L'écologie sans la décroissance (6/12)

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  • 8/3/2019 L'cologie sans la dcroissance (6/12)

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    Plus personne ne contestelimportance de lenjeucologiue. La cause environnementale est dfnitivementinstalle au cur du dbat et de laction politiues. Mais il

    y a deux conceptions de lcologie : lune prtend changer

    lhomme en contraignant sa capacit daction, uand lautre

    propose dagir sur les consuences de cette action. La

    premire est culpabilisante et rgressive. Lautre se veut

    incitative, rationnelle et progressiste : elle parie sur ce ue lon

    nomme dsormais la croissance verte . Lcologie rgressive

    oppose, de aon plus ou moins assume, la production de

    richesses la protection de lenvironnement. Le march,

    lactivit conomiue, lindustrie, les consommateurs ou les

    entrepreneurs sont dsigns comme les ennemis de la nature. Decette condamnation a priori peut natre la tentation de rduire

    lactivit conomiue, de limiter, voire dempcher, les progrs

    de la connaissance. Certains ondamentalistes de lcologie

    vont jusu prner la dcroissance, nous sommant de choisir

    entre le progrs conomiue et la plante. Ce discours bnfcie

    dun certain cho parce uil prend en charge une partie de

    lhostilit lconomie de march dans un monde dsormais

    sans communisme. Il jouit aussi dun authentiue privilge

    rhtoriue, puisue le ton sur leuel il est tenu est volontiers

    alarmiste et permet des mises en scne spectaculaires, servies

    par une grande matrise des techniues de communication.

    relever le DFi

    environnementalPar linnovationet la cration De richesses

    lcologiesans

    la dcroissance

    Nous nous inscrivons en aux contre cette vision de lcologie.Nous navons pas choisir entre la croissance et la plante,

    comme nous navons pas choisir entre lhomme et la nature.

    La cause de lenvironnement ne vaut ue parce uelle sert

    la cause de lhumanit. En ralit, lcologie sera progressiste

    ou ne sera pas. qui peut imaginer ue lon puisse expliuer

    aux pays mergents uils doivent ralentir leur croissance

    pour prserver notre environnement ? Et comment prtendre

    matriser les dangers ui menacent la plante en renonant aux

    apports dont la science et le progrs techniue sont capables ?

    Puisuon ne peut se rsoudre cela, il aut se tourner vers

    une vision progressiste de lcologie. Cest par linnovation et

    linvestissement ue nous relverons ces dfs. Lcologie est uneormidable promesse de prosprit pour nos universits et notre

    recherche. De mme, la protection de lenvironnement ouvre

    des opportunits de march considrables. Elle contribuera

    lavnement dune croissance durable. >

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    http://www.fondapol.org/etude/12-idees-pour-2012-3/
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    Quel monde allons-nous laisser ceux que nous aimons le plus ?Avec linvention du mariage damour, cest--dire du mariage choisi par amour et pour lamour, ce nestpas seulement le divorce qui devient lgal et ncessaire, cest

    aussi un lien aux enants jusqualors inconnu qui sinstalledans les amilles : les produits de lamour, en gnral, sontaims, eux aussi. On a sans doute toujours plus ou moinsaim les enants encore que le Moyen ge ne semblegure port cet amour-l si lon en croit notamment lestravaux des plus grands mdivistes, par exemple ceux deJean-Louis Flandrin, sur le sujet , mais ce qui est clair, cestque la ondation du mariage sur le sentiment va changerradicalement la donne et susciter un amour passionneldes enants jusqualors inconnu. Cest lvidence cettemutation ondamentale qui va, sans quon sen aperoive,aire merger une nouvelle question politique cruciale,

    celle qui est en passe de remplacer les vieilles lunes de lapolitique traditionnelle : quel monde allons-nous laisser ceux que nous aimons le plus ? Cette question va rouvrirlavenir, elle donnera du sens et permettra dans une certainemesure de lgitimer nouveau certaines ormes de sacrice.

    Mais, dans cette affaire, la nouveaut la plus remarquable,

    cest qu la diffrence des anciennes valeurs mortifres de

    la nation et de la rvolution, elle nest pas transcendante parrapport lhumanit, mais incarne en elle, de sorte que les

    efforts quelle requiert ne sont plus ncessairement mortels.Ce sont ainsi toutes les questions cruciales de la grandepolitique qui vont se recomposer sous son gide, cest--dire sous la bannire du souci moyen et long termesdes gnrations utures : celle de la dette publique, biensr, mais aussi du choc des civilisations, de la rgulationnancire et cologique, de la protection sociale dans ce jeude dumpingconomique et commercial quon appelle la mondialisation .

