LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une...

42
Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015 Page 1 de 42 LE PELICAN 1 N° 72 été 2015 Revue de L’Amicale de l’Offshore Pétrolier 2 Sommaire 1. EDITORIAL PAR LE PRESIDENT .............................................................................................................................. 3 2. GTM ET LA GRANDE AVENTURE DES BARRAGES PAR FRANÇOIS LEMPERIERE ................................... 4 3. ONOMASTIQUE OFFSHORE PAR ALAIN QUENELLE.......................................................................................... 9 4. PREMIER CALCUL DANS L’ANTIQUITE (PARTIE 1 DE 3) ..............................................................................11 5. LE VERITABLE AVENEMENT DE LOUIS XIV RECUEILLI PAR CHRISTIAN COMPAIN ...........................21 6. LA FABULEUSE HISTOIRE DE LA DIGUE DE CHERBOURG PAR JEAN-JACQUES SENARD ...................22 7. AMOCO CADIZ PAR GILLES MARTIN ....................................................................................................................25 8. FAMILLE POZZO DI BORGO .....................................................................................................................................29 9. RECIT D’UNE AVENTURE INVOLONTAIRE AU GABON EN 1975 PAR CLAUDE LEBELLE ...................33 10. DECES DU DERNIER SOLDAT JAPONAIS .............................................................................................................39 11. LE SUDOKU ...................................................................................................................................................................41 12. THE BIRDS ....................................................................................................................................................................41 13. A QUAND VOS ARTICLES ? .......................................................................................................................................42 1 Retrouver le Pélican en couleur sur votre site : www.a-o-p.org 2 Amicale de l’Offshore Pétrolier c/o SUBSEA 7, 1 quai Marcel Dassault 92156 SURESNES CEDEX

Transcript of LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une...

Page 1: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 1 de 42

LE PELICAN1

N° 72 été 2015

Revue de

L’Amicale de l’Offshore Pétrolier2

Sommaire 1. EDITORIAL PAR LE PRESIDENT .............................................................................................................................. 3

2. GTM ET LA GRANDE AVENTURE DES BARRAGES PAR FRANÇOIS LEMPERIERE ................................... 4

3. ONOMASTIQUE OFFSHORE PAR ALAIN QUENELLE .......................................................................................... 9

4. PREMIER CALCUL DANS L’ANTIQUITE (PARTIE 1 DE 3) .............................................................................. 11

5. LE VERITABLE AVENEMENT DE LOUIS XIV RECUEILLI PAR CHRISTIAN COMPAIN ........................... 21

6. LA FABULEUSE HISTOIRE DE LA DIGUE DE CHERBOURG PAR JEAN-JACQUES SENARD ................... 22

7. AMOCO CADIZ PAR GILLES MARTIN .................................................................................................................... 25

8. FAMILLE POZZO DI BORGO ..................................................................................................................................... 29

9. RECIT D’UNE AVENTURE INVOLONTAIRE AU GABON EN 1975 PAR CLAUDE LEBELLE ................... 33

10. DECES DU DERNIER SOLDAT JAPONAIS ............................................................................................................. 39

11. LE SUDOKU ................................................................................................................................................................... 41

12. THE BIRDS .................................................................................................................................................................... 41

13. A QUAND VOS ARTICLES ? ....................................................................................................................................... 42

1 Retrouver le Pélican en couleur sur votre site : www.a-o-p.org

2 Amicale de l’Offshore Pétrolier c/o SUBSEA 7, 1 quai Marcel Dassault 92156 SURESNES CEDEX

Page 2: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 2 de 42

Page 3: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 3 de 42

1. EDITORIAL PAR LE PRESIDENT

Chers Amis, Je vous présente notre article que SUBSEA 7 a fait paraitre dans son newsletter:

L’AOP : AMICALE DE L'OFFSHORE PETROLIER Notre Amicale créée en 1984 par des Anciens d’ETPM, siège depuis

son origine dans les bureaux de leur ancienne Société, aujourd'hui SUBSEA 7. Successivement, ETPM, STOLT COMEX SEAWAY, STOLT OFFSHORE,

ACERGY, et aujourd’hui SUBSEA 7 ont donc offert encouragements, bureau et logistique à L'AOP.

