Les Artistes Wallons - Cloquet, Louis, 1849

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    LES ARTISTES WALLONS

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    Le Liskurpar V. Rousseau

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    LESArtistes Wallons

    PARL. ^LOQUET

    PROFESSEUR A L'UNIVERSIT DE GAND

    COLLECTION DESGRANDS ARTISTESDES PAYS-BAS

    LIBRAIRIE NATIONALE D'ART ET D'HISTOIREG. VAN OEST & C-, diteursBRUXELLES II PARIS

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    IMPRIMERIE-E. BUSCHMANN

    ANVERS

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    INTRODUCTIONL'art wallon Ce titre est une question pose, et nous n'}'

    pouvons rpondre par une affirmation absolue.On peut contester qu'il y ait un art vvallon,car l'art, en wallonie, manque de l'unit de styleinhrente une cole d'art et il ne prsente pas descaractres aussi distincts que l'art flamand.

    Est-il mme bien diffrent de celui-ci ? Lestrangers ne l'ont gure cru dans les sicles passs,puisqu'ils ont si souvent confondu les artistes desdiffrentes provinces du Nord sous la mme appel-lation de Flamands.

    Cependant il nous sera permis d'envisager dansune tude rtrospective particulire VArt wallon,c'est--dire l'art pratiqu dans les provinces v^^al-lonnes de la Belgique actuelle, dans notre terrenatale, cette portion plus chre de la patrie aime.

    Notre art est troitement apparent celui lenos frres Flamands, et parfois il se confond aveclui ; Flamands et Wallons, les membres insparablesde la famille belge, ne forment pas deux races dis-tinctes, mais plutt, comme l'a dit M. Edm. Picar; ,une race jumelle. Les derniers, compars aux pre-miers, ont cependant une mentalit particulire,

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    VI plus Imaginative, plus sensible, plus motive, ])Uisexpansive, plus remuante.

    D'ailleurs, dans le faisceau insparable des pro-vinces unies qui ont constitu la Belgique, la Wallo-nie est forme elle-mme d'lments bien distincts.Le Tournaisis, le Hainaut, le Namurois, le pays deLige et le Luxembourg ont eu leur existence poli-tique spare et ont subi des influences extrieuresdiffrentes Entre les rives vallonnes de l'Escautet les bords escarps de la Meuse il y eut l'originede hautes barrires politiques. De ces rgions con-tigus, l'une releva de la couronne de France, lesautres de l'Empire d'Allemagne ; l'une et Reimspour mtropole ecclsiastique, l'autre Cologne.L'vch de Tournai et celui de Lige furent deuxpuissances indpendantes spares par le Hainautet trangres l'une l'autre, deux foyers d'art bienisols.

    Cependant l'une et l'autre contre fut en con-tact avec la France, et reut de premire main sescommunications artistiques. L'une et l'autre pos-sde de riches gisements de pierre bleue, quiont enfant une architecture monumentale fortementtoffe, bien diffrente de l'architecture en briquedes Flandres et de l'architecture en brique et pierreblanche du Brabant et du Limbourg. Le pays de lapierre de taille fut naturellement le pays de la sculp-ture. La rgion w^allonne, celle des minerais et del'industrie mtallurgique, est aussi la patrie des

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    VII fondeurs, le pays d'lection des orfvres. La vallepittoresque de la Meuse tait destine devenir leberceau de la peinture paysagre. L'art wallon estrest empreint de la sentimentalit propre au terroiro la nature iait rver. La sensibilit wallonne s'estexprime dans l'art des clbres musiciens de Mons,de Tournai et de Lige. D'autre part, l'activitindustrielle propre un sol aussi riche stimula lesarls industriels tels que la dinanderie, la menuiserie,la lapisserie, la cramique, etc.

    Aussi l'art wallon, ou, si l'on veut, l'art desWallons, ne manque-t-il pas d'une physionomie parti-culire, ni d'un certain clat, et il n'est pas sansintrt d'en retracer l'histoire, et de faire, dans leglorieux patrimoine de l'art belge, la part spcialedes provmces qui ont mis en belle lumire lesproduits de leur industrie ancienne, dans les rcentesexpositions de Lige, de Dinant, de Charleroi et deTournai. Si modeste soit-elle, cette part vaut de nepas tre confondue et comme perdue dans la richessecommune (i). L. C.

    (i) Les ttes de pages sont des comT-)ositions de l'aiiteurdu livre.

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    LES ARTISTES MOSANS ET SCALDISIENSLes Belges, qui parlent deux langues, forment

    deux populations mles dans un commerce in-tense, rives par des intrts communs et les liensdu sang. Ils sont un peuple indissolublement uni enune famille, et il reste toujours vrai de dire, queFlamand et Wallon sont nos noms de baptme.Jadis le monde ne nous connaissait que sous unseul nom (un nom glorieux) dans le domaine desarts. Rendons nos frres Flamands cette justiceet cet hommage que l'clat de leur peinture a faitprvaloir le nom d'art flamand dans toute l'Europe,au point d'englober l'art wallon. Dans le mondeentier on parle depuis des sicles de l'art flamand,et l'on entend par l aussi bien l'art de Roger de laPasture et de Simon Marmion que l'art des VanEyck et de Memling. On parle des clbres tapisse-ries flamandes, et ce sont celles d'Arras et deTournai, comme celles de Bruxelles etd'Audenarde ;on parle mme (flagrante contradiction) des dinanderies flamandes , dsignant les uvres defondeurs dinantais, tournaisiens et malinois. Onparle encore de la sculpture flamande, et c'est lawallonne ou la brabanonne bien plus que la fla-mande. On trouve dans les anciens crits italiensle terme flammingo vallone, qui caractrise bien

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    2cette confusion. Il y avait au xiv^ sicle, Paris,la rue Flamande : c'tait une rue habite par lesartistes du Nord, surtout des peintres flamands etdes sculpteurs wallons. Si les Flamands ont t lesgrands matres de la couleur et ont rivalis avec lesItaliens dans la peinture, les Wallons ont prlud la sculpture individualiste et raliste moderne, quisemble avoir pris naissance dans l'cole de Tournai,et plus tard ils ont cr, comme genre distinct, lapeinture de paysage.

    ** *

    Quand nous envisageons la question des arts, quitouche de si prs celle des langues, nous y trouvonsnon point des sujets de discorde, mais au contrairedes traits d'union, et le pass ne nous parle alorsque de la fusion des deux branches de notre nation.

    Car ce point de vue la Belgique ancienne sedivise autrement qu'au point de vue linguistique.La Flandre et la Wallonie sont spares par unelimite qui va peu prs de l'Ouest l'Est, par uneligne direction plutt quatoriale, et l'art anciense divise en sens contraire, par une ligne qui court duNord au Sud, dans un sens plutt mridien, suivantla ligne de partage des bassins de l'Escaut et de laMeuse. A l'poque romane surtout, il y a eu un artmosan et un art scaldisien. Il faut le reconnatre,les deux capitales de l'art belge monumental, les

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    - 3 deux foyers intenses de notre art mdival furent lesdeux villes wallonnes places aux deux ples de laWallonie, la ville de Tournai et celle de Lige,qui fut sous Notger l'Athnes du Nord (i). Lesdeux grands fondateurs de nos monuments primitifssont deux voques auxquels notre ingratitude a tardjusqu'ici d'lever des statues. Les Ligeois songent lever un monument leur grand Notger ; lesTournaisiens doivent penser en dresser un autre la mmoire de Walter de Marvis.

    (i) Selon l'expression de M. H. Pirenne.

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    I. l'art monumentalAlors que les vques de Tournai taient en

    possession d'une puissance princire, ils firent deleur cit, dote par Childric, un des foyers decivilisation les plus intenses de tout le Nord. Desdisciples de toutes nations se pressaient l'colechapitrale, autour de la chaire d'Odon. L'abbayede St-Martin eut une des plus importantes coles decalligraphes et de miniaturistes de toute la Gaule.Plus tard, autour de l'admirable cathdrale romane,s'levrent une srie d'glises importantes. Le styleincarn dans la cathdrale, inspir sans doute de laLombardie et de la Normandie et adapt l'emploidu calcaire compact de Tournai, se rpandit au loinjusque, d'une part, Audenarde, Courtrai, Gand, Bruges, Rolduc, et, d'autre part, Cambrai, Valenciennes, Noyon, Soissons, Throuanne.

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    6 ~Dans le domaine de la construction, c'est la

    Wallonie qui tient la tte l'poque romane. C'estelle qui possde le plus beau des anciens monumentsdu Nord, Notre-Dame de Tournai, comparable auxgrandes cathdrales de France, d'Allemagne etd'Angleterre. Aprs elle viennent, parmi les princi-paux difices romans du pays, presque tous wallons,Saint-Vincent de Soignies, Ste-Gertrude de Ni-velles, les glises d'Hastire, de Saint-Sverm,etc., et les vieilles glises de Lige, qui remontentjusqu' l'poque carolingienne. C'est de l'abbaye deStavelot que sortait le moine Hzelon, architectede la fameuse abbatiale de Vezelay. Son construc-teur, l'abb Wibald (ii3o-ii58), est plac par leshistoriens parmi les grands initiateurs, ct deSuger, de Pierre le Vnrable, de Saint Bernard etde Notger. Wibald enrichit de joyaux artistiquessa propre abbatiale, notamment d'un merveilleuxautel et de la chsse de St-Remacle, due Godefroyde Claire, et combla de dons pareils l'abbatiale deMalmdy, o pendait une couronne de lumirepareille celle d'Aix-la-Chapelle. Le mme Wibaldleva prs de son abbatiale la gracieuse chapellede Saint-Vith, qui tait une miniature de Ste-Sophiede Constantinople, qu'il avait visite (i).Du grand Notger nous est rest ce dicton

    (i) Voir : V. Shayes : Hist. de i'archit. en Belg., et Reusens :Retable de Stavelot.

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    Vue intrieure de la cathdrale de Tournai

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    7 populaire : O Lige tu dois Notger au Christ et lereste Notger. Il leva la cathdrale disparue etd'autres glises, parmi lesquelles celle de Saint-Jean, en partie conserve, une imitation tardivedu dme d'Aix-la-Chapelle, qui tait pareille auxgrands baptistres italiens. Plus tard le style romanse rpandit sur les rives de la Meuse. Tandis quese dressaient les belles glises de Saint-Servais etde Notre-Dame de Maestricht, le pays ligeoisvoyait s'lever Saint- Barthlmy, Sainte- Croix,Saint-Sverin en Condroz. Ailleurs se fondaient lesabbayes de Stavelot, d'Orval, d'Aulne, de Val-Dieu,de Val-Benoit. Dans le Hainaut, c'taient Saint-Martin de Tournai, Saint-Amand, Saint-Ghislain,Sainte-Waudru Mons, Saint-Vincent Soignies ;c'taient Nivelles et Villers en Brabant et Florefteen Namurois, et bien d'autres ; c'taient surtoutLobbes, Saint-Hubert et Gembloux, qui rivalisrent l'poque romane avec les cits piscopales.