    Par o un espoir commence poindre quon puisse unjour dpasser enn ce fau des socits occidentales questle courtermisme , redonner, grce au souci de ceux quiviennent aprs nous, non seulement le got de leort,voire le sens du sacrice, mais aussi le souci du long terme,

    comme on le voit dj dans lcologie contemporaine quinest pas pour rien le seul mouvement politique nouveaudepuis deux sicles : malgr tous les dauts quon peutbien lui trouver, orce est de reconnatre quil ut, en eet, lepremier comprendre le sens et la porte de la question desgnrations utures. Cest partir de ce nouveau oyer desens quil audra dsormais btir un programme politiquedigne de ce nom, en regroupant et hirarchisant sous songide toute la multiplicit des projets particuliers.

    luc Ferry, Rvolution des valeurs et mondialisation,

    Fondation pour innovation poitique, janvier 2012.

    www.fondapo.org

    6 - lcoogie sans a dcroissance

    >la rvotion verte passe par a diversit desinnovations.Tous les domaines dactivit sont concerns.

    Il sagit de rendre lensemble de notre conomie moinsmettrice de carbone, plus sobre en nergie, plus respectueusede la biosphre. quelues secteurs cls sont la pointe decette rvolution verte. Cest le cas des procds defcacitnergtiue. En changeant nos comportements, en amliorantnos installations, nous sommes capables de rduire au niveaumondial dici 2050 de 10 50 % nos missions de gaz eetde serre. Et ce nest uun dbut : des compteurs communicantsaux rseaux intelligents, en passant par lisolation et ladomotiue, les innovations laissent esprer des conomiesdnergie toujours plus importantes, chez les particulierscomme dans les entreprises.

    Dans lco-industrie, de nouveaux procds de gestion desdchets, dassainissement de leau et de lair sont en traindapparatre. Nous savons dsormais ue les ressourcesnaturelles ne sont pas abondantes et uil nous aut apprendre consommer moins, tout en limitant au maximum notreempreinte environnementale. Des solutions existent dj :pensons, par exemple, la dsalinisation, la rcupration dela pluie, de la rose et des eaux uses, autant de sources uenous pourrions exploiter. Dautres innovations doivent treimagines pour multiplier les sources dnergie.Les nergies renouvelables, de plus en plus perormantes, nouspermettent de nous dsintoxiuer progressivement du ptrole.

    Dynamiss par les progrs ormidables en matire de rechercheet dveloppement, lolien et le photovoltaue gagnent enefcacit et en rentabilit, en attendant la production massivedlectricit partir de biomasse ou dnergies marines.

    un movement est en marche, i est damperpantaire.Ces avances nous montrent ue ce ne sont pas lesrestrictions mais lvolution des comportements et linnovationui nous permettent daronter le df cologiue. De lAgenceinternationale pour lnergie (AIE) lOCDE, en passantpar le Programme des Nations unies pour lenvironnement(PNUE), les organismes internationaux publient des chires

    encourageants sur lestimation de la richesse cre par le dfcologiue. Le PNUE estime ainsi ue le march mondial desproduits et services lis lenvironnement devrait doubler dici2020, passant de 1 370 milliards de dollars par an 2 740milliards. La France doit saisir au plus vite cette occasion derenouer avec la croissance. Lconomie verte est lenjeu dunepre comptition internationale. Cette bataille naura pas lieudans un avenir lointain, mais elle a dj commenc. LAllemagne,le Japon, les tats-Unis, la Core du Sud, lEspagne et mmela Chine ont compris, avant nous, ue de la croissance vertedpend leur survie et dominent aujourdhui le secteur desnergies propres.

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    La consommation dnergie dans le monde

    1965

    1975

    2005

    1995

    1985

    2015

    16

    14

    12

    10

    8

    6

    4

    2

    0

    Milliards de tonnes quivalent ptrole par an

    Lmission de CO2mn e xye e bne n le mne pvenn ple, hbn e gz

    1990

    1996

    1994

    1992

    2006

    2004

    2002

    2000

    1998

    2010

    2008

    34000

    32000

    30000

    28000

    26000

    24000

    22000

    20000

    Millions de tonnes de CO2

    Quatre aspects relatifs lapprovisionnement en lectricit

    sont importants aux yeux des citoyens :la scurit et la fabilit ;

    la comptitivit conomique ;la sensibilit cologique ;et enfn lacceptabilit sociale et politique.La gestion de ces critres, qui se retrouvent

    souvent en opposition ou en tension, estun enjeu majeur pour les responsablespolitiques dans le domaine de lnergie.

