Les chaussures de running oversizes : Innovation ou effet ...
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Institut de pédicure-podologie de Rennes
12 rue Jean-Louis Bertrand, 35000 Rennes
Les chaussures de running oversizes :
Innovation ou effet de mode ?
GILET Agathe
Formateur Guidant : Carine MENOU
Mémoire d’Initiation à la démarche de recherche- Diplôme d’Etat de pédicurie-podologie
Mai 2017
PRÉFET DE LA RÉGION BRETAGNE DIRECTION REGIONALE
DE LA JEUNESSE, DES SPORTS
ET DE LA COHÉSION SOCIALE
Pôle formation-certification-métier
Diplôme d’Etat de Pédicurie-Podologie
Travaux de fin d’études : Mémoire d’initiation à la démarche de
recherche
Conformément à l’article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle du 3 juillet
1992 : « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est
de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la
reproduction par un art ou un procédé quelconque ».
J’atteste sur l’honneur que la rédaction des travaux de fin d’études, réalisée
en vue de l’obtention du diplôme d’Etat de Pédicurie-Podologie est
uniquement la transcription de mes réflexions et de mon travail personnel.
Et, si pour mon argumentation, je copie, j’emprunte un extrait, une partie ou la
totalité de pages d’un texte, je certifie avoir précisé les sources
bibliographiques.
Le…………….………….
Signature de l’étudiant :
Fraudes aux examens :
CODE PENAL, TITRE IV DES ATTEINTES A LA CONFIANCE PUBLIQUE
CHAPITRE PREMIER : DES FAUX
Art. 441-1 : Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et
accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d’expression de la pensée
qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des
conséquences juridiques.
Le faux et l’usage de faux sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.
Loi du 23 décembre 1901, réprimant les fraudes dans les examens et concours publics.
Art. 1er : Toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l’entrée dans
une administration publique ou l’acquisition d’un diplôme délivré par l’Etat constitue un délit.
Remerciements
Je remercie chaleureusement Carine Menou, ma formatrice guidante, pour son temps,
ses conseils et son aide apportés tout au long de l’année.
Je tiens à remercier chaque personne ayant pris le temps de s’intéresser à mon travail
afin de le réaliser. Tout particulièrement, mon groupe d’entrainement, mon club actuel
et ancien, sans qui ce projet n’aurait pas abouti.
Pour finir, je tiens à remercier mes parents qui m’ont transmis la passion de la course à
pied, et Coralie et Paul-Henry pour leur soutien moral.
INTRODUCTION : ................................................................................................................ 1
I. PRESENTATION DU CONCEPT DES CHAUSSURES OVERSIZES ...................................... 3
Historique de la chaussure de running .......................................................................................... 3 Présentation de la marque Hoka One One .................................................................................... 4 2.1 Création de la marque .............................................................................................................. 4 2.2 La marque Hoka en quelques dates.......................................................................................... 5
Apparition de la forme oversize et constat ................................................................................... 5 3.1 Innovation technique ................................................................................................................ 5 3.2 Effet de mode ........................................................................................................................... 8
Opposition avec la tendance du minimalisme .............................................................................. 8 4.1 Le minimalisme en quelques mots ........................................................................................... 8 4.2 Etudes et références en lien avec le minimalisme ................................................................... 9
II. LE CONCEPT D’AMORTISSEMENT............................................................................. 10
Qu’est-ce que l’amortissement ................................................................................................... 10 1.1 Différence entre amortissement et absorption de choc ........................................................ 10 1.2 Les systèmes amortisseurs du pied ........................................................................................ 10 1.3 Les matériaux amortisseurs .................................................................................................... 12
L’onde de choc ............................................................................................................................. 13 2.1 Définition de l’onde de choc ................................................................................................... 13 2.2 Connaît-on les effets de l’onde de choc ? ............................................................................... 13
Relation entre l’onde de choc et force de réaction du sol appliquée à la course ....................... 14 3.1 Les forces variables qui déterminent 𝐹 .................................................................................. 14 3.2 La force de réaction au sol ...................................................................................................... 15 3.3 Le pic de force ......................................................................................................................... 16
III. ANALYSE ET RELATION ENTRE LA COURSE ET L’AMORTISSEMENT ........................... 18
Cycles de course et étude de la foulée ........................................................................................ 18 1.1 Le cycle de course ................................................................................................................... 18 1.2 La foulée ................................................................................................................................. 18 1.3 Les différentes phases de la course : phase d’appui et phase de suspension ........................ 19 1.4 Cycle avant et cycle arrière ..................................................................................................... 20 1.5 Foulées terriennes ou aériennes ............................................................................................ 21
Oppositions d’arguments liés à l’amortissement et la course à pied .......................................... 22 Etude de terrain auprès de coureurs licenciés en club d’athlétisme .......................................... 23 3.1 Présentation du cadre d’étude ............................................................................................... 23 3.2 Questionnement et attente du questionnaire ....................................................................... 23 3.3 Les résultats ............................................................................................................................ 24 3.4 Interprétations ........................................................................................................................ 26
IV. QUAND ET COMMENT AMORTIR ? .......................................................................... 28
Conséquences des semelles amortissantes ................................................................................. 28 1.1 Les conséquences physiologiques .......................................................................................... 28
1.2 Les conséquences cliniques ......................................................................................................... 29 1.3 Dispositifs de compensation des défauts liés à l’amortissement ........................................... 29
Les facteurs à prendre en compte dans l’amorti ......................................................................... 30
Rôle du pédicure podologue ....................................................................................................... 30 3.1 Une patientèle en croissance ..................................................................................................... 31 3.2 Les conseils de chaussage .......................................................................................................... 31
Synthèse ...................................................................................................................................... 33
OUVERTURE ET PERSPECTIVES ......................................................................................... 35
CONCLUSION ................................................................................................................... 36
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................ 37
1
Introduction :
Athlète, licenciée en club depuis mes 11 ans, j’ai grandi dans le milieu de la course
à pied. Comme mes parents, je me suis passionnée pour ce sport que je pratique entre 3 à
6 fois par semaine. L’athlétisme, et plus particulièrement le demi-fond, prend une place
importante dans mon quotidien. Que ce soit un simple footing, une séance spécifique ou
une compétition, nous pouvons toujours en ressortir des sensations de liberté, de la
persévérance ou l’accomplissement d’objectifs. Mais pour atteindre ses buts, le coureur
ne peut se passer de ses chaussures de running. Mes parents en sont le parfait exemple et
détiennent une grande collection, comprenant les marques les plus connues aux marques
plus techniques, des modèles pour chaque type de courses, d’entrainement ou de terrain.
Actuellement, le Running subit un réel effet de mode. Le nombre de licenciés1 et
de compétitions augmentent considérablement depuis quelques années. Les marques de
sport, en perpétuelle recherche d’innovation, ont su modifier l’image de la course à pied
pour la styliser. Les chaussures de course sont les premières à en bénéficier et la densité
de modèles est croissante. Face à un tel choix, le marketing prime souvent sur la qualité
et l’adaptation à chacun de la chaussure de running.
En effet, la publicité, comme les réseaux sociaux, véhiculent des messages incitant
les consommateurs à copier les plus grands sportifs. Chaque marque développe sa
nouvelle technologie, souvent brevetée pour certifier de leur innovation. Certaines
d’entre-elles travaillent avec des chercheurs, dans le but d’exposer une vision scientifique
et d’appuyer leur concept. Cependant répondent-elles réellement aux lois
biomécaniques ? De même, malgré l’essor des études en faveur du minimaliste, les
« croyances » autour de l’amorti des chaussures se perpétuent. L’avis des principaux
concernés, les athlètes, rentre alors en jeu pour comprendre leurs besoins et les
accompagner dans leur choix. Il faut aussi prendre en compte les objectifs de course et de
performance, l’entrainement et la réalisation des séances.
Toutefois, pourquoi une simple paire de baskets ne suffit-elle pas pour courir ?
Depuis le début de ma pratique sportive, le choix d’une « bonne » paire de chaussures de
running reste compliqué. Il faut prendre en compte de multiples facteurs et s’interroger
sur les nouveautés. Mais le manque de recul sur ces innovations peut être trompeur. C’est
pourquoi je me suis intéressée à ce thème. L’objectif est de pouvoir mieux orienter les
coureurs dans leurs choix et pouvoir expliquer les conséquences d’un « mauvais »
chaussage.
Lorsque nous allons acheter de nouvelles chaussures de sport, le meilleur
argument de vente est souvent basé sur l’amortissement de la chaussure. Pour préparer
un ultra trail, des athlètes de mon club ont acquis des chaussures de running oversizes,
avec une semelle beaucoup plus importante que les running classiques. C’est ainsi que je
1 20% des français pratiquent le running, soit environ 9,5 millions de personnes, dont 306 750
licenciés en club. (Résultats d’une étude d’octobre 2014, menée par la Fédération française
d’athlétisme et Sportlab).
2
me suis demandée pourquoi était-il nécessaire d’avoir de l’amorti pour la pratique de la
course à pied ? Quels facteurs faut-il prendre en compte pour choisir un « bon » amorti ?
En lien avec l’engouement actuel pour le minimalisme, ma question de départ a été de me
demander comment ces nouvelles formes de running peuvent convaincre les adeptes de
la course à pied ? L’amortissement dépasse-t-il les préjugés ?
Suite à ses interrogations, j’ai choisi d’orienter mon projet de fin d’étude sur la
problématique suivante : « Comment juger de l’innovation ou d’un effet de mode
concernant les chaussures oversizes ? ».
Ce travail sera divisé en quatre grandes parties. Dans un premier temps, nous
présenterons les généralités des chaussures de running. Puis nous mettrons en évidence
les caractéristiques des running oversizes ainsi que des chaussures minimalistes. Dans un
second temps, nous aborderons le concept d’amortissement d’un point de vue
scientifique. Dans une troisième partie, nous étudierons les liens que nous pouvons faire
entre les cycles de course et l’amortissement. De plus, nous analyserons les réponses
données par les athlètes, lors de mon enquête. Pour finir, nous évoquerons les facteurs à
prendre en compte dans l’amortir et les conseils a apporté auprès des coureurs. Nous
proposerons une perspective d’étude afin d’ouvrir le sujet vers de nouveaux
questionnements.
Figure 1: Publicité de la marque Hoka One One « Planer sur terre »
3
I. Présentation du concept des chaussures oversizes
Historique de la chaussure de running
La première chaussure serait apparue 4 000 ans avant J-C, en Arménie, avant d’être
popularisée par les messagers romains équipés de sandales. C’est à la fin du 19ème siècle
que l’on peut voir les prémices de la chaussure de Running contemporaine. L’histoire
retient quelques dates concernant l’apparition et l’évolution de certaines marques
spécialisées dans le Running.
En 1895, J.W. Foster and Sons est fondé au Royaume-Uni et sera l’un des premiers
équipementiers à fabriquer des chaussures d’athlétisme à pointe. En 1958, la société est
renommée Reebok, du nom d’une variété d’antilope sud-africaine.
En 1898, apparition du fabricant américain Saucony et de sa première usine en
Pennsylvanie, sur les hauteurs de la rivière Saucony. Cette marque continue de créer des
chaussures de running ainsi que des équipements.
En 1906, c’est la fondation de l’équipementier sportif Mizuno au Japon et de la
société New Balance à Boston. La marque Mizuno est aujourd’hui une référence dans la
course à pied avec sa fameuse plaque Wave. Quant à New Balance, elle a commencé par
la fabrication de soutiens de voûte plantaire avant de devenir aujourd’hui la 4ème marque
mondiale de chaussures de sport.
En 1914, l’équipementier sportif Brooks est fondé par Morris Goldenberg aux États-Unis.
Nous devons à cette marque la première semelle de caoutchouc faite de produits de
récupération issus des pneus d’avions (1980) et la première chaussure avec contrôle de
pronation (1982).
En 1947, l’entreprise française Salomon est fondée à Annecy. Spécialisée avant tout dans
les sports de montagne, elle créé un centre de recherche et de développement dédié
notamment à la chaussure dès 1983. Depuis, elle est devenue une référence des chaussures
de trail et fait désormais partie du groupe finlandais Amer Sports qui l’a rachetée en 2005.
En 1949, les frères Dassler, (Adolf plus connu sous le nom d’Adi Dassler et Rudolf), se
séparent et se partagent l’entreprise Schuhfabrik Gebrueder Dassler. De cette fabrique de
chaussures créée au début des années 1920, vont naître en 1949, Adidas (créé par Adolf)
et Puma (fondé par Rudolf). Aujourd’hui Adidas développe la technologie des semelles
« Boost » pour amortir les ondes de chocs et prône le renvoi d’énergie à chaque foulée.