    ** *

    Nos glises romanes prsentent presque toutesle plan basilical avec un chur chevet plat. C'estque nos constructeurs romans, comme ceux deNormandie, avaient renonc voter leurs glises.Ils en eurent cependant le dsir et firent dans cebut de trs intressantes tentatives. On avait essayavec succs, Saint-Martin de Saint-Trond, l'appli-

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    8 cation de votes lombardes. Les Songiens entre-prirent de raliser leur collgiale une nef centralemergente vote. On peut voir dans les tribunesde ce curieux difice les traces de leur vaillantetentative avorte.

    Les Tournaisiens se gardrent de les suivredans cette voie. Leur cathdrale, dans ses lignespuissantes et son caractre artistique, accuse, parla plantation des piles uniformes et toute son ordon-nance horizontale de galeries tages, le sage partide couvrir en bois la longue nef, et nous avonsmontr que l'architecture tournaisienne des xii^ etXiii^ sicles tire de cette superstructure non voteses traits caractristiques (i). Cette architecture arpandu le long du fleuve, ce chemin qui marche,son style d'une lgance exquise. A l'poquegothique, surtout au xill sicle, c'est Tournai quibtit les glises de Throuanne, de Valenciennes,de Chreng, de Seclin, celles de Courtrai, deBruges, d'Ypres, d'Audenarde, de Deynze, deGand, celles de Lisseweghe et de Damme, celled'Ardenbourg en Hollande. C'est en style tournai-sien qu'est difie cette admirable glise de Pamele,qui garde, grav dans le bronze, le nom tout wallonde son architecte, Arnould de Binche. A Gand, laprimitive glise Saint-Jean, les abbayes de Saint-

    (i) Voir : L. Cloquet : La cathdrale de Tournai et h styleombard.

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    9 Bavon, de Saint-Pierre et de la Byloke, l'gliseSaint-Nicolas, les nombreux steen des patriciens etquantit d'autres constructions civiles furent difisen pierre de Tournai et en style tournaisien ; lebeffroi de Gand aussi, hormis toutefois les grandshommes du sommet, pour lesquels on chercha unemeilleure pierre ; ils sortent des carrires de Feluy.

    Le style scaldisien, d'inspiration franaise, maisd'allure trs particulire, se caractrise par desglises en moellons d'une exquise lgance, auxfentres en lancettes souvent jumelles ou en triplets,aux votes lambrisses, aux claires-voies continues,aux tours centrales mergentes, dont les modlessont Saint-Jacques de Tournai et N.-D. de Pamele Audenarde. L'architecture civile abonde en mo-numents remarquables Tournai, depuis le gracieuxbeffroi jusqu' la jolie halle leve en 1610 parQuentin Ratte ; l'art local y fut mis en lumire en191 1 par une si intressante exposition rtrospective.Nulle ville belge ne montre, comme Tournai, unesi intressante srie de maisons de la renaissance,d'un type local si caractris.

    ** *

    Nous avons vu l'Escaut former le trait d'unionartistique entre le Tournaisis et les deux Flandres.De mme il est reconnu qu'il existait au moyen geun art mosan, et il serait inexact de le considrer

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    / lOcomme purement wallon, ainsi que Ta montr JulesHelbig, car l'ancienne principaut de Lige embras-sait des rgions peuples de Flamands, dont legnie s'est fusionn avec celui des Wallons.Les populations wallonnes et limbourgeoises sesont parfaitement accordes sous le sceptre desprinces-vques : l'histoire ne mentionne aucunconflit d l'antagonisme de race et l'emploi delangues diffrentes.Au XIII sicle l'influence franaise s'infiltredans la province de Namur. Les glises de Wal-court (i) et de Dinant ont le dambulatoire franais,mais dpourvu, selon la version belge de cettepoque, de chapelles rayonnantes. A Chimay le stylesoissonnais s'affirme dans l'glise jadis bndictinede Saint-Monegonde, devenue ensuite collgiale etenfin paroissiale. La collgiale de Huy est, avecSaint-Martin de Hal, le plus bel difice lev enBelgique au xiv*^ sicle.

    Celle de Sainte-Waudru Mons, que feu JosephHubert attribue avec toute apparence de raison Jean Huwelin, le matre-maon du Hainaut, s'levaau milieu du XV sicle sous la direction de JeanSpiskin. Etoffe l'intrieur de l'excellent petitgranit des Ecaussines, construite avec l'aide tech-nique de Guillaume le Prince, matre de carrires de

    (i) Au xvi* sicle est cit Gilles 'Dameanssins, matred'uvre de la collgiale de Walcourt.

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    21 Jean de le Mer de Tournai excuta une partie

    des statues qui dcoraient jadis l'htel de ville deBruxelles,

    L'glise de Cambron, nomme le cimetire desComtes de Hainaut, comme celle de Flines etd'autres du Tournaisis, du Hainaut et de la Flandre,fut remplie de tombeaux tournaisiens et de statuescouches. Ces statues taient parfois en cuivre,comme celles des vques Walter de Marvis et deWalter de Croix la cathdrale de Tournai, ouremplaces par des dalles tumulaires en pierre ouen cuivre, ornes d'effigies graves.Nombreux aussi furent les bas-reliefs votifs,dans lesquels les critiques d'art ont reconnu, depuisWaagen et Heris jusqu' Dehaisnes et M. P.Van de Ven (2), les germes de l'art vivant desVan Eyck. Le plus ancien de ces monuments, con-serv au muse d'Arras, remonte 1376. Le plusremarquable est celui de Jean du Bos, attribu Jean Genoix, et dont s'est inspir de Fierland ensculptant le mausole du Recteur Magnifique deRam, avec celui que j'ai dcouvert jadis, au couventdes Clarisses de Tournai, et qui reprsente l'enter-rement du frre Mineur Jehan Fievez (t 1425) ; il estactuellement au muse de Tournai (2).Ce dernier bas-relief rvle un progrs dans la

    (i) Bulletin des muses royaux, juin 1908.(2) Bulletin des muses royaux, anne 1908, n 6.

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    22 voie du ralisme, que dnote, comme le remarqueM.Van deVen (i), l'individualisme des figures. Nousnous trouvons en prsence d'une scne de la vieordinaire (2). Cette tendance vers l'expression dela vie est bien wallonne ; on la retrouve jusqu'aufond des Ardennes, Houffalize, dans la statuecouche de Messire Thieris, seigneur du lieu, re-marquable par la souplesse de son model. Djles figures des fonts de Saint-Barthlmy de Ligeaccusent ds le xi^ sicle une plastique mancipedu byzantinisme rhnan.

    Ces petits monuments funraires et votifs, jus-tement remarqus, constituent une des principalesmanifestations de l'volution de la sculpture belgepassant de l'idalisme franais vers le ralismeseptentrional (3). On en a pu voir runis unevingtaine l'Exposition rtrospective de Tournaien 191 1 (4). D'autres sont dissmins dans le Nordde la France et dans le Hainaut. On en retrouve jus-qu' Mons en Laonnais et Saint-Martin de Laon ;deux sont conservs dans l'glise de Lessines, dontl'un reprsente la lgende wallonne de Saint Hubert.Un trait remarquable de l'art wallon, c'est

    (i) Voir : Ibid.{2) On trouve de ces tableaux votifs tournaisiens dans

    maintes glises franaises Saint-Omer, Sbourg, etc.(3) R. KoECHLiN : La sculpture belge et les influences franaisesaux XIII et XI V^ sicles.(4) Voir : Nos 35 43 du Catalogue de cette exposition.

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    Eglise St-Loup. a Namur

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    23 l'union intime de l'architecture et de la sculpture,qui se compntrent. Il s'accuse dans une srie deshauts retables de la dernire poque gothique compartiments tages, tout repercs de fenestrages,couronns de clochetons, comme ceux que l'on voit Sainte-Waudru de Mons et l'glise de Buvrinnes.Le dcor vgtal y apparat comme la floraisonnaturelle des lobes des arcatures, des arches, desclochetons, des rosaces, des fenestrages, des culs-de-lampe et des niches. Il s'y montre refouill,dchiquet, contourn la manire de l'Ecoleallemande, mais toujours asservi l'architecture.

    ** *

    Mons n'a pas conserv de sculptures de la pre-mire priode ogivale. On y a dcouvert rcemmentle monument funraire d'un Montois dcd en 1414,qu'on attribue au tailleur d'images et de tombesGilles Le Cat, n en i38o, mort en 1427. Les septbas-reliefs votifs, dats de 1399 1434, que possdela collgiale de cette ville, sont apparents commestyle ceux de Tournai que nous citions plus haut ;le groupe vivant de la Vierge et du dfunt, dans lemonument de Lancelot de Bertaimont (1418), faithonnf;ur au talent des imagiers locaux. Sainte-Waudru conserve en outre une admirable sculpturedu XV* sicle, une statue de Saint Michel, que

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    24 M. Maeterlinck considre comme inspire par l'idalde Roger Van der Weyden (i).

    Si la capitale du Hainaut n'a gure d'autrespcimen du talent de ses imagiers, ses archivesabondent en renseignements. Le chroniqueur JeanDoudelet nous apprend que le mausole en marbrenoir de Baudouin IV, plac Sainte-Waudru,portait l'effigie couche du dfunt, sculpte en rondebosse et peinte ; il dcrit cette uvre toute brillantede polychromie. Feu L. Devillers a fait connatretrois contemporains de Lecat cit plus haut, CopinNoinin, Jehan Melcuit (1444) et Jacquemart A mand(1487). Nous apprenons encore qu'en i5i3 Daniausde Glabecq excutait la chsse de Saint-Gry deBraine-le-Comte. A la mme poque Michel Boenfit pour la cathdrale de Cambray le retable de lachapelle Saint-Clment, Jehan de Fourmanoir et sonfils Clte firent les stalles de Sainte-Waudru etJeronias Hackart le jub de Saint-Germain en iSyS.Georges Hannicq de Mons est l'auteur du grandautel de l'glise de l'Htel-Dieu de Lyon (3).

    ** *Une perte irrparable pour l'histoire de l'art

    (i) Gazette des Beaux-Arts. igoS.(2) Voir : Natalis Rondot, ouvrage cit.(3) Hubert Hannicq, probablement montois, fait en i633

    l'autel de la chapelle de Notre-Dame aux Rayions de lacathdrale de Gand.

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    Cathdrale dk TournaiPortai] du Nord, dit : porte mantille

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    25 ~est celle de la plupart des mausoles dont taitremplie l'abbaye de Cambron. Plus de soixante-dixtombes recouvraient les corps de membres des famil-les d'Enghien, de la Hamaide, de Lessines, d'Ecaus-sines, d'Havre, de Ligne, etc., qui y furent enterrsaux XII et xiv^ sicles, depuis le tombeau dubienheureux Didier (1194), vque de Throuanne,jusqu'aux beaux cnotaphes du xv^ sicle encoreconservs dans les ruines de l'glise. On a gardun dessin du remarquable mausole de Nicolas deCond et de son pouse (i2o3). Ces deux noblespersonnages taient figurs en ronde bosse, et aupourtour de la tombe taient sculptes quatorzepetites statues et chevaliers et dames de leurparent (i).Le XIV* sicle tait reprsent dans cette galeriefunraire par les tombes de Jean, Sire de Lens(l3 10-1324), et de Jacques Rendins (i38o). Un su-perbe mausole du xv^ sicle tait consacr lammoire de Englebert d'Enghien et de son pouseMarie de Lalaing (i4o5) ; ce monument, assure feuM. Monnier, galait en magnificence les tombeauxdes rois de France conservs dans la crypte deSaint-Denis ; vingt statuettes d'albtre qui l'ornaientportaient les quartiers de noblesse des grandsbienfaiteurs de l'abbaye. Le muse archologique

    (i) Il est reproduit dans le Monument ancien du Comte deSaint-Gnois.

