LES ARCHIVES DE L'INSTITUT DE PALÉONTOLOGIE HUMAINE

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se composent de fascicules de format petit in-4°, édités sans périodicité régulière et trai- tant de tous sujets relatifs à l'origine et à l'évolution de l'Humanité préhistorique.

Chacun de ces fascicules correspond à un mémoire complet, autonome, soigneusement illustré et pouvant être vendu séparément.

Rédaction et administration : Institut de Paléontologie humaine, 1, rue René-Panhard, 75013 Paris — Tél. : 331.62.91

Les ARCHIVES et les publications antérieures de l'Institut sont en vente aux Éditions MASSON, 120, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

et à l'Institut de Paléontologie Humaine

Mémoires parus :

1. La Grotte de l'Observatoire, à Monaco, par Marcellin BOULE et L. de VILLE- NEUVE, 115 p., 16 fig. et 27 pl.

2. Les Poissons, les Batraciens et les Reptiles dans l'art quaternaire, par l'abbé Henri BREUIL et le Dr René de SAINT-PÉRIER, 171 p., 76 fig. (ÉPUISÉ)

3. Le Paléolithique italien, par R. VAUFREY, 196 p., 54 fig. et 7 pl. (ÉPUISÉ) 4. Le Paléolithique de la Chine, par M. BOULE, H. BREUIL, E. LICENT et P. TEILHARD,

VIII-1 38 p., 53 fig. et 30 pl. (ÉPUISÉ) 5. La frise sculptée et l'atelier solutréen du Roc (Charente), par Henri MARTIN,

87 p.,,37 fig. et 5 pl. (ÉPUISÉ) 6. Les Eléphants nains des îles méditerranéennes et la question des isth-

mes pléistocènes, par R. VAUFREY, 220 p., 45 fig. et 9 pl. 7. La Grotte d'Isturitz. I. Le Magdalénien de la Salle de Saint-Martin, par le

Dr René de SAINT-PÉRIER, 124 p., 101 fig. et 13 pl. (ÉPUISÉ) 8. L'évolution cérébrale des Primates et en particulier des Hominiens, par

le Dr Charles FRAIPONT, 87 p., 112 fig. et 4 pl. (ÉPUISÉ) 9. L'Homme fossile d'Asselar (Sahara), par Marcellin BOULLE et Henri VALLOIS,

92 p., 33 fig. et 8 pl. (ÉPUISÉ) 10. Les Gisements préhistoriques de Bourdeilles (Dordogne), par D. PEYRONY,

98 p., 60 fig. et 22 pl. (ÉPUISÉ) il. L'Espèce, la Race et le Métissage en anthropologie, par Henri NEUVILLE,

515 p. (ÉPUISÉ) 12. L'Abri Alain, près d'Oran (Algérie), par Paul PALLARY, 52 p., 22 fig. et 5 pl. 13. Les Grottes paléolithiques des Beni-Segoual (Algérie), par C. ARAMBOURG,

M. BOULE, H. VALLOIS et R. VERNEAU, 242 p., 48 fig. et 22 pl. (ÉPUISÉ) 14. Les Gisements préhistoriques de Sauveterre-la-Lémance (Lot-et-Garonne),

par Laurent COULONGES, 56 p., 24 fig. et 6 pl. (ÉPUISÉ) 15. Les Monuments mégalithiques de Palestine, par Moshé STÉKELIS, 92 p.,

20 fig., 5 pl. et 1 plan. 16. Les Hommes fossiles d'Engis, par Ch. FRAIPONT, 53 p., 40 fig., 4 pl. (ÉPUISÉ) 17. La Grotte d'Isturitz. II. Le Magdalénien de la Grande Salle, par le Dr

René de SAINT-PÉRIER, 140 p., 75 fig. et 12 pl. (ÉPUISÉ) 18. Téviec, Station-nécropole mésolithique du Morbihan, par Marthe et Saint-

Just PÉQUART, M. BOULE et H. VALLOIS, 228 p., 70 fig. et 19 pl. (ÉPUISÉ) 19. Laugerie-Haute, près des Eyzies (Dordogne), par Denis et Elie PEYRONY, 84 p.,

56 fig. et 7 pl. (ÉPUISÉ)

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ARCHIVES DE

L'INSTITUT DE

PALÉONTOLOGIE HUMAINE

Mémoire 38

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OUVRAGE PUBLIÉ A VEC L E CONCOURS

D U CENTRE NA TIONAL

D E LA R E C H E R C H E SCIENTIFIQUE

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ARCHIVES DE J

L'INSTITUT DE PALÉONTOLOGIE HUMAINE

(FONDATION A L B E R T IER, PRINCE DE MONACO)

Mémoire 38

LES HOMMES FOSSILES DE LA FERRASSIE

Tome II. — LES SQUELETTES ADULTES (SQUELETTE DES MEMBRES)

PAR y

J e a n - L o u i ^ / H E I M ^ /

M A S S O N

Paris New York Barcelone Milan Mexico Rio de Janeiro 1982

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Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays.

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa le, de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

@ Masson, Paris, 1982

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TABLE DES MATIÈRES

LE SQUELETTE DES MEMBRES 1

PREMIÈRE PARTIE

Membre supérieur : ceinture scapulaire et os longs

Chapitre premier. — CLAVICULES 5

Caractères ostéométriques généraux 5

Corps claviculaire 8 Extrémités 10 Extrémités acromiale 10 Extrémité sternale 11

Chapitre II. — OMOPLATES 12

Caractères généraux 12

Étude ostéométrique 13

Étude anatomique 15 Le corps de l'omoplate 15 Angle supéro-externe ! 22 Épine 24

Chapitre III. — HUMÉRUS 25

Étude ostéométrique 25

Étude anatomique 27 Diaphyse 27 Epiphyse proximale 29 Epiphyse distale 29 Différences sexuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Chapitre IV. — RADIUS 33

Étude ostéométrique 33

Étude anatomique 34 Diaphyse 34 Extrémité proximale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

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Extrémité distale 37 Différences sexuelles 38

Chapitre V. — CUBITUS 39

Caractères dimensionnels 39 Courbures 39 Dimensions longitudinales 41 Robustesse 42

Étude anatomique 42 Diaphyse 42 Extrémité proximale 45 Extrémité distale 49 Différences sexuelles 49

Membre supérieur : les os de la main

Chapitre VI. — LES OS DE LA MAIN 53

Matériel d'étude 53

Carpe 55 Étude individuelle des os du carpe 55 Étude d'ensemble des os du carpe 62

Métacarpe 66 Étude individuelle des métacarpiens 66 Étude d'ensemble du métacarpe 72

Squelette des doigts 77 Étude individuelle des phalanges 77

Étude d'ensemble des phalanges. Les doigts 83

Considérations générales sur la main néandertalienne 85 Traits anatomiques principaux 85 Différences sexuelles de la main 89

Conclusions 89

DEUXIÈME PARTIE

Membre inférieur : ceinture pelvienne et os longs

Chapitre VII. — OS COXAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

Généralités 93 Le détroit supérieur 96 Partie supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Partie moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

