LES AMIS FIDèLES · 2016. 5. 8. · Rite Ecossais Rectifié (RER). Rite que prati-quera la Loge «...

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1858 - 2008 LES AMIS FIDèLES ORIENT DE GENèVE

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  • 1858 - 2008

    LES AMIS FIDèLESORIENT DE GENèVE

  • LES AMIS FIDèLESORIENT DE GENèVE

    1858 – 2008

    A l’occasiondu cent cinquantième anniversaire

    célébré les 11 et 12 octobre 2008

    Les Amis Fidèles6, Rue de la Scie

    Genève

  • INTRODUCTION

    La Franc-Maçonnerie, vaste mou-vement de pensée, animé de di-vers courants, a fait l’objet denombreux écrits et continue,malgré tout, d’intriguer notre civi-

    lisation.

    Héritière des plus antiques traditions,de la cosmologie et des mystères du Moyen Age,elle est une société de pensée qui a toujours eu unegrande influence sur le milieu environnant.

    Et comme le faisait observer un historien breton« On peut se demander comment sa valeur moralea si bien résisté à l’épreuve du temps, et pourquoicet Ordre jouit, encore de nos jours, d’un prestigecertain. »

    Il a déjà été dit que l’on ne devient pas Franc-Maçonsans disposer d’une instruction suffisante. Il a aussiété souligné que plusieurs domaines d’étude de-vaient être couverts pour arriver à ce but.

    C’est donc que l’appréhension de la Maçonnerien’est pas aisée, même pour ceux qui sont à l’inté-rieur de celle-ci.

    On peut dès lors comprendre que les médias et lapopulation qui n’en ont que de vagues notions,aient quelques difficultés à s’en faire une représen-tation juste.

  • Le mot « Maçon » existe depuis le XIIIe siècle. LaFranc-Maçonnerie est née presque simultanémentde deux corporations de maçons professionnels,l’une en Ecosse à Aberdeen, l’autre en France àStrasbourg. De quelque nom qu’on pût les nommerselon les régions d’Europe, les loges existèrent par-tout, notamment à l’époque des constructions decathédrales. Les premières loges organisées sontapparues au XVIe siècle. Le mot « Loge » désignaitsimplement l’atelier où les ouvriers déposaient leursoutils et travaillaient à l’abri. C’est en Angleterre quele mot « Free Mason » sembleavoir pris naissance. Ce nomest venu d’une pierre nommée« free stone », c'est-à-dire nitrop dure, ni trop molle, idéalepour la construction, qui ne sedécompose ni ne fait d’éclatslorsqu’on la taille.

    Les tailleurs de cette pierreétaient alors désignés par leterme de « Freemasons », tra-duit en français par « Maçonsde Franche Pierre »1. On entrouve les traces dès 1212.

    En 1717, les quatre dernières loges qui existaient àLondres, où les intellectuels (maçons acceptés)avaient peu à peu supplanté les ouvriers (maçonsopératifs), constituèrent alors la Franc-Maçonneriemoderne ou spéculative dotée d’une Constitutionrédigée en 1723 par le Dr et Révérend James An-derson (2e édition en 1738). La maçonnerie anglaiseprenait alors une rapide extension. Elle essaima surle continent et c’est un Anglais, Sir John Hamilton,qui introduisit à Genève en 1736, avec quelquesGenevois, « La société des Maçons libres du Parfait

    L'art de la construction, le noble art de la Franc-Maçonnerie

    LES ORIGINES DE LA FRANC-MACONNERIE SPéCULATIVE

  • contentement », première loge genevoise, compo-sée d’abord par une majorité d’Anglais en séjourdans cette ville. Puis, comme ce fut le cas en An-gleterre, d’autres loges se constituèrent en Suisse,en Europe et dans le monde.

    Les maçons anciens opératifs, en raison de leursconnaissances dans un art qui comportait des se-crets techniques, étaient appelés d’un pays à l’au-tre pour construire ces grandioses cathédrales ouces magnifiques Hôtels de ville de style gothique quifont encore aujourd’hui notre admiration.

    L'admission dans leur sein de membres n’apparte-nant pas à la maçonnerie de métier, mais ayant desidées d'ouverture, de science, suscita chez eux unidéal de liberté et de nombreuses réformes.

