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Page 1: Les animaux météo - Natagora: · PDF fileAvec le temps et l’évolution techno-logique, il a dû, non sans regret, laisser de côté les vieux ... étaient sensibles aux modifications

Il faut bien admettre que la région del’Entre Sambre et Meuse est curieusementplacée sur la planète! Elle est le centred’un triangle infernal: le Pôle Nord,l’Atlantique et le Sahara! Et ces trois ban-dits nous soufflent le chaud et le froid augré des anticyclones et des dépressions.Chacun à son tour. Depuis des siècles et dessiècles, l’homme s’évertue à s’y retrouverpour comprendre ces phénomènes.

Avec le temps etl’évolution techno-logique, il a dû, nonsans regret, laisserde côté les vieuxdictons folklori-ques qui l’aidaient,non sans poésie, àprédire avec plus

ou moins de bonheur les évènementsmétéorologiques. Mais les satellites et lesordinateurs ont pris le relais avec brio. Etaujourd’hui, ce sont des jolies filles et desgarçons bronzés qui font la pluie et le beautemps! La météo à la TV est devenue uneémission vedette…

Les animaux ne regardent pas la météo àla télé! Et pourtant, leurs comportements,à bien des égards, ont démontré qu’ilsétaient sensibles aux modifications clima-tiques. Certains l’étant plus que d’autres,l’homme a vite compris comment tirer pro-fit de ces aptitudes étonnantes. Oublions la technique, retrouvons, en com-pagnie de ces merveilleux professeurs, unpeu de poésie et de flair du naturaliste.Rappelez-vous ces messagers des saisonsqui par leur attitude nous annonçaient l’ap-proche d’une nouvelle saison, les migra-tions, l’hibernation, la constitution deréserve…

Mais une hiron-delle ne fait pas leprintemps. Et c’esttoujours pareildans la nature, lesanimaux qui pré-voient le mieux letemps sont ceuxdont la survie

dépend de la météo, comme les insectes etles oiseaux. Evidemment, ils ne prévoientpas le temps mais ils réagissent plutôt auxphénomènes qui précèdent son change-ment.Tout météorologue qui se respectait avaitcomme collaboratrice une grenouillegrimpant à l’échelle à l’arrivée du soleil.Elle se trompait une fois sur deux! Parcontre, vous pouvez être sûr que, si ellecoasse au bord d’un étang, c’est le beautemps assuré pour plusieurs jours.Chaque changement climatique sembleavoir ses spécialistes!Ainsi pour la pluie les limaces et les escar-

gots sont très fiables: ce sont des hygro-mètres naturels. Leur peau se déshydra-tant très vite ils restent à l’abri dans unendroit frais. L’humidité qui précède lapluie les incite donc à sortir. Dans le Midi,le tonnerre est appelé le “tambour desescargots”! De même pour les vers de terre, on aremarqué qu’avant la pluie, les lombricsremontent à la surface du sol. Puisqu’onparle de vers, le ver luisant, le lampyre,brille d’un éclat très vif avant la pluie. Par contre, la rosée du matin empêchel’araignée de sortir. La rosée est typiqued’un régime anticyclonique. Si pendant uneintempérie, elle se remet fébrilement autravail, le soleil n’est pas loin. Attention...tuer une araignée, c’est faire pleuvoir dansle journée!!!

Avant l’orage,l’abeille est un desmeilleurs exemples“d’animal-baromè-tre”. Prévoyant lesintempéries, ellesévitent de s’éloignerde leur ruche pourbutiner. Le Prix

Nobel Karl Von Frisch a démontré que lesabeilles pouvaient prévoir à quelquesminutes près l’arrivée d’un orage.

Sa cousine moins populaire, la guêpe, s’agiteet pique plus que de coutume avant un orage.Une quantité d’insectes ailés ont, quandl’orage menace, la fâcheuse habitude des’acharner sur les hommes et les bestiaux. Demandez à nos ornithos qui sont allés endébut juillet à la nuit tombante observerles engoulevents: ils ont été dévorés parles mouches, les moustiques et les taonspris d’une véritable frénésie, alimentéeaussi par la transpiration de l’homme. Lesmoucherons qui se rassemblent et ne ces-sent de tournoyer le soir annoncent le beautemps. Les enfants qui ont trouvé une coc-cinelle la mettent sur le bout de leur doigt:si elle refuse de s’envoler, c’est signe demauvais temps à venir. Par leur fragilité,les papillons sont complètement dépen-dants du beau temps. Certains utilisentleur précieux “baromètre” interne pourchoisir le moment de sortir du cocon.

Le monde ailé représente un terrain d’in-vestigation météo d’autant plus propiceque les oiseaux sont toujours à nos côtés.Les invasions d’oiseaux ont souvent été unsigne annonciateur de catastrophe pournos anciens, qui y voyaient l’imminenceprochaine de guerres ou de maladies. Ainsil’invasion du casse-noix, par exemple,était-il signe de guerres… D’où l’expres-sion “oiseau de mauvaise augure”!L’hirondelle, messagère du printemps, ditle dicton, figure au premier rang desoiseaux – météo. Un signe infaillible: juste

avant la pluie, les insectes plaqués au solpar l’affaissement de la masse d’air forcentles hirondelles à chasser au ras du sol.CQFD! Le martinet, lui, réussit l’exploit deprévoir la dépression et de la contourner.

Le chant des oiseaux aussi est une indica-tion importante de l’évolution du temps.Quoi de plus beau que le chant du merleavant la pluie ? Quant au vanneau huppé ilfait également figure d’oracle météo fiable.Arrivant en bande du nord ouest à l’arrièresaison, il précède une vague de froid. Et auprintemps, les grues et les cigognes arri-vant du sud ouest précèdent les bourras-ques. La pluie ne saurait tarder si elles semettent à voler très haut en criant.

De tous les animaux, les mammifères sontles météorologues les moins perspicaces.(Nous sommes des mammifères !) Plusgrand, plus vigoureux, ils ont moins àcraindre des intempéries. Seuls les petitsmammifères disposent de certaines facul-tés prédictives.Avant le mauvais temps, les taupesexhaussent leurs monticules. En fait, ellesredoublent d’activité parce qu’elles suiventles vers et les insectes souterrains quel’humidité ambiante incite à remonter. Lesmulots et les campagnols sortant de leurgalerie sont un pronostic de pluie. Dans ce

cas, leur instinctmétéorologique estune nécessitévitale, les pluiesviolentes dévalantdans leurs galeriesest pour eux undanger mortel.

Terminons notre tournée des animauxmétéo par le chien et le chat même si cedernier n’est pas le chéri des ornithos ! Nedit-on pas du chat qui passe la patte sur latête que l’orage est proche? Mais pourquoi,alors, parler d’un “temps de chien” quandil fait mauvais?!!!

Les animaux usent d’une multitude d’arti-fices pour nous prévenir du temps. Il suffit,pour les comprendre, de les observer.Acceptons la sagesse de ces dictons popu-laires tirés de l’observation de leur com-portement pour retrouver une météo…pleine de poésie.

M. Mossay

Cet article est inspiré, entre autres, du livre de PhilippeCoppé “Les animaux météo” Ed. Balland – 1982

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