Il n’aura pas fallu longtemps pour

que les adexchanges s’imposent dans lepaysage publicitaire français. Selonl’observatoire de l’ePub du SRI, lesventes d’espaces en RTB (pour real timebidding) ont connu une croissance de125 % en 2013 pour atteindre 117 mil-lions d’euros, soit 16 % des dépensesdisplay. Ce qui positionne la Francedevant le Royaume-Uni (14 %) et l’Alle-magne (12 %), et juste derrière les

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Source SRI

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Etats-Unis (19 % des dépenses display).Il faut dire que le marché a vu apparaî-tre deux acteurs premium avec la Placemédia, créée à l’initiative de cinqrégies (Amaury médias, Figaro médias,Lagardère publicité, TF1 publicité etFrance télévisions publicité), etAudience square (avec M6 publicité, Mpublicité, les Echos médias, Prismamédia, IP…). A titre d’exemple, la Placemédia revendiquait fin 2013 plus de30 millions de visiteurs uniques et4,5 milliards d'impressions/mois.

Et ce n’est pas fini ! Toujours selonle SRI, 2014 devrait voir une fortecroissance du marché avec l’essor du RTBvidéo (avec toujours plus d’inventairesà monétiser et la création de plate-formes spécifiques), la montée en puis-sance de la data (avec l’intégration desdonnées publicitaires et CRM chez l’an-nonceur) et l’émergence du RTB mobile.

Scoop

L’exclusivité paieDe tout temps, le Canard enchaîné a

fait du scoop son fond de commerce.Depuis son lancement, Mediapart a pris lemême chemin :c’est avec les affaires Bet-tencourt, puis Cahuzac, que le sited’Edwy Plenel a bâti sa réputation… etson portefeuille d’abonnés. Plus récem-ment, c’est dans la presse que sont sor-ties l’affaire Copé (le Point a affirméqu’il avait profité de son poste à l’UMPpour favoriser l’entreprise d’ancienscollaborateurs) ou les écoutes prati-quées par Patrick Buisson lors de sonpassage à l’Elysée sous Nicolas Sarkozy.

Mais la palme du scoop revient cetteannée à Closer qui, en révélant la liai-son entre François Hollande et JulieGayet, a connu un retentissement inter-national, avec des reprises dans lemonde entier. L’hebdo people de Monda-dori a surfé longtemps sur l’événement,puisqu’il lui a consacré sept couver-tures consécutives entre le 10 janvieret la fin février, à coup de révélationset photos. « Les quatre premiers nousont permis de faire croître la diffusionen janvier de 60 % par rapport aux mêmesnuméros de l’année précédente, nousexplique son éditeur, Stéphane Hai-

taian. Et le mois de février s’estachevé sur une croissance de 10 à 20 % ».De son côté, Presstalis a constaté parailleurs « un report des acheteurs de lapresse people sur Closer, qui regagne enlégitimité ».

Closer n’est pas le seul gagnant: surles trois dernières semaines de janvier,32parutions ont titré sur le sujet, quece soient des titres picture/people, desféminins et même les newsmagazines.Logiquement, l’impact sur les ventesvarie selon le traitement de l’affaire encouverture et les choix de la rédaction.«Clairement, les Unes misant sur l’in-trigue et l’intime, mais également surl’impact de l’affaire sur l’image du pré-sident et de la France, notamment à l’in-ternational, ont bien marché», notePresstalis. La famille picture/peopletire profit de l'affaire avec des ventes,en janvier, en progression de 16% envaleur par rapport à janvier 2013. Ce quireprésente un chiffre d'affaires addi-tionnel de près de 2 millions d'euros,pour plus de 800000 exemplaires vendussupplémentaires.

Terrain

Le reportagetoujours à l’honneurCes derniers mois, les rédactions

ont encore largement démontré leurscapacités à investir les zones deconflits, à aller à la rencontre desotages ou sur les lieux de catastrophesnaturelles. Le journalisme de terrain alargement été mis en avant, surtout dansles quotidiens papier. Le service inter-national du Figaro a, par exemple, pro-posé à ses lecteurs un suivi très précisdes premiers pas de l’opération Serval,au Mali. C’est également dans lescolonnes du quotidien de Serge Dassaultque le dirigeant syrien, Bachar Al-Assad, a choisi de s’exprimer alors queson pays, à feu et à sang, lui confère,sur la scène internationale, une imagede despote sanguinaire. En novembre,Libération a dépêché un envoyé spécialaprès le passage du typhon meurtrier auxPhilippines et a permis de faire décou-vrir à ses lecteurs l’intensité de lacatastrophe et ses conséquences sur les

populations déjà fragilisées par la pau-vreté. Ce ne sont là que quelques exem-ples. Si les moyens manquent souventdans les rédactions, le reportage deterrain jouit encore d’une place cen-trale au sein des journaux.

U like

Une forte présence surFacebook reste valorisante A l’heure où les trucages autour des

« j’aime » de Facebook se multiplient, leréseau social conserve une bonne imageauprès des éditeurs de presse, quicontinuent de communiquer sur leur nom-bre de fans, comme une preuve de leurnotoriété auprès du public. Début jan-vier, le groupe Condé nast, qui a tou-jours été très en avance sur les réseauxsociaux, a ainsi lancé une grande cam-pagne pour faire savoir qu’il avaitbattu un record en la matière, en reven-diquant être « le premier magazine enFrance à dépasser les 2 millions de fanssur Facebook », avec Vogue Paris. Au pas-sage, le magazine révélait que sa pageFacebook a gagné 1 million de fans en unan (depuis janvier 2013), enregistré 815000 partages et donné lieu à 130 000 com-mentaires. Ce nombre de fans qui ont« liké » la page d’un magazine ou d’unjournal témoigne de la force de frapped’une marque média, et sert surtout debase de travail aux community managerspour accroître leurs positions sur lesréseaux sociaux… et draîner du traficvers le site de la marque.

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Vidéo

Ce qu’il faut faire,et ne pas faire La vidéo est, sans nul doute, la

stratégie de développement la plus uti-lisée par les groupes de presse, et pourcause… Selon Médiamétrie, il y avait,fin 2013, près de 35 millions de vidéo-nautes en France, 8,9 millions d’entreeux ayant visionné au moins une vidéo enligne, chaque jour. Mieux, le tempsconsacré à la vidéo ne cesse de progres-ser avec une moyenne de 4 h 50 par per-sonne et par mois.

