Le XX e André MARE (1885-1932)

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Biographie de l’auteur : né le 31 janvier 1885 à Argentan à 18 ans. Il entre à l’Académie des Arts Décoratifs et fréquente l’Académie Julian. Il rencontre Fernand Léger. En 1910 il épouse Charlotte Merlin, son ami d’enfance et se lie d’amitié avec les frères Duchamp, mais aussi La Fresnaye, Dufresne et Boussingault. Au Salon d’Automne de 1912, il présente la «Maison cubiste». Il cherche à renouer avec la tradition française, sans pourtant renoncer à l'apport que représente le monde industriel. Il dessine des meubles, des objets, des plats de reliure, ... Malgré les peintures de Marie Laurencin, c’est un scandale. Puis il crée son premier atelier de décoration en 1913. En 1914, c’est la guerre, il part comme artilleur à la frontière Belge puis au fort du Tremblay. Il participe à l’offensive de Champagne en 1915. Il apprend en 1916 que le camouflage a été créé pour tromper visuellement l’ennemi et qu’il recrute des artistes. Il n’hésite pas et fait vite partie des «caméléons», leur emblème. Il se retrouve à Amiens. Dans le Carnet n°3, il participe au montage du saule camouflé puis ce sera l’orme de Vermezeele, Carnet n°4. Ainsi que le périscope dans une ruine, le peuplier de Segonzac, Carnet n°5. Les anglais demandent une section de camoufleurs Mare et Lejeune en font parti. Ils quittent Amiens pour Ypres, en Belgique où les attendent les saules à boulonner, les meules blindées, les toiles d’herbage, les périscopes des simulations de bosquets,... La bataille de la Somme, des journées de travail intense, le carnet n°6 recense tous les travaux. Le 18 févrirer 1917, depuis deux mois c’est le premier jour de repos, Lejeune et Mare reçoivent la croix de guerre. Le 12 mars 1917, Mare est grièvement blessé de plusieurs obus au cou et à la cuisse. Fin 1917, départ pour l’Italie ils travaillent à Mantoue et Veronne ; c’est aussi la découverte d’une terre du sud. Le 7 avril 1918 il apprend son départ au moment où il était en train de découvrir la lumière du pays, l’architecture des villes et les fresques de Giotto. La découverte de Venise est la dernière étape italienne. À la fin du séjour, il passe sergent. Mars 1918, retour dans la Somme, nouvelle bataille. Avril 1918, paris pour placer des leurres. Juin, retour à Chantilly, les camoufleurs sont alors dispersés. Le 11 novembre 1918, fin de la guerre, mais Mare n’est seulement démobilisé qu’en mars 1919. En rentrant il fonde la Compagnie des arts français au Faubourg Saint-Honoré en 1921 avec l’architecte Louis Süe (1875-1968). Les deux artistes cherchent, en utilisant toutes les techniques et en faisant appel aux spécialistes de ces matières, à créer des intérieurs confortables et accueillants. Leur goût les porte vers les lignes souples, traitées dans des matériaux précieux, loupes, palissandres, rehaussées de bronzes finement ciselés. Ils aiment aussi le bois naturel, vigoureusement sculpté, qui n'est pas sans rappeler parfois le mobilier paysan traditionnel. Les dons de coloriste de Mare se retrouvent dans certains paravents ou papiers peints au dessin stylisé et aux couleurs vives dont il créa les modèles. Les idées de Süe et de Mare s'affirment dans le manifeste Architecture, paru en 1921, album présenté par Paul Valéry et pour lequel il écrit «Eupalinos». Mais c’est surtout dans le pavillon Fontaine et le musée d'Art contemporain dont ils furent chargés à l'Exposition des arts décoratifs de Paris en 1925 qu’ils mettent en valeur leurs idées. En 1927, Mare illustre des œuvres d’écrivains : Barbey D’aurevilly et Flaubert. En 1928, il se consacre pleinement à la peinture. En 1930 il peint les funérailles du Marechal Foch, commandé par l’American Legion (offert au musée de Versailles). Il meurt le 3 novembre 1932. André MARE (1885-1932) Contexte : Ce carnet de croquis est lié à la création de la section des caméléons durant la Première Guerre Mondiale. Cette étonnante section avait été confiée à des artistes. La Grande Guerre s’est caractérisée par la domination des machines capables de tuer à distance ou de faire de redoutables repérages. La peur était d’ «être repéré». Cette section était composée par des peintres et par des artilleurs. Deux lorrains seraient à l’origine de la section, Eugène Corbin, maréchal des Logis et Louis Guingot, engagé à 50 ans comme canonnier 2e classe. Bouleversé par le bombardement aérien d’un groupe d’amis qui servaient une batterie. Corbin aurait demandé à Guingot, expert en tissus décoratifs de concevoir des toiles pour confondre hommes et canons avec le paysage. Un autre peintre- artilleur, Lucien-Victor Guirand de Scévola, longtemps considéré comme l’inventeur de ces procédés, est devenu en août 1915, chef de la première unité de camouflage.