    Ainsi, la Franc-Maçonnerie modifia graduellementson organisation et devint une confrérie de Maçonssymboliques travaillant à édifier non plus des bâti-ments de pierre, mais le temple invisible et immaté-riel où l’humanité trouverait un jour la paix et lebonheur.

    1 Guy Verval p.40 : Knoop & Jones 1933, pp. 75-78 et Guide du Franc-Maçon, Groupe deRecherche Alpina, Lausanne 1998, pp. 22-23.Cathédrale d'Amiens. La plus belle imagerie du XIIIe siècle.

  • C'est donc vers 1736 que quelques Anglais, domi-ciliés ou de passage à Genève, s’associèrent à desGenevois pour fonder la « Loge du Parfait conten-tement », première Loge Maçonnique moderne enSuisse.

    Le 18 février 1744, on rappor-tait au Petit Conseil de notreRépublique que « La Sociétédes Franc-Maçons avaitpris de l’accroissementet qu’elle comptait troisLoges ».

    En 1769, le nombredes affiliés était déjàsi grand que leursvingt Ateliers se grou-pèrent en une Fédé-ration nationale,sous le titre de « GrandeLoge de Genève ».

    Issue de la Loge mère « La Fidélité », la Loge« Les Amis Fidèles » peut revendiquer une originecommune avec la Loge « Fidélité et Prudence » etpeut néanmoins se recommander d’une fondationpremière le 2 mai 1764.

    Le 16 juin 1782 s’ouvre à Wilhelmsbad un Conventqui réunit les délégués de toutes les Provinces de la

    « Stricte Observance ». Il dure 45 jours répartis en30 séances, au cours desquelles on confirme les

    décisions du Convent deLyon. On établit définitive-

    ment que les Maçonsmodernes ne sont en

    rien les successeursdirects des Tem-pliers, sans toute-fois nier les liensspirituels avecleur Rite. On ac-cepte aussi l’in-fluence templièresur l’ésotérisme

    maçonnique et lefait que l’enseignement

    du Temple, dans sa formeprimitive, a ouvert le chemin au

    Rite Ecossais Rectifié (RER). Rite que prati-quera la Loge « Les Amis Fidèles », de même

    que sa Loge mère « La Fi-délité », depuis son entréedans l’alliance des Logessuisses le 7 janvier 1853.

    Les orages politiques de la période de 1781 à 1786ralentirent la vie sociale au point que les travaux ma-çonniques furent à peu près suspendus. En 1799,« La Fidélité » se reconstituait. Mais elle ne tardaitpas à tomber - à l’instar des autres Ateliers - sous

    RéSUME HISTORIQUE DE LA LOGE

    Médaille du 150e anniversaire de notre Loge, rappelant au Maçonles principaux symboles auxquels il se réfère.Création et réalisation: J.-F. Bopp

  • l’autorité maçonnique française du « Grand Orientde France », que favorisait alors le régime très arbi-traire implanté chez nous au temps de l’occupationnapoléonienne.

    Dès la Restauration,les Loges de Genèveregardèrent du côtéde la Suisse.

    Entre temps, en 1786, la « Grande Loge deGenève » s’était reconstituée. « La Fidélité » en de-vint membre après avoir été l’une des dernièresLoges à quitter l’obédience de la « Grande Loge deLondres ».

    De 1801 à 1815, sous l’occupation française,l’indépendance de l’autorité maçonnique genevoiseest confisquée ; cédant à la force, elle passe sousl’autorité de la « Grande Loge Provinciale de Genève »,succursale du « Grand Orient de France ».

    En 1822, les Loges du pays dépendaient de troisautorités principales:

    1. Le « Directoire Ecossais Rectifié » dont le siège al-ternait entre Zurich et Bâle.

    2. La « Grande Loge Provinciale de Berne » qui re-levait encore de la « Grande Loge de Londres ».

    3. Le « Directoire Helvétique Romand » à Lausanne.

    Ces trois autorités parvinrent à s'entendre en 1844pour former la « Grande Loge Suisse Alpina ».