Si le marché est porteur, la mise enplace d’une stratégie vidéo est néan-moins difficile, mais il est possible dedégager quelques tendances. Ainsi,attirer des internautes autour de lavidéo, c’est d’abord créer des rendez-vous tout au long de la journée, ou de lasemaine. « Le Figaro a d’abord créé unemarque autour de la vidéo, témoigneJulien Mielcarek, rédacteur en chefadjoint du Figaro.fr en charge de lavidéo. Baptisée Figaro play, elle ras-semble toutes les vidéos du groupe surun seul portail. Chaque jour, nous pro-duisons une vingtaine de vidéos et don-nons des rendez-vous grâce à diffé-rentes émissions comme le Talk ou leBuzz média ». Chez Téléloisirs.fr, où lavidéo est « au cœur de la stratégie numé-rique », dixit Thierry Masclot, direc-teur de la rédaction, une trentaine devidéos sont mises en ligne chaque jour.

« Nous avons également créé de nouveauxrendez-vous pour nos internautes,notamment notre speakerine Télé loi-sirs, qui présente la sélection des pro-grammes TV de la rédaction sur un tonhumoristique. »

En revanche, l’adaptation du journalen vidéo semble une mauvaise piste. « Ilne faut pas faire de télévision, niessayer d’adapter les rubriques dujournal en vidéo », assure Thierry Mas-clot. « Nous sommes tout de même dans unelogique de prolongation du journal »,estime pour sa part Marianne Enault,rédactrice en chef du JDD.fr. Lefi-garo.fr s’appuie également beaucoup surle papier en matière de vidéo, dans lecadre de la réalité augmentée. « Nouspublions cinq à sept vidéos par jour,pour permettre à nos lecteurs d’accéderà des contenus complémentaires »,explique Julien Mielcarek.

Web to print

Quand le salutpasse par la presse La tendance n’est pas nouvelle, mais

elle s’est encore accélérée en 2013.Les sites Web, en majorité des pure-players, ont été très nombreux à se lan-cer dans l’aventure du papier afin decompléter leur offre mais aussi d’as-seoir un modèle économique pérennequ’ils ont parfois du mal à trouver.C’est le cas par exemple de 750 g, que le

groupe Mondadori a décliné sur papier,comme l’avait fait plus tôt Marmiton,dont la diffusion France payée aatteint 111 054 exemplaires en 2013.« Pour s’implanter dans un univers déjàriche de nombreux titres, il fallaittoucher rapidement un public trèslarge, nous expliquait Hélène Bour-geois-Luquin, directrice d’édition de750 g, au moment de son lancement.L’idée de nous diriger vers une marqueInternet est venue naturellement. » Sixmois plus tard, Carmine Perna, direc-teur général de Mondadori France,revendiquait une diffusion moyennesupérieure à 50 000 exemplaires.

Plus récemment (le 21 novembre), laRevue automobile, jusqu’alors unique-ment présente sur Internet, s’est éga-lement déclinée sur le papier. « En lan-çant Larevueautomobile.com, nousavions déjà dans l’idée d’en faire unmagazine papier, explique BenoitAlves, son directeur de la rédaction.Sur le papier, nous allons gagner ennotoriété ». C’est également ce qui aincité le groupe l’Etudiant à déclinersa marque lifestyle Trendy à travers unmagazine papier et gratuit. 200 000exemplaires ont été distribués en octo-bre dans les établissements d’ensei-gnement, 20 000 sur le salon de l’Etu-diant. « Les lecteurs de Trendy passenten moyenne vingt minutes sur le site, cequi est beaucoup, explique EmmanuelDavidenkoff, directeur de la rédactionde l’Etudiant. Ils sont donc prêts àlire sur la longueur et à prendre letemps. Et comme ils n’ont pas encoretous des tablettes, le papier restecohérent. »

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Les Clés de la presse est un support d’information sur la presse. Positionné comme un véritableoutil d’aide à la décision, il se décline à travers plusieurs produits.

Qui sommes-nous ?

2. Un magazinepapierPublié cinq fois par an,

il propose une série d’en-quêtes, d’entretiens, dereportages, de résultatsd’études, sans oublier desretours d’expériences menéespar les éditeurs. Un condenséde bonnes pratiques.

3. Une pageFacebook

Cette page Facebook(www.facebook.com/Cles.de.la.presse?fref=ts) a pour butde mettre en valeur la créa-tivité de la presse, en mon-trant au quotidien les lance-ments, nouvelles formules etinnovations des éditeurs depresse.

4. Un compteTwitterCe compte (@Clesdela-

presse) a pour but de suivrel’actualité du secteur de lapresse au jour le jour, avecles coups de cœur et les coupsde gueule de la rédaction.1. Une lettre

électroniqueDe périodicité bi-hebdoma-

daire (elle paraît le mardi etle vendredi), elle propose, 90fois dans l’année, toute l’ac-tualité du secteur de lapresse : les nominations, lesmouvements, les stratégies deséditeurs (contenus, diffusion,commercial, numérique), desanalyses, des interviews, unagenda détaillé, des petitesannonces, et la pige exhaustivede tous les lancements.

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XXL et XXS

Une question de format

En 2013, se pencher sur les formatsrepensés et adoptés dans la presse pousseà deux observations: les standards chan-gent et les formats longs trouvent grâceaux yeux d’un public pourtant plus exi-geant. Côté quotidien, les formats XXLont ainsi cédé un peu plus de terrain autabloïd. Si le Monde, le Figaro, ou mêmeles Echos et l’Equipe restent encore desgéants, la Croix avec sa nouvelle for-mule, en janvier 2013, a décidé d’adopterles mêmes proportions que Libération. Laraison officielle était de clarifier lamaquette et d’accorder plus d’espacesaux longs papiers. La réalité ressembleplutôt à la recherche d’économies depapier. Mais qui dit format réduit ditmoins de contenus à produire sur leprint. De quoi dégager du temps pour queles rédacteurs réalisent plus de conte-nus sur le Web, l’axe majeur du quotidienqui a réellement embrassé son viragenumérique avec cette nouvelle formule.En 2012, c’était le gratuit Metro, devenuMetronews, qui avait adopté un formatplus petit, l’estimant «mieux adapté auxmodes de vie et de lectures des urbains»,et surtout des jeunes actifs. Il rejoi-gnait ainsi le format de ses concurrents,20 minutes et Direct matin.

