Le rucher de Beyssac. 3. Nos ruches. - brebis-noire...

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Le rucher de Beyssac. 3. Nos ruches. De tous temps les hommes ont apprécié le miel des abeilles sauvages. Nos abeilles sont des apis mellifera, des abeilles noires. Elles possèdent une intelligence évoluée, un langage complexe, sont dotées de mémoire et occupent des rangs sociaux structurés dans leurs essaims, sociétés hiérarchisées dont le but est de travailler à leur propre survie. (Voyez les deux premières parties de cette étude). Nous avons choisi de travailler de façon naturelle avec des ruches divisibles en bois. Á Beyssac, à 1000m d’altitude, notre maison est entourée de bois et toute proche de nos ruchers. Comment est née notre aventure ?

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Le rucher de Beyssac.

3. Nos ruches.

De tous temps les hommes ont apprécié le miel des abeilles sauvages.

Nos abeilles sont des apis mellifera, des abeilles noires.

Elles possèdent une intelligence évoluée, un langage complexe, sont dotées de mémoire et

occupent des rangs sociaux structurés dans leurs essaims, sociétés hiérarchisées dont le

but est de travailler à leur propre survie.

(Voyez les deux premières parties de cette étude).

Nous avons choisi de travailler de façon naturelle avec des ruches divisibles en bois. Á

Beyssac, à 1000m d’altitude, notre maison est entourée de bois et toute proche de nos

ruchers.

Comment est née notre aventure ?

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Depuis 2012, notre petite équipe est le plus souvent composée de deux copains.

René est installé depuis 1982 à Beyssac dans la demeure familiale de son épouse Yvonne,

dont le père, Francisque, était, devinez quoi… apiculteur ! Il avait déjà des ruches à cadres.

René s’est vite passionné pour l’apiculture, ses traditions, ses aspects millénaires. Yvonne et

René se souviennent des anciennes coutumes. Jadis, lors d’un deuil, on mettait un crêpe

noir aux ruches. C’est tout dire l’importance du rucher dans une ferme. Technicien dans

l’audiovisuel à Paris, Valence, Grenoble et au Puy-en-Velay, René ajoute aux traditions un

souci d’optimisation. Voire de perfectionnisme. L’altitude, le climat pouvant être rigoureux,

l’isolement du site, réclament cette bivalence. Un hiver particulièrement rigoureux, une

martre lui a mangé deux ruches.

Il a été rejoint par Olivier, un grand voyageur originaire de la Loire, séduit par les environs

d’Allègre et Monlet, et qui s’est installé à Beyssac en 2012 avec son épouse Thaïlandaise

amoureuse de la nature préservée qu’offre notre Velay. Habile bricoleur, Olivier a bâti sa

maison et rejoint René et ses abeilles. Ensemble, l’hiver, ils ont construit plusieurs ruches de

leurs mains.

Pourquoi-pas se lancer tous deux dans l’apiculture amateur ?

D’accord, mais sur des bases écologiques et des connaissances approfondies avec sérieux !

Tous deux ont suivi des stages au rucher école de Langeac sous l’égide de Daniel Chardon.

Ils sont adhérents du CIVAM 43 Apiculture dont la présidente Hélène Perrin est installée pas

bien loin, en Velay, à Saint-Victor… sans oublier l’ami Guy Trescarte ! Si on ajoute Robert

Coudert, président du syndicat départemental des apiculteurs, et son fils Emmanuel,

apiculteurs professionnels à Sembadel, voilà un cadre relationnel local solide.

L’environnement est favorable.

On n’oubliera pas Lionel, le fils de René et Yvonne, associé du Gaec de Combe d’Azou avec

Stéphane, Eddy, Pierre et Laurence Charrat ! Un environnement technique propice. D’autant

qu’au gaec on pratique une agriculture et élevage extensifs, raisonnés, respectueux de la

nature. Kéké, le fils de Lionel est encore jeune mais toutes ces choses de la nature, et les

animaux, l’attirent et lui plaisent… Et les labours dans le gros tracteur avec son papa !

Outre les lentilles vertes du Velay, le Gaec de Combe d’Azou a choisi l’élever des laitières

Montbéliardes, des bovins de race Aubrac, et les célèbres brebis Noires du Velay, la Neira,

toutes races rustiques à croissance lente, mais de haute qualité !

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De même, René et Olivier choisissent des abeilles noires, certes réputées plus agressives

que d’autres races, mais dont la rusticité est bien adaptée à notre montagne où la belle

saison se résume à quatre ou cinq mois trop courts.

Et encore, Juin, Septembre ne sont-ils pas cléments tous les ans ! Quant à octobre…

Nos artisans apiculteurs adoptent quatre essaims pour commencer et les logent dans leurs

ruches, une ancienne, du père d’Yvonne, et des nouvelles faites maison.

Faut bien commencer !

René, Olivier et leurs ruches Dadant, à hausses et cadres.

Ensuite ?

Ensuite la météo a elle aussi eu son mot à dire !

Les abeilles produisent bien leur miel, mais elles s’en nourrissent ! Quand la météo est

frisquette et humide, la flore n’est pas abondante et les abeilles rapportent peu de provisions.

Les abeilles se servent les premières (le froid ça creuse…) et les apiculteurs se serrent la

ceinture !

2014. Année froide ! Minable, la récolte ! René et Olivier font contre mauvaise fortune bon

cœur. On est là parce qu’on aime l’apiculture ! Il y a quand même quelques pots de miel

pour la famille et les amis.