La même année (1949), l’équipementier sportif d’origine japonaise Asics voit aussi le
jour. Le nom de la marque est inspiré de l’expression latine « Anima Sana In Corpore
Sano » (un esprit sain dans un corps sain). Cette marque connut un vif succès puisque le
vainqueur du marathon de Boston de 1951 portait le modèle Tiger de chez Asics. Cette
marque est aujourd’hui reconnue dans le monde de la course à pied grâce à ses chaussures
contenant du « gel » destiné à amortir l’onde de choc.
4
En 1972, Philip Knight et Bill Bowerman créent la marque Nike. Ces derniers ont l’idée
dans les années 1950 d’importer du Japon des chaussures d’athlétisme peu chères et de
haute technicité puis de les améliorer en s’appuyant sur les attentes des athlètes. Quelques
années plus tard, ils déposent leur marque, Nike, inspiré du nom de la déesse grecque de
la victoire (Niké) qui a la capacité de se déplacer à grande vitesse. La marque créée en
1973 une semelle en forme de gaufre, la Waffle, puis la technologie « Air » toutes deux
censées amortir les chocs et apporter le plus grand des conforts.
Présentation de la marque Hoka One One
2.1 Création de la marque
La marque HOKA One One, signifiant « planer sur terre », a fait le buzz en
présentant son nouveau concept : les chaussures « oversizes ». Ce sont des running
composées de semelles volumineuses, que l’on peut qualifier de maximalistes. Cette
marque française a été créée en 2009 et les premiers modèles de chaussures sont sortis en
magasin durant la saison estivale de 2010. C’est à Annecy et Aix-Les-Bains que les Hoka
ont été inventées et conçues.
Le plus intéressant dans l’histoire de la marque est sa genèse. Elle débute lors d’un raid
aventures de trente-six heures en Sicile, où deux coureurs et amis ont descendu les
versants de l’Etna. Après plus de vingt heures de courses dans les jambes et déjà très
fatigués, ils ont ressenti de « bonnes » sensations en dévalant les pentes du volcan sur de
la pouzzolane2. Cette impression de « planer » en courant leur a donné l’idée de concevoir
des chaussures répondant aux mêmes effets.
Les deux fondateurs de la marque sont Jean-Luc Dicard, Nicolas Mermoud puis rejoints
par Christophe Aubonnet, ancien concepteur en provenance de Salomon. Ce sont de très
bons coureurs, dont le palmarès de trails terminés, confirme un certain niveau dans ce
domaine. De plus, ils sont aussi adeptes des sports de montagne, tel que le ski ou le VTT,
qui leur ont permis de s’inspirer des innovations techniques déjà existantes dans ces
disciplines. En effet, ils ont vu les skis s’élargir et des VTT devenir plus grands et plus
confortables. De ce constat, ils ont eu envie de changer eux aussi la forme des chaussures
en partant sur un concept oversize.
2 Roche volcanique poreuse, de composition trachytique, recherchée en construction pour ses
qualités d’isolation thermique et phonique.
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/pouzzolane/63208#fVUu31BU4I80Jwke.99
5
2.2 La marque Hoka en quelques dates
Le 4 Février 2009, le 1er prototype est reçu par l'équipe Hoka One One, et le premier
test terrain est effectué. En Juillet 2009, le brevet Hoka est déposé puis accordé, avec de
nombreuses innovations. Ensuite, en Octobre 2009, Ludovic Pommeret termine 2ème du
Grand Raid de la Réunion avec des prototypes Hoka-Mafate.
Le 15 Juillet 2010, la 1ère série limitée de Mafate est en vente, dans une sélection de
magasins spécialisés dans 5 pays. Puis, en Septembre 2010, le 1er Homme et la 1ère
Femme au trail le plus dur du monde : Tor des Géants (320 Km / ITA) sont chaussés avec
des Hoka. Pendant ce temps, Karl Mezler (USA) traverse les Etats-Unis en courant 3 416
Km en 40 jours, équipé en Hoka Mafate. Enfin, en Octobre 2010 les Hoka Mafate sont
nommées « Footwear Product of the Year » (UK) et « Chaussure de Trail de l'année »
(par L'Equipe Magazine et par Endurance Trail).
En Mars 2011 les Hoka sont référencées chez 250 détaillants spécialisés à travers 10 pays.
Par la suite, en Décembre 2011, Dave Mackey de la Team Hoka, est élu “Ultra Runner of
the Year 2011” aux USA.
En Aout 2012, Rob Léa remporte le Championnat du Monde d'Iron-Man à Las Vegas
(triathlon longue distance) et chez les féminines nous assistons à 2 podiums.
Au Printemps 2013 l'aventure continue avec une victoire extraordinaire du japonais
Yoshikazu Hara à l'Ultra-Trail du Mont-Fuji. Les Hoka Rapa Nui sont nommées
"Meilleure chaussure de Trail" par le magazine Outdoor Running en Italie.
Le 1er Avril 2013 Hoka One One est racheté par l'américain Deckers Outdoor
Corporation.
En 2016, la Team Trail Hoka a été la première équipe à remporter l'UTMB3 en s’emparant
de la première place masculine et féminine.
Apparition de la forme oversize et constat
3.1 Innovation technique
La Définition proposée par le site de la marque est : « HOKA ONE ONE a mis au
point des semelles intermédiaires ultra-performantes à la géométrie unique avec plus de
volume, une densité plus souple et une mousse offrant plus de rebond que les chaussures
de running classiques. Procurant un maximum d’amorti, ce type de semelle est conçu
pour que tous les coureurs bénéficient d’une foulée stable et dynamique. »
Le concept de la marque4 se présente en cinq points qui vont être détaillés ci-dessous.
3 Ultra Trail Du Mont Blanc 4 Cf. Annexe I, p. I
6
3.1.1 Le concept de la marque Hoka en plusieurs points
Figure 2 : Image de l’effet « rocker »
Un déroulé unique: un profil de semelle incurvé sur 50% de sa longueur: le « rockering »5.
Il permet une transition de l’attaque talon jusqu’à la poussée des orteils. D’après la
marque cet effet permet « une propulsion naturelle en avant à moindre coût énergétique
à chaque foulée ».
Figure 3: Image de semelle oversize
Une semelle surdimensionnée6 : jusqu’à 2,5 fois plus de volume d’EVA7 dans l’interface
comparé aux chaussures de running standard. Ce concept a pour but : l’absorption des
chocs ainsi qu’une sensation de confort sous le pied, tel que les VTT avec suspensions.
Cette semelle maximaliste permet, selon les concepteurs « une foulée naturelle, des routes
les plus lisses aux parcours les plus accidentés ».
Figure 4: Image du siège baquet de la chaussure
Un design unique breveté similaire à un siège baquet8. Le pied est enfoncé entre 20 et 30
mm dans la semelle afin que le talon soit fermement tenu pour une approche précise et
une stabilité optimale. Ceci permet une dynamique supérieure entre le pied et le sol,
malgré le fort amorti.
Figure 5: Image d’interface élargie
5 Effet « rocker » ou le « rockering » est un mouvement de chaise à bascule de l’avant à l’arrière
de la semelle. 6 Cf. Annexe II, p. I 7 Ethylène-acétate de vinyle : composant de matériaux tel que les semelles. 8 Baquet : Récipient ovale ou rond, à bord haut, servant à divers usages domestiques.
7
La conception de ces chaussures est réalisée pour s’adapter aux différents terrains, de
plats à accidentés. La semelle possède donc une grande variété de crampons. La
déformation possible de celle-ci permet un contact constant avec le terrain. Elle est plus
large de 35% par rapport aux semelles traditionnelles et conçue pour augmenter la
stabilité. Ce concept permet de contrebalancer la hauteur de l’interface en assurant confort
et précision. La semelle a des parois latérales flexibles et renforcées pour améliorer la
stabilité, l’appui et le maintien du pied. De plus, nous pouvons remarquer que la forme
de cette interface se rapproche de celle d’un snowboard.
Malgré leurs semelles surdimensionnées, ces running se classent parmi les plus
légères. En effet, elles possèdent un drop9 faible, dans la même optique que le
minimaliste, l’interface montre une différence de hauteur moindre entre l’avant de la
chaussure et l’arrière. Elles aident ainsi à réduire la fatigue lors de longues distances.
3.1.2 Exemple de La Clifton 3 modèle pour femme
Figure 6: Modèle Hoka One One maximaliste
Catégorie : Route Poids : 215.00g (pointure 42/43)
Détails : Géométrie :
- Fit : moyen - Drop: 5 mm (= 28mm – 23mm)
- Surface : route - Méta (avant-pied): 23 mm
- Catégorie : légèreté pour l’entrainement - Talon (arrière-pied): 28 mm
- Amorti
Technologies :
- Construction « Speed Frame » (trame de vitesse) ultra-légère sans couture.
- Profil de semelle incurvé sous les métas commençant vers l’arrière du pied .
- Semelle intermédiaire EVA moulée par compression sur toute la longueur.
- Contact au sol intégral.
- Caoutchouc placé stratégiquement pour assurer la durabilité.
Ce modèle reprend tous les arguments du concept maximaliste, vus antérieurement. C'est-
à-dire : l’amorti important, le faible drop, la semelle élargie, la légèreté, le siège baquet,
l’effet rocker et les crampons, ici peu élevés.
9 Drop : mesure qui calcule la différence de hauteur entre l’avant et l’arrière de la semelle.
8
3.2 Effet de mode
Comme nous avons pu le voir les maximalistes sont apparues, dans un premier
temps, dans le milieu du trail. Des coureurs performants les ont testées et en ont fait la
publicité auprès des coureurs amateurs, lors d’Ultra trails qui rassemblent de nombreux
athlètes internationaux. Ces derniers les ont aussi chaussées et ont partagé leurs
expériences et ressentis dans leurs clubs.
C’est ainsi que la marque Hoka s’est fait connaître. La forme originale de leurs paires de
chaussures a suscité de la curiosité, de même que leurs styles très colorés. Leurs choix
marketing ont permis de montrer une vision innovante et performante de leur concept
oversize en utilisant l’image des athlètes de haut niveau, tel que le font les plus grandes
marques de running déjà citées.
C’est aux Etats-Unis que la marque prend de l’ampleur. Le marché américain est plus
propice au développement de la start-up française. En effet, le milieu du trail y est en
constante expansion et cela permet à l’entreprise de faire paraitre leurs modèles
innovants. C’est à l’aide d’un petit réseau, comme le décrit le co-fondateur Nicolas
Mermoud, de trois journalistes, six détaillants, et une dizaine d’athlètes que s’est
développée la marque. « C’est un pays où l’on peut faire exploser une tendance, à une
vitesse phénoménale, avec un marché de 350 millions de personnes ». Hoka One One
passe d’un chiffre d’affaire de 3 millions à plus de 100 millions de 2012 à 2016 grâce à
la société Deckers qui rachète la marque en 2013. Deux-tiers des ventes se font sur ce
continent, toutefois la marque est présente dans 2500 magasins dans le monde.
Opposition avec la tendance du minimalisme
4.1 Le minimalisme en quelques mots
Définition retenue par La clinique du coureur : « La chaussure minimaliste est une
chaussure interférant minimalement avec les mouvements naturels du pied, de par sa
grande flexibilité, son faible dénivelé, son faible poids, sa faible épaisseur au talon, et
l'absence de technologies de stabilité et de contrôle du mouvement. »10
4.1.1 Critères d’évaluation d’une chaussure minimaliste
Le poids : Plus la chaussure est légère, plus elle obtiendra une note élevée sur l’échelle
de l’Indice Minimaliste.
L’épaisseur: Prise de mesure au talon, elle évalue la distance entre l’endroit où le pied est
appuyé (centre du talon) et le point de contact au sol de la chaussure sous le talon. Plus la
chaussure est mince, plus elle obtiendra une note élevée. Cela correspond à l’amorti de la
chaussure.
10 Cf : Annexe III, p. I
9
Le drop : Mesure de la différence entre l’épaisseur de la semelle au talon et celle à l’avant-
pied. Plus la différence entre les deux mesures se rapproche de 0, plus elle obtiendra une
note élevée. « Drop » signifie « pente ».
La flexibilité : Mesure de la flexibilité longitudinale (plier la chaussure dans l’axe avant-
arrière) et torsionnelle (tordre la chaussure vers la pronation) de la chaussure. Plus la
chaussure est flexible, plus la note à l’Indice Minimaliste sera élevée.
