Le réflexe de rejet des Haïtiens de l’extérieur mis à l’épreuve par Leslie Péan (1ere et...

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    Le rflexe de rejet des Hatiens de lextrieur mis lpreuve (premire & Deuxieme parties)

    PREMIERE PARTIE - samedi 15 octobre 2011

    DbatPar Leslie Pan

    Soumis AlterPresse le 14 octobre 2011

    La conjoncture politique actuelle, qui a une fois de plus expos au grand jour le traditionnel rflexe de rejet des Hatiens forms ltranger ouexpatris, est une excellente occasion de mditer sur ce sujet qui nous interpelle tous. la fois les Hatiens de la diaspora, qui sestiment bondroit autoriss revenir au pays pour contribuer son dveloppement, et ceux de lintrieur dont un grand nombre voit en eu x une menace. Souscouvert dexigence de connaissance des problmes du pays, la disposition constitutionnelle prvoyant un nombre minimum dannes de rsidenceau pays institue une forme peine voile dostracisme.

    Lopprobre sociopolitique dont Daniel-Grard Rouzier, Bernard Gousse et Garry Conille ont t tour tour victimes, et longtemps avant euxRobert Manuel est symptomatique dun mal profond de la socit hatienne. Si Garry Conille a pu finalement bnficier dune certaine flexib ilitpour sortir du dogmatisme constitutionnel plusieurs vitesses en vigueur, la question de lalinit demeure centrale dans la politique hatienne. Paralinit, le sociologue Dauge dsigne un ensemble de modes dtre et dagir trangers et contraires au Moivritable (ou auje) [1]. Nous nousproposons ici dessayer de comprendre comment sest faite la construction psychologique de la socit hatienne, comment se s ont organises laperception et la dvalorisation de lAutre, et comment se sont imposs les clichs sur les Hatiens de lextrieur. Le cas de Garry Coni lle est uneillustration de lalinit qui na rien de positif pour la socit hatienne.

    Hati est-elle au bout de ses peines avec la cration du gouvernement dirig par le premier ministre Garry Conille, prs de cinq mois aprslinvestiture du prsident Michel Martelly ? Le vote positif du Snat peut tre peru comme une preuve que le dicton Hatien signifie har lessiens est faux ou, du moins, nest pas toujours vrai. La conjoncture a aid vaincre le syndrome de la haine de soi et Garry Conille a pu se faufilerpar le chas de laiguille dexclusion qui mine de lintrieur notre entit de peuple dj perscut par des ennemis de lextrieur. Cest dans cecontexte que se poursuit sans piti la maldiction inflige par les puissances coloniales racistes pour faire drailler lexprience hatienne et abtir

    les Hatiens.

    Les circonstances ont contraint des adversaires dhier travailler ensemble

    Les Anglo-Saxons ont raison de dire la politique cre dtranges amitis (politics makes strange bedfellows). Dans le cas de Garry Conille, ilsemble trangement que ce ne soit pas la politique qui ait jou en sa faveur, mais plutt ladversit. En effet, les adversaires du prsident Martelly,si ce ne sont ses ennemis, ont dcid dapporter leur concours Garry Conille pour tenter de freiner une tendance de la prsidence labsolutisme.Les treize votes des snateurs mal lus du P arti INITE ont t dterminants dans la victoire de Garry Conille. Ce nest pas de la comdie. Cest pluttla preuve que mme des adversaires ont souvent des intrts communs. La guerre, la guguerre, a paralys le pays pendant cinq mois. Lesbailleurs de fonds nont rien dcaiss, attendant la mise en place dun nouveau gouvernement. Certains voulaient faire durer encore le pla isir pourde multiples raisons, relles ou farfelues. Pendant cinq mois, les uns et les autres ont t incapables de distinguer larbre de la fort, lintrtpersonnel de lintrt national. Le syndrome hatien dans toute sa beaut !

