LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le...

91
LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES METROPOLE LA CARACTERISATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE : PREMIERE APPROCHE D’UN TERRITOIRE Tuteurs professionnels : - Gilles Maréchal, FRCIVAM Bretagne - Pascal Verdier, Rennes Métropole Tuteur pédagogique : Jean Ollivro Xavier Moisière MASTER 2 Géographie Aménagement Société Environnement Option : Gestion de l’Environnement Session de soutenance : Octobre 2007 Département de Géographie, Université de Rennes 2

Transcript of LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le...

Page 1: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

lala

LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES

A RENNES METROPOLE

LA CARACTERISATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE : PREMIERE APPROCHE D’UN

TERRITOIRE

Tuteurs professionnels : - Gilles Maréchal, FRCIVAM Bretagne - Pascal Verdier, Rennes Métropole Tuteur pédagogique : Jean Ollivro

Xavier Moisière MASTER 2 Géographie Aménagement Société Environnement Option : Gestion de l’Environnement Session de soutenance : Octobre 2007 Département de Géographie, Université de Rennes 2

Page 2: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

1

NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

Auteur : MOISIERE Xavier

Résumé :

Depuis peu, de nouvelles formes de mise en vente de produits agricoles émergent dans l’espace français et plus particulièrement dans les zones périurbaines. Ce sont des formes de commercialisation qui favorisent le rapprochement du consommateur et du producteur en supprimant les intermédiaires. On attribue aux circuits courts alimentaires un grand nombre de vertus sociales et environnementales mais la pauvreté des travaux relatifs à ce sujet ne permet d’émettre aucune certitude.

A partir de ce constat, la communauté d’agglomération de Rennes Métropole a jugé utile de

faire un premier état des lieux de son territoire par la caractérisation de l’offre et de la demande des circuits courts alimentaires.

Tout d’abord, la méthodologie adoptée est présentée. Il s’agit de collecter puis de

construire les données nécessaires à l’étude. L’objectif est d’avoir une vision d’ensemble d’un territoire à travers différents types de lieux de vente et à travers deux types d’acteurs que sont les producteurs et les consommateurs.

Les premiers résultats font ressortir la recherche commune du bien-être par le goût du

produit et par l’aspect agréable de l’échange. Le lien social créé se caractérise par des réseaux dynamiques dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. Cependant, L’acte d’achat prend une signification différente selon les modalités. Le marché permet de consommer des produits du terroir au plus près de chez soi, le point de vente collectif est une manière de mettre un visage sur le produit et le système de panier, une façon de soutenir l’agriculture locale.

De plus, la proximité géographique entre les lieux de vente et les consommateurs est

évidente alors que l’aire d’approvisionnement est principalement départementale. Les lieux de vente ont un fonctionnement compatible avec le rythme de travail de la demande, de part les heures d’ouvertures et de part le lieu d’implantation. Le dynamisme des circuits courts de Rennes Métropole est visible par l’augmentation du nombre de dispositifs et surtout par l’innovation en terme d’organisation des producteurs et des consommateurs.

Enfin, par l’intermédiaire des circuits courts alimentaires, des pistes d’actions ont été

envisagées concernant la gestion de l’environnement à l’échelle d’une communauté d’agglomération.

Page 3: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

2

BIBLIOGRAPHICAL NOTICE

Author : MOISIERE Xavier

Abstract :

Recently, different ways of selling agricultural products have been emerging in France particularly in its peri-urban zones. They are forms of commercialisation that favoritize the bringing together of consumer and producer by eliminating the intermediaries. We attribute a large number of social and environmental virtues to the short food system, but the feeble research on this subject beforehand leaves much uncertainty. The conglomerate community of Rennes Metropole judged it useful to do a first evaluation of its territory by a profiling of supply and demand of its short food system. Firstly, the work method is presented. It has to do with assembling and then reconstituting the information necessary for the study. The object is to have a collective vision of a territory across different types of sale points and between two players: the producer and the consumer. The first results show the similar research of well-being by the taste of the product and by the agreeable aspect of the exchange. The social connection created is characterized by the dynamic networks whose common interest is tied to the territory: the food product resource. However, the act of buying takes on a different significance with each type of commercialisation. Three ways of considering the utility of the point of sales studied are: to let you consume the products of your region closer to home, to put a face to the product to familiarize you with it, and to support local agriculture. Furthermore, the geographic proximity of the sale points and the consumer is obvious whereas the provisioning area is primarily departmental. The sale points have a compatible usage with the work rhythm of the demand, in part with the work hours of the store and in part with its location. The development of the short food system of Rennes Metropole is visible by the augmentation of the number of sales points and especially by the innovation of the producers and the consumers. Finally, thanks to the short food system, roads of action have been envisaged concerning the amelioration of the environment at the scale of a conglomerate community.

Page 4: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

3

REMERCIEMENTS

Ce travail marque la fin de mon cursus universitaire et les premiers pas de mes

convictions professionnelles.

Je tiens à remercier les personnes qui m’ont permis de travailler sur ce sujet, qui m’ont

conseillé et apporté leurs connaissances.

J’adresse tout particulièrement mes remerciements à :

Gilles Maréchal, pour la confiance qu’il m’a accordée et la liberté qu’il m’a laissée au cours

de ce stage.

Pascal Verdier, pour son implication dans le projet qui a permis à mon travail de prendre une

dimension concrète.

Jean Ollivro, pour ses conseils géographiques pertinents.

Je souhaite également remercier :

L’ensemble du pôle IMPACT qui a travaillé avec moi, de près ou de loin, et particulièrement

les stagiaires, Frédéric, Aurélie, Benjamin.

Les personnes qui m’ont aidé dans mes recherches, les producteurs, les consommateurs, les

étudiants de licence 1.

Les autres personnes qui ont contribué à rendre ce travail agréable, Pascal, Corentin…

Et merci beaucoup à mes parents.

Figure 1 : En couverture, les Jardins du Breil (vente de paniers) situés sur la commune périurbaine de Pacé, font face au quartier de Villejean à Rennes.(20/07/07).

Page 5: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

4

TABLE DES MATIERES PREAMBULE…………………………………………………………………………………………………………………………………...5 ELEMENTS DE DEFINITION PROPRES AUX CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES……………………………………………..6 INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………………………....7

1 - CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE A LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE.................................... 9

1.1 - Les méfaits de la globalisation...................................................................................................................................................... 9 1.1.1 - De l’agriculture vivrière à l’agriculture globalisée ............................................................................................................. 9 1.1.2 - Un modèle agricole qui s’essouffle................................................................................................................................... 10

1.2 - Une solution territoriale à un problème global ........................................................................................................................ 11 1.2.1 - Répondre par le « développement durable »..................................................................................................................... 11 1.2.2 - Répondre par « l’espace de vie » ...................................................................................................................................... 12

1.3 - L’enjeu des circuits courts alimentaires ................................................................................................................................... 14 1.3.1 - Le regain d’intérêt pour les circuits courts........................................................................................................................ 14 1.3.2 - Problématique du territoire étudié..................................................................................................................................... 15

2 - APPREHENDER UN TERRITOIRE A TRAVERS LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES............................................ 16

2.1 - Méthodologie : collecte et construction de la donnée............................................................................................................... 16 2.1.1 - Recensement et enquête .................................................................................................................................................... 16 2.1.2 - Description des lieux de vente étudiés .............................................................................................................................. 17 2.1.3 - Passation des questionnaires ............................................................................................................................................. 18

2.2 - Profils des échantillons................................................................................................................................................................ 20 2.2.1 - Caractéristiques de l’échantillon consommateur .............................................................................................................. 20 2.2.2 - Caractéristiques de l’échantillon producteur..................................................................................................................... 21

3 - PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS : QUELS LIENS POUR QUEL TERRITOIRE ? .................................................. 24

3.1 - Motivations d’usage des circuits courts .................................................................................................................................... 24 3.1.2 - Consommer et produire, acheter et vendre ....................................................................................................................... 26 3.1.4 - Le « consumérisme politique » ......................................................................................................................................... 30

3.2 - Circuits courts et opacité de l’espace......................................................................................................................................... 33 3.2.1 - Proximité du producteur et du consommateur .................................................................................................................. 33 3.2.2 - Mobilité et consommation................................................................................................................................................. 39

3.3 - Dynamisme des circuits courts................................................................................................................................................... 41 3.3.1 - Les marchés ....................................................................................................................................................................... 41 3.3.2 - Les points de vente collectifs ............................................................................................................................................ 48 3.3.3 - Les ventes par panier ......................................................................................................................................................... 52 3.3.4 - Les modalités qui n’ont pas été enquêtées ........................................................................................................................ 54

4 - LES ELEMENTS ESSENTIELS DE LA RECHERCHE ............................................................................................................... 58

4.1 - La valeur commune aux modalités : l’hédonisme.................................................................................................................... 58

4.2 - Les particularités des modalités................................................................................................................................................. 60 4.2.1 - Le marché : un terroir en bas de chez soi.......................................................................................................................... 60 4.2.2 - Le point de vente collectif : mettre un visage sur un produit ........................................................................................... 61 4.2.3 - Le système de panier : soutenir l’agriculture locale ......................................................................................................... 62

4.3 - La dynamique des circuits courts alimentaires ........................................................................................................................ 63 4.3.1 - La dynamique territoriale .................................................................................................................................................. 63 4.3.2 - Le réseau social: facteur dynamique des modalités .......................................................................................................... 65

5 - QUEL APPORT DES CIRCUITS COURTS A L’ENVIRONNEMENT ?..................................................................................... 67

5.1 - La communauté d’agglomération comme espace de vie ......................................................................................................... 67 5.1.1 - La conscience citoyenne.................................................................................................................................................... 68 5.1.2 - Les lieux de vente : un rôle de diffusion ........................................................................................................................... 68

5.2 - Quelle gouvernance pour l’agriculture périurbaine ?............................................................................................................. 69 5.2.1 - Une coordination nécessaire.............................................................................................................................................. 69 5.2.2 - Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine....................................................................................... 71

CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………………………….…..73

BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………………………………………...…..75

LISTE DES SIGLES……………………………………………………………………………………………………………………….….78

TABLE DES CARTES………………………………………………………………………………………………………………………...78

TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX……………………………………………………………………………………………………78

TABLE DES ANNEXES………………………………………………………………………………………………………………………78

Page 6: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

5

PREAMBULE

Le travail présenté ici a été effectué dans le cadre du projet SALT (Systèmes

ALimentaires Territorialisés) financé par le Conseil Régional de Bretagne et dont

l’organisme chef de file est la FRCIVAM1 Bretagne. Le rôle de cette fédération régionale est

de proposer des voies innovantes pour développer une agriculture et des activités rurales

insérées dans les dynamiques territoriales. SALT a pour but de créer au terme des trois années

du projet (2007 à 2010) un observatoire des circuits courts territorialisés en Bretagne.

Pour cette mission dont la zone d’étude est restreinte au territoire de la communauté

d’agglomération de Rennes Métropole, l’EPCI2 et plus particulièrement le service

Aménagement de l’Espace se sont portés en tant que maître d’ouvrage. Leur intérêt pour ce

sujet est motivé par leur adhérence à l’association Terres en Villes3 dont l’objectif est de

promouvoir le rôle et l'intérêt de l'agriculture péri-urbaine. Les circuits courts et

l’approvisionnement de la ville sont un des thèmes sur lequel travaillent actuellement les dix-

huit agglomérations membres.

L’étude exposée au cours de ces pages vise à caractériser l’offre et la demande des circuits

courts alimentaires dans la communauté d’agglomération de Rennes Métropole. Ce travail a

été mené en parallèle à deux autres travaux de terrain. Le premier, concernant le pays de

Dinan, a consisté à évaluer les déterminants sociologiques des circuits courts (Aurélie

Cardona). Le second a permis de décrire à travers une monographie les motivations d’acteurs

et possibilités d’évolution du marché rural de Saint Pern (Benjamin Perez-Zapico). Ces trois

approches de terrain coordonnées ont été menées conjointement à une quatrième étude ayant

pour but de poser les bases méthodologiques et conceptuelles pour l'évaluation des circuits

courts (Frédéric Dénéchère). Ce domaine d’étude étant pauvre en références bibliographiques,

le travail théorique a permis une meilleure coordination du projet SALT en utilisant des bases

communes pour pouvoir confronter, analyser et valider les recherches. Cette première étape

s’avère être indispensable pour le lancement du projet.

1 FRCIVAM : Fédération Régionale des Centres d’Initiative pour la Valorisation de l’Agriculture et du Milieu rural. 2 EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale. 3 L’association Terres en Ville a été créée le 15 juin 2000 par des élus intercommunaux et des responsables agricoles ayant mis en place des politiques agricoles périurbaines sur leur territoire. Cette association, paritaire entre élus et responsables agricoles, regroupe actuellement dix-huit aires urbaines, chacune étant représentée par l'intercommunalité et la chambre d'agriculture : Agen, Aix-en-Provence, Amiens, Angers, Aubagne, Besançon, Caen, Grenoble, Lille, Lorient, Lyon, Le Mans, Nantes, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse.

Page 7: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

6

ELEMENTS DE DEFINITION PROPRES AUX CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES4

• Circuit court alimentaire territorialisé

Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance

(géographique, sociale…) entre le lieu de production et le consommateur sont faibles, et où le

territoire est valorisé. On s’intéresse ici à l’échange d’un produit. La notion de circuit court

territorialisé renvoie à trois facteurs : la proximité géographique (valeur dépendant du type de

produit, du territoire…), le nombre d'intermédiaires et leur valeur, et l'organisation du système

de production (quelle gouvernance, quelle transparence ?).

• Dispositif

Organisation (individuelle ou collective) autonome et formellement délimitée dont l’objet

est la commercialisation en circuit court. Un dispositif peut agréger plusieurs fournisseurs.

• Modalité

Type d’organisation de vente qu’appliquent des dispositifs présentant des fortes

similitudes quant au fonctionnement concret de la distribution.

• Système territorial de circuits courts

Ensemble des dispositifs présents sur un territoire donné, sur la base des interactions qu’ils

entretiennent. Ces interactions s’exercent au niveau de l’origine des produits (divers

dispositifs pour un producteur ou un groupe de producteurs) ou de leur consommation

(diversité d’approvisionnement pour un consommateur). Le système (qui reste hypothétique)

de circuits courts est un système ouvert. Le territoire dans ce cas doit être rapproché des zones

de chalandise ou bassin de consommation. De plus, un territoire donné échange avec d’autres

territoires, ce qui lui donne son caractère ouvert.

4 Définitions tirées des travaux de Frédéric Dénéchère, stagiaire à la FRCIVAM Bretagne dans le cadre du projet SALT et dont la mission fût d’établir les premiers éléments méthodologiques pour évaluer la part des circuits courts dans l’économie alimentaire d’un territoire.

Page 8: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

7

INTRODUCTION

« La géographie, c’est aussi l’étude de cette remise en cause permanente, de cette

recomposition constante des systèmes dans lesquels les Hommes ordinaires se meuvent,

armés de leurs valeurs culturelles et de leurs projets. »

(Guy Di Méo, 1998)

La Bretagne a connu depuis les années cinquante, une forte évolution de son agriculture

allant vers une intensification et une spécialisation de la production. L’organisation des

campagnes s’est démantelée et les dommages environnementaux commencent aujourd’hui à

se faire ressentir. Certains n’hésitent pas à remettre en cause le modèle breton. Aussi, depuis

les années quatre-vingt-dix, le consommateur a subi plusieurs crises sanitaires (vache folle,

grippe aviaire) qui ont contribué à semer le doute dans la qualité de son alimentation.

Depuis peu, de nouvelles formes de mise en vente de produits agricoles émergent. A la

manière des marchés forains traditionnels, les magasins de producteurs et les systèmes de

vente par panier permettent de vendre une production directement aux consommateurs. Le

développement de ces formes de commercialisation est plus visible dans les espaces

périurbains. Certaines communautés d’agglomérations mettent en œuvre des moyens pour

favoriser ce qu’on appelle les circuits courts alimentaires. En effet, on leur attribue un grand

nombre de vertus relatives au maintien des ceintures vertes, au rapprochement des villes et

des campagnes ou encore aux économies d’énergie. Cependant, l’objet même des circuits

courts alimentaires n’a été que très peu étudié et l’émission de certitudes, quant à leurs

apports positifs sur un territoire, reste difficile.

A partir de ce constat, la communauté d’agglomération de Rennes Métropole a jugé utile de

faire un premier état des lieux de son territoire dans le but de recenser et caractériser les

activités correspondantes aux circuits cours alimentaires.

L’hypothèse de ce travail est que les circuits courts alimentaires permettent de valoriser un

territoire par la proximité de l’échange. La valorisation du territoire est considérée ici comme

une meilleure appropriation du territoire par les acteurs de l’échange. Au regard des politiques

liées à la gestion de l’environnement, l’étude du rapport des acteurs des circuits courts

alimentaires à leur espace de vie est peut-être un nouvel élément pour dynamiser la

conscience citoyenne.

Page 9: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

8

Ainsi, l’objectif est de comprendre en quoi les circuits courts alimentaires modifient-ils

l’opacité de l’espace de vie ?

Tout d’abord, nous définirons le contexte agroalimentaire dans lequel les circuits courts

alimentaires se placent et préciserons de quelle manière ils peuvent être une réponse locale à

un problème global. Cette étape nous permettra de fixer la problématique dans le territoire

étudié.

Dans un deuxième temps, nous décrirons la méthodologie adoptée pour collecter puis

construire les données nécessaires à l’étude. L’objectif est d’avoir une vision d’ensemble d’un

territoire à travers différents types de lieux de vente et à travers deux types d’acteurs que sont

les producteurs et les consommateurs.

Nous exposerons ensuite les premiers résultats afin de connaître les différentes motivations

d’usage en les confrontant à d’apparentes aires de chalandise et d’approvisionnement.

Aussi, nous tenterons de réunir les éléments essentiels de la recherche ainsi que les

particularités et complémentarités des trois modalités étudiées que sont le marché, le point de

vente collectif et la vente par panier.

En conclusion, l’étude des circuits courts alimentaires sur le territoire de Rennes Métropole

peut à apporter des éléments de réponses quant aux leviers d’actions concernant la gestion de

l’environnement à l’échelle d’une communauté d’agglomération.

Page 10: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

9

1 - CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE A LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE

Les agriculteurs sont souvent montrés du doigt lorsqu’il s’agit d’évoquer la pollution des

sols. Aussi, les récentes crises sanitaires n’ont pas aidé à valoriser leur travail et ont contribué

à entretenir la suspicion du consommateur face à la qualité de la production agricole.

Après avoir souligné la dérive du système agroalimentaire français, nous verrons en quoi

la société se porte garante de ses méfaits et montrerons de quelles manières elle tente d’y faire

face sur un territoire, en particulier à l’échelle locale.

1.1 - Les méfaits de la globalisation

La plupart des consommateurs ne s’étonne plus aujourd’hui de voir en plein hiver le

rayon fruits et légumes de leur supermarché achalandé en tomates.

1.1.1 - De l’agriculture vivrière à l’agriculture globalisée

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le nouveau président des Etats Unis, Harry

Truman, exposa dans son discours d’investiture du 20 janvier 1949 la nouvelle vision du

gouvernement concernant la politique étrangère du pays. Il s’agissait de soutenir l’Europe

dans sa reconstruction à travers le plan Marshall et de proposer aux nations défavorisées leur

aide technique. Ce second point, concernant les pays nouvellement qualifiés de « sous-

développés », fut étayé à l’époque de cette manière : « Il nous faut lancer un nouveau

programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et notre

progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-

développées. »5. Ce discours, apparemment anodin, a clairement contribué à poser les bases

de l’idée du « développement » mondial et permit de lancer le système économique globalisé

actuellement mis en place6.

Au même moment, la France qui sort de la guerre n’est pas auto-suffisante d’un point de

vue alimentaire. Il s’agit alors de moderniser l’agriculture du pays par la création de la

Politique Agricole Commune en 1958 et en 1962, par la loi d’orientation de Pisani ayant pour

effet l’agrandissement des parcelles et la mécanisation de l’agriculture. Une fois l’objectif

d’autosuffisance atteint, la France se place dans le contexte agricole mondial de libéralisation

des échanges commerciaux et donc de compétition agricole. En Bretagne, la stratégie se

5 Traduction établie sur les bases des Public Papers Of The President, le 20 Janvier 1949, p114-115. 6 RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale.

Page 11: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

10

concentre sur une spécialisation des cultures à faible valeur ajoutée engendrant des marges

faibles. Par conséquent les efforts se portent sur l’intensité de la production. A l’échelle

mondiale, on assiste à une baisse régulière des cours de matières premières agricoles.