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    26de Mons conserve les statues funraires d'un sirede Gavre et de son pouse, uvres du XV* sicleprovenant de la mme abbaye.Le col. Monnier a publi les remarquablessceaux questres de la famille de Trazegnies (i) ;ils peuvent tre rapprochs de l'admirable sceau deJean II d'Avesnes, dont feu J. Rousseau crivait : La figure de Jean d'Avesnes... comptera parmiles chefs-d'uvre de l'poque comme la chsse deSaint Eleuthre (2). Le pays wallon, ajoutaitcet auteur, est donc toujours le sige principal del'art (lisez sculptural) des Pays-Bas, et il conservecette prdominance jusqu'au xv sicle. La sculpture vi^allonne du xv^ et du xvi* sicleest encore reprsente par les deux retables que l'onvoit la chapelle du chteau d'Enghien et quiproviennent de l'ancienne abbaye de Saint-Denisprs de Mons ** *

    La science allemande a consacr un grosvolume au grand sculpteur wallon du XVI* sicle,Du Brucq. Selon M. R. H. Hedick (3), l'auteurde cette monographie, avant lui notre pays n'auraitpas connu d'art plastique national. Nous avons

    (i) Voir : Annales du Cercle archologique de Mons, t. XVIII.(2) J.Rousseau : LasculptureflamandeduXI'au XIX' sicle.(3) RoB. Hedick: Jacques Du Brucq von Mons. Heitz,

    Strasbourg, 1904.

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    27 largement prouv le contraire, cela ne diminue enrien le mrite du matre montois.Jacques Bu Brucq, mort en 1584, architecte etsculpteur, est l'auteur du jub clbre de la collgialede Mons, qui fut dtruit par les Vandales de laRvolution, et qu'il est question en ce moment dereconstituer l'entre du transept Nord de lacollgiale. La partie architecturale tait due auDinantais Hubert Nonnon ; ce fut une merveilledans son genre. On en conserve le dessin primitif,que nous reproduisons d'aprs une copie de M. H.Rousseau, ainsi que de nombreux et trs intres-sants fragments. Le style personnel de l'auteur s'yaffirme dans les figures avec des rminiscences deGhiberti, de Sansovino et de Michel-Ange. DuBrucq fut l'auteur des stalles nouvelles de Sainte-Waudru et de l'glise de Saint-Germain en coUabo-boration avec Jean Detkuin et Michel Boenne.Il dirigea Saint-Omer l'excution du mausole del'Eustache de Croy (i538). Il eut pour lve Jean deBologne de Douai (i). L'exposition de Charleroien 191 1 a en quelque sorte rvl ce puissantartiste au grand public. Quelqu'un crivait rcem-ment, avec raison, que, si une petite ville italiennepossdait les uvres qu'il a laisses Sainte-Waudru, les trangers iraient en foule les visiter.

    L'uvre la plus remarquable que le Hainaut(i/ Voir : Bulletin des muses royaux de Bruxelles, janv. 1902.

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    28 conserve dans le style du jub de Sainte-Waudruest l'autel et le tabernacle de l'glise de Braine-le-Comte, dats de i577 (i), auxquels on peut joindreles stalles, les lambris et le banc coffre (i543) duchur. L'autel, que Gailhabaut a fait connatre parla gravure, en a remplac un autre que AntoineCrespiel avait orn de sculptures en i524 ; plustard Jean Muzelle (iSg) le restaura et Ph. Laurentrefit la clture du chur.En 1604 Grgnard de Binche faisait le retabledu grand autel de l'glise d'Estinnes-au-Val.En 1645 Marie de Hongrie faisait excuter lesouvrages de sculpture de son chteau de Binche ;les statues du Nil et de Cloptre furent modelespar Luc Lange et Toussaint Pouirain (2).

    A ct des monuments funraires s'rigeaientalors de riches retables d'autels et de superbesjubs, comme celui de Saint-Piat de Tournai (1429)dcor par le peintre Jean Lemone et celui de l'glisede Saint-Nicolas, excut en 1443 par Jean Thomas,l'un des auteurs du jub de Saint-Martin de Cour-trai, auteur aussi d'une srie de retables d'autels.

    Valenciennes, ville de l'ancien Hainaut, donnale jour au grand artiste dj nomm Andr' Beau-

    (i) Voir : l'abb J. Croquet : Notice sur Braine-le-Comie.(2 Voir : Ch. Lejeune : Hist. de la ville de Binche.

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    Monument funraire de Colaru de Seclin '1342) a Tournai

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    29neveu, n au commencement du xiv^ sicle, mortvers 1413, peintre et sculpteur, l'auteur de lagracieuse statue de S'*^ Catherine conserve Cour-trai. Elle lui fut commande en 1374 par Louis deMaele pour son tombeau. C'est de Beauneveu queFroissart crivait : Il n'y avait pour lors meilleurni le pareil en nulle terre, ni de qui tant d'ouvragesfussent demeurs en France ou en Hainaut dont iltait nation et au royaume d'Angleterre. Il futcharg de sculpter le mausole de Charles V, dontla statue est conserve Saint-Denis ; il fit aussicelui de Louis de Maele. On lui attribue la statuede Philippe VI, conserve au Louvre (i).

    Le tombeau de Jean I, comte de Boussu, estattribu Luc Petit de Valenciennes. Pierre Schleiff,dj nomm, fut architecte et sculpteur de l'glisedes Carmes de Valenciennes. Plus tard Lemaire etJ. B. Carpeaux (1827-1875), originaire de Lobbes,illustrait d'une manire clatante Valenciennes etl'art franais.

    * *

    Feu Natalis Rondot (2) a trouv Troyes,parmi cent sculpteurs qui y ont travaill au moyenge, vingt et un imagiers venus de la Belgique.Ceux de ces imagiers, dit-il, qui ont fait la

    (i) V. : Ch. Dehaisnes : Revue de l'art chrtien, 1884, p. i35(2) Revue lyonnaise, mai 1884, p. 473.

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    cathdrale et dans les glises de Troyes les ouvragesles plus importants sont, au XIv^ sicle, Girardin deMons, au xv , Girardin de Bruxelles, Hennequin deTourfiai, Hennequin de Louvain, Jean le Boucher deMalines, Nicolas le Cordonnieur Nicolas Hesdin.C'est donc un sculpteur montois qui figure lepremier sur cette liste de sculpteurs belges qui s'enallrent porter au dehors les produits d'un artflorissant dans leur pays. Matre Grard Sibrecg,matre sculpteur Lj^on, tait wallon ; il a fait desstatues qui furent places la faade de maisonsdu xvii^ sicle.

    Jean de Soignles (lisez de Soignies) fut charg,en i356, de faire le tombeau de la reine Jeannedans la Sainte-Chapelle de Dijon.Mons a donn Louis le Doulx (i 617-1887), lvede Franois Du Quesnoy, architecte et sculpteur,auteur dutombeau de l'archevque Fr.Van der Burch

    ,

    plac d'abord dans l'glise des jsuites de Mons ettransport ensuite Cambrai, Alb. Fr. Fonso7i etCh.Aug.Fonson{i),2iUieviTS, de nombreuses sculptures.Cl. jfos. de Bettignies (1675-1740), lve de Le Doulx,l'auteur du fameux car d'or et du remarquable jubde l'ancienne glise de Saint-Germain, architecteaussi et restaurateur de nombreuses glises ; il re-construisit l'glise de Sainte- Elisabeth Monsen 1722.

    (i) Sculptures diverses Saint Nicolas de Mons (VoirF. Stappaerts).

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    Le Jugement dernierBas-relief votif du xv^ sicle Tournai

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    3i

    Franois Du Sari, dit le Wallon, lve deVincentAnthoni, fit des sculptures pour le palais de White-hall sous Charles I. Joseph Cof/iaux fit le dme del'htel de ville de Mons en 17 14.

    ** *Si nous nous tournons prsent du ct de la

    Meuse, nous rencontrons d'abord, ds l'poquecarolingienne, les traces d'ateliers mosans de sculp-ture en ivoire signals par M. M. Laurent (i), d'odrivent les crucifixions du Trsor de Tongres etdu Muse du Cinquantenaire ainsi que l'ivoire de lacathdrale de Lige. Rien de suprieur, dit cetarchologue, dans les ivoires n'existe au x^ sicleen Occident. . Plus tard, l'art plastique mosanreparat dans de rares vestiges, notamment dans unesrie de fonts baptismaux romans, dans le tympande Saint-Servais Maestricht, dans la Vierge deDom Rupert Lige et les portails historis deHuy et de Dinant. De grands morceaux de sculpturefurent taills aux portails disparus de la cathdralede Saint-Lambert ; Jehan de Behongon, Jean VAlle-mand et Suavius y contribureent diverses poques.Au XIv^ sicle, Jeajt Ppin de Huy alla exercerla sculpture Paris ; la comtesse Mahaut d'Artois lechargea de sculpter le tombeau de son pre RobertII, celui de son mari Othon IV et celui de son fils

    (i) Laurent, Noie sur l'art mosan.

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    33 brai. L'influence du Nord perdura jusqu' l'poquemoderne. Les Branches des Pays-Bas entes surle tronc bourguignon ont intimement ml leur sve la sienne (i).

    Il y avait alors Paris toute une colonie desculpteurs mosans, parmi lesquels se distinguaitHenneqtiin de Lige, qui fit grande figure ; il taitl'artiste prfr du roi Charles V, qui lui commandaplusieurs mausoles, ceux de ses fous d'abord, etson propre mausole royal, ou du moins l'un de sestrois tombeaux, celui qui fut plac au chur de lacathdrale de Rouen. Il fit des statues qui dco-raient les escaliers du Louvre. Il travailla laChartreuse de Champmol Dijon, au chteau de laFert-Milon, Poitiers, etc. Il fit Orlans letombeau de Jeanne, Comtesse d'Auvergne, pousede Philippe d'Artois, puis du roi Jean II. Il excutaaussi le mausole de la reine Philippe, encore con-serv Westminster.

    *

    De la sculpture ligeoise mdivale on n'agard que de rares spcimens, mais l'un d'eux estde premier ordre : c'est la Vierge de Dom Rupert,du muse archologique ligeois, datant de la fin du

    (i) Voir : A. Germain, L'Art Flamand et hollandais, anne1908, n II.

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    - 34-XI' sicle ; M. R. Koechlin y reconnat le modlequi se rpandit depuis, en France au Xlil^ sicle etdans toute l'Europe au xiv*^ sicle. Il faut dplorerla disparition des trois beaux portails de la cath-drale de Saint-Lambert, dont Jean d'Outremeuse anomm les sculpteurs respectifs : Enguerrand deBehengon, Jean de Cologne et Pierre Allemand. Rap-pelons ici les portails sculpts de Dinant et de Huy.

