Le Temps du 30 septembre 2015

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International Les premières frappes russes en Syrie sèment la zizanie au Conseil de sécurité ●●● PAGE 4 Trading Claude Dauphin, fondateur et leader incontesté de Trafigura, est mort ●●● PAGE 19 Scènes Le théâtre fait sa révolution acoustique. Explications en cinq actes. ●●● PAGE 25 Pont Bessières 3, CP 6714, 1002 Lausanne Tél. : +4121 331 78 00 Fax +4121 331 70 01 www.letempsarchives.ch Collections historiques intégrales: Journal de Genève, Gazette de Lausanne et Le Nouveau Quotidien. POUR VOUS ABONNER : www.letemps.ch/abos 0848 48 48 05 (tarif normal) INDEX Avis de décès............................ 22 Bourses et changes ........... 17 Fonds...................................... 20-21 Téléphones utiles ................ 22 Toutes la météo..................... 14 ●●● PAGE 23 ●●● PAGE 3 J.A. 1002 Lausanne / www.letemps.ch JEUDI 1 er OCTOBRE 2015 / N°5321 CHF. 3.50 / France € 2.70 771423 396001 9 40040 PUBLICITÉ Le sport a été toutes ces dernières années l’un des principaux relais du soft power helvétique. Mais cela est en train de changer. Le départ annoncé de Sepp Blaer de la FIFA n’est que la partie émergée d’un phé- nomène plus vaste. Partout, dans toutes les fédérations sportives, les Suisses sont en recul. Le 25 septembre, René Stammbach, un Argo- vien qui visait le sommet du tennis mondial, a été sèche- ment bau au premier tour de l’élection du président de la fédération internationale qui régit ce sport. Son adver- saire américain l’a surclassé en embauchant des lob- byistes, un signe de profes- sionnalisme qui a surpris et fâché le candidat suisse. Depuis deux ans, des échecs similaires se sont enchaînés en aviron, lue, hippisme et au Comité inter- national olympique, où l’in- fluence suisse résiduelle est désormais menacée. Comment expliquer ces déconvenues dans un domaine où les Suisses régnaient en maîtres? La concurrence internationale est devenue plus vive. Autrefois considérés comme ennuyeux et ingrats, les postes de dirigeants et d’administrateurs de fédé- rations sportives suscitent désormais une lutte d’in- fluence féroce au niveau international. Et les atouts suisses traditionnels ont perdu de leur importance. Le réseau, les vieilles ami- tiés et les poignées de main ne suffisent plus à emporter une élection. Le système de promotion qui avait pro- pulsé les Suisses au sommet a vécu. Avant, des secré- taires généraux omnipo- tents régnaient à l’ombre de présidents honorifiques et qui voyageaient peu. Ces secrétaires généraux étaient souvent Suisses, à l’image de Sepp Blatter. A force de gouverner, ils finis- saient par devenir eux- mêmes numéro un. Les présidents actuels sont bien plus actifs et ne se reposent plus autant sur leurs fidèles fonctionnaires. Consolation tout de même: les étrangers qui s’emparent aujourd’hui des fédérations internationales ont souvent été formés en Suisse, ou ont fait le pèlerinage à Lausanne pour s’initier aux arcanes de la politique sportive. Et les qualités helvétiques tradi- tionnelles – maîtrise des langues, onctuosité diplo- matique, distance envers les jeux de pouvoir internatio- naux – restent primordiales pour briller dans les étages dirigeants du sport. SYLVAIN BESSON ET LAURENT FAVRE Les Suisses perdent leur pouvoir sur les fédérations sportives INFLUENCE L’agonie du système Blatter masque le recul des dirigeants helvé- tiques en tennis, aviron, hippisme, lutte... Enquête sur un phénomène qui s’ac- centue depuis deux ans Les guerres d’Elon Musk AUT0 Le patron de Tesla dévoile le Model X, un 4x4 électrique qui prend de vitesse ses concurrents. Et est doté d’un dispositif anti-armes bactériologiques. De l’utilité d’un quotidien dans le débat public Faire un quotidien est un miracle et cela l’a toujours été. Raconter en quelques pages une journée de l’his- toire du monde revient à ceux qui ont soit un ego extraordinaire, soit une humilité désarmante pour ne pas être écrasés par cee ambition. Mais c’est toujours une tâche che- valeresque qu’il faut recommencer jour après jour. Le romantisme du plomb, le travail d’enquête, la décou- verte d’une grande affaire comme la force d’un édito qui capture l’air du temps en quelques milliers de signes ont créé une légende autour du métier de journaliste. La technologie a changé, les per- sonnages ont évolué et la profession a connu son lot de mises en cause et de remises en question. Mais le pouls d’une rédaction bat toujours de la même manière, au rythme de la publication d’histoires qui tissent un lien extraordinaire entre un jour- nal et son lectorat. L’aventure conti- nue et s’amplifie sur le papier comme sur le Web. Alors qu’il n’y a jamais eu autant d’informations, ce serait une folie de croire que le tra- vail des journalistes devient vain. C’est exactement le contraire. Le Temps change de format aujourd’hui avec le passage au monocahier (qui nous permet plus de flexibilité lorsqu’il s’agit d’ari- buer plus ou moins de pages à une rubrique), une édition du week-end qui – nous l’espérons – vous démon- trera que le samedi est le nouveau dimanche, ainsi qu’un site web, lui aussi, transformé et renforcé. Nous avons ces derniers mois beaucoup fait évoluer le titre, avec de nom- breux encouragements de votre part à ce sujet. L’enquête, la prise de risques ont toujours payé quand il s’agit d’embrasser l’époque, d’entrer en conversation avec son audience. La ligne du journal, libéral et humaniste, n’a pas changé. La mission non plus. Nous sommes là pour informer et faire réfléchir. Le Temps s’inscrit dans une tra- dition de titres ambitieux, passion- nés par les grandes idées, dédiés à la compréhension des événements et engagés pour révéler ceux qui font bouger les lignes. Nous aimons l’éco- nomie, et le social ne nous fait pas peur, les affaires du monde sont les nôtres, le débat politique se tient aussi dans nos pages et nous avons la culture chevillée au cœur. Mais l’histoire de ce journal ne tient pas que dans les grands sujets et les mots en «isme». L’insoutenable légè- reté de nos existences transparaît aussi dans nos lignes parce qu’il faut de la chair dans tout projet journa- listique. Bienvenue dans le nouveau Temps. STÉPHANE BENOIT-GODET ÉDITORIAL Notre mission? Informer et faire réfléchir «La violence des débats est phénoménale» INTERVIEW Inquiet des défaillances de l’UE, Pas- cal Lamy, l’un des architectes de l’euro, propose cinq idées pratiques et immédiates pour relancer la construction européenne. Et espère que la Grande-Bretagne trouvera le bon «narratif» pour se persuader de rester dans l’UE. ●●● PAGE 12 Thomas Stocker, un Suisse roi du climat RÉCHAUFFEMENT Le Bernois Thomas Stocker est candidat à la présidence du GIEC, la plus haute autorité mondiale en matière de changement cli- matique. La décision tombera le 6 octobre. Ce climatologue de renom a contribué à rendre les travaux du GIEC plus accessibles.Mais il affronte une forte concurrence. ●●● PAGE 14 Glencore doit se désendeer, et vite MATIÈRES PREMIÈRES Massacré en bourse cee semaine, le géant suisse des mines et du négoce doit rembourser 13,8 milliards de dees d’ici à mai 2016. Et pour cela céder des actifs et liquider des activités. Le négoce de produits agricoles, d’or et d’argent pourrait faire les frais de ce plan de désinvestissement. ●●● PAGE 16 Ce que Glencore doit rembourser Fonds dont dispose l’entreprise 34,1 MILLIARDS 13,8 MILLIARDS «Aujourd’hui, le réseau, les vieilles amitiés et les poignées de main ne suffisent plus à remporter une élection» Bande dessinée Vingt ans après la mort d’Hugo Pratt, la résurrection de Corto Maltese ●●● PAGE 26

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Premier exemplaire de la nouvelle formule du Temps. Plus d'informations: http://www.letemps.ch/nouveau/

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InternationalLes premières frappes russes en Syrie sèment la zizanie au Conseil de sécurité ● ● ● PAGE 4

TradingClaude Dauphin, fondateur et leader incontesté de Trafigura, est mort ● ● ● PAGE 19

ScènesLe théâtre fait sa révolution acoustique. Explications en cinq actes. ● ● ● PAGE 25

Pont Bessières 3, CP 6714, 1002 LausanneTél. : +4121 331 78 00Fax +4121 331 70 01

www.letempsarchives.chCollections historiques intégrales: Journal de Genève, Gazette de Lausanne et Le Nouveau Quotidien.

POUR VOUS ABONNER :www.letemps.ch/abos 0848 48 48 05 (tarif normal)

INDEXAvis de décès............................ 22Bourses et changes ........... 17

Fonds ...................................... 20-21Téléphones utiles ................ 22Toutes la météo ..................... 14

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J.A. 1002 Lausanne / www.letemps.ch

JEUDI 1er OCTOBRE 2015 / N°5321CHF. 3.50 / France € 2.70

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Le sport a été toutes ces dernières années l’un des principaux relais du soft power helvétique. Mais cela est en train de changer. Le départ annoncé de Sepp Blatter de la FIFA n’est que la partie émergée d’un phé-nomène plus vaste. Partout, dans toutes les fédérations sportives, les Suisses sont en recul. Le 25 septembre, René Stammbach, un Argo-vien qui visait le sommet du tennis mondial, a été sèche-ment battu au premier tour de l’élection du président de la fédération internationale qui régit ce sport. Son adver-

saire américain l’a surclassé en embauchant des lob-byistes, un signe de profes-sionnalisme qui a surpris et fâché le candidat suisse.

Depuis deux ans, des échecs similaires se sont enchaînés en aviron, lutte, hippisme et au Comité inter-national olympique, où l’in-fluence suisse résiduelle est désormais menacée.

Comment expliquer ces d é c o nve n u e s d a n s u n domaine où les Suisses régnaient en maîtres? La concurrence internationale est devenue plus vive. A u t r e f o i s c o n s i d é r é s comme ennuyeux et ingrats, les postes de dirigeants et d’administrateurs de fédé-rations sportives suscitent désormais une lutte d’in-fluence féroce au niveau international. Et les atouts suisses traditionnels ont

perdu de leur importance. Le réseau, les vieilles ami-tiés et les poignées de main ne suffisent plus à emporter une élection. Le système de promotion qui avait pro-pulsé les Suisses au sommet a vécu. Avant, des secré-taires généraux omnipo-tents régnaient à l’ombre de présidents honorifiques et qui voyageaient peu. Ces s e c r é t a i r e s g é n é r a u x étaient souvent Suisses, à

l’image de Sepp Blatter. A force de gouverner, ils finis-saient par devenir eux-mêmes numéro un. Les présidents actuels sont bien plus actifs et ne se reposent plus autant sur leurs fidèles fonctionnaires.

Consolation tout de même: les étrangers qui s’emparent aujourd’hui des fédérations internationales ont souvent été formés en Suisse, ou ont fait le pèlerinage à Lausanne pour s’initier aux arcanes de la politique sportive. Et les qualités helvétiques tradi-tionnelles – maîtrise des langues, onctuosité diplo-matique, distance envers les jeux de pouvoir internatio-naux – restent primordiales pour briller dans les étages dirigeants du sport.

■ SYLVAIN BESSON ET LAURENT FAVRE

Les Suisses perdent leur pouvoir sur les

fédérations sportivesINFLUENCE L’agonie du système Blatter masque le recul des dirigeants helvé-tiques en tennis, aviron, hippisme, lutte... Enquête sur un phénomène qui s’ac-centue depuis deux ans

Les guerres d’Elon Musk

AUT0 Le patron de Tesla dévoile le Model X, un 4x4 électrique qui prend de vitesse ses concurrents. Et est doté d’un dispositif anti-armes bactériologiques.

De l’utilité d’un quotidien dans le débat public

Faire un quotidien est un miracle et cela l’a toujours été. Raconter en quelques pages une journée de l’his-toire du monde revient à ceux qui ont soit un ego extraordinaire, soit une humilité désarmante pour ne pas être écrasés par cette ambition. Mais c’est toujours une tâche che-valeresque qu’il faut recommencer jour après jour. Le romantisme du plomb, le travail d’enquête, la décou-verte d’une grande affaire comme la force d’un édito qui capture l’air du temps en quelques milliers de signes ont créé une l ége n d e autou r du métier de journaliste.

La technologie a changé, les per-sonnages ont évolué et la profession a connu son lot de mises en cause et de remises en question. Mais le pouls d’une rédaction bat toujours de la même manière, au rythme de la publication d’histoires qui tissent un lien extraordinaire entre un jour-nal et son lectorat. L’aventure conti-nue et s’amplifie sur le papier comme sur le Web. Alors qu’il n’y a jamais eu autant d’informations, ce serait une folie de croire que le tra-vail des journalistes devient vain. C’est exactement le contraire.

Le Temps change de format aujourd’hui avec le passage au monocahier (qui nous permet plus de flexibilité lorsqu’il s’agit d’attri-buer plus ou moins de pages à une rubrique), une édition du week-end

qui – nous l’espérons – vous démon-trera que le samedi est le nouveau dimanche, ainsi qu’un site web, lui aussi, transformé et renforcé. Nous avons ces derniers mois beaucoup fait évoluer le titre, avec de nom-breux encouragements de votre part à ce sujet. L’enquête, la prise de risques ont toujours payé quand il s’agit d’embrasser l’époque, d’entrer en conversation avec son audience.

La ligne du journal, libéral et humaniste, n’a pas changé. La mission non plus. Nous sommes là pour informer et faire réfléchir. Le Temps s’inscrit dans une tra-

dition de titres ambitieux, passion-nés par les grandes idées, dédiés à la compréhension des événements et engagés pour révéler ceux qui font bouger les lignes. Nous aimons l’éco-nomie, et le social ne nous fait pas peur, les affaires du monde sont les nôtres, le débat politique se tient aussi dans nos pages et nous avons la culture chevillée au cœur. Mais l’histoire de ce journal ne tient pas que dans les grands sujets et les mots en «isme». L’insoutenable légè-reté de nos existences transparaît aussi dans nos lignes parce qu’il faut de la chair dans tout projet journa-listique. Bienvenue dans le nouveau Temps.

STÉPHANE BENOIT-GODET

ÉDITORIAL

Notre mission? Informer et faire

réfléchir

«La violence des débats est phénoménale»INTERVIEW Inquiet des défaillances de l’UE, Pas-cal Lamy, l’un des architectes de l’euro, propose cinq idées pratiques et immédiates pour relancer la construction européenne. Et espère que la Grande-Bretagne trouvera le bon «narratif» pour se persuader de rester dans l’UE. ● ● ● PAGE 12

Thomas Stocker, un Suisse roi du climatRÉCHAUFFEMENT Le Bernois Thomas Stocker est candidat à la présidence du GIEC, la plus haute autorité mondiale en matière de changement cli-matique. La décision tombera le 6 octobre. Ce climatologue de renom a contribué à rendre les travaux du GIEC plus accessibles.Mais il affronte une forte concurrence. ● ● ● PAGE 14

Glencore doit se désendetter, et vite

MATIÈRES PREMIÈRES Massacré en bourse cette semaine, le géant suisse des mines et du négoce doit rembourser 13,8 milliards de dettes d’ici à mai 2016. Et pour cela céder des actifs et liquider des activités. Le négoce de produits agricoles, d’or et d’argent pourrait faire les frais de ce plan de désinvestissement. ● ● ● PAGE 16

Ce que Glencore doit rembourser

Fonds dont dispose l’entreprise

34,1 MILLIARDS

13,8 MILLIARDS

«Aujourd’hui, le réseau, les vieilles amitiés et les poignées de main ne suffisent plus à remporter une élection»

Bande dessinéeVingt ans après la mort d’Hugo Pratt, la résurrection de Corto Maltese ● ● ● PAGE 26

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

MICHEL DANTHE

L’arrivée d’une célébrité média-tique ou géopolitique sur Twitter, où elle n’était pas auparavant ou plus depuis longtemps, est désor-mais un événement médiatique en soi. On se souvient ainsi de l’entrée officielle de Dominique Strauss-Kahn le 21 juin de cette année, avec un tonitruant et énigmatique «Jack is back». Depuis, l’ancien directeur du FMI en a pondu cinq autres, est suivi par quelque 70 000 comptes et ne dit plus grand-chose depuis le mois de juillet.

En sera-t-il de même avec l’arri-vée, tout aussi remarquée, d’Ed-ward Snowden, le célébrissime donneur d’alerte et ancien agent de la CIA qui, lui aussi, a franchi le pas le 29 septembre à 16 h GMT ? Comme pour Strauss-Kahn, son compte, @snowden (dûment authentifié par Twitter), a immé-diatement été adopté par des dizaines de milliers de followers et en dénombre, à l’heure où nous écrivons, près de 900 000.

Mais, contrairement à Domi-nique Strauss-Kahn, Edward Snowden semble bien décidé à occuper le terrain puisqu’il s’est

La bataille de Snowden sur TwitterCONVERSATION Le lanceur d’alerte américain, actuellement réfugié en Russie, a décidé de mener la bataille des idées éga-lement sur Twitter. Où son compte est tout sauf décoratif

pour un ami.» Neil deGrasse Tyson pose alors sa question :«Ed @Snowden, beaucoup vous appellent un héros, d’autres un traître. Quoi que vous soyez, vous êtes pour moi un geek. Que pen-sez-vous des étiquettes  dont on vous affuble ?»

Et, comme on est sur Twitter et que la discussion est publique, un ancien analyste de la Rand Cor-poration se mêle à la discussion, Daniel Ellsberg, le grand-père de tous les lanceurs d’alerte d’au-jourd’hui. Celui-là même, bien avant Edward Snowden, qui balança à la presse américaine des milliers de pages de documents classifiés concernant le processus de décision du Pentagone lors de la guerre du Vietnam. C’était en 1971, Edward Snowden n’était pas né. «Les étiquettes n’arrêtent pas le progrès», déclare l’ancien à Snowden. Entre lanceurs d’alerte on se comprend et l’on est en bonne compagnie...

S’il navigue avec près de 900 000 followers à ses basques, Edward Snowden ne suit, quant à lui, qu’un seul compte : celui de la NSA. Là aussi, la posture fleure bon l’ironie, chez celui qui se pré-sente dans sa bio-express ainsi : «Avant, je travaillais pour le gou-vernement. Maintenant, je tra-vaille pour le public.» Et où donc cela ? A la Fondation Freedom of the press, que dirige, précisé-ment, Daniel Ellsberg.

fendu depuis son arrivée de six tweets à la tonalité à la fois iro-nique et autoréférentielle.

L’ironie, elle caractérise sa pre-mière entrée en matière, son pre-mier tweet, emprunté à la publi-cité d’un réseau téléphonique américain : Can you hear me now ?, «Vous m’entendez maintenant ?» Oui, le public l’a entendu puisque, aussitôt lancée la question, c’était l’émeute chez les followers.

L’ironie, elle imprègne les piques qu’il lance à la NSA («Entre-temps, un millier de personnes à Fort Meade – le quartier général de la NSA – viennent d’ouvrir Twitter.»).

L’ironie, elle lance des coups d’œil à la culture web en décla-

rant : «La surveillance ne dort jamais et des projets secrets à @ FreedomofPress me tiennent bien occupé, mais je trouve encore assez de temps pour des photos de chats.»

Mais le donneur d’alerte fait éga-lement dans l’autoréférentiel lors-qu’il emmanche une discussion avec une des célébrités scienti-fiques américaines les plus popu-laires, l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson, qui est un peu le fils spirituel de l’astronome Carl Sagan. «Et maintenant on a donc de l’eau sur Mars !» lui lance Snowden, qui poursuit : «Pen-sez-vous qu’ils contrôlent aussi les passeports à l’entrée ? Je demande

Le compte Twitter d’Edward Snowden, lancé le 29 septembre, fait exploser les compteurs: déjà près d’un million de followers. (FLORIAN DAVID/AFP)

Il y a quelques semaines, j’ai pris l’avion pour me rendre à un festival, Join Alive, dédié à la pop nipponne. Une des têtes d’af-fiche, Hatsune Miku, est une adolescente de 16 ans au brin de voix acrobate, dont le nom évoque quelques sonorités venues du futur. Miku est accompagnée par de vrais musi-ciens, et elle se produit (dans une profonde obscurité) devant des milliers de fans véri-tables. Sa particularité: être un hologramme.

Tout, chez elle, est synthétique. Sa voix est générée par un logiciel (la série Vocaloid) capable d’émuler n’importe quels mots et mélodies. Et Crypton Future Media, la société qui l’exploite, a mis sur le marché diverses applications permettant à ses fans de la faire chanter et danser à leur guise.

Cela fait longtemps que l’artifice est une donnée essentielle de la pop culture et du vedettariat. Albums et campagnes de promo

sont liftés via AutoTune et Photoshop; cha-cun sait qu’ils n’ont pas de valeur documen-taire. Alors pourquoi, dans cette industrie du faux, l’incarnation est-elle à ce point nécessaire?

Parce que la célébrité fonctionne de manière différentielle. Différences entre le corps et ses images, entre les images qui produisent le corps, différences entre l’avant et l’après-maquillage (Madonna!), l’après et l’avant-chirurgie esthétique (Cher!), diffé-rence entre le mari idéal et l’amant infidèle (Tiger Woods!), entre star glamour et junkie misérable (Whitney Houston!). Y a-t-il une réalité, une constance sous le puzzle des signes à travers lesquels nous donnons un sens aux stars? Une célébrité n’est jamais aussi attirante que lorsqu’elle dérape. Le business des tabloïds se fonde dans cette tension.

Avec Hatsune Miku s’effondre la distinction entre image et produit. Acheter une appli-cation, c’est consommer l’idole elle-même. Il lui manque du coup un certain degré d’im-prévisibilité et de scandale propres aux célé-brités incarnées. En même temps, possibi-lité est donnée aux fans de manipuler, agencer et personnaliser Hatsune Miku à l’envi et à l’infini. Le plaisir du fétichisme et de l’«objetisation» atteint des sommets.

Lorsque la pénombre est venue et que Hatsune Miku s’est mise à scintiller sur scène sous ses cheveux de lumière tur-quoise, un émerveillement enfantin m’a envahi. J’ai levé les bras. Acclamer une star qui n’existe pas procure un sentiment paradoxal grisant: celui d’être en vie, assurément.

JONAS PULVER, TOKYO

TOKYO SELFIE

Hatsune Miku, l’idole qui n’existe pas

ArnaqueLa menace du passage du tout gratuit sur Facebook à un réseau social payant? C’est un hoax!

PolémiqueDepuisle 24 septembre, Maïtena Biraben attire sur elle l’opprobre de toute la presse, qui croit ainsi lutter contre le Front national.

CoiffureDepuis quelques jours, le mot-dièse #manbraid met à l’honneur les tresses pour hommes.

DéveloppementTwitter réfléchit à l’apparition de textes de plus de 140 caractères, afin d’attirerun nouveau public et de faciliterla communication d’entreprises etde personnalités.

PIQUÉ AU VOL

H&M intègre le hidjab dans sa campagne de pubH&M l’a fait. A fait quoi? Intégrer une femme voilée dans sa nouvelle campagne de pub écologiste. Le mannequin s’appelle Mariah Idrissi. Elle est Londonienne, musulmane, et porte fièrement le hidjab. Le slogan: «En mode, il n’y a pas de règle, sauf une: recyclez vos vêtements.» Le voile est-il une mode? s’indignent ceux qui y voient le signe de l’oppression des femmes, mais aussi les croyants choqués qu’il puisse devenir un colifichet. Pour Mariah Idrissi, cette campagne a le mérite de rendre visible une population que la mode ignore complètement, les femmes en foulard. «J’ai constaté deux attitudes: ceux qui trouvent super que des femmes puissent être belles avec un hidjab, et ceux qui pensent qu’on est forcées de le porter.» Ce clivage se retrouve sur sa page Facebook, où l’affiche H&M a été partagée près de 1500 fois.

La féroce guerre des images entre télés et WebC’est une étude mondiale d’Eurodata qui le dit: la bataille des images animées pour capter les audiences fait rage dans le monde entier: pour conquérir les quatre écrans (télévision, ordinateur, tablette et téléphone), tout le monde produit des images. Ce qu’ont compris des acteurs comme GoPro, qui a lancé au début de l’année une chaîne vidéo dédiée aux sports extrêmes; ou bien encore, dans le même style, les vidéos de l’extrême de Bear Grylls Adventure, sur YouTube. Un éclatement généralisé des audiences qui pose un vrai défi aux chaînes traditionnelles. A voir sur YouTube.

Nadine Morano superstar, pour la joie de tousElle faisait déjà intrinsèquement la joie des réseaux sociaux, pour ses saillies incontrôlées et légendaires: Nadine Morano. Le site Topito nous rappelait récemment l’une de ses perles, évoquant Nicolas Sarkozy: «Qui lui arrive à la cheville? Pour l’instant, personne. Pour moi, il y a Napoléon, de Gaulle et Sarkozy.» Gageons donc qu’à l’heure où celui-ci, aujourd’hui chef du principal parti d’opposition, a saisi la commission nationale d’investiture des Républicains pour «retirer» Nadine Morano de la liste de candidats du parti dans l’est de la France, le ton va changer. Cela a déjà commencé: «Je m’étonne de l’annonce d’une décision d’éviction sans que la commission nationale d’investiture ne se soit réunie…#démocratiedeslr.» A lire ses supporters, cela va chauffer. @nadinenadine_morano

SUR LES RÉSEAUX

C M Y K

2 Conversation

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

Le pouvoir sportif suisse en voie d’extinctionLAURENT FAVRE

LE CONTEXTE Démission de Sepp Blatter, retraite de Denis Oswald, non-élection de René Stammbach, la Suisse n’a plus la cote dans le sport international

LES ENJEUX De très nombreux pays misent désormais sur la gouvernance sportive pour accroître leur influence et leur visibilité internationales

LE RÉSULTAT Longtemps surrepré-sentée, la Suisse doit s’adapter ou accepter de ne plus jouer qu’un rôle secondaire dans les commissions internes

Les derniers soubresauts de la FIFA n’y changeront rien. Le 26 février 2016, Sepp Blatter ne sera plus pré-sident de la Fédération internationale de football association. Son succes-seur sera peut-être Nigérian, Français, Brésilien ou Jordanien, mais il ne sera pas Suisse. Le départ de l’omnipotent patron du foot mondial confirmera une tendance très nette observée depuis quelques années: la perte d’in-fluence des Suisses dans les fédéra-tions sportives internationales. Ce qui s’apparentait il y a peu à une spécialité helvétique ne passera bientôt plus que pour un archaïsme.

Le 25 septembre, l’Argovien René Stammbach, président de Swiss Ten-nis, a échoué (assez nettement) à deve-nir le président de la Fédération inter-nationale de tennis (ITF). En décembre 2014, Pierre Genecand n’avait récolté que six voix lorsqu’il s’était présenté à la présidence de la Fédération équestre internationale (FEI). En juil-let 2014, le Neuchâtelois Denis Oswald a cédé au Français Jean-Christophe Rolland son fauteuil de président de la Fédération internationale des socié-tés d’aviron (FISA), qu’il occupait depuis 1989. Un an plus tôt, il fut sèchement battu pour la présidence du Comité international olympique (CIO) par l’Allemand Thomas Bach (49 voix contre 5). Raphy Martinetti, lui, avait obtenu 11 voix en sa faveur contre 10 lors d’un vote de confiance mais, s’estimant insuffisamment soutenu par son comité, le Valaisan préféra démissionner en février 2013 de la présidence de la Fédération interna-tionale des luttes associées (FILA).

Durant une quinzaine d’années, la Suisse a compté six membres du CIO, l’arrivée du secrétaire général de la FIBA (basket), Patrick Baumann, en 2007 «com-pensant» le décès en 2006 de l’ancien président de la Fédé-ration internationale de ski (FIS) et membre à vie Marc Hodler. Ils ne sont plus aujourd’hui que trois: Patrick Baumann donc (la FIBA ayant adopté une présidence tournante, c’est le secrétaire général qui siège au CIO) ainsi que René Fasel et Gianfranco Kasper. Mais les sièges du Fribour-geois et du Grison sont fragilisés; pour l’un par la candidature du Russe Alexander Medvedev à la présidence de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) l’an prochain, pour l’autre par la limite d’âge. A la tête de la FIS depuis 1998, Gianfranco Kas-per a obtenu une dérogation pour se maintenir jusqu’en 2018.

On peut ajouter à cette liste la perte du poste de directeur général du CIO, occupé depuis 2011 par le Belge Chris-tophe De Kepper après avoir été «tenu» durant seize ans par des Suisses (François Carrard, 1989-2003, Urs Lacotte, 2003-2011) et même les non-élections du Vaudois Sergeï Aschwanden (2012) et du Neuchâtelois Didier Cuche (2014) à la commission des athlètes du CIO.

A priori, ces événements n’ont pas de rapport direct entre eux. Chaque fédération est indépendante et le scandale de la FIFA est trop récent pour avoir une quelconque incidence. Il existe tout de même un trait com-mun à beaucoup de ces cas: le manque de préparation et l’amateurisme des

candidatures. Denis Oswald s’est lancé la fleur au fusil dans la course au CIO, René Stammbach a regretté que son adversaire américain ait embauché une équipe de lobbyistes, Didier Cuche avait pesté à l’époque contre «le manque de fair-play du vote

des athlètes», Raphy Marti-netti dénoncé «un complot des Russes et de leurs alliés». «La poignée de main, les copains, le réseau, tout ça, c’est fini,

explique Greg Curchod, directeur de TSE Consulting Suisse, une agence de conseils en événements sportifs. MM. Stammbach et Oswald ont été sinon naïfs, du moins candides. Aujourd’hui, gagner une élection est devenu un métier.» «C’étaient des candidatures un peu à la désespérée, appuie Jean-Loup Chappelet, professeur à l’ID-HEAP.

PRÉSIDENTS Depuis deux ans, la perte d’influence des Suisses dans les fédérations sportives est une tendance lourde. Explications

tions sportives.» Patrick Baumann, le secrétaire général de la FIBA, a vu l’exemple de la Turquie, pays fou de basket, pousser pour promouvoir Tur-gay Demirel à la tête de la FIBA Europe. «Cela fait aujourd’hui partie d’une politique sportive globale, comme sou-tenir des athlètes ou porter une can-didature, estime-t-il. Mais je ne crois pas qu’il y ait une recette pour plani-fier scientifiquement une élection. C’est plutôt une affaire de cycles.»

La France, qui a souvent donné aux fédérations sportives internationales ses premiers dirigeants (Pierre de Cou-bertin, Jules Rimet), tient aujourd’hui comptabilité de ses hommes d’in-fluence. Les Etats-Unis, qui viennent de voir élire David Haggerty à l’ITF, ont effectué un travail de fond depuis dix ans pour reconquérir une visibilité internationale. La lutte est sans pitié, la concurrence globale. Et la Suisse? Elle contribue à former ces nouveaux dirigeants étrangers. «Beaucoup de ces jeunes talents viennent à Lausanne pour s’imprégner de ce que signifie manager une fédération sportive», observe Greg Curchod.

Patrick Baumann a fait comme eux, apprenant son métier dans l’ombre de Borislav Stankovic, mythique secrétaire général de la FIBA. Il était dans la salle en 2001 lorsque Adolf Ogi ne fut pas élu au CIO. Son élection, en 2007, ne fut pas évidente. «Certains estimaient qu’il y avait déjà trop de Suisses, mais c’est compréhensible: le CIO est une organisation mondiale et tous les pays qui n’y sont pas repré-sentés poussent pour entrer.»

De sa nomination au secrétariat général de la FIBA, Patrick Baumann se souvient des mots de son prédéces-seur. «Tu es Suisse, c’est-à-dire neutre et polyglotte.» Deux qualités dont la gouvernance sportive aura toujours besoin. ■

ENQUÊTE

Dans les commissions, des Suisses très présentsFOOTBALL A la FIFA, les présidents des nombreuses commissions sont souvent Suisses et jugés trop proches de Sepp Blatter. Ils clament leur indé-pendance

Les sceptiques ont toujours considéré la création des commissions d’éthique, d’au-dit ou de surveillance de la FIFA comme des alibis montés par Sepp Blatter pour faire croire à sa volonté de changer. Les dernières révélations n’ont pas aidé à crédibiliser ces surveillants internes. «Certains parlent beaucoup mais pro-duisent peu de résultats», constate Roland Büchel.

Si le conseiller national (UDC/SG) s’agace de leur inefficacité, d’autres pointent leur trop grande proximité avec la fédération qu’ils sont censés discipliner. «Ce sont tous des Suisses qui fréquentent les

mêmes sphères. Comment voulez-vous qu’ils soient totalement objectifs?» inter-roge un expert de la gouvernance.

Le Lausannois François Carrard, ancien directeur du CIO, vient d’être nommé à la tête du nouveau comité de réformes. Le président de la chambre d’audit, Domenico Scala, né à Bâle, est Ita-lo-Suisse. Avant eux, il y a eu Mark Pieth, spécialiste de la lutte anti-corruption, mandaté par Sepp Blatter pour auditer la FIFA entre 2011 et 2013. Enfin, Cornel Borbély préside la chambre d’investiga-tion de la commission d’éthique.Cet avocat zurichois, qui voit rouge lors-qu’on remet en doute son indépendance, a remplacé l’ancien procureur américain Michael Garcia, qui a démissionné à fin 2014. Il estimait que son rapport sur les conditions d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 avait été édulcoré

par la FIFA. Michael Garcia était l’un des seuls étrangers que la FIFA a laissés enquêter en interne. «Sa nationalité et son pedigree avaient suscité un vrai espoir de changement», se souvient notre expert. «Il avait le défaut de ne pas connaître le monde du football», com-plète Roland Büchel.

Connaître les rouages sans être de la famille: voilà le dilemme. La FIFA recrute donc parmi des proches, des gens du milieu et, souvent, des Suisses. «Ce n’est pas juste une question de nationalité, reprend le parlementaire, il y a plus de chances que les spécialistes se trouvent ici.» Suisses, Autrichiens ou Péruviens, Roland Büchel est formel: ces commis-sions n’ont plus aucun sens. Aujourd’hui, les surveillants de la FIFA, «ce sont les sponsors et les procureurs Loretta Lynch et Michael Lauber». ■ SERVAN PECA

«Les récentes candidatures suisses étaient naïves. Gagner une élection est devenu un métier»GREG CURCHOD, TSE CONSULTING SUISSE

président. Depuis Juan Antonio Samaranch, le président de fédération est devenu un président exécutif, pré-sent au quotidien, qui contrôle une administration relativement modeste et fait passer ses idées à un comité qui ne se réunit qu’une à deux fois par an.»

Président de fédération est devenu un poste très intéressant, aussi bien pour celui qui l’obtient que pour son pays. «Avoir un ressortissant pré-sident de fédération ou dans un poste décisionnel est devenu un enjeu de prestige et d’influence, souligne Greg Curchod. Dans plusieurs pays, il existe des fonds spécifiques pour former des gens à ces fonctions. En Grande-Bre-tagne, le programme UK Sport a pour but de favoriser l’influence internatio-nale. Les pays scandinaves se sont regroupés pour sélectionner les meil-leurs talents dans leurs administra-

6 voixLe score de voix de Pierre Genecand lors de l’élection à la présidence de la Fédération équestre internationale (FEI). Le Belge Ingmar De Vos en a eu 98.

22 ansL’ancienneté de René Fasel à la tête de la Fédération internationale de hockey (IIHF).

115Le CIO compte 206 comités nationaux et seulement 115 membres, dont trois Suisses.

LES CHIFFRES

PATRICK BAUMANN (48 ANS)LA JEUNE GARDESecrétaire général de la FIBA (basket) depuis 2003Membre du CIO depuis 2007Quittera son poste le 26 février 2016

GIANFRANCO KASPER (71 ANS)DERNIER MANDATPrésident de la FIS (ski) depuis 1998A obtenu une dérogation pour rester au CIO jusqu’en 2018

RENÉ STAMMBACH (59 ANS)NON ÉLUPrésident de Swiss Tennis depuis 2006Largement battu à l’élection pour la présidence de l’ITF (tennis) en 2015

DENIS OSWALD (68 ANS)À LA RETRAITEPrésident de la FISA (aviron) de 1989 à 2014Battu pour la présidence du CIO en 2013

RAPHY MARTINETTI (73 ANS)RENVERSÉPrésident de la FILA (lutte) de 2002 à 2013Démissionne après un vote de défiance

SEPP BLATTER (79 ANS)POUSSÉ DEHORSPrésident de la FIFA (football) depuis 1998Quittera son poste le 26 février 2016

Aucun de ces deux experts de la gou-vernance sportive n’ose prétendre que le monde n’aime plus les Suisses. «Nous étions plutôt surreprésentés toutes ces années, recontextualise Jean-Loup Chappelet. Beaucoup, comme Sepp Blatter, Gianfranco Kas-per ou Denis Oswald avaient été secré-taire général avant de succéder au

Nouvel ordre mondial.Ces trois dernières années, les Suisses ont perdu au niveau international trois élections et trois fédérations

RENÉ FASEL (65 ANS)LE PLUS ANCIENPrésident de l’IIHF (hockey sur glace) depuis 1994Menacé par le Russe Alexander Medvedev en 2016

Temps fort 3

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

Les Rafale français ont tué des enfantsLUIS LEMA

Une erreur, ou une conséquence tragique de la guerre, pleinement assumée? La France a lancé, dimanche dernier au petit matin, ses premiers raids en Syrie, contre un camp d’entraînement de l’orga-nisation Etat islamique (EI, ou Daech selon l’acronyme arabe). Cinq heures d’opérations aériennes qui ont «pleinement atteint leur objec-tif», clamait peu après, à New York, le président François Hollande. Or, un site qui dénombre les victimes du conflit, l’Observatoire syrien des droits de l’homme, se faisait beau-coup plus précis mercredi: au cours du raid, au moins 30 personnes ont été tuées, dont des combattants nord-africains, syriens et irakiens. Mais, parmi ces victimes, au moins une douzaine seraient des enfants, recrutés de gré ou de force par les djihadistes, qui les ont baptisés «les lionceaux du califat ».

A Paris, l’état-major des armées françaises refuse de commenter cette information. «L’armée n’a pas à se prononcer sur les dires d’une association», s’énerve une porte-pa-role en regrettant le fait que cette nouvelle, non confirmée, soit «pas-sée du conditionnel au présent de l’indicatif en l’espace de quelques heures».

Echappés de l’enferEn Irak et en Syrie, l’Etat islamique

utilise abondamment les mineurs pour les transformer en soldats du djihad, qu’ils soient orphelins, arra-chés à leurs parents, ou qu’il s’agisse encore des enfants des membres de l’organisation. Spécialiste de la question, la professeur américaine Mia Bloom écrit: « Les enfants pré-sents dans les camps d’entraîne-ment sont habituellement ceux qui ont été enlevés à leur famille, ou trouvés dans les orphelinats.» A l’inverse, les enfants des combat-tants se regroupent plutôt dans les écoles religieuses que gère Daech.

Les témoignages de certains de ces enfants échappés de l’enfer ont été recueillis par diverses ONG. Et leurs faits d’armes ont été utilisés à au moins trois reprises dans les vidéos de propagande de l’Etat islamique. Ils décrivent un mode d’action qui, bien qu’il soit ici porté au paroxysme, répond à celui qui prévaut dans d’autres conflits, en Afrique ou en Asie. Une première règle de base : plonger ces enfants, d’entrée, dans des situations abominables, afin de

rendre impossible tout retour en arrière. Le lieu où se sont déroulées les frappes françaises, près de la petite ville d’Abou Kamal, à la fron-tière entre la Syrie et l’Irak, répond à la deuxième règle : éloigner ces enfants – qui proviennent de ces deux pays - de leur environnement, afin que le lavage de cerveau soit plus efficace.

