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  • LES CENT PLUS BEAUX SONNETS

    DE LA LANGUE FRANÇAISE

    suivi d'une Histoire du sonnet par le sonnet

  • D u m ê m e a u t e u r :

    La Rose, anthologie, en collaboration avec Eugène Beaumont. Préface de Serge Brindeau (Le Cherche-Midi éditeur, 1980).

    Le Temps des poètes (1880-1980), anthologie, en collaboration avec Jacques Rancourt (Paris, Edition UTI, reliée club, HC, 1980).

    Trop-tard-la ville, récit (in revue Marginales, n° 203, mai-juin 1982).

    Marie-Liesse, nouvelle (Les Cahiers de Saint-Germain- des-Prés, n° 9, 1982).

    Les Jeux, la Chance et le Hasard, anthologie, en collaboration avec Pierre Jacques (Le Cherche-Midi éditeur, collection "Espaces", 1983, post-face de Paul Guth).

    Les Cent Plus Beaux Sonnets de la langue française, suivi d'une histoire du sonnet par le sonnet (Club France- Loisirs, 1983).

    Les Poètes et la publicité, anthologie, préface de Jacques Rigaud, Poésie I, n° 112-114, novembre- décembre 1983. (Médaille de la Société des Gens de lettres 1984).

  • LES C E N T P L U S B E A U X

    S O N N E T S

    D E L A L A N G U E

    F R A N Ç A I S E

    Choix et préface de M a r i e LETOURNEUR

    Collection ESPACES

    LE CHERCHE-MIDI ÉDITEUR 68, rue du Cherche-Midi - 75006 Paris

  • La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1 de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

    Tous les clichés de cet ouvrage ont été réalisés par le service photographique de la Bibliothèque Nationale.

    © Éditions Saint-Germain-des-Prés Le Cherche Midi éditeur, 1982

    pour le choix, la préface et l'histoire du sonnet

  • Qui de nous n'a point retenu tel ou tel célèbre vers de non moins célèbres sonnets ? Quelques exemples, parmi tant d'autres, nous en convaincront :

    « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » (Du Bellay)

    « Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle » (Ronsard)

    « Ce que Malherbe écrit dure éternellement » (Malherbe)

    « Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille » (Baudelaire)

    «Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l'Inconsolé » (Nerval)

    Ou bien encore cet alexandrin mallarméen si connu des phonéti- ciens :

    « Aboli bibelot d'inanité sonore »

  • « On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre, Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois,

    Inventa du sonnet les rigoureuses lois, Voulut qu'en deux quatrains de mesure pareille

    La rime avec deux sons frappât huit fois l'oreille, Et qu'ensuite six vers artistement rangés

    Fussent en deux tercets par le sens partagés. Surtout de ce poème il bannit la licence :

    Lui-même en mesura le nombre et la cadence ; Défendit qu'un vers foible y pût jamais entrer ;

    Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer. Du reste il l'enrichit d'une beauté suprême :

    Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème... »

    Nicolas Boileau (L'Art poétique, Chant II, 1674)

  • P R É F A C E

    L'ART DU SONNET * EN FRANCE

    Tyrannique et boutefeu dès sa naissance, le sonnet dont Théodore de Banville trace un plaisant portrait-robot : « buste trop long, jambes trop courtes », sème la zizanie parmi les grandes Nations qui se disputent la gloire de lui avoir donné le jour. Pour les pétrarquistes acharnés, il nous vient d'outre-monts. Pour quelques patriotes distin- gués, Joachim du Bellay nous aurait rapporté d'Italie un bien qui nous revient de droit. Toujours est-il que ces deux quatrains suivis de deux tercets dont la disposition des rimes est rigoureusement établie, constituent le poème le plus populaire de notre prosodie traditionnelle. D'une vitalité exemplaire, il connaîtra le port de la fraise, le mal du siècle mais aussi l'ère atomique.