La technologie de stabilité : Décompte des technologies les plus communément incluses
dans la chaussure et intégrées pour contrer la pronation. Moins la chaussure comporte de
telles technologies, plus la note à l’Indice Minimaliste sera élevée.
4.1.2 L’Indice minimaliste
Cet indice correspond au pourcentage d’une chaussure répondant ou non aux critères
du minimaliste. « Plus l’indice minimalisme est élevé, plus le stress sur le pied, le tendon
d’Achille et le mollet augmente. A l’inverse, plus l’indice minimalisme diminue, plus le
stress sur le genou, la hanche et le dos vont augmenter. » D’après Blaise Dubois de La
Clinique du coureur.11
4.2 Etudes et références en lien avec le minimalisme
Il existe de nombreuses études qui comparent la course pieds nus et la course chaussée.
Il est vrai que l’Homme est apparu sans chaussures et que nos ancêtres se sont longtemps
déplacés sans protection aux pieds. Pourtant aujourd’hui nous ne pourrions plus nous en
défaire. Après 6000 ans de port de chaussures sommes-nous capables de courir et de
performer de la même manière ou mieux sans chaussures ? Les chaussures sont de plus
en plus techniques et soit disant plus performantes. Les études montrent qu’une chaussure
de running avec le moins d’amorti, le moins de drop, la plus légère et souple possible et
sans technologie associée serait la chaussure la plus efficace pour courir et n’engendrerait
pas plus de blessures (Clinique du coureur). Seulement ce port de chaussures doit être
associé à une technique de course adaptée pour éviter certaines blessures.12 Toutefois,
dans une récente étude, Bonacci et al, (2013) mettent en évidence que deux chaussures
minimalistes de modèles différents n’influencent pas la biomécanique du coureur de la
même façon, remettant ainsi en cause l’effet pieds nus promu pas les adeptes du
minimalisme. Effectivement, certains auteurs pensent que les chaussures minimalistes
pourraient réduire le risque de blessures (Rixe, Gallo & Silvis, 2012), diminuer le coût
énergétique de la course et renforcer les muscles intrinsèques et extrinsèques du pied et
de la cheville (Altman & Davis, 2012). D’un autre côté, certains auteurs y voient un risque
accru de blessures, telles que des fractures de stress par exemple (Altman & Davis, 2012;
Ridge et al., 2013).
11 Cf: Annexe IV, p. II 12 Nous verrons en seconde partie d’étude, les différentes techniques de course.
10
II. Le concept d’amortissement
La notion d’amorti est devenue une pensée courante, et particulièrement en course
à pied. Les marques développent des systèmes de plus en plus sophistiqués et
technologiques pour vendre de la performance. Cependant, il existe une différence entre
amortissement et absorption dont il est important de comprendre la subtilité.
Qu’est-ce que l’amortissement
1.1 Différence entre amortissement et absorption de choc
En physique, un matériau est dit amortisseur s’il réduit l’amplitude des oscillations
engendrées lors d’un choc brutal. Dans le sport, la réception d’un saut, d’un pas de marche
ou de course génère une onde de choc qui se propage jusqu’à l’occiput grâce au
squelette.13
L’amortissement est réalisé par l’articulation sous-talienne du pied. Il varie suivant les
individus, la morphologie du pied, la technique de course, la force des muscles qui
soutiennent la voûte plantaire, la mobilité du pied et de la cheville.
L’absorption de choc peut être réalisée de diverses manières. Soit par le capiton plantaire
situé sous le talon, qui absorbe les pressions et diffuse l’onde de choc. Soit
artificiellement, par des matériaux « techniques » comme le sorbothane, le poron, le
noene…
1.2 Les systèmes amortisseurs du pied
Le capiton plantaire est constitué de tissu graisseux réparti dans de petites
cloisons, de fibres musculaires et d’un riche réseau veineux superficiel. La graisse placée
sous le talon est le premier système d’amortissement en jeu. Le capiton plantaire assure
l’amortissement des contraintes verticales (force verticale : Fv) et des contraintes
horizontales de friction du sol (force horizontale : Fh). Très efficace, il associe des
propriétés d’élasticité et d’amortissement.14
Un freinage excentrique mettant en jeu des muscles différents suivant la pose du
pied :
Réception médio-pied : freinage excentrique du triceps sural :
o Soléaire
o Gastrocnémiens
o Aponévrose plantaire
Rappel le triceps se continue jusqu’aux orteils par l’aponévrose plantaire. Lors de la
réception médio-pied, la contraction excentrique (avec allongement) du triceps freine
13 Cf : Annexe V, p. II 14 Cf : Annexe VI, p. II
11
l’abaissement du talon pour amortir l’impact. Après la pose du talon, le triceps poursuit
son rôle excentrique en freinant l’avancée de l’axe jambier.
Réception talon : lors de la réception talon, la contraction excentrique du tibial antérieur
freine l’abattement de l’avant-pied pour amortir l’impact. Après l’abattement de l’avant-
pied, la contraction excentrique du triceps freine l’avancée de l’axe jambier.
Les arches plantaires : la plante du pied est une voûte soutenue par trois arches :
- L’arche médiale : la plus haute. Les tissus fibreux qui la soutiennent absorbent
l’onde de choc en se déformant et restituent l’énergie lors de la propulsion.
- L’arche latérale : peu concave elle repose au sol par l’intermédiaire des tissus
mous.
- L’arche antérieure : peu concave, elle repose au sol de la même manière que
l’arche latérale.
Ces dernières absorbent moins l’onde de choc.
L’aponévrose plantaire superficielle est une nappe fibreuse très peu extensible. Sa
forme de voûte, et la disposition de ses fibres, lui permettent de se déformer lorsque le
pied est en charge. Elle est donc considérée comme un système amortisseur. Ses rôles
sont de limiter passivement l’aplatissement de la voûte plantaire, et de limiter
l’allongement du pied pendant sa mise en charge. Lorsque le poids du corps passe à la
verticale du pied porteur, l’aponévrose plantaire est mise en tension ce qui limite
l’écrasement de la voûte plantaire.
Les muscles suspenseurs plantaires : ils assurent un système de sanglage et
limitent la déformation de la voûte plantaire pendant la phase de réception, par une
contraction excentrique de freinage. A l’image d’un ressort, les tendons de ces muscles
emmagasinent l’énergie produite par l’écrasement, et la restituent en fin de phase d’appui
pour la propulsion. Les muscles : tibial postérieur et long fibulaire sont rétro-
malléolaires. La réflexion de ces deux tendons en arrière de la malléole donne une
résultante R15 dirigée obliquement en avant et en haut qui contribue au soutien actif de la
voûte plantaire. Le long fléchisseur de l’hallux a un rôle primordial de suspenseur du
sustentaculum tali et du premier rayon du pied. Il limite le valgus du calcanéum lors de
la phase d’amortissement. L’effondrement de l’arche médiale est contrôlé par les
contractions synergiques des muscles : tibial postérieur, long fléchisseur de l’hallux, long
fléchisseurs des orteils.
L’articulation sous-talienne et les ligaments de la cheville (ligaments collatéraux,
fibulo-tibiaux, partie inférieure de la membrane interosseuse) : Le mouvement de valgus
de l’arrière-pied (10° maximum) entre l’axe jambier, l’axe du calcanéum et le valgus
calcanéen confère à l’articulation sous-talienne et aux ligaments de la cheville un rôle
important d’amortissement. L’amortissement de l’articulation sous-talienne se traduit par
l’association : d’une rotation interne du tibia et d’un petit écartement de l’extrémité
inférieure de la fibula.
15 Cf : Annexes VII et VIII, p. III
12
La prono-supination dépend essentiellement des articulations subtalienne et
médiotarsienne ainsi que de la mobilité tibio-fibulaire. C’est un mouvement
physiologique indispensable à la bipédie. Il a une triple fonction : compenser les éventuels
troubles statiques du membre inférieur en répartissant le poids du corps sur une surface
d’appui maximale à chaque instant (suspension), agir comme un ressort (récupération
d’énergie), stabiliser la structure ostéo-articulaire et amortir (passage d’une structure
souple à une structure rigide). Seule une minorité de coureurs, qui ne court qu’en appui
sur l’avant-pied, échappe à la prono-supination de stabilisation de l’arrière-pied.
1.3 Les matériaux amortisseurs
Nous pouvons compter deux types de matériaux amortisseurs :
- Les matériaux élastiques, qui se déforment lors d’un impact mais conservent une
énergie de tension élastique, qu’ils restituent plus ou moins rapidement.
- Les matériaux amortisseurs, proprement dit, qui se déforment peu et transforment
une partie de l’énergie sous forme de chaleur.
Il existe aussi des matériaux amortisseurs naturels, utilisés depuis l’antiquité notamment
pour la roue (bois, cuir, feutre, liège, caoutchouc).
De même, nous retrouvons des produits synthétiques dérivés de la pétrochimie :
- Polyuréthannes (PU) : Sorbothane16, Podiane17 : plutôt amortisseur vrai.
- EVA (acétate d’éthylène vinylique) : plutôt élastique (exemple : utilisé par la
marque Brooks, 1974).
- Mélanges de matériaux : phylite18, phylon19.
- Matériaux composés d’« Air » (gaz dans PU, exemple: modèle Tailwind de
Nike20, 1979).
Le matériau de référence reste le caoutchouc naturel, importé en Europe dès 1736. Grâce
à la découverte de sa vulcanisation par Charles Goodyear en 1839, des semelles ont pu
être fabriquées.
16 Le Sorbothane : Il a de multiples applications, des écrans acoustiques à l'amortissement des
chocs dans les semelles de chaussures. Ce matériau combine les propriétés du caoutchouc,
du silicone et d'autres polymères élastiques. Il est considéré comme un bon amortisseur de
vibrations mécaniques, un isolant phonique et est très durable. 17 Le podiane : matériau de référence qui amortit et absorbe les ondes de chocs, avec une formule
unique à base de Polynorbornène et de caoutchouc. 18 Phylite est un mélange de 60% de phylon et 40% de caoutchouc. Il est plus léger que le
caoutchouc mais plus lourd que le phylon. 19 Le phylon est un EVA compressé, il s’étend avec la chaleur et est refroidit par la suite pour
donner la forme souhaitée. 20 Cf : Annexe IX, p. III
13
L’onde de choc
2.1 Définition de l’onde de choc
L’onde de choc est une « Propagation d’un ébranlement dans un milieu matériel
quelconque, caractérisée par une discontinuité de la vitesse. » selon La Grande
Encyclopédie Larousse (Éd. 1971-1976, page 9875).
En biomécanique, l’onde de choc est la conséquence de la force de réaction du sol. Elle
intervient suite à la prise d’appui du pied avec le sol et se propage le long du squelette.
Chaque articulation va être traversée jusqu’à la tête. Plus l’impact avec la surface sera
fort, plus l’onde de choc sera répercutée de manière importante. « La force de réaction du
sol �⃗� , s’oppose à chaque instant à la force d’action 𝐹 de l’athlète sur le sol, soit : �⃗� = -𝐹 »
(Leboeuf et al. ,2006).
Elle a la même ligne d’action et taille que la force 𝐹 mais elle est de direction opposée.
(Loi de Newton)
Figure 7: Schéma des forces d’action et des forces de réaction de sol lors du dérouler du pas
2.2 Connaît-on les effets de l’onde de choc ?
Il faut rappeler que courir c’est supporter trois à quatre fois son poids (Bramble et
Lieberman, 2004). Dans les années 70, paraît une étude sur les ondes de choc transmises
au squelette lors de l’impact du talon. Puis, des accéléromètres21 miniaturisés ont pu être
utilisés chez des coureurs pour mesurer l’accélération de cette onde de choc, notamment
sur le tibia, le rachis et le crâne. Importante chez un coureur pied nu, elle diminue sur un
sol sportif et surtout lors du port de certaines chaussures.
2.2.1 L’onde de choc subit par le pied à la course à pied est-elle nuisible ?
Les idées préconçues font apparaitre l’onde de choc comme néfaste pour les
articulations et serait à l’origine de nombreuses pathologies sportives. Plusieurs études
cherchent à en prouver l’effet sur l’appareil musculo-squelettique. Comme nous avons pu
le voir précédemment, l’anatomie humaine est pourvue d’amortisseurs naturels pour
contrer cette action. Cependant est-il nécessaire de combler de matériaux amortisseurs
21 Les accéléromètres sont utilisés pour enregistrer à la fois les accélérations statiques (la gravité) et
dynamique (choc, mouvement). En dynamique, l’accélération s’exprime en g : de -/+1g à -/+250g
14
nos chaussures de running si notre corps est capable d’absorber l’onde de choc ? Il s’agit,
pourtant, du principal argument de vente des marques.
