Le Pourquoi pas No3

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VOTRE EXEMPLAIRE GRATUIT Pourquo i pas N o 3 / 2014 le embarquez à bord du journal francophone le plus septentrional d'Europe

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Issue number three. A paper for le Frenchies embarking on adventures to Iceland.

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Page 1: Le Pourquoi pas No3

VOTRE EXEMPLAIRE GRATUIT

Pourquoi pasNo3 / 2014

le

embarquez à bord du journal francophone le plus

septentrional d'Europe

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CHERS LECTEURS DU LPP,

L’aventure continue avec ce troisième numéro du Pour-quoi Pas (LPP) que vous tenez entre vos mains, ou moins « vintage », que vous lisez sur un écran ! Comme si, à travers nos modestes pages, l ’épopée du Commandant Charcot et de son courageux équipage se poursuivait un peu sur cette terre d’Islande…

Pour cette nouvelle édition, Le Pourquoi Pas a voulu se pencher sur ses origines. Depuis l ’Is-lande, nous nous sommes donc rendus en région parisienne dans la demeure même du Commandant Charcot. Notre équipe a eu l ’honneur de péné-trer dans le bureau du Capi-taine, laissé en l ’état du jour de son départ pour un voyage vers le Grand Nord duquel il ne reviendra jamais. Vous dé-couvrirez les images de cette visite exclusive à la fin de ce numéro.

L’aventure du Pourquoi Pas continue donc. Le fier équipage se bat contre vents et marées pour maintenir la barque à flot. Nous tenons à remercier les lecteurs pour leurs encou-ragements ainsi que pour les dons reçus par le biais de notre page www.lepourquoipas.is qui aident au financement de l’im-pression. Les lecteurs du LPP sont nombreux et aux quatre coins du globe, dans la lignée directe du Commandant Char-

cot et de son équipage. Pour preuve, un cliché d’un lecteur envoyé depuis… l’Indonésie !

Le LPP a également connu une petite heure de gloire cette an-née, lorsque l’un des rédacteurs en chef a été invité sur France Culture pour parler de la si-tuation politique islandaise. Grâce à ce coup médiatique, notre équipe de bénévoles s’est quelque peu élargie. Nous espérons que cela se ressentira dans la qualité du journal.

Quand les chaussures font et défont la politique en France et en Islande !

L’équipe rédactionnelle s’est comme tous les ans penchée sur les points communs entre la France et l ’Islande, et a réa-lisé qu’un objet du quotidien avait à un moment ou un autre affolé les médias de Paris et de Reykjavik : la chaussure.

Le chef du gouvernement islan-dais Sigmundur Davið Gunn-laugsson se fit notoirement remarquer pour avoir porté des chaussures différentes à chaque pied lorsqu’il a rencontré Ba-rack Obama. Pour bien faire les choses, il portait une chaus-sure en cuir et une basket… Début d’une nouvelle mode ? Parallèlement, côté français, on apprenait qu’Aquilino Mo-relle, conseiller politique du Président Hollande, se faisait cirer les chaussures en grandes pompes dans les couloirs de

l’Élysée. La nonchalance islan-daise et la sophistication fran-çaise sont-elles résumées par ces faits d’actualité ou s’agit-il d’un hasard ?

Il s’en est passé des choses en Is-lande depuis l ’année dernière ! Pour la première fois de son his-toire, la police islandaise a abat-tu un homme, le premier com-muniqué fut pour la famille de la victime. Le gouvernement de centre droit au pouvoir a failli à sa promesse électorale d’organiser un referendum au sujet de la poursuite des négo-ciations pour l’adhésion de l’Islande à l’UE. L’équipe natio-nale de football a créé l’exploit en se qualifiant pour la pre-mière fois de son histoire pour le barrage du Mondial 2014 au Brésil. Nous avons eu les yeux plus gros que le ventre, et avons été logiquement éliminés par la Croatie, mais les larmes du capitaine Guðjohnsen pour son dernier match sous notre mail-lot aura marqué les esprits. Tou-tefois, l’Islande n’aura pas été totalement absente du Mondial avec la sélection du binational

Aron Jóhannsson qui a joué sous le maillot américain. À l’Assemblée nationale comme dans les cafés, les débats font rage pour décider de l’avenir de la nature islandaise. Les tou-ristes doivent-ils payer un droit de visite sur les sites naturels ? Face au nombre croissant de personnes foulant la terre is-landaise intacte il faut prendre des mesures pour préserver la nature, tout en évitant de faire sentir au visiteur qu’on en veut à son porte-monnaie. Les dé-bats portent désormais sur la création d’un « pass nature ». Une fois le pass en poche tous les sites seraient accessibles. Af-faire à suivre.

Ce troisième numéro du Pour-quoi Pas vous propose une in-terview du maire de Fáskrúðs-fjörður, ville franco-islandaise (!) des Fjords de l’Est où sera inauguré cet été un complexe hôtelier dans les anciens lo-caux de l’hôpital français, une critique de L’Embellie, bel ou-vrage de l’écrivain Auður Ava Ólafsdóttir, une explication sur la relation entretenue par les Islandais avec les elfes ainsi qu’une double page sur l’amour au 66e degré nord. Sans oublier nos classiques : nos articles bi-lingues, nos découvertes musi-cales, et une carte de l’Islande commentée.

En vous souhaitant une bonne lecture et un bon séjour en Islande, nous voudrions juste vous rappeler qu’ici :

-IL N'Y A PAS DE MAUVAISE MÉTÉO, QUE DES GENS MAL HABILLÉS ;

-SI VOUS VOUS PERDEZ EN FORÊT, LEVEZ-VOUS ;

- << ÞETTA REDDAST >> OU << CA VA ALLER, D'UNE MA-NIÈRE OU D'UNE AUTRE EN GÉNÉRAL DANS LA VIE >> ;

-L'ISLANDE N'EST PAS LA FRANCE. ABANDONNEZ VOS HABITUDES LE TEMPS DE VOTRE SÉJOUR ET OUVREZ-VOUS ENTIÈREMENT À UNE CULTURE NOUVELLE ;

-LES ISLANDAIS AIMENT FAIRE LA FÊTE LE WEEK-END. NE PAS SORTIR AVANT UNE HEURE DU MATIN SI VOUS VOULEZ VIVRE UNE VÉRITABLE EXPÉRIENCE ISLANDAISE ;

-ON MANGE DES HOT-DOGS. BEAUCOUP ;

-ON SE LAVE NU AVANT D'ALLER À LA PISCINE. ÉVIDEMMENT, SINON C'EST CRACRA ;

-ON PARLE ISLANDAIS OU ANGLAIS. FRANÇAIS ÉVENTUELLEMENT MAIS UNIQUEMENT APRÈS QUELQUES BIÈRES ;

-ON AIME LA NATURE, ALORS RESPECTONS-LA !

Heureux séjour à vous, góða ferð um Ísland ! LE LPP

FONDATEURS : Lea Gestsdóttir Gayet / Bergþóra Jónsdóttir / Virginie Le Borgne / Serge Ronen

RÉDACTRICES EN CHEF : Lea Gestsdóttir Gayet / Virginie Le Borgne

JOURNALISTES : Lea Gestsdóttir Gayet / Alexandre Huillet / Virginie Le Borgne

GRAPHISME : Bergþóra Jónsdóttir : behance.com/bergthora

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Axelle Détaille

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO : Axelle Détaille / Viktor Gestsson Gayet / Corinne Leleu

PHOTOGRAPHES : Virginie Le Borgne / Bergþóra Jónsdóttir / Julien Ratel

PREMIÈRE PAGE : Jón Þórir Baldvinsson

CARTE D'ISLANDE : Veronica Cerri, illustratrice et graphiste originaire de Milan : www.veronicacerri.com / facebook.com/veronicacerriillustrator

ANCIENNES PHOTOS : Clipart courtesy FCIT

FINANCEMENT: Si vous souhaitez contribuer au financement du journal que vous tenez entre les mains et que vous avez eu gratuitement, faites un tour sur www.lepourquoipas.is.

