Le potentiel de développement de la méthanisation …...mais également à Wallis et Futuna durant...
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Le potentiel de développement de la
méthanisation en Nouvelle-Calédonie et
à Wallis et Futuna
Réalisé par
ANDREADAKIS Alexia
Année 2018-2019
2
Synthèse
La méthanisation en Nouvelle-Calédonie est très peu développée. L’objectif de ce rapport est
donc d’apporter des éléments explicatifs permettant d’identifier, dans un premier temps, les
freins relatifs au développement de cette filière puis, dans un second temps, d’exposer, à partir
du diagnostic établi, les pistes de développement de cette filière sur le territoire de la Nouvelle-
Calédonie et de Wallis et Futuna.
Ce rapport a pour vocation d’identifier les différents freins et leviers au développement de la
filière de la méthanisation sur les territoires de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna afin
d’évaluer qualitativement le potentiel de développement de cette filière et, si potentiel il y a,
d’identifier les axes de développement qui sembleraient pertinents de développer.
3
Liste des abréviations et sigles
ACE : Agence Calédonienne de l’Energie
ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
AMO : Assistance à Maîtrise d’Ouvrage
CCIMA : Chambre de Commerce de l’Industrie et des Métiers de l’Artisanat
CCT : Contrat de Convergence et de Transformation
CET : Centre d’Enfouissement Technique
CIVE : Cultures Intermédiaires à Visée Energétique
CPS : Communauté du Pacifique
CSP : Calédonienne des Services Publics
DBO : Demande Biochimique en Oxygène
DCO : Demande Chimique en Oxygène
DDR : Direction du Développement Rural
DENV : Direction de l’Environnement
DIMENC : Direction de l’Industrie des Mines et de l’Energie
DSA : Direction du Service de l’Agriculture
FED : Fond Européen de Développement
FEI : Fond Européen d’Investissement
GES : Gaz à Effet de Serre
GMS : Grandes et Moyennes Surfaces
ICPE : Installations Classées pour la Protection de l’Environnement
ISDND : Installation de Stockage de Déchets non Dangereux
NC : Nouvelle-Calédonie
4
OMI : Organisation Maritime Internationale
PIL : Province des îles Loyauté
PN : Province Nord
PPE : Programmation Pluriannuelle de l’Energie
PPI : Programmation Pluriannuelle des Investissements
PROTEGE : Projet Régional Océanien des Territoires pour la Gestion durable des
Ecosystèmes
PS : Province Sud
REOM : Redevance d’Enlèvement des Ordures Ménagères
REP : Responsabilité Elargie des Producteurs
SIVAP : Service d’Inspection Vétérinaire, Alimentaire et Phytosanitaire
SRADDET : Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable et d’Egalité des
Territoires
SRCAE : Schéma Régional Climat Air Energie
STE : Service Technique de l’Environnement
STENC : Schéma pour la Transition Energétique de Nouvelle-Calédonie
TAP : Taxe de soutien aux Actions de lutte contre les Pollutions
TGAP : Taxe Générale sur les Activités Polluantes
ZEE : Zone Economique Exclusive
5
Table des illustrations
Figure 1 : Le potentiel méthanogène d'une sélection de déchets fermentescibles. Source : Cirad.
.................................................................................................................................................. 12
Figure 2 : Carte des unités de méthanisation et de biogaz 2019. Source : SINOE ................. 16
Figure 3 : Rubrique 2781 de la nomenclature ICPE relative aux installations de méthanisation
en France métropolitaine. ......................................................................................................... 20
Figure 4 : La rubrique 2910 de la nomenclature ICPE. ........................................................... 21
Figure 5 : Déchets à collecter pour le projet de méthanisation de Nouville. .......................... 30
Figure 6 : Besoin en froid de la zone de Nouville. .................................................................. 31
Figure 7 : Ferme de Taleka et future porcherie avec dans le fond le lieu de la future fosse à
lisiers. ....................................................................................................................................... 58
Figure 8 : Installation de l’élevage de Patita Hanisi et lieu potentiel de la prochaine fosse à
lisiers. ....................................................................................................................................... 58
Figure 9 : Installation sur caillebotis du lycée agricole Vaimoana Lavegahau et fosse à lisier.
.................................................................................................................................................. 59
Figure 10 : Elevage de Cathy et fosse permettant la récupération des fientes de volailles. .... 60
Figure 11 : Localisation du site pilote de méthanisation au CET de Wallis à Vailepo. .......... 62
Figure 12 : Table ronde lors de la restitution en Province Sud. .............................................. 88
Figure 13 : Ateliers lors de la restitution en Province Sud. ..................................................... 88
Figure 14 : Ateliers lors de la restitution en Province Sud...................................................... 89
Figure 15 : Ateliers lors de la restitution en Province Sud. ..................................................... 89
Figure 16 : Les objectifs initiaux de développement des filières renouvelables pour la Grande
terre. .......................................................................................................................................... 92
Figure 17 : Les objectifs de développement des filières renouvelables pour les îles Loyauté.
.................................................................................................................................................. 93
Figure 18 : Rubrique 2781 de la nomenclature relative aux installations de méthanisation de la
Province Sud. ........................................................................................................................... 98
Figure 19 : Rubrique 2781 de la nomenclature relative aux installations de méthanisation de la
Province Nord. ......................................................................................................................... 98
6
Table des matières
Synthèse ..................................................................................................................................... 2
Liste des abréviations et sigles ................................................................................................. 3
Table des illustrations .............................................................................................................. 5
Introduction .............................................................................................................................. 9
I. La mission de mon stage ............................................................................................... 9
II. Méthode .......................................................................................................................... 9
III. Les différents axes ....................................................................................................... 10
Partie 1 : La méthanisation, une filière durable répondant à des objectifs de la transition
écologique ................................................................................................................................ 11
I. Quelques éléments de définition ................................................................................. 11
1. Qu’est-ce que la méthanisation ? ............................................................................... 11
2. Quels déchets sont méthanogènes ? ........................................................................... 11
3. Quels sont les différents types de process ? .............................................................. 12
4. Quels sont les types de valorisation ? ........................................................................ 15
II. La méthanisation en France métropolitaine, une filière promue ........................... 16
1. Un potentiel de développement affiché ..................................................................... 16
2. Un cadre de développement spécifique ..................................................................... 16
3. Et dans les DOM… .................................................................................................... 24
Partie 2 : Le potentiel de développement de la méthanisation en Nouvelle-Calédonie ... 25
I. Pourquoi s’intéresser au développement de la méthanisation en Nouvelle-
Calédonie ? .......................................................................................................................... 25
1. La Nouvelle-Calédonie, un territoire en transition .................................................... 25
2. Etat des lieux sur le développement des énergies renouvelables et sur la valorisation
des déchets organiques ...................................................................................................... 26
II. Diagnostic : une filière restant cantonnée aux études et un cadre de développement
émergent .............................................................................................................................. 29
7
1. La méthanisation en Nouvelle-Calédonie : état des lieux des études et des projets
identifiés ............................................................................................................................ 29
2. Synthèse de l’état des lieux : freins et leviers correspondants................................... 37
III. Quelles perspectives de développement ? .................................................................. 42
1. Construire un ou des projets pilote ............................................................................ 42
2. Construire un cadre de développement adapté à l’émergence des filières durables.. 46
Partie 3 : Le potentiel de développement de la méthanisation à Wallis et Futuna .......... 52
I. Wallis et Futuna, un territoire intéressé pour développer la méthanisation ......... 52
II. Diagnostic ..................................................................................................................... 52
1. La méthanisation, une option viable face aux problématiques du territoire et à ses
besoins ............................................................................................................................... 52
La méthanisation peut être réalisée à partir de la matière fermentescible. Or, les gisements
à potentiel méthanogène présents sur Wallis et Futuna sont nombreux. .......................... 52
2. Quelques freins identifiés .......................................................................................... 55
3. Des leviers à mobiliser .............................................................................................. 55
III. Comment structurer la filière de la méthanisation sur le territoire ? .................... 57
1. La mise en place d’un site pilote ............................................................................... 57
❶ IDENTIFICATION DU GISEMENT ......................................................................... 57
❷ ETUDE DE LA NATURE DU GISEMENT .............................................................. 60
❸ CHOIX DU BIODIGESTEUR ................................................................................... 61
❹ CHOIX DE LA LOCALISATION DU BIODIGESTEUR ........................................ 62
❺ IMPLANTATION, COLLECTE ET MISE EN FONCTIONNEMENT ................... 62
❻ REDISTRIBUTION LES PRODUITS ISSUS DE LA METHANISATION AUX
ELEVEURS ...................................................................................................................... 63
❼ MISE EN PLACE ET ANIMATION D’UN POLE R&D .......................................... 63
❽ LA MISE EN PLACE D’UN COMITE DE PILOTAGE ........................................... 64
8
2. Objectifs de l’unité pilote et perspectives de développement de la filière méthanisation
65
IV. Les suites à donner à ce travail .................................................................................. 67
Bibliographie ........................................................................................................................... 69
Annexes ................................................................................................................................... 77
9
Introduction
I. La mission de mon stage
Le travail ici présent a été réalisé sur une période de six mois d’avril 2019 à septembre 2019 au
sein de l’ADEME Nouvelle-Calédonie1 et porte sur la méthanisation au sein de ce territoire et
de celui de Wallis et Futuna.
L’ADEME Nouvelle-Calédonie traitant, à la fois, les thématiques liées à l’énergie2 et aux
déchets3, le sujet de la méthanisation, une filière à l’interface entre deux thématiques centrales
de la transition écologique est apparue comme opportune à approfondir, d’autant plus que sur
ces deux territoires du Pacifique cette filière n’est, à ce jour, pas ou peu développée.
Au travers de ce stage, l’objectif est ainsi de réaliser une synthèse des travaux produits4 sur le
sujet de la méthanisation, d’identifier les principaux freins inhérents au développement de cette
filière puis enfin de qualifier son potentiel de développement en Nouvelle-Calédonie et à Wallis
et Futuna.
II. Méthode
L’analyse réalisée est qualitative et repose principalement sur les rencontres effectuées lors de
ce stage. Plus de 55 entretiens ont été réalisés auprès d’acteurs institutionnelles et administratifs,
d’entreprises et d’associations. La liste de l’ensemble de ces acteurs ainsi que leurs contacts est
disponible à l’annexe n°1.
Plusieurs visites sur le terrain ont également été réalisées en Province Sud, en Province Nord
mais également à Wallis et Futuna durant une mission d’une semaine du 08 au 13 août5. Deux
restitutions ont été réalisées6 une en Province Sud à Nouméa et une en Province Nord à Koné.
Enfin, la production de ce rapport mais également du rapport juridique analysant l’impact du
1 Site internet. Page Facebook. Synthèse du rapport d’activité. 2 Référent Clément Derouineau : [email protected] 3 Référente Elise Tilly : [email protected] 4 Jusqu’à aujourd’hui et à venir. 5 Planning des visites en annexe 2. 6 Fiche d’émargement de la restitution de la Province Sud et photos de l’évènement en annexe 4 et fiche d’émargement de la restitution en Province Nord en annexe 3.
10
cadre juridique de la Nouvelle Calédonie sur le développement d’une filière touchant les
notions de transition énergétique et d’économie circulaire7 a permis de conclure cette mission.
III. Les différents axes
Ce rapport se découpe en trois parties. La première se focalise sur la définition du sujet de
l’étude et l’intérêt de traiter ce sujet sur les territoires de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et
Futuna. La deuxième traite du potentiel de développement de la méthanisation en Nouvelle-
Calédonie et la troisième du potentiel de développement de la méthanisation à Wallis et Futuna.
Dans ce rapport, plusieurs liens renvoyant à de la documentation relative à la méthanisation et
plusieurs contacts seront relevés afin que ce travail permette de faciliter la démarche de tout
acteur désirant s’informer sur ce sujet en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna. Les
références de l’ensemble de la documentation sur le sujet de la méthanisation (guide ADEME,
retours d’expériences, études réalisées sur le territoire) sont listées dans la bibliographie.
7 Rapport disponible sur le site de l’ADEME Nouvelle-Calédonie et résumé en annexe 5.
11
Partie 1 : La méthanisation, une filière durable répondant à des objectifs de la transition
écologique
I. Quelques éléments de définition
1. Qu’est-ce que la méthanisation ?
La méthanisation est un processus de dégradation biologique naturelle de la matière organique
en absence d’oxygène8 par des bactéries méthanogènes produisant, à la fois, du biogaz9 et du
digestat10. La structure dans laquelle se produit la méthanisation est un biodigesteur. La
méthanisation est donc, à la fois, une méthode de valorisation des déchets organiques mais
également un mode de production d’énergie renouvelable : la biomasse énergie11. Cette filière
présente plusieurs intérêts au-delà de la double valorisation énergie matière.
2. Quels déchets sont méthanogènes ?
Un large panel de déchets est méthanogène. Parmi ces derniers, on trouve l’ensemble des
déchets fermentescibles c’est-à-dire les déchets organiques facilement biodégradables avec :
- Les déchets urbains et collectivités avec la fraction organique fermentescible des
déchets ménagers12, les déchets verts hors ligneux, les boues de stations d’épuration, les
déchets de cantines et de restaurants et les déchets des grandes et moyennes surfaces
(GMS).
- Les déchets des industries et agro industries avec les effluents de ces industriels et
les déchets organiques liés à la production.
- Les déchets agricoles avec l’ensemble des déjections animales et les déchets de culture.
8 Contrairement au compostage qui est une réaction en présence d’oxygène. 9 Le biogaz est constitué d’environ 50 à 70% de méthane (CH4), de 20 à 50 % de gaz carbonique (CO2) et de quelques gaz traces (NH3, N2 ou H2S). 10 Le digestat est le restant de matière organique digérée par les bactéries méthanogène. C’est un produit riche en matière organique stabilisée. 11 ADEME. La méthanisation [en ligne]. Août 2018 [consulté le 09/04/2019]. https://www.ademe.fr/expertises/dechets/passer-a-laction/valorisation-organique/methanisation 12 Ce traitement des déchets ménagers organiques par la méthanisation doit être réalisé en complémentarité avec d’autres types de traitement de déchets. Les procédés utilisés dépendent du type de déchets, du taux de Mo et de l’humidité des déchets. Selon les cas, les procédés sont ainsi distincts.
12
Le potentiel méthanogène fluctue en fonction des caractéristiques de chacun. Le tableau ci-
dessous reprend le potentiel méthanogène des principaux éléments.
Figure 1 : Le potentiel méthanogène d'une sélection de déchets fermentescibles. Source : Cirad.
Un tableur Excel13 de l’ADEME permettant le dimensionnement des installations de
méthanisation est également disponible et permet d’estimer le potentiel méthanogène des
différentes matières entrantes.
3. Quels sont les différents types de process ?
a) Différents procédés selon la nature des matières entrantes
- Voie solide/liquide
Il existe différents procédés de méthanisation selon la teneur en matière sèche du gisement. La
voie liquide est ainsi adaptée aux matières entrantes ayant moins de 15% de matière sèche dans
le digesteur. La voie solide, est, elle, adaptée à des gisements constitués de 15 à 40% de matière
sèche.
13 Tableau excel disponible sur demande à l’ADEME Nouvelle-Calédonie.
13
- Procédés continus/discontinus/semi continus
Les procédés continus correspondent à un procédé dans lequel l’alimentation et la vidange se
font en permanence avec une quantité entrante de matière équivalente à celle sortante. Ce type
de procédé est généralement plus approprié au traitement des déchets liquides. Ce sont les plus
fréquents car ce sont également les moins exigeants en maintenance.
Les procédés discontinus correspondent à des biodigesteurs qui sont remplis puis vidés
séquentiellement lorsque la production de biogaz chute.
Enfin, les procédés semi-continus correspondent à des digesteurs qui sont remplis par des
charges successives. La vidange est réalisée lorsque le volume est atteint et que la production
de biogaz est insuffisante.
- Procédés mésophile/thermophile
La fermentation anaérobie ne dégage pas de chaleur contrairement au compostage mais pour
un développement maximal des bactéries un maintien de la température à minima à 38 °C est
privilégié. Le procédé de méthanisation mésophile consiste à réaliser la méthanisation à une
température voisine de 35 à 40°C alors que les procédés thermophiles s’opèrent à 55°C
permettant d’accélérer la croissance de la flore microbiologique. Ce procédé thermophile
améliore la fluidité des lipides et permet une hygiénisation plus poussée des germes pathogènes.
- Procédés d’hygiénisation
La digestion anaérobie est un procédé globalement connu comme hygiénisant d’un point de vue
des germes pathogènes et d’autant plus pour le procédé thermophile. Cependant, selon leur
nature, les matières organiques doivent subir un traitement préalable avant son entrée dans le
digesteur (pasteurisation ou hygiénisation). C’est par exemple le cas pour certains sous-produits
animaux. Un guide ADEME détaille les procédés de méthanisation pour cette catégorie
spécifique des sous-produits d’animaux14.
14 ADEME. Guide d’accession à l’agrément sanitaire pour le traitement de sous-produits animaux carnés [en ligne]. Mai 2018 [consulté le 12/08/2019]. p.21. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-agrement-sanitaire-compostage-201805-rapport.pdf
14
b) Différentes unités selon la taille du gisement
La méthanisation regroupe différents processus selon la taille du gisement ainsi que le type de
procédé choisi. La méthanisation est souvent envisagée comme un processus pouvant être
réalisé seulement à grande échelle sur des gros gisements. Cependant, l’offre du marché
disponible est aujourd’hui très large et permet de traiter des volumes de déchets organiques très
variés.
On distingue, ainsi, selon la taille du gisement15, la microméthanisation, de la petite
méthanisation, à la méthanisation industrielle.
- La microméthanisation
La microméthanisation englobe des micro biodigesteurs pouvant traiter 2kg de matières
entrantes uniquement. La méthanisation devient ainsi une méthode de valorisation du
biodéchets individuelle.
