INTRODUCTION

Dans le cadre du cours Plaisirs de communiquer à l’oral et à l’écrit, nous avons

été invités à lire plusieurs albums jeunesse parmi lesquels nous devions en choisir un

afin de bâtir une activité didactique qui approfondirait les thèmes principaux abordés à

l’intérieur de ce récit. À la suite de nos lectures, nous avons décidé d’exploiter le thème

de l’attachement en lien avec le récit de Lucie Papineau intitulé Le trésor de Jacob et

illustré par Steve Adams. Puisque la morale de cet album réfère aux liens familiaux et

matériels, nous avons cru intéressant de créer une activité didactique qui viendrait

expliquer les différents types d’attachement aux enfants. Vivant dans un monde de plus

en plus matérialiste, il est important de faire réaliser aux enfants qu’il est possible d’être

heureux entouré des gens qu’on aime et que la valeur monétaire d’un objet ne

correspond pas nécessairement à la valeur sentimentale qu’on lui accorde.

À l’intérieur de ce texte, nous détaillerons l’activité que nous avons développée

en commençant par un court résumé de l’album, suivi de sa structure causale. Aussi,

nous indiquerons à quels moments nous avons jugé pertinent d’arrêter la lecture pour

discuter avec les enfants. Nous développerons ensuite les activités prévues à l’intérieur

du projet. Pour terminer, nous présenterons le déroulement global du projet sous forme

de tableau.

Au tout début de l’histoire, Jacob prévoit faire une visite à Mamie Li et

s’aperçoit qu’il a perdu le petit cheval doux de sa grand-mère. Il doit donc retrouver le

jouet préféré de Mamie Li avant d’aller lui rendre visite à l’hôpital. Pour ce faire, il doit

affronter plusieurs obstacles se trouvant sur son chemin dont une flaque de boue et les

herbes hautes. Lorsqu’il réussit enfin à retrouver le petit cheval doux, Jacob découvre

que celui-ci est retenu prisonnier par le clown à grande bouche. Afin de le sauver, Jacob

reçoit l’aide de la femme à barbe, une vielle amie de Mamie, qui le propulse en canon

jusqu’au petit cheval doux avec lequel il s’échappe. Durant le trajet du retour, le petit

garçon doit à nouveau affronter les obstacles ce qui l’amène à découvrir que le petit

cheval doux a des ailes et peut voler. Jacob part ensuite voir sa grand-mère et lui raconte

son aventure. En discutant tous les deux, Jacob découvre que, tout comme ses jouets,

Mamie Li est magique puisque, quand il ferme les yeux et qu’il pense à elle, il sait

qu’elle pense à lui. Le vrai trésor de Jacob, c’est Mamie Li.

Lors de la lecture interactive avec les enfants, nous pensons qu’il serait judicieux

de prendre le temps de discuter de certaines parties du récit avec les enfants. Nous

pourrions tout d’abord nous intéresser à la première page du récit lorsque que l’on

apprend que le cœur de Jacob est « rempli de gros nuages noirs ». Afin de bien faire

comprendre aux enfants les sentiments qui habitent Jacob, il serait important de leur

demander s’ils connaissent la signification de cette métaphore. Cette intervention serait

en fait une inférence élaborative lexicale. Suite à cette explication de la métaphore, les

enfants pourraient être amenés à réfléchir à propos de ce qui a amené Jacob à éprouver

de tels sentiments. Cette inférence intégrative prospective nous permettra, dans une

activité future, d’établir des liens entre les sentiments de Jacob et ceux qu’ils pourraient

eux-mêmes ressentir suite à une perte.

Notre deuxième intervention pourrait survenir lors de la lecture de la quatrième

page du récit lorsque « Jacob ferme les yeux très, très fort, en serrant le petit camion

contre lui ». Il serait pertinent de demander aux enfants pourquoi Jacob serre-t-il le petit

camion contre lui. Nous croyons que cette inférence de type intégrative et rétrospective

pourrait aider les enfants à comprendre la transition entre la vie réelle de Jacob et le

monde imaginaire dans lequel il vient de se plonger. C’est également un moment

charnière de l’histoire.