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Biographie de l’auteur : né le 31 janvier 1885 à Argentan à 18 ans. Il entre à l’Académie

des Arts Décoratifs et fréquente l’Académie Julian. Il rencontre Fernand Léger. En 1910 il

épouse Charlotte Merlin, son ami d’enfance et se lie d’amitié avec les frères Duchamp,

mais aussi La Fresnaye, Dufresne et Boussingault. Au Salon d’Automne de 1912, il

présente la «Maison cubiste». Il cherche à renouer avec la tradition française, sans

pourtant renoncer à l'apport que représente le monde industriel. Il dessine des meubles,

des objets, des plats de reliure, ... Malgré les peintures de Marie Laurencin, c’est un

scandale. Puis il crée son premier atelier de décoration en 1913. En 1914, c’est la guerre, il

part comme artilleur à la frontière Belge puis au fort du Tremblay. Il participe à

l’offensive de Champagne en 1915. Il apprend en 1916 que le camouflage a été créé pour

tromper visuellement l’ennemi et qu’il recrute des artistes. Il n’hésite pas et fait vite

partie des «caméléons», leur emblème. Il se retrouve à Amiens. Dans le Carnet n°3, il

participe au montage du saule camouflé puis ce sera l’orme de Vermezeele, Carnet n°4.

Ainsi que le périscope dans une ruine, le peuplier de Segonzac, Carnet n°5. Les anglais

demandent une section de camoufleurs Mare et Lejeune en font parti. Ils quittent Amiens

pour Ypres, en Belgique où les attendent les saules à boulonner, les meules blindées, les

toiles d’herbage, les périscopes des simulations de bosquets,... La bataille de la Somme,

des journées de travail intense, le carnet n°6 recense tous les travaux. Le 18 févrirer 1917,

depuis deux mois c’est le premier jour de repos, Lejeune et Mare reçoivent la croix de

guerre. Le 12 mars 1917, Mare est grièvement blessé de plusieurs obus au cou et à la

cuisse. Fin 1917, départ pour l’Italie ils travaillent à Mantoue et Veronne ; c’est aussi la

découverte d’une terre du sud. Le 7 avril 1918 il apprend son départ au moment où il

était en train de découvrir la lumière du pays, l’architecture des villes et les fresques de

Giotto. La découverte de Venise est la dernière étape italienne. À la fin du séjour, il passe

sergent. Mars 1918, retour dans la Somme, nouvelle bataille. Avril 1918, paris pour placer

des leurres. Juin, retour à Chantilly, les camoufleurs sont alors dispersés. Le 11 novembre

1918, fin de la guerre, mais Mare n’est seulement démobilisé qu’en mars 1919. En rentrant

il fonde la Compagnie des arts français au Faubourg Saint-Honoré en 1921 avec

l’architecte Louis Süe (1875-1968). Les deux artistes cherchent, en utilisant toutes les

techniques et en faisant appel aux spécialistes de ces matières, à créer des intérieurs

confortables et accueillants. Leur goût les porte vers les lignes souples, traitées dans des

matériaux précieux, loupes, palissandres, rehaussées de bronzes finement ciselés. Ils aiment

aussi le bois naturel, vigoureusement sculpté, qui n'est pas sans rappeler parfois le

mobilier paysan traditionnel. Les dons de coloriste de Mare se retrouvent dans certains

paravents ou papiers peints au dessin stylisé et aux couleurs vives dont il créa les modèles.