Les types de biodéchets varient selon les fournisseurs. Généralement, ces micro biodigesteurs
peuvent accueillir des déchets type déchets ménagers, déchets verts, effluents d’élevage.
Les principaux fournisseurs que nous avons pu relever sont :
- Bioeco : https://bio-e-co.fr/ � Un spécialiste de la biomasse énergie dans les pays du
sud et particulièrement de la micro méthanisation. Ce bureau d’étude est en lien avec
Bioeko16, un bureau d’étude implanté en Nouvelle-Calédonie.
- Homebiogas : https://www.homebiogas.com/ � Un fabricant et fournisseur de petit
biodigesteur destiné aux ménages.
- Atenea environnement : https://www.groupeatenea.com � Un fournisseur européen
de Homebiogas.
- Puxin : en.puxintech.com/domesticbiogasplant � Un fournisseur spécialisé dans la
microméthanisation de déchets ménagers et de déchets agricoles.
15 Il n’y a pas de seuils stricts délimitant les différents types de méthanisation seulement des ordres de grandeur qui font davantage référence à la puissance produite (inférieure à 20 kW pour les installations de microméthanisation, comprise entre 20 kW et 100 kW pout la petite méthanisation, et supérieure à 100 kW pour la méthanisation industrielle. Ces seuils sont indicatifs et varient selon l’appréciation des acteurs. 16 Contact bioeko à retrouver en annexe 1.
15
- La petite méthanisation
La petite méthanisation est généralement associée à la méthanisation agricole. De nombreux
retours d’expériences17 en France sont disponibles ainsi que de nombreux guides18.La petite
méthanisation a connu une large expansion en France métropole.
- La méthanisation industrielle
La méthanisation industrielle traite des gros volumes de matière entrante et regroupe souvent
plusieurs flux. Elle est particulièrement adaptée aux agro industries, aux stations d’épuration et
aux grandes structures agricoles et donc à un gisement à traiter important et concentré dans un
même lieu.
4. Quels sont les types de valorisation ?
La méthanisation conduit à la production de deux produits :
- le biogaz
- le digestat
Le biogaz peut être valorisé de 6 manières différentes avec19 :
- Une production d’énergie thermique : chaleur ou refroidissement (efficacité
énergétique intéressante)
- Une production d’électricité (efficacité énergétique plus faible atteignant seulement
37%)
- Une production combinée d’électricité et de chaleur ou cogénération (efficacité
énergétique allant jusqu’à 70-80%)
- Carburant véhicule (Gaz Naturel pour Véhicule)
- Une utilisation directe du biogaz dans des équipements ménagers industriels ou en
l’injectant dans le réseau de gaz20
17 ADEME. Suivi technique, économique, environnemental et social de sept installations innovantes de petite méthanisation à la ferme [en ligne]. Novembre 2016 [consulté le 18/04/2019]. 25p. 18 ADEME. Réaliser une unité de méthanisation à la ferme [en ligne]. 2019 [consulté le 10/08/2019]. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/realiser_unite_methanisation_alaferme_010619.pdf 19 ADEME. La méthanisation en 10 questions [en ligne]. Mai 2018 [consulté le 18/04/2019]. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-methanisation-en-10-questions.pdf 20 Si réseau de gaz il y a, ce qui n’est pas le cas de la Nouvelle-Calédonie
16
II. La méthanisation en France métropolitaine, une filière promue
1. Un potentiel de développement affiché
La méthanisation est une filière de valorisation énergétique des déchets fermentescibles et a été
particulièrement promue en France métropolitaine pour enclencher la transition écologique. On
compte, en effet, aujourd’hui, en France métropolitaine près de 600 installations de
méthanisation majoritairement agricoles21.
Figure 2 : Carte des unités de méthanisation et de biogaz 2019. Source : SINOE
Cette filière durable à l’interface entre la thématique énergie et la thématique déchet répond à
la fois aux objectifs de transition énergétique et d’économie circulaire.
De plus, cette filière présente un réel potentiel de développement. En effet, le gisement
mobilisable à 2030 a été évalué à 130 millions de tonnes de matière brute soit 56 GWh
d’énergie primaire en production de biogaz.
2. Un cadre de développement spécifique
a) Une planification visant le développement de la méthanisation
21 SINOE. Carte des unités de méthanisation et de biogaz [en ligne]. 2019 [consulté le 02/09/2019]. https://carto.sinoe.org/carto/methanisation/flash/
17
La méthanisation a été intégrée dans diverses planifications générales ou spécifiques à la
méthanisation sur des échelles nationales ou territoriales.
Par planification générale on entend les planifications portant des objectifs plus larges que le
seul développement de la méthanisation comme l’atténuation au changement climatique ou la
transition énergétique. Par exemple, la PPE ou Programmation Pluriannuelle de l’Energie22
s’étalant de 2019 à 2023 a fixé autant des objectifs de production d’électricité renouvelable
à partir du biogaz à 300MW pour fin 2023, que des objectifs de production de la chaleur
renouvelable 23. On peut également citer l’ensemble des SRADDET ou Schémas Régionaux
de l’Aménagement et du Développement Durable des territoires où l’on retrouve souvent une
promotion de cette filière.
A cela s’ajoute l’ensemble des planifications spécifiques liées au développement de la
méthanisation à l’échelle nationale avec le plan Energie Méthanisation Autonomie Azote qui
est né en 2013 et dont l’objectif d’ici 2020 de développer 1 000 méthaniseurs à la ferme. A
l’échelle régionale, des plans méthanisation comme dans la région de Normandie ont été
réalisés pour promouvoir spécifiquement le développement de cette filière.
b) Des dispositifs d’accompagnement et de soutien permettant le développement de la
méthanisation
De nombreux dispositifs financiers ont été mis en place avec notamment des prix de revente
d’électricité avantageux24, de nombreux appels à projets25, un renforcement du fonds déchets
et du fonds chaleur de l’ADEME, l’obligation d’achat d’électricité produite par cogénération26,
l’obligation d’achat du biométhane injecté dans le réseau de gaz27 ou encore le soutien à la
R&D et à l’innovation. Au-delà de ces dispositifs financiers, des dispositifs d’accompagnement
sont également présents avec le Comité National Biogaz réunissant l’ensemble des acteurs
impliqués dans le développement de la filière biogaz.
22 Ministère de la transition écologique et solidaire. Programmation Pluriannuelle de l’Energie [en ligne]. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/PPE%20intégralité.pdf 23 Moyens mis en place : Renforcer le fond chaleur, rendre obligatoire un taux minimum de chaleur renouvelable. 24 Arrêté tarifaire BG16 du 14 décembre 2016 dans le Journal officiel de la République française : https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000033585226 25 Sur la période de 2014 à 2017, un appel à projets a été lancé par le ministre en vue de développer 1500 installations de méthanisation. 26 Arrêté du 19 mai 2011. 27 Arrêté du 23 novembre 2011 fixant les conditions d’achat du biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel.
18
c) Un cadre réglementaire sécurisant le développement de la filière
La méthanisation est donc, à la fois, une solution de traitement des déchets organiques et un
procédé de production d’énergie renouvelable. Particulièrement transversale, cette filière de
développement durable chevauche différents domaines et donc par conséquent touche
différents domaines du droit avec la législation énergie, déchets, ICPE etc. Les codes
intervenant sur le domaine de la méthanisation concernent donc, à la fois, les matières entrantes,
l’installation en elle-même et les produits sortants.
- Un cadre réglementaire encadrant la filière de la méthanisation
**La réglementation applicable sur les produits entrants
Les réglementations relatives aux matières entrantes sont des réglementations sanitaire et
environnementale.
Pour la réglementation sanitaire, c’est le droit européen qui a introduit certaines dispositions
concernant la gestion des sous-produits animaux28. Ces dispositions obligent un respect de
certaines normes lorsque des sous-produits d’animaux sont utilisés dans des unités de
production de biogaz et de compostage ainsi que les conditions d’utilisation des composts et
digestats29. Une note de service du Ministère de l’Agriculture du 26 août 2013
(DGAL/SDSPA/N2013-8143) précise les dispositions des règlements européens en ce qui
concerne la méthanisation à partir de sous-produits d’animaux. Le but est ainsi de garantir la
traçabilité et l’absence de retour à la filière alimentaire.
Concernant la réglementation environnementale, certaines matières entrantes sont tracées au
titre de la réglementation relative aux déchets. Les matières fertilisantes ou les supports de
culture doivent répondre à l’exigence d’innocuité prévue par le code rural. Certaines matières
comme les déjections animales (fumiers et lisiers bovins et porcins ainsi que les fientes de
volaille) sont particulièrement encadrées depuis la Directive « nitrates » du 12 décembre 1991.
28 Règlement (CE) n°1069/2009 accompagné d’un règlement d’application n°142/2011 du 25 février 2011. 29BASTIDE Guillaume. Le cadre réglementaire et juridique des activités agricoles de méthanisation et de compostage [en ligne]. Janvier 2015 [consulté le 05/05/2019]. 88 p. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/cadre_reglementaire_juridique_methanisation_201501.pdf
19
On comprend ainsi qu’une partie des matières entrantes de la méthanisation provient du milieu
agricole et est ainsi soumise à de fortes réglementations concernant son retour direct au sol30.
Enfin, au titre de la réglementation sur les ICPE, l’article D543-292 du code de
l’environnement réglemente la quantité de cultures alimentaires31 ou énergétiques32 cultivées à
titre principal qui peuvent être utilisée. Cette proportion ne doit pas dépasser 15% du tonnage
brut total des intrants par année civile.
**La réglementation relative à l’installation elle-même
La réglementation sanitaire impose l’obtention d’un agrément sanitaire pour les établissements
produisant du biogaz à partir de sous-produits animaux33 mais la majeure partie de la
réglementation applicable est relative à celle du code de l’environnement et concerne les
Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. En effet, les installations
produisant du biogaz sont soumises au régime juridique des ICPE qui, selon la taille de
l’installation (quantité de matières entrantes ou sortantes et puissances installées), la qualité des
produits traités et le type de traitement va être soumis à un cadre juridique plus ou moins
contraignant. C’est la nomenclature des ICPE qui permet de faire le lien entre le régime
juridique auquel est soumis l’installation et son activité. Pour la méthanisation, c’est la
rubrique 2781 de la nomenclature qui permet de connaitre le régime ICPE auquel l’installation
est soumise. Selon la quantité de déchets et le type de déchets, l’installation est soit soumise à
déclaration, à enregistrement ou à autorisation.
Cette rubrique 2781 a été créée en 2009 par le décret n° 2009-1341 du 29 octobre 2009 et a été
dernièrement modifiée par le décret n°2018-452 du 6 juin 2018 en France métropolitaine.
30 Le retour au sol direct consiste à déposer sur le sol les matières non transformées. Le compostage et la méthanisation permettant ainsi un traitement au préalable de la matière, ils ne sont pas considérés comme un retour direct de la matière au sol. 31 La définition de " cultures alimentaires " est « les céréales et autres plantes riches en amidon, sucrières, oléagineuses, et légumineuses, utilisables en alimentation humaine ou animale. » Article D. 543-291 du code de l’environnement. 32 La définition de " cultures énergétiques " est « les cultures cultivées essentiellement à des fins de production d'énergie. » Article D543-291 du code de l’environnement. 33 Règlement n°1069/2009 et du règlement n°142/2011 concernant les modalités d’application.
20
Figure 3 : Rubrique 2781 de la nomenclature ICPE relative aux installations de méthanisation en France métropolitaine.34
**La réglementation applicable sur les produits sortants
Les produits sortants sont de différents types.
En premier lieu, le digestat est un produit à valoriser au niveau du sol, il peut être considéré
comme un amendement ou un engrais organique selon sa composition. La législation qui
s’applique pour le digestat en France est relative à l’utilisation et à la mise sur le marché des
matières fertilisantes et des supports de culture. Le cadre juridique associé va ainsi prévoir le
plan d’épandage du produit selon ses caractéristiques35. Plusieurs textes régissent ces deux
volets avec ceux relevant de la qualité des eaux36 et ceux relevant de l’origine des effluents
organiques37.
Pour pouvoir être mise sur le marché, une matière fertilisante doit répondre à une certaine
norme. Cette norme s’appliquant également pour le compost est la norme NF U44-051 «
Amendements organiques – Dénominations, spécifications et marquage » et permet de mesurer
l’innocuité du compost et les potentiels agronomiques38.
En second lieu, le biogaz produit par la méthanisation en métropole peut être valorisé de
différentes manières pour :
- Le biogaz en lui-même
- La chaleur produite à partir du biogaz
- L’électricité produite à partir du biogaz
34 Article R. 511-9 du code de l’environnement. 35 C’est-à-dire le type d’utilisation jusqu’au retour au sol mais également sa mise sur le marché. 36 Loi n°92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau. Articles L210-1 et suivants du code de l’environnement. 37 Articles R211-26 à R. 211-47 du code de l’environnement et arrêté du 8 janvier 1998, arrêté du 17 août 1998 38ADEME NOUVELLE-CALEDONIE. Les pratiques de compostage en Nouvelle-Calédonie [en ligne]. ADEME, 2015 [consulté le 05/08/2019]. 16p. http://www.nouvelle-caledonie.ademe.fr/sites/default/files/files/notre-offre/les_pratiques_de_compostage_en_nouvelle-caledonie_ademe_2015.pdf
21
- Le biocarburant produit à partir du biogaz
Ces produits peuvent être vendus à un tiers, une collectivité ou à un réseau de chaleur, à un
opérateur énergétique sur le marché de l’énergie, à EDF ou à une entreprise locale de
distribution.
La transformation en électricité et/ou en chaleur du biogaz soumet les installations à des
réglementations supplémentaires. En effet, pour les installations valorisant de l’électricité (dont
la méthanisation), une autorisation supplémentaire est nécessaire. En France, les articles L311-
5 et suivants du code l’énergie exige une autorisation au titre de production d’électricité selon
la quantité d’électricité produite. L’administration vérifie des critères tels que l’impact de
l’installation sur l’offre et la demande, la nature des sources d’énergie au regard des objectifs
nationaux, l’efficacité énergétique etc. « Chacun des critères est déterminant à l’octroi ou au
refus de l’autorisation. ».39
La détermination du régime juridique de ces installations de combustion de biogaz se retrouve
à la rubrique 2910-B ou C de la nomenclature ICPE dès que la puissance thermique nominale
est supérieure à 100 kW.
Figure 4 : La rubrique 2910 de la nomenclature ICPE.40
On notera également que dans le cas de production de chaleur, les chaudières doivent respecter
les règles prévues aux articles R224-21 et suivants du code de l’environnement pour toutes les
caractéristiques garantissant un certain rendement et une certaine efficacité énergétique.
De plus, les ventes ou les cessions sont encadrées par différents textes de lois.
39 Par exemple, le tribunal administratif d’Amiens le 15 novembre 2011, a annulé l’autorisation délivrée sur les dispositions du code de l’énergie au motif de la proximité avec une zone Natura 2000. 40BASTIDE Guillaume. Le cadre réglementaire et juridique des activités agricoles de méthanisation et de compostage [en ligne]. Janvier 2015 [consulté le 05/05/2019]. 88 p. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/cadre_reglementaire_juridique_methanisation_201501.pdf
22
Concernant la vente de chaleur, les principaux textes qui régissent ces ventes sont les articles
L.171 à L.731-1 du code de l’Energie, regroupant les dispositions relatives aux réseaux de
chaleur et de froid, le cahier des clauses techniques générales relatif aux marchés d'exploitation
de chauffage et le décret d'approbation 87966 du 26 novembre 1987, la loi 93-122 du 29 janvier
1993 et le décret applicatif 93-471, la loi 2006-872 du 13 juillet 2006 portant engagement
national pour le logement et l’instruction fiscale n°32 du 08 mars 2007, le code des Marchés
Publics (Articles 134, 135 et 137) et la circulaire du 03 août 2006 valant manuel d'explication41.
- Un cadre réglementaire encourageant à la valorisation des déchets organiques
** Une planification ambitieuse
En France métropolitaine, les incitations réglementaires pour amener la valorisation des déchets
organiques sont nombreuses.
Dès 1992, la loi 92-646 du 13 juillet 1992 relative à l'élimination des déchets a instauré le
principe des plans départementaux d'élimination des déchets ménagers et assimilés. Encadrés
par le décret 96-1008 du 18 novembre 1996 (devenu l’article Article R541-13 du code de
l’environnement), ces derniers ont pour objectif de "coordonner l'ensemble des actions à mener
tant par les pouvoirs publics que par des organismes privés en vue d'assurer l'élimination des
déchets ménagers ainsi que de tous déchets qui, par leur nature, peuvent être traités dans les
mêmes installations que les déchets ménagers"42.
** Des objectifs et des obligations de tri, de collecte et de valorisation des déchets organiques
La directive européenne n°99/31/CE du 26 avril 1999 (modifiée par la directive n°2011/97/UE
du 5 décembre 2011) a, dès 1999, imposé aux Etats membres des objectifs en termes de
réduction des quantités de déchets municipaux biodégradables enfouies en décharge. La
circulaire du ministère de l'environnement du 6 juin 2006, prise en application de l'arrêté du 19
41BASTIDE Guillaume. Le cadre réglementaire et juridique des activités agricoles de méthanisation et de compostage [en ligne]. Janvier 2015 [consulté le 05/05/2019]. 88 p. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/cadre_reglementaire_juridique_methanisation_201501.pdf 42BASTIDE Guillaume. Le cadre réglementaire et juridique des activités agricoles de méthanisation et de compostage [en ligne]. ADEME, Janvier 2015 [consulté le 05/05/2019]. 88 p. https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/cadre_reglementaire_juridique_methanisation_201501.pdf
23
janvier 2006 modifiant l’arrêté du 9 septembre 1997 relatif aux installations de stockage de
déchets ménagers incite à la biodégradation des déchets avant l'enfouissement. La circulaire du
ministère de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables du 25 avril 2007
relative aux plans de gestion des déchets ménagers vient également rappeler le double objectif
de réduction des quantités de déchets prises en charge dans le cadre du service public des
déchets notamment par la prévention à la source et le développement de pratiques comme le
compostage domestique et l’augmentation du recyclage et de la valorisation organique. Vient
ensuite la Loi Grenelle II qui a imposé le tri à la source et la valorisation des biodéchets issus
de « gros producteurs ». On retrouve cette obligation à l’article L541-21-1 du code de
l’environnement. Les acteurs concernés peuvent être des centres de restauration collective, des
grandes surfaces, des industries agro-alimentaires etc.