Ainsi l’agriculture bretonne dont l’objectif originel est vivrier7, s’est ancrée

progressivement dans un système agroalimentaire mondial. Cette évolution, considérée à

l’époque comme un progrès et qualifiée de développement économique, montre aujourd’hui

de sérieux essoufflements en termes économiques, sociaux et environnementaux.

1.1.2 - Un modèle agricole qui s’essouffle

La maximisation de la production agricole eut comme première conséquence visible la

baisse du nombre d’agriculteurs. Les campagnes ont vu progressivement leurs tissus sociaux

se disloquer et leurs économies se réorienter. Ainsi, l’amélioration des moyens de transports,

des techniques de transformation et de commercialisation, a contribué à éloigner

physiquement le consommateur du producteur et l’usage systématique de ces circuits longs de

commercialisation a provoqué l’atténuation du lien territorial, engendré autrefois par

l’échange commercial de l’agriculture vivrière. Les productions se sont dé-territorialisées8 et

les impacts sociaux en découlant n’ont pas été maîtrisés.

Aussi, les dégradations environnementales du système productiviste agricole sont

aujourd’hui largement visibles. L’exemple breton en est devenu banal et la concentration de

ses élevages intensifs y est pour beaucoup : pollution des nappes phréatiques, eutrophisation

des eaux de surface, disparition des haies, émissions de pesticides, etc. De plus, le phénomène

récent de repeuplement des campagnes par les « rurbains » s’accompagne souvent d’un

rapport esthétique au paysage et souligne le décalage entre l’idéalisation de la vie à la

campagne et les méthodes de production de l’agriculture intensive.

Parallèlement à ces problèmes écologiques, les crises sanitaires se multiplient ces

dernières années (crise de la « vache folle », poulets à la dioxine, grippe aviaire) et font

ressortir le phénomène « malbouffe » ressenti par le consommateur. Ce dernier devient de

plus en plus soucieux de la traçabilité du produit qu’il consomme (problème des OGM...) et, 7 ARBOUSSE-BASTIDE T., 2007, La petite histoire des pratiques communautaires de l’agriculture en Bretagne, paru dans « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », sous la direction de Hiroko Amemiya. 8 LESCUREUX F., 2003, Les relations des agriculteurs au territoire au travers de la vente directe et de l’accueil à la ferme. Le cas de la région des Monts de Flandre : « Par dé-territorialisation, nous n’entendons pas négation du territoire, mais distension des liens entre agriculture, agriculteurs et territoire, les agriculteurs apparaissant davantage comme des agents que comme des acteurs véritables du processus de territorialisation. »

Page 12: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

11

soucieux de sa santé (développement des maladies cardio-vasculaires, problème d’obésité),

s’attache aux qualités nutritives des aliments. En plus des méfaits écologiques de la

production agricole, le système de transformation agroalimentaire est donc également remis

en cause.

En Bretagne, le modèle productiviste a contribué à « l’effacement des repères spatiaux et

culturels »9 et il semble aujourd’hui qu’une partie des producteurs et des consommateurs

veuille se réapproprier leur territoire. Ils ont été en quelque sorte victimes d’un système qui

leur correspond de moins en moins. Mais les réactions face aux problèmes de la production

agricole, de la transformation agroalimentaire et de son mode de distribution montrent un

décalage entre la conscience citoyenne et ses possibilités d’actions.

1.2 - Une solution territoriale à un problème global

La dimension globale du problème soulevé précédemment impose une solution aux

répercussions globales mais puisque chaque territoire possède ses spécificités, l’application

doit être locale.

1.2.1 - Répondre par le « développement durable »

De plus en plus, parler de l’amélioration de la gestion de l’environnement et

conséquemment de celle de la qualité de la production et de la distribution agroalimentaire,

est justifié par la notion de « développement durable ».

Le rapport Brundtland de la commission mondiale sur l’environnement et le

développement, soumis à l’assemblée générale des Nations Unies fin 1987 donne la définition

du développement durable : “un développement qui permette aux générations présentes de

satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures de

satisfaire les leurs”. Ce rapport a permis aux gouvernements de ne plus pouvoir ignorer la

réalité des risques écologiques et par la même de les inciter à réagir par des mesures

législatives contraignantes.

Cependant la notion a ses limites. En effet on constate que les mesures prises suite au

rapport Brundtland, ont prioritairement des objectifs « anthropocentrés », c’est à dire portés

sur le bien être de l’Homme ; cause tout à fait légitime mais qui atténue inévitablement la 9 ARBOUSSE-BASTIDE T., 2007, La petite histoire des pratiques communautaires de l’agriculture en Bretagne, paru dans « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », sous la direction de Hiroko Amemiya.

Page 13: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

12

portée des objectifs secondaires qui ont une visée « écocentrée », c’est à dire portée sur la

protection de la vie en général (en d’autres termes de tous les êtres vivants)10. Le problème du

développement durable est de passer outre l’idéalisation du contenu et d’admettre le

déséquilibre évident du triptyque économique / social / environnemental au profit de

l’économie11. A partir du moment où l’on estime qu’il faut continuer durablement à

« satisfaire leurs besoins », il va de soi que l’économie prend le dessus car nos « besoins »

sont chaque jour grandissant. Cependant, la croissance économique12 doit se différencier de la

chrématistique13 et le développement qui y est associé14 doit dissocier les « besoins »

fondamentaux des « besoins » superflus. Par conséquent, dans l’optique d’optimiser la gestion

de l’environnement, un développement soutenable est plus souhaitable qu’un développement

durable.

La globalisation financière15 et la mondialisation16 sont les principaux déterminants de

l’économie qui se trouve être elle-même le principal pilier du développement durable. Ainsi,

travailler à l’échelle locale du territoire permet de s’affranchir plus facilement de cette main-

mise économique mondiale et de ce fait, favoriser un développement soutenable porteur d’une

meilleure gestion de l’environnement.

1.2.2 - Répondre par « l’espace de vie »

Les effets négatifs d’un système productif globalisé viennent d’être en partie évoqués. Les

répercussions sur la dimension environnementale y sont particulièrement fortes.

L’environnement17 est bien sûr à considérer comme un espace écologique à protéger, mais

aussi peut-on élargir la définition de ce dernier en y assimilant la qualité de vie de l’Homme

non pas en tant que consommateur aux besoins croissants mais en tant que responsable des

10 COMELIAU C., Développement du développement durable, ou blocages conceptuels ?, Tiers-Monde, n°137, janvier-mars 1994 11 MARECHAL G. L’agriculture durable, une pratique de décroissance soutenable ?, article en ligne sur le site www.civam-bretagne.org 12 Selon le Dictionnaire de l’économie : « Augmentation régulière de la production d’une économie » 13 Notion créée par Aristote pour décrire l'état d'esprit de celui qui accumule le capital pour son plaisir 14 Le développement est en effet un terme économique. Le Dictionnaire de l’économie le définit ainsi : « Ensemble des transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l’apparition et la prolongation de la croissance économique ainsi que l’élévation des niveaux de vie ». 15 Selon le Dictionnaire de l’économie : « Mise en place d’un marché unifié de l’argent au niveau planétaire ». 16 Selon le Dictionnaire de l’économie : « Intégration économique mondiale qui va au delà de l’internationalisation des échanges de marchandises, de services ou de capitaux et qui se caractérise par une mobilité parfaite des capitaux et par une concurrence accrue entre les firmes et les nations. » 17 Selon le Dictionnaire de la Géographie : [L’environnement] est appliqué aujourd’hui à l’observation des effets des activités humaines de tous ordres […]. Les études d’environnement rassemblent les bilans de tous les dommages provoqués par les activités humaines.

Page 14: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

13

méfaits de son espace de vie au sens où Ley l’entend : « L’espace de vie rend compte d’une

expérience concrète de lieux, indispensables à la construction du rapport qui se tisse entre la

société et son espace ».

Aujourd’hui, la « globalisation » ou la nouvelle façon d’envisager les rapports mondiaux

rend impossible la conscience écologique : « Tout ce qui est entrepris au nom du commerce

international permet de dissocier la production de la consommation et la production de la

consumation (c’est à dire la transformation de déchets). Ce qui évite au consommateur-

pollueur de se rendre compte qu’il participe à l’épuisement de ressources et à l’accumulation

des déchets, puisque le circuit des échanges l’empêche de voir ce qui se passe au cours de ce

processus. Parce qu’elles agissent en de multiples lieux à la fois et dissocient constamment la

création et la destruction des ressources, les sociétés transnationales favorisent cette dilution

de la responsabilité. »18

L’expression populaire vaut ici d’être rappelée : « un esprit sain dans un corps sain ». Si

l’on parle souvent de la nécessité de protéger l’environnement au nom de son bien-être et de

celui des « générations futures », il est aisé d’admettre que le message est difficilement

recevable auprès d’une population dont la qualité de vie est mauvaise (on y inclut ici tous les

facteurs déterminants) et qui cherche par conséquent à assouvir en priorité ses besoins

fondamentaux. La qualité de l’environnement et celle de la vie humaine devraient aller de pair

et s’améliorer réciproquement. Il s’agit pour les politiques d’aménagement du territoire de ne

pas considérer l’un sans l’autre et de faire en sorte que chacun se sente impliqué dans la

gestion de son environnement. Un citoyen protège l’environnement lorsqu’il le considère

comme son espace de vie.

Par conséquent, la dégradation de l’environnement ainsi que l’acculturation des modes de

vie par le système agraire productiviste au nom du progrès économique et de l’amélioration

des conditions de vie n’est plus souhaitable. Il faut aller jusqu’à la remise en cause de certains

aspects de l’idée préconçue du « développement »19 et donc de notre mode de production et

de consommation. Ainsi, l’espace de vie du citoyen et donc l’échelle locale du territoire,

semble être l’échelle plus pertinente pour appliquer des actions de développement soutenable.

18 RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale. 19 RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale

Page 15: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

14

1.3 - L’enjeu des circuits courts alimentaires

Face au système agroalimentaire productiviste et au mode de distribution qui en découle,

un autre mode de commercialisation des produits agricoles existe. Les circuits courts

alimentaires sont de plus en plus visibles dans l’espace et en particulier sur le territoire de la

communauté d’agglomération rennaise.

On peut se demander si ce récent dynamisme est une réaction aux problèmes sociaux et

environnementaux évoqués précédemment et s’il en constitue une solution.

1.3.1 - Le regain d’intérêt pour les circuits courts

Ce type de vente est ancien et connaît depuis quelques temps un regain d’intérêt évident.

La vente directe sur les marchés et à la ferme ne date pas d’hier mais de nouvelles formes de

mise en vente apparaissent en particulier dans les espaces périurbains. Le développement des

magasins de producteurs et de la vente par paniers (figure 2) en est un exemple. Ainsi les

circuits courts de distribution alimentaire se caractérisent par une relative proximité

géographique entre le producteur et le consommateur. Il s’agit d’utiliser la vente directe ou

bien la vente avec au maximum un intermédiaire pour écouler sa propre production.

Figure 2 : Exemple de la vente par panier : le panier mono-produit

Il est très difficile de connaître les fondements de ce dynamisme et les impacts

économiques, sociaux et environnementaux qui en découlent. Les travaux concernant ce

Page 16: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

15

domaine d’étude sont en effet rares et nécessitent d’autant plus de s’y intéresser. Par exemple,

le cas d’étude de la communauté d’agglomération de Rennes permet de poser les bases d’un

objet jamais évoqué sur ce territoire. Ce dernier est une zone urbaine et périurbaine, espace

propice au développement des différentes formes de la vente directe ou indirecte de produits

agricoles.

1.3.2 - Problématique du territoire étudié

L'agriculteur est un acteur économique, politique et social ayant un rôle particulier à jouer

de part l'impact de son activité sur l'espace, l'environnement, l'emploi ainsi que sur les

ressources alimentaires. Les circuits courts accentuent d’autant plus cette responsabilité que

l’agriculteur-producteur-vendeur, la confronte quotidiennement au consommateur. Ainsi « la

vente directe peut-être considérée comme une médiation particulière entre l’homme

consommateur et l’écoumène20, par l’intermédiaire des agriculteurs »21. Aussi il s’agit de

savoir si cet échange contribue à renforcer la sensibilité d’appartenance à un territoire : « Le

territoire est une appropriation à la fois économique, idéologique et politique -donc sociale-

de l’espace par les groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de

leur histoire, de leur singularité »22.

On peut avancer que les circuits courts influent sur le « rapport spatial » des acteurs de

l’échange tel que Di Méo l’entend c’est-à-dire « la manière dont l’individu vivant en société

pratique l’espace au quotidien, se le représente, établit des relations tantôt relationnelles,

tantôt affectives avec ses lieux de vie23 ». Aussi, à l’échelle de Rennes Métropole, le système

de circuits courts fait partie intégrante de « l’espace de vie ».

L’hypothèse formulée est que les circuits courts alimentaires créent une plus-value

territoriale en contribuant au lien ville-campagne et à la prise de conscience

environnementale. En d’autres termes, en quoi les circuits courts alimentaires modifient-ils

l’opacité de l’espace de vie?

Dans un premier temps, nous décrirons la méthodologie adoptée pour pouvoir répondre à

la problématique puis nous exposerons les premiers résultats. Ensuite, les éléments essentiels

du travail seront réunis pour faire ressortir les particularités et complémentarités des modalités

étudiées. Nous terminerons en replaçant les résultats en vue d’un apport à la gestion

environnementale d’une communauté d’agglomération.

20 L’écoumène est l’ensemble des terres anthropisées (habitées ou exploitées par l’Homme). 21 LE CARO Y., « La vente directe dans le tissu socio-spatial en Bretagne : contribution d’un géographe. ». 22 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires. 23 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires.

Page 17: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

16

2 - APPREHENDER UN TERRITOIRE A TRAVERS LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES

Pour pouvoir analyser les circuits courts alimentaires présents à Rennes Métropole, il

s’agit tout d’abord d’établir une base de données des dispositifs recensés puis d’en tirer les

informations nécessaires à l’étude à travers une enquête.

2.1 - Méthodologie : collecte et construction de la donnée

L’enquête s’insère plus globalement dans un état des lieux du territoire de Rennes

Métropole. Elle s’est déroulée d’avril à juin 2007 et a été réalisée avec l’aide d’étudiants de

Licence 1 Géographie-Aménagement de Rennes 2.

Mener conjointement au recensement non exhaustif des circuits courts alimentaires, les

lieux de ventes enquêtés ont été : les marchés, deux points de vente collectifs et trois systèmes

de ventes par paniers à l’initiative de consommateurs. La modalité « marché » a représenté

une part très importante du travail de terrain puisqu’on compte trente-quatre dispositifs dans

la communauté d’agglomération. Il a fallu comptabiliser pour chaque marché les étals

alimentaires vendant en circuits courts et donc les dissocier des étals de produits

manufacturiers et des étals alimentaires des revendeurs (cf. annexe 4).

Le fait d’utiliser comme clef d’entrée les lieux de vente permet de cibler un panel

associant consommateurs et producteurs. Ainsi l’échantillon n’est représentatif que des

circuits courts les plus organisés ou les plus visibles (marché, point de vente collectif, système

de paniers). C’est pourquoi les autres modalités comme la vente directe à la ferme, qui

nécessitent un recensement passant directement par les exploitations, ne seront pas analysées.

L’étude des circuits courts alimentaires à Rennes Métropole a nécessité un travail de

terrain important puisqu’aucune donnée n’existait au préalable. La contrainte de temps a donc

restreint l’étude à se focaliser uniquement sur les trois modalités : marché, point de vente

collectif et système de panier.

2.1.1 - Recensement et enquête

L’échantillon concerne plus ou moins directement des exploitations agricoles. Malgré

tout, les services statistiques de la Chambre d’Agriculture d’Ille et Vilaine et de la Direction

Départementale de l’Agriculture et de la Forêt ne recensent ou ne communiquent pas les

Page 18: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

17

données concernant ce type de production. L’échantillon est par conséquent inséré dans un

recensement qui s’avère être non exhaustif de part les quantités d’activités existantes et de

part les difficultés de collectes d’informations.

La définition des circuits courts alimentaires retenue pour le recensement est celle

mentionnée dans le dictionnaire des circuits courts de la FRCIVAM des Pays de la Loire

(2003) : « voie de commercialisation des produits agricoles transformés ou non, pour laquelle

il n’y a au maximum qu’un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. La

vente directe est dans tout les cas considérée comme un circuit court, la vente intermédiaire

l’est s’il n’y a qu’un seul intermédiaire (physique ou moral) ».

Les personnes ressources pour monter la base de données du recensement ont été celles

des réseaux :

- Agrobio 35

- Accueil Paysan 35

- Bienvenue à la Ferme

- Interbio Bretagne

- Le GIE Manger Bio 35 (restauration collective)

- Les GIE des points de vente collectifs de Brin d’Herbe et Douz’Arômes

- La préfecture d’Ille et Vilaine qui a fournie la liste des marchés (cf. annexe 3)

A rajouter à cela les recherches Internet par mots clefs, les adresses données au fil des

rencontres professionnelles ou non et surtout le démarchage sur les marchés durant la

distribution des questionnaires.

2.1.2 - Description des lieux de vente étudiés

En ce qui concerne les marchés, les producteurs ont été enquêtés aussi bien sur les

marchés urbains que périurbains. On dénombre quatorze marchés rennais et vingt-et-un

marchés dans le reste de l’agglomération. Les données sur les consommateurs des marchés

sont issues uniquement d’enquêtes du marché de Lices. Il se situe au cœur du centre ville de

Rennes et a lieu tous les samedis matins. C’est un des plus grands marchés de France. Sa

réputation lui confère une clientèle particulière et donc des résultats d’enquête spécifiques qui

ne valent pas pour la totalité des marchés. Il a été choisi pour sa forte fréquentation et donc

pour une distribution d’enquêtes plus aisée.

Les points de vente collectifs étudiés sont le magasin Brin d’Herbe de Vezin le Coquet et

Douz’Arômes situé à Betton. Deux magasins de producteurs situés en proche périphérie de

Page 19: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

18

Rennes. Le premier a la particularité de vendre des produits majoritairement biologiques et

pour certains issus de l’agriculture durable tandis que le second vend des produits qualifiés de

« fermiers ».

Les trois systèmes de vente par panier ont tous été créés à l’initiative de consommateurs.

L’un est un groupement d’achat et les deux autres sont de types AMAP24 mais ne souhaitent

pas pour autant se constituer sous cette forme.

Figure 3 : Exemple de point de vente collectif, le magasin Brin d’Herbe

2.1.3 - Passation des questionnaires

Pour mieux appréhender la question des circuits courts alimentaires, il paraît

indispensable d’interroger autant les consommateurs que les producteurs. L’opportunité de

travailler avec un groupe d’étudiants sur le sujet a clairement défini le choix de traiter le sujet

par questionnaire. Son élaboration n’a pu être précédée d’entretiens exploratoires à cause des

contraintes de temps du calendrier scolaire. L’objectif étant de caractériser l’offre et la

demande tant socialement que spatialement. Un questionnaire a été construit pour les

producteurs et un second pour les consommateurs (cf. annexes 1 et 2). Les points principaux

sont les motivations d’usage de ces circuits, les pratiques de production ou de consommation

et le rapport à la vente directe (régularité de fréquentation, part de la vente directe…). 24 AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne

Page 20: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

19

Dans la mesure du possible, ceci étant lié à leur disponibilité ou à leur intérêt porté à la

démarche, les producteurs ont répondu au questionnaire sur leur lieu de travail. Cette

technique s’est avérée être la plus efficace au contraire d’une passation avec un retour différé

qui a montré un taux de retour très faible. Les quelques refus de réponses semblent être dus à

la méfiance et à la volonté de ne pas divulguer des informations les concernant. Cela explique

également dans les questionnaires remplis les non-réponses aux questions du lieu de

l’exploitation et du chiffre d’affaires.

Les marchés étant traditionnellement un lieu de prospection en tout genre, les

consommateurs ont été assez méfiants en montrant leur manque de temps ou d’intérêt justifié

ou non par la période des deux élections présidentielles et législatives 2007. Concernant les

points de vente collectifs, les consommateurs ont été plus attentifs et ont répondu plus

directement au questionnaire. Enfin, les organisations de vente par paniers ont globalement

montré de l’intérêt et ont répondu autant en passation directe qu’en retour différé de

questionnaire. Seules les organisations de vente par paniers dont l’initiative vient du

consommateur et non du producteur ont été interrogées cela dans le but d’avoir un taux de

retour important (50%). A Rennes Métropole, il existe trois organisations de vente par paniers

à l’initiative de consommateurs et deux à l’initiative de producteurs.