«Nous nous sommes assurés que la population civile n’avait pas eu de conséquences », expliquait encore François Hollande, en détaillant les opérations aériennes françaises. A New York, l’organisme de l’ONU en charge des enfants dans les conflits armés n’a pas d’informations pré-cises sur cette opération. Mais il répète ses principes : « Les enfants doivent être considérés comme des victimes du conflit, et non comme leurs auteurs », souligne Sharon Regall. «Nous appelons toutes les parties au conflit à agir avec une extrême précaution lorsque la pré-sence d’enfants est avérée. »

Pour sa part, l’amiral français Alain Coldefy, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), n’exclut pas la présence d’enfants dans le camp d’entraînement visé par les avions Rafale français. «Il est très difficile d’identifier précisé-ment quelqu’un lors d’un vol de reconnaissance, au-delà du fait que ces gens étaient en uniforme et por-taient des armes. »

Selon l’amiral, il ne fait pas de doute que les cibles en Syrie sont établies par les Etats-Unis, même si la France a les moyens «d’apprécier celles qui correspondent le mieux à ses intérêts stratégiques. » Pour Alain Coldefy, il est clair que le «timing » de cette opération fran-çaise ne doit rien au hasard. «La corrélation est évidente : la France doit montrer qu’elle est aussi pré-sente sur le terrain. », juge-t-il. Mais il exclut toute bavure due à la préci-pitation. ■

PROCHE-ORIENT Une douzaine d’apprentis djihadistes, les «lionceaux du califat», seraient morts lors du raid aérien

STÉPHANE BUSSARD, NEW YORK

En prenant l’initiative sur le ter-rain et en bousculant les fronts, en faisant un retour remarqué à l’ONU à New York, Vladimir Pou-tine a été un fin tacticien. Mais, quand il s’agit de stratégie, la Rus-sie réussit-elle à convaincre de la manière dont elle entend mettre un terme à la tragédie syrienne? Mercredi, présidant une séance spéciale du Conseil de sécurité consacrée au terrorisme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a tenté, en vain, de transformer l’essai. Il a dramatisé le danger que repré-sente le groupe de l’Etat islamique (EI), qui menacerait de s’emparer de La Mecque, d’Israël, de l’Europe et de l’Asie centrale. Donnant l’im-

pression qu’il fallait faire table rase du passé, quitte à oublier qu’une coalition internationale est déjà en place, il a déclaré qu’il n’était pas question «de débattre de qui a eu tort et qui a eu raison».

Moscou prévoit de déposer un projet de résolution visant à créer une vaste coalition pour combattre le groupe djihadiste de l’Etat isla-mique comprenant notamment l’Iran, les Européens, la Chine et les Etats-Unis. L’arrière-plan des discussions a accru encore la dra-maturgie de l’événement. Quelques heures plus tôt, des avions russes menaient pour la première fois des

frappes aériennes dans la province d’Homs ainsi que dans la province d’Hama. Selon Damas, il ne s’est agi que de cibles terroristes.

Dans la salle feutrée du Conseil de sécurité à New York, où des ministres de pays non membres avaient été conviés dont le conseil-ler fédéral Didier Burkhalter, tous se sont accordés pour décrire les djihadistes de l’EI comme l’ennemi commun. Mais certaines puis-sances se sont montrées très scep-tiques envers le soutien massif que le Kremlin apporte à Bachar el-As-sad, «le bourreau de la Syrie», selon Laurent Fabius. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a eu la politesse de ne pas balayer l’ini-tiative russe d’un revers de la main, soulignant la volonté de Washing-ton de coopérer avec tout pays, y compris la Russie et l’Iran. «Les Etats-Unis soutiennent tout effort sincère pour combattre l’Etat isla-mique.» Mais, à l’image des Fran-çais et des Britanniques, John Kerry a des doutes sur les cibles véritables des frappes russes.

Visaient-elles Daech comme le prétend Moscou ou des rebelles opposés au régime de Damas? Le secrétaire d’Etat a mis en garde: «Nous ne devons pas mélanger et nous ne mélangerons pas notre combat contre l’Etat islamique avec le soutien à Assad.» John Kerry a précisé que les Etats-Unis allaient continuer leurs frappes à travers la coalition de 60 pays qu’ils ont mise sur pied. Son homologue britannique, Philip Hammond, est

catégorique: pour l’heure, la coa-lition est «le meilleur dispositif» pour contrer l’EI.

La France et le Royaume-Uni sont tout aussi sceptiques. Le ministre français Laurent Fabius a fustigé la «politique de la terre brûlée» menée par le président Bachar el-Assad. Il a lui aussi interpellé les Russes, notant qu’il fallait lever toute ambiguïté quant à l’ennemi à combattre. Car «l’autre forme de terreur, c’est la répression san-

glante du régime» syrien. «On dit que 80% des 250 000 victimes du drame syrien, que 80% des mil-lions de réfugiés poussés sur les routes depuis trois ans l’ont été du fait des bombardements indiscri-minés du régime.» Le chef de la diplomatie française le martèle. Toute coalition qui n’inclurait pas des Syriens serait une «faute morale et politique qui ne ferait qu’alimenter Daech». Même dis-cours de la part du patron du Foreign Office, Philip Hammond, qui goûte peu le soutien russe à Bachar el-Assad. Ce n’est pas le «poison Assad qui va permettre d’éradiquer le cancer de l’Etat isla-mique». Chef du Département fédéral des affaires étrangères, Didier Burkhalter a affirmé à son homologue russe, Sergueï Lavrov, lors d’une rencontre bilatérale, la nécessité de créer un groupe de contact comprenant les puis-sances internationales (Russie et Etats-Unis) ainsi que des représen-tants des puissances régionales dont l’Iran et l’Arabie saoudite. ■

Le soutien russe à Assad irrite le Conseil de sécuritéONU Alors que des avions russes menaient des frappes en Syrie, Sergueï Lavrov a tenté en vain de convaincre de la nécessité de créer une nouvelle coalition anti-Daech

«Les Etats-Unis soutiennent tout effort sincère pour combattre l’Etat islamique»JOHN KERRY, SECRÉTAIRE D’ÉTAT AMÉRICAIN

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LIBAN

JORDANIE

SYRIE

TURQUIE

IRAK

Damas

Alep

Homs

Raqqa

Abu KamalPalmyre

Vladimir Poutine a obtenu mercredi le feu vert du Sénat russe pour des frappes aériennes en sou-tien à l’armée du président syrien Bachar el-Assad. Les 162 sénateurs présents au vote ont approuvé à l’unanimité la demande du Kremlin d’autoriser le recours à un «contingent militaire» à l’étranger.

La présidence syrienne, de son côté, a confirmé hier que le président Bachar el-Assad avait demandé à son homologue russe, Vladimir Poutine, une aide militaire russe. (AFP)

Feu vert du SénatRUSSIE

Des chasseurs français Rafale volent à destination de la Syrie. (AFP PHOTO)

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4 International

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JEUDI 1ER OCTOBRE 2015 LE TEMPS

RICHARD WERLY, PARIS

Des noms, des images, des mor-ceaux de vie happée par l’attrac-tion pour les formes les plus vio-lentes de l’islam radical. En rajoutant, mardi, les noms de trois djihadistes français combattant dans les rangs de l’Etat islamique (Daech en arabe) à leur liste noire des terroristes recherchés, le Département d’Etat et le Trésor américain ont fait remonter à la surface des itinéraires révélateurs de la dérive qui gangrène certaines franges de la jeunesse française.

Emilie König, 31 ans, est une fille de gendarme née à Lorient, en Bre-tagne, puis convertie à l’islam par son premier mari d’origine algé-rienne. Maxime Hauchard, 22 ans,  alias Abou Abdallah-al-Faransi, s’est converti dès l’âge de 17 ans, fasciné par les vidéos d’imams radicaux disponibles sur Internet, qu’il consultait depuis la com-mune normande de ses parents, au sud de Rouen. Le Parisien Peter Cherif, 33 ans, est lui un vétéran du djihad, arrêté par les Améri-cains en 2004 à Falloujah (Irak). Condamné en France en 2011, il se radicalisa au début des années 2000 au contact de l’ex-filière de la mosquée Adda’wa, dite des Buttes-Chaumont, fréquentée à l’époque par les auteurs de l’atten-tat contre Charlie Hebdo le 7 jan-vier 2009, Cherif et Saïd Kouachi.

Case mosquée et prison«Leurs trois profils résument

assez bien le défi policier auquel fait face la France à l’heure des frappes aériennes sur la Syrie, confirme un diplomate proche des services de renseignement. Une jeune femme radicalisée après son mariage. Un addict aux thèses isla-mistes diffusées sur Internet. Un Français d’origine maghrébine passé par la case mosquée et pri-son. Avec, entres les trois, des liens qui prouvent l’existence d’une nébuleuse.»

Emilie König était ainsi proche de la mouvance Forsane Alizza, groupuscule islamiste créé à Nantes en 2010 et dont l’un des leaders, Mohamed Achamlane, a été condamné en juillet 2015 à 9 ans de prison ferme  pour asso-ciation avec une entreprise terro-riste. Un djihadiste français dont Al-Qaida a annoncé la mort dans un bombardement le 10 sep-

Les djihadistes «made in France»FRANCE Les autorités améri-caines ont rajouté mardi trois djihadistes français sur leur liste noire de terroristes. Un rapport confirme que la lutte contre Daech sera, en France, un combat de très longue haleine

départs, multipliés par deux depuis le début 2014. Et un point important: la petite délinquance, longtemps vivier de «caïds» hap-pés par l’islamisme, n’est plus le lieu principal de recrutement. «Une évolution notable concerne le basculement dans la radicalisa-tion d’individus qui n’ont pas d’an-técédent judiciaire, estime le rap-port du INHESJ. Si la «porosité» ou la «fongibilité» entre la délin-quance et le terrorisme reste une réalité incontestable, de nouveaux profils apparaissent.» La moitié des nouvelles recrues qui par-viennent sur le territoire syro-ira-kien étaient ainsi, avant leur départ, totalement inconnus des services de police ou de gendar-merie. ■

vaient  en Irak ou en Syrie, dont 80 mineurs. Le premier ministre, Manuel Valls, lors de son interven-tion pour justifier les frappes devant l’Assemblée nationale au début septembre, a réactualisé ces chiffres: 1880 volontaires identi-fiés, 491 sur place et 133 tués. L’am-plification du mouvement se pour-suit malgré la surveillance et le lancement, en janvier dernier, du site stop-djihadisme.gouv.fr, des-tiné en priorité aux familles dési-reuses de signaler les cas de dérive.

A ceux-là s’ajouteraient 320 res-sortissants français en route pour rejoindre des groupes terroristes et 521 autres ayant manifesté des «velléités de départ». Avec une statistique encore plus préoccu-pante: celle de l’augmentation des

tembre, le Breton David Drugeon, 25 ans, avait lui croisé la route d’un recruteur de combattants bien connu, le Tunisien Moez Garsal-laoui, un temps résident en Suisse (Berne et Fribourg) dans les années 1997-2007. «L’aspiration à rejoindre une communauté exclu-sive et totalitaire, où l’individu se dissout dans les valeurs et l’iden-tité du groupe, est le trait com-mun», notent les auteurs du rap-port Radicalisation islamiste et filières djihadistes tout juste publié par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la jus-tice (www.inhesj.fr).

En mai 2015, 1683 Français étaient alors impliqués dans les filières irako-syriennes et 457 Fran-çais, dont 137 femmes, se trou-

SIMON PETITE

Mardi soir, le Tout-Genève et la communauté diplomatique se pressaient à la réception donnée par l’Arabie saoudite à l’occasion de sa fête nationale. Devant le consulat, en retrait du lac Léman, la police genevoise canalisait le flot des berlines. Une tente bédouine avait été installée dans le hall d’en-trée, où les invités ont fait la queue pour saluer leurs hôtes.

Faisal Bin Hassan Trad, l’ambas-sadeur saoudien auprès des Nations unies, a reçu en habit tra-ditionnel, longue chemise blanche et keffieh sur la tête. La semaine dernière, le diplomate a gagné une notoriété soudaine, dont il se serait

bien passé. Depuis juin, il présidait un groupe consultatif chargé de présélectionner les enquêteurs de l’ONU sur les violations des droits de l’homme. Alors que l’ONG pro-israélienne UN Watch révélait ce mandat au grand jour, l’exécu-tion imminente d’un jeune chiite, Ali Mohammed al-Nimr, qui avait participé à une manifestation, sus-citait l’indignation mondiale. L’ONU estime que 134 condamnés ont déjà été exécutés cette année, un record.

L’Arabie saoudite voyait-elle dans ce poste un tremplin vers la prési-dence du Conseil des droits de l’homme (CDH)? L’ambassadeur Faisal Bin Hassan Trad n’a pas retourné nos appels. Toujours est-il que ses ambitions ont fait long feu et qu’il a dû retirer sa can-didature. Fin 2013, la monarchie avait été élue par l’Assemblée géné-rale de l’ONU, faisant ainsi son

retour parmi les 47 Etats membres du CDH. Mais beaucoup de pays n’étaient pas prêts à franchir le pas d’une présidence saoudienne.

Critiques en sourdineLoin de baisser les bras, les

d i p l o m a t e s d u r o y a u m e redoublent d’activisme. Au CDH, rares sont ceux qui s’aventurent à critiquer ouvertement les visées saoudiennes. «Auparavant, l’am-bassadeur saoudien était un vieux monsieur, qu’on ne voyait qu’une fois par an pour la fête nationale», se souvient un observateur averti des coulisses de la Genève inter-nationale.

Le début de l’activisme saoudien a coïncidé avec l’arrivée de Faisal Bin Hassan Trad à Genève et le rapprochement des Etats-Unis avec l’Iran, le grand rival de la dynastie des Saoud. Avec l’Egypte et la Chine, l’Arabie saoudite fer-

raille ces jours-ci pour atténuer une résolution contre la peine de mort portée notamment par la Suisse. Riyad veut ajouter au texte «le droit de chaque Etat de déter-miner lui-même son système légal et les peines adéquates».

L’ambassadeur Trad est surtout mobilisé sur le Yémen, alors que les frappes de la coalition arabe menée par Riyad contre les rebelles houthistes font de plus en plus de victimes civiles. «L’Arabie saoudite tente d’empêcher toute enquête internationale et indépendante sur les combats», pointe Philippe Dam, de l’ONG Human Rights Watch. Les Saoudiens, eux, ont rédigé leur propre résolution. Ils insistent uniquement sur les crimes commis par les Houthistes. «Je n’ai pas le souvenir d’un pays présentant une résolution sur un pays qu’il bombarde», soupire Phi-lippe Dam. ■

Droits de l’homme: Riyad redouble d’activismeNATIONS UNIES Peine de mort, guerre au Yémen... la diplomatie saoudienne est sur tous les fronts à Genève

Ukraine: accord sur le retrait des armesL’Ukraine et les séparatistes prorusses ont annoncé mercredi un accord sur le retrait des armes de calibre inférieur à 100 mm dans une zone de 15 km de part et d’autre de la ligne de front dans l’Est rebelle. Cette initiative approuvée après trois mois de pourparlers intervient qurarante-huit heures avant un sommet à Paris entre les dirigeants ukrainien, russe, français et allemand destiné à faire avancer le processus de paix en Ukraine. Les accords dits Minsk 2 ne prévoyaient que le retrait des armes de plus de 100 mm, mais cette clause a été régulièrement violée, provoquant la mort de plus de mille personnes, selon les observateurs internationaux. (AFP)

L’armée sécurise OuagadougouL’armée loyaliste a repris mercredi le contrôle de la situation dans la capitale du Burkina Faso, au lendemain de son assaut éclair contre la caserne des ex-putschistes de la garde présidentielle, une attaque à l’arme lourde dont on ignorait toujours le bilan. Le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité d’élite de l’armée burkinabé, ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, qui avait mené le coup d’Etat du 17 septembre, a été mis en échec au bout d’une semaine. Le chef du RSP et auteur principal du putsch, le général Gilbert Diendéré, se trouvait «dans une représentation diplomatique» de Ouagadougou. Des négociations étaient en cours pour qu’il soit remis aux autorités. (AFP)

Nadine Morano dans la tourmenteLa députée européenne française Nadine Morano suscite une vive polémique après avoir qualifié la France de pays «judéo-chrétien» et «de race blanche», au point que son parti, Les Républicains, a annoncé mercredi vouloir l’écarter des élections régionales de décembre. L’ancien président Nicolas Sarkozy, chef du principal parti d’opposition, a saisi la commission nationale d’investiture des Républicains pour «retirer» Nadine Morano de la liste de candidats du parti dans l’Est de la France. (AFP)

Record d’arrivée de migrants en Allemagne Entre 270 000 et 280 000 migrants sont arrivés en Allemagne au cours du seul mois de septembre 2015, dépassant en un mois le total enregistré en 2014, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur de la Bavière, Joachim Herrmann. (AFP)

PANORAMA

L’OTAN, dont la mission de com-bat en Afghanistan s’est achevée il y a neuf mois, a déployé des sol-dats à Kunduz pour épauler l’ar-mée afghane qui peinait mercredi à reprendre la main dans cette grande ville du nord face aux rebelles talibans.

Ces soldats étrangers, des forces spéciales, n’ont pas vocation à se battre, mais à «conseiller et sou-tenir» leurs homologues afghans, selon le colonel Brian Tribus, porte-parole des forces améri-caines, qui n’a pas souhaité s’étendre sur la teneur de leur mission à Kunduz.

Cette ville stratégique était tom-bée lundi aux mains des talibans, une première depuis la chute de leur régime en 2001 et un très grave revers pour le président Ashraf Ghani et ses alliés occiden-taux emmenés par les Etats-Unis. La ville, située dans le nord du pays, restait hier très largement contrôlée par les talibans.

En outre, l’aviation américaine a procédé depuis mardi à trois frappes aériennes autour de Kun-duz et de son aéroport, où les com-bats ont fait rage dans la nuit, pour tenter de contenir la progression des insurgés. Selon les services de renseignement afghans, ces frappes ont tué Mawlawi Salam, le responsable des talibans pour la province de Kunduz, son adjoint et 15 autres combattants. ■ AFP

L’OTAN à la rescousse de l’armée afghaneAFGHANISTAN Des soldats étrangers en soutien dans la ville de Kunduz prise par les talibans

Maxime Hauchard, âgé de 22 ans, s’est converti à l’âge de 17 ans. (AFP)

Maxime Hauchard est fasciné par les vidéos d’imams radicaux disponibles sur Internet

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

MAGALIE GOUMAZ

A quoi rêvent les élus qui ne se représentent pas aux élections fédérales d’octobre prochain? A faire le tour du monde ou le che-min de Compostelle? A consacrer plus de temps à leur famille? A prendre une retraite méritée? A rebondir sur le plan cantonal ou professionnel?

Attablé dans un restaurant fri-bourgeois, Urs Schwaller parle d’aller aux champignons. Mais qui peut l’imaginer fureter dans les sous-bois  des Préalpes singi-noises, panier en osier sous le bras, casquette vissée sur la tête, son labrador zigzaguant à ses côtés? Qu’on se rassure: ce n’est qu’un rêve pour plus tard, l’année prochaine éventuellement. Car le sénateur fribourgeois a beau avoir annoncé son départ du parlement à la fin de cette législature, son agenda n’en demeure pas moins bien rempli pour les prochaines semaines. Les commissions dont il est membre poursuivent leurs travaux jusqu’aux élections d’oc-tobre. Et il a déjà accepté de nou-veaux mandats.

Agé de 62 ans, le politicien a annoncé l’an dernier qu’il ne se représenterait pas. Il tire sa révé-rence après avoir marqué la poli-tique fribourgeoise et suisse. Et surtout sur un dernier succès: la réforme de la prévoyance vieil-lesse, acceptée au Conseil des Etats durant cette session d’au-tomne. Un succès auquel il a lar-gement contribué.

Pour le PDC, Urs Schwaller était une valeur sûre, le chef respecté de son groupe parlementaire pen-dant près de dix ans, celui qui a formé la paire avec le président Christophe Darbellay et tenu les troupes pour chasser Christoph Blocher du gouvernement en 2007 e t y p l a c e r E v e l i n e W i d -mer-Schlumpf.

Préfet de la Singine à 34 ans, conseiller d’Etat chargé des Finances pendant douze ans, Urs Schwaller a rejoint Berne et le Conseil des Etats en 2003. Une car-rière exemplaire qui n’a connu qu’un seul échec: il a manqué la marche du Conseil fédéral, en 2009. Ce qui ne l’a pas empêché, quelques années plus tard, d’œuvrer pour l’élection d’Alain Berset. Même pas mal, ou un petit peu. Mais depuis, il a pris du recul.

Vendredi 25 septembre, à l’heure de prendre congé du par-lement, il s’est bien gardé de mon-trer son émotion. Une journée bien organisée, résume-t-il:

petit-déjeuner avec le Conseil des Etats à l’invitation du président Claude Hêche, dernier jour de la session d’automne, votes finaux, entretiens avec les médias. «C’est vrai. C’était le dernier jour dans mon fauteuil, mes derniers votes, la dernière fois que je siégeais à côté de mon collège Paul Nieder-

berger, la dernière fois que je me trouvais avec tous mes collègues dans la même salle.» Puis il y a eu

le repas officiel de la Bénichon du pays de Fribourg, à Planfayon, et l’hommage que lui a rendu le pré-fet de la Singine, auquel il ne s’at-tendait pas. Mais impossible de savoir ce qu’il a ressenti, sauf qu’il l’aurait préféré un peu plus bref, ce discours. «Ca fait toujours plai-sir. Et  je suis rentré avec mon bouquet de fleurs», raconte-t-il.

Et la vie continue. Urs Schwaller siège dans de multiples conseils d’administration, dont celui du

l’Université de l’Ile, un centre de compétence en médecine trans-lationnelle», explique-t-il. Le but de la société Sitem Insel SA sera de faciliter la coopération entre l’industrie et les cliniques de recherche afin d’appliquer les découvertes de manière sûre, effi-cace et aussi plus rapide pour les patients.

Et évidemment qu’Urs Schwal-ler restera proche du PDC, ce parti qui fait le grand écart entre la gauche et la droite, entre les urbains et les conservateurs et qui aime tant s’entre-déchirer, à Fri-bourg comme à Berne. «La cri-tique interne est symptomatique de notre parti et je le regrette car elle affaiblit autant la formation que les personnes», lance-t-il. Lui-même en a d’ailleurs fait les frais récemment, en proposant un papier de position sur l’asile, dans lequel il demandait notamment que les requérants puissent tra-

Urs Schwaller: «Je peux promettre que je resterai engagé pour mon parti et pour mon canton car c’était toute ma vie.» (MONIKA FLÜCKIGER/EQ IMAGES)

Groupe E, de l’Imprimerie Saint-Paul ou encore du Groupe Mutuel. L’engagement du sénateur auprès de l’assureur valaisan a toujours fait grincer quelques dents alors que le sénateur siège à la Commis-sion de la sécurité sociale et de la santé publique. «Je n’ai jamais bien compris cette polémique, dit-il aujourd’hui. Pourquoi les assureurs sont-ils plus probléma-tiques que les hôpitaux ou encore les sociétés actives dans les clean-tech? Jamais, en douze ans au Conseil des Etats, on ne m’a dicté un vote. J’ai toujours défendu ma position.» Et de rappeler que le Groupe Mutuel est aussi une entreprise importante à Fribourg, avec 300 postes de travail. «Et j’y suis assuré depuis soixante ans!» avoue-t-il.

Un autre mandat occupe les journées du futur sénateur retraité. «Je viens de m’engager pour créer à Berne, en lien avec

vailler sans être payés. «J’ai quelques craintes pour nos résul-tats en octobre prochain. Pas dans tous les cantons car certains s’en sortiront très bien. Mais dans tous les cas, il faudra bien se deman-der, après cette échéance, où on veut mener ce parti et avec qui à sa tête», déclare-t-il.

Comme l’avenir du PDC lui tient à cœur, il assure qu’il ne s’en détournera pas. «Il faudra me demander dans trois ou quatre mois en quoi ma vie a changé. Mais une chose est sûre, je peux pro-mettre que je resterai engagé pour mon parti et pour mon canton car c’était toute ma vie», avoue-t-il. Et de promettre de bloquer certaines journées pour s’occuper des affaires familiales, de sa maison, faire de la peau de phoque… et aller aux champignons. «Pas tous les jours, mais au moins deux ou trois fois dans la saison.» A véri-fier. n

Urs Schwaller, des Etats aux champignonsFRIBOURG Le sénateur PDC a vécu sa dernière session parlementaire. Mais son agenda des prochains mois est bien rempli

PORTRAIT

«La critique interne est symptomatique de notre parti et je le regrette car elle affaiblit autant la formation que les personnes»URS SCHWALLER, CONSEILLER AUX ÉTATS SORTANT

Le programme transitoire Erasmus+, qui finance des échanges au niveau européen, enregistre en 2015 une hausse de 11% des projets de mobilité par rapport à l’année passée. La solution transitoire est mieux connue et les incertitudes qui prévalaient en 2014 ont été levées, a indiqué mercredi la Fondation ch.

Cette fondation est chargée de mettre en œuvre la solution transitoire Erasmus+ 2015. Ainsi, 23,9 mil-lions de francs sont alloués aux programmes de mobilité et de coopération en Europe à tous les niveaux: de l’école obligatoire aux formations pour adultes et activités de jeunesse extrascolaires en passant par les formations universitaires.

Sur 9650 projets de mobilité soutenus en 2015, la majorité concerne les HES, les hautes écoles péda-gogiques et les universités. Les étudiants, avec une très petite proportion de personnel enseignant,

Erasmus attire davantage d’étudiants ECHANGES Les projets de mobilité s’inscrivent en hausse de 11% 

étaient 4382 à partir en 2015. Inversement, 3492 personnes de l’étranger ont été soutenues dans le cadre de leur passage dans une haute école suisse. Les étudiants suisses se rendent le plus souvent en France, en Allemagne ou aux Etats-Unis pour une durée moyenne de cinq mois et demi. 

La participation helvétique au programme Erasmus+ et au programme de recherche et d’édu-cation européen Horizon 2020 avait été gelée par Bruxelles au lendemain du 9 février 2014. Pour que les étudiants suisses continuent d’être acceptés dans les institutions européennes, Berne doit financer non seulement la mobilité de ses propres étudiants mais également cofinancer des projets de mobilité réalisés en Suisse par des étudiants étrangers. Quant à Horizon 2020, Berne est finalement parvenu à négocier un accord provisoire. Pour plaider la cause de la Suisse et conserver une pleine participation à Horizon 2020, Patrick Aebischer, président de l’EPFL et Lino Guzzella, président de l’EPFZ, se sont rendus mercredi à Bruxelles. ATS

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JEUDI 1ER OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1ER OCTOBRE 2015LE TEMPS

MOT-CLÉ Chapo 135 signes.

YELMARC ROULET

Vaud reste dans les chiffres noirs, pour le dixième exercice consécutif. «Le canton est une petite île qui va bien», résume Pascal Broulis, chef du Départe-ment des finances, se référant aux cantons et pays voisins. Genève allonge l’horaire de travail de ses fonctionnaires, d’autres cantons coupent dans leur budget, la Confédération restreint ses res-sources humaines, énumère le magistrat PLR, afin de mettre en évidence le fait que «chez nous, la fonction publique ne souffre pas».

Ce discours s’adresse à ceux qui seraient tentés de s’opposer par référendum à la mise en oeuvre cantonale de la réforme de l’impôt sur les entreprises (RIE III), un projet voté définitivement mardi par le Grand Conseil et auquel le gouvernement vaudois tient par-ticulièrement.

Le budget vaudois 2016, dont l’élaboration parait savoir été plus difficile que les années précé-dentes, est équilibré de justesse.

Vaud est une «petite île» où l’on dépenseBUDGET 2016 Le budget can-tonal 2016 est positif de justesse, avec des charges en hausse 

L’excédent de revenus se limite à 1,4 million de francs, pour un ménage cantonal qui tourne sur plus de 9 milliards.

Ce budget est marqué par une augme ntat ion des charges (+2,47%) nettement plus élevée que celle des ressources (+1,45%), du PIB (+1,6%) et de la croissance démographique. Comme c’était déjà le cas pour le budget 2015, cette hausse se situe dans la four-chette supérieure, voire dépasse la «croissance de l’ordre de 2%» que le gouvernement à majorité de gauche estime lui-même pru-dent de ne pas dépasser.

Tassement des recettesL’augmentation des dépenses

est particulièrement forte dans le domaine social (+5,8%), en raison de la croissance démographique et de l’augmentation des primes LAMal notamment.

Le budget vaudois prévoit la création de 163 postes à plein temps supplémentaires (+1%), dont 113 dans l’enseignement et 18 dans la gendarmerie. Cela fait passer le nombre total des fonc-tionnaires à 16 572.

Face à ces dépenses en hausse, les recettes se tassent. Elles ne croissent que de 1,4%. La crois-sance des recettes fiscales est particulièrement faible (0,9%), ce qui témoigne du revirement conjoncturel attendu dont les effets pourraient se faire sentir plus durement encore par la suite. Le budget prévoit un impôt sur le bénéfice en baisse de 3,2%. Cela comprend l’allègement d’un demi-point du taux de base prévu pour 2016, une mesure décidée avant et indépendamment de la RIE III.

A deux semaines des élections fédérales, le budget vaudois 2016 suscite des réactions quelque peu surjouées. Les commentaires sont dithyrambiques au Parti socia-liste, tandis que le PLR accuse la majorité de gauche du gouverne-ment de «conduire le canton dans le mur à grandes enjambées». n

Les requérants mineurs affluent au Tessin

BARBARA KNOPF, LUGANO

«Je m’appelle Goitom, j’ai 16 ans, je viens d’Erythrée», répond dans un italien encore hésitant un gar-çon en train de faire ses devoirs à une petite table dans une chambre au mobilier spartiate. Un autre adolescent, à peine visible sous les draps, se repose. «Amico» (ami), dit Goitom en l’indiquant du doigt.

Arrivé il n’y a même pas un mois au Tessin, Goitom a déjà appris notre alphabet et des rudiments d’italien en suivant les cours de préscolarisation du foyer pour mineurs non accompagnés (MNA) de Lugano-Paradiso. Comme la plupart des 54 pensionnaires ici, il vient d’Erythrée. Et comme beau-coup d’entre eux, il s’est vieilli (on lui donnerait au plus 14-15 ans), et a son anniversaire un 1er janvier.

Stress post-traumatiqueIls arrivent sans papiers et ne

connaissent souvent pas leur date de naissance, explique Yves Liou, le directeur du centre pour requérants de l a C ro i x- R ouge, qu i accueille le foyer pour MNA. Ils ont derrière eux un voyage long et exténuant, mais surtout «des histoires et des traumatismes lourds à porter». A l’étage supé-rieur, dans un petit appartement

séparé, une adolescente qui nous regarde avec un mélange de méfiance et de crainte est en train de passer le balai en écoutant de la musique. Elles sont seulement sept

filles au foyer. La veille, l’une d’entre elle a dû être hospitalisée. «Tout sem-blait aller assez bien, du moins en apparence, puis

un soir, elle a éclaté en sanglots. Elle souffre de stress post-trauma-tique. Elle a perdu des proches pendant son voyage», indique Yves Liou. Vers 10 heures du matin, le

ASILE Une cinquantaine de jeunes requérants âgés de 12 à 18 ans sont accueillis au foyer de Lugano-Paradiso, qui affiche déjà complet. Le canton devrait sous peu ouvrir un nouveau centre

foyer est plutôt vide, car la plupart des pensionnaires sont en cours. Ceux qui ont moins de 15 ans fré-quentent l’école secondaire publique, et les plus âgés suivent un préapprentissage d’intégration. «Ils vont tous à l’école avec un grand enthousiasme», précise le directeur du centre pour requé-rants de la Croix-Rouge.

Nombre d’entre eux étaient sco-larisés en Erythrée. Souvent, les parents envoient leurs fils à l’étran-ger vers la fin de la scolarisation obligatoire afin d’éviter qu’ils

soient enrôlés de force dans l’ar-mée. Les jeunes Erythréens n’au-ront sans doute aucun mal à être admis provisoirement en Suisse, comme c’est le cas pour Hassan Alin, arrivé au Tessin en 2013, et qui dispose déjà de son «Livret F».

Cela sera probablement plus dif-ficile pour Ahmed, Somalien de 16-17 ans, au foyer depuis mai de cette année, assis sur son lit en train d’écrire des SMS à ses amis restés au pays. Pour arriver ici, il a traversé l’Ethiopie, le Soudan, la Lybie, la Méditerranée, et puis l’Ita-

+2,47%Augmentation des charges

+1,45%Augmentation des ressources L’excédent de revenus se limite à 1,4 million de francs

REPORTAGE

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JEUDI 1ER OCTOBRE 2015 LE TEMPS

A l’approche des élections fédérales, «Le Temps» suit de jeunes candidates et candidats

Mattea Meyer a passé plus de cinq heures au bout du fil samedi. Elle a composé des dizaines et des dizaines de numéros et invité ses interlo-cuteurs à se rendre aux urnes le 18 octobre, pour élire les candidats socialistes. La jeune femme de Winterthour parti-cipait à la campagne télépho-nique nationale du parti. 

«Le but était de rappeler aux citoyens d’aller voter. Bon nombre d’entre eux avaient oublié ou mis l’enveloppe dans le papier à recycler.» Efficace? «Oui. On arrive vraiment à les mobiliser», assure-t-elle. Bien entendu, les appels ne sont pas aléatoires: «On commence par contacter ses amis, puis les sympathisants du parti socia-liste qui sont membres ou qui ont laissé leur numéro lors d’une action de rue par exemple.»

Rien n’entame son enthou-siasme. Ni les appels restés sans réponse, ni les interlocu-teurs irrités ou renfrognés. «Dans l’ensemble, c’est une excellente action, car nous avons un contact direct avec les électeurs. Et il y a une

super-ambiance. Nous étions 30 membres du parti zurichois, réunis dans la même salle pour faire ces coups de téléphone.»

Au niveau national, une cen-taine d’actions similaires ont été menées le même jour. «L’objectif était de faire 20 000 appels samedi», précise-t-elle. «Les discussions durent en moyenne une à deux minutes. Quelques personnes sou-haitent discuter de nos pro-grammes. Mais c’est une mino-rité, puisque nos interlocuteurs nous connaissent déjà.»

Le Parti socialiste est le seul à orchestrer une telle cam-pagne en Suisse. Une méthode un br in altmodisch? Au contraire, réfute-t-elle. «Les Etats-Unis le font beaucoup. Et c’est plutôt récent chez nous. L’avantage d’une campagne téléphonique, c’est qu’elle repose sur la mobilisation des adhérents. Et non pas sur l’argent.»

L’occasion pour la candidate socialiste de décocher une flèche contre ses adversaires: «Je trouve regrettable que les partis bourgeois déboursent de telles sommes pour leur campagne.

Le PLR et l’UDC financent des pages entières de publicité dans les journaux depuis des semaines! Or, on ne connaît pas la provenance de cet argent. Leur campagne manque vrai-ment de transparence», cri-tique-t-elle. SANDRINE HOCHSTRASSER

MATTEA MEYER27 ANSPS/ZH

«On motive les électeurs par téléphone»

CARNET DE CAMPAGNE

lie. Il lui a fallu un mois pour arriver en Libye, explique-t-il en anglais.

Ouvert en avril au dernier étage du centre de requérants d’asile de Paradiso, avec une capacité initiale de 19 places, le foyer occupe aujourd’hui trois étages et est déjà plein à craquer. En Suisse, le nombre de MNA a explosé ces trois dernières années: 346 demandes d’asile en 2013, pour 795 en 2014 et déjà 1224 à la fin d’août 2015.

«Nous nous attendons à une nou-velle hausse des arrivées de mineurs non accompagnés d’ici à la fin de l’année et préparons l’ou-verture d’un autre foyer; ces jeunes ont besoin d’une prise en charge spécifique», indique Carmela Fio-rini, du Service des requérants d’asile du canton.

Des disputes sans gravité«Notre objectif est de leur donner

les outils nécessaires pour qu’ils réussissent à bien s’intégrer et à devenir autonomes», souligne Yves Liou. En font partie, outre l’éduca-tion et la formation, l’apprentis-sage de certaines habitudes de vie et de valeurs propres à leur nou-veau contexte socioculturel. Les adolescents participent aux tra-vaux domestiques, et cuisinent à midi et pendant le week-end.

Dans la salle où ils mangent

Le centre pour requérants de la Croix-Rouge de Lugano-Paradiso accueille un foyer pour les mineurs non accompagnés. Ouvert en avril, ce foyer d’une capacité initiale de 19 places propose aux jeunes des formations et des activités créatrices. (RETO ALBERTALLI/PHOVEA)

ensemble le matin et le soir, les «dix règles d’or» de comportement sont affichées en italien, en tigri-nya et en somali; parmi elles: res-pect, ponctualité, ordre et pro-preté, entraide mutuelle, ou non-violence. Bien qu’ils soient une

cinquantaine d’adolescents à coha-biter, seules quelques disputes sans gravité éclatent de temps en temps, précise Federico Bettini, le responsable du foyer.

Nous le trouvons dans l’atelier en train de bricoler avec un groupe de

jeunes: au programme aujourd’hui, des pinces à linge en bois person-nalisées, sur lesquelles certains ont écrit en couleur «I love mi (me)», «dialogo» (dialogue), ou encore «bellissimo» (très beau). Trois autres adolescents sont occupés à repeindre en rouge et vert (deux des quatre couleurs du drapeau érythréen) les armoires murales de la pièce. Le calme et le silence, inhabituels pour des jeunes de cet âge, frappent dès qu’on entre dans la pièce.

«Je fais ce métier par vocation, j’aime me confronter à l’autre et à d’autres cultures. Au centre de mon travail, il y a l’échange, non pas l’assistance», dit Federico Bettini. Il est entre-temps presque midi, et de bonnes odeurs d’épices montent des étages inférieurs. Parfois, Fede-rico est invité par les pensionnaires à goûter leurs spécialités.

Et chaque jeudi soir, tout le monde mange l’injeera, une sorte de grande crêpe érythréenne ou éthiopienne. Il est important que ces jeunes, tout en assimilant notre culture, conservent leurs racines et leur identité, dit le responsable du foyer, qui peut compter sur une équipe motivée de quatre per-sonnes, dont une psychologue et un médiateur culturel, auxquelles s’ajoute encore un cuisinier. n

Le canton de Fribourg disposera d’une cinquantaine de places supplémentaires pour les requérants d’asile dès le début du mois de novembre. Ils seront logés à Enney, dans la commune de Bas-Intyamon, en Gruyère. Les requérants seront accueillis dans la colonie L’Ondine durant six mois, a indiqué mercredi le canton de Fribourg. Il s’agit d’une solution de premier accueil.

La commune de Bas-Intyamon soutient la mise en place de ce foyer collectif. Ses autorités «se sont montrées très constructives et disponibles», écrit la Chancellerie. Une séance d’information pour la population aura lieu le 8 octobre prochain.

Avec ces nouveaux logements, le canton de Fribourg disposera de neuf foyers de premier accueil d’une capa-cité totale de 571 places. Il avait déjà annoncé la semaine dernière avoir trouvé une soixantaine de places supplé-mentaires, réparties entre Villars-sur-Glâne et Riaz.