Peu d’études scientifiques ne confirment le lien entre une pathologie et l’onde de choc
générée à la course chez l’homme. La première étude longtemps utilisée comme argument
probant par les chausseurs, date de 1973 (Radin). Cette étude mettait en avant la
dégénérescence du cartilage chez les lapins, soumis à des charges impulsives
correspondant à leur poids. Plus récemment, certains auteurs tentent de faire des liens
avec des pathologies plus spécifiques comme la fracture de fatigue chez le coureur
(Zadpoor & Nikooyan, 2011).
2.2.2 Thérapie par l’onde de choc
L’onde de choc est un moyen de thérapie qui a été développé dans les années 1990.
Elle est utilisée en traumatologie pour sa capacité à favoriser la guérison des fractures,
puis pour traiter différents types de lésions musculo-squelettiques. Elle joue, donc, un
rôle important dans la minéralisation et la résistance de notre squelette.
2.2.3 Le seuil de nocivité de l’onde de choc
Cependant certains fabricants de chaussures, affirment que notre capiton plantaire
serait insuffisant, pour la course de longue distance, surtout sur des sols artificiels et durs
comme le macadam, l’asphalte ou le bitume. L’absence d’onde de choc fragilise nos os,
mais une onde de choc très intense détruit nos tissus, donc les seuils restent à être précisés
(U. Jorgensen and J. Ekstrand).
Relation entre l’onde de choc et force de réaction du sol appliquée à la
course
Une bonne réflexion scientifique relativise l’impact des courbes d’enregistrement de
la force dans le temps, au cours du déroulement du pied au sol.
3.1 Les forces variables qui déterminent 𝐹
La masse corporelle, l’attraction et la rotation terrestre déterminent sur le pied des
forces dont la résultante plantaire peut être mesurée grâce à une plateforme de force22.
Elle varie en fonction de la foulée, de la vitesse, du terrain et des chaussures.
22 Cf : Annexe X, p. IV
15
3.2 La force de réaction au sol
La force de réaction au sol (𝑅,⃗⃗ ⃗ sur la figure 8) est la force que le sol va exercer en
réponse à n’importe quelle force exercée sur lui, déjà détaillée ultérieurement. Il est
important de remarquer que la force de réaction au sol s’applique dans les trois plans de
l’espace (Romanov, 2008).
En effet, lorsque le coureur est dans la phase de suspension23, son centre de masse (ou
centre de gravité) se voit accélérer vers le bas, en direction du sol, à 9.81m/s24dû à la
gravité.
Figure 8: Les différentes composantes de la force de réaction au sol, tiré de Romanov, 2008
Une fois que le pied entre en contact avec le sol, une force égale et opposée à celle exercée
par l’accélération du centre de masse du coureur sur le sol est développée. Cette force de
réaction au sol est donc dirigée verticalement, vers le haut (Fz). Généralement, le pied
entre en contact avec le sol en avant du centre de masse du coureur, ce qui implique
également une force de réaction au sol horizontale, dirigée en arrière, dans le sens opposé
au déplacement du coureur (Fy).
Au moment de l’amortissement, cette force va donc freiner le coureur. Mais lorsque le
centre de masse du coureur a passé l’aplomb de l’appui (au-delà du moment de soutien),
la composante de la force de réaction de sol change de direction et devient propulsive.
Finalement, une force de réaction au sol s’applique médialement et latéralement (Fx) par
rapport à la ligne médiane du pied qui est au sol (Romanov, 2008) mais cette dernière est
négligeable lors d’une activité comme la course à pied. La figure 9 démontre l’amplitude
des trois composantes de la force de réaction au sol durant la phase d’appui.
23 Phase détaillée dans le III.1.3 24 Valeur de l’accélération de la pesanteur à la surface de la Terre (a = 9.81m/s)
16
3.3 Le pic de force
La majorité des études portant sur la cinétique de course s’intéresse à la force de
réaction au sol verticale (Fz), décrite ci-dessous.
Figure 9: Attaque talon et force de réaction au sol (Lieberman & al. 2010)
Lors d’une course avec attaque talon25, la collision avec le sol produit une force presque
instantanée et de grande amplitude qui va traverser le système squelettique par onde de
choc (Lieberman & al, 2010). Sur un graphique, cette collision avec le sol génère un
premier pic de force (flèche rouge) (Gindre, 2005). Ce pic, nommé impact transient
(Lieberman & al, 2010), est passif car il correspond simplement à la réception du coureur
sur le sol (Viel et al, 2000) La force produite à ce moment varie entre 1.5 et 3 fois le poids
du corps (Lieberman & al, 2010).
Figure 10: Attaque avant-pied et force de réaction au sol (Lieberman & al, 2010)
L’attaque au sol par l’avant-pied induit une élévation très lente de la force de réaction au
sol verticale et ne génère pas ce premier pic de force (Lieberman et al., 2010). En effet,
la compliance verticale des membres inférieurs est meilleure lors de l’attaque au sol par
l’avant-pied que par le talon, ce qui se traduit par des contraintes moins importantes pour
25 Course détaillée dans le III.1.3.2
17
le coureur (Lieberman & al.2010). Cette meilleure compliance est notamment due à la
flexion plantaire de la cheville et à la flexion de genou (Lieberman et al, 2010).
Finalement, selon Gindre (2005), « Le second pic, plus évasé, correspond à la force
appliquée au niveau de la plante de pied au moment de la phase de propulsion26 ». Il s’agit
cette fois d’un « pic actif » résultant des contractions concentriques des muscles en
activité (Viel et al, 2000).
Figure 11: Attaque talon chaussée et force de réaction au sol (Lieberman & al, 2010)
Quant à l’attaque du pied chaussé, par le talon, l’impact transitoire est toujours présent
mais diminué. L’onde de choc est en partie absorbée et sa magnitude diminue de l’ordre
de 10% (Lieberman & al, 2010). Cependant, dès 1987, il a été démontré par C. Got,
qu’une chaussure amortissante augmentait de 20% la force sous métatarsienne et
prolongeait la pose du pied au sol de 20%. Ces 2 facteurs tendent à augmenter les
pressions plantaires, pouvant être sources de pathologies microtraumatiques des membres
inférieurs du coureur.
Pour résumer, lorsque le coureur se réceptionne par l’avant-pied, la compliance
verticale des membres inférieurs est meilleure, la réaction de force au sol augmente
lentement et le premier pic de force est absent. En revanche, lorsque la réception se fait
sur le talon, la force de réaction au sol augmente de manière très rapide. Ceci crée le
premier pic de force. Quelques études suggèrent un lien entre ces forces et les risques de
blessures chez le coureur (Hreljac, 2004; Zadpoor & Nikooyan, 2011). D’après Bramble
et Lieberman (2004), la force de réaction du sol durant l’attaque au sol par le talon est
deux fois plus importante que lors de la marche. Elle peut représenter trois à quatre fois
le poids du coureur suivant la vitesse de course. C’est la raison pour laquelle certains
auteurs associent ce type de course avec un risque plus élevé de blessures telles que des
fractures de fatigue et des fasciites plantaires27 (Lieberman et al, 2010).
26 Phase de propulsion : phase du cycle de course (III.1.3) 27 La fasciite plantaire est une inflammation de la plante du pied, causée par une microdéchirure
ou une rupture partielle.
18
III. Analyse et relation entre la course et l’amortissement
Selon Lebeouf et al (2006), « La course constitue pour l’homme le moyen le plus
rapide pour se déplacer par une succession de foulées bondissantes à partir d’appuis
pédestres effectués alternativement sur chaque pied. Elle est caractérisée, contrairement
à la marche, par une projection aérienne du corps en translation, consécutive à chacune
des phases d’appui unipodal, et ne comporte donc pas de phase de double appui. »
Cycles de course et étude de la foulée
Figure 12: Un cycle de course composé de deux foulées (une droite et une gauche)
1.1 Le cycle de course
Le cycle de course est défini par l’intervalle de temps et de distance entre deux
positions identiques des membres inférieurs. Le cycle de course est donc « caractérisé par
sa longueur et sa durée et peut être lui-même décomposé en deux foulées symétriques
droite et gauche correspondant au passage de l’appui d’un pied sur l’autre ». (Leboeuf et
al, 2006).
1.2 La foulée
La foulée, quant à elle, est la distance entre deux appuis successifs au sol. Elle
comprend le temps d’appui d’un pied au sol et la durée d’envol. Autrement dit, il s’agit
du « bond » vers l’avant effectué par le coureur (Gindre, 2005 ; Leboeuf et al., 2006).
Selon les spécificités de celui-ci (morphologie) et de son style de course, la foulée peut
varier en terme de fréquence (répétitions) et d’amplitude (longueur). Ainsi, deux coureurs
différents peuvent effectuer le même temps de course sur une même distance mais avec
des foulées différentes. Le produit de la fréquence par l’amplitude permet donc de
calculer la vitesse du coureur (Gindre, 2005).
19
1.3 Les différentes phases de la course : phase d’appui et phase de suspension
La phase d’appui est composée de trois actions successives : l’amortissement, le soutien
et la poussée. L’amortissement débute dès le premier contact du pied au sol et il se termine
lorsque la projection verticale du centre de gravité se superpose à la projection verticale
de l’appui. Quand le centre de gravité du coureur surplombe l’appui au sol, nous parlons
de soutien. Pour finir, la phase d’appui se termine par le moment de poussée, constitué
entre le moment de soutien et l’instant où le pied quitte le sol. La phase de suspension
comprend la phase aérienne de la course où il n’y a aucun contact avec le sol.
1.3.1 Phase d’amortissement, particularitéé
L’amortissement joue un rôle important dans la course. Plus précisément, « l'énergie
reçue au cours de l'impact au sol tend à aplatir le coureur.» (Gindre, 2005), notamment
en augmentant la flexion de genou, de hanche mais aussi la flexion dorsale de cheville. Il
en résulte un étirement des structures élastiques, comme les tendons riches en collagène,
les ligaments et certaines composantes musculaires, avec accumulation d’énergie
potentielle élastique28 (Gindre, 2005; Perl et al, 2012). Ainsi, l’énergie accumulée au sein
des structures élastiques est aussitôt restituée lors du moment de poussée, permettant ainsi
de propulser le corps en avant.
Chez le coureur, le tendon d’Achille est une structure d’importance majeure dans
l’emmagasinage d’énergie. Ce dernier est capable de restituer environ 90% de l’énergie
totale accumulée lors de l’amortissement et constitue 35% de l’énergie mécanique
produite à chaque pas par le coureur (Gindre, 2005; Perl et al, 2012). Vient ensuite la
voute plantaire, qui intervient aussi dans ce processus de stockage-restitution d’énergie
élastique et qui serait responsable de 17% de l’énergie mécanique produite lors de chaque
pas (Gindre, 2005; Perl et al, 2012). Il existe deux manières d’initier l’amortissement chez
le coureur : l’attaque par le talon et par l’avant-pied.
Figure 13: Attaque au sol par le talon et par l’avant-pied, tiré de Nakan, 2014
28 En physique, l'énergie potentielle élastique est l'énergie potentielle emmagasinée dans un corps
à caractère élastique, lorsque ce dernier est compressé ou étiré, par rapport à sa position naturelle.
20
1.3.2 L’attaque talon
La plus fréquente est l’attaque au sol par le talon, environ 75% des coureurs adoptent
ce type de course (Perl et al, 2011; Hamill et al., 2013). Larson et al. (2011) ont également
observé que ce type d’attaque au sol se retrouve en grande majorité chez les coureurs
amateurs. L’attaque au sol par le talon met en contact le sol avec une surface osseuse : le
calcanéum, « qui ne permet aucun bras de levier » (Gindre, 2005) et ne permet ainsi pas
au tendon d’Achille d’être étiré et d’emmagasiner de l’énergie. La cheville est alors en
position de flexion dorsale, il se réalisera donc une flexion plantaire passive tout au long
de l’appui jusqu’à l’impulsion. Cette énergie provoquée par l’impact correspond à la force
verticale de réaction du sol, vu précédemment. Selon Gindre (2005), l’attaque talon ne
permet pas de l’emmagasiner. D’autres auteurs avancent l’effet néfaste de cette technique
de course Elle engendrait des blessures, comme nous avons pu l’évoquer dans la
description de la force de réaction au sol.