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Partie inférieure : le cadre ischio-pubien 100 Différences sexuelles 104

Chapitre VIII. — FÉMURS 105

Caractères généraux 105 Courbures 105 Longueur 109 Robustesse 111 Angles de torsion et de divergence 111

Diaphyse fémorale 111 Aplatissement 112 Caractères anatomiques 114

Extrémité proximale 117 Longueur et angulation 117 Tête fémorale 119 Col fémoral 121 Grand trochanter 121 Petit trochanter 123

Extrémité distale 123

Segment d'union avec la diaphyse 124 Trochlée fémorale 124

Condyles 125

Différences sexuelles 128

Chapitre IX. — ROTULES 129

Forme et dimensions 129

Caractères descriptifs 130

Chapitre X. — TIBIAS 133

Caractères généraux 133

Diaphyse 134 Aplatissement 135 Caractères anatomiques 135

Extrémité proximale 138 Obliquité transversale. Rétroversion et inclinaison 138 Caractères anatomiques 140

Extrémité distale 141

Différences sexuelles 142

Chapitre XI. — PÉRONÉS 145

Caractères généraux 145

Diaphyse 146

Extrémités 151

Extrémité supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152 Extrémité inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

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Différences sexuelles 153

Chapitre XII. — LES OS DU PIED 157

Matériel d'étude 157

Tarse 158 Astragale 158 Calcanéum 174 Scaphoïde 188 Cuboïde 191 Cunéiformes 192 Le tarse dans son ensemble 197

Métatarse 200 Premier métatarsien 200 Deuxième métatarsien 204 Troisième métatarsien 206 Quatrième métatarsien 207 Cinquième métatarsien 208 Le métatarse dans son ensemble 209

Squelette des orteils 213 Première phalange 213 Seconde phalange 214 Troisième phalange 215

Vue d'ensemble du squelette du pied 216 Dimensions générales 216 La voûte plantaire 220 Conclusions 223

5 , ...... TROISIÈME PARTIE Y

Étude d'ensemble du sque le t të^

Chapitre XIII. — ÉTUDE DIMENSIONNELLE D'ENSEMBLE DU SQUELETTE 227

Proportions corporelles 227 Membre supérieur 227 Membre inférieur 229 Rapports des segments homologues 229 Indice inter-membral 231

Stature 232 Détermination de la stature minimale par la méthode directe 233 Détermination de la stature à l'aide de quelques méthodes mathématiques 235 Différences sexuelles de la stature 238

CONCLUSIONS GÉNÉRALES 239

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

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LE SQUELETTE DES MEMBRES

Le squelette appendiculaire des adultes de La Ferrassie a fait l'objet d'un bref examen que M. Boule utilisa à titre de comparaisons avec l'Homme de La Chapelle-aux-Saints. Une étude som- maire fut publiée par la suite dans Les Hommes fossiles. Les quelques indications ostéométriques et l'énumération des principaux caractères descriptifs faisaient ressortir. l'existence de variations individuelles notables concernant les os longs, les ceintures, la stature et les proportions corporel- les des Néandertaliens classiques, variations qui furent confirmées par la suite à l'occasion de découvertes et de recherches plus récentes.

De telles différences individuelles ne résultent pas seulement de l'éloignement géographique, mais intéressent également des restes fossiles mis au jour dans des régions voisines voire dans le même secteur régional.

Ainsi, l'étude détaillée du squelette des membres des Hommes de La Ferrassie s'avérait néces- saire pour confirmer et compléter les premières indications ostéométriques et anatomiques, et pour permettre des comparaisons plus étendues avec les autres représentants du groupe.

L'existence des squelettes d'un homme et d'une femme, provenant du même gisement et par surcroît du même niveau chronologique, permet en outre un examen plus approfondi du dimor- phisme sexuel.

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PREMIÈRE P A R T I E

MEMBRE SUPÉRIEUR

Ceinture scapulaire et os longs

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C H A P I T R E I

CLAVICULES (CLA VICULAE) (planche I)

Les seules clavicules présentes appartiennent au sujet masculin. Leur état de conservation est

satisfaisant et permet un certain nombre de mensurations ainsi que l 'examen anatomique. Si l'os gauche est pratiquement intact, le droit est dépourvu de la partie externe de son extré-

mité acromiale.

I. — CARACTÈRES OSTÉOMÉTRIQUES GÉNÉRAUX (tableau I)

Les clavicules de La Ferrassie attirent en premier lieu l 'attention par leur longueur et leur

sinuosité, traits qui furent déjà relevés sur les clavicules de Néandertal et de La Chapelle-aux-

Saints (planche I), et qui semblent de toute évidence caractériser le groupe. L a longueur maximale, très élevée, dépasse les moyennes les plus fortes des Hommes moder-

nes ainsi que la longueur estimée chez le sujet de Néandertal. Une telle longueur confirme la lar-

geur du thorax mise en évidence par ailleurs par les faibles courbures costales. Bien que l'asymétrie ne puisse être exactement précisée, la clavicule droite semble avoir été

légèrement plus longue que la gauche de 1 mm environ, ce qui corrobore l 'hypothèse selon laquelle l 'Homme de La Ferrassie était gaucher (1).

L'indice de robustesse (périmètre au milieu/longueur) est sensiblement le même à droite et à

gauche ; il traduit une gracilité claviculaire remarquable. L'indice est inférieur aux moyennes

modernes les plus basses (23,3 chez les Mélano-africains orientaux, selon G. Olivier, 1951-1956). Une telle gracilité semble être particulièrement fréquente chez les Néandertaliens ainsi que M. Boule l 'avait noté pour l 'Homme de La Chapelle-aux-Saints : s'il est plus élevé sur les clavicules

de Néandertal, de Regourdou et de Tabun, l'indice devait être nettement plus faible sur les frag- ments claviculaires de Krapina (F. Smith, 1976), notamment chez Krapina 149. Il ne devait guère dépasser la valeur de 21 chez l 'Homme d 'Amud.

(1) La clavicule droite dépasse normalement la gauche dans 25 p. 100 des cas. Une telle prédominance est nettement plus fréquente chez les gauchers.

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T a b l e a u 1. — DIMENSIONS ET INDICES DES CLAVICULES NÉANDERTALIENNES ADULTES

LF 1, La Ferrassie 1. N, Néandertal. La Ch., La Chapelle-aux-Saints. A., Amud 1. (1) D'après VANDERMEERSCH, 1977. (2) D'après F. SMITH, 1976. (3) D'après ENDO et KIMURA, 1970. (4) D'après MCCOWN et KEITH, 1939. (5) D'après R. MAR-

TIN. (6) D'après G. OLIVIER.

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Les fortes courbures relevées sur les clavicules de La Ferrassie 1 confirment un caractère qui constitue la règle générale chez les Néandertaliens classiques.