A l’inverse, depuis le lancement dela revue XXI, de nouveaux formats, plusimposants, ont acquis leurs lettres denoblesse : les mooks, produits édito-riaux entre la revue et le livre, vendusen librairie. 2013 en aura vu naître

encore plusieurs, dont certains ont unsuccès qu’ils n’imaginaient pas. C’estle cas de la Revue dessinée. Pour finan-cer le premier numéro, les fondateursont fait appel au crowdfunding, sur laplateforme Ulule. Un véritable succèspuisque plus de 700 contributeurs ontété sensibles à leur démarche : avec36 000 euros récoltés, le premier numéroétait entièrement financé. Sorti enseptembre, le premier numéro de ce tri-mestriel BD-journalistique a été réim-primé deux fois. Autour de 18 000 exem-plaires ont été vendus en France, 15 000pour le deuxième.

Autre création de l’année 2013,l’Eléphant met en avant la culture géné-rale et la mémorisation. Créé par Jean-Paul Arfi (éditeur) et Guénaelle Le Sol-leu (journaliste), le trimestriel s’estconstitué rapidement une belle commu-nauté, notamment sur les réseauxsociaux, avec près de 4 000 fans surFacebook. La Croix s’est aussi lancédans l’aventure, dans une logique dediversification, avec la sortie, enoctobre, de Toute l’énergie du monde, unsemestriel valorisant ceux qui agissentde manière positive, avec des récits,des témoignages et des initiatives « quidonnent envie d’agir ».

Y la générationLes 18/30 ansdans la ligne de mire C’est une population de jeunes

adultes, entre 18 et 30 ans environ, quipose question. Le numérique a peu desecrets pour ces jeunes gens quidélaissent le papier pour le Web, lepayant pour le gratuit, le fixe pour lemobile. L’un des enjeux majeurs, pourles éditeurs, est de parvenir à capter,et plus encore à comprendre cettecible. Elle intrigue, fascine presque,mais fait l’objet de nombreux clichés :on la croit facilement égoïste, irres-pectueuse, décomplexée, voire éhontée,fataliste et fainéante. Cette mauvaiseimage fait que, lorsqu’un média déclineun sujet ou une thématique en lien aveccette population, il ne l’intéresse paset ne trouve que trop rarement sonpublic, preuve peut-être d’une frac-ture générationnelle plus profondequ’elle n’y paraît. Mais les médias nedésarment pas et continuent à s’inter-roger sur cette génération. Ils ontmême décidé de lui laisser la parole àtravers deux enquête récentes : celle

Les Clés de la presse - hiver 201426 le dossier

L'année de A à Z_Gabarit test 20/03/2014 12:11 Page26

Page 27: Les Clés de la presse

de Néon en septembre, et « Générationquoi ? », par France 2 en partenariatavec le Monde et Europe 1.

A chaque fois, la génération Y a eul’occasion de faire son autoportrait etde rétablir la vérité sur ce qu’elle est.«Elle a besoin de parler et, pour lemoment, elle n’est pas entendue, sou-ligne Christophe Nick, producteur desdocumentaires «Génération quoi?» etco-producteur de l’enquête interactive.En plus de souffrir du regard extrêmementnégatif de la société française, cettegénération a le sentiment que les médiasgénéralistes ne s’intéressent pas àelle». Ce qui explique peut-être que 87%des 18-34 ans ne font pas confiance auxmédias, qui ont même une plus mauvaiseimage que la police, selon son enquête.

Paradoxalement, «Génération quoi?»a rencontré un fort succès auprès decette tranche d’âge, mais sur le Web uni-quement, les audiences des trois pre-miers épisodes à la télévision ayant été«très décevantes». Fin 2013, le site enétait à plus de 400000 visites et ilsétaient plus de 210000 à avoir laisséleur adresse mail pour pouvoir y accéderde nouveau. En tout, les participantsavaient répondu à 20millions de ques-tions, et 92% de ceux qui avaient com-mencé étaient allés au bout des 143 ques-tions. Ce qui en fait la plus grandeenquête sociologique sur cette tranched’âge. «Je pense que les jeunes ont com-pris que notre démarche était sincère,qu’on leur laissait la parole et que cen’était pas à des fins marketing, estimeChristophe Nick. C’est assez rassurantpour eux de savoir que le service publicest capable de leur proposer de partici-per ainsi, qu’il les prend au sérieux».Le partenariat avec Europe 1 et le Mondeaurait aussi tendance à les rassurer,garantissant d’autant plus le sérieux del’enquête et leur permettant de penser

qu’ils vont être entendus des décideurs.Car comme le montrait l’étude de Néon, lapresse reste une référence pour eux,voire même une source d’informationirremplaçable (pour 27%), bien que mena-cée (pour un quart des jeunes).

Zapping

Le « multi-reading »en plein développement C’était l’un des principaux ensei-

gnements de la dernière livraison del’étude d’audience de la presse (Audi-presse One), qui portait sur la périodejuillet 2012-juin 2013 (les résultats del’année 2013 seront présentés le9 avril). L’engouement des Français pourles supports mobiles ne se dément pas :plus de 40 % d’entre eux sont équipésd’un smartphone, soit une progression de12 % en six mois et de 26 % sur un an. Ducôté des tablettes numériques, la crois-sance est vertigineuse : 16,7 % des Fran-çais en possèdent une (8,6 millionsd’individus), un chiffre multiplié par2,5 en un an. « C’est ce qui fait le suc-cès du multi-reading », explique-t-on àAudipresse. Au global, le volume deslectures numériques a progressé de 14 %par rapport à 2012, tandis que les lec-tures mobiles et tablettes constituent,désormais, le tiers des lectures numé-riques. Une progression qui se poursui-vra en 2014, puisque Audipresse compteintégrer l’audience des versions PDF auxaudiences papier.

Selon l’étude One, 45 % des Français(23,1 millions d’individus) lisent aumoins un titre de presse en versionnumérique, au minimum une fois parmois, que ce soit au travers d’un siteInternet, d’un site mobile, d’une

application pour mobile ou tablette, oud’une version PDF téléchargée, quelqu’en soit le support. Mieux, « cetteprogression des lectures numériques sefait en synergie avec la lecture destitres de presse en version papier,poursuit Audipresse. 54 % des individusqui lisent un titre en version numé-rique lisent aussi le même titre dans saversion papier d’origine ». Traduc-tion : ce n’est pas parce que l’on estfriand de nouvelles technologies quel’on délaisse la lecture de la pressepapier pour autant.

Dans cette logique, l’étude One meten exergue la puissance d’une marquemédia à travers l’indicateur «brand glo-bal», qui mesure le croisement entre leslecteurs sur les 30 derniers jours destitres de presse et les habitudes de fré-quentation (au moins une fois par mois)des versions numériques. Derrièrel’agrégat PQR66 et ses 40millions delecteurs, le classement est dominé parFemme actuelle (15 millions), l’agrégatPHR (14,1 millions), 20 minutes (13,1millions), le Monde (12 millions), Ver-sion femina (11,99 millions), Parismatch (11,98 millions) et l'Equipe(11,49 millions).