    Mais par-del les alliances de circonstances, notre pays est tiraill par des intrigues qui le tirent systmatiquement vers le bas, surtout depuis lreduvaliriste. On ne saurait laisser les exigences du moment cacher ces vrits, aussi dshonorantes quelles soient. Cest d ailleurs leurmconnaissance qui explique aujourdhui lexacerbation de certaines passions. Il est difficile, sinon impossible, pour notre pays de spanouir si sesenfants samusent rouler dans la poussire ses meilleurs fils et filles. La socit dprit se perdre dans des petits com bats de pacotille quilbranlent jusque dans ses fondements. Comme ceux mens ces derniers cinq mois pour ne pas ratifier le choix dun premier ministre. Quedarguments dcousus et de propos calamiteux na-t-on pas entendus dans loffensive dglingue mene contre les trois candidats la primature ?

    Ceux qui nont jamais bu, comme eux, leau de la Seine ou de la Loire

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    Le fondement des dissensions internes hatiennes est le pouvoir. Cest de la fermentation continuelle de ce lieu que se dgag ent les politiquesdexclusion qui jalonnent notre histoire de peuple. Combien de cerveaux dconcerts par les voix discordantes du parlement et de la prsidence onttrbuch dans la trivialit des luttes politiciennes ou ont t subjugus ? Deux fois avec Ericq Pierre et deux fois avec Herv Denis.

    La politique des vieux temps a commenc ds lassassinat de Dessalines. Elle sest raffermie dabord sous le gouvernement dAlexandre Ptionavant de stendre sous celui de Jean-Pierre Boyer. Dj en 1817, lhistorien Thomas Madiou dnonce le fait que des Hatiens taient souvent

    rapatris de France aux frais de ltat et quarrivs au pays, ils taient considrs comme des pestifrs. Dj, les Hatiens de lextrieur taientostraciss, car le statu quo, conservateur par nature, craignait ce potentiel novateur susceptible de secouer le cocotier.

    Ceux qui arrivaient au Port-au-Prince taient les bienvenus de Ption, mais leurs compatriotes leur faisaient subir quelquefois un traitementmoral assez pnible. Dans leurs moindres contestations, on leur demandait o se trouvaient-ils (sic) pendant la guerre de lIndpendance, silsntaient pas dans les rangs des Franais, les oppresseurs des Hatiens. Les plus polics se glorifiaient de navoir jamais bu, comme eux, leau de laSeine ou de la Loire[2].

    Lostracisme contre les vent pouss et dleau min-nin

    Lhostilit contre la diaspora prend sa source dans cette attitude de rejet, alimente par une mentalit archaque encouragepar des manuvriersassoiffs de pouvoir et dargent. Laristocratie de Boyer versera dans une sorte de phobie de linfluence cont agieuse des Hatiens venus delextrieur. Le mrite personnel, prsent comme essence de la dmocratie par Pricls ds lAntiquit, sera combattu au prof it de la mdiocritdes derniers de classe. La dictature de Duvalier lvera cette pratique abjecte au rang de politique dtat. Les tontons macoutes feront la chasseaux enseignants comptents pour remplacer le savoir et la civilit par lignorance et larrogance. Nous sommes bien obligs d e citer nouveauThomas Madiou pour bousculer larme de destruction massive quest linculture dans notre classe politique.

    Nous sommes entrs pleinement dans le terre terre du statu quo qui rtrograde toujours par la force des choses : ne rien promouvoir, nerien rparer, laisser tout sanantir, pourvu que le peuple nait rien sa disposition pour se porter soit vers le bien, soit vers le mal. Boyer sacrifiaitaussi lavancement du pays ltroitesse de lesprit local qui voyait avec dfaveur et mpris les hommes que le peuple appelait vent pouss etdleaumin-nin i.e. des hommes qui ntaient pas dans le pays pendant nos guerres pour lindpendance et que le vent et la mer avaient conduitssur nos rivages[3].