    Cependant, la Loge « La Fidélité » continua sousl’obédience du « Suprême Conseil du Rite EcossaisAncien et Accepté de France». En 1851, elle de-manda son admission dans l’alliance des Logessuisses. Le 15 novembre 1852, elle entrait au seinde l’Alpina. Le 7 janvier 1853, elle était réunie au Ré-gime Ecossais Rectifié en Helvétie (de tendance spi-

    Procès-verbaux historiques datant de la fondation de la Loge (1858).

  • ritualiste) et fut officiellementconsacrée en mars 1853.En 1856,la majorité des membres de laLoge résolut de revenir au RiteEcossais Ancien et Accepté, alorsque cette proposition avait été reje-tée à l'unanimité trois ans aupara-vant.

    Un conflit éclata car les plus ar-dents préconisaient, en plus, lafusion de « La Fidélité » avec laLoge « Le Temple Unique »1 dontle superbe bâtiment s’achevait.L’affaire abordée en assemblée gé-nérale, aboutit à l’accession de« La Fidélité » au « Temple Unique ».Six Loges avaient déjà adhéré auprojet de concentration. Hélas, ceTemple, inauguré le 23 décembre1860, dut être vendu en 18672.

    L’ancienne « La Fidélité » se divisa; la majoritéconserva le nom de « Fidélité » auquel elle adjoi-gnit plus tard celui de « Prudence ». La minorité,en raison du nom de la Loge mère « Fidélité » etde l’amitié étroite qui liait ses membres, choisit ladénomination assez similaire « Les Amis Fi-dèles ». C’est sous ce titre distinctif qu’elle fut reçueau sein de la « Grande Loge Suisse Alpina » le 24octobre 1858.

    Actuellement cinq cent membres sont attachés aux 13Loges genevoises reconnues par la Grande LogeSuisse Alpina. Cette Obédience compte environ 3'600membres répartis dans 83 Loges de toute la Suisse.

    1 Fondation récente, approuvée par la loi du 31 janvier 1857 et accordant cession par l’Etatd’une parcelle gratuite destinée à la construction d’un Temple Maçonnique.2 Aujourd’hui l’Eglise du Sacré-Cœur.

    Le Temple: espace consacré où se réunissent les Maçons pour travailler.

  • Bijou et tablier de Loge des "Amis Fidèles".Décors significatifs rappelant aux Maçons

    leurs actions selon les principesde la rectitude et de la justice.

    La Franc-Maçonnerie ne présente pas un aspectunitaire. Elle se compose au contraire d’un nombreétendu de groupements appelés «Obédiences»,lesquels pratiquent des rites divers, issus de lamême source.

    La Grande Loge Suisse Alpina est née de l’union deLoges ayant appartenu à - ou se réclamant de -plusieurs Grandes Loges ou Grands Orients étran-gers. Elle présente dans ses rites, une variété quel’on ne retrouve guère dans une autre obédience.

    La Suisse constituant une juxtaposition, voire unamalgame de plus de trois formes de culture, dementalités fort différentes, un rite maçonniqueunique ne saurait guère satisfaire les Maçons de cepays. Le Frère Uhlmann notait qu’une conceptionde rite unique apparaîtrait en Suisse comme unecoercition intolérable. Surtout, une unifi-cation des rites priverait le Maçonsuisse du plaisir qu’il a de décou-vrir, presque à chaque visite etTenue d’une autre Loge, la diver-sité des cérémonies maçonniques.

    Un rite maçonnique est basé sur deux fon-dements caractéristiques: d’une part, les in-fluences philosophiques, religieuses, sociales,et, d’autre part, les éléments symboliques etles rituels qu'il pratique. Ces rituels dépen-

    dent des personnalités qui les ont rédigés, voire dupays de l'Obédience dans laquelle ils se sont déve-loppés.

    La Loge « Les Amis Fidèles », comme toutes lesLoges maçonniques régulières, invoque le GrandArchitecte de l'Univers. Son rituel utilise les sym-boles pour communiquer un enseignement qui unitdans le temps ceux qui le pratiquent.