REMERCIEMENTS : La liberté et l'optimisme débordant islandais, tous ceux qui soutiennent notre projet par leur confiance et leur financement, les Franco-Islandais de la première heure, Paris & Reykjavik, Dalvík & Montvicq, Vancouver, le Vietnam et le Liban.

IMPRESSION : Morgunblaðið, Hádegismóum 2, 110 Reykjavik, Islande

Le LPP se veut un journal ouvert à toutes sortes d'opinions. Pour soumettre des articles ou des billets d'humeur, veuillez envoyer un courrier électronique à l'adresse suivante : [email protected]

Visitez aussi notre site web : www.lepourquoipas.is

La fabuleuse aventure du LPP continue…

LE POURQUOI PAS : ENTRE PARIS ET REYKJAVIK < ENTRE L'ÉQUATEUR ET LE CERCLE POLAIRE

Édito

par Lea Gestsdóttir Gayet

N°2 Le Pourquoi Pas

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ERGÞÓRA JÓNSDÓTTIR

AXELLE DETAILLE

LE

A GESTSDÓTTIR GAYET

VIRGINIE LE BORGNE

Page 3: Le Pourquoi pas No3

Albert Camus vs. Halldór Laxness

Personnalités

Par Lea Gestsdóttir Gayet

A lbert Camus a eu une vie plus courte que Halldór. Né le 7 novembre 1913 en Algérie, il décède le 4 janvier 1960 dans un terrible accident de voiture dans l'Yonne, en France.

Tout comme Halldór, il est un auteur prolifique. Il publie des romans, des pièces de théâtre et des essais.

Halldór Laxness et Albert Camus partagent un autre point commun : ils ont tous les deux obtenu le prix Nobel de littérature. L'Islandais en 1955, le Français en 1958.

Ses œuvres principales sont : Noces (1939), L'Étranger (1942), La Peste (1947), L'Homme révolté (1951).

Citation - qui n'est pas sans rapport avec celle de Laxness : << Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. La souffrance est la même, le mensonge et l'amour. Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion. >>

Halldór Laxness (ou Halldór Guðjónsson de son nom de naissance) est né le 23 avril 1902 à Reykjavik. Le nom << Laxness >> lui vient d'une localité proche de la banlieue de Reykjavik dans laquelle il passe une partie de son enfance.

Si vous visitez Reykjavik et que vous vous rendez ensuite vers Þingvellir (l'ancien parlement), vous passerez devant son domicile transformé aujourd'hui en musée, appelé Gljúfrasteinn. La visite en vaut la peine, tant pour l'aspect littéraire que pour l'aspect architectural.

Quand la météo le permet une superbe voiture est garée devant le garage… Nous vous laissons la découvrir !

Halldór Laxness est le seul écrivain islandais ayant obtenu un prix Nobel de littérature. C'était en 1955. Il occupe donc une place particulière dans le cœur des Islandais.

Ses œuvres principales sont : Salka Valka (1932), Gens indépendants (1935), Lumière du monde (1940), La cloche d'Islande (1946). Ces œuvres sont traduites en français.

Il a traduit quelques textes de Voltaire vers l'islandais. Il est décédé à l'âge de 95 ans, le 8 février 1998 à Reykjavik. Il avait reçu le Prix international de la paix en 1962.

Citation : << Sá sem lifir ekki í skáldskap lifir ekki af hér á jörðinni. >> À vous de trouver un ami islandais pour vous aider à traduire !

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En juillet 2014, la ville de Fás-krúðsfjörður inaugure l’ouver-ture de l’ancien hôpital fran-çais transformé en complexe hôtelier. L’équipe du LPP a rencontré les représentants de la mairie de cette municipa-lité de l’est de l’Islande pour en connaître plus sur la plus fran-çaise des villes islandaises.

QU'EST CE QUI FAIT DE FÁSKRÚÐSFJÖRÐUR UN ENDROIT SI PARTICULIER ?La nature, les montagnes, la mer, les plages de sable noir; le calme et le dynamisme de ses habit-ants. L’histoire de la ville joue également un rôle important…

JUSTEMENT, POUR QUELLES RAISONS UN VOYAGEUR FRANÇAIS DEVRAIT-IL VISITER FÁSKRÚÐSFJÖRÐUR ?Mis à part une nature époustou-flante, les Français viennent ici pour découvrir le fabuleux hé-ritage laissé par leurs ancêtres. On le retrouve en particulier dans les bâtiments et les vieilles maisons. Les relations avec la France (surtout avec certains villages côtiers) sont fortes. Pour preuve de ces liens indé-fectibles, les noms des rues de Fáskrúðsfjörður sont traduits dans la langue de Molière !

Aux XIXe et XXe siècles, le vil-lage a servi de camp de base pour les armateurs qui venaient dans

le Grand Nord. Les marins qu’on appelait « pêcheurs d’Islande » partaient à la mi-février de France pour un retour prévu au mois d’octobre. Les voyages du-raient longtemps. Des bateaux pleins de marchandises faisaient régulièrement l’aller-retour en-tre Fáskrúðsfjörður et la France, transportant le poisson salé pê-ché par les bateaux qui restaient au large des côtes islandaises.

Lorsqu’il y avait beaucoup à faire, on pouvait dénombrer jusqu’à 120 voiliers dans le fjord au même moment. Le nombre de Français vivant dans le vil-lage était alors très important. Au tournant du siècle dernier, ils ont fait construire un hôpital ainsi que de nombreux autres bâ-timents historiques qui viennent d’être rénovés et qui sont mis à la disposition des voyageurs. Ces anciens locaux abritent désor-mais un hôtel, un restaurant et un musée. L’organisme en charge de la protection et de la sauve-garde du patrimoine, Minjav-ernd, a supervisé la restauration du complexe tout en respectant l’histoire des bâtiments.

Le musée des « Français en Is-lande », qui dépend de la munici-palité, éclaire sur les conditions de vie des marins. Des reconsti-tutions (notamment d’un pont de navire) permettent aux visiteurs de se faire une idée du déroule-ment des opérations. Cette sensa-tion de revivre dans l’imaginaire le quotidien des pêcheurs est ac-

centuée par une bande son qui diffuse les bruits de la mer.

On peut enfin y observer une œuvre d’art faite des noms des pêcheurs français disparus au large des côtes d’Islande. Leur nombre est estimé à 4 000.

DU COUP, LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET L'ISLANDE SONT-ELLES TOUJOURS AUSSI FORTES AUJOURD'HUI, PLUS D'UN SIÈCLE APRÈS ?Oui, tout particulièrement avec les villes de Gravelines et de Paimpol. À Fáskrúðsfjörður nous organisons les « Jours fran-çais » alors qu’à Gravelines ex-iste la « Fête des Islandais ». COMMENT LA FÊTE SE DÉROULE-T-ELLE DURANT LES << JOURS FRANÇAIS >> ?C’est une fête pour toute la famille dans une ambiance française. Une messe est tou-jours organisée en la mémoire des pêcheurs d’Islande, au niveau du cimetière français. Des représentants de la ville de Gravelines en France déposent un germe de fleur sur la tombe du marin inconnu. Cette année la fête bat son plein car elle coïn-cide avec l’inauguration des bâ-timents français restaurés.

Pour plus d'informations sur la ville de Fáskrúðsfjörður, voir nos articles de la première édition du LPP et la page web de la Fête des Islandais, www.franskirdagar.com.

Le plus français des cafés d'Islande

KAFFI SUMARLÍNA

Búðavegur 59 • 750 Fáskrúðsfjörður • Téléphone 475 – 1575 www.sumarlina.123.is • [email protected]

Crêpes et gaufres – spécialités de fruits de mer, d'agneau et pizzas.

Dans le « village français » des Fjords de l’Est

Fáskrúðsfjörður Les Islandais croient-ils tous

aux elfes ?