Les idées de Süe et de Mare s'affirment dans le manifeste Architecture, paru en 1921,

album présenté par Paul Valéry et pour lequel il écrit «Eupalinos». Mais c’est surtout

dans le pavillon Fontaine et le musée d'Art contemporain dont ils furent chargés à

l'Exposition des arts décoratifs de Paris en 1925 qu’ils mettent en valeur leurs idées. En

1927, Mare illustre des œuvres d’écrivains : Barbey D’aurevilly et Flaubert. En 1928, il se

consacre pleinement à la peinture. En 1930 il peint les funérailles du Marechal Foch,

commandé par l’American Legion (offert au musée de Versailles). Il meurt le 3 novembre

1932.

André MARE (1885-1932)

Arts, créations, cultures Arts, espace,temps

Arts, états, et pouvoirs

Arts, mythes et religions Arts, techniques,expressions

Arts, rupture, continuité

André Mare (1885-1932)

LE CARTEL : Représenter pour ne pas oublier

«Les carnets de guerre 1914-1918»«La section des caméléons : l’orme de Vermezeele, carnet 4» (page 46)

Arts de l’espace Art du langage Arts du quotidien

Arts du son Arts du spectacle vivant Arts du visuelArts plastiques : ......................

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Contexte : Ce carnet de croquis est lié à la création de la section des caméléons durant la

Première Guerre Mondiale. Cette étonnante section avait été confiée à des artistes. La

Grande Guerre s’est caractérisée par la domination des machines capables de tuer à

distance ou de faire de redoutables repérages. La peur était d’ «être repéré». Cette section

était composée par des peintres et par des artilleurs. Deux lorrains seraient à l’origine de la

section, Eugène Corbin, maréchal des Logis et Louis Guingot, engagé à 50 ans comme

canonnier 2e classe. Bouleversé par le bombardement aérien d’un groupe d’amis qui

servaient une batterie. Corbin aurait demandé à Guingot, expert en tissus décoratifs de

concevoir des toiles pour confondre hommes et canons avec le paysage. Un autre peintre-

artilleur, Lucien-Victor Guirand de Scévola, longtemps considéré comme l’inventeur de ces

procédés, est devenu en août 1915, chef de la première unité de camouflage.

-Formes : Le genre auquel pourrait s’apparenter cette œuvre est la peinture d’histoire. Des dessins,

des aquarelles qui sont un témoignage, autant d’illustrations de cet événement historique

que fut la Première Guerre Mondiale.

Le format est celui de la page d’un carnet, environ 17 x 10 cm. Ce carnet devait être de

petite dimension afin de faciliter son utilisation.

Le style est classique et très réaliste. Pour les camouflages, il faut prendre en compte

l’influence des décorateurs de théâtre sur cette production. Avant tout, c’est un art de

l’illusion. Mais Guirand de Scévola a précisé dans ses souvenirs qu’il avait embauché une

majorité d’artistes «traditionnels», des peintres intéressés par le cubisme : «J’avais, pour

déformer totalement l’objet, employé les moyens que les cubistes utilisent pour le

représenter, ce qui me permit par la suite, sans en donner la raison, d’engager dans ma

section quelques peintres aptes, par leur vision très spéciale, à dénaturer n’importe quelle

forme». Cette inspiration était visible dans les techniques de camouflage des canons et des

tentes, peints en aplats qui cassant leurs lignes, les assimilent à d’imaginaires accidents de

paysages.

La composition retenue est rigoureuse avec sur la partie gauche du carnet de croquis les

données très précises sur les lieux, un plan annoté et la partie droite est consacrée à

l’aquarelle, la représentation de l’orme de Vermezeele en couleur avec beaucoup de

précision. En effet, le camoufleur travaille surtout les détails situés face à l’ennemi,

l’arrière de l’arbre étant destiné à installer la porte, l’échelle et aussi l’habitacle de

l’observateur.

Pour d’autres types de camouflages comme la dissimulation des routes, des hommes, des

pylônes, ils utiliseront des toiles peintes «herbage», «labourage», «bosquets d’arbres»,

ou des talus reconstitués, creux et blindés.

Pour voir sans être vu, André Mare utilise des éléments du paysage et il devient même un

spécialiste des «faux arbres». à l’origine de vrais arbres déjà élagués par des éclats d’obus,

repérés sur le front par des camoufleurs qui en faisaient à l’aquarelle, une description

précise. L’atelier construit d’après ces indications le «faux arbre» blindé, muni à ‘intérieur

d’une échelle du haut de laquelle un observateur doté d’un téléphone surveillera l’ennemi.