Enfin, les producteurs ou détenteurs d’une quantité importante de déchets composés
majoritairement de biodéchets tels que définis à l'article R.541-8 doivent en assurer le tri à la
source en vue de leur valorisation organique (article R.543-226). Les déchets ménagers sont
exclus de cette obligation.
On voit ainsi, en France métropole, une volonté d’encourager voire d’obliger à la valorisation
de ce type de déchets biodégradables. Les leviers dissuasifs encourageant à la valorisation de
ces déchets permettent aux producteurs de déchets de privilégier des méthodes de traitement de
valorisation par rapport à des méthodes de stockage. Ceci débouche, d’une part, sur
l’augmentation de la part du gisement à traiter et sur, d’autre part, une sécurisation du gisement
pour les porteurs de projet.
**Des outils fiscaux dissuadant l’enfouissement des matières organiques
Pour ce qui est des déchets, la TGAP43 ou taxe générale sur les activités polluantes fait figure
du dispositif central d’incitation à la prévention et au recyclage et fonctionne en taxant le
stockage et l’incinération des déchets. Taxer l’élimination permet d’inciter à ne pas recourir à
ce mode de traitement. Cette taxe ainsi que les redevances sur l’élimination sont censées inciter
les industriels à valoriser leurs déchets en augmentant le coût de la mise en décharge et de
l’incinération pour chaque tonne de déchets éliminée. La TGAP e été étendue aux installations
de stockage utilisant la méthode du bioréacteur pour valoriser le biogaz mais avec un tarif réduit
43 Code des douanes. Article 266.
24
à quatorze euros par tonne de déchets plutôt que le prix fixé à trente-deux euros la tonne pour
les installations de stockages autorisées44.
3. Et dans les DOM…
La méthanisation dans les DOM est une filière présente mais diffuse45.
A la Réunion, on compte plusieurs installations de méthanisation avec, actuellement, trois
biodigesteurs en fonctionnement46 et deux47 qui sont en cours d’instruction. Le gisement utilisé
est varié (boues de STEP, déchets agroindustriels, déchets de distilleries, fraction
fermentescible des ordures ménagères).
En Martinique , un méthaniseur fonctionne sur la distillerie du groupe la martiniquaise48 et un
biodigesteur fonctionne avec un gisement mélangeant déchets vert, biodéchets ménagers et
quelques déchets d’agro-industries.
En Guadeloupe, quatre unités de méthanisation fonctionnent à partir de déchets de distillerie
et deux se situent au niveau des centres d’enfouissement.
44 Loi n°2010-1658 du 29 décembre 2010 de finances rectificative pour 2010. 45 Contacts des différentes ADEME Outre-mer disponibles en annexe 1. 46 Un biodigesteur sur une STEP, un sur une industrie agroalimentaire, un sur une distillerie et un sur une décharge. 47 Un deuxième méthaniseur sur une distillerie et un biodigesteur géré par un syndicat de traitement de déchets à partir de biodéchets des ménages. 48Sur le sujet, la chargée de mission de la Distillerie Rivière du Mat Sophie Wan Wac Tow ([email protected]) peut apporter des précisions.
25
Partie 2 : Le potentiel de développement de la méthanisation en Nouvelle-Calédonie
I. Pourquoi s’intéresser au développement de la méthanisation en Nouvelle-
Calédonie ?
1. La Nouvelle-Calédonie, un territoire en transition
La Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui un pays en transition. Longtemps focalisé sur le
développement de l’industrie minière, ce pays voit maintenant la nécessité de se tourner vers
de nouvelles filières économiques à soutenabilité forte afin, d’une part, de diversifier son
écosystème économique, et d’autre part, d’effectuer une transition écologique49 sur le territoire.
La question de l’énergie et des déchets est particulièrement prépondérante et particulièrement
pour certaines zones comme les îles du Pacifique reconnues comme environnementalement
sensibles. En effet, ces territoires insulaires sont particulièrement exposés aux questions de
dépendances énergétiques et d’approvisionnement. L’importation de la majorité des produits et
de l’énergie rend ces territoires particulièrement dépendants et non résilients. Dans un contexte
de changement climatique, ce type de territoire sera, par conséquent, le plus exposé d’où la
nécessité de créer un modèle circulaire au sein de chaque territoire insulaire afin d’approcher
l’autosuffisance.
La méthanisation, à l’interface entre la problématique énergie et déchets, apparaît, ainsi, comme
une filière durable dont le potentiel de développement serait à analyser, d’autant plus qu’en
Nouvelle-Calédonie, aucune biomasse énergie n’est développée.
Or ce type d’énergie renouvelable possède des avantages certains étant une énergie à puissance
garantie, non intermittente50.
49 Ce concept est la transition écologique qui a été élaboré par Rob Hopkins et qui regroupe un ensemble de principes et de pratiques développés sur des sociétés ayant commencé à travailler sur les problématiques de résilience locale, d’économie circulaire et de réduction des émissions de CO2. Deux piliers sont au cœur de cette réflexion : la transition énergétique et l’économie circulaire. On peut définir la transition énergétique comme la mutation du bouquet énergétique donnant une part importante aux énergies renouvelables, parmi lesquelles on trouve, l’énergie solaire, l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne et la biomasse énergie tout en recherchant à atteindre l’efficacité énergétique. Elle représente un des enjeux de la troisième révolution industrielle et prend part à la croissance verte définie comme un compromis entre développement durable et croissance économique. De son côté, l’économie circulaire vise, elle aussi, à un changement de paradigme par rapport à l’économie dite linéaire. Son objectif est ainsi de cibler la gestion sobre et efficace des ressources et de faire émerger des boucles de production afin que chaque produit soit inscrit dans un cycle de vie. 50 En effet, cette biomasse énergie est à puissance garantie et peut produire aussi bien le jour que la nuit et les jours de mauvais comme de beaux temps contrairement à l’énergie photovoltaïque qui est, par essence, une énergie intermittente. A ce titre, la biomasse énergie est donc particulièrement intéressante pour effectuer une mutation du bouquet énergétique des énergies fossiles vers les énergies renouvelables.
26
2. Etat des lieux sur le développement des énergies renouvelables et sur la valorisation
des déchets organiques
a) Côté énergie renouvelable : la place des différentes énergies renouvelables sur le
territoire51
Depuis la mise en place du STENC (Schéma pour la Transition Energétique en Nouvelle-
Calédonie) en 2016, une nette progression de la part des énergies renouvelables dans le mix
énergétique est à noter. En effet, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique
actuel est de 20%. Cependant, il est intéressant de voir la part propre à chaque énergie
renouvelable.
L’énergie hydraulique avec le barrage sur Yaté, le barrage sur la Thu, le barrage sur la Néaoua
et les neuf microcentrales hydroélectriques assure entre 10 et 20% de la production d’électricité
sur le territoire. L’énergie éolienne, elle, contribue à environ 2% de la production d’électricité
avec le parc éolien de Prony, de Mont Mau, de Touango et de l’île des pins. Ces deux énergies
renouvelables n’ont pas connu un essor particulier depuis la mise en place du STENC.
C’est l’énergie photovoltaïque qui a connu un essor considérable depuis sa mise en place au
point que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a dû réviser les objectifs de la
Programmation Pluriannuelle des Investissements car le quota d’autorisations a été atteint fin
2017. Cette énergie renouvelable est devenue prédominante sur le territoire car en Nouvelle-
Calédonie, l’énergie photovoltaïque apparaît, en effet, comme une énergie renouvelable au
fort potentiel du fait du fort ensoleillement. Cette énergie renouvelable est aujourd’hui la plus
compétitive52. Les énergies renouvelables qui se sont développées sur le territoire sont donc
celles qui sont les plus compétitives en termes de production d’électricité. Cependant,
l’importance d’un mix énergétique pour envisager une transition énergétique est fondamentale
car l’ensemble des énergies renouvelables présentent des avantages qui leur sont propres.
Ainsi, l’énergie biomasse est quasiment absente sur le territoire bien que cette énergie
présente des avantages certains pour la transition énergétique. En effet, cette biomasse énergie
est à puissance garantie et peut produire aussi bien le jour que la nuit et les jours de mauvais
comme de beaux temps contrairement à l’énergie photovoltaïque qui est, par essence, une
énergie intermittente. A ce titre, la biomasse énergie est donc particulièrement intéressante pour
51 Cf annexe 6 sur le cadre réglementaire de la transition énergétique en Nouvelle-Calédonie. 52 Son coût au kilowatt (kW) est quasiment équivalent au coût du kW produit par des énergies fossiles.
27
effectuer une mutation du bouquet énergétique des énergies fossiles vers les énergies
renouvelables.
b) Côté déchets : la valorisation des déchets organiques
- Au sein des collectivités
La thématique gestion des déchets est traitée par les différentes provinces. Actuellement, sur
l’ensemble du territoire, on compte plus de 130 000 tonnes de déchets organiques produits par
an dont seule une petite minorité est valorisée. En effet, actuellement, la majorité des déchets
organiques produits sur le Grand Nouméa est stockée dans l’ISDND de Gadji. La collecte
sélective pour les déchets des collectivités n’est, à ce jour pas envisageable vu le surcoût que
cela entraînerait. De plus, les solutions de valorisation organique de ces déchets (avec
notamment l’entreprise OZD avec la plateforme de compostage des déchets organiques
industriels et particuliers, l’entreprise MANGO avec la plateforme de co-compostage déchets
vert et boues d’épuration, l’ADECAL53 avec l’hydrolysat de poissons sur Lifou etc.) ne captent
qu’une partie du gisement organique qui, on le rappelle est dispersé sur le territoire.
- Au sein des exploitations agricoles
Les déchets organiques agricoles type effluents d’élevage sont, eux, épandus. La réglementation
relative aux plans d’épandage autorise les éleveurs de Nouvelle-Calédonie à épandre un taux
de nitrates par surface très élevée par rapport à la réglementation de France métropolitaine54.
Cette réglementation plus souple avec la disponibilité de surfaces d’épandage fait que
l’ensemble l’épandage est la méthode majoritaire de « valorisation » des effluents55.
53 Technopole de Nouvelle-Calédonie. 54 150 unités d’azote/ha en Nouvelle-Calédonie contre 105 kg/ha d'azote en France métropolitaine. 55 On note, toutefois, que certaines éleveurs vendent cet engrais pour les agriculteurs maraîchers ou réalisent du compost.
28
c) Conclusion
La biomasse énergie et la valorisation des déchets organiques étant deux sujets encore en
émergence sur le territoire et étant peu développées, s’intéresser à la filière de la méthanisation
qui est une filière à l’interface entre ces deux enjeux apparaît pertinent sur ce territoire.
29
II. Diagnostic : une filière restant cantonnée aux études et un cadre de développement
émergent
1. La méthanisation en Nouvelle-Calédonie : état des lieux des études et des projets
identifiés
Le sujet de la valorisation de la biomasse a été traité par de nombreux acteurs tant publics que
privés dans diverses études citées ci-dessous. Dans l’ensemble de ces documents, des scénarios
impliquant le développement de la méthanisation sur le territoire sont envisagés.
❶ Etude technico économique de la ressource biomasse pour l’alimentation énergétique
réalisée conjointement par la DIMENC, l’ADEME via le CTME en 2013 (projet de la presqu’île
de Nouville avec les déchets du Grand Nouméa, projet de Bourail avec les déchets de l’abattoir
de l’OCEF, projet de Gadji)
❷ Structuration des filières de gestion des déchets organiques en province Sud, étude
cofinancée par l’ADEME et la province Sud et réalisée par le bureau d’étude CBE et la
Direction de l’environnement de la Province Sud en juillet 2014 (Projet pilote de micro-
méthanisation agricole avec le lisier)
❸ Etude de valorisation des déchets organiques des élevages hors-sol de la Province Sud
réalisée par Bioeco pour la Direction du Développement Durable de la Province sud en 2019
(Projets de méthanisation agricole à partir du lisier de porc)
❹ Etude réalisée par Alizée énergie sur le potentiel de développement de la méthanisation en
Nouvelle-Calédonie, à Wallis et Futuna et au Vanuatu56 (Projet Wheig à partir des déchets du
Grand Nouméa)
❺ Etude de mise en place d’une unité de micro-méthanisation sur la commune de Yaté réalisée
par CBE pour l’Agence de Développement de la Commune de Yaté en juillet 2018. (projet de
micro méthanisation à Yaté), étude cofinancée ADEME et province Sud.
❻ Etude de faisabilité réalisée par Wheig (Projet Wheig avec les déchets du Grand Nouméa)
56 Etude non publique. Cette étude n’apparait pas dans ce rapport.
30
a) Le projet de méthanisation sur la presqu’île de Nouville à partir des déchets du Grand
Nouméa57
- Descriptif du projet
Ce projet de la presqu’île de Nouville, cité dans l’étude de 2013, consiste à traiter l’ensemble
des déchets organiques fermentescibles issus à la fois des structures publiques et privées :
- Des industries agroalimentaires
- Des collectivités
- Des déjections animales des environs
L’ensemble de ces gisements est estimé à environ 10 000 tonnes/an.
Figure 5 : Déchets à collecter pour le projet de méthanisation de Nouville.
La localisation choisie était la presqu’île de Nouville. Cette position stratégique à proximité
de l’ensemble des industries agroalimentaires du port, à la fois génératrice de déchets
organiques et consommatrices d’énergie thermique (chaud et froid), représente un intérêt
certain.
57 Se référer à l’étude ❶ de 2013.
31
Le procédé identifié est :
- un procédé en voie liquide/pâteuse correspondant à des déchets caractérisés par un
taux de matière sèche compris entre 25 et 30%
- un procédé mésophile.
La cogénération voir trigénération permettant de produire, à la fois de l’énergie électrique et
de l’énergie thermique, apparait comme la plus pertinente vus les besoins énergétiques
identifiés sur la zone.
Avec le gisement présent 8,2 GWh par an de biogaz brute pourrait être généré produisant ainsi
près de 2.2 GWh d’électricité et 4 GWh de chaleur. Ceci permettrait de couvrir l’ensemble des
besoins en chaud de la zone et 75% des besoins en froid positif58.
Figure 6 : Besoin en froid de la zone de Nouville.
Une partie du digestat59 serait ensuite compostée sur le site ou sur une plateforme de
compostage appropriée.
58 Chiffres de l’étude ❶ de 2013. 59 La partie solide de la matière sortante appelée digestat.
32
La gouvernance envisagée sur ce projet désigne comme pour la maîtrise d’ouvrage une structure
regroupant trois représentants :
- un représentant du pôle amont correspondant à la collecte des déchets
- un représentant du pôle aval correspondant aux acheteurs et utilisateurs de l’énergie
- un représentant collectivités territoriales et acteurs publics
Un comité de pilotage est également proposé regroupant les provinces, le gouvernement,
l’ADEME, les chambres consulaires et des représentants des associations environnementales60.
- Freins à la réalisation du projet
Le retour d’expériences des différents acteurs impliqués dans ce projet a fait remonter des freins
liés principalement à la filière amont. En effet, la réalisation d’un projet de méthanisation
industrielle entraîne directement la question de la sécurisation d’un gisement conséquent. Vue
la taille du gisement mobilisable, un projet de méthanisation sur des gros volumes de matières
entrantes nécessitent l’assemblage de plusieurs flux et donc la sécurisation du gisement auprès
de plusieurs acteurs industriels.
De plus, le gisement cerné de 10 000 tonnes n’étant pas produit dans sa totalité sur la zone de
Nouville, la gestion des flux de transport, vues les infrastructures disponibles pour accéder à
la zone de Nouville, présentait un frein technique additionnel.
Le gisement visé intégrant également une partie des déchets des collectivités actuellement gérés
par la CSP (Calédonienne de Services Publics)61. Ce gisement est donc difficilement
mobilisable par un autre gestionnaire proposant une solution alternative. De plus, isoler la
fraction fermentescible des déchets ménagers entraine, par conséquent, la mise en place d’une
collecte sélective des déchets ménagers et donc un surcoût62.
60 Voir le schéma de gouvernance en annexe 7. 61 La CSP a signé une délégation de service public avec le Syndicat Intercommunal du Grand Nouméa (SIGN) pour assurer le traitement des déchets. 62 Qui se retranscrira probablement dans la REOM (Redevance d’Enlèvement des Ordures Ménagères).
33
b) Le projet de l’abattoir de l’OCEF à Bourail63
- Descriptif64
L’abattoir de l’OCEF est, à la fois, un producteur de déchets organiques, un consommateur
de chaud et de froid et se trouve à proximité de terres agricoles ce qui permettrait une
valorisation directe du digestat. Ce projet est donc sécurisant car un même acteur pourrait
potentiellement concentrer la filière amont, le procédé et une partie de la filière avale.
Le gisement identifié regroupe à la fois les déchets carnés65, les déchets agricoles de la zone66,
les déchets fermentescibles du SIVM Sud67 et les papiers cartons des entreprises de la Province
du Nord du Grand Nouméa68. L’ensemble de ce gisement est estimé à 3 500 tonnes de déchets
par an et permettrait ainsi de répondre à 60% des besoins en froid69 et 75% des besoins en
chaud70 de l’abattoir.