Culture + civilisation

Propos recueillis et traduits par Lea Gestsdóttir Gayet

N°4 Le Pourquoi Pas

L'Islande est un pays à la fois moderne et archaïque. Les paysans au fin fond des vallées des Fjords de l'Ouest et les pêcheurs du Nord sont pour la plupart connectés à Internet. Les Islandais sont des fans de techno-logie et à peine commercialisées, les dernières trouvailles s'arrachent toujours en magasin. Alors comment expliquer que les Islandais conti-nuent de croire aux elfes en 2014 ?

1 – À LA RECHERCHE DE L'ELFE PERDU EN ISLANDEOn est facilement pris au jeu des elfes en Islande. Les devantures des magasins de Reykjavik exposent de charmantes figurines d'êtres aux oreilles pointues et au regard facétieux, les magazines parlent du folk-lore islandais et les guides expliquent que les Islandais croient aux elfes. Les voyageurs, amusés, se demandent : mais comment une nation qui caracole en tête des classements de l'OCDE avec un système éducatif extrêmement performant peut-elle croire aux elfes en 2014 ? Justement, le développement du tourisme a banalisé un sujet en vérité sensible et très intime.

2 – QUAND LA TRADITION DEVIENT FOLKLORE (DIGNE D'UN PARC D'ATTRACTION)Avec un nombre croissant de visiteurs chaque année, les Islandais ont eu besoin de mettre en avant ce qui les caractérisait : les sagas, la pêche, la nature. Avec le succès des œuvres de J. R. R. Tolkien (qui se serait en par-tie inspiré des régions au nord de l'Islande), les elfes sont soudain devenus populaires et ont été projetés sur le devant de la scène, eux qui d'ordinaire aiment vivre cachés et qui n'hésitent pas à aveugler les humains qui les voient. Cette croyance, savamment mélangée aux religions endossées par l'Islande au fil des siècles, fait partie intégrante du patrimoine culturel islandais. Le risque est de la dénaturer et de transformer une tradition en folklore, ou en spectacle. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose, mais pour le voyageur qui cherche à comprendre l'univers des elfes, le concept est dénaturé.

3 – UN SENTIMENT INTIME DIFFICILEMENT EXPLICABLELa vérité au sujet des elfes (s'il y en a une) est à rechercher du côté de chez Proust. Elle est à moitié engainée dans l'objet et à moitié engainée en nous. Celui qui ne croit pas aux elfes ne les verra certainement pas. Celui qui ne passe pas, seul, quelques heures dans les hauts plateaux islandais ne se donne pas les moyens de les observer. Finalement, cette histoire d'elfe a beaucoup à dire sur le caractère des gens. Différents traits de caractère surgissent selon la manière de gérer l'existence ou non d'êtres dans un univers qui nous échappe. Nous ne voyons pas le monde comme il est ; nous voyons le monde comme nous sommes. Chacun seul sait en lui s'il croit aux elfes; et cette question est l'une des plus intimes qui soit. En parler, c'est dénaturer le sentiment de bien-être que cela produit.

Laissez-vous bercer par la nature… détendez-vous et peut-être serez-vous surpris par un elfe au coin d'une rue !

par Lea Gestsdóttir Gayet

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Góða tungl um loft þú líður,ljúft við skýja silfur skaut.

Eins og viljinn alvalds býður,eftir þinni vissu braut.

Öllum þreyttum, ljós þitt ljáðu,læðstu um glugga sérhvern inn.

Lát í húmi, hjörtun þjáðuhuggast blítt við geisla þinn.

Góða tungl um götur skírðar

gengur þú og lýsir vel.Þar er setti sér til dýrðar,

Sjálfur Guð, þitt bjarta hvel.Lít til vorra lágu ranna,

lát þitt friðarandlit sjást.Og sem vinhýr vörður manna

vitna þú um drottins ást.

Góða tungl í geislamóðuglansar þú í stjarnasæ

og með svifi hvelfist hljóðuhátíðlega' í næturblæ.

Þú oss færir, frá þeim hæstaföður mildan náðar koss,

og til morguns, gullinglæsta,góða tungl þú leiðir oss.

Steingrímur Thorsteinsson

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Beaucoup parmi vous pré-parent leur visite du pays des elfes et des trolls minutieu-sement en amont, alors que d’autres arrivent sans pro-gramme établi. Dans les deux cas, voici quelques conseils qui, nous l’espérons, vous ren-dront service.

POUR EXPLORER :Amis campeurs, vous qui hésitez peut-être sur le moyen de trans-port à utiliser, sachez qu’acheter un « pass » à la gare routière BSI équivaut à acheter tous les tra-jets de son voyage. Il en existe plusieurs, détaillés dans le ma-nuel que l’on trouve aussi dans les centres d’information.

Vous pouvez par exemple avec l’un de ces « pass » faire la côte Sud et les Hautes Terres en boucle depuis Reykjavik, iti-néraire comprenant des sites magiques et contrastés tels que Skógar, Vík, Skaftafell, Land-mannalaugar et le volcan Hekla. Vous pouvez vous arrêter à un endroit plusieurs jours et profi-

ter, puis simplement reprendre le bus pour la prochaine étape. Pour environ 150 €, vous avez là un voyage assez exceptionnel !

Ceux qui ont une voiture ou qui séjournent à Reykjavik peuvent aussi profiter encore plus de l’île en utilisant les bus. Partir en excursion à la journée dans la vallée glaciaire de Thorsmork ou passer une nuit Kerlingarfjoll - où il est facile de s’héberger - font partie des possibilités.

POUR MANGER :Lors de vos journées d’explora-tion vous remarquerez qu’il n’y a pas ou peu de petits restau-rants comme l’on peut trouver le long des routes de France et d’ailleurs. Hormis quelques sta-tions-service, le choix est très limité. Avant de vous dégoûter des hamburgers ou autres sand-wichs accompagnés de frites que l’on trouve dans ces stations, prévoyez le coup en achetant de bons produits locaux en grande surface. Du hareng ou de l’omble fumé, du pain, des pro-

duits laitiers et quelques fruits, moins locaux, constitueront un meilleur repas et seront moins onéreux. Pour les amateurs de pêche, acheter une canne dans une station-service vous per-met de pêcher sur tout le littoral islandais. Il est alors possible de pêcher presque toute sa nourri-ture ! Attention cependant à res-ter au moins à deux kilomètres d’une embouchure de rivière.

POUR S'AMUSER :Une multitude d’activités sont possibles en Islande. En voici quelques-unes qui devraient ren-trer dans les budgets de chacun.

Randonnée sur glacier – Possible à côté de Skógar et à Skaftafell, la marche en crampons vous permettra d’apprécier de près l’immensité du glacier sur lequel vous êtes. Crevasses, glaces de différents types, histoire, l’acti-vité est intéressante et les guides connaisseurs.

Sortie en bateau à Jökulsárlón – Sur cette fameuse lagune où

dérivent les icebergs il existe deux types de sorties. La pre-mière en zodiac et la seconde en bateau amphibie. Le prix varie du simple au double comme la durée de l’activité. Dans les deux cas, si l’état de la glace le permet : navigation entre des icebergs !

Balade à cheval – Possible par-tout dans le pays, cette activité est recommandée. Elle vous fait découvrir une vraie ferme islan-daise avec ses chevaux mais aussi ses fermiers. Une balade à cheval offre également une vue diffé-rente du pays ; vous imaginerez les Vikings traverser ces plaines au galop il y a cinq cents ans.

Sortie en mer – Húsavík ! C’est le village privilégié pour les sorties d’observation de céta-cés. On y voit beaucoup de baleines…et encore plus de tou-ristes. Si vous le pouvez, évitez cet endroit. Il y a un prestataire dans le village de Dalvík qui est très bien, ou encore celui à Grundarfjörður, sur la pénin-sule de Snæfellsnes.

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La pause linguistique : Découvrez

la langue islandaise !

AU DÉTOUR D'UN ARTICLE VENEZ DÉCOUVRIR CETTE LANGUE INTRIGANTE QU'EST L'ISLANDAIS.

L' idée : un article en islandais est traduit en français, en met-tant une liste de mots-clefs à votre disposition. Un moyen ludique de retenir quelques mots qui pourront vous être utiles si vous décidez de vous lancer dans des conversations avec les au-tochtones !