    LE RITE DE LA LOGE «LES AMIS FIDèLES»

  • AUDEOUD Adolphe (1826-1878) Négociant Vénérable Maître 1872-74

    BLAVIGNAC Jean-Daniel (1817-1876)Ingénieur architecte Vénérable Maître adjoint 1858

    CAILLER Louis (1834-1913) Négociant Vénérable Maître 1885-87

    CHENEVIERE Auguste (1825-1884). Dr médecin et AvocatVénérable Maître 1877-84

    CHRETIEN Alphonse (1856-1940)Dr en Théologie, Curé NationalVénérable Maître 1901-12

    CUENOUD John (1822-1899). Directeur de la PoliceGrand Maître GLSA 1879-84

    DUCOMMUN Elie (1833-1906)*Prix Nobel de la Paix (1902)Grand Maître GLSA

    DUSSOIX Jules (1836-1911)Inspecteur des écolesVénérable Maître 1888-96

    FAUCONNET Charles (1811-1876)Docteur en médecineGrand Maître GLSA 1859

    HUDRY François-César (1863-1928) Avocat Vénérable Maître 1901-1904

    REVERCHON Isaac (1862-1927)Pédagogue, Professeur Grand Maître GLSA 1920-25

    SCHWITZGUEBEL Jules (1868-1925) Commandant de GendarmerieVénérable Maître 1916-18

    * D’abord membre de la « Fidélité » devenue dès 1851 « Les Amis Fidèles », officialisée en 1858. Dans l’intervalle, en 1856, il s’affilie à la Loge « Prudence ».Il est élu Grand Maître de la Grande Loge Suisse Alpina de 1890 à 1895.

    QUELQUES-UNS DE NOS FRèRES

  • Les registres de notre Loge nous apportent de pré-cieux renseignements sur le nombre de Frères quiont fréquenté « Les Amis Fidèles ». Toutefois lesdonnées enregistrées, souvent peu comparables,ne permettent pas d’établir des statistiques trèsprécises mais donnent quand même quelques in-formations intéressantes.

    En 150 ans, nous avons eu le plaisir d’initier 746membres.

    De 1858 à 1871, soit en 13 ans, 329 membres, par-ticipèrent à nos travaux. Ils sont majoritairement desnégociants auxquels se joignent des fabricants, ar-tisans, hôteliers, restaurateurs, propriétaires, rentierset ouvriers spécialisés.

    De 1872 à 1942, soit en 70 ans, notre Loge a initié281 nouveaux membres, principalement des com-merçants, auxquels il faut ajouter des industriels,fonctionnaires, musiciens, théologiens, militaires etdivers spécialistes.

    De 1943 à 2008, soit en 65 ans, notre Loge a initié136 nouveaux membres. Ils étaient commerçants,avocats, médecins, pharmaciens, enseignants, finan-ciers, divers spécialistes et même un chef d’orchestre.

    Actuellement la variété des professions représen-tées est toujours aussi grande, même si commer-çants et représentants sont en moindre nombre.

    Sans pouvoir en donner les causes, étayées par deschiffres, nous devons malheureusement déplorerces dernières années une baisse de nos effectifs.

    Par contre nous constatons que les professionsrencontrées aujourd’hui dans notre Loge, sont unreflet de l’évolution de la société civile. Les artisanset les ouvriers sont en effet moins représentés quepar le passé.

    De 1858 à nos jours

    Comment ne pas voir en la géométrie la science qui nous donnera les moyensde comprendre et d'analyser notre environnement visible et non visible ?

  • Du monde visible au monde invisible, l’art des tail-leurs de pierre, étroitement lié au langage des sym-boles, nous invite à découvrir derrière chaqueimage, derrière chaque figure, un sens caché. C’estla thématique du « voile » qu’il faut soulever pourdécouvrir le sens caché.

    Cette imbrication du concret et de l’abstrait existeaussi bien dans les couches savantes que dans lesmilieux profanes. Toutefois le niveau de lecture n’estpas le même pour tous.

    Dans cet art, il y a le message moral, compréhensi-ble par chacun, cette lutte permanente du bien etdu mal qui endosse toutes les figures de la nature etde l’imaginaire ainsi que le message plus subtil duressenti qui tente, lui, de lire dans ses harmoniesl’enseignement du Grand Architecte de l’Univers.

    Le langage symbolique, pour le Franc-Maçon, de-vient révélation.

    NAÎTRE. L'indispensable travail à faire sur soi pour dégager l’essentiel.SCIENCE ET TRADITION. A la lumière de la connaissance, le Maçon travaillepour édifier un monde meilleur.