    Macom Grimsto, lergie ucaire aprs Fukushima, icidet mieur ououvee doe ? , i Innovation politique 2012, PUF/Fodatio pour 'iovatiopoitique, javier 2012.

    sortirdu co2 !

    UnE CROISSAnCE COnOMIQUECOHREnTE AVEC lIMPRATIFEnVIROnnEMEnTAl

    La dfnition dune politique nergtique est conditionnepar une pluralit de contraintes conomiques, scientifques ettechnologiques, politiques, physiques et naturelles. La priseen compte de ces contraintes ne suft pas, car une politiquenergtique doit aussi rpondre la diversit des attentes

    eprimes par une socit. Or ces attentes sont nombreuses,parois contradictoires. De ait, aucune politique nergtiquene peut toutes les satisaire. Une politique nergtiquecohrente doit donc combiner la pluralit des contraintes etla pluralit des attentes. De nombreuses propositions sont enralit irrecevables, parce quelles ignorent, le plus souventvolontairement, lensemble des donnes du problme pournen retenir quune liste limite. Pour pouvoir proposer, il autdabord poser les lments du dbat. cette fn, on era ici diremarques.

    1. avn e penn e elle elle

    e nege, n mme penne lnege elle-mme. Depuis le xIxe sicle, ledroulement de la vie humaine requiert une gigantesque quantitdnergie. Cette quantit dnergie na cess daugmenter demanire spectaculaire, et aujourdhui encore, parce que leshommes sont de plus en plus nombreu, parce quils viventde mieu en mieu et parce quils vivent de plus en plus vieu.Rien de ce qui est vital pour nous leau, lalimentation, lascurit nest possible sans consommation dnergie. Dunemanire gnrale, il y a peu de choses et peu dactivits que nouspourrions dployer, possder ou conserver sans consommer delnergie.

    2. il ny p nege ppe.De mme, la productionet la consommation dnergie sans risque pour lhomme et pourlenvironnement ne sont possibles ce jour, mme si laccidentde Fukushima a ocalis le dbat sur lnergie nuclaire, laissantpenser que les autres nergies ne ont courir aucun risque ausocits humaines. Ainsi, titre deemple, lune des techniquesles plus couramment utilises pour permettre lutilisation delnergie solaire par le photovoltaque requiert la abrication depanneau partir dun procd dit en couches minces quimobilise des mtau comme le cadmium, un produit chimiquejug etrmement dangereu. Sa dure de vie est infnie. >

    Source : Malcolm Grimston, lergie ucaire aprs Fukushima, icidetmieur ou ouvee doe ? , inIovatio poitique 2012, PUF/Fondation pourl'innovation politique, janvier 2012.

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    5. lmission des gaz eet de serre provientprincipaement de a production et de aconsommation dnergie.La dfnition dune politiuenergtiue doit donc se mettre en accord avec limprati de

    la lutte contre le rchauement climatiue, ce ui impliuela rduction rapide et massive des rejets de carbone (CO2).Compte tenu des uantits dnergie ncessaires lactivithumaine, il est impossible de combattre le rchauement dela plante sans dcarboner lnergie, cest--dire sans

    privilgier les nergies aiblement mettricesde CO2. Cette contrainte a domin lesdbats pendant plusieurs annes. Si laproccupation pour lmission de CO2 doittre combine avec dautres contraintes, sonimportance ne saurait tre conteste, sau remettre en cause la ralit du rchauement

    climatiue. La lgislation ranaise a djpris acte de limportance de ce df ense fxant lobjecti dune diminution par

    uatre des rejets de CO2. De mme, si le projet dune taxecarbone a t abandonn, demeure la ncessit dune fscalitavorisant lmergence dune conomie dcarbone .