    Le premier sonnet paraît en 1548. Composé par Clé-

    * Du mot « sonet » que les Français et les Provençaux employaient au XIII siècle dans le sens de « petite chanson ». (Larousse, 1933.) — Dans « L'Art de rhétorique » (1493), Molinet fait mention du sonnet sur une liste de mots « équivoques » qui peuvent être lus de quatre manières différentes :

    « Sansonnet sans son est sans sonnet sans son net »

  • m e n t M a r o t , il f igure en b o n n e p lace d a n s « L ' A r t P o é t i q u e » de T h o m a s Sebi l le t q u i b a t d ' u n e tête l ' a u t e u r d u cé lèb re m a n i f e s t e : « Défense et I l l u s t r a t i o n de la

    l a n g u e f r ança i s e ». U n a n p lus t a rd , d u Bel lay e x h o r t e en effet ses p a i r s à r e c o u r i r à ce t te fo rme l ap ida i r e : « Sonne - m o i ces b e a u x s o n n e t s », pu i s p u b l i e ses c i n q u a n t e sonne t s à la l o u a n g e d e « L ' O l i v e », q u ' u n e seconde éd i t ion p o r t e r a t rès vi te a u n o m b r e de cen t qu inze . Le c o u p d ' e n v o i est d o n n é . Si la m o d e fait f u r e u r à la c o u r d ' H e n r i

    I I , c ' e s t en m a j e u r e p a r t i e g râce à la g é n é r a t i o n m o n t a n t e . O u i , l ' a r t d u s o n n e t est l 'affaire des j e u n e s . L o r s q u e R o n s a r d e t ses a m i s s o u s c r i v e n t à ses lois, ils son t d a n s

    l eu r v i n g t i è m e a n n é e . Le r e c o r d se ra a m é l i o r é p a r u n a d o l e s c e n t d e B e s a n ç o n , J e a n - B a p t i s t e C h a s s i g n e t , qui , à seize a n s , c o m p t e à son a c t i f q u a t r e cen t q u a r a n t e sonne t s . A l ' âge d e d i x - h u i t ans , M u s s e t éc r i r a les siens.

    LA Q U E R E L L E

    D e B a l z a c à A r a g o n , les t r i b u l a t i o n s d u s o n n e t v o n t a l i m e n t e r p lu s d ' u n e c h r o n i q u e . Ses t r i o m p h e s , ses scan- d a l e s fon t g r a n d b ru i t . L a p o l é m i q u e q u e susc i t en t les œ u v r e s de B e n s e r a d e et de V o i t u r e est s ans d o u t e

    l ' é p i s o d e le p lu s m a r q u a n t de l 'H i s to i r e de la Préciosi té . J o b e l i n s e t U r a n i s t e s s ' a f f ron ten t . Ba l zac se fera r a p p o r - t e u r d u p rocès et Corne i l l e cons igne l ' é v é n e m e n t :

    « D e u x s o n n e t p a r t a g e n t la ville, D e u x s o n n e t s p a r t a g e n t la cou r E t s e m b l e n t vou lo i r à l eu r t o u r

    R a l l u m e r la g u e r r e civile » S ' e s t - o n j a m a i s a u t a n t b a t t u p o u r u n e ode ? A la sui te

    d ' u n e c a b a l e d é c h a î n é e c o n t r e la « P h è d r e » de Rac ine , la

    « q u e r e l l e des s o n n e t s » m e t en ébul l i t ion la F r a n c e l i t t é ra i re et po l i t ique . O n règle ses c o m p t e s n o n sans q u e l q u e s c o u p s bas (a l lus ion a u x m œ u r s d u d u c de Neve r s

  • qui menace Racine et Boileau de la bastonnade). Il faudra toute l'autorité du grand Condé pour calmer les esprits échauffés.

    Un sonnet révélateur mérite également d'être cité. Corneille, dit-on, lui doit sa vocation dramatique. Si l'on en croit son biographe de frère : Thomas, il aurait écrit sa première pièce, « Mélite », dans le seul but d'utiliser un sonnet qu'il avait rimé pour l'amour d'une Rouennaise.

    UN PRINCE CHARMANT

    Le dix-huitième siècle ne verra plus de Sonnettiste entrer « en agonie d'amour pour une iris en l'air ». Discrètement le sonnet disparaît de la scène poétique et s'en va jouer les « belles au bois dormant » jusqu'à l'arrivée du Prince charmant : Charles-Augustin de Sain- te-Beuve dont la profession de foi apparaît dans un poème où s'exprime sa jeunesse militante :

    « Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France » De la bohème échevelée de 1830 à celle de 1980, les meilleurs poètes lui emboîtent le pas. Certains d'entre eux s'autoriseront à violer la règle draconienne. L'auteur des « Chimères », Gérard de Nerval, prie la mort d'attendre « qu'il ait posé le point à son dernier sonnet ». Villiers de L'Isle-Adam met en musique « La mort des Amants » de Baudelaire, Mallarmé livre ses rimes en « Y X » à la surprise de ses fans :

    « Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx » et Rimbaud invente la couleur des voyelles. Avec José- Maria de Heredia, le voici au zénith. L'humour gardant ses droits, Tristan Bernard parodiera « les Conquérants » en évoquant le scandale de Panama. Les amoureux de Laforgue s'aiment dans le contexte d'une campagne électorale, l'héroïne exotique de « la Négresse blonde » feuillette un roman porno, le nécromant de Jarry lit « les

  • prédictions d'or à la lueur des torches de résine » et Montherlant s'écrie : « Encore un instant de bonheur ».