1) Les courbures horizontales (fig. 1, à gauche) s 'accordent parfaitement, quelles que soient les méthodes employées, pour mettre en évidence les faits suivants :

a) Les Néandertaliens (La Ferrassie et Néandertal) offrent des courbures horizontales très mar-

quées, voisines de celles des clavicules modernes les plus sinueuses (Mélano-Indiens). Un tel carac- tère, typique de l'espèce humaine, contraste avec la rectitude de l'os chez les Pongidés.

b) Des deux courbures horizontales (acromiale ou externe, sternale ou interne), c'est la cour-

bure acromiale qui est la plus prononcée, fait probablement consécutif à la prédominance du muscle grand pectoral gauche (M. pectoralis major), alors que la courbure sternale est plus forte sur la clavicule droite. L'asymétrie provient essentiellement de la plus grande flexuosité de la cla-

vicule droite (augmentation de la courbure sternale). En d'autres termes, si les muscles grands pectoraux étaient les plus forts, le trapèze (trapezius) pouvait être plus développé à gauche en rai- son du modelage musculaire : il s'agit là d 'un argument supplémentaire en faveur de la sénestra- lité chez La Ferrassie 1.

c) Les Néandertaliens présentent des variations individuelles notables en ce qui concerne la

sinuosité de la clavicule, ainsi qu 'en témoignent les différences constatées avec celle de Néandertal

qui forme un arc acromial très accusé, et avec la clavicule gauche dite Krapina 153 où les courbu- res, seulement visibles sur la portion moyenne de l'os, semblent à peine ébauchées.

FIG. 1. — Les clavicules de La Ferrassie 1

A gauche : mesure des courbures horizontales selon la technique de G. Olivier :

— en haut, clavicule droite (face supérieure) ; — en bas, clavicule gauche (face supérieure). A droite : mesure des courbures frontales (déflexion claviculaire de Matiegka) : — en haut, clavicule droite (face antérieure) ; — en bas, clavicule gauche (face antérieure).

(1/2 de GN)

2) Courbures frontales (fig. 1, à droite). Dans le plan frontal, on distingue trois courbures (déflexion claviculaire) :

a) La courbure principale, concave en bas, s'étend d 'une extrémité à l 'autre. Son sommet

siège à l 'union du tiers externe et des 2/3 internes de l'os. Elle est plus accentuée sur la clavicule gauche.

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b) Au niveau des 2/3 internes, une légère courbure, concave en haut, est très faiblement mar- quée sur les deux os.

c) La troisième courbure, également concave vers le haut, intéresse le tiers externe. Cette disposition s'accorde par conséquent avec une déflexion claviculaire répondant au type

III de Matiegka. La déflexion est fortement asymétrique chez La Ferrassie. Si la clavicule droite offre une

déflexion négligeable, celle relevée sur l'os gauche dépasse en revanche l'amplitude des variations modernes. La déflexion négative de La Ferrassie 1 (et également de Spy 1 et de Néandertal) répond à la disposition la plus courante chez les Hommes actuels (48 *Vo) : elle exprime l'abaisse- ment du quart externe de l'os par rapport aux 3/4 internes.

II. — CORPS CLAVICULAIRE

La torsion longitudinale est bien marquée sur les deux os de telle sorte que l'extrémité acro- miale se trouve légèrement tournée en arrière par rapport à l'extrémité sternale. Cette torsion, qui intéresse l'ensemble de l'os, s'accuse davantage au niveau de la face postéro-inférieure dont l'orientation subit une rotation de 90° environ entre les extrémités. Du fait de son élargissement remarquable dans sa partie médiane où il constitue une véritable face pour l'insertion du muscle pectoralis major, le bord antérieur n'est visible qu'au voisinage des extrémités. Une telle disposi- tion se retrouve sur les clavicules de Néandertal.

L'aplatissement claviculaire (diamètre vertical x 100/diamètre horizontal) a été déterminé en trois points (fig. 2).

FIG. 2. — Sections du corps claviculaire de La Ferrassie 1.

En haut, clavicule droite (face antérieure vers la gauche) ; en bas, clavicule gauche (face antérieure vers la droite).

A gauche, section au quar t interne (impressio ligamenti costoclavicularis) ; au centre, section médiane ; à droite, sec- t ion au niveau du tuberculum conoideum.

ba, bord antérieur ; fa i , face antéro-inférieure ; f a s , face antéro-supérieure ; f i , face inférieure ; f p i , face postéro- inférieure ; f p , face postérieure ; f s , face supérieure ; gsc, gouttière du subclavius.

(Grandeur naturelle)

1) Au milieu, la section diffère sur les deux os (fig. 2, au centre). — La clavicule droite est nettement aplatie d'avant en arrière et de haut en bas. Le rapport

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des diamètres fournit de ce fait un indice diaphysaire remarquablement élevé (147,3) qui n'est dépassé que par celui calculé sur la clavicule féminine droite de Tabun 1 (185,7).

— L'augmentation du diamètre horizontal, par suite du plus grand développement de la lèvre postérieure de la gouttière du subclavius, intervertit le sens de l'aplatissement médian de l'os gau- che dont l'indice diaphysaire atteint 88,4, valeur identique à celle de Néandertal, mais nettement supérieure aux indices calculés sur la plupart des autres clavicules. Il existe donc des différences individuelles notables chez les Néandertaliens, différences dont la signification en rapport avec une diversité géographique ne saurait être retenue en raison de la forte asymétrie pouvant exister chez le même individu, comme c'est le cas chez La Ferrassie 1.

2) Au niveau du quart interne (fig. 2, à gauche), la saillie du bord antérieur de la clavicule droite offre l'aspect d'une véritable crête ce qui a pour effet, d'une part d'augmenter le diamètre horizontal comparativement à celui de la clavicule gauche, d'autre part, de donner à l'os une sec- tion triangulaire : il en résulte une face postérieure large et légèrement convexe, une face antéro- supérieure et une face antéro-inférieure planes ou légèrement déprimées pour l'insertion des mus- cles pectoralis major et sternocleidomastoideus.

A l'inverse, le diamètre horizontal s'abaisse sur la clavicule gauche en raison de la moindre saillie de la lèvre postérieure de la gouttière du subclavius et du bord antérieur. La section relevée juste en dehors de l'extrémité sternale devient alors elliptique avec deux faces antérieure et posté- rieure convexes.

Malgré les différences des sections et des diamètres au quart interne, les deux clavicules ont des dimensions relatives semblables ainsi qu'en témoignent les indices d'aplatissement.

3) Au niveau du tuberculum conoideum (fig. 2, à droite), la face postérieure s'oriente nette- ment vers le bas de telle sorte que l'os apparaît aplati verticalement et élargi d'avant en arrière. L'indice rapportant le diamètre vertical au diamètre horizontal exprime un aplatissement plus marqué sur l'os gauche (indice plus faible) que sur le droit, par suite de l'élargissement de l'extré- mité acromiale gauche.