Réciproquement, l'AOP a accueilli parmi ses membres de nombreuses personnes de ces Sociétés, mais aussi de nombreux adhérents venant de Sociétés Clientes, Concurrentes ou Sous-Traitantes de l'Offshore Pétrolier ainsi que des adhérents/sympathisants venant d’autres horizons.

L'AOP est ouverte aux actifs, aux retraités et aux étudiants, ainsi qu'à toute société qui en tant que personne morale est proche du parapétrolier, des métiers de la mer, des énergies renouvelables et marines, et d’autres horizons aussi.

En moyenne, L'AOP compte 200 adhérents, mais il serait bien d'en accroître le nombre, d'autant plus facilement chez SUBSEA 7 que notre bureau se réunit tous les Mardi matin à SURESNES en salle RDC 48, et se tient à votre disposition pour vous recevoir et vous y inscrire.

L'AOP vous pouvez la découvrir aussi via notre nouveau site : http://www.a-o-p.org/ , rénové en 2014 en même temps que nous fêtions le trentenaire de notre Amicale.

L'AOP exerce son dynamisme dans de nombreux domaines : des conférences techniques, des sorties culturelles et festives, des participations à des événements Offshore, des contacts avec le monde industriel et le monde étudiant, en particulier dans les spécialités navales et offshore ; le fameux Concours Energia Challenge a ainsi été créé par l'AOP et a permis d'établir de fructueux contacts entre élèves-ingénieurs et cadres d'entreprise débouchant souvent sur des embauches.

Un annuaire mis à jour tous les ans permet aux adhérents de communiquer et de se retrouver facilement.

Enfin, deux publications sortent régulièrement : le FLASH, à vocation mensuelle, pour les informations au plus près du quotidien et le PELICAN, à vocation trimestrielle pour des articles divers tant sur la vie de l'Offshore Pétrolier et des Energies Marines que des articles sur vos expériences personnelles.

Tout membre de l'AOP est ainsi au contact d'entreprises, de professionnels, d'étudiants, et c'est une expérience amicale et élargie qui s'offre à vous si vous décidez de vous y inscrire.

Au-delà de nos propres expériences, nous avons besoin des vôtres ainsi que de vos talents et de vos idées neuves.

Bien Amicalement Jean-Marie DELAPORTE Président de l’AOP

Page 4: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 4 de 42

2. GTM ET LA GRANDE AVENTURE DES BARRAGES PAR FRANÇOIS LEMPERIERE

GTM a été un grand acteur de la très importante construction de barrages en France de 1945 à 1975 et a utilisé la compétence ainsi acquise pour des ouvrages spectaculaires et souvent difficiles dans les pays en développement.

Il est émouvant de rappeler les efforts humains pour relever les défis ; il parait intéressant pour la présentation de classer ces ouvrages en fonction des problèmes techniques pour suivre les difficultés rencontrées et l’évolution des solutions imaginées. Ce classement un peu arbitraire distingue les barrages voûtes, les barrages sur les grands fleuves, les usines hydroélectriques, les grands terrassements pour barrages et canaux.

1) Les barrages voûtes Dès la fin de la guerre GTM réalise, avec les moyens matériels très réduits de l’époque le

barrage de Castillon de 100 m de haut dans le département des Alpes de Haute Provence qui ne s’estimait pas à l’époque déshonoré de s’appeler les Basses Alpes. Ce fut un dur apprentissage où se créèrent des équipes très courageuses et compétentes ; elles furent la clef du succès de cinq chantier de barrages voûtes d’une cinquantaine de mètres de hauteur construits successivement en France de 1950 à 1965 : La Chaudane, Lavalla, Grangent (sur la Loire), Briançon, Avesne.