    6. la poitique nergtique doit avoriser notreproduction industriee.La flire des nergies ossilesrelve dune activit o la dimension commerciale a plusdimportance ue la dimension industrielle, tandis ue lnergielectriue illustre le cas dune flire o la dimension industrielle

    lemporte sur la dimension commerciale. En dautres termes,nous achetons, parois pour revendre, du charbon, du ptroleet du gaz, tandis ue nous produisons de llectricit, enparticulier grce nos centrales nuclaires, pour la vendreensuite. La production dlectricit par lnergie nuclaire estlun des points orts de lindustrie ranaise, ui nen a pas assez,comme nul ne lignore. De plus, sur le plan social et humain,on recense environ 125 000 salaris directement employs dansle secteur de llectricit nuclaire. Ce secteur contribue nosexportations savoir-aire et vente de centrales nuclaires ,dont on sait uelles sont trs insufsantes au regard de labalance de nos changes.

    7. la poitique nergtique doit prendre encompte tat de nos fnances pubiques.En France, comme dans la plupart des pays de lOCDE,la contrainte des fnances publiues va dsormais peserortement sur la dfnition des politiues publiues. Le choixde la politiue nergtiue nchappera pas la pression de lacontrainte budgtaire.

    > 3. le choix dune poitique nergtique estaect par des acteurs socio-cutures. Ainsi,lide uil est possible dchapper toute prise de risue estdevenue la marue des socits dabondance et de conort, de

    mme ue la tendance accepter un mode dorganisation pourla socit en gnral mais le reuser uand il nous concerneen particulier, comme le montrent les oppositions soulevespar la construction de lignes lectriues haute tension, ce uiengendre des dlais et des amnagements supplmentaires et unehausse sensible des cots. Lopposition ladistribution dlectricit, et non seulement certaines ormes de production, npargnepas les sources dnergie lectriue ditesrenouvelables, puisuil aut bien prvoir desrseaux pour distribuer llectricit uel uesoit son mode de production. Plus encore,

    la production dlectricit par les nergiesrenouvelables nest pas sans dclencher devives protestations, comme en atteste, deplus en plus souvent, l'opposition vigoureuse l'installationd'oliennes (maniestation, recours, ptition, etc.), conduite pardes riverains, au nom de la lutte contre le bruit, au nom de laprotection des animaux (oiseaux, chauve-souris, etc.) ou encoreau nom de la protection des paysages, comme lindiue la notioninvoue de pollution visuelle .

    4. le dbat ne peut porter sur e nucaireseuement, puisque cette source dectricit

    ne satisait que 30 % de nos besoins en nergieprimaire. Se ocaliser sur le nuclaire oblitre la complexitdes enjeux, en donnant une place trop grande la polmiue etaux motions. Il est videmment impossible de ne pas partagerlinuitude suscite par laccident de Fukushima. Il aut cependantrpondre la uestion de savoir comment il est techniuement,conomiuement et gopolitiuement possible de ourniraux Franais lnergie uils demandent uotidiennement et chaue instant pour mener leur existence. Dans la prcipitation,le gouvernement allemand a pris la dcision, non dnuedlectoralisme, de sortir du nuclaire . LItalie a ait savoir,au terme dun rrendum organis uelues semaines aprs

    laccident japonais, uelle ny entrerait pas. La Belgiue semblesuivre le mme chemin. Mais, a contrario, la Pologne vient dedcider de sy engager davantage, de mme ue les Pays-Bas, laSude, la Bulgarie, la Chine, la Russie, la Core du Sud, etc. Plusrappant encore, la politiue nergtiue britanniue a changdu tout au tout, passant du reus du nuclaire, jusuen 2003, sa promotion depuis lors. Il audrait se demander pouruoi,aprs Fukushima, les pays ayant dcid de lancer ou dintensiferleur programme de production dlectricit dorigine nuclairesont plus nombreux ue les pays ayant annonc leur intentionden sortir ou de ne pas y entrer. Cest au moins le signe ue lesujet est complexe.

    IL Y A PEU DE CHOSES ET

    PEU DACTIVITS qUE NOUS

    POURRIONS DPLOYER,

    POSSDER OU CONSERVER

    SANS CONSOMMER DE

    LNERGIE.

    6 - lcoogie sans a dcroissance

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    8. la poitique nergtique doit favoriserindpendane stratgique de a Frane,tant ence qui concerne la production de lnergie elle-mme quen ce

    qui concerne les moyens de la stocker et de la distribuer. Il serait

    irresponsable de prendre le risque de placer notre pays sous la

    dpendance dimportations dnergie que lon pourrait aussi

    bien interrompre, nous reuser ou menacer de le aire, tandisque son usage est ncessaire non seulement dans lorganisation

    du pays, de lordre public, mais aussi dans le dploiement des

    moyens de sa dense.

