Les Barrages Et La Politique Hydraulique en Algérie

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    REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIREMINISTERE DE LENSEIGNEMENT SUPERIEUR

    ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

    UNIVERSITE MENTOURI CONSTANTINE

    FACULTE DES SCIENCES DE LA TERRE, DE LA GEOGRAPHIEET DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    DEPARTEMENT DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    N dordre :Srie :

    THESE

    Prsente pour lobtention du diplme de Doctorat dEtaten Amnagement du Territoire

    Les barrages et la politique hydraulique en Algrie :

    tat, diagnostic et perspectivesdun amnagement durable.

    Option Amnagement Rural

    ParTOUATI Bouzid

    Devant le jury :

    Prsident : LAROUK Med El Hadi Professeur Universit Constantine

    Rapporteur : CHERRAD Salah Eddine Professeur Universit Constantine

    Examinateur : BENAZZOUZ Med Tahar Professeur Universit ConstantineExaminateur : BOUCHEMAL Salah Professeur Universit Oum El Bouaghi

    Examinateur : FOURAR Ali Matre de Conf A Universit Batna

    Anne 2010

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    Les barrages et la politique hydraulique en Algrie :tat, diagnostic et perspectivesdun amnagement durable.

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    Table des matires

    Abrviations..11

    Introduction ..............................15

    Problmatique ..21

    Mthodologie24

    Premire partie

    Milieu naturel : des formes de terrain divers et un climat capricieux et agressif.

    Les caractristiques des milieux physiques : de grands ensembles bien ordonns....26

    Le Tell......27Latlas tellien...27Les hauts plateaux....28Latlas saharien29Le Sahara.30

    Le cadre gologique : deux domaines bien distincts.31

    -LAlgrie alpine31-La plate forme saharienne......33

    La litho stratigraphie du nord de lAlgrie : des formations trs diverses.34

    Le palozoque..34Le msozoque..34Le Cnozoque..35Le Pliocne et le Quaternaire...36

    Les sols : une mosaque de sols fragiles.37

    Les sols rouges et bruns mditerranens sesquioxydes de fer dvelopps au Nord surles plateaux littoraux et les plaines telliennes37Les sols carbonats ou calci-magnsiques des hautes plaines intrieures et steppiques..38Les sols sals avec leur coloration blanchtre et leur vgtation halophile.38

    Les sols minraux bruts sableux de lespace dsertique du sud38

    La vgtation : une dgradation prjudiciable41

    Erosion : forte pour cause de fragilit des sols..46

    Le rseau hydrographique : des oueds coulement intermittent..50

    Analyse des profils en long de certains cours deau..54

    Profils en long des oueds du Tell..54Profils en long des oueds des Hauts Plateaux ..54

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    Les coulements difficilement matrisables..57

    Climat : les contraintes dun climat mditerranen...61

    Irrgularit et disparit des prcipitations : fortes variations est-ouest et nord-sud..65

    Diminution quantitative des prcipitations : une tendance perceptible.70

    Lagressivit des prcipitations : lorigine de dommages importants....72

    Lvaporation : importante en raison de la longueur de la priode sche.75

    Les tempratures : de fortes amplitudes77

    La scheresse : entrave pour lagriculture et contraignante pour lirrigation79

    Deuxime partie

    Etude socio conomique : une population majoritairement urbaine et ingalement

    rpartie affectant ngativement lagriculture et la ressource en eau.

    Une population et une urbanisation en croissance.84

    Une population ingalement rpartie travers le pays..87

    Un processus durbanisation acclr en Algrie : un pays de villes90

    Les migrations rurales : un monde rural peu attractif94

    La demande deau : linluctable augmentation96

    La consommation : difficilement quantifiable...99

    Les utilisateurs : trois secteurs concurrents et priorits changeantes103

    La ville et leau : taux de raccordement important mais de grosses perturbations.107

    Lagriculture : des terres agricoles dtournes.111

    Les facteurs du dclin de lagriculture..114

    Les facteurs naturels...114

    Les facteurs socio-conomiques...114

    Place de lagriculture dans lconomie nationale...118

    Le dveloppement de lagriculture.120

    Les politiques agricoles : nombreuses mais inefficaces.....120

    La nature juridique des exploitations : une prdominance des exploitations

    individuelles prives123

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    Lirrigation : une opration planifie sans adhsion des irrigants.. 126

    Une conomie mconnue : lconomie de leau..135

    Le dficit alimentaire : une dpendance risque.140

    Troisime partie

    Etat quantitatif des barrages : un bilan hydrique moyen et une opposition marque

    entre lEst et lOuest

    Les potentialits en eau superficielle...146

    Les potentialits en eau souterraine.148

    Le bilan hydraulique des barrages : un svre dficit.151

    Evolution du taux de remplissage des barrages de lOuest.158

    Evolution du taux de remplissage des barrages du Cheliff.164

    Evolution du taux de remplissage des barrages du centre170

    Evolution du taux de remplissage des barrages de lEst.174

    Les raisons pouvant expliquer le faible taux de remplissage181

    1- Des valuations de volumes exagres.181

    2- Un rseau hydromtrique peu toff.......182

    3- Des relevs dapports assez lacunaires183

    4- Les piquages illicites : des pratiques courantes184

    5- Des sites parfois inadquats..185

    6-Des pertes dans les rseaux importantes186

    La pollution : une dgradation continue des ressources...187

    La pollution par les rejets urbains et industriels..188

    La pollution dorigine agricole....197

    La pollution naturelle200Lenvasement des barrages : maladie des ouvrages et capacits de stockage amoindries...202

    Quatrime partie

    Situation hydrique actuelle : une gestion de leau hardie mais avec un manque de

    rigueur

    Radiographie de la politique de leau: de grands investissements et des rsultats mitigs212

    Structures, textes et gestion en perptuel changement.212

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    Des tudes trop longues215

    Des infrastructures peu oprationnelles...217

    Un entretien des infrastructures dlaiss..219

    Un rseau de distribution dfectueux : de graves consquences..221

    La tarification : un instrument conomique de rgulation224

    Tarification de leau usage domestique.224

    Tarification de leau usage agricole..231

    Tarification de leau a usage industriel, touristique et de services .232

    La gestion de leau et de ses tablissements : la Nouvelle Politique de lEau :

    un espoir vite dissip234

    Les solutions entreprises : coteuses et hasardeuses243

    Le recours aux ressources en eau non conventionnelles : une solution incontournable.243

    Le dessalement de leau de mer: une ressource en eau inpuisable,

    onreuse et limite au littoral244

    La rgnration des eaux uses : une technique trs peu dveloppe.250

    Le transfert deau et linterconnexion : des projets structurants impact rgional.254

    Le dvasement et la surlvation: des oprations coteuses259

    Cinquime partie

    Une politique hydraulique en veil : un accroissement notable du parc barrage

    La politique hydraulique : une valse dhsitations...264

    2002 : lanne de tous les maux hydrauliques ou le nouveau tremblement

    hydraulique pour une prise de conscience relle.265

    Leau : une source de scurit alimentaire267

    Essor de la grande hydraulique : une prise de conscience tardive....271Le cot de ralisation des barrages et des transferts: des oprations budgtivores..273

    Historique des barrages.278

    La priode coloniale....278

    1962-1980 : une priode dirigiste marque par labsence de politique hydraulique.....281

    1980-1999 : le rveil hydraulique ..281

    A partir de 2000 : laugmentation de la cadence des ralisations

    et le recours aux nouvelles technologies.. 282Chronologie des barrages mis en eau de lAlgrie indpendante.. 283

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    Les types de barrages..290

    Les barrages en bton ou maonnerie290

    Les barrages en remblai.. ..292

    Etude de cas : lexemple du barrage de Fontaine des Gazelles et du primtre

    irrigu dEl Outaya (Biskra)..293

    Le barrage de Fontaine des Gazelles..294

    Cration et gestion du primtre.296

    Localisation du primtre298

    Caractristiques climatiques.......300

    Caractristiques gologiques..300

    Projet agricole initial..300

    Le systme dirrigation..303

    La demande en eau agricole..305

    La tarification.305

    Infrastructures dassainissement et de desserte..306

    Systme de culture et tat gnral et conomique du primtre306

    Sixime partie

    Vers de nouvelles solutions hydriques ralistes et parfois futuristes

    Des actions renforcer, entreprendre ou envisager afin deffacer le spectre

    de la crise de leau314

    Les amnagements anti-rosifs : prservation de lcosystme et limitation

    de lenvasement..316

    La protection des aires de captage des eaux et la protection des ouvrages hydrauliques :

    outils de prservation du capital hydraulique320

    La protection des aires de captage.. 320

    La protection des ouvrages hydrauliques.322

    La multiplication des retenues collinaires : un impact conomique

    et environnemental non ngligeable324

    Ralimentation artificielle des nappes souterraines ou barrage infro-flux :

    un gain substantiel pour les zones arides.. ..330

    La rgnration des eaux uses et de drainage : un potentiel en eau valoriser

    aprs traitement..333

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    La rduction de lvaporation la surface des plans deau 336

    Le recours aux eaux du Sahara : option retenir pour le moyen terme..338

    Autres solutions : des gestes simples et trs peu coteux340

    La collecte du brouillard et de la rose340

    La rcupration des eaux de pluie341

    Pour une meilleure gestion : Une gestion intgre, concerte et participative. ..342

    Considrer leau comme un produit la fois conomique et social...343

    Une tarification progressive, juste, concerte, explique et adquate344

    Conclusion347

    Recommandations finales354

    Rfrences bibliographiques357

    Liste des illustrations369

    Liste des tableaux.371

    Annexes373

    Rsum en arabe..383

    Rsum en anglais384

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    Abrviations

    AADL : Agence Nationale de lAmlioration et du Dveloppement du Logement

    ABH : Agence de Bassin Hydrologique

    ABHCSM : Agence du Bassin Hydrologique du Constantinois Seybouse Mellegue

    ABHS : Agence de Bassin Hydrologique du Sahara

    ADE : Algrienne Des Eaux

    AEA : Alimentation en Eau Agricole

    AEI : Alimentation en Eau Industrielle

    AEP : Alimentation en Eau Potable

    AGEP : Agence Nationale de Gestion de lEau Potable et industrielle et de lassainissement