1.3.3 L’attaque avant-pied
Afin de réduire ce stress important, le coureur peut mettre à contribution l’avant pied
ce qui permet de dissiper les forces et améliorer le stockage d’énergie élastique dans le
tendon d’Achille et la voûte plantaire (Bramble & Lieberman, 2004). Lorsque l’avant du
pied se pose avant le talon, nous parlons d’attaque au sol par l’avant-pied (Lieberman et
al., 2010). Cette forme de course possède plusieurs avantages : il y a création d’un bras
de levier qui permet la mise en tension du tendon d’Achille, la voute plantaire est étirée
et les forces de réaction du sol sont diminuées (Gindre, 2005; Lieberman et al., 2010).
1.4 Cycle avant et cycle arrière
1.4.1 Le cycle avant
Figure 14: Phase d’appui Phase de suspension Poulaine de cycle
avant
Au moment de l'appui, le pied qui atteint le sol est quasiment placé sous le centre
de gravité, le membre libre lui est situé au niveau du bassin qui est haut et placé. Le genou
se met déjà à l'avant du corps (en rouge) et l’autre jambe part en arrière, le genou est
presque tendu (gris). Résultat, le pied vient toucher le sol dans un mouvement d'avant en
arrière (griffé) et la prise de contact avec le sol se fait par l’avant-pied. Après la phase de
21
poussée, le membre inférieur quitte le sol et revient rapidement sous la fesse puis vers
l'avant. Ce cycle peut être schématisé sous la forme d’une poulaine.
La poulaine représente le résultat de la mobilisation de trois articulations : cheville, genou
et hanche, correspondant à la forme de la foulée. Dans le cas du cycle avant, la position
du bassin est équilibrée, la position du membre libre tend à chercher un placement haut
et antérieur du genou, dans le sens du déplacement.
1.4.2 Le cycle arrière
Figure 15: Phase d'appui Phase de suspension Poulaine de cycle
arrière
Le cycle arrière est défini par la partie postérieure de la poulaine (le pied est derrière
le bassin). Il n’y a pas d’anticipation du contact au sol. Le pied vient frapper le sol
beaucoup plus passivement et plus en avant que pour le cycle précédant. Nous retrouvons
souvent une attaque du talon lors de la phase d’appui (gris). Le pied vient se planter dans
le sol et dans un mouvement d’arrière vers l’avant ainsi que de haut en bas. Le genou,
quant à lui est fléchit et le bassin est antéversé. Lors de la phase de suspension, le membre
qui prenait appui part plus loin en arrière alors que l’autre (en rouge), vient déjà chercher
le sol. Les coureurs de fond privilégient cette technique car elle est plus économique.
1.5 Foulées terriennes ou aériennes
D’après Gindre, « lorsqu’on se met à courir, on adopte spontanément le style le plus
rentable pour soi », en d’autres termes, « la foulée est un système qui s’optimise de lui-
même » (Högberg). Comme nous l’avons déjà précisé, il faut prendre en compte de
multiples facteurs tel que le gabarit, la distance, la vitesse, la forme du moment, etc… qui
vont adapter la foulée du coureur à son potentiel. Cyrille Gindre décrit deux types de
foulées29 :
- La foulée « rasante » qui correspond à une faible montée du genou à la course, le pied
se déroule au sol du talon jusqu’au gros orteil et cet appui limite la récupération d’énergie
29 Cf : Annexes XI et XII, p. IV et V
22
du mouvement. Ce sont les coureurs, dit « terriens » qui utilisent ce type de foulée. Ils
récupèrent peu d’énergie mais en dépensent moins.
- La foulée « bondissante », à l’ opposer de la précédente, permet au pied d’atterrir sur
l’avant-pied. La jambe est rigidifiée de manière à récupérer de l’énergie en phase d’amorti
pour l’utiliser en phase de propulsion. Les coureurs qui utilisent cette foulée sont appelés
les « aériens ». Celle-ci est plus coûteuse en énergie.
L’une de ces deux foulées ne serait pas plus avantageuse selon une étude menée en 2016
(Gindre C, Lussiana T, Hébert-Losier K, & Mourot L). Pourtant différents auteurs ont
déjà cherché à démontrer qu’elle était la meilleure façon de courir. En effet, le modèle
terrien était celui qui dominait en référence de technique de course, dans les années 70-
80 (Kram and Taylor, 1990, cité par Gindre, C. et al.). Aujourd’hui et depuis quelques
années, avec le courant minimaliste, c’est la foulée courte et raide à l’appui qui prône
(Paavolainen et al, 1999, cité par Gindre, et al.), alors que d’autres auteurs favorisent
l’appui long en terme d’efficacité (Di Michele and Merni, 2014, cité par Gindre, et al.).
Selon l’étude menée par C. Gindre, les résultats ont montré que les aériens et les terriens
possèdent une économie de course quasi identique. Toujours d’après le même auteur :
« On peut penser que le coureur aérien dépense plus d’énergie (temps de vol et oscillation
importants) mais en récupère une bonne partie grâce aux propriétés élastiques du système
musculo-tendineux. Le terrien minimiserait sa dépense d’énergie en favorisant la
propulsion du corps vers l’avant plutôt que vers le haut ». Il développe aussi des
indicateurs permettent de différencier différents styles de foulées, présentés en annexes.30
Oppositions d’arguments liés à l’amortissement et la course à pied
Nous constatons qu’il n’y a pas une manière de courir mais plusieurs. Il n’est pas si
évident de classer et catégoriser les types de foulées, mais en déterminant certains critères,
il est possible de montrer des différences de techniques.
Cependant le débat reste entier sur la « meilleure » façon de courir et les avis divergent
entre scientifiques. Certains affirment que les connaissances biomécaniques actuelles sont
celles qui permettent d’avoir le meilleur rendement énergétique à la course. C'est-à-dire
qu’il faut privilégier par exemple, l’attaque par l’avant-pied au sol, pour utiliser les
dispositifs amortisseurs naturels du pied et minimiser les blessures qu’engendraient les
ondes de chocs.
Alors que d’autres auteurs affirment que la foulée est propre à chacun, il n’est pas
nécessaire de la modifier entièrement, mais qu’il est préférable de l’optimiser. En effet,
le corps adopte telle ou telle foulée pour des raisons qui lui sont propres : morphologie,
qualité musculaire initiale (dominance des fibres rapides ou lentes, qualité d’élasticité et
de raideur), etc…, dans le but d’être économique. Il n’y aurait donc pas de foulée parfaite,
idéale et figée. Chaque technique de course possède ses avantages et ses défauts.
30 Cf : Annexe XIII, p. V à VII
23
L’objectif est donc d’optimiser au mieux notre potentiel et nos foulées de bases pour les
rendre plus efficientes. Les exercices de gammes31 en athlétisme sont là pour nous
permettre d’être le plus polyvalent et le plus efficace.
L’amortissement, quant à lui, fait aussi débat, notamment sur le choix de la chaussure de
running. Comme nous avons pu déjà l’évoquer, les marques utilisent cet argument de
vente et proposent tous les ans de nouveaux modèles avec des innovations techniques.
Néanmoins, le choix de la chaussure de running dépend, en partie, de la foulée et de la
façon de courir, et plus précisément de l’attaque du pied au sol.
Après avoir étudié la biomécanique de course, rapprochons-nous de la réalité grâce à une
étude de terrain. Quel est l’avis des coureurs réguliers sur l’amorti ? Comment
choisissent-ils leur running ? Que pensent-ils des chaussures oversizes ?
Etude de terrain auprès de coureurs licenciés en club d’athlétisme
3.1 Présentation du cadre d’étude
Etude de terrain effectuée auprès de coureurs licenciés (réguliers), sous la forme
d’un questionnaire qui s’adresse à toute personne effectuant de la course à pied en club
sur les habitudes de chaussages dans leur pratique.
3.2 Questionnement et attente du questionnaire
Le questionnaire a été présenté aux athlètes sur le thème « des habitudes de
chaussage ». Il a été conçu sous la forme d’un Google Doc qui a été directement mis en
ligne sur les réseaux sociaux. Deux clubs d’athlétisme ont été visés pour répondre à ce
thème.
Cette enquête a donc été remplie par des coureurs licenciés, âgés de 16 à 68 ans. Le but
était de pouvoir retirer de ce dernier, des données sur la perception des athlètes au sujet
de l’amortissement, de mettre en évidence des idées reçues, des connaissances ou
ignorances. Enfin, l’intérêt majeur de ce sondage est de pouvoir faire des liens entre les
différentes réponses apportées et les critiquer.
Ainsi, il sera possible de comparer le point de vue biomécanique de l’amorti et le point
de vue des athlètes, pour établir des hypothèses sur les différents résultats.
31 Gammes : Ce sont des exercices spécifiques contribuant au développement d’une technique de course
rentable. Exemple : montée de genoux, talons-fesses, jambes tendues… (Smail A. Entraîneur Manuel de
l’animateur en athlétisme)
24
3.3 Les résultats
105 personnes32 ont répondu au questionnaire, dont 45 femmes et 60 hommes. Tous
sont des athlètes licenciés, et environ 80% des coureurs qui ont répondus au sondage, font
du demi-fond ou des courses de longues distances. Ils pratiquent en moyenne 4
entrainements par semaine correspondant à une moyenne de 20 à 40km.
De cet échantillon, les blessures les plus fréquemment engendrées par la pratique sportive,
sont :
1. Contracture (27%)
2. Périostite tibiale (23%)
3. Tendinopathies d’Achille/Aucune blessure (20%)
4. Syndrome de l’essuie-glace
5. Autres blessures non signalées dans le questionnaire
6. Entorse de cheville
7. Syndrome rotulien/ aponévrosite plantaire
8. Fracture de fatigue/ déchirure
9. Elongation
10. Syndrome de la patte d’oie
Cependant, selon ce même échantillon, l’articulation la plus malmenée par la course est
le genou à 41%, puis la cheville (pied) à 26,7% et enfin le bassin à 21,9%. Toutefois,
8,9% ne sont pas gênés au niveau articulaire du membre inférieur.
Suite à cet état des lieux sur les blessures induites par la course, le questionnaire s’est
dirigé sur le choix des running :
- 60% des coureurs ont répondu acheter leurs runnings entre 80 et 120 euros
- Les 3 marques les plus portées sont :
1. Asics (75%) ; 2. Adidas (67%) ; 3. Nike (57%)
Pour 80 % des coureurs de cette enquête, le choix de changer ou renouveler des
running est commandité par le constat d’un « amorti qui n’est plus suffisant ».
A la question : « Combien de temps/kilomètres faut-il changer ses chaussures ? » trois
réponses sont équivalentes : 6 mois, 1 an et 1000km.
Les sensations recherchées avec une nouvelle paire de running sont dans l’ordre :
1. Bon amorti (70.5%)
2. Légèreté (61.9%)
3. Maintien du pied (51.4%)
4. Dynamisme (45.7%)
5. Stabilité (40%)
6. Propulsion (15.2%)
32 Cf : Annexes XIV, p. VIII à XX.
25
7. Autre (1.9%)
L’importance de l’amorti est approuvée à 80% des sondés. Selon eux l’amorti d’une
chaussure sert à (réponses les plus retrouvées et réparties en 3 groupes):
- « Réduire le risque de blessures », « protection ancienne fracture du tibia »,
« protection tendon d’Achille », « soulager les articulations », « lombalgies »,
« protéger mes genoux », « meilleur protection des articulations », « surpoids »,
« éviter les chocs »
- « Meilleur ressenti », « course confortable », « favoriser le dynamisme », « la
réception et l’impulsion », « l’attaque talon », « pour ne pas s’écraser au sol »
- « Améliore la récupération »
70.5% d’entre eux connaissent la marque Hoka One One, dont 43.8% grâce à un autre
coureur puis par les magasins de sport/running et les magazines. 1% ont connu cette
marque par un professionnel de santé.
Sur les 105 participants, 8 en possèdent une paire, pour la plupart il s’agit d’un modèle
trail.
Les buts du port de ces chaussures sont :
La pratique du Trail/ Course de longue distance (3/8 réponses)
Entrainement et marche/randonnée
Amorti
Test pour limiter les périostites
Route et piste
Les remarques apportées sur ces running :
Super amorti
Manque de dynamisme
Stylées
Confortable
Mal adapté pour pieds larges
Bon drop
Sensations particulières au début
26
3.4 Interprétations
Le large échantillon de ce questionnaire permet d’avoir un pourcentage de réponses
plus représentatif de l’opinion et des connaissances des athlètes. De plus, cette enquête
permet de montrer des incohérences dans les résultats.