A noter que les questionnaires étaient particulièrement conséquents puisque le

questionnaire consommateur était long d’une page recto-verso et le questionnaire producteur

long de deux recto et un verso. Cela peut expliquer certains refus de réponses.

Au terme de l’enquête, l’échantillon consommateur se constitue de :

- Au total, 99 enquêtés

- 42 enquêtés sur le marché des Lices dont 14% dans l’allée des produits biologiques

- 29 enquêtés dans les points de vente collectifs (Brin d’Herbe et Douz’Arômes)

- 28 enquêtés dans les organisations de vente par paniers à l’initiative de

consommateurs

L’échantillon producteur se constitue de :

- Au total, 42 enquêtés complétés par trois entretiens semi-directifs (un producteur-

vendeur sur les marchés et en système panier, un producteur-vendeur en point de vente

collectif, une productrice-animatrice de système panier).

- 35 enquêtés sur les marchés

Page 21: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

20

- 5 enquêtés dans les points de vente collectifs

- 2 enquêtés dans les systèmes paniers

2.2 - Profils des échantillons

Il s’agit de savoir quelle est la population concernée par l’objet d’étude et connaître les

particularités des échantillons consommateur et producteur.

2.2.1 - Caractéristiques de l’échantillon consommateur

Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon (99 enquêtés)

Marché des

Lices

Points de

vente

collectifs

Systèmes

panier Echantillon

Population

de Rennes

Métropole25

Sexe : - masculin

- féminin

60%

40%

28%

72%

43%

57%

45%

55%

/

/

Age :

- moins de 35 ans

- de 35 à 44 ans

- de 45 à 54 ans

- 55 ans et plus

19%

12%

16,5%

52,5%

7%

24%

52%

17%

50%

19%

21%

10%

24%

14%

31,5%

30,5%

59%

13%

10,6%

17,4%

Taille moyenne du ménage 2 2,8 2,6 2,6 2,25

CSP :

- Agriculteurs exploitants

- Artisans, commerçants et chefs

d'entreprise

- Cadres et professions intellectuelles

supérieures

- Professions Intermédiaires

- Employés

- Ouvriers

- Retraités

- Autres personnes sans activité

professionnelle

0%

0%

7%

36%

5%

2%

36%

7%

0%

0%

21%

69%

3%

3%

3%

0%

0%

0%

19%

53%

0%

3,5%

3,5%

21%

0%

5%

10,5%

52%

4,5%

4%

16%

8%

0,5%

3,7%

13,8%

17,3%

12,1%

14,6%

22%

15%

25 Les chiffres de la communauté d’agglomération rennaise sont tirés de : Insee Bretagne – Flash d’OCTANT – N°94 – Janvier 2004

Page 22: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

21

Ce premier tableau permet d’avoir un regard global du panel consommateur même si on y

remarque déjà des disparités parmi les lieux de vente. On doit souligner malgré tout que les

moyennes sont peu significatives étant donné le faible nombre d’enquêtés.

L’échantillon est composé à 55% de femmes. L’âge moyen est de 48 ans et les deux tiers

des consommateurs ont plus de 45 ans. La taille du ménage moyen est de 2,6 personnes. Plus

de la moitié fait partie des professions intermédiaires et 16% sont des retraités.

Comparativement aux chiffres de la population de Rennes Métropole datant de 1999, l’âge

moyen était de 36 ans et la taille du ménage moyen de 2,25 personnes. La répartition des

personnes de référence des ménages par catégories socioprofessionnelles à Rennes Métropole

montrait que les groupes dominant sont les retraités à 22% et les professions intermédiaires à

17,3%26. Les consommateurs des circuits courts sont donc principalement des professions

intermédiaires, d’un âge assez avancé et dont le ménage est encore bien constitué.

En confrontant les lieux de vente, on remarque que si la parité homme-femme est

relativement respectée, les points de vente collectifs montrent une forte domination des

femmes (72%). Les marchés ont une clientèle âgée (52% ont plus de 55 ans) et avec un petit

ménage. A l’inverse celle de la vente par paniers est jeune (la moitié a moins de 35 ans) et les

familles les plus nombreuses semblent consommer dans les points de vente collectifs car le

taille du ménage moyen y est de 2,8 personnes. Concernant les catégories

socioprofessionnelles, le marché des Lices a une clientèle assez hétérogène mais

principalement divisé entre les professions intermédiaires (36%) et les retraités (36%). Les

consommateurs des points de vente collectifs sont en grande majorité des professions

intermédiaires (69%) et des cadres (21%) tout comme la vente par panier, respectivement

53% et 19% à la différence ici que 21% sont sans activité professionnelle (étudiants et

chômeurs).

2.2.2 - Caractéristiques de l’échantillon producteur

Cet échantillon ne peut en aucun cas être représentatif de la diversité des modes de vente

en circuits courts. Il représente à 83% les vendeurs des marchés même si ces derniers utilisent

parfois d’autres circuits courts pour écouler leurs produits. Le nombre de producteurs

concernés directement par la vente en magasins collectifs ou fournissant des systèmes de

paniers étant faibles comparativement au nombre de producteurs présents sur les marchés,

l’échantillon s’en trouve déséquilibré. La passation des questionnaires est en effet efficace sur

26 Les chiffres de la communauté d’agglomération rennaise sont tirés de : Insee Bretagne – Flash d’OCTANT – N°94 – Janvier 2004

Page 23: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

22

les marchés où les producteurs sont nombreux et regroupés. A l’inverse pour les autres types

de vente, les producteurs sont éloignés du magasin ou du dépôt de paniers ce qui oblige à

distribuer les questionnaires durant les réunions avec ensuite un retour différé. Le taux de

retour est très faible.

Malgré tout, les marchés représentant la plus grosse part en volume d’échanges en circuit

court et étant historiquement le lieu privilégié de la vente directe, leurs producteurs-vendeurs

tiennent un rôle particulier pour caractériser l’offre et l’évolution des motivations ainsi que

l’aire d’approvisionnement d’un bassin de consommation. C’est pourquoi les producteurs

directs ont été répertoriés autant que possible même lorsqu’ils ne répondaient pas à l’enquête.

On a alors une aire de chalandise de 61 producteurs-vendeurs sur les marchés, 31 producteurs

adhérents et 70 dépositaires-vendeurs dans les points de vente collectifs, 17 producteurs

fournissant les systèmes paniers.

Tableau 2 : Caractéristiques de l’échantillon (42 enquêtés)

Echantillon Ille et Vilaine27 Sexe :

- masculin

- féminin

79%

21%

Age :

- moins de 35 ans

- de 35 à 44 ans

- de 45 à 54 ans

- 55 ans et plus

21%

23%

28%

28%

12,9%

35,8%

31,6%

19,7%

Niveau de diplôme :

- égal au BTS

- égal au BAC

- égal au BEP/CAP

- inférieur au BEP/CAP

30,5%

16,5%

44,5%

8,5%

Subventions à l’installation ou à la reconversion :

- oui

- non

24%

76%

Production en agriculture biologique : - oui

- non

31%

69%

Part de la vente directe dans le chiffre d’affaires :

- plus de 80% - entre 50% et 80% - moins de 50%

72%

17%

11%

27 Les chiffres de l’Ille et Vilaine sont tirés de : Agreste – RA 2000, Enquête Structure 2005

Page 24: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

23

Les personnes ayant répondu sont majoritairement les chefs d’exploitations ou associés de

l’exploitation (GAEC). Treize d’entre eux ont la certification Agriculture Biologique. Dans

certains cas, ce sont les employés vendeurs sur les marchés qui ont répondu (quatre cas). Le

niveau de diplôme moyen est égal au BEP/CAP mais presqu’un tiers possède un diplôme égal

à BAC + 2 (généralement BTS). 79% des personnes interrogées sont des hommes et la

moyenne d’âge est de 47 ans ce qui est légèrement supérieur à la moyenne d’âge du

département (45 ans).

En comparant aux chiffres du département de l’enquête structure 2005, on remarque que

l’échantillon a une répartition des classes d’âges beaucoup plus homogène. Les tranches d’âge

des 45 à 54 ans et des plus de 55 ans sont les plus importantes dans l’échantillon au contraire

des chiffres de l’Ille et Vilaine où ce sont les classes d’âge des 35 à 44 ans et des 45 à 55 ans.

Cependant, on peut affirmer que le dynamisme de l’échantillon est incontestable puisque les

moins de 35 ans représentent 21% des exploitants ce qui est très supérieur à la moyenne

départementale.

Presque la moitié de l‘échantillon est constitué de maraîchers, 14% de producteurs de

viande rouge (bœuf, porc et charcuterie) et 10% de producteurs de volaille, 10% sont des

paysans boulangers, 11% produisent du fromage et 8% sont producteur-transformateurs (lait,

yaourt, miel…). Ces chiffres correspondent dans l’ensemble à ceux recensés dans toute

l’agglomération rennaise (figure 4).

Figure 4 : Part des différentes productions vendues dans les circuits courts de Rennes Métropole

Source : Enquête terrain, Accueil Paysan, Bienvenue à la ferme, Inter Bio Bretagne, Agrobio 35

Page 25: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

24

En résumé, les consommateurs sont beaucoup plus âgés que la moyenne de

l’agglomération et ont un ménage plus grand. Ce sont généralement des familles bien

constituées ou des retraités.

Les productions les plus présentes concernent les légumes et les viandes. En moyenne, les

producteurs sont légèrement plus âgés que celle du département mais on remarque un fort

dynamisme chez les jeunes puisque le chiffre de la tranche d’âge des moins de trente cinq ans

est largement supérieur à celui de l’Ille et Vilaine.

Les particularités de la population utilisant les circuits courts étant maintenant ciblées, la

prochaine étape vise à savoir quelles sont les caractéristiques de leurs usages. Producteurs et

consommateurs ont-ils les mêmes motivations? Vivent-ils sur le même territoire ? Quels sont

les moteurs du dynamisme des dispositifs ?

3 - PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS : QUELS LIENS POUR QUEL

TERRITOIRE ?

Pour pouvoir cerner l’existence potentielle d’un territoire commun entre producteur et

consommateur, il est nécessaire de confronter leurs pratiques tant dans leurs finalités que dans

leur insertion dans l’espace.

Il s’agit de connaître tout d’abord les motivations d’usage des circuits courts par les

consommateurs et producteurs, ensuite de visualiser l’implantation territoriale des aires de

chalandises et d’approvisionnement et saisir le dynamisme des dispositifs.

3.1 - Motivations d’usage des circuits courts

Si l’échange dans un circuit court tient le même rôle que dans un circuit long, c’est à dire

satisfaire l’offre et la demande, il n’en demeure pas moins que les motivations qui l’ont

provoqué sont différentes.

Page 26: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

25

Tableau 3 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs sur la base de l’échantillon total (en %)

Echantillon total Marchés Points de

vente collectifs Systèmes de

paniers Motivations* faible Forte faible forte faible forte faible forte

Le goût 15 76 26 74 0 93 14,5 64

La fraîcheur 15 73 19 81 0 86 25 53,5

La relation avec le producteur 28 60 43 57 20,5 55 14,5 71

Le soutien aux paysans 33 60 52 45,5 31 59 7 89,5

L’accueil 30 59 31 69 24,5 55 39 46,5

Le consommer local 39 53 62 35,5 31 59 14 75

La connaissance du type de production 45 46 62 35,5 48 35 17,5 75

La confiance en l’agriculture bio 45 44 67 30,5 38 52 21,5 57

La transparence de la transaction 48 42 67 33 41 38 28,5 60,5

La gamme disponible 43 34 50 50 24 31 53,5 14,5

L’apparence 50 30 59 38,5 35 23,5 53,5 21,5

Le conditionnement 54 30 76 21,5 38 31 39 43

La commodité d’approvisionnement 54 25 71 29 38 24 46,5 21,5

Les heures d’ouverture 56 25 62 35,5 28 31 78,5 4

Le prix 53 21 67 33 41 24,5 46,5 3,5

* L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau.

Les motivations des consommateurs sont ici clairement identifiées. Il apparaît que le goût

des produits et leur fraîcheur sont les motivations principales. Viennent ensuite l’aspect

relationnel et le soutien de l’agriculture locale. Même si globalement ces motivations se

démarquent, les différents types de lieux de vente montrent des consommateurs spécifiques à

chacun d’entre eux.

70% producteurs utilisant les circuits courts le font pour le contact direct avec le

consommateur. C’est sous doute le meilleur moyen pour eux de valoriser leurs produits, 45%

pensent que cela contribue à la diffusion de bonnes pratiques agricoles.

Page 27: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

26

Tableau 4 : Hiérarchisation des motivations des producteurs utilisant les circuits courts (en %)

Echantillon total

Motivations* faible moyenne Forte

La relation avec le consommateur 18 12 70

La diffusion de bonnes pratiques agricoles 43 12 45

L’intérêt économique par les prix 40 24 36

La dynamique avec les citoyens 62 9 29

La reprise d’activité 69 7 24

La dynamique entre producteurs 62 17 21

L’intérêt économique par les quantités 79 14 7

La commodité livraison-distribution 76 19 5

L’usage d’intermédiaires 90 10 0 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10.

En croisant les tableaux des motivations des producteurs et des consommateurs, quatre

thèmes apparaissent. Les circuits courts valorisent un échange dans lequel le producteur et le

consommateur trouvent des intérêts communs représentés par l’aspect relationnel, la

dimension éthique, la démarche citoyenne et enfin dans l’acte purement économique de

l’échange même si ce dernier ne représente que la partie émergée de l’iceberg.

3.1.1 - Consommer et produire, acheter et vendre

L’échange doit satisfaire les intérêts économiques des deux acteurs. La particularité des

circuits courts est que le produit est vendu par son producteur qui doit répondre au attentes du

consommateur direct.

- Les producteurs-vendeurs

A la question des motivations d’usage des circuits courts, deux producteurs ont répondu

catégoriquement en réponse ouverte : « c’est mon gagne-pain ! » et « vendre mon travail ».

Ces citations soulignent la réalité économique mais également la volonté de valoriser son

travail en utilisant les circuits courts. Supprimer les intermédiaires présents dans les circuits

de l’agroalimentaire a pour objectif la ré-appropriation de sa production et est le résultat de

l’examen comparatif coût/recette entre circuits longs et circuits courts. Ce mode de mise en

vente impose une double casquette, celle du producteur et du vendeur. Mettre en vente ses

Page 28: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

27

produits soi-même est une charge de travail supplémentaire. 72% évoquent le temps passé et

les astreintes comme l’inconvénient principal du métier.

Les caractéristiques des enquêtés :

- en moyenne, ils font 83% de leur chiffre d’affaires en vente directe et la moitié en

réalise la totalité.

- 69% des producteurs ne font pas l’objet d’une reprise d’activité et ont donc choisi

volontairement les circuits courts pour vendre leurs produits.

- L’intérêt économique de ce type de mise en vente est clairement lié aux prix pratiqués

(36%) plus qu’à la quantité vendue (7%). C’est donc la qualité qui prime sur la qualité.

Le prix des produits se fixe surtout au regard des étals des autres producteurs et dans une

moindre mesure de celui des GMS28. Pour les produits biologiques, les producteurs ont en tête

les prix des magasins Biocoop situés en périphérie de Rennes.

- Les consommateurs-acheteurs

La principale raison de fréquentation de ces lieux de vente est la qualité du produit vendu.

76% ont mentionné le goût et 73% la fraîcheur comme des motivations fortes. Les produits

d’appel sont globalement les légumes et le pain mais cela varie fortement en fonction du lieu

de vente. En points de vente collectifs, les achats se portent majoritairement sur les viandes

(rouge, blanche et charcuterie).Dans les paniers on trouve surtout du pain, du fromage et des

légumes. Sur le marché des Lices, ce sont les fruits et légumes ainsi que le poisson et les fruits

de mer qui attirent le plus (tableau 5).

Tableau 5 : Choix du produit selon le lieu d’achat (% de consommateurs ayant cité le produit)

Choix de produit Echantillon total

Points de vente

collectifs

Vente par paniers Marchés

Légumes 76 76 61 88 Pain 52 59 79 31 Fruits 49 41 14 79 Fromage 45 45 71 29 Viande rouge 44 86 21 31 Volaille 33 69 0 31 Autres (dont poissons et fruits de mer) 32 3 29 55 Œufs 28 55 18 17 Charcuterie 22 52 7 12 Yaourts 19 21 43 2 Confitures 17 17 32 7 Boissons 15 17 29 5 Miel 13 17 4 17 Lait 10 10 21 2

28 GMS : Grandes et Moyennes Surfaces

Page 29: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

28

Une partie du questionnaire est réservée à la perception qu’a le consommateur de ses

dépenses dans les circuits courts. Il est nécessaire d’émettre des réserves quant à la fiabilité du

résultat « budget consacré » car il ne concerne seulement que quarante six enquêtés dû au fort

taux de non-réponse à cette question. Par exemple seuls deux enquêtés sur le marché des

Lices ont répondu à cette question. Ici apparaît un biais car on peut considérer que les

personnes ayant accepté de répondre font partie des consommateurs les plus motivés. De plus,

ce résultat est basé sur des estimations de consommateurs et non sur un calcul fiable de leur

budget.

C’est pourquoi l’analyse du budget consacré se porte uniquement sur une comparaison de

la perception des dépenses entre les consommateurs des points de vente collectifs et des

systèmes de panier avec comme point de comparaison un chiffre de la consommation

alimentaire nationale : En 2004, les ménages français consacrent en moyenne 17,5% de leur

budget total dans l’alimentation, boissons et tabac29.

- Points de vente collectifs :

La moitié des consommateurs les fréquente au moins une fois par semaine. Ils consacrent

en moyenne 31% de leur budget total dans les dépenses alimentaires, dont 36% sont

consacrés à la vente directe et 29% sont dépensés dans le lieu de vente où ils ont été

enquêtés. Parmi eux 42% dépensent plus de 50% de leur budget alimentaire dans ce lieu.

Les autres types de vente fréquentés en circuit court sont à 82% les marchés et seulement

à 6% pour d’autres lieux de vente directe.

- Vente par panier:

Les consommateurs consacrent en moyenne 24% de leur budget total dans les dépenses

alimentaires, dont 34% sont consacrés à la vente directe et 23% sont dépensés dans le lieu

de vente où ils ont été enquêtés. Les autres types de vente fréquentés en circuit court sont

à 92% les marchés et à 54% d’autres lieux de vente directe.

Ainsi, ces deux types de consommateurs dépensent un tiers de leur budget alimentaire

dans la vente directe. Les acheteurs de paniers dépensent dans d’autres circuits courts alors

que ceux des points de vente collectifs sont plus fidélisés. Cela s’explique par la différence de

gamme disponible entre ces deux modes de vente qui est souligné dans le tableau des

29 Source INSEE : « Compte de la nation », base 2000.

Page 30: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

29

motivations de fréquentation (tableau 3). Les consommateurs des points de vente collectifs

sont plus satisfaits par la gamme offerte que ceux des ventes par paniers.

La relation producteur-consommateur est une motivation forte et commune chez les deux

acteurs de l’échange. 62% des producteurs et 60% des consommateurs l’ont mentionnée. Mais

cet aspect relationnel est pour l’acheteur différent selon les points de vente.

Sur les marchés, il s’apparente à la convivialité du lieu puisque la qualité de l’accueil est

plus mentionnée que la relation au producteur. Le marché fait vivre un quartier et est un lieu

de rencontre. 81% le connaît parce qu’il est proche de leur logement. Faire le marché est

synonyme de détente. L’acte d’achat prend alors une autre dimension que celle purement

économique. Par exemple, les conseils de préparation des produits donnés par le producteur

sensibilisent l’acheteur et valorisent sa production. C’est une manière de fidéliser le client

mais qui créé à la longue un lien social indéniable. 63% des producteurs considèrent la fidélité

de leur clientèle comme bonne et 20% comme excellente.

Pour les systèmes paniers, c’est la relation directe et l’idéologie commune avec le

producteur qui prime sur l’accueil car les acheteurs ont ici un rôle plus marqué dans

l’échange. Ils tiennent une place financièrement moins anonyme pour le producteur ce qui

leur confère un rôle particulier, allant même jusqu’au droit de regard sur la qualité des

pratiques agricoles. Ainsi la transparence de la transaction (60%) et la connaissance du type

de production (75%) leur importent beaucoup. Le lien social créé ici est directement lié à la

volonté de connaître le producteur à travers son métier, sa production et les problèmes qui y

sont associés. 89,5% des consommateurs de paniers mentionnent le soutien à l’agriculture

paysanne comme une motivation forte d’achat. Ce sont des consommateurs qui se connaissent

hors du lieu d’achat car ils ont pour la plupart d’entre eux connu leur système panier par

l’intermédiaire du réseau amical ou familial (37%), du réseau associatif (17%) ou du réseau

professionnel (8%) (Tableau 6). La cohésion est donc forte.