La majeure partie de la face antérieure, plus convexe sur l'os gauche, est donc formée par un élargissement remarquable du bord antérieur, notamment sur la clavicule droite. Il en résulte une véritable face orientée en haut et en avant donnant insertion au muscle pectoralis major (fig. 2, en haut et au milieu). Cette disposition évoque étroitement celle des clavicules de Néandertal. Le bord antérieur, qui n'apparaît qu'au voisinage des extrémités, reçoit l'attache du muscle deltoi- deus dont l'empreinte comprend les formations suivantes :

— en dedans, le tubercule deltoïdien est massif, peu étendu et plus pointu sur la clavicule gauche ; il revêt sur l'os droit la forme d'une saillie aplatie de haut en bas et allongée suivant l'axe osseux ;

— en arrière du tubercule et débordant sur la face supérieure, on note des rugosités plus éten- dues sur la clavicule droite ;

— en dedans du tubercule, le bord antérieur s'élargit pour former une facette courte et large sur l'os droit, étroite et longue sur le gauche, constituant le fond de la concavité de la courbure acromiale ;

— au niveau du quart interne de la clavicule droite, le bord antérieur constitue l'arête longitu- dinale, signalée plus haut, séparant l'insertion du grand pectoral (face antéro-inférieure) des surfa- ces d'attache des chefs cléido-occipital et cléido-mastoïdien du sternocleidomastoideus.

Ainsi que nous l'avons écrit, la torsion axiale a pour effet d'orienter nettement la face

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postéro-inférieure vers le bas au niveau du tiers acromial : elle se tourne progressivement en arrière pour devenir franchement postérieure près de l'extrémité sternale.

Elle est convexe dans son tiers interne et parcourue dans ses 2/3 externes par la gouttière du muscle subclavius depuis le tuberculum conoideum jusqu'à la moitié du corps de l'os. La gout- tière est plus large, plus profonde et plus étendue sur la clavicule gauche.

Immédiatement ouvert au-dessus de la lèvre postérieure de la gouttière musculaire de la clavi- cule droite, le trou nourricier (foramen nutricium), unique et volumineux et précédé en dedans par sa gouttière vasculaire, occupe une position inféro-postérieure légèrement plus proche de l'extrémité acromiale que de l'extrémité interne (indice de position du trou nourricier = 44,13) (2). Sur l'os gauche, l'orifice est remplacé par plusieurs pertuis vasculaires espacés entre le tubercule conoïde et la région médiane.

Le bord postérieur est imprécis et n'apparaît véritablement qu'au voisinage du tubercule conoïde. Il est alors épais et non rugueux et assure la séparation des zones d'attache du faisceau claviculaire du trapèze et du deltoïde. Sur la moitié externe de la clavicule gauche, il se confond avec la lèvre postérieure de la gouttière du subclavius.

III. — EXTRÉMITÉS

Comparativement à la longueur totale, les extrémités sont généralement peu volumineuses ce qui accuse l'impression de gracilité des clavicules (planche I).

1. - EXTRÉMITÉ ACROMIALE ( = distale ou externe)

Comme chez les autres Néandertaliens, l'extrémité acromiale des clavicules de La Ferrassie 1 est étroite mais fait apparaître une certaine asymétrie entre l'os gauche (extrémité plus large et tendance quadrangulaire) et l'os droit (extrémité plus étroite au milieu). Cette étroitesse se traduit par la faible valeur de l'indice de largeur externe de Terry, tout particulièrement sur Krapina 142.

Toutefois, l'indice d'élargissement externe (3) s'inscrit parmi les moyennes modernes, ce qui tient davantage au faible diamètre au milieu de l'os qu'à la largeur réelle de l'extrémité acromiale. Il demeure cependant très bas chez Krapina 142.

Nous pouvons rappeler que l'aplatissement vertical de l'extrémité externe est masqué par le développement de la tubérosité coracoïdienne et du facies articularis acromialis.

La face supérieure, lisse dans sa partie médiane, porte en avant de légères rugosités répondant à l'insertion du trapèze. Elle est concave transversalement et un peu convexe d'avant en arrière. Sa torsion, visible en vue externe, porte en bas et un peu en avant, sa portion latérale par rapport au reste de l'os.

Le bord antérieur est tranchant, concave en avant et marqué par de légères aspérités pour l'insertion du deltoideus. Ces rugosités sont toutefois moins marquées à La Ferrassie 1 que sur les

(2)

(3)

Page 21: LES ARCHIVES DE L'INSTITUT DE PALÉONTOLOGIE HUMAINE

f r a g m e n t s c l a v i c u l a i r e s d r o i t e t g a u c h e d e S p y 1 e t s u r l a c l a v i c u l e g a u c h e d e N é a n d e r t a l o ù e l l e s

a t t e i g n e n t u n d é v e l o p p e m e n t p a r t i c u l i è r e m e n t n o t a b l e .

L e b o r d p o s t é r i e u r e s t m o u s s e e t r e c t i l i g n e ( c l a v i c u l e g a u c h e ) o u p l u s i n c u r v é ( c l a v i c u l e d r o i t e ) .

A l a f a c e i n f é r i e u r e , l a t u b é r o s i t é c o r a c o ï d i e n n e ( l i n e a t r a p e z o i d e a ) e s t s a i l l a n t e ( l i g a m e n t t r a -

p é z o ï d e ) s u r les d e u x o s e t c o n s t i t u e u n c h a m p r u g u e u x r e l e v é e n a r r i è r e q u i a c c u s e l a d é f l e x i o n e t

l ' é p a i s s e u r d e l ' o s . L a t u b é r o s i t é n ' a t t e i n t p a s l ' e x t r é m i t é e x t e r n e d o n t e l l e r e s t e s é p a r é e p a r u n e

d é p r e s s i o n c o n v e x e d ' a v a n t e n a r r i è r e a t t e i g n a n t 15 m m e n v i r o n e t c o n c a v e t r a n s v e r s a l e m e n t .

L e t u b e r c u l e c o n o i d e ( t u b e r c u l u m c o n o i d e u m ) f o r m e u n e s a i l l i e a p l a t i e e t d é j e t é e e n a r r i è r e e t

e n b a s . B i e n q u e l e s o s s o i e n t e n d o m m a g é s à c e n i v e a u , le t u b e r c u l e d e v a i t ê t r e p r o b a b l e m e n t

a s s e z a l l o n g é a i n s i q u ' o n p e u t e n j u g e r d ' a p r è s le f r a g m e n t c l a v i c u l a i r e d r o i t d e S p y 1 e t s u r l ' o s

d r o i t d e N é a n d e r t a l . A g a u c h e , il s ' u n i t d i r e c t e m e n t à l a t u b é r o s i t é c o r a c o ï d i e n n e a l o r s q u ' i l e n

d e m e u r e s é p a r é , s u r l ' o s d r o i t , p a r u n s i l l o n é t r o i t .

L a f a c e t t e a r t i c u l a i r e ( f a c i e s a r t i c u l a r i s a c r o m i a l i s ) e s t o b s e r v a b l e s u r l a s e u l e c l a v i c u l e g a u c h e :

e l l e o f f r e u n é t a l e m e n t t r a n s v e r s a l e t u n c o n t o u r e l l i p t i q u e (21 x 1 6 , 5 m m ) , m a i s s o n o b l i q u i t é

( a n t é r o - i n f é r o - i n t e r n e ) s e m b l e a v o i r é t é m o i n d r e q u e s u r les c l a v i c u l e s m o d e r n e s .