    AGID : Agence Nationale de ralisation et de Gestion des Infrastructures hydrauliques pour

    lIrrigation et le Drainage

    ANAT : Agence Nationale dAmnagement du Territoire

    ANB : Agence Nationale des Barrages

    ANBT : Agence Nationale des Barrages et des Transferts

    ANRH : Agence Nationale des Ressources Hydrauliques

    APC : Assemble Populaire Communale

    APFA : Accession la Proprit Foncire Agricole

    APS: Agence Presse Service

    BEI: Banque Europenne dInvestissements

    BIRD : Banque Internationale pour la Recherche et le Dveloppement

    CAPRA : Cooprative Agricole de Production de la Rvolution Agraire

    CIPD : Confrence Internationale sur la Population et le Dveloppement

    CLE : Commission Locale de lEau

    CNE : Conseil National de lEau

    CNES : Conseil National Economique et SocialCNIS : Centre National dInformatique et des Statistiques

    CNTS : Centre National des Techniques Spatiales

    CSP : Catgorie Socio Professionnelle

    DAS : Domaine Agricole Socialiste

    DEMRH : Direction des Etudes de Milieu et de la Recherche Hydraulique

    DGAIH : Direction des Grands Amnagements et des Infrastructures Hydrauliques

    DHW : Direction Hydraulique de WilayaDRS : Dfense et Restauration des Sols

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    EAC : Exploitation Agricole Collective

    EAI : Exploitation Agricole Individuelle

    ENAD : Entreprise Nationale des Dtergents

    EPEAL: Entreprise Publique des Eaux dAlger

    EPIC : Entreprise Publique caractre Industriel et Commercial

    ERIAD : Entreprise Rgionale des Industries Alimentaires et drivs

    FAO: Food and Agriculture Organization

    FNE: Fonds National de lEau

    GCA: Gnrale des Concessions Agricoles

    GGA : Gouvernement Gnral de lAlgrie

    JORA : Journal Officiel de la Rpublique Algrienne

    LSP : Logement Socio - Participatif

    MAO: Mostaganem Arzew Oran

    MARA : Ministre de lAgriculture et de la Rforme Agraire

    MATE : Ministre de lAmnagement du Territoire et de lEnvironnement

    MEAT : Ministre de lEquipement et de lAmnagement du Territoire

    MTH : Maladie Transmission Hydrique

    OMS : Organisation Mondiale de la Sant

    ONA : Office National dAssainissement

    ONID : Office National dIrrigation et de Drainage

    ONM : Office National de la Mtorologie

    ONS : Office National des Statistiques

    OPI : Office des Primtres Irrigus

    OPIOR : Office du Primtre Irrigu de lOued Righ

    ORSEC : Organisation des Secours

    PMH : Petite et Moyenne HydrauliquePNDA : Plan National du Dveloppement Agricole

    PNE : Plan National de lEau

    PNMCD : Programme National de matrise de la Croissance Dmographique

    PNUD : Programme des Nations Unis pour le Dveloppement

    RGA : Recensement Gnral de lAgriculture

    RGPH : Recensement Gnral de la Population et de lHabitat

    SAGE : Schma dAmnagement et de Gestion des EauxSAT : Surface Agricole Totale

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    SAU : Surface Agricole Utile

    SDEM : Station de Dessalement de lEau de Mer

    SEAAL : Socit des Eaux et de lAssainissement dAlger

    SEACO : Socit des Eaux et de lAssainissement de Constantine

    SEATA : Socit des Eaux et de lAssainissement dEl Tarf et dAnnaba

    SEM : Socit des Eaux de Marseille

    SEOR : Socit des Eaux et de lAssainissement dOran

    SNAT : Schma National dAmnagement du Territoire

    SNDRD : Stratgie Nationale de Dveloppement Rural Durable

    SONADE : Socit Nationale de Distribution de lEau

    SONATRACH : Socit Nationale pour la Recherche, la Production, le Transport, la

    Transformation et la Commercialisation des hydrocarbures

    SPA : Socit Par Actions

    STEP : Station dEpuration

    UNPA : Union Nationale des Paysans Algriens

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    Sil est questiondune boisson insipide, comme,

    par exemple, un verre deau, on na ni got, ni arrire-got ;

    on prouve rien, on ne pense rien ; on a bu et voila tout.

    Brillant-Savarin

    Ne jette point leau sale avant davoir leau propre.

    Anonyme

    Introduction

    Les ressources en eau, leur disponibilit et leur gestion, lassainissement et la pollution sont

    des questions qui se posent en permanence, la fois aux administrations charges de la

    planification nationale, mais aussi aux entreprises et aux collectivits locales, parfoisdmunies de moyens et qui doivent pourtant faire face aux dolances, de plus en plus

    nombreuses, souvent de plus en plus justifies des citoyens.

    Leau constitue la fois un lment essentiel et un facteur stratgique lamnagement du

    territoire ; sa disponibilit conditionne de manire dterminante la rpartition des populations,

    de lurbanisation et des activits conomiques.

    Son utilisation a vari dans ses formes au cours des temps en Algrie. Aujourdhui, les

    concurrences saiguisent entre les diffrents utilisateurs de leau (agriculture, industrie, villes)

    et partout laccroissement de la demande en eau potable et industrielle est rsolu au dtriment

    de lagriculture. Ces problmes de leau ne se sont imposs que durant ces dernires

    dcennies en raison des besoins domestiques et publics, agricoles et industriels qui staient

    accrus considrablement alors que le stock deau facilement prlevable tait gravement

    dnatur par les phnomnes de raret et de pollution. Cette rarfaction menace les ressourcesalimentaires. De plus, lamplification de ce phnomne, ainsi que la concurrence et les

    conflits pour leau modifient de manire spectaculaire la valeur que nous accordons aux

    ressources en eau et notre faon de les utiliser, de les mobiliser et de les grer. Il importe de

    trouver des moyens novateurs dutilisation de ce bien prcieux, afin de protger les

    cosystmes et dassurer lalimentation actuelle et future de millions dalgriens. La grande

    question est de savoir comment formuler, puis instituer des politiques efficaces pour faire face

    cette situation, c'est--dire lexcdent imminent de la demande par rapport loffre. Si les

    causes de la crise sont nombreuses, trois facteurs occupent le premier plan :

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    - augmentation de la population ;

    - accroissement de lactivit conomique ;

    - urbanisation.

    Dj en 1983, les conclusions dun colloque tenu luniversit de Constantine mettaient en

    vidence lacuit du problme de leau long terme et lexigence dune gestion optimise des

    ressources, compte tenu des contraintes conomiques et humaines.Il apparat indispensable

    de mobiliser la totalit des ressources, mme les plus modestes, afin dviter une

    centralisation de la ressource autour des grands barrages relativement vulnrables vis--vis

    de lenvasement, et qui ne couvrent quune partie des ressources mobilisables. Aujourdhui,

    prs de 30 ans aprs, et quelques nuances prs (lgre amlioration) le mme constat est

    dactualit, cest dire que le secteur de lhydraulique accuse des retards en dpit des efforts

    (matriels, humains, financiers et juridiques) consentis depuis et de la nouvelle politique de

    leau qui a t labore en 1996. Celle ci prend en compte une approche nouvelle de gestion

    des ressources en eau. Des outils ont t mis en place, les agences des bassins

    hydrographiques (au nombre de 5), lAlgrienne Des Eaux (A.D.E.), lOffice Nationale

    dAssainissement (O.N.A.) ainsi que des stations dpuration (STEP). Malheureusement,

    certaines sont dj abandonnes et dautres sont rhabiliter. Cet effort sest traduit par un

    taux de raccordement qui serait, selon les chiffres officiels, de 90 % pour leau potable et de

    85 % pour lassainissement lchelle nationale.

    Dans la littrature relative leau, lAlgrie se situe parmi les pays les plus pauvres en matire

    de potentialits hydriques. C'est--dire, en dessous du seuil thorique de raret fix par la

    Banque Mondiale 1000 m3 par habitant et par an.

    Les normes internationales sont fixes comme suit (MUTIN, 2000) :

    * le seuil de pnurie est fix 1.000 m3/an/habitant (seuil de tension ou water stress).

    * au dessous de 1.000 m3/an/habitant on estime que le pays peut tre confront des

    pnuries rgionales.

    * 500 m3/an/habitant la situation est considre comme critique (pnurie absolue ou

    water scarcity). Ce volume est bas, selon RAMADE (1998) sur la production dune

    tonne de crales qui ncessite en moyenne 1.000 m3

    deau. Comme la ration alimentairede lhomme implique au minimum une consommation de 300 kg de grains par an

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    auxquels il faut ajouter la part autre que les crales dans le rgime, laquelle ncessite le

    tiers de la consommation deau pour la production de ces grains, on arrive de la sorte un

    minimum incompressible de 400 m3/an /habitant comme besoins totaux en eau lis la

    production alimentaire. A cela doivent tre ajouts les besoins industriels et domestiques

    estims un minimum incompressible de 125 m3/an /habitant. En dfinitive, les besoins

    en eau ncessaires pour un dveloppement conomique peuvent tre estims un volume

    total minimal de 525 m3/an /habitant.

    * au dessous de 100 m3/an/habitant le recours massif de coteuses ressources non

    conventionnelles est invitable.

    Ainsi, on parle de pnurie lorsque les ressources en eau dun pays ou dune rgion sont

    infrieures 1.000 m3par an et par habitant. Ce seuil est bas sur lensemble des besoins en

    eau pour lagriculture, les villes et lindustrie ainsi que pour le maintien des cosystmes

    deau douce (SCHIFFLER, 2002).

    Il est admis, aujourdhui, que le niveau de consommation deau douce dun pays exprime un

    critre de son niveau de dveloppement conomique, dailleurs lune des conclusions de la

    confrence de la Haye sur leau (1994) abondait dans le mme sens pour souligner que leau

    est un bien conomique, sa pnurie se prsente comme un facteur rducteur du niveau de vie

    et aussi une source de conflits .

    LEtat algrien devait, donc imprativement axer ses efforts sur :

    - laccs leau, un droit qui doit tre exprim sans ambigut car cest un lment de la

    dignit humaine ; comme le droit la sant, lducation, au logement. Son loignement ou

    son absence empche le dveloppement conomique.

    - les problmes de leau ne peuvent tre remis plus tard, car on peut se passer de tlphoneportable, mais pas de leau potable.

    - la dcentralisation de la gestion de leau. Mme si les choses sont, ici, plus compliques ; il

    faut que chacun simplique : lEtat, dabord, en tant quentit rgulatrice ; le citoyen ensuite

    car plus on lui rapproche la comptence de leau au mieux elle est exerce.