    Les forces conservatrices peuvent bien exister au sein dun peuple. Dans ce cas, il ne sagit pas de les entretenir mais de le s combattre au profitdes valeurs progressistes. Le mal qui nous treint est que des magouilleurs patents soient en mesure dattiser les intrts mesquins du peuple. Ils

    le font en entretenant des histoires de loups-garous, de zombies et en posant mal les problmes de lheure. Ainsi la question sociale de la proprit,toujours inflammable, embrase et paralyse le pays depuis des mois, des annes, des dcennies. Ceci nest pas particulier Hati comme entmoignent depuis quatre semaines les manifestations tenues contre la voracit de la Corporate Americaaux tats-Unis et dans le reste du mondedvelopp. En Hati, lembrasement augmente en intensit du fait mme de laugmentation de la population et de la diminution de la production desrichesses.

    Lanimosit envers les Hatiens de lextrieur ne date pas daujourdhui. Elle vient en ligne droite de lpoque coloniale av ec le refus par les nouveauxlibres, anciens esclaves, de devoir rendre leurs proprits aux anciens colons et affranchis qui avaient fui en abandonnant leurs plantations aprsla rvolte gnrale des esclaves daot 1791. Lacharnement contre les Hatiens de lextrieur sera partag par les dtenteurs du pouvoir quistaient accapars des biens des expatris. Cest bien l lenjeu traditionnel : la proprit. Il y avait la convoitise des dtenteurs du pouvoirpolitique qui voulaient saccaparer des terres au dtriment des anciens libres, mais aussi des cultivateurs nouveaux libres. Dans le royaume duNord, lordonnance de Christophe du 30 juillet 1817 stipulait que les biens abandonns depuis le 1er janvier 1791 fassent partie du patrimoine deltat, remettant ainsi en question la prescription de 20 ans sur les biens dont les propritaires sont ltranger. Le prsident Boyer tentera a vec

    prcipitation de rgler la question de ces anciens propritaires en acceptant de payer lindemnit de 150 millions de francs -or. Mais la hantise duretour de ceux qui ont t forcs de partir stait dj impose.

    La flatterie et labsence de personnalit comme des vertus

    Par-del la cration, pour la forme, dun Ministre qui en porte le nom, la position de refus dintgration des Hatiens de lextrieur sinscrit dansune continuit historique malgr les multiples apports de la diaspora pour sortir Hati de sa solitude. Cest le cas dans le dossier du SIDA, quand lamarche de 100 000 Hatiens New York le 20 avril 1990 a contraint les autorits amricaines de la Federal Drug Administration (FDA) enlever lenom des Hatiens de la catgorie des personnes risques ne pouvant donner leur sang dans les banques de sang. Perus comme des dracins de

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    la culture de prdation ambiante, la diaspora est marginalise quand elle nest pas considre comme une vache lait bonne seulement pourenvoyer des transferts montaires, de la nourriture, payer 5 centimes sur chaque minute dappel tlphonique entrant et $1.50 sur chaquetransfert en Hati. Tout comme la vie monastique tait le chemin oblig pour la sanctification au Moyen-ge, les murs et usages de la vie politiquehatienne recommandent la flatterie et labsence de personnalit comme des vertus. Rappelons que Madame Isaac Louverture , ne Louise Chancy,nice de Toussaint Louverture [4] et pouse du fils de Toussaint Louverture vivant Bordeaux, crut ncessaire de mettre en garde notre ThomasMadiou quand ce dernier dcida en 1835 de retourner vivre en Hati.

    Elle me donnait de bons conseils, crit Madiou, lgard de mon pays et me signalait tous les dangers sociaux et politiques auxquels tait exposun jeune homme lev en Europe qui ne savait pas se conformer aux murs et usages du milieu o il retournait. Elle admirait beaucoup le prsidentBoyer auquel elle ne reconnaissait quun dfaut, ctait dtre trop accessible la flatterie. .. Le jour o je pris cong delle et de son mari, elle medit: Mon jeune homme quand vous arriverez dans votre pays, si vous voulez devenir un jour snateur, apprenez bien flatter lepetit Boyer[5].

    Voir la suite : http://www.alterpresse.org/spip.php...

    [1] Yves-Albert Dauge, Le Barbare, Recherche sur la conception romaine de la barbarie et de la civilisation, Bruxelles, d. Latomus, 1981, p. 32.