    LE LANGAGE CACHé DES SYMBoLES

  • Le respect de la tradition, l’étude de la symboliqueet la pratique de la fraternité maçonnique ont un ob-jectif commun: celui d’aider chaque Franc-Maçonà y voir de plus en plus clair en lui-même, à mesurequ’il avance sur la voie initiatique. C’est du restesous cet angle que le symbole maçonnique dela Lumière prend son sens le plus concret,c’est-à-dire son sens véritable. Au-jourd’hui, où le mot initiation est em-ployé à tout moment (pourapprendre à conduire une auto-mobile, par exemple), nous pour-rions dire que l’initiation spirituellea pour finalité l’art de conduire sapropre vie, tant privée que sociale.

    Certes, il arrive que les autres nousprocurent ici et là, soit par leur pré-sence, soit par l’intermédiaire d’œu-vres artistiques, poétiques ou littérairesqu’ils créent et laissent après leurmort, des incitations ponctuelles etpassagères à emprunter pour pour-suivre le sentier aride et montant de l’évolution indi-viduelle. Et ces incitations, parfois, sontdéterminantes. Mais le plus gros du travail nousconcerne, nous seuls. Nul ne peut l’accomplir ànotre place; il ne faut compter que sur nous-mêmespour progresser. Toute aide est précieuse; elle estcependant insuffisante - comme est insuffisant lemadrier lancé dans une mer déchaînée à celui qui

    ne sait pas nager. Dans la tempête des passions etdes idées contemporaines, la Franc-Maçonnerieoffre une solide planche de salut. Réaliste, elle neprétend pas offrir de solutions toutes faites. Achaque Franc-Maçon de chercher sa voie.

    Tout travail honnête et persévérant porteses fruits. Surtout si le travailleur n’at-

    tend de ces fruits, ni bénéfice, nihonneur. Le chercheur de vérité netarde pas à se distinguer de ceuxqui ne cherchent pas, ou quicherchent par des voies obs-cures. S’il vit pleinement saFranc-Maçonnerie pour le plaisir

    de vivre, le Franc-Maçon ne tardepas à se différencier des autres

    hommes, aux yeux des autreshommes. Il émane de lui une sorte derayonnement particulier. Partant, il faitrayonner l’ensemble de l’Ordre.

    Le rayonnement individuel du Franc-Maçon se décèle à des niveaux différents et sousdifférentes formes. Une forme « primaire » etpresque banale est décelable au plan du respectd’autrui, vertu pourtant rare à notre époque: respectdes idées, respect des opinions, respect de la per-sonnalité. Dans les applications pratiques, le Franc-Maçon manifeste en général deux comportements.D’une part, il laisse s’exprimer sans contrainte, sans

    De l'antiquité au Moyen Âge, du Présent au Futur, la Franc-Maçonnerie

    est toujours présente.

    PHILOSOPHIE DE LA FRANC-MACONNERIE SPéCULATIVE

  • menace et sans interruption désordonnée; d’autrepart, il donne l’occasion de s’exprimer et sollicitemême la controverse si besoin est.

    Ce comportement prend ses racines dans l’espritet la forme de nos travaux maçonniques: l’abandonde nos préjugés, de nos passionspartisanes et autres, l’oubli de nospositions socio professionnelles, desdifférences de naissance ou d'ori-gine. La forme, c’est la façon par-ticulière de communiquer dansnos temples.

    Dire que nous réussissons tou-jours à respecter la personne hu-maine serait mentir, mais nousnous y efforçons du mieux possi-ble, plus avec notre cœur qu’avecnotre tête. Dans les assembléesnon maçonniques, dans le cadrede notre métier, dans notre vie fa-miliale, voire dans notre action politique, cela finitpar se remarquer - et par s’apprécier.

    Une autre forme de rayonnement individuel provientde la liberté de conscience que nous exerçons vis-à-vis des religions, des idéologies et de tous lesconcepts philosophiques. L’initiation maçonniquetransforme cette libre conscience en une disponibi-lité d’esprit, en une ouverture au monde, à son pro-

    grès scientifique, technique et humain. Cela aussi,dans l’entourage du Franc-Maçon, finit un jour oul’autre par se remarquer.