Sur l’indicateur purement digital,la hiérarchie est modifiée : derrièrePQR 66, c’est le Monde qui arrive en têteavec 7,7 millions de lecteurs numé-riques, devant l'Equipe (6,07 mil-lions), 20 minutes (4,88 millions),Télé loisirs (4,46 millions), le Figaro(4,45 millions), le Parisien-Aujourd'hui en France (4,35 millions),Libération (3,95 millions) et l'Express(2,6 millions). Enfin, la lecture 100 %mobile (smartphone et tablette) consa-cre le Monde devant PQR 66, l’Equipe,20 minutes, Télé loisirs, Aujourd'huien France-le Parisien, le Figaro, Télé 7jours, Libération et Closer.

Une enquête de la rédaction

Les Clés de la presse - hiver 201427

Source Audipresse

Source Audipresse

L'année de A à Z_Gabarit test 20/03/2014 12:11 Page27

Page 28: Les Clés de la presse

28 l’enquête Les Clés de la presse - hiver 2014

La publicitédigitalese normalise

A l’occasiondes 10ans du SRI,les Clés de la pressea souhaité faireun bilan de dix ansde publicitédigitale. L’objectif:mettre en avantles enjeux d’un marchéqui semble encorese structurer.

> Etroitement lié aux évolu-tions technologiques, lemarché de la publicité digi-

tale est en perpétuelle mutation. Appa-rition de l’ADSL, de l’iPhone ou explo-sion des usages vidéos sont autant detournants qui lui ont permis de se déve-lopper. Aujourd’hui, c’est dans lesmodes de commercialisation des espacespublicitaires et dans l’innovationautour des formats que le marché serenouvelle, notamment avec les adex-changes. C’est également là qu’il comptetrouver un nouveau souffle.

1. Une croissance stagnanteAprès avoir traversé toutes ces

périodes de révolutions technolo-giques, le marché de la publicité digi-tale n’a pas arrêté de progresser annéeaprès année. Pour autant, à partir dudeuxième semestre 2013, le ralentisse-ment du marché publicitaire s’est pro-gressivement étendu au digital. Selonl’Observatoire de l’epub, mené par le

SRI et Capgemini consulting, le marchéde la communication online en Francepesait 2 milliards d’euros en 2008. Il aconnu une croissance de 6 % en 2009 à2,09 milliards d’euros, puis de 9 % en2010 à 2,3 milliards d’euros. La crois-sance est passée à deux chiffres en 2011(avec une progression de 11 %, à 2,56milliards d’euros), puis a ralentiensuite: +5 % en 2012 (à 2,7 milliardsd’euros) et +3 % en 2013 (à 2,79 mil-liards d’euros). « Les dépenses desannonceurs continuent de croître, maisrestent très inférieurs à ce qu’ellespourraient être, notamment sur lemobile », analyse Luc Vignon, directeurcommercial de SFR régie.

La faute au « french paradox », selonErik-Marie Bion, directeur général deMicrosoft advertising. « En termes de

ressources, la France est le premierpays équipé en ADSL, mais le 20ème sur lenombre de box installées, détaille-t-il. Au niveau global, il y a une stagna-tion de la croissance, mais il faut res-ter prudent. On assiste à unbouleversement total à l’intérieur dumarché, notamment dans les formats etles modes d’achat. » Les adexchanges,par exemple, ont connu des progressionsconstantes depuis 2011, avec une crois-sance de 16 % en 2013. La vidéo se posi-tionne également en bonne place, avecune progression de 18 % des investisse-ments sur ce canal. « Si nous assistons àune stagnation de la croissance, l’en-semble du marché s’est réorganisé, pour-suit Erik-Marie Bion. La complexité etle changement sont aujourd’hui les nou-velles normes. »

Source SRI

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Page 29: Les Clés de la presse

29 Les Clés de la presse - hiver 2014

2. Rattraper le retardsur le mobileLes enjeux d’avenir et les défis à

relever sont nombreux. Tout le mondes’accorde à dire que 2014 sera marquéepar un basculement des investissementspublicitaires sur le mobile. « Il y atoujours un décalage entre l’évolutiondes usages et les investissementspublicitaires sur le digital, constateLuc Vignon. Dans un univers contracté,on peine à utiliser le mobile pour cequ’il peut apporter. Il est partout,surtout au cœur de la consommation. » Lemédia mobile est pourtant encore boudépar bon nombre d’annonceurs, malgré les25,1 millions de mobinautes dénombréspar Médiamétrie en 2013. Il reste encoreà mener auprès du marché un gros travaild’explication, mais aussi d’organisa-tion entre les acteurs. « Les temps nesont pas à la prise de risque », regretteLuc Vignon.

Un signe, si 30 % des usages Internetsont sur le mobile, les dépenses publi-citaires sur le mobile ne représententque 6% des dépenses digitales. « Noussommes encore à un peu moins de 100 mil-lions, illustre Sophie Poncin, direc-trice déléguée d’Orange advertisingnetwork. En 2014, nous allons vraimentassister à une accélération, lesagences s’emparent de plus en plus dusujet et, compte tenu du poids des

usages mobiles, ce n’est plus possibled’ignorer le support. »

3. Proposer des offresclaires et cohérentesSur le mobile et sur les autres

canaux de publicité digitale comme lesearch, le display, l’affiliation ouencore l’emailing, les professionnelsassument tous le fait que le marché aencore besoin de s’organiser et de sestructurer pour proposer des offresclaires et facilement compréhensiblespar les agences et les annonceurs. Ilfaut avouer que la présentation de cer-taines offres multi et cross-canal sontparfois un peu difficiles à imaginerdans une perspective d’efficacité.« Chez SFR régie, nous menons unebataille de clarté de ce qu’est notremédia, illustre Luc Vignon. Il fautstructurer les offres pour qu’ellesparaissent pertinentes et définir avecles clients des objectifs clairs afin demettre en place les dispositifs les plusefficaces possibles. »

Ce qui n’est pas toujours facile dansun environnement quotidiennement drivépar les innovations technologiques. Etdes dizaines de nouveautés arriventchaque mois. « Nous sommes encore dansune période d’apprentissage, constateArthur Millet, directeur d’Amaurymédias digital. Nous ne savons toujours

pas intégrer une campagne multisupporten display. Or, l’enjeu de demain est desavoir intégrer la programmatique et ladata dans la réflexion avec le client. »