    Si en 1962, la disponibilit en eau thorique par habitant et par an tait de 1500 m 3, ce qui

    plaait le pays dans une situation confortable, elle n'tait plus que de 720 m3en 1990, 680 m3

    en 1995, 630 m3 en 1998. Elle est estime environ 500 m3 en 1999 (CNES 2000)

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    Devant ce problme majeur de linsuffisance, nous mettrons en exergue les potentialits en

    eau que recle le pays et chercherons sil existe des possibilits daccrotre la production. Car,

    en dpit du fait que les ressources en eau superficielle sont rares, trs limites et les

    prcipitations irrgulires dans le temps impliquant un stockage, la consommation ne cesse

    daugmenter du fait du dveloppement conomique et de la demande croissante, en raison de

    lexplosion dmographique, du taux lev durbanisation, de lamlioration du niveau de vie

    et du dveloppement du tourisme, de lindustrie et, surtout de lagriculture. Lamlioration de

    la ressource en eau rside essentiellement dans la solution des problmes de rpartition dans

    lespace et dans le temps du stock que recle le pays, sans ngliger les aspects qualitatifs qui

    sont souvent dterminants pour les utilisations par lhomme comme pour lquilibre

    cologique. Cette amlioration relve dune approche socio-conomique dont les critres

    peuvent varier au cours des temps, allant de la survie de lhomme la qualit de

    lenvironnement et o les conditions naturelles ont plus souvent t subies que matrises.

    Le manque deau est rarement d une insuffisance des ressources en eau libre. Dans les

    villes, ce phnomne est souvent d linefficacit des services publics de distribution deau

    qui connaissent des difficults financires en raison des faibles tarifs pratiqus pour leau.

    Ainsi les travaux dentretien ncessaires ne sont pas effectus, ce qui entrane des problmes

    de discontinuit de service et de lourdes pertes pour le rseau de distribution.

    Aujourdhui, le pays paie cher les nombreuses dcennies dattentisme, et un redressement

    nest pas pour demain. Sil est difficile dvaluer exactement limportance du rle jou par

    leau dans la vie de lhomme et dans ses efforts pour amliorer ses conditions dexistence ; il

    est, par contre, certain que sans eau, les progrs humains sont ralentis. De plus, il est vident,

    que plus leau est abondante et meilleure est sa qualit, plus rapide et complte a t

    lamlioration de la sant publique (MARTIN SAMOS, 1976) et le dveloppementconomique.

    Conscients de cela, les pouvoirs publics se sont engags, depuis peu, dans une nouvelle

    orientation pour amliorer la situation hydraulique du pays. Il est dsormais fait appel des

    partenaires trangers spcialiss qui ont ouvert de grands chantiers dans certaines

    agglomrations. Ainsi, le secteur sest ouvert sur le partenariat dans le cadre de la nouvelle

    nouvelle gestion dlgue !

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    La prsente rflexion universitaire a pour but dexpliciter le binme production /

    consommation de leau en Algrie et de leur intgration dans lvolution gnrale de la

    politique sociale et conomique du pays.

    Pose de la sorte et sans prtendre lexhaustivit, cette dmarche se veut une analyse globale

    des phnomnes de consommation hydrique, de sa dynamique dvolution et de sa prise en

    considration dans les diffrentes politiques de dveloppement. La difficult dune telle

    dmarche est vidente dautant plus quelle se veuille systmique.

    Reprer les dterminants de lquilibre production / consommation hydrique et ses modes

    darticulations avec les potentialits disponibilits nous parait ncessaires la

    comprhension de la crise du secteur hydraulique et de son insertion dans les processus

    dvolution globale.

    Cest au travers dune telle analyse que les prmices et les fondements de cette crise seront

    mis en vidence au fur et mesure de lapprofondissement de la question.

    De politique dappoint une politique rsiduelle, voire daccompagnement de la politique de

    dveloppement national, la problmatique de leau en Algrie ncessite, ipso facto,

    llaboration dune politique nationale consquente et la mise en uvre de stratgies

    permettant la sortie de crise et la matrise de lvolution des phnomnes hydriques dans le

    pays.

    Cette thse comprend enfin une problmatique gnrale dont certains lments ont t

    noncs ici mme, une mthodologie et six parties.

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    Les barrages en service sont-ils surdimensionns au point que les taux de remplissage de

    chacun dentre eux ont rarement atteint les 100% ?

    Nest- il pas temps de mettre en place une politique de leau qui mobiliserait tous les acteurs

    concerns ?

    Le pays ne dispose-t-il pas de ressources financires suffisantes pour adopter une relle

    politique de leau ?

    Lenvasement des barrages peut il tre attnu par des prcautions connues et utilises partout

    dans le monde ?

    La protection des ouvrages deviendra t elle une priorit ?

    En partant de la situation actuelle o la production alimentaire est dj insuffisante pour la

    satisfaction des besoins, on peut se demander quelles seront les tendances futures de la

    relation entre population et besoins ?

    Peut on esprer atteindre une scurit alimentaire minimale sans continuer recourir des

    importations massives ? Question qui dpend de plusieurs facteurs endognes et exognes

    difficilement prvisibles.

    La fiabilit des donnes utilises (pluie, temprature, dbits,..) est-elle satisfaisante ?

    Nous posons donc, ici, la problmatique de leau (les besoins humains, lamnagement de ces

    ressources et ses impacts possibles sur lenvironnement, les problmes techniques et la

    gestion de leau).

    En raison de la pousse dmographique, de la surexploitation des nappes et des problmes de

    la qualit de leau, assurer une alimentation suffisante en eau potable de bonne qualit une

    population urbaine en croissance constante est un grand dfi. Il en est de mme pour

    lindustrie et surtout lagriculture qui rclament de plus en plus deau en raison des

    performances quon exige aujourdhui de ces secteurs. Il faut savoir que la grandehydraulique a accapar lessentiel des investissements consacrs lagriculture et pourtant la

    scurit alimentaire est loin dtre assure. Il est donc impratif de poursuivre leffort.

    Aujourdhui il existe bien une hydropolitique en Algrie car leau est dsormais un enjeu de

    politique nationale. Mais Nest-ce pas une gageure que de vouloir analyser le problme de

    leau dans toute sa dimension et de prsenter une somme exhaustive et dfinitive de la

    situation. Il sagit plutt den cerner les lignes de force majeures.

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    Nous voulions que notre tude porte uniquement sur lEst Algrien mais au fur et mesure

    que nous progressions dans nos travaux il nous a paru indispensable, pour mieux montrer et

    tayer lampleur et limportance de la question, de faire rfrence aux autres rgions du pays

    afin de relever, les grandes nuances rgionales. Tant il est vrai que ces dernires sont

    considrables rsultant du fait que le dossier hydraulique na pas occup la place qui aurait du

    tre la sienne, c'est--dire unes des toutes premires, dans les projets tatiques. Il en dcoula

    un retard important qui se traduit par des prjudices, tant au niveau de la vie courante (pnurie

    et crise vcues au quotidien par les citoyens) quau niveau de la planification (goulot

    dtranglement du dveloppement).

    Enfin, le secteur de leau est depuis longtemps considr comme problmatique, avec une

    disponibilit en eau capricieuse. Cette arithmtique de la malchance, les algriens la

    connaissent bien et ont, peu ou prou, appris faire avec depuis dj quelques dcades avec

    stocisme et espoir en des jours meilleurs. Mais, raisonnablement, sont ils aujourdhui plus

    quhier fonds esprer une solution dfinitive leurs problmes de robinets secs et ce, dans

    un avenir plus ou moins proche

    La dlicate question du problme de leau en Algrie, dlicate, disons nous, par le mlange, la

    complexit, la difficult quelle suscite, sont les quelques lucarnes do nous plongeons sur cemonde complexe par la prsente tude qui na pas la prtention datteindre lexhaustivit. Elle

    a pour simple ambition d'offrir une vue d'ensemble des volets principaux du problme de

    leau.

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    1rePARTIE

    Milieu naturel : des formes de terrain divers et un climat capricieux et agressif.

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    Les caractristiques des milieux physiques : de grands ensembles bien ordonns

    Les limites naturelles de lAlgrie sont la mer Mditerrane au nord (1.200 km de cte), le

    Maroc louest, la Tunisie et la Libye lest, la Mauritanie et le Sahara Occidental au sud-

    ouest et enfin le Mali et le Niger au sud. De par sa superficie de 2.381.741 km2, les distances

    ne peuvent tre quassez grandes ; environ 2.000 km de la cte mditerranenne au massif du

    Hoggar et 1.800 km dIn Amenas lest jusqu Tindouf louest. Cependant, lAlgrie du

    Nord nest profonde que de 250 300 kilomtres.

    Elle peut tre scinde en trois units physiques :

    - au Nord, le Tell et lAtlas Tellien (montagnes, plaines et collines) avec seulement 95.240

    km2 soit 4 % de la superficie totale, cet ensemble reoit une pluviomtrie importante qui

    dpasse les 1.000 mm par endroits ;

    - au Centre, les Hauts Plateaux (espaces steppiques) qui couvrent une superficie de 214.290

    km2, soit 9 % du territoire national, ici les quantits de pluies tombent largement en dessous

    des 500 mm ;

    - au Sud, lAtlas Saharien et le Sahara (zones dsertiques) qui stend sur 2.072.211 km2, soit

    87 % de la surface totale, laridit marque cet espace et les pluies atteignent rarement les 200

    mm.

    Figure N 1 : rpartition des superficies des units physiques (en km2)

    214.29095.240

    2.072.211

    Tell H.Plateaux Sahara

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    (ovin et caprin). Il en ressort que les montagnes algriennes ne sont pas trs leves

    (maximum 2.300 mtres dans le Djurdjura et les Aurs). Mais elles sont nombreuses,

    simbriquant avec les plaines, dessinant un gros bourrelet sur la faade littorale du pays, se

    prolongeant par des massifs isols au sein de la bande mdiane des hautes plaines, se rptant

    en un bourrelet mridional dans lAtlas saharien (COTE, 1993).