Tableau 6 : Moyens de diffusion de l’existence des lieux de vente

Moyen de diffusion Moyenne Effectif réel

Points de vente

collectifs Paniers Marchés

Proximité lieu de vente-logement 32 17 0 81 Bouche à oreilles 23 26,5 25 3,75 Publicité 10 30 0 0 Réseau amical ou familial 11 17,5 37 0 Réseau professionnel 7 9 8,3 0 Réseau associatif 7 0 16,7 0 Réputation 4 0 0 11,5 A l’origine de l’initiative 3 0 8,3 0 Recherche Internet 1,5 0 4,7 0 Proximité lieu de vente-travail 1,5 0 0 3,75

Page 31: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

30

Les consommateurs en points de vente collectifs sont moins sensibles à l’accueil et à la

relation avec le producteur que ceux des autres lieux de vente. Cela peut être dû au côté

conventionnel de l’échange qui se déroule dans un magasin, certes tenu par des producteurs et

juxtaposé à une exploitation, mais dont l’organisation de l’espace reste mercantile (rayons,

caisse…) et rend l’acte d’achat plus formel. De plus on remarque peu de cohésion entre ces

consommateurs. En effet, le premier moyen de diffusion de l’existence de points de vente

collectif est la publicité suivi du bouche à oreilles (tableau 6).

3.1.3 - Le « consumérisme politique »

L’intégration d’une démarche politique dans l’acte de consommation est défini par Sophie

Dubuisson-Quellier30 comme le « consumérisme politique » : « Introduite avant tout par les

sciences politiques, cette notion vise à restituer l’engagement des consommateurs dans le

débat politique, aux côtés d’autres formes de participation politique alternatives aux formes

« conventionnelles » (le militantisme et le vote) comme la participation à des réseaux

informels […]. Le consumérisme politique est analysé comme l’expression par les

consommateurs d’un choix de producteurs et de produits sur la base d’une variété de

considérations éthiques et politiques. »31

- Le soutien de l’agriculture paysanne locale

60% des consommateurs ont pour but de soutenir l’agriculture paysanne et 53% désirent

consommer localement (tableau 3). Cela est flagrant dans les systèmes paniers et vrai dans les

PVC. Du côté des producteurs, plus de la moitié de l’échantillon affirme que l’usage des

circuits courts a créé un emploi supplémentaire à ceux existants.

Un exemple concret : un GIE regroupant trois maraîchers a pu créer un emploi grâce aux

trois cents paniers qu’ils fournissent par semaine. L’emploi créé consiste à préparer les

paniers, à les distribuer et à faire le marché des Lices.

Il est évident que l’autonomie que procure l’usage des circuits courts contraste avec le

système productif national. Le producteur est libre de ses choix de mise en marché mais est

guidé par le comportement des consommateurs. Le soutien de l’agriculture paysanne locale

30 Sophie Dubuisson-Quellier est chargée de recherche au Centre de sociologie des organisations et est responsable du programme C3D. Elle encadre également le travail de Aurélie Cardona qui porte sur l’étude du pays de Dinan (cf. préambule) 31 Tiré de « Faire le marché autrement », Sophie Dubuisson-Quellier, Claire Lamine – article paru dans Sciences de la Société n°62, mai 2004.

Page 32: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

31

montre que le consommateur se sent impliqué dans le devenir du producteur et que de

l’échange purement économique peut naître un discours commun.

- Ethique et environnement

La volonté de s’affranchir des intermédiaires pour valoriser la production grâce au contact

direct avec le consommateur est vérifiée. Aussi, 29% des producteurs sont motivés dans

l’échange par une dynamique citoyenne (tableau 4). 45% sont fortement motivés par la

diffusion de bonnes pratiques agricoles.

Rappelons qu’un tiers de l’échantillon détient la certification Agriculture Biologique. Le

tableau 7 montre que 61% des producteurs en production biologique utilisent les circuits

courts dans l’idée de diffuser leur pratique agricole contrairement au reste des producteurs qui

y est moins sensibles.

Tableau 7 : Comparaisons des motivations des producteurs en biologique et non-biologique

Total des producteurs (40)

Producteurs biologiques (13)

Autres producteurs (27)

Motivations* Faible forte faible forte faible forte

La relation avec le consommateur 19 70 15 85 22 63

La diffusion de bonnes pratiques agricoles 43 45 31 61 48 37

L’intérêt économique par les prix 40 36 61 31 30 41

La dynamique avec les citoyens 62 29 61 38 63 26

La reprise d’activité 69 24 85 8 59 33

La dynamique entre producteurs 62 21 69 23 59 22

L’intérêt économique par les quantités 79 7 85 15 74 4

La commodité livraison-distribution 76 5 92 8 67 4

L’usage d’intermédiaires 90 0 92 0 85 0 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau.

Ce type de mise en vente est donc un moyen de valoriser leurs pratiques agricoles. On

remarque que plus le consommateur est intéressé par le type de production et plus le

producteur a un produit de qualité. Cela se vérifie dans les systèmes paniers où les

consommateurs exigent des produits de qualité et de ce fait favorisent le développement d’une

production durable ou biologique. En effet, les trois organisations de vente par panier

enquêtées ont des producteurs dont les pratiques sont biologiques ou durables. Les deux

autres systèmes de paniers existants dans l’agglomération rennaise viennent d’initiatives de

maraîchers en production biologique.

Le contraste est significatif entre les deux points de vente collectifs : Brin d’Herbe vend

majoritairement des produits issus de l’agriculture biologique ou durable ce qui se reflète dans

Page 33: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

32

les motivations de fréquentation de ses consommateurs. 68% d’entre eux fréquentent le

magasin car ils ont confiance en l’agriculture biologique (tableau 8). Douz’Arômes qui ne

vend que très peu de produits certifiés biologiques ou durables, a une clientèle peu

sensibilisée à ce type de pratiques agricoles.

Tableau 8 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs dans les points de vente collectifs (en%)

Total des points de

vente collectifsBrin d’Herbe Douz’Arômes

Motivations* Faible Forte faible Forte faible forte

Le goût 0 93 0 90 0 100

La fraîcheur 0 86 0 90 0 80

Le consommer local 31 59 32 58 30 60

Le soutien aux paysans 31 59 32 58 30 60

La relation avec le producteur 20,5 55 26 58 10 50

L’accueil 24,5 55 37 47 10 60

La confiance en l’agriculture bio 38 52 26,5 68 60 20

La transparence de la transaction 41 38 37 42 50 20

La connaissance du type de production 48 35 42 37 60 30

La gamme disponible 24 31 26,5 26,5 20 40

Les heures d’ouverture 28 31 32 26 20 40

Le conditionnement 38 31 37 31,5 40 30

Le prix 41 24,5 47 26,5 30 20

La commodité d’approvisionnement 38 24 42 26 30 20

L’apparence 35 23,5 42 21 20 40 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau.

La relation entre le producteur et le consommateur peut créer une dynamique allant vers

l’amélioration du mode de production et de consommation, donc vers une meilleure

protection de l’environnement.

Cette première analyse a mis en lumière l’importance accordée à la qualité de la

production, tant du point de vue du consommateur pour le goût du produit que du point de vue

du producteur pour la valorisation de son travail. Le contact présent dans l’échange a une

valeur significative pour les deux acteurs dans le sens où il constitue une plus value à la valeur

du produit. L’engagement politique et éthique fait parti des motivations mais son intensité est

variable selon les dispositifs.

Page 34: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

33

3.2 - Circuits courts et opacité de l’espace

La communauté d’agglomération rennaise a la particularité d’être dotée de « ceintures

vertes » entourant la ville de Rennes et les communes périurbaines. Cette organisation

spatiale particulière laisse penser qu’elle renforce la proximité entre le producteur et le

consommateur, tant du point de vue kilométrique que social. Par conséquent la mobilité est

également un facteur favorisant ce rapprochement.

3.2.1 - Proximité du producteur et du consommateur

La question de la proximité entre les deux acteurs de l’échange a été traitée à travers

plusieurs cartes (cartes 1, 2, 3 et 4). Cette analyse concerne les consommateurs enquêtés ainsi

que tous les producteurs correspondant aux lieux de vente, enquêtés ou non mais dont

l’adresse est recensée. La graphique suivant nous donne une première idée de la répartition de

la production sur le territoire de Rennes Métropole. Les circuits courts alimentaires ont une

production a 78% départementale, c’est-à-dire comprise dans un rayon de cinquante

kilomètres (en prenant Rennes comme point central).

Figure 5: Origine de la production des circuits courts de Rennes Métropole

Source: enquête terrain, Accueil Paysan, Bienvenue à la Ferme, Inter Bio Bretagne, Agro Bio

Premièrement, on remarque une nette différence de taille entre les aires

d‘approvisionnement des différents types de ventes. Celle des points de vente collectifs

s’étend jusque dans l’Aube à l’Est et en Gironde au sud (carte 2). Le marché des Lices draine

des producteurs de tout l’Ille et Vilaine ainsi que de Loire Atlantique, Mayenne et Côte

d’Armor (carte 1). En ce qui concerne la vente par panier, les distances d’approvisionnement

sont plus courtes comme l’illustre parfaitement les Paniers de St Gilles (carte 3). C’est en

effet une volonté de leur part que de se fournir au plus proche de chez eux au contraire du

Page 35: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

34

Panier Hiroko qui privilégie la production biologique dont les exploitations sont situées au

sud-ouest de Rennes (région de Guichen).

L’exigence du consommateur est fonction du type du produit, de sa qualité et donc de sa

rareté. En conséquence plus la variété des produits consommés est grande et de qualité, et plus

cela suggère de s’approvisionner loin du lieu de consommation. Ainsi Brin d’Herbe propose

du vin biologique venant de Gironde et Douz’Arômes du champagne biologique de l’Aube. A

contrario, les produits de consommation courante (si l’on considère le vin comme n’en faisant

pas partie) sont produits dans un rayon beaucoup plus restreint (tableau 9).

Tableau 9 : Corrélation entre le lieu de production et la fréquence de consommation du produit (en

nombre de producteurs)

Légumes Produits laitiers Pain Viande

Boisson (jus de pomme,

vins…)

Autres produits

transformés Total

Quantité moyenne consommée par personne en 2003 (en kg)

155,33 99,36 54,11 36,1 / / /

Rennes métropole 13 6 0 10 2 1 36

Ille et Vilaine 21 10 4 20 4 5 73

Départements limitrophes 10 3 1 2 3 6 27

Autres départements 1 0 0 0 6 0 7

FOR

TE

- Dis

tanc

e -

FAIB

LE

Total 45 19 5 34 15 12 143

FORTE - Régularité de consommation - FAIBLE Source : Enquête terrain 2007, INSEE « compte de la nation », base 2000.

Deuxièmement, la proximité géographique entre le lieu d’exploitation et le consommateur

direct n’est pas significative dans le sens où les aires de chalandises ne se constituent pas

autour des exploitations mais autour des points de vente. Bien sûr la notion de proximité en

circuits courts est à relativiser au regard des distances parcourues par les produits en circuits

longs. La localisation du lieu de vente tient alors tout son rôle. Il se doit d’être au plus proche

du consommateur visé, consommateur qui on l’a vu est différent selon les dispositifs.

Ainsi au marché des Lices (carte 1), situé au cœur du centre-ville de Rennes, 69% des

consommateurs sont rennais. Sa réputation et sa taille (250 étals) attirent le consommateur

(parfois touriste) jusque dans les départements limitrophes au contraire des autres dispositifs.

C’est un consommateur qui est là pour acheter et flâner qu’il y ait ou non ses habitudes

d’achats. Le marché tient un rôle de vitrine de la ville et de vie de quartier même si les Lices

Page 36: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

35

atteint une dimension plus grande, quasi urbaine. Sa localisation est historique puisqu’elle

date au moins du 16ème siècle. Il est doté d’infrastructures permanentes (halles) qui renforcent

son statut exceptionnel.

Carte 1 : Le marché des Lices, aires d’approvisionnement et de consommation

Page 37: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

36

Les magasins de producteurs (carte 2) ont une clientèle majoritairement périurbaine (62%)

même si leurs lieux de vente sont implantés aux portes de la ville. Lors du dépouillement de

l’enquête, les aires de chalandises de Douz’Arômes à Betton (commune située au nord de

Rennes) et du Brin d’Herbe de Vezin le Coquet (commune située à l’ouest de Rennes) ont

montré qu’elles ne se recoupaient pas sauf pour les consommateurs d’origine rennaise. Les

points de vente collectifs sont donc suffisamment éloignés pour ne pas se concurrencer et ne

pas toucher le même bassin de consommation. Le sentiment de proximité entre le

consommateur et le producteur est renforcé par le fait que c’est le producteur qui vend

directement son produit au consommateur.

Carte 2 : Les points de vente collectifs, aire d’approvisionnement et lieux de vente

Page 38: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

37

La vente par panier (carte 3) fonctionne principalement par dépôt des produits au plus

proche des consommateurs. Le dépôt des Paniers de St Gilles se situent au cœur de la

commune puisque la majorité des consommateurs y habitent. Leurs producteurs ont été

choisis en fonction de leur proximité. Dans le cas du Panier Hiroko et de Vivres en Commun,

les producteurs sont plus dispersés mais se regroupent lors des livraisons pour distribuer d’un

seul tenant les paniers aux dépôts situés en centre-ville de Rennes. L’éloignement entre le

consommateur et l’exploitation est atténué soit par des visites ponctuelles des fermes, soit par

le contact directe avec le producteur lors de la distribution des paniers.

Carte 3 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de consommateurs

Page 39: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

38

Lorsque ce sont les producteurs qui sont à l’initiative d’une vente par panier (carte 4), les

quantités distribués et le nombre de dépôts deviennent beaucoup plus importants. Les Paniers

du Giraumon fournissent plus de trois cents paniers par semaine pour neuf dépôts, les Jardins

du Breil deux cents cinquante paniers pour seize dépôts. On peut venir chercher son panier

directement chez le producteur mais pour la majorité des acheteurs, ils n’ont pas ou peu de

contact avec le producteur.

Carte 4 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de producteurs

Page 40: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

39

3.2.2 - Mobilité et consommation

Le dispositif fréquenté conditionne les déplacements. En effet l’enquête montre que les

deux tiers de l’échantillon habitent à moins de quinze minutes et à moins de quatre kilomètres

du lieu de vente.

60% n’ont pas indiqué à quelle distance se situait le lieu de vente de leur lieu de travail.

Les personnes ayant répondu le plus à la question de la distance entre leur travail et leur lieu

d’achat fréquenté sont les consommateurs des points de vente collectifs. Les horaires

d’ouvertures et leurs localisations se prêtent plus facilement à la consommation en sortant du

travail que les marchés ou la vente par paniers. De plus, les magasins sont situés en proche

périphérie de Rennes, donc sur les trajets domicile-travail entre le pôle urbain de Rennes et la

zone résidentielle périurbaine. Les trajets domicile-travail, fréquents et courts, sont les

principaux déterminants de la mobilité locale32.

Tableau 10 : Eloignement du domicile au lieu de vente en temps (en %)

Tableau 11 : Eloignement du domicile au lieu de vente en distance (en %)

Les aires de chalandises des paniers et du marché des Lices sont grandes mais concentrées

vers le lieu de vente. Celles des points de vente collectifs sont plus petites mais resserrées aux

alentours de dix kilomètres du magasin. Au regard du temps domicile-lieu de vente, la

modalité point de vente collectif se prête beaucoup mieux à l’usage de la voiture que les

32 MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE, 2006, Mobilité transport et environnement. Rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement.

TEMPS Paniers Point de vente collectif Marché

Moins de 10 minutes 48 39 23,5 Entre 10 et 19 minutes 30 48 58 Entre 20 et 29 minutes 15 9 8 Plus de 30 minutes 7 4 10,5

DISTANCE Paniers Point de vente collectif Marché

Moins de 2 km 36 4 37,5 De 2 à 4 km 36 42 32,5 De 5 à 9 km 7 17 12,5 De 10 à 19 km 11 37 5 20 Km et plus 11 0 12,5

Page 41: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

40

autres modalités étudiées. A signaler que les points de vente collectifs sont situés en bordure

d’un grand axe de circulation. A l’inverse le marché montre un accès à pieds car les personnes

habitent près du lieu de vente mais mettent entre dix et vingt minutes à y accéder. La modalité

de système panier renforce également l’idée de proximité car la moitié de ses usagers loge à

moins de dix minutes du lieu de dépôt.

Les déplacements sont réguliers et fréquents :

- 72% viennent aux Lices une fois par semaine

- 52% consomment au moins une fois par semaine dans les points de vente collectifs

- Aux Paniers de St Gilles, la totalité consomme une fois par semaine, au Panier Hiroko,

85% consomment une fois par semaine. A Vivres en Commun, 60% consomment

deux fois par mois

Comme démontré auparavant, ce n’est pas seulement la qualité du produit qui motive à

consommer dans ces lieux puisque 30% estiment qu’ils peuvent trouver les mêmes produits

plus près de chez eux. Lorsque c’est le cas, 44% les trouvent dans le marché qui se situe le

plus près de leur domicile. Aussi, la quasi totalité de l’échantillon consomme ailleurs que sur

le lieu de vente sur lequel ils ont été enquêtés : 75% ont mentionné les marchés, 64% les

grandes surfaces, 61% les supérettes et 24% d’autres lieux de vente directe. Beaucoup des

consommateurs de paniers consomment dans d’autres circuits courts : 92% sur les marchés et

la moitié dans d’autres lieux de vente directe. C’est moins vrai pour ceux qui fréquentent les

autres dispositifs en particulier le marché des Lices.

La forte proximité « lieu de vente-consommateur » ainsi que l’intensité de la fréquentation

démontrent une augmentation de l’opacité de l’espace du point de vue de la demande. Aussi,

les lieux de production des circuits courts ont une implantation départementale homogène au

contraire des lieux de vente qui gravitent autour du bassin de consommation rennais. Ceci est

bien démontré à travers les cartes 5 et 6 de la prochaine partie qui montrent que l’implantation

des marchés et de leurs nombre d’étals augmentent à l’approche de Rennes et de son centre-

ville.

Page 42: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

41

3.3 - Dynamisme des circuits courts

Parmi les modalités recensées, certaines sont apparues récemment alors que d’autres ont

une existence traditionnelle. Le dynamisme s’exprime dans leur évolution et dans leur mode

de fonctionnement, à savoir s’il y a une concertation entre les producteurs-vendeurs et les

autres acteurs permettant l’échange (consommateur, municipalité, placier…).

3.3.1 - Les marchés

Les marchés sont en volume la modalité principale des circuits courts. Selon les travaux

de Frédéric Dénéchère, le chiffre d’affaires de l’ensemble des marchés de Rennes Métropole

est situé entre quatre et neuf millions d’euros, ce qui représente entre 60 et 75% du chiffre

d’affaires total des circuits courts alimentaires et environ cent soixante emplois33.

Il existe quatorze marchés à Rennes et vingt dans le reste de l’agglomération rennaise. Sur

la totalité, quatorze possèdent moins de dix étals. Tous n’ont pas la prétention d’animer un

quartier et certains ont une fonction de complémentarité auprès des commerces sédentaires.

Figure 6: Le marché des Lices à Rennes

33 DENECHERE F. 2007, « Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation », mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne.

Page 43: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

42

Il y a une corrélation entre la taille des marchés et la taille des villes. Quatre marchés de

l’agglomération rennaise se détachent du lot : Pacé, Betton, Bruz et Cesson Sévigné, quatre

des cinq villes les plus peuplées de l’agglomération (carte 5). Seule la ville de St Jacques de la

Lande (10000 habitants) est dépourvue d’un marché proportionnel à sa taille. Elle possède

seulement un marché complémentaire de sept étals alimentaires dont aucun n’est en circuit

court. Cela peut s’expliquer par le fait que la ville est située entre Rennes et Bruz et que son

marché est écrasé par le poids de leurs marchés. Les marchés complémentaires ont une très

faible proportion d’étals alimentaires en vente directe.

Les marchés les plus importants aujourd’hui correspondent au plus anciens. On retrouve

des traces du marché des Lices jusqu’au 16ème siècle et celui de Bruz a été créé en 1950. Ces

deux marchés avec celui du quartier St Thérèse sont les plus gros de la communauté

d’agglomération. Tout comme le rapport proportionnel entre la taille d’une ville et la taille de

son marché, on remarque une corrélation entre l’ancienneté d’un marché et sa grande taille. A

Rennes, les marchés les plus anciens sont chronologiquement Les Lices, St Thérèse,

Villejean, le Landrel (le Blosne) et le marché du quartier Jeanne d’Arc qui possèdent

respectivement 100, 36, 14, 13 et 15 étals alimentaires en vente directe (carte 6).