La mise en place de ces nouvelles solutions intervient sur fond d’arrivée plus importante de demandeurs d’asile. Alors qu’il y avait en moyenne 50 arrivées par mois au premier semestre, il y en a eu 127 en août et 171 au mois de septembre. ATS

Nouvelles places à FribourgRÉFUGIÉS

Sauver les trains de nuitL’association actif-trafiC a remis mercredi la pétition «Sauvez les trains de nuit» au Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Plus de 11 000 personnes soutiennent ce texte. La pétition demande à Doris Leuthard et aux CFF de maintenir les liaisons de nuit existantes et de rétablir celles supprimées ces dernières années. L’offre et la qualité des liaisons nocturnes de train n’ont cessé de diminuer et de se péjorer au cours des quinze dernières années, déplore actif-trafiC, qui dénonce un report des voyageurs vers l’avion. ATS

Bénéfice au budget fribourgeoisLe canton de Fribourg prévoit un bénéfice de 500 000 francs à son budget 2016. L’exercice n’est équilibré qu’au prix de restrictions, qui ont permis d’améliorer de plus de 150 millions la prévision initiale. L’Etat renonce à toute création de postes dans l’administration, et limite les nouveaux emplois au seul secteur de l’enseignement. Il plafonne avec rigueur les charges courantes de fonctionnement et limite strictement les aides cantonales. Il a dû faire un prélèvement extraordinaire de 10 millions sur la fortune pour respecter l’obligation constitutionnelle de l’équilibre budgétaire. ATS

Soutien aux chômeurs jurassiensLe canton du Jura va privilégier les demandeurs d’emploi inscrits auprès des offices régionaux de placement (ORP) jurassiens pour des postes vacants à l’Etat, ainsi qu’au sein des institutions parapubliques et subventionnées. Par 53 voix contre 1, le parlement a adopté mercredi une motion en ce sens. «Cela ne réglera pas le problème du chômage, mais donnera un coup de pouce aux demandeurs d’emploi jurassiens», a expliqué le motionnaire, le député PDC Yves Gigon, qui entend aussi limiter l’engagement de frontaliers. Le gouvernement avait appelé au rejet de la motion. ATS

Bonne note pour l’EPFZL’EPFZ pointe à la 9e place du classement des universités de Times Higher Education. C’est la première institution non anglo-américaine à y faire son entrée depuis dix ans. Selon la 12e édition de ce classement, la Suisse a dix de ses hautes écoles dans le top 800 des universités mondiales, dont sept parmi les 150 premières. L’EPFL est 31e. Suivent les universités de Bâle (101e), Zurich (104e), Berne (120e), Genève (131e) et Lausanne (144e). ATS

PANORAMA

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

Lire la crise des réfugiés avec Hannah Arendt

A la lumière de la crise des réfugiés qui divise l’Europe, il

est urgent de relire l’essayiste d’origine allemande Hannah Arendt. Dans un chapitre particulièrement éclairant de son livre Les Origines du totalitarisme, elle note comment une nouvelle catégorie d’êtres humains a émergé dans les années 1930: les «sans-droits». Privés de toute appartenance à une com-munauté politique et donc de toute protection juri-dique, on sait le sort que leur réservèrent le IIIe Reich et ses collaborateurs.

Hannah Arendt décrit ce pro-cessus progressif de spoliation des droits – droits pourtant sup-posés inaliénables – qui condui-sit à la mise à mort de millions de personnes: «Les guerres civiles n’ont pas seulement été plus cruelles et plus sanglantes que les précédentes, elles ont entraîné l’immigration de groupes qui n’ont été accueillis nulle part. Une fois qu’ils ont quitté leur patrie, ils se sont retrouvés sans patrie; une fois qu’ils ont abandonné leur Etat, ils sont devenus apatrides; une fois qu’ils ont été privés des droits que leur humanité leur conférait, ils se sont retrouvés sans droits, la lie de la terre. Rien de ce qui était en train de se faire, quel que fût le nombre de gens qui en connaissaient et qui en prédisaient les conséquences, ne peut être défait ou évité. Le moindre événement a pris l’iné-luctabilité d’un jugement dernier, jugement qui ne serait l’œuvre ni de Dieu ni du diable, mais ressem-blerait plutôt à l’expression de quelque irrémédiable et stupide fatalité.»

Bien sûr, les circonstances historiques ne sont jamais les mêmes. En dépit des barbelés dont s’en-toure la Hongrie du premier ministre hongrois Orban, l’Europe n’est plus – ou pas encore – celle des années 1930 et de la guerre qui s’ensuivit. Mais certains parallèles frappent. Après la Première Guerre mondiale, la Société des Nations avait élaboré des mécanismes de protection des minorités par des traités dûment ratifiés par les nouveaux pays d’Europe centrale et orientale qui garantissaient des droits fondamentaux à toute la population, y compris les minorités. La SDN avait aussi créé le passeport Nansen en 1922 pour trouver une solution devant l’émergence d’une nouvelle catégorie de per-sonnes, les apatrides: Arméniens fuyant les persé-cutions, Russes déchus de leur nationalité par Lénine, qui le premier utilisa l’arme de la dénatio-nalisation massive, Espagnols fuyant les forces fran-quistes, juifs déchus aussi de leur citoyenneté alle-mande, et d’autres… Cela n’a pas empêché «l’irrémédiable et stupide fatalité» de se produire.

Ces dernières décennies, les Nations unies et l’Eu-rope ont pris moult engagements qui sont aujourd’hui profondément mis à mal. Les accords de Dublin ll, qui prévoyaient que les réfugiés devaient déposer une demande d’asile dans le premier Etat membre de l’espace Schengen dans lequel ils arri-vaient, se sont avérés caducs devant l’arrivée d’un demi-million de personnes fuyant la guerre. Le prin-cipe du droit d’asile est remis en question par cer-

tains Etats qui ne veulent pas de réfugiés originaires du Proche-Orient, ou seulement quelques-uns, pour autant qu’ils soient chrétiens. Le principe de la res-ponsabilité de protéger, solennellement entériné par les Etats en 2005, est resté lettre morte, en dépit de quelque 250 000 morts dans le conflit syrien, dont l’écrasante majorité sont des civils. L’Europe est au pied du mur: elle doit aujourd’hui relever le défi de protection des plus vulnérables, ce dont elle fut incapable dans les années 1930.

Arendt a montré comment la mort sociale – lorsque l’on est privé d’appartenance à une communauté politique – peut conduire à sa fin extrême: la liquidation phy-sique. En 1936, le premier ministre français, Léon Blum, avait solennellement mis en garde ceux qui vou-laient fermer les portes aux réfugiés et qui s’obstinaient à croire que la lâcheté leur assurerait la sécurité. En vain. Sous la pression des totalitarismes, des nationa-lismes et de la peur de l’inva-sion dans les régimes démo-

cratiques, le système de protection des minorités et des apatrides a volé en éclats. Et si la guerre s’en prit d’abord aux plus vulnérables – les sans-droits –, elle n’épargna pas pour autant les autres.

Lorsque Hannah Arendt utilise cette formule contradictoire, du droit des sans-droits, elle ne pointe pas seulement l’inadéquation entre les droits fondamentaux et l’impossibilité de les mettre en œuvre pour certaines populations placées désor-mais en marge de l’humanité. Elle invite chacun – les sans-droits comme les autres – à penser politique-ment cette condition et à en tirer les conséquences pour l’avenir de la société. Rejeter des individus hors de la société, ce n’est pas seulement les condamner à la précarité de la vie nue, c’est aussi subir pour la majorité le rétrécissement des valeurs démocra-tiques. Léon Blum avait raison: la lâcheté n’assure jamais la sécurité. n

Ces dernières décennies, l’ONU et l’Europe ont pris moult engagements qui sont aujourd’hui profondément mis à mal

PIERRE HAZAN PROFESSEUR ASSOCIÉ À L’UNIVERSITÉ DE NEUCHÂTEL

La Russie revient en grandeur et en fan-

fare dans le jeu du Proche-Orient. Fidèle à la fois à son obsession anti-américaine et à son désir de rétablir la puissance russe dans le monde, Vladimir Poutine ne se contente plus de déployer des troupes au sol en Syrie, mais rêve de former une coa-lition internationale contre l’Etat isla-mique, concurrente de celle rassemblée derrière les Etats-Unis. Moscou a beau jeu de rappeler que son président s’est tou-jours élevé contre les révolutions, que ce soit à Tbilisi, à Kiev ou à Damas, alors qu’après les guerres illégitimes de George Bush l’administration Obama s’est mon-trée largement désemparée face aux révo-lutions arabes. D’un côté le pragmatisme des «pouvoirs forts», de l’autre l’idéalisme des démocrates! Poutine a clairement vilipendé ces derniers de la tribune de l’Assemblée géné-rale des Nations unies en début de semaine, tandis qu’il cachait à peine sa confiance dans l e s t y r a n n i e s comme garantes inébranlables de la «stabilité» mondiale…

Dès le début des manifestations contre le président Bachar el-Assad en 2011, Mos-cou a adopté une position de clair soutien au régime syrien: toutes les esquisses de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies un tant soit peu exigeantes rencontrèrent systématiquement le veto russe. L’Occident effarouché par la pers-pective d’être entraîné dans une nouvelle guerre au Proche-Orient laissa faire. Toutes les «lignes rouges» à ne pas fran-chir dans l’horreur qu’avaient énoncées Barack Obama ont été allègrement trans-gressées par Damas dans le sang et l’usage d’armes chimiques prohibées. Bachar el-Assad, afin de sauver son pouvoir, enga-gea une stratégie à haut risque mais payante: internationaliser son problème interne en ouvrant largement les portes de son pays aux groupes les plus infré-quentables de la nébuleuse djihadiste actifs en Irak. Le résultat aujourd’hui est là: face au danger que représente la bar-barie de l’Etat islamique, des voix occiden-tales aussi autorisées qu’Angela Merkel ou David Cameron commencent à se ranger aux arguments de Vladimir Poutine et à vouloir reprendre langue avec Damas. La barbarie du régime syrien a pourtant peu à envier à celle de l’EI…

Le déploiement russe actuel semble viser trois objectifs. Il s’agit tout d’abord de rétablir la Russie comme grande puis-sance, capable d’agir en dehors de l’espace ex-soviétique, de laver l’affront jeté par Barack Obama, qui avait qualifié la Russie de «puissance régionale». Le pragmatisme

de Vladimir Poutine et ses attaques féroces contre la politique américaine au Proche-Orient plaisent. L’invasion de l’Irak par George Bush et l’incapacité de tant d’ad-ministrations américaines à imposer un règlement au conflit israélo-palestinien donnent en effet une image désastreuse de la politique américaine dans la région.

Il s’agit ensuite d’essayer, en dehors de la Russie, une stratégie éprouvée dans le Caucase: parier sur un homme dur que le sang n’effraie pas pour ramener la «stabi-lité», fût-ce au prix de l’instauration d’un règne de terreur. Dans le Nord-Caucase russe, le Kremlin a donné carte blanche au jeune président de Tchétchénie, Ram-zan Kadyrov, pour mettre fin à la guerre dans sa république autonome. Dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme pour la violence de son régime, M. Kadyrov a transformé sa répu-

blique en une pro-priété privée hors du droit russe. La guerre a disparu et l a c ap i ta l e, G r o z ny, a é t é re c o n s tr u i te à grands renforts

d’aide budgétaire de Moscou. Toute vel-léité d’opposition y est écrasée sans pitié. Mais, après des années de guerre san-glante, les civils respirent un peu mieux en Tchétchénie.

La présence de troupes russes en Syrie servira enfin à «écouter» et «tracer» les djihadistes caucasiens ou d’Asie centrale qui combattent dans les rangs de l’Etat islamique et probablement à les détruire. Voir des combattants aguerris en Syrie rentrer avec armes et projets en Russie est un scénario-catastrophe que le Kremlin tente de prévenir. Le savoir-faire et la détermination russes en la matière contribueront probablement à rallier quelques pragmatiques, y compris occi-dentaux. Le premier ministre israélien n’a d’ailleurs pas tardé à mettre en place un protocole d’échange d’information avec les Russes, traduisant bien en action la satisfaction israélienne d’un engagement direct en Syrie.

La stratégie est risquée. Derrière son irritation de façade face à ces gesticula-tions russes, il se pourrait bien que l’ad-ministration Obama soit fort encline à laisser Vladimir Poutine jouir seul en Syrie de son sentiment de grande puissance retrouvée. Et à lui permettre de s’y brûler les doigts… n

La barbarie du régime syrien a peu à envier à celle de l’Etat islamique

Très précisément 1,0926 pour un euro, aujourd’hui. Une appréciation d’environ 8% depuis la fin du taux plancher. Comme la Suisse a d’autres partenaires commerciaux, dont le dollar qui s’est apprécié, c’est un peu moins par rapport à leurs devises. Comme l’inflation est plus négative qu’ailleurs, la compétiti-vité s’est un petit peu moins dégradée, de l’ordre de 7%. Mais on est là dans les détails, les chiffres ne sont pas fondamentalement différents. C’est peu, et c’est beaucoup. C’est peu si l’on se rappelle les angoisses de nombreux commentateurs au lendemain de l’annonce de l’aban-don du cours plancher. Certes, sur le coup, la chute avait été beaucoup plus importante, mais il ne fallait pas être sorcier pour réaliser qu’il s’agissait d’une de ces hyper-réactions dont les marchés financiers sont spécialistes. C’est conséquent si l’on pense aux entre-prises soumises à la concurrence internationale, pour lesquelles chaque petit pour cent correspond à des efforts de productivité de tous les jours. Ces 7% doivent être absorbés, soit par des efforts renouvelés, soit par des baisses de salaires, soit par une réduction des profits. Bien sûr, pour les entreprises dont la profitabilité est faible, ces quelques points peuvent conduire à la faillite. De fait, sur les six premiers mois de l’année, les faillites ont augmenté de 5%, sans baisse notable enregistrée en moyenne sur les salaires. Tout ceci ne constitue pas un drame, même si ceux qui sont touchés ont une vision naturellement différente.

La remontée du taux de change n’est pas entièrement naturelle. Depuis fin janvier, les réserves de change de la BNS ont augmenté d’environ 5%, ce qui suggère qu’elle est à la manœuvre. Dans ces conditions, on peut se demander pourquoi elle a abandonné le taux plancher. Officiellement, la BNS redoutait un tsu-nami, un afflux massif de réserves en réponse à l’assouplissement de la politique monétaire de la BCE. Il est vrai que les réserves de change avaient fortement augmenté durant 2014 et s’accéléraient au début du mois de janvier. Mais la véritable raison pour laquelle le tsunami n’a pas eu lieu semble être l’adoption de taux d’intérêt négatifs, ce qui a sus-pendu le rôle du franc comme monnaie refuge. On peut alors se demander s’il n’aurait pas suffi d’adop-ter les taux négatifs et, au besoin, d’absorber des réserves de change supplémentaires d’un montant pas très différent de ce qui a été fait, sans remettre en cause le taux plancher. Il est impossible de répondre à cette question parce que l’on ne peut pas refaire l’histoire. A chacun de se faire sa petite idée.

Et maintenant? Le franc est manifestement suréva-lué. Dans les douze prochains mois, le dollar et la livre britannique vont probablement s’apprécier, c’est du moins la logique que suggère le resserrement à venir des politiques monétaires lorsque la crois-sance revient. L’euro et le yen japonais devraient se déprécier, pour une raison symétrique. Les mon-naies de pays émergents risquent de baisser – cer-

taines ont déjà commencé. Ce n’est donc pas de l’étranger que viendra le soulagement. Ni d’ailleurs de la BNS, qui peut difficilement baisser nettement ses taux d’intérêt déjà négatifs. Pas de soulagement en vue, donc. Il faudra faire avec. La réponse naturelle serait pour les entreprises suisses de grimper l’échelle de qualité, en dévelop-pant des produits de plus en plus haut de gamme, là où la valeur ajoutée est plus élevée. Manifestement, l’avenir de la Suisse n’est pas dans les produits qui peuvent être développés à bas coût ailleurs. Cela demande des investissements et de la recherche. Cela demande aussi une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée, et l’on repense au 9 février 2014…

L’autre solution, dont on ose à peine parler, est la politique budgétaire. Certes, le frein à l’endettement est une bonne idée qui apporte un niveau de stabilité dont peu d’autres pays disposent. Mais lorsque la Confédération peut emprunter à des taux négatifs, il est difficile de comprendre pourquoi elle ne lève pas des fonds pour réaliser des investissements qui n’ont pas besoin d’être extraordinairement produc-tifs pour se rembourser d’eux-mêmes. On pense naturellement aux infrastructures, à la recherche et à l’éducation, à tout ce qui peut aider l’appareil productif à monter en gamme. Bien sûr, ouvrir les vannes risque d’aiguiser bien des appétits pour toutes sortes de dépenses, pas nécessairement pro-ductives. Mais la question mérite d’être posée. n

Où en est le franc?

Toute-puissance de la poésie Lecture théâtrale de Guillaume Chenevière, 2 octobre à 19h, Fondation Jan Michalski, Montricher

Peut-on éradiquer la faim d’ici à 2030?Conférence IHEID, 7 octobre à 18h30, Palais Eynard, Genève

«Quand les banquiers font la loi» Yves Sancey présentera son livre paru aux Ed. Antipodes et en débattra, le 15 octobre à 17h30, librairie BASTA à Dorigny, Lausanne

LES RENDEZ- VOUS

ANALYSE OPINION

Planète éco

Le jeu dangereux de Poutine en Syrie

CHARLES WYPLOSZ

ALAIN DÉLÉTROZ CHERCHEUR ASSOCIÉ DE FRIDE (MADRID) ET CADRE DIRIGEANT EN RÉSIDENCE AU GCSP DE GENÈVE

C M Y K

10 Débats

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JEUDI 1ER OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1ER OCTOBRE 2015LE TEMPS

Pascal Lamy: «La probabilité d’une sortie du Royaume-Uni de l’euro me paraît faible.» (YANNICK COUPANNEC/LEEMAGE)

«L’UE s’est construite à plusieurs vitesses» RAM ETWAREEA, BRUXELLES

En juillet dernier, la zone euro était à deux doigts de l’implosion, avec certains Etats réclamant plus ou moins ouvertement le Grexit. Quelles leçons peut-on tirer de cette situation? L’idée de départ selon laquelle l’intégration écono-mique européenne allait produire des citoyens européens ne s’est pas vérifiée pour l’instant. Et en même temps, les multiples divi-sions – sur la Russie entre les anciens pays communistes et les autres, sur la Grèce entre nord et sud, sur les réfugiés entre l’est et l’ouest – sont révélatrices d’un même problème: nous avons un espace commun dont la gouver-nance est insuffisamment inté-grée. Le Grexit serait devenu un problème pour tout le monde. La Russie nous concerne tous, comme la question des migrants. Chaque crise oblige l’UE à fixer un «taux de change» européen entre discipline et solidarité. Dans un espace national, les citoyens ne se demandent pas ce qu’ils font ensemble. Mais la question se pose à l’intérieur d’une communauté plus large. En Europe, le taux de change entre la discipline et la solidarité n’est pas le même pour les Allemands et pour les Français. Les Allemands acceptent un peu de solidarité pour beaucoup de disciplines. Pour les Français, c’est l’inverse. Les crises obligent les dirigeants nationaux à trouver un taux de change commun. La vigueur, pour ne pas dire la vio-lence des débats qui ont eu lieu au Conseil européen au sujet de l’accueil des réfugiés a été phénomé-nale. On a frôlé une situation où la Grèce aurait dû sortir de la zone euro. Des noms d’oiseaux infamants ont circulé mais on a trouvé une solu-tion. Reste à savoir si elle est défi-nitive. J’en doute, même si Alexis Tsipras a désormais les moyens pratiques de faire les réformes profondes qui sont indispen-sables.

Durant cette période critique, Jacques Delors a tiré la sonnette d’alarme et averti que l’Union éco-nomique et monétaire (UEM) n’était plus gouvernable. Partagez-vous cette crainte? La solidarité créée de fait au sein de l’UEM n’a pas été accompagnée d’un approfondis-sement de la discipline et de la responsabilité. Delors avait déjà dit dans les années 1990 que l’Union économique et monétaire avait une grosse jambe monétaire et une petite jambe économique. Il faut élever le niveau d’intégra-tion politique. Comme on ne fera pas mincir la jambe monétaire, il faudra faire grossir la jambe éco-nomique, c’est-à-dire la conver-gence des performances écono-miques.

L’UEM a été mise en place comme un instrument pour insuffler de la crois-sance, la création d’emplois et la prospérité. On ne peut pas parler de mission accomplie… Pendant quinze ans, si. Mais, effective-ment, pas depuis la crise de 2008. L’Europe n’a pas encore retrouvé le niveau de vie d’avant-crise. Cela joue un grand rôle dans la désaf-fection des opinions publiques à l’égard de l’Europe; le soutien aux institutions européennes a dimi-nué de près de moitié en dix ans. Cela est dû essentiellement, même si pas seulement, à la crise. La pro-messe du bien-être ne s’est pas réalisée. Il y a aussi une responsa-bilité institutionnelle. Dans le partage de rôles, la Commission a accepté de jouer le rôle de Rami-

nagrobis. A partir du moment où on avait l’impression que Bruxelles imposait la rigueur, voire l’austé-rité, les liens se sont tendus. La Commission a accepté de jouer ce rôle au sein de la troïka qui est devenue une machine à fabriquer de l’antipathie.

Où situez-vous l’origine de la crise? La responsabilité initiale de la crise de 2008 revient aux Etats-Unis où il y avait une insuffisance de régulation de l’industrie finan-cière. Mais l’industrie financière européenne était, elle aussi, trop vulnérable parce que pas assez régulée au niveau européen. La crise a mis en évidence les défauts de la construction monétaire qu’avait signalés Delors. L’Union bancaire a été mise en place en urgence. Si en 2008, on avait dit qu’il allait falloir confier la respon-sabilité de la surveillance des ins-titutions financières à la Banque centrale européenne, on aurait

Européens. Au moment où les Américains ont fait un saut de compétitivité grâce au gaz de schiste, nous n’avançons pas parce que les grilles électriques ne sont pas compatibles d’un pays à l’autre. C’est un problème de mar-ché intérieur.

Vous avez parlé auparavant de l’Union bancaire. Un grand pas en avant vers l’intégration, n’est-ce pas? Bien sûr. Et on n’a pas com-mencé par construire l’institu-tion. On s’est demandé quelles seront les banques qui seront soumises à la régulation, puis on a f a i t l e m o d e d ’e m p l o i . Aujourd’hui, c’est une institution qui roule.

L’UEM comporte aujourd’hui 19 Etats, mais son objectif à terme est d’intégrer tous les pays de l’UE? Pensez-vous qu’on évolue dans la bonne direction? A chacun des pays de choisir son échéance. Je doute que la Grande-Bretagne en fasse partie de mon vivant.

Mais est-elle assez attirante pour des pays comme la Pologne ou les autres pays d’Europe de l’Est et centrale? A eux de voir. S’ils estiment que les disciplines que cela implique sont acceptables et gérables, ils peuvent adhérer et bénéficier de la solidarité de la zone euro.

Pour l’heure donc, nous devons continuer à faire avec une Europe à deux vitesses… Il y a toujours eu plusieurs vitesses en Europe: Espace économique européen, Schengen, Eureka. C’est mieux d’ailleurs ainsi car chaque pays peut décider de monter dans le train à un moment choisi.

Craignez-vous un Brexit? La pro-babilité me semble faible, mais si cela devait se produire, ce serait une vraie catastrophe pour la construction européenne qui est une affaire de civilisation dont les Britanniques font évidemment partie. Il ne faut pas se désinté-resser du sujet sous prétexte que la probabilité est faible. Il ne faut surtout pas alimenter le discours anti-britannique. Il faut que des Britanniques trouvent un narratif pro-européen britanno-britan-nique, ce qu’on n’a pas vu durant les quinze dernières années. Tony Blair a fait des proclamations pro-européennes au début de son mandat, mais il n’a jamais dépensé de son capital politique pour faire avancer la construction euro-péenne. Son successeur, Gordon Brown, non plus, mais il n’a pas pris la peine de faire semblant. Le gouvernement de Cameron ne gagnera pas son référendum sans un narratif qui décrit pourquoi c’est mieux pour la Grande-Bre-tagne d’être dans l’Union que d’être en dehors.

Craignez-vous la désaffection pour l’Europe qui gagne du terrain? Non. Parce que le phénomène s’est sta-bilisé depuis dix-huit mois. Il s’était beaucoup dégradé durant les dix dernières années.

Mais comment expliquez-vous le succès des partis comme Syriza en Grèce, la montée de Podemos en Espagne et du Front national en France? Dans le cas grec, nous savons que l’arrivée de Syriza cor-respond à une situation politique spécifique. Podemos n’est pas encore au pouvoir en Espagne. En France, il y a toujours eu plus d’es-pace pour les extrêmes. En Suisse, c’est l’extrême droite qui a mangé la droite. En France, c’est la droite qui tente de manger l’extrême droite.

entendu des hurlements souverai-nistes. C’est bien la preuve qu’il faut rapprocher les deux jambes de l’UEM.

Les critères de convergence ne sont-ils pas dépassés? Ils font sens sur le long terme. Il s’agissait de créer un lien entre le déficit budgétaire et l’endettement public. C’est rai-sonnable et logique. Avec des taux d’endettements à 100% du PIB et des taux réels quasiment nuls, ils pourraient être revus.

vie ou la réduction du chômage passent d’abord.

Vous êtes un homme d’idées. Quelles seraient les cinq premières idées qui pourraient créer un nou-veau dynamisme en Europe? Un impôt commun sur les sociétés, l’équivalent d’Erasmus pour l’ap-prentissage pour un million de jeunes chômeurs européens, le Plan Juncker, une forte impulsion à l’économie numérique et digi-tale, et la Communauté euro-péenne de l’énergie.

L’UE a-t-elle les moyens pour les réaliser? Oui. ErasmusPro pour les apprentis coûterait cinq milliards d’euros. Ce n’est pas la mer à boire. Pour la Communauté européenne de l’énergie, il y a du travail à faire. La Pologne voudrait maintenir le charbon et la France voudrait plus de nucléaire. Mais il faut passer par des négociations et trouver un équilibre qui sert les intérêts des

Cet été, Bruxelles a publié le rapport des cinq présidents pour l’approfon-dissement de l’UEM. Que rete-nez-vous de ce document? C’est un document utile, mais très diplo-matique et extrêmement prudent sur le plan politique de manière à ne fâcher personne. Mais il a l’avantage d’identifier les ques-tions sur lesquelles il va falloir se pencher pour approfondir l’UEM.

Pensez-vous aussi à un gouverne-ment, un budget et même un parle-ment de la zone euro? La carrosse-rie institutionnelle doit être posée sur une motorisation adéquate. Il faut partir du contenu: quelles disciplines pour quelle solidarité? Quels objectifs de convergence en matière économique et sociale? On ne va jamais enchanter le citoyen européen en lui disant qu’il faut un parlement de la zone euro. Ce n’est pas que les institu-tions ne soient pas importantes. Mais la croissance et le niveau de

UNION EUROPÉENNE L’ancien directeur de l’OMS Pascal Lamy, acteur historique du projet européen, appelle à un approfondissement de la solidarité et à une plus grande intégration au sein de la zone euro

«On ne va jamais enchanter le citoyen européen en lui disant qu’il faut un parlement de la zone euro»

INTERVIEW

C M Y K

12 Eclairage

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

PASCALINE MINET

Qui pour présider le GIEC? A l’occasion de sa prochaine ses-s i o n , d u 5 au 8 o c t ob re à Dubrovnik, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu-tion du climat se dotera d’un nou-veau comité de direction, élu par ses 195 Etats membres. Une échéance importante pour cette institution scientifique chargée d’informer le monde politique sur les changements climatiques et leurs risques. Parmi les favoris pour le poste de président figure un Suisse, le physicien du climat de l’Université de Berne Thomas Stocker.

Depuis sa création en 1998, le GIEC a joué un rôle majeur dans la prise de conscience internatio-nale des menaces liées au réchauf-fement. Des milliers de scienti-fiques ont été impliqués dans la publication de ses cinq rapports d’évaluation, dont le dernier en date, publié l’année passée, ser-vira de base aux négociations lors la conférence climatique COP21 de Paris en fin d’année. Récom-pensé en 2007 par un Prix Nobel de la paix, le GIEC a par la suite traversé des turbulences, notam-ment en 2010 lors de la décou-verte dans son 4e rapport de syn-thèse d’une erreur grossière concernant la fonte des glaciers himalayens.

Le dernier président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri, a effectué deux mandats à la tête de l’institution, soit treize années de règne. Personnage controversé, il lui a été reproché ses prises de position politiques, alors que le GIEC devrait par principe rester neutre. Mais c’est sous le coup d’une accusation de harcèlement sexuel, déposée par une cher-cheuse de son institut TERI, à New Delhi, que l’ingénieur a été contraint à la démission en février dernier, à quelques mois de la fin officielle de son mandat.

Le poste de président du GIEC comporte de nombreux enjeux. «Les Etats membres attendent

surtout de lui qu’il maintienne la haute qualité scientifique des tra-vaux», souligne José Romero, de la division Affaires internatio-nales de l’Office fédéral de l’envi-ronnement, qui présidera la délé-gation suisse à Dubrovnik. Par ailleurs, le GIEC doit mieux inclure les pays en développe-ment – en première ligne face aux changements climatiques, ils sont encore insuffisamment représen-tés au sein de l’institution. Enfin, une amélioration de sa commu-nication apparaît primordiale, les rapports actuels manquant de lisibilité pour les non-scienti-fiques.

Six pays, dont la Suisse, ont nommé un candidat à la prési-dence du GIEC. Désigné au mois de février par le Conseil fédéral, Thomas Stocker présente une des candidatures les plus abouties. Un site internet officiel rappelle ses impressionnantes références:

entre son rôle reconnu comme coprésident du groupe de travail sur les bases physiques du réchauffement et ses quelque 200 publications, son expertise scien-tifique constitue un de ses prin-cipaux atouts. «Le débat sur les changements climatiques a pris une dimension de plus en plus politique et cela se comprend par-faitement. Cependant, le GIEC doit rester concentré sur la science afin de conserver son intégrité», estime l’intéressé.

«Thomas Stocker a fait preuve de ses compétences en matière de communication en introduisant dans le dernier rapport de son groupe de travail des déclarations courtes et non techniques qui facilitent la lecture», relève par ailleurs José Romero. Autre inno-vation que le physicien aimerait développer davantage s’il est élu: la régionalisation des informa-tions. «Nous sommes désormais capables de fournir des prévisions plus précises, par exemple sur la désertification en Afrique sub-saharienne ou sur la montée du niveau des mers dans le Paci-fique», indique-t-il.

D’autres candidats de poids seront face à lui. Parmi eux, le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele a été le premier à annoncer sa candidature et a depuis mené une intense cam-pagne. Vice-président du GIEC depuis 2008, il met beaucoup en avant ses capacités de communi-cation et de médiation. Le candi-dat américain Chris Field, copré-sident du groupe de travail sur les impacts et l’adaptation aux chan-gements climatiques, est porté par la puissance de son pays. Il fait valoir sa multidisciplinarité, qui l’a amené à travailler sur les méca-nismes du réchauffement comme sur les solutions d’adaptation.

D’autres candidats encore pour-raient créer la surprise, dont le Coréen Hoesung Lee, économiste spécialisé dans les changements climatiques et vice-président du GIEC. Nebojsa Nakicenovic, éga-lement économiste, est candidat pour l’Autriche et le Montenegro, mais il est desservi par le fait de ne pas avoir occupé de fonctions importantes au sein de la direc-tion du GIEC. Enfin, le seul can-didat en provenance d’un pays en développement est le Sierra-Léo-nais Ogunlade Robert Davidson, qui fut vice-président du GIEC de 2008 à 2014.

Quelles sont les chances du can-didat suisse? «L’élection va se jouer en partie sur des facteurs qui dépassent le travail du GIEC, comme des préférences régio-nales. Mais si les Etats se concentrent sur les qualités intrinsèques du candidat, alors Thomas Stocker a toutes ses chances», affirme José Romero. Le résultat du vote devrait être connu mardi 6 octobre. n

Un président suisse pour le GIEC?CLIMAT La direction du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat va être renouvelée. Le climatologue de l’Université de Berne Thomas Stocker pourrait prendre la tête de l’institution

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Des drones pour livrer des médicaments en Afriquehttp://letm.ps/drn

SUR LE WEB

Le climatologue de l’Université de Berne Thomas Stocker. (TOMAS WÜTHRICH)

Le virus du sida (VIH) est malin. Le microbe a déve-loppé des parades afin d’annihiler les boucliers mis en place par les cellules humaines pour éviter d’être infectées. Deux équipes, dont l’une incluant des généticiens et bio-informaticiens de l’Université de Genève, ont mis au jour l’un de ces mécanismes de défense. Leurs études paraissent ce jeudi dans Nature. «Une découverte fondamentale qui explique pourquoi nos organismes sont bien protégés contre les infections de nombre de rétrovirus», commente Didier Trono, professeur au laboratoire de virologie de l’EPFL, qui n’a pas pris part à ces travaux.

Depuis longtemps, les scientifiques savent qu’une protéine, nommée Nef, joue un rôle crucial dans diverses étapes du cycle viral du VIH. «Notre travail de généticiens a été de comprendre pourquoi cer-taines cellules sont plus sensibles au VIH que d’autres, et donc d’identifier les clés de cette varia-bilité en regard des actions de Nef», dit Stylianos Antonarakis, professeur de génétique médicale à l’Université de Genève, et coauteur de l’étude.

Thérapies géniques en vueSur demande de Massimo Pizzato, spécialiste du

VIH à l’Université de Trento (Italie) et premier auteur, son équipe a examiné des lignées cellulaires de divers organes. Et a mis la main sur SERINC5, une protéine de la membrane des cellules servant à leur autodéfense. Massimo Pizzato explique: «Le mécanisme d’infection [habituel] du VIH se passe en deux temps. D’abord, le VIH se reproduit dans une cellule. Lorsqu’il en ressort pour poursuivre son travail destructeur ailleurs, il emporte une par-tie de la membrane cellulaire infectée pour consti-tuer sa propre membrane. Cette bribe inclut des protéines SERINC5. Ensuite, quand le VIH essaie d’infecter une seconde cellule, SERINC5 agit comme un signal d’alarme et la prévient de l’arrivée du pathogène.» Le virus ne serait alors en principe plus capable d’y pénétrer, la cellule cible, parée, l’en empêchant. «C’est ainsi que nous résistons à l’at-taque de nombreux rétrovirus», dit Didier Trono. Mais pas à celle du VIH, car l’astuce est là: la proté-ine Nef du virus du sida inhibe SERINC5. Autrement dit, le microbe fait disparaître ce qui, pour la cellule qu’il vise, constitue un signal d’alarme de l’attaque. Et Massimo Pizzato de se réjouir: «Ce facteur cellu-laire antiviral pourrait être exploité pour développer des thérapies géniques anti-VIH.»

Didier Trono relativise: «SERINC5 s’ajoute à la longue liste des molécules impliquées dans le cycle d’infection du VIH, qui constituent autant de pos-sibilités pour développer des médicaments» affai-blissant le pathogène. Trois, en jeu directement dans la réplication du VIH, sont déjà ciblées par les subs-tances constituant les trithérapies. «Or, là, il faudrait développer un produit neutralisant non pas l’action d’une seule molécule, mais l’interaction entre deux protéines», Nef et SERINC5. «C’est plus complexe. Et l’on connaît la frilosité de l’industrie pharmaceu-tique à se lancer dans la recherche de médicaments entièrement novateurs.» n OLIVIER DESSIBOURG

SIDA Deux équipes de recherche, dont une avec participation genevoise, ont mis au jour une des tactiques utilisées par le virus du sida pour envahir les cellules humaines à leur insu et s'y répliquer

Découverte de l’une des clés du VIH pour infecter les cellules

«Le GIEC doit rester concentré sur la science afin de conserver son intégrité»

MÉTÉO

Situation générale aujourd’hui à 13h

SITUATIONGENERALE Une vio-lente tempête sévit actuellement en Méditerranée, alors qu’un anti-cyclone s’étend toujours sur le nord de l’Europe. Entre deux, la Suisse vit plutôt au rythme du stratus et de la bise. Vendredi cependant, la dépression Médi terranéenne se

rapprochera de l’arc alpin en se désactivant progressivement. Cela se traduira par des précipitations au sud des Alpes et des passages nuageux d’altitude ailleurs. Une transition encore peu claire vers un régime de sud-ouest est atten-due par la suite.

PRÉVISIONS À CINQ JOURS

VENDREDI

90 %SAMEDI

70 %DIMANCHE

50 %LUNDI

40 %MARDI

30 %

Bassin lémanique,Plateau romand et Jura

5° 15° 9° 17° 10° 18° 10° 18° 10° 18°

Limite du stratus 1200 m – – – –

Alpes vaudoiseset valaisannes (500 m)

5° 19° 9° 20° 10° 19° 10° 19° 10° 19°

Limite du stratus – – – – –

Suisse centraleet orientale

5° 19° 9° 20° 10° 19° 10° 19° 10° 19°

Limite du stratus – – – – –

Sud des Alpes

5° 19° 9° 20° 10° 19° 10° 19° 10° 19°

Limite du stratus – – – – –

H

H

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BB

B

B

B

25 à 30°- de -5° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 30 à 35° 35 à 40° 40° et +

EPHÉMÉRIDEJeudi 1er octobre 2015

lever: 07h33coucher: 19h17-3 min.

lever: 21h41coucher: 11h28

décroissantetaux de remplissage: 85%

Bâle

Lausanne

Sion

Verbier

Locarno

ZurichSaint-Gall

Coire

Saint-Moritz

Genève

La Chaux-de-Fonds Berne

3° 13°

8° 15°

4° 12°

5° 19°6° 16°

5° 16°

3° 15°

10° 16°

–2° 9°

4° 13°

5° 15°

5° 15°

Prévisions en Suisse pour le matin et l’après-midi. Les températures indiquées sont les valeurs minimales (en bleu) et maximales (en rouge)

MétéoSuisse tél. 0900 162 666 en ligne avec nos météorologues, 24 heures sur 24 (fr. 3.- l’appel, fr. 1,50 la minute)

www.MeteoSuisse.ch

Hautepression

Bassepression

Frontfroid

Frontchaud

Frontocclus

Isobares(hPa)

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

faible sur la croissance des baisses de prélèvement sur les entreprises, dans le cadre des deux mesures phares du quin-quennat Hollande: le crédit d’im-pôt pour la compétitivité et l’em-p l o i ( C I C E ) ( 1 7, 3 m i l l i a rd s d’allégements en 2014, 18,5 mil-liards en 2016) et le pacte de res-ponsabilité (6,5 milliards d’euros en 2015, 13,5 milliards en 2016)? Confrontées à l’une des plus sévères pertes de compétitivité de leur histoire, et empêchées d’embaucher par un droit du tra-vail largement sclérosé, les entre-prises françaises ne répercutent pas les avantages qui leur sont consentis, d’autant que ceux-ci exigent des compétences admi-nistratives souvent hors de por-

RICHARD WERLY, PARIS

Michel Sapin l’a répété mercredi à plusieurs reprises: le projet de budget français pour 2016 sera celui des «engagements tenus». A preuve, selon le ministre des Finances, la prévision d’un déficit public ramené à 3,3% du produit intérieur brut (PIB) contre 3,8% envisagé pour 2015, et celle d’une dette publique stabilisée à 96,5% du PIB en 2016 et 2017. Toutes les courbes présentées mercredi avaient pour but d’accréditer cette version de l’assainissement des finances tricolores, après le dérapage de 2007 à 2012, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui vit la dette française s’envoler de 64,4% du PIB à 89,6. «Le socia-lisme, c’est aussi l’efficacité et la maîtrise des comptes qui per-mettent à la France de peser beau-coup plus fort en Europe», s’est réjoui le ministre. En assénant son chiffre fétiche: 50 milliards d’euros (54 milliards de francs) d’économies réalisées sur trois ans, de 2015 à 2017, dont 19 mil-liards pour le fonctionnement de l’Etat, et 10,7 pour les collectivités locales.

Pour certains observateurs, il est difficile, toutefois, de voir dans cette volonté affichée de «rigueur» budgétaire – un mot jamais pro-noncé, car «tabou» pour la gauche au pouvoir – une solution aux problèmes économiques français. D’abord parce que la croissance, seule capable de faire diminuer le chômage record (10,8% de la population active, soit 3,85 mil-lions de demandeurs d’emploi officiels à fin août), demeurera insuffisante en 2015 (1%) et reste toujours susceptible de s’enrayer. Ce qui a amené le Haut Conseil des finances publiques à réviser mer-credi son jugement sur l’objectif de 1,6% en 2016, qualifié avec réserve «d’atteignable».