    Quant à la fraternité maçonnique, elle se manifeste,dans la vie courante, de différentes façons. Nous ne

    nous intéresserons ici qu’à l’unde ses visages: la philanthropie,parce que c’est un principe ma-çonnique fondamental.

    Le Franc-Maçon est un philan-thrope. Nous n’ignorons pas quele mot a quelque chose de su-ranné dans la bouche de la plu-part de nos contemporains. Labienfaisance se perd. De raresmécènes la pratiquent encore,ainsi que des associations spéci-fiques dont le nombre diminue.Peut-on, en 2008, être philan-thrope à titre personnel ?

    Notre réponse est oui. Paul Eluart n’a-t-il pas écritdans « Le Phénix »:

    « Il y a toujours, un rêve qui veille,Désir à combler, faim à satisfaire,Un cœur généreux,Une main tendue, une main ouverte,Des yeux attentifs,Une vie, la vie à se partager »

    Equerre et compas. Symboles de réflexion

    et de recherche personnelle du Maçon.

  • Le poète a vu juste. La philanthropie, celle desFrancs-Maçons en particulier, est une praxis du par-tage, une action généreuse. Nous y avons fait allu-sion à propos de nos échanges culturels dans nostemples. Le partage implique le don. Notre philan-thropie, aujourd’hui, c’est le don de notre temps, ledon de nos valeurs matérielles et spirituelles à qui ena un authentique besoin, Franc-Maçon ou non, sol-liciteur ou non. On ne saurait donner tout à tous,bien sûr, et notre discernement entre là en jeu.

    La Franc-Maçonnerie se veut apolitique. Néanmoinsl'engagement individuel du Franc-Maçon apparaîtcomme essentiel au plan de la Cité. Nous enten-dons par la Cité, le gouvernement de la nation, lagestion des affaires publiques et, tant que cela seranécessaire, la défense des objectifs communs degroupes humains, les syndicats par exemple.Nous entendons surtout par là des prises de res-ponsabilités dans un esprit de justice sociale, d’hon-nêteté personnelle et d'impartialité. Peu de genscontestent que les institutions politiques, dequelque pays que ce soit, aient besoin d’hommesnouveaux. Ces derniers devront être pourvus de ceque Bergson a appelé un « supplément d’âme ».Cet acquis personnel sera l’apanage de ceux etcelles qui suivent une voie de développement desoi, telle que l'offre la Maçonnerie. Gouverner, au-jourd’hui, demain, n’est plus une tâche de techno-crates, parce que la nature profonde de l’humanitéa changé et changera encore.

    La Connaissance, qu’il ne faut confondre à aucunprix avec tel ou tel savoir, ou avec une accumula-tion de connaissances, s'acquiert par le chemin leplus long, le plus solitaire, le plus difficile en matièred’approfondissement de soi. C'est aussi le plus en-richissant sur le plan psychique et spirituel.

    Le rayonnement de la Franc-Maçonnerie est une ré-sultante du rayonnement de chacun de ses mem-bres. Cependant, nous ne percevons pas tous laLumière de façon identique.

    A la fin de chacune de nos réunions, nous promet-tons solennellement « de continuer au dehors, l’œu-vre maçonnique, de répandre les vérités que nousavons acquises, de faire aimer notre Ordre parl’exemple de nos qualités et de préparer, par uneaction incessante et féconde, l’avènement d’unehumanité meilleure et plus éclairée ».

    Nous serions parjures de faillir individuellement etcollectivement à ce devoir. Encore faut-il, pourrayonner, que nous portions en nous quelques lu-mières. La spiritualité, nous le savons, est Lumière.Voilà bien pourquoi les Francs-Maçons aspirent àêtre ses « Fils ».

  • Toutes les Loges encouragentleurs membres à se montrer actifsen faveur de leur communauté derésidence. « Les Amis Fidèles » n’ydérogent pas.

    En 1858, les Loges Genevoisess’épanouissent. Elles sont sociale-ment très actives. Les procès-ver-baux nous apprennent qu’elles ontcréé notamment la Caisse de pré-voyance maçonnique, les Secoursmutuels aux orphelins, des colo-nies de vacances pour enfants dé-favorisés, les Cuisines scolairespuis l'élaboration de la loi sur l’Ins-truction publique, les projets surl’Assurance obligatoire et de l’En-fance abandonnée.