Page 44: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

43

Carte 5 : Les marchés de Rennes Métropole

.

Page 45: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

44

Carte 6 : Les marchés de Rennes

Page 46: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

45

La moyenne de la part de la vente directe sur le total des étals alimentaires de tous les

marchés est de 24%. Sur les marchés rennais elle est de 28% contre 17,5% sur les marchés du

reste de la communauté d’agglomération. Cette différence peut s’expliquer par le nombre

important de petits marchés de moins de dix étals situés dans les communes périurbaines

(neuf sur vingt) qui sont pour la plupart des marchés complémentaires.

Plus un marché est petit et plus sa part de vente directe est faible. Ainsi les marchés de

moins de dix étals ont en moyenne 16% de produits en vente directe alors que le reste des

marchés atteint les 24%. Les Lices et St Anne se démarquent largement avec respectivement

44% et 57% de produits alimentaires en vente directe. Le marché des Lices montrent que le

maraîchage est la première activité à vocation alimentaire (figure 7).

Figure 7 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe au marché des Lices

Source : Enquête terrain 2007

Figure 8 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe dans les marchés de Rennes

Métropole

Source : Enquête terrain 2007

Page 47: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

46

La figure 8 confirme la tendance à l’échelle de l’agglomération en ce qui concerne la

place primordiale du maraîchage dans la vente directe sur les marchés. On note également le

nombre important de petits étals de moins de deux mètres linéaires qui sont occupés par des

produits à forte valeur ajoutée comme le miel ou la boisson (cidre, jus de pomme). Ce type

d’étals est également occupé par des agriculteurs retraités qui vendent en petite quantité tous

les produits de leurs fermes (légumes, œufs, volailles…) et qui leur permet de garder une

activité sociale et un complément financier à leur retraite.

Ensuite, les autres produits présents en vente directe sont le pain à 15% et la viande à

13%. Le problèmes pour ces deux types de produits est qu’ils sont directement confrontés à la

concurrence des artisans des commerces sédentaires présents aux abords des marchés ce qui

est sûrement un frein à leur développement.

Viennent en dernier lieu les produits laitiers qui semblent avoir peine à se développer dû à

la difficulté de transformation des produits (fromage, yaourts), et les fruits dont la faible

abondance d’étals peut s’expliquer par le climat qui n’est pas propice aux cultures fruitières

(les fruits vendus en vente directe sont les pommes et les kiwis).

En 2001, une étude sur les marchés non sédentaires a été menée sur le territoire de Rennes

Métropole34. On peut souligner quelques évolutions durant ces six années passées.

Le nombre de marchés alimentaires est passé de trente-et-un à trente-quatre. Ainsi, ces

cinq dernières années, six marchés se sont créés alors que sur la période 1990-2000, il en est

apparu sept.

Dans la communauté d’agglomération, St Jacques de la Lande, Nouvoitou et Thorigné

Fouillard ont créé leur marché ces cinq dernières années. La commune de Thorigné Fouillard

a créé un second marché en plus de celui existant le dimanche matin, c’est un marché

complémentaire à la zone commerciale mise en place le mercredi après-midi. Ce créneau

horaire est récent pour les marchés (celui de Nouvoitou fonctionne également le vendredi

après-midi) et constitue une adaptation au rythme de travail des consommateurs. Ainsi parmi,

les quatre marchés créés à Rennes depuis 2001 (Robidou/A.Guérin, A.Bayet, St Anne, la

Poterie), deux fonctionnent l’après-midi. St Anne le jeudi et la Poterie le vendredi. Tous les

marchés créés sont de petite taille et ne dépassent pas onze étals alimentaires et quatre étals

alimentaires en vente directe.

34 « Les marchés non sédentaires dans la communauté d’agglomération rennaise », mémoire de Maîtrise de Géographie, Estelle Touraine, 2001.

Page 48: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

47

Depuis 2001, deux marchés ont disparu. Le petit marché du Landrel (le Blosne) situé en

semaine n’existe plus car celui de St Thérèse est très proche. De plus un marché beaucoup

plus important est en place dans le même quartier le samedi matin. Le marché de la commune

de Corps Nuds ne fonctionne plus non plus. En 2001, ce marché vivotait puisqu’il ne comptait

que deux étals alimentaires.

La figure 9 suivant illustre l’adaptation des marchés au rythme de travail des

consommateurs. S’il n’y a pas de marchés le lundi cela est dû à une volonté des communes de

respecter un jour de congé hebdomadaire pour les commerçants ambulants.

Figure 9 : Nombre de marchés par jour

Nombre de marches

mardi dimanchesamedivendredijeudimercredi

8

4

2

6

TOTAL DES MARCHES

MARCHES DE RENNES

MARCHES DES COMMUNES PE

Source : Enquête terrain 2007

Le mercredi est le jour le plus fourni en nombre de marchés. C’est le jour où l’on retrouve

sur les marchés un grand nombre de mères de familles accompagnées de leurs enfants. Deux

des quatre nouveaux marchés ont été créés le vendredi. Le vendredi est également le seul jour

où deux marchés sont présents l’après-midi (de 15h à 19h30).

De plus les courbes de Rennes et des communes périurbaines ont une tendance inversée

sauf pour le dernier jour de la semaine. Les jours concernés par le temps libre et accentués par

la possibilité de réduction du temps de travail (samedi, mercredi, vendredi) correspondent au

pic du nombre de marchés dans la couronne périurbaine. A l’inverse, les jours où la ville de

Rennes polarise le plus grand nombre de travailleurs (mardi, jeudi) correspondent aux creux

de la courbe.

Page 49: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

48

Figure 10 : Nombre d’étals alimentaires en vente directe par jour de marchés

50

100

25

125

75

Nombre d'étals

mardi dimanchesamedivendredijeudimercredi

TOTAL DES MARCHES

MARCHES DE RENNES

MARCHES DES COMMUNES PERI-URBAINES

Source : Enquête terrain 2007

Les jours prolifiques en nombre d’étals de vente directe correspondent aux jours où les

marchés sont les plus nombreux et où les consommateurs ont du temps libre (figure 10).

L’acte d‘achat peut être considéré alors comme un plaisir. Globalement, les marchés de

Rennes possèdent plus d’étals en vente directe que ceux implantés dans sa périphérie. Le

caractère exceptionnel du marché des Lices se retrouve dans le pic du samedi puisque il

n’existe que deux marchés ce jour là à Rennes. Il contient à lui seul cent étals alimentaires en

vente directe.

Au total, il y a 333 étals alimentaires en vente directe qui se montent et démontent chaque

semaine à Rennes Métropole. Les marchés sont donc une modalité incontournable des circuits

courts.

3.3.2 - Les points de vente collectifs

Il existe deux GIE (Groupement d’Intérêt Economique) de producteurs ayant monté leurs

magasins tous situés en proche périphérie de Rennes: Brin d’Herbe et Douz’Arômes.

- Brin d’Herbe (carte 2)

Le GIE Brin d’Herbe s’est constitué en 1992 autour d’un groupe de dix adhérents et après

avoir suivi deux années de réflexion et de formation. Le groupe, dont certains d’entre eux

Page 50: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

49

pratiquaient déjà la vente directe, s’est formé sur une base commune : « Sortir de l’agriculture

conventionnelle et reprendre un pouvoir de décision». Brin d’Herbe a permis de « concilier et

coordonner toutes les motivations et envies de changer de système en mettant en place un GIE

qui n’est pas lourd au point de vue structure, pas contraignant pour vendre les produits comme

sur un marché». Outre les motivations éthiques, il y a l’intérêt économique : « On s’est dit, on

met des moyens en commun pour réduire nos coûts et aussi pour avoir une gamme de produits

assez large à proposer au consommateur ». Un des objectifs premiers est « que le paysan vive

de son travail » 35.

Composé au départ de dix adhérents et d’un magasin situé à Chantepie, le GIE atteint au

bout de quinze années d’existence vingt adhérents pour deux magasins. L’hypothèse de base

était d’avoir un chiffre d’affaire annuel de 800 000 francs (122 000 euros) pour pouvoir

couvrir les charges. Le chiffre d’affaires a atteint deux millions de francs (300 000 euros) en

1998, date de création du second magasin situé à Vezin le Coquet. Le premier magasin a été

construit sans aucune aide financière au contraire du second qui a reçu celles des Conseils

Général et Régional. Aujourd’hui, les deux magasins représentent 1 200 000 euros de chiffre

d’affaires. Pour répondre à l’augmentation de la demande, le nombre de producteurs sollicités

a augmenté. Par exemple, le nombre de maraîchers est passé de un à quatre et celui des

producteurs de volailles de deux à quatre. Il y a eu maintien d’emplois et même une

augmentation . Environ cinquante actifs tournent plus ou moins directement autour de Brin

d’Herbe. Deux emplois permanents au magasin ont été créés. Le rayon boucherie a permis à

un boucher de maintenir son emploi qui était auparavant menacé. De plus, dans l’une des

deux fermes qui fournissent les magasins en viande de porc et charcuterie, deux emplois sur

les sept existants sur l’exploitation ont été créés grâce à Brin d’Herbe. La viande est un

produit d’appel puisque le porc (charcuterie…) représente à lui seul 35% du chiffre d’affaires.

Le dynamisme interne du GIE tient dans le fait de respecter l’équité entre les producteurs

qui apportent beaucoup de valeur ajoutée et ceux qui en apportent moins. Ainsi ceux qui font

un gros chiffre d’affaires grâce au magasin se doivent de s’investir plus que les producteurs

faisant moins de chiffre d’affaires. Le GIE se réunit une dizaine de fois par année et est

composé d’un président et de responsables des commissions : Communication,

Approvisionnement, Travaux, Vie de groupe, et une Commission restreinte qui assure la

gestion courante du GIE.

35 Les citations concernant Brin d’Herbe sont issues d’un entretien avec le président du GIE Brin d’Herbe datant de juillet 2007.

Page 51: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

50

Figure 11 : Les rayons légumes et produits laitiers d’un magasin Brin d’Herbe

Tout comme les marchés, les magasins Brin d’Herbe sont ouverts les jours offrant le plus

d’affluence : le mercredi (9h - 12h30 et 14h - 19h), le vendredi (9h - 19h), le samedi (9h -

12h30 et 14h - 18h). Leurs aires de chalandise atteignent environ dix kilomètres autour de

chaque magasin.

Les deux magasins sont aussi l’occasion pour les paysans de faire partager leurs idées à un

public autre que celui issu du milieu agricole (affichage pour le soutien de la Confédération

Paysanne lors des élections de la Chambre d’Agriculture). Ce dynamisme citoyen permet

également de sensibiliser les consommateurs aux problèmes liés à l’agriculture (soutien pour

le maintien d’une ferme, affichage de sensibilisation au problème des OGM). Par conséquent

le consommateur achète un produit dont les qualités sont non seulement nutritives, mais aussi

chargé de vie et de revendications. Consommer n’est alors plus un acte passif et le GIE

s’attache à renforcer cela en mettant en place dans son cahier des charges la méthode NESO.

C’est un outil de transparence entre producteurs et consommateurs pour que l’échange

devienne plus partenarial.

Le dynamisme de Brin d’Herbe s’illustre également dans le fait que des jeunes frappent à

la porte du GIE. De plus, certains enfants de producteurs adhérents s’installent à leur compte

(parfois sans avoir fait d’études agricoles) pour se lancer dans ce type de production et

emprunter les circuits courts pour la mise en marché de leurs produits.

Page 52: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

51

- Douz’Arômes (carte 2)

Le GIE Douz’Arômes a ouvert son magasin en 2001 à Betton. Les initiateurs se sont

connus par le réseau « Bienvenue à la ferme » dont ils faisaient partie. Pour les mêmes

raisons de facilités économiques que Brin d’Herbe, ils ont choisi de délaisser les marchés où

la dynamique collective est faible pour concentrer la leur dans un seul lieu de vente. Le but est

que les exploitations parviennent à une santé économique fiable.

De plus l’isolement individuel des fermes n’est pas propice à la vente directe. Le choix

d’implanter le magasin dans la périphérie rennaise a pour but de « venir au client »36. Le

magasin étant un lieu propre au GIE, où il est plus facile de se créer une identité propre et

commune entre producteurs. Identité qu’il est important de communiquer aux consommateurs

en les informant de leurs modes de production et en leur faisant « partager le plaisir d’une

production de qualité ». Leur souci est aussi de garder un aspect humain dans l’objectif de

production. Ainsi, le retour direct du consommateur permet aux producteurs d’être sensibiliser

à ses envies, critiques ou compliments.

L’organisation interne du GIE se fait par prise de décision collégiale lors de réunions

mensuelles. Les décisions sont prises à l’unanimité.

La réussite économique du GIE est certaine. Trois emplois à temps plein (une caissière et

deux bouchers) et un mi-temps (un boucher) ont été créés. Le chiffre d’affaires atteint un

million d’euros par an avec le seul magasin de Betton. Chiffre d’affaires qui est soutenu à

70% par le rayon boucherie. Le magasin est ouvert le mardi, mercredi et vendredi (9h - 19h)

et le samedi (9h - 17h).

A noter qu’un des adhérents du GIE a quitté le groupement pour ouvrir en 2007 son

propre magasin situé dans une autre commune de Rennes Métropole (Thorigné-Fouillard).

C’est un magasin dont certains rayons (boucherie) sont approvisionnés en circuits courts mais

cela ne constitue pas l’essentiel.

Actuellement, les magasins de producteurs sont donc en pleine extension. Ils représentent

un chiffre d’affaires annuel de 2,2 millions d’euros, chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis

quinze ans. Les témoignages montrent que les points de vente collectifs permettent de sauver,

de maintenir et de créer des emplois.

36 Citations tirées de la monographie de Douz’Arômes datant de février 2007 (CARREE Typhaine, PIOVESAN Laetitia, POIRIER Amélie)

Page 53: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

52

3.3.3 - Les ventes par panier

Rappelons que les dispositifs étudiés concernant la vente par panier sont tous issus d’une

volonté des consommateurs. Ce sont généralement des personnes convaincues par l’idée de

se réapproprier leur mode de consommation. C’est pourquoi ils ont coutume de se qualifier de

« consom’acteurs ».

- Les Paniers de St Gilles (carte 3)

Ils sont créés en mai 2006 par des membres de l’association SGNE (St Gilles Nature

Environnement). Nés de l’idée de construire un mode de consommation différent et plus

responsable, l’objectif est de s’affranchir du simple acte d’achat en créant un lien direct entre

le producteur et le consommateur. Cette démarche qui se veut environnementale par l’achat

de produits locaux biologiques et fermiers, permet la distribution de vingt-cinq paniers

hebdomadaires provenant de cinq producteurs. Ils proposent deux prix de paniers de légumes

différents, le premier à sept euros et le second à treize euros. D’autres produits peuvent

compléter le panier comme le pain, le fromage, le lait, la viande de porc ou le jus de pommes.

Le poids économique de leur activité sur une année (cinquante semaines de fonctionnement

dans l’année) représente au moins 20 000 euros37 répartis sur les trois producteurs de légumes,

fromage et pain.

Les commandes sont gérées mensuellement par l’organisation collective dans le but de

responsabiliser le « consom’acteur » dans son acte d’achat. L’investissement est individuel

mais contribue à la démarche collective puisque les responsabilités (récupération des paniers,

échanges d’informations, dialogue avec les producteurs…) sont partagées chaque semaine à

tour de rôle. Ainsi tout le groupe est plus ou moins en contact avec leurs producteurs qui eux

mêmes organisent des visites ponctuelles de leurs exploitations (dans le cadre de la méthode

NESO). Les commandes se font via leur site Internet et la distribution des paniers a lieu tous

les jeudis de 18h30 à 19h30 dans le bourg de St Gilles après que certains des

« consom’acteurs » aient préparé les paniers pendant une heure.

La majorité des membres habite la commune et il a été décidé que pas plus de cinq

« consom’acteurs » par commune limitrophe pouvaient intégrer le mouvement. Cela dans le

but d’encourager la création de nouvelles démarches locales.

37 Calcul basé sur les chiffres communiqués par Pascal Aubrée, un des deux initiateurs des Paniers de St Gilles : les chiffres d’affaires représentent environ par mois 1000 euros pour le maraîcher, 400/500 euros pour le producteur de fromage et 200/300 euros pour le paysan-boulanger. Le calcul est basé sur une moyenne de vingt-cinq commandes hebdomadaires.

Page 54: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

53

- Vivres en Commun (carte 3)

Plus qu’une organisation d’achat de paniers, c’est un groupement d’achat. En effet, ce

groupe constitué en 2006 et formé aujourd’hui d’une vingtaine d’adhérents, se fournit auprès

de trois producteurs locaux (produits laitiers, fromage, légumes), en produits transformés

(pain, galettes), mais également en produits internationaux mais issus du commerce équitable

(thé, café, huile, riz, pâtes, assaisonnements…). La gamme est complétée par des commandes

ponctuelles en papier à écrire et papier hygiénique à une entreprise de collecte et de recyclage

rennaise. Le prix du panier est donc très variable puisque chacun peut commander en début de

mois la quantité de produits selon sa convenance.

Les deux personnes initiatrices du groupement travaillent dans la structure de commerce

équitable qui fournit Vivres en Commun. Ils ont lancé le projet en septembre 2006 en

envoyant des mails aux personnes de leur réseau susceptibles d’être intéressées. Les

personnes présentes un an après s’avèrent être issus de milieux et d’âges différents. Des

jeunes étudiants aux actifs pères et mères de famille, ils ont tous en commun d’être sensibles

et conscients du monde politique et économique dans lequel ils vivent, mais dont les affinités

avec ce dernier se veulent alternatives et non-conventionnelles. Choisir son type

d’alimentation est en effet une façon de réagir face à la consommation de masse et à la

nébuleuse capitaliste qui l’entoure. Vivres en Commun permet à ses adhérents d’agir

concrètement et collectivement sans s’être pour autant constitué en association. Aussi, les

réunions mensuelles sont l’occasion de se rencontrer, discuter, échanger sur les évènements

culturels, politiques ou autres de la ville.

Les commandes se font une fois par mois sur le site Internet : une commande de produits

frais par quinzaine et une autre de produits secs par mois. Les « consom’acteurs » se partagent

les tâches de préparation des paniers dans un local prêté par un des « prod’acteurs ».

Leurs ambitions sont de diversifier la gamme des produits alimentaires pour pouvoir

s’affranchir un maximum des GMS, accueillir de nouveaux adhérents pour arriver à une

quarantaine de membres et parrainer d’autres structures similaires lorsqu’ils ne pourront plus

intégrer d’autres personnes aux groupes. En effet, il s’agit d’atteindre un nombre d’adhérents

respectable pour amortir au maximum l’empreinte environnementale des producteurs tout en

gardant un groupe à taille et à vie humaine38.

38 L’auteur de ces lignes est membre du groupement d’achat. Les informations concernant Vivres en Commun sont la synthèse des réunions mensuelles du groupe.

Page 55: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

54

- Le Panier Hiroko (carte 3)

Il est constitué d’une vingtaine d’adhérents et de sept producteurs en production

biologique ou durable de fruits et légumes, pain, fromage et œufs. L’initiative vient d’une

anthropologue responsable d’un programme de recherche concernant la vente directe39 et

soucieuse de mettre en pratique une démarche proche de celle du Teikei, référence japonaise

de la vente directe.

L’objectif est d’associer producteurs et consommateurs pour la promotion d’une

agriculture locale et saine en valorisant la coopération au sein et entre les deux groupes par

une communication et une confiance mutuelle. La production est planifiée après une

concertation entre les participants du réseau et le prix du panier est établi de manière équitable

dans l’esprit d’avantages mutuels. Il ne s’agit pas d’une simple relation achat-vente mais

d’une initiative de citoyens voulant favoriser collectivement une économie locale, durable et

autonome.

Les paniers sont distribués chaque semaine dans un local situé en centre-ville de Rennes et

dont les heures d’ouverture concordent avec celles du marché voisin, ceci dans le but

d’éventuellement compléter son panier. Le prix du panier est de douze euros payable à

l’avance chaque trimestre.

3.3.4 - Les modalités qui n’ont pas été enquêtées

Si la totalité des modalités présentes sur le territoire de Rennes Métropole n’a pu être

enquêtée, le recensement a tout de même permis de les répertorier et d’en dénombrer les

dispositifs (à l’exception de la vente directe à la ferme).