2015… Miracle ! Année exceptionnelle ! Trois ans à peine après les débuts, 150kg de beau

miel ! Avec 10 ruches, ce n’est pas beaucoup, d’accord, mais ça encourage ! Surtout que la

proportion de miel de sapin est généreuse !

2016 ?

Hummm, ça ne s’annonce pas formidable. Humide ! Des mauvaises langues diraient que ça

rappelle à René ses origines bretonnes ! Non, ce n’est pas gentil de dire ça !

Et puis ça lui rappelle l’hiver 2013 dont le froid a fait perdre deux essaims.

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René et Olivier ont construit deux petites ruches d’essaimage. Pour la création de nouveaux

essaims, de nouvelles colonies, autour de leurs reines respectives.

Le varroa…

Le varroa destructor, un acarien parasite tueur d’abeilles, est arrivé en même temps que des

essaims exotiques venus de l’autre bout du monde. Des essaims importés par des

producteurs avides de profits rapides. En Asie, région d’origine du varroa, les abeilles Apis

Cerana sont génétiquement résistantes à ce parasite. Ce n’est pas le cas de nos abeilles

domestiques européennes Apis Mellifera. Les œufs de varroa mâles se développent dans

les cellules du couvain des abeilles. Les varroas femelles se rencontrent sur le couvain et

sur les abeilles adultes, même celles qui sortent à l'extérieur de la ruche. Le varroa s’est

étendu aux zones de l’abeille européenne et cause de lourds dégâts. La varroose est un

problème mondial. Les essaims parasités présentent des symptômes tels que des abeilles

aux ailes atrophiées, des abeilles qui se traînent, se tortillent ou ne peuvent pas voler, etc.

Des larves et nymphes parasitées sortent devant la colonie.

Chaque traitement a ses avantages et ses inconvénients.

Á Beyssac, le choix a été fait de soigner les abeilles de façon naturelle avec des huiles

essentielles, en refusant les produits agressifs dont certains se retrouvent dans le miel. Cela

laisse présager un peu plus de pertes. C’est un choix. Géranium, camphre, menthol, huile

essentielle d’eucalyptol sont assez efficaces. Des apiculteurs ont remarqué que certaines

abeilles savent repérer les cellules operculées dont la nymphe est malade ou infectée par le

varroa, et arrivent à les éliminer. Il se peut qu’Apis Mellifera développe (à échelle de temps

darwinien) des gènes qui les rendent résistantes comme l’ont fait les Cerana asiatiques.

Dans ce cas, traiter les ruchers retarde la mutation…

Deux ruchettes (au 1er plan) avec un peu de sirop nourrisseur.

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Nos ruches.

Trois types de ruches composent le rucher de Beyssac.

Les ruches à cadres de type Dadant.

Les ruchettes de reproduction des colonies.

Les ruches de type Warré, dites ruches populaires.

Nous vous en parlions un peu dans le deuxième article de cette petite série.

Les ruches populaires de l’abbé Emile Warré sont moins courantes que les ruches Dadant.

L’installation de l’essaim est plus lente. L’apiculteur doit attendre un peu plus longtemps. En

effet, avant de faire du miel, les abeilles doivent d’abord faire la cire des alvéoles. Elles les

empliront plus tard pour se nourrir. Le surplus de miel, que l’apiculteur récoltera, sera… pour

plus tard ! Les alvéoles sont analogues à ce que font les abeilles dans les autres modèles de

ruches, légèrement inclinées pour que le miel ne s’écoule pas avant que les opercules les

ferment.

Une de nos ruches Warré et son intérieur.

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La Propolis.

Outre la cire et le miel, les abeilles secrètent aussi la propolis, une gomme qu’elles

produisent à partir d’éléments puisés dans la nature. La propolis sert à boucher tous les

interstices indésirables et à désinfecter la ruche. La propolis est un des bienfaits

extraordinaires des abeilles. C’est un puissant antibiotique naturel aux nombreuses

propriétés médicinales.

La Gelée Royale.

Autre « divin bienfait » des abeilles, la gelée royale ! La gelée royale est produite par des

abeilles ouvrières, dites nourrices, entre le cinquième et le quatorzième jour de leur

existence. C’est un gel blanc-nacré, fortement sucré et légèrement acide.

La gelée royale est la seule la nourriture de toutes les larves de la colonie, depuis leur

éclosion jusqu’à leur troisième jour. Les larves choisies pour devenir reines en seront

nourries jusqu’à leur cinquième jour.

Ce sera la nourriture de la reine de la colonie dès qu’elle sort de sa cellule, et durant toute sa

vie.

Rêvons un peu…

Nos abeilles nous feront peut-être un jour le… royal cadeau de la propolis et de la gelée

royale… Pour le moment, réussissons déjà à récolter assez de miel pour le plaisir de nos

familles et de nos amis !

Nous avons souhaité vous faire partager notre passion de l’apiculture, notre amour de ces

extraordinaires petites bêtes dont l’élevage contribue à leur propre préservation, et à la

biodiversité de notre beau Velay.

Un jour peut-être aurons-nous la joie de partager avec vous le miel de notre rucher de

Beyssac …

A Dieu-siatz, e menajatz vos !

(a Dyou-cha, é menadza-vous)

Au revoir et ménagez-vous !

2016.