La nuit-le faux arbre était installé à la place du vrai, scié et enterré. Un canon était prévu

-Techniques : il utilise le dessin et l’aquarelle. Les croquis réalisés permettent ensuite en

atelier de reconstituer, avec des tôles blindées semi-sphériques travaillées au marteau

recouvertes d’une «écorce» peinte et de fausses feuilles.

L’exploitation de la technique du «camouflage» avait toujours fait partie des ruses de

guerre. Mais c’est pendant la Grande Guerre que les français «inventent» le camouflage

en tant que technique organisée et systématisée. Ce type de travail stimule la réflexion des

artistes sur la perspective, les couleurs, les reliefs et les ombres.

André Mare, après une brève période de formation dans les ateliers de camouflage

parisiens fut nommé à l’atelier d’Amiens. Une fois arrivé, il partir avec une équipe franco-

anglaise dans le Pas-de-Calais. Sa mission consistait à repérer sur le front, des lieux

adaptés pour y dissimuler des observatoires selon la technique dite de «camouflage», à

l’époque elle est en pleine improvisation.

La première équipe de camouflage fut formée le 12 février 1915, avec quelques volontaires

pour tester sur le front les dispositifs qu’ils ont imaginés. C’est en août 1915 que le

camouflage devient une unité rattachée au GQG, et recrute des artistes et des ouvriers. à

la fin de la guerre, la «section française de camouflage» comprend 3000 camoufleurs et

emploie près de 80 000 ouvriers, dont 15 000 femmes.

Analyse de l’œuvre

-Significations : Les carnets de guerre 1914-1918 d’André Mare permettent de retracer son

itinéraire durant la première guerre mondiale. Il fut envoyé sur le front de Champagne où

il découvrit les difficiles conditions du quotidien des soldats avec les rats, les obus, les

corps déchiquetés, l’odeur des cadavres dans la boue. Mais il a avec lui un précieux petit

carnet vert et également une petite boîte d’aquarelle. Il fait de nombreux croquis, il

témoigne. Quelques temps après, il apprend qu’une nouvelle section a été mise en place, la

section de camouflage, créée pour tromper visuellement l’ennemi et cette section recrute

justement des artistes. Par ces croquis le spectateur découvre la vie des soldats dans les

tranchées et il prend connaissance des ruses pour duper l’ennemi. Tout ce travail mené,

jour après jour, en mission sur le front, passant, parfois tout près des bombes. Des

expéditions périlleuses. Tout ce qu’il voit, il le dessine dans des carnets. De précieuses

images qui restituent ses faits et gestes. André Mare intégra une équipe anglaise ce qui lui

permit d’améliorer son niveau de vie et de remplir de nouvelles pages de son carnet. En

quelques mois il installe 33 observatoires, arbres de toutes sortes, périscopes, cheminées,

meules, cabines...

D’ailleurs, le 10 août 1916, il reçut avec Marcel Lejeune, la Military Cross des mains du

roi Georges V. Dix-huit autres français furent également décorés au cours de cette

cérémonie organisée à Querrieu, quartier-général de la 4e armée, en présence du général

Douglas Haig et du prince de Galles.

Conclusion : Grâce aux carnets de guerre 1914-1918 d’André Mare, nous avons un

témoignage dessinés et annotés sur la Première Guerre Mondiale. Avec des aquarelles de

styles différents : classiques ou encore cubistes. De part son engagement dans la section de

camouflage nous prenons conscience de l’importance de la technique du camouflage qui

s’est développée sur trois axes : le premier était la volonté de cacher, de dissimuler, le

second était d’utiliser des éléments du paysage pour voir, sans être vu : «L’orme de

Vermezeele», Carnet 4 et le troisième : l’exploitation du leurre (en mouvement, par

exemple). André Mare a su transmettre aux lecteurs de précieux instants de sa vie sur le

front et au service d’une section peu connue mais qui a été très utile.

Usages : la technique du «camouflage» permettait de ne pas être repéré par l’ennemi. Il

fallait avoir bien repéré les lieux et savoir faire des croquis, dessins rapides faits sur le vif

avec des notes, des plans très clairs et précis afin de s’en servir ensuite pour les reproduire

le plus fidèlement possible.

Références : -Le cheval de Troie

- «La forêt qui marche» de Macbeth

- -Andy Warhol (1928-1987) la série des images camouflées.