    9. la poitique nergtique est nessairementun mix nergtique.La notion de mix nergtique dsigne la satisaction de la demande dnergie par la

    mobilisation dune pluralit de sources dnergie lectricit,

    ptrole, gaz, gothermie, etc. ou une pluralit de modalits

    de production dune mme nergie par exemple, lnergie

    lectrique peut tre produite partir du nuclaire, de lolien,du solaire, du charbon, du ptrole, de lhydraulique, etc. De

    mme, en ltat actuel des connaissances, llectricit ne peut

    pas satisaire tous nos besoins (transport arien, automobile,

    etc.).

    10. comme a onsommation dnergie nesarrte jamais, a prodution et a distributiondnergie ne peuvent sinterrompre. Le mixnergtique doit donc tre capable de satisaire cet imprati

    de continuit. Cest le problme que pose lnergie lectrique

    issue du solaire et de lolien. Lorsquil ny a pas de vent ou

    lorsquil ny a pas soleil, la production sinterrompt, tandis queles besoins demeurent. On parle dans ce cas dun problme

    dintermittence. De mme, lorsquil y a du soleil dans la journe

    et que nous avons besoin de lumire la nuit, le solaire nest

    pas adapt. De mme, la saison la moins ensoleille, lhiver, est

    celle au cours de laquelle nous consommons le plus dnergie

    pour nous chauer et pour nous clairer, etc. En ltat actuel de

    nos connaissances, lide du tout-olien et/ou du tout-solaire

    est inadapte nos besoins. On estime quau-del de 30 % de

    puissance installe en lectricit issue de lolien ou du solaire,

    labsence temporaire de vent ou de soleil erait courir un risque

    trs important sur lapprovisionnement nergtique dun pays.

    Rejets de CO2 par type dnergie

    Par tep Par kWh Par euro dpens(tCO2 /tep) (kgCO2 /kWh) (kgCO2/euro)

    Combustibles fossiles

    Ptrole 3,1 2,7- 5,1

    Charbo 4,0 25,8Gaz aturel 2,3 2,7- 4,5

    lectricit

    Au ptrole (foul) 0,80 7,2

    Au charbo 0,96 8,6

    Au gaz aturel 0,4 3,2

    Hydraulique 0 0

    nuclaire 0 0

    olie 0 0

    Photovoltaque 0 0

    Sources et otes : pour les combustibles ossiles : CGDD, 2011c ; pour llectricit :Eco2mix de RTE citant ENTSO-E, lAssociation europenne des gestionnaires de

    rseaux et lAIE (www.rete-France.com). Les chires donns ngligent les missions

    de CO2 lies linvestissement des installations. Les prix viennent du site statistiquedu ministre du Dveloppement durable (www.statistiques.developpement-durable.

    gouv.r/theme/energie-climat). Pour le ptrole, le premier prix correspond au ptrole

    consomm sous orme de gazole, le second sous orme de foul domestique. Pour le

    gaz, le premier prix correspond au gaz domestique, le second au gaz industriel.

    Rejets de CO2 par pays (2008)

    CO2 /PIB CO2 /nergie CO2/kWh(tCO2 /PIB) (tCO2 /terajoule) (gCO2/kWh)

    France 0,24 33,0 83

    Allemagne 0,38 57,3 441

    Italie 0,37 58,4 398

    Royaume-Uni 0,29 58,5 487

    Espagne 0,43 54,7 326Danemark 0,27 60,8 308

    Japon 0,22 55,5 436

    tats-Unis 0,48 58,5 535

    Chine 2,50 73,4 745

    Brsil 0,43 35,0 89

    Inde 1,73 54,9 968

    Russie 3,71 55,4 326Sources et otes : IEA, 2010b. Lnergie est mesure en terajoules dore dnergieprimaire.

    ProPosition 1 :

    la poitique nergtique doit proposer une

    rponse quiibre, satisfaisant a puraitdes demandes.

    Le mix nergtique doit satisaire la demande nationale dnergie,

    la scurit des personnes, la protection de lenvironnement,

    la matrise des cots de production, la matrise des prix

    la consommation pour les mnages et pour les agents

    conomiques , la contribution la croissance conomique. Le mix

    nergtique doit avoir un aible impact sur les nances publiques

    et avoriser lindpendance nergtique du pays. Cest la prise en

    compte de lensemble de ces caractristiques qui conditionne la

    rfexion sur le sujet et la prise de dcision pertinente. >

    Source : Rmy Prudhomme, Commet rpodre la demade de la Frace eergie ?, vol. 1 : La situation actuelle, les volutions prvisibles ,

    Fondation pour linnovation politique, janvier 2012.