    LE POIDS DU SIÈCLE

    En dépit du recul de la versification qui caractérise notre époque, on constate de nouveaux adeptes. Ainsi naissent « Trente trois sonnets » réalisés de tête et au secret par le prévenu Jean Cassou, publiés en 1944 dans la clandestinité avec une préface de François-la-Colère, alias Aragon. Dans les années 50, la bombe « H » et ses retombées radioactives inspirent Guillevic et, cent cin- quante ans après Joseph Delorme, Alain Bosquet déclare : «j'ai choisi le sonnet ou, si l'on préfère, j'ai été choisi par lui, sans résistance. » Son «journal intime vociféré à la figure d'un temps privé de critères » porte un titre significatif : « Sonnets pour une fin de siècle ». Jamais le sonnet ne fut le support d'une modernité plus véhé- mente.

    Ceux pour qui le sonnet fleure, à la veille de l'an deux mille, l'anachronisme trouveront ici matière à réflexion. Des hommes d'obédiences aussi diverses que Ronsard, Malherbe, Verlaine, Samain, Tailhade, Pierre Louÿs, Péguy, Apollinaire, Yves Gasc, Luc Bérimont, l'ont, chacun, marqué d'un sceau distinct. Des origines à nos jours, ces cent plus beaux poèmes sont, dans leur austère concision, le réceptacle d'un éclatant « vécu ».

    MARIE LETOURNEUR.

  • C L É M E N T M A R O T

    1497-1544

    Le premier jour que trépassa la belle, Les purs esprits, les anges précieux, Saintes et saints, citoyens des hauts cieux, Tout ébahis vinrent à l'entour d'elle.

    Quelle clarté, quelle beauté nouvelle, Ce disaient-ils, apparaît à nos yeux ? Nous n'avons vu du monde vicieux Monté ça haut encor une âme telle.

    Elle, contente avoir changé demeure, Se parangonne aux anges d'heure à heure, Puis tout à coup derrière soi regarde

    Si je la suis ; il semble qu'elle attend ; Dont mon désir ailleurs qu'au ciel ne tend, Car je l'oy bien crier que trop je tarde.

    (Œuvres complètes)

  • P O N T H U S DE T Y A R D

    1521-1605

    Je vis rougir son blanc poli ivoire Et cliner plus humainement sa vue, Quand je lui dis : si ta rigueur me tue, En auras-tu, cruelle, quelque gloire ?

    Lors je connus, au moins je veux le croire, Qu'amour l'avait atteinte à l'imprévue : Car elle, éprise, et doucement émue, Par un souris me promit la victoire.

    Et me laissant baiser sa blanche main, Me fit recueil si tendrement humain, Que d'autre bien depuis je n'ai vécu.

    Mais éprouvant un trait d'œil, sa douceur Si vivement me vint toucher au cœur, Que, pensant vaincre, enfin je fus vaincu.

    (Les Erreurs amoureuses, 1549)

  • J O A C H I M D U BELLAY

    1522-1560

    « HEUREUX QUI, COMME ULYSSE... »

    Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !

    Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

    Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais romains le front audacieux ; Plus que le marbre dur, me plaît l'ardoise fine,

    Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin, Plus mon petit Liré que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la douceur angevine.

    (Les Regrets, XXXI, 1558)

  • G E O R G E S F O U R E S T

    1 8 6 4 - 1 9 4 5

    LE CID

    V a , j e n e t e h a i s p o i n t .

    P . C o r n e i l l e

    L e p a l a i s d e G o r m a z , c o m t e e t g o b e r n a d o r

    e s t e n d e u i l : p o u r j a m a i s d o r t c o u c h é s o u s l a p i e r r e

    l ' h i d a l g o d o n t le s a n g a r o u g i l a r a p i è r e

    d e R o d r i g u e a p p e l é le C i d C a m p é a d o r .