4. Surfer sur l’explosiondes adexchangesLa programmatique a d’ailleurs vio-

lemment bouleversé le marché ces der-niers mois avec le développement et lesuccès massifs des adexchanges. « En2014, 20 à 25 % des investissements pas-seront par ce canal », prédit Eric Ader-dor, directeur général d’Horyzon médiaet président du SRI. « Ces plateformesont été un point de rupture sur le marchédes dix dernières années, observeArthur Millet. Elles amènent deuxchoses : l’automatisation des ventesd’espaces mais aussi la possibilitépour les régies de passer de vendeur àexpert, et de jouer ainsi un vrai rôle derecommandation auprès des clients. » Lemarché des adexchanges a commencé às’organiser en 2012, et à vraiment exis-ter en 2013 avec la création de la Placemédia et d’Audience square, qui ontfédéré les principaux médias français.« La valeur de ses dispositifs est expo-nentielle, explique Sophie Poncin. Ilsvont faire basculer le marché vers desmodes de ventes en package, en rotationgénérale. L’heure, aujourd’hui, est àl’achat d’audience qualifiée. »

En France, la part du digitaldans les dépenses médiasa beaucoup progressé depuis2010 pour s’approcherdu niveau du marchéaméricain. Mais elle restebien en-deçà de desperformances du digitalde nos voisins européens,comme le Royaume-Uniet l’Allemagne.

Source SRI

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Page 30: Les Clés de la presse

Cette avancée, aussi structurantesoit-elle, s’accompagne de l’explosiondes usages liés à la vidéo. Selon Média-métrie, 9,2 millions de vidéonautes quo-tidiens ont regardé en moyenne 30minutes de vidéos sur Internet par jouren 2013. «La tendance du multi-écrans’impose partout, estime Erik-MarieBion. Les consommateurs veulent retrou-ver leurs contenus vidéo sur tous lessupports, il faut mettre en place despropositions publicitaires adaptéespour les annonceurs.» «L’inventairevidéo croît à mesure que l’usage pro-gresse, renchérit Sophie Poncin. Si lemarché n’a pas atteint son niveau dematurité, certains budgets TV vont êtretransférés vers la vidéo.»

5. Data, publicité tactile:des innovations à surveillerLors de notre enquête, nous avons pu

déceler des tendances qui se dessinenttrès timidement pour l’instant, maispourraient donner de nouvelles pistes dedéveloppement au marché. Sans surprise,les personnes interrogées ont beaucoupévoqué la thématique des datas, mais plu-tôt comme une problématique qui se pose àeux. «Le graal, c’est la data, expliquesans détour Sophie Poncin. C’est ce qui vapositionner chacun sur le nouvel échi-quier et faire le tri dans l’offre plétho-rique digital du marché.» Les datas sontsouvent présentées comme une bonnemanière de redonner une place de choix auxsites premium, tout en offrant une oppor-tunité de revalorisation des inventairespublicitaires. Quant à la manière de lestravailler et de les exploiter, personnene semble encore avoir trouvé de méthodeefficace.

Du côté de Microsoft advertising, onvoit poindre l’arrivée prochaine de lapublicité tactile avec laquelle leconsommateur pourra interagir. «Il s’agitde la prochaine étape en termes d’innova-tion publicitaire», assure Erik-MarieBion. Pour se développer, le marché de lapublicité digitale devra enfin relever undernier défi de taille, celui des res-sources humaines. La plupart des profes-sionnels d’accordent à dire que la Francesouffre de l’absence de véritables exper-tises digitales, sans lesquelles il estdifficile de faire preuve de pédagogiepour aller toujours plus loin dans l’évan-gélisation. Marie Malaterre-Roques

* La directrice générale du Syndi-cat des régies Internet (SRI)

livre aux Clés de la presse son analysesur l’évolution de la publicité numé-rique. Un secteur en mutation perma-nente inter-dépendant des innovationstechnologiques. Peut-être un peu tropd’ailleurs. Analyse.

Les Clés de la presse. A l’origine,quelles étaient les missions du SRI ?

Hélène Chartier. Le Syndicat desrégies Internet a été créé en juin 2003autour de cinq portails: AOL, Micro-soft, Yahoo, Orange et Tiscali. L’ob-jectif était de structurer le média, dele mesurer, de mettre en avant lesbonnes pratiques, les formations, lesconditions générales de vente. Il étaitnécessaire d’avoir un discours clair etcohérent dans un univers où les annon-ceurs et même les agences ne s’y retrou-vaient pas trop.

A quel moment avez-vous lancé l’Obser-vatoire de l’e-pub ?

H.Ch. Mesurer les investissementspublicitaires sur le digital était unenjeu clé du SRI. Aujourd’hui, chaquerégie confie son chiffre d’affairestous les mois et nous sommes capablesde sortir un baromètre qui mesure lesinvestissements digitaux. Ce n’estqu’en 2009 que nous avons réellementcommuniqué à l’extérieur avec la créa-tion de l’Observatoire de l’e-pub réa-lisé, à l’origine, par Capgemini (dés-ormais, c’est PwC qui s’en occupe,NDLR). C’est l’un des piliers du SRI entermes de communication, il nous per-met de bien couvrir le marché et d’ap-porter des chiffres fiables sur lesdifférents canaux.

Rapidement, le nombre d’adhérents auSRI a progressé…

H.Ch. Pendant la période deconstruction et de structuration du

marché, nous sommes passés de 5 à 14 mem-bres. En 2013, nous comptions 27 mem-bres, ce qui nous a permis d’amplifiernos prises de parole. Nous travaillonssur des questions liées à l’efficacitédu média, en partenariat avec l’Udecam(Union des entreprises de conseil etachat média) et l’UDA (Union des annon-ceurs). En 2014, nous avons pour ambi-tion d’aborder de nouveaux sujets,notamment les leviers publicitairesspécifiques.

Comment voyez-vous évoluer le marché dela publicité digitale ?

H.Ch. Il y a dix ans, le média se ven-dait essentiellement suivant une théma-tique de branding et au CPM avec desespaces clairement identifiés. Je penseque l’invention de la vente des espacespublicitaires à la performance areboosté le marché et lui a donné un nou-vel élan, notamment avec l’arrivée mas-sive des adexchanges. Des formats sontarrivés en même temps que la bande pas-sante a évolué. Le digital s’est massi-fié par la diversité des espaces dispo-nibles mais aussi par leur canald’accès. Propos recueillis par M.M.-R.