    Le Sahara : est un dsert form de grandes tendues de dunes (Erg Oriental et Erg

    Occidental), de plaines caillouteuses (reg) et parsem doasis, qui sont autant de centres

    urbains. Le massif des Eglab louest et le massif du Hoggar lest forment la limite

    mridionale du Sahara algrien. Cest un vaste paysage plat caractris par la nudit de ses

    sols et par une aridit marque ; dans cet espace hostile, les lots de verdure (oasis

    sahariennes) que lon rencontre ne doivent leur prsence et leur croissance qu lutilisation

    de leau souterraine (irrigation). Laltitude moyenne ne dpasse pas les 100 m ; cest ici que

    lon rencontre le point le plus bas de lAlgrie, le chott El Melrhir avec ses -34 m. Cet espace

    saharien dont la morphologie gnrale relve directement du bti rigide du socle ancien

    (bouclier africain), ne prsente que des dformations grand rayon de courbure dont les creux

    correspondent de vastes bassins sdimentaires, alors que les affleurements en surface

    gnrent directement les rares reliefs (le massif volcanique du Hoggar qui culmine 3.000 m)

    qui parsment cette immensit dominante plane et monotone. Ici les prcipitations

    nexcdent pas les 150 mm par an.

    Les deux derniers ensembles (latlas saharien et le Sahara) eux seuls montrent bien la

    dissymtrie et la complexit du relief et du climat de lEst algrien puisquen 110 ou 120 Km,

    vol doiseau, on passe dun massif qui culmine 2.326 m (dj. Chelia aux sommets toujours

    enneigs lhiver), une dpression de -34 m (chott El Melrhir qui reoit moins de 100

    mm/an).

    Cette revueorographique semble montrait un ordonnancement simple o de grands ensembles

    stirent douest en est. Pourtant, lAlgrie sindividualise par des contraintes physiques trs

    grandes. En effet, on est souvent en prsence de la juxtaposition montagnes / plaines et

    rgions humides / rgions sches. LAlgrie tellienne, montagneuse dans son ensemble, est

    protge des influences maritimes par des chanons ctiers. Les caractristiques continentales

    sy combinent rapidement, ds que lon savance vers lintrieur, avec les traitsmditerranens.

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    La carte gologique signale auprs dAlger (GAUTIER, 1911), sur le plateau dOuled Fayet,

    des dpts alluvionnaires dont les cailloux crtacs viennent de lAtlas Bliden et reposent sur

    du Pliocne rcent marin et littoral. Ici, plusieurs petits oueds de la Mitidja loued Nader,

    loued Mazafran, loued Harrach , au lieu de couler en plaine en longeant lobstacle naturel

    des collines pliocnes, les franchissent dans des gorges troites. Plus lOuest, le Pliocne et

    le Miocne Continental reposent sur dimmenses tendues. Ces formations sont gnralement

    charges de gypse et de sel.

    A lest, la chane Numidique spare la plaine de Guelma de celle du lac de Fezzara ; ses

    abrupts nocomiens rcifaux, restes danticlinaux ou portions de dmes effondrs, sennoient

    sous le flysch grseux et font place une srie de chanons et de massifs dirigs sensiblement

    est-ouest, en majeure partie constitus par des grs ocnes et couverts de forts de chnes-

    liges. Dans la dpression de Guelma (250-300m) se sont dposs des sdiments miocnes et

    pliocnes lagunaires, lacustres et fluvio-continentaux. De belles prairies existent sur des

    limons qui occupent le fond de la valle de la Seybouse. Au sud de ce bassin, les chanes

    forment la zone de transition entre les basses valles du Tell et la rgion des hauts plateaux.

    - le Hodna est un bassin davant fosse dont la squence de remplissage dbute par des

    dpts continentaux dge Eocne et Oligocne et se poursuit par un Miocne marin.

    - les hauts plateaux, avant pays alpin, couverture sdimentaire rduite, o les processus

    locaux de distension ont permis la formation de bassins intra montagneux comme ceux de

    Telagh et de Tiaret. Les hauts plateaux constituent une zone peu plisse mais fracture,

    surleve et caractrise par des masses de calcaires du crtac infrieur. Les sries nritiques

    crtaces et ocnes stendent au sud des monts de Constantine. Au nord de ces derniers, les

    sries telliennes sont masques par du moi - pliocne. La plaine de Stif est constitue par des

    dpts continentaux dages divers, quaternaire ancien, pliocne, oligocne. Ces alluvionstapissent de grandes surfaces. Elles vont jusquau Guergour et un lambeau important

    doligocne touche le djebel Megris.

    - lAtlas Saharien, chane de montagne dorigine alpine, est n dun long sillon de subsidence

    pinc entre les hauts plateaux et la Plate forme Saharienne. Au Msozoque, ce sillon fut

    combl par la puissante srie sdimentaire. Durant le Tertiaire, une tectonique compressive

    ractive les structures extensives antrieures en failles et structures inverses aboutissant laformation de cette chane montagneuse. LAtlas saharien correspond une vaste fosse de

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    La litho stratigraphie du nord de lAlgrie : des formations trs diverses

    Une grande diversit de facis caractrise le pays. Partant des formations msozoques

    transgressives sur un socle primaire qui affleurent par endroits, la faveur daccidents

    tectoniques, on aboutit aux formations quaternaires.

    Le palozoque:

    Il naffleure que dans la partie septentrionale (monts de Ghar-Rouban, Tiffrit, Traras,

    Chenoua et Kabylie). Il est constitu de gneiss, de micaschistes, de grs et de quartzites.

    Le carbonifrenest pas prsent partout. Dans le Djurdjura, il nest connu que sous des facis

    essentiellement continentaux alors que dans la partie occidentale (Tlemcen par exemple) il est

    reprsent par des schistes et des conglomrats.

    Le msozoque

    Le Trias : en grande Kabylie, il est reprsent par des grs rouges auxquels succdent les

    calcaires en bancs pais ou en plaquettes. Plus au sud, dans la rgion des Babors, il est

    surmont par les formations salifres et gypsifres. A lest, ce trias essentiellement argilo

    dtritique, comprend des squences sommitales carbonates. Dans le Hodna et le

    Constantinois, des argiles barioles sintercalent dans ces mmes squences.

    Le Jurassique : dans la majeur partie de lAlgrie du nord, il dbute par un lias carbonat.

    Dans les zones mridionales de la chane du Hodna et Boussada, les dpts essentiellement

    carbonats comblent la fosse atlasique. Quant au dogger (partie moyenne du jurassique), il est

    rparti, du nord au sud, en diffrents domaines palogographiques : le domaine kabyle

    dpts carbonats rduits, suivi par la zone tellienne sdimentation argilo carbonaterelativement paisse, par les hauts plateaux et le mle constantinois dpts carbonats et

    enfin par la fosse atlasique, facis argilo grseux dpassant souvent les 2.000 m

    dpaisseur. Enfin, le malm o lextension des facis grseux vers le nord montre que la

    rgression, amorce dans la fosse atlasique la fin du dogger, saccentue. Durant cette

    priode, sopposent les domaines marins au nord et les domaines continentaux ou deltaques

    au sud. Dans ces derniers, on relve cependant dans les hauts plateaux et la fosse atlasique,

    des facis dinfluence marine sous forme de sables et grs, dargiles et de calcaires.

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    Le Crtac affleure dans lAtlas saharien. Ses sdiments dtritiques et siliceux connaissent

    leur plus grand dveloppement dans lAtlas saharien occidental avec des paisseurs de 1.200

    m.

    Aptien : dans le Hodna et les Aurs, cest un bref pisode marin transgressif carbonates et

    rcifs. Vers le sud et louest, les facis grseux dominent et traduisent un rgime fluvio -

    deltaque. Cependant, dans la fosse atlasique, rien ne permet de distinguer lAptien de

    lAlbien, sauf dans la rgion de Laghouat o des dpts calcaires ont t retrouvs.

    Albien : deux ensembles lithologiques se distinguent. Dans lAtlas saharien, lAlbien grseux

    la base, volue vers des facis flysch vers le sud. Dans le Tell, il est reprsent par un facis

    argilo grseux et enfin dans le sud est Constantinois, l o la transgression est dj

    amorce, lAlbien est carbonat. Dans lalbien suprieur, des dpts de marnes et de calcaires

    succdant aux facis grseux du Tell et de lHodna, annoncent la transgression majeure du

    Crtac suprieur.

    Cnomanien : aprs la transgression albienne, la mer se stabilise. Dans le sud, une diminution

    de la tranche deau entrane une sdimentation vaporitique. Ailleurs, la tendance est

    nettement marine. Dans lAtlas tellien, les dpts sont des marnes (1.000m). Le Cnomanien

    est nritique dans les rgions du Tlagh et de Tiaret et carbonats dans les monts du Hodna.

    Le Cnozoque

    LEocne: les formations ocnes sont trs importantes tant par leurs surfaces que par leurs

    paisseurs. Dans le Tell, lEocne comprend des marnes, des calcaires et des argiles. Au sud

    du Hodna, lEocne infrieur est compos de marnes gypse, de calcaires phosphats et de

    calcaire silex. Ces formations ocnes transgressives sont, galement, largement

    reprsentes dans les Nememcha et dans les anticlinaux des Aurs.

    LOligocne: il est caractris par des apports importants de matriel essentiellement grseux.Miocne infrieur : il est le sige dune vaste transgression prenant en charpe tout le domaine

    algrien de la rgion de Tlemcen la dpression saharienne de Biskra. Il est constitu dune

    paisse srie de marnes bleues passant latralement des grs argileux marins. Au sein de

    cette immense zone immerge, sindividualisent des bassins : la Tafna, le bas et moyen

    Cheliff, le Hodna, le Sbaou, etc.

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    Les sols : une mosaque de sols fragiles

    La rpartition des sols ne peut tre voque sans un certain schmatisme. En effet, les sols

    constituent des mosaques compliques o se mlent palosols et sols rcents, o les

    conditions locales roche-mre et topographie introduisent de nombreuses variantes.

    Lvolution pdologique rsultant de laction conjugue de la lithologie, de la couverture

    vgtale et des influences climatiques est ralentie, sinon annule par la scheresse ; il en

    rsulte, dans les rgions o cette dernire est prolonge, des sols gris ou beiges, minces et peu

    diversifis. Cette uniformit sestompe lorsque lhumidit saccrot et que les couvertures

    vgtales sont plus denses ; apparaissent alors la srie des sols mditerranens, les vertisols

    gris ou noirtres qui constituent un bon support agricole.

    Les grandes formations de sols et les typologies de sols reprsentatives des units

    physiographiques du relief, des bioclimats et de lensemble des conditions daphiques du

    milieu que lon rencontre sont :

    -Les sols rouges et bruns mditerranens sesquioxydes de fer dvelopps au Nord sur les

    plateaux littoraux et les plaines telliennes.