    L e s o i r t o m b e . I n v o q u a n t les d e u x s a i n t s P a u l e t P i e r r e , C h i m è n e , e n v o i l e s n o i r s , s ' a c c o u d e a u m i r a d o r

    e t s e s y e u x d o n t l e s p l e u r s o n t b r û l é l a p a u p i è r e

    r e g a r d e n t , s a n s r i e n v o i r , m o u r i r le s o l e i l d ' o r . . .

    M a i s u n é c l a i r , s o u d a i n , f u l g u r e e n s a p r u n e l l e :

    s u r l a p l a z z a R o d r i g u e e s t d e b o u t d e v a n t e l l e !

    I m p a s s i b l e e t h a u t a i n d r a p é d a n s s a capa

    le h é r o s m e u r t r i e r à p a s l e n t s s e p r o m è n e :

    « D i e u ! » . s o u p i r e à p a r t so i l a p l a i n t i v e C h i m è n e

    « q u ' i l e s t j o l i g a r ç o n l ' a s s a s s i n d e P a p a ! »

    ( L a Négresse blonde, J o s é C o r t i )

  • T R I S T A N B E R N A R D

    1 8 6 6 - 1 9 4 7

    LES CONQUÉRANTS DE L'OR

    C o m m e u n t r o u p e a u d o c i l e a u M a î t r e C a p i t a l ,

    D u p a l a i s d e B o u r b o n p r o c h e l a M a d e l e i n e ,

    C e u s s e d e l a M o n t a g n e e t c e u s s e d e l a P l a i n e

    S ' e n v e n a i e n t , a t t i r é s v e r s le g u i c h e t f a t a l .

    I l s v e n a i e n t p o u r p a l p e r l ' a v a n t a g e u x m é t a l

    A c c r u d e p u i s le t e m p s a u f o n d d e s b a s d e l a i n e .

    M a i s l e u r r u t o b s t i n é v i d a i t l e u r p o c h e p l e i n e A u x n i d s l u x u r i e u x d u m o n d e h o r i z o n t a l .

    L e v i n q u i r u i s s e l a i t d e s m a i n s d e s c o u r t i s a n e s

    L e u r f a i s a i t e n t r e v o i r les d e u x m e r s o c é a n e s , H e u r t a n t à d e s f lo t s d ' o r d e s f lo t s c é r u l é e n s .

    M a i s v o i c i q u ' i n c l é m e n t l ' A v e n i r se r é v è l e .

    E t b i e n t ô t , t r a n s p o r t é s a u x f r a i s d e s c i t o y e n s ,

    I l s v e r r o n t r e s p l e n d i r t e s é t o i l e s , N o u v e l l e !

    (Soixante Années de Lyrisme intermittent, É d i t i o n s L i t t é r a i r e s

    d e F r a n c e , 1 9 4 5 )

    Parmi les sonnets les plus parodiés, il faut citer celui de Ronsard sur la solitude d 'Hélène vieillissante à son rouet ainsi que le sonnet d'Ar- vers.

    En pastichant « Les Conquérants » de José-Maria de Heredia, Tristan Bernard nous montre à quel point le sonnet épouse l'événement. Ici : la brûlante actualité d 'un scandale financier, le krach de Panama.

  • P A U L C L A U D E L

    1 8 6 8 - 1 9 5 5

    S é p a r o n s - n o u s ici , v o u s ê t e s a r r i v é .

    V o i c i le l i e u , v o i c i l ' a r b r e , v o i c i l a p o r t e .

    C o m p a g n o n , n o u s a v o n s m a r c h é d e b o n n e s o r t e ,

    C o u r s a n t a i n s i , d e p u i s q u e le j o u r s ' e s t l e v é .

    E h b i e n , c ' e s t l à le t o i t q u i f u t p a r v o u s t r o u v é .

    D i t e s : C ' e s t m o i ! c r i e z , h e u r t e z l ' h u i s à m a i n f o r t e !

    L a f e m m e e t le r e p a s v o u s a t t e n d e n t . Q u ' i m p o r t e

    L e c o m p a g n o n d ' u n j o u r ? V o u s ê t e s a r r i v é .

    L a v i e i l l e m è r e e s t l à ; l ' é p o u s e d o u c e e t s a g e

    E s t l à ; p r e n e z - l e s d a n s v o s b r a s . L e r e s t e e s t v a i n .

    L ' e n f a n t n o u v e a u v o u s m e t les m a i n s s u r le v i s a g e .