Ensuite, le régime plus strict imposé à l’Etat français et à ses agences n’empêche pas les dépenses publiques de continuer

Pourquoi Paris n’arrive pas à épargner

tée des PME. Charges sociales toujours trop lourdes, priorité donnée aux investissements à l’étranger plutôt qu’en France, réticences des banques à prendre des risques mais, surtout, consommation intérieure tou-jours atone malgré la légère reprise du marché automobile: «Il y aura des créations d’emplois lorsque les entreprises auront des commandes. Cela ne se décrète pas», expliquait récemment Véro-nique Brouillet, l’une des respon-sables du patronat dans la dyna-mique région Aquitaine.

Or, au même moment, les ten-tations pour dépenser plus sont légion. Les élections régionales prochaines, en décembre, ont déjà vu les responsables socia-listes de province taper à la porte du gouvernement pour solliciter plus d’aide. Les Ministères de la défense et de l’intérieur, deux postes «sanctuarisés», réclament toujours plus de moyens pour faire face à la menace terroriste et mener les opérations militaires extérieures. Puis se profilera, dès les premiers mois de 2016, l’élec-tion présidentielle de mai 2017 pour laquelle François Hollande risque de retomber, s’il est can-didat, dans le piège des coûteuses promesses.

«Depuis 1978, la France esquive. Plus grave, elle mène un jeu ridi-cule qui, à la longue, finit par être dangereux: celui d’engagements régulièrement réaffirmés pour être tout aussi régulièrement tra-his», assène l’économiste Jean-Marc Daniel dans son dernier livre Le Gâchis français. Présent à Paris cette fin de semaine, le commissaire européen Pierre Moscovici, premier ministre des Finances du quinquennat Hol-lande, va donc devoir préparer ses réponses. Car, s’il peut rassu-rer à court terme les partenaires de la France, ce projet de budget 2016 ne dessine toujours pas les contours du redressement indis-pensable de la seconde économie de la zone euro. n

«Le socialisme, c’est l’efficacité et la maîtrise des comptes qui permettent à la France de peser en Europe»

à progresser. En hausse de 1% en 2015, celles-ci augmenteront de 1,3% en 2016 pour atteindre près de 58% du PIB. «Des risques signi-ficatifs pèsent sur la réalisation de l’objectif de ralentissement de la dépense en volume, compte tenu de sa trajectoire passée», ont d’ailleurs commenté aussitôt les sages du Haut-Conseil, faisant écho aux magistrats de la Cour des comptes qui, début septembre, s’étaient inquiétés de la progres-sion des dépenses de personnel dans l’administration française: 278 milliards d’euros en 2014, soit le poids le plus important de l’OCDE après les pays scandinaves et la République tchèque.

La Commission européenne, appelée à s’exprimer dans les pro-

chaines semaines sur les prévi-sions françaises, devrait elle aussi se focaliser sur ce point, au moment où l’Allemagne continue, elle, de réduire ses dépenses esti-mées aujourd’hui à 44,1% du PIB, grâce à ses coupes en matière de protection sociale et sur les retraites.

La vérité, au vu de la batterie de chiffres du projet de loi de finances 2016, est que la France n’arrive pas à dépenser moins parce qu’elle ne le veut pas vrai-ment, parce que les réformes structurelles d’envergure font toujours défaut et parce que le principal moteur de son écono-mie demeure la puissance publique. Comment, par exemple, ne pas s’étonner de l’impact aussi

«La surprise de ce projet de loi de finances, c’est qu’il n’y a pas de surprise. Nous mettons en œuvre ce que nous avons avancé», a déclaré Michel Sapin, ministre des Finances. (ERIC FEFERBERG/AFP)

CONJONCTURE Le projet de budget français pour 2016 présenté mercredi prévoit de ramener, comme prévu par le gouvernement socialiste, le déficit public à 3,3% du PIB. Ces prévisions montrent aussi en creux l’absence de réformes

-0,1%INFLATION DANS LA ZONE EURO L’inflation rechute. L’indice des prix à la consommation dans la zone euro affiche un recul de 0,1% en septembre. En Espagne, la chute est même de 1,2%. De quoi pousser la Banque centrale européenne à prolonger ses mesures de soutien.

RALPH LAUREN

Couturier

Le créateur a annoncé son départ de la tête de la maison Ralph Lauren. Il demeurera président exécutif et responsable de la création.

Toshiba dans la tourmenteLes dirigeants du conglomérat ont tenté d’apaiser mercredi au cours d’une assemblée générale extraordinaire le courroux des actionnaires suite à un scandale financier.

SMI 8513,41 +2,28%

kDollar/franc 0,9765 kEuro/franc 1,0907 l

Euro Stoxx 50 3100,85 +2,34%

kEuro/dollar 1,1171 lLivres St./Franc 1,4754 k

FTSE 100 6061,61 +2,58%

kBaril Brent/dollar 48,38 k

Once d’or/dollar 1114 l

CHUTE CONTINUE

300,40500

450

400

350

300

250

30 déc. 2014 30 sept. 2015

Cours de l’action Toshiba, en yens

3,3%Le déficit public devrait être ramené à 3,3% du produit intérieur brut (PIB) contre 3,8% envisagé pour 2015

10,8%C’est le taux de chômage record à fin août, soit 3,85 millions de demandeurs d’emplois

15

C M Y K

Economie&Finance

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Page 16: Le Temps du 30 septembre 2015

Ordre des informations de fonds: Nom du fonds, monnaie comptable du fonds, Conditions d’émission / rachat, Particularités, Valeur d’inventaire(valeurs du mercredi, 30.09.2015, indication des fluctuations de cours voir particularités), Performance 2015 en %FONDS DE PLACEMENT Fournis par: Swiss Fund Data AG en collaboration avec SIX Swiss Exchange AG et SIX Telekurs Ltd. PUBLICITÉ

AmundiTél.:+352-47676222www.amundi.com

Amundi Interinv. Cap. Balanced EUR C EUR -/- 1663.75 -3.4

Amundi Interinv. Cap. Balanced USD CUSD -/- 1415.70 -10.0

Amundi Interinv. Cap. Bonds EUR C EUR -/- 1376.35 -2.8

Amundi Interinv. Short Term EUR I EUR -/- 4822.13 0.0

Amundi Interinv. Short Term EUR P EUR -/- 113.25 -0.0

Amundi Interinv. Short Term EUR S EUR -/- 114.90 -0.0

Amundi Interinv. Short Term USD I USD -/- 2825.06 0.2

Amundi Interinv. Short Term USD P USD -/- 115.42 0.2

Amundi Interinv. Short Term USD S USD -/- 116.64 0.2

AS Investment ManagementTél. +41 22 716 52 00www.as-im-com

AS Equities - Flex Switzerland CHF 2/2 a 112.50 -2.9

AS Equities - Opp Switzerland CHF 2/2 a 123.10 1.5

Baloise Fund InvestTél. +41 58 285 80 72Fax +41 58 285 91 47www.baloisefundinvest.com

Fonds en obligations

BFI EuroBond (EUR) R Acc EUR 2/1 89.45 -0.3

BFI Swissfranc Bond (CHF) R Acc CHF 2/1 117.53 0.8

Fonds en actions

BFI Equity Fund (EUR) R Acc EUR 2/1 159.16 -4.2

BFI EuroStock (EUR) R Acc EUR 2/1 39.32 -2.2

BFI InterStock (CHF) R Acc CHF 2/1 74.32 -11.1

BFI SwissStock (CHF) R Acc CHF 2/1 106.67 -5.2

Fonds d’allocation d’actifs

BFI Activ (CHF) R Acc CHF 2/1 113.77 -4.4

BFI Activ (EUR) R Acc EUR 2/1 68.62 -1.3

BFI Capital Protect (CHF) R Acc CHF 2/2 11.76 0.5

BFI C-QUAD. ARTS Bal. (EUR) R CHF CHF 2/1 12.62 1.0

BFI C-QUAD. ARTS Bal. (EUR) R EUR EUR 2/1 13.04 2.0

BFI C-QUAD. ARTS Cons. (EUR) R CHF CHF 2/1 12.46 1.5

BFI C-QUAD. ARTS Cons. (EUR) R EUR EUR 2/1 12.80 2.6

BFI C-QUAD. ARTS Dyn. (EUR) R CHF CHF 2/1 12.14 -2.8

BFI C-QUAD. ARTS Dyn. (EUR) R EUR EUR 2/1 12.59 -1.8

BFI Dynamic (CHF) R Acc CHF 2/1 101.28 -8.5

BFI Dynamic (EUR) R Acc EUR 2/1 58.18 -2.3

BFI Progress (CHF) R Acc CHF 2/1 112.86 -5.1

BFI Progress (EUR) R Acc EUR 2/1 67.74 -1.9

Fonds en obligations

Bonhôte Asym.–Oblig.(CHF) B (CHF) CHF 3/1 a 99.39 -

Bonhôte Sel.-Obl HR Multi-Fds (CHF) CHF 4/2 a 95.10 -5.8

Bonhôte Strategies-Obligations (CHF) CHF 4/4 a 95.38 -1.9

Fonds en actions

Bonhôte Sel. - BRIC Multi-Fds (CHF) CHF 4/2 a 105.72 -16.3

Fonds immobiliers

Bonhôte-Immobilier CHF 2/2 130.40 -2.0

Investissements alternatifs

B. Alter. Multi-Arbitrage Cl. (CHF) CHF 4/2 b 9480.00 0.4

B. Alter. Multi-Arbitrage Cl. (EUR) EUR 4/2 b 6770.00 1.4

B. Alter. Multi-Arbitrage Cl. (USD) USD 4/2 b 7354.00 1.5

B. Alter. Multi-Performance Cl. (CHF) CHF 4/2 b 13951.00 -3.5

B. Alter. Multi-Performance Cl. (EUR) EUR 4/2 b 9805.00 -2.3

B. Alter. Multi-Performance Cl. (USD) USD 4/2 b 10837.00 -2.3

Autres fonds

Bonhôte Asym.–Gl.(CHF) B (CHF) CHF 3/1 a 99.16 -

Bonhôte Strategies-Monde (CHF) CHF 4/4 a 149.83 -3.7

Banque Cantonale de GenèveTél. 058 211 21 [email protected]

Fonds en obligations

BCGE Syn (LU) Bonds (CHF) A CHF 1/1 e 101.80 0.4

BCGE Syn (LU) Bonds (EUR) A EUR 1/1 e 102.56 -1.5

BCGE Synchrony Finest of LPP Bonds BCHF 1/1 a 114.37 1.0

BCGE Synchrony Swiss Govt Bonds CHF 4/3 e 113.40 2.6

Fonds en actions

BCGE Syn (LU) PEA (EUR) A EUR 1/1 e 138.76 2.4

BCGE Syn (LU) World Equity (EUR) A EUR 1/1 e 128.43 -2.4

BCGE Synch. Small & Mid Caps CH A CHF 1/1 e 131.29 -1.3

BCGE Synchrony All Caps CH A CHF 1/1 e 139.78 -6.0

BCGE Synchrony Emerging Equity A USD 4/3 f 84.21 -15.3

BCGE Synchrony Europe Equity A EUR 4/3 f 145.80 4.2

BCGE Synchrony Swiss Equity CHF 4/3 e 128.01 -5.7

BCGE Synchrony US Equity A USD 4/3 f 146.38 -12.6

Fonds d’allocation d’actifs

BCGE Syn (LU) Balanced (EUR) A EUR 1/1 e 112.63 -1.8

BCGE Syn (LU) Dynamic (EUR) A EUR 1/1 e 120.51 -2.7

BCGE Synchrony (CH) Balanced (CHF) CHF 2/1 f 128.79 -5.7

BCGE Synchrony (CH) Balanced (EUR) EUR 2/1 f 120.15 -1.6

BCGE Synchrony (CH) Defensive (CHF) CHF 2/1 f 103.18 -3.4

BCGE Synchrony (CH) Dynamic (CHF) CHF 1/1 f 100.61 -8.0

BCGE Synchrony (CH) Dynamic (EUR) EUR 1/1 f 131.90 -2.0

BCGE Synchrony (CH) World Eq (CHF) CHF 1/1 f 98.29 -9.6

BCGE Synchrony Finest of LPP 25 B CHF 1/1 a 106.23 -2.1

BCGE Synchrony Finest of LPP 40 B CHF 1/1 a 101.55 -3.2

BCGE Synchrony Finest of LPP 40 SRI BCHF 1/1 a 95.16 -3.1

Fonds immobiliers

La Foncière CHF 4/4 1010.00 6.3

Banque CIC (Suisse) SATél. +41 61 264 14 51www.cic.ch

Fonds en obligations

CIC CH - Corp Bond Eur - Swiss Foc B BEUR 2/1 e 828.22 -3.3

CIC CH - CORPORATES BOND CHF B CHF 2/1 e 1251.18 -0.4

CIC CH - GOVERNMENTS BOND CHF BCHF 2/1 e 104.72 0.7

CIC CH - HY BOND “CHF PRIMUS” B CHF 2/1 e 104.62 0.5

Fonds en actions

CIC CH - L CAPS SWISS EQ.ACT. B CHF 2/1 e 2091.56 -7.8

CIC CH - S&M CAPS SWISS EQ.ACT. BCHF 2/1 e 133.32 -5.1

Fonds d’allocation d’actifs

CIC CH - STRATEGY (CHF) B CHF 2/1 e 989.28 -1.6

Autres fonds

CIC CH - CONVERT BOND B EUR 2/1 e 1195.46 6.1

CIC CH - CONVERT BOND C CHF 2/1 e 105.75 4.9

BANQUE CRAMER & CIE SA1211 Geneva 12Tél. +41 58 218 60 89Fax. +41 58 218 60 01

Fonds en obligationsBCC Bonds Opportunities EUR 4/4 e 982.21 -0.1

Fonds en actionsBCC Swiss Stocks CHF 4/4 e 1549.72 -4.3

BBGI GROUP S.A.Tél. +41 22 595 96 11

www.bbgi.ch

BBGI - Equities Sw. Behavior. CHF 1/1 e 114.30 -6.2BBGI Commodities (USD) A USD 1/1 e 82.20 -23.5BBGI Islamic Share Energy (USD) USD 1/1 e 111.10 -25.2BBGI Share Clean Energy (USD) USD 1/1 e 48.20 -18.3BBGI Share Gold (USD) USD 1/1 e 29.40 -31.9BBGI Swiss Physical Gold Cl CHF CHF 1/1 e 75.80 -7.9BBGI Swiss Physical Gold Cl CHF hed CHF 1/1 e 66.40 -8.3BBGI Swiss Physical Gold Cl EUR EUR 1/1 e 88.90 1.5BBGI Swiss Physical Gold Cl EUR hed EUR 1/1 e 69.50 -6.5BBGI Swiss Physical Gold Cl USD USD 1/1 e 74.30 -5.8BBGI Tactical Switzerland A CHF 2/1 e 126.30 -7.7BBGI Tactical World A USD 2/1 e 86.70 -12.3

BCV 0848 808 885Gérifonds +41 21 321 32 [email protected]

Fonds d’allocation d’actifs

BCV (LUX) Strat Act Offensive (CHF) CHF 1/1 af 99.43 -7.3BCV (LUX) Strat Act Offensive (EUR) EUR 1/1 af 107.72 -0.3BCV (LUX) Strategy Balanced (CHF) CHF 1/1 af 112.49 -4.2BCV (LUX) Strategy Balanced (EUR) EUR 1/1 af 131.86 0.6BCV (LUX) Strategy Equity (CHF) CHF 1/1 af 102.85 -6.8BCV (LUX) Strategy Equity (EUR) EUR 1/1 af 112.01 1.7BCV (LUX) Strategy Growth (CHF) CHF 1/1 af 102.75 -5.0BCV (LUX) Strategy Growth (EUR) EUR 1/1 af 110.65 1.9BCV (LUX) Strategy Income (CHF) CHF 1/1 af 108.31 -1.3BCV (LUX) Strategy Income (EUR) EUR 1/1 af 131.30 0.4BCV (LUX) Strategy Yield (CHF) CHF 1/1 af 111.71 -2.9BCV (LUX) Strategy Yield (EUR) EUR 1/1 af 132.73 0.7BCV Actif Défensif (CHF) CHF 2/1 f 93.52 -2.9BCV Actif Offensif (CHF) CHF 2/1 f 84.68 -7.6BCV Actif Sécurité (CHF) CHF 2/1 f 101.09 -1.6BCV Pension 25 -P- CHF 1/1 118.76 -1.2BCV Pension 40 -P- CHF 1/1 119.14 -1.2BCV Stratégie Actions Monde CHF 2/1 f 90.75 -9.6BCV Stratégie Dynamique CHF 2/1 f 86.25 -6.9BCV Stratégie Equipondéré CHF 2/1 f 137.29 -4.9BCV Stratégie Obligation CHF 2/1 f 98.30 -1.3BCV Stratégie Revenu CHF 2/1 f 109.93 -3.4BCV(LUX)Strat Act Defensive (CHF) CHF 1/1 af 100.90 -2.8BCV(LUX)Strat Act Defensive (EUR) EUR 1/1 af 105.41 -0.1BCV(LUX)StratActSecurity (CHF) CHF 1/1 af 100.52 -1.6BCV(LUX)StratActSecurity (EUR) EUR 1/1 af 104.79 0.2

BlackRock Asset Management Schweiz AGTél. 044 297 73 73www.blackrock.com/ch

Fonds en obligationsBGF Euro ShortDur A EUR EUR 2/1 e 15.81 0.4

Fonds en actions

BGF European A EUR EUR 2/1 e 104.56 3.4BGF WdMining A USD USD 2/1 e 21.33 -39.1

Fonds d’allocation d’actifsBGF GlobAll A HDG CHF CHF 2/1 e 10.77 -6.8

Bordier & Cie1204 Genèvet +41 58 258 00 00bordier.com

Fonds en obligations

BO Fd IV-Bordier Eur.ShTerm Bd EUR EUR 4/4 e 113.61 -BO Fd IV-Bordier USD ShTerm Bd USD USD 4/4 e 111.02 -

Fonds en actions

BO Fd IV-Bordier Eur Eq Fd EUR EUR 4/4 e 92.78 2.2BO Fd IV-Bordier Gbl EmMkt USD USD 4/4 e 141.36 -BO Fd IV-Bordier US Sel Eq I USD USD 4/4 e 887.37 -BO Fd IV-Bordier US Sel Eq USD USD 4/4 e 92.12 -9.7

Autres fonds

BO Fd IV-Energy CHF CHF 4/4 e 63.60 -25.9BO Fd IV-Energy EUR EUR 4/4 e 64.66 -24.9BO Fd IV-Energy USD USD 4/4 e 65.24 -24.6

Braun, vonWyss & MüllerTél. +41 44 206 40 80

www.bwm.ch

Représentant pour la Suisse:LB(Swiss) Investment AG, Zurich

Fonds en actions

Classic Global Equity Fund CHF 3/3 a 537.85 -4.4Classic Value Equity Fund CHF 3/3 a 170.10 3.3

BSI SATél. +41 91 809 31 69Fax +41 91 809 41 82www.bsibank.com

Fonds en instruments du marché monétaire

BSI-Multinvest - Cash CHF A CHF 2/1 e 100.14 -0.5BSI-Multinvest - Cash EUR A EUR 2/1 e 102.18 -0.1BSI-Multinvest - Cash USD A USD 2/1 e 101.23 -0.0

Fonds en obligations

BSI - Multibond CHF A CHF 2/1 e 115.28 1.4BSI - Multibond EUR A EUR 2/1 e 68.11 0.6BSI - Multibond Global Dynamic A CHF 2/1 e 85.48 -9.6BSI - Multibond USD A USD 2/1 e 122.37 -0.3BSI-Multinvest-Bonds CHF A CHF 2/1 e 110.65 0.2BSI-Multinvest-Bonds EUR A EUR 2/1 e 135.63 -0.6BSI-Multinvest-Bonds USD A USD 2/1 e 109.47 -0.1BSI-Multinvest-GlD Bds A EUR 2/1 e 146.45 0.0BSI-Multinvest-GlD Bds CHF (hed.) A CHF 2/1 e 111.36 -1.2BSI-Multinvest-GlD Bds USD (hed.) A USD 2/1 e 113.44 -0.5BSI-Multinvest-ST Bonds CHF A CHF 2/1 e 118.95 -0.1BSI-Multinvest-ST Bonds EUR A EUR 2/1 e 149.55 -1.2BSI-Multinvest-ST Bonds USD A USD 2/1 e 157.60 0.5

Fonds en actions

BSI-Multieuropa A EUR 2/1 e 103.27 1.0BSI-Multihelvetia A CHF 2/1 e 429.45 -5.0BSI-Multin.Asian Stocks A USD 2/1 187.61 -16.3BSI-Multin.Asian Stocks CHF (hgd) A CHF 2/1 84.36 -17.0BSI-Multin.Asian Stocks EUR (hgd) A EUR 2/1 85.90 -16.3BSI-Multinippon A JPY 2/1 4679.00 1.3BSI-Multinvest-Swiss Stocks A CHF 2/1 e 223.66 -5.9BSI-Multinvest-US Stocks A USD 2/1 e 155.12 -11.0

Fonds d’allocation d’actifs

BSI LIFE INVEST - 40 A CHF 2/1 e 111.78 -3.1

BSI-MI-StratBal(EUR) (USD hd) A USD 2/1 e 106.65 -2.5

BSI-MI-StratBal(EUR) A EUR 2/1 e 119.40 -2.0

BSI-Multinvest - Alternative UCITS A EUR 2/1 a 106.51 -0.3

BSI-Multinvest-Strat.Bal. (CHF) A CHF 2/1 e 101.47 -7.4

BSI-Multinvest-Strat.Inc. (CHF) A CHF 2/1 e 101.71 -4.6BSI-Multinvest-Strat.Inc. (EUR) A EUR 2/1 e 122.38 -2.2

Investissements alternatifs

BSI MMF-Yd Enhanc. (CHF hedged) -A-CHF 2/1 b 95.61 -0.4

BSI MMF-Yd Enhanc. (EUR hedged) -A-EUR 2/1 b 108.26 0.5

BSI MMF-Yd Enhanc. (USD) -A- USD 2/1 b 115.40 0.6

BSI-MM Direct. Fd (CHF hedged) A CHF 2/1 b 115.05 3.0

BSI-MM Direct. Fd (EUR hedged) A EUR 2/1 b 116.42 3.8BSI-MM Direct. Fd (USD) A USD 2/1 b 1002.09 3.9

CACEIS (Switzerland) SATél. +41 22 360 94 00www.caceis.ch

BCP Emerging Markets Fixed Inc. Fd USD 2/2 a 86.31 -7.9SVM Value Fund (Switzerland) CHF 2/1 a 199.90 -7.0

Swissquote Quant FD EUR Eq CHF -A- CHF 1/1 e 72.21 5.1

Swissquote Quant FD EUR Eq EUR -A- EUR 1/1 e 52.86 7.2Swissquote Quant Swiss Equities CHF 1/1 e 75.78 -0.3

Tél. +41 21 925 00 33 – www.explorersinfinance.ch

ONE Sustainable Fund-Global Env. A EUR 1/1 152.83 -7.0ONE Sustainable Fund-Global Env. B EUR 1/1 1460.64 -6.9

CREDIT SUISSE ANLAGESTIFTUNGwww.credit-suisse.com

Autres fonds

CSA Mixta-BVG CHF 3/3 e 1496.42 -1.5

CSA Mixta-BVG Basic CHF 3/3 e 1353.06 1.1

CSA Mixta-BVG Defensiv CHF 3/3 e 1579.32 -0.4

CSA Mixta-BVG Index 25 CHF 2/1 e 1193.21 -1.6

CSA Mixta-BVG Index 35 CHF 2/1 e 1221.23 -2.6

CSA Mixta-BVG Index 45 CHF 3/3 e 1319.60 -3.6CSA Mixta-BVG Maxi CHF 3/3 e 1404.85 -2.4

Credit Suisse Funds AGwww.credit-suisse.com/amfunds

Fonds en instruments du marché monétaire

CS (Lie) Money Market Fund CHF B CHF 2/1 e 1014.99 -0.5

CS (Lie) Money Market Fund EUR B EUR 2/1 e 1052.81 -0.1

CS (Lie) Money Market Fund GBP B GBP 2/1 e 1054.30 0.1

CS (Lie) Money Market Fund USD B USD 2/1 e 1028.41 0.1

CS (Lux) Money Market CHF B CHF 2/1 e 709.93 -0.6

CS (Lux) Money Market Fund EUR B EUR 2/1 e 100.50 -0.1CS (Lux) Money Market Fund USD B USD 2/1 e 100.40 0.0

Fonds en obligations

CS (CH) Corporate Bond EUR BF A EUR 2/1 e 100.01 -2.7

CS (CH) Corporate CHF BF A CHF 2/1 e 113.69 -1.9

CS (Lux) Bond Asia Corp Bond Fund B USD 2/1 e 113.50 1.0

CS (Lux) Bond Asia Local Ccy BF B USD 2/1 e 93.35 -7.3

CS (Lux) Bond Short Term USD BF B USD 2/1 e 105.77 0.5

CS (Lux) Broad EUR Bond Fund B EUR 2/1 e 114.41 -2.4

CS (Lux) Broad Short Term EUR BF B EUR 2/1 e 108.19 -0.4

CS (Lux) Broad USD Bond Fund B USD 2/1 e 110.72 -0.0

CS (Lux) Corp ST Duration CHF BF B CHF 2/1 e 115.14 -1.5

CS (Lux) Corp ST Duration USD BF B USD 2/1 e 134.60 -0.6

CS (Lux) Emerging Mkt Corp Bd Fd B USD 2/2 e 114.98 -1.2

CS (Lux) Emerging Mkt Local Bd Fd B USD 1/1 e 76.23 -15.9

CS (Lux) EMMA Corp IG Bd FD B USD 2/2 e 119.09 -1.3

CS (Lux) European Cor Opp Bd Fd B EUR 2/2 e 107.55 -2.7

CS (Lux) Floating Rate St EUR Fd B EUR 2/2 f 103.27 0.2

CS (Lux) Floating Rate St EUR Fd UB EUR 2/2 f 100.00 -

CS (Lux) Floating Rate St USD Fd B USD 2/2 f 101.84 0.2

CS (Lux) GL Bal Convertible B USD 2/1 e 131.09 -1.0

CS (Lux) Global Convertible IG Bd Fd B USD 1/1 e 106.33 -0.5

CS (Lux) Global Value Bond Fund B USD 1/1 e 117.55 -1.1

CS (Lux) High Yield US$ BF B USD 2/1 e 248.44 -1.4

CS (Lux) Inflation Linked CHF BF B CHF 2/1 e 111.31 -0.3

CS (Lux) Inflation Linked EUR BF B EUR 2/1 e 122.38 -1.7

CS (Lux) Inflation Linked USD BF B USD 2/1 e 128.71 -0.9

CS (Lux) Short-Term CHF BF B CHF 2/1 e 134.11 -0.2

CS (Lux) Sustainable Bond Fund B EUR 2/1 e 144.89 -1.0

CS (Lux) Swiss Franc Bond Fund B CHF 2/1 e 539.44 -0.0

CS Lux) Corp ST Duration EUR BF B EUR 2/1 e 128.15 -1.4CS(CH) Sust.Intern.Bond A USD 2/1 e 72.25 -2.6

Fonds en actions

Credit Suisse (Lux) Italy EF B EUR EUR 2/1 e 400.77 15.0

CS (L) Eur Prop EF B EUR EUR 2/1 e 22.90 13.8

CS (L) Global Prestige EF B EUR EUR 2/1 f 23.29 15.8

CS (Lux) Asian Eq Div Plus Fd B USD 2/2 e 116.12 -17.8

CS (Lux) Biotechn. Eq Fd B USD 2/2 e 399.73 -3.9

CS (Lux) Em Mkt Eq Fd B USD 2/2 e 119.57 -10.8

CS (Lux) Energy Eq Fd B USD 2/2 e 66.75 -28.1

CS (Lux) Eq Asia Con. Fd B USD 2/2 e 152.87 -16.2

CS (Lux) Europ Div Plus EQ B EUR 2/1 e 15.87 1.6

CS (Lux) Eurozone Equity B EUR 2/1 e 12.36 4.5

CS (Lux) Eurozone Equity UB EUR 2/1 e 9.21 -

CS (Lux) GL Div Plus EQ B USD 2/1 e 13.14 -9.4

CS (Lux) GL EM ILC Equity B USD 2/1 e 7.89 -18.3

CS (Lux) GL EM Property EQ B USD 2/1 e 6.55 -14.0

CS (Lux) GL Security Equity B USD 2/1 e 17.64 -5.4

CS (Lux) Global EM Brands EF B USD 2/1 e 92.94 -19.3

CS (Lux) Global Responsible Eq Fd B EUR 2/1 e 191.72 -3.6

CS (Lux) Global Value EF B EUR EUR 2/1 e 8.15 -5.0

CS (Lux) Infrastruct Eg Fd B USD 2/2 e 113.78 -10.7

CS (Lux) Japan Value Equity B JPY 2/1 1762.00 0.1

CS (Lux) Russia Eq Fd B USD 2/2 e 82.43 3.1

CS (Lux) S&M Cap Europe EF B EUR EUR 2/1 e 2351.69 13.1

CS (Lux) S&M Cap Germany EF B EUR EUR 2/1 e 1961.64 10.3

CS (Lux) USA EF B USD USD 2/1 e 1011.93 -4.6

CS (Lux) USA Value EF B USD USD 2/1 e 15.57 -21.9

CS EF (CH) S&M Cap Switzerland B CHF 2/1 e 897.31 -3.0

CS EF (CH) Swiss Blue Chips B CHF 2/1 e 249.39 -5.6

CS EF (CH) Swiss Div Plus A CHF 3/1 e 11.30 -3.2

CS EF (CH) Swiss Div Plus B CHF 3/1 e 13.53 -3.2

CS EF (CH) Swiss Small Cap EF A CHF 2/4 e 248.98 6.0

CS EF (CH) Swissac B CHF 2/1 e 327.49 -4.9CS SF (CH) Swiss Equities 130/30 B CHF 2/1 e 20.45 -6.0

Fonds d’allocation d’actifs

CS (CH) Interest&Dividend Bal CHF B CHF 2/1 f 107.95 -6.1

CS (CH) Interest&Dividend Bal EUR B EUR 2/1 f 114.61 -0.3

CS (CH) Interest&Dividend CpG CHF B CHF 2/1 f 113.20 -7.0

CS (CH) Interest&Dividend CpG EUR B EUR 2/1 f 120.92 -1.1

CS (CH) Interest&Dividend Inc CHF B CHF 2/1 f 103.46 -4.3

CS (CH) Interest&Dividend Inc EUR B EUR 2/1 f 109.09 -0.3

CS (CH) Strategy Fd - Conserv. CHF CHF 2/2 e 98.65 -0.6

CS (Lux) Index Sel Balanced CHF B CHF 2/1 e 108.35 -5.1

CS (Lux) Index Sel Cap Gains CH B CHF 2/1 e 112.56 -6.8

CS (Lux) Index Sel Income CHF B CHF 2/1 e 104.49 -3.7

CS (Lux) PF Balanced CHF B CHF 2/1 e 179.07 -6.5

CS (Lux) PF Balanced Euro B EUR 2/1 e 159.74 -1.4

CS (Lux) PF Balanced USD B USD 2/1 e 234.67 -5.3

CS (Lux) PF Growth CHF B CHF 2/1 e 175.58 -8.6

CS (Lux) PF Growth EUR B EUR 2/1 e 150.51 -1.9

CS (Lux) PF Growth USD B USD 2/1 e 212.20 -7.5

CS (Lux) PF Income EUR A EUR 2/1 e 117.47 -2.0

CS (Lux) PF Income EUR B EUR 2/1 e 163.09 -1.1

CS (Lux) PF Income USD A USD 2/1 e 133.99 -3.9

CS (Lux) PF Income USD B USD 2/1 e 238.16 -3.2

CS (Lux) PF Reddito EUR A EUR 2/1 e 80.14 0.9

CS (Lux) PF Yield CHF A CHF 2/1 e 109.66 -4.9

CS (Lux) PF Yield CHF B CHF 2/1 e 162.62 -4.4

CS (Lux) Target Volat. Euro B EUR 2/1 e 96.87 -2.3CS Portfolio Fund (CH) Privilege A CHF 2/1 e 109.05 -3.4

Fonds immobiliers

Credit Suisse 1a Immo PK CHF 5/5 b 1490.00 9.6

CS Real Estate Fund International CHF 5/5 b 1110.00 3.3

CS Real Estate Fund LogisticsPlus CHF 5/5 b 112.50 6.1

CS REF Global CHF 5/5 b 103.50 5.9

CS REF Green Property CHF 5/5 b 119.30 0.7

CS REF Hospitality CHF 5/5 b 91.20 -6.9

CS REF Interswiss CHF 5/5 b 202.50 -1.8

CS REF LivingPlus CHF 2/1 b 125.00 -8.7

CS REF PropertyPlus CHF 5/5 b 135.30 -4.8CS REF Siat CHF 5/5 b 182.50 0.8

Investissements alternatifs

CS (Lux) CS AllHedge Index B USD 2/1 a 87.32 -1.5

CS (Lux) Liq. Altern. Beta B USD 2/1 e 107.52 -1.9

CS (Lux) Prima Growth Fund B EUR EUR 1/1 a 110.73 -

CS (Lux) Prima Multi-Strat. B EUR EUR 2/1 a 108.18 -0.6

CS (Lux) S&M Cap Alpha L/S B EUR 2/1 127.25 -1.9

CS Commodity Fund Plus (CH) Sfr B CHF 2/1 e 3.94 -22.6

CSPST (Lux) Global Eq Long/Short B USD 2/1 b 2154.68 5.2CSPST (Lux) Multi Strategy B USD 2/1 b 1381.85 0.8

Autres fonds

CS (CH) Convert Intl BF A CHF CHF 2/1 e 192.77 -7.3

CS (Lux) Com Idx Pl CHF B CHF 2/1 e 45.51 -18.4

CS (Lux) Com Idx Pl USD Fd B USD 2/1 e 54.90 -17.2

CS (Lux) CommodityAllocation B USD 2/1 e 58.70 -17.4CS SF (CH) Swiss Real Estate Sec A CHF 2/1 e 12.76 -0.8

de Pury PictetTurrettini S.A.Tél. 022 317 00 30www.ppt.ch

Représentant pour la Suisse:FundPartner Solutions (Suisse) SA,route Acacias 60, 1211 Genève 75

Fonds en actions

Cadmos Guilé Em Mkts Engagemt Fd AUSD 2/1 a 177.89 -15.7

Cadmos Guilé Em Mkts Engagemt Fd BUSD 2/1 a 187.97 -15.1

Cadmos Guilé European Engagemt Fd AEUR 2/1 e 106.26 -1.1

Cadmos Guilé European Engagemt Fd BEUR 2/1 e 112.48 -0.4

Cadmos Guilé Swiss Engagement Fd ACHF 4/4 e 101.83 -1.9Cadmos Guilé Swiss Engagement Fd B CHF 4/4 e 104.59 -0.3

Dominicé & Co Asset Managementwww.dominice.com

Fonds en actions

Dominicé - US Equities Plus A USD 2/2 a 137.14 -0.1

Dominicé - US Equities Plus B USD 2/2 a 138663.00 0.2

Swiss Equity Discovery Fund A CHF 1/1 a 111.55 0.1Swiss Equity Discovery Fund Q CHF 1/1 a 113.21 0.2

Fonds immobiliers

Dominicé Swiss Property Fund CHF 5/5 10060.00 -

E.I. Sturdza Strategic Management LimitedTél. +44 1481 [email protected]

Représentant pour la Suisse:Banque Baring Brothers Sturdza SA, Genève

Fonds en obligations

Strategic Euro Bd Fd CHF acc CHF 2/1 e 981.04 -4.0

Strategic Euro Bd Fd EUR acc EUR 2/1 e 1127.35 -2.9

Strategic Euro Bd Fd EUR dist EUR 2/1 e 1017.43 -4.2

Strategic Euro Bd Fd EUR Inst EUR 2/1 e 1004.86 -2.7

Strategic Global Bond Fund RMB USD 2/1 e 1079.00 -0.1Strategic Global Bond Fund USD USD 2/1 e 1048.52 -0.7

Fonds en actions

Nippon Growth (UCITS) Fd EUR EUR 2/1 a 1000.35 -6.4

Nippon Growth (UCITS) Fd EUR Inst EUR 2/1 a 1176.93 -6.0

Nippon Growth (UCITS) Fd JPY A JPY 2/1 a 92272.00 -5.6

Nippon Growth (UCITS) Fd JPY B acc JPY 2/1 a 77359.00 -5.7

Nippon Growth (UCITS) Fd JPY C dist JPY 2/1 a 75184.00 -5.6

Nippon Growth (UCITS) Fd JPY D Inst JPY 2/1 a 50065.00 -5.3

Nippon Growth Fund JPY JPY 2/1 a 95669.00 -2.7

Strategic China Panda Fund EUR EUR 2/1 e 1947.83 -11.7

Strategic China Panda Fund GBP GBP 2/1 f 2040.39 -8.7

Strategic China Panda Fund USD USD 2/1 e 2000.19 -11.8

Strategic Emerg. Europe Fd EUR EUR 2/1 af 837.19 10.8

Strategic Emerg. Europe Fd USD USD 2/1 af 890.94 15.6

Strategic Emerg. Europe Fd USD Inst USD 2/1 af 1014.70 -

Strategic Europe Value Fund CHF CHF 4/3 e 150.80 9.3

Strategic Europe Value Fund EUR EUR 4/3 e 189.78 10.6

Strategic Europe Value Fund EUR Inst EUR 4/3 e 164.44 12.5

Strategic US Momentum & Value CHF CHF 4/3 f 520.37 -

Strategic US Momentum & Value EUR EUR 4/3 f 520.79 -Strategic US Momentum & Value USDUSD 4/3 e 773.47 -4.1

Edmond de RothschildAsset Management (Suisse) SAGenève

Représentant en Suisse de:Edmond de Rothschild Prifundwww.edram.ch,Tél. +41 58 201 74 41

Fonds en instruments du marché monétaire

PRIFUND - MM $ - A USD 1/1 1661.99 0.1

PRIFUND - MM CHF - A CHF 1/1 12389.58 -0.5PRIFUND - MM EUR - A EUR 1/1 664.95 0.0

Fonds en obligations

PRIFUND - BOND (CHF) - A CHF 4/4 132.22 -0.2PRIFUND - BOND (CHF) - B CHF 4/4 111.31 -0.2

Fonds en actions

PRIFUND - EUROPEAN EQUITIES - A EUR 4/4 167.07 2.2

PRIFUND - EUROPEAN EQUITIES - B EUR 4/4 161.49 2.2

PRIFUND - NATURAL RESOURCES - A USD 4/2 a 50.65 -23.5

PRIFUND - NATURAL RESOURCES - B USD 4/2 a 49.45 -23.5

PRIFUND - SWISS EQUITIES - A CHF 4/4 184.35 -2.8

PRIFUND - SWISS EQUITIES - B CHF 4/4 180.73 -2.8

PRIFUND - USA EQUITIES - A USD 4/4 146.20 -11.1PRIFUND - USA EQUITIES - B USD 4/4 141.32 -11.1PRIFUND Alpha EMERG. MARK. - A EUR 4/4 a 146.74 -5.5PRIFUND Alpha EMERG. MARK. - A USD 4/4 a 165.08 -4.9PRIFUND Alpha EMERG. MARK. - B EUR 4/4 a 144.15 -5.5PRIFUND Alpha EMERG. MARK. - B USD 4/4 a 162.34 -4.9