2. - EXTRÉMITÉ STERNALE ( = mésia le ou interne)

B i e n q u ' u n e d é t é r i o r a t i o n a f f e c t e s o n p o u r t o u r , o n p e u t s u p p o s e r q u e l ' e x t r é m i t é i n t e r n e é t a i t

m o i n s v o l u m i n e u s e e t m o i n s m a s s i v e à L a F e r r a s s i e 1 e t s u r t o u t à K r a p i n a q u e c h e z l ' H o m m e d e

L a C h a p e l l e e t e n c o r e p l u s q u e c h e z les A u s t r a l i e n s .

L ' e x t r é m i t é s t e r n a l e d e l a c l a v i c u l e d r o i t e d e L a F e r r a s s i e 1 o f f r e u n e s e c t i o n p r i s m a t i q u e

( t r i a n g u l a i r e ) l i é e à l a s a i l l i e d u b o r d a n t é r i e u r . S u r l ' o s g a u c h e , le r e m p l a c e m e n t d e c e b o r d p a r

u n e f a c e a n t é r i e u r e d o n n e l i e u à l a t e n d a n c e p l u s o v a l a i r e d u c o n t o u r d e l ' e x t r é m i t é .

L a f a c e i n t e r n e d e l ' e x t r é m i t é s t e r n a l e e s t s é p a r é e e n d e u x c h a m p s :

— u n c h a m p s u p é r i e u r , c o n c a v e , e n r a p p o r t a v e c les l i g a m e n t s s t e r n o - c l a v i c u l a i r e s ;

— u n c h a m p i n f é r i e u r , c o n v e x e d e h a u t e n b a s , c o r r e s p o n d à l a p a r t i e a r t i c u l a i r e a v e c le

m a n u b r i u m s t e r n a l e t le p r e m i e r c a r t i l a g e c o s t a l .

A d e u x o u t r o i s c e n t i m è t r e s e n d e h o r s d e l ' e x t r é m i t é , l a s a i l l i e d u b o r d i n f é r i e u r d e l ' o s b o r d e

e n a v a n t u n e s u r f a c e o v a l a i r e e t r u g u e u s e s u r l a q u e l l e s ' i n s é r a i t u n l i g a m e n t c o s t o - c l a v i c u l a i r e q u i

s e m b l e a v o i r é t é p u i s s a n t .

E n r é s u m é , les c l a v i c u l e s d e l ' H o m m e d e L a F e r r a s s i e é v o q u e n t p a r l e u r l o n g u e u r , p a r l e u r

g r a c i l i t é , p a r l e u r f o r t e s i n u o s i t é e t p a r l ' é t r o i t e s s e d e l e u r e x t r é m i t é a c r o m i a l e , l es a u t r e s c l a v i c u -

les n é a n d e r t a l i e n n e s d ' E u r o p e .

Il s ' a g i t l à d ' u n e o p p o s i t i o n f r a p p a n t e a v e c l e s c l a v i c u l e s d e s A u s t r a l i e n s , n o t a m m e n t e n c e q u i

c o n c e r n e les l o n g u e u r s a b s o l u e s e t r e l a t i v e s ( i n d i c e c l a v i c u l o - h u m é r a l ) , l a r o b u s t e s s e , l ' i n d i c e d e

l a r g e u r e x t e r n e e t le v o l u m e d e l ' e x t r é m i t é s t e r n a l e .

E l l e s p r é s e n t e n t e n r e v a n c h e u n c e r t a i n n o m b r e d e p a r t i c u l a r i t é s t e l l e s q u e l ' i n v e r s i o n d e l a

t o r s i o n d e l ' o s e t l ' é p a i s s i s s e m e n t r e m a r q u a b l e d u b o r d a n t é r i e u r , q u i les r a p p r o c h e n t d e l a c l a v i -

c u l e d e T a b u n . C ' e s t l a p r e u v e d e l ' e x i s t e n c e d ' u n e v a r i a b i l i t é c e r t a i n e d e c e t o s c h e z les H o m m e s

d e N é a n d e r t a l .

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CHAPITRE II

OMOPLATES (SCAPULAE) (planche I)

Les quatre omoplates adultes sont trop fragmentaires pour permettre une étude ostéométrique approfondie.

Les omoplates de La Ferrassie 1 sont dépourvues de la presque totalité des fosses scapulaires, sous- et sus-épineuses, des 2/3 internes de l'épine, de l'acromion et de la majeure partie de l'apophyse coracoïde.

Les omoplates de La Ferrassie 2 sont réduites à quelques fragments parmi lesquels on peut reconnaître des menus débris de la partie moyenne et d'une portion du bord interne. Deux élé- ments plus importants autorisent quelques observations complémentaires :

— os droit : col, cavité glénoïde et tiers supérieur du bord axillaire ; — os gauche : bord, portion antérieure de l'épine et fragment de la face costale.

I. — CARACTÈRES GÉNÉRAUX

En raison de l'absence d'omoplates à La Chapelle-aux-Saints, M. Boule avait entrepris une étude préliminaire des omoplates de La Ferrassie 1 afin de compléter sa description des Hommes de Néandertal et de confirmer les observations publiées par Gorjanovic-Kramberger en 1906 sur les restes de Krapina. Des travaux plus récents (G. Kramberger, 1914, 1926 ; H.V. Vallois, 1928, 1929, 1932, 1946 ; Hrdlicka, 1930 ; Mc Cown et A. Keith, 1939 ; T.D. Stewart, 1962, 1964 ; F. Smith, 1976 ; E. Trinkaus, 1977) ont apporté des indications anatomiques nouvelles sur les omo- plates néandertaliennes et des comparaisons plus complètes avec les omoplates modernes.

Pour autant que leur reconstitution soit fidèle, les omoplates de La Ferrassie 1 paraissent sen- siblement triangulaires et de forme comparable aux omoplates actuelles (type 1 de la classification de Hrdlicka) : épine perpendiculaire au bord vertébral, cavité glénoïde parallèle à ce bord, échan- crure coracoïdienne large et évasée, bord vertébral plus long que le bord axillaire et davantage encore que le bord supérieur. Néanmoins, la valeur élevée de l'angle axillo-glénoïdien et la mor- phologie du bord axillaire présentent des traits de différences avec les os modernes.

Hormis ces deux derniers points, nous pouvons préciser avec H.V. Vallois, que les omoplates

Page 23: LES ARCHIVES DE L'INSTITUT DE PALÉONTOLOGIE HUMAINE

néandertaliennes ne se distinguent des omoplates modernes ni par leur plus forte orientation anté- rieure, ni par une position dorsale accusée comme cela a été parfois écrit.

Il. — ÉTUDE OSTÉOMÉTRIQUE (fig. 3)

Le tableau II montre que les dimensions absolues et relatives des omoplates sont remarquable- ment élevées par rapport aux omoplates modernes.