    A d i e u , r i e z , s o y e z h e u r e u x j u s q u ' à l a f in ,

    M a n g e z d e v o t r e p a i n , b u v e z à v o t r e v e r r e .

    P o u r m o i , u n l o n g c h e m i n e n c o r m e r e s t e à f a i r e .

    ( « P r e m i e r s v e r s » i n Œuvre s complètes, t o m e 1, G a l l i m a r d , 1 9 5 0 )

    De grands écrivains de théâtre se sont préoccupés du sonnet : Claudel, Montherlant , Audiberti, Dubillard...

  • G U I L L E V I C

    n é e n 1 9 0 7

    H

    L o r s q u e j e s u i s v e n u v o i r s ' é t a b l i r le j o u r ,

    D e u x r a m i e r s s u r v o l a i e n t l e n t e m e n t l a p r a i r i e ,

    L a j e u n e f e m m e a v a i t c e r e g a r d q u i m a r i e L a f e r v e u r d u m a t i n a u x c h o s e s d ' a l e n t o u r .

    L ' a l o u e t t e m o n t r a i t a u s o l e i l l es l a b o u r s ,

    O n f a i s a i t d e s s e m i s p r è s d e l a m é t a i r i e

    D o n t l e s t o i t s s c i n t i l l a i e n t c o m m e d e s p i e r r e r i e s

    E t le m e r l e d i s a i t t o u t ç a d a n s s o n d i s c o u r s .

    L e c i e l é t a i t d ' u n e i n c r o y a b l e t r a n s p a r e n c e

    E t j e m e r é p é t a i s c o m m e c ' e s t b e a u , l a F r a n c e ,

    Q u a n d u n n u a g e é n o r m e e t t r è s l o u r d e s t m o n t é .

    S a n s d o u t e n ' é t a i t - i l q u ' u n n u a g e o r d i n a i r e ,

    M a i s c o m m e n t o u b l i e r t o u s c e u x q u i v o n t p o r t e r L a m o r t r a d i o - a c t i v e a u h a s a r d s u r l a t e r r e ?

    29 mars 1954

    (Trente et un sonnets, G a l l i m a r d , 1 9 5 4 )

    Il n'est pas un terrain que le sonnet n'ait conquis comme en témoigne cette évocation du « nucléaire ».

  • NOTE DE L'ANTHOLOGISTE

    J'ai été amenée à transcrire les sonnets d'hier en langage moderne, totalement ou en partie, pour une plus large compréhension du lecteur, chaque fois que cela fut possible et sans trahir, je l'espère, la saveur du texte.

    On trouvera donc, çà ou là, quelque hiatus entre la référence bibliographique, indication précise de la source où j'ai puisé le texte, et le sonnet proposé. Si le charme du passé n'opère plus autant, l'actualité du document y gagne. Dussé-je m'attirer les foudres des puristes — parmi lesquels, paradoxalement, je me range ! — j'ai accepté ici le point de vue de l'éditeur.

    Les limites de cet ouvrage feront regretter à juste titre l'absence de sonnettistes contemporains qui de Charles le Goffic à Jacques Roubaud et Guy Chambelland ont repris le flambeau. Parmi tant d'autres, citons Paul-Jean Toulet, Edmond Rostand, Vincent Muselli, André Salmon, Francis Ponge, Yves-Gérard le Dantec, Georges Gabory, Odilon-Jean Périer, André Berry, Roger Bodart, Rouben Mélik...

    Marie Letourneur.

  • I C O N O G R A P H I E

    L E S C E N T P L U S B E A U X S O N N E T S

    D E L A L A N G U E F R A N Ç A I S E

    Page 18. — T i t r e des Œ u v r e s de R o n s a r d . G r a v u r e de L é o n a r d G a u l t i e r exécutée p o u r l ' éd i t ion de 1609 et r e t o u c h é e p a r l ' a r t i s t e p o u r l ' éd i t ion de 1623 (B.N. ) .

    Page 23. — R e p r o d u c t i o n s de p o r t r a i t s g ravés conservés a u c a b i n e t des e s t a m p e s (B.N.) : J o d e l l e et P o n t h u s de T y a r d .

    Page 31. — P o r t r a i t de M a l h e r b e . G r a v u r e de C o d e m a n s d ' a p r è s F inson ius . C a b i n e t des e s t a m p e s (B.N.) .