    ** *

    Namur aussi a eu ses sculpteurs et l'on conservedans cette ville le tombeau de Colares Jacoris avec,sous un enfeu, sa statue couche, taille par luimme (i235). La tombe de Gauthier d'Oxen (f i3il), Clairire, est d'une allure souple dans sa sculp-ture. C'est un statuaire namurois qu'on doit labelle madone polychrome de Marche-les-Dames,conserve au Muse de Namur. Le Couronnementde la Vierge Walcourt, malheureusement rem-plac par une copie, et le beau portail de Huyattestentl'existence del'colenamuroise de sculptureau moyen ge. Jean Baisse ornait au XV* sicle destatues de la Vierge les portes de la ville de Namur.De nos jours on peut citer le sculpteur namuroisTh. T'Schurnet.

    On peut citer au xvii* sicle les sculpteursJean Armont, Jacques et Henri Danco, Andr Jos.Dupont, Denis et Georges Bayar, Jean Charmont^

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    35 Rasa et Godefroid Simon et au xviii^ sicle le clbresculpteur Pierre Franois Le Roy, dont il reste peud'oeuvres.

    * *

    Le rgne d'Albert et Isabelle, glorifi par l'expo-sition de igio au Cinquantenaire, Bruxelles, ouvritaux Pays-Bas une re d'activit artistique laquellela Wallonie ne prit qu'une part efface, il faut lereconnatre, ct de la Flandre. Parmi environiio artistes des xvii^ et xviii^ sicles, dont M. H.Rousseau cite les uvres, les Wallons sont peineune vingtaine. Ils font toutefois quelque figure. Nosglises dtiennent la plupart des uvres sculpturalesde cette poque no-paenne : jubs, tombeaux,autels, chaires, confessionnaux, etc., ont fournibelle carrire nos artistes.En 1548 Vincent Van Biervliet de Tournaifaisait les sculptures de jub d'Ath. Si celui deNotre-Dame de Tournai appartient l'art flamand,par contre, le Tournaisien Abraham Hideux (i), fit lejub et le grand autel de Sainte-Gertrude Bruxel-les, d'aprs les dessins de Floris, ainsi que le jubencore conserv de Saint-Piat, Tournai. Si dufameux jub de Sainte-Waudru du Mons, uvre deJacques Du Brucg, on n'a conserv qu'un bon

    fi) On peut croire qu'il a ralis aussi l'uvre de Floris la Cathdrale.

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    36 dessin et des bas-reliefs, celui de Sainte-Elisabeth,d Jean de Beaurin, est encore debout, ainsi queceux de Lessines et de Walcourt.

    C'est Conrad de Nuremberg, natif de Namur,que la cathdrale de Bois-le-Duc doit son remar-quable jub actuellement expos au muse deKensington, Londres (i6i3). Pierre Schleiff deValenciennes fit le jub, la chaire et le matre-autelde l'abbatiale de Floreffe (i6i5-i637).En 1604 Grgoire Regnart de Binche sculpta leretable d'Estinnes-au-Mont ; Jean Thomas de Dinantfit celui du grand autel de la collgiale de Nivelleset peut-tre celui de Saint-Jacques de Lige. Il parattre l'auteur du modle de la statuette coule enbronze en i63i en l'honneur du bourgmestre deLige Guill. Beeckman. Hubert Hanicq de Monsfit en 1622 un retable pour la cathdrale de Cambrai.Saint-Lambert de Lige possdait un riche autelsculpt au XVII sicle par le moine Robert Henrardde Dinant.

    Parmi les chaires de vrit d'un caractresculptural on peut citer celle de Saint-Vincent deSoignies, Bauduin Lalou (1670). Au xviii sicleLaurent Delvaux, n, parat-il, Gand, exera Nivelles cet art exubrant auquel on doit leschaires aussi encombrantes que remarquables deSainte-Gertrude et de Saint-Bavon Gand, (1745. )Il a sign celle-ci en ces termes. L. Delvaux,gandovensis invenit et fecit Nivellis. Sa production

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    Vierge de don Rupert a Lige

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    38 gant auteur de statues d'Albert et d'Isabelle, HubertAbert, G. Boni/ace, auteur du monument du cha-noine Louys cit plus haut et du retable de l'autelde Notre-Dame, etc. Pierrard, lve de Quellyn leVieux, qui fit la mise autombeau du Christ encoreconserve, qui ornait le mausole du chanoineSaladin, Philippe Freyman, auteur (i65i) du retablede la chapelle de Bonsecours l'glise de Saint-Brise (i).Au xviii^ sicle se distinguaient Colin Mido,qui dcora de sculptures la porte impriale deBerchem-Anvers, J. B. Caulier, l'habile sculpteur,Caspart Lefebvre, qui fit la mensa actuelle du matre-autel de le cathdrale de Tournai, Nicolas Lecreux,de Valenciennes, qui dota la mme cathdrale de lastatue colossale de St. -Michel et travailla pour lafabrique de porcelaine de Peterinck. AimableDutrieux et Bertelemy Frison clturent la srie ;A. Dutrieux est l'auteur de la statue deMarie deLalaing (i863).

    ** *

    Les Ligeois se distingurent la mme poquedans la statuaire. L'me joyeuse de la Walloniesaillit du ciseau de Jean Delcour, le matre del'lgance, n Hamoir en 1627, mort Lige

    (i) Nous renvoyons, au sujet des artistes Tournaisiens nos Etudes sur l'art Tournai dj cites.

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    39en 1707. Il eut pour matre le pre Chartreux ArnoldHenrard et plus tard, Rome, le chevalier Bernin.Il a orn des Trois Grces le perron com-munal, d'une charmante madone la fontaine deVinve d'Ile, et de figures en bronze celle de larue Hors-Chteau. Les glises de Lige et d'Amaylui doivent leurs madones, et celle de Notre-Dame Hasselt son beau Saint Bernard et diverses sta-tues. Cette dernire et celle de Sainte Scolastique Saint-Jacques de Lige sont remarquables. Phi-lippe de Hurges dit merveille du jub de cetteglise, disparu en 1751. Il est l'auteur du mausolede l'vque Allamont (t 1673) Saint-Bavon Gand.Nous avons cit plus haut Arnold Monthoire, n Lige vers i63o ; il y mourut en 170g. Ses uvresprincipales ornaient le choeur de la cathdrale deSt-Lambert, notamment le mausole du baron deSurlet. Il eut pour lve Renier Panhay, I. Fr. Louiset Simon Gogfiouille, auteur de bonnes statuesreligieuses, qui fut lui-mme le matre e A. M. Me-lotte. Guill. Evrard sculpta le mausole du prince-vque Louis de Berghes la cathdrale deSt-Lambert (i), et celui de Charles d'Oultremont Horion-Hozmont ; il a fourni maintes statuesaux glises de Lige et l'abbatiale de St-Hubert;son lve fut ^ . P. Franck.Au xviii^ sicle citons J. H. Gathy, les frres

    (i) Actuellement au sminaire.

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    41 muse du Louvre possde un buste d sonciseau, celui du chancelier Sguier. Le second estl'auteur d'un beau buste de Louis XIII, galementconserv au Louvre, ainsi que d'une statue et d'unbuste de Louis XIV.

    ** *

    Notre gnial sculpteur Constantin Meunier serattache la Wallonie, d'abord comme lve deCharles De Groux, et surtout parce que c'est sur lesol des travailleurs wallons, la vue de nos ouvriersminiers et mtallurgistes, qu'il prit conscience deson gnie. Meunier naquit Etterbeek le 12 avrili83i et morut Ixelles le 4 avril igoS (i).Il montra ce que l'intellectualit et la sensibilitwallonnes peuvent produire au contact du ralismeflamand. A la vue des Verreries du Val-St-Lambert,en prsence des travailleurs tragiques des foursardents, des noirs charbonniers et des puddleurs,il se fit le peintre potique des ouvriers wallons. Sadescente des mineurs est un chef-d'uvre qu'a dcritLemonnier (2) :

    Sous les hautes charpentes entnbres, la cage se gorge de la cargaison humaine, qu'elle va plonger dans

    (i) Meunier naquit Etterbeek le 12 avril i83i et mourut Ixelles le 4 avril igoS.(2) C. Lemonnier : La peinture en Belgique.

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    43il agrandit, il potise la manire de Millet, et serapproche par l de la mentalit mridionale.

    ** *

    Le village de Feluy, a fourni nagure, dans lapersonne de Flix Parmentier (n en 1787 mort en1828), un bon sculpteur au pays et le directeur del'Acadmie des Beaux-Arts Gand (i). Le mmevillage a donn le jour au plus grand' de nossculpteurs wallons contemporains : Victor Rousseauest des ntres par la race et par le gnie. Il s'estloign la fois du ralisme flamand et de l'idalismesystmatique, et il est devenu le matre de l'lganceet de la grce, un grec moderne. Il tait reprsent l'exposition de Charleroi. notamment, par LesSurs de l'illusion, un marbre rayonnant de vie dli-cieuse, de srnit et de grce.M. Maurice des Ombiaux lui a consacr unbeau livre, au frontispice duquel on a dessincomme emblme, non pas le fin ciseau du sculpteur,mais le lourd maillet de bois et les gros fers du querleux . C'est qu'en effet Victor Rousseau a faitsa partie dans le joyeux carillon qui s'levait denos carrires alors florissantes, au milieu desquelles

    (i) Il a sculpt la chaire de vrit de l'glise de St.-Nico-las de Fumes et le mausole de l'vque Pisani la cathdralede Namur ; ce dernier avec collaboration de sou frre.

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    sa maison paternelle se dressait sur un roc. Long-temps il ouvra durement au palais de justice deBruxelles et l'atelier de G. Houstont. L'auteur duLiseur, de l'Offrande, de Demeter, de la Douleur,des Ingnues est bien le reprsentant de l'espritwallon, pris de musique et de sculpture. C'est parle rythme et le geste qu'il exprime sa pense. Iladore la musique et les mouvements qui dveloppentla grce des figures. Il a, des Wallons, le sentimentde l'idal et de l'harmonie. Sa simplicit, sasensibilit exquise ont rsist au contact de l'Italiesomptueuse et de la Flandre raliste. Il spiritualisetout ce qu'il touche ; c'est un sculpteur d'mes, ditdes Ombiaux. Son uvre est un hymne de beaut,qui nous rvle un monde intellectuel et sensible,en mme temps que la grce des natures viergesaspirant l'amour.

    XlCeJlW^ KUAM^^^ ^k^Ca^

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    l'art du bronze l'orfvrerie (i)Le pays wallon est le pays du minerai et de la

    mtallurgie, le pays de la houille et des fonderies ;il devait tre le berceau de l'art du bronze dans leNord, pour ne pas dire en Occident, car jusqu'auX* sicle, Byzance en avait gard le monopole. Dsle x^ sicle l'abb Folcuin, de Lobbes, fait faire unclbre et remarquable ambon, qui est la plusancienne de nos dinanderies connues. Ce monumenten bronze tait mcanis : le pupitre avait la formed'un aigle qui remuait les ailes et tournait la tte.Au sicle suivant, l'abb Erembert dcorait d'ou-vrages en bronze le matre-autel de l'abbatiale de

    (i) Voir : J. Helbig : La sculpture et les arts plastiques au paysde Lige.

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    - 46-Waulsort, Du mme temps sont les clbres fontsde Saint-Germain de Tirlemont et de Saint-Barth-lmy de Lige, qui ont tant occup les archologuesdans ces dernires annes. M. le professeur Kurtha enlev l'honneur de les avoir fondus au prtenduLambert Patras de Dinant, pour les restituer Renier de Huy^ qui les excuta entre les annesII 38-1 142. Cette uvre est d'un si grand stylequ'on n'en trouve d'gales que dans l'antiquit (i).