Fonds d’allocation d’actifs

PRIFUND - STRATEGY ($) - A USD 4/4 139.14 -3.9PRIFUND - STRATEGY ($) - B USD 4/4 134.88 -3.9PRIFUND - STRATEGY (CHF) - A CHF 4/4 103.82 -3.1PRIFUND - STRATEGY (CHF) - B CHF 4/4 99.86 -3.1PRIFUND - STRATEGY (EUR) - A EUR 4/4 128.16 -0.1PRIFUND - STRATEGY (EUR) - B EUR 4/4 123.50 -0.1

Fonds immobiliers

PRIFUND Alpha PROP. SECURIT - A CHF 4/4 b 98.56 -0.5PRIFUND Alpha PROP. SECURIT - A EUR 4/4 b 111.83 0.7PRIFUND Alpha PROP. SECURIT - A USD 4/4 b 112.13 0.4PRIFUND Alpha PROP. SECURIT - B CHF 4/4 b 77.65 -0.4PRIFUND Alpha PROP. SECURIT - B EUR 4/4 b 88.77 0.8PRIFUND Alpha PROP. SECURIT - B USD 4/4 b 90.07 0.5

Investissements alternatifs

PRIFUND Alpha Concentrated - A EUR 4/4 b 153.21 2.1PRIFUND Alpha Concentrated - A USD 4/4 b 164.85 2.4PRIFUND Alpha Concentrated - B EUR 4/4 b 149.80 2.1PRIFUND Alpha Concentrated - B USD 4/4 b 161.52 2.4PRIFUND Alpha Concentrated - G EUR 4/4 b 102.01 2.0PRIFUND Alpha Concentrated - G USD 4/4 b 102.31 2.3PRIFUND Alpha Concentrated - M EUR 4/4 b 102.01 2.0PRIFUND Alpha DIVERSIFIED - A CHF 4/4 b 145.82 0.3PRIFUND Alpha DIVERSIFIED - A EUR 4/4 b 169.65 1.1PRIFUND Alpha DIVERSIFIED - A USD 4/4 b 179.64 1.0PRIFUND Alpha DIVERSIFIED - B CHF 4/4 b 142.57 0.3PRIFUND Alpha DIVERSIFIED - B EUR 4/4 b 166.37 1.1PRIFUND Alpha DIVERSIFIED - B USD 4/4 b 176.22 1.0PRIFUND Alpha UNCORR. - G GBP 4/2 b 121.98 1.2PRIFUND Alpha UNCORR. ($) - A USD 4/4 b 225.73 1.5PRIFUND Alpha UNCORR. ($) - B USD 4/4 b 220.65 1.5PRIFUND Alpha UNCORR. (CHF) - G CHF 4/4 b 115.52 0.7PRIFUND Alpha UNCORR. (EUR) - A EUR 4/2 b 208.95 1.0PRIFUND Alpha UNCORR. (EUR) - B EUR 4/2 b 204.18 1.0PRIFUND Alpha VOLATILITY - A EUR 4/2 b 149.39 0.7PRIFUND Alpha VOLATILITY - A USD 4/2 b 159.42 1.0PRIFUND Alpha VOLATILITY - B EUR 4/2 b 145.62 0.7PRIFUND Alpha VOLATILITY - B USD 4/2 b 155.64 1.1

Edmond de Rothschild Real Estate SICAVTel. +41 58 818 98 54, [email protected]

EDR Real Estate SICAV - Swiss - A CHF 2/2 e 115.40 4.9

EFG BankTél. +41 22 918 71 71www.efgbank.comDirection des Fonds: Caceis (Switzerland) SA

Autres fonds

EFG Global Alpha Classe (CHF) hedged CHF 3/1 a 93.09 -3.5EFG Global Alpha Classe (EUR) hedgedEUR 3/1 a 92.69 -3.8EFG Global Alpha Classe (USD) USD 3/1 a 94.40 -3.1

EIC Partners AGTél. +41 43 844 10 00Fax +41 43 844 10 01www.eicpower.com

Fonds en actions

EIC Energy Opp. Fd A (USD) USD 2/1 e 71.68 -EIC Energy Opp. Fd I (USD) USD 2/1 e 7842.24 -EIC Energy Utility Fund A (CHF) CHF 2/1 e 70.02 -16.1EIC Energy Utility Fund A (EUR) EUR 2/1 e 63.69 -7.6EIC Energy Utility Fund I (CHF) CHF 2/1 e 9485.86 -15.6EIC Energy Utility Fund I (EUR) EUR 2/1 e 8540.58 -7.2EIC Energy Utility Fund IH (CHF) CHF 2/1 e 9261.41 -EIC Renewable Energy Fund A EUR 2/1 e 65.50 -4.0EIC Renewable Energy Fund I EUR 2/1 e 6508.99 -3.4EIC Renewable Energy Fund IH CHF 2/1 e 8316.34 -

EthosTél. 022/ 716 15 55Fax 022/ 716 15 56www.ethosfund.ch

Fonds en obligations

Bonds CHF CHF 3/3 e 138.28 1.8Bonds International CHF 3/3 e 89.30 -8.0

Fonds en actions

Equities CH Index. C.G. CHF 3/3 e 198.98 -4.3Equities Europe ex CH CHF 3/3 e 91.59 -7.4Equities North America CHF 3/3 e 72.02 -10.3Equities North America (RPF) CHF 3/3 e 72.94 -10.1Equities Pacific CHF 3/3 e 66.56 -9.7Pictet-Ethos(CH)Sw SustEq -E dy CHF 2/2 e 138.48 -3.5Vontobel(CH)-EthosEqSwissM&S A CHF 4/1 e 247.22 -3.2

Fonds d’allocation d’actifs

Sustainable Balanced 33 -E CHF 1/1 f 103.10 -2.8

Falcon Private Bank Ltd.Tél. 044 227 55 55www.falconpb.com

Fonds en actions

Falcon Gold Equity Fund A USD 2/1 e 167.50 -27.8Falcon Gold Equity Fund Asia A USD 2/1 e 36.64 -27.8Falcon Gold Equity Fund H EUR 4/1 e 25.22 -28.6Falcon Gold Equity Fund I Asia USD 4/1 e 40.04 -27.2Falcon Swiss Equity Fund A CHF 2/1 e 420.33 -6.3

Fonds d’allocation d’actifs

Falcon Best Select - Mixed (CHF) CHF 2/1 e 99.36 -6.0

Investissements alternatifs

Falcon Cat Bond Fund CHF A CHF 2/1 b 121.24 -0.5Falcon Cat Bond Fund CHF I CHF 2/1 b 12631.42 0.0Falcon Cat Bond Fund EUR A EUR 2/1 b 137.41 0.2Falcon Cat Bond Fund USD A USD 2/1 b 143.18 0.6

Fortuna Investment AGTél. 058 472 53 05Fax 058 472 53 39

Fonds en obligations

FORTUNA Bond Fund CHF CHF 2/1 e 116.99 1.0FORTUNA INVEST - Long Term BF CHF 1/1 e 114.20 2.2

Fonds en actions

FORTUNA Eq Fd Switzerland CHF 2/1 e 237.94 -4.9

Fonds d’allocation d’actifs

FORTUNA Anlagefonds CHF 2/1 e 130.71 -0.3FORTUNA INVEST - Risk Control 1 CHF 3/1 e 96.63 -3.2FORTUNA INVEST - Risk Control 2 CHF 3/1 e 99.18 -1.6FORTUNA INVEST - Risk Control 3 CHF 3/1 e 97.41 -2.7FORTUNA INVEST - Risk Control 4 CHF 3/1 e 96.71 -3.6

FORTUNA INVEST - Risk Control 5 CHF 3/1 e 97.91 -2.8

FORTUNA INVEST - Risk Control 6 CHF 3/1 e 97.45 -3.1

FORTUNA Multi INDEX 10 CHF 2/1 e 109.33 -0.6

FORTUNA Multi INDEX 20 CHF 2/1 e 111.27 -1.9

FORTUNA Multi INDEX 30 CHF 2/1 e 114.66 -2.4

FORTUNA Multi INDEX 40 CHF 2/1 e 116.96 -4.6

GAM Investment Management (Switzerland) [email protected]+41 58 426 30 30

Fonds en obligations

JB (CH) HELVETBAER-CHF - A CHF 2/1 e 1683.09 1.5

JB BF ABS EUR - B EUR 2/1 e 104.79 -0.7

JB BF Absolute Ret Def EUR - B EUR 2/1 e 109.43 -1.1

JB BF Absolute Ret Pl EUR - B EUR 2/1 e 126.43 -1.3

JB BF Absolute Return EUR - B EUR 2/1 e 127.96 -1.2

JB BF Cred Opportunities EUR - B EUR 2/1 e 160.99 -3.7

JB BF Em Mkt Corporate USD - B USD 4/4 e 106.02 -0.2

JB BF Em Mkt Infl link USD - B USD 4/4 e 77.57 -20.2

JB BF Em Mkt Invest Gr Bd - B USD 4/4 e 96.56 -4.2

JB BF Em Mkt Opportunities USD - B USD 4/4 e 92.88 -6.7

JB BF Emerging-EUR - B EUR 2/1 e 323.05 -3.0

JB BF Emerging-USD - B USD 2/1 e 393.78 -3.1

JB BF Global High Yield EUR - B EUR 2/1 e 201.15 -7.3

JB BF Local Emerging USD - B USD 2/1 e 244.59 -15.5

JB BF Total Return EUR - B EUR 2/1 e 97.32 -1.7

Fonds en actions

JB (CH) Swiss Opp.Fund CHF - A CHF 4/4 e 107.00 -6.2

JB (CH) Swiss Sustainable CHF - A CHF 4/4 e 142.51 -3.0

JB EF Absolute Ret Europe -EUR - B EUR 4/4 e 120.59 2.3

JB EF China Evolution USD - B USD 4/4 103.69 -4.4

JB EF Energy Transition USD - B USD 2/1 e 102.61 -23.0

JB EF Euroland Value EUR - B EUR 2/1 e 160.67 -10.0

JB EF Europe Focus EUR - B EUR 2/1 e 359.29 11.9

JB EF Health Innovation USD - B USD 2/1 e 309.38 -2.8

JB EF Japan JPY - B JPY 2/1 15959.00 -0.2

JB EF Luxury Brands EUR - B EUR 2/1 e 208.76 -1.7

JB EF Natural Resources USD - B USD 2/1 e 46.00 -29.1

Fonds d’allocation d’actifs

JB Asset All.Fd Defender - B EUR 4/4 e 110.47 -3.5

JB Asset All.Fd Dynamic - B EUR 4/4 e 116.27 -4.8

Autres fonds

JB Commodity-USD - B USD 2/1 e 58.80 -19.5

GAM Investment Management (Switzerland) AGPrivate Label [email protected], www.gam.com+41 58 426 30 30

Fonds en instruments du marché monétaire

JPM USD LIQ FD - A USD 2/1 e 9988.73 0.0

JPM USD LIQ FD - B USD 2/1 e 9988.75 0.0

JPM USD LIQ FD - C USD 2/1 e 9991.94 0.0

Fonds en obligations

JB FI Em Mkts Hard Currency USD - B USD 4/4 e 99.13 -0.0

JB FI Glb High IG EUR-B EUR 4/4 e 101.27 0.3

JB FI Glb Low IG EUR-B EUR 4/4 e 99.97 -0.8

JB Global Excellence FI CHF - B CHF 2/1 e 108.22 -2.8

JB Global Excellence FI EUR - B EUR 2/1 e 142.05 -1.5

Fonds en actions

JB EF Special Val EUR - B EUR 2/1 e 143.05 -4.7

JB EQ Glb Excell Emer.Markets USD-B USD 4/4 e 71.37 -15.9

JB EQ Glb Excell Europe EUR-B EUR 4/4 e 99.07 0.5

JB EQ Glb Excell North America USD-BUSD 4/4 e 93.23 -7.2

JB Equity Fund NEWO EUR - B EUR 4/4 e 76.48 -16.9

JB Equity Fund NEWO USD - B USD 4/4 e 75.20 -20.4

JB Gl Excellence Equity CHF - B CHF 4/1 e 128.94 -9.6

JB Gl Excellence Equity EUR - B EUR 4/1 e 145.41 -5.4

Konwave Gold Equity Fd CHF - B CHF 2/1 e 67.21 -27.6

Konwave Gold Equity Fd EUR - B EUR 2/1 e 59.77 -20.4

Konwave Gold Equity Fd USD - B USD 2/1 e 71.45 -26.1

URAM Gold Alloc CHF - B CHF 4/4 e 27.81 -23.5

URAM Gold Alloc EUR - B EUR 4/4 e 28.56 -23.0

URAM Gold Alloc EUR - C EUR 4/4 e 28.80 -22.9

URAM Gold Alloc USD - B USD 4/4 e 30.65 -21.5

URAM Gold Alloc USD - C USD 4/4 e 30.92 -21.4

Fonds d’allocation d’actifs

Allround QUADInvest Fund - B EUR 2/1 e 158.44 1.9

Allround QUADInvest Fund - C EUR 4/4 e 117.18 1.8

Allround QUADInvest Fund - D EUR 4/4 e 163.05 2.2

Allround QUADInvest Growth - C USD 4/4 e 145.98 -8.2

Allround QUADInvest Growth - D USD 4/4 e 146.41 -8.1

JB Strategy Balanced-CHF - B CHF 2/1 e 143.41 -7.6

JB Strategy Balanced-EUR - B EUR 2/1 e 147.79 -4.0

JB Strategy Balanced-USD - B USD 2/1 e 124.39 -6.0

JB Strategy Growth-CHF - B CHF 2/1 e 86.72 -11.2

JB Strategy Growth-EUR - B EUR 2/1 e 108.59 -5.4

JB Strategy Income-CHF - B CHF 2/1 e 116.45 -6.5

JB Strategy Income-EUR - B EUR 2/1 e 155.34 -2.9

JB Strategy Income-USD - B USD 2/1 e 143.06 -4.2

GEP SA

www.fir.ch

Fonds immobiliers

FIR CHF 2/2 175.80 41.1

GFG Groupe Financier deGestion (Monaco) SAMTél: +377 979 72 737www.gfgmonaco.com

Fonds en obligations

EURO GLOBAL BOND Class I EUR EUR 2/2 e 116.74 12.3

EURO GLOBAL BOND Class I USD USD 2/2 e 96.14 14.9

EURO GLOBAL BOND Class P EUR EUR 2/2 e 139.37 1.6

EURO GLOBAL BOND Class P USD USD 2/2 e 104.07 1.7

EURO GLOBAL BOND Class PP EUR EUR 2/2 e 105.37 1.4

EURO GLOBAL BOND Class PP USD USD 2/2 e 102.89 1.2

GL FUNDSTél. +41 44 250 87 87www.glfunds.com

Fonds en actions

Duet GL Africa Fund I (USD) USD 1/1 a 137.16 -

Autres fonds

Galileo Asia Fund A (USD) USD 1/1 a 273.23 -

Gutzwiller FondsManagement AG+41 61 205 70 00

Fonds en actions

Gutzwiller ONE USD 2/1 e 269.50 -13.2

Tél. +41 32 722 10 00 [email protected] www.bonhote.ch

Page 17: Le Temps du 30 septembre 2015

JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

ACTIONS SUISSES DE COURS SUR WWW.LETEMPS.CH INDICES BOURSIERS CHANGES

TAUX D’INTÉRÊT

MATIÈRES PREMIÈRES

PÉTROLE ET COMBUSTIBLES

TitreCours clotûre

Cours préc. Volume

Extrêmes 12 mois Var. % déb. 15Haut Bas

ABB LTD N 17.22 16.92 8089741 22.31 16.49 – 18.5

ACTELION N 123.7 120.8 496594 147 91.3 7.2

ADDEX PHARMA N 3.24 3.16 64295 4.67 2.22 39.6

ADECCO N 71.25 69.3 878485 83.95 56.6 3.4

ADVAL TECH N 162.2 160.4 27 196.5 160.3 – 9.5

AEVIS HOLDING 44 44 16 47.25 33 – 2.2

AFG ARBONIA N 9.01 8.93 216644 19.45 8.74 – 63.4

AIRESIS N 1.1 1.09 4000 1.63 0.96 – 16.0

ALLREAL N 127.5 127.5 13238 150.2 123 – 7.0

ALPHA PET N — 0.02 — 0.12 0.02 0.0

ALPIQ HOLD. 95.5 95 3972 101 57 6.1

APG SGA N 378 375 3047 411.75 272.5 30.3

ARYZTA N 41.27 41.26 921295 85.1 40.36 – 46.3

ASCOM N 17.95 17.85 42975 18.05 11.45 17.7

BACHEM N -B- 50.5 50.45 1238 54 41.55 3.0

BALOISE N 111.7 110 160948 136.3 109.1 – 12.5

BARRY CALLEBAUT N 1060 1033 6190 1167 857 3.7

BASELLAND KB BP 886 879 185 925 875 – 1.0

BASILEA PHARMA N 93.7 92.3 70130 139.3 79.75 1.6

BASLER KB BP 65.6 67.2 5698 77.5 60 2.4

BB BIOTECH N 259.5 254 36247 358.25 160.3 9.8

BELIMO N 2050 2040 765 2458 1950 – 11.2

BELL SA N 2715 2720 170 2777 1950 10.9

BELLEVUE GROUP N 13.8 13.8 2499 15.9 11.65 – 3.4

BERNER KB N 182 182 912 207.5 173.5 0.2

BK COOP P 40.9 40.75 6406 44.6 40 – 3.9

BK LINTH N 517.5 512.5 87 535 472.5 1.1

BNS N 1119 1093 42 1400 980 5.5

BOBST GROUP N 39.5 38.25 7411 46 26.55 2.8

BONDPARTNERS P — 685 — 870 650 0.0

BQUE ROTHSCHILD P 18300 17700 5 20200 13495 19.8

BQUE CANT. GE P 252 251.25 257 260 211.1 17.7

BQUE CANT. JU P 58.25M 58 — 67.9 56.85 – 2.1

BQUE CANT. VD N 575 568.5 5923 634 486 6.6

BUCHER N 209.4 205.5 19280 261 201 – 15.8

BURCKHARDT N 315 310.25 5896 453.75 266 – 17.2

CALIDA N 33.5 32.65 458 42.5 32.5 – 9.0

CASSIOPEA N 35.95 34.5 2226 44 33.2 0.0

CHARLES VOEGELE P 7.6 7.38 23092 15.35 7.1 – 39.6

CICOR TECH N 26.4 26.5 271 38 26.4 – 25.7

CIE FIN TRADITION P 59.4 59 963 68 36 40.7

CLARIANT N 16.41 16.1 2166554 21.7 13.5 – 1.8

COMET N 673.5 650 1081 856.5 512.5 4.2

CONZZETA P 643.5 625.5 1617 696.2 537 – 80.9

CPH CHEMIE&PAPIER 32.3 33 677 61 32 – 97.1

CS GROUP N 23.42 23.22 6129916 28.94 18.57 – 6.6

CYTOS BIOTECH N 0.45 0.44 166419 2.6 0.15 95.6

DAETWYLER P 132.2 131 13605 144.37 99.03 3.5

DORMA+KABA N 598 594 9518 618.1 374.55 19.0

DUFRY N 114 111.2 170037 152.93 111 – 23.4

EFG INTL N 10.4 10.25 93284 14.3 8.61 – 10.3

EMMI N 407 402.25 7492 420 274.25 15.9

EMS-CHEMIE N 400.75 393.5 27153 474 314 – 0.7

ENERGIEDIENST N 26.45 26.7 22 32 23.75 – 14.5

EVOLVA N 1.02 0.98 7565277 1.75 0.96 – 22.7

TitreCours clotûre

Cours préc. Volume

Extrêmes 12 mois Var. % déb. 15Haut Bas

FEINTOOL N 89.5 87.5 391 108 74.25 – 12.0

FISCHER N 552.5 540.5 26238 739 494.8 – 12.1

FLUGHAFEN ZUERICH N 678 664 25873 808.5 555.5 1.7

FORBO N 1096 1081 7687 1255 810.5 10.2

GALENICA N 1241 1219 35516 1336 694 56.6

GAM N 17.15 16.6 289050 21.9 14.45 – 4.7

GATEGROUP N 32.85 31.2 281703 37.75 17.9 15.6

GEBERIT N 297.7 292.3 199160 371.9 277.5 – 12.0

GIVAUDAN N 1585 1550 47579 1948 1438 – 11.6

GOTTEX FUND MAN 0.69 0.72 133049 1.97 0.69 – 52.4

GRAUBUEND KB BP 1582 1585 105 1600 1302 13.0

GROUPE MINOTERIES 319.75 — 354.5 310 – 9.9

HELVETIA N 478.25 472.5 12992 568 419 0.8

HIAG IMMOBILIEN 89 86.4 1064 99.75 78.5 6.6

HUBER+SUHNER N 42 40.8 11162 52.45 38.45 – 11.3

HYPOBK LENZBURG N 4200 4219 9 4345 3980 0.9

IMPLENIA N 48.2 46.85 85740 68.2 45.55 – 16.5

INTERSHOP N 406 404.75 1329 410.25 351.5 14.0

JULIUS BAER N 44.22 42.5 1421517 54.55 33.77 – 3.4

KUDELSKI P 13.35 13 109233 15.85 10.05 10.3

KUEHNE & NAGEL N 125.2 123.5 202486 148.7 113.2 – 7.4

KUONI N 182.8 182.1 15894 350.5 172.5 – 39.3

LAFARGEHOLCIM N 51.05 50.5 2420404 73.76 48.04 – 28.4

LASTMINUTE.COM 13.85 13.65 13499 21 12 – 7.3

LECLANCHE N 2.82 2.84 17218 5.4 2.7 – 41.6

LEM HOLDING N 697 677 897 843 584.5 – 5.4

LEONTEC N 172.1 173.3 67260 232.9 87.9 – 28.2

LIECHT LANDESBK P 34.25 34.25 3353 41.55 34 – 14.3

LINDT & SPRU N 69135 68290 249 69490 50605 20.9

LINDT & SPRU BP 5715 5570 3129 5800 4208 15.8

LOEB BP 155 162 2794 212 150.2 – 15.0

LOGITECH N 12.7 12.3 1606577 15.45 10.5 – 5.5

LONZA N 127.8 126.5 210635 143.6 90.9 13.9

LUZERNER KB N 355.25 354.25 1244 365 340.5 1.2

MCH GROUP N 58.4 59.1 533 68.2 57 – 9.8

METALL ZUG N 2570 2559 48 2699 2218 6.8

MEYER BURGER N 6.26 6.11 462469 9.8 4.44 – 2.9

MICRONAS N 3.75 3.76 28889 7.29 3.71 – 33.9

MIKRON N 5.76 5.62 16347 7.95 5.19 – 18.2

MOBILEZONE N 13.35 13.25 78482 17.55 9.72 26.5

MOBIMO N 196.6 193 42946 229.8 182 – 1.3

MOLECULAR N 29.9 29 15382 38.5 19.4 18.8

NESTLE N 73.25 71.2 7988903 77 64.15 0.4

NORINVEST N 2.725M 2.7 — 3.39 2.32 – 2.3

NOVARTIS N 89.4 87.35 6804961 103.2 78.6 – 3.1

OC OERLIKON N 9.56 9.41 1403521 12.7 9.19 – 23.5

ORASCOM DEV N 11.8 11.8 2401 20.55 11 – 34.6

ORELL FUSSLI N 115 113 381 129 81 23.9

PANALPINA N 106.5 107 44291 148 105.8 – 20.2

PARGESA P 57.15 56.05 52903 78.65 55.2 – 25.8

PARTNERS GROUP N 330.25 322.5 77458 341.75 224.1 14.0

PERFECT N 0.05 0.05 13035 0.09 0.04 – 37.5

PERROT DUVAL P 45.5M 46 — 98.75 44 – 40.1

PHOENIX P 452.75 463 73 560 381.75 – 1.5

PSP SWISS PROP N 80.1 79.6 94810 99.75 76.75 – 6.6

TitreCours clotûre

Cours préc. Volume

Extrêmes 12 mois Var. % déb. 15Haut Bas

REPOWER BP 64 65 407 95.95 62 – 28.4

RICHEMONT P 75.7 73.7 2919016 92.25 66.4 – 14.7

RIETER N 144.1 137.3 9515 199.5 117 – 12.9

ROCHE BJ 257 251.4 1924708 295.8 238.8 – 4.7

ROCHE P 256.75 251.5 36296 290 238.4 – 4.1

ROMANDE ENERGIE N 940 936 254 1150 930 – 6.1

SANTHERA PHARMA N 108 110.6 22871 138.9 75.15 26.9

SCHINDLER N 142.8 141 95298 166.5 118 0.1

SCHINDLER BP 140 139.7 285307 168.3 119.2 – 2.7

SCHMOLZ+BICKENB N 0.62 0.63 1385683 1.28 0.61 – 42.5

SCHWEITER P 785.5 768 3039 869.5 651 0.7

SFS GROUP N 58.75 58.8 38162 79.3 56.9 – 25.7

SGS N 1700 1674 37743 2162 1577 – 16.8

SIKA FIN P 3009 2952 5800 3903 2640 2.4

SONOVA N 125.4 122.3 429208 153.1 115.7 – 14.6

ST GALLER KB N 356.25 359.25 1634 372 330 – 1.3

STRAUMANN N 280.25 278.75 30804 305 192 11.7

SULZER N 95.5 95.95 283758 122.1 88.55 – 9.9

SUNRISE N 55.9 55.75 71891 90 53.7 0.0

SWATCH GROUP P 361 352 223196 483.6 346.6 – 18.7

SWATCH GROUP N 70.25 67.35 92714 89.5 65.7 – 18.3

SWISS FIN&PROP N 83 83 310 86 76.04 0.0

SWISS LIFE N 217.4 212.7 143831 250.8 195.6 – 8.0

SWISS PRIME SITE N 71.2 70.8 188475 87.23 68.02 – 2.4

SWISS RE N 83.6 82.3 1518355 96.95 69.25 – 0.0

SWISSCOM N 486.2 479 191173 587.5 474.8 – 6.9

SWISSMETAL P 0.43 0.43 7014 0.86 0.42 – 40.2

SWISSQUOTE N 21.4 21 16050 32 20.55 – 31.4

SYNGENTA N 312.1 304.9 315936 435.2 273.2 – 2.4

TAMEDIA N 160 163.5 1469 173.9 121.5 26.0

TECAN N 137.2 136.4 23966 142.5 89.05 21.4

TEMENOS N 40 39.3 212821 42.8 25.95 12.6

THURGAUER KB I 78.8 78.1 1774 81.4 74 – 0.6

TORNOS N 2.91 3 17742 6.1 2.91 – 49.2

TRANSOCEAN N 12.49 12.14 3242633 31.62 10.55 – 31.9

U-BLOX N 196.1 190 22694 211.5 105.1 42.7

UBS GROUP N 18.01 17.76 9952983 22.57 13.58 5.3

VALARTIS P 12.45 12.15 1421 17.6 11.6 – 19.1

VALIANT N 112.6 112.4 36911 113.6 73.9 36.4

VALORA N 185.5 182.4 2840 233.3 175 – 18.7

VAUDOISE ASS N 505 506 1025 545 393 12.9

VETROPACK P 1574 1590 82 1661 1200 – 0.6

VILLARS N 472M 480 — 550 471.5 – 10.0

VON ROLL P 0.68 0.65 32198 1.56 0.63 – 50.0

VONTOBEL N 49.35 49.55 286110 53.45 30.25 31.6

VPB VADUZ P 80.5 79 3858 89.2 71.15 – 5.2

VZ HOLDING N 303 291 3000 305 143.9 70.5

WALLISER KB P 741 732 79 753 688 3.6

WALTER MEIER N 35.05 34.5 182 47.7 34.5 – 14.3

YPSOMED N 105.4 103.6 15619 109.5 76.1 22.7

ZUEBLIN IMMO P 0.44 0.43 59662 1.89 0.36 – 65.3

ZUGER KB P 4461 4451 19 4790 4370 – 0.2

ZUG ESTATES HOLD 1408 1398 61 1472 1150 13.1

ZURICH FS N 239.2 233.9 874791 334.6 232.6 – 23.2

ZWAHLEN & MAYR P 232M 295 — 318 191.3 – 20.0

Monnaies CHF USD EUR GBP JPY CAD AUD

Franc suisse — 1.0241 0.9167 0.6768 122.5800 1.3712 1.4580

Dollar US 0.9754 — 0.8953 0.6609 119.7400 1.3391 1.4237

Euro 1.0898 1.1174 — 0.7383 133.7000 1.4957 1.5900

Livre sterling 1.4768 1.5116 1.3541 — 181.1500 2.0259 2.1533

Yen 0.8151 0.8352 0.7475 0.5519 — 1.1182 1.1891

Dollar canadien 0.7291 0.7467 0.6685 0.4935 89.4100 — 1.0632

Dollar australien 0.6854 0.7021 0.6285 0.4639 84.0700 0.9404 —

EUROMARCHÉMonnaies 1 MOIS 2 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 12 MOIS

Franc suisse – 0.8899 – 0.9599 – 0.9199 – 0.8199 – 0.6999

Euro – 0.2099 – 0.1799 – 0.1199 – 0.0599 0.0800

Livre sterling 0.4700 0.5300 0.5500 0.7100 0.9600

Dollar US 0.5000 0.3700 0.4900 0.5100 0.9100

Yen – 0.1699 – 0.0899 – 0.2699 – 0.1199 – 0.0499

LIBORMonnaies 1 SEMAINE 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 12 MOIS

Franc suisse – 0.8050 – 0.7960 – 0.7330 – 0.6730 – 0.5600

Euro – 0.1628 – 0.1192 0.0407 0.0198 0.1264

Livre sterling 0.4848 0.5081 0.5831 0.7512 1.0408

Dollar US 0.1537 0.1930 0.3255 0.5346 0.8523

Yen 0.0185 0.0465 0.0771 0.1251 0.2418

La BanqueBillets Devises avec 100 francs

achète vend achète vend on achète

1 Euro 1.0690 1.1310 1.0763 1.1036 88.41

1 Dollar US 0.9330 1.0170 0.9626 0.9869 98.32

1 Dollar canadien 0.6895 0.7655 0.7185 0.7367 130.63

1 Dollar australien 0.6330 0.7330 0.6742 0.6934 136.42

1 Dollar hongkong 0.1205 0.1335 0.1240 0.1275 749.06

100 Yens 0.7615 0.8635 0.8043 0.8247 11580.77

1 Livre sterling 1.4150 1.5370 1.4565 1.4934 65.06

100 Couronnes suédoises 11.0100 12.2300 11.4622 11.7878 817.66

100 Couronnes norvég. 10.8300 12.2500 11.2606 11.5804 816.32

100 Couronnes danoises 13.9900 15.4700 14.4035 14.8125 646.41

Valeurs par pays Clôture Précédent

Extrêmes 12 moisHaut Bas

SUISSESMI 8513.41 8323.48 9537.90 7852.83

SPI 8679.82 8496.71 9670.59 7767.90

SLI 1245.05 1220.07 1425.35 1143.07

SMIM 1692.36 1663.73 1870.45 1525.72

GRANDE-BRETAGNEFTSE 100 6061.61 5909.24 7103.98 5898.87

FRANCECAC 40 4455.29 4343.73 5283.71 4076.16

ALLEMAGNEDAX 30 9660.44 9450.40 12390.75 9325.05

ESPAGNEIBEX 35 9559.90 9393.90 11884.60 9231.30

ITALIEFTSE MIB 21294.98 20726.75 24157.39 17991.76

RUSSIERTS 789.73 784.11 1092.52 708.25

ÉTATS-UNISDOW JONES 16188.90 16049.13 18351.40 15370.30

S&P 500 1903.17 1884.09 2134.72 1820.66

NASDAQ 4574.82 4517.32 5231.94 4116.59

TOKYONIKKEI 225 17388.15 16930.84 20952.71 16592.57

CHINESHANGAI A 3197.93 3182.05 5423.24 2986.39

HONG KONGHANG SENG 20846.30 20556.60 28588.52 20368.12

CORÉE DU SUDKOSPI 1962.81 1942.85 2189.54 1800.75

INDEBSE 30 3267.11 3207.68 3812.35 3058.75

BRÉSILBVSP 44675.20 44131.82 58574.79 42749.23

AUSTRALIEALL ORD 5058.59 4958.12 5963.50 4936.30

INDICES MSCIWORLD 1573.44 1550.43 1813.90 1545.51

M.ÉMERGENTS 792.16 776.35 1069.13 762.71

EUROPE 2976.73 2905.25 3602.76 2832.47

Achat Vente

OROnce/USD 1108.30 1124.35

Kg/CHF 34741.00 35241.00

ARGENTOnce/USD 14.31 14.81

Kg/CHF 449.00 464.00

PLATINEOnce/USD 896.75 921.75

Kg/CHF 28125.00 28875.00

Achat Vente

PALLADIUMOnce/USD 646.75 658.75

Kg/CHF 20275.00 20645.00

BLÉBushel/Cents 510.25 510.50

20 FRSVreneli 199.00 224.00

20 FRSNapoléon 198.00 224.00

Clotûre Var. %

Baril Londres Brent 48.50 0.55

Baril New York Nymex WTI 45.35 0.26

Mazout* 76.50 0.00

*Prix net du mazout par 100 litres à 15º C de 3001 à 6000 litres, en frsSource: Chambre Syndicale des Négociants en Combustibles du Canton de Genève

BOURSE

pas impossible. Seul bémol: l’euro reste plus fort que désiré. «Mes amis de la BNS aimeraient eux aussi qu’il soit un peu plus faible», a-t-il plaisanté.

Cette reprise en Europe devrait profiter à l’économie suisse. «D’autant plus qu’elle conduit à une réduction des flux en capi-taux vers notre pays, ce qui devrait contribuer à amoindrir la pres-sion sur le franc», a-t-il précisé.

Malgré tout, Philipp Hildebrand n’est pas dupe. Et même s’il a cité Jean Monnet – «L’Europe se fera dans les crises, elle sera la somme des solutions apportées à ces crises» – il sait que des problèmes demeurent sur le Vieux Conti-nent. «La dette publique s’élève aujourd’hui à 92% du PIB en zone euro, a-t-il souligné. C’est 20% de plus qu’en 2007.» Deuxième souci selon lui, le fait que l’Europe ne dispose toujours pas d’outils de stabilisation communs, que ce soit une assurance chômage com-mu n e ou u n m i n i s tre d e s Finances, par exemple. Si ces

SÉBASTIEN DUBAS

C’était la guest star du salon Invest15. Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse (BNS) contraint de démissionner en janvier 2012 après des achats de devises effec-tués par sa femme, était l’invité de la 8e édition de ce salon des gérants de patrimoine mercredi à Genève. Devant un parterre de gérants de fortune, il a choisi pour thème la reprise économique en Europe et ses implications pour la Suisse. Mais à la première ques-tion de l’auditoire, il n’a pu éviter le sujet qui brûlait toutes les lèvres: abandonner le taux plan-cher était-il une bonne idée?

Au mois de janvier, lors du Forum de Davos, quelques jours après l’annonce choc de la BNS,

«L’abandon du taux plancher était la bonne décision»Philipp Hildebrand n’avait pas souhaité s’exprimer sur la ques-tion. Cette fois-ci, il ne s’est pas dérobé. «Oui, l’abandon du taux plancher était la bonne décision», a-t-il martelé. S’il n’a pas souhaité s’étendre davantage sur la ques-tion, il a prévenu qu’il fallait s’at-tendre à ce que la force du franc pèse encore sur la croissance et l’emploi. «Je suis plus inquiet pour les petites et moyennes entreprises que pour les grands exportateurs, a-t-il expliqué. Car si ces grandes entreprises peuvent se tourner vers des fournisseurs étrangers pour profiter à leur tour de la force du franc, les plus petites, qui travaillent presque exclusivement pour les grands exportateurs et qui n’importent pas beaucoup, sont bien plus tou-chées par la surévaluation de notre monnaie.»

Philipp Hildebrand n’avait pas fait le déplacement à Genève, où il a effectué une partie de ses études et de sa carrière (il a notamment travaillé pour l’Union

Bancaire Privée), pour parler de la BNS et de sa politique moné-taire. Celui qui œuvre pour le compte de BlackRock, géant mon-dial de la gestion d’actifs, et qui réside à Londres avait choisi de parler de l’Europe. Et de son éco-nomie qui, «aussi étrange que cela puisse paraître, ne s’est jamais aussi bien portée depuis le début de la crise». Produit intérieur brut (PIB) qui tend à progresser, confiance des consommateurs de retour, créations d’emplois plus connus depuis 2008 et taux de chômage qui baisse sensiblement à l’exception de la France sont autant d’arguments brandis par l’ancien grand argentier. «Sur-tout, a-t-il poursuivi, l’éclatement de la zone euro a été évité cet été. Et j’en ai douté à un certain moment.»

Résultat: Philipp Hildebrand se montre relativement optimiste pour la suite. D’autant qu’un nou-vel assouplissement monétaire (QE2) de la part de la Banque cen-trale européenne n’est, selon lui,

CONJONCTURE Philipp Hilde-brand, l'ancien président de la BNS, était invité au salon Invest15 mercredi à Genève. Il a évoqué l’économie européenne

PHILIPP HILDEBRANDVICE-PRÉSIDENT DE BLACKROCK

«Mes amis de la BNS aimeraient eux aussi que l’euro soit un peu plus faible»

réformes ont été «parfaitement diagnostiquées au niveau poli-tique, elles manquent de soutien dans les opinions publiques, a-t-il expliqué. Et il est peu probable qu’elles soient menées à moins de deux ans des élections en France et en Allemagne.»

Même si l’économie suisse est étroitement liée à l’économie européenne – «On ne commençait jamais une discussion sur la conjoncture suisse quand j’étais à la BNS sans parler avant de la conjoncture européenne» – Phi-lipp Hildebrand recommande une plus grande ouverture de la Suisse au reste du monde. «Les banques, notamment genevoises, ont mon-tré la voie en se diversifiant en Asie, a-t-il conclu. Ainsi, si l’Eu-rope réussit à rebondir, nous en profiterons. Mais si elle échoue, nous aurons un moteur de secours sur lequel s’appuyer.» Après qua-rante-cinq minutes, l’ancien pré-sident de la BNS est reparti comme il était arrivé: en toute discrétion. n

Economie 17

C M Y K

Cours sans garantie

Sources

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Page 18: Le Temps du 30 septembre 2015

LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015

RAM ETWAREEA, BRUXELLES

Le plan d’action pour créer une Union des marchés des capitaux (UMC) au sein des Vingt-Huit a été lancé mercredi à Bruxelles. Il s’agit d’un chantier dont le but est de mobiliser les ressources finan-cières tant pour les investissements publics que pour les entreprises privées. La Commission Juncker mise sur ce pro-jet pour donner une impulsion à la crois-sance et à la création d’emplois en Europe. La place financière suisse a un intérêt évident par rapport à l’Union des marchés des capitaux. Mais malgré sa proximité avec les marchés financiers européens, elle n’en est pas partie pre-nante. Au début de l’année, la Commis-

sion avait fait savoir que Berne doit d’abord trouver une solution à l’imbroglio sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne.

La présentation de mercredi fait suite à une consultation qui avait débuté en février dernier. «Nous voulons créer un marché unique des capitaux où les entre-prises peuvent lever des fonds dans un marché où les règles sont les mêmes pour tous dans tous les vingt-huit pays de l’Union, a déclaré mercredi le vice-pré-sident de la Commission Jyrki Katainen, responsable pour l’Emploi, la croissance, les investissements et la compétitivité. Durant mes consultations, j’ai rencontré plusieurs compagnies d’assurances qui se sont plaintes de manque d’opportuni-tés pour investir dans des projets d’in-frastructures.»