Barrage de Castillon dans les Alpes de haute provence Barrage de Grangent sur la Loire

Barrage de Cabora Bassa au Mozambique

L’expérience ainsi acquise fut très utile pour la réalisation de 1969 à 1976 du barrage voûte de Cabora Bassa de 170 m de hauteur sur le Zambèze au Mozambique : cet ouvrage spectaculaire, le plus haut d’Afrique, comprend au milieu de la voûte un déversoir très complexe à construire : il a fonctionné de manière spectaculaire pendant 30 ans en rejetant un jet d’eau équivalent au débit du Rhône à 150 m de distance. Le chantier, qui

incluait aussi une des plus grandes usines du monde a nécessité plus de 4 000 travailleurs de 5 nationalités sous la direction de GTM. Le délai a été tenu et le succès assuré malgré la complexité de l’ouvrage et du groupement d’entreprises et les difficultés liées à la guerre d’indépendance du Mozambique ; les guérilleros autour du chantier devenaient les dirigeants du pays lors de l’inauguration du barrage

Page 5: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 5 de 42

Une quinzaine d’années plus tard, GTM participait avec Dumez et des entreprises italiennes au chantier du barrage voûte d’Ertan en Chine de 250 m de hauteur.

Et de 1977 à 1980, le barrage de Mudhiq à la frontière de l’Arabie et du Yémen présentait quelques caractéristiques originales : GTM propose un barrage voûte de 60 m au lieu du barrage poids de l’appel d’offres. Le régime des crues étant peu connu, on admit aussi que le chantier et la route d’accès par la rivière puissent être noyés à tout moment sans dommages sérieux. Les conditions locales étaient assez folkloriques mais le chantier se déroula bien. Le client saoudien tolère même à l’intérieur de la Cité des Expatriés la fabrication imaginative de diverses boissons alcoolisées interdites à l’importation. Mais il refusa énergiquement le paiement prévu au contrat des dépassements de quantités, le chantier étant alors un succès technique sans profit ni perte.

Barrage de Mudhiq à la frontière du Yémen Barrage d’Ertan en Chine

2) Les travaux dans les grands fleuves Une des grandes difficultés de ces ouvrages est le contrôle ou la déviation de la rivière

pendant les travaux et la protection du chantier contre les crues. Il est intéressant de voir l’évolution des méthodes utilisées par GTM notamment sur le Rhône, le Rhin, le Nil et le Zambèze.

Sur quatre barrages du Rhône (Donzère, Rochemaure, Baix et le Pouzin) et à Marckolsheim sur le Rhin, réalisés avant 1965, une part importante des ouvrages en rivière (et notamment les piles encadrant les grandes vannes des ouvrages) était réalisée par caissons à l’air comprimé, avec travail sous le niveau du fleuve. Ces chantiers, très délicats et pénibles à l’origine, permettaient une obstruction réduite du fleuve, indispensable pour maintenir la navigation.

Barrage de Rochemaure sur le Rhône Barrage de Marckolsheim sur le Rhin

Cette solution fut remplacée, pour trois barrages du Rhin et Pierre Bénite sur le Rhône, par de

grands terrassements déviant en partie le fleuve. Une solution originale à Rhinau sur le Rhin réalisa l’ensemble de la fondation de l’ouvrage par du béton coulé sous l’eau.

Les travaux sur la Durance (Cadarache) sur l’Ain (Allemand et Saut-Mortier) sur la Loire (Grangent) moins spectaculaires nécessitèrent aussi des solutions spécifiques de contrôle de la rivière.

Page 6: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 6 de 42

Barrage d’Allemand sur l’Ain Barrage se Saut Mortier sur l’Ain Les chantiers de deux grandes usines hydroélectriques sur le Nil pour le premier barrage

d’Assouan nécessitèrent des solutions spéciales très différentes : en 1953, chantier pharaonique de maçonnerie pour construction en 3 mois en plein été, d’un barrage provisoire ; en 1983 assèchement partiel du lit du Nil par batardeaux successifs à la sortie de l’usine.

En 1967, GTM participait au chantier sur l’Euphrate du grand barrage du Kéban et notamment à la déviation du fleuve.