    L'cole wallonne de fondeurs de bronze est, cette poque, la premire de toute l'Europe : elleparat se confondre avec l'cole de Lorraine,illustre par Nicolas de Verdun. M. M. Laurent amontr aprs M. M. Falke et frauberger (2) quel'originalit de l'cole mosane d'orfvrerie tait bienplus grande qu'on ne pensait. De leurs tudes etde celles de J. Helbig et de M. Jos. Destre deuxnoms sont sortis grandis, ceux de Godefroy deClaire et de Nicolas de Verdun. Le premier, unWallon, leva, dit M. Laurent, l'art d'mailler lesmtaux un niveau surminent et fut, au regard

    (i) G. Kurth : Bull, de VAcadmie R. de Belgique. Cl. desLettres. N** 8 de igo3. Jos. Destre : Renier de Huy, auteurdes fonts de St. -Barthlmy de Lige. Bruxelles, Vromant, 1904.M. Destre attribue Renier un ostensoir du Muse de Lille.

    (2) Falke et Frauberger : Deutsche Schmelzarbeiten. Dus-seldorf 1902. M. Laurent : Note sur l'art mosan. H. Rousseau : Les fonts baptismaux de St.-Barthlmy Lige. Lige, Poncelet, 1909.

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    47 de l'tranger, le reprsentant le plus notable del'orfvrerie appele rhnane. C'taient alors les villeswallonnes qui orientaient vers le progrs les ateliersun peu paresseux de la Germanie. Cette cole duNord contraste avec l'cole byzantine, dont lesproduits furent rpandus la mme poque en Italieet qui procdait notamment, dans de fameuses portesde bronze, par reliefs mplats, rehausss de gravure.La ntre, au contraire, bien plus avance au pointde vue plastique, traitait le mtal en reliefs sculp-turaux.

    C'est la ville de Huy qui donna le jour, auXil^ sicle, Godefroy de Claire, proclam le plushabile orfvre de son temps qui ft connu dans lemonde entier. Il fut le chef de l'cole w^allonned'orfvrerie, cole reconnue aujourd'hui par lessavants et caractrise par l'emploi frquent, dansles maux, de la figure humaine musculatureaccuse. C'est lui que feu E. Reusens attribue leretable maill dont le clbre abb Wibald, deStavelot (ii3o-ii58), avait orn son glise. LesR. P. Martne et Durand et Aubert Lemire ontdcrit son beau jub et son autel magnifique.M. Van de Casteele a retrouv le dessin du retabledans les archives de l'Etat Lige (i).On sait que Wibald frquenta Byzance. Nousavons rappel plus haut qu'il avait fait btir une

    (i; V, : E. Reusens : Bull, des Comm. roy. d'art et d'archologie.

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    48 chapelle l'image, en miniature, de Sainte Sophie.Il en avait rapport un got des maux, qui ornaientson retable. Quand l'maillerie est perdue Con-stantinople, elle atteint son apoge en Occident,et ses centres sont les trois coles du Rhin, de Li-moges et de la Meuse. L'cole mosane est importanteau XI' sicle. La croix de Godefroy de Bouillon taitmaille comme celle de la cathdrale de Namur.Nos chsses d'Huy, Stavelot, Vis et Maestrichtsont mailles comme celle de Tournai (i). Ch. deLinas et J. Helbig ont rendu tout l'honneur qui luirevient l'maillerie mosane. Ajoutons que Limogesest une filiale de l'cole mosane (2).

    Godefroid est l'auteur de la chsse de SaintHadelin Vis, de celle de Saint Hribertconserve Deutz (la plus belle du paj^s rhnan)et du chef du pape Saint Alexandre, qui est unjoyau du muse de Bruxelles (3). Il faut enrapprocher celle de Saint Maur, appartenant auduc de Beaufort (4). On attribue son atelier lachsse de Saint Servais de Maestricht et lesfigures de celles de Saint Mengold et de SaintDonatien, de Huy ; il faut peut-tre y rattacher le

    (i) Voir : J. Helbig : L'art mosan.(2) Voir : Baron H. Kervyn de Lettenhove : Commission

    rovale des monuments, sance plnire de 191 1.(3) Excut en 1145 sous les ordres de Wibald, abb de

    Stavelot.(4) Voir : Fr. Bock : Les trsors de Cologne.

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    L'AscensionBas-relief de Jacques du Brucq en l'glise Ste-Waudui de Alons

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    49 -triptyque de la Vraie Croix de Sainte-Croix deLige et celui de Saint-Andr, Trves. Onretrouve son influence dans le bras reliquaire del'glise Saint-Ursmer de Binche et dans le petittriptyque de la Vraie Croix de la maison d'Aren-berg.

    ** *

    Au XIII* sicle apparat le dlicieux frre Hugo.Il tait l'un des quatre frres, issus d'une famillede Walcourt, qui fondrent le prieur d'Oignies ;les autres reurent les Ordres. Hugo resta l'humbleconvers dont le nom tait destin l'immortalit.Il ouvrit une voie nouvelle l'orfvrerie : il renonaaux maux multicolores pour la nielle, le filigraneet les rinceaux estamps. Parmi les sept joyauxsortis de ses mains que possde le Trsor desSurs de Notre-Dame de Namur figure un mer-veilleux vangliaire, la reliure d'orfvrerie. Ils'y est reprsent genoux et y a trac uneinscription dont voici le sens :Ecrit en dedans et en dehors ; Hugo en fut l'cri-vain du dedans par procuration, du dehors par samain. Priez Dieu pour lui. D'autres chantent le Christde la voix, Hugo le chante en ornant par l'art deVorfvre le ?nanuscrit acquis pour son travail.

    Tout l'esprit de l'poque est l dedans, et lamentalit de l'artiste, sa ferveur, son humilit et lapuret de son intention.

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    5o Un des chefs-d'uvre de l'maillerie et de

    l'orfvrerie mosane du xiii^ sicle est la chsse deSaint Remacle Stavelot, que le brigand archo-logue Ferrand entreprit nagure de dpouiller picepar pice de ses admirables statuettes. Elle pr-sente une grande analogie avec celle de N.-D. deHuy. Entre elle et celle de Saint Hadelin Visse place celle de l'glise Saint-Georges d'Amay(excute vers i23o).

    Au XIII* sicle il faut tendre le domaine del'art wallon jusqu'en Lorraine, o se lve un astre.Godefroy de Claire et Hugo d'Oignies sont clipsspar Nicolas de Verdun, le signataire de la chssede Notre-Dame de Tournai et du clbre retable deKlosternenbourg, qui l'on a restitu les figuresdes aptres ornant les chsses des rois Mages deCologne. Mais les ateliers mosans gardent la chssede Saint Remacle, celle de Saint Trudon et celle deSaint Enchre St-Trond, celle de Saint Maur,celle de Saint Ursmer et celle de Saint Ghislain, duXIII* sicle, celle de Sainte Ode Amay, celle deNotre-Dame Huy et bien d'autres dans lesquellesont t poses les reliques des nombreux aptresde la Wallonie. Celle de Saint Remacle Stavelotest le chef-d'uvre de l'art mosan ; sa magnificences'panouit comme la fleur de cet art son apoge,

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    53 du peintre clbre, tait orfvre de la cathdrale deLige.Huyres Delavigne de Mons a excut la chssede Saint Macaire de Gand (1616). P. Josde Bettignies,nomm orfvre du chapitre de Ste-Waudru Monsen 1750, est l'auteur du remarquable tabernacle dumatre-autel de la collgiale de Saint-Germain et dubeau reliquaire du couvent des Surs Noires.

    ** *

    Quand, avec les Namurois, nous plaisantonsles copres de Dinant, nous voquons une gloireartistique wallonne, et nous rappelons que Dinanta donn son nom propre l'art cossu de la dinan-derie. Elle a mrit cet honneur par l'industrieusevaillance de ses habitants, qui jadis, seuls affilis la Hanse teutonique dans la Belgique actuelle (i),sillonnaient la Meuse avec leurs brillantes cuivrerieset transportaient leurs ouvrages en laiton vers l'Alle-magne, la Scandinavie et l'Angleterre, tandis qu'ilsles exportaient aussi en France et jusqu'en Espagne.Les Dinantais furent les premiers fondeurs de cuivredu monde. L'un d'eux, Servais de Dinant, florissait Lyon au xiii^ sicle.

    Les ateliers de Dinant eurent leurs jours deprosprit du xii*' au xiv* sicle. Leur belle industrie

    (i) Voir : H, Pirenne : Dinant dans la Hanse teutonique,Namur 1904.

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    - 54-fut victime de la jalousie des gens de Bouvignes,qui ruina Dinant, grce l'intervention des Ducsde Bourgogne. Alors, ces artisans, chasss de leursmurs, rpandirent l'art des batteurs de cuivre audehors, surtout Tournai et Middelbourg.

    Les Dinantais ont produit des monuments enbronze aussi bien que de menus objets mobiliers.Ils ont garni de statuettes les mausoles des princes,et plac leurs grandes effigies couches, coulesdans le bronze, sur des tombes de marbre noirtires de leurs carrires, comme la statue d'Isabellede Bourbon que l'on peut encore voir derrire lematre-autel de la cathdrale d'Anvers. Ils ont faitde ces belles dalles en laiton grav et maiil, commecelles qui ornent l'glise Saint-Jacques Bruges,o l'on voit une jeune fille gracieuse et son frre,accompagns de leur ange gardien, entreprenant decompagnie le suprme voyage. Ils ont orn lesglises de magnifiques lutrins et de fonts baptismaux.A la fin du xiv sicle, deux membres de la familleJostz de Dinant s'illustrrent dans la dinanderie.Jehan fabriqua le chandelier pascal, le lutrin et lesquatre chandeliers de la collgiale de Tongres ;Nicolas fit pour Philippe le Hardi des cuivresdestins des monastres bourguignons. Il fit aussila croix place sur la grande tour de la cathdralede Lige.

    Au XIV* sicle, Jean Dubois fournit un lutrin-aigle la cathdrale de Rouen ; au XV , Henri d'Herbert

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    D5 fond le candlabre de l'abbaye de Saint-Vaast (l).Plus tard, Louis Hamal fait le lutrin de Freeren.Des mmes ateliers proviennent l'admirable griffond'Andenne, le tabernacle de Bocholt, le chandelierpascal de Rochefort, le tref de Gembloux (i5l5), lelutrin de Vis, le plican de Bouvignes.A partir du xvi^ sicle fut inaugure la dinan-derie repousse, savoir ces plats couverts d'ornementsen relief qui font la joie du collectionneur, et ofigurent des scnes dveloppes comme dans destableaux ; puis de charmantes bassinoires, desmortiers, des batteries de foyers, d'lgantes bouil-loires, et maints objets aussi gracieux que familiers.Aujourd'hui l'on tente de rnover l'art gracieux dela dinanderie estampe. M. A. Raulin a pris en cettematire une heureuse initiative, et Dinant possdeune union professionnelle des Dinandiers.