    [2] Thomas Madiou, Histoire dHati, Tome V 1811-1818, Imprimerie Deschamps, P-au-P, Hati, 1988, p. 451.

    [3] Ibid, p. 520.

    [4] Louise Chancy est la fille de Genevive Affiba, sur de Toussait Louverture, qui eut comme concubin un blanc de la ville des Cayes nomm Bernard Chancy duquel elle eut douze (12) enfants. VoirJacques de Cauna, La famille et la descendance de Toussaint LOuverture , Socit hatienne dhistoire et de gographie, no. 164, P-au-P, septembre 1989. Larticle a t reproduit dansGnalogieet Histoire de la Carabe (G.H.C.), Bulletin 90, Fvrier 1997, p. 1874-1875.

    [5] Thomas Madiou, Histoire dHati, Tome VI, 1819-1826, Imprimerie Deschamps, P-au-P, Hati, 1988, p. 228.

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    DEUXIEME PARTIE - Samedi 22 octobre 2011Dbat

    Par Leslie Pan

    Soumis AlterPresse le 20 octobre 2011

    La conjoncture politique actuelle, qui a une fois de plus expos au grand jour le traditionnel rflexe de rejet des Hatiens forms ltranger ouexpatris, est une excellente occasion de mditer sur ce sujet qui nous interpelle tous. la fois les Hatiens de la diaspora, qui sestiment bondroit autoriss revenir au pays pour contribuer son dveloppement, et ceux de lintrieur dont un grand nombre voit en eu x une menace. Souscouvert dexigence de connaissance des problmes du pays, la disposition constitutionnelle prvoyant un nombre minimum dannes de rsidenceau pays institue une forme peine voile dostracisme.[1]

    Lampleur que prendra le phnomne dexclusion des Hatiens de la diaspora dans les affaires nationales deviendra aussi politique dtat avec lestontons macoutes. Le nivellement par le bas du duvalirisme se fera travers la privation d u peuple de ses repres fondamentaux. Larme de lapeur sera utilise toutes les occasions. Peur de mourir, de perdre son travail, dtre dnonc la police politique. Peur de soccuper des affairespolitiques. Peur de penser. Peur tout court. La peur e st le moteur de lengin de mort quest le duvalirisme. Peur qui sert de soutien la

    reproduction de la socit hatienne. Peur qui a servi perptuer le duvalirisme de pre en fils. Peur inculque ds la tendre enfance travers leshistoires de loups-garous, de sorcellerie et de zombification. Peur prescrite dans les normes intriorises qui font que les domins participent leur propre subjugation et oppression. Peur qui unit des courants politiques apparemment opposs dans cette convergence idologique produisantles alinas a et e de larticle 135 de la constitution de 1987 stipulant que Pour tre lu Prsident de la Rpublique dHati, il faut : a) tre hatiendorigine et navoir jamais renonc sa nationalit ; e) rsider dans le pays depuis cinq annes conscutives avant la date des lections. Peur delAutre, dune remise en question par lAutre de lordre dominant, qui produit son exclusion.

    La Commission dEnqute Spciale de Jean-Claude Duvalier

    On prend la mesure de lutilisation de lapeur dans la caporalisation des consciences, travers lexprience vcue par le professeur dconomie etdramaturge Herv Denis en 1982. Ce dernier a t emprisonn et interrog par le trio compos du D rRoger Lafontant, Ministre de lIntrieur et dela Dfense Nationale, dEmmanuel Orcel et dAlbert Pierre dit Ti Boul, colonels des Forces Armes dHati. Ces dirigeants de la CommissiondEnqute Spciale de Jean-Claude Duvalier lont tortur aux Casernes Dessalines, lui faisant un tort davoir sjourn trop longtemps ltranger.