T a b l e a u II . — OMOPLATES : DIMENSIONS ABSOLUES ET RELATIVES

(1) Valeurs moyennes des Fuégiens. Les Blancs ont une valeur moyenne de 65,9.

Les indices scapulaires calculés sur les omoplates de La Ferrassie 1 expriment en moyenne un os brachymorphe. Si les valeurs s'inscrivent dans les limites des variations modernes en dépassant

les moyennes actuelles les plus fortes (72,9 chez les Négrilles selon H.V. Vallois), elles demeurent inférieures à celles des Australiens relevés par Davis (77,9).

Les angles (fig. 3) ont été évalués approximativement en raison de l 'étendue des zones recons-

tituées (tableau III).

T a b l e a u 111. — LES ANGLES DE L'OMOPLATE

(1) 146° p o u r H . V . VALLOIS.

(2) 92° p o u r H . V . VALLOIS.

(3) P o u r GORJANOVIC-KRAMBERGER.

(4) S e l o n T . D . STEWART (1962) .

Page 24: LES ARCHIVES DE L'INSTITUT DE PALÉONTOLOGIE HUMAINE

Tous ces angles accusent une valeur plus élevée du côté gauche bien que la différence moyenne entre les côtés (4°) soit nettement inférieure à celle relevée chez les Hommes modernes (10-15°).

Une telle prédominance, surtout en ce qui concerne les angles axillo- et spino-glénoïdiens, constitue la règle générale chez les gauchers, ce que confirment en outre certaines particularités que nous avons relevées sur l'encéphale (voir tome I, chapitre V), sur la clavicule et sur le sque- lette des mains, bien que la longueur du membre supérieur droit soit de très peu supérieure à celle du gauche (membre supérieur gauche = 99,62 p. 100 du membre supérieur droit) chez l'Homme de La Ferrassie.

Si l'angle spino-glénoïdien (-y) offre chez les Néandertaliens de La Ferrassie une valeur com- prise entre les limites des variations moyennes modernes, l'angle axillo-glénoïdien (0) est particu- lièrement élevé et dépasse les moyennes actuelles les plus fortes ; ceci traduit une cavité glénoïde probablement un peu plus oblique que la nôtre. Précisons en outre que la détérioration affectant la partie inférieure de la cavité a pu exagérer quelque peu la valeur de l'angle et l'obliquité réelle. Quoi qu'il en soit, l'angle axillo-glénoïdien exprime un trait « hyper-humain » en rapport avec une spécialisation très poussée dans le sens hominidé ainsi que H.V. Vallois l'avait déjà signalé.

F[G. 3. — Les omoplates de La Ferrassie 1. A , omoplate droite (face costale) ; B, omoplate gauche (face costale). a , angle axillo-spinal ; (3, angle axillo-glénoïdien ; y, angle spino-glénoïdien ; 6, angle scapulo-spinal.

(2/3 de GN)

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III. — ÉTUDE ANATOMIQUE

1. - LE CORPS DE L'OMOPLATE

A. — Faces

La face antérieure n'est visible qu'au voisinage de l'angle supéro-externe et au niveau du bord axillaire. Sur l'os droit du sujet masculin, elle comprend en outre une bande étroite qui atteint le bord spinal en regard de l'épine. La fosse sous-scapulaire (facies costalis) semble avoir été norma- lement déprimée (concavité en arrière du pilier), notamment à droite. Il en résulte que le pilier (crista ventroaxillaris) droit était plus saillant et situé plus près du bord axillaire par suite de la réduction extrême de la gouttière axillaire. Vers l'angle supéro-interne de l'os droit, la fosse sous- scapulaire est séparée de la surface d'insertion du chef supérieur du muscle serratus anterior par une crête épaisse visible partiellement.

A la face postérieure, la fosse sous-épineuse (fossa infraspinata), détruite dans sa presque tota- lité, semble avoir été triangulaire et de forme intermédiaire entre les types « triangulaire haut » et « triangulaire bas » (type II de Vallois). Elle est particulièrement large et son évasement remar- quable, accru par la largeur et l'horizontalité de l'épine, devait donner attache à un muscle infras- pinatus volumineux (fig. 4).

La fosse sus-épineuse (fossa supraspinata) est presque entièrement détruite. La largeur et l'horizontalité de l'épine semblent en avoir accentué la concavité.

FIG. 4. — Faces dorsales des omoplates droites de La Ferrassie 1 (1), de Néandertal (2) et d'un Français moderne (3).

cda, crista dorsoaxillaris. (1/4 de GN)

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B. — Bords

1) Bord spinal (margo medialis)

Chez La Ferrassie 1, seul le bord droit demeure partiellement visible au-dessus de l'épine et au niveau de l'angle supéro-interne. Il était large, rugueux, saillant (insertion du levator scapulae) et éversé en avant et en dehors (traction exercée par le muscle supraspinosus).

Un fragment moyen du bord spinal de La Ferrassie 2 porte une série de rugosités pour l'inser- tion du muscle rhomboideus. Il est plus mince que chez le sujet masculin.

2) Bord supérieur (margo superior)

Partiellement conservé en arrière et au voisinage de l'échancrure coracoïdienne sur l'omoplate droite de La Ferrassie 1, il est longé en arrière par une crête qui le rejoint à 2 cm en dedans de l'échancrure. Une crête du même type, qui donne attache à la cloison aponévrotique du muscle supraspinatus, a été décrite et figurée par H.V. Vallois (1946) sur une omoplate masculine de Massalit (Soudan central).

Comme chez les autres Néandertaliens, l'échancrure coracoidienne (incisura scapulae) est large, basse et évasée. Elle est peu excavée, du moins à droite (La Ferrassie 1) où elle est seulement visi- ble. Elle répond au type II d'Hrdlicka.

3) Bord axillaire (margo lateralis) (fig. 5, 6 et 7)

RAPPEL ANATOMIQUE. C'est M. Boule qui attira le premier l'attention sur l'aspect particulier du bord axillaire de l'omoplate des Néandertaliens. Par la suite, H.V. Vallois (1932) en fit une étude descriptive et comparative détaillée à laquelle suivirent ultérieurement des publications complé- mentaires (T.D. Stewart, 1962 ; E. Trinkaus, 1977).

Selon H.V. Vallois, le bord axillaire forme un bourrelet constitué par deux surfaces longitudinales :

— Une surface dorsale étroite, plane, légèrement arrondie ou déprimée (gouttière des muscles ronds) (= facies dorsoaxillaris) donne insertion au teres minor sur les 3/4 supérieurs et au teres major au quart inférieur. Le muscle petit rond, rotateur de l'humérus, imprime au bras lors de l'adduction (rapprochement ou abaissement) un mouvement de rotation en dehors et un peu en arrière.

— Une surface ventrale et externe, large et déprimée (gouttière axillaire = facies ventroaxilla- ris) donne insertion au muscle subscapularis. La gouttière, plus large vers le haut, se rétrécit et s'oriente en dehors à sa partie inférieure ; elle se termine au-dessus de l'épine du grand rond au niveau de la crête des ronds là où la crista medioaxillaris rejoint la cris ta dorsoaxillaris.