À découvrir plutôt qu'à manger ?Si vous voulez tout connaître sur la baleine, le musée ouvrira ses portes à Fiskislóð à Grandi - le point n'indique que le quartier.

[Source : www.visir.is, article : Stærsta hvalasafn í Evrópu, daté du 24.5.2014 : http://bit.ly/WhT8Rm]

MOTS-CLEFS (LA PRONONCIATION À LA FRANÇAISE EST ENTRE CROCHETS) :

*HVALUR [KVALEUR] : UNE BALEINE

*SAFN[SAPN] : UN MUSÉE

*KOSTNAÐARSAMT [KOSTNAZARSAMTE] : COÛTEUX

*FERÐAMENN[FERZAMÈNE] : DES TOURISTES

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STÆRSTA HVALASAFNÍ EVRÓPU

Á dögunum hófust framkvæmdir við 1.700 fer-metra hvalasafn í húsnæði við Fiskislóð úti á Granda, en safnið verður þar með það stærsta sinnar tegundar í Evrópu.

Safnið verður opnað almenningi í lok júlí og þar verða meðal annars til sýnis líkön af tuttugu og þremur hvölum í fullri stærð.

Það eru frumkvöðullinn Hörður Bender og sjóður-inn Icelandic Tourism Fund sem eiga veg og vanda að uppsetningu safnsins […]. Eigendur ITF I eru Icelandair Group, Landsbanki Íslands og sjö af stærstu lífeyrissjóðum landsins.

Hörður segir safnið afar kostnaðarsamt en hann er bjartsýnn á að það eigi eftir að vekja mikla athygli, bæði hjá landsmönnum sem og ferðamönnum. […]

LE PLUS GRAND MUSÉE DE LA BALEINE D'EUROPE

La construction d'un musée de la baleine de 1 700 m2 sis à Fiskislóð dans le quartier de Grandi a ré-cemment démarré. Le musée sera le plus grand du genre en Europe.

Le musée ouvrira ses portes au public fin juillet. On pourra y voir notamment les modèles à taille réelle de 23 baleines.

Hörður Bender et le Fonds islandais du tourisme (Icelandic Tourist Fund) ont imaginé ensemble le musée. […] Les propriétaires sont Icelandair Group, la banque Landsbanki Íslands ainsi que sept des plus importantes caisses de retraite du pays.

Hörður déclare que le musée est coûteux mais il est optimiste sur l'intérêt qu'il suscitera, aussi bien chez les citoyens islandais que chez les touristes.

par Axelle Detaille

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Page 7: Le Pourquoi pas No3

Propos sur les dictons

Le LPP est allé à la rencontre de Sólrún Svandal qui n'a pas la langue dans sa poche et qui nous a raconté beaucoup de choses intéressantes au sujet des expressions imagées en français. Goethe disait : << Qui ne connaît pas de langues étrangères ne sait rien de la sienne >>. Ce n'est pas faux. Voyons en 5 questions ce qu'une Islandaise francophile et franco-phone a à dire sur les expressions franchouillardes.

Qui es-tu et quel est l'objet de ta thèse ?Je m'appelle Sólrún Svandal. Je suis Islandaise, née à Reykjavik, où j'ai vécu presque toute ma vie. Étudiante en traductologie à l'Université d'Islande, je prépare actuellement ma thèse. Elle est divisée en deux parties : la pre-mière moitié est en réalité un brouillon de dictionnaire bilingue français-is-landais, d'expressions idiomatiques, où l'expression française est d'abord traduite mot-à-mot en islandais, ensuite vient une explication de la signification et enfin une expression équivalente islandaise est proposée. La seconde moitié est composée d'une partie théorique de traductologie et d'un rapport portant sur les difficultés rencontrées à la traduction des formules françaises.

D'où te vient cet intérêt pour la langue française ?La façon dont les gens s'expriment m'intéresse, parce que chaque indi-vidu le fait d'une manière qui lui est propre. Malgré un nombre important de séquences figées dans toutes les langues, elles permettent des varia-tions, des jeux de mots et pour moi les Français sont les maîtres du jeu.

Quelles sont tes formules, expressions ou dictons favoris et pourquoi ?Je n'ai que l'embarras du choix ! Pour n'en citer que trois (qui sont mes chouchous) :

Envoyer quelqu'un sur les roses, est une très jolie formule pour : se débar-rasser de quelqu'un, ce qui n'est évidemment pas gentil du tout. C'est pourtant ce paradoxe entre l'image et la signification qui me plaît.

Éclairer la lanterne de quelqu'un, est une de mes favorites parce qu'elle est claire et simple, et même une étrangère comme moi peut deviner ce que l'expression signifie. La fable de Florian qui se cache derrière ; Le singe qui montre la lanterne magique, me fait l'apprécier d'autant plus.

Avoir la maladie diplomatique, pour dire que quelqu'un invente un pré-texte pour éviter une obligation. À première vue, ce cliché m'a un peu énervé. Ensuite, étant fonctionnaire au sein du ministère des Affaires Étrangères, j'ai dû en rire : chacun voit midi à sa porte, c'est inévitable.

Y a-t-il des formules intraduisibles entre le français et l'islandais ?Oui, bien sûr. L'islandais n'a par exemple pas d'expressions imagées pour rendre la pensée de << tomber dans les pommes >>, ni << d'avoir l'esprit d'escalier >>, ni encore << de poser un lapin >> et d'autres encore. Dans ces cas il faut abandonner l'idée de rendre une expression française par une expression équivalente islandaise et recourir à une explication, parce qu'une traduction mot-à-mot d'une métaphore n'a pas de sens.

Enfin, veux-tu faire connaître une expression islandaise de ton choix à nos lecteurs ?Une des locutions islandaises que j'aime bien est celle-ci : vera loðinn um lófana, qui se traduit mot-à-mot en français par : avoir du poil dans les mains. Alors que l'expression française << avoir un poil dans la main >> signifie être paresseux, l'islandaise signifie être riche. Oserait-on soup-çonner que la même idée pourrait être à l'origine des deux expressions ? Celle qui dit que l'oisiveté fait pousser des poils (ne serait-il qu'un seul) dans le creux de la main…

L’Embellie, de Auður Ava Ólafs-dóttir, aux éditions Zulma, est un joli livre qui tape à l’œil dans les rayons de ma librai-rie. Couverture rose, présen-tation soignée, on peut tout de suite se dire que c’est un livre de fille ; oui, mais pas que. Un livre à faire lire aux hommes qui aiment d’amour les filles, aussi. Comme dans Rosa Can-dida, le premier roman de A. A. Ólafsdóttir traduit en fran-çais (mais écrit après L’Embel-lie), on retrouve le thème de la parentalité, du couple, et puis la vie comme elle vient, à prendre avec des sourires au coin des lèvres.

On a lu beaucoup de commen-taires dans la presse à propos d’A. A. Ólafsdóttir, et avant même d’avoir ouvert l’un ou l’autre de ses livres, j’étais tombée sur une émission de radio où la voix flu-ette et hésitante de l’auteur ré-sonnait comme un cristal sur les ondes –l’émission Hors-Champs sur France Culture, qui peut être réécoutée ici : bit.ly/1tvSQRr.

On sait par avance, du coup, que L’Embellie raconte l’histoire d’une femme à un moment charnière de sa vie, qui s’offre des vacances d’hiver en forme de road trip à travers son île en pluie, en plein mois de novembre, météorologie exceptionnelle à ce-tte époque de l’année en Islande. L’élément déclencheur de ce dé-

part pourrait être tragi-comique : se faire plaquer par son amant ET son mari le même jour, gag-ner deux fois à la loterie, hériter ponctuellement de l’enfant de sa meilleure amie. Mais rien n’est trop gros ni trop absurde pour notre héroïne qui reste relative-ment stoïque face à une situation démente. On croise en vrac : des animaux morts, une montre à deux cadrans, des joggeurs qui se courent après, des pianistes en musique de fond, des pêcheurs et des éleveurs de moutons, un enfant au nom comme une clef magique, Tumi, malentendant et qui n’y voit guère mieux, onze langues plus la langue des signes, des voyantes, encore des animaux morts, une femme enceinte de jumelles qui joue de l’accordéon et boit du vin rouge sur son lit d’hôpital, des orages, des inon-dations, des semi-noyades et, comme l’annonce le titre, le soleil au bout du chemin.