Le Zambèze à Cabora Bassa posait le problème difficile d’une vallée étroite et d’un fleuve profond de 40 m. L’impossibilité de dévier la crue annuelle imposait le passage du fleuve chaque année à travers le chantier. Il fut nécessaire d’utiliser une solution originale de batardeau en enrochement déversant un débit atteignant 100 m3/s par mètre d’ouvrage. Le débit en basses eaux restant proche de 2 000 m3/s, il fut également difficile de dévier le fleuve en galerie avec une charge atteignant 8 m d’eau sur les digues de coupure.

Les ingénieurs de GTM devaient également intervenir plus tard sur les problèmes de batardeaux du barrage d’Ertan et du barrage des Trois Gorges en Chine.

Barrage des Trois Gorges en Chine

Page 7: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 7 de 42

3) Les usines hydroélectriques GTM réalisa en France avant 1975 diverses usines hydroélectriques, notamment sur le Rhône,

l’Ain et la Loire, sans problème très particulier. Par contre, trois grands chantiers à l’étranger se heurtèrent à des difficultés diverses :

- GTM entreprit en 1953 à Assouan en Haute Egypte, une usine qui était alors parmi les plus

puissantes au monde avec deux problèmes majeurs : un démarrage de travaux urgents en plein été sans air conditionné et surtout la guerre de Suez en 1956 avec arrêt délicat des travaux et problèmes contentieux correspondants.

- En 1982 GTM obtenait un chantier similaire à Assouan. Si les problèmes liés à la chaleur étaient facilement résolus, une difficulté grave avait été sous-estimée lors de l’étude : l’impact du régime nassérien sur les conditions de travail : disparition des sous-traitants efficaces des années 50, exil des ouvriers qualifiés égyptiens vers les pays riches du Moyen-Orient et une administration locale très peu efficace. Enfin une supervision anormalement pénalisante par l’ingénieur conseil suédois et par un maître d’ouvrage hostile amenèrent GTM a résilié le contrat, d’où un arrêt de travaux et une renégociation qui ne suffit pas éviter une perte financière lourde.

- A Cabora Bassa, l’usine de 200 m de longueur, 50 m de hauteur et 25 m de largeur et ses circuits hydrauliques associés nécessitèrent près de 1 million de m3 d’excavation souterraine. Si la collaboration avec le maître d’ouvrage portugais fut excellente et efficace, l’exécution fut endeuillée par un éboulement souterrain de plusieurs milliers de m3 entraînant le décès de huit ouvriers et un aménagement délicat du programme.

Usine de Cabora Bassa au Mozambique

4) Barrages en remblais et canaux De 1963 à 1968, GTM participait à la réalisation de l’ouvrage du Mont Cenis, notamment par la

direction des travaux du remblaiement des 14 millions de m3 du barrage de 120 m de haut et par l’utilisation d’une solution originale de tri à très grande cadence de millions de m3 d’enrochements.

GTM participait également vers 1970 à Tarbela au Pakistan au plus grand barrage en remblais

du monde et vers 1980 au barrage de Grand Maison de 150 m dans les Alpes ; comme pour le Mont Cenis, ce chantier devait s’adapter au climat de haute altitude limitant les travaux à six mois par an.

Page 8: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 8 de 42

Barrage de Grand Maison en France Barrage de Tarbela au Pakistan

GTM prit une part progressivement très importante aux travaux de canaux le long du Rhône

entre 1950 et 1975, utilisant notamment avec succès de grandes draglines pour intervenir dans le fleuve même.

Une solution très différente fut utilisée de 1978 à 1983 pour creuser au Sud Soudan les 100 millions de m3 du canal de Jonglei sur 350 km. Dans une des régions les plus primitives du monde et d’accès difficile, une roue-pelle de plus de 2 300 T fut ramenée du Pakistan. Après adaptation très difficile à une argile plus dure que prévu et variante de GTM sur le projet du canal, le chantier se déroula très bien jusqu’à son interruption en 1983 par la guerre civile et l’attaque du chantier par la rébellion.

Roue-pelle au Soudan du Sud Canal de Jonglei Les équipes de terrassement formées sur les chantiers hydroélectriques devaient aussi

participer de 1967 à 1975 à l’excavation à ciel ouvert des mines de cuivre en Zambie, excavant près de 150 millions de m3, dont 50% en rocher utilisant ainsi 70.000 tonnes d’explosif.