Le procédé envisagé est un procédé mésophile. La valorisation choisie est à la fois électrique
et thermique (chaud et froid), l’installation serait donc une installation de trigénération.
La gouvernance envisagée est analogue à celle identifiée pour le projet de Nouville avec des
représentant des collectivités territoriales et acteurs publics, un représentant de la filière
amont et un représentant de la filière avale71.
- Freins identifiés à la réalisation du projet
La gouvernance du projet a été la difficulté première à la réalisation du projet. En effet, l’OCEF
ne souhaite pas être le seul maître d’ouvrage du projet si la rentabilité, à terme, d’un tel projet
n’est pas sécurisée.
De plus, les déchets carnés sont des déchets spécifiques au niveau sanitaire, d’autant plus si le
digestat est destiné par la suite à un usage agricole.
63 Pour avoir de plus amples informations sur le projet de l’OCEF, il est possible de se référer à l’étude ❶ et également au cahier des charges de faisabilité l’ADEME, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie (CTME). 64 Descriptif du projet version 1 disponible dans l’étude ❶. 65 Déchets spécifiques nécessitant un suivi sanitaire. 66 Les déchets agricoles et les déchets carnés sont estimés à 1500 tonnes par an. 67 Estimé à 1 000 tonnes par an et entraînant la mise en place d’une collecte sélective. 68 Estimé à 800 tonnes par an. 69 Besoins en froid positif estimé à 750 MWhf. 70 Besoins en chaud estimé à840 MWhth. 71 Le schéma de gouvernance envisagé est disponible en annexe 8.
34
Dans le scénario envisagé, même si un acteur principal fourni le biodigesteur et valorise
l’énergie électrique et thermique, le gisement provient de plusieurs acteurs, la sécurisation du
gisement pose donc une nouvelle fois question.
c) Le projet Wheig avec les déchets du Grand Nouméa
- Descriptif
Ce projet est né suite à l’étude prospective réalisée par Engie sur le potentiel de développement
de la filière de la méthanisation. Wheig72 est un porteur de projet australien spécialisé en
méthanisation. Il a souhaité lancer un projet de méthanisation industrielle en Nouvelle-
Calédonie sur le site de la zone industrielle de la Coulée.
Le gisement choisi était multi flux et multi acteurs avec plusieurs contrats prévus avec les
acteurs agricoles principalement pour une récupération des fientes de volailles et des déchets
verts, avec des industriels comme l’OCEF, Pacific Tuna et des acteurs des GMS comme
casino, Carrefour, Sodexo, Vale et Repos des Lacs. L’ensemble de ce gisement est identifié
à 10 000 tonnes de matière brute par an.
Le procédé choisi est un procédé mésophile, humide classique et semi sèche.
La valorisation choisie est une valorisation, à la fois, thermique et électrique. L’installation
identifiée est une installation de cogénération et conduirait à la production de 250 kWe et 350
kWth ainsi qu’à 3 000 tonnes de compost et engrais.
- Freins identifiés à la réalisation du projet
Tout comme le projet de Nouville, la contractualisation avec les différents acteurs de la filière
amont n’a pu aboutir dans sa totalité ne permettant pas une sécurisation du gisement. Enfin,
le pétitionnaire a eu des difficultés financières internes ne permettant pas de porter le projet
jusqu’à son aboutissement final. On notera, toutefois, qu’une procédure de demande
d’autorisation d’exploiter avait été réalisée à la province Sud73.
72 Le site internet du maître d’ouvrage est : https://www.wheig.com/ 73 Enregistrement de la demande d’autorisation : https://www.province-sud.nc:installations-classees:M%C3%A9thanisation+de+d%C3%A9chets+organiques-50432
35
d) Le projet ISDND de Gadji
- Descriptif
Le projet de l’ISDND de Gadji avait été évoqué dans l’étude de 2013. Dès la construction de
l’ISDND de Gadji, l’ensemble des infrastructures permettant de récupérer le biogaz ont été
mises en place. Jusqu’à aujourd’hui, le biogaz produit était brulé en torchère mais sera
prochainement valorisé en électricité. L’ISDND de Gadji sera donc le premier site de
méthanisation de la Nouvelle-Calédonie en sachant que ce type de méthanisation est spécifique
car le digestat ne peut être valorisé par la suite.
e) La microméthanisation à Yaté74
- Descriptif du projet
Ce projet a été porté par l’ADEVY ou (Agence de soutien au Développement Economique de
la commune de Yaté) qui souhaitait réaliser de la méthanisation à partir des déchets
fermentescibles mobilisables au niveau de l’ADEVY et du village de Yaté comprenant à la fois
les déchets de l’abattoir, du couvoir et de l’éclosoir, de l’élevage de cailles, de la pépinière
et des déchets de restauration et déchets verts de la commune. Le gisement s’estime à 11.5
m3 de par an.
Le process le plus adapté serait un processus de méthanisation par voie humide et mésophile.
L’installation envisagée est une installation de cogénération permettant la production
d’électricité et de chaleur directement valorisées au sein de l’installation. Les fertilisants et les
amendements organiques pourront ensuite être redistribués parmi les adhérents et servir à la
production hors-sol ou en plein champs dans la zone.
- Freins relatifs à la réalisation du projet
Le principal frein qui a empêché le développement de ce projet de microméthanisation a été des
difficultés internes à la structure et non un frein intrinsèque au projet.
74 Se référer à l’étude ❺ de mise en place d’une unité de micro-méthanisation sur la commune de Yaté.
36
f) Un projet de méthanisation à la ferme
- Descriptif du projet
Les études évoquées ne précisent pas un projet bien spécifique de méthanisation à la ferme mais
dans les deux études réalisées par la Province Sud (celle sur la valorisation des déchets
organiques réalisée par la DENV75 et celle sur la valorisation des déchets organiques des
élevages hors-sol76) des scénarios sont envisagés avec soit un regroupement de gisements de
plusieurs agriculteurs afin de monter une installation de méthanisation agricole coopérative
avec des gros volumes de matière entrante soit une installation mono exploitant alimentée par
les déchets d’une seule exploitation.
Le gisement envisagé est constitué de fientes de volailles, de lisiers de porcs et/ou de déchets
verts.
Le procédé est peu développé et plusieurs dimensionnements sont proposés notamment dans
l’étude ❸.
Le type de valorisation sera principalement électrique et une revente de l’électricité au réseau
pourra être réalisée.
- Freins relatifs à la réalisation de ce type de projets
Le premier frein réside dans l’entretien de l’installation et le coût d’investissement et de
fonctionnement que cela représente pour un agriculteur. Un accompagnement technique et
financier sont des conditions non facultatives si l’on envisage un scénario où l’agriculteur est
le principal maître d’ouvrage.
La valorisation du digestat sera directe mais un point de vigilance concernant la qualité de ce
dernier est à souligner selon son usage futur.
La valorisation du biogaz, en sachant que les besoins thermiques sont moindres, serait
principalement électrique ce qui pose la question de l’efficacité énergétique de ce type
d’installation.
75 Etude ❷. 76 Etude ❸.
37
2. Synthèse de l’état des lieux : freins et leviers correspondants
a) Freins liés au dimensionnement du projet pilote et leviers associés
- Des projets pilote surdimensionnés
La majorité des projets soulevés dans les études sont des projets de méthanisation industrielle
impliquant des volumes conséquents de matières entrantes, un investissement conséquent et
donc un risque à la réalisation du projet, d’autant plus que le gisement des déchets organiques
et fermentescibles de la Nouvelle-Calédonie est, à la fois, faible, dispersé et peu mobilisable.
- Réaliser un projet pilote à petite échelle
Le premier projet de méthanisation pourrait viser un faible gisement afin de limiter
l’investissement, de former les acteurs locaux et de maîtriser ce type de technologie avant de
penser à un projet plus ambitieux. Ceci apparaît cohérent vues les caractéristiques du gisement
mobilisable en Nouvelle-Calédonie.
b) Freins liés à la filière amont (collecte des déchets) et leviers associés
- La sécurisation du gisement
Concernant la filière amont, le frein principal est la sécurisation du gisement : si l’on envisage
un dimensionnement de l’installation ambitieux, en sachant qu’un seul acteur sur le territoire
ne mobilise pas un gisement organique mobilisable de 10 000 tonnes77, ce type de projet conduit
automatiquement à mobiliser plusieurs acteurs fournisseurs de déchets organiques. Or, la
méthanisation à partir d’une multitude de flux de déchets entraîne des nombreuses difficultés
et risques lors de l’exploitation. C’est pourquoi le pétitionnaire va demander une
contractualisation très contraignante (cf projet Nouville ou projet Wheig) afin de s’assurer
que le gisement sera sécurisé sur une durée minimum à partir de laquelle il pourra rentabiliser
l’investissement effectué. Du côté des fournisseurs de déchets organiques, ce type de
contractualisation peut expliquer leur réticence à s’engager sur ce type de projet.
77 Car ce gisement est faible et dispersé sur le territoire.
38
- Travailler sur un assouplissement de la contractualisation et intégrer dans la
maîtrise d’ouvrage un représentant de la filière amont
Un unique flux de déchets organiques est à privilégier afin de faciliter la sécurisation du
gisement et associer plus facilement cet unique représentant de la filière amont dans la maîtrise
d’ouvrage.
De plus, un contrat proposant un modèle de révision des prix par rapport aux autres alternatives
de traitements des déchets organiques permettrait d’inciter davantage les industriels à
s’engager.
Enfin, si une multitude de flux d’acteurs fournisseurs de déchets est envisagée, le projet
gagnerait à être sous dimensionné afin de diminuer tout risque lié à sa mise en fonctionnement
en continu78. Une installation modulaire est à privilégier si le projet s’avère sous-dimensionné
afin d’adapter le volume du biodigesteur avec le gisement.
c) Freins liés au procédé et leviers associés
- Un processus nécessitant une expertise et un accompagnement technique
Concernant le procédé en lui-même, la plupart des installations de méthanisation industrielle
sont des installations de cogénération et de trigénération, la technologie appliquée est une
technologie poussée non présente sur le territoire79. Les porteurs de projet redoutent le manque
d’expertise locale.
- Mobiliser l’expertise internationale et mobiliser des budgets de fonctionnement
Le procédé de la méthanisation est un processus technique maîtrisé par de nombreux pays à
l’international. Sur le territoire, certes, aucun expert n’est présent, cependant, les acteurs du
secteur de l’énergie (tels que Quadran, ENGIE, EEC) et de gestion des déchets ont une expertise
au sein de leur réseau.
A proximité, l’Australie, Fidji, la Nouvelle-Zélande proposent une expertise dans ce domaine.
Enfin, plusieurs projets et notamment de micro méthanisation se développent dans le Pacifique
78 On rappelle que la plupart des installations de méthanisation (celles qui demandent le moins d’entretien) sont des installations fonctionnant en continu mais qu’il existe d’autres procédés comme détaillés dans la partie 1. 79 Et dans d’autres pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique.
39
avec des intrants semblables à ceux présents sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie. On citera
par exemple, le projet qui s’est développé sur les îles Tuvalu en partenariat avec la CPS
(Communauté du Pacifique Sud) consistant à implanter 40 microbiodigesteurs alimentés par du
lisier de porcs80. On notera également qu’une expertise en locale émerge avec la présence de
différents acteurs comme le bureau d’études spécialisé dans le domaine de la méthanisation81
qui expérimente actuellement des microbiodigesteurs.
Cependant, même si une expertise internationale, régionale ou locale permet une mise en
fonctionnement de l’installation et une formation des acteurs locaux, il est certain que pour les
premiers projets de méthanisation une personne ou une structure devra être chargée du
fonctionnement et du suivi de l’installation. Or, sur les projets pilote, autant le budget
d’investissement est disponible, autant le budget de fonctionnement lui est plus difficile à
mobiliser. Il conviendrait donc de réfléchir en amont à cette composante.
d) Freins liés à la filière avale et leviers associés
- Des produits, considérés séparément, peu compétitifs
Concernant la filière avale, la valorisation électrique seule met en concurrence directe la
production électrique de la biomasse énergie avec celle de d’autres énergies renouvelables.
C’est la valorisation thermique et électrique conjointe qui rend la filière de la méthanisation
rentable, or, en Nouvelle-Calédonie les besoins thermiques sont moindres par rapport en
métropole ce qui rend cette filière moins avantageuse aux premiers abords que sur d’autres
territoires.
On notera, de plus, que pour la production d’énergie renouvelable, seule la production
d’électricité renouvelable est encouragée dans la planification et peu la production de chaleur
renouvelable contrairement à la France métropolitaine ou à Wallis et Futuna82.
La compétitivité et la rentabilité des produits pris isolément : prix du kilowatt électrique par
rapport à celui du photovoltaïque, prix du kilowatt thermique par rapport à celui relatif à la
filière du solaire thermique ou encore prix du digestat par rapport au prix lié à un compost
80 Contacts à retrouver à l’annexe 9. 81 Bureau d’étude appelé organik énergie dont le but est de proposer des biodigesteurs adaptés au gisement et d’en assurer l’accompagnement technique. 82 Cf Programmation Pluriannuelle des Investissements de Nouvelle-Calédonie.
40
classique fait apparaître la méthanisation comme moins avantageuse que d’autres filières
durables.
Enfin, la qualité de produits sortants particulièrement pour le digestat reste à établir. En effet,
ce produit s’expose aux mêmes difficultés que rencontre le compost.
- Considérer la filière dans son ensemble, qualifier la qualité des produits sortants
et privilégier la méthanisation dans des situations spécifiques en adéquation avec
le process
La rentabilité de la méthanisation et son intérêt ne réside que dans l’appréciation du processus
global : incluant la thématique valorisation des déchets organiques avec la production d’un
amendement ou engrais organique et la thématique production d’énergie renouvelable
électrique et thermique. La rentabilité de la filière doit donc être ramenée à l’ensemble des
thématiques, c’est là que la filière devient compétitive.
C’est pourquoi la filière de la méthanisation n’est pas tant, une filière qui doit/va se développer
de manière quantitative mais de manière qualitative car elle est intéressante à développer dans
des situations bien spécifiques.
Enfin, encadrer la qualité des produits sortants permettra de valoriser ces derniers au sein des
différentes filières de consommation existantes tout comme encourager la production d’énergie
thermique renouvelable. La valorisation du digestat doit être pensée en amont afin d’avoir des
débouchés déjà identifiés qui ne nécessitent pas des surcoûts liés au transport et qui soient
cohérents avec sa nature.
e) Freins liés à la gouvernance et leviers associés
- Des porteurs de projets réticents face à la méthanisation
Concernant la gouvernance du projet, peu de porteurs de projet ne souhaitent s’engager sur la
méthanisation car :
- le développement de cette filière sera limité vu le gisement organique disponible
- le risque à la réalisation est conséquent pour un portage uniquement privé
Les pétitionnaires sont donc peu nombreux et réticents à s’engager dans la maîtrise d’ouvrage
d’un projet dont la rentabilité et l’avenir n’est pas assuré.
41
De plus, le partage des compétences spécifique au territoire83 avec, d’un côté, les acteurs de
l’énergie travaillant sur l’échelle pays (Agence Calédonienne de l’Energie ou ACE et la
Direction de l’Industrie des Mines et de l’Energie ou DIMENC) et de l’autre, les acteurs de la
gestion des déchets à l’échelle provinciale ne permet pas de valoriser la filière de la
méthanisation dans son ensemble.
- Mettre en place un cadre de développement adapté
Cet aspect sera développé dans la dernière partie de ce rapport84 et un descriptif du contexte
réglementaire dans lequel s’inscrit la méthanisation est en annexe 10.
Un engagement politique démontrant une volonté de développer ce type de filière de la
biomasse énergie apparaît fondamental pour mobiliser les porteurs de projet.
De plus, pour les premiers projets, un portage public et privé semble pertinent.
Enfin, associer l’ensemble des parties prenantes dans la maîtrise d’ouvrage pourrait permettre
de diminuer le risque sur un seul pétitionnaire et de sécuriser l’ensemble des maillons de la
filière (collecte des déchets, producteur et acheteur d’énergie, acheteur de digestat).
83 Particulièrement développé dans le mémoire juridique. 84 III.2)b)
42
III. Quelles perspectives de développement ?
Les leviers qu’il serait intéressant de mobiliser afin de faire émerger cette filière sont, à la fois,
la construction d’une ou plusieurs unité(s) pilote et la construction d’un cadre de développement
adapté à la filière de la méthanisation mais plus généralement au développement des filières
durables permettant la valorisation des déchets organiques et la production d’énergie
renouvelable.
1. Construire un ou des projets pilote
Après avoir identifié les différents freins relatifs aux projets de méthanisation qui avaient été
pressentis dans les différentes études, à la fois pour la méthanisation industrielle, agricole et la
micro méthanisation, cette partie vise à proposer des alternatives afin de voir émerger cette
filière sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie.
a) La méthanisation industrielle
La méthanisation industrielle a la particularité de traiter de gros gisements organiques et permet
ainsi de produire de l’énergie thermique et électrique en grande quantité mais elle comporte un
certain nombre de freins qu’il convient de maîtriser. L’objectif de cette partie est de reprendre
les projets identifiés par les études et de proposer de nouvelles pistes de développement de
projet de méthanisation industrielle en s’inspirant des scénarios imaginés.
- Projet sur une zone industrialo-portuaire (Nouville)
La zone de Nouville est une localisation stratégique pour le développement d’un projet de
méthanisation car c’est une zone regroupant des producteurs et des consommateurs de déchets.
Les deux freins majoritaires au projet envisagé initialement dans l’étude de 2013 était la
sécurisation du gisement et le transport des déchets jusqu’au site de méthanisation.