Au milieu de tout ce bric-à-brac, on suit la narratrice comme une silhouette d’ombre et de lumière qui a toujours un train d’avance sur le lecteur. Pour lui -pour nous- elle soulève le voile sur son existence présente et passée, pointe du doigt quelques moments clefs de la vie d’une femme, et laisse retomber le voile sans un bruit. C’est qu’elle ne parle pas beaucoup des choses es-sentielles, ou bien qu’elle n’est pas vraiment entendue par ses proches, cette narratrice, traductrice de son métier, qui part à la recherche d’elle-même au pays du silence, ac-compagnée par un enfant malen-tendant. Qu’est-ce qu’on dit à un petit de quatre ans qui ne peut pas entendre le son de notre voix ? Qu’est-ce qu’on dit à un mari qui nous quitte parce qu’on ne veut pas d’enfant ? Qu’est-ce qu’on fait de son cœur quand on est une femme qui a du mal à s’engager -comme on entend qu’une femme s’engage socialement, amoureusement, ma-ternellement ?

À travers le récit d’un voyage initi-atique, A. A. Ólafsdóttir parle sur-tout de féminité et de liberté. Pas

celle des Femen qui avancent les seins nus dans le monde. Il s’agit plutôt ici de la liberté de nos senti-ments, de notre histoire, la liberté d’être parfois égoïste et pudique. L’auteur fait revenir la narratrice jusqu’aux sources. Les étapes de sa vie, le passage de l’enfant-fille à l’ado-femme, puis, peut-être à la femme-mère. On y devine à demi-mot la transmission d’une fémini-té à travers les générations, mère, grand-mère. On y retrouve le re-gard des hommes, de nos pères, nos frères, nos cousins, amis, maris, amants. On se demande avec elles -auteur et narratrice- ce que c’est que fonder une famille, ou de n’en pas fonder, justement. C’est quoi le temps pour soi ? Un bain moussant au bord de la rup-ture, ça peut-il faire mourir de bien-être ? Et puis la nature belle et terrible de l’Islande, les élé-ments vivants qui nous confron-tent à notre condition d’humains.

On peut reprocher à ce livre de laisser le lecteur à la surface de l’histoire ; ce n’est pas si facile, malgré le côté fantasque de cer-taines situations, d’entrer dans ce récit lent et discret, qui fond longtemps dans la bouche comme un bonbec aigre-doux. Ça sent la nostalgie, les jours de pluie, les relations mortes-nées à côté desquelles on est passé sans savoir. Le livre menace de nous tomb-er des mains parfois, et il faut s’accrocher, comme s’accroche la voyageuse, accepter d’être, comme son petit compagnon, un peu sourd, un peu aveugle à cette histoire, mais poursuivre quand même le chemin jusqu’à cette em-bellie tant attendue. Si on aime, on peut continuer avec Rosa Can-dida qu’il vaut mieux lire après je trouve. Il est toujours question du voyage, de l’enfance, du fantasque et de la pudeur. Mais le héros est un jeune homme, et l’histoire se passe sur « le continent », comme l’écrit l’auteur.

À lire en pointillé quand on voy-age ou bien la nuit sous des draps frais. S’accrocher, continuer, c’est bon même quand c’est lent.

Littérature + linguistiqueN°7 Le Pourquoi Pas

L'Embellie,de Auður Ava

Par Kristelle Cardeur

Propos recueillis par Lea Gestsdóttir Gayet

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01 La route nationale autour de l'île est

longue de 1332 km

02 Grímsey : l'île à cheval

sur le cercle polaire

03 Dettifoss : Cascade

au débit le plus rapide d'Europe

04

C'est ici qu'on a vu un ours blanc il y a peu

05 Les elfes de Hafnafjörður

06 La Super Fête des Marchands, une

institution, qui se déroule une fois par an

aux Îles Vestmann

07 Dernier bûcher de

sorcière dans le Borgafjörður en 1685

08 Dalvík est le village qui fournit le plus de

chanteurs de l'Eurovision à l'Islande

09 Le premier parlement à

Þingvellir en 930

10 Gljúfrarsteinn : La

maison du prix Nobel de littérature, Laxness.

11 Selfoss : Le plus haut taux de criminalité

d'Islande

12 Le Fjord des Cygnes

13 La plus haute température

jamais mesurée (30,5°)

14 La plus basse température

jamais mesurée (-38°)

15 Smáralind – le centre

commercial à la forme très… phallique !

16 La route du trek

Laugavegur

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Sveitabrúðkaup

L'Équipe du LPP, pacifique dans l'âme, a voulu

consacrer quelques pages à l'amour dans ce monde

de brutes ! Alexandre, un nouveau venu dans

l'équipage, dresse le portrait de quatre couples rencontrés

au 66e degré nord. Vive l'Amour et vive Nous Tous !

L'amour

Par Alexandre Huillet

Le Pourquoi Pas

LILJA

+

SUNNA

N°10

Page 11: Le Pourquoi pas No3

Sandra, Islandaise de 28 ans, a décidé de quitter la mère patrie. Cette institutrice de maternelle était dégoûtée de la situation économique de son pays. Elle satu-rait de devoir choisir chaque mois quelles factures elle allait pouvoir payer et les-quelles elle allait devoir mettre en attente, sur fond de disette d’à-côtés. Elle a eu l’idée de faire une demande pour un master en sport-étude en Norvège. Elle a donc fait sa valise et celle de Guðmundur Óskar, son fils alors âgé de 4 ans, et a mis le cap sur la Norvège. Un an plus tard, une amie lui a présenté Tommy et Sandra file depuis le parfait amour avec ce Norvégien de 33 ans. Ils ont fait une déclara-tion de vie commune pour raisons fiscales mais ne sont pas mariés ; peut-être ce statut correspond-il au Pacs ou à un staðfest samvist. Sandra n’a donc eu aucune difficulté à quitter l’Islande dans le cadre de son couple puisqu’elle en était déjà partie avant le début de son idylle.

Son adaptation à la Norvège a été d’autant plus facile qu’elle y avait déjà vécu en-fant et avait donc déjà un numéro de sécurité sociale, par exemple, ce qui contri-bue à faciliter la vie d’un point de vue administratif. Contrairement à la plupart des Islandais qui reçoivent un statut et des papiers à part, Sandra est comme assimilée. Toutefois, l’Islande et la Norvège font toutes deux partie de l’Espace économique européen et sont culturellement assez proches, il n’y a donc généra-lement pas de réels problèmes. De fait, la mère de Sandra vit en Norvège depuis l’enfance de sa fille et deux frères et une sœur sont également sur place. Sandra est donc comme chez elle en Norvège. Pour elle, connaître préalablement son pays d’accueil lui a bien sûr facilité la tâche. Connaissant déjà les rouages norvégiens et parlant bokmål, ça ne pouvait que bien se passer. Ce qui a posé problème, toutes proportions gardées, a été pour Guðmundur Óskar d’apprendre la langue et d’être éloigné de son père qui est en Islande. Mais en quatre mois, il s’est mis à parler couramment et malgré la distance, il garde une bonne relation avec son père.