    Les sols rouges lessivs se localisent sur les parties littorales daltitude moyenne (600 mtres)

    et sur les versants exposs au Sud (jusqu 800 1.000 mtres). Par contre, les sols bruns

    mditerranens se localisent au niveau des versants nord daltitude variant aussi entre 800-

    1000 mtres et dans les plaines telliennes. Les sols rouges et bruns mditerranens sont

    profonds de 80 cm et plus, aux caractristiques physico-chimiques favorables une

    agriculture intensive en irrigu. Les sols bruns des plaines telliennes (plaines de laMitidja auCentre, Khemis ; Cheliff ; Habra Sig et Maghnia lOuest, la plaine de Bounamoussa et

    Annaba lEst) ont fait lobjet dtudes agro-pdologiques trs pousses pour dterminer

    leurs aptitudes culturales. Des primtres dirrigation quips et classs ont t ainsi affect

    aux grands types dutilisation agricoles (marachage intensive, cultures industrielles, fourrages

    irrigus pour llevage bovin laitier en intensif et des cultures arboricoles essentiellement des

    agrumes et arbres ppins).

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    -Les sols carbonats ou calci-magnsiques des hautes plaines intrieures et steppiques.

    Ces types de sols sont une volution caractristique de lvolution du climat et de la

    vgtation vers laridit et la dsertification. Ils sont fragiles, trs peu profonds (10 30 cm),

    squelettiques dans leur grande majorit (crote, encrotement et dalle calcaire en surface), et

    leurs fertilits physico-chimiques sont faibles trs faibles.

    -Les sols sals avec leur coloration blanchtre et leur vgtation halophile

    Ils prdominent dans les zones de chott disposes autour des sebkhas et dans bien des

    dpressions. Les sols accumulation calcaire sont plus rpandus dans la rgion steppique. Ils

    sont pauvres en matire organique, gnralement trs dgrads et de faible profondeur ; ils se

    prsentent soit sous forme dun encrotement homogne, horizon meuble et blanchtre, soit

    en une crote durcifie ou carapace dont lpaisseur varie de plusieurs dcimtres plus dun

    mtre. Cette dernire donne aux formes de terrain une rigidit remarquable mais ncessite un

    dfonage avant toute mise en valeur. Dans les rgions les plus sches, le gypse, plus soluble,

    concentr et emport sous forme de poussire, alimente galement des encrotements. Une

    grande partie de ces sols nest plus actuelle mais hrite, dge quaternaire. Leur rpartition

    gographique concidant cependant sensiblement avec les grandes divisions climatiques

    actuelles, les conditions de leur gense ne devaient gure tre diffrentes de ce quelles sont

    de nos jours. (TROIN, 1985)

    -Lessols minraux bruts sableux de lespace dsertique du sud.

    Ces types de sols, aux sens strict de par leur qualit physico-chimiques, ne sont pas favorables

    lactivit agricole. Ce sont des formations htrognes, prsentant une texture le plussouvent sableuse, mais on peut rencontrer des textures limono-sableuses. Ils ont fait lobjet de

    mise en valeur dans le cadre de lagriculture saharienne cause de leur proximit dune

    grande source dirrigation (les nappes fossiles du Sahara).

    La mise en valeur de ces types de sols a ncessit de grands moyens dinvestissements dans

    les forages dirrigation, la fertilisation et la mcanisation des oprations agricoles. Cette

    activit agricole sur des espaces trs contraignants et trs fragiles a eu des impacts ngatifs surles sols (salinit et hydromorphie) cause de labsence de drainage et sur les nappes et

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    systmes de foggaras. Lagriculture saharienne et la mise en valeur des sols du sud concernent

    essentiellement la craliculture et le marachage intensive en irrigu.

    Ces diffrents types de sols se caractrisent donc, par une certaine fragilit qui est

    particulirement gnante pour lagriculture algrienne et pour la ralisation douvrages

    hydrauliques. Cette situation nest certes pas spcifique lAlgrie puisque tous les pays du

    bassin mditerranen connaissent, des degrs diffrents, ce phnomne.

    Fragiles et limits, les sols et les terres agricoles sont en constante dgradation. Lrosion

    hydrique et olienne, mais aussi les facteurs lis lactivit humaine sont les principales

    causes de cette dgradation. Ainsi, la dficience du drainage qui favorise les remontes des

    sels et la mauvaise gestion de leau apparaissent comme tant les facteurs principaux de

    dgradation des sols. Par ailleurs, la surexploitation des sols par une agriculture intensive au

    niveau des plaines littorales et telliennes, particulirement au niveau des primtres

    dirrigation a gnr des problmes de dgradation de salinisation et de strilisation.

    Dans les plaines, lusure des sols est due la composition fortement argileuse des alluvions

    provenant de lrosion intense et continue des bassins versants non protgs par des

    banquettes et par des reboisements adquats. Cette rosion atteint mme les terrains plats qui

    deviennent exposs au ravinement profond. De plus, le rgime des pluies torrentielles que

    connaissent certaines rgions est catastrophique pour les sols situs sur les pentes, surtout

    lorsque ces sols sont de faible paisseur. Le caractre marneux des sous-sols des plaines

    telliennes, explique le ravinement profond quon y dcouvre, preuve dune fragilit non

    moindre des sols en ces endroits.

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    Photo N 1 : glissement et ravinement profond Photo N 2 : sol sal

    Plus au Sud, la prsence et laccumulation des chlorures dans les zones sub-arides, arides et

    autour des chotts limitent considrablement toute mise en valeur. Ici les sols sont peu volus

    et dpourvus dhumus. En dehors des tranes dalluvions des oueds qui offrent une couche

    meuble paisse, les plantes nont leur disposition quune pellicule de dbris grossiers et

    dargile recouvrant imparfaitement la roche. Pour rsister ces conditions difficiles, elles

    disposent dun systme de racines trs dvelopp en surface ou leurs graines sont susceptibles

    de supporter plusieurs annes de scheresse avant de germer.

    Il est certain que la situation des sols telle quelle se prsente nest gure satisfaisante, de plus,

    elle fait lobjet dune dgradation quotidienne due, notamment, la rduction progressive des

    surfaces forestires qui ont presque disparu suite au surpturage, au dfrichement abusif et

    aux incendies. Cette absence de protection des sols par les forts, la disparition de la

    couverture vgtale et la dclivit des terrains sont lorigine de la disparition de la couche de

    terre arable.

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    Les surfaces forestires stendaient sur une superficie de 3 millions dhectares la veille de

    lindpendance (BENAMRANE, 1980). Elles sont localises sur les deux chanes de

    montagnes lAtlas Tellien et lAtlas Saharien et plus particulirement l o les

    prcipitations dpassent les 400 mm par an. Ces forts sont plus denses lEst qu lOuest

    du pays. Elles se composent de chnes et chnes-liges dans les terrains siliceux et humides,

    de pins et de thuyas dans les terrains calcaires des rgions plus sches.

    Les surfaces alfatires, elles, couvrent prs de 4 millions dhectares (BENAMRANE, 1980),

    des tendues, donc, plus importantes que celles des forts - 20 25 % de plus. Elles stalent

    des versants Sud de lAtlas Tellien jusquaux confins du Sahara. Mais contrairement aux

    forts, les nappes alfatires sont plus abondantes lOuest qu lEst du pays.

    Quant aux cultures, le climat, mme contraignant parfois, permet une diversification

    (craliculture, agrumes, primeurs, cultures industrielles) et lirrigation nintervient que

    durant la priode estivale. Larboriculture est galement trs rpandue : lolivier notamment.

    Cependant, partout, mme si le taux de couverture vgtale est relativement important (le

    bassin des Zardezas, par exemple, compte 45 %), la dgradation est fortement avance en

    raison, notamment de lala climatique et des nombreuses et graves actions anthropiques

    comme la coupe, la surcharge pastorale, les incendies, lextension de lagriculture. Cette

    situation entrane invitablement un processus de ruissellement et denvasement. Pour bien

    tayer le phnomne de la dforestation - du fait uniquement des incendies - en Algrie nous

    proposons ici, les surfaces forestires ayant disparues entre 1853 et 1945 (BOUDY, 1958 cit

    par ARRUS, 1985).

    Tab N 1 : moyenne annuelle en hectares des forts incendiesPriodes Surfaces Priodes Surfaces

    1853 - 1876

    1876 - 1885

    1886 - 1895

    1896 - 1905

    50.000

    37.274

    48.656

    38.037

    1906 -1915

    1916 - 1925

    1926 - 1935

    1936 - 1945

    29.782

    59.097

    23.734

    36.854

    Source : BOUDY In ARRUS, 1985

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    Un simple calcul fait ressortir que plus de 3 millions dhectares ont, ainsi, t incendis.

    Durant la mme priode, seuls 10.300 ha ont t reboiss, soit un taux insignifiant de 0.32 %

    des surfaces incendies. Ces incendies se sont poursuivis et se poursuivent encore. De 1956

    1960, 650.000 ha de forts ont t incendis, selon la revue de Statistique agricole n 1.

    Il en rsulte une nudit brutale des plaines et des massifs qui ne permet pas le contrle des

    eaux de ruissellement. En effet, selon COTE (1981), les massifs des Hautes Plaines sont

    dnuds au 4/5 et que lorsque lon vient du Tell, il faut aller jusquaux Aurs pour retrouver

    de vritables forts compactes. Cette dnudation est dailleurs assez bien souligne par SARY

    (1977) des 7 millions dhectares de leur aire climatique, les forts algriennes couvraient 5

    millions dhectares vers 1830 et seulement 3,2 millions dhectares vers 1950 et finalement 2,4

    millions dhectares dont 1,8 million de taillis et de matorrals en 1967.

    Un autre facteur, non moins important, peut expliquer la dgradation du couvert forestier. Il

    sagit du refoulement des populations autochtones vers les montagnes. Ainsi, les besoins en

    bois de chauffage, le dfrichage ncessaire aux cultures lis une pression dmographique

    croissante et le surpturage des troupeaux ont entrans une dgradation du couvert vgtal et

    du sol sans prcdent. En se basant sur les chroniques des Eaux et Forts, COTE (1993) note

    que les incendies sont multiples et quils se rptent avec une priodicit de lordre dune

    dizaine danne. Cest la preuve quils ne sont pas accidentels, mais allums par les bergers

    pour le pacage : avec les annes, le sous-bois devient ligneux et trop dense, interdisant

    lentre des btes, le feu permet de lliminer et dassurer la rgnration de jeunes

    pousses. En 1964, seuls 7 % de la surface total des bassins versants taient encore boiss

    (ARRUS, 1985).