Afin de répondre à ces deux freins principaux, une étude qualitative de l’ensemble des
gisements potentiellement mobilisables sur la zone a fait apparaître une opportunité : celle de
mobiliser le gisement des déchets organiques des bateaux de croisière.
Ce projet de méthanisation consisterait à transformer les déchets organiques des bateaux de
croisières reliant l’Australie à la Nouvelle-Calédonie pour en faire de l’électricité verte.
43
L’électricité produite permettrait, ensuite, d’alimenter les besoins énergétiques des bateaux qui
consomment actuellement plusieurs dizaines de tonnes de fioul par jour pour satisfaire les
besoins de l’ensemble des croisiéristes.
Ainsi, un acteur représenterait, à la fois, la filière amont et la filière avale et s’intéresserait autant
à la valorisation de ses déchets qu’à la production de l’énergie renouvelable.
Cette idée séduisante se confronte, cependant, à de nombreuses difficultés techniques et
sanitaires qu’il conviendrait d’étudier. En effet, le stockage et la conservation des déchets
organiques sur les bateaux de croisière doivent être compatibles avec les locaux de ces bateaux
de croisière qui, aujourd’hui, déchargent une partie des déchets organiques voir la totalité de
ces déchets en haute mer comme l’autorise la convention MARPOL85. Des salles de stockage
suffisamment importantes et à température ambiante devront être disponibles et prévues lors de
la conception de ce type de bateaux.
Enfin, la réglementation sanitaire gérant l’importation des différents déchets sur le territoire est
tenue par le SIVAP (Service des Inspections Vétérinaires, Animales et Phytosanitaires) et
interdit formellement l’importation de déchets organiques transfrontaliers86. On suppose,
toutefois, qu’un processus thermophile et qu’une pasteurisation des déchets organiques
pourraient permettre de diminuer l’ensemble des risques sanitaires associés87. De plus, un
déchargement direct de la salle de stockage dans le biodigesteur pourrait être envisageable
évitant tout contact entre le territoire et les déchets avant le processus de méthanisation. Un
bureau d’études spécialisé pourrait, si intérêt, creuser la question.
En plus de ces freins réglementaires supplémentaires, l’installation qui se trouverait sur le port
serait également soumise à la réglementation portuaire et aux classiques régimes de la
réglementation des ICPE.
Enfin, le produit sortant que constitue le digestat, en tant que produit de matières entrantes
importées serait également soumis à une réglementation sanitaire stricte.
85 La Convention MARPOL a été adoptée le 2 novembre 1973 à l'OMI. 86 Cf entretien SIVAP. 87 Une expertise sur cette question serait pertinente à mener.
44
- Projet au sein d’une entreprise (Abattoir de Bourail)
L’abattoir de l’OCEF à Bourail est, à la fois, producteur de déchets d’abattage et consommateur
d’énergie thermique et électrique. De plus, la zone de Bourail est une zone agricole permettant
de valoriser directement le digestat produit.
Le principal frein qui empêche la réalisation de ce projet est le pilotage du projet. L’OCEF peut
laisser à disposition ses déchets et du foncier mais ne souhaite pas être le maître d’ouvrage.
Bioeko88, un bureau d’étude en Nouvelle-Calédonie en association avec Bioeco bureau étude
français spécialisé dans la méthanisation sont actuellement en prospective afin de trouver une
maîtrise d’ouvrage solide pour porter ce projet pilote qui, en théorie, présente un projet de
méthanisation à fort intérêt.
On ajoutera que la méthanisation des déchets carnés provenant, à la fois, de la filière avicole et
porcine pourrait se développer dans plusieurs exploitations du territoire8990.
- Projet sur une zone industrielle (Kenu-In)
La zone d’implantation choisie est celle de Koutio-Koueta une zone industrielle où de
nombreux producteurs de déchets sont présents (les producteurs de déchets de la zone de
Nouville, les Grandes et Moyennes Surfaces, les industries agroalimentaires etc.) et de
nombreux consommateurs de chaud et de froid. Cette zone en expansion pourrait ainsi proposer
une vente d’électricité, de chaleur et de froid renouvelable. L’ensemble des industries s’y
installant pourrait ainsi obtenir un label de qualité énergétique.
b) La méthanisation agricole
La méthanisation agricole a un potentiel de développement en Nouvelle-Calédonie. En effet,
vu le contexte global tendant à atteindre l’autonomie alimentaire, la production végétale et
animale va ainsi augmenter et donc les déchets associés à ce type de filière également.
88 Contact à trouver en annexe 1. 89 On rappelle que les déchets carnés sont des déchets spécifiques qui sont catégorisés dans différentes catégories : SPAN 1, 2, 3 ou 4. Selon cette catégorie le digestat a des usages plus ou moins limité. Se référer au guide de l’ADEME 90 Plusieurs petits abattoirs sont présents en province Sud et en province Nord (Poindimié).
45
Les déjections animales et notamment les fientes de volailles et les lisiers de porcs sont
actuellement épandus. Or, les nuisances environnementales associées à ces épandages sont
croissantes. Il est donc probable que, prochainement, des méthodes de valorisation de ces
effluents soient exigées.
Des exploitants comme l’élevage Birot, déjà équipé d’un séparateur de phase et de lagunes, ou
encore Mr Courtot, maire de Pouembout, éleveurs de porcs, seraient potentiellement volontaires
pour participer au développement de ce type d’unité de méthanisation91, sous réserve d’une
prise en charge financière et technique.
Une structure potentiellement envisagée pour intégrer la maîtrise d’ouvrage serait un
regroupement d’éleveurs comme, par exemple, les associations, à la fois en province Sud et
en province Nord, de regroupement des éleveurs porcins92 accompagnées d’un acteur public.
c) La microméthanisation
- Projet au sein d’une collectivité ou d’un établissement scolaire
La microméthanisation peut avoir une visée pédagogique très intéressante au sein d’une
collectivité ou d’un établissement scolaire. La commune du Mont Dore93 a manifesté un intérêt
à développer la méthanisation afin de traiter la thématique du gaspillage alimentaire et de
sensibiliser les populations sur le potentiel énergétique des déchets organiques.
Le lycée de Pouembout94 serait également intéressé pour faire fonctionner une micro unité à
visée majoritairement expérimentale et pédagogique.
- Projet au sein des ménages ou des tribus isolées
La microméthanisation peut également être une méthode de valorisation des déchets organiques
et de production d’énergie renouvelable pour les ménages. La collecte sélective étant associée
à un surcoût certain, cette méthode de valorisation à la source, en plus d’éduquer les ménages
sur le tri, leur permettrait de produire du gaz réutilisable pour différents appareils comme une
91 J’invite l’ensemble des exploitants qui pourrait chercher des méthodes alternatives de traitement de leurs effluents à échanger avec l’équipe de l’ADEME Nouvelle-Calédonie. 92 Cf Entetien avec la DDR à La Foa. 93 Contact : Benoit Hanne. 94 Contact : Steven Blomme.
46
gazinière, une chaudière ou une lampe à gaz etc. Cécile Tauhiro au travers de son bureau
d’étude organik énergie souhaite développer ce type de projet95.
2. Construire un cadre de développement adapté à l’émergence des filières durables
a) Sur une courte échelle de temps
- Valoriser les études déjà réalisées ou en cours
Dans un premier temps, il semblerait pertinent de développer une plateforme où l’ensemble des
travaux sur la filière méthanisation soit regroupé.
Dans un deuxième temps, l’étude récente réalisée par la Direction au Développement Rural sur
la valorisation des déchets organiques des élevages hors sol est intéressante et mériterait d’être
valorisée.
Enfin, ce sujet de la méthanisation et plus globalement de la biomasse énergie est d’actualité
sur le territoire. L’ACE et l’ADEME ont lancé un Appel à Manifestation d’intérêt en 2019 ce
qui a débouché sur le financement d’un étude macro réalisé par le bureau d’études A2EP
permettant de mieux identifier le potentiel à long terme avec une identification des gisements
organiques et des besoins énergétiques sur l’ensemble du territoire.
- Suivre un projet pilote en assurant un accompagnement
Un projet pilote comme vitrine pourrait permettre de faire émerger de nouveaux porteurs de
projets. Les coûts de fonctionnement de ce projet pourraient être financés sur une durée limitée
par une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage ou pris en charge par des associations comme les
associations de réinsertion96. Le suivi et la communication autour de ce projet afin de
sensibiliser et de faire connaître le processus aux acteurs du territoire serait bénéfique.
b) Sur une échelle de temps longue
- Faire évoluer le cadre juridique environnemental actuel
95 Deux projets pilotes vont être mis en place à Canala et dans la tribu de Naketi au sein de tribus. 96 Voir avec la DEFE, contact annexe 1.
47
** Afin de faciliter l’implantation des installations de méthanisation
En abaissant les seuils de la rubrique relative aux installations de méthanisation
Les seuils présents dans la nomenclature ICPE relatifs aux installations de méthanisation sont
particulièrement bas par rapport aux seuils présents dans la législation de France métropolitaine
ce qui entraîne la soumission de ces installations en Nouvelle-Calédonie à un régime juridique
particulièrement stricte97.
**Afin de faciliter l’émergence de filières transversales malgré le partage des compétences
environnementales
En construisant un cadre juridique territorial
Ce cadre juridique territorial permettrait de porter la stratégie environnementale sur l’ensemble
du territoire de la Nouvelle-Calédonie. Une analyse comparée des trois codes de
l’environnement pourrait ainsi être réalisée afin de regrouper pour chaque chapitre les
spécificités de chaque province au sein d’un même code de l’environnement territorial. Ainsi,
le nouveau code de l’environnement serait un code regroupant les trois provinces et auquel on
pourrait ajouter quelques principes environnementaux structurant la stratégie environnementale
choisie.
En créant un acteur environnemental unique
Quel que soit le domaine de l’environnement, cet acteur pourrait permettre de dépasser le
partage de compétences fragmenté. Cet acteur pourrait être le Comité consultatif de
l’environnement introduit en 2006 par l’article 213 de la loi organique. Par ce comité, la
Nouvelle-Calédonie pourrait coordonner son action en matière environnementale et agir
comme un organe de coordination au vu du chevauchement des compétences en matière
d’environnement. Une extension des compétences de ce comité, par simple modification de
l’article 213 pourrait permettre de créer un acteur en environnement à l’échelle du pays
97 Cf les seuils relatifs aux installations de méthanisation dans la nomenclature ICPE en annexe 10.
48
imposant par exemple une consultation pour chaque modification des réglementations
provinciales et communales touchant à l’environnement98.
**Afin d’accompagner la transition énergétique
En intégrant la transition énergétique dans un code de l’environnement pays
La Nouvelle-Calédonie ne dispose pas d’un code de l’énergie ni de texte législatif définissant
la transition énergétique et les objectifs recherchés. Ce vide juridique peut questionner. Il serait,
en effet, intéressant d’introduire, textuellement, la transition énergétique au sein d’un code de
l’environnement pays99.
En révisant les objectifs du STENC et de la PPI
Le STENC s’apparente à une stratégie nationale permettant de fixer des objectifs chiffrés
ambitieux. Lorsqu’on compare les objectifs chiffrés, on remarque que les objectifs sont
majoritairement relatifs au développement des énergies renouvelables, contrairement à la
métropole qui a introduit des objectifs relatifs à la production de chaud et de froid renouvelable,
à la maîtrise de l’énergie ou à la diversification du mix énergétique.
Du côté de la PPI, cette planification ne concerne que le mix électrique contrairement à la PPE.
Ici aussi, même si les besoins thermiques de la Nouvelle-Calédonie sont moindres par rapport
aux besoins thermiques de métropole, on constate qu’une vision seulement électrique
marginalise certaines filières renouvelables comme la biomasse énergie qui sont pourtant très
intéressantes pour effectuer la transition énergétique. C’est d’ailleurs ce qui est rappelé dans le
rapport de la PPI réalisé par la DIMENC qui mentionne que les énergies renouvelables ne
permettent pas de répondre, à tout instant, à la demande de la distribution publique, du fait de
l’intermittence de la production. Par conséquent, une certaine quantité d’énergie thermique
fossile serait donc nécessaire pour garantir la permanence de la fourniture en électricité. Afin
de limiter l’impact environnemental des moyens thermiques fossiles, la PPI fixe certaines
dispositions comme l’engagement du porteur de projet d’utiliser un certain pourcentage de
98 DAVID Carine. Le partage de la compétence environnementale en Nouvelle-Calédonie. Revue juridique de l'Environnement, 2007, numéro spécial, pp.33-43. 99 Recommandation partie 1 chapitre 1.
49
biomasse en exploitation si elle présente un coût économiquement raisonnable. Une production
d’énergie électrique comme d’énergie thermique pourrait ainsi permettre une meilleure maîtrise
de l’énergie et il conviendrait de l’afficher clairement dans les objectifs de planification.
En concrétisant la transition énergétique dans la fiscalité
La concrétisation de la transition énergétique au sein du territoire, s’appuyant, en général, sur
les lois de finance, est peu développée en Nouvelle-Calédonie. En effet, la fiscalité en place ne
permet pas de soutenir un développement fort du STENC. Certaines incohérences pourraient
être modifiées à court terme. Parmi elles, les modalités de calcul des aides à l’énergie distribuées
aux agriculteurs100. Actuellement, ces aides ne concernent que les énergies fossiles et non les
énergies renouvelables. Ceci n’encourage pas les agriculteurs à muter leur moyen de production
d’énergie. On citera également les modalités d’éligibilité des projets à la défiscalisation voir à
la double fiscalisation qui favorisent peu les projets d’énergie renouvelable101.
En réfléchissant à l’échelon de gouvernance adapté pour mener la transition énergétique
Enfin, la réflexion autour de l’échelon d’action adapté pour mener la transition énergétique est
délicate. En Nouvelle-Calédonie, cet échelon est, pour l’instant, l’échelle pays vu le partage des
compétences actuelles. Cependant, il est possible de se questionner sur la pertinence de cet
échelon d’action peut être trop déconnecté du territoire. Une décentralisation de cette
compétence énergie pour le volet énergie renouvelable permettrait de faciliter l’intégration dans
les territoires de cette transition énergétique. Ainsi, l’intégration de cette dernière dans des
schémas d’aménagement provinciaux pourrait permettre d’étoffer les objectifs encourus par
cette transition énergétique et d’encourager de manière ambitieuse à une mutation profonde de
la production et de la consommation énergétique des territoires. L’Agence Calédonienne de
l’Energie pourrait coordonner cette « décentralisation ».
100 Délibération n°125/CP du 5 mars 2019. 101 Article 3243-1 et 4233-1 Code des aides pour le soutien de l’économie en province Sud.
50
**Afin de promouvoir l’économie circulaire
En encourageant à l’élaboration d’une planification ambitieuse
En Nouvelle-Calédonie, une planification ambitieuse pourrait permettre de développer
l’ensemble des filières de valorisation de la matière organique. En effet, le gisement dispersé et
peu mobilisable des déchets organiques pourrait conduire à une compétition d’usages de ces
filières durables. Une stratégie globale permettrait ainsi que les méthodes alternatives puissent
se développer de manières complémentaires sur ce territoire. Les clusters Acotred et Valorga,
les associations et les différents acteurs institutionnels tels que provinces, devraient
conjointement construire une stratégie locale permettant de mobiliser ce gisement de manière
optimale et raisonnée et de développer la biomasse énergie.
En imposant des obligations de tri et de valorisation des déchets organiques
En Nouvelle-Calédonie, des obligations de valorisation de ce type de déchets permettraient de
sécuriser le développement de l’ensemble des filières de valorisation des biodéchets.
Aujourd’hui, la majorité des déchets organiques étant produits sur le Grand Nouméa et stockés
dans l’ISDND de Gadji, une obligation réglementaire portant sur ce sujet entraînera le
développement des modes de traitement de valorisation des déchets organiques par le
concessionnaire gérant les déchets ménagers ou la sous-traitance de ces modes de traitement
par des structures spécialisées dans ce domaine.
En modifiant certains seuils de réglementations liées aux épandages
De plus, concernant les effluents agricoles, une réglementation visant à encadrer davantage les
épandages102 permettrait de diminuer le risque lié aux nuisances environnementales tout en
sécurisant un gisement organique supplémentaire potentiellement à valoriser.
En développant des outils fiscaux contraignants
En Nouvelle-Calédonie, une modification des outils fiscaux déjà présents sur le territoire
comme la TAP ou taxe de soutien aux actions de lutte contre les pollutions qui a été instituée
102 Pour rappel, un projet de loi de révision des modalités d’épandage est actuellement en cours d’élaboration.
51
par la loi du pays n° 2003-3 du 27 mars 2003 pourrait également être appliquée aux entreprises
ne valorisant pas un certain pourcentage de déchets organiques fermentescibles et pourrait
s’appliquer de manière forte sur chaque tonne de déchets enfouie au centre de l’ISDND de
Gadji pour la Province Sud.
En développant des outils fiscaux incitatifs
Pour la Province Nord et la Province des îles Loyauté, une incitation au développement des
méthodes de valorisation individuelle locale des déchets organiques est à privilégier. La
microméthanisation pouvant traiter des volumes de déchets organiques individuels paraîtrait,
par exemple, une méthode de valorisation intéressante à promouvoir. Enlever les taxes
concernant l’importation de ces petites unités et la promotion de cette alternative de valorisation
pourrait aider à la valorisation des biodéchets dans ces territoires isolés.
En encadrant la qualité des produits entrants et sortants
En Nouvelle-Calédonie, afin d’élaborer un cadre juridique relatif à la sortie du statut de déchet,
il pourrait être intéressant de s’appuyer sur la démarche de France métropolitaine en proposant
une sortie statut de déchets gérée par les différentes provinces et assimilable à la sortie du statut
local de déchet de métropole proposée à l’article D. 541-12-14 du code de l’environnement. A
noter qu’une réflexion préalable a été menée en Province des îles Loyauté sur la sortie du statut
de déchet pour les huiles alimentaires usagées.