Légalement, Sandra pourra demander la nationalité norvégienne au bout de sept années de résidence en Norvège mais elle est assez claire sur la question : elle ne la demandera pas. Par ailleurs, elle peut continuer à exercer son droit de vote en Islande pendant les huit premières années de son expatriation. Ensuite, elle devra renouveler son inscription sur les listes électorales islandaises 5 semaines avant un scrutin pour élire le président de l’Alþingi. Mais en tant qu’expatriée, elle ne pourra plus voter pour les sveitarstjórn (élections locales).X

Voilà deux ans que Lilja (20 ans) et Sunna (25 ans) sont en couple. Ces deux Islan-daises se sont fiancées mais leur union de fait n’est pas encore légalement offi-cialisée. Toutes deux s’estiment chanceuses de vivre dans un pays tolérant et où l’homophobie est marginale. Lilja se définit comme bisexuelle et ressent une double défiance à la fois de la part des hétérosexuels mais également de la part de la communauté homosexuelle qui reproche souvent aux bisexuels de ne pas savoir ce qu’ils veulent.

Si elles aiment leur pays, elles ont tout de même envie de parcourir un peu le vaste monde pour voir autre chose. Elles veulent être attentives aux réactions que leur situation pourrait provoquer et sont donc prudentes dans leurs éventuels choix de destinations pour de simples raisons de sécurité. Elles s’attristent toutes les deux de devoir faire passer à la trappe la Russie ou certains pays d’Afrique, qu’elles adoreraient pourtant découvrir.

Lilja et Sunna étaient déjà amies avant qu’elles ne deviennent un couple. Elles se connaissent donc très bien. À de nombreuses reprises, elles ont abordé la question d’avoir des enfants. En Islande, l’insémination artificielle n’est pas légale pour les couples lesbiens, avant cinq années de mariage. Pour cela, beaucoup de couples vont se faire inséminer au Danemark. Bien sûr, se posent les questions du coût, de trouver du sperme, des injections hormonales, des rendez-vous avec les médecins etc. Et les chances de grossesse ne sont que de 15 %. Mais Lilja déclare qu’elle aime Sunna et que c’est le principal. X

À l’instar du couple d’amants légendaires Jónsi et Alex, universellement connu dans la Cosmo-Islande, Brynjar et Colin forment un couple binational de gar-çons. Brynjar est islandais et a 25 ans ; il vient de terminer un master à l’Uni-versité d’Islande tandis que Colin, un Américain de 26 ans entame sa dernière année de master. Colin s’intéresse à la politique européenne et a choisi de venir étudier à Reykjavik, dans le centre de laquelle il vit. Brynjar, lui, habite un peu en dehors de la capitale, à un quart d’heure de bus ou de voiture. Leur relation est assez récente (environ six mois). Ils sont entrés en contact via un site de ren-contres pour garçons. Contrairement à l’usage en vigueur sur ce type de sites, leur échange a vite pris une orientation élaborée et sérieuse et ils se sont décou-vert des choses en commun : les différences entre l’Islande et les États-Unis, les voyages, la politique, la gastronomie, la télévision etc. Ils se sont rapidement mis à se contacter tous les jours. À ce stade, ils ne s’étaient pas encore rencon-trés, chose qu’ils ont fini par faire. Leur rendez-vous s’est révélé concluant et agréable. Ils se sont alors fréquentés et leur relation s’est intensifiée. Brynjar a présenté Colin à sa famille où il a été bien accepté. Colin a même passé Noël et le Nouvel An dans la famille de Brynjar. Même le chat l’a adopté.

Malgré leur jeune âge et le caractère récent de leur relation, ils ont tous les deux en vue l’idée de l’officialiser. Le choix serait évidemment le mariage, pour tous les avantages pratiques qui y sont afférents. Toutefois, ils n’ont aucune vi-sée religieuse, ni le désir de « célébrer leur amour ». Ils envisagent simplement un événement modeste avec la famille et les amis proches. Colin bénéficie d’un titre de séjour étudiant et n’a donc aucun problème de ce point de vue pour l’instant. Il doit avoir de bons résultats et trouver un emploi après l’obtention de son diplôme pour que son visa soit prolongé. Brynjar estime qu’ils n’ont pas eu à faire face à des problèmes d’ordre culturel. Colin, lui, a remarqué que les Islandais sont beaucoup plus démonstratifs et formels que les Américains dans leurs relations. La conception islandaise de la relation (et européenne plus gé-néralement) veut que la relation se produise spontanément, d’elle-même, sans le date contextualisé américain, que Brynjar trouve même un peu ridicule.

Colin ne parlant pas islandais, c’est le seul obstacle qui s’élève entre les deux garçons. En petit comité, tout le monde fait l’effort de parler un peu anglais avec Colin mais en règle générale, Brynjar finit toujours par devoir faire l’in-terprète ou au moins résumer ce qu’il se dit autour d’eux. De même, Colin n’a pas non plus accès à toutes les références culturelles islandaises (télé, cinéma, jeux etc.) X

SANDRA

+

TOMMYSÆUNN

+ NIKLAS

BRYNJAR + COLIN

Cela fait trois ans que Sæunn et Niklas sont ensemble. Ils se sont rencontrés à un concert de Moses Hightower, à Reykjavik. Suédois, Niklas était venu travailler trois mois en Islande, à Sauðárkrókur, dans le nord. Il faut croire que c’est l’amour qui l’attendait en Islande car il n’en est jamais reparti ! Il s’est trouvé un emploi dans le tourisme avec Sæunn et a pris des cours intensifs d’islandais pendant l’hi-ver. Ils ont rapidement emménagé ensemble, d’abord chez lez parents de Sæunn puis dans un appartement qu’ils ont déniché en centre-ville. Pour acheter leur nid d’amour, ils vivent désormais en tant que sambúð, sorte de déclaration de vie com-mune. Sæunn venait d’entamer une licence lors de leur rencontre et elle s’est donc réjouie de voir Niklas rester en Islande. Il ne lui a jamais demandé de partir en Suède avec lui, d’autant plus qu’il ne cesse de répéter qu’il adore l’Islande. Sæunn est désormais diplômée et elle travaille. De son côté, Niklas suit une formation dans une école de Reykjavik pour devenir officier mécanicien navigant, cursus qu’il terminera l’an prochain.

Sæunn trouve que Niklas s’est parfaitement et très facilement adapté à la culture islandaise. Bien sûr, leurs deux cultures sont assez proches, que ce soit la manière de penser, les habitudes alimentaires etc. L’obstacle le plus évident est d’ordre lin-guistique ; il apporte parfois quelques petites frustrations mais n’a jamais consti-tué un réel problème entre eux. Ils se parlent principalement en anglais mais Niklas parle de mieux en mieux islandais et ils essayent donc de passer progressi-vement à l’islandais. Sæunn ne parle pas encore suédois mais compte s’y mettre.Après avoir effectué quelques visites à la famille de Niklas en Suède depuis trois ans, les tourtereaux envisagent d’aller s’installer un peu en Suède car Sæunn sou-haite elle aussi faire l’expérience de la culture de son compagnon. X

LILJA

+

SUNNA

Liens utiles :www.ambafrance-is.org/Mariagewww.iceland.is/iceland-abroad/ca/francais/tout-sur-lislande/legislation/se-marier-en-islande/www.samtokin78.iswww.gayice.iswww.syslumadur.is/Default.aspx?id=41&cmd=menu

Page 12: Le Pourquoi pas No3

COMMENT S'EST PASSÉ L'ENREGISTREMENT DE TON ALBUM ?Certaines des chansons datent d’il y a deux ou trois ans. J’écri-vais juste comme ça, pour moi. Je n’avais jamais pensé à sortir un album un jour ! Bien sûr je faisais partie de différents groupes mais n’avais pas pensé un seul instant à faire une carrière solo.

Jusqu’au jour où j’ai montré les démos des titres que j’avais com-posés à un ami proche - qui était par la même occasion mon pro-fesseur de guitare quand j’avais six ans et est également mon coach sportif - et ça lui a vrai-ment plu. Il m’a conseillé de contacter un producteur, Guð-mundur Kristinn Jónsson. Je l’ai appelé le soir-même en lui pro-posant de passer le voir avec mes démos. Je suis allé à son studio sans trop savoir pourquoi. J’ai été assez surpris qu’il me rappelle le lendemain pour me proposer que l’on en fasse quelque chose ! On a commencé avec la chanson Sumargestur (Summer Guest). Le fait d’enregistrer ne serait-ce qu’une chanson en studio consti-tuait déjà un succès pour moi.