Dans un premier temps, nous remarquons que plus de 70% des coureurs ayant répondu
courent plus de 20km par semaine pour une moyenne de 4 entrainements. Ce sont donc
majoritairement des personnes ayant l’habitude de courir de longues distances (courses
sur route à partir de 5km, trail, ultra-trail, marathon…) et du demi-fond (cross-country,
800m à 3000m sur piste). En outre, les questions sur le thème des blessures montrent une
incohérence.
En effet, les résultats concernant les blessures les plus répandues sont : les contractures
(27%), puis les périostites tibiales (23%) et les tendinopathies d’Achille. Cependant, à la
question qui suit « quelle est, selon vous, votre articulation la plus sensible ou blessée par
la course à pied ? » 41% des athlètes ont répondu le genou. Nous pouvons émettre
l’hypothèse que cette seconde question manquait de précision et ne peut être mise en lien
avec la précédente. De même, la question « quelles sont, dans votre cas, les blessures
induites par la pratique de la course ? » propose plusieurs choix de réponse et influence
le classement des pathologies les plus retrouvées. Toutefois, nous remarquons que le
syndrome de l’essuie-glace arrive en 4ème position des blessures induites par la pratique
sportive donc nous retrouvons une légère corrélation.
Ensuite, l’enquête se porte sur le choix des running. Tout d’abord, le prix : plus de 70%
des coureurs sont prêts à acheter une paire de running au-dessus de 80€. Sachant que 6%
ne s’imposent pas de budget et que 11% estiment que cela dépend du modèle.
Aujourd’hui, le marché des running propose peu de chaussures en dessus de 80€. Plus la
chaussure semble « technique » et plus elle est chère. Par ailleurs, nous remarquons que
ce sont les marques les plus connues (S. Hertrich, 2015) qui sont les plus portées par les
athlètes de cette enquête. La nécessité « d’amorti » est le premier argument de
renouvellement de chaussures et ainsi que la sensation recherchée lors du choix des
running. Cependant, les avis divergent suivant la période ou le kilométrage pour lesquels,
il est essentiel de changer de paire de running entre 6 mois et 1 an ou tous les 1000 km.
Ce résultat reste contestable car tout dépend de l’usure de la chaussure et de l’utilité pour
le coureur (running d’entrainement, running pour les séances VMA33, running pour les
compétitions…). Nous retiendrons que l’« amorti » et la « légèreté » sont les critères pour
le rachat d’une nouvelle paire de chaussures.
La justification apportée par les coureurs de l’utilité d’un amorti peut être classée en 3
arguments. Les plus récurrents sont de « réduire le risque de blessure », de « protéger les
articulations » et « d’éviter les chocs ». Le but est préventif, et est défendu par les
coureurs qui ont été blessés. Le deuxième argument qui est souvent revenu : c’est un
33 VMA : vitesse maximale aérobie, elle correspond à la plus grande vitesse que vous êtes capable de
maintenir pendant plusieurs minutes, alors que votre fréquence cardiaque plafonne à son maximum.
27
« meilleur ressenti », « favoriser le dynamisme » etc… Ici, il est question de confort dans
la chaussure. Une autre réponse a été apportée : l’amorti « améliore la récupération ».
Enfin, l’enquête s’affine et traite de la marque Hoka qui semble être connue dans le
monde de l’athlétisme même pour les non-traileurs, d’après les réponses reçues. Pourtant,
peu en possèdent car la marque s’avère liée à son image de chaussures spécialisées pour
le trail. Les quelques testeurs de Hoka ont pu exprimer leurs ressentis suivant les modèles
de chacun. Pour certain l’avis est positif : super amorti, chaussures stylées, confortables,
bon drop. Quant aux points négatifs ils sont : un manque de dynamisme, des sensations
particulières au début et un chaussant mal adapté pour les pieds larges.
28
IV. Quand et comment amortir ?
Aujourd’hui il est presque impossible de courir sans chaussures. D’autant plus que
nous sommes, pour la plupart, habitués à marcher d’avantage chaussés que pieds-nus.
Au-delà de la nécessité d’être chaussé, pour le confort et la protection du pied, la
chaussure est aussi un élément de mode. Une mode qui ne prend pas en compte le
morphotype du pied propre à chacun et ne respecte pas les lois de la biomécanique. Dans
le cas de la marque Hoka One One, nous retrouvons une semelle dotée d’un amorti
conséquent tout au long de la chaussure. Cet amorti, déjà décrit en première partie, permet
le confort et l’absorption des chocs. Toutefois, après avoir revu le rôle du pied pendant la
course et les effets de l’onde de choc, nous sommes en mesure de nous demander si
l’excès d’amorti d’une semelle de chaussure de running est intéressant.
Conséquences des semelles amortissantes
Courir avec des chaussures de running montre une modification de notre foulée, elle
est moins naturelle que lorsque nous sommes pieds-nus (Dubois, 2013). Courir sur des
semelles amortissantes semble avoir aussi des répercussions importantes sur notre corps.
1.1 Les conséquences physiologiques
Une semelle très amortissante peut être, en partie, comparée à la course sur le sable.
Le pied s’enfonce dans la chaussure. La pratique de la course avec ces semelles peut avoir
quelques effets physiologiques tel que :
- Le ralentissement de la pose du pied au sol (la semelle fait barrage).
- Le retard de la flexion du genou car il y a un retard de l’information du contact du
pied avec le sol. L’onde de choc absorbée est le principal indicateur de cette prise
de contact.
- La déperdition d’énergie à chaque pas car l’onde de choc est absorbée et ne permet
pas de restituer l’énergie.
- L’augmentation de la force d’appui plantaire pour la phase de propulsion car il y
a une perte d’énergie dans la phase précédente.
- L’allongement du temps de contact pied/sol, le pied va se dérouler davantage.
- L’augmentation du travail musculaire pour compenser la perte d’énergie pour un
effort identique sans semelle amortissante.
- L’instabilité à la pose du pied au sol, d’autant plus forte que le matériau est
élastique.
A long terme, l’utilisation quotidienne d’une semelle très amortissante peut fragiliser le
squelette osseux. L’onde de choc ne doit pas être totalement absorbée pour pouvoir jouer
son rôle dans la minéralisation et la résistance de notre squelette. De plus, le capiton
plantaire peut développer une accoutumance puis une dépendance de confort. Son rôle
29
devenant mineur, il s’adapte en devenant plus mou et en s’atrophiant progressivement
(Goldcher, A. & Nataf, E.).
1.2 Les conséquences cliniques
La sensation de confort, grâce à un contact plus doux et des pieds plus « enfoncés » dans
le chaussant, est incontestable. En revanche, le confort peut être désavantageux sur les
plans physiopathologique et clinique (Hreljac, 2004; Zadpoor & Nikooyan, 2011).
- Le ralentissement de la pose du pied au sol retarde la flexion du genou et peut
expliquer certaines lésions cartilagineuses et méniscales.
- La déperdition d’énergie, sous forme de chaleur pour les amortisseurs proprement
dits, et sous forme de restitution retardée pour les amortisseurs élastiques,
nécessite un surcroît d’effort musculaire, donc un risque de surmenage des
tendons et des enthèses.
- Le contact pied/sol plus doux, déclenche ou aggrave l’instabilité. Les tendons
extrinsèques ont un travail supplémentaire de stabilisation jusqu’à l’appui du pied
sur un sol dur.
1.3 Dispositifs de compensation des défauts liés à l’amortissement
Depuis quelques années des innovations apparaissent régulièrement sur le marché.
Leur but est de limiter ou compenser les défauts de stabilité engendrés par les semelles
amortissantes. Parmi ces « innovations »34, nous retrouvons par exemple :
- Des contreforts rigides, pour stabiliser le calcanéus.
- Des talonnettes bidensité, plus fermes en médial
- Heel cleft, fente dans la semelle talonnière pour ralentir le passage de la supination
à la pronation du talon.
- Footbridge (« passerelle »), dispositif plantaire et médial pour rigidifier la tige lors
de la pronation
- Amortisseur en nid d’abeille35, imitant le capiton plantaire
Dans le cas de la marque Hoka One One, les chaussures sont équipées des dispositifs de
compensation suivant :
- Effet « rocker »
- Un siège baquet
- De crampons
- Une semelle plus large de 35%
34 Cf : Annexe XV, p. XXI 35 Cf : Annexe XVI, p. XXI
30
Ces dispositifs, déjà détaillés en première partie, permettent seulement de limiter les
instabilités qu’occasionnent le chaussant avec le maxi amorti.
Les facteurs à prendre en compte dans l’amorti
Les chaussures comprenant des semelles avec beaucoup d’amorti restent
intéressantes pour différentes raisons. Elles peuvent même être conseillées ou testées dans
certains cas.
Premièrement dans un but thérapeutique, au cours du traitement d’une blessure ou de la
reprise progressive du sport. Ces chaussures apportent un confort à ne pas négliger et
diminuent les à-coups souvent porteurs de « gènes » sur une blessure récente ou male
rééduquée. De même, les personnes en surpoids peuvent ressentir de meilleures
sensations de course avec des chaussures oversizes. Nous avons pu le constater dans
l’étude de terrain, l’amorti d’une chaussure de sport est un élément important selon les
coureurs pour éviter toutes blessures. L’un des participants testait cette marque dans le
but de réduire ses périostites tibiales. En revanche, il faut plutôt déconseiller le port de
chaussures avec des semelles très amortissantes en cas d’instabilité.
Deuxièmement, pour en revenir à la marque Hoka, ces running sont intéressantes pour les
coureurs de fond et d’ultra-trail. Néanmoins, les dispositifs de compensation rendant ces
chaussures plus stables restent à vérifier. Il faut rappeler que la marque est avant tout
destinée et créée pour les traileurs. Leurs chaussures ont été testées par des coureurs de
haut niveau et au-delà de ces tests, elles colonisent le milieu du trail. Ce succès ne peut
pas seulement provenir de leur look original mais du résultat et des sensations qu’elles
procurent.
Lorsque nous cherchons à identifier la foulée du coureur pour savoir s’il serait avantageux
ou non de porter des chaussures maximalistes, il ne faut pas oublier d’observer le sportif
dans sa globalité. De son morphotype à ses objectifs de compétitions, de performance ou
simplement de mise en forme, chaque élément permet de conseiller au mieux le coureur.
Rôle du pédicure podologue
Ainsi, le rôle du pédicure- podologue peut être mis en valeur, notamment auprès des
sportifs et plus précisément auprès des coureurs. Rappelons que le pédicure-podologue
possède parmi ses compétences : l’analyse et l’évaluation des troubles morphostatiques
et dynamiques du pied et l’élaboration d’un diagnostic de pédicurie-podologie en tenant
compte de la statique et de la dynamique du pied ainsi que de leurs interactions avec
l'appareil locomoteur (Article L4322-1 du Code de la santé publique. Modifié par Loi
n°2016-41 du 26 janvier 2016 - art. 124). Il est donc en mesure d’apporter des conseils
précis aux sportifs.
31
3.1 Une patientèle en croissance
Le 1er mars 2017, la loi permettant au médecin de prescrire une ordonnance pour le
sport est entrée en vigueur. Son objectif est de réduire les facteurs de risque et les
limitations fonctionnelles liées à la maladie chronique. Cela représente 10 millions de
personnes. Parmi les concernées, nous retrouverons certainement des coureurs amateurs
qu’il faudra prendre en charge et conseiller.
D’autre part, d’après une étude menée par la Fédération française d’athlétisme et
Sportlab :
Un français sur 5 déclare pratiquer la course à pied en 2014, soit 20% de la population.
(Le nombre s’élève à 16,5 millions en 2015, sachant que le nombre de licencié à la FFA
est de 306 750 en 2017.) Il est important de noter que 77% courent en solitaire (3/4 des
pratiquants) et les motivations de la pratique sportive sont, à 58% des sondés, pour être
en bonne santé et pour améliorer la condition physique.
De plus, la course à pied subit un réel effet de mode, notamment car il s’agit d’un sport
facile d’accès. De même, les nouveaux types de course, tels que « The Mud Day » ou
« The Color Run » sont connus pour 1/3 des pratiquants de course à pied et attirent en
grande partie les amateurs. Quant aux réseaux sociaux, aux montres connectées et aux
applications de sports, ces nouvelles technologies favorisent et influencent la pratique
sportive. Actuellement, le terme correspondant à la course à pied, majoritairement utilisé,
est « le running »36, à ne pas confondre avec « le jogging »37 ou « le footing ».
L’étude nous renseigne aussi sur : l’achat, d’un pratiquant sur deux, de chaussures de
running au cours des 12 derniers mois, comme j’ai pu le remarquer lors de mon enquête.