Les Clés de la presse - hiver 201430 l’enquête

Coup de fil à… Hélène Chartier« Le digital s’est massifiépar la diversité des espaces

disponibles »

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32 l’analyse Les Clés de la presse - hiver 2014

Les enjeuxdu datajournalismepour la presse

Le datajournalismepeine à se développeren France.Cette techniquepourrait pourtantpermettre à la pressede fidéliserses lecteurset lui assurerde nouvelles recettes,estime EstellePrusker-Deneuville.

> Depuis quelques années, laconjoncture est mauvaise pourla presse écrite : recul des

ventes au numéro et des abonnements,baisse continue des audiences, effon-drement des investissements publici-taires. En France, plus de 2 000 postesont ainsi été supprimés dans le secteuren 2013. Aux-Etats-Unis, les étudesprospectives annonçant la fin du papierse multiplient. Ainsi, selon le rapportdu Center for the digital future de laUSC Annenberg (une université de Cali-fornie), la grande majorité des journauxaméricains cesseront d'être imprimésd'ici à cinq ans. Le site Future explora-tion a été plus loin en livrant une chro-nologie de l’extinction des journauxpapier selon les pays. D’après cetteanalyse, les Etats-Unis seraient lespremiers concernés avec une disparitionannoncée dès 2017, la France devantsubir le même sort en 2029.

La révolution des usages S’il est peu probable que cette pro-

phétie se réalise, il est certain queles comportements de consommation médiaont profondément changé avec l’émer-gence d’Internet, des smartphones et,plus récemment, des tablettes. En per-mettant de rester connectés et doncinformés à tout moment, les nouvellestechnologies de l’information et de lacommunication (NTIC) ont modifié leshabitudes. L’important n’est plus de« posséder » l’information, d’en dispo-ser physiquement comme le permet unmagazine papier par exemple, mais d’yavoir accès à tout instant, quel quesoit le lieu. Les circuits de l’informa-tion ont changé et Internet y tient dés-ormais une part importante avec uneinformation multiple, instantanée etgratuite. Les audiences se sont peu àpeu détournées de la presse écrite clas-sique, de façon assez radicale pour lesplus jeunes ou en consommant moins assi-dument pour les autres.

Parallèlement, les émetteurs sesont multipliés, les médias tradition-nels devant désormais faire face à uneconcurrence exacerbée sur le marché del’information : agrégateurs de con-tenu, outils de curation, réseauxsociaux, social média magazine, plate-formes de partage, fournisseurs d’ac-cès à Internet. Autant d’acteurs qui,le plus souvent, relayent l’informa-tion à défaut de la produire, captantainsi une audience qui, auparavant,s’informait directement à la source,auprès des médias traditionnels. Lerécepteur joue également un rôle actifdans cette nouvelle organisation dumarché de l’information, dans la mesureoù il peut à la fois être producteur denouvelles (et tenir un blog par exem-ple), mais aussi relayer et recommanderl’information à travers les réseauxsociaux, les outils de curation. L’ins-titut Pew research center estimaitainsi en 2010 que « 37 % des internautesaméricains avaient soit contribué à la

Le journaliste de ForbesJon Bruner a réalisécette carte interactivedes Etats-Unis,sur les flux migratoires,comté par comté, entre 2005et 2009, grâce aux donnéesdu service des impôtsaméricains.Chaque Américain peuty visualiser la réalitédes déplacementsde population dansson environnement proche.Ici, l’exemple du comtéde New York.

Datajournalisme_Gabarit test 20/03/2014 12:06 Page32

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33 Les Clés de la presse - hiver 2014

création de nouvelles, soit commenté ourelayé la diffusion via les outils duWeb 2.0 ».

La naturede l’information a changéCette multiplication des sources

d’information pose question : en mettantl’individu en situation de surinforma-tion, on risque l’overdose, et « l’info-bésité » n’est pas loin. La profusiond’information disponible sur Internetsur un sujet est telle que l’individu nesait plus comment la sélectionner ni lahiérarchiser. « Trop d’information tuel’information » et nous pouvons parfoisregretter la presse papier dont lavaleur ajoutée est d’apporter recul etanalyse sur l’actualité. Par ailleurs,la nature de l’information a changé.L’instantanéité et la nécessité de serenouveler rapidement, la forte concur-rence des sites d’information et leursaccès le plus souvent gratuits laissentpeu de place à l’investigation et àl’analyse, démarches journalistiquestrop coûteuses mais pourtant à l’originemême de cette profession. Avec Internet,l’information est souvent traitée danssa dimension la plus simple, la plus fac-tuelle, et devient « jetable », une brèvesuccédant à une autre.

Ces constats sont encourageants pourla presse écrite car ils plaident enfaveur d’un retour aux fondamentaux dujournalisme : l’investigation, la sé-lection et la hiérarchisation de l’in-formation. Un retour qui ne pourra sefaire que sur et avec l’aide d’Internetet des nouvelles technologies. Lesgroupes de presse se doivent d’inventerun nouveau modèle intégrant leursavoir-faire journalistique aux at-tentes des audiences en matière d’in-formation. Une forme naissante de jour-nalisme semble déjà montrer la voie dece que pourrait être le journalisme dedemain : il s’agit du datajournalisme.

Qu’est-ce quele datajournalisme?Le datajournalisme, également

appelé « journalisme de données », ca-ractérise une démarche journalistiqueutilisant des données comme principalmatériau de son enquête. En préambule,il est important de rappeler que lesjournalistes n’ont pas attendu le XXIème

siècle pour intégrer les données dansleur travail. Dès les années soixante,le journaliste Philip Meyer plaidait,dans son ouvrage Precision journalism,pour un usage des statistiques à desfins journalistiques. Dans cettelignée, Bill Dodman reçut en 1989 leprix Pulitzer du journalisme d’inves-tigation, pour son enquête intituléeThe color of money dans laquelle ildémontre, à partir de chiffres collec-tés et croisés sur des cartes, que lesNoirs américains obtiennent moins deprêts bancaires que les Blancs àAtlanta.

Le datajournalisme, tel que nousl’entendons, repose en partie sur cethéritage de manipulation de données,mais est enrichi du potentiel informa-tionnel offert par les nouvelles tech-nologies. La démarche consiste à analy-ser une quantité importante de donnéespour en extraire les plus pertinentes eten proposer une visualisation simple,souvent interactive, aussi convain-cante pour le lecteur qu’une argumenta-tion journalistique écrite. Plus ques-tion d’interroger des individus commele fait quotidiennement un journaliste,mais uniquement des données.