POURQUOI AS-TU FAIT APPEL À TON PÈRE POUR ÉCRIRE LES PAROLES DE TES CHANSONS ?Au moment de l’enregistrement des premières chansons en stu-dio, il n’y avait aucune parole en islandais car j’écrivais surtout des mots sans véritable sens der-rière. Quand on s’est mis à songer sérieusement à sortir un album, j’ai alors contacté mon père. On a toujours entretenu une relation très particulière. Quand j’avais 11 ans et que je jouais un peu de guitare pour m’amuser autour de ma maison, il était là et m’écou-tait. C’est un poète reconnu qui a déjà écrit des chansons pour mon frère ou d’autres chanteurs en Islande. J’ai toujours été en ad-miration devant son travail et la passion avec laquelle il le faisait. Je savais qu’il ajouterait de la vie aux morceaux que je lui enverrai.

Mon père a écrit les paroles de sept des chansons de l’album. Un ami a écrit le reste (Júlíus Róbertsson). Il a grandi dans une ferme juste à côté de chez moi. De tous, c’était le seul à compo-ser ses chansons lui-même, j’ai toujours été assez admiratif et

ai toujours eu envie de travailler avec lui.

TU REPREND HEART SHAPED BOX DE NIRVANA. QUELLES SONT TES INFLUENCES MUSICALES ?Nirvana représente une des rai-sons qui m’ont poussé à faire de la musique. Quand j’ai commen-cé à faire de la guitare vers six ans, j’étais complètement dingue de ce groupe ! J’ai pas mal été influencé par le grunge même si la violence de cette musique peut paraître loin de ce que je fais dans mon album.

À treize ans, j’ai pour la première fois joué sur une guitare aux cordes en acier. Je me suis mis à la country, avec des références telles que Johnny Cash ou encore les Stanley Brothers. Je me suis ensuite pas mal intéressé aux chanteurs solo comme Damien Rice ou Jeff Buckley. Et, bien sûr, ce qui m’a beaucoup influen-cé reste la musique islandaise avec des groupes comme Sigur Rós - je me souviens avoir passé des semaines entières à n’écou-ter qu’eux-, ou KK, un vieux chanteur de blues et folk. Je n’ai

découvert l’électro que très ré-cemment, notamment à travers James Blake. Je me suis demandé comment je pourrais mélanger ce genre de musique avec ce que je faisais avant. Je pense que ça transparaît assez dans l’album In the Silence.

EN L'ESPACE D'UN AN, TU T'ES RETROUVÉ À FAIRE DES CONCERTS DANS LA PLUPART DES CAPITALES EUROPÉENNES AINSI QU'AUX ÉTATS-UNIS. QUEL EFFET CELA FAIT UN TEL SUCCÈS EN SI PEU DE TEMPS ?C’est parfois assez dur ! Notam-ment lors des interviews, lorsqu’il s’agit de définir ce que l’on est ou bien le type de musique que l’on fait. Mais, la plupart du temps, on s’amuse bien. Je n’ai jamais vraiment été impliqué dans la musique. Je ne connaissais pas vraiment de musiciens avant de déménager à Reykjavik lorsque j’ai eu seize ans, mais à cette époque, je passais surtout mon temps à m’entraîner au javelot.

TU L'AS PRATIQUÉ À UN HAUT NIVEAU PENDANT

DES ANNÉES. IL Y A DES CHOSES QUI TE SEMBLENT SIMILAIRES ENTRE LE SPORT ET LA MUSIQUE ?Je ressens la même nervosité avant de monter sur scène que lorsque je m’apprêtais à me rendre à une compétition ! Il en est de même lorsque les choses se passent mal, que cela soit dans le sport ou sur scène.

QUE REPRÉSENTE L'ISLANDE DANS TA CRÉATION MUSICALE ?J’ai grandi au beau milieu de la nature dans un petit village du nord-ouest de l’Islande (pas loin de Laugarbakki) et ai passé beau-coup de temps à l’extérieur. Je me suis toujours senti très proche d’elle. Je ne suis jamais plus apai-sé que lorsque je suis dans mon village natal. C’est ce à quoi je pense pour me rassurer dès que ça ne va pas et que je suis loin. J’ai du mal à décrire cette influence mais l’Islande a évidemment une influence considérable sur ce que je fais et ce que je suis.

In the Silence, One Little Indian - Because music.

MusiqueN°12 Le Pourquoi Pas

LE CHANTEUR ISLANDAIS ÁSGEIR A SORTI SON PREMIER ALBUM, IN THE SILENCE, AU PRINTEMPS DERNIER, ALORS QU'IL ENTRE À PEINE DANS SA VINGT-DEUXIÈME ANNÉE. ENTRE UN PASSAGE SUR LE PLATEAU DE L'ÉMISSION C À VOUS ET LE FESTIVAL PARISIEN WE LOVE GREEN, LE LPP A RENCONTRÉ CELUI DONT LE PRÉNOM SIGNIFIE NI PLUS NI MOINS << L'ARME DE DIEU >>.

Ásgeir: << Nirvana est une des raisons qui m'a mené

à la musique >>Par Virginie Le Borgne

Page 13: Le Pourquoi pas No3

Se retrouver face à Samaris s’avère désarmant. Le trio tout droit venu de Reykjavik et dont la moyenne d’âge se situe autour de 20 ans oscille en permanence entre légèreté du paraître et gravité de l’être. Jófríður Áka-dóttir, au chant, et Áslaug Rún Magnúsdóttir à la clarinette, pour la partie féminine de la formation, ainsi que Þórður Kári Steinþórsson aux arrange-ments électroniques, ont sorti ce printemps Silkidrangar (litté-ralement « Roche de soie »). La sortie du second opus de ce trio formé en 2011 s’est faite chez le remarquable One Little Indian, label anglais de leur aînée Björk.

Sur cet album comme sur leur précédent, Samaris, les paroles des chansons sont des poèmes du

XIXe siècle, prenant notamment leurs racines dans des textes de Steingrímur Thorsteinsson. Des mots datés que le groupe recon-naît avoir « parfois eu du mal à comprendre au début » mais qui cristallisent des thèmes chers au trio comme « les phénomènes naturels, les rêves, les luttes per-sonnelles internes ».

APESANTEURLes trois Islandais ont fondé le groupe un mois de janvier, « car tout est gris et ennuyeux en cette période de l’année », se sou-vient Áslaug Brún. Simplement, « comme une sorte de farce et parce qu’on souhaitait porter des costumes et danser », poursuit Jófríður. Si les influences musi-cales sont disparates au sein de la formation, d’Arthur Russel

pour Jófríður à Lauryn Hill pour Áslaug en passant par Legowelt chez Þórður, tous ont eu en com-mun à un moment une « envie de nouveauté et de fraîcheur ».

Trois ans plus tard et quelques prix nationaux en poche, dont le Músíktilraunir et le Kraumur Awards, Samaris insuffle désor-mais dans de nombreuses salles d’Europe son élégante électro brumeuse enveloppée dans une voix vaporeuse toute en retenue, murmurant des mots d’antan. Une musique sombre et capti-vante qui n’est pas sans rappeler le trip-hop emmené par Por-tishead dans les années 90, l’ape-santeur en plus.

Silkidrangar, One Little Indian.

Habituellement, pour m’appro-cher de la bouillonnante scène musicale islandaise je parcoure 2225 km en avion. Cette fois-ci, à l’occasion de la 6e édition du festi-val Air d’Islande, j’ai décidé que la scène islandaise viendrait se poser sur mes canapés en organisant, dans mon humble demeure, un French Breakfast.

Pour illustrer au mieux l’hospita-lité française nous n’avons omis aucun détail et avons mis les petits plats dans les grands.

Au côté des classiques baguettes parisiennes, confitures, viennoi-series, boissons chaudes et jus de fruits, nous avons aussi proposé

à nos hôtes des crêpes maison et, pour la touche salée, un bœuf carottes goûtu accompagné de bonnes bouteilles de Côtes du Rhône. En fond sonore, une play-list 100 % French savamment concoctée nous a subtilement enchanté les tympans : Serge G., Charlotte G., Françoise H., Indo-chine, Martin S., Étienne D. … pour se surprendre à fredonner.