    ** *

    Tournai eut aussi ses fondeurs, ses batteurs etses caudreliers. Ses glises possdent une collectionunique au monde de grands candlabres de churet de lutrins de laiton. Elle hrita au xiv^ sicle del'industrie dinantaise. Au Xlii'^ sicle, c'est encoreJos de Dinant qui fournit la cathdrale l'appareilde suspension des courtines du matre-autel, cet

    (i) On appelait candlabre un ensemble de supportede courtines, entourant un autel.

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    56appareil nomm le grand candlabre qu'on voyaitdans toutes nos glises. Plus tard, ce furent lesTournaisiens qui eurent le monopole de cettefabrication. Le candlabre de la cathdraled'Arras, qui figure dans le Dictionnaire de Viollet-le-Duc, fut livr par Jean Cachet, de Tournai.Au XIX* sicle Williaume Lefbre fournit l'glise de Saint-Ghislain son lutrin (1442) et cellede Hal sa merveilleuse cuve baptismale (1446). Illivra aussi celle de Sainte-Gertrude de Louvain.Les fondeurs de Tournai ont fourni les beaux lutrinsde Hal, d'Audenaarde, de Renaix, de Lessines,d'Eplechin, d'Evregnies, ainsi que ceux de Saint-Jacques, de Saint -Piat et de Saint- Nicolas deTournai, ce dernier malheureusement alin.

    Ces nobles artisans ont fait quantit de statuescouches en airain, comme celles des vquesWalter de Marvis et de Walter de Croix, cellesde Pierre Cottrel et de Marc Vilain. Jean Maldeurecoula la statue de bronze de Henri de Berghes, quiornait son cnotaphe la cathdrale de Cambrai,dessin par le peintre Gabriel Clouet. Les ateliersde Tournai ont produit des centaines de tombesplates effigies graves et des douzaines de cloches.

    * *

    A ct des fondeurs et des ciseleurs de cuivre,Tournai eut ses orfvres, qui avaient peut-tre reu

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    . 83. L. Baes:Bull, de la Comin. d'art et d'arckol., 1886, p. 21 et suiv.

    :U. i '1' JemoM i\/^

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    66Cyriaque d'Ancne le placent avec J. Van Eyck aurang des meilleurs peintres, et Antonio Filarette lescite ensemble comme ayant tir le plus merveilleuxparti de la couleur l'huile. Le pre de Raphal,Giovanni Santi, chanta ces deux artistes et les levaau-dessus des peintres de son pays. Jean Lemairedes Belges, dans ses vers, place Roger au nombredes princes de l'art :

    car l'un d'iceux estoit maistre Roger .Guicciardin n'en fait pas moins d'loges et

    Cari Van Mander le proclame chef d'cole.Plac entre Memling et Van Eyck il forme avec

    eux la glorieuse trilogie des grands peintres duNord au xv^ sicle. Pas un matre , dit M. P.Lafond, n'a pouss aussi loin que Roger l'expres-sion tragique, l'motion pathtique. Ses Christsuccombent douloureux et rsigns, ses viergespleurent et sanglotent, ses martyrs souffrent etmeurent resplendissants de foi et de soumission. Roger est le plus spiritualiste des vieux matresflamands.

    Feu Barthlmy du Mortier et A. Genard ontles premiers revendiqu pour Tournai la gloire delui avoir donn le jour ; A. Pinchart a fait justice, rencontre de Wauters (i), de doutes jets sur son

    (i) A. Wauters : Roger van der Weyden, Bruxelles, La-broue, i85o.

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    - 67 -origine tournaisienne (i); feu A. de Lagrange et M. A.Hocquet (2) ont achev la dmonstration (3). Avecde Lagrange, mon regrett collaborateur, j'ai signal Tournai plusieurs autres membres de la famillede la Pasture (4). Aujourd'hui Vander We3'denfigure comme Tournaisien dans les catalogues desgrands muses d'Europe.

    Roger, fils de Henri, naquit donc Tournai.M. H- Houtart fixe sa naissance l'anne iSgg (5).Son pre tait Tournaisien et non Louvaniste, mari Agns de Wattreloos. Il frquenta l'atelier deRobert Campin. Quand en 1426 il y fut reu commeapprenti, il avait au moins 27 ans ; il tait maridepuis un an Elisabeth Goffart et pre en 1427d'un fils, Corneille. Trois ans plus tard il tait sortid'apprentissage. Il migra Bruxelles, o il pos-sdait une maison rue de l'Empereur. En 1449 ilpassa en Italie ; il y rvla le secret de la peinture l'huile Angelo Parrasio et Gelasso Gelassi (6).Il parvint en 1460 dans la Ville Eternelle et travailla

    \i)Bull. de la Comni. royale d'art et d'archo. de Belgique,anne 1867.

    (2) A. Hocquet : Roger de la Pasture, Tournai, Casterman,1905, p. 408.

    i3i A. DE Lagrange : Roger de la Pasture, peintre tournaisien,Anvers, 1898. De Backer, 1898.

    (4) tude de l'art Tournai, t. II. p. 97.(5) H. : Houtart Revtte tournaisienne, 191 1, N 3, et A.Hocquet : Wallonia, XX^ anne, n 5.(6) Selon Cvriaque d'Ancne.

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    68 pour le Pape. De retour en Belgique, il consacra Dieu, retir Cantersteen, les trois derniresannes de sa vie, et mourut le i8 juin 1464 ; latombe fut place Sainte-Gudule Bruxelles (i).

    Nous n'avons pu faire connatre ici l'uvrede Roger. Le catalogue de l'exposition de Charleroilui attribue plus d'une centaine de peintures encoreexistantes. Signalons ses chefs-d'uvre connus : l'Adoration des Bergers du muse de Munich,la Descente de Croix de l'Escurial, les SeptSacrements du muse d'Anvers, le triptyque du Jugement dernier de l'Htel-Dieu de Beaune.M. E. Soil a dress la liste des uvres de Roger (2)et de Daret.On a mme voulu voir en Van der Weydenun peintre doubl d'un sculpteur (3).

    *

    (i) Voir des notices sur Roger de la Pasture et le matrede Flmalle dans V. Karl Vall : Die Altniederlandische Malereivon Jan Van Eyck hy Memling.

    (2' E. Soil: Roger de la Pasture. Peintre de l'Ecole de Tournai.Tournai, Casterman, igoS.

    (3i L, Maeterlinck : Roger Van der Weyden, sculpteur.Gazette des Beaux- Arts, igoi.

    L'cole primitive flamande a t sculpte avant d'trepeinte , disait Dumortier. M. Maeterlinck va plus loin : Van der Weyden lui-mme a t sculpteur . Le conservateurdu Muse de Gand n'est pas loign de lui attribuer unesculpture encore existante : le Pre ternel entour d'anges,du Muse royal d'archologie de Bruxelles. C'est, remar-

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    70Le mme muse possde un tableau flamand du

    XV sicle reprsentant la Mort de Cyrus , sujettir, comme l'a montr M. Hulin, du Spculum liu-matice salvationes ; ce tableau parat avoir appartenu la cour de justice de la Cour St-Bavon Gand (i).Il est attribu au matre dit de Flmalle , auteurd'un triptyque de l'abbaye de ce nom conserv aumuse de Staedel. On a voulu l'identifier avecDaret,de mme que le matre dit de Mrode . On inclinemaintenant reconnatre dans le matre de FlmalleRobert Campin lui-mme, le matre de Roger (2).Quant Jacques Daret, ce qu'on connat de savie se rsume en peu de lignes. N vers 1403 deJehan et de Jeanne l'Escarlatier, il travailla du21 avril 1418 au 12 avril 1427 chez Robert Campin,et y devint matre. Le 18 octobre 1482 il reut latonsure clricale. Il quitta Tournai en 1441 ; il vcut Arras, o il occupait la maison de VEcurie, d'oil fut appel Lille pour prendre la tte parmi lesdcorateurs employs au dcor des ftes du Vu duFaisan. Il rentre Tournai en 1460. Il est chargen 1468 de travaux pour les ftes donnes Bruges l'occasion du mariage du duc de Bourgogne avecMarguerite d'York. On perd sa trace partir de1468. Nous avions cru sa mort cette date (3),

    (i) G. Hulin : Le tableau de Tomyris cl Cyrus. Gand, VanDosselaere, igor.

    (2) Voir : G. Jorissen : Wallonia, nov. 1900.(3) Etudes sur l'art Tournai, t. II, p. i3i.

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    mais le fait n'est pas tabli. Nous avons fait con-natre de nombreux artistes du nom, sinon de lafamille du clbre Daret (i).

    *

    Gossaert, dit Mabuse, de Maubeuge, appartient la Gilde d'Anvers et l'art flamand.

    Valenciennes fut, dans l'ancien Hainaut, lecentre d'art pictural le plus remarquable. Dans sonpass artistique rayonnent avec clat les figuresd'Andr Beaujieveu et de Simon Marmion, Lepremier, que Froissart met au premier rang despeintres de son temps, fut en mme temps sculp-teur, et l'on conserve Saint-Denis des statuesroyales dues son ciseau. Miniaturiste, il dcorade vingt-quatre figures d'aptres et de prophtes lelivre d'heures du duc de Berry.

    Simo7i Marmion, de Valenciennes, fut inscrit la Gilde de St-Luc de Tournai en 1463. Il a tproclam par Jean Lemaire prince d'enluminure dans sa Couronne Margaritiqne :Et Marmion, prince d'enluminureDont le nom crot comme paste en levain

    Par les effets de sa noble tournure.Son pitaphe lui fait dire :

    J'ai dcor par et sens acquisLivres, tableaux, chapelles et autels.

    (i) Ibidem. Voir : Revue de l'art chrlien, anne 1907, p. 3a6 ;anne igoS, p. 121.

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    /-On lui a attribu jusqu'ici le volet de la Vie de

    Saint Bertin du muse de Berlin.Valenciennes ne nous appartient que par un

    pass aboli. Nous ne voulons pas disputer laFrance Abel Pujol et le dlicieux Watteau.De son ct Maubeuge donna naissance unpeintre illustre, Mabuse ou Jean Gossaert, qui parson uvre appartient l'cole flamande.Douai, ville wallonne de Flandre, donna le jour Jean Bellegambe (i48o-i535), appel par ses con-temporains le matre des couleurs. Nous nousabstiendrons galement de revendiquer ce grandartiste.

    ** *

    Parmi les peintres tournaisiens du xv* siclenous avons relev les noms de Jacques, Henri, Jeanet Guillaume Lechien {toute une tribu), contemporainsde Campin, de Nicaise Barai, de Rogier Wanebac,de Pierre Wicart, de matre Gillart Le Riche, dematre Jean de Vrenay, de Watelet Hage, de Jea?i etde Michel Winghes, de Grard Keucart, de BaudouinBenoit ; ct du clbre Daret parat son preDaniel, ainsi que Jean, Guillaume et Martin Daretet Estievenart Dare.

    Henri de Beaumetiel travaille Tournai et Mons, avec ses deux fils Henri et Roger. Citonsencore matre Jean le Bacre ainsi que Colin etGrgoire Bacre, puis France, Janin et Richard Lecat,

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    - 75 -l'lve de Charles d'Yprs dont on vantait l'adresse.Il visita la France et l'Italie, sjourna Venise chezle Tintoret et dessina d'aprs Michel-Ange. Il fitdes fresques et des toiles ; il pratiqua l'art de laperspective alors naissant. Il fut le matre de LouisHenn et de Van Mander, et termina sa carrire Anvers prs de Jacques Fioris.

