Le voyage d’une vie : LAVAL-USHUAIA À VÉLO - FADOQ · 2017-11-30 · ans, j’ai perdu 60...

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2 | VIRAGE | AUTOMNE 2017 TOURISME BEAU TEMPS, MAUVAIS TEMPS, IL Y AURA QUELQUES GOUTTES LE 17 SEPTEMBRE, AU DÉPART DE L’ACTIVITÉ LAVAL À VÉLO. ELLES NE TOMBERONT PAS DU CIEL MAIS DES YEUX DES DEUX CYCLISTES EN TÊTE DE PELOTON, LOUISE LAUZON ET GILLES LAVOIE. POUR EUX, CETTE FÊTE DU VÉLO SERA AUSSI LE POINT DE DÉPART D’UNE AVENTURE DE QUELQUE 18 MOIS, 14 PAYS ET 20 000 KM, JUSQU’AUX CONFINS DE L’AMÉRIQUE DU SUD : USHUAIA, EN ARGENTINE. Par Sophie Gagnon Portant fièrement leurs vêtements de vélo FADOQ et au guidon de vélos de la compagnie montréalaise Opus, Louise et Gilles parcourront les 6 premiers km avec le groupe, avant de piquer vers le sud, direction Lacolle, et la frontière américaine. Un nuage d’émotion les suivra sûrement un certain temps après qu’ils auront dit au revoir à leurs enfants, amis et supporteurs. Heureusement, à quelques reprises durant cette audacieuse expédition, certains viendront les rejoindre pour des vacances. FOUS ? NON, PASSIONNÉS ! « Ça y est, ils sont fous », ont dit leurs deux enfants lorsqu’ils ont été mis au parfum du projet de Louise et Gilles. Mais ils n’étaient qu’à moitié surpris, tant leurs parents sont de véritables spécimens, rompus aux sorties hors de leur zone de confort et passionnés autant de voyages que de vélo. « Nous avons séjourné 10 fois en Amérique latine, dont des voyages humanitaires, et nous parlons convenablement l’espagnol. À l’extérieur des grandes villes, les gens sont très accueillants et voyager à vélo nous permet d’être en contact avec eux. D’ailleurs, nous prévoyons plusieurs périodes de répit, dont une de deux mois en Équateur pour faire du bénévolat dans un refuge pour animaux sauvages et pour enseigner l’anglais », explique Louise, une traductrice à la pige de 54 ans. Friands d’imprévus et as de l’adaptation, ils ont calmé les quelques craintes qui pouvaient surgir en planifiant leur voyage minutieusement, en suivant toutes les formations nécessaires pour être autonomes, en convenant de ne pédaler que le jour et en se munissant d’un GPS traceur afin qu’un éventuel SOS soit reçu peu importe d’où il serait émis. S’il survient un bris, une blessure ou une autre mésaventure, ils mettront PHOTOS : BRUNO PETROZZA Le voyage d’une vie : LAVAL-USHUAIA À VÉLO

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TOURISME

BEAU TEMPS, MAUVAIS TEMPS, IL Y AURA QUELQUES GOUTTES LE 17 SEPTEMBRE, AU DÉPART DE L’ACTIVITÉ LAVAL À VÉLO. ELLES NE TOMBERONT PAS DU CIEL MAIS DES YEUX DES DEUX CYCLISTES EN TÊTE DE PELOTON, LOUISE LAUZON ET GILLES LAVOIE. POUR EUX, CETTE FÊTE DU VÉLO SERA AUSSI LE POINT DE DÉPART D’UNE AVENTURE DE QUELQUE 18 MOIS, 14 PAYS ET 20 000 KM, JUSQU’AUX CONFINS DE L’AMÉRIQUE DU SUD : USHUAIA, EN ARGENTINE. Par Sophie Gagnon

Portant fièrement leurs vêtements de vélo FADOQ et au guidon de vélos de la compagnie montréalaise Opus, Louise et Gilles parcourront les 6 premiers km avec le groupe, avant de piquer vers le sud, direction Lacolle, et la frontière américaine.

Un nuage d’émotion les suivra sûrement un certain temps après qu’ils auront dit au revoir à leurs enfants, amis et supporteurs. Heureusement, à quelques reprises durant cette audacieuse expédition, certains viendront les rejoindre pour des vacances.

FOUS ? NON, PASSIONNÉS !« Ça y est, ils sont fous », ont dit

leurs deux enfants lorsqu’ils ont été mis au parfum du projet de Louise et Gilles. Mais ils n’étaient qu’à moitié surpris, tant leurs parents sont de véritables spécimens, rompus aux sorties hors de leur zone de confort et passionnés autant de voyages que de vélo.