- La restauration collective

Les circuits courts sont représentés dans la restauration collective uniquement par le GIE

Manger Bio. Il est formé de dix-sept producteurs (quatre font partie de Rennes Métropole)

dont cinq maraîchers, trois producteurs de pain, trois de produits laitiers, deux de viande, deux

d’œufs et deux de pommes40. La majorité de ces producteurs sont déjà présents dans les autres

dispositifs enquêtés (ventes par panier, points de vente collectifs). Le GIE fournit les cantines

de quatorze communes de Rennes Métropole avec des fortes variations de régularité et de

39 Hiroko Amemiya, anthropologue, université de Rennes 2 Haute Bretagne, responsable du PRIR (Programme de Recherche d’Intérêt Régional) « Vente Directe Bretagne-Japon ». Les résultats sont parus en juin 2007 dans l’ouvrage intitulé : « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », PUR. 40 Les informations concernant le GIE Manger Bio sont issues d’un entretien avec Sophie Janin, responsable de la restauration collective.

Page 56: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

55

contenus dans les commandes. Ainsi une grosse cantine peut servir du pain bio

quotidiennement et une petite cantine proposer un repas bio une fois par mois.

Le dynamisme de cette modalité s’exprime dans le fait que la personne ressource ayant

fourni les informations du GIE Manger Bio ne souhaite que ne l’on divulgue que très peu de

données les concernant. En effet, la concurrence dans ce domaine se fait de plus en plus sentir

car la demande est plus forte (en 2006 le chiffre d’affaires du GIE a augmenté de 40%). Les

entreprises de restauration collective utilisant les circuits longs commencent à s’immiscer

dans le domaine biologique et prennent peu à peu des parts de marché au GIE Manger Bio.

Cette activité a permis de créer un emploi à temps partiel.

- La vente directe à la ferme

La vente directe à la ferme est sûrement la modalité la plus difficile à comptabiliser. Le

RGA de l’année 2000 (Recensement Général Agricole) fournit des données s’en rapprochant

mais ne permet pas d’identifier les fermes concernées. En Ille et Vilaine, 761 exploitations

soit 5% des exploitations totales ont déclaré pratiquer la vente directe en 200041. Cependant,

pratiquer la vente directe ne signifie pas forcement vendre ses produits sur le lieu de son

exploitation. Il faut également signaler que la vente à la ferme n’est pas pratiquée avec la

même intensité par tous les producteurs. Par exemple, un maraîcher en production biologique

peut vendre tous ses produits en circuits courts dont une partie à la ferme, en tenant une

permanence un jour par semaine sur l’exploitation. A contrario, un producteur bovin

conventionnel peut abattre un seul veau par an pour le vendre en caissette à ses voisins ou

amis.

La vente directe à la ferme est donc une activité très peu visible. Pour la mesurer

entièrement, il suffirait d’inscrire une question supplémentaire lors du prochain RGA

concernant la pratique ou non de vente directe. Cette question semble déjà avoir été posée lors

d’une enquête structure en Ille et Vilaine mais les résultats restent inaccessibles.

- La vente par Internet

Les organisations de vente de panier issues d’initiatives de consommateurs indiquent déjà

l’usage d'Internet pour faciliter les commandes. Aussi, il existe trois systèmes de vente de

panier multi-produits avec livraison à domicile42.

41 Chiffres tirés de : « L’agriculture participative, dynamique bretonne de la vente directe » sous la direction de Hiroko Amemiya, 2007. 42 Les sites Internet correspondant : www.amisdelaferme.fr, www.dupanieralassiette.fr, www.le-panier-des-saveurs.com .

Page 57: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

56

Un groupement de producteurs (« Les Amis de la Ferme ») s’est constitué en 2007 pour

proposer en ligne ses paniers multi-produits (légumes, viande, pain, produits laitiers,

boissons) et les livrer chaque semaine directement aux domiciles des consommateurs. Parmi

les douze exploitations concernées, on retrouve des producteurs déjà présents dans d’autres

dispositifs étudiés (Brin d’Herbe, Douz’Arômes…). Les communes principalement desservies

correspondent à celles de l’agglomération rennaise. Pour le reste de l’Ille et Vilaine, le prix de

la livraison est majoré sauf lorsque celle-ci dépasse les quarante-neuf euros.

Deux autres ventes de ce type existent également mais dont la principale différence réside

dans le fait qu’il s’agit là d’intermédiaires. En effet « Le Panier Fermier » et « Du Panier @

l’Assiette » sont des entités économiques propres proposant une gamme de produits larges

dont certains viennent de producteurs locaux.

- Les Biocoops

Les magasins Biocoops SCARARBEE43 sont au nombre de trois : un situé à Rennes et

deux autres en périphérie (Cesson Sévigné et St Grégoire). Ce sont des magasins spécialisés

dans l’alimentation biologique et autres écoproduits. La liste de leurs producteurs n’a pu être

connue et aucun des producteurs recensés n’a déclaré approvisionner ces magasins. Il n’en

demeure pas moins que leur politique est de s’approvisionner au plus près lorsqu’il s’agit de

produits frais. L’usage des circuits courts n’est ici pas vérifié.

Un autre magasin de produits biologiques existe à Rennes (Azur Bio). Il vend le même

type de produits que les magasins SCARABEE et déclare s’approvisionner pour certains

produits seulement, directement chez le producteur (pommes de terre, œufs, pommes).

- Les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces)

Il est difficile pour les circuits courts de tenir une place dans les GMS. Les grandes

surfaces, comparées aux moyennes surfaces, peuvent plus facilement se permettre de proposer

des produits locaux représentant peu dans leur chiffre d’affaires lorsque celui-ci est fait en

majeure partie par les produits de multinationales. Les produits présents sont qualifiés de

produits locaux et contiennent pour la plupart une forte valeur ajoutée (pain, cidre et produits

transformés). Mais un produit local ne signifie pas qu’il est un produit en circuit court. Ainsi,

le super marché de l’enseigne U de la commune périurbaine de Vern sur Seiche a la

43 SCARARBEE : Société Coopérative d'Alimentation Rennaise Biologique et Écologique

Page 58: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

57

réputation de soutenir la culture bretonne (signalétique en breton, produits bretons)44. Les

produits bretons que l’on trouve au rayon « produits équitables et régionaux » sont fournis en

grande partie par le distributeur « Produit en Bretagne » que l’on retrouve dans un catalogue

« BienvenUe en Bretagne ». Ces produits peuvent être ainsi distribués dans tous les magasins

U de la région. Par conséquent, ces produits venant de transformateurs, passant par un

distributeur pour être mis en rayon dans une entreprise à part entière, ne font pas partie des

circuits courts.

De plus, ce rayon représente uniquement 1 à 2% du chiffre d’affaires de l’alimentaire. Le

choix de ces produits est donc « purement stratégique et répond aux critères de la cliente

« bobo » repérée lors de l’étude de marché ». C’est aussi un choix de « permettre aux PME

bretonnes de se développer face aux multinationales et de maintenir le tissu économique».

Un produit local pourra être vendu en circuit court dans ce magasin s’il est capable de

répondre à ces exigences :

- « remplir les garanties au niveau de la traçabilité et de la qualité du produit »

- « avoir les structures humaines pour pouvoir livrer tous les deux jours parce le client

demande à avoir le produit présent du 1er janvier au 31 décembre »

- « il faut que le produit dégage assez de volume pour justifier les frais de déplacement

pour nous livrer régulièrement »

Il s’agit pour le producteur d’être structuré et d’avoir un schéma de livraison rentable en

proposant une variété de produit et ne pas être mono-produit.

La principale différence avec un point de vente collectif est qu’il n’y a pas de contact avec

le client pour conseiller et excuser les variations d’achalandage de produit. De plus les points

de vente collectifs font beaucoup plus de marge sur un produit alors que « le super marché

travaille entre 18 et 20% de marge. La seule solution est de faire du volume ».

Pour conclure, les résultats de l’enquête montrent l’importance accordée au goût du

produit comme exigence du consommateur mais aussi comme premier signe de réussite du

producteur en tant que vendeur de son produit. Le deuxième aspect incontournable est le lien

social créé à travers le contact permanent et nécessaire de l’échange.

L’offre satisfaisant la demande en qualité mais pas en quantité, les circuits courts se sont

développés sur le territoire de Rennes Métropole à travers plusieurs modalités : les marchés,

les points de vente collectifs, la vente par panier, la vente à la ferme, la restauration collective,

44 Les informations et citations constituant ce paragraphe sont tirées d’un entretien avec le directeur du Super U de Vern sur Seiche (11/06/07), magasin qui a ouvert ses portes en avril 2006.

Page 59: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

58

la vente par Internet, les magasins de produits biologiques et en moindre mesure les GMS.

Toutes ces modalités montrent un dynamisme certain par l’augmentation du nombre de

dispositifs et surtout pour certaines d’entre elles, par l’innovation en terme d’organisation des

producteurs (point de vente collectif) et des consommateurs (système panier).

Sur le territoire, l’implantation départementale de la production, la proximité « lieu de

vente-consommateur » et l’augmentation de l’intensité de la fréquentation des lieux de vente

démontrent une plus forte opacité de l’espace que dans le système production-distribution-

consommation conventionnel45.

Du lien social créé par les circuits courts à leur implantation départementale, peut-on

considérer qu’ils valorisent le territoire?

4 - LES ELEMENTS ESSENTIELS DE LA RECHERCHE

Après avoir analysé les circuits courts de la communauté d’agglomération de Rennes, on

peut établir un premier constat, partiel, car relevant uniquement de ce travail, de la plus value

territoriale qu’ils apportent. Il s’agira d’abord d’extraire les éléments communs ainsi que les

particularités de chacune des modalités suite à l’analyse des dispositifs.

4.1 - La valeur commune aux modalités : l’hédonisme

Les motivations de fréquentation des consommateurs font ressortir quatre propriétés

déterminant l’usage des modalités (figure 12). Le bien-être regroupe les motivations « goût »,

« fraîcheur » et « la confiance en l’agriculture biologique ». La confiance en l’échange

concerne « la relation au producteur », « l’accueil » et « la transparence de la transaction ». Le

consumérisme politique est constitué du « soutien aux paysans » de la « volonté de

consommer localement » et de la « connaissance du type de production ». Enfin la commodité

d’usage regroupe « la gamme disponible », « la commodité d’approvisionnement » et « les

horaires d’ouvertures ».

45 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires.

Page 60: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

59

Figure 12 : Comparaison des modalités à travers leurs propriétés (en %)46

Le schéma fait ressortir les similitudes des modalités par la convergence d’intérêt des

consommateurs pour le bien-être et la confiance en l’échange. Les divergences apparaissent

au niveau de la commodité d’usage des modalités et dans l’intention politique et éthique

donnée à la démarche.

Le point commun aux trois modalités est de nature hédoniste: la recherche du plaisir par

le bien-être à travers le goût du produit et par la confiance en l’échange.

Le bien-être par la

qualité des produits

souligne plusieurs

points : le goût des

produits est pour certains « retrouvé », dans le sens où il est un rappel des nourritures

d’autrefois. D’autres le considèrent comme un moyen de s’ancrer à un territoire par les

spécificités régionales synonyme de tradition. C’est aussi une forme de résistance à

l’uniformisation des goûts provoquée par le modèle agro-industriel.

L’apport de la qualité des produits au bien-être est à relier, avec précaution, à la santé du

consommateur. De plus en plus, l’alimentation est prise dans un mouvement général de

46 Le calcul du pourcentage des différentes propriétés est basé sur les résultats des motivations (cf. tableau 3). Pour chacune des modalités, aux quatre propriétés ont été attribuées les trois motivations les plus significatives. Par exemple à la propriété « bien-être », on a attribué les motivations « goût », « fraîcheur » et « la confiance en l’agriculture biologique ».

Marchés Points de vente collectifs

Systèmes de paniers

Motivations Faible forte faible Forte faible forte

Le goût 26 74 0 93 14,5 64

La fraîcheur 19 81 0 86 25 53,5

Page 61: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

60

« médicalisation de la société »47 ce qui place les agricultures biologiques et durables comme

des remèdes potentielles à un problème sanitaire plus ou moins fondé. Néanmoins, certains

consommateurs étant persuadés des vertus qu’ils attribuent à leur alimentation, leur bien-être

s’en trouve alors conforté.

La relation directe

entre le producteur et le

consommateur est un

facteur indispensable au

bon fonctionnement

d’une modalité. Aimer le

contact avec le client est la première condition évoquée pour pouvoir pratiquer le métier de

producteur-vendeur. Le consommateur envisage la relation avec le producteur de telle sorte

qu’elle soit agréable à vivre. Il accorde en effet beaucoup d’importance à la qualité de

l’accueil.

Aussi, les deux acteurs de l’échange se plaisent à entretenir une relation constructive

porteuse d’une nouvelle forme de solidarité. Ces nouveaux comportements collectifs

permettent de créer un lien social et d’établir à travers ces vertus participatives, une

perspective de vivre-ensemble et de vivre-mieux, commune à un même territoire.

4.2 - Les particularités des modalités

Il s’agit maintenant d’identifier dans les modalités, les particularités de fonctionnement et

d’implantation territoriale, facteurs de création du lien social et territorial.

4.2.1 - Le marché : un terroir en bas de chez soi

Le marché est associé à la détente et à la convivialité. C’est l’assurance de trouver des

produits régionaux de qualité à travers l’idéalisation des nourritures d’autrefois, cela dans un

environnement agréable, service que n’offrent pas forcément les commerces alimentaires

sédentaires (GMS). Le marché permet d’instaurer une relation entre l’alimentation, son

territoire et le rappel du passé (aspect traditionnel des produits). Il valorise ainsi le terroir.

L’aspect de plaisir présent dans la fréquentation des marchés est associé également au contact

direct avec le producteur et à l’ambiance de voisinage qui y règne. Faire le marché correspond 47 REGNIER F., LHUISSIER A., GOJARD S., 2006, Sociologie de l’alimentation.

CONSOMMATEUR Marchés Points de vente collectifs

Systèmes de paniers

Motivations faible forte Faible Forte faible forte

La relation avec le producteur 43 57 20,5 55 14,5 71

PRODUCTEUR Echantillon total Motivations Faible Forte La relation avec le consommateur 19 62

Page 62: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

61

à du temps libre passé en bas de chez soi, à nouer des liens avec sa commune ou son quartier.

C’est aussi un lieu d’expression de la population, une sorte d’agora moderne.

Cependant, on peut se demander si le marché est un lieu de mise en vente obsolète ou

dynamique. C’est bien sûr une tradition commerciale mais dont le fonctionnement ne semble

guère avoir évolué. Le conseil communal décide de l’orientation mercantile (alimentaire ou

manufacturier) du marché et le placier se charge d’en maintenir la cohésion. Un nombre de

commerçants permanents est défini alors que chaque matin de marché, le placier distribue par

tirage au sort les places restantes aux commerçants passagers. Les producteurs-vendeurs sont

en quelque sorte tributaires de la commune alors que ces derniers contribuent à son

dynamisme.

Ces marchés apportent une plus value économique à la commune dans le sens où ils sont

complémentaires des commerces sédentaires et leur apportent une clientèle potentielle. Ils

tiennent le rôle ponctuel de service alimentaire de proximité auprès de consommateurs

sédentaires ce qui oblige les producteurs-vendeurs à élaborer une stratégie nomade de vente.

Stratégie qui permet, lorsqu’elle est bien construite, de faire des marchés une activité à part

entière. D’autres au contraire la considère comme un complément d’activité et se tournent

vers d’autres modalités apparemment moins contraignantes d’un point de vue du temps de

travail.

4.2.2 - Le point de vente collectif : mettre un visage sur un produit

Le point de vente collectif est un substitut de qualité à la supérette dans le sens où la

priorité des consommateurs est de retrouver des produits bons pour la santé dont la garantie de

qualité vient du fait que le vendeur soit le producteur. Le lien relationnel avec le producteur

permet de mettre un visage sur le produit consommé ce qui est un gage de confiance. Ce

substitut de qualité à la supérette vaut aussi pour le producteur qui de cette manière

s’affranchit des circuits de la grande distribution et reprend ainsi un pouvoir de décision sur sa

production.

Cette modalité offre une large gamme de produits et mobilise par conséquent de

nombreux producteurs. La concertation permet aux producteurs de mettre en valeur le produit

en se construisant une identité propre à leur magasin. Les groupements de producteurs,

souvent en GIE, ont une organisation interne fonctionnant de telle sorte que la prise de

décision soit collective. Ce mode de fonctionnement demande une nouvelle organisation du

temps de travail (réunion, permanence au magasin) mais peut être ressentie comme un

nouveau plaisir par le sentiment d’innover en diversifiant ces tâches.

Page 63: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

62

La diversité de l’offre engendre des économies d’agglomération mais mobilise de

nombreux producteurs et donc une grande aire d’approvisionnement. Celle-ci englobe celles

des autres modalités (carte 7) qui elles, n’ont pas à faire face à la même exigence du

consommateur. La complémentarité de la gamme fidélise au maximum la clientèle et atténue

les interactions avec les autres modalités. De la même manière, un producteur adhérent fournit

régulièrement le magasin ce qui lui assure un revenu régulier. L’investissement en temps dans

le fonctionnement du point de vente collectif et l’assurance d’un revenu font prévaloir cette

modalité sur les autres.

4.2.3 - Le système de panier : soutenir l’agriculture locale

Derrière le système de vente par panier se cache une volonté des deux acteurs de remettre

le mode de l’échange en question. Les « consom’acteurs » cherchent à responsabiliser leurs

actes par le soutien de l’agriculture locale tandis que les « prod’acteurs » tendent vers une

agriculture aux pratiques durables ou biologiques. Il existe en effet un dynamisme mutuel

dans l’échange qui permet de crédibiliser une démarche apparemment atypique mais

néanmoins innovatrice. En effet, le mode d’échange se fait par la concertation des deux

acteurs pour que chacun en tire le meilleur parti.

La transparence de l’échange est la clé du bon fonctionnement de la modalité. L’écriture

d’une charte par les « consom’acteurs » permet de mettre leurs objectifs et critères à plat pour

élaborer leur stratégies d’approvisionnement. L’intérêt de la modalité est de considérer le

producteur en tant qu’interlocuteur de la démarche et de soutenir sa production en lui assurant

un débouché régulier. L’élargissement de la gamme du panier implique de mettre les

producteurs en relation pour faciliter l’approvisionnement ce qui permet de créer une

dynamique entre les producteurs.

Les volontés des groupes de « consom’acteurs » ne sont pas toutes les mêmes et certains

privilégient la proximité du producteur au type de production ce qui, sur le territoire, dessine

des aires d’approvisionnement reflétant leur idéologie. De plus, cette modalité suggère de

fortes interactions car d’une part, un groupement de vingt personnes ne peut pas constituer

l’unique débouché d’un producteur et d’autre part, un consommateur a besoin de compléter

son panier dans d’autres circuits.

Les interactions au niveau de la mise en vente et de la consommation entre les trois

modalités, provoquent un dynamisme. Celui-ci est alimenté par le réseau social de la demande

et de l’offre soutenus par les complémentarités qui s’effectuent entre ces deux réseaux.

Page 64: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

63

4.3 - La dynamique des circuits courts alimentaires

On peut d’ores et déjà établir un premier constat à propos de la dynamique territoriale et

du lien social engendré par les circuits courts alimentaires dans un espace urbain et périurbain.

4.3.1 - La dynamique territoriale

Les circuits courts alimentaires sont de plus en plus dynamiques sur le territoire et à

l’intérieur même des dispositifs, de part le nombre d’emplois concernés et de part la

dynamique économique.

Frédéric Dénéchère a estimé l’impact économique sur le territoire de Rennes Métropole à

environ 235 emplois pour un chiffre d’affaires de sept à douze millions d’euros48. Le système

de circuits courts alimentaires présent sur la communauté d’agglomération peuplée de 400000

habitants, nécessite une aire d’approvisionnement majoritairement départementale. Ainsi, la

diversité des produits proposée dans les lieux de vente, due à la largeur de la gamme ou aux

exigences de la demande (agriculture biologique) est représentée dans un rayon proche des

cinquante kilomètres aux quatre azimuts.

48 DENECHERE F. 2007, « Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation », mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne.

Page 65: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

64

Carte 7 : Les différentes aires d’approvisionnement en fonction de la modalité

Page 66: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

65

Les modalités étudiées montrent la convergence des initiatives vers les dispositifs situés

en proche périphérie de Rennes (les points de vente collectifs et gros marchés) et dans son

centre-ville (ventes par panier et marché des Lices). Elles concordent ainsi avec les fortes

densités de population et donc de consommation. La concordance de la taille des marchés

périurbains et de la taille des villes en est la preuve.

Aussi, le rythme de travail de la demande influe largement sur la commodité d’usage des

modalités, donc sur le lieu d’implantation du lieu de vente et sur les heures d’ouvertures.