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    > ProPosition 2 :

    il est de lntt de l Fne de pdue unepte de lnege nsmme p ses hbtnts,ses entepses et ses dmnsttns.

    En ltat actuel de nos connaissances et des ressources connuesde matires premires, cela implique de ne pas renoncer

    llectricit produite par les centrales nuclaires. Il reste

    cependant que nous importons la plus grande partie de notre

    nergie, en raison de notre dpendance lgard du ptrole

    et du gaz. Renoncer llectricit produite par les centrales

    nuclaires entranerait une srie de consquences difciles

    assumer :

    un surenchrissement du cot de lnergie pour les

    consommateurs, et donc une dgradation supplmentaire de

    leur pouvoir dachat ;

    un surenchrissement du cot de lnergie pour les industriels,

    et donc une ragilisation supplmentaire de leur comptitivit,avorisant la rduction des eectis ou les dlocalisations ;

    un cot environnemental, si la rduction de la production

    dlectricit nuclaire devait tre compense par le recours

    des sources dnergie productrices de CO2 (charbon, ptrole) ;

    labandon du nuclaire contraindrait la France acheter

    davantage dnergies ossiles, dont elle est dpourvue, avorisant

    la hausse des prix dans ce secteur, au dtriment de nos intrts

    conomiques et de celui des pays pauvres dpourvus de sources

    nergtiques, contraints dimporter des nergies dont le prix ne

    cesserait de crotre ;

    un eet ngati sur lconomie par le renoncement une

    nergie non importe, dgradant ainsi davantage la balance des

    changes de la France avec le reste du monde ;

    le renoncement ce qui constitue lun des points orts de

    notre industrie ;

    la perte de notre excellence scientifque et technologique

    accumule en ce domaine depuis plus dun sicle.

    Si les valuations du cot dune sortie du nuclaire ne ont pas

    lunanimit, il est difcile de contester quune telle dcision

    aurait un impact trs ngati compte tenu de notre position

    dans la comptition conomique europenne et mondiale,

    compte tenu de ltat de nos fnances publiques, compte tenu

    des attentes exprimes par les Franais en matire de niveau de

    vie et de pouvoir dachat.

    Garantir la satisaction des besoins nergtiques du pays suppose

    que llectricit dorigine nuclaire doit conserver sa place dans

    la production dlectricit et dans le mix nergtique, au moins

    jusquen 2030. Les impacts conomiques, environnementaux

    et politiques de cette lectricit sont positis. Pour autant,

    lindustrie de llectricit nuclaire doit progresser, notamment

    sattacher stabiliser les cots dinvestissement ncessaires

    la construction de centrales. Cest pourquoi le mix nergtique

    ranais devra tre reconsidr vers 2030, lorsque les plus

    anciennes centrales nuclaires parviendront au terme de leur

    existence.

    ProPosition 3 :

    Dvelppe une pltque de ehehe etdvelppement (r&D) mbteuse pu mleles pemnes de lnege letque et

    lu pemette de se substtue plus suventux neges ssles mptes et pdutesde co2, en ptule le ptle.

    Le dveloppement dun parc de vhicules lectriques, les progrs

    dans le stockage de llectricit (batteries), dans la matrise de

    la usion nuclaire, la gnralisation des smart grids, etc., sont

    autant dinnovations qui contribueront lquilibre entre lore

    et la demande dnergie lectrique dans un contexte plantaire

    de tension sur le march des nergies et de monte des prix.

    ProPosition 4 :

    amle les pemnes negtque,lgque et nmque des suesqulfes de enuvelbles (sle, len, et.)p une pltque de r&D vlnte.

    Le nuclaire ne peut pas et ne doit pas assurer toute la demande

    dnergie. La production dlectricit par les centrales nuclaires

    permet de satisaire, des prix particulirement bas, 80 % de la

    demande nationale dlectricit. Touteois, la France doit veiller

    entretenir et dvelopper une pluralit de sources de sa

    production dnergie, afn de scuriser ses approvisionnements,

    pour des raisons conomiques et aussi pour ne pas risquer de

    passer ct dune rvolution technologique en ce domaine,

    ce qui nous rendrait nouveau dpendants des pays les plus

    innovants.