Enfin ces équipes participaient dans les années 60 au terrassement de plusieurs chantiers

d’autoroute, prélude au brillant développement à partir de 1970 de cette activité dans les concessions autoroutières.

Page 9: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 9 de 42

Conclusion

Les chantiers de barrages ont été l’occasion pour GTM de nombreux succès techniques, sur le

Rhône, le Rhin, la Loire, le Nil, le Zambèze, l’Indus, l’Euphrate et le Yang-Tsé. Ces succès ont été principalement dus au courage et au professionnalisme des équipes de chantiers qui ont su s’adapter aux difficultés variées et aux imprévus climatiques, politiques ou géologiques. Ces équipes ont contribué ensuite au succès de GTM dans le nucléaire et les autoroutes. Beaucoup nous ont quittés; tous méritent reconnaissance et admiration.

3. ONOMASTIQUE OFFSHORE PAR ALAIN QUENELLE

L'Onomastique est la branche de la lexicologie qui étudie l'origine des noms propres. A ne pas confondre avec :

* L'Anthroponymie qui étudie spécialement les noms de personnes * La Toponymie qui étudie les noms des lieux

Ces noms propres ou ces sigles sont omniprésents dans nos phrases de tous les jours, dans nos pensées et parfois dans nos rêves …

D’où viennent-ils ? Ont-ils une signification cachée ? Quelle a été la logique de leur choix ? Le lexique onomastique, établit par Alain QUENELLE et son équipe est une tentative de réponse

à ces questions. A partir de ce lexique, Le PELICAN poursuit sa promenade à travers le monde de l’offshore.

Dans le Pélican n° 70, c’était Frigg, Grondin et Abu Al Bu Khoosh. Dans le Pélican n° 71, c »était Ajwyn, Dunbar, Jolliett et Tambora Nous poursuivons notre voyage : Poséidon

Poséidon, alias Neptune... le Dieu de la Mer. Couronné de plantes marines, la barbe abondante, les rênes en main, sans quitter son sceptre

trident, il conduit un quadrige de bipèdes à queue de poisson avec son épouse Amphitrite. C’est le frère germain de Jupiter.

Au partage de l'empire du monde, la souveraineté des mers lui avait été concédée. Il l'avait acceptée faute de mieux ! Quel beau nom pour notre projet de pompe poly phasique.

Poséidon a épousé Amphitrite, une des cinquante filles de Nérée et de Doris (tiens donc... à propos de Doris, connaissez-vous la signification de ce sigle? Développement Opérationnel des richesses Sous-marines !).

Un fils naquit : Triton (tiens donc !) qui avait le haut du corps de son père et comme sa mère, il était doué d'une queue de poisson. Son palais sous-marin était situé du côté de la Libye dans le lac Tritonis, non loin du site où notre pompe Trîtomîs a été testée ! Triton s'est illustré dans l'expédition des Argonautes, déjà évoquée dans notre recherche sur les noms de champs de Total Austral (voir Ara). Triton est le dieu des bruits de la mer (normal pour une pompe sous-marine !).

Poséidon est aussi un missile américain : sa vitesse est de 5500 m/s et son poids est de 30 tonnes.

"Notre" Poséidon ne pèse que de 6 à 10 tonnes pour une vitesse de 6500 t/min. 1984, naissance du projet Poséidon. Aussi, dès 1983, Total propose une solution en lançant

l'idée de la mise au point d'une pompe polyphasique. Quelques mois plus tard, en 1984, c'est la naissance du projet Poséidon dont l'objectif est de concevoir et de mettre au point une pompe sous-marine diphasique capable d'assurer le transport d'effluents sur de longues distances. Trois partenaires vont s'associer pour développer cet ambitieux projet.

Page 10: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 10 de 42

Ekofisk

Ne cherchez pas dans la mythologie Scandinave. Ekofisk est une exception à la règle. Phillips Norway utilise les lettres pour différencier les zones d'exploration dans la zone

norvégienne de la Mer du Nord... et lorsqu'une découverte est effectuée, un nom de poissons commençant par la lettre de la zone est choisi ! Ainsi pour la zone C, il a été choisi Cod (morue).

