Les bases dune économie bas carbone : identification et promotion des tendances technologiques...

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Les bases d’une économie bas carbone : identification et promotion des tendances technologiques sectorielles : le cas de l’industrie chimique Fabrizio Giacalone, Syndex Conférence CES, Londres, 5 octobre 2009

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Les bases d’une économie bas carbone : identification et promotion des tendances

technologiques sectorielles : le cas de l’industrie chimique

Fabrizio Giacalone, SyndexConférence CES, Londres, 5 octobre 2009

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La chimie avec ses diverses composantes est le secteur industriel le plus énergétivore et le 3e secteur industriel émetteur de CO2 (2,4 Gt d’émissions CO2 en 2005)

L’industrie chimique contribue de manière conséquente aux changements climatiques en étant responsable de 16% des émissions mondiales de GES d’origine industrielle (4% toutes origines confondues). Toutefois, sur le plan géographique les positions sont contrastées

Intensité carbone en 2005 de l'industrie chimique (KgCO2 émis/USD vendu)

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1,5

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2,5

global Asia-Pacific dont China North America dont USA EasternEurope

WesternEurope

MiddleEast/africa

Latin America

sources : SRI, Tecnon, McKinsey Analysis (citées dans "Innovations for Greenhouse Gas Reductions", ICCA, july 2009")

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La chimie ouest-européenne occupe une place de leader sur le front de la réduction des émissions de GES

La chimie européenne (concentrée aux ¾ dans 5 pays : Allemagne, France, Italie, UK, Benelux) a réduit de manière significative son intensité en carbone et affiche l’empreinte la plus basse

Les émissions de GES ont diminué de 32% entre 1990 et 2007 alors que la production chimique de l’UE a progressé de 67% sur la même période

L’écosystème européen a contribué à favoriser l’orientation de l’industrie chimique vers ce positionnement

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Quid du futur ? McKinsey a évalué à l’horizon 2030 un scénario « BAU » qui s’avère être particulièrement inquiétant

Les émissions de GES seraient multipliées par 2,2 dans le scénario « BAU » entre 2005 et 2030 du fait du développement des capacités et des volumes produits principalement en Asie Pacifique

Même l’Europe, qui apparaît comme le « meilleur élève » en termes d’intensité carbone par USD de ventes, verrait ses émissions progresser de 34%

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Le scénario alternatif (évalué sur la base de toutes les réductions envisageables économiquement et technologiquement selon McKinsey ) aboutit malgré tout à un niveau d’émissions de 3,3 GtCO2 à l’horizon 2030

Le scénario « amélioration de l’efficience carbone » permettrait une réduction nette des émissions de GES à l’horizon 2030 de 23% par rapport au « BAU » ; mais le niveau resterait nettement supérieur à celui de 2005 (+39%)

L’investissement global nécessaire pour réduire les émissions de GES par rapport au « BAU » est évalué à 520 G€ entre 2010 et 2030. En contrepartie, 280 G€ seraient économisés par l’amélioration de l’efficacité énergétique

Une réduction supplémentaire ne serait pas envisageable sans ruptures technologiques plus radicales (alors que l’innovation a eu tendance à s’essouffler), ce qui suppose qu’un ensemble de conditions supplémentaires soit rempli (renforcement et élargissement de l’effort de R&D, politique industrielle globale à LT, financement accru…)

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Dans ce contexte, relever les défis économiques et industriels requiert une nouvelle régulation à l’échelle européenne et mondiale (1)

La chimie est un acteur important (industrie intermédiaire) qui a un impact par ses produits et ses process sur les émissions de gaz à effet de serre directement et indirectement à travers les domaines applicatifs

Cependant, la faculté de l’industrie chimique à réduire les émissions de GES a été affaiblie, distendue depuis que cette industrie est engagée dans une phase de transition structurelle

L’industrie chimique européenne (en particulier) est fragilisée par l’emprise d’une mutation de nature financière se traduisant par

• Une désintégration des filières, par des segmentations et des externalisations de plus en plus poussées

• Des modèles de profit qui ces 10 dernières années ont plus servi les actionnaires et le redéploiement dans les zones émergentes qu’un projet de développement offensif et innovant en Europe : l’effort d’investissement en technologies et R&D a été réduit tendanciellement par rapport aux USA et au Japon

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Dans ce contexte, relever les défis économiques et industriels requiert une nouvelle régulation à l’échelle européenne et mondiale (2)

Dans ce contexte, la mise en œuvre d’une politique offensive en matière de gaz à effet de serre est invoquée comme une source de fragilité supplémentaire (selon une argumentation proche de celle mobilisée dans le cadre du projet de règlement Reach)

Or, la fragilité et la crise secouant de manière souterraine l’industrie chimique de l’UE sont plus anciennes et résultent notamment des choix stratégiques opérés par les groupes industriels (chlorochimie, pétrochimie, noir de carbone, carbonate de soude…)

En fait, le bilan économique global est différent de celui que dressent les industriels : des enjeux forts et positifs pour l’industrie chimique ressortent aussi avec la problématique de la migration vers une économie bas carbone

Mais, ils ne pourront se déployer qu’en s’appuyant sur de véritables dispositifs de coordination et de régulation (politique industrielle) ce qui nécessite un travail sur plusieurs fronts que nous évoquons ci-après

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1. Organiser la visibilité sur l’état des lieux des capacités de l’industrie chimique à répondre aux objectifs de l’UE en matière de GES grâce au benchmarking