    Page 74. — Eau - fo r t e de M a n e t r e p r é s e n t a n t B a u d e l a i r e (B .N. ) .

    Page 79. — S o n n e t a u t o g r a p h e de J o s é - M a r i a de H e r e d i a : « L ' e n l è v e m e n t d ' A n t i o p e » : in « C a h i e r P ie r re Louÿs , n° 4 ».

    Page 106. — Pier re L o u ÿ s p a r H e n r i Batai l le . I n « C a h i e r P ie r re Louÿs , n°4 ».

    Page 127. — P o r t r a i t de J o a c h i m d u Bellay. C r a y o n d u X V I ( C a b i n e t des e s t a m p e s ) B.N.

  • Page 131. — P o r t r a i t de Corne i l le . G r a v u r e de G u i l l a u m e

    V a l l e t ( C a b i n e t des e s t a m p e s ) B .N.

    Page 133. — P o r t r a i t de V o i t u r e . G r a v u r e de J a c q u e s L u b i n (Bibl. N a t . I m p . ) .

    Page 135. — P o r t r a i t d ' I s a a c de B e n s e r a d e g r avé p a r E d e l i n c k (Bibl . N a t . I m p . ) .

    Page 144. — P o r t r a i t d e Sa in t e -Beuve . G r a v u r e de

    D e m a r z y (Bibl . N a t . Es t . ) .

    Page 152. — P é r i o d i q u e : P o r t r a i t - c h a r g e de R i m b a u d p a r L u q u e (le s o n n e t des voyel les) . I n « Les H o m m e s d ' a u j o u r d ' h u i » n° 318 ( L é o n V a n i e r ) , texte de V e r l a i n e . P a g e d e t i tre.

  • CRÉDITS BIBLIOGRAPHIQUES

    Nous tenons à remercier les auteurs, traducteurs, éditeurs et ayants-droit qui nous ont permis de rééditer ici les poèmes dont ils conservent, bien entendu, l'entier copyright. Malgré nos recherches, il se peut que nous n'ayons pu identifier tous les ayants-droit des poèmes cités. Dans ce cas nous leur demandons de s'adresser à nous afin de nous permettre de combler des lacunes dont nous les prions de bien vouloir nous excuser.

  • ACHEVÉ D'IMPRIMER LE 21 AVRIL 1986 SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE JOUANNO

    POUR LE COMPTE DU CHERCHE MIDI ÉDITEUR

    Imprimé en France Dépôt légal : Septembre 1983

    N° d'éditeur : 86 — N° d'imprimeur : 440

    I S B N 2-86274-086-1

  • Apparu au X V I siècle, mais ayant encore de fervents adeptes, le sonnet se veut taillé dans le cristal le plus pur des mots et d 'une concision difficile : quatorze vers pour tout dire !

    En réunissant Ronsard, Baudelaire, Musset, Heredia, Mallarmé, Rimbaud, Pierre Louÿs, Apollinaire, Valéry, aujourd 'hui Aragon, Cocteau, Montherlant, Bosquet, Marie Letourneur nous propose un choix exceptionnel de tous ceux qui ont marqué le sonnet de leur art.

    Une Histoire du sonnet par le sonnet nous rappelle, en annexe, les triomphes, les querelles, les scandales et les novations qu 'a suscités le sonnet. D'une vitalité peu commune, il connaîtra, de Marot à Guillevic, le port de la fraise, le mal du siècle et... l'ère atomique. C'est la preuve que cet aristocrate au "buste trop long, jambes trop courtes" — selon la définition amusée de Théodore de Banville — ne s'est jamais placé hors du temps !

  • Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

    sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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    dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

    CouvertureDu même auteurPage de titreCopyright d'origineÉpigraphePRÉFACE - L’ART DU SONNET * EN FRANCELA QUERELLEUN PRINCE CHARMANTLE POIDS DU SIÈCLE

    CLÉMENT MAROT - 1497-1544PONTHUS DE TYARD - 1521-1605JOACHIM DU BELLAY - 1522-1560GEORGES FOUREST - 1864-1945TRISTAN BERNARD - 1866-1947PAUL CLAUDEL - 1868-1955GUILLEVIC - né en 1907

    NOTE DE L’ANTHOLOGISTEICONOGRAPHIE - LES CENT PLUS BEAUX SONNETS DE LA LANGUE FRANÇAISETable des matièresCRÉDITS BIBLIOGRAPHIQUESQuatrième de couvertureAchevé de numériser