Quelles sont ses forces?Le datajournalisme est apparu dans

les rédactions américaines il y aquelques années. A l’origine de cettepratique, un contexte technologiquefortement producteur de « data », com-biné au développement d’outils pour lesanalyser, les mettre en scène, mais éga-lement des politiques publiques enfaveur de l’ouverture de leurs données(open data). En 2005, la ville de Chi-cago a été pionnière dans ce domaine en

donnant accès à tous les crimes recenséspar la police et en permettant ainsi auxjournalistes du Chicago crime de dres-ser une carte interactive représentanttous les crimes commis depuis 1996.

En France, le datajournalisme peineencore à rentrer dans les rédactions, laprofession se montrant parfois scep-tique, voire critique, face à une pra-tique journalistique pas toujoursreconnue comme telle. Or, même si celle-ci emprunte beaucoup au métier de chargéd’études, elle fait pourtant appel auxfondamentaux du journalisme : l’ana-lyse, la mise en perspective des faitset l’investigation. En effet, le data-journaliste est dans la démarche dujournaliste qui cherche à rendre com-préhensible le monde. Son champ d’in-vestigation est celui des données,c'est-à-dire la partie factuelle del’information. Son travail consiste àfaire parler les chiffres ou les faitsen s’appuyant sur des techniques et desoutils propres. Et même si les sourceset témoins de potentiels scoops sont iciles données, la démarche est souventcelle de l’investigation.

La force du datajournalisme résidedans l’adaptation du métier de journa-liste aux outils et aux besoins actuels.

- Le premier est la visualisation del’information. Dans un environnementchargé d’écrans, notre perception dumonde est de plus en plus visuelle, letexte laissant souvent la place àl’image. L’intelligence visuelle prendle pas sur l’intelligence verbale. Lesarticles se raccourcissent et les nou-veaux supports que sont le smartphone etla tablette appellent à une nouvelleprésentation de l’information. Le data-journalisme répond à ce besoin en

Bill Dodman a reçu le prix Pulitzer pour cette enquête réalisée à partir de chiffres collectés et croisés.

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offrant au lecteur de comprendre uneinformation en image, de façon plusconvaincante que ne le feraient desmots.

- Ces visualisations sont souventinteractives afin de permettre aux indi-vidus de manipuler les représentationspour une meilleure compréhension del’information. C’est là la deuxièmeforce du datajournalisme : pouvoir mani-puler un volume de données important, àla carte, en fonction des interrogationset des besoins du lecteur. Dans un envi-ronnement surchargé d’information, ledatajournalisme se distingue par un for-mat qui capte l’attention et offre lapossibilité de mieux mémoriser et per-sonnaliser l’information.

- Une dernière caractéristiques’appuie sur la dimension participa-tive des internautes développée par leWeb 2.0. Le datajournaliste pourra,dans certains cas, faire appel auxinternautes pour l’aider à collecterdes données et/ou les qualifier. Cetteméthode est appelée « crowdsourcing ».Elle sera particulièrement utile dansdeux cas. D’une part, les donnéesn’existent pas ou ne sont pas accessi-bles en l’état : un appel à la contribu-tion et à la remontée d’information parles internautes pourra permettre derapidement constituer une base de don-nées. En France, le site d’informationOwni.fr avait ainsi recours fréquem-ment au crowdsourcing dans ses en-quêtes, un bon exemple étant leur tra-vail mené sur la question des facturesd’eau pour les particuliers.

Le crowdsourcing peut être utilisécomme outil par le datajournalistelorsque celui-ci se trouve confronté à

un trop lourd travail pourconstituer sa base de don-nées. Par exemple, le cas oùles données existent dans desrapports volumineux nécessi-tant un important temps delecture et saisie avant d’ob-tenir une base de donnéesexploitable. Une bonneillustration de cette pra-tique est le cas souvent citéen exemple du quotidien bri-tannique The Guardian qui,grâce au crowdsourcing, a puanalyser un document de458 000 pages sur les notes de

frais des députés britanniques, révé-lant des abus dans l’utilisation desfonds publics britanniques.

Une révolutiondans les rédactionsA travers ces trois caractéris-

tiques (visualisation, interaction,participation), le datajournalismeancre le journalisme dans le XXIème siè-cle et la révolution de l’informationinitiée par les NTIC. Son potentiel estmanifeste pour les salles de rédactionsdu futur, même s’il peine encore à sedévelopper dans les médias français.Car le datajournalisme appelle à uneautre organisation des salles de rédac-tion. Le journaliste doit s’entourer denouvelles compétences nécessaires à laréalisation des différentes phasesd’analyse et de mise en scène de l’in-formation. Car les étapes à suivre sontinvariablement les mêmes : identifica-tion et collecte des données, nettoyageet mise en forme des bases de données,filtre et sélection des informationsles plus pertinentes, scénarisation etconstruction d’une datavisualisationsimple et efficace.

Même si des outils « clés en main »(datawrapper, infog.ram, etc.) se déve-loppent depuis deux ans, le journalistedoit encore souvent s’allier à un des-igner pour concevoir la visualisation età un développeur pour la réaliser et luidonner sa dimension interactive. Descompétences en tri, interprétation etanalyse de données sont également impor-tantes et certaines réalisations peu-vent faire appel aux savoirs d’un sta-tisticien. Tout au long de ce processus,le journaliste doit mener un travail

d’éditorialisation afin de s’assurer àchaque étape du sens et de la pertinencede l’information telle qu’elle sera pré-sentée au lecteur. Il est le chef d’or-chestre, le coordinateur du projet.

Pour entrer dans les salles de rédac-tion, le datajournalisme suppose doncune organisation en mode projet autourd’une triple compétence journaliste-designer-développeur. Aux Etats-Unis,les premières productions furent lefait de journalistes hackers particu-lièrement à l’aise avec les nouvellestechnologies, et souvent à même capa-bles de mener le projet seul.Aujourd’hui, les deux quotidiens deréférence en matière de datajournalismeque sont l’Américain The New York Timeset l’Anglais The Guardian ont constituédes équipes réunissant cette triplecompétence. En France, les quotidiensnationaux et newsmagazines commencent àpublier ponctuellement des produc-tions, mais souvent avec l’aide desociétés indépendantes spécialisées.Le marché a ainsi vu l’émergence depure-players spécialistes de la data-visualisation aux structures courtesmais rodées aux process du datajourna-lisme. Parmi les principaux acteurs,citons feu Owni, Dataveyes, We do data,Askmedia et Journalism++.

De nombreux freinsau développementSi les rédactions françaises préfè-

rent encore sous-traiter leurs produc-tions, c’est que les freins au dévelop-pement de cette nouvelle forme dejournalisme sont encore nombreux.