    Les effets de cette dforestation sur le cycle de leau sont encore plus importants puisque unedes consquences majeures du dboisement tient en la perturbation du cycle de leau. La

    coupe des forts, sitt que la pente est suprieure quelques pour cent, affecte les trois

    composantes du cycle de leau, en particulier en augmentant, dans des proportions

    considrables, le ruissellement et en diminuant de faon corrlative linfiltration. Il en rsulte

    un moindre rapprovisionnement des nappes phratiques.

    La vgtation, comme tudie prcdemment, sest limite son aspect de couverture du solqui se caractrise par la disparition de lherbe lors de la saison sche, herbe qui laisse la place

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    Cest durant la priode humide de lanne, caractrise par une forte concentration

    pluviomtrique, que les cours deau vacuent les plus grandes quantits de matires solides.

    Quant aux crues de la saison chaude qui ont lieu la suite des pluies orageuses dautomne et

    dt sur des sols secs, ont des dbits qui sont, en rgle gnrale, moins importants mais leurs

    effets au niveau de lrosion et des transports en suspension sont indniables. Ltroite

    relation entre les coulements de crues et les apports solides des cours deau est nettement

    confirme. Ainsi, plus de 70 % des apports solides en suspension peuvent tre raliss en un

    ou deux mois (BOUROUBA, 1993). De septembre dcembre, le cours de la Seybouse

    charrie entre 70 et 86 % du tonnage annuel et les oueds du chott El Melrhir entre 34 et 40 %.

    Pour illustrer cette importance nous signalons le taux drosion spcifique qui atteint les 2.000

    t/km2/an sur la majorit des bassins de lAtlas tellien (Mazafran, Isser, Soummam), les 4.000

    t/km2/an pour le ctier Dahra et les 5.000 t/km2/an sur le bassin de lOued Agrioun

    (DEMMAK, 1982). Ou encore, le bassin de loued Djendjen, qui prsente des valeurs de

    dgradation spcifique suprieures 5.000 t/km2/an pouvant atteindre les 10.375 t/km2/an

    (1975/1976) (BOUROUBA, 1993).

    Cette rosion hydrique touche essentiellement les sols de lAlgrie du Nord et menace 12

    millions dhectares principalement dans la zone montagneuse. La rgion de lOuest est la plus

    affecte. De plus, la sensibilit la dsertification de lespace steppique a t dmontre par

    les rsultats des travaux raliss par le Centre National des Techniques Spatiales (CNTS) qui

    ont port sur une zone de 13 421 175 ha.

    En somme, ce sont plus de 25 millions dhectares qui sont touchs par le phnomne de

    lrosion. Cette rosion importante qui affecte, particulirement, les plaines septentrionales

    diminue la fois le potentiel agricole et les capacits de mobilisation des ressources en eau dupays. Une rgnration de la fort permettrait de rduire le ruissellement de surface au profit

    de lcoulement hypodermique et de celui des nappes de mme quun tapis herbac brise

    lnergie pluviale, bloque lrosion ruisselante et lempche de devenir ravinante.

    Cette rosion, comme la dgradation du couvert vgtal, remonte loin dans le temps et peu

    dactions ont t ralises pour freiner son intensit. Selon R. ARRUS, les forts algriennes

    taient priodiquement ravages par les incendies et grce la rgnration naturelle les

    peuplements se maintenaient tant bien que mal. Au 19 sicle, lintrusion de la colonisation

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    aura des consquences dsastreuses au niveau de lquilibre naturel du couvert vgtal. D.

    SARI (1977) dcrit bien le processus pour les forts du massif de lOuarsenis et quelques

    dtails prs, cela reste vrai pour les autres massifs boiss des Aurs, de la Petite et Grande

    Kabylie et des massifs Oranais. En effet, lintrt port aux travaux de DRS tait drisoire

    puisquen 16 ans (1946 - 1961) seuls 4,5 % des 8 millions hectares traiter ont t reboiss

    (ARRUS, 1985).

    Cest dans les annes 1940 que le service de Dfense et de Restauration des Sols (DRS) est

    cr avec comme mission la rgnration de la fort algrienne par des travaux de

    reboisement, par limplantation despces particulirement adaptes et par la lutte contre les

    incendies, seul moyen pour freiner efficacement lrosion. Autre mission assigne ce service

    est la lutte contre linstabilit des versants par lamnagement de banquettes. Installessuivant les courbes de niveau, avec une lgre pente, elles ont pour but de retenir les eaux de

    ruissellement et de faciliter leur vacuation aprs dcantation de leur charge, vers les ravins.

    Cet amnagement est accompagn par des oprations complmentaires qui consistent garnir

    ces banquettes darbres et traiter les exutoires en les stabilisant par la construction de petits

    barrages et par des plantations despces qui senracinent rapidement.

    Des moyens importants ont, pour cela, t consentis afin de revgtaliserlamont des bassins

    versants, stabiliser les ravines, restaurer la productivit des terres et protger les barrages de

    lenvasement. Force est de constater que ces objectifs nont, malheureusement, pas t atteint

    puisque les terres continuent se dgrader et la production diminuer, lrosion se

    dvelopper et les barrages senvaser.

    Une enqute mene en Algrie (ROOSE, 2004) aboutit une conclusion grave : sur les

    385.000 ha amnags, 80 % sont constitus de divers types de banquettes, dont 20 % ont t

    volontairement dtruites par les labours, 30 % ont favoris les ravinements et les glissementsde terrains, 30 % sont en mauvais tat et nont jamais t entretenues, et seulement 20 % sont

    en bon tat de marche. Par ailleurs, malgr les 800.000 ha de reforestation (ceinture verte) et

    lamnagement des 385.000 ha de banquettes, la dgradation de la vgtation et des sols

    continue, lenvasement des barrages et le manque de forts restent des problmes

    proccupants en Algrie en raison des pressions dmographiques et socio-conomiques qui

    ont contribu dvelopper une svre dgradation de la couverture vgtale, des sols et du

    rseau hydrographique des montagnes septentrionales. Les processus en cause sont multiples :dfrichement des pentes pour tendre les cultures vivrires, surpturage et feux de forts.

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    Lrosion est partout prsente : rosion en nappe, ravinement trs actif lors des averses,

    glissements de terrains argileux, marneux ou schisteux, dstabilisation des berges par les

    oueds et des versants par le rseau routier sans oublier une raison fondamentale qui semble

    simple savoir que la majorit des paysans rejettent cette approche technocratique et refusent

    dentretenir les banquettes car elles consomment une partie de leurs terres, 5 15 % (ROOSE,

    2004) sans pour autant amliorer le rendement agricole. Elles constituent donc un obstacle

    leurs activits.

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    Le rseau hydrographique : des oueds coulement intermittent

    Les gomorphologues ont observ depuis longtemps que la densit des cours deau tait

    fonction, en particulier, de la nature des terrains. Le rseau hydrographique tant dautant plus

    dvelopp et complexe que le sol et le sous sol sont moins permables, donc le ruissellement

    de surface est plus intense. Divers hydrologues ont mme tent de caractriser, par des

    paramtres, les bassins versants en fonction du dveloppement du rseau hydrographique. Les

    deux principaux paramtres sont la densit du rseau et le coefficient de drainage.

    La morphologie de lAlgrie faite de barrires montagneuses, organise un rseau

    hydrographique constitu de cours deau courts qui se jettent dans la mer (dans la zone

    septentrionale) ou dans les dpressions (dans la zone mridionale). Le Cheliff qui est un gant

    parmi eux, a 700 Km de long; la Medjerda nen compte que 416 Km, tous les autres, moins de

    300, et plusieurs ont moins de 200 Km de long, signaler quaucun des oueds algriens nest

    navigable. Ils prennent leur source des altitudes oscillant autour de 1.200 m ; leur pente

    moyenne est donc rapide. Ils roulent des quantits deau irrgulires et mdiocres

    (GAUTIER, 1911). Cest la consquence, dune part, du caractre morcel du relief et

    dautre part de ltroitesse de la bande tellienne, qui ne dpasse jamais les 150 200 km de

    large. Cest pourquoi les cours deau sont brefs ; ils se nomment oued plutt que rivire,

    rseau hirarchis, dont le dbit crot rgulirement de la source vers lembouchure. Un oued

    se prsente avec un aspect, un dbit, un mode dalimentation et un nom qui varient tout au

    long du trajet.

    Le rgime des cours deau simple, de type pluvial mditerranen, est trs irrgulier ; en t,

    loued est souvent sec, ou ne constitue quun petit filet deau, serpentant au milieu dun lit

    trs large, hritage des crues prcdentes. En hiver, les crues sont brutales et les eauxcharrient de grandes quantits de matriaux solides.

    Les bassins versants qui drainent lAtlas Tellien et les plaines ctires sont au nombre de onze

    sur les 17 que compte le pays (tab N 2 et carte N 1) rpartis douest en est : la Tafna, la

    Macta, les ctiers oranais, le Cheliff, les ctiers algrois, lIsser, la Soummam, les ctiers

    constantinois, le Kebir Rhumel, la Seybouse et la Medjerda Mellegue.

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    Tab N 2 : les zones hydrologiques ou bassins versants algriens

    codeBassinversant

    Superficie(en km2) code

    bassinversant

    Superficie(en km2) code

    bassinversant

    Superficie(en km2)

    1 Cheliff 43.750 7

    H.Plateauxconstantinois

    9.578 13 Sahara 2.087.991

    2Ctiersalgrois 11.972 8

    H. Plateauxoranais

    49.370 14 Seybouse 6.475

    3Ctiersconstantinois 11.570 9 Isser 4.149 15 Soummam 9.125

    4 Ctiers oranais 5.831 10KebirRhumel 8.815 16 Tafna 7.245

    5 Chott Hodna 25.843 11 Macta 14.389 17 Zahrez 9.1026 Chott Melghir 68.751 12 Medjerda 7.785 Source : ANRH

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    La superficie de ces onze bassins versants est de 131.106 Km2. Les potentialits hydriques de

    surface susceptibles dtre mobilises sont reprsentes essentiellement par les apports

    suivants :

    - 2 oueds dont les apports sont suprieurs 1.000 Hm3: le Cheliff (1.360 Hm3) et le Kebir

    - Rhumel (1.038 Hm3) totalisent un apport moyen de 2.398 Hm3/an,

    - 5 oueds dont les apports sont compris entre 500 et 1.000 Hm3: Sebaou (891 Hm3),

    Seybouse (761 Hm3), Soummam (636 Hm3), Kebir Est (595 Hm3) et Isser (527 Hm3)

    totalisant un apport moyen est de 3.410 Hm3/an,

    - 11 oueds dont les apports sont compris entre 100 et 500 Hm3: Djendjen (336 Hm3),

    Tafna (317 Hm3), Sidi Khelifa, Kebir Ouest (310 Hm3), El Harrach (300 Hm3), Mazafran,

    Agrioun, Macta, Guebli, Draas et Kissir pour un total moyen de 2.530 Hm3/an,

    - 16 oueds dont les apports sont compris entre 30 et 100 Hm3: Damous, Safsaf, Oued El

    Arab, Ksob, Hamiz, Kramis, Messelmoun, Boudouaou, Assif Ntaida, Oued El Hai, Oued

    El Abid, Ibahrissene, Sikkak, Allalah, Chemoura et El Hai, totalisant un apport moyen de

    718 Hm3/an,

    - les apports des autres oueds sont de lordre de 2.134 Hm3/an.