Enfin l’étude met en avant que les chaussures de course à pied ne sont pas seulement
achetées par les coureurs mais qu’un quart des non-pratiquants de running en portent
occasionnellement ou quotidiennement.
De ces chiffres et constatations, nous pouvons dire qu’il existe une patientèle sportive en
croissance, notamment pour le podologue, qui doit être en mesure de la conseiller.
3.2 Les conseils de chaussage
D’après L’ACSM (American College of Sports Medicine) voici, les caractéristiques
d’une bonne chaussure de course :
36 Le running est une pratique libre de la course à pied, accompagnée d'objectifs personnels. Il
s'inscrit dans le culte de la performance : courir plus longtemps ou plus vite par exemple. Pour les
runners, qui l'exercent de façon régulière voire intensive, il se différencie du jogging qui reste une
activité « du dimanche », occasionnelle, pour éliminer les excès ou prendre l'air. 37 Le jogging ou footing est une activité physique consistant à courir à pied une certaine distance
à un rythme moyennement soutenu. Le footing est la base de l’échauffement lors d’un
entrainement d’athlétisme.
32
Le dénivelé ou « drop » (différence de hauteur entre l’avant et l’arrière de la chaussure)
doit être compris entre 0 et 6mm. Il faut privilégier une chaussure neutre ou universelle,
sans ajout de différentes densités dans la semelle pour contrôler la stabilité ou la pronation
(ne pas choisir de chaussures pronatrices ou supinatrices). La chaussure doit être légère,
soit moins de 280gr pour une pointure 43 homme ou moins de 226gr pour une pointure
40 femme.
3.2.1 Comment acheter une chaussure?
La forme du pied et de l’arche ne sont pas des bons indicateurs des sortes de
chaussures qu’il faut acheter. Le vendeur doit regarder la personne courir, pas seulement
marcher avec les chaussures. Il faut éviter les chaussures avec contrôle de la pronation ou
anti-pronatrices. Les chaussures doivent être achetées à la fin de la journée, lorsque les
pieds sont enflés. Il faut vérifier que l’avant de la chaussure soit assez large pour que les
orteils et l’avant du pied puissent s’étendrent. Il faut mesurer environ un centimètre entre
la fin des orteils et le bout de la chaussure. (Choisir en fonction de l’orteil le plus long, il
ne s’agit pas forcément de l’hallux). Enfin le talon ne doit pas bouger en courant.
Particularités de chaussures à éviter : les chaussures hautes et coussinées (amorti trop
souple), les chaussures avec un dénivelé important et l’ajout de support d’arche ou
d’orthèses.
3.2.2 Autres conseils pour choisir ses chaussures
Le choix de la pointure est primordial, il existe des demi tailles ou tiers de tailles
permettant d’ajuster au mieux celle-ci. Une chaussure trop petite : le pied sera
inconfortable, trop serré et gonflera. Une chaussure trop grande : le pied ne sera pas assez
maintenu, il y aura plus de frottements et risques de phlyctènes.
Le type de chausson et la qualité du mesh38 à l’intérieur de la chaussure. C'est-à-dire les
coutures, si elles sont gênantes elles entrainent des phlyctènes.
Le laçage est aussi important et il existe différentes manières de lacer ses chaussures.
Certaines techniques permettent un meilleur maintien du pied, notamment pour les
traileurs.
En fonction de la spécialité de course, le choix du modèle de chaussure ne sera pas le
même. Exemple : une chaussure « légère » pour des séances sur piste doit pouvoir se
tordre (mouvement de torsion possible), alors qu’une chaussure de trail sera plus rigide
et agrémentée de crampons.
38 Le mesh : c’est le maillage, le tissage, qui est plus ou moins serré selon l’air (et donc l’aération
mais aussi l’humidité par temps de pluie) que l’on va laisser passer. Il sera plus serré pour des
chaussures de trail, plus aéré pour des chaussures de route
33
Courir en alternant avec différentes chaussures. Il est préférable, lors de l’acquisition de
nouvelle paire de running, de les tester sur un footing court puis de rechausser les
anciennes et d’augmenter petit à petit le temps de course avec les nouvelles. L’adaptation
du pied dans la chaussure se fera plus progressivement et empêchera les éventuelles
phlyctènes que peuvent engendrer des chaussures neuves. De plus, il ne faut pas attendre
que les anciennes chaussures soient complétement usées pour les changer.
Quant à l’amorti de la chaussure, selon l’enquête réalisée auprès des coureurs licenciés,
il semblerait être le premier indicateur de choix. Cependant, nous avons constaté qu’il
n’est pas forcément nécessaire suivant la technique de foulée. Toutefois, le plus important
reste les sensations apportées lors de la course. C’est ainsi que les sportifs choisirons leur
running, il faut « être bien dans ses baskets ». Sans oublié qu’un coureur moyen frappe le
sol 600 fois par kilomètre (Lieberman et al) et que 75% des coureurs ont une attaque du
sol par le talon, il serait dangereux de déconseiller le port d’amorti. Lorsque le projet
sportif du coureur, son potentiel et sa technique de course sont identifiés, l’orientation du
choix des chaussures est simplifiée.
Synthèse
La mode du jogging est apparue en France à la fin des années 1970. Depuis, le marché
de la chaussure de jogging n’a cessé de croître et a même explosé depuis le milieu des
années 90. Aujourd’hui la mode est au running et le nombre d’adeptes ne fait que
d’augmenter ainsi que le nombre de ventes de chaussures. En 2015, une étude de la
FIFA39 déclarait 8,2 millions de paires vendues par an pour un chiffre d’affaire évalué à
500 millions d’euros. Pour la marque Hoka c’est plus de 100 millions d'euros de chiffre
d'affaires en 2016, grâce à son développement sur le marché américain.
Innovation ou effet de mode ? La marque Hoka semble s’ancrer progressivement sur le
marché du running depuis 2010 et remporte un franc succès en seulement 7ans de
commercialisation. D’après l’enquête que j’ai réalisée, nous avons remarqué que la
marque était, en effet, connue mais elle était peu adoptée par les coureurs. Hoka One One
porte l’étiquette de marque de trail, pourtant elle tente de se diversifier et sponsorise des
athlètes de demi-fond, pratiquant de plus courtes distances sur piste40 ou route.
Si en 2013-2014, nous étions peu convaincus de l’adoption de la chaussure plus minimale.
Les études et les avis, si divergents sur le sujet, rendaient septiques les adeptes de la
course à pied. D’autant plus, qu’il existe une culture autour de l’amorti et du confort.
Lorsque nous nous habituons à une ligne de confort, il est difficile de sortir de cette zone
et donc, pour beaucoup, courir sans amorti est inconfortable. Cependant, aujourd’hui,
avec l’article de l’ACSM, il semblerait que l’adoption des chaussures minimales est en
pente ascendante. Déjà, les chaussures vendues en ce moment doivent être de 30 à 60g
plus légères, en moyenne, qu’il y a 5 ans. L’offre de chaussures avec un dénivelé minimal
a explosé depuis quelques années. On entend moins parler de minimalisme, mais son
39 Fédération Française des Industries Sport et loisirs 40 Cf : Annexe XVII, p. XXI
34
influence se fait sentir, même dans les chaussures maximalistes. Hoka suit le principe du
drop faible dans la conception de ses chaussures. La semelle est épaisse mais la différence
de hauteur entre l’avant et l’arrière est mince.
Le débat « Chaussures maximalistes contre minimaliste et amortir oui ou non ? » reste
entier, malgré l’évolution des opinions.
Pour certain, si l’amortissement améliore le confort, il joue un rôle dans la
physiopathologie de nombreuses blessures du sportif, par instabilités de l’arrière pied. Il
est alors difficile de concilier confort et performance, hypersollicitation tendineuse et
prévention de lésions.
Pour d’autres, comme Grégoire Millet41 : « Je crois que c’est une affaire de
transition. J’aime bien la notion de continuum […]. Effectivement, il y a des éléments
dans la chaussure minimaliste qui me semblent aller de soi. Et je vais enfoncer le message
auprès des coureurs, en disant : ne réfléchissez pas qu’en termes de chaussage, mais
réfléchissez aussi en termes de contenu d’entraînement et de contenu technique que vous
êtes amenés à faire. Parce qu’au bout du compte, c’est beaucoup plus important que vos
chaussures, c’est d’abord vos pieds, vos genoux, votre santé et votre plaisir à faire de
l’activité physique ». Pour Boris Gojanovic42 : « Si vous voulez vivre encore longtemps,
continuez à faire de la course et du sport, et peu importe la chaussure. Celle qui vous
convient bien et qui vous a convenu jusqu’à maintenant. »
Quant à la place du podologue, il est nécessaire d’analyser toutes les données publiées
d’un point de vue scientifique et ne pas se laisser abuser par l’ambiguïté des termes
utilisés par les services de marketing des chausseurs.
Figure 16 : Marathon de Paris 2017
41 Grégoire Millet, Professeur de physiologie du sport, Directeur de l’ISSUL, Université de
Lausanne. 42 Boris Gojanovic, Médecin chef du Swiss Olympic Medical Center, Haute Ecole Fédérale du
Sport de Macolin.
35
Ouverture et perspectives
Suite à mes recherches autour du thème des chaussures oversizes, je me suis
rapidement rendue compte de l’engouement des scientifiques, des professionnels de santé
et des coureurs, sur le sujet de l’amortissement. Cela m’a amené à ma problématique :
« Comment juger de l’innovation ou d’un effet de mode concernant les chaussures
oversizes ? »
En effet, les études se multiplient autour du minimalisme, de la biomécanique de course,
de l’importance de l’amorti ou non, des effets de l’onde choc, etc… Cependant, nous
sommes dans l’impossibilité de donner une réponse claire à toutes ces questions car
plusieurs résultats se contredisent. Ce qui peut être vrai aujourd’hui, peut être faux
demain.
Néanmoins, il aurait pu être intéressant d’intégrer à mon travail un protocole expérimental
sur l’amortissement des Hoka. Il se serait appuyé sur la comparaion de différentes
chaussures : un modèle maximaliste de la gamme Hoka One One, un modèle minimaliste
et un modèle classique. Ce protocole aurait prit en compte : une analyse de la foulée et de
la pose du pied sur tapis de course, filmée sous différents angles. En amont de cette
analyse, j’aurais effectué des tests de stabilité sur une plateforme stabilométrique.
Toutefois pour effectuer ces tests, il est peut être compliqué de déterminer l’échantillon.
Le nombre de coureurs possédant au moins une paire de running de chaque modèle n’est
pas simple à trouver. D’autant plus que ces tests sont portés sur un nombre réduit
d’athlètes. Ils ne peuvent donc pas, apporter des résultats représentatifs de toute une
population. Toujours est-il que ce protocole, en complément d’études à l’appui, aurait pu
révéler un début de réponse à ma problématique.
De même, j’ai été, à plusieurs reprises confrontées au terme de « préférence motrice ».
Ce terme met en lien la morphologie d’un individu, ses aptitudes physiques, son sexe, son
âge ou encore sa motricité préférentielle et prend en compte le point de vue psychologique
de celui-ci. La préférence motrice intègre des notions de préférences posturales et
motrices et s’applique dans le traitement de pathologies récurrentes et chroniques, en
rééducation, réathlétisation, coaching, préparation physique et orthèses plantaires. Elle
peut être étudiée et mise en pratique par différents professionnels, tels que : les médecins,
kinésithérapeutes, ostéopathes, podologues, entraineurs sportifs. Il aurait été intéressant
de développer ce point et de le mettre en lien avec mon travail. Par ailleurs, la préférence
motrice est abordée dans des formations continues. A l’avenir, j’envisage d’en savoir plus
sur le sujet et de m’inscrire à ces formations.
De plus, j’aurais pu envisager de m’entretenir avec des professionnels de santé afin de
recueillir leurs avis et connaissances sur l’amortissement. Ainsi, j’aurais pu mettre en
avant leurs conseils de prise en charge des athlètes.
Enfin, cette étude, auprès des sportifs, confirme mon projet de me spécialiser dans le sport
d’ici quelques années.
36
Conclusion
Ce projet de fin d’étude a eu un réel intérêt par rapport au choix de mon sujet,
associant le sport et la santé. Je souhaitais concilier mes apprentissages en tant que future
podologue et mes convictions de sportive, pour comprendre les avantages et
inconvénients de l’amortissement.