« Nous avons séjourné 10 fois en Amérique latine, dont des voyages humanitaires, et nous parlons convenablement l’espagnol. À l’extérieur des grandes villes, les gens sont très accueillants et voyager à vélo nous permet d’être en contact avec eux. D’ailleurs, nous prévoyons plusieurs périodes de répit, dont une de deux mois en Équateur

pour faire du bénévolat dans un refuge pour animaux sauvages et pour enseigner l’anglais », explique Louise, une traductrice à la pige de 54 ans.

Friands d’imprévus et as de l’adaptation, ils ont calmé les quelques craintes qui pouvaient surgir en planifiant leur voyage minutieusement, en suivant toutes les formations nécessaires pour être autonomes, en convenant de ne pédaler que le jour et en se munissant d’un GPS traceur afin qu’un éventuel SOS soit reçu peu importe d’où il serait émis. S’il survient un bris, une blessure ou une autre mésaventure, ils mettront

PHOTOS : BRUNO PETROZZA

Le voyage d’une vie : LAVAL-USHUAIA À VÉLO

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3VIRAGE | AUTOMNE 2017 |

TOURISME

« LE BUT DE NOTRE VOYAGE EST DE MONTRER QUE QUEL QUE SOIT L’ÂGE, ON PEUT ACCOMPLIR SES RÊVES »

tout simplement leurs déplacements sur pause, le temps qu’il faudra.

UN RÊVE ACCESSIBLELe plus inspirant de cette histoire, c’est que Louise et Gilles ne sont pas des cyclistes au long cours. « À 50 ans, j’ai perdu 60 livres pour ajouter des années à ma vie. Nous nous sommes mis au cyclotourisme il y a trois ans seulement. En 2016, nous avons roulé plus de 3000 km durant la belle saison, et plus de 1000 km sur rouleaux durant l’hiver. Depuis le début de l’été 2017, nous pédalons 150 à 180 km par fin de semaine et nous marchons 10 à 20 km à la fois », résume le directeur ventes et marketing de 59 ans.

Il ajoute : « Le but de notre voyage est de montrer que quel que soit l’âge, on peut accomplir ses rêves. Il suffit de le faire à son rythme ». Les conjoints depuis 36 ans souhaitent d’ailleurs donner des conférences à leur retour, notamment aux groupes d’aînés. Ils tourneront des images à cette fin tout au long de leur virée à vélo.

« Les aînés sont très importants dans les communautés d’Amérique latine. Nous voulons démontrer qu’ils peuvent apporter beaucoup à la société si on leur en donne l’occasion », soutient Gilles.

CAP SUR TERRE DE FEULe projet des deux cinquantenaires

n’est pas banal. Louise et Gilles mettront six à sept semaines pour traverser les États-Unis. Ils rouleront ensuite au Mexique et en Amérique centrale durant la saison sèche. Leur pause humanitaire de deux mois en Équateur aura aussi pour but de laisser passer l’hiver avant de s’attaquer aux montagnes – lire « côtes » ! – du Pérou, du Chili et de l’Argentine.

« On coupera dans les distances lorsqu’on sera en altitude », dit Louise, la pragmatique du couple. « On va avoir du fun à descendre ces côtes-là », dit pour sa part Gilles, le fonceur, souriant à la pensée de cette sensation magique. Pourtant, c’est Louise qui a proposé ce voyage d’une vie à son conjoint. « Avant de dire oui, j’y ai réfléchi… 10 secondes ! », se souvient celui qui, comme un enfant, compte les dodos le séparant du 17 septembre.

UN REER PROJET SPÉCIAL Si vous pensez que de tels projets sont réservés aux gens riches et célèbres, détrompez-vous ! Tout d’abord, les Lauzon-Lavoie se tiendront loin des hôtels cinq

étoiles. La plupart du temps, ils se logeront par l’entremise de l’organisme Warmshowers (warmshowers.org), qui offre gratuitement le gîte aux cyclistes un peu partout dans le monde. Ils traîneront aussi leur tente et ne disent pas non à la possibilité de travailler en échange du gîte et du couvert, comme le proposent des sites tels que workaway.info

Louise fera quelques traductions ici et là au cours du voyage et Gilles a déjà une soixantaine de clients potentiels à rencontrer sur sa route. Pour le reste, les fonds proviendront d’un REER destiné à un projet spécial, dans lequel ils ont investi de longue date, se connaissant trop bien. Et puis, ils ont vendu condo et voiture, pour éliminer tous frais fixes en leur absence.

ET LE RETOUR ?À l’approche du grand jour, une question majeure demeure en suspens : leur moyen de transport pour le voyage du retour. En avion ? À vélo ? Un peu des deux ? Ils prendront la décision uns fois arrivés au bout des Amériques, en janvier ou février 2019. Tant de liberté, n’est-ce pas le luxe suprême ?

Vous pourrez suivre Louise et Gilles au lacinquantainesurdeuxroues.blogspot.ca

18 mois

20 000 km

14 pays

22 kg de bagages chacun

Altitude la plus élevée : 2800 m