Sur la surface ventro-axillaire s'insèrent les faisceaux les plus externes du muscle subscapularis, parfois différenciés en un muscle indépendant (sous-scapulaire accessoire). Le muscle subscapula- ris, antagoniste du teres minor imprime à l'humérus un mouvement de rotation en dedans lors de l'adduction.

— Ces deux surfaces sont séparées l'une de l'autre par le bord axillaire proprement dit ou crista medioaxillaris (margo axillaris). Cette crête, qui prend naissance à la base du tuberculum infraglenoidale, répond sur presque toute sa longueur à une aponévrose alors qu'elle donne inser- tion au triceps dans son segment supérieur et sur le tubercule sous-glénoïdien.

Le facies ventroaxillaris est séparé de la fosse scapulaire par la crista ventroaxillaris ou pilier de l'omoplate.

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Le facies dorsoaxillaris est séparé de la fosse sous-épineuse par une crête inter-musculaire ou crista dorsoaxillaris.

Musculature fa ib le (type féminin) Musculature f o r t e (type masculin)

surface du M. teres minor et crista dorsoaxillaris effa- surface du muscle teres minor élargie et déprimée cées exceptionnellement en gouttière.

Le facies dorsoaxillaris peut se placer en position latérale

facies ventroaxillaris excavé dans son segment supé- facies ventroaxillaris creusé en une gouttière d 'au tan t

rieur, plan ou convexe à sa partie inférieure plus profonde qu'il regarde davantage en dehors 1

Par son état de conservation et ses caractères particuliers, le bord axillaire mérite une descrip- tion plus complète, et bien qu'il soit très endommagé chez la Ferrassie 2 (os droit), il autorise quelques observations intéressantes sur les omoplates masculines.

Compte tenu de l'absence de l'angle inférieur, sa longueur peut être estimée à 148 mm chez l'Homme de La Ferrassie, ce qui est élevé comparativement aux Hommes modernes (1), mais s'accorde de façon évidente avec les grandes proportions des os.

A La Ferrassie, la face dorsale de l'omoplate porte en dehors une gouttière large qui s'évase et s'estompe vers le bas ; elle est également déprimée sur les deux os masculins (4 mm) et moins excavée à La Ferrassie 2. M. Boule tout d'abord, puis H.V. Vallois, ont reconnu dans cette gout- tière le facies dorsoaxillaris (gouttière des ronds) tel qu'on peut l'observer sur l'omoplate de l'Homme de Néandertal malgré la position plus externe qu'elle occupe chez ce dernier (fig. 4).

Sur les omoplates de La Ferrassie, le facies dorsoaxillaris est limité par deux crêtes : — la crista medioaxillaris, située en avant et en dehors, est mince, tranchante et concave en

dehors, en avant et en bas ; elle se termine en haut par le tubercule sous-glénoïdien (tuberculum infraglenoidale). La crista medioaxillaris présente par conséquent une position et une morphologie comparables à celles des omoplates modernes.

— La crista dorsoaxillaris forme en arrière et en dedans une crête épaisse et moins tranchante que la précédente ; elle est très accusée chez La Ferrassie 1, moins saillante chez Néandertal et La Ferrassie 2. Elle est sensiblement parallèle en arrière et en dedans à la crista medioaxillaris mais s'en écarte légèrement vers le bas en même temps qu'elle s'élargit, s'émousse puis disparaît.

Sur la face thoracique, la gouttière axillaire (facies ventroaxillaris) est réduite à un bourrelet étroit qui longe le côté ventral de la crête médio-axillaire. Il existe donc une différence essentielle avec le facies ventroaxillaris de l'Homo sapiens qui est le plus souvent déprimé en une gouttière plus ou moins profonde. On observe toutefois chez les Néandertaliens de La Ferrassie le même débordement dorsal de la surface ventro-axillaire au-dessus de l'épine du grand rond.

La crista ventroaxillaris (= pilier) est peu marquée ; elle l'est cependant davantage sur l'omo- plate droite. Par suite de la réduction du facies ventroaxillaris, le pilier longe de très près la crête médio-axillaire.

Telle qu'elle apparaît sur les omoplates adultes de La Ferrassie, la morphologie du bord axil- laire évoque à quelques détails près ce que l'on observe chez les autres Néandertaliens européens et du Proche-Orient (Néandertal, Krapina, Shanidar I, Amud 1, Tabun, etc.). Selon H.V. Vallois

(1) 95-159 mm (valeurs individuelles extrêmes).

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FIG. 5. — Margo lateralis et cavitas glenoidalis de La Ferrassie 1 (1, omoplate gauche ; 2, omoplate droite) et de la Ferrassie 2 (3, omoplate droite).

cda, crista dorsoaxillaris ; cma, crista medioaxillaris ; cva, crista ventroaxillaris ; fda, facies dorsoaxillaris ; fva, facies ventroaxillaris. En grisé : zones reconstituées.

(2/3 de GN)

(1928), la disposition « néandertalienne » existe exceptionnellement chez l'Homme moderne pour constituer une variation rare. Toutefois Egon Freiherr von Eickstedt (1925) a montré que sa fréquence n'est pas négligeable chez certaines populations actuelles comme l'indiquent les pour- centages suivants :

Selon F. Smith (1976), elle serait présente à Obercassel et sur Predmost XIV.

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FIG. 6. — Coupes transversales du margo lateralis de l'omoplate effectuées au tiers supérieur du bord ou à 3 cm au-dessus du pôle inférieur de la cavitas glenoidalis.

(2/3 de GN)

FIG. 7. — Coupes transversales du margo lateralis de l 'omopla te effectuées au tiers moyen ou à 5,5 cm au-dessous du pôle inférieur de la cavitas glenoidalis.

Mêmes légendes que la figure 5. fis, fossa infraspinata ; f c , facies costalis.

(2/3 de GN)

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U n e d i s p o s i t i o n a s s e z v o i s i n e a é t é d é c r i t e p o u r l a p r e m i è r e f o i s p a r T e s t u t ( 1 8 8 9 ) s u r les o m o -

p l a t e s m a g d a l é n i e n n e s d e C h a n c e l a d e e t d e L i e s b e r g o ù les g o u t t i è r e s v e n t r o - e t d o r s o - a x i l l a i r e s

o f f r e n t u n e o r i e n t a t i o n t r è s e x t e r n e . H . V . V a l l o i s p r é c i s e q u ' i l e x i s t e d e n o m b r e u s e s d i s p o s i t i o n s

i n t e r m é d i a i r e s a v e c le t y p e m o d e r n e . L e b o r d a x i l l a i r e d e « t y p e à d e u x g o u t t i è r e s » a é t é s i g n a l é

s u r les o m o p l a t e s d e P r e d m o s t I I I , X e t X I I , d e S k h u l I V , V e t I X , d e S h a n i d a r I I I , d e K a f z e h 8

( B . V a n d e r m e e r s c h , 1 9 7 7 ) , d e C o m b e - C a p e l l e e t s u r 7 / 1 1 d e s f r a g m e n t s s c a p u l a i r e s d e K r a p i n a

( F . S m i t h , 1 9 7 6 ) . S e l o n c e d e r n i e r a u t e u r , c e t y p e n ' e s t p a s e x c e p t i o n n e l c h e z les H o m m e s m o d e r -

n e s ( B o c h i m a n s , A u s t r a l i e n s , M é l a n é s i e n s ) ; il r e p r é s e n t e r a i t e n v i r o n 1 5 , 5 p . 1 0 0 d e s c a s d é c r i t s

s u r les o m o p l a t e s d ' u n e s é r i e d ' A m é r i n d i e n s A r i k a r a d e r é f é r e n c e .