    Dentre de jeu, ses tortionnaires lui font savoir que ses cours la Facult de droit ont t enregistrs et quils rvlentla personnalit dun hommequi na pas peur. Quelquun dont la conscience ne loge pas dans le monde des objets et de la drliction. Les tortionnaires duvaliristes ne pouvaientpas accepter la prsence au pays de cet homme libre, trop libre, et qui ntait plus contrlable par leur idologie coloriste et terroriste. Aussidcidrent-ils de lui faire subir les supplices les plus inhumains pour tenter de briser sa capacit de rsistance [2]. Ironie du sort, aprs lerenversement de Jean-Claude Duvalier, Herv Denis sera dsign comme premier-ministre, mais le Parlement, dpositaire des vraies valeursnationales, trouvera de bonnes raisons pour rejeter ce choix en deux occasions.

    Herv Denis stait libr de la coercition du vcu hatien. Son affranchissement faisait peur au statu quo hatien qui sait que ses jour s sontcompts avec des individus dune telle trempe qui refusent de vivre de lindigence accoutume entretenue par la communaut internationale. Il avaittrouv sa rponse de la sommation tre dans le monde par la matrise de la peur. Il y avait accd avec ses amis de la troupe Kouidor New Yorken septembre 1969 dans des interrogations thtrales qui valaient dj rponse. Herv refusait de se la couler douce, mais agissait plutt quedattendre que les choses changent. Aussi, ce statu quo malfique prend les devants et tente de trouver des individus bien dr esss, ayant passcinq annes conscutives se conformer un univers producteur de misres et de rpressions pour garantir lordre et la stabilit. Le citoyen qui apass les cinq dernires annes en Hati est une garantie pour la continuation de lordre social cannibale. Il est bien socia lis et saura sauvegarderla construction sociale qui laisse 75% des Hatiens moins de deux dollars par jour. Et mme en voulant tout chambarder sous les coups delaudace irrflchie et de la colre, ce citoyen vaut toujours plus pour le statu quo que les comptences, le courage, la dt ermination des Hatiensde la diaspora.

    Linterdiction frappant la diaspora est aussi faite aux Hatiens exils de lintrieur qui briguent un sige au Parlement. En effet, les constitutionshatiennes prvoient un minimum dannes de rsidence (deux pour l a dputation et quatre pour le Snat) dans une circonscription pour pouvoir lareprsenter. Or ce rflexe protectionniste est systmatiquement cart quand le pouvoir central dcide denvoyer au Parlement un citoyen quilveut rcompenser ou sur qui il peut compter pour dfendre sa politique. Les exemples de parlementaires retourns leur ville dorigine ou leur

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    avec leurs frres et surs maintenus dans lignorance, linconsistance et les passions mesquines. Les intellectuels ne doiven t pas tomber dans lepige consistant se considrer suprieurs aux compatriotes peu instruits. Cest en travaillant avec eux et en tant, sil le faut, leurs subalternesque nous changerons leur mfiance lendroit des save . Le prix peut tre lourd, mais cest le prix payer pour sortir Hati du trou de lamdiocrit et de la fourberie des ticoulouteset des bakoulous. Les Hatiens ont dj fait de grandes choses. Ils peuvent encore en faire dautres enouvrant grandes les portes la multitude en diaspora afin quelle se joigne celle du pays pour soulever ensemble des monta gnes. Pour treensemble au rendez-vous dune globalisation visage humain.

    [1] Voir la premire partie : http://www.alterpresse.org/spip.php...

    [2] Magali Comeau Denis, Entrevue avec Liliane Pierre-Paul , Radio Kiskeya, P-au-P, 19 janvier 2011.

    [3] Charles Dupuy, Le coin de lhistoire, Tome I, P-au-P, 2002, p. 47.

    [4] Communiqu , La Nation, 16 mai 1946, p. 4.

    [5] LHenri Laraque , La Nation, P-au-P, 12 avril 1946, p. 1.

    [6] Ren Depestre, La rvolution de 1946 est pour demain dans Cary Hector, Claude Mose et mile Ollivier, 1946-1976Trente ans de pouvoir noir, Collectif paroles, Montral, 1976, p. 55.

    AlterPresse - HaitiURL: http://www.alterpresse.org

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