L’élaboration d’une norme propre au territoire de la Nouvelle-Calédonie pourrait ainsi
permettre de garantir une qualité du digestat sortant. Un référentiel élaboré par le cluster
Valorga qui réunit l’ensemble des acteurs impliqués dans la valorisation des déchets organiques
est à noter et pourra déboucher sur une potentielle norme locale.
52
Partie 3 : Le potentiel de développement de la méthanisation à Wallis et Futuna
I. Wallis et Futuna, un territoire intéressé pour développer la méthanisation
A l’initiative du territoire de Wallis et Futuna, une mission a été réalisée afin de réaliser un
diagnostic sur le potentiel de développement de la méthanisation sur ce territoire103 et de
proposer, si potentiel il y a, des recommandations concernant les perspectives de
développement de cette filière.
II. Diagnostic
1. La méthanisation, une option viable face aux problématiques du territoire et à ses
besoins
a) Un gisement conséquent de déchets au potentiel méthanogène
La méthanisation peut être réalisée à partir de la matière fermentescible. Or, les gisements à
potentiel méthanogène présents sur Wallis et Futuna sont nombreux.
Parmi eux, on trouve les déjections animales provenant majoritairement des porcs mais
également des volailles, les déchets issus des fosses septiques aujourd’hui stockés dans le CET
(Centre d’Enfouissement Technique) ainsi que les déchets verts de type non ligneux
comprenant par exemple les déchets herbacés104.
Ces trois catégories de déchets sont particulièrement présentes sur le territoire et pour l’instant
ne sont pas valorisées.
Le compte rendu sera focalisé sur la valorisation des effluents d’élevage, un des déchets dont
la gestion est peu développée et la valorisation souhaitable.
b) La méthanisation répond aux problématiques sanitaires et environnementales du
territoire
- - La méthanisation à partir de déjections animales
103 Le diagnostic pourra être étendu dans une certaine mesure à Futuna. 104 Le potentiel méthanogène de Merremia peltata (liane envahissante) peut être intéressant à calculer.
53
La méthanisation à partir de déjections animales (lisiers de porcs et fientes de volailles) répond
aux problématiques sanitaires et environnementales du territoire. En effet, on compte à Wallis
près de 22 000105 porcs sur le territoire pour 12 000 habitants. Seuls 12 éleveurs professionnels
sont patentés106, la majeure partie sont donc des particuliers propriétaires de porcs non recensés.
Les installations présentes sont rudimentaires avec des parcs à cochons sur terre ou sur dalle
bétonnée n’incluant pas de fosse à lisier. Rares sont les éleveurs qui ont une porcherie. On
notera, cependant, que des fosses à lisier ont été installées chez certains particuliers107. Mais
parmi les quelques propriétaires équipés, rares sont ceux qui utilisent aujourd’hui ces fosses en
partie car le système de collecte du lisier n’était pas efficient.
Les déjections de ces animaux sont donc majoritairement non collectées et constituent une
source de pollution des eaux souterraines et côtières. Cette pollution est accentuée par le régime
pluvial local. La collecte des lisiers et leur valorisation est donc un enjeu primordial pour le
territoire et, à cet égard, la méthanisation représente une solution de valorisation durable.
- La méthanisation à partir de déchets verts
Concernant les déchets verts abondants sur l’île, les problématiques environnementales sont
notamment liées aux espèces invasives comme la liane appelée Merremia peltata. L’étude du
potentiel méthanogène de cette espèce pourrait être opportun afin d’envisager l’inclusion dans
le biodigesteur de ce type de déchets, par exemple en mélange avec les effluents d’élevage.
c) La méthanisation répond aux besoins du territoire
Les produits de la méthanisation répondent aux besoins du territoire avec :
- Le biogaz
Plusieurs valorisations du biogaz sont envisageables :
- une valorisation thermique (production de chaud et de froid) - une valorisation électrique - une valorisation électrique et thermique : cogénération - une utilisation directe du gaz
105 L’estimation du nombre de porcs est actuellement approximative et oscille entre 22 000 et 30 000 porcs sur l’ensemble du territoire. 106 Les éleveurs patentés sont les éleveurs appartenant à un réseau professionnalisant géré à Wallis par la CCIMA. 107 Aujourd’hui aucun recensement ne permet de localiser ces élevages équipés.
54
La valorisation qui pourrait être privilégiée, dans un premier temps, est une utilisation directe
du biogaz pour la cuisine. En effet, de nombreuses cuisinières fonctionnent avec le gaz et le
prix de la bouteille de gaz est compris entre 5 000 et 7 000 francs pacifique108 en moyenne
constituant ainsi une dépense non négligeable pour les ménages. Dans un second temps, une
valorisation électrique pourrait être envisagée.
- Le digestat (un fertilisant : amendement ou engrais organique)
Il existe un véritable besoin d’intrants locaux pour l’ensemble des agriculteurs. Aujourd’hui ce
sont les déjections animales qui sont utilisées pour fertiliser le sol avec, dans certain cas, un
travail de compostage au préalable. Le digestat pourrait ainsi être travaillé pour répondre aux
besoins du sol.
d) La méthanisation participe à la transition énergétique
La méthanisation est une énergie renouvelable produite à partir de la biomasse et répond donc
aux objectifs posés dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie de Wallis et Futuna. On
rappelle que, concernant le biogaz, la programmation prévoit de produire 100 kW d’électricité
d’ici 2023 à partir de la biomasse.
� En conclusion, la méthanisation a un potentiel de développement certain sur le territoire car
le gisement actuel à méthaniser est peu valorisé et est responsable, du fait de l’absence de sa
collecte, de problématiques tant environnementales que sanitaires et car une production locale
d’énergie renouvelable permettrait de répondre aux objectifs liés à la transition énergétique.
On notera que la méthanisation reste une méthode de valorisation énergétique qui est
complémentaire avec l’ensemble des autres types de valorisation comme la valorisation matière
type compostage.
108 Entre 42 et 58 euros.
55
2. Quelques freins identifiés
a) Une absence de recensement
Malgré le potentiel de développement établi, certains freins sont présents sur le territoire. Le
premier est l’absence de recensement précis des élevages109 et des équipements des éleveurs
(professionnels ou particuliers). Une approximation de la quantité de lisier produite sur le
territoire ainsi que l’estimation des éleveurs pouvant potentiellement collecter ce lisier est donc,
à ce jour difficilement réalisable.
b) Des éleveurs non équipés pour la collecte des effluents
Même sans avoir un recensement bien établi, la majorité des éleveurs ne sont pas équipés pour
récolter le lisier. Or, sans équipement pour collecter le lisier, le gisement permettant
d’approvisionner le digesteur est drastiquement réduit.
c) La qualité du gisement
Avec les conditions météorologiques et les habitudes des éleveurs consistant à arroser plusieurs
fois par jour les porcs, une dilution importante du lisier est potentiellement à prendre en compte.
Cette dilution pourrait impacter le potentiel méthanogène des effluents et ainsi diminuer la
production en biogaz. On ajoutera que le lisier dépend directement de la nourriture donnée aux
porcs. Or sur le territoire, différentes alimentations sont présentes (traditionnelle : coco et
manioc, granulés ect.). La composition du lisier et donc son potentiel méthanogène peut ainsi
être variable selon les élevages.
3. Des leviers à mobiliser
a) Des ressources financières
- - FEI
109 Une description de l’élevage porcin est attendue avec le nombre moyen de porcs charcutiers, de truies, de porcelets et le type d’élevage (naisseur-engraisseur ect.)
56
Avec le budget du FEI110, le STE pourrait financer une unité pilote expérimentale et une AMO
(Assistance à Maîtrise d’Ouvrage).
- - 11ème FED
Avec le programme PROTEGE, des sources de financement peuvent également être allouées à
la structuration des exploitations.
- - Contrat de convergence et de transformation 2020
Un budget peut être intégré dans le prochain CCT si des besoins financiers sont identifiés pour
le développement de la filière de méthanisation.
b) Un pilotage approprié
Une réflexion autour du pilotage du projet afin de coordonner l’ensemble des acteurs et
d’organiser la collecte, la sécurisation de l’approvisionnement, le suivi de l’installation et la
redistribution des produits est fortement recommandée. Un poste de chargé de mission pourrait
être dédié à ce pilotage à travers les dispositifs de financement annoncés ci-dessus.
110 Enveloppe estimée à 700 000 euros pour l’installation de méthanisation.
57
III. Comment structurer la filière de la méthanisation sur le territoire ?
1. La mise en place d’un site pilote
Pour faire démarrer la méthanisation sur le territoire, il semblerait opportun de réaliser un site
pilote expérimental de micro méthanisation qui permettra la création d’un savoir local sur ce
process et le développement par la suite de la filière biomasse énergie.
Le choix privilégié serait ici de lancer le site pilote assez rapidement avant une structuration
totale de la collecte du lisier. Ce site pilote serait donc un site expérimental et pourrait être
financé par le Service Technique de l’Environnement.
a) Les différentes étapes détaillées
❶ IDENTIFICATION DU GISEMENT
- Les élevages porcins
Parmi les éleveurs porcins, deux éleveurs patentés111 ayant des élevages de 100 cochons en
moyenne ont été identifiés112.
Ces éleveurs sont Taleka et Patita Hanisi qui sont deux exploitants souhaitant moderniser leurs
installations. Ils ont, en effet, réalisé des demandes auprès de la CCIMA pour faire installer
une fosse à lisier permettant une récupération de ce dernier.
111 Eleveurs incluent dans un réseau professionnalisant et ayant un suivi technique réalisé par la CCIMA. 112 Redemander confirmation du nombre de cochons à la CCIMA.
58
Figure 7 : Ferme de Taleka et future porcherie avec dans le fond le lieu de la future fosse à lisiers.113
Figure 8 : Installation de l’élevage de Patita Hanisi et lieu potentiel de la prochaine fosse à lisiers.
On notera également que dans le village de Vaitupu le chef du village Heu a pour projet de
déplacer quelques éleveurs volontaires en hauteur par rapport à la ligne de côte avec notamment
l’idée de créer une coopérative locale entre les éleveurs. Dans l’idée d’un déplacement de ces
élevages, l’incorporation de structures adaptées pour la récolte du lisier serait envisageable et
pourrait s’inscrire dans le prolongement du projet de valorisation des effluents.
113 Localisation des élevages disponible sur demande à la CCIMA.
59
Enfin, le lycée agricole pourrait mettre à disposition une partie du lisier. On compte 3 truies et
deux porcs114 avec une installation sur caillebotis. La collecte du lisier est donc déjà amorcée.
Figure 9 : Installation sur caillebotis du lycée agricole Vaimoana Lavegahau et fosse à lisier.
- Les élevages de volailles
Parmi les élevages de volailles, l’élevage de Cathy (1500 volailles) et l’élevage de Jean Pierre
(4400 volailles) sont deux élevages patentés qui seraient prêts à mettre à disposition une partie
de leurs fientes de volailles pour un site pilote de méthanisation. Ces fientes sont d’ores et déjà
récoltées dans une fosse. Les deux élevages souhaitent automatiser la récupération des fientes
avec des systèmes de moto pompes ou de racleurs automatiques. Ceci permettra de faciliter la
récupération et la collecte des fientes.
114 En moyenne, tout au long de l’année deux animaux sont présents dans la porcherie et les autres se trouvent dans le parc tournant.
60
Figure 10 : Elevage de Cathy et fosse permettant la récupération des fientes de volailles.
� En conclusion, deux éleveurs porcins et deux éleveurs de volailles patentés ainsi que le lycée agricole ont été fléchés comme approvisionneurs du site expérimental de méthanisation. L’équipement des éleveurs permettant la récupération des déjections animales et la confirmation de la participation des éleveurs au projet de méthanisation pourrait être entrepris par la CCIMA et la DSA en partenariat étroit avec la chefferie.
❷ ETUDE DE LA NATURE DU GISEMENT
L’ensemble du gisement fléché devrait être étudié qualitativement et quantitativement.
L’analyse quantitative consiste à savoir quel volume de déjection animale pourrait être collecté
par jour afin de réfléchir à un premier dimensionnement du site pilote. Une première estimation
quantitative des déjections produites dans les élevages fléchés est envisageable avec la
connaissance du nombre de têtes présents dans les élevages115.
L’analyse qualitative peut être faite de manière non exhaustive localement auprès du laboratoire
du Service Technique de l’Environnement (matière sèche, azote totale, DBO, DCO ect.) mais
une analyse du potentiel méthanogène serait intéressante et n’est possible que hors du
territoire116.
115 A réaliser après confirmation du nombre de porcs dans les élevages de Patita Hanisi et de Taleka. 116 Une recherche sur les caractéristiques influant le potentiel méthanogène et les laboratoires à proximité réalisant cette analyse devrait être réalisée.
61
Une analyse des lisiers de porcs a déjà été réalisée en 2001117. Cependant, le potentiel
méthanogène n’a pas été évoqué.
Remarque : Les lisiers de porcs sont particulièrement dilués dans l’eau car les éleveurs ont
pour habitude de doucher régulièrement les porcs ce qui pourrait potentiellement impacter le
potentiel méthanogène de ce lisier. De plus, l’alimentation est variable tous les lisiers n’auront
peut-être pas le même potentiel méthanogène selon un régime alimentaire plutôt granulés et un
autre avec des aliments locaux (manioc, coco ect.).
� En conclusion, pour le site pilote, une analyse qualitative peu poussée réalisée sur place est envisageable dans un premier temps. Une première estimation quantitative même approximative des déjections animales récupérées par jour chez les éleveurs fléchés est indispensable pour le dimensionnement de l’installation. C’est pourquoi, une première phase uniquement de récoltes des déjections et d’analyses au laboratoire du service de l’environnement serait donc nécessaire avant le lancement de la méthanisation et le choix du biodigesteur. Cette analyse quantitative et qualitative devrait être encadrée par la DSA, la CCIMA ainsi que le laboratoire du STE118. Le financement d’une AMO119 pourrait permettre de réaliser cette étape de qualification du gisement.
❸ CHOIX DU BIODIGESTEUR
La qualification (quantitative et qualitative) du gisement est une étape essentielle afin de réaliser
le choix de biodigesteur.
Les éléments qui ressortent après un premier diagnostic à dire d’experts, serait de choisir un
micro biodigesteur qui ne nécessite pas un approvisionnement supérieur à 30120 m3/semaine de
biomasse par semaine et spécifique pour le lisier et/ou fientes de poules. De plus, une
valorisation uniquement du biogaz avec une purification de ce dernier et une compression en
bouteille serait à privilégier pour le site pilote.
117 Secrétariat général de la Communauté du Pacifique, Service régional de santé animale, L’élevage de porcs à Wallis : risques de pollutions et propositions d’aménagements, 2001. 118 Un 119 Financement FEI. 120 Chiffre à confirmer après le retour sur certaines données entrantes (nombre de porcs dans les élevages de Taleka et Patita Hanisi et statistiques sur les productions de lisiers) Ce calcul sera transmis dans le prochain rapport.
62
Une première recherche en autodidacte sur les micro biodigesteurs pourrait être envisagée
auprès des quelques fournisseurs internationaux spécialisés dans la microméthanisation121:
❹ CHOIX DE LA LOCALISATION DU BIODIGESTEUR
Pour la localisation, deux possibilités ont été envisagées suite aux discussions avec les différents
acteurs :
- une localisation du site pilote sur le terrain du CET qui correspond à un terrain de 500 m2
- une localisation du site pilote au plus près du gisement dans les élevages
Le scénario retenu par la collectivité à ce stade serait de localiser le site pilote au niveau du
CET de Wallis sur le terrain de 500 m2 à l’entrée de l’installation ce qui permettrait de faciliter
les expérimentations, la gestion et le suivi dans un premier temps.
Figure 11 : Localisation du site pilote de méthanisation au CET de Wallis à Vailepo.
❺ IMPLANTATION, COLLECTE ET MISE EN FONCTIONNEMENT
La mise en fonctionnement de l’installation ne semble pas poser de contrainte administrative
particulière. Avec les faibles quantités de biogaz produites, l’unité pilote ne sera pas soumise à
la législation ICPE appliquée sur le territoire.
L’implantation du site pilote au niveau d’un site commun implique une mise en place de la
collecte de lisiers auprès de chaque éleveur concerné. On note que du matériel permettant cette
121 Cf p. 16.
63
collecte (tonne à lisier) est déjà disponible sur le territoire. En effet, la circonscription et le lycée
agricole possèdent une tonne à lisier permettant la collecte de ces effluents.
Après discussion avec la circonscription, l’équipe eaux usées pourrait proposer contre
rémunération la collecte des fosses des éleveurs. Une convention pourrait éventuellement être
effectuée entre la circonscription et le STE pour les modalités du service.
Remarque : Pour la collecte du lisier, les éleveurs fléchés doivent être accessibles, le tracteur
doit pouvoir venir à proximité de l’installation.
Un pilotage de la mise en fonctionnement de l’installation pourrait permettre de faciliter la mise
en fonctionnement de l’unité pilote. Une fois de plus, la mise en fonctionnement et le suivi sur
les premiers mois pourraient être réalisés par une AMO.
� En conclusion, un échange avec la circonscription d’Uvéa pourrait être opportun afin
d’organiser la collecte des éleveurs jusqu’au site pilote. Un agent du CET, de la DSA ou de la
CCIMA pourrait également se charger de la collecte sous réserve d’une mise à disposition du
matériel de collecte nécessaire. Le développement d’un site pilote expérimental nécessite de
fort besoin en pilotage. Comme dit précédemment, l’assistance à maîtrise d’ouvrage pourrait
être financée par le budget dédié à la méthanisation et permettrait sur une courte période de
réaliser la mise en fonctionnement et de former les successeurs.