La proposition européenne à leur égard consiste à adapter le règlement «Solva-bilité II», ce qui permettrait de réduire le montant des capitaux que les assureurs

doivent détenir en couverture de leurs investissements en fonds propres ou en dette dans les projets d’infrastructures. La Banque européenne des investisse-ments (BEI) estime à 2000 milliards d’eu-ros les besoins en investissements pour les infrastructures d’ici à 2020.

«Les PME en grande difficulté»Pour le commissaire Jonathan Hill,

chargé de la Stabilité financière, des ser-vices financiers et de l’UMC, le projet réduira la dépendance des entreprises sur le système bancaire. Selon une note de la Commission, aux Etats-Unis les entreprises ont recours aux marchés financiers cinq fois plus qu’en Europe. «Faute de marché de capitaux, les PME européennes peuvent se trouver en grande difficulté si les banques leur fer-ment le robinet de crédit», a expliqué le commissaire.

Toujours à l’égard des PME, le commis-saire Hill a annoncé une consultation

publique sur le développement du mar-ché du capital-risque. Celle-ci portera sur la modification de deux règles existantes qui imposent des restrictions sur les per-sonnes habilitées à gérer ces fonds, sur le seuil minimal d’investissement de 100 000 euros, et aussi sur la question de savoir si les fonds pourraient être ouverts à des gestionnaires des pays hors de l’UE.

L’UMC a été saluée mercredi par l’Asso-ciation des marchés financiers en Europe, qui a estimé qu’elle a le potentiel de répondre aux besoins de financement de l’économie européenne, notamment ceux des petites et moyennes entreprises (PME) tout en créant des opportunités pour l’industrie financière. Elle accueille aussi favorablement les efforts de la Com-mission pour abolir les obstacles aux investissements transfrontaliers qui découlent des règles et des structures disparates d’un pays à l’autre.

Pour sa part, l’organisation Finance Watch salue aussi la démarche de la Com-

mission, mais estime que ses objectifs sont irréalistes, notamment en matière de croissance et de l’aide aux PME. Dans un communiqué publié mercredi, elle ne croit pas que l’UMC pourrait rendre le système financier plus résilient aux chocs. L’organisation affirme que les plus grands bénéficiaires seront les grandes banques qui vont relancer le marché de titrisations. A ce propos, la Commission propose de rendre ces opérations plus transparentes et standardisées. Elles devraient être soumises à un contrôle sévère. La Commission estime par ail-leurs que si le volume de titrisations dans l’UE pouvait être ramené au niveau d’avant la crise financière de 2007-2008, cela permettrait de générer entre 100 et 150 milliards d’euros de financement supplémentaires pour l’économie.

Prochaines étapes: l’UMC devra obtenir l’aval du Conseil européen, puis du Parle-ment. La Commission espère qu’elle sera pleinement opérationnelle en 2019. n

Vers un marché unique des capitaux en EuropeFINANCEMENT L’objectif est de mobi-liser des fonds supplémentaires pour aider la croissance et la création d’em-plois. La Suisse est exclue du projet 

EMMANUEL GARESSUS, ZURICH

La baisse durable des matières premières constitue un défi majeur pour les entreprises de cette branche, notamment les plus endettées. C’est particuliè-rement vrai pour un géant du négoce comme Glencore. Le groupe zougois est davantage endetté que la plupart des groupes miniers, comme Rio Tinto ou BHP. Et malgré le communiqué se voulant rassurant de mardi, la direction du groupe demeure sous pression. L’agence Bloomberg a indiqué mercredi que 13,8 mil-liards de dollars (13,4 milliards de francs) de dettes, soit un quart des obligations et des lignes de crédit du groupe, arrivent à échéance d’ici fin mai prochain. 

Glencore a annoncé au début septembre  un plan de réduction de la dette de 10 milliards de dol-lars d’ici la fin 2016. Le pro-gramme prévoit une augmenta-tion de capital de 2,5 milliards, la suspension du dividende, la réduction des actifs et des inves-tissements. Rendus méfiants par les piètres résultats du premier semestre, les investisseurs espèrent davantage.

Le plongeon en bourse de lundi (-30%) témoigne du peu de confiance des investisseurs. Mal-

Glencore devrait encore désinvestir, selon les analystes

Le groupe zougois est plus endetté que la plupart des groupes miniers, comme Rio Tinto ou BHP. (AFP/MARK RALSTON)

MATIÈRES PREMIÈRES Le négociant zougois doit rembour-ser 13,8 milliards de dollars d’ici au mois de mai prochain

capital et exige d’importantes lignes de crédit pour être bénéfi-ciaire.» Le marketing contribue à 2 milliards de flux de trésorerie nette en 2015, selon Morgan Stan-ley. Il permet à lui seul de financer le 1,6 milliard de dollars de charges d’intérêts des activités industrielles.

C’est pourquoi la grande banque s’attend à ce que Glencore évalue de nouvelles options pour restau-rer la confiance et assurer son accès au crédit. Si le groupe entend conserver de bonnes conditions de financement, il doit impérativement maintenir sa notation de BBB. La dette nette de Glencore (22 milliards) corres-pond à 2,5 fois son bénéfice d’ex-ploitation. «Tant qu’il est infé-rieur à 3 fois, l’entreprise ne court aucun risque de perte de rating», observe un analyste de Morgan Stanley. Mais dans un environne-ment de déflation, le rapport change vite. Chaque recul de 0,26 dollar la livre de cuivre réduit le bénéfice d’exploitation de 1 mil-liard par an. En outre, selon Mor-gan Stanley, le marché évalue ce ratio à 4,2 fois le bénéfice et non pas à 2,5 fois.

Le négociant pourrait se séparer des activités de marketing dans les produits agricoles, selon cer-tains analystes. Credit Suisse les évalue à plus de 10 milliards de dollars. D’autres banques esti-ment que les désinvestissements comprendraient aussi l’or et l’argent. n

gré le rebond de 17% mardi et la nouvelle hausse de mercredi, l’ac-tion a perdu 70% de sa valeur depuis janvier. Cela correspond à une perte de valeur d’environ 40 milliards pour ses action-naires.

Contrairement à l’époque de Marc Rich, son fondateur, où le groupe profitait non pas de la direction du marché mais de sa volatilité, Glencore est très sen-sible à la tendance des marchés. D’autant qu’Ivan Glasenberg, l’ac-tuel directeur général, a procédé à une multitude d’acquisitions. «Le plan de réduction de la dette serait insuffisant en cas de baisse supplémentaire de 10% des matières premières», affirme Chi Tran-Brändli, analyste auprès de J. Safra Sarasin. Cette dernière préfère Rio Tinto, dans un contexte où le sentiment des investisseurs est très incertain. L’analyste d’UBS pense pour sa part que «le risque d’une augmen-tation supplémentaire du capital est modeste». Le négociant devrait désinvestir pour plus de 2 milliards de dollars d’actifs ces six prochains mois, avance-t-il.

«Glencore est davantage vulné-rable que BHP ou Rio en raison du poids de ses activités de marke-ting», estime Dan Scott, analyste de Credit Suisse, qui a rencontré la direction zougoise la semaine dernière. Le marketing (qui inclut, dans le jargon du secteur, l’intermédiation, y compris le négoce) est très gourmand en

«Glencore est davantage vulnérable que BHP ou Rio en raison du poids de ses activités de marketing»

Il y a des «raisons d’être inquiet» pour l’économie mondialeLa directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a estimé mercredi qu’il y avait des «raisons d’être inquiet» pour l’économie mondiale, affaiblie par le ralentissement en Chine et menacée par un «cercle vicieux» lié au prochain relèvement des taux américains. «La perspective d’une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et le ralentissement en Chine alimentent une incertitude et une plus forte volatilité des marchés», a-t-elle déclaré lors d’un discours à Washington, ajoutant que certains récents progrès économiques semblaient «menacés». La croissance devrait ainsi être plus faible cette année qu’en 2015, selon la responsable, qui n’a pas donné de chiffre précis. (AFP)

Porsche nomme un nouveau patron

Oliver Blume a été nommé à la tête de la société Porsche, a annoncé mercredi le conseil de surveillance du constructeur automobile. Oliver Blume était déjà membre du directoire de Porsche depuis début 2013, où il était responsable de la branche production et logistique. Agé de 47 ans, il a effectué l’ensemble de sa carrière, commencée chez Audi en 1994, au sein du groupe Volkswagen. Il remplace Matthias Müller, devenu directeur général vendredi de la maison mère, le groupe Volkswagen, succédant à Martin Winterkorn, emporté par le scandale sur les moteurs diesel truqués. Wolfgang Porsche, le président du conseil de surveillance de la société Porsche, s’est réjoui de la nomination d’un dirigeant issu des rangs de la maison. (AFP)

Les exportateurs pâtissent du franc fortMême si la Suisse a échappé à la récession au deuxième trimestre, l’image favorable reste trompeuse, estime Credit Suisse. Les taux de croissance réels du PIB ne reflètent pas les baisses de revenus des branches exportatrices, alors que la demande n’a pas forcément baissé, explique la banque dans son manuel des branches publié mercredi. En représentation nominale, les impulsions de croissance sont venues principalement des secteurs proches de l’Etat comme la santé et l’enseignement. A l’opposé, l’industrie, le commerce et l’hôtellerie-restauration doivent composer avec une perte de valeur ajoutée. Si, dans l’industrie, certains secteurs parviennent à mieux gérer la vigueur du franc, tous en souffrent. (ATS)

PANORAMA

TwitterJack Dorsey, le cofondateur de Twitter, devrait reprendre les rênes du réseau social, a rapporté mercredi le site spécialisé Re/code, une décision qui mettrait fin à un suspense de plus de trois mois

SUR LE WEB

ENDETTEMENT ÉLEVÉRapport entre la dette netteet le béné�ce d’exploitation

Source: Morgan Stanley

Vale

Fortescue

Glencore*

Vedanta

AAL

BHP

Rio Tinto

Norilsk Nickel

2016 2015

*ajusté

4,2

3,3

2,9

2,5

2,3

2,1

1,7

1,2

4,9

3,5

2,9

2,7

2,3

2,0

1,0

1,1

18 Economie

C M Y K

Page 19: Le Temps du 30 septembre 2015

JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

OBLIGATIONS

Taux à 10 ans

2,521,510,50-0,5

30 juin 30 septembre

Etats-Unis2,056%

Europe (Bund) 0,585%

Suisse –0,122%

TAUX DE CHANGE

En francs

1,15

1,10

1,05

1,00

0,95

0,90

30 juin 30 septembre

Euro 1,0907

Dollar 0,9765

STOXX EUROPE 600 / CLÔTURE: 347,76

Performance sur 3 mois: −8,80%

410

390

370

350

330

30 juin 30 septembre

SMI / CLÔTURE: 8513,41

Performance sur 3 mois: −3,05%

9400

9100

8800

8500

8200

30 juin 30 septembre

S&P 500 / 18H00: 1911,39

Performance sur 3 mois: −7,37 %

2100

2025

1950

1875

1800

30 juin 30 septembre

TOPIX (TOKYO) / CLÔTURE: 1411,16

Performance sur 3 mois: −13,45%

1650

1575

1500

1425

1350

30 juin 30 septembre

Sour

ce: B

loom

berg

MARCHÉ SUISSE

Belle séanceLe marché suisse a démarré la séance de mercredi en hausse de 1,5% à 8449 points, boosté par de bonnes indications préalables. La hausse du Dow

Jones, mardi, et le fort rebond du Nikkei (+2,7%) dans la matinée ont redonné de l’optimisme aux places boursières européennes. Le SMI a clôturé en hausse de 2,3% à 8513 points et le SPI de 2,2% à 8679 points. Julius Baer (+4,05 % à 44,22 francs) a réalisé la plus forte hausse du jour après avoir annoncé un remaniement de la région Europe, Méditerranée, Moyen-Orient et Afrique. Les assureurs ont soutenu la tendance à l’instar de Swiss Life (+2,2% à 217,40 francs), de Bâloise (+1,55% à 111,70 francs) et de Zurich Insurance (+2,3% à 239,20 francs). SGS a gagné 1,55% à 1700 francs et Adecco 2,8% à 71,25 francs. (BCGE)

BOURSE

LE TITRE VEDETTE

Julius Baer (en francs)

44

43,70

43,40

43,10

9h00 17h30

Source: Bloomberg

+4,05%

SYLVAIN BESSON

On le disait en pleine forme. Remis d’un cancer du poumon qui avait failli l’emporter l’an dernier. Claude Dauphin, l’un des géants de l’industrie suisse des matières premières, est pourtant mort mardi à Bogota, en Colombie, à l’âge de 64 ans, a annoncé son entreprise Trafigura dans un communiqué.

Claude Dauphin restera à tout jamais un mystère. De sa vie, il n’a donné qu’une seule bribe d’inter-view, sans révéler les secrets qui ont fait de lui l’un des négociants en matières premières les plus redoutables de la planète. Travail-

Trafigura perd son fondateur et leader incontesté, Claude DauphinMATIÈRES PREMIÈRES Le pré-sident du groupe de négoce gene-vois s’était remis d’un cancer l’an dernier. Il est décédé en Colombie

commerce pur et dur, celle de Philipps Brothers et de Marc Rich dont il avait été un proche colla-borateur. Chez Trafigura, fondée en 1993, il avait insufflé une culture d’aggressivité et de per-formance, allant chercher les contrats pétroliers en Angola, au Zimbabwe, au Kurdistan… En Côte d’Ivoire, il avait fait six mois de prison en 2006-2007, lorsqu’un bateau affrété par Trafigura avait déversé des déchets pétroliers autour d’Abidjan.

Depuis deux ans, Claude Dau-phin avait renoncé à ses fonctions exécutives chez Trafigura et dési-gné un successeur, l’Australien Jeremy Weir. Il restait le patron incontesté de l’entreprise. «Tant qu’il sera là, ce sera lui qui com-mandera», disaient les connais-seurs du secteur. Trafigura va devoir évoluer sans lui. n

leur compulsif, ce fils d’un négo-ciant normand en ferraille diri-geait depuis Genève l’une des plus grandes entreprises mondiales de commerce de pétrole et métaux. Sa force de travail, son imagina-tion dans le commerce étaient légendaires. On prétend qu’entre deux avions, il se posait briève-ment à Genève, le temps que son épouse lui remette une valise d’habits propres. Avant de repar-tir aussitôt pour conclure de nou-veaux deals, de nouveaux contrats, sa passion dévorante.

Sa disparition «crée un vide, c’était un vrai entrepreneur, il est parti de quasi zéro pour faire un groupe multinational», com-mente Jean Claude Gandur, un magnat genevois du pétrole qui l’a croisé à plusieurs reprises au cours de sa carrière. Claude Dau-phin avait été formé à l’école du

GRAND THÉÂTRE DE GENÈVEMercredi 21 octobre 2015La Belle HélèneOpéra-bou� e en 3 actesJacques O� enbachDirection musicale Gérard DaguerreMise en scène Robert Sandoz

18h30 Accueil par la direction, apéritif et champagne19h30 La Belle Hélène

Privilège réservé aux abonnés du Temps.Pour gagner deux invitations, vous pouvez participer :

PAR TÉLÉPHONE (CHF 1.–/appel)1. Appelez le 0901 001 002 et tapez le code 11. Suivez les instructions

PAR SMS (CHF 1.–/SMS)1. Tapez LE TEMPS 11 – suivi de vos coordonnées

(nom, prénom, adresse, tél.)2. Envoyez le message au numéro 959

PAR COURRIEREnvoyez une carte postale avec vos coordonnées (nom, prénom, adresse, tél., code 11) à: Le Temps Concours – Case postale 6714 – 1002 Lausanne

Cette o� re est valable jusqu’au 3 octobre minuit.Prochain événement : Théâtre Vidy-Lausanne

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CLAUDE DAUPHINFONDATEUR DE TRAFIGURA

Sa force de travail, son imagination dans le commercre était légendaires

Finance 19

C M Y K

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Page 20: Le Temps du 30 septembre 2015

Ordre des informations de fonds: Nom du fonds, monnaie comptable du fonds, Conditions d’émission / rachat, Particularités, Valeur d’inventaire(valeurs du mercredi, 30.09.2015, indication des fluctuations de cours voir particularités), Performance 2015 en %FONDS DE PLACEMENT Fournis par: Swiss Fund Data AG en collaboration avec SIX Swiss Exchange AG et SIX Telekurs Ltd. PUBLICITÉ

Investissements alternatifs

Gutzwiller TWO (CHF) CHF 3/1 c 106.50 -0.8

Gutzwiller TWO (USD) USD 3/1 c 147.70 0.5

BANQUE HERITAGETél. +41 58 220 00 [email protected]

Fonds en actions

Heritam Energy Cap USD 2/1 e 73.11 -24.0

Heritam USA Growth Cap USD 1/1 e 155.06 -9.6

Fonds d’allocation d’actifs

Heritam Global Allocation Cap EUR 4/4 a 93.78 -

Investissements alternatifs

Heritage L/S Equity (CHF) A CHF 1/1 b 118.09 2.4

Heritage L/S Equity (EUR) A EUR 1/1 b 1242.71 3.2

Heritage L/S Equity (USD) A USD 1/1 b 510.58 3.5

IAM Independent Asset Management SATél. 022 8183640www.iamfunds.chwww.iam.ch

Fonds en actions

IAM Emerging Market - A CHF 2/1 e 1684.42 -21.9

IAM European Equity - A CHF 2/1 e 1151.93 -9.1

IAM European Equity - A EUR EUR 2/1 e 1064.39 -0.1

IAM Global Equity - A CHF 2/1 e 1673.86 -9.6

IAM Gold & Metals - A CHF 2/1 e 1348.04 -34.4

IAM Immo Securities - A CHF 2/1 e 1095.39 0.3

IAM Swiss Equity - A CHF 2/1 e 2213.28 -4.6

Fonds d’allocation d’actifs

IAM Asset Allocation - A CHF 2/1 e 1216.05 -5.0

Représentant en Suisse:J. Safra Sarasin Investmentfonds AGTel. +41 58 317 44 44www.jsafrasarasin.com

Fonds en obligations

JSS Bond - Global P CHF dist CHF 4/3 e 244.92 -4.9

JSS Bond - USD High Yield P USD acc USD 2/1 e 94.43 -

JSS Bond - USD High Yield P USD distUSD 2/1 e 94.43 -

JSS BondSar P CHF CHF 4/4 e 107.12 0.8

JSS Corp Bd Gl EM P CHF acc hedged CHF 1/1 e 84.34 -

JSS Corp Bd Gl EM P EUR acc hedged EUR 1/1 e 79.32 -1.0

JSS Corp Bd Gl EM P USD acc USD 1/1 e 98.99 -0.4

JSS Corp Bd Gl EM P USD dist USD 1/1 e 98.81 -

JSS InsBd Opp P CHF acc hedged CHF 1/1 e 116.95 -3.3

JSS InsBd Opp P EUR acc EUR 1/1 e 98.09 -2.6

JSS InsBd Opp P EUR dist EUR 1/1 e 98.16 -

JSS InsBd Opp P USD acc hedged USD 1/1 e 122.50 -2.9

JSS ST Bd-Gl Opp P CHF acc hedged CHF 2/1 e 86.04 -

JSS ST Bd-Gl Opp P EUR acc hedged EUR 2/1 e 78.08 0.0

JSS ST Bd-Gl Opp P USD acc USD 2/1 e 100.92 0.7

JSS ST Bd-Gl Opp P USD dist USD 2/1 e 100.92 -

JSS Sust Bd-EUR Corp P EUR dist EUR 2/1 e 159.25 -2.0

JSS Sust Bd-EUR High Grade P acc EUR 2/1 e 136.08 -0.7

JSS Sust Bond CHF P CHF dist CHF 2/1 e 159.46 0.7

JSS Sust Bond EUR P EUR dist EUR 2/1 e 111.17 -1.4

Fonds en actions

JSS CET Eq Fund P CHF acc hedged CHF 1/1 a 94.84 1.9

JSS CET Eq Fund P EUR acc hedged EUR 1/1 a 78.89 2.1

JSS CET Eq Fund P USD acc hedged USD 1/1 a 102.15 2.9

JSS DynEq-Switz P CHF dist CHF 1/1 e 93.75 -7.2

JSS Em.Sar-NewFront. P USD di USD 2/1 e 109.95 -15.3

JSS Emerg.Sar-Gl P dist USD 2/1 e 253.45 -18.3

JSS EquiSar - Global P EUR dist EUR 2/1 e 183.26 -3.6

JSS EquiSar - Global P USD acc USD 2/1 e 88.95 -

JSS EquiSar-IIID (EUR) P EUR acc EUR 2/1 e 149.05 -5.8

JSS EquiSar-Int.Income P EUR acc EUR 2/1 e 161.69 1.4

JSS EquiSar-Int.Income P EUR dist EUR 2/1 e 153.28 1.4

JSS EquiSar-Int.Income P USD acc USD 2/1 e 181.41 -

JSS OekoSar Eq-Gl P EUR acc EUR 2/1 e 148.36 -2.1

JSS OekoSar Eq-Gl P EUR dist EUR 2/1 e 148.17 -2.1

JSS Pyrrho EventDriven Fd P USD acc USD 2/1 a 89.34 -

JSS Pyrrho EventDriven Fd P USD dist USD 2/1 a 89.38 -

JSS Real Estate Eq-Gl P EUR acc EUR 2/1 e 185.21 2.8

JSS Real Estate Eq-Gl P EUR dist EUR 2/1 e 163.32 2.8

JSS Real Estate Eq-Gl P USD acc USD 2/1 e 207.83 -

JSS Real Estate Eq-Gl P USD acc he. USD 2/1 e 91.58 -

JSS Resp Eq - Brazil P USD acc USD 1/1 e 54.40 -40.1

JSS Sust Eq - Water P CHF acc hedgedCHF 2/1 e 90.24 -

JSS Sust Eq - Water P EUR acc EUR 2/1 e 144.60 -1.4

JSS Sust Eq - Water P EUR dist EUR 2/1 e 144.59 -1.4

JSS Sust Eq - Water P USD acc hedgedUSD 2/1 e 92.24 -

JSS Sust Eq - Water P USD dist USD 2/1 e 161.20 -8.8

JSS Sust Eq-Europe P EUR acc EUR 2/1 e 88.03 4.2

JSS Sust Eq-Europe P EUR dist EUR 2/1 e 83.66 4.2

JSS Sust Eq-Glob EM P USD acc USD 2/1 e 72.99 -20.6

JSS Sust Eq-Global P EUR dist EUR 2/1 e 126.44 -3.4

JSS Sust Eq-New Power P EUR acc EUR 2/1 e 48.25 -1.7

JSS Sust Eq-New Power P EUR dist EUR 2/1 e 48.32 -1.7

JSS Sust Eq-Real Est Gl P EUR acc EUR 2/1 e 146.31 2.9

JSS Sust Eq-Switzerland P CHF dist CHF 4/3 e 763.95 -6.8

JSS Sust Eq-USA P USD acc USD 2/1 e 152.41 -13.4

SaraSelect P CHF dist CHF 4/3 e 782.27 1.2

Fonds d’allocation d’actifs

JSS Gl.Sar-Bal (CHF) P dist CHF 2/1 e 384.81 -5.1

JSS Gl.Sar-Bal (EUR) P dist EUR 2/1 e 312.35 -1.9

JSS Gl.Sar-Growth P acc EUR 2/1 e 145.10 -2.9

JSS Quant Portfl-Gl P EUR dist EUR 2/1 e 132.29 -3.0

JSS Quant Portfolio-Def P CHF dist CHF 4/3 e 102.89 -4.0

JSS Su.Portf-Bal P CHF ac.hed. CHF 2/1 e 192.41 -

JSS Su.Portf-Bal P EUR dist EUR 2/1 e 185.11 -2.5

JSS Sust Portf-Defensive P CHF dist CHF 4/3 e 99.87 -3.5

JSS Sust Portf-Flexible P CHF dist CHF 4/3 e 100.19 -7.7

Autres fonds

JSS Alt-Multi-Strat Fd P EUR acc hedgEUR 1/1 a 97.58 -

JSS Alt-Multi-Strat Fd P USD acc USD 1/1 a 100.80 0.9

JSS Commodity-Div.(EUR) P EUR dist EUR 4/3 e 41.86 -15.4

JSS Commodity-Div.(USD) P USD dist USD 4/3 e 59.08 -15.3

JSS Commodity-Diversified P CHF dist CHF 4/3 e 53.46 -15.9

JSS Commodity-Dynamic P CHF dist CHF 4/3 e 62.65 -14.1

LB(Swiss) Investment AGTél. 044 225 37 [email protected]

Autres fonds

MV Immoxtra Schweiz M CHF 1/2 e 109.01 6.7

MV Immoxtra Schweiz P CHF 1/2 e 108.29 6.4

Lienhardt & Partner Investments AGTél +41 31 399 31 11Fax +41 31 382 88 [email protected]

Fonds d’allocation d’actifs

Lienhardt & Partner Core Strat.Fd A CHF 2/1 e 71.36 -7.4

c/oTrillium SATél.: 022 318 84 49Fax: 022 318 84 48www.manavest.ch

Fonds en obligations

Manavest - Global Bonds EUR 2/2 a 100.03 -2.0

Fonds en actions

Manavest - Global Equity CHF 2/2 a 121.18 -11.7

Fonds d’allocation d’actifs

Manavest - Global Balanced CHF 2/2 a 94.41 -7.0

MFM Mirante Fund Management SATél. +41 21 808 00 [email protected]

Fonds en actions

MFM Global Thematic L/S (CHF) I CHF 4/4 a 93.09 -

MFM Global Thematic L/S (CHF) R CHF 4/4 a 92.59 -

MFM Global Thematic L/S (EUR) I EUR 4/4 a 93.81 -

MFM Global Thematic L/S (EUR) R EUR 4/4 a 93.07 -

MFM Global Thematic L/S (USD) I USD 4/4 a 94.37 -

MFM Global Thematic L/S (USD) R USD 4/4 a 93.74 -QuantevEurpEq R(ex CH0027075016) EUR 2/1 e 90.79 -18.0

Autres fonds

ConvBdOp R CHF(ex CH0129799588) CHF 2/1 a 103.14 -3.2

ConvBdOp R EUR(ex CH0048946757) EUR 2/1 a 124.35 -2.4

ConvBdOp R USD(ex CH0129799711) USD 2/1 a 93.49 -2.2

GblConvBd R CHF(ex CH0016340058) CHF 2/1 e 133.28 0.7

GblConvBd R EUR(ex CH0016340124) EUR 2/1 e 136.03 1.2GblConvBd R USD(ex CH0129730419) USD 2/1 e 114.20 1.3

Service Line0848 845 400www.banquemigros.ch

Fonds en obligations

Mi-Fonds (CH) SwFrBd MT A CHF 2/1 e 106.87 0.6

Mi-Fonds (CH) SwissFrancBond A CHF 2/1 e 112.64 1.3

Mi-Fonds (Lux) InterBond A CHF 2/1 e 77.48 -7.8Mi-Fonds (Lux) InterBond B CHF 2/1 e 147.24 -7.8

Fonds en actions

Mi-Fonds (CH) InterStock A CHF 2/1 e 89.33 -10.2

Mi-Fonds (CH) EuropeStock A CHF 2/1 e 67.03 -9.8

Mi-Fonds (CH) SwissStock A CHF 2/1 e 111.62 -4.9

Mi-Fonds (Lux) InterStock A CHF 2/1 e 84.19 -10.4

Mi-Fonds (Lux) InterStock B CHF 2/1 e 110.79 -10.4

Mi-Fonds (Lux) SwissStock A CHF 2/1 e 108.44 -5.4Mi-Fonds (Lux) SwissStock B CHF 2/1 e 133.07 -5.4

Fonds d’allocation d’actifs

Mi-Fonds (CH) 10 A CHF 2/1 e 107.06 -0.9

Mi-Fonds (CH) 10 V CHF 2/1 e 108.81 -0.8

Mi-Fonds (CH) 30 A CHF 2/1 e 106.53 -2.4

Mi-Fonds (CH) 30 V CHF 2/1 e 107.39 -2.3

Mi-Fonds (CH) 40 A CHF 2/1 e 107.38 -3.2

Mi-Fonds (CH) 40 V CHF 2/1 e 107.72 -3.1

Mi-Fonds (CH) 45 Sustainable A CHF 2/1 e 119.66 -3.4

Mi-Fonds (CH) 45 Sustainable V CHF 2/1 e 120.03 -3.3

Mi-Fonds (CH) 50 A CHF 2/1 e 103.86 -4.1

Mi-Fonds (Lux) 30 A CHF 2/1 e 124.32 -3.0

Mi-Fonds (Lux) 30 B CHF 2/1 e 203.18 -3.0

Mi-Fonds (Lux) 40 (EUR) A EUR 2/1 e 113.52 0.2

Mi-Fonds (Lux) 40 (EUR) B EUR 2/1 e 172.28 0.2

Mi-Fonds (Lux) 50 A CHF 2/1 e 139.11 -4.7Mi-Fonds (Lux) 50 B CHF 2/1 e 222.28 -4.7

Fonds immobiliers

Mi-Fonds (CH) SwissImmo A CHF 2/1 e 120.31 0.1

Mirabaud Asset ManagementTél. +41 58 816 20 [email protected]

Fonds en obligations

Mir. - Conv. Bonds Europe A EUR EUR 4/4 e 133.35 4.1

Mir. - Conv. Bonds Global A USD USD 4/4 e 112.30 0.5

Mir. - Gl Hgh Yield Bd A USD USD 4/4 e 106.63 -1.1Mir. - Gl Strat Bd A USD USD 4/4 e 103.31 -1.9

Fonds en actions

Mir. - Eq Asia ex Japan A USD USD 3/1 160.95 -10.7

Mir. - Eq Global Focus A Cap USD 4/4 a 94.61 -7.1

Mir. - Eq Spain A Cap EUR 3/3 e 24.64 -1.5

Mir. - Eq Swiss Sm/Mid A CHF CHF 4/4 el 295.86 -0.6

Mir. - Gl Eq High Inc A Cap USD USD 4/4 e 93.96 -9.8

Mirabaud Eq. Global Em.Mkts A Cap USD 4/4 e 82.26 -19.0

Mirabaud Fund (CH) Swiss Eq I Cap CHF 1/1 el 1690.99 -3.1Mirabaud Swiss Equity Asymmetric I CHF 3/2 e 11021.03 -2.4

Fonds d’allocation d’actifs

Mirabaud Fd (CH) - LPP 25+ Z Cap CHF 2/4 b 123.06 -0.6

Mirabaud Fd (CH) - LPP 40+ Z Cap CHF 4/4 b 131.92 -0.6Mirabaud Fd (CH) - LPP Preserv. Z Cap CHF 4/4 b 99.64 -0.4

Investissements alternatifs

MirAlt Sicav Diversified A USD USD 1/1 b 111.38 -1.4

MirAlt Sicav Europe A EUR EUR 1/1 b 72.81 4.8MirAlt Sicav North America A USD USD 1/1 b 158.35 -3.0

La MobilièreAsset Management [email protected]

Fonds d’allocation d’actifs

MobiFonds 3a CHF 2/1 e 122.52 -0.9

MobiFonds 3a Plus CHF 2/1 e 106.79 -2.9

MobiFonds Select 20 CHF 2/1 e 112.18 -0.5

MobiFonds Select 50 CHF 2/1 e 113.47 -2.4MobiFonds Select 90 CHF 2/1 e 120.08 -5.6

Tél. +41 58 787 00 00, www.patrimonium.ch

Patrimonium Swiss Real Estate Fund CHF -/- 136.90 0.4

Pictet Asset Management S.A.Tel. +41 (58) 323 3000

www.pictetfunds.com

Fonds en instruments du marché monétaire

PCH-Enhanced Liquidity CHF -P dy CHF 2/2 927.04 -0.6

PCH-Enhanced Liquidity EUR -P dy EUR 2/2 976.53 -0.0

PCH-Enhanced Liquidity USD -P dy USD 2/2 1001.15 0.2

PCH-Short-Term MM CHF -P dy CHF 2/2 938.94 -0.6

PCH-Short-Term MM EUR -P dy EUR 2/2 987.49 -0.1

PCH-Short-Term MM GBP -P dy GBP 2/2 1004.44 0.3

PCH-Short-Term MM USD -P dy USD 2/2 985.82 0.2

PCH-Sov Short-Term MM CHF -P dy CHF 1/1 e 958.08 -0.7

PCH-Sov Short-Term MM EUR -P dy EUR 1/1 e 986.94 -0.2

PCH-Sov Short-Term MM USD -P dy USD 1/1 985.32 0.1

Pictet-Short-Term MM CHF -P CHF 2/2 123.42 -0.6

Pictet-Short-Term MM EUR -P EUR 2/2 137.64 -0.1

Pictet-Short-Term MM JPY -P JPY 1/1 10118.89 -0.0

Pictet-Short-Term MM USD -P USD 2/2 132.70 0.2

Pictet-Sov Short-Term MM EUR -P EUR 2/1 102.36 -0.2Pictet-Sov Short-Term MM USD -P USD 2/1 102.13 0.1

Fonds en obligations

PCH-CHF Bonds Tracker -P dy CHF 4/4 e 1102.89 1.8

PCH-CHF Short Mid Term Bd -P dy CHF 4/4 e 857.52 0.4

PI (CH)-CHF Bonds I dy CHF 2/2 f 1077.69 1.9

PI (CH)-Foreign Bonds I dy CHF CHF 2/2 f 825.14 -4.6

Pictet-Asn Lcl Ccy Dbt -P EUR EUR 1/1 124.62 2.9

Pictet-Asn Lcl Ccy Dbt -P USD USD 2/2 139.81 -5.0

Pictet-CHF Bonds -P CHF 2/2 e 486.09 1.1

Pictet-Em Lcl Ccy Dbt -P EUR EUR 2/1 e 125.91 -8.6

Pictet-Em Lcl Ccy Dbt -P USD USD 2/2 e 141.26 -15.2

Pictet-EUR Bonds -P EUR 2/2 e 521.66 -0.1

Pictet-EUR Corporate Bonds -P EUR 2/2 e 184.75 -2.7

Pictet-EUR Government Bonds -P EUR 2/2 e 153.75 0.4

Pictet-EUR High Yield -P EUR 2/2 e 220.30 -1.1

Pictet-EUR SMT Bonds -P EUR 2/2 e 133.53 -0.0

Pictet-Glo Emerging Debt -P USD USD 2/2 e 323.69 -1.2

Pictet-Global Bonds -P EUR EUR 2/1 e 154.49 4.7

Pictet-Global Em Ccy -P EUR EUR 2/1 f 81.72 2.0

Pictet-Global Em Ccy -P USD USD 2/1 f 92.06 -5.4

Pictet-LATAM Lc Ccy Dbt -P EUR EUR 2/1 e 87.80 -19.0

Pictet-LATAM Lc Ccy Dbt -P USD USD 2/1 e 97.72 -24.9

Pictet-US High Yield -P USD USD 2/2 e 138.84 -2.6

Pictet-USD Government Bonds -P USD 2/2 e 613.79 1.6Pictet-USD Short Mid-Term Bds -P USD 2/2 e 127.02 0.8

Fonds en actions

PCH-Global Equities -P dy CHF CHF 4/4 e 1449.20 -10.2

PCH-Global Equities -P dy USD USD 4/4 e 1440.28 -8.3

PCH-Swiss Market Trk -P dy CHF CHF 4/4 e 135.81 -4.2

PCH-Swiss Mid Small Cap -P dy CHF CHF 2/2 e 4649.92 -1.8

PE CH-Swiss Eq 130/30 -P dy CHF 2/2 f 122.43 -4.5

PI (CH)-Swiss Equities I dy CHF CHF 2/2 e 1567.01 -3.1

PI (CH)-World Equities I dy CHF CHF 2/2 e 893.08 -7.3

Pictet CH - Swiss Eq -P dy CHF 2/2 e 2209.88 -3.6

Pictet-Agriculture -P EUR EUR 1/1 e 162.88 -5.8

Pictet-Agriculture -P USD USD 1/1 e 182.75 -12.6

Pictet-Asian Eq ExJpn -P EUR EUR 2/2 154.00 -6.8

Pictet-Asian Eq ExJpn -P USD USD 2/2 172.76 -13.9

Pictet-Biotech -P EUR EUR 1/1 e 597.91 6.2

Pictet-Biotech -P USD USD 2/2 e 670.81 -1.6

Pictet-Clean Energy -P EUR EUR 2/2 e 61.58 -10.6

Pictet-Clean Energy -P USD USD 2/2 e 69.09 -17.1

Pictet-Digital Comm -P EUR EUR 1/1 e 181.56 2.1

Pictet-Digital Comm -P USD USD 2/2 e 203.70 -5.4

Pictet-Eastern Europe -P EUR EUR 2/2 e 240.58 -4.8

Pictet-Emerging Markets -P EUR EUR 2/2 372.79 -10.5

Pictet-Emerging Markets -P USD USD 2/2 418.21 -17.4

Pictet-Emerging Mkts Idx -P USD USD 2/2 f 199.27 -16.0

Pictet-Ethos(CH)Sw SustEq -P dy CHF 4/4 e 138.07 -3.7

Pictet-Eu Equities Sel -P EUR EUR 2/2 e 545.48 6.2

Pictet-Euroland Index -P EUR EUR 2/2 e 119.83 0.8

Pictet-Europe Index -P EUR EUR 4/4 e 155.06 0.2

Pictet-European Sust Eq -P EUR EUR 2/2 e 213.70 2.8

Pictet-Glo Megatrend Sel -P CHF CHF 1/1 e 190.40 -10.6

Pictet-Glo Megatrend Sel -P EUR EUR 1/1 e 174.47 -1.5

Pictet-Glo Megatrend Sel -P USD USD 1/1 e 195.72 -8.7

Pictet-Greater China -P EUR EUR 2/2 349.81 2.1

Pictet-Greater China -P USD USD 2/2 392.44 -5.8

Pictet-Health -P EUR EUR 1/1 e 209.65 1.4

Pictet-Health -P USD USD 2/2 e 235.22 -5.9

Pictet-Indian Equities -P EUR EUR 2/2 357.73 5.7

Pictet-Indian Equities -P USD USD 2/2 401.33 -2.4

Pictet-Japan Index -P JPY JPY 2/2 14676.98 -0.1

Pictet-Japanese Eq Opp. -P EUR EUR 1/1 60.78 6.7

Pictet-Japanese Eq Opp. -P JPY JPY 2/2 8200.93 -0.8

Pictet-Japanese Eq Sel -P EUR EUR 2/1 91.14 5.1

Pictet-Japanese Eq Sel -P JPY JPY 2/2 12295.96 -2.3

Pictet-Pac ExJpn Idx -P USD USD 2/2 e 295.34 -17.4

Pictet-Premium Brands -P EUR EUR 2/2 e 131.78 -2.2

Pictet-Russian Equities -P USD USD 2/1 e 37.23 3.9

Pictet-Security -P USD USD 2/2 e 173.77 -1.8

Pictet-Small Cap Europe -P EUR EUR 2/2 e 966.53 15.3

Pictet-Timber -P USD USD 1/1 e 129.05 -14.6

Pictet-US Eq Sel -P USD USD 2/2 e 162.67 -10.0

Pictet-USA Index -P USD USD 4/4 e 163.57 -7.8Pictet-Water -P EUR EUR 2/2 e 225.32 -0.5

Fonds d’allocation d’actifs

PCH-LPP 25 -P dy CHF CHF 4/4 e 1200.50 -1.8

PCH-LPP 40 -P dy CHF CHF 4/4 e 1286.00 -2.9

Pictet-Abs Ret Fixed Inc HP EUR EUR 4/4 e 101.98 -1.5

Pictet-Absl Rtn Glo Div -P EUR EUR 2/2 f 116.54 -1.3Pictet-Piclife -P CHF CHF 2/1 e 938.57 -3.8