La proximité des circuits courts se justifie à travers la position stratégique des lieux de

vente situés au cœur des bassins de consommation et comme évoqué précédemment, par le

faible rayon d’approvisionnement de cinquante kilomètres.

4.3.2 - Le réseau social: facteur dynamique des modalités

L’évolution des types de mise en vente des produits montre clairement un dynamisme par

l’augmentation du nombre de dispositifs mais également par l’innovation des modes

d’organisation tendant vers plus de concertation entre producteurs, consommateurs, et

producteurs-consommateurs.

Aussi, les modes de mise en vente ont chacun leur organisation particulière mais

permettent tous le contact direct entre le producteur et le consommateur, aspect primordial de

l’échange court puisqu’il permet une meilleure transparence de l’échange sécurisant l’acte

d’achat et valorisant le travail du producteur. Derrière cela, ce contact créé un lien social que

les deux acteurs prennent plaisir à entretenir. Les circuits courts semblent fonctionner sur une

base commune ; la recherche du bien-être à travers l’amélioration du mode d’échange qui

permet au producteur de valoriser sa démarche et au consommateur de mieux consommer. La

bonne santé des circuits courts est à relier impérativement à la qualité de la production qui

répond à l’attente principale du consommateur : le goût du produit.

Page 67: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

66

Figure 13 : Caractéristiques des modalités du point de vue du consommateur

La figure 13 met en valeur les caractéristiques sur lesquelles se repose le réseau social de

la demande. Le bien-être comme l’apport fédérateur des trois modalités. Il apparaît des

fonctions secondaires dont deux d’entre elles valorisent le lien social par « la convivialité du

lieu d’achat » et les relations de « voisinage ». Le « consumérisme politique» est une fonction

propre aux modalités du point de vente collectif et du système panier mais le réseau social

qu’il engendre est sûrement beaucoup plus large que ce que laisse paraître les circuits courts

alimentaires.

La multiplication des contacts réguliers qu’engendre la fréquentation des trois modalités

étudiées, est directement liée au fait de vivre, de consommer et vendre, sur un même espace.

En ce sens, le territoire en tant qu’entité spatiale entraîne pour ceux qui y vivent, des relations

locales volontaires (liberté du choix du mode de consommation et de vente) ou déterminées

par la proximité du lieu de vente et par la tradition du type de production et de vente (reprise

d’activité). La proximité est importante dans le lien social car elle permet la récurrence des

rencontres et favorise leur renforcement et leur complexification.49

49 OFFNER J.M, PUMAIN D., 1996, Réseaux et territoires, significations croisées

Page 68: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

67

Ainsi, le lien social présent dans les circuits courts se caractérise par la création de réseaux

dynamiques dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. Les

interactions entre consommateurs et producteurs permettent une meilleure diffusion de

l’innovation concernant l’amélioration des types de fonctionnement des modalités, des modes

de cultures ou encore des manières de consommer.

Cependant, il n’y a pas de création de territoire spécifique au système des circuits courts

étudié car la cohésion autour d’un objectif commun n’existe pas parmi les acteurs et donc ne

permet pas de s’identifier autour d’une identité collective. Mais peut être que l’attrait commun

pour le goût du produit en l’occurrence départementale, est un premier pas vers la

reconnaissance d’un terroir commun. Ce souci d’inscription dans le passé serait la possibilité

de création d’une identité collective dans les réseaux des circuits courts. L’identité collective

permettrait également une meilleure conscientisation de l’environnement en tant qu’espace

vécu au quotidien.

5 - QUEL APPORT DES CIRCUITS COURTS A L’ENVIRONNEMENT ?

A l’approche de ce travail, l’hypothèse de l’intérêt environnemental des circuits courts

alimentaires était la cause de mon implication personnelle dans ce projet.

Il s’avère que cette étude et les autres travaux menés en parallèle (F. Dénéchère, A.

Cardona, B. Perez-Zapico), constituent les premières démarches allant vers l’identification de

la plus value territoriale des circuits courts alimentaires (projet SALT). L’objectif prioritaire

n’était donc pas d’appréhender la valeur environnementale.

Après ces premiers résultats, on peut se demander si les circuits courts alimentaires

peuvent être un levier d’action pour une meilleure gestion environnementale ?

Nous évoquerons dans un premier temps, la pertinence de l’échelle de la communauté

d’agglomération. Ensuite, sera évoqué le rôle de la gouvernance dans la valorisation de

l’agriculture périurbaine.

5.1 - La communauté d’agglomération comme espace de vie

Pour inciter chacun à mieux protéger son environnement, encore faut-il être conscient de

participer à sa dégradation. La mise en valeur de l’environnement en tant qu’espace de vie

Page 69: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

68

peut permettre à la conscience citoyenne d’être plus efficace lorsqu’elle est sollicitée. Cette

idée est confirmée dans les documents d’aménagement du territoire du Pays de Rennes. On

peut y lire que le fondement du PADD50 est « l’appartenance à un même bassin de vie ».

5.1.1 - La conscience citoyenne

Cette étude a montré, par le consumérisme politique des consom’acteurs, et l’implication

des producteurs dans l’échange, une volonté de se réapproprier le territoire. Certaines

modalités font appel à la concertation pour améliorer l’échange dans sa forme mais également

dans sa finalité. Ce dynamisme peut être un moteur pour une gestion environnementale locale

citoyenne.

L’acte d’achat est pour certains ressenti comme une action exprimant des choix de société.

La consommation engagée « consiste à privilégier certains actes d’achat par rapport à

d’autres en fonction de ce qu’ils impliquent au niveau économique, social,

environnemental »51. Cette consom’action, par le lien fort existant dans l‘échange, a tendance

à faire évoluer l’offre vers des productions plus saines d’un point de vue environnemental.

Aussi, l’enquête a démontré que les producteurs en agriculture biologique sont plus

sensibles à la diffusion de bonnes pratiques agricoles que les producteurs en agriculture

conventionnelle.

Il y a donc, dans les choix motivés de consommation et de production respectueux de

l’environnement, une dynamique qui s’opère sur les autres acteurs des circuits courts

alimentaires. Les lieux de vente concentrent, lorsqu’elle est présente, la prise de conscience

environnementale des acteurs de l’échange et peuvent en être le moyen de diffusion.

5.1.2 - Les lieux de vente : un rôle de diffusion

Il semble que les circuits courts alimentaires créent un nouvel espace de vie, certes

différents selon les modalités, mais dont la fréquentation des lieux par chacun contribue à

renforcer le lien qui se tisse entre la société et son espace. Il apparaît également que les

réseaux sociaux des modalités ont des interactions et rendent l’espace de vie dynamique et

innovant. La pratique régulière de ces nouveaux lieux de vie par les producteurs et

consommateurs, modifie les représentations qu’ils ont de leur espace, en l’occurrence urbain,

périurbain et rural.

50 PADD : Plan d’Aménagement et de Développement Durable 51 BUTON S., 2006, La territorialisation de l’économie, du système alimentaire à la réinvention du territoire

Page 70: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

69

Les lieux de vente sont en quelques sortes des nœuds où les rapports sociaux se

construisent. Rapports sociaux qui mettent en relation les mondes rural et urbain. Il s’agit de

saisir l’opportunité de ce dynamisme pour sensibiliser la population aux ressources de leur

espace de vie.

L’étude a pu montrer qu’une partie des acteurs est sensible à la construction d’une

dynamique collective dans un but de produire et de consommer « autrement ». Il faut à tout

prix entretenir cette démarche car on l’a vu, la concertation dans l’échange du producteur et

du consommateur va dans le sens de la protection de l’environnement (production biologique,

approvisionnement concerté, maintien des petites exploitations…).

Les circuits courts alimentaires sont donc la formidable occasion de relier la campagne à

la ville et de prendre conscience par leur dynamisme, du rôle de l’agriculture en tant que

potentiel nourricier et architecte-paysager. Il faut aider ce nouveau rapport au territoire qu’ont

les habitants, à s’enraciner, et à prendre une direction écologique.

5.2 - Quelle gouvernance pour l’agriculture périurbaine ?

L’apport des circuits courts alimentaires à la gestion de l’environnement nécessite une

coordination entre les réseaux. Les cartes de l’implantation des modalités, souligne un

ancrage dépassant le territoire de la communauté d’agglomération mais dont les lieux de vente

se concentrent dans les fortes densités de population. Rennes Métropole englobant les fortes

densités de population de Rennes et de la première couronne périurbaine, l’EPCI pourrait

jouer un rôle stratégique de coordination des circuits courts alimentaires en vue d’une

meilleure gestion environnementale de son territoire. Cette idée s’inscrit plus globalement

dans la nécessité de reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine pour faire

face à l’étalement urbain. « L’extension de la ville est en effet coûteux, atteint l’environnement

et met en péril socialement le territoire »52.

5.2.1 - Une coordination nécessaire

Rappelons d’abord l’enjeu de l’espace périurbain à Rennes Métropole. Entre les deux

derniers recensements 90-99, la communauté d’agglomération a connu la troisième plus

52 ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes.

Page 71: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

70

grande croissance urbaine après celles de Toulouse et Montpellier. L’objectif actuel est de

fournir 4500 logements par an53.

Il est donc nécessaire de coordonner les circuits courts alimentaires autour d’objectifs

territoriaux et environnementaux communs. En effet, la ressource foncière utilisée par l’offre

pour produire la denrée alimentaire est soumise à une forte spéculation dans les espaces

périurbains. Ainsi, les circuits courts alimentaires sont en concurrence avec l’étalement

urbain. Face à cela, ils se doivent d’être rentables du point de vue économique et compétitifs

du point de vue social et environnemental. On en revient ici aux valeurs hédonistes que

l’étude a permis de leur attribuer.

La pérennisation de la zone agricole est fondamentale pour le développement des circuits

courts alimentaires. Les documents d’urbanisme doivent affirmer la volonté du maintien de

cette zone agricole et ne pas considérer l’espace rural comme une simple réserve foncière. Les

élus locaux ont en charge la décision locale d’affectation des sols. Celle-ci est construite

autour d’un projet commun et consensuel qui s’inscrit à l’échelle de l’agglomération dans le

SCoT54.

Les circuits courts alimentaires ont une organisation territoriale particulière dont les

réseaux semblent être dynamiques mais peu coordonnés. Aider les acteurs de ces circuits à

aménager leur espace serait contribuer à la construction de l’identité territoriale. On peut

évoquer ici un des trois objectifs du SCoT du Pays de Rennes : « Placer l’habitant au centre

des choix pour optimiser la cohérence territoriale de la ville-archipel ».

Cependant, si la Chambre d’Agriculture départementale tient un rôle consultatif dans

l’élaboration des SCoT et PLU55, le monde agricole reste faiblement représenté dans la

planification urbaine. Les agriculteurs doivent se réinsérer dans la société locale et dans le

processus de décision. Ils tiennent un rôle fondamental dans la gestion de l’espace et doivent

être reconnus comme des interlocuteurs importants des aménageurs.

Dans le SCoT du Pays de Rennes est inscrit : « L’agriculture est très présente dans le

territoire et entretient des liens étroits avec la ville. Sa vitalité est un gage de maintien de

l’identité du Pays. Il est donc essentiel de maintenir les conditions de son bon

fonctionnement». Actuellement, un des moyens de maintenir un dynamisme dans l’agriculture

périurbaine est de reconnaître sa multifonctionnalité.

53 Informations tirées de l’allocution de Pascal Verdier du service Aménagement de l’Espace à Rennes Métropole, à la conférence de la sortie du livre L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe , le 28 juin 2007. 54 SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale. 55 PLU : Plan Local D’Urbanisme.

Page 72: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

71

5.2.2 - Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine

L’enjeu de la gouvernance tient dans le fait quelle doit permettre à la communauté

d’agglomération de valoriser l’agriculture comme activité participant pleinement à son projet

global de « vivre en intelligence »56 pour défendre son cadre de vie.

Il s’avère que la conception de l’agriculture périurbaine doit être multifonctionnelle par la

valorisation de son rapport de proximité avec le marché urbain et par son inscription dans le

projet urbain prenant en compte la dimension environnementale, la gestion des risques et la

gestion des paysages. Cependant, ces changements de légitimation de l’activité agricole sur

un territoire, et particulièrement en Bretagne, entraînent des changements dans les projets de

développement agricole qui nécessitent une forte concertation.

Cette multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine, lorsqu’elle est mise en valeur par

les circuits courts, correspond étroitement à celle qu’on accorde plus largement aux espaces

périurbains. Les fonctions de proximité et d’accessibilité des services, les fonctions de loisirs

et d’activités récréatives, les fonctions d’entretien de l’espace et de réservoir biologique et

naturel sont toutes valables pour l’agriculture utilisant les circuits courts et plus encore si elle

a une vocation agro-écologique.57

Le périurbain est propice au développement des circuits courts et l’évolution de l’activité

agricole dans cet espace entraîne des bouleversements des identités agricoles. Dans le cas de

la communauté d’agglomération rennaise, le modèle agricole breton est encore bien ancré

dans certaines mentalités. Il est donc nécessaire de travailler sur la valorisation de la

multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine, de montrer qu’un modèle agricole intensif

n’est pas compatible avec un espace périurbain harmonieux.

On peut évoquer comme exemple de valorisation de l’espace agricole périurbain, la

démarche faite par la Communauté d’Agglomération Garlaban-Huveaune-Sainte-Baume

située à l’est de Marseille : La première étape a consisté à établir une charte agricole de la

communauté d’agglomération. Le but était, lorsqu’il n’y avait pas de repreneur lors de

libérations de terrains, de porter la communauté d’agglomération comme partie prenante par

l’intermédiaire de la SAFER58. La seconde étape fut la prise en charge financière par la

communauté d’agglomération de la création d’un centre d’études techniques agricoles pour

l’amélioration de la technicité des exploitants. La troisième étape avait pour but la

valorisation des produits du terroir, ce qui a débouché sur la création d’une marque : « Les

56 Slogan officiel de la communauté d’agglomération de Rennes Métropole. 57 AMEMIYA H. (dir.) et Coll., 2007, L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe. 58 SAFER : Société anonyme d’Aménagement Foncier et d’Espace Rural

Page 73: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

72

Jardins du Pays d’Aubagne ». Enfin, le dernier objectif fut de mettre en place des CTE

(Contrats Territoriaux d’Exploitation) afin de renforcer les liens avec le territoire et améliorer

sa qualité59.

On a vu que la multifonctionnalité de l’agriculture inhérente aux circuits courts

alimentaires peut être un moyen de valoriser l’agriculture périurbaine face à l’étalement

urbain. Leur rôle de la gouvernance est de favoriser son inscription dans le projet urbain et de

lui conférer une dimension environnementale.

En conclusion, on voit la nécessité d’une concertation entre les acteurs à l’échelle de la

communauté d’agglomération rennaise. A travers la lecture du SCoT du Pays de Rennes, il

semble que des démarches allant vers la valorisation de l’agriculture périurbaine peuvent être

mise en place. Le développement des circuits courts alimentaires montrent qu’une partie de la

population est déjà sensibilisée par cette démarche territoriale. Il s’agit, pour les décideurs,

d’embrayer le pas et de faire en sorte que ce type d’utilisation de l’espace améliore nos modes

de vie.

La question purement énergétique de la pertinence des circuits courts face aux circuits

longs n’est pour l’instant pas vérifiable. Les méthodes employées (ACV60, empreinte

écologique) ne sont pas applicables à grande échelle alors que l’efficacité logistique, l’impact

environnemental de la production et l’optimisation des surfaces agricoles des ces circuits

méritent d’être évalués et comparés61.

L’apport des circuits courts alimentaires à la qualité de l’environnement est donc

principalement lié à une meilleure organisation de la ressource périurbaine.

59 ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes. 60 ACV : Analyse de Cycle de Vie, 61 DENECHERE F. 2007, Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation

Page 74: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

73

CONCLUSION

Pour conclure, nous allons revenir sur les principaux résultats obtenus. Ce travail a tenté

de visualiser l’inscription territoriale des circuits courts alimentaires sur le territoire de

Rennes Métropole et plus particulièrement, de montrer que les acteurs de l’échange

considèrent ce territoire comme leur lieu de vie.

Les motivations d’usages des dispositifs font ressortir la recherche commune du bien-être

par le goût du produit et par l’aspect agréable de l’échange. Le lien social créé se caractérise

par des réseaux dynamiques entre les dispositifs dont l’intérêt commun est lié au territoire : la

ressource alimentaire. L’acte d’achat prend une signification différente selon les modalités.

Ainsi, le marché permet de consommer des produits du terroir au plus près de chez soi, le

point de vente collectif est une manière de mettre un visage sur le produit et le système de

panier, de soutenir l’agriculture locale.

Le travail de terrain a permis de visualiser l’implantation territoriale des dispositifs du

territoire de Rennes Métropole. La proximité géographique entre les lieux de vente et les

consommateurs est évidente alors que l’aire d’approvisionnement est principalement

départementale. Les lieux de vente ont un fonctionnement compatible avec le rythme de

travail de la demande, de part les heures d’ouvertures et de part le lieu d’implantation. Le

dynamisme des circuits courts de Rennes Métropole est visible par l’augmentation du nombre

de dispositifs et surtout par l’innovation en terme d’organisation des producteurs et des

consommateurs.

Si l’on a pu faire ressortir les points communs et particularités des modalités, il a été

difficile de cerner les interactions qui valideraient un système de circuits courts territorialisé.

En premier lieu, et face à l’absence de données concernant le territoire de Rennes

Métropole, un recensement des dispositifs doublé d’une enquête producteur-consommateur

fut nécessaire. La taille importante de la communauté d’agglomération a dû obliger l’étude à

se concentrer sur l’examen de trois modalités : le marché, le point de vente collectif, la vente

par panier. Par la confrontation des résultats et de part le nombre de dispositifs étudiés, des

éléments essentiels ont pu être dégagés concernant la motivation principale liée au bien-être,

concernant les particularités de fonctionnement et enfin concernant les facteurs dynamiques.

A partir de ces éléments validant l’hypothèse que les circuits courts alimentaires permettent

de ressentir le territoire comme un lieu de vie, des pistes d’actions ont été envisagées afin

d’améliorer la gestion environnementale dans l’espace périurbain.

Page 75: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

74

A l’heure où la globalisation tend à effacer toute originalité territoriale et facilite la

désintégration économique du local, les circuits courts alimentaires sont l’occasion de

resserrer les liens territoriaux par l’intermédiaire d’une nécessité commune à tous :

l’alimentation. La difficulté de cerner la plus value territoriale des circuits courts alimentaires

légitime l’existence du projet SALT. Aussi, on a pu saisir l’enjeu de l’agriculture périurbaine

face à l’étalement urbain. Ne serait-il pas judicieux d’intégrer dans le développement local

l’approvisionnement alimentaire de la ville ?

Page 76: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

75

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages AMEMIYA H. (dir.) et Coll., 2007, L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe, PUR, 210 p. DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires, Nathan, 311 p. DI MEO G. (dir.) et Coll., 1996, Les territoires du quotidien, L’Harmattan, Géographie Sociale, 208p. FRCIVAM des Pays de la Loire, 2005, Le dictionnaire des circuits courts, 47 p. LATOUCHE S., 2004, Survivre au développement, Mille Et Une Nuits, 126 p. MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE, 2006, Mobilité transport et environnement. Rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement. OFFNER J.M, PUMAIN D., 1996, Réseaux et territoires, significations croisées, l’Aube, 275p. POCHON A., 2006, Les sillons de la colère, la malbouffe n’est pas une fatalité, La Découverte, 143p. REGNIER F., LHUISSIER A., GOJARD S., 2006, Sociologie de l’alimentation, La Découverte, 116 p. RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale, Presses de Sciences Po, 442 p.

Articles ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes, 52p. ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2001, Ville et agriculture, complémentarité ou contradiction des politiques locales, nationales et européennes, Les Séminaires de Terres en Villes, 63p BOULANGER P-M., Les indicateurs de développement durable : un défi scientifique, un enjeu démocratique, Les séminaires de l’IDDRI n°12, Institut pour un développement durable, Belgique, Juillet 2004, 24p

COMELIAU C., Développement du développement durable, ou blocages conceptuels ? , Tiers-Monde, n°137, janvier-mars 1994.