Que faire pour la lettre E sachant qu’Eel (anguille) avait déjà été choisie pour une structure du block 2/7 ?

Un géologue du bureau de Londres, Earl Walters, proposa Ekofîsk et personne ne s'y opposa ; l'orthographe norvégienne est Ekkofîsk, et l'orthographe anglaise est Ecchofisk.

Pour les satellites d'Ekofisk, la mythologie Scandinave a été par contre abondamment utilisée. Ainsi :

Edda, qui désigne l'ensemble de deux manuscrits du XIIIème siècle attribués au moins partiellement à Snorri Sturlasson (voir Snorr). Les grands chefs-d'œuvre littéraires de la civilisation Vikings sont des compositions poétiques qui se transmettaient oralement de

génération en génération et ne furent couchés sur le papier qu'après l'introduction des caractères latins en Scandinavie.

Embla, représente le symbole de la femme dans Midgard (le domaine du milieu), Hod (ou Od), mari de Froy (satellite de Frigg) dont le père Njord (une découverte récente en

face de Trondheim) n'est qu'un demi-dieu Vaner qui ne trouve pas sa place dans notre arbre généalogique.

Thor (ou Thor) "raconté" à la lettre T. Yadiana

Au sud de Rangoon, champ birman. "Yadana" ou "Yatena" ou encore "Ratana" (car Ra se prononce Ya en vieux birman et en arkanais) vient du pali "Ratanani" et/ou du sanscrit Ratna qui se traduit par joyau,

En Birmanie, ce qui touche le sous-sol est dit appartenir aux "Ottasoung" ou gardiennes du trésor qui sont chargées d'accumuler des biens précieux en prévision de la venue du futur Bouddha : voilà qui donne une dimension quasi mystique à la mission des foreurs et des futurs producteurs.

Ainsi donc Yadana signifie dans cette langue, "tout ce qui est précieux" ; les entants sont Yadana pour leurs parents, les bijoux, les pierres, l'huile est Yadana... Et comme l'indiquait

malicieusement le Dazibao N°7, Yadana est aussi le prénom de la fille du ministre du Pétrole de la République de Myanmar.

Le champ gazier de Yadana, en cours d'exploitation, est localisé dans le golfe de Martaban à 60 km des côtes birmanes. Il contient 150 milliards de mètres cubes de gaz naturel et a une durée de vie estimée à 30 ans. Le gazoduc de Yadana, majoritairement sous-marin, est long de 409 km, et ses 63 derniers kilomètres traversent le sud de la Birmanie dans une région habitée par la minorité Karens, hostile au gouvernement birman.

Page 11: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 11 de 42

4. PREMIER CALCUL DANS L’ANTIQUITE (PARTIE 1 DE 3)

Le Pélican va vous présenter en trois parties les premiers calculs dans l’Antiquité. Voici la première partie :

Chronologie Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous allons voir quelles sont les grandes dates qui ont

marqué l'histoire du calcul des mesures dans l'astronomie. Nous allons distinguer ces mesures en trois catégories - La mesure des distances - La mesure du temps - La mesure des masses

≈ 753 Avt JC : Romulus, selon la légende, crée Rome et le calendrier Romain

≈ 580 Avt JC : Thalès généralise le théorème qui porte maintenant son nom

≈ 550 Avt JC : Pythagore généralise le théorème qui porte maintenant son nom

≈ 350 Avt JC : Aristote affirme que la Terre est ronde

≈ 270 Avt JC : Aristarque mesure la taille de la Lune, du Soleil, les distances Terre-Lune et Terre - Soleil.

≈ 220 Avt JC : Eratosthène mesure la circonférence de la Terre

≈ 150 Avt JC : Hipparque pose les premières bases de la trigonométrie et calcule avec précision la distance Terre - Lune.

≈ 45 Avt JC : César crée le calendrier Julien

150 : Ptolémée rédige l'Almageste qui modélise entre autres choses le Système Solaire (ou plutôt le Système Terrestre)

Avec l'Almageste de Ptolémée, la théorie Géocentrique s'impose comme une évidence et est reprise ensuite par les religions. Nous avons donc une modélisation de référence, fausse, mais totalement ancrée.