    Les bassins versants sont regroups en trois zones (ANRH, 1993):

    - Les bassins tributaires de la Mditerrane situs au nord de l'Algrie ont un apport moyen

    annuel estim 11 milliards de m3.

    - Les bassins endoriques occupant les Hautes Plaines dont les eaux se perdent en grande

    partie par vaporation dans les chotts. L'coulement annuel moyen est estim 700 hm3.

    - Les bassins sahariens apportent en moyenne 650 hm3par an.

    Il est signaler la forte disparit entre louest du pays, rgion riche en plaines mais peu

    arrose et lest, rgion montagneuse o scoulent les principaux oueds, comme le Kebir-

    Rhumel, la Soummam, les ctiers constantinois ou lIsser. Seul le Cheliff reprsente un

    potentiel dimportance dans louest (JJ PERENNES).

    En effet, de ces 17 bassins versants, 8 sont situs dans la rgion Nord Est, 5 en totalit (03,

    07, 10, 12 et 14) et 3 en partie (05, 06 et 15). Ces bassins versants peuvent tre regroups en

    trois catgories :

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    - les bassins versants tributaires de la Mditerrane : la Soummam (15), les ctiers

    Constantinois (03), le Kbir Rhumel (10), la Seybousse (14) et la Medjerda (12) ; ils ont une

    superficie de 43.766 km2 et une pluviomtrie annuelle qui varie entre 400 et 500 mm ;

    - les bassins versants endoriques : le chott Hodna (05) et les Hauts plateaux Constantinois

    (07) ; leur superficie est denviron 35.000 km2 et la pluviomtrie annuelle moyenne est

    denviron 400 mm.

    - un basin versant saharien : le chott Melrhir (06), avec une superficie denviron 34.000 km2

    et une pluviomtrie annuelle moyenne de 100 200 mm.

    La trentaine de cours deau moyens et petits chancrent le Tell pour se prcipiter vers la

    Mditerrane. Ils ont des dbits irrguliers et les gorges quils traversent constituent des sites

    logiques et potentiels de barrages. Au plan thorique, 250 sites utilisables ont t rpertoris.

    Le territoire national est actuellement subdivis en cinq rgions hydrographiques qui sont

    grs, depuis 1996, par des agences dnommes Agence de Bassin Hydrologique (ABH).

    Outre la rgion hydrographique Sud, les 4 bassins dlimits dans le Nord, sont, dOuest en Est

    les suivants : lOranie - Chott Chergui, le Cheliff Zahrez, lAlgrois - Hodna - Soummam,

    le Constantinois - Seybouse Mellegue.

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    Analyse des profils en long de certains cours deau

    Cette analyse semble tre importante car elle doit tre prise en compte dans ltude de

    faisabilit des barrages. En effet, la possibilit de mobiliser les eaux superficielles dpend du

    profil des oueds, de leur dynamique dcoulement et du niveau des techniques mises en

    uvre. Nous verrons dabord, des profils en long de certains oueds du Tell, ensuite ceux

    dautres oueds des Hauts Plateaux.

    - profils en long des oueds du Tell :

    LIsser : cest un petit cours deau de 230 km. La concavit de son profil est bien moins

    accuse dans la dernire section de son cours. Il arrive la mer avec une pente d peine 1,5

    avec un profil rgulier. Il aborde les obstacles de front. Entre la chane de Boghari et la

    mer, il franchit successivement toutes les chanes du tell angle droit ou peu prs. Il

    dbouche sur la cte par les clbres gorges de Palestro, o il sest encaiss de plus de

    1.000m. Et cest travers les roches les plus dures quil sest ouvert son chemin : gneiss et

    granite, roches ruptives, schistes, calcaires massifs, quartzites.

    La Tafna : est un oued trs court, les plus court de tous les oueds telliens, il a seulement 172

    km de long. Son profil offre une srie dirrgularits mdiocres en amont de Lalla Marnia.Cest le point prcis o la zone des grands plateaux jurassiques, la Meseta oranaise, vient se

    raccorder celle des dpts tertiaires. Mais en aval de Lalla marnia, le profil est dune

    rgularit remarquable, malgr la prsence dune chane ctire, travers laquelle la Tafna a

    d se frayer un chemin.

    - profils en long des oueds des Hauts Plateaux :

    Le Sig : a une pente de 6 entre les cotes 50 et 100 m et de 4 entre les cotes 1.000 et1.050 m. Cest dans la plaine de Sidi Bel Abbs, que le profil tend se creuser et se

    rgulariser, encore que la pente la plus douce y soit de 3 . Au dessus et au dessous, le profil

    est nettement convexe.

    Le Cheliff : le seul cours deau qui prend sa source dans lAtlas Saharien pour atteindre la

    mer, accuse une rupture de pente extrmement nette Boghari. En amont, la pente est de 1,6

    seulement. En aval, elle sacclre pour atteindre les 3,2 .

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    Le Bou Sellam : avec une longueur de 270 km il prsente un profil nettement cass en deux

    sections, aval et amont du Guergour ; tandis que, en amont, dans la plaine de Stif, loued

    coule assez lentement, avec une pente de 3 , dans les gorges trs encaisses du Guergour, la

    pente atteint les 12,5 .

    La Seybouse : a 223 km de long entre son embouchure, qui est Annaba, et sa source, quelle

    prend, sous le nom de Oued Cherf auprs de Ain Beda. Oued Cherf coule donc sur les hauts

    plateaux et la Seybouse dans le Tell. Le profil suggre que les deux oueds (Cherf et Seybouse)

    ont t longtemps distincts, et que le premier a t captur par le second. En amont de

    Guelma, ils sont runis par des rapides o la pente atteint les 25 .

    Photos N 3 et 4 : rencontre des oueds Bouhamdane et Cherf pour former la Seybouse

    Oued Melah (oued Djelfa) : est caractris par une rupture de pente en aval de Djelfa ; en

    amont, dans la cuvette, elle est de 3,5 ; en aval plaine de Zahrez , elle est de 2 . Dans

    lintervalle elle sacclre jusqu 12 .

    Cette analyse des profils en long est dautant plus importante que la combinaison de la pente,

    de la nature du terrain et de lagressivit des prcipitations (que nous verrons ultrieurement)

    peuvent dterminer limportance de lenvasement des ouvrages hydrauliques. Plus la pente est

    forte et le terrain friable, plus le transport des matires solides est consquent.

    Mais nous pouvons dores et dj dire que les pentes des versants, assez forte en gnral,

    permettent aux eaux dacqurir des vitesses importantes quune couverture vgtale dficiente

    ne peut freiner. Nous assistons, lors des pluies, un ruissellement intense, pour des

    infiltrations relativement faibles ; do les intumescences trs rapides, avec une pointe

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    stalant sur une heure ou deux, et une dcrue non moins rapide que la monte. On peut dire

    que la crue dure ce que dure la pluie. A titre dexemple, nous indiquons lvolution de la crue

    des 18 et 19 janvier 1948 sur lOued Isser Tablat.

    Tab N 3: volution de la crue de lOued Isser

    Heure 0 6 7 8 9 10 12 13 14 16 18 22 24 4 8 12

    Q en

    m3/sec15 52 135 250 900 925 1100 1300 1200 850 750 650 430 190 70 40

    Source : GGA, 1948

    Il arrive bien entendu, mais exceptionnellement, quune crue ait un dbit lev pendant

    plusieurs jours ; nous citerons :

    - la crue de dcembre 1946 de loued Kebir (Constantinois) : les averses se sont succd

    sans interruption du 4 au 31, totalisant 770 mm deau sur un total moyen de 1.230 mm.

    - la crue de loued Hammam (Mascara) en novembre 1927, o les prcipitations normes

    ont t observes entre le 23 et 29 : 424 mm Mascara, 325 mm Sidi Ali et 349 mm aubarrage de Fergoug provoquant sa rupture.

    Les prcipitations engendrant des crues se produisent quelques fois au maximum dans

    lanne, chacune delles stale sur deux ou trois jours. Si bien quen parcourant les valles,

    on ne verra le plus souvent, et mme pendant lhiver, que de maigres filets deau divaguant

    dans des lits trs larges et encombrs de galets.

    Pour des cours prsentant de telles caractristiques, on conoit quil nest pas trs facile de

    suivre les dbits avec quelques chances dexactitude, dautant plus que les quantits normes

    de transports solides, sous forme de boue et de galets, et lextrme mobilit des lits

    compliquent davantage le problme de lvaluation du dbit des cours deau.

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    Les coulements difficilement matrisables

    Le climat mditerranen, sil est lorigine de la raret de leau, il lest aussi frquemment de

    son excs. Excs et raret sont, en effet, les fruits de ce climat singulier, o durant la priode

    estivale, labsence de prcipitations et la chaleur sont lorigine dune scheresse qui arrte le

    cycle vgtatif et lcoulement. Ce dernier exprime la diffrence entre la hauteur deau des

    prcipitations et celle qui correspond lvaporation et lvapotranspiration. On lappelle

    parfois leau utile.

    Le rgime des cours deau, donc lcoulement, est dtermin essentiellement par les

    caractristiques des prcipitations et des facteurs secondaires ou facteurs conditionnels (les

    caractristiques gographiques et morphologiques, la gologie et les caractristiques

    hydrogologiques, la vgtation et le climat).