FLASH D’OCTANT, INSEE Bretagne, n°124, Janvier 2007. FLASH D’OCTANT, INSEE Bretagne, n°94, Janvier 2004. FLEURY A., Quelle ingénierie pour l’agriculture de la ville durable ?, Natures Sciences Sociétés 14, 399-406, 2006. FOURCADE C., Les SYAL : au croisement des formes de proximité ? Cinquièmes Journées de la Proximité « La proximité, entre actions et institutions », 28-30 juin 2006 Bordeaux, 16p. FOURCADE C., Des dynamiques de proximité innovantes : le cas des SYAL en France. Colloque International ALTER 2006, 18-21 octobre 2006 Jaén, 22p. LE CARO Y., La vente directe dans le tissus socio-spatial en Bretagne : contribution d’un géographe, ESO n°24, mars 2006. LESCUREUX F., 2004, Les relations des agriculteurs au territoire au travers de la vente directe et de l’accueil à la ferme. Le cas de la région des Monts de Flandre, Ruralia n°15. MARECHAL G., L’agriculture durable, une pratique de décroissance soutenable ?, article en ligne sur le site de la FRCIVAM Bretagne. REDLINGSCHOFER B., 2006, Vers une alimentation durable ? Ce que nous apprend la littérature scientifique. Le courrier de l’environnement de l’INRA. SCIENCES DE LA SOCIETE, n°62, mai 2004, « Faire le marché autrement ».

Page 77: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

76

TERRITOIRES ET ENJEU DU DEVELOPPEMENT REGIONAL , Quelle contribution de l’agriculture périurbaine à la construction de nouveaux territoires : consensus ou tension, Communication au Symposium international, Lyon 9-11 mars 2005, 20p. TRANSRURAL INITIATIVES, n° 313, 4 juillet 2006, « Longue vie aux circuits courts ». TRANSRURAL INITIATIVES, n° 333, 8 mai 2007, « Longue vie aux circuits courts (2).» Documents universitaires BUTON S., 2006, La territorialisation de l’économie, du système alimentaire à la réinvention du territoire, mémoire de recherches de maîtrise et de DEA, université de la Rochelle, 106p. CARDONA A., 2007, La diffusion des circuits courts alimentaires : expression d’un changement dans le secteur agricole ?, mémoire de fin d’étude en Sciences Politiques, Paris. FRCIVAM Bretagne. DENECHERE F. 2007, Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation, mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne. TOURAINE E., 2001, « Les marchés non sédentaires dans la communauté d’agglomération rennaise, quels enjeux pour l’aménagement et le développement local ? », mémoire de Maîtrise de Géographie, Université de Rennes 2. Document audio Emission Cha Cha Tchatche, 21/08/2007, « l’alimentation durable », France Inter: Intervenant ; Christian REMESY (directeur de recherche à l’INRA, nutritionniste), Claude AUBERT (agronome, cofondateur de Terre Vivante), Claude BOURGUIGNON (Agronome indépendant au LAMS : laboratoire d’analyse des sols spécialisés dans l’étude écologique)

Site Internet

- www.bretagnealaferme.com - www.civam-bretagne.org - www.insee.fr - www.interbiobretagne.asso.fr - www.terresenvilles.org - www.agreste.agriculture.gouv.fr - www.amisdelaferme.fr - www.dupanieralassiette.fr - www.le-panier-des-saveurs.com

Page 78: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

77

LISTE DES SIGLES ACV Analyse de Cycle de Vie AMAP Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne EPCI Etablissement Public de Coopération Intercommunale FRCIVAM Fédération Régionale des Centres d’Initiative pour la Valorisation de

l’Agriculture et du Milieu rural GIE Groupement d’Intérêt Economique GMS Grandes et Moyennes Surfaces INSEE Institut National de le Statistique et des Etudes Economiques OGM Organisme Génétiquement Modifié PADD Plan d’Aménagement et de développement Durable PVC Point de Vente Collectif PLU Plan Local d’Urbanisme RGA Recensement Général Agricole SALT Système ALimentaire Territorialisé SAFER Société anonyme d’Aménagement Foncier et d’Espace Rural SCoT Schéma de Cohérence Territoriale SCARABEE Société Coopérative d’Alimentation Rennaise Biologique et Ecologique

TABLE DES CARTES

CARTE 1 : Le marché des Lices, aires d’approvisionnement et de consommation……...….35 CARTE 2 : Les points de vente collectifs, aire d’approvisionnement et lieux de vente…….36 CARTE 3 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de consommateurs………...37 CARTE 4 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de producteurs…………..…38 CARTE 5 : Les marchés de Rennes Métropole……………………………………….….….43 CARTE 6 : Les marchés de Rennes………………………………………………..……...…44 CARTE 7 : Les différentes aires d’approvisionnement en fonction de la modalité…………64

TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX

Table des figures : Figure 1 : Les Jardins du Breil……………………………………………………………..….0 Figure 2 : Exemple de la vente par panier : le panier mono-produit…………………….…..14 Figure 3 : Exemple de point de vente collectif, le magasin Brin d’Herbe…………………..18 Figure 4 : Part des différentes productions vendues dans les circuits courts de Rennes Métropole……………………………………………………………………………………..23 Figure 5: Origine de la production des circuits courts de Rennes Métropole……………..…33 Figure 6: Le marché des Lices à Rennes……………………….…………………………….41 Figure 7 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe au marché des Lices...45 Figure 8 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe dans les marchés de Rennes Métropole…………………………………………………………………………….45 Figure 9 : Nombre de marchés par jour……………………………………………………...47 Figure 10 : Nombre d’étals alimentaires en vente directe par jour de marchés…………..….48 Figure 11 : Les rayons légumes et produits laitiers d’un magasin Brin d’Herbe…………….50 Figure 12 : Comparaison des modalités à travers leurs propriétés (en %)………………...…59 Figure 13 : Caractéristiques des modalités du point de vue du consommateur…………...…66

Page 79: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

78

Table des tableaux : Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon (99 enquêtés)……………………………...….20 Tableau 2 : Caractéristiques de l’échantillon (42 enquêtés)…………………………………22 Tableau 3 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs sur la base de l’échantillon total (en %)……………………………………………………………………………………25 Tableau 4 : Hiérarchisation des motivations des producteurs utilisant les circuits courts (en %)……………………………………………………………………………………………..26 Tableau 5 : Choix du produit selon le lieu d’achat (% de consommateurs ayant cité le produit)………………………………………………………………………………………..27 Tableau 6 : Moyens de diffusion de l’existence des lieux de vente…………………………29 Tableau 7 : Comparaisons des motivations des producteurs en biologique et non-biologique……………………………………………………………………………………..31 Tableau 8 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs dans les points de vente collectifs (en%)……………………………………………………………………………….32 Tableau 9 : Corrélation entre le lieu de production et la fréquence de consommation du produit (en nombre de producteurs)…………………………………………………………..34 Tableau 10 : Eloignement du domicile au lieu de vente en temps (en %)…………………...39 Tableau 11 : Eloignement du domicile au lieu de vente en distance (en %)………………...39

TABLE DES ANNEXES ANNEXE 1 : Questionnaire destiné aux consommateurs……………………………………79 ANNEXE 2 : Questionnaire destiné aux producteurs………………………………..………81 ANNEXE 3 : Liste des marchés d’Ille et Vilaine………………………………...………….83 ANNEXE4 : Exemple de le base de données des marchés de Rennes Métropole établit suite au travail de terrain…...…………………………………………………………………...….90

Page 80: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

79

ANNEXE 1 : Questionnaire destiné aux consommateurs

Page 81: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

80

Page 82: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

81

ANNEXE 2 : Questionnaire destiné aux producteurs

Page 83: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

82

Page 84: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

83

Page 85: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

84

ANNEXE 3 : Liste des marchés d’Ille et Vilaine DIRECTION DE LA RÉGLEMENTATION ET DES LIBERTÉS PUBLIQUES.

-------------------------------------------------------- Bureau de l’Administration Générale et de la Réglementation. -------------------------------------------------------- Dossier suivi par Mme VEDEILHIE. Poste : 1438 --------------------------------------------------------

LISTE DES MARCHÉS ET DES FOIRES DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE.

= = = = =

Communes Marché Foire ou autre manifestation

ACIGNÉ mercredi : 8 H 30 à 12 H 30

ANTRAIN mardi : 8 H 00 à 13 H 00 2ème mardi d’octobre et le dimanche qui précède à partir de 8 H 00

ARGENTRÉ DU PLESSIS jeudi : 8 H 00 à 12 H 30 1er week-end de septembre : foire

BAIN DE BRETAGNE lundi : 8 H 30 à 12 H 30 foire dernier dimanche et lundi de novembre 8 H. à 19 H.

BAULON Foire braderie 1er dimanche de mai

BAZOUGES LA PÉROUSE jeudi : 8 H 30 à 13 H 00

BEAUCÉ vendredi 15 H à 19 H

BÉCHEREL Marché du livre à thème(1er dimanche de chaque mois) 10 H. à 19 H.

foire à la volaille, au foie gras et autres produits de la ferme : mi-novembre, dès le matin

BÉDÉE samedi : 8 H 30 à 13 H

BETTON dimanche : 8 H 00 à 13 H 00

LA BOUËXIÈRE jeudi: 8 H 00 à 13 H 00 Braderie annuelle en juillet de 7 H.. à 20 H.

BRUZ vendredi : 8 H 00 à 13 H 00

CANCALE dimanche : 8 H 30 à 13 H 00 Brocante juillet et Août

CESSON SÉVIGNÉ samedi : 8 H 00 à 13 H 30 Braderie : 1er dimanche d’octobre (8 H 00 à 20 H 00)

CHANTEPIE vendredi : 8 H 00 à 13 H 00 Braderie “ Marché aux Puces ” début juin sur le Centre Ville

CHAPELLE DES FOUGERETZ samedi : 8 H 30 à 13 H 00 fête de la confiture 3ème dimanche septembre

CHARTRES DE BRETAGNE jeudi : 8 H 00 à 13 H 00 Braderie septembre

CHATEAUBOURG vendredi : 7 H 30 à 13 H 00 Braderie de BROONS SUR VILAINE (1er dimanche de juillet)

CHATEAUGIRON jeudi : 8 H 30 à 13 H 00 Braderie 2ème dimanche de septembre

CHAVAGNE mercredi : 9 H 00 à 13 H 00

Page 86: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

85

CINTRE Braderie avril et marché de Noël en décembre

COEMES Braderie dernier dimanche d’Août

COMBOURG lundi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la mi-mai : 3ème lundi de mai de 7 H 30 à 18 H

foire de l’angevine : 1er lundi de septembre 7 H 30 à 18 H

foire de la mi-décembre : 3èmer lundi de décembre de 8 H à 15 H

CORPS NUDS mercredi : 8 H 00 à 12 H 30

DINARD mardi : 8 H 30 à 12 H 30 foire à la brocante : 1er dimanche d’avril à septembre inclus

jeudi : 8 H 30 à 12 H 30

samedi : 8 H 30 à 12 H 30 Centre Ville -

Esplanade de la Halle

mercredi : 8 H 30 à 12 H 30 Saint-Énogat

DOL DE BRETAGNE samedi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la Saint-Luc : 2 derniers samedi et dimanche d’octobre

Foire aux arbres 3ème week en de mars et marché de Noël 3ème dimanche de décembre

braderie : 1er vendredi d’août de 8 H à 20 H

DOMALAIN Marché de Noël

EPINIAC Dimanche 8 H. à 14 H du 1er juin à la fin août

ESSE Braderie, vide grenier en mai

FERRE (LE) Marché de Printemps : marché du terroir le 1er mai de 10 H. à 18 H.

FOUGÈRES samedi : 7 H 00 à 13 H 00 foire angevine : début septembre

jeudi : 8 H 00 à 13 H 00 (des Cotterets)

GOVEN mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 Forum artisants-commerçants en octobre ou novembre

GRAND FOUGERAY

samedi : 9 H 00 à 13 H 00

GUERCHE DE BRETAGNE (LA)

mardi : 8 H 30 à 13 H 00 foires : en février, avril et juin (1er mardi) et novembre

foire angevine : en septembre (3 premiers mardis de septembre

GUICHEN mardi : jeudi :

8 H 30 à 12 H 30 16 H 30 à 19 H 30

GUIGNEN mercredi : 8 H 00 à 13 H 00

GUIPRY jeudi : 7 H 00 à 14 H 00

HÉDÉ mardi : 9 H 00 à 12 H 30

HERMITAGE (L’) Vente de pizzas lundi soir et vente galettes vendredi soir

IFFENDIC Jeudi 16 H. à 20 H. dizaine commerciale en mai et en décembre

Page 87: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

86

LOUVIGNÉ DE BAIS Vente galettes mercredi matin de 8 H 30 à 12 H 30

LOUVIGNE DU DESERT Vendredi 8 H.30 à 12 h. 30 Foire aux pommiers 1er vendredi de Mars

LUITRE Journées commerciales en mars

MARTIGNÉ FERCHAUD vendredi : 8 H 00 à 13 H 00 quinzaine commerciale : (15 jours en avril - 15 jours en décembre) – vide grenier en en mai

MAURE DE BRETAGNE dimanche : 8 H 00 à 12 H 00 Vente de volailles jeudi matin

MÉDRÉAC foire : 3ème samedi d’octobre

MELESSE jeudi : 8 H 30 à 12 H 30 Salon des commerçants et artisans octobre

MINIAC MORVAN vendredi : 7 H 00 à 13 H 00

MONTAUBAN DE BRETAGNE mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la Saint-Georges : en avril – vide grenier octobre

foire de la Saint-Michel : en septembre

MONTFORT SUR MEU vendredi : 8 H 30 à 13 H 00 foire de la Saint-Jean : en juin

foire de la Saint-Nicolas : en décembre

MONTREUIL LE GAST Braderie : 1er mai Fête de la rosière : septembre

MONTREUIL SUR ILLE mardi de 16 H. à 20 H.

dimanche de 8 H. à 13 H.

MORDELLES mardi : 8 H 00 à 13 H 00

NOUVOITOU vendredi 16 H. à 19 H.00

NOYAL SUR VILAINE mardi : 8 H 00 à 13 H 00

NOYAL-CHATILLON/SEICHE dimanche : 8 H 30 à 13 H 00

ORGERES Marché de Noël 2ème week-end de décembre de 9 H. à 18 H.

PACÉ mercredi : 7 H 00 à 13 H 30 braderie : mi-octobre (fête de la Foucheraie)

PARTHENAY DE BRETAGNE mardi : 15 H 00 à 18 H 00 Braderie en mai

PERTRE (LE) mercredi : 9 H 00 à 12 H 00

PIPRIAC mardi : 8 H 30 à 13 H 00 1er samedi du mois d’août : foire à la brocante “ vide greniers ”

PLEINE FOUGÈRES mardi : 8 H 00 à 12 H. 30 Foire aux puces, le dernier dimanche de mai

JANZÉ mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 foire : avril (2ème mercredi) et octobre (2ème mercredi) - 8 H 00 à 18 H 00

braderie : 2ème dimanche suivant la foire d’avril et d’octobre

LIFFRÉ vendredi : 8 H 00 à 13 H 00 braderie : 2ème dimanche de septembre

LOHÉAC foire de la Saint-Germain : en septembre (3ème samedi - 14 H 00 à 19 H 00)

Page 88: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

87

PLÉLAN LE GRAND dimanche : 8 H 00 à 13 H 00 Quinzaire commerciale : décembre

PLERGUER mercredi : 8 H 30 à 13 H 00

PLEURTUIT vendredi : 8 H 00 à 12 H 00 Braderie en mai

REDON lundi : 8 H 30 à 18 H 00 Foire teillouse : octobre 4ème samedi

lundi : vendredi : samedi :

marché découvert hall 7 H. 30 à 13 H.00 hall

(marché alimentaire)

RENNES mardi : 7 H 00 à 12 H 30

quartiers :

Maurepas Landrel Cleunay

foire internationale : mars-avril

mercredi : 7 H 00 à 12 H 30

quartiers : Sainte-Thérèse Place St-Germain

braderie : en juin (un mercredi)

jeudi : 7 H 00 à 12 H 30

Lorient rue Moulin du Comte Alexis Carrel Sarah Bernhardt

Fête d’hiver : esplanade Général de Gaulle

Brocante (Liberté) jeudi 7 h. à 15 H.

Tous jes jours Halles Centrales Marché du livre : 2ème et 4ème samedi de chaque mois

vendredi : 7 H 00 à 12 H 30

quartiers : Villejean Place Albert Bayet15 H. à 19 H. 30 La Poterie

Marchés de Noël : (2ème et 3ème semaine de décembre) Place Hoche Place du Parlement

samedi : 7 H 00 à 12 H 30 Marché de l’Artisanat : 1er et 3ème samedi de chaque mois, Place Sainte Anne

quartiers : Landrel Isly

samedi : 7 H 00 à 13 H 00

quartier : Les Lices

RETIERS samedi : 8 H 00 à 13 H 00

RHEU (LE) samedi : 8 H 00 à 13 H 00 salons des vins, fromages, pains, huîtres (mars)

RICHARDAIS (LA) dimanche : 8 H 00 à 14 H 00 Vente de pizzas tous les lundis 17 H. à 22 H.

ROMILLÉ jeudi : 8 H 00 à 13 H 00

(place de l’Église)

ROZ LANDRIEUX Braderie annuelle mi août

ST-AUBIN D’AUBIGNÉ mardi : 8 H 30 à 12 H 00

ST-AUBIN DU CORMIER jeudi à partir de 8 H 30 à 13 H. foire de Noël : 2ème jeudi de décembre

Page 89: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

88

foire aux chevaux et braderie : 2ème samedi de décembre

ST-BRIAC SUR MER lundi : 7 H 30 à 13 H 00 foire de la Saint-Simon : 7 H 00 à 19 H dernier dimanche d’octobre

(juillet et août)

vendredi : 7 H 30 à 13 H 00 vide-greniers : en juillet et août

(toute l’année)

ST-BRICE EN COGLES dimanche : 8 H 00 à 12 H 30 2ème dimanche de chaque mois

foires : en mars et en novembre

ST-DOMINEUC samedi : 8 H 00 à 13 H 00 dizaine commerciale : semaine de Noël

ST ERBLON Vente de pizzas mardi et galettes jeudi

ST-GEORGES DE REINTEMBAULT jeudi : 8 H 00 à 13 H 30

ST-GILLES samedi : 9 H 00 à 13 H 00 braderie 1er dimanche d’octobre toute la journée

ST-GRÉGOIRE mercredi : 8 H 15 à 13 H 15

(place Gilles Gralan et ses abords)

ST-GUINOUX foire en mai (le 1er mai)

ST-LUNAIRE dimanche : 8 H 00 à 13 H 00 Vide grenier (juillet et septembre

(de fin mars au 1er dimanche de septembre inclus)

ST-MALO de Rocabey (boulevard de la Tour d’Auvergne)

lundi - jeudi - samedi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16.09 au 30.04), de 8 H 00 à 13 H 00 (du 01.05 au 15.09)

de Saint-Servan (Place Bouvet)

mardi - vendredi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16 09 au 30.04), de 8 H 30 à 13 H 00 (du 01.05 au 15.09)

de Paramé (Place du Prieuré)

mercredi – samedi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16.09 au 30. 04), de 8 H 00 à 13 H 00 (du 01.05 au 15.09)

Intra-Muros

mardi - vendredi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16.09 au 30.04), de 8 H 00 à 13 H (du 01.05 au 15.09) Particularité : Ce marché est réservé aux commerçants alimentaires

SAINT MALO DE PHILY Braderie 1er dimanche d’avril et marché de Nôël 1er dimanche de Décembre

ST-MÉEN LE GRAND samedi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la Saint-Jean : en juin de 8 H 00 à 19 H 00

foire de la Saint-Denis : en octobre de 8 H à 19 H 00)

Page 90: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

89

ST-MELOIR DES ONDES jeudi : 8 H 00 à 13 H 00

ST-OUEN DES ALLEUX mercredi : 9 H 00 à 12 H 30

ST-PÈRE MARC EN POULET Avril Marché aux fleurs Marché de Noël 1er week-end de décembre

SELLE EN LUITRÉ (LA) à l’Aumaillerie

jeudi 14H 00 à 18 H 00 Foire exposition en avril

(marché aux bestiaux) Brocante vide grenier occasionnel, une fois par an

SENS DE BRETAGNE Lundi après-midi

14 H 00 à 19 H 00

SERVON SUR VILAINE dimanche : 7 H 00 à 14 H 00

THORIGNÉ-FOUILLARD dimanche : mercredi

8 H 45 à 12 H 30 16 H. à 19 H.30

TINTÉNIAC mercredi : 8 H 00 à 13 H 00

TRANS LA FORÊT jeudi : 9 H 00 à 12 H 30

TREMBLAY vendredi : 9 H 00 à 13 H 00

VERN SUR SEICHE samedi : 7 H 30 à 13 H 00

VEZIN LE COQUET vendredi : 16 H 00 à 20 H 00

VITRÉ lundi : samedi

8 H 30 à 13 H 00 8 H 30 à 13 H 00

Page 91: LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES ...Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu

ANNEXE4 : Exemple de la base de données des marchés de Rennes Métropole établit suite au travail de terrain