- Le premier d’entre eux et le plusdifficile à lever est humain : les jour-nalistes ont une culture majoritairementlittéraire, peu tournée vers les chif-fres et l’analyse de données telle que lesupposent les différentes étapes d’uneproduction de datajournalisme. En tantque chef de projet, le datajournaliste sedoit de nettoyer, manipuler et interpré-ter les données, mais aussi avoir unebonne connaissance des nouvelles techno-logies et des possibilités offertes audesigner et développeur. Les enjeux entermes de formation des journalistessont donc déterminants et les écoles com-mencent seulement à mettre en place desformations continues et cursus spéci-fiques pour leurs étudiants. Des projets

Les Clés de la presse - hiver 201434 l’analyse

Grâce à l’open data, le Chicago crime a pu, dès 2005, dresser unecarte interactive représentant tous les crimes commis depuis 1996.

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expérimentaux privilégient la collabo-ration interécoles : le Hyblab, projetinitié il y a un an par le cluster Ouestmédialab et trois écoles nantaises(Sciences com, Polytech et AGR) permetainsi à une centaine d’étudiants (jour-nalistes, communicants, développeurs etdesigners) de mener pendant un mois unprojet en datajournalisme en partena-riat avec douze médias locaux (cf. enca-dré ci-dessous).

- Former plusieurs générations dejournalistes représente un lourdinvestissement pour des groupes depresse fragilisés par la baisse desventes papier, le recul des recettespublicitaires et la mise en place destratégies digitales coûteuses. Parailleurs, la production d’une enquête

de datajournalisme coûte plus chèrequ’une enquête classique puisque sontemps de réalisation et le nombre depersonnes mobilisées sont en généralplus élevés. Même si l’effet d’expé-rience joue en faveur d’un raccourcis-sement progressif des coûts de réalisa-tion, ceux d’entrée sur ce marchérestent un frein au développement del’activité dans les rédactions.

- Au-delà de ces raisons internes, laquestion de la libéralisation de don-nées représente un élément clé dans ledéveloppement du datajournalisme enFrance. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, pionniers en la matière, sontaussi précurseurs dans l’open data. EnFrance, même si le volume de donnéesrendues publiques par les collectivitéset administrations augmente, cellessusceptibles d’alimenter les enquêtesdes datajournalistes restent limitées.

Un rôle clé dans les futursmodèles économiquesSi de nombreux freins persistent, le

datajournalisme pourrait pourtantavoir un rôle clé à jouer dans lesfuturs modèles économiques des groupesde presse.

- En proposant une expérience inter-active inédite, renouant avec un jour-nalisme d’analyse et d’investigation,le datajournalisme permet de capterl’attention de lecteurs hyper-sollici-tés, assurant ainsi un trafic de qua-lité plus facilement monétisable. TheGuardian, par exemple, a découvert queses enquêtes présentant du datajourna-lisme étaient non seulement celles quiétaient les plus lues, mais égalementcelles sur lesquelles les lecteurs pas-saient le plus de temps. Le datajourna-lisme pourrait ainsi attirer les annon-ceurs et générer de nouveaux revenuspublicitaires.

- Le datajournalisme offre un poten-tiel de contenu riche et adapté aux exi-gences des nouveaux « devices » que sontle smartphone et la tablette, en adap-tant le journalisme aux attentes denotre époque à travers le triptyquevisualisation/interaction/participa-tion. Certains acteurs, comme The Guar-dian, l’ont déjà compris et ont fait dudatajournalisme un élément clé de leurstratégie digitale, voyant dans cettecompétence le moyen d’opérer une transi-

tion d’un positionnement de site d’in-formation relativement passif à une pla-teforme d’information plus interactive.Sur ces plateformes, les lecteurs peu-vent accéder aux articles mais aussiinteragir avec les datavisualisationset télécharger des données brutes.

Autre exemple encourageant pourl’avenir du datajournalisme : le quoti-dien québécois la Presse et son appli-cation gratuite, la Presse+, lancée enavril 2013 après trois ans d’études et28,5 millions d’euros d’investisse-ment. Pensée dans les moindres détailspour une consultation sur écran, laPresse+ propose de nombreux contenusnarratifs innovants et fait la partbelle au datajournalisme. Moins d’un anaprès son lancement, l’audience sembleau rendez-vous avec 2,5 millions devisiteurs uniques par mois et un tempsde consultation moyen important(35 minutes par semaine et 70 minutespar week-end). Côté monétisation, un« adlab » propose aux annonceurs despublicités interactives engageantes àforte valeur ajoutée, et ainsi venduesplus chères que les classiques.

Enfin, l’avenir de la presse pour-rait aussi se dessiner dans ces nou-veaux métiers autour de la donnée. Dansun article intitulé Media companiesmust become trusted data hubs, MirkoLorenz, Nicolas Kayser-Bril et GeoffMcGhee imaginent un modèle économiquedans lequel les groupes médias devien-draient des spécialistes de l’exploi-tation de données à travers du data-journalisme, mais aussi du traitementet de la mise à disposition de donnéesbrutes (datas store) ou de la vente dedata-visualisations et d’applicationspour des entreprises ou collectivités.

Ce modèle peut être complété par uneactivité de formation autour de cesmétiers. Fort de son expérience, TheGuardian s’est récemment lancé dans dessessions de formation et master classqui remportent un vif succès.

EstellePrusker-Deneuville,

doctoranteà l’Université

Panthéon-Assas,responsable

des enseignementsmédias de Sciences

com (Audencia)

Les Clés de la presse - hiver 201435

||L’expérienceHyblab||Ouest médialab a organisé pour la 2ème

année consécutive le Hyblab 2014,un challenge interécoles dedatajournalisme, qui croise lescompétences d'une centained'étudiants provenant de troisécoles nantaises (Sciences com,Polytech et AGR) et celles de douzemédias locaux et régionaux.Du 23 janvier au 27 février, ils onttravaillé ensemble pour produire desdata-visualisations innovantes pourles médias, dont Presse océan,le Journal des entreprises, France 3Pays de la Loire, Com & médiasou We demain. Pour les électionsmunicipales, un géographede l’université de Nantes a apportéson concours pour fouiller dansles données électorales et fournirde la matière à une illustrationde datajournalisme en PQR.« Notre ambition est d’encouragerl’hybridation entre les métiersdu journalisme, de la communication,du design et de l’informatique,explique son organisateur, JulienKostrèche, fondateur et animateurde Ouest médialab, un laboratoirenumérique des médias qui regroupeles principaux acteurs de la filière,implantés en Pays de la Loireet Bretagne. Nous cherchons aussià développer une culture de projetcollaboratif au sein des écoles etdes médias. C’est structurant,et c’est la raison d’être de notrecluster ».

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