O n a m o n t r é d e p u i s l o n g t e m p s q u e l a m o r p h o l o g i e d e l ' o m o p l a t e e s t s o u s le c o n t r ô l e d e s

a c t i o n s m u s c u l a i r e s ( a b d u c t e u r s , é l é v a t e u r s e t r o t a t e u r s d e l ' h u m é r u s ) . O r , l ' é t u d e d u s q u e l e t t e d u

m e m b r e s u p é r i e u r i n d i q u e q u e c e s m u s c l e s é t a i e n t p r o b a b l e m e n t t r è s d é v e l o p p é s c h e z les N é a n d e r -

t a l i e n s b i e n q u e l e u r s r a p p o r t s a n a t o m i q u e s f u s s e n t q u e l q u e p e u d i f f é r e n t s d e s n ô t r e s . L e f a c i e s

d o r s o a x i l l a r i s , l a r g e e t d é p r i m é , r é p o n d à u n m u s c l e t e r e s m i n o r p u i s s a n t d o n t l a c o n t r a c t i o n

d e v a i t e n t r a î n e r d e s m o u v e m e n t s d e s u p i n a t i o n c e r t a i n e m e n t p l u s a m p l e s q u e c h e z les H o m m e s

m o d e r n e s . P a r c o n t r e , l a d i s p a r i t i o n p r e s q u e t o t a l e d e l a g o u t t i è r e a x i l l a i r e i m p l i q u e u n e r é d u c t i o n

d e s f a i s c e a u x p r o f o n d s d u s u b s c a p u l a r i s o u d u s o u s - s c a p u l a i r e a c c e s s o i r e , d i m i n u a n t d e c e f a i t l a

v i g u e u r d e l a r o t a t i o n i n t e r n e d u b r a s l o r s d e s o n a b a i s s e m e n t v e r s l a c a g e t h o r a c i q u e .

S i l a s i g n i f i c a t i o n r é e l l e d ' u n t e l m o d e d ' a c t i o n m u s c u l a i r e n o u s é c h a p p e , il s e p o u r r a i t q u ' e l l e

f u t e n r e l a t i o n a v e c u n e s i t u a t i o n u n p e u d i f f é r e n t e d e l ' o m o p l a t e e n r a i s o n d e l a f o r m e d u t h o r a x

a i n s i q u e s e m b l e le c o n f i r m e r l ' o r i e n t a t i o n p l u s o b l i q u e d e l a c a v i t é g l é n o ï d e c h e z le

N é a n d e r t a l i e n .

L e t a b l e a u I V r é s u m e l e s t r o i s d i s p o s i t i o n s p r i n c i p a l e s d u b o r d a x i l l a i r e c h e z l e s H o m m e s

m o d e r n e s e t f o s s i l e s .

N o u s p o u v o n s e n f i n p r é c i s e r q u e l a d i s p a r i t i o n t o t a l e d e l a s u r f a c e v e n t r o - a x i l l a i r e , t e l q u e c e l a

s ' o b s e r v e s u r l ' o m o p l a t e n é a n d e r t a l i e n n e , c o n s t i t u e c h e z l ' H o m m e m o d e r n e u n e a n o m a l i e s a n s

r a p p o r t a v e c l ' a p p r o f o n d i s s e m e n t d e l a g o u t t i è r e d o r s o - a x i l l a i r e .

L ' a p o p h y s e d u g r a n d r o n d s e m b l e a v o i r é t é b i e n d é v e l o p p é e e t n o r m a l e m e n t o r i e n t é e e n a v a n t

s u i v a n t l a d i r e c t i o n d u m u s c l e ; q u o i q u ' i l n e s o i t g u è r e p o s s i b l e d e p r é c i s e r si e l l e é t a i t p l u s s a i l -

l a n t e d ' u n c ô t é q u e d e l ' a u t r e , o n p e u t s u p p o s e r q u ' e l l e v a r i a i t n o t a b l e m e n t s e l o n les i n d i v i d u s c a r

e l l e e s t à p e i n e v i s i b l e s u r l ' o m o p l a t e d e N é a n d e r t a l .

L ' i m p o r t a n c e d e c e t t e a p o p h y s e d é p e n d p r i n c i p a l e m e n t d e l ' a c t i o n m é c a n i q u e d e s m o u v e m e n t s

d ' a b d u c t i o n d u b r a s : e l l e e s t e n e f f e t d é t e r m i n é e , n o n p a s p a r l ' h y p e r t r o p h i e d u m u s c l e t e r e s

m a j o r , m a i s p a r l a s i t u a t i o n p l u s e x t e r n e d e s o n i n s e r t i o n e t d e c e l l e d u m u s c l e s u b s c a p u l a r i s q u i

d é b o r d e n t s u r l a t o t a l i t é d e l a c l o i s o n i n t e r - m u s c u l a i r e .

C o m m e c h e z t o u s l e s s u j e t s à f o r t e m u s c u l a t u r e , le t u b e r c u l u m i n f r a g l e n o i d a l e f o r m e u n e c r ê t e

r u g u e u s e q u i d e s c e n d s u r 2 o u 3 c e n t i m è t r e s le l o n g d u b o r d a x i l l a i r e e n d e s s o u s d e l a p a r t i e i n f é -

r i e u r e d e l a g l è n e . L e t u b e r c u l e e s t é g a l e m e n t s a i l l a n t à K r a p i n a e t à u n m o i n d r e d e g r é s u r l ' o m o -

p l a t e d e N é a n d e r t a l .

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PLANCHE X I

La Ferrassie 1. — Péronés

1. Péroné gauche, bord interne. 2. Péroné gauche, face interne. 3. Péroné gauche, face postérieure. 4. Péroné droit, face postérieure. 5. Péroné droit, face interne. 6. Péroné droit, bord interne.

(Réduit de moitié)

Sections transversales de la diaphyse relevées : 7. sous l'extrémité supérieure (péroné gauche). 8. au milieu (péroné gauche). 9. au-dessus de la malléole (péroné gauche).

10. sous l'extrémité supérieure (péroné droit). 11. au milieu (péroné droit). 12. au-dessus de la malléole (péroné droit).

(Grandeur naturelle)

ha. bord antérieur ; bp. bord postérieur ; be. bord externe ; bi. bord interne ; ci. crête inférieure de la face interne ; eu. crête oblique de l'extrémité inférieure ; fa. face antérieure ; fe. face externe ; fi. face interne ; fp. face postérieure.