    Matre Guilhuime Robicquet eut pour lvesLouis Capart, Max Cornet et Nie. Vavder Heyden.Citons encore Jean Hennecatilt, Bernard Michicl,

    Guill. de Holloy, Guill. Regnault, Henri Roland,Jacques Smets et son fils Isabet, son lve ThomasWannor, Gilles Legrand, Pierres Hoghes, etc.

    *

    Au xvil sicle Tournai tenait aux Halles unmarch de peintures, prlude de nos salons. FeuMgr Voisin donne les noms d'une quinzaine demarchands de tableaux qui tenaient boutique Tournai.

    Michiel Boiiillo7i (1677), d'origine artsienne,peintre de natures-mortes, tint Tournai une coleclbre de lSg 1677. Il fut le matre de Philippede Champagne. Parmi ses nombreux lves oncompte Jean Delmotte, Franois de Lisse, PierreHermans, Nie. Chavalle, Fr. Plateau, Grard Del-vigne, tous Tournaisiens, ainsi que Ch. de Fiennes deSaint-Omer, Jtan Mourkerque de Courtrai et Nie. de

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    - 76-le Valle de Lille. L'glise Saint-Brice conservede ce dernier deux tableaux (St-Martin et la Visi-tation).La ligne de Delmotte est originaire de Lille ;Delmotte pre est l'auteur du martyre de Saint Piatdans l'glise de ce nom et d'autres tableaux disparus.Jean Delmotte, lve de Jean de Beaurepaire, eutpour fils et lves Jean Franois et Michel. Un autreJean Delmotte fut lve de Bouillon. Jean Franois,dit le jeune , fut le matre de Fr. L. Cuvelier, deJacq. Coullon, d'Ar. Fr. du Pr, de Martin Clinpe-nincque et de Jean P. du Ponchois ; il a laiss desportraits, notamment ceux d'Etienne Dailly et desa femme, enchsss dans les lambris de l'gliseSt-Piat. Michel Delmotte {i665), fils et lve de Jean,fut le matre de Jeaji Grenier. Th. Fr. Delmotte etses fils Thodor Romain et Jeayi Franois Romainpratiqurent la peinture. Le pre eut pour lvesMich. Jos. Equenn et Bon Louis Jos. Thibaut.Th. R. Delmotte fut lve de Leboutteux et matrede Ch. Et. Jos. Hermans. Il fit les portraits desempereurs Joseph II et Lopold II pour la salledes Conseaux. Il est l'auteur, avec son matre, dutableau : Le rachat des captifs de l'glise Saint-Brice.De Grgoire Ladam, le muse de Lille possdeune toile qui reprsente un ange dictant l'apocalypse Saint Jean. Ghislain Fr. Lada7n, matre d'Adr.Wattecamp, a peint la Chute des Anges conserve la cathdrale et la Revtise des clefs St-Pierre, son

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    _ 77 chef-d'uvre, qui orne le matre-autel de la paroissede Notre-Dame.Jacques Van de Steen fut surtout dcorateur,comme Philippe Trejer, et Pierre Spicq (i65i) fut unpeintre de portraits, architecte et auteur de cartesmilitaires.

    Voici encore une dynastie de peintres tournai-siens, les Sgarf, Jean, natif d'Arras, dcorateur,peignit en i5g8 l'Histoire de la Samaritaine. Son filsan, Luc, pre de Jacques, peignit des tableaux,mais ft surtout des dcors. Citons encore Abraham,Robert et Jean Sgart, peintres de la mme famille.

    Floris Michel de Gravelines, matre d'AntoineLebrun, peignit le triptyque de la Nativit pourl'glise St-Jacques.

    Antoine Berlaimont, lve de Jean Sgart, fit dela peinture dcorative ; son fils du mme nom (1679)fut son lve, ainsi que Jacques du Recq, son beau-fils.

    Theobald Michaux, n Tournai en 1676, mort Anvers en 1769, lve de Bouit, excella dans lepaysage, genre Teniers. Le muse de Tournai gardede lui six tableaux.

    L21C Gosset (i658) fut un portraitiste. JeanGennevire orna l'glise de Rumillies du retablereprsentant la Nativit du Christ.

    Jean Delehaye peignit les statues du Chemin dela Croix places le long du chemin menant au Montde la Trinit.

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    - 78 -Jacq. Fr. Duvivier fit des portraits ; H. Jos.

    Divivier, peintre sur mail, cultiva le paysage et legenre bataille. Peterinck l'attacha sa manufacture.Il remplaa Gillis comme professeur l'Acadmielocale.

    ** *

    Plusieurs peintres du nom de Sauvage ont faithonneur Tournai. Joseph, n Tournai en i733,peintre de Louis XIV, auteur de fresques Trianon,est connu pour ses belles peintures sur porcelaine.Piat Sauvage {1743-1818), lve de Gillis et ensuitede J. Guerart d'Anvers, fut peintre de Louis XV ; ilfut reu acadmicien en 1783 ; on lui doit une sriede grisailles, notamment les Sept sacrements, d'aprsle Poussin, qu'on voit au chur de la cathdrale.

    Car, peintre de second ordre, fit le tableaude la Pentecte, qui orne l'glise Saint-Jacques.Fratiois Joseph Manisfeld (1742-1807) fut un copisteet s'exera d'aprs Rubens. Rgnier Joseph Haleine^matre de Nie. Jos. Brebar et d'Ant. Jos. Equenn,fut peintre de fleurs ; il a des toiles au muse deTournai. Grard Serin, fit le tableau de la Fte detousl es Saints de l'glise des Clairisses. RaymondBrebar (1736- 1820), portraitiste, excella dans l'artde la perspective. Jean Aug. Druon Cardinael taithabile dans les rentoilages de tableaux.

    Hipp. Fr. Jos. Equenn (1772-1854) peignit desnatures-mortes ; le muse de la Ville conserve deux

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    79 -(le ses uvres. Ant. Jos. Equejm, fils d'Ant. Jos.,fut lve de Malaine.Flix Dumortier , peintre et sculpteur, fit deuxtableaux, d'ailleurs mdiocres, qui ornent l'glisede Saint-Quentin. Son pre Prosper tait peintred'histoire et de portraits. Paul Dumortitr excutale tableau de St-Roch conserv la cathdrale.

    *

    Nous pntrons dans le sicle dernier avecFlorentin de Craene (i7g5-i852), peintre de genre etde portraits, devenu peintre de la cour d'Espagne,et avec Louis Hennequin, n Lyon en 1763, mort Leuze en i833.Les frres Haghe ont eu quelque renom : l'und'eux, Louis, attach la cour d'Angleterre, apubli un remarquable album de vues monumen-tales en lithographie. Les frres Vasseur ont tplus tard ses mules. Herbo, de Templeuve, fut uncharmant portraitiste et A . Hennebique un peintredistingu d'histoire anecdotique. Il dirigea l'colede dessin de Tournai. A. Hcmiebique, n Tournaien i836, a dcor l'htel de ville de Mons de latoile qui reprsente Baudouin VI donnant deschartes au Hainaut en 1200. Il forma Lecocq, Hoiis^Gisler et L. Pollet, et eut le grand honneur d'tre lematre de Louis Gallait.Nous pourrions revendiquer le dlicieux paysa-

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    8o giste que fut Hippolyte Boulenger, Tournaisiend'origine ; mais son uvre est plutt brabanonne :c'est le peintre de Tervueren.

    Au-dessus d'eux tous plane la figure distinguede Louis Gallait, le grand peintre moderne de laWallonie. Son Abdication de Charles-Quint fitsensation en Europe, et sa fameuse toile Lesderniers honneurs rendus aux comtes d'Egmont etde Horn (appele aussi Les ttes coupes ),expose en i85i, rvla une conception nouvellede l'art raliste mitig, s'emparant de la peintured'histoire ; sa Peste de Tournai a immortalisun pisode de nos annales religieuses.

    * *Les archives montoises font mention en 1341

    de Huart le Poindeur, en i357 de Jehan le Poindeur.En 1373 Louis le Peintre, de Mons, travaille dcorer, au palais de Mons, la salle le Comte que le duc Aubert faisait restaurer ; il y reprsentale Pas de Saladin, la fontaine de Jouvence, le Parkieldou Mierchier as Singes (i).

    Pierre Henn (1423) peint en iSgS pour la villede Roeulx ; il excutait en 1418 le portrait deMarguerite de Bourgogne et de Jean IV, duc deBrabant, la chapelle Saint-Antoine en Barbe-fosse.

    'i) V. Dehaime : Heit de l'are de la Flandre et du Hainaut.

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    Lutrin aigle a Tongres

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    ai Feu Devillers a recueilli les noms de plusieurs

    peintres montois du XV^ sicle (i).Sous Marie de Hongrie Michel de Neufchteaucollabore avec Michel Cyen aux peintures de lagrande salle du chteau.En i5i4, Jamin, le peintre de Soignies, dcorel'autel de Tglise de Braine-le-Comte.

    On a conserv jusqu'au sicle dernier le plusimportant spcimen de la peinture montoise decette poque, savoir le Jugement de Cambj^se ,achet par la Ville en 1498 pour dcorer la Chambredu Conseil. Le seul qui subsiste est le Jugementdernier de Jehan Prvost conserv l'Acadmiede Bruges, M. James Weale a rhabilit ce grandartiste d'origine montoise K2). Ce tableau, dit-il,prouve que l'cole de Mons tait tout faut auniveau de Tcole flamande cette poque ; rien nepeut tre plus beau que quelques-unes des ttes. Cet artiste, mari la veuve de Simon Marmion,imita la manire de Roger Van der Weyden.

    L'glise Ste-Waudru de Mons possde un tableau,(i) Ce sont: Pierart (1404), Henri (1417), Jehan Lambert

    (1425), Mathie Serene (1433), Henri de Beannetiel (1451),Henri Canteraine U476), Jehan Renon (1477), Adam deRoetter (14791, Colart et Henin Grenier (1480), Ernoul deBerselle (1487), Jehan Massenhault (1498', Henri Desneux(i5oo).

    (2) J. Weale : Ann. de la Soc. d'Emulation de Bruges,t. LXn, 2^ fasc.

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    82 uvre de mrite du xvi^ sicle (Institution del'Eucharistie), sign Servaes de Coulx.

    Nicolas Denisot (i5i5-i554), peintre, graveur etpote, fut en Angleterre professeur dans la noblefamille Seymour. Pierre Seiiivart, peintre montoisdu xvi^ sicle, fut en mme temps architecte.

    Plus tard Nicolas Lncidel (ti6oo) dit Neufchatel, son tour, illustre au loin sa ville natale. Elvede Pierre Coninck d'Anvers, il fut un portraitistedistingu ; on conserve de son uvre des portraits Vienne, Berlin et Munich ; ils ont la beautconcentre des plus beaux Holbein.

    ** +

    On cite au dbut du xvii^ sicle les peintresmontois Jehan de la Place, Jean Soiirdo, Ajitoi?ieOlivier, et une femme peintre, Micheli?te Wauters,de qui l'on voit un tableau au Belvdre de Vienne.Wauters a tir son nom de l'oubli (i). Jeanne Cath.Beghin (t 1818) marcha sur ses traces.

    Benoit Gisaire fit en 1691 une Flagellation pour la collgiale de Mons. Jacques A . Gisaire etson fils A Ibert firent une srie de tableaux pour lesglises de Mons.