    Le potentiel des innovations technologiques doit tre considr

    comme un immense gisement dnergie : la production

    dnergie, le stockage de lnergie produite, la distribution de

    cette nergie, lamlioration des perormances nergtiques,

    le stockage du CO2, le traitement et le recyclage des dchets

    produits par le secteur nergtique, voire la dcouverte de

    nouvelles sources dnergie, etc. La richesse et la valeur de ce

    gisement dpendront des investissements daujourdhui et de

    lorganisation de la recherche.

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    ProPosition 5 :

    stabilier la deande dnergie.

    Laugmentation du prix des nergies ossiles et les contraintesque gnre un systme bas sur laugmentation de loreinvitent redfnir une politique de la demande nergtique.

    Un eort particulier sur la stabilisation et, si possible, ladiminution de la demande dnergie permettrait de raliserdes conomies signifcatives, proftables aux consommateurs etaux entreprises, tout en renorant notre scurit nergtique.Si ltat sest dj engag sur cette voie, il est cependant urgentdacclrer le rythme des rormes en ce sens.La matrise, voire la rduction, de nos besoins nergtiquesest lune des pistes les plus prometteuses, au mme titreque les innovations scientifques et technologiques. En cedomaine, beaucoup de progrs restent aire. Ltat doit jouerpleinement son rle en dictant les normes dont il assurerale respect, comme il le ait, par exemple, pour la rnovation

    des logements anciens. Il appartient aux pouvoirs publicsdorienter les comportements de consommation dnergie, parlincitation, par la rglementation, par une action sur les tarispermettant de dconcentrer ou de rduire la consommation,par la labellisation des produits et des activits tenant comptede leur contribution la matrise de la demande dnergie, parune rgulation fscale avorisant les modes de consommationles moins nergtivores, voire les consommateurs les plusconomes, etc.

    ProPosition 6 :

    mobilier le technologie de counicationafn daliorer la qualit de inorationqui orientent le conoateur ur le archde lnergie.

    Il est temps de promouvoir massivement la communication entrele consommateur et les objets, grce aux possibilits oertes parl Internet des objets ou la ralit augmente , afn quechaque objet puisse ournir ses perormances nergtiques. Lessmartphones sont en mesure de ournir leurs propritaires le

    bilan carbone et le bilan nergtique de chaque objet disponible,par exemple via les puces RFID ou les technologies sanscontact , grce aux puces NFC. Tout ceci est possible siles objets sont quips et porteurs de ces inormations, cequi devrait aire lobjet dune obligation. Les applicationstlphoniques permettant de mettre en scne la ralitaugmente peuvent tre galement trs utiles. Enfn, dansce domaine aussi, le dveloppement de lopen data avoriseralimplication de chaque individu dans la comprhension etla matrise de sa consommation, non seulement pour mieuxprserver ses intrts conomiques mais aussi pour prendre unepart plus active la lutte contre le rchauement climatique.

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    UNE GESTION PLUS EFFICACE DE LINFORMATIONEN TEMPS REL

    Les mart r sont avant tout des rseau publics detransport et de distribution dlectricit auuels sont intgresdes technologies numriues. Ils ont pour vocation de rendrele rseau intelligent , en doublant le rseau actuel duneinrastructure de tlcommunication reliant le producteurdlectricit au consommateur. Ils sont capables de trier,traiter, analyser et distribuer des donnes issues du rseau etde les transmettre au acteurs aduats.Leur objecti principal est dajuster dune aon encore plus

    fne et plus ractive, voire automatiuement, la productiondlectricit la demande, notamment en priode de pic deconsommation, et ce grce une mesure et un contrle optimissen temps rel. Un uilibre ondamental pour scuriser laourniture dlectricit sur le rseau.

    UNE PRODUCTION DLECTRICIT DCENTRALISEET PLUS VERTE

    La croissance des parcs photovoltaues et la multiplication desoliennes bouleversent le paysage de la production lectriue.Ce bouleversement est uantitati, puisue ces nouvelles

    sources vont produire une nergie supplmentaire uil audraintgrer dans un rseau dj ortement sollicit. Mais il estgalement ualitati : alors ue les centrales nuclaires ou ptrole peuvent tre sollicites avec une certaine souplesse pouraronter les hausses de la demande, les nergies renouvelablessont, par nature, dpendantes de conditions mtorologiuesdifciles prvoir. Le dveloppement des mart r devradonc permettre dintgrer aussi harmonieusement ue possibleces nouvelles nergies dcentralises et intermittentes, tantdun point de vue techniue (raccordement, gestion de lacharge supplmentaire, etc.) ue commercial (nouvelles oresintgrant les nergies propres).