Par la suite, à la page 10 du récit, alors que Jacob s’enfuit sur le dos du petit

cheval doux, nous apprenons que « le clown à grande tombe sur le derrière, cramoisi de

colère ». Puisque cramoisi n’est pas une expression régulièrement utilisée par les

enfants, il est important de la clarifier à l’aide d’une inférence élaborative lexicale avant

de leur demander pourquoi le clown est en colère. Cette dernière inférence est

intégrative et rétrospective puisqu’elle fait référence aux événements survenus avant

que survienne la colère du clown. Cette intervention nous paraît importante puisque

c’est à ce moment que Jacob résout son problème et réussit à sauver le petit cheval

doux.

La dernière intervention que nous comptons effectuer lors de la lecture du récit

sera à la page 15 du récit. Lors de la lecture de l’extrait suivant : « Jacob réfléchit. Puis

il hoche la tête. – Non mamie Li, c’est toi qui est magique », Jacob découvre

l’importance qu’occupe Mamie Li dans son cœur. C’est pour cette raison que nous

jugeons important de faire comprendre aux enfants ce sentiment d’attachement qu’a le

petit garçon envers Mamie Li en leur demandant pourquoi celui-ci lui dit-il qu’elle est

magique. Cette inférence élaborative prospective nous semble pertinente puisqu’elle

constitue en fait la morale de l’histoire. C’est d’ailleurs cette morale qui nous a inspiré

lors de la conception du projet de lecture.

La première période d’activité prévue avec les enfants sera donc consacrée à la

lecture interactive de l’album. Nous pensons que cette activité prendra environ 40

minutes. Par le biais de cette activité, nous voulons travailler la compétence

« communiquer oralement » et par le biais des savoirs essentiels suivants : « chercher à

préciser sa pensée », « clarifier ses propos ou ses réactions » et « déduire le sens

d’expressions ou de mots nouveaux d’après le contexte ».

La période suivant la lecture de l’album sera consacrée à la fabrication d’un

objet aimé de l’enfant. Cette activité sera introduite par une discussion en rapport avec

le livre. Suite à la discussion concernant les objets perdus et les sentiments,

l’enseignante demandera aux enfants s’ils ont un objet préféré. Après la courte

discussion suscitée par cette question, elle leur proposera de le représenter sous forme

de construction de pâte à modeler ou de dessin. En laissant aux élèves le choix du

matériel qu’ils utiliseront, ils pourront exploiter le médium qu’ils préfèrent et ils ne se

sentiront pas contraints de réaliser une tâche qui ne leur plait pas. Cette tâche sera

réalisée individuellement et devrait durer environ trente minutes. En réalisant cette

tâche, l’enfant pourra développer une partie de la compétence transversale « mettre en

œuvre sa pensée créatrice ». En ce qui concerne le domaine des arts, les savoirs

essentiels et compétence touchées par le projet sont « tracer à main levée » et « formes

tridimensionnelles ». Ainsi, l’élève sera entièrement impliqué et autonome dans son

processus de création qui exprimera concrètement sa pensée.

Dès le retour de la récréation, les élèves seront rassemblés en groupe. Les

bureaux seront disposés en forme de « table ronde », afin que chaque enfant puisse avoir

un contact visuel avec tous les autres. Chacun leur tour, les enfants devront présenter

l’objet qu’ils ont fabriqué ou dessiné aux autres. Ceux-ci tenteront de deviner pour

quelles raisons cet objet pourrait être important pour leur compagnon de classe. Il y a

une minute d’accordée au groupe afin qu’il puisse émettre des hypothèses sur

l’importance de l’objet. Cette discussion est encadrée par des droits de parole. Par la

suite, l’enfant aura une minute pour dire pourquoi l’objet est important pour lui. En tout,

cette activité devrait avoir une durée d’environ soixante minutes. Par le caractère

improvisé de cet exposé, l’élève est amené à utiliser des stratégies concrètes lui

permettant de « communiquer de façon appropriée » devant un groupe. Également, une

communication orale suppose l’utilisation d’un français adéquat, ainsi l’élève peut

pratiquer et développer cette habileté lors de cette tâche. De plus, il doit prendre des

risques, de l’initiative et assumer la possibilité d’être maladroit. Dans un autre ordre

d’idée, le savoir essentiel qui suppose le « bon fonctionnement des échanges » est

développé. Par exemple, l’enfant doit se conformer au droit de parole, au temps alloué

et au respect des opinions divergentes.