❻ REDISTRIBUTION LES PRODUITS ISSUS DE LA METHANISATION AUX
ELEVEURS
Pour le site de méthanisation expérimental, un accord (potentiellement sous forme de
convention) entre les éleveurs qui donnent les effluents de leurs élevages et le STE pourrait être
réalisé. En contrepartie des effluents donnés et afin de sensibiliser les éleveurs à la
méthanisation, une redistribution mensuelle à ces éleveurs d’une partie du biogaz et du
digestat122 pourrait être mise en place.
❼ MISE EN PLACE ET ANIMATION D’UN POLE R&D
122 Corrélé à la quantité de lisiers mise à disposition pour approvisionner le biodigesteur
64
L’agent chargé de l’unité pilote de méthanisation serait également en charge de l’animation et
de la mise en place du pôle R&D afin de déterminer plus précisément :
o De la recherche sur le mélange de gisement permettant une production efficiente de biogaz (lisiers porcins seuls ou lisiers plus fientes ou lisiers plus fientes plus déchets verts ect.) en s’appuyant sur un travail bibliographique et expérimental.
o Des traitements post méthanisation à réaliser concernant le digestat (compostage avec des déchets verts) pour en faire un fertilisant adapté aux besoins des sols. Un travail conjoint avec le lycée agricole est fortement conseillé.
o De l’évaluation du potentiel de développement de la méthanisation sur le territoire
❽ LA MISE EN PLACE D’UN COMITE DE PILOTAGE
Un comité de pilotage réunissant un référent du STE, de la DSA, de la CCIMA et de la chefferie
pourrait être utile au développement de l’unité pilote.
b) Récapitulatif du partage de compétence pour les différentes étapes
Les tâches principales à réaliser pour le site pilote sont, comme dit précédemment :
- L’identification du gisement - En fonction du gisement, le choix du biodigesteur - La collecte du gisement - La mise en fonctionnement : collecte du gisement, coordination des acteurs, suivi de
l’installation et organisation des expérimentations
1. Identification du gisement
- Une prise en charge en interne par les services o DSA et CCIMA en collaboration avec le STE
- Une prise en charge externe à travers le financement d’une AMO123.
2. Choix du biodigesteur et achat
- Une AMO pour le choix du biodigesteur pourrait être envisagée.
123 Budget FEI 2019
65
- Le choix et le financement de l’unité pilote pourraient être encadrés par le STE124.
3. La collecte
La collecte pourrait être prise en charge par :
- la circonscription d’Uvéa
- un agent de la DSA, CCIMA ou du CET
4. La mise en fonctionnement de l’installation et le pilotage du projet
- Une gestion assurée par un acteur externe avec la demande d’une AMO sur une courte durée pour l’ensemble des missions.
- Une gestion assurée par des agents du STE/DSA/CCIMA avec la création de poste(s) supplémentaire(s).
Poste qui pourrait être inséré dans le contrat de convergence et de transformation 2020
Remarque :
Un technicien du CET supplémentaire pourrait en phase expérimentale réaliser la collecte des
éleveurs jusqu’à l’unité pilote.
� En conclusion, la détermination d’un site pilote expérimental pourrait être la première étape qui permettrait d’étudier de manière précise et efficace le potentiel de développement de la méthanisation sur le territoire. Le financement d’une AMO concernant : la qualification du gisement, le choix du biodigesteur et la mise en fonctionnement de l’unité est recommandé. Un travail conjoint avec les différents services ainsi qu’une réflexion autour du pilotage sont recommandés.
2. Objectifs de l’unité pilote et perspectives de développement de la filière méthanisation
124 Budget FEI 2019
66
a) Une unité pilote indicatrice du potentiel de développement de la méthanisation sur le
territoire
Les objectifs de cette unité pilote seraient :
o D’être un moteur pour l’équipement des éleveurs professionnels et particuliers en fosses à lisier permettant sa récupération et son traitement. Ceci permettrait la structuration de la filière de collecte des effluents.
o De construire un savoir empirique sur la recette du gisement à introduire dans le biodigesteur et sur le traitement du digestat pour obtenir un fertilisant adapté aux besoins du sol.
o De faire connaître le processus et de sensibiliser la population sur l’utilité des déjections animales. L’installation aurait donc une vertu pédagogique.
o De construire un savoir local et de le partager dans la région du Pacifique afin de contribuer au développement de la méthanisation dans cette zone géographique et de créer un réseau d’expertise.
b) Des actions à entreprendre en parallèle de la mise en fonctionnement de l’unité pilote
pour évaluer qualitativement le potentiel de développement de la filière
- Une structuration de la collecte des effluents d’élevage
Pour développer la filière de la méthanisation, le premier travail serait la structuration de la
filière de collecte. Le recensement des éleveurs et de leurs équipements ainsi qu’un équipement
de ces éleveurs pour permettre la collecte du lisier pourraient être encadrés par les acteurs du
milieu agricole : la DSA et la CCIMA. Ceci permettrait la structuration de la filière de collecte
des effluents agricoles.
- Une réflexion post expérimentale sur le potentiel de développement de la filière
Une étude qualitative et quantitative du gisement serait nécessaire une fois la filière de collecte
structurée. C’est sur la base de cette étude qu’une deuxième installation plus conséquente selon
le gisement et les besoins énergétiques (biogaz seul ou production conjointe électrique) pourrait
être envisagée.
Une réflexion sur la viabilité économique de la filière serait conseillée (montage de projet ect.).
La filière « équipement » du lycée agricole pourrait permettre une formation d’agents
spécialisés dans le domaine de la méthanisation.
67
- Une communication sur les expérimentations
Un travail en réseau avec les autres acteurs développant la méthanisation dans le Pacifique
pourrait être bénéfique pour évaluer le potentiel local.
IV. Les suites à donner à ce travail
Plusieurs éléments pourraient venir compléter ce travail avec parmi eux :
o Un premier retour sur l’approximation de la quantité de lisier pouvant potentiellement être récoltée pour l’unité pilote
o Un retour plus détaillé sur les paramètres influant le potentiel méthanogène d’un lisier (question de la dilution et de l’alimentation ect.) et les laboratoires permettant de réaliser ces analyses
o Un premier retour de différents fournisseurs potentiels pour avoir une idée de l’offre de biodigesteurs adaptés pour le territoire
o Un plan de financement de la mise en place d’une unité pilote o Un schéma récapitulatif permettant d’engager une réflexion sur le pilotage du
projet de méthanisation o Une grille des contacts de l’ensemble des acteurs rencontrés o Un dossier complet comprenant un diagnostic du potentiel de développement de
la méthanisation sur le territoire de Nouvelle-Calédonie et de Wallis et Futuna. La présence d’un chargé de mission ou d’une AMO apparait nécessaire pour réaliser l’ensemble des tâches afférentes au développement de la méthanisation à Wallis et Futuna.
68
Conclusion
Après cette analyse qualitative du potentiel de développement de la méthanisation, on peut
conclure que cette filière de la méthanisation est :
- A développer de manière ponctuelle, dans un premier temps, dans des conditions
spécifiques où la transversalité de la méthanisation permettrait de répondre aux besoins
du territoire et surtout des acteurs au sein de ce territoire.
- A développer de manière complémentaire aux autres procédés de production d’énergie
renouvelable et aux autres méthodes de valorisation des déchets organiques.
De plus, la méthanisation est une filière vitrine qui s’insère entièrement dans la grande famille
des filières à soutenabilité forte participant ainsi à la transition écologique. Traitant autant la
question de l’énergie que des déchets, cette filière reflète ainsi les limites du cadre politique,
juridique, technique permettant d’encadrer la mutation sociétale qu’est la transition écologique.
On rappellera que la marginalisation actuelle de certaines filières durables montre les limites
d’un cadre de développement qui permet le développement d’une sélection de filières durables
compétitives et non du développement d’un écosystème de filières durables complémentaires.
Cette étude qualitative du potentiel de développement de la méthanisation sur le territoire
pourrait être renforcée par un diagnostic territorial précis concernant les besoins énergétiques
et le gisement de déchets organiques mobilisable non valorisé permettant d’apprécier
quantitativement le potentiel de développement de cette filière125.
Pour toutes interrogations concernant ce rapport, demandes de précisions ou potentielles
corrections, je reste disponible à l’adresse mail suivante : [email protected].
125 A suivre l’étude réalisée par le bureau d’études A2EP.
69
Bibliographie
1) Codes
a) France métropole
Code de l’environnement.
Code rural.
Code des douanes.
Code de l’énergie.
Code des marchés publics.
Code de la consommation.
b) Nouvelle-Calédonie
Code de l’environnement de la Province Nord.
Code de l’environnement de la Province Sud.
Code agricole et pastorale de Nouvelle-Calédonie.
Code des aides pour le soutien de l’économie en Province Sud.
c) Wallis et Futuna
Code de l’environnement
2) Ouvrages
LAMARD, Pierre. La transition énergétique : un concept historique ? Villeneuve d’Ascq :
Presses universitaires du Septentrion, 2018.
PRIEUR, Michel. Droit de l'environnement. Dalloz. Précis : 5ème édition, 2003.
Institut d’Emission d’Outre-Mer. Nouvelle-Calédonie 2016. 2017. 177p.
70
3) Articles de revue
DAVID Carine. Le partage de la compétence environnementale en Nouvelle-Calédonie. Revue
juridique de l'Environnement, 2007, numéro spécial, pp.33-43.
STAHL Lucie. La clarification des compétences institutionnelles en matière d’environnement
dans les collectivités d’outre-mer et en Nouvelle-Calédonie, 2013, numéro spécial, pp.147-161.
BIO ENERGIE INTERNATIONAL. Le magazine XXL de la biomasse-énergie, Janvier 2019,
n°59, 55p.
BRISEUL, Jean-Paul. Le juge administratif et le contentieux des installations classées en
Nouvelle-Calédonie. Revue Juridique de l’Environnement, 2007, pp.49-55.
COLIN Fabrice, FAGES Alain, OHLEN Isabelle, THEMEREAU Marie-Noëlle, BOBIN M.,
MEYER Nadège, DAVID Carine. Le droit de l'environnement en Nouvelle-Calédonie, états
des lieux et perspectives. Revue Juridique de l’Environnement, 2007.
Bio énergie international, « Le magazine XXL de la biomasse-énergie », n°59, Janvier 2019,
55p.
BRISEUL Jean-Paul. Le juge administratif et le contentieux des installations classées en
Nouvelle-Calédonie. Revue Juridique de l’Environnement. 2007. pp.49-55.
COLIN Fabrice, FAGES Alain, OHLEN Isabelle, THEMEREAU Marie-Noelle, BOBIN M.,
MEYER Nadège, DAVID Carine. Le droit de l'environnement en Nouvelle-Calédonie, états
des lieux et perspectives. Revue Juridique de l’Environnement. 2007.
4) Thèses et mémoires
JOUAYED, Celia. L’intégration de l’économie circulaire dans les droits français et québécois
: l’exemple de la valorisation énergétique des déchets. Essai de la Maitrise Droit de
l’environnement, Développement durable et Sécurité alimentaire : Droit, Paris, Université Paris
1 Panthéon Sorbonne, 2017. 69p.
MAUGER, Romain. Le droit de la transition énergétique, une tentative d’identification. Droit.
Université de Montpellier, 2017. 709 p.
NAIMI, Tom. Freins et leviers juridiques de l’économie circulaire dans le secteur
agroalimentaire. Droit, Université de Nantes, 2018. 37 p.
71
Elea Blanc. Rapport de stage : Etude des Lisiers des Elevages Porcins et Mesure des risques de
pollution des sols et de l’eau de l’île de Wallis. 2011.
5) Rapports
ADEME. Suivi technique, économique, environnemental et social de sept installations
innovantes de petite méthanisation à la ferme. Novembre 2016, 25p.
ADEME. Méthanisation de produits organiques agricoles et non agricoles. Références
techniques, économiques et agronomiques. 2003.
Territoire des îles Wallis et Futuna. Programmation pluriannuelle de l’énergie Wallis et Futuna
2016-2018 / 2019-2023. 2017.
Secrétariat général de la Communauté du Pacifique. Service régional de santé animale,
L’élevage de porcs à Wallis : risques de pollutions et propositions d’aménagements. 2001.
ADEME. BASTIDE Guillaume. Méthanisation. Février 2015.
ADEME Direction Régionale Bourgogne Franche-Compté. La méthanisation en Bourgogne
Franche-Comté. Mars 2017.
ADEME, « Suivi technique, économique, environnemental et social de sept installations
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ADEME. Méthanisation de produits organiques agricoles et non agricoles. Références
techniques, économiques et agronomiques. 2003.
ADEME. Réalisation d’un référentiel technico-économique des unités de méthanisation de
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Septembre 2017.
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Septembre 2015.
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ADEME, DENV, CDM SGPS. Relevé de décision-Point méthanisation. 5 septembre 2017.
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6) Documents électroniques
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naturels.fr/fr/actualites/nouvelle-caledonie-les-codes-de-lenvironnement-des-provinces-nord-
et-sud
b) Sites internet
AGENCE INTERNATIONALE DE L’ENERGIE RENOUVELABLE [en ligne].
https://arab.org/fr/annuaire/-%C3%89nergie-renouvelable-agence-internationale/
CONGRES DE LA NOUVELLE CALEDONIE [en ligne].
http://www.congres.nc/assemblee/ses-attributions/adoption-des-textes/?panel=3
JURIDOC Nouvelle-Calédonie [en ligne].
http://www.juridoc.gouv.nc/JuriDoc/JdWebE.nsf/Juristart?openpage
LEGIFRANCE [en ligne]. https://www.legifrance.gouv.fr/
7) Vidéos en ligne
EDF. Biomasse, la deuxième source mondiale d’énergie renouvelable au monde [Vidéo en
ligne]. EDF, 2018 [vue le 10/04/2019]. https://www.edf.fr/groupe-edf/producteur-
industriel/energies-renouvelables/biomasse
FRANCE INTER. Le grand entretien avec Nicolas Hulot [Vidéo en ligne]. You Tube, 28 août
2018 [vue le 28 août 2018]. https://www.youtube.com/watch?v=YJZa90g9WSk
76
MOLAC, Paul. Question au Gouvernement - la baisse du prix de rachat des énergies issues de
la méthanisation [Vidéo en ligne]. You Tube, 3 avril 2019 [vue le 14/05/2019].