    LAlgrie orientale reprsente la rgion la plus arrose du pays et dtient, de ce fait, la part la

    plus importante des ressources en eau de surface. Avec un coulement annuel moyen pouvant

    dpasser les 200-300 mm sur les bassins telliens (plus de 200 mm Jijel), elle soppose

    lAlgrie occidentale o la semi - aridit dominante ne permet que des coulements

    mdiocres, en majorit infrieur 50 mm par an (MEBARKI, 2005).

    En effet, le Constantinois-Seybouse-Mellgue, bien arros et o les prcipitations sont les

    moins alatoires, constitue la rgion la plus riche en eau; elle reoit prs de 39% des

    coulements annuels en eau de surface du pays. En revanche, la rgion Oranie-Chott-Chergui,

    bien que plus tendue en terme de superficie (35% environ de la superficie totale de lespace

    tellien), ne reoit qu peine 8% des coulements de surface totaux.

    Cela nocculte en rien qu lintrieur du mme espace (lEst) existe deux systmes

    hydrographiques nettement opposs. Lun au nord de type exorique, o les montagne du Tell

    et labondance des prcipitations facilitent aux cours deau un dbouch vers la mer

    Mditerrane. Ici, favoris par des formations peu permables, les apports des cours deau

    connaissent un accroissement rapide. Ceci se vrifie par les apports, par exemple, du Kebir

    Rhumel qui passent de 0,36 m3/s (station dEl Khroub dans le semi aride) 5,52 m3/s (station

    de Grarem dans le sub humide), ce qui donne un rapport de 1 15. Lautre, au sud, de type

    endorique li la topographie en cuvettes et la semi aridit dominante. Les oueds prenant

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    naissance dans lAtlas saharien se jettent dans les dpressions fermes (chotts, sebkhas et

    garaet) qui parsment les Hautes Plaines et le pimont saharien. (MEBARKI, 2002) Les

    apports sont moins importants car lvaporation intense soustrait une part non ngligeable aux

    cours deau. Les modules sont de, seulement, 0,67 m3/s (station de Khangat Sidi Nadji) ou

    encore 0,26 m3/s couls par loued Gueiss.

    Comme pour la situation dans le nord o les coulements se jettent pour une grande part dans

    la mditerrane, les coulements dans le sud vont dans les dpressions, comme cest le cas

    des 320 Hm3 que drainent les oueds du bassin hodnen qui se perdent dans le chott. Seuls 9

    % sont mobiliss par le barrage du Ksob.

    Toutefois, les coulements de surface dans les bassins de lEst algrien, au-del de leur forte

    variabilit temporelle, se caractrisent par dimportantes disparits spatiales, lies aussi bien

    aux facteurs alatoires, climatiques essentiellement, quaux facteurs relativement stables ou

    physiographiques (MEBARKI, 2002). Ces disparits jouent un rle dterminant dans la

    rpartition spatiale des ouvrages hydrauliques et leur capacit.

    Les conditions climatiques influent directement sur ces coulements. Cest dans ltroite

    frange humide (Nord) que se forment des rseaux hydrographiques mais le relief morcel,

    fractionn, montagnard nautorise pas la constitution de rseaux hydrographiques de grandes

    ampleur et bien structurs. Ici, les montagnes mieux arross assurent des coulements

    permanents mais les rgimes des cours deau sont trs irrguliers : de trs fortes crues,

    extrmement brutales, soudaines, sopposent des tiages trs creuss en t. Les oueds

    coulent environ les de leur dbit annuel au cours de 2 3 mois dhiver. En outre, les oueds

    transportent une masse considrable de dbris solides. Ces eaux permanentes sont, on peut le

    deviner, trs difficiles mobiliser en raison mme des modalits de leur coulement. MUTIN(2000) cite lexemple de loued Cheliff (le plus important) qui a roul 60 millions de m3en

    1926 et seulement 1,3 millions m3 en 1927, soit un rapport de 1 46. A lEst, les oueds

    principaux du bassin des Zardezas (Khemakem et Bouadjeb) qui coulent en moyenne 136

    millions de m3annuellement ont enregistr des extrmes non moins importants passant de 5

    millions de m3 (1968-1969) 195 millions de m3 (1978-1979), soit un rapport de 1 36

    (KHERFOUCHI, 1997). Un constat important est souligner : les carts semblent tre moins

    importants dans les rgions les plus arross ; il nen demeure pas moins quils restent trslevs.

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    Lirrgularit inter - annuelle est aussi marque. Les extrmes observs au niveau de certains

    ouvrages hydrauliques (voir tableau ci-dessous) montrent limportance des carts, et donnent

    une ide de la difficult quil y a rgulariser les coulements en Algrie.

    Tab N 4 : Variation interannuelle des apports au niveau de certains barrages (1943 1993)

    Barrages

    Apport en hm3/an

    moyenne

    inter - annuelle minimum Maximum Rapport

    Beni Bahbel

    Bouhnifia

    CheurfasOued Fodda

    Ghrib

    Cheffia

    Oued Arab

    71

    122

    7699

    152

    154

    31

    19

    17

    1810

    20

    18

    2

    116

    467

    235234

    500

    338

    64

    6.1

    27.5

    13.123.4

    25.0

    18.8

    32

    Source : CNES (2000) et ANAT (2003)

    Dans les rgions steppiques, les oueds intermittents se jettent dans les dpressions fermes.Mme ici, le volume coul connat des carts importants limage de lOued Ksob qui a

    connu un coulement estim 84 millions de m3en 1964-1965 et seulement 17 millions de

    m3 en 1961-1962 (KEBICHE, 1986). Plus au sud, lOued Arab enregistre des extrmes

    beaucoup plus marqus : de prs de 64 millions de m3comme maximum et prs de 2 millions

    de m3comme minimum.

    Comme pour les autres caractres physiques, il y a une grande diffrence dcoulement entre

    louest et lest. Le premier est riche en plaines et bassins mais faiblement arrose, seul le

    Cheliff prsente un dbit notable (1.360 millions de m3) et le second est montagneux o

    scoulent les principaux oueds du pays : le Rhumel (1.038 millions de m3), la Soummam

    (636 millions de m3) et lIsser (527 millions de m3). (PERENNES, 1993).

    Ainsi, en Algrie autant leau manque cruellement dans lOuest autant, elle est souvent perdue

    pour toute lutilisation dans lEst. Lautre fait marquant de lhydraulique algrienne est la

    relative faiblesse des prlvements par rapport aux volumes rgularisables : cest la traduction

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    du retard pris par le pays dans la mobilisation de ses ressources. Pour mieux illustrer cette

    situation nous nous baserons sur le bilan hydraulique du barrage du Zardezas qui a reu en 10

    annes (1983-1993) 619 Hm3 mais na mobilis que 145 Hm3 soit 23 %. Le reste est, soit

    dvers dans le lit de loued (442 Hm3) afin de prserver la digue du barrage, soit perdu par

    vaporation (13 Hm3) ou par fuites (11 Hm3). Durant cette priode, la moyenne de

    remplissage tait de 10,29 Hm3/an, soit 40 % du volume estim. Le maximum a t enregistr

    en 1984-1985 avec plus de 18,36 Hm3(72,5 %) et un minimum de 3,34 Hm3en 1987-1988

    soit peine 13 % (KHERFOUCHI, 1998).

    En somme, le Tell qui ne reprsente que 7 % de la superficie du pays enregistre, lui seul, 90

    % de lcoulement total, le reste du territoire est caractris par une aridit chronique. Il nen

    demeure pas moins que les oueds de cette rgion coulent vers la Mditerrane des dbitsdont lindigence, en priode dtiage, soppose nettement limportance et la brutalit des

    apports en priode de crue (MEBARKI, 2000). Ainsi, les eaux superficielles sont, pour leur

    plus grande part, entranes, par ruissellement et par coulement torrentiels, vers la mer ou les

    dpressions fermes. La violence des prcipitations, les fortes pentes et limportance des

    terrains impermables sont les principaux facteurs responsables de cette dperdition. Il sy

    ajoute, cependant, une trs forte vaporation nettement perceptible sur les nappes deau

    stagnantes et les retenues artificielles des barrages. Les pnuries deau sont normales chaquet, saison des tiages ou des arrts de lcoulement ; elles sont plus graves encore par

    scheresse prolonge puisque les reports interannuels ne se font plus.

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    balancement entre air saharien en t et circulation polaire en hiver. Par cette singularit il

    ne faut point stonner que des scheresses aigues ctoient des inondations importantes.

    Celle-ci sexplique par :

    La circulation atmosphrique: les fronts du nord dirigent les invasions arctiques et polaires

    sur lAlgrie donnant des pluies importantes en hiver qui samenuisent en automne et au

    printemps. Ce courant polaire perd de sa vigueur au fur et mesure que lon sloigne du

    littoral. En effet, il est ralenti et affaibli au contact dune imposante barrire orographique et

    dun courant dair chaud et sec venu du sud. Ce dernier ne permet gure la condensation,

    do labsence quasi-totale de prcipitations. Cest lanticyclone des Aores qui traverse

    lAtlantique et pntre par le Sud marocain pour rejoindre lAlgrie par le sud ouest.

    La position gographique du pays : les vents, venus du nord ouest, chargs de pluies

    dchargent leurs eaux sur lEspagne dabord, le Maroc ensuite et lAlgrie enfin. Ainsi,

    louest du pays est trs peu arros. Cependant, ces vents se rechargent un peu lors de leur

    traverse de la Mditerrane pour dverser cette recharge sur lAlgrie orientale. Cest juste

    titre dailleurs que SELTZER (1946) affirmait qu avant de quitter lEspagne, les courants

    sont dpouills de la plus grande partie de leur humidit par les cimes leves de la Sierra

    Nevada et que le massif marocain agit comme un cran et soustrait linfluence de

    lAtlantique, tout au moins, louest du dpartement dOran qui se trouve ainsi dans une

    position dabri.

    En somme, les courants venus du nord sont capts par les massifs ibriques et marocains et

    narrivent qupuiss et faiblement chargs en pluies en Algrie. Ceci explique, en partie, la

    faiblesse des prcipitations sur louest du pays. Globalement, sur un total de 842 milliards de

    m3de flux moyens thoriques dans les pays riverains de la Mditerrane, 6,3 % reviennent auMaghreb et 81,6 % aux rivages septentrionaux (MORINAUX, 2001).

    - la continentalit: explique, en grande partie la dcroissance de la pluviomtrie du nord au

    sud, et aussi les tempratures dt qui augmentent rapidement du littoral vers le Sahara.

    - lexposition : la disposition nord-est/ sud-ouest de