Puis, lors de la troisième période du projet, les élèves seront amenés à réfléchir

sur ce qui pourrait être plus important que leur objet préféré. Quelques élèves

volontaires pourront par la suite lever leur main et faire connaître leur réflexion à la

classe. Pour appuyer ou enrichir cette réflexion, l’enseignante devra ensuite proposer

une lecture tirée des pages 45, 46 et 47 du livre Vivre ensemble - L’argent. À l’intérieur

de ces pages, les notions de valeur sentimentale et valeur monétaire sont abordées. Suite

à cette lecture, les enfants seront amenés à discuter des propos abordés durant la lecture.

Il sera également possible de faire des liens avec l’album Le trésor de Jacob, dans

lequel Mamie Li affirme que ses jouets magiques ont moins de valeur pour elle que

Jacob. Les enfants seront amenés à réfléchir sur le fait qu’un trésor n’est pas

nécessairement matériel mais qu’il peut aussi être affectif. Cette première partie de la

période durera environ trente minutes.

À travers l’activité de lecture, le savoir essentiel « retenir l’essentiel de

l’information recueillie au plan du contenu » est sollicité puisque les enfants doivent

comprendre le texte fourni pour ensuite en discuter avec leurs pairs. Par le biais de la

discussion les élèves devront démontrer l’utilisation de certains savoirs essentiels soit

« chercher à préciser [leur] pensée », « clarifier [leurs] propos ou [leurs] réactions » et

« adopter une attitude d’ouverture ». L’élève développera donc les compétences « lire

des textes variés » et « communiquer oralement ».

La deuxième partie de la période portera sur l’écriture d’une carte adressée à une

personne qui leur est chère. Ils devront donc commencer par la planification de leur

carte en choisissant un destinataire et en développant leur sujet d’écriture. Ils devront

ensuite rédiger un brouillon de la carte à partir des idées émises lors de la planification

puis en effectuer la révision et la correction. S’ils le désirent, les élèves pourront

échanger leur carte avec un autre élève afin d’améliorer leur correction. Il est en effet

nécessaire que la carte soit exempte de fautes puisqu’elle est adressée à une personne

importante pour eux. Lorsque le texte sera entièrement corrigé, révisé et vérifié par

l’enseignant, les enfants pourront procéder à la fabrication de leur carte. Pour ce faire,

les élèves devront transcrire leur texte au propre et réaliser un dessin de leur choix pour

compléter leur carte. Cette partie de la période devrait durer environ 45 minutes.

Par le biais de cette activité, les enfants pourront développer leurs compétences

en écriture en utilisant diverses stratégies de rédaction, de révision et de correction tout

en exprimant leurs sentiments à une personne qu’ils apprécient.

CONCLUSION

En conclusion, ce projet permettra aux enfants de développer leur conception de

l’attachement et de la valeur. En plus des compétences développées par le biais des

différentes activités, l’entièreté du projet intègre des connaissances développementales

personnelles amenant l’enfant à « comprendre des situations de vie en vue de construire

son référentiel moral », à « préciser sa définition de valeurs à partir d’expériences

vécues » ainsi qu’à « pratiquer le dialogue moral ».

À la suite de ce projet, les enfants pourront ainsi réutiliser les connaissances

acquises en lien avec l’attachement dans leurs expériences personnelles futures. Bien

entendu, l’attachement n’est pas une notion que l’on peut enseigner aux enfants et, en

tant que futurs enseignants, nous ne pouvons que les amener à déterminer quelles

valeurs sont importantes à leurs yeux.