Le recours au benchmarking (plébiscité par les industriels) peut constituer un levier important à condition qu’il puisse être mobilisé dans une phase préalable de négociation

L’enjeu est notamment de mieux mesurer le « risque carbone » pour mieux le traiter

L’enjeu est aussi d’organiser une meilleure visibilité sur la distribution de l’outil industriel dans chaque branche par rapport aux meilleures technologies disponibles afin d’évaluer l’ampleur des ajustements à opérer

Les informations sont recensées dans les benchmarkings utilisés par les chimistes mais sont considérées comme confidentielles et ne peuvent donc être versées au débat public sur l’évaluation des risques (études d’impact) de la transition à une économie bas carbone. Il faut lever cette limitation selon des modalités à définir

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2. Adapter et mobiliser de manière nouvelle les dispositifs existants pour promouvoir la mutualisation, favoriser la coopération sur 3 plans

Créer, dans un système fragmenté, les bases d’une mutualisation entre opérateurs de la chaîne de valeur de la chimie

Il faut réfléchir à une articulation nouvelle des instruments réglementaires et économiques aptes à influencer le comportement des acteurs de la chimie pour promouvoir plus de coopération et de mutualisation en mobilisant par exemple d’une manière nouvelle et articulée plusieurs mécanismes : signaux prix, méthode d’allocation des quotas, taxe aux frontières, mobilisation positive du benchmarking, l’organisation de la R&D à long terme et la diffusion de l’innovation,…

Créer les mécanismes d’une coordination de la chimie avec les domaines applicatifs

Il s’agit de s’appuyer sur la problématique des émissions de GES évaluées dans l’ensemble du cycle d’usage et de vie des substances chimiques afin de stimuler la diffusion des innovations permettant de réduire l’empreinte carbone

Favoriser la coopération internationale visant à améliorer le bilan carbone global et à réduire les risques de délocalisation

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3. Relever le défi de l’emploi et des compétences : une industrie qui a plutôt détruit de l’emploi…

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1991 38,6 67,0 49,2 28,7 4,4 19,8 282,7 648,9 14,3 49,4 16,5 218,6 5,7 12,9 0,0 89,4 159,5 35,9 0,0 14,9 151,9 36,5 303,5

2000 27,1 70,1 44,4 23,6 3,2 18,6 286,6 495,5 15,5 35,4 23,1 206,3 4,2 6,4 1,6 72,1 115,4 22,6 19,6 13,6 136,8 41,0 246,8

2008 28,1 70,6 38,8 29,9 3,0 17,6 273,1 457,3 18,4 31,0 25,2 196,3 4,5 5,6 1,1 65,7 113,2 20,5 14,2 14,7 140,9 44,6 203,5

Austria BelgiumCzech

RepublicDenmar

kEstonia Finland France

Germany

Greece Hungary Ireland Italy LatviaLithuani

aLuxemb

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Slovenia Spain SwedenUnited Kingdo

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Source : Eurostat, CeficSource : Eurostat, Cefic

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3. Relever le défi de l’emploi et des compétences : … et qui continuera d’en détruire indépendamment des risques liées à la fuite carbone

Le processus de destruction d’emplois dans l’industrie chimique pourrait s’accélérer dans les prochaines années selon le voies classiques : l’externalisation, la consolidation des structures industrielles, la globalisation et le redéploiement géographique

La crise actuelle est une aubaine pour accélérer le mouvement de restructuration

Les risques identifiés de délocalisation liés à la fuite carbone sont à minorer et ne devraient pas modifier la donne de fonds relevant des stratégies d’acteurs ayant déjà contribué à fragiliser l’industrie chimique européenne (en développant de nouvelles bases hors de l’UE, là où les marchés ont plus de croissance et les coûts sont inférieurs)

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3. Relever le défi de l’emploi et des compétences :

mais, une industrie qui transforme aussi les emplois

A côté de ce mouvement de destruction d’emplois, il y a un mouvement plus qualitatif d’évolution des métiers et des compétences, mouvement indexé notamment à la montée des enjeux environnementaux liés en particulier au règlement Reach et au facteur carbone

Mais la transformation importante des métiers très divers de la chimie est mise en œuvre par des canaux qui ne permettent pas (a priori) de relever les défis de la grande transformation des métiers et des compétences :

Déplacement des compétences vers l’aval, recentrage dans les industries de process sur les compétences de l’optimisation et de la régulation, transformation du périmètre des métiers et des expertises par l’externalisation

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3. Relever le défi de l’emploi et des compétences : il faudra aider à l’avènement des mutations des métiers et des compétences liées au facteur carbone dans 3 directions principales

Développement de l’apport de la chimie dans la montée en puissance des éco-industries (par ses produits, services, solutions dans les domaines des traitements des eaux, de l’air, de la captation du CO2,…)

Émergence et développement des filières de la chimie verte par le renforcement des compétences dans les domaines de la R&D et de l’expertise scientifique

Consolidation de toutes les orientations en lien avec les autres problématiques environnementales (Reach)

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3. Relever le défi de l’emploi et des compétences :

d’où la nécessité de traiter centralement l’enjeu de la « gestion des transitions »

L’enjeu est celui d’une gestion des transitions qui ne reporterait pas tous les risques et les coûts associés sur l’emploi

Il s’agirait notamment d’étendre et de renforcer les dispositifs d’accompagnement des mutations au champ du facteur carbone

Il faudrait pour cela créer par exemple un fonds européen pour financer ces transitions avec des conditions d’éligibilité à définir et des règles (« droits et devoirs ») à construire de manière offensive