    Cette meilleure intgration constituera une tape importantedans la politiue environnementale europenne. La Commissioneuropenne estime ainsi ue le dploiement des mart rpourrait rduire de 9 % les missions de CO2 et de 10 % laconsommation nergtiue annuelle des mnages.Les mart r contribuent une production dnergiedcarbone, en misant sur les interactions entre les productionsdlectricit dorigine nuclaire, hydrauliue, olienne et solaire.

    UN CONSOMMATEUR IMPLIqU ET ACTIF

    Les mart r permettent au consommateur dtre davantagematre de sa consommation dlectricit en lui donnant unmaimum de leviers pour la moduler selon ses propres critres(minimisation du cot, utilisation prrentielle dnergiesvertes dans sa consommation, etc.). Avec les mart r, pareemple, le consommateur est incit limiter son utilisationdun certain nombre dappareils mnagers en cas de pic deconsommation. Dans certains cas, le consommateur est lui-mme microproducteur et injecte sa propre production sur lerseau lectriue (par eemple, lorsue son logement est uipde panneau solaires).Plus ractis et communicants, les mart r sont en mesure de

    relever les dfs ue constituent lintgration de la productionlectriue dorigine renouvelable, la matrise de la demandenergtiue et la gestion des pics de consommation. Bre, notreavenir est li cette gestion plus intelligente de lnergie.

    LES RSEAUx DE TRANSPORT GRANDE CHELLE :VERS LES sUPeR gRids

    Les rseau europens de transport de llectricit ontt dimensionns et construits lchelle nationale. Orlaccroissement de la demande en nergie, la multiplicationdes zones de production rparties sur lensemble du continent

    Promouvoir les Smart gridS,une innovation au service

    De lenvironnementet Du Pouvoir Dachat.

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    ProPosition 7 :

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    et la volont politique afrme de lUnion europenne de sedoter dun vritable march nergtique intgr conduisent au

    dveloppement de projets de raccordements transnationaux.On appelle ces rseaux les upr grid. Ils ont pour butdacheminer, un moindre cot et sans dperdition, llectricitproduite par exemple aux quatre coins de lEurope (oliennesau nord, nergie solaire au sud, biomasse au centre et nergiemarine louest). Bien sr, ces super rseaux dploys sur uneaire gographique plus importante se doivent dtre dautantplus martque leur pilotage se complexife (dmultiplicationdes sources dinjection, des points de soutirage, etc.).

    MOYEN TERME : LA CONCEPTION DUN RSEAUDOLIENNES OFFshORe

    Llaboration et lintgration de rseaux oliens offorconstituent la deuxime tape dans lapparition des mart grid.En 2011, la France a lanc un appel projets pour construireun parc de 600 oliennes au large des ctes de la Manche etde lAtlantique. Lobjecti : atteindre lhorizon 2018 uneproduction de 3 GW dlectricit issue dune source dnergiepropre. RTE prend en charge la ralisation technique de ce projet,qui ncessite le raccordement des oliennes au rseau terrestregrce des cbles sous-marins et la construction de stations deconversion entre courant alternati et courant continu.

    LE LONG TERME : CAPTER LNERGIE SOLAIRE DANSLE DSERT

    Lance en 2009 avec le soutien du Club de Rome, la FondationDesertec sest fx un objecti particulirement ambitieux :recouvrir une partie du Sahara de capteurs solaires pour produireune lectricit propre et abondante. terme, cette lectricitdevrait permettre de rpondre 15 % des besoins nergtiquesde lEurope et une grande partie de ceux des pays du Maghreb.La quantit dnergie que lon peut tirer du dsert est en eetcolossale : tous les ans, chaque kilomtre carr du dsert reoitune nergie solaire quivalant 1,5 million de barils de ptrole.

    La surace totale des dserts sur la plante ournirait ainsiplusieurs centaines de ois lnergie actuellement utilise dans lemonde.Avec ses applications complmentaires originales, ce projetillustre paraitement la grande richesse et la souplesseincomparable des mart grid : le surplus de chaleur perduedans les gigantesques champs solaires pourrait tre rcupret servir la dsalinisation de leau de mer. De plus, les zonesdombre se trouvant derrire les panneaux solaires pourraienttre exploites pour y dvelopper des cultures.Le cot initial de 400 milliards deuros du projet Desertec enait un projet sur le trs long terme.

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