    ** *Au XVI 11^ sicle, Hosson et Vanhaeren furent

    (i) Voir Messager des Sciences, 1884.

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    des portraitistes en vogue ; IVery et son fils Albertfurent de bons paysagistes. Andr d'Avesnes, peintrede la duchesse Anne de Lorraine, peignit l'Eglisetriomphante au plafond de l'glise St-Germer, etAndr Bla7pain fournit le retable de l'autel de SaintHilaire la mme glise. Fresin de Lessines fitcelui de l'autel Saint Martin Frasnes lez-Buis-senal. Jacques de Soignies (i 720-1 783) se consacra la grande peinture religieuse une poque o elletait dlaisse ; il remplit de ses uvres les glisesde Mons.A l'poque moderne se distingurent Stoupi,L.jf. Bran, Mart. J. Pellereau, Reine Knopp, BillonMalherbe., Ch. Ligny et Mod. Carlier, Hip. de laCharlerei, Antoine Bourlard, Fontaine de Cuesmes,Ahxandre Robert, de Soignies, et le grand artistemontois Devillez.

    ** *

    Charleroi est reprsent dans l'art par Fr. J

    .

    Navez (i), directeur l'Acadmie de Bruxelles, quifut vers i85o un des derniers tenants et un championvaillant de l'cole de David contre le romantismereprsent surtout par Wappers. Il fut le crateurd'une nouvelle cole belge de peinture, qui s'efforade mler au classicisme froid et abstrait du matre

    (il L. Aloin : Jos. Navez, sa vie et son uvye.

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    franais les vigueurs et les saveurs du ralismeflamand. C'est en Navez, dit M. G. Van Rypen,que se rconcilient les aspirations nouvelles et lestraditions de la race. Un Hennuyer retrouve lessecrets de la splendeur de ce que l'on appelle l'Ecoleflamande, de ce que l'on devrait appeler l'Ecolebelge.

    Il aimait la nature, mais la corrigeait parl'idal. Il maniait les formes et les couleurs d'aprsune sorte de gomtrie abstraite ; en cela il semontre Wallon de tendance. On lui doit de bellestoiles religieuses, dont l'une est conserve en l'glisede Charleroi (Ville Basse). Son touchant Sommeilde Jsus entra dans les collections royales. Iltraita le portrait avec une matrise et une vritd'autant plus mritoires qu'il tait plus idaliste enprincipe. Il excella surtout dans l'enseignement parsa doctrine leve, sa matrise laborieuse, son artconsciencieux et digne. Il eut une belle cohorte dedisciples.

    Un bel interprte des beauts de la terre wal-lonne fut le paysagiste Thodore Fourmois, n Presles en 1814, m^ort Ixelles en 1871. Artiste la fois vigoureux et lgant, il s'carte du classicismepar la vie qu'il met dans ses uvres. Il fut, deson temps, le rnovateur du paysage de notre pays,dont il a rendu avec amour les valles, les tangs

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    Baptisi're dk Halpar Guillaume Lefevie

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    85lumineux frls par la brise et bords de beauxarbres. Il s'inspira la fois de l'cole hollandaise etde l'cole de Pateniers. Son clbre Bndicit est un chef-d'uvre que d'aucuns mettent au-dessusde r Anglus de Millet.Un des lves de Navez, Charles de Groux, n Comines en i825, mort Bruxelles en 1870, peutse rattacher au Hainaut. Ce fut un des artistes lesplus mouvants qu'ait compts l'art belge au xix^sicle. Son pinceau, influenc par Courbet, ouvre l'art les matrialits modernes ; il affectionnait lessujets humbles, les drames intimes et un peu vul-gaires. Il fut le peintre des infortuns, des gueux, desmisreux. Sa Sortie d'glise fut fort dispute dansune vente rcente.

    Flicien Rops, le matre fcond et impeccablede l'estampe au xix*^ sicle, est n Namur en i833,et il mourut Paris en 1898. Il subit l'influenceflamande et s'inspira de la nature et du modle toutvif. Dans ses puissantes eaux-fortes il a reprsentl'rotisme et les amours dpraves en traits la foistragiques et bouffons, sombres, macabres et diabo-liques, pour me servir du mot mme qui sert detitre une srie de ses planches merveilleuses.

    Levque se plat peindre la Meuse et sesaffluents. M^'^ Anna Bock chante avec le pinceau leterroir wallon.

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    86Deux grandes coles de gravure, dit M. R. Sand,

    se partagent la Wallonie : celle de Lige et celle deMons. A la tte de la premire est Adrien De Witte.Nous parlerons plus loin d'Armand Rassenfosse, deFranois Marchal et d'Auguste Donnay. L'colede Mons eut pour crateur Auguste Daiise, lve deNavez, dont l'atelier a produit Louis de Nain, LotiisGreuse et ses deux filles et M ' Louise Danse(Madame Destre), qui a rendu dans de belles eaux-fortes les sculptures de cathdrales franaises.Danse tait reprsent l'exposition de Charleroipar un imposant ensemble de 52 gravures remar-quables.

    *

    Au XVI' sicle se produit au pays de Dinant unfait important, c'est l'apparition de la peinture depaysage, qui tait reste presque inconnue jusque lcomme genre spcial.Le paysage est une conception du moyen ge.Saint Franois d'Assise fut le premier amant de lanature, que le Dante magnifia. Les primitifs plac-rent les Saints dans des paysages de paradisterrestre ou de jardins clestes.

    Certes les Italiens et les Van Eyck avaient, auXV sicle, commenc peindre des paysages d'unecertaine vrit comme fond de leurs tableauxreligieux derrire leurs personnages, mais aucun,

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    - 87 -avant Pateniers, n'avait jamais pens reproduirele paysage pour sa propre beaut.

    C'est aux peintres mosans que revient l'honneur< l'avoir inaugur cette peinture, telle que devaitl'entendre l'art moderne, notamment JoachimPateniers, de Dinant, qu'Albert Durer appelle lebon peintre de paysage , et Henri Bls, de Bou-vignes. Leurs paysages ne sont jamais absolumentdnus de figures, car cette poque on ne com-prenait gure un tableau sans le personnage humain.Seulement le site, qui, chez les Van Eyck, tait unaccessoire dcoratif, fut pour eux le principal, etles tres humains n'y apparaissent que commesujets de second ordre, parfois perdus dans lesdtours des chemins. On peut dire, avec le peintreDonnay, que ces artistes inventrent l'aspect de laTerre, et que leur gologie lgendaire n'est quel'admirable synthse d'une vision pensive et rfl-chie. La crature humaine est perdue dans cesparages, elle n'y est point ncessaire, elle s'vanouitaux cimes et disparat dans les valles. Ces deuxpeintres, dit J. Helbig, sont des novateurs et despotes. Pour eux le paysage cesse d'tre le cadre ose droule une action ; il est devenu l'objet rel del'tude. M. Pierre Bautier (i) incline attribuer Pateniers le trs curieux album de paysages quepossde M. P. Errera, o l'on voit de gracieux

    (i) Bull, des muses du Cinqtiantenaire, N i, 1912.

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    croquis de rochers fantastiques, des collines ondu-les, des valles sinueuses, des rivires limpideso se mirent d'lgants castels, etc. Ce critiqueassure que Pateniers subit l'influence des clbrescroquis excuts par Durer son premier voyaged'Italie, et s'inspira moins des sites mosans que dessites lombards aux plans multiples. Tel est aussil'avis de M. Fierens-Gevaert (i).Joachim Pateniers naquit Dinant en 1485 etmourut Anvers le 5 octobre 1524. Il fut l'amid'Albert Durer, qui fit deux fois son portrait. Sespaysages vastes et accidents, un peu fantastiques la manire de Jrme Bosch, traverss souventpar un fleuve, accidents de rochers avec des villesdans le lointain, sont bien mosans d'allure, malgrdes rminiscences italiennes. Ses uvres authen-tiques sont le Baptme du Christ , du muse deVienne, le St Jrme du muse de Carlsruhe,la Tentation de St Antoine du muse de Madrid,et la Fuite en Egypte du muse d'Anvers.

    Henri Bls naquit Bouvignes en 1485 etmourut Lige vers i55o. Surnomm Civetta en Italieparce qu'il marquait ses uvres d'un hibou, il y fitde nombreux paysages urbains perptus par lagravure. Ses tableaux incontests sont surtoutr Adoration des Rois de la Pinacothque deMunich, le Marchand ambulant du muse de

    (i) Les Primitifsflamands, fasc. VI et VIII.

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    yoson coloris brillant et son modle titanesque ; sonconcept, malheureux, est parfois macabre. Il eut,comme dit C. Lemonnier, l'me fire et rodomonte,comme les copres, qui, au prix de la mort, dfiaientjadis le duc de Bourgogne et ses retres . Ce fut unoriginal, qui ne manqua pas de grandeur, mais futun peu tapageur. Il est bien de chez nous ; il avaitle temprament de la race, mais son gnie dsertales bords de la Meuse pour les rives olympiennes. Ila laiss un muse devenu public avec ses 56 tableauxsans compter ses tudes et ses sculptures.

    Tout autre fut Thodore Baron, ce peintresvre. Wallon form en Brabant, sincrementraliste, mais en mme temps pris de posie, ileut le culte de la belle valle de la Meuse ; il lapeignit merveille, avec ses barrages cumants etson lit rocailleux bord de saules, avec ses vastessites de Profondeville et d'Anseremme. Il aimales marches de l'Ardenne, les rives pittoresques etromantiques de la Lesse, les paysages de Godinneet de Walzin. Il a ador la beaut mouvante desroches maries la verdure.

    Eugne Verdyen, n Lige en i836, mort en1903, fut aussi l'admirateur de nos valles. Il en afait voir le ct gracieux ; il les a reprsentes avec lebrouillard rose et nacr qui accompagne la fracheur

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    91de l'aube. Il a peint la Vespre , le Vieuxjardin, la Meuse Modave. Il fut l'ami desarbres, du ciel et de l'eau, dont il exprima la beautavec une motion intime et frache.

    Hennebiqtie et Lonard font bonne figure ctde ces matres. Wervc, naturaliste intense, voqueles grasses fertilits de nos plaines.De mme que les Teniers et les Van Ostadeont immortalis jadis le cabaret flamand, l'anciencabaret wallon, avec ses beuveries, ses grivoiserieset ses gaudrioles, a eu Madou pour interprte.

    La peinture a jet peu d'clat au pays deLige (i).Sous l'vque Notger, le palais piscopal et la

    cathdrale de St-Lambert furent orns de pein-tures ; sous Balderic il en fut de mme de l'abba-tiale de Saint-Jacques, et de l'glise Saint-Martinsous Eracle. Ces peintures taient dues au peintreJean, qui avait travaill au dme d'Aix-la-Chapelle,et ses disciples. La chsse de Sainte Odile con-serve Kerniel, prs de Looz (2), est un petitmonument de la peinture du xiv sicle et de l'coleligeoise. On cite en ce sicle le peintre Antoine,

    (il Voir A. MiCHA : Les peintres cUhres du pays de Lige.(2) Voir J. Helbig ; Le Beffroi, t. II, p. 3i.

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    92 qui fit de nombreux tableaux pour les glises. LeXV* sicle n'a laiss que des peintures dcorativeset