Autres fonds

Optimal Allocation -HP EUR EUR 4/4 f 96.40 -

Optimal Allocation -P CHF CHF 4/4 f 95.09 -10.1

Optimal Allocation -R CHF CHF 4/4 f 95.05 -

Pictet (CH) Pre. Mtls - Phy. Gold P(CHF) CHF 2/1 e 107.81 -7.6

Pictet (CH) Pre. Mtls - Phy. Gold P(EUR)EUR 2/1 e 98.59 1.6Pictet (CH) Pre. Mtls - Phy. Gold P(USD)USD 2/1 e 110.77 -6.1

Fondations PictetTél.: 058/323 29 60

www.pictet.com

Fonds en obligations

FPLP-LPP/BVG-Bonds -P CHF 3/3 b 147.47 1.4

FPLP-LPP/BVG-SMT Bonds -P CHF 3/3 b 114.31 -0.0

FPPI-LPP/BVG-Bonds -P CHF 3/3 b 133.15 1.3FPPI-LPP/BVG-SMT Bonds -P CHF 3/3 b 114.35 -0.0

Fonds d’allocation d’actifs

FPLP-LPP/BVG-25 -P CHF 3/3 e 127.42 -2.5

FPLP-LPP/BVG-40 -P CHF 3/3 e 138.57 -3.7

FPPI-LPP/BVG-25 -P CHF 3/3 e 134.98 -2.5FPPI-LPP/BVG-40 -P CHF 3/3 e 119.04 -3.7

Piguet Galland & Cie SATél. 058 310 44 [email protected]

Fonds en obligations

Piguet Global Fund - Int. Bond Cap CHF 1/1 167.46 -5.5

Piguet Global Fund - Int. Bond Cap EUR 1/1 168.43 1.0

Piguet Global Fund - Int. Bond Cap USD 1/1 243.50 -1.8

Piguet Global Fund - Int. Bond Dis CHF 1/1 112.77 -6.8

Piguet Global Fund - Int. Bond Dis EUR 1/1 110.87 -0.3Piguet Global Fund - Int. Bond Dis USD 1/1 145.68 -3.1

Fonds en actions

Piguet Asie-Pacifique ex-Japon USD 3/2 e 80.56 -13.4Piguet Actions Amérique du Nord USD 3/2 e 138.25 -9.9Piguet Actions Japon JPY 3/2 e 10237.85 -1.7Piguet Actions Pan-Europe EUR 3/2 e 130.45 -1.0Piguet Actions Suisses A CHF 3/2 e 211.46 -5.0Piguet Int. Fd SICAV-World Eq. CHF CHF 1/1 f 120.49 -9.4Piguet Int. Fd SICAV-World Eq. EUR EUR 1/1 f 99.14 -5.0Piguet Int. Fd SICAV-World Eq. USD USD 1/1 f 118.46 -8.6

Fonds d’allocation d’actifs

Piguet Pondéré (CHF) CHF 3/2 a 197.32 -5.1Piguet Pondéré (EUR) EUR 3/2 a 135.04 -0.9Piguet Pondéré (USD) USD 3/2 a 1167.40 -3.2

PostFinance SABèrne, SuisseTél +41 848 888 710www.postfinance.ch

Fonds en actions

PostFinance Fonds Global CHF 2/1 e 110.28 -9.3PostFinance Fonds Suisse CHF 2/1 e 147.77 -4.5

Fonds d’allocation d’actifs

PostFinance Fonds 1 Bond CHF 2/1 e 97.45 0.5PostFinance Fonds 2 CHF 2/1 e 98.46 -1.4PostFinance Fonds 3 CHF 2/1 e 103.00 -2.4PostFinance Fonds 4 CHF 2/1 e 99.76 -4.6PostFinance Fonds 5 CHF 2/1 e 94.15 -6.9PostFinance Pension 25 CHF 2/1 e 109.70 -1.6PostFinance Pension 45 CHF 2/1 e 109.99 -3.5

Procimmo SA

Tél : +41 (0)43 817 70 43www.procimmo.ch

Fonds immobiliersProcimmo Swiss Commercial Fund CHF 2/2 146.00 17.7

PvB Pernet von Ballmoos AG

Tél. 044 205 51 51www.pvbswiss.com

Fonds en actions

Nerrick US Equities A (USD) USD 1/1 e 137.61 -8.3Nerrick US Equities I (USD) USD 1/1 e 143.18 -4.6PvB Swiss Equity Futures Fund A CHF 1/1 b 164.08 -4.7PvB Swiss Equity Futures Fund I CHF 1/1 b 166.72 -4.2PvB Swiss Equity Futures Fund Z CHF 1/1 b 168.06 -3.9

Fonds d’allocation d’actifs

Smoothie Fund A (CHF) CHF 1/1 b 114.83 -Smoothie Fund A (EUR) EUR 1/1 b 116.24 -Smoothie Fund A (USD) USD 1/1 b 116.41 -Smoothie Fund F (CHF) CHF 1/1 b 115.98 -Smoothie Fund F (EUR) EUR 1/1 b 117.43 -Smoothie Fund I (CHF) CHF 1/1 b 115.59 -

Fonds immobiliers

PvB Immo CH DF A CHF CHF 1/1 a 1476.63 -0.3PvB Immo CH DF A USD USD 1/1 a 1110.10 -0.3PvB Immo CH DF I CHF CHF 1/1 a 1467.69 0.1

Investissements alternatifs

PvB Andante - Emg Mkts K (CHF) CHF 2/1 b 10092.65 -10.8PvB Andante - Emg Mkts K (EUR) EUR 2/1 b 11004.25 -10.7PvB Andante - Emg Mkts K (USD) USD 2/1 b 12287.40 -10.2PvB Andante - Global K (CHF) CHF 2/1 b 11039.25 1.1PvB Andante - Global K (EUR) EUR 2/1 b 12172.00 1.1PvB Andante - Global K (USD) USD 2/1 b 13070.05 1.4

Autres fonds

PvB Asset-Backed Securities Fund A USD 2/3 b 3078.31 4.3PvB Asset-Backed Securities Fund S USD 2/3 b 236.92 4.8

Banques RaiffeisenTél. 0844 888 808www.raiffeisen.ch

Fonds en instruments du marché monétaire

Raiffeisen Euro Money A EUR 2/1 e 490.36 -0.2Raiffeisen Euro Money B EUR 2/1 e 749.47 -0.2Raiffeisen Swiss Money A CHF 2/1 e 995.10 -0.7Raiffeisen Swiss Money B CHF 2/1 e 1301.68 -0.7

Fonds en obligations

Raiffeisen Conv Bond Global B CHF 2/1 e 104.66 -1.2Raiffeisen Euro Obli A EUR 2/1 e 82.35 -0.6Raiffeisen Euro Obli B EUR 2/1 e 184.74 -0.7Raiffeisen Futura Global Bond A CHF 4/1 e 88.34 -1.7Raiffeisen Futura Global Bond I CHF 1/1 e 101.77 -0.8Raiffeisen Futura Swiss Franc Bond A CHF 4/1 e 110.69 0.9Raiffeisen Futura Swiss Franc Bond I CHF 4/1 e 104.11 1.2Raiffeisen Swiss Obli A CHF 2/1 e 117.71 0.4Raiffeisen Swiss Obli B CHF 2/1 e 195.43 0.4

Fonds en actions

Raiffeisen Clean Technology A CHF 2/1 e 158.44 -9.6Raiffeisen Clean Technology B CHF 2/1 e 160.10 -9.6Raiffeisen EuroAc A EUR 2/1 e 109.26 4.9Raiffeisen EuroAc B EUR 2/1 e 152.41 4.9Raiffeisen Futura Global Stock A CHF 4/1 e 84.73 -6.1Raiffeisen Futura Global Stock I CHF 4/1 e 113.85 -5.5Raiffeisen Futura Swiss Stock A CHF 4/1 e 198.24 -4.5Raiffeisen Futura Swiss Stock I CHF 4/1 e 102.97 -4.0Raiffeisen Future Resources A CHF 2/1 e 117.84 -19.6Raiffeisen Future Resources B CHF 2/1 e 117.84 -19.6Raiffeisen SwissAc A CHF 2/1 e 315.92 -5.2Raiffeisen SwissAc B CHF 2/1 e 363.36 -5.2

Fonds d’allocation d’actifs

Raiffeisen Global Invest Balanced A CHF 2/1 e 114.03 -5.4Raiffeisen Global Invest Balanced B CHF 2/1 e 143.75 -5.4Raiffeisen Global Invest Equity A CHF 2/1 e 85.15 -9.0Raiffeisen Global Invest Equity B CHF 2/1 e 88.74 -9.0Raiffeisen Global Invest Growth A CHF 2/1 e 96.85 -7.4Raiffeisen Global Invest Growth B CHF 2/1 e 100.59 -7.4Raiffeisen Global Invest Yield A CHF 2/1 e 103.21 -3.6Raiffeisen Global Invest Yield B CHF 2/1 e 136.17 -3.6Raiffeisen Pens.Inv.Fut.Balanced A CHF 4/1 e 117.93 -3.4Raiffeisen Pens.Inv.Fut.Balanced I CHF 4/1 e 125.26 -3.4Raiffeisen Pension Invest Futura Yield ACHF 4/1 e 132.47 -1.8Raiffeisen Pension Invest Futura Yield ICHF 4/1 e 142.02 -1.8RaiffeisFd(CH)MultiAssetClFlexBal CHF 4/1 e 92.70 -4.9RaiffeisFd(CH)MultiAssetClFlexGrw CHF 4/1 e 87.30 -6.8

Autres fonds

EURO STOXX 50 EUR Dis EUR 4/4 e 114.70 -1.5Pension Growth A Dis CHF 4/4 e 105.72 -8.0Pension Growth I Dis CHF 4/4 e 106.44 -7.9Raiffeisen Index-SPI Dis CHF 4/1 e 132.18 -4.4RaiffeisETF SolidGold A USD USD 4/4 e 3564.84 -6.4RaiffeisETF SolidGold H CHF (hdg) CHF 4/4 e 3172.17 -8.6RaiffeisETF SolidGoldOunc A CHF CHF 4/4 e 1078.41 -8.0RaiffeisETF SolidGoldOunc A USD USD 4/4 e 1120.32 -6.4RaiffeisETF SolidGoldOunc H CHF (hdg)CHF 4/4 e 985.01 -8.7

RaiffeisFd(CH)MultiAssetClFlexYld CHF 4/1 e 93.70 -3.9

Tél. +41 58 262 00 00, www.realstone.ch

Realstone Swiss Property CHF 2/1 e 133.00 0.4

responsAbilityInvestments AGTél +41 44 250 99 30www.responsAbility.com

Investissements alternatifs

rA Fair Trade B1 CHF 2/2 b 104.69 1.2rA Fair Trade B2 EUR 2/2 b 105.89 1.6rA Global Microfinance B USD 4/1 b 151.07 1.3rA Global Microfinance H CHF CHF 4/1 b 126.75 0.3rA Global Microfinance H EUR EUR 4/1 b 140.09 0.8

Schroder Investment Management(Switzerland) AGwww.schroders.chTél. 0800 844 448

Fonds d’allocation d’actifs

Schroder Capital Fund CHF 2/1 e 1164.68 -5.2Schroder Strategy Fund (BVV/LPP) CHF 2/1 e 136.30 -3.8

Solvalor Fund ManagementTél. +41 58 404 03 00www.solvalor.ch

Solvalor 61 CHF 2/2 e 234.80 -1.1

Swisscanto Directions de Fonds SATél. 0844 850 830www.swisscanto.ch

Fonds en instruments du marché monétaireSWC (LU) MMF CHF B CHF 2/1 e 147.69 -0.3

Fonds en obligations

SWC (CH) BF CHF (I) A CHF 2/1 e 96.30 0.3SWC (CH) BF Corporate hedged CHF A CHF 2/1 e 102.19 -2.1SWC (CH) BF International (I) A CHF 2/1 e 73.96 -5.1SWC (CH) Index BF CHF (I) A CHF 4/4 e 111.56 1.8SWC (LU) BF CHF B CHF 2/1 e 134.96 0.9SWC (LU) BF COCO H B CHF 2/1 e 130.13 -0.9SWC (LU) BF EUR B EUR 2/1 e 98.82 -0.2SWC (LU) BF Glob. Absolute Return H BCHF 2/1 e 115.48 -2.7SWC (LU) BF Global Corporate H B CHF 2/1 e 124.13 -2.0SWC (LU) BF International B CHF 2/1 e 105.90 -4.3SWC (LU) BF Medium Term CHF B CHF 2/1 e 118.41 0.0SWC (LU) BF ST Global High Yield H B CHF 2/1 e 111.70 -3.3SWC Swiss Red Cross Charity Fund A CHF 2/1 e 102.00 -0.5

Fonds en actions

SWC (CH) EF Europe A EUR 2/1 e 149.81 2.8SWC (CH) EF Green Invest A CHF 2/1 e 94.16 -11.2SWC (CH) EF Small & Mid Caps CH (I) ACHF 2/1 e 492.55 -2.9SWC (CH) EF Switzerland (I) A CHF 2/1 e 357.78 -4.6SWC (CH) Index EF CH Total (II) A CHF 4/4 e 117.76 -4.4SWC (LU) EF Global Water Invest B EUR 2/1 e 137.96 -5.4SWC (LU) EF Green Inv Emerging Mar. BUSD2/1 e 108.89 -17.6SWC (LU) EF Selection International B CHF 2/1 e 133.05 -9.3SWC (LU) EF Selection North America BUSD2/1 e 170.66 -8.3SWC (LU) EF Top Dividend Europe B EUR 2/1 e 137.39 1.6

Fonds d’allocation d’actifs

SWC (LU) PF Balanced B CHF 2/1 e 195.24 -5.6SWC (LU) PF Dynamic 0 - 50 B CHF 2/1 e 96.29 -13.6SWC (LU) PF Equity B CHF 2/1 e 266.81 -11.9SWC (LU) PF Green Inv Balanced B CHF 2/1 e 168.57 -7.1SWC (LU) PF Green Inv Yield B CHF 2/1 e 104.84 -4.3SWC (LU) PF Growth B CHF 2/1 e 245.09 -7.2SWC (LU) PF Income B CHF 2/1 e 140.33 -0.5SWC (LU) PF Yield B CHF 2/1 e 168.86 -3.3SWC BVG 3 Oeko 45 CHF 2/1 e 141.29 -3.5SWC BVG 3 Oeko 45 R CHF 2/1 e 142.15 -3.2SWC BVG 3 PF 10 CHF 2/1 e 182.63 -0.4SWC BVG 3 PF 25 CHF 2/1 e 172.92 -1.7SWC BVG 3 PF 45 CHF 2/1 e 199.73 -3.2

Fonds immobiliersSWC (CH) Real Estate Fund IFCA CHF 5/5 e 119.00 -0.7

Investissements alternatifsSWC (CH) Alt. F Diversified B CHF 3/1 b 1104.17 2.4

Autres fonds

SWC (CH) BF Convertible Internation ACHF 2/1 e 95.70 -8.9SWC (CH) Commodity Fund Selection ACHF 2/1 e 43.56 -20.4

Union Bancaire Privée, UBP SATél. 00800 827 38 [email protected]

Fonds en obligations

UBAM (CH) - High Grade CHF Income ACHF 1/1 e 100.13 -UBAM-Corporate Euro Bond AC EUR 1/1 f 181.51 -2.3UBAM-Corporate US Dollar Bond AC USD 1/1 f 180.14 0.6UBAM-Dynamic Euro Bond AC EUR 1/1 f 254.26 -0.5UBAM-Dynamic US Dollar Bond AC USD 1/1 f 211.03 -0.0UBAM-Emerging Mkt Bond AC USD 1/1 f 151.26 -4.6UBAM-Emerging Mkt Corp Bond AC USD 4/1 f 122.84 -1.6UBAM-Euro Bond AC EUR 1/1 f 980.69 0.1UBAM-Global High Yield Solution AC USD 4/1 f 140.37 -0.9UBAM-Local Ccy Em Mkt Bond AC USD 1/1 f 93.06 -16.6UBAM-US Dollar Bond AC USD 1/1 f 2535.31 0.6

Fonds en actions

UBAM (CH) Swiss Excellence Equity A CHF 1/1 e 148.88 -2.2UBAM-30 Global Leaders Equity AHC USD 1/1 f 107.52 -3.3UBAM-Dr. Ehrhardt German Equity AC EUR 1/1 f 1443.44 2.4UBAM-Equity Bric+ APC USD 1/1 f 64.78 -13.2UBAM-Europe Equity AC EUR 1/1 f 392.33 2.3UBAM-GCM MIDCAP US Eq Growth ACUSD1/1 f 352.33 -0.9UBAM-IFDC Japan Opport. Equity APC JPY 1/1 f 12313.00 3.2UBAM-Neuberger Berm. US Eq Val ACUSD 1/1 f 883.61 -15.3UBAM-SNAM Japan Equity Value AC JPY 1/1 f 1234.00 -1.5UBAM-Swiss Equity AC CHF 1/1 f 253.89 -1.8UBAM-Turkish Equity AC USD 4/4 f 81.33 -34.6

Autres fonds

UBAM (CH) GOLD + (CHF) A CHF 1/1 e 76.92 -7.5UBAM (CH) GOLD + (EUR) A EUR 1/1 e 79.97 -6.3UBAM (CH) GOLD + (USD) A USD 1/1 e 82.76 -5.6UBAM Convertibles Europe AC EUR 1/1 e 1687.66 -0.1

Vontobel Fonds Services AGTél. 058 283 53 50www.vontobel.com

Fonds en instruments du marché monétaire

Euro Money B EUR 2/1 e 132.40 -0.2Swiss Money B CHF 2/1 e 114.85 -0.7

US Dollar Money B USD 2/1 e 128.21 -0.0

Fonds en obligations

Absolute Return Bond (CHF) B CHF 2/1 e 106.93 -3.4

Absolute Return Bond (EUR) B EUR 2/1 e 156.89 -2.1

Absolute Return Bond Dynamic B EUR 2/2 e 96.89 -4.3

Bond Gbl Aggregate B EUR 2/2 e 103.82 2.8

Eastern European Bond B EUR 2/1 e 128.58 -1.7

Emerging Markets Debt B USD 2/1 e 96.66 -3.6

Emerging Mkts Loc Ccy Bd B USD 2/1 e 78.77 -15.4

EUR Corporate Bond Mid Yield B EUR 2/1 e 161.74 -1.1

Euro Bond B EUR 2/1 e 384.32 0.0

Global Convertible Bond B EUR 2/1 e 137.19 -1.9

High Yield Bond B EUR 2/1 e 119.50 -3.2

Swiss Franc Bond B CHF 2/1 e 241.48 0.0

Fonds en actions

China Stars Equity B USD 2/1 146.90 -7.3

Clean Technology B EUR 2/1 e 229.94 -0.6

Emerging Markets Equity B USD 2/1 e 611.20 -12.3

Eur. Mid & Small Cap Equity B EUR 2/1 e 178.48 7.3

European Equity B EUR 2/1 e 258.84 7.8

Far East Equity B USD 2/1 389.21 -10.5

Future Resources B EUR 2/1 e 173.09 -11.0

Global Equity (ex US) B USD 2/1 e 226.07 -3.8

Global Equity B USD 2/1 e 197.51 -2.5

Japanese Equity B JPY 2/1 7018.00 3.0

New Power B EUR 2/1 e 108.46 -6.8

Sust.Asian Leaders(Ex-Japan) B USD 2/1 223.06 -11.1

Sustain.Emerging Mkts Leaders B USD 2/1 e 89.13 -14.1

Sustain.Global Leaders B USD 2/1 e 127.04 -3.5

Sustainable Swiss Equity A CHF 4/1 e 175.78 -5.1

Swiss Mid and Small Cap Equity B CHF 2/1 e 148.05 -2.5

US Equity B USD 2/1 e 836.70 -2.0

Vontobel Swiss Dividend A CHF 4/1 e 467.36 -4.7

Vontobel Swiss Small Companies A CHF 4/1 e 763.75 0.5

Autres fonds

Belvista Commodity B USD 2/1 e 54.75 -18.6

Belvista Dynamic Commodity B USD 2/1 e 62.79 -15.3

Belvista Non-Food Commodity B USD 4/4 e 77.36 -16.1

Pure Dividend Strategy B USD 2/1 e 89.43 -8.9

Pure Momentum Strategy B USD 2/1 e 100.17 -4.7

Pure Premium Strategy B USD 2/2 e 92.04 -6.1

Target Return Defensive B EUR 2/1 e 96.31 -4.2

Vontobel Fonds Services AG - HelvetiaTél. 0848 80 10 20Fax 0848 80 10 21www.vontobel.com

Fonds en obligations

Helvetia - Income Pf A CHF 4/1 e 133.60 -2.6

Helvetia - Income Pf I CHF 4/1 e 144.83 -2.6

Fonds en actions

Helvetia - Dynamic Pf A CHF 4/1 e 108.10 -7.3

Helvetia - Dynamic Pf I CHF 4/1 e 109.34 -7.3

Fonds d’allocation d’actifs

Helvetia - Mix 30 Pf A CHF 4/1 e 100.21 -3.7

Helvetia - Mix 30 Pf I CHF 4/1 e 102.67 -3.7

Helvetia - Mix 50 Pf A CHF 4/1 e 145.43 -4.3

Helvetia - Mix 50 Pf I CHF 4/1 e 152.77 -4.3

WMPartnersVermögensverwaltungs AGTél. +41 58 888 38 38www.wmpartners.ch

Fonds en actions

WMP EM Established Leaders Fd B CHF 1/1 e 116.67 -13.0

WMP Eq Opport Fd - B CHF 1/1 e 112.86 -13.8

Zurich Invest AGTél. 044 628 49 99Fax 044 629 18 66www.zurich.ch

Fonds en instruments du marché monétaire

Target Inv. Fd Geldmarkt CHF - B CHF 1/1 e 9.25 -0.6

Fonds en obligations

Target Inv. Fd Obligationen CHF - B CHF 2/1 e 9.82 -1.7

Fonds en actions

Target Inv. Fd 100 CHF - B CHF 2/1 e 16.67 -7.4

Fonds d’allocation d’actifs

Target Inv. Fd 25 CHF - B CHF 2/1 e 11.40 -3.0

Target Inv. Fd 35 CHF - B CHF 2/1 e 11.79 -3.8

Target Inv. Fd 45 CHF - B CHF 2/1 e 12.45 -4.1

Zurich Inv. Protect 85+ B CHF 4/4 e 101.62 -2.7

Explication Indices

Conditions d'émission et de rachat de parts:Le premier chiffre se réfère aux conditionsappliquées lors de l'émission de parts:

1. Pas de commission d'émission et/ou de taxesen faveur du fonds (l'émission a lieu à la valeurd’inventaire)

2. Commission d'émission en faveur de la directiondu fonds et/ou du distributeur (peut être différentepour le même fonds en fonction de la filière dedistribution)

3. Frais de transaction en faveur du fonds(participation à la couverture des frais lorsdu placement de nouvelles res-sources entrées)

4. Combinaison de 2) et 3)5. Conditions particulières lors de l'émission de parts

Le second chiffre en italique se réfère auxconditions appliquées lors du rachat de parts:

1. Pas de commission de rachat et/ou de taxesen faveur du fonds (le rachat a lieu à la valeurd'inventaire)

2. Commission de rachat en faveur de la directiondu fonds et/ou du distributeur (peut être différentepour le même fonds en fonction de la filière dedistribution)

3. Frais de transaction en faveur du fonds(participation à la couverture des frais lorsde la vente de placements )

4. Combinaison de 2) et 3)5. Conditions particulières lors du rachat de partsParticularités:

a) évaluation hebdomadaireb) évaluation mensuellec) évaluation trimestrielled) pas d'émission ni de rachat régulier de partse) valeur du jour précédentf) évaluation antérieureg) émission des parts suspendue temporairementh) émission et rachat de parts suspendus

temporairementi) prix indicatifl) en liquidationx) après distribution de revenu et/ou gain de cours

Les informations fournies sont sans garantie

NAV / Issue Price commissions non comprises

Page 21: Le Temps du 30 septembre 2015

JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

NUMÉROS D’URGENCEUrgences santé/Ambulances: Tél. 144Police Secours: Tél. 117Sauvetage du lac: Tél. 117Pompiers: Tél. 118Secours routier: Tél. 140La Main tendue: Tél. 143Centre d’information toxicologique: Tél. 145Aide pour enfants Pro Juventute: Tél. 147REGA: Tél. 1414Air Glaciers: Tél. 1415

HÔPITAUX ET CLINIQUESGENÈVEHUG: Tél. 022 372 33 11HUG Urgences adultes: Tél. 022 372 81 20HUG Urgences de gynécologie et d’obstétrique: Tél. 022 372 42 36HUG Urgences ophtalmologiques: Tél. 022 372 84 00

HUG Urgences pédiatriques: Tél. 022 372 45 55HUG Urgences psychiatriques: Tél. 022 372 38 62HUG Prévention suicide: Tél. 022 372 42 42HUG Ophtalmologie: Tél. 022 382 84 00Hôpital de La Tour: Tél. 022 719 61 11Clinique de Carouge: Tél. 022 309 45 45Clinique La Colline, urgences: Tél. 022 702 21 44Clinique Générale-Beaulieu: Tél. 022 839 54 15Clinique des Grangettes: Tél. 022 305 01 11Urgences adultes: Tél. 022 305 07 77Urgences enfants: Tél. 022 305 05 55SOS médecins à domicile: Tél. 022 748 49 50SOS Infirmières: Tél. 022 420 24 64

Centre médico-chirurgical Grand-Pré: Tél. 022 734 51 50Clinique et permanence d’Onex: Tél. 022 709 00 00Clinique dentaire de Genève: Tél. 022 735 73 35

VAUDCHUV: Tél. 021 314 11 11Hôpital de l’enfance, Lausanne: Tél. 021 314 84 84Hôpital ophtalmique, Lausanne: Tél. 021 626 81 11Centrale téléphonique des médecins de garde du canton de Vaud: Tél. 0848 133 133Clinique Cecil, Lausanne: Tél. 021 310 50 00Clinique La Longeraie, Lausanne: Tél. 021 321 03 00Clinique de Montchoisi,

Lausanne: Tél. 021 619 39 39Clinique Bois-Cerf, Lausanne: Tél. 021 619 69 69Clinique de La Source, Lausanne: Tél. 021 641 33 33Clinique de Genolier: Tél. 022 366 90 99Centre hospitalier Yverdon: Tél. 024 424 44 44Hôpital Saint-Loup: Tél. 021 866 51 11Clinique Cecil, Lausanne: Tél. 021 310 50 00Clinique La Longeraie, Lausanne: Tél. 021 321 03 00Clinique de Montchoisi, Lausanne: Tél. 021 619 39 39Clinique Bois-Cerf, Lausanne: Tél. 021 619 69 69Clinique de La Source, Lausanne: Tél. 021 641 33 33

TÉLÉPHONES UTILES

DEUIL

CARNET DU JOURLes avis tardifs peuvent être remis au journalPlace de Cornavin 3, CH-1211 Genève 2,par fax ou par mail,la veille de parution à 19 heures dernier délai

Le Temps publicité:Tél. +41 22 888 59 00Fax +41 22 888 59 91Mail: [email protected]

LE TEMPS

LE TEMPSEditeur/RédactionLe Temps SAPont Bessières 3Case postale 6714CH – 1000 Lausanne 2Tél + 41 21 331 78 00Fax + 41 21 331 70 01

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Il n’est plus là où il était, mais il est maintenant partout où je suis. Saint Augustin

Son épouseFrancine Donzé-BonvinSes enfants et petits-enfants Nicolas et Françoise Donzé-Fumeaux, Bertrand et Anne-Sophie,Olivier et Sylvie Donzé-Dux, Laura, Adrien et Alexandre,Christian et Raphaèle Donzé-Biebel, Anne-Elisabeth, Guillaume et Alexandra,Véronique et Nicolas Produit-Donzé, Thomas et BrunoSon frère et ses sœurs,Rosette et Fritz Kreis-Donzé et familleMiquette Jost-Donzé et familleFeu son frère René Donzé et familleSes beaux-frères et belles-sœursFeu Marie-Paule Amacker-Bonvin et familleBéatrice BonvinCatherine et Michel Matthey-Bonvin et familleMonique et Etienne Barilier-Bonvin et familleJean-Yves et Danièle Bonvin-Chappuis et familleAinsi que les familles parentes, Bonvin, Oggier, Wicky, Antille, Rauch, alliées et amies ont la douleur de faire part du décès de

Monsieur Bernard DONZÉ

Enlevé à leur tendre affection, le 29 septembre 2015, dans sa 76e année. La messe de sépulture aura lieu le vendredi 2 octobre à 10 h 30 en l’Eglise de Sainte-Croix à Sierre.Bernard repose en la chapelle mortuaire du cimetière de Sierre où les visites auront lieu le jeudi 1er octobre 2015 de 18 à 20 heures.En lieu et place de fleurs, vous pouvez adresser vos dons à l’association valaisanne des hospitaliers de Lourdes (AVHOD), ASSOC. Vs des hospitaliers diocésains de NDL, IBAN CH93 0076 5000 C022 9376 9,1950 Sion, Banque cantonale du Valais.Adresse de la famille: Francine Donzé, 2 chemin des Vignes, 3960 Loc

Carnet du jour 21

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

LUC DEBRAINE

Elon Musk aime dire que Tesla n’est pas un constructeur automo-bile comme les autres. C’est une entreprise de la Silicon Valley, avec ses habitudes propres. A preuve, le dévoilement mardi soir en Californie du Model X, ambi-tieux véhicule 4x4 électrique. La présentation s’est faite lors d’une «keynote» transmise en direct sur le site web de la marque, avec le grand patron en jeans qui sillon-nait la scène en multipliant les données techniques et les apho-rismes visionnaires. Exactement comme Apple. Sauf que les key-notes de Tesla sont plus décon-tractées: elles commencent sou-vent avec du retard (une heure pour la cérémonie de mardi), se déroulent de nuit et proposent un bar ouvert à tous.

Emphatique, même démiur-gique, Elon Musk est toutefois un stratège prudent. Il s’est abstenu de donner un coup de pied à l’âne VW, embourbé dans l’un des plus

grands scandales de l’histoire automobile. La toux subite du die-sel pourrait faire son jeu, à lui l’apôtre de la motorisation 100% électrique. Mais Elon Musk serait en tractations avec les géants alle-mands de l’automobile pour que ces derniers puissent utiliser les stations de recharge rapide que Tesla a installées un peu partout en Europe. On l’a vu à Francfort (LT du 19.09.2015): Audi et Por-sche ont présenté leurs propres armes anti-Tesla. Mercedes-Benz et BMW suivront bientôt avec des modèles à puissantes batteries, capables de parcourir de 400 à 500 km en une seule charge.

La lutte pour le marché du véhi-cule électrique haut de gamme, vendu autour des 100  000 francs, est engagée. Il s’agit pour l’heure d’une niche à plusieurs dizaines de milliers de voitures par année. Mais Audi a l’intention de vendre

40 000 e-tron quattro, le SUV électrique présenté à Francfort, dès 2018. Tesla n’a aucune inten-tion d’être en dessous de cette barre, dès l’an prochain. Si la pro-duction dans son usine de Fre-mont, et bientôt dans son atelier d’assemblage de Tilburg aux Pays-Bas, peut suivre ce rythme. Son Model X a déjà engrangé plus de

30 000 commandes fermes. Le délai de livraison devrait osciller entre 8 et 12 mois, pour un coût de 130 000 à 140 000 dollars selon la puissance et la finition du modèle. Mardi soir, autre carac-téristique des keynotes de Tesla, les six premiers Model X ont été confiés à leurs clients, clés en main.

Pour Elon Musk, dont la rhéto-rique est toujours surcompressée, le Model X est l’auto la plus com-plexe jamais conçue. Ce qui explique pourquoi le SUV a pris deux ans de retard sur son agenda. Le modèle a moins de pièces en commun avec l’actuelle berline S de Tesla qu’escompté. Par rapport au prototype de 4x4 dévoilé en

2012, le trait du designer Franz von Holzhausen s’est affiné, ren-forçant au passage sa ressem-blance avec la BMW X6. Mais les portes papillon à l’arrière sont toujours là.

Cette ouverture verticale a donné du fil à retordre aux tech-niciens de Tesla. Ils sont arrivés à une solution à la fois pratique et

innovante. L’ouverture des portes peut se déclencher à distance ou en bougeant le corps dans l’habi-tacle lorsque le véhicule est à l’ar-rêt. Des capteurs empêchent les battants verticaux de toucher d’autres carrosseries dans un par-king serré. Il suffit d’avoir une distance libre de 3 cm pour qu’ils s’ouvrent sans encombre.

Cet effet papillon en dit long sur l’identité familiale du 4x4: le mécanisme vertical facilite l’ins-tallation de jeunes enfants à l’ar-rière – Elon Musk en a cinq – ou l’entreposage d’objets et de sacs. Alors que le Model S est presque exclusivement acheté par des hommes, le Model X adresse des appels de phares à la clientèle féminine. En particulier à la soc-cer mom de la bonne société amé-ricaine, chauffeuse à plein temps de jeunes pousses à l’école et sur les terrains de sport.

Grâce à l’espace dégagé par la motorisation électrique (les bat-teries sont logées sous le plan-cher), l’habitacle du Model X est gigantesque. Il est pourvu de trois rangées de sièges, accueillant jusqu’à sept personnes. Il gobe aussi sans problème une planche de surf. Comme la voiture est à traction intégrale, elle se destine aussi à la montagne. En option, un accessoire qui s’accroche à la poupe peut transporter quatre vélos ou six paires de ski. Le 4x4 est capable de tracter une charge de 2,2 tonnes.

La puissance est là: sur la ver-sion P 90D, le moteur électrique avant délivre 259 chevaux, l’ar-rière 503. Avec un passage de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes. Pas mal pour un SUV de 2500 kg. Le rayon d’action reste inchangé par rap-port au Model S: environ 400 km.

La gigantesque tablette tactile de la berline, qui gère l’ensemble des commandes, est reconduite sur le 4x4. Mais celui-ci propose des équipements inédits, dont un en dit long sur l’état d’esprit d’Elon Musk, qui a une confiance relative envers le genre humain. Le filtre d’air installé à bord retient les pollens, les bactéries, les particules des méchants die-sels, mais aussi les virus. Il a aussi une position «guerre bactériolo-gique» qui isole complètement le Model X de son environnement en créant une pression positive d a n s l ’ h abi tac l e. L e m o d e «bioweapon defense», il fallait vraiment y penser. n

Elon Musk, prêt pour la guerre

Le Model X adresse des appels de phares à la clientèle féminine. En particulier à la «soccer mom»

AÏNA SKJELLAUG

Heure de pointe à Lausanne, une roue entre les mollets, un homme slalome sans effort parmi les piétons remontant cou-rageusement la rue du Petit-Chêne. Droit comme un I, sa mallette de travail dans une main, son téléphone dans l’autre, il semble flotter sur les pavés. Face à la satu-ration des moyens de transport tradition-nels, il a opté pour un Solowheel, un mono-cycle électrique pouvant atteindre 22 km/h. Cumulable avec d’autres moyens de locomotion, facilement transportable et écologique, ce gyropode semble être une solution à bon nombre de problèmes de mobilité. Seulement, en Suisse, cette pra-tique est illégale. «Une loi adoptée le

1er juin 2015 nous a mis des bâtons dans les roues, explique Nicolas Saramon, revendeur de Solowheel pour la Suisse romande. Sous réserve d’immatriculation, l’engin est assimilé à un cyclomoteur et doit être utilisé sur la chaussée. Or, nous ne pouvons satisfaire la liste de normes obsolètes nécessaire pour leur homologa-tion, ce qui les rend de facto illégaux. Et surtout, ces dispositifs ne sont absolu-ment pas conçus pour la route!» Les gyro-podes à une ou deux roues devraient donc selon la loi être immatriculés par une plaque, munis de feux et de capteurs redondants. «C’est spécifique à la Suisse car dans les autres pays européens, à condition de modérer sa vitesse, on peut rouler sur le trottoir», précise Nicolas Saramon.

Deux rues plus loin, les vendeurs de l’en-seigne M-way, spécialisée dans la vente des deux-roues électriques, restent pru-dents face à l’intérêt croissant de leur clientèle pour leurs trottinettes. «La pre-mière chose que nous disons à nos clients,

avant même de leur présenter le produit, c’est qu’en Suisse l’utilisation de la trotti-nette électrique est limitée au périmètre privé», prévient le directeur du magasin, Jérôme Mussa Peretto. «Mais ils le savent très bien et l’achètent tout de même pour un usage plus large», concède-t-il.

Les cas d’amendes d’ordre données par la police (40 francs pour circuler sur le trottoir) sont rares. «Nous sommes dans les prémices d’un marché, reprend Jérôme Mussa Peretto. Les statuts de ces engins ne sont pas encore définis et l’infrastruc-ture pour les accueillir encore moins. Les policiers le savent et se montrent indul-gents.» La niche de marché dans laquelle ces produits évoluent s’agrandit. Aujourd’hui tolérés par les forces de l’ordre, ces transporteurs personnels comme les gyropodes et les trottinettes électriques oscillent dans la loi entre jouets et nouveaux moyens de locomotion. La police lausannoise lancera prochaine-ment une campagne d’information et de prévention à ce sujet. n

TECHNOLOGIE De nouveaux engins de transports électroniques arrivent chaque mois sur le marché. La demande est là, la technologie y répond mais le nœud se fait au niveau de la loi et des infrastruc-tures

Des objets roulants non identifiés arrêtés au feu rouge

AUTOMOBILE Alors qu'au salon de Francfort les constructeurs allemands présentaient leurs futurs véhicules électriques haut de gamme, la marque californienne lance son SUV surpuissant. Si futuriste qu'il est équipé d'un dispositif «bioweapon defense»

Les monocycles électriques font actuellement face à un vide juridique. (©SOLOWHEEL)

Porsche se lance également dans la propulsion 100% électrique avec son concept Mission E. (DR)

Lancé mardi soir en Californie par Elon Musk, le Model X de Tesla est un élégant 4x4 doté de portes papillon à l’arrière. Pour mieux affirmer sa vocation familiale. (DR)

Audi a présenté au salon de Francfort son futur SUV électrique, aussitôt baptisé «tueur de Tesla». (DR)

Cette page paraît le premier jeudi de chaque mois

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Mobilité 22

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

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NIC ULMI

Test de Bechdel, principe de la Schtroumpfette: vous connaissez? Ce sont deux manières d’évaluer un produit culturel (film, série TV, roman) selon la manière dont les femmes y sont représentées. Le premier a été formulé en 1985 par la bédéaste états-unienne Alison Bechdel: une œuvre passe le test si elle contient, parmi ses person-nages, au moins deux femmes ayant une conversation entre elles, dont le sujet n’est pas un homme. Ça n’a l’air de rien, mais seulement une moitié des films passe la rampe selon le site Bechdeltest.com.

Question saugrenue: si l’encyclo-pédie participative était une œuvre de fiction, passerait-elle le test de Bechdel? Voyons voir. Tout le monde peut participer à sa rédac-tion, sans même s’inscrire ni don-ner son nom. A chaque instant, quelque 120 000 personnes sont en train de créer un nouvel article, ou de modifier l’une des 35 millions de pages qui existent déjà. Parmi ce nombre, on croise des femmes qui contribuent à la tâche en dis-cutant entre elles au sujet de plein de choses: test réussi, donc. Seul problème: parmi les contributeurs de Wikipédia, les femmes sont une infime minorité – 10 à 15% selon des études réalisées entre 2011 et 2013. C’est ce que vient rappeler le projet «Let’s Fill the Wikipedia Gender Gap» (comblons l’écart de genres sur Wikipédia), lancé cette semaine par la Fondation Emilie Gourd, le Bureau de l’égalité de l’Université de Genève et l’associa-tion Wikimedia CH.