ANNEXE A

TABLEAU SYNTHÈSE DU PROJET

Titre : Le lien d’attachement

Auteures : Marie-Ève Lévesque-Lemieux, Mélissa Pettigrew-Jean, Alexandra Poiré, Caroline Sanschagrin-Paré et Anny-Pier

Sirois

Durée prévue : environ 7 périodes

Source d’inspiration : Le trésor de Jacob de Lucie Papineau et illustré par Steve Adams de la collection Dominique et

compagnie

Clientèle visée : Début du 2e cycleDisciplines : Français, arts plastique et

enseignement moral

Description de la situation d’apprentissage :La lecture de l’album Le trésor de Jacob traitant du lien d’attachement personnel et

matériel, les enfants seront emmenés à réfléchir à ces sentiments au long de discussions et d’activités. Ils feront la reproduction d’un objet qui leur est cher, ils écriront une carte

à une personne qu’ils apprécient, puis ils seront emmenés à réfléchir au sujet du deuil qui survient après la disparition d’un être cher en créant une bande dessinée illustrant

une situation semblable.

Synthèse des apprentissages ciblés :

Domaine général de formation : « Vivre ensemble et citoyenneté » Intension éducative : Amener l’élève à comprendre le lien d’attachement qu’il entretient avec son entourage et la valeur sentimentale des objets qui l’entourent.

Compétences transversales : « Mettre en œuvre sa pensée créatrice » et « Communiquer de façon appropriée »

Compétences disciplinaires : « Communiquer oralement », « Lire des textes variés », « Écrire des textes variés », « Réaliser des créations plastiques personnelles » Savoirs essentiels visés :Français : « Chercher à préciser sa pensée », « Clarifier ses propos ou ses réactions », « Adopter une attitude d’ouverture »Arts : « Tracer à main levée », « Formes tridimensionnelles »

1. PréparationPrésentation de la situation de départ

Après avoir lu Le trésor de Jacob, une discussion a été faite avec les élèves afin de leur faire comprendre le lien d’attachement qu’ils vivent avec leurs parents, leurs amis et

même leurs objets. Des activités suivront…

2. Réalisation

Description des tâches et matériel utilisé Compétences ciblées

Tâche 1 : Discussion avec les élèves à propos du lien d’attachement

« Adopter une attitude d’ouverture »

Tâche 2 : Reproduction d’un objet auquel tiennent beaucoup les élèves, un objet qu’ils aiment particulièrementMatériel utilisé : matériel de bricolage disponible, crayons de couleur, papier, pâte à modeler…

« Réaliser des relations plastiques personnelles » « Tracer à main levée », « Formes tridimensionnelles »

Tâche 3 : Les élèves doivent présenter leur objet et dire pourquoi il est important pour euxMatériel utilisé : Objets préalablement fabriqués par les élèves

« Communiquer de façon appropriée » « Chercher à préciser sa pensée », « Clarifier ses propos ou ses réactions », « Adopter une attitude d’ouverture »

Tâche 4 : Discussion sur ce qui pourrait être plus important que l’objet qu’ils ont fabriqué

« Adopter une attitude d’ouverture »

Tâche 5 : Lecture du texte présenté (pages 45, 46 et 47 du livre Vivre ensemble - L’argent) et discussionMatériel utilisé : photocopies du texte pour chaque élève

« Lire des textes variés »

Tâche 6 : Écriture d’une carte adressée à une personne qui leur est chèreMatériel utilisé : Cartons de couleur, crayons, matériel de correction (dictionnaires, grammaires…), feuilles brouillon

« Écrire des textes variés » Utiliser des stratégies d’écriture

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

De Lasa, C. et illustré par Lapointe, C. (1999). Oscar et son doudou chéri. Calligram.

Jaffé, L. et St-Marc, L. (1998). Vivre ensemble en famille. France : Éditions Bayard.

Jaffé, L. et St-Marc, L. (1998). Vivre ensemble l’argent (p.45 à 47). France : Éditions Bayard.

Ministère de l’éducation du Québec (2001). Programme de formation de l’école québécoise. Québec : Ministère de l’éducation du Québec

Papineau, L. et illustré par Adams, S. (2005). Le trésor de Jacob. Québec : Éditions Héritage.