Personnellement, ce projet m’a permis d’ouvrir les yeux sur ma pratique de
l’athlétisme. J’ai commencé par observer d’avantage mes partenaires d’entrainement,
ainsi que d’autres athlètes sur d’autres disciplines. J’ai regardé leurs façons de courir,
d’attaquer le sol, leurs chaussures, etc… Non seulement j’ai essayé de mettre en lien mes
connaissances avec mes observations, mais j’ai aussi échangé, d’avantage, avec ces
sportifs sur leurs opinions. Mes nouvelles connaissances, m’ont aussi permis, de mieux
me connaître, en écoutant mes sensations, et en essayant de les analyser. A la suite de mes
lectures et de mes choix d’approfondissement de connaissances, cela m’a apporté une
plus grande ouverture d’esprit. Ainsi, mes deux visions ce sont rejoints.
Professionnellement, ce travail m’a procuré un regard plus critique quant aux
lectures d’articles scientifiques, d’études et d’avis professionnels. J’ai pu remarquer une
grande divergence d’opinion, même au sein de la communauté scientifique, à laquelle je
ne m’attendais pas. De plus, ce travail m’a poussé à améliorer mon analyse et mon
interprétation des résultats. De même, j’ai dû, à plusieurs reprises, comparer les idées et
connaissances sans prendre parti. Cette action, pourrait m’être utile par la suite, par
exemple pour rester objective face à un patient, à ses idées reçues, afin de lui apporter les
conseils qu’il pourra suivre. En effet, l’objectif principal de ce mémoire, était de pouvoir
conseiller au mieux ma future patientèle et d’être en mesure d’apporter les bonnes
réponses aux questions sur les chaussures de running. Connaitre les différentes
technologies de chaussures, et rester en veille sur les modes peut-être un plus dans notre
pratique quotidienne. Au-delà de cet objectif, mon intérêt à réaliser ce mémoire, porté sur
la course, est de pouvoir me former dans le sport. Depuis que je sais marcher, j’ai toujours
pratiqué au moins une activité physique. La pratique sportive, est selon moi un facteur
important de notre santé. C’est pourquoi lorsque j’ai choisi mon orientation
professionnelle, il m’était primordial d’associer le sport et la santé, dans mon futur métier.
37
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Annexes
Sommaire:
Annexe I ……………………………………………………………………………. I
Annexe II …………………………………………………………………………… I
Annexe III …………………………………………………………………………... I
Annexe IV ……………………………………………………………………...……II
Annexe V …………………………………………………………………………….II
Annexe VI ……………………………………………………………………………II
Annexe VII ………………………………………………………………………….III
Annexe VIII ……………………………………………………………………...….III
Annexe IX ………………………………………………………………………..….III
Annexe X ……………………………………………………………………………IV
Annexe XI ………………………………………………………………………..…IV
Annexe XII ………………………………………………………………………….V
Annexe XIII ……………………………………………………………………...….V
Annexe XIV …………………………………………………………………………VIII
Annexe XV …………………………………………………………………….……XXI
Annexe XVI………………………………………………………………………….XXI
Annexe XVII………………………………………………………………………...XXI
I
Annexe I : Chaussure oversize de la marque Hoka One One
Annexe II : Comparaison Hoka et chaussure standard de running
Annexe III : Figure : La Clinique du Coureur
II
Annexe IV : Echelle de classification des chaussures (Clinique du coureur, Dubois, 2013)
Annexe V : Répercutions de l’onde choc à la course sur le squelette
Annexe VI : schéma des forces horizontale et verticale
III
Annexe VII : schéma de la résultante des forces (partie interne du pied)
Annexe VIII : schéma de la résultante des forces (partie externe du pied)
Annexe IX : Modèle Tailwind de Nike
IV
Annexe X : Figure : Plateforme de force de Kistler
Annexe XI : Paramètres permettant de différencier la foulée aérienne de la foulée
terrienne.
V
Annexe XII : Tableau des paramètres pour différencier le type de foulée
Annexe XIII : Mixtes des différents types de foulées possibles
A l’observation d’un pas, ces indicateurs permettent de différencier différents styles
de foulées (Gindre, 2012):
- Le contact du pied au sol (talon/plante)
- Le genou lors de l’appui (plier ou non)
- L’alignement de la jambe arrière lors de la poussée (complet ou non)
- Le retour de la jambe en l’air (pliée et active ou en pendule)
- Le mouvement de bras
- La trajectoire globale du corps (à l’horizontale ou en rebond)
Le résultat de l’étude de ces indicateurs nous permet de dégager 4 grands styles de
foulées :
L’aérien en fréquence ou l’élastique en pied :
Son buste est droit, il pose le pied en plante, la jambe est solide à l’appui et ne se plie
pas (tendue et raide) pendant sa foulée. Cette dernière a une trajectoire comparable à une
balle qui rebondit, le pied joue un rôle de ressort. Le temps de contact au sol est court et
la jambe libre fait un retour actif genou plié. Les bras oscillent depuis le coude dans un
mouvement à tendance circulaire (peu d’amplitude).
VI
L’avantage de cette foulée, qui mixte aérien et cycle avant (déjà décrit) :
L’énergie produite lors de l’appui est utilisée comme un élastique au niveau du pied ce
qui permet la propulsion.
La faiblesse de l’aérien en fréquence :
Le coureur aérien passe du temps en l’air et monte haut. C’est un handicap car cela
nécessite de l’énergie qui ne permet pas d’avancer. De plus, ce système de propulsion
joue sur l’élasticité musculo-tendineuse qui se détériore inévitablement dans le temps
(fatigue et baisse de la raideur l’élastique), et peut entrainer des blessures du talon
d’Achille ou des crampes au niveau du mollet.
L’aérien en amplitude ou l’élastique en cuisse :
Sa jambe pliée est d’avantage fléchie à l’appui (pliée et souple) et favorise
l’amplitude. La foulée profite d’un effet ressort au niveau des cuisses. Le corps est
légèrement penché vers l’avant comme un ressort. C’est le compromis entre l’effet ressort
des cuisses et la recherche d’amplitude qui réduit l’oscillation verticale, engendrée par la
recherche d’amplitude. La pose du pied est plate ou avec le talon. Le temps de contact au
sol est court, le retour de la jambe libre forme un pendule, la jambe est pliée. Les bras
oscillent depuis le coude dans un mouvement dans le plan frontal (peu d’amplitude).
Ce coureur va privilégier, même à l’échauffement, la vitesse et sera à l’aise dans les
fractionnés courts. Il utilise l’énergie produite lors de l’appui comme un élastique au
niveau du pied , comme l’aérien en fréquence. La trajectoire est dynamique et elle est
moins verticale que sur l’aérien fréquent.
La faiblesse de l’aérien en amplitude :
Il passe aussi du temps en l’air et monte haut. De plus, ce système de propulsion joue sur
l’élasticité musculo-tendineuse qui se détériore inévitablement dans le temps et peut
entrainer des blessures du quadriceps et des ischio-jambiers ou des crampes au niveau des
cuisses.
Le terrien en fréquence :
Le temps de contact au sol est plus long que pour les aériens. La trajectoire de course
est plus horizontale. Nous retrouvons une fréquence des appuis (donc il y a une part
d’élasticité dans le mouvement). La pose du pied est talon ou plante et la jambe à l’appui
est fléchie et solide. Le retour de la jambe libre est actif mais le genou est peu plié. Les
bras oscillent depuis l’épaule dans un mouvement légèrement circulaire (mouvement plus
marqué que dans un mouvement aérien).
Ce premier type de coureur terrien est mixte. Il se sert de l’élasticité de ses muscles ainsi
que de la contraction active de ses muscles inférieurs pour avancer.
La force du terrien en fréquence est sa trajectoire de suspension qui est plus rasante. Le
coureur perd moins d’énergie en l’air.
Cependant il a besoin, à chaque appui d’injecter de l’énergie, qui n’est pas stockée dans
l’élasticité de ses muscles pour la retransmettre dans la poussée.
VII
Le terrien en amplitude (mixte terrien et cycle arrière):
La foulée de ce coureur est celle la plus répandue chez les coureurs de longue distance
(trail et marathon). Le temps de contact au sol est plus long. La trajectoire est horizontale,
le retour de la jambe libre suit un modèle d’économie en pendule et le genou est peu
fléchit. La pose du pied se fait par le talon et la jambe d’appui reste fléchie et souple. Les
bras oscillent dans un mouvement orienté de l’arrière vers l’avant. Le buste est penché
vers l’avant.
La force du terrien en amplitude (comme le terrien en fréquence) est sa trajectoire est
rasante. Il perd moins d’énergie en l’air et, de ce fait, garde un minimum de force. Tout
dans cette foulée est fait pour l’économie, comme le retour de la jambe libre et le buste
en avant, pour se projeter sur l’appui suivant, par déséquilibre.
La faiblesse du terrien en amplitude :
Il a besoin, à chaque appui, d’injecter de l’énergie qui n’est pas stockée dans l’élasticité
des muscles pour la retransmettre dans la poussée.
VIII
Annexe XIV : Réponses au questionnaire sur les habitudes de chaussage des coureurs à
pieds licencié.
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
Annexe XV : Semelle de chaussure de sport
Annexe XVI : Semelle amortissante en nid d’abeille
Annexe XVII : Modèle de pointes Hoka
NOM : GILET
PRENOM : AGATHE
TITRE : Les chaussures de running oversizes : Innovation ou effet de mode ?
Running is one of the most popular and the most practiced physical activities. In France, it concerns 10
million people and this figure is constantly increasing. In connection with this rise, we find the
technological evolution of the shoes that accompany the athletes. Minimalists, maxi drop shot, anti-
pronation ... there are more and more concepts to sell running. That's why we are in a position to wonder
why a simple pair of sneakers is not enough to run? In 2010, the arrival of oversize shoes, is positioned
against the sense of minimalist trend. How can these new forms of running then convince runners? Are
oversized shoes an innovative concept or a fashion effect?
For this end of study work, I got interested in the appearance of the brand Hoka One One. I compared
the characteristics of oversize shoes to minimalist shoes. Moreover, the concept of damping is a concept
that has been developed in order to understand its usefulness. In the same way, the biomechanics of
racing is studied in order to show the function of the cushioning. Finally, the pedicure-podiatrist
identifies himself as specialist in foot disorders taking into account the interactions with the whole body,
both in static and dynamic positions. He has to stand out in the world of sports and be able to advise and
meet the expectations of the various athletes. The care of athletes of different levels, a majority of
amateur runners, is a daily exercise of the profession. The podiatrist therefore plays an important role in
the analysis of the race and in some advice and guidance given to the rider as to the type of footwear to
adopt.
La course à pied est l’une des activités physiques les plus populaires et les plus pratiquées. En France,
elle concerne 10 millions de personnes et ce chiffre est en constante augmentation. En lien avec cette
ascension, nous retrouvons l’évolution technologique des chaussures qui accompagnent les athlètes.
Minimalistes, maxi amorti, anti-pronation…il existe de plus en plus de concepts pour vendre des
running. C’est pourquoi, nous sommes en mesure de nous demander pour quelles raisons une simple
paire de baskets ne suffit-elle pas pour courir ? En 2010, l’arrivée des chaussures maximalistes, se
positionne à contre sens de la tendance du minimaliste. Comment ces nouvelles formes de running
peuvent-elles, alors, convaincre les adeptes de la course à pied ? Les chaussures oversizes sont-elles un
concept innovateur ou un effet de mode ?
Pour ce travail de fin d’étude, je me suis intéressée à l’apparition de la marque Hoka One One. J’ai
comparé les caractéristiques des chaussures oversizes aux chaussures minimalistes. De plus, le concept
d’amortissement est une notion qui a été développé afin de comprendre son utilité. De même, la
biomécanique de course est étudiée afin de montrer la fonction de l’amorti. Enfin, le pédicure-podologue
se montre comme spécialiste des troubles du pied en tenant compte des interactions avec l’ensemble du
corps, tant en statique qu’en dynamique. Il doit alors s’imposer dans le monde du sport et être en mesure
de pouvoir conseiller et répondre aux attentes des divers athlètes. La prise en charge des sportifs de
différents niveaux dont une majorité de coureurs amateurs, est un exercice quotidien de la profession.
Le podologue joue donc un rôle important dans l’analyse de la course et dans les conseils et orientations
apportés au coureur quant au type de chaussage à adopter.
KEY WORDS: Drop shot, Oversize shoes, Running, Podiatrist
MOTS CLES : Amorti, chaussures maximalistes, course à pied, podologue
INSTITUT DE FORMATION EN PEDICURIE-PODOLOGIE :
12, Rue Jean Louis Bertrand 35 000 Rennes
TRAVAIL ECRIT DE FIN D’ETUDES – 2017