https://www.youtube.com/watch?v=8WYTq598veE
77
Annexes
1. Ensemble des acteurs rencontrés lors des entretiens.
Structure Nom Téléphone
I. Acteurs institutionnels/administratifs ACE Carole
ANTOINE carole.antoine@agence-
energie.nc AFD EZOE Marie [email protected]
ADEME MARTINIQUE
Julie BARTHELEMY
02 38 24 17 60
ADEME GUADELOUPE
Marc JANIN 05 90 26 77 22
ADEME REUNION Sophie POUTHIER
ADEME REUNION ET MAYOTTE
Christel THURET
02 62 71 11 24
ADEME POLYNESIE FRANÇAISE
Samy HAMDI [email protected]
Heiava SAMG-MOUIT
ADEME METROPOLE
Olivier THEOBALD
02 41 20 43 12
Julien THUAL 02 41 20 74 15
CANC Laura HENRY [email protected]
Clément GANDET
CCI Matthieu LADIESSE
CDE NOUMEA Jean-Marie ERNANDEZ
CDE DUMBEA Roger ROLLAT [email protected]
CDE MONT DORE M. LARANTHEC
CDE PAITA M. ACHARD [email protected]
CMA Gregory ARMANDO
CPS : SECRETARIAT GENERAL DE LA COMMUNAUTE DU PACIFIQUE
Aude CHENET [email protected]
Raphael BILLE [email protected]
Peggy ROUDAUT
78
Atishma LAL 6 793 379 402
Amelia SIGA 6 793 379 250
Simon MONCELIN
DDEE Candina NEAOUTYINE
Ophélie SALAUN
Lady POUYE [email protected]
Yannick MONLOUIS
DDR Sylvie EDIGHOFFER
DIRECTION DEVELOPPEMENT DURABLE ET RECHERCHES APPLIQUEES
Georges KAKUE, Xutrenie KAKUE
Marjorie WEJIEME
Ornella GOIMELE KECINE
DENV - BUREAU GESTION DES DECHETS
Anais ODDI [email protected]
DENV - BUREAU DES ICPE
Melissa CHAMPEIL
DEFE Calire BARANCOURT
DOUANES [email protected]
DIMENC Gilles PROVOST 271728
Bastian MORVAN
FINC [email protected]
IAC Audrey LEOPOLD
IAC Julien DROUIN [email protected]
79
MEDEF Eric DINAHET [email protected]
MOINDOU [email protected]
PANC Daniel HOUMBOUY
SERVICE TECHNIQUE DE L'ENVIRONNEMENT WALLIS ET FUTUNA
Paino VANAI [email protected]
Ateliana MAUGATEAU
SIVAP Coralie LUSSIEZ [email protected]
SYNDICAT DES IMPORTATEURS ET DISTRIBUTEURS
Sylvie JOUAULT
VILLE DE DUMBEA
VILLE DE NOUMEA
Magalie Garnier [email protected]
Francoise SUVE [email protected]
VILLE DU MONT DORE
Benoît HANNE [email protected]
Pierre-olivier CASTEIX
II. Entreprises ACOTRED Auroez GENOT [email protected]
ADECAL Pablo CHAVANCE
Aurore KLEPPER
A2EP [email protected]
ALBEDO Alexandre LOISEAU
BIME [email protected]
BIOCALEDONIA Pierre MIGOT [email protected]
Hnéla PIERSON [email protected]
BIOECO Christophe CHESNEAU
BIOEKO [email protected]
CAP AGRO Claire Doublier Envoie mail plateforme
CBE Nicolas Casenobas
CDE_CALEDONIENNE DES EAUX
François Dufourmantelle
41 37 40 [email protected]
80
EEC ENGIE Cristophe LAPOUS
414127 [email protected]
Philippe FETIQUE
Franck MEOZZI [email protected]
Philippe MEHRENBERGER
463521 / 747830
ENERCAL ENERGIES NOUVELLES
Nicolas CAZE [email protected]
ELEVAGE PORCIN A OUACO
FERME PADDOCK CREEK
Richard GOSSELIN
43 41 11 [email protected] 77 41 11
GAZPAC Romain BABEY [email protected]
GBNC Audrey POADJA [email protected]
Elsa FERNANDEZ
GEOME [email protected]
ISDND GADJI, GROUPE CSP FIDELIO
Jean Nicolas BRUEL
Marc LEROUX 89 01 55 [email protected]
KENUA Elodie JAUNAY KIRIUM ENERGIE Kim
THANTRONG [email protected]
LYCEE MICHEL ROCARD
Steven BLOMME
78 91 87 [email protected]
NEWREST Raja BOUGHANMI
44 01 05 [email protected]
OCEF Reynolds VAUTRIN
Adeline CRETIN [email protected]
Frederic ESPINOSA
25 08 00 [email protected]
ORGANIK ENERGIE
Cécile TAUHIRO
75 13 73 [email protected]
OZD ECOTRANS Valérie TINNI gérante
PACIFIC DECHETS 25 37 35
PACIFIQUE ENVIRONNEMENT
Arnaud BANFI [email protected]
PACIFIC TUNA (PECHERIES)
Jessica BOUYE [email protected]
81
PESCANA Patrick HOUSSARD
[email protected] [email protected]
QUADRAN Stefan SONTHEIMER
Térence LINSOLAS
REPAIR [email protected]
SHREDX 44 35 25 [email protected]
SOCIETE CARANGA : CDE CSP ET SCI DE CUMEDIO
Gilles PIERSON 784224
SODIL Regis ballu 760582
SOLSTIS [email protected]
SOROCAL Thomas BEYNEIX
SYNERGIE Loic MARTIN COCHER
79 02 30 [email protected]
TECHNIVAL POLYNESIE
Cyrille BACHELERY
UPRA [email protected]
VALORGA Flavien Pierson [email protected]
Arnaud BANFI [email protected]
VIVA ENVIRONNEMENT
26 47 57 [email protected]
III. Associations ADEVY [email protected]
WWF Alizée BONNET [email protected]
GERAUX Hubert [email protected]
ZCO : ZONE COTIERE OUEST
Mylène AIFA 415845 [email protected]
742024
82
2. Programme de la mission
Lundi 5 août 2019
14h30-15h30 Rencontre avec M. Christophe LOTIGIÉ, Secrétaire général des îles Wallis
et Futuna
16h00-17h00 Rencontre avec le ministre coutumier pour la protection de
l’environnement, Mahe Apitone MUNIKIHAAFATA
17h00-18h00 Rencontre avec M. Antonio ILALIO, chef du service de coordination des
politiques publiques
Mardi 6 août 2019
08h00-10h00 Rencontre avec :
- Mme Lauriane VERGÉ, Présidente de la CCIMA - Mme Gwendoline COCQUET, Coordination développement
filières du secteur primaire, CCIMA - M Denis EHRSAM, Directeur général de la CCIMA - Mme Tagikitoga MAFUTUNA, Présidente groupement des
éleveurs. 10h00-12h00 Rencontre avec M. Paino VANAI, chef du service de l’environnement
14h00 – 18h00 Visite de terrain :
- Réunion avec Heu, le chef de village de Vaitupu - Visite de l’élevage porcin de Taleka
Mercredi 7 août 2019
08h00 – 9h00 Rencontre avec M. Jean-François NOSMAS, directeur du service de
l’agriculture
14h00 – 18h00 Visite de terrain : :
- Visite du CET de Wallis - Visite de l’élevage porcin de Patita Hanisi
Jeudi 8 août 2019
09h00-10h00 Visite de l’élevage de volailles de Cathy
14h00 – 16h00 Visite du lycée agricole
Vendredi 9 août 2019
08h00-9h00 Visite de l’élevage de volailles de Jean Pierre
09h00-10h00 Rencontre avec M. Pascal DEC, chef de la circonscription d’Uvea
10h30 – 11h30 Réunion de débriefing avec le STE et le SCOPPD
84
4. Fiche d’émargement de la restitution en Province Sud (numérique et manuscrite).
ADEME – Atelier méthanisation NC – 10/09/2019
NOM - Prénom ORGANISME ADRESSE MAIL
TINI Valérie ECOTRANS / OZD [email protected]
BLOMME Steven Lycée agricole [email protected]
POIGEAUD Nicolas ND [email protected]
HOUSSARD Patrick PESCANA [email protected]
MORVAN Bastian DIMENC [email protected]
TINI Frédérique ECOTRANS [email protected]
TESSIER Stanley SOCOMETRA [email protected]
BERTHE Tamara SIVAP [email protected]
LEBRIS MORGAN A2EP [email protected]
SANTHEIMER Stephan QVADRAN [email protected]
GARIOUD Emmanuelle BIOEKO [email protected]
PETIT Matthieu DDR / P Sud [email protected]
KEMPFER Santiago Viva environnement Santiago.kempfer@
85
TAUFIRO Cécile OKE EKO biogas
production
MICHELON Mickaël VIVA ENV [email protected]
ANTOINE Carole ACE [email protected]
HANNE Benoit Ville du Mont-Dore [email protected]
OTTOGALLI Matthieu OCEF [email protected]
FETIQUE Philippe ALIZES ENERGIE [email protected]
BONNE Alizée WWF [email protected]
FLEURY Soizic MerVeille [email protected]
AGUDO DEL POZO
Elissa
REPAIR [email protected]
BARANCOURT Claire DEFE-PS [email protected]
LADIESSE Matthieu CCI [email protected]
TILLY Elise ADEME [email protected]
DEROUINEAU
Clément
ADEME [email protected]
EDIGHOFFER Sylvie DDR/ PS -
FERNANDEZ Elsa GBNC [email protected]
88
Figure 12 : Table ronde lors de la restitution en Province Sud.
Figure 13 : Ateliers lors de la restitution en Province Sud.
89
Figure 14 : Ateliers lors de la restitution en Province Sud.
Figure 15 : Ateliers lors de la restitution en Province Sud.
90
5. Résumé du mémoire juridique
Analyse de l’impact du cadre juridique de la Nouvelle Calédonie sur le développement d’une filière touchant les notions de transition énergétique et d’économie circulaire.
Ce mémoire porte sur l’analyse de l’impact du cadre juridique de la Nouvelle-Calédonie sur le développement d’une filière durable comme la méthanisation touchant deux notions clés de la transition écologique : la transition énergétique et l’économie circulaire.
L’objectif de ce mémoire est ainsi de clarifier la législation relative à la filière de la méthanisation en Nouvelle-Calédonie et de mettre en évidence les freins réglementaires pour son développement et les leviers pour les résoudre tout en entamant une réflexion sur la pertinence des cadres portant la transition écologique au sein du territoire.
Une comparaison avec le cadre juridique de France métropolitaine est souvent adoptée comme fil conducteur pour proposer un matériel de réflexion.
Ce mémoire est consultable sur le site de l’ADEME Nouvelle-Calédonie.
91
6. Cadre réglementaire de la transition énergétique en Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie a contribué, dans le cadre des accords internationaux conclus lors de la
21ème conférence des Nations Unies sur le changement climatique de s’engager pour lutter
contre le dérèglement climatique. Ces accords ont donc été l’élément déclencheur pour mettre
en place une politique en faveur de la transition énergétique et a entraîné la définition d’une
stratégie énergétique pour la Nouvelle-Calédonie à l’horizon de 2030. Ce schéma a été adopté
par le congrès en 2016. Il a été élaboré sous l’impulsion du gouvernement de la Nouvelle-
Calédonie en partenariat avec les acteurs institutionnels, associatifs, publics, et privés du
territoire. C’est le Comité Permanent de l’Energie, créé par la délibération n°337 du 23 avril
2008 qui a pris en charge le pilotage du projet sous la responsabilité de la DIMENC. Il
représente une feuille de route détaillant les moyens d’actions pour atteindre 100 % de la
consommation d’électricité d’origine renouvelable dans la distribution publique126 en 2030.
Le gouvernement a alors attribué à chaque filière une programmation pluriannuelle des
investissements de production électrique appelée PPI127. Cette programmation est l’outil de
pilotage du gouvernement en matière de développement du parc de production électrique de la
Nouvelle-Calédonie. 128 Elle fixe, par filière de production, les zones d’implantation, les
quantités à installer et le rythme d’installation des outils de production. Elle se base pour cela
sur le bilan prévisionnel réalisé par le responsable de l’équilibre offre demande et des gisements
d’énergies renouvelables connus. La PPI s’étalant sur la période de 2016 à 2030, elle prévoit
donc le développement des énergies renouvelables comme l’hydroélectricité, le photovoltaïque,
l’éolien et la biomasse. Elle donne ainsi une visibilité aux porteurs de projets sur la volonté
politique de développer les énergies renouvelables et surtout les énergies renouvelables
auxquelles ont été attribuées un fort objectif de production.
C’est la délibération n° 195 du 5 mars 2012 relative au système électrique de la Nouvelle-
Calédonie qui prévoit que le gouvernement adopte par arrêté la PPI en accord avec les objectifs
définis par le STENC. Avant d’être adoptée, la PPI doit être soumise à consultation publique
comme l’indique l’arrêté n° 2015- 2365/GNC du 3 novembre 2015 fixant les modalités de la
126 L’ensemble des activités minières ne sont pas prises en compte dans ces objectifs qui représente un quart des consommations totales d’électricité. 127 GOUVERNEMENT DE LA NOUVELLE-CALEDONIE. Le Schéma pour la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie [en ligne]. Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, 2016 [consulté le 15/09/2019]. https://gouv.nc/dossiers/le-schema-pour-la-transition-energetique-de-la-nouvelle-caledonie 128 Note de présentation de la Programmation Pluriannuelle des Investissements de production électrique (PPI) de la Nouvelle-Calédonie sur la période 2016-2030.
92
consultation du public sur la programmation pluriannuelle des investissements de production
électrique.
A l’origine, la PPI proposait les objectifs de développement des filières renouvelables pour la
Grande Terre présents dans le tableau ci-contre.
Figure 16 : Les objectifs initiaux de développement des filières renouvelables pour la Grande terre129.
Seuls les objectifs liés à l’énergie photovoltaïque ont été revus à la hausse avec des objectifs
allant jusqu’à 163 MW en 2025130.
Concernant les îles, la programmation prévoit seulement des objectifs de production d’énergie
renouvelable pour tout type d’énergie renouvelable confondue.
129 Note de présentation de la Programmation Pluriannuelle des Investissements de production électrique (PPI) de la Nouvelle-Calédonie sur la période 2016-2030. 130 Arrêté n°2018-1221/GNC du 29 mai 2018 portant modification de l’arrêté n°2016-1931/GNC du 13 septembre 2016 relatif à la programmation pluriannuelle des investissements de production électrique de la Nouvelle-Calédonie sur la période 2016 à 2030.
93
Figure 17 : Les objectifs de développement des filières renouvelables pour les îles Loyauté.131
Cette délibération dispose qu’une unité de production ne peut être autorisée que si elle est
compatible avec les objectifs fixés par la PPI de 2016 à 2023. Le gouvernement peut stimuler
le développement de certaines filières afin d’atteindre les objectifs fixés en recourant à la
procédure d’appel à projets prévue par la réglementation ou en fixant un tarif d’achat. Les
objectifs fixés encouragent donc le développement de certaines filières durables.
131 Note de présentation de la Programmation Pluriannuelle des Investissements de production électrique (PPI) de la Nouvelle-Calédonie sur la période 2016-2030.
96
9. Contacts projet méthanisation îles Tuvalu
1) Un échange avec Mme Cécile TAUHIRO pourrait être opportun. Elle propose dans sa start up en devenir localisée à Nouméa de faire importer un biodigesteur correspondant aux besoins des clients et de le mettre en état de fonctionnement132.
Contact :
- [email protected] - (+687) 751373
2) En complément, vous trouverez ci-dessous le contact de l’expert à l’ADEME national Mr Julien Thual sur le sujet de la méthanisation.
Contact :
- +33 2 41 20 74 15 - [email protected]
3) Enfin, les îles Tuvalu ont mis en place, à travers un projet financé par la CPS, 40 micro biodigesteurs fonctionnant uniquement avec du lisier de porcs. A ce jour, les retours des caractéristiques des biodigesteur sont manquants. Ce contact est donc à poursuivre.
Contacts :
- Kaio Tiira Taula, [email protected] Assistant Bio-Gas Coordinating Officer, Department of Energy, Ministry of Public Utilities and Infrastructure, Government of Tuvalu
- Avafoa Irata, [email protected], CPS.
132 Cécile Tauhiro travaille avec Puxin.
97
10. Cadre réglementaire applicable à la filière de la méthanisation en Nouvelle-Calédonie
a) La réglementation applicable sur les produits entrants
En Nouvelle-Calédonie, aucune réglementation sanitaire relative aux matières entrantes
d’origine animale n’est instituée. Concernant les réglementations environnementales, les sous-
produits animaux sont également tracés. Des plans d’épandage sont prévus par le code de
l’environnement de la province Nord et de la province Sud . Cependant, ces plans d’épandage
ne visent pas explicitement les déjections animales. Le code agricole et pastoral prévoit lui à
l’article Lp. 252-23 que « Les produits ayant été traités dans le cadre de l'expérimentation ne
peuvent être destinés à la consommation humaine ou animale qu'après avoir fait l'objet
d'analyses conformes à la réglementation relative aux teneurs maximales en résidus de
pesticides admissibles sur ou dans certains produits d'origine végétale. » Aucune disposition
encadrant l’utilisation de cultures intermédiaires à visée énergétique (CIVE) n’est à signaler.
Ce vide juridique ne permet pas de garantir le contrôle de la qualité des matières entrantes au
sein du biodigesteur ce qui impacte directement la qualité des produits sortants. En Nouvelle-
Calédonie, aucune réglementation sanitaire relative aux matières entrantes d’origine animale
n’est instituée. Concernant les réglementations environnementales, les sous-produits animaux
sont également tracés. Des plans d’épandage sont prévus par le code de l’environnement de la
Province Nord133 et de la Province Sud134. Cependant, ces plans d’épandage ne visent pas
explicitement les déjections animales. Le code agricole et pastoral prévoit lui à l’article Lp.
252-23 que « Les produits ayant été traités dans le cadre de l'expérimentation ne peuvent être
destinés à la consommation humaine ou animale qu'après avoir fait l'objet d'analyses
conformes à la réglementation relative aux teneurs maximales en résidus de pesticides
admissibles sur ou dans certains produits d'origine végétale. »135 Aucune disposition encadrant
l’utilisation de cultures intermédiaires à visée énergétique (CIVE) n’est à signaler. Ce vide
juridique ne permet pas de garantir le contrôle de la qualité des matières entrantes au sein du
biodigesteur ce qui impacte directement la qualité des produits sortants.
b) La réglementation relative à l’installation elle-même
133 Article 423-10 du code de l’environnement de la Province Nord. 134 Article 413-4 du code de l’environnement de la Province Sud. 135 Le digestat en tant qu’engrais et amendement organique appartient à la catégorie des produits phytosanitaires.
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En Nouvelle-Calédonie, la rubrique concernant les installations de méthanisation de déchets
non dangereux ou matière végétale brute a été créée en Province Sud par la délibération n°337-
2016/BAPS/DENV/21/06/16 et en Province Nord par la délibération n°2015-206/BPN du
14/08/2015.
Figure 18 : Rubrique 2781 de la nomenclature relative aux installations de méthanisation de la Province Sud136.
Figure 19 : Rubrique 2781 de la nomenclature relative aux installations de méthanisation de la Province Nord137.
Cette rubrique n’a pas encore été créée en Province des îles Loyautés.
La réglementation ICPE concernant les installations en Province Nord et en Province Sud est
identique. Si on la compare à la réglementation nationale, on constate que la réglementation
territoriale est plus contraignante. Les seuils fixant les différents régimes sont revus à la baisse
en Nouvelle-Calédonie, le cadre juridique associé est donc beaucoup plus exigeant
réglementairement sur le territoire qu’en France métropolitaine.
c) La réglementation applicable sur les produits sortants
En Nouvelle-Calédonie, il y a peu de réglementations contrôlant les produits épandus. Les
quelques textes de loi relatifs à ce sujet se trouvent dans le code pastoral et agricole de Nouvelle-
Calédonie et dans les codes de l’environnement des provinces et ne concernent que l’épandage
136 PROVINCE SUD. Méthanisation de déchets organiques [en ligne]. PROVINCE SUD, 2015 [consulté le 05/06/2019]. https://www.province-sud.nc/installations-classees/Méthanisation+de+déchets+organiques-50432 137 Code de l’environnement de la Province Nord.
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des effluents agricoles. Cependant, ces textes ne relèvent pas de normes permettant de mesurer
l’innocuité de l’ensemble des intrants organiques. Une norme nationale adaptée aux
caractéristiques minéralogiques de la Nouvelle-Calédonie serait opportune138.
Aucun texte ne réglemente la revente de chaleur ou d’électricité provenant de la méthanisation
mis à part la programmation pluriannuelle des investissements fixant un objectif de production
d’électricité à atteindre à partir de la biomasse énergie139. C’est la DIMENC, Direction de
l’Industrie des Mines et de l’Energie qui est, à la fois, l’acteur compétent en réglementation
énergétique et l’acteur régulateur du réseau électrique.
138 Point abordé dans le chapitre 2 de la partie 2. 139 Sujet développé dans le chapitre 1 de la partie 2.