Mais revenons à nos hôtes (mes canapés n’en croient toujours pas leurs coussins !). Étaient présents : Berndsen, Hermigervill, Tonik, Oyama et Samaris, arrivant direc-tement de Roissy CDG pour l’oc-casion et surtout pour leur concert parisien du soir, sans oublier

l’équipe d’Air d’Islande et celle du journal le LPP. À partir de midi mon entrée s’est inexorablement emplie de paires de chaussures, ma cuisine s’est transformée en ruche affairée et mon séjour a pris des allures de soirée entre potes.

Si je devais retenir deux adjectifs pour traduire l’ambiance de cet après-midi je dirais : simplicité et gentillesse.

Ce French Breakfast restera un excellent souvenir pour tous les convives islandais et français et une initiative indispensable aux relations franco-islandaises !

Collectif Iceland Islande

Samaris, le passé suspendu

Par Virginie Le Borgne

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GÓÐA TUNGL (ONE LITTLE INDIAN)SAMARIS.IS

LE GROUPE ISLANDAIS SAMARIS VIENT DE SORTIR SON DEUXIÈME ALBUM, SILKIDRANGAR. LE LPP A RENCONTRÉ CETTE (TRÈS) JEUNE FORMATION QUI RÉPAND PEU À PEU SUR LE MONDE SON ÉLECTRO SOMBRE ET ATMOSPHÉRIQUE, LORS DE LEUR PASSAGE À PARIS DANS LE CADRE DU FESTIVAL AIR D'ISLANDE.

Par Corinne Leleu

MusiqueN°13 Le Pourquoi Pas

French Breakfast in Paris

Page 14: Le Pourquoi pas No3

Il y eu en tout quatre Pour-quoi-Pas ?. Récemment on a donné ce nom aux océano-graphes de l ’IFREMER et du SHOM en hommage à l ’épopée du Commandant Charcot et de son équipage. Le Commandant Charcot est né à Neuilly-sur-Seine le 15 juillet 1867 et il est mort en mer le 16 septembre 1936, à 30 milles au nord-ouest de Reykjavik. Tout comme les Islandais, Jean-Baptiste Char-cot avait plusieurs cordes à son arc : il était médecin, explora-teur des zones polaires et acces-soirement champion de France de rugby. Adolescent, il a effec-tué de nombreux voyages avec son père, notamment vers les îles Britanniques et le Grand Nord. Étant passé par l ’Es-pagne et le Maroc, on raconte qu’il garda une « phobie des pays trop chauds », ce qui plaît aux rédacteurs du LPP, fer-vents adeptes de l ’air frais et pur, même froid en plein mois d’août ! En juillet 1915, il ob-tient le commandement d’un navire spécialement conçu par les Britanniques pour chas-ser les sous-marins durant la guerre (qu’il dirigea avec suc-cès) et en 1934, il installe au Groenland une mission eth-nographique dirigée par Paul-Emile Victor, qui vit au milieu d’une population d’Eskimos. Tout au long de sa vie, le Com-mandant Charcot aura étu-dié des centaines de fossiles et

d’échantillons en tous genres, décrit la faune et la flore des contrées du Grand Nord, et ap-porté un savoir considérable à la connaissance de l ’Arctique. Appeler notre journal Le Pour-quoi Pas est un moyen pour notre équipage de rendre hom-mage aux marins de notre fa-mille et du monde entier ainsi que l’occasion de faire revivre ce nom en Islande, pays que de nombreux voyageurs viennent découvrir aujourd’hui sur les traces du Commandant Charcot.

Le LPP s’est rendu chez la pe-tite-fille du Commandant Charcot. Nous avons eu l’hon-neur de visiter la maison du Commandant lors d’un bel après-midi de printemps. Nous avions une guide de choix avec nous et avons pu décou-vrir un nombre incroyable de curiosités d’un temps passé, si proche et si lointain à la fois. Le moment le plus émouvant de notre visite fut la décou-verte du bureau privé du Com-mandant, laissé en l’état du jour de son départ, comme le prouve le calendrier posé sur la table. L’équipage était composé d’hommes exceptionnels et dé-voués. Le 16 septembre 1936 les Islandais assistent impuissants au naufrage du bateau. L’évé-nement reste un traumatisme pour ce peuple de la mer, pour qui chaque homme abandonné à l ’océan est un frère.

HistoireN°14 Le Pourquoi Pas

CharcotPar Lea Gestsdóttir Gayet

COMME ANNONCÉ DANS L'ÉDITO, L'ÉQUIPE DU LPP A VOULU SE PENCHER SUR SES ORIGINES POUR CE TROISIÈME NUMÉRO. LE NOM DU JOURNAL, LE POURQUOI PAS, EST EN FAIT LE NOM D'UN NAVIRE (OU D'UN << VOILIER POLAIRE >>).

Page 15: Le Pourquoi pas No3

ASSOCIATION FRANCE-ISLANDE

L’ASSOCIATION EST PRÉSENTE SUR INTERNET AU TRAVERS DE : . Son site www.france-islande.com. Son forum www.france-islande.com/forum. Sa page Facebook www.facebook.com/Association.France.Islande

L’association publie aussi une revue trimestrielle de 24 pages réservée à ses adhérents. Ces derniers sont tenus au courant des différents évènements concernant l’Islande en France par l’intermédiaire d’une lettre d’information envoyée par courriel.

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L’Islande est un pays envoûtant dont on ne revient jamais complètement indemne, vous vous en rendrez vite compte. Une fois rentrés chez vous l’Islande vous manquera. Pour prolonger le rêve rejoignez l’association France-Islande. Partagez-y votre expérience et vos connaissances, apprenez des autres, aidez à faire connaître l’Islande au sein du monde francophone.

LE NAUFRAGE DU POURQUOI-PAS ?

En septembre 1936, de retour du Groenland où il est allé livrer du matériel scientifique à la mission de Paul-Émile Victor qui vient alors de traverser l'inlandsis en 50 jours, et après avoir rempli une mission de sondage, le Pourquoi-Pas ? IV fait une escale à Reykjavik le 3 septembre pour réparer la chaudière du bateau. Ils repartent le 15 septembre pour Saint-Malo, mais le 16 septembre vers 5h30, le bateau est pris dans une violente tempête cyclonique et coule corps et biens sur les récifs d’Álftanes. Le bilan est de 23 morts, 17 disparus et un seul survivant : le maître timonier Eugène Gonidec, originaire de Douarnenez et surnommé Pingouin. Il racontera que le Commandant Charcot, comprenant la destruction inévitable du Pourquoi-Pas ? IV sur les récifs, libéra de sa cage une mouette (Rita) qui était la mascotte du bord. Le docteur Charcot avec à ses côtés le Commandant, officier des équipages de 1re classe Le Conniat et Floury, le maître principal pilote de la flotte, restèrent à bord et coulèrent avec le navire, selon les plus pures traditions de la marine. Jean-Baptiste Charcot, mort en mer, mais dont le corps est retrouvé, est enterré à Paris au cimetière de Montmartre le 12 octobre 1936 après des funérailles nationales qui se déroulèrent à la cathédrale Notre-Dame de Paris. (Wikipédia)

Offre spéciale pour toute nouvelle adhésion : citez le magazine « Le Pourquoi Pas » sur le bulletin d’adhésion et vous bénéficierez de l’envoi de 2 anciennes revues du « Courrier d’Islande ». De plus, sachez qu’en adhérant maintenant vous recevrez non seulement la dernière revue de l’année 2014 (celle d’octobre) mais serez aussi adhérent pour toute l’année 2015.

Page 16: Le Pourquoi pas No3

Sá sem ekki lifir í skáldskap lifir ekki af hér á jörðinni.

Halldór

Kiljan

Laxness

Jón Prímus

Kristnihaldi

undir

jökli