    Ne cessant de jouer depuis cetteépoque un rôle déterminant dans ladémocratie genevoise, les Logesmaçonniques, par leur nombre etl’importance des œuvres entre-prises, apportent dès lors, unecontribution sans égal à la commu-nauté genevoise.

    La Loge « Les Amis Fidèles » a crééla Société Winkelried prise en main

    par la Confédération. Elle a prisune part particulière à la fondationde la Banque Populaire Genevoise,à l’Asile du dimanche, aux Cuisinesscolaires de Saint-Gervais, puis àcelles des Cropettes, à la Sociétéde Patronage, à l’Ecole Instrumentde Paix (E.I.P.), etc.

    Nombreux furent les problèmessociaux de bienfaisance qui ont faitl’objet d’une étude au sein de nosLoges respectives.

    Les solutions ont très souvent étérépercutées par l’un ou plusieursde nos membres, dans les comi-tés d’initiative ou dans les conseilsde fondation, voire dans les partispolitiques, en vue d’une interpella-tion aux organes gouvernemen-taux, pour le plus grand bénéficedes œuvres projetées et de la po-pulation concernée.

    QUELS APPORTS DE LA LOGE A LA COMMUNAUTé?

  • Se retrouver en Loge, c'est aussi bénéficier d'unmoment dans la semaine où le temps s'arrête et n'aplus prise sur nous. C'est un moment où chacunpeut faire le point de sa situation personnelle etcontribuer à l'épanouissement de son prochain etde l'humanité toute entière.

    La Loge est le lieu où la lumière naît d’elle-même.Les initiés sont des témoins de cette naissance etde cette lumière, qu’ils font vivre en eux-mêmes etqu’ils ont le devoir de transmettre. Ceux qui vou-draient, par curiosité malsaine, percer des secretsmaçonniques seront déçus car il s'agit de senti-ments ancrés dans le cœur de chaque Maçon, quine peuvent qu'être le résultat d'un vécu personnel.Et « celui qui sait tout sur le vin, ne le connaîtra pastant qu’il ne l’aura pas bu ».En Franc-Maçonnerie, la réalité fondamentale est laLoge. Tous les événements essentiels de la vie d’unFranc-Maçon ont lieu dans la Loge et pas ailleurs.S’il existe aujourd’hui une abondante littérature ma-çonnique due à des centaines d’auteurs, on n’a pasassez insisté sur le fait que la seule autorité compé-tente en la matière est une « Loge juste et parfaite »selon l’expression rituelle.

    L’idéal élevé de la Franc-Maçonnerie qui puise, parses rituels et ses symboles, dans la pensée tradition-nelle la plus authentique ne cessera pas d’intéresserles personnes qui entrevoient en elle une grande forcespirituelle capable d’influer sur les événements.

    La multiplicité des ouvrages traitant de la Franc-Ma-çonnerie ne fait qu’augmenter la perplexité et laconfusion des profanes. Nous n’allons pas ici enajouter. Mais il nous paraît opportun de répondreaux questions du public en organisant, à l’occasionde notre 150e anniversaire, une journée « Portesouvertes », en espérant, dans la mesure du possi-ble, répondre aux questions que les profanes peu-vent se poser à notre sujet.

    Cette plaquette du 150e anniversaire marque unedate importante dans la vie de notre Loge. Elle a étérédigée à l’usage de nos membres et surtout à titred’information pour un public intéressé.

    L’occasion nous est donnée de rendre hommage ànos Frères anciens qui, durant des générations, ontsu préserver au sein de notre Loge, ce magnifiqueesprit de liberté et de respect pour la pensée dechacun, tout en nous transmettant ce qui est es-sentiel à notre tradition maçonnique.

    Nous confions donc l’avenir de notre Loge « LesAmis Fidèles » aux futures générations de Frères quisauront maintenir la tradition en conservant l’espritadmirablement fraternel dont ils seront les gardiensfidèles.

    La rédaction et les dessins de cette plaquette sont dus à la plume du Frère Roland Zumstein, Genève - Octobre 2008

    CONCLUSIONS

  • JFC