Le problème est polymorphe. Prenons le principe de la Schtrou-mpfette, formulé en 1991 par l’es-sayiste états-unienne Katha Pollitt. Dans l’écrasante majorité des fic-tions pour enfants, écrivait-elle, «les garçons sont centraux, les filles périphériques». Wikipédia est-elle un village de Schtroumpfs? «Le biais est clair. Si l’on observe

l’ensemble des liens établis entre toutes les pages de l’encyclopédie, on constate que les articles concer-nant des hommes ne sont pas seu-lement plus nombreux: i ls occupent également une position plus centrale dans le réseau. Les articles consacrés à des femmes, au contraire, ont tendance à être plutôt périphériques», explique David Garcia, chercheur à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich dans le domaine émergent des «sciences sociales computation-nelles», invité mardi soir à l’Uni-versité de Genève lors de la confé-rence qui lançait l’opération.

«Editathons»Le problème est connu depuis

longtemps. «Quand je suis arrivée sur Wikipédia, fin 2001, j’étais la seule femme dans la version fran-cophone de l’encyclopédie. J’ai spammé des forums de discussion pour rameuter d’autres femmes, je me suis fait bloquer... Puis, petit à petit, on a commencé à en parler sur le plan international», raconte Florence Devouard, ancienne pré-sidente de la Wikimedia Founda-tion à la suite du fondateur Jimmy Wales et «wikipédienne» depuis la première année d’existence de l’en-cyclopédie. En 2011, alors que la fondation s’inquiète de voir décli-ner le nombre des internautes qui contribuent à la rédaction, les femmes apparaissent comme une ressource fabuleusement inexploi-tée. On se fixe alors un objectif: 25% de contributrices à l’horizon 2015... Résultat? Rien à faire: le pourcen-tage des femmes ne bouge pas.

Le rattrapage s’amorce sur le plan du contenu. Des «editathons» – des marathons où l’on se retrouve pour créer ou améliorer des articles – voient le jour pour renforcer la visibilité des femmes dans l’ency-clopédie. Le collectif new-yorkais Art + Feminism, créé en 2014 et focalisé sur les femmes dans l’art contemporain, donne un exemple qui sera repris dans une trentaine

d’événements semblables dans le monde entier. Le projet romand reprend le flambeau avec une série d’ateliers organisés entre octobre 2015 et juin 2016.

Mais pourquoi, au juste, le pour-centage de femmes parmi les contributeurs est-il si bas? «Une des questions principales est le sentiment de compétence, c’est-à-

dire l’impression d’être assez légi-time pour contribuer. Un senti-ment de compétence par rapport au sujet sur lequel on envisage d’écrire, mais aussi par rapport à l’outil informatique», avance Mireille Bétrancourt, professeure en technologies de l’information à l ’Université de Genève. La conscience de leur propre légiti-

mité est malmenée chez les femmes par les représentations ambiantes: il s’agit là d’un frein intériorisé. D’autres obstacles apparaissent lorsqu’une femme se met à contri-buer: «Beaucoup sont intimidées par l’atmosphère très agressive qu’on rencontre sur le site. Ce n’est pas le «wikilove», malheureuse-ment. On est souvent dans une

confrontation assez musclée», relève Florence Devouard.

TénacitéWikipédia n’est pas une démocra-

tie électorale où les divergences se tranchent par des votes. «Les déci-sions se prennent par discussion. Ce qui signifie souvent qu’elles sont prises par abandon», poursuit la «wikipédienne». Les participants les moins agressifs laissent tomber: voilà pourquoi les ateliers romands prévoient une session sur le thème «Ténacité: comment répondre aux commentaires»... On notera au pas-sage que Wikipédia est «plutôt une collection d’encyclopédies qu’une encyclopédie unique», chaque com-munauté linguistique ayant ses règles et ses intolérances.

On signalera enfin que certaines pages suscitent des débats plus violents que d’autres. Surveillés par le projet WikiWarMonitor, les articles les plus controversés sont, en anglais, ceux qui concernent George W. Bush et l’anarchisme. En français, c’est «Ségolène Royal» et «Objet volant non identifié».

Vaut-il la peine de se bagarrer là-dessus? Conclusion oblique de Florence Devouard: «Peut-être les femmes sont-elles moins pré-sentes car elles font preuve d’in-telligence. Elles estiment que c’est plus efficace – et moins bête – de s’occuper de son jardin, de son boulot, de sa communauté et de son système politique plutôt que d’aller passer des heures en ligne à s’écharper. A mon avis, c’est la principale raison.» ■

Wikipédia ou comment féminiser un village de SchtroumpfsNUMÉRIQUE Il n'y a que 10 à 15% de femmes parmi les contributeurs de l'encyclopédie. Que faire? Une campagne débute cette semaine

«Ce n’est pas le «wikilove». On est souvent dans une confrontation assez musclée»FLORENCE DEVOUARD, ANCIENNE PRÉSIDENTE DE LA WIKIMEDIA FOUNDATION

L’affiche de la campagne lancée pour augmenter la présence féminine sur l’encyclopédie en ligne.

Culture 23

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

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NORBERT CREUTZ

Le premier «volume» des Mille et une nuits de Miguel Gomes, «L’Inquiet», est toujours à l’af-fiche et mieux vaut commencer par celui-là pour qui souhaite découvrir l’intégralité de ce mer-veilleux film-fleuve divisé en trois (lire LT du 09.09.2015 et Samedi Culturel du 19.09.2015). Ce qui ne veut pas dire que le deuxième, «Le Désolé», lancé mercredi, démérite. Mais au contraire du foisonnant feu d’ar-tifice inaugural, qui émerveillait par sa variété formelle tout en

Quand «Les Mille et une nuits» s’assombrissentCINÉMA Le deuxième volet du triptyque de Miguel Gomes, «Le Désolé», épate toujours en dres-sant son état des lieux portugais

racontant un Portugal victime de la crise, celui-ci laisse déci-dément un arrière-goût amer.

Absente de l’écran, la belle Sché-hérazade doit cette fois se conten-ter de sa voix off pour raconter trois nouveaux récits, qui disent comment «la désolation a gagné le cœur des humains». Surprise, cela commence comme un western avec la «Chronique de fugue de Simão sans tripes», un assassin de femmes réfugié dans l’arrière-pays montagneux quasi désertique. Mais un western méditerranéen, contemplatif, qui nous invite à suivre l’errance de ce vieux chacal solitaire dans ces superbes pay-sages, jusqu’à imaginer ses délires lubriques et machistes, plutôt que de s’attacher à ses poursuivants. L’épisode se clôt sur l’ironie que ce

criminel qui n’était guère plus qu’un homme suprêmement égoïste serait devenu une sorte de héros populaire pour avoir nargué la police pendant quarante jours – ce qui en dit long sur le prestige dont jouit l’Etat.

Un humour carrément sarcas-tique devient le moteur de «Les Larmes de la juge», pas par hasard le morceau central de toute la tri-logie: le cinéaste y recycle en effet sous forme de sketch théâtral toute une série de faits divers croustillants engrangés durant ses recherches. Dans un antique amphithéâtre à ciel ouvert se tient un drôle de tribunal nocturne chargé de juger un vol de vaches. Sauf que l’affaire s’emballe, révé-lant une ahurissante (et hilarante) chaîne de méfaits impliquant

l’essentiel du public, jusqu’à des Chinois, mondialisation oblige. Assisterait-on au naufrage moral généralisé? Ajoutez un drôle de prologue-épilogue impliquant la fille de la juge qui lui annonce qu’elle vient de perdre sa virginité puis sa bonne noire qui finit par enfourner un gâteau à sa place, et vous tenez du Gomes pur jus: poé-

tique et délirant, quoique avec réalisme. Sans oublier notre scène favorite: le dialogue silen-cieux, mais sous-titré, entre une vache et un olivier…

Le dernier récit, «Les Maîtres de Dixie», nous ramène en terrain plus documentaire, dans un grand ensemble de banlieue où s’en-tassent des pauvres gens de tous âges. Entre chômage et menaces d’expulsion, solitude et nostalgie, s’esquisse d’abord un pacte suici-daire d’un vieux couple mais sur-tout le parcours du petit chien blanc Dixie, genre bichon maltais, qui passe d’un maître à l’autre a v e c u n e b i e n h e u r e u s e inconscience. Les animaux seraient-ils donc mieux lotis que les humains? Plutôt qu’un misé-rabilisme de bas étage, ou alors

une coupe sociologique distante, Gomes signe ici un épisode aussi riche à sa manière que le précé-dent, qui confirme son souci fra-ternel pour tous les laissés-pour-compte de l’horreur économique.

Le constat est sombre et inquié-tant. Pour le vivre-ensemble de tout un pays, pour sa démocratie. Pourtant, en restant toujours aussi foisonnant et plastiquement maîtrisé, avec des pointes d’hu-mour, de poésie et même d’éro-tisme inattendues, ce second volet épate toujours autant. N’est-ce pas le paradoxe des grandes œuvres que de savoir nous combler avec des idées inconfortables? ■

Les Mille et une nuits, Vol. 2: Le Désolé, de Miguel Gomes (Portugal – France – Allemagne – Suisse 2015), avec Crista Alfaiate, Chico Chapas, Luisa Cruz. 2 h 12

Le constat est sombre et inquiétant. Pour le vivre-ensemble de tout un pays, pour sa démocratie

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JULIAN SYKES

Rien de mieux qu’une nouvelle salle pour faire une ouverture de saison. Mardi soir, l’Ensemble Contre-champs a profité de la rénovation de l’Alhambra à Genève pour convier le public autour d’un pro-gramme baptisé «La face cachée des icônes». Un public assez nombreux est venu écouter des pièces des Américains John Zorn, Conlon Nancarrow et Frank Zappa – à la jonction entre musiques popu-laires et musique savante – ainsi qu’une création de la compositrice australienne Liza Lim.

Le ton est donné avec «For Your Eyes Only» de John Zorn. On pense naturellement au film de James Bond sorti en 1981 (Rien que pour vos yeux), mais il s’agit en l’occurrence d’une symphonie de chambre com-posée en 1988. L’œuvre s’apparente à un collage musical. On y trouve toutes sortes de citations issues du monde de la musique classique (Mozart, Varèse, Carter, Schoenberg, etc.), du jazz, du tango et du cinéma (les thèmes de poursuite dans les dessins animés de Walt Disney). Les citations défilent à toute vitesse. Ce sont des clins d’œil furtifs. On a à peine le temps de les saisir. C’est un zapping musical sur le mode burlesque, très bien servi par le chef alle-mand Michael Wendeberg et l’Ensemble Contre-champs.

Viennent ensuite les pianistes Antoine Françoise et Stefan Wirth pour deux pièces de Conlon Nan-carrow (1912-1997). Ce compositeur américain est l’auteur d’une cinquantaine d’études pour piano mécanique. Ce sont des morceaux d’une complexité phénoménale, superposant des métriques diffé-rentes. L’Anglais Thomas Adès a transcrit les études Nos 6 et 7 pour deux pianos. On y admire les prouesses techniques d’Antoine Françoise et de Ste-fan Wirth, d’autant que la musique devient toujours plus dense jusqu’à un concentré de notes infernal.

A l’inverse, le concerto pour violon Speak, Be Silent de la compositrice Liza Lim se veut plus dépouillé. On y trouve un caractère de rituel qui reflète son intérêt pour les cultures aborigènes et asiatiques. Cette musique incantatoire (avec des solos aux vents et l’usage de la percussion) évoque par moments les bruits de nature, un peu comme dans une brousse. Il y a un certain univers poétique, mais le recours systématique à des unissons (voulu par l’auteure) finit par devenir lassant. Le violoniste David Grimal lui-même manque de présence, sa sonorité paraissant un peu ténue par rapport à l’ensemble qui l’entoure, de sorte que l’œuvre ne paraît pas marquante.

Figure postmoderne, étoile du jazz-rock et du rock progressif, Frank Zappa paraît bien plus bouillon-nant par contraste. Sa suite The Yellow Shark (dont l’Ensemble Contrechamps jouait cinq extraits) réjouit par son invention et sa liberté. On y ressent l’influence de Varèse, que Zappa admira dans sa jeunesse, avec d’autres emprunts à la musique savante et au jazz. La pièce Ruth Is Sleeping pour deux pianos et celle intitulée The Girl In the Magne-sium Dress sont les plus expressives du lot. Le chef Michael Wendeberg affûte sa baguette pour le puis-samment rythmé G-spot Tornado, joué avec brio, puis bissé par l’Ensemble Contrechamps. ■

Hommageaux icônespostmodernesde l’AmériqueCRITIQUE Michael Wendeberg et l’Ensemble Contrechamps ont joué Frank Zappa et John Zorn, mardi soir à l’Alhambra à Genève

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

Le théâtre au creux de l’oreilleALEXANDRE DEMIDOFF

Longtemps, les durs d’oreille ont fui les salles. Corneille, Feydeau, Koltès n’étaient pas faits pour leurs tympans. Longtemps aussi, les acteurs à la voix de cristal ont craint le ridicule du passage par les feux de la rampe. Le théâtre était la chasse gardée d’organes majestueux, Alain Cuny, Maria Casarès jadis, Valérie Dréville, Denis Lavant aujourd’hui. On vous parle là d’une époque révolue. Depuis peu, des metteurs en scène vous proposent un casque audio pour vivre la représentation comme en immersion, ou dans une capsule sensorielle. Impos-sible de perdre une miette de la tirade. Autre phénomène qui remonte aux années 1990: le micro fleurit, caché dans un élément de décor, ou logé tel Jiminy Cricket sur l ’acteur lui-même. Des puristes s’offusquent. Ajuster son organe à la taille d’une salle, se faire entendre, même en chucho-tant, n’est-ce pas la quintessence de l’art?

Les esthètes ont beau s’indigner. Le théâtre opère une révolution acoustique qui bouleverse le rap-port au spectacle. Des exemples? Début septembre, au Théâtre de Vidy, l’acteur britannique Simon McBurney invite dans The Encoun-ter à une odyssée sidérante, aux confins de l’Amazonie. La jungle et ses orages vous parviennent via des écouteurs et un bruitage réa-lisé en partie en direct par l’inter-prète. Dans son fauteuil, on ferme les yeux: on se sent Amazonien. En mai, le compositeur français Roland Auzet transpose Dans la Solitude des champs de coton, pièce-culte du Français Ber-nard-Marie Koltès, dans un centre commercial à Lyon. Vous êtes libre de suivre les deux actrices, Audrey Bonnet et Anne Alvaro, dans les dédales du mall. Leurs voix vous pénètrent à travers des écouteurs.

Quant au micro, il peut donner une nouvelle impulsion à une car-rière. Ainsi, Fanny Ardant. Il y a quelques jours, elle incarne Cas-sandre à la Comédie de Genève. Sa voix impressionne. «A mes débuts, on me disait qu’elle n’était pas assez forte, que je n’avais aucune chance au théâtre, confie-t-elle au Temps. Mais, depuis que le micro n’est plus un crime, tout a changé.» Mutation? Oui, avec effets sur le jeu, les esthétiques et l’expérience du spectateur. On tente de la cer-ner en cinq actes et une morale.

1. Le casque, ou le bonheur du cinéma

Le casque instaure un lien d’in-

met d’accéder à cette dimension secrète.»

Alors, «cinématographisation du jeu», comme le souffle l’histo-rien du théâtre Georges Banu? «Ce qui est sûr, c’est qu’à partir des années 1980 des metteurs en scène comme Patrice Chéreau se servent de projecteurs de cinéma particulièrement puissants, ajoute ce dernier. Les innovations sonores suivent. Je dirais: «Nou-velles lumières, nouvelles voix.»

3. L’ère de la boule QuiesA l’entrée, on vous propose par-

fois non pas un casque, mais des boules Quies. Ainsi dans Idiot, spectacle inspiré de Dostoïevski monté par Vincent Macaigne à Vidy la saison passée. Le specta-teur était pilonné par les voix et une musique de cathédrale punk. On en sortait sonné. «Dans la vie de tous les jours, le son nous avertit d’un danger, com-mente Eric Vautrin, dramaturge

au Théâtre de Vidy. Il touche à quelque chose de vital. Quand un artiste comme Macaigne joue sur des stridences, c’est une façon de solliciter ce qu’il y a de plus vivant chez chacun.» Tous ne sont pas convaincus.

4. Le règne de l’ingénieur du son

«Le métier a changé sous l’in-fluence d’une personnalité comme André Serré dans les années 1980, mais aussi grâce à l’informatique», souligne Jean Faravel, l’un des ingénieurs son les plus demandés en Suisse romande. Aujourd’hui, la bande-son est constitutive du spectacle, souligne-t-il. «C’est comme l’eau du bain pour un acteur. Il m’arrive de changer d’une seconde un repère musical et l’acteur en est complètement perturbé.» Symp-tôme: on parle de créateur son.

5. Le casque est-il le futur du théâtre?

Roland Auzet est tenté d’y croire. «J’ai envie de parler de démocratisation du théâtre. Le casque est un outil qui parle aux jeunes et permet d’implanter le théâtre dans des lieux auxquels il semblait réfractaire.» Vincent Baudriller, lui, est catégorique: «Ce n’est pas l’avenir du théâtre. Quand les spectateurs retirent leurs casques à la fin de The E n c o u n te r, i l s re p re n n e nt conscience de leur appartenance à une communauté et du prix de celle-ci. Sur un mode ludique, Simon McBurney dénonce une tendance contemporaine à l’au-tisme.»

Morale provisoireIl se pourrait que l’usage du

micro et du casque soit le symp-tôme d’une époque qui privilégie l’ego aux dépens de la geste col-lective. C’est l’hypothèse du Belge Philippe Sireuil qui monte ces jours Le Voyage au bout de la nuit à la Comédie. «Je suis d’une géné-ration qui dans les années 1980 croyait aux vertus d’un théâtre politique. Les acteurs devaient être capables de projeter leurs voix. Or, on assiste à un retour du sujet, ce qui a peut-être des incidences sur l’esthétique du théâtre. On chuchote plus qu’on ne dénonce.» «La toute-puis-sance du son offre  un nouvel atout à la scène, note Georges Banu. On peut opter soit pour l’autoroute, soit pour la départe-mentale. Dans une salle de 100 places, il n’y a rien de plus émou-vant que le grain d’une voix nue.» ■

De quand date l’intérêt des met-teurs en scène pour le son? André Antoine, qui est consi-déré comme l’inventeur de la m i s e e n s c è n e au s e n s moderne, intègre déjà des enregistrements dans ses spectacles en 1890. Notez que c’est à cette époque que naît le Théâtrophone. Des compa-gnies de téléphone proposent à leurs clients de les brancher en direct sur les spectacles de la Comédie-Française. C’est une manière pour elles de les fidéliser. Et ça marche du ton-nerre.

Quand est-ce que le micro appa-raît sur scène? L’acteur italien Carmelo Bene est l’un des pre-miers à utiliser des micros dans les années 1970-1980. Il ne s’agit pas pour cet artiste fascinant d’imiter le cinéma, mais de jouir de toutes les pos-sibilités de la voix de manière spectaculaire. Presque au même moment, le metteur en scène américain Bob Wilson est lui aussi un grand adepte des micros. Mais son modèle est musical. La voix doit concurrencer l’instrument.

Des passionnés s’indignent du recours à la sonorisation. D’où vient cette tradition de la voix pure? Des années 1920 à Paris. A cette époque, le théâtre souffre de la concurrence des grandes expositions et du cinéma. Les salles se vident. Pour faire face, leurs direc-teurs inventent le concept de «présence de l’acteur», qui n’existait pas auparavant. C’est une façon de souligner l’uni-cité de l’art théâtral. ■PROPOS RECUEILLIS PAR ADF

ÉRIC VAUTRIN,DRAMATURGE AU THÉÂTRE DE VIDY

L’EXPERT

«La voix pure, un mythe»

Dans son oreille passe l’histoire du son au théâtre. Universitaire, aujourd’hui dramaturge au Théâtre de Vidy, Eric Vautrin souligne que les enfants de Molière  se sont toujours nourris des inventions de leur temps.

Sophocle déjà. Aux grandes heures d’Epidaure, les acteurs masqués utilisent un amplificateur de voix rudimentaire, souligne l’historien Georges Banu. Par la suite, les dimen-sions des théâtres deviennent plus modestes. A l’époque de Shakespeare, les comédiens parlent haut et fort.Bob Wilson et Carmelo Bene. Dès les années 1970, ces deux artistes revendiquent l’artifice du théâtre. Ils uti-lisent le micro non pour imiter les voix de cinéma, mais pour les faire sortir de leurs sillons naturalistes.Romeo Castellucci et Gisèle Vienne aujourd’hui. Le son est chez ces metteurs en scène-plasticiens un langage. Il agit sur le corps du spectateur, parle à sa part primitive, là où sont enfouies des terreurs et des pulsions prohibées. ADF

Le micro de SophoclePORTE-VOIX

MUR DU SON Des casques audio pour le spectateur, des micros pour les acteurs: la scène vit une révolution acoustique. Histoire en cinq actes d’un bouleversement

MARIE-PIERRE GENECAND

L’amour à la ferme. Après une étonnante version pop et BD de L’Illusion comique de Corneille l’an dernier (LT du 08.10.2014), Gene-viève Pasquier et Nicolas Rossier, directeurs du Théâtre des Osses à Givisiez, livrent une variante agri-cole des Acteurs de bonne foi, cette année. Une lecture moins surpre-nante que le pari cornélien dans la

Marivaux ou l’amour à la fermeCRITIQUE Directeurs du Théâtre des Osses à Givisiez, Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier montent «Les Acteurs de bonne foi». Grange et bottes de foin, le spectacle est pétillant, mais doit encore trouver son rythme

mesure où Marivaux convoque déjà valets et jardiniers dans cette pièce en un acte qui voit des servi-teurs tenter de trousser une jolie comédie pour épater l’aristocratie. Grange et bottes de foin, poules, chevaux et chien. L’idée est perti-nente, mais le spectacle souffre de dysrythmie. Survolté au début, le jeu devient presque prostré à la fin. Comme si les comédiennes les plus chevronnées peinaient à se syn-chroniser. L’accroc peut être réparé. Sur la petite scène du Théâtre de Carouge où le spectacle commence sa grande tournée, reste une proposition musicale joliment mouvementée. Un ton, pétillant, qui traduit bien l’esprit marivaldien.

Elle s’appelle Laurie Comtesse et fait beaucoup pour le succès de la pièce. Formée chez Serge Martin, la jeune comédienne, un tempéra-ment, compose Colette, la fille du jardinier promise à Blaise, fils de fermier (Quentin Leutenegger, parfaitement demeuré). Tignasse blonde et coiffure à la Brigitte Bar-dot, tablier bleu et sourire rava-geur, la jeune actrice ébouriffe par son aplomb et sa fraîcheur. Elle virevolte, s’étonne, s’emporte, désarçonne.

Tout en elle ravit, et son mentor du moment, le valet Merlin (Pierric Tenthorey, sous haute tension) qui tente désespérément de diriger ses pairs dans cette comédie, a bien raison d’être séduit. Lisette, fian-

cée de Merlin, enrage en marge et, dans ce rôle, la jeune Aurore Faivre dit aussi bien la frustration née du trouble entre réalité et fiction.

Car elle est là, l’astuce du maître de l’amour masqué. Brouiller les couples fermiers-valets, demander à chacun de jouer l’inclination opposée et voir comment cette redistribution fait trembler la réa-lité. Tout Marivaux est contenu

dans cette gageure: dire le faux pour éprouver le vrai jusqu’à la blessure. Comme ce moment cruel où, pour les besoins d’un canular imaginé par Madame Amelin (Anne Vouil-loz), le jeune Eraste (Simon Bonvin), amoureux de la belle Angélique (Marie Fontannaz), se voit contraint un temps d’épouser la «vieille» Ara-minte (Véronique Montel) et tombe littéralement à la renverse de contrariété. Dindon de la farce, la riche veuve n’a que les yeux pour pleurer…

Mais impossible d’évoquer cette création sans parler de la musique, personnage à part entière de la pièce. A la composition, le Fribour-geois Mathieu Kyriakidis s’inspire du registre populaire pour écrire

ses mélodies et confie à chaque comédien la réalisation en direct et avec les moyens du bord de la partition. Avec un relais sur le pla-teau, la violoncelliste Sara Oswald (LT du 17.05.2015). Sous couvert d’un garçon de ferme un peu niais, la musicienne joue le chef d’or-chestre de cette interprétation collective et bricolée.

Bien vu. Les intermèdes chantés ou bruités étoffent cette comédie en un acte qui doit encore trouver son rythme sur la durée. ■

«Les Acteurs de bonne foi», jusqu’au 1er novembre, Théâtre de Carouge, Genève, 022 343 43 43, www.tcag.ch. Puis grande tournée romande sur www.theatreosses.ch

Coiffure à la Brigitte Bardot, la jeune actrice ébouriffe

timité avec l’acteur, son souffle, son humeur. Ainsi, cette sensa-tion de zoom avec Dans la Solitude des champs de coton. Roland Auzet explique: «Les actrices sont parfois à cinquante mètres du public et celui-ci continue de les entendre comme si elles étaient tout près. Elles se déplacent et vous êtes avec elles: c’est l’équiva-lent du travelling au cinéma.» Autre bénéfice: une voix, un brui-tage, une musique directement injectés dans l’oreille produisent un paysage mental, note Vincent Baudriller, directeur du Théâtre de Vidy. «Le son devient décor.»

2. Le micro, attribut de l’âme

Il permet un jeu plus proche de soi, suggère le metteur en scène suisse Denis Maillefer qui recourt souvent au micro. «Il connecte des intimités, celles du spectateur et de l’acteur.» Facilité? «Non, réfute-t-il. Le micro amplifie les approxi-mations. J’ai monté une Bérénice dans laquelle les acteurs avaient des micros nichés dans leurs che-veux. Ils devaient être d’une pré-cision implacable. La voix est le révélateur de l’être. Le micro per-

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS JEUDI 1er OCTOBRE 2015LE TEMPS

ANTOINE DUPLAN

Décédé il y a vingt ans, Hugo Pratt a légué à l’imaginaire collec-tif une icône: Corto Maltese. Apparu en juillet 1967, ce marin sans port d’attache véhicule les valeurs libertaires de l’époque qui l’a vu naître. De La Ballade de la mer salée à Mû (1992), l’aventurier romantique a parcouru le monde, de l’Ethiopie à l’Argentine, de la Sibérie à l’Irlande, cherchant quelque trésor qui soit de poésie plutôt que d’or.

Hugo Pratt n’a jamais dit que ses personnages devaient être enter-rés avec lui. Patrizia Zanotti, qui détient les droits de l’œuvre, répondait naguère, quand on l’in-terrogeait sur une éventuelle reprise de Corto Maltese, que «Corto devient de plus en plus mythique, intouchable». Mais l’idée a fait son chemin. Il y a quatre ans, elle confiait à deux artistes espagnols le soin de lui rendre vie. Né en 1972 à Madrid, Juan Diaz Canales a connu le succès avec les scénarios de Blacksad, série noire

animalière. Né en 1952 à Badalone, Ruben Pellejero a dessiné Les Aventures de Dieter Lumpen.

Le premier a fait la connais-sance de Corto Maltese dans les bandes dessinées de son grand frère: «Je suis tombé amoureux du personnage. C’était incroyable, totalement différent de tout ce que je connaissais. De la poésie, de l’aventure, une économie dans le graphisme et les dialogues.» Quant au dessinateur, il a décou-vert le gentilhomme de fortune dans la revue Totem; il a été frappé par la superbe du dessin et la modernité du trait. Pour les deux artistes, succéder à Pratt ne se traduit pas en termes de «sacré défi», mais de «rapport émotion-nel. C’est plus un cadeau qu’un travail.» Ils ne se sentent pas écra-sés par le mythe.

Frères ennemis réunisLes repreneurs ont joui d’une

totale liberté créatrice. Ils ont juste reçu un petit synopsis dont ils ont conservé trois éléments. Le temps de l’action, 1915, qui s’ins-

d’avoir Raspoutine dans cette reprise, mais je ne voulais pas abuser, d’autant plus que l’antihé-ros risque toujours de supplanter le héros. Je ne voulais pas réunir toute la «famille Corto», Raspou-tine, Pandora, Steiner. Ces per-sonnages n’interviennent que si le récit a besoin d’eux», explique Juan Diaz Canales.

Débarrassé de son âme damnée, Corto Maltese décachète une lettre de son vieil ami Jack Lon-don. Elle l’entraîne en Alaska et au Canada sur la piste d’une pros-tituée japonaise et d’un éventuel trésor. Il rencontre des person-nages fascinants sortis de l’his-toire, comme Joe Boyle, cher-cheur d’or au Klondike, d’autres, bigger than life: Fred Slavin, le

boxeur amoureux d’une garce pour laquelle il verse des lames enfantines, Karl A. Clark, l’espion allemand, ou Ulkurib, le potentat inuit qui a dressé une guillotine au fond des bois…

Trois floconsRappelant que la copie ne vaut

jamais l’original, Pellejero s’est inspiré de l’expressionnisme minimaliste de Pratt première et deuxième période. Il a laissé par-ler son imagination pour dessiner au feutre fin, rehaussé d’aplats noirs au pinceau, des vignettes jouant avec le graphisme originel (la silhouette longiligne du héros aux jambes démesurées d’idole pop) dans un fin mélange d’hom-mage et d’innovation. Les décors sont un peu plus fouillés, le rythme plus tendu. Mais le récit respecte les suspensions tempo-relles inhérentes à la narration prattienne. La case qui montre juste trois flocons de neige suffit à dire que l’heure avance, que l’hi-ver vient, que le danger guette…

Les coups de fusil font toujours

Légende (CREDIT)

Corto Maltese, un ami qui revient de loin

«Crack!», cette onomatopée typique de Pratt, mais des tonali-tés différentes se font entendre et enrichissent le personnage. Corto n’accompagne pas Raspoutine au cinéma. Le dernier des héros romantiques est «nostalgique d’un monde en train de dispa-raître. Il préféra toujours la marine à voile à la marine à vapeur. Le cinéma, une invention récente en 1915, ne l’intéresse pas.» Défenseur de la veuve, de l’orphelin, du cancre, du rêveur et du rebelle, Corto Maltese fait deux rencontres étranges: Itxay-gix, gamin inuit hyperactif et râleur, et un vieux marin, faux aveugle et vrai soiffard. Ses doubles, peut-être à différents âges de la vie.

Quand il a repris Les Scorpions du désert, Pierre Wazem disait «Parfois je me dis que Pratt serait content.» Les deux repreneurs de Corto partagent légitimement cette impression. «On a fait un livre respectueux, amusant, avec de l’aventure et de la poésie. Alors pourquoi pas?» n

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crit dans la chronologie de l’œuvre juste après La Ballade de la mer salée. Puis la présence de Jack London, ce «frère aîné» de Corto, qui tenait un rôle prépondérant dans La Jeunesse. Enfin le décor du Grand Nord, où Corto Maltese ne s’était jamais risqué. L’exercice s’avère parfaitement réussi. Dans Sous le Soleil de minuit, Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero par-viennent à saisir l’essence gra-phique et psychologique du per-sonnage.

Le titre exhale déjà une ambi-guïté judicieuse. Corto Maltese ne fait pas son come-back en fanfare, mais apparaît sous le soleil de minuit, cette lumière générant insomnies et hallucinations. D’ail-leurs l ’aventure commence comme dans un rêve, dimension constitutive de l’univers de Corto, avec un Raspoutine mourant de froid et échappant de justesse aux flammes de l’enfer.

Les deux frères ennemis en viennent aux mains à San Fran-cisco, et puis le barbichu haineux quitte le récit. «Il était important

BANDE DESSINÉE Ressuscité par un scénariste et un dessinateur espagnols, le marin iconique créé par Hugo Pratt vit une nouvelle aventure «Sous le soleil de minuit». Graphiquement et psychologiquement, ils ont saisi l’esprit du gentilhomme de fortune

«Corto Maltese – Sous le soleil de minuit», de Ruben Pellejero et Juan Diaz Canales, Casterman, 90 p.

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JEUDI 1er OCTOBRE 2015 LE TEMPS

ANOUCH SEYDTAGHIA

Qui, en 2002, aurait misé un dol-lar sur Henry Blodget? Sans doute personne. Analyste star de Wall Street, l’homme vient alors de se faire humilier publiquement par Eliot Spitzer. Le procureur de New York publie une série d’e-mails montrant comment Henry Blodget démolit, en privé, des sociétés high-tech qu’il recommande en parallèle chaudement à ses clients. Le natif de Manhattan solde ses comptes avec la justice en lui ver-sant 4 millions de dollars. Mais, depuis mardi, l’homme tient une revanche éclatante. Il vient, en une transaction, de gagner plusieurs millions de dollars, l’éditeur Axel Springer en ayant déboursé 343 (334 millions de francs) pour acquérir le site Business Insider, qu’il avait cofondé en 2007. De combien sera garni le compte en banque de Henry Blodget ces pro-chains jours avec cette transac-tion? A priori entre 40 et 60 mil-lions de francs. Le New-Yorkais n’a jamais dit quelle part exacte du capital il détenait de Business Insi-der, les estimations variant entre 10 et 15%.

Henry Blodget a cette semaine le triomphe modeste. «Merci à tous! C’est très gentil. Je suis très recon-naissant envers nos lecteurs et nos clients et si fier de notre équipe. Axel Springer est une entreprise extraordinaire», a-t-il publié mardi sur Twitter. Manifestement, Henry Blodget est très occupé ces dernières heures: à peine une poi-gnée de tweets depuis le rachat de Business Insider, alors qu’il publiait auparavant une trentaine de messages par jour.

Reconnaissance immédiate

Henry Blodget revient de loin. A la fin des années 90, le diplômé de Yale hésite entre journalisme et finance. Après avoir passé un an à enseigner l’anglais dans la cam-pagne japonaise, il rentre aux Etats-Unis et songe à écrire un livre pour raconter son expé-rience. Mais personne ne veut le publier. Il enchaîne des jobs dans le journalisme avant d’être engagé, en 1994, chez Prudential Securi-ties, où il fait ses premières armes dans l’analyse financière. La bulle internet prend de l’ampleur, Henry Blodget sent le vent venir et se spécialise dans les valeurs high-tech plus tard chez Oppenhei-mer & Co. Il acquiert une recon-naissance immédiate lorsqu’il affirme, en 1998, que l’action d’Amazon – que la plupart des ana-lystes voient décliner – passera de 242 à 400 dollars d’ici à un an. Sa prédiction se réalise trois semaines plus tard. Henry Blodget, qui pas-sera chez Merrill Lynch, devient une star.

L’analyste atteint son apogée lorsqu’il décroche, en 2000, la quinzième place du classement Digital 50 effectué par Time Maga-zine, qui identifie les personnes les plus influentes d’Internet. Enhardi par ses prévisions de croissance toutes plus optimistes les unes que les autres pour les valeurs techno-

Henry BlodgetEn analysant des courriels

envoyés par Henry Blodget, Eliot Spitzer découvre que l’analyste a très souvent recommandé aux clients de Merrill Lynch des actions qu’il estimait pourtant «pourries». L’homme échangeait aussi avec la banque d’investisse-ment de Merrill Lynch pour contenter ses clients potentiels. Le

procureur de New York veut faire de Blodget un exemple et publie ces données. Mais l’analyste échappe à un procès et à l’obliga-tion de fournir des excuses publiques: il parvient à transiger avec la justice et doit verser, en 2003, 4 millions de dollars, dont 2 d’amende. «Je me suis senti hon-teux. J’avais laissé tomber des mil-lions de personnes», dit-il en 2013 au New Yorker.

Banni à vie de l’analyse finan-cière, Henry Blodget rebondit dans le journalisme. Il crée son blog, Internet Outsider, sur le Web et la recherche. Il collabore à Newsweek et à Slate, pour lequel il se fera remarquer en couvrant, en janvier 2004, le procès de Martha Stewart, l’animatrice de télévision, condam-née pour délit d’initié. Si certains soulignent la qualité de son travail journalistique et ses révélations, il reçoit encore de nombreuses cri-tiques liées à son sulfureux passé.

Début 2007, Kevin Ryan, qui avait fondé DoubleClick avant de revendre à Google, approche Blod-get pour lui proposer de devenir directeur et rédacteur en chef d’un site web d’information dédié à l’économie. Henry Blodget accepte et lance Silicon Alley Insider, dédié aux nouvelles technologies. Le premier jour, disait-il il y a deux ans au New Yorker, le site attire 121 clics. L’équipe s’agrandit, le site, renommé Business Insider, perd de l’argent mais les associés s’ac-crochent. Le succès arrive. A force de petites nouvelles provocantes, l ’aud i e n c e aug m e nte p ou r atteindre 76 millions de visiteurs uniques par mois.

Aujourd’hui, Blodget est à la tête de 325 employés et son site rivalise avec les pure players du Web que sont Buzzfeed, Vice et Huffington Post. L’homme a beau être issu de l’univers high-tech, il s’est toujours fait un point d’honneur à respec-ter le code vestimentaire du monde de la finance, avec costume et cravate. C’est ainsi qu’il dirige ses équipes au sein de sa rédaction – sa «War Room», comme il la sur-nomme –, au 13e étage de 257 Park Avenue South, au cœur de Man-hattan.

Analyste honni des années folles de la bulle internet, le cofondateur de Business Insider connaît son heure de gloire avec le rachat effectué par Axel Springer

logiques, Henry Blodget investit 700 000 dollars juste avant que la bulle internet n’éclate. Celui qui gagnera jusqu’à 12 millions de dol-lars par an perdra l’entier de cette somme avec la chute du Nasdaq. Surtout, il attirera l’attention dès 2001, aux côtés d’autres analystes stars, de la SEC, le gendarme bour-sier américain, et de la justice.

DU PARIA

PROFIL1966 Naissance à Manhattan. 1989 Dipômé de l’Université de Yale.

1994 Il rejoint Prudential Securities, puis CIBC Oppenheimer & Co.

Décembre 1998 Il prédit, correctement, l’explosion de l’action d’Amazon.

2003 Accord à l’amiable concernant ses agissement chez Merrill Lynch.

2007 Il crée Silicon Alley Insider, qui deviendra Business Insider.

2015 Axel Springer rachète Business Insider.

Les fauteuils vert pomme de la rue pavée du Lac annoncent la couleur. Le proverbe affiché à l’inté-rieur de l’espace gourmand veveysan N & Co aussi «Ceux qui pensent qu’ils n’ont pas le temps de man-ger sainement trouveront tôt ou tard le temps d’être malades.» Voilà, c’est dit.

Donc, sur les étals de cette arcade créée en juin, les bocaux en verre alignés sont remplis de mets bio qui font du bien au corps. Salades de saison, sushis végétaux, birchers au chia, clubs sandwichs sans gluten, brownies aux dattes et au cacao, tarte-

lettes aux épinards, risottos et lasagnes végéta-riennes, livrés par les traiteurs: Raw-Lab, Féeries crues et Saveur et santé. Lait et crème ont été rem-placés par du lait de riz, de coco ou d’amande, même dans le délicieux cappuccino ou le chocolat chaud au cacao cru. Stévia et agave sont préférés au sucre. Et c’est très bon comme ça. 

Thérapeute de formation, Nancy Bader et son ami menuisier, Jean-Pierre Mietta, ont créé un décor sur mesure pour ces produits mûrement réfléchis. En fait, cet espace take away est attenant au super-

marché bio, inauguré, lui, en décembre dernier par le couple. Autour d’un olivier stabilisé, l’assortiment est vaste: pain, fruits et légumes, produits frais, rayon bébé, alimentation chiens et chats, éco-net-toyage, cosmétiques, pâtes, farines, flocons, pro-duits en vrac. Un lieu qui vit aussi lors d’ateliers de cuisine pour enfants certains mercredis et d’ini-tiations à l’alimentation vivante pour adultes. Il reste d’ailleurs encore quelques places à l’atelier détox prévu ce jeudi soir. Et que le vert dure…N & Co. Rue du Lac 13, Vevey. Tél. 021/921 71 71

Des bocaux en verre pleins d’exquis mets verts à Vevey

Un jour, une idéeÉMILIE VEILLON

LA VICTOIRE

«Je me suis senti terriblement honteux.J’avais laissé tomber des millions de personnes»

Ethan Hill/Redux-Rea

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