Le modèle étant faux, plus aucune avancée ne pouvait être faite car nous étions dans une impasse. S'en suivi près de 1500 ans où aucune découverte ne fut faite (ou du moins publiée)... Quel gâchis !

1543 : Copernic attend sa mort pour faire imprimer le livre DE REVOLUTIONIBUS et sa théorie héliocentrique

1582 : Le pape Grégoire XIII crée le calendrier Grégorien

1609 : Après 6 ans de travail d'étude de l'orbite de Mars, Kepler publie ASTRONOMIA NOVA avec ses deux premières lois

1610 : Grâce à sa lunette Galilée découvre les satellites de Jupiter et les phases de Vénus, preuves du modèle héliocentrique

1618 : Kepler publie sa troisième loi, qui a des conséquences immenses sur les calculs des distances dans le Système Solaire

Page 12: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 12 de 42

1670 : L'abbé Picard mesure précisément la circonférence de la terre

1672 : Cassini calcule la Distance Terre-Mars et en déduit la distance Terre-Soleil

1676 : Römer prouve que la vitesse de la lumière est finie et en fait une estimation

1684 : Huygens calcule le diamètre apparent de Jupiter et sa taille

1685 : Newton publie DE MOTU CORPORUM IN GYRUM et sa théorie de la gravitation, toujours utilisée aujourd'hui

1691 : Halley trouve un moyen génial de calculer la distance Terre - Soleil à partir de l'observation du transit de Venus. Il faudra attendre 1761 et 1769 pour la mettre en pratique

1728 : Bradley découvre l'aberration de la lumière, preuve que la Terre tourne autour du Soleil

1751 : Lalande et La Caille calculent la distance Terre – Lune par la méthode des parallaxes

1798 : Henry Cavendish parvient à calculer la constante de gravitation G

1821 : Bessel calcule la distance d'une étoile : 61 Cygni

1848 : Découverte de l'effet Doppler par Doppler et Fizeau

1848 : Fizeau calcule la vitesse de la lumière

1912 : Henrietta Swan Leavitt (Astronome) (1868/1921) États-Unis, découvre les propriétés des Céphéides

1917 : Shapley calcule la distance de la première Céphéide : on en déduit la distance du nuage de Magellan et la distance de la galaxie d'Andromède

1930 : Grâce à l'effet Doppler, Hubble regarde la vitesse des Galaxies et découvre qu'elles s'éloignent les unes des autres

1969 : La mission Apollo 11 dépose un réflecteur sur la Lune qui permet de calculer exactement la distance Terre – Lune

1989 : Lancement du satellite Hipparcos qui va calculer la distance de plusieurs centaines de milliers d'étoiles

Revenons maintenant plus de 2000 ans dans le passé pour étudier les premiers calculs et les premières mesures effectuées.

Le calcul des distances dans l'antiquité : Le diamètre de la Lune Il est toujours difficile d'analyser un objet quand on a le nez collé dessus... Et bien c'est exactement notre problème avec la Terre... pas moyen de prendre du recul, pas

moyen de connaître sa forme, pas moyen de connaître sa taille autrement qu'en se promenant dessus (en tout cas à l'époque)...

Pourtant nous vivons sur la Terre et les hommes ont voulu en savoir un peu plus... Ils savaient que la Terre était grande, très grande, et peu importe dans quelle direction ils

voyageaient, ils n'en voyaient pas le bout... vous avouerez que comme indice, c'était un peu mince... A cause de ce manque de recul, les premières mesures, contre toute attente, n'ont pas

concerné la Terre, mais d'autres objets... Les astronomes de l'antiquité pouvaient observer dans le ciel : le Soleil, la Lune, les planètes et

les étoiles. Ils pouvaient observer aussi leurs déplacements, mais malheureusement pour eux : - La Terre était trop proche - Les étoiles et les planètes étaient trop petites - Le Soleil était trop brillant Bref, ça ressemblait un peu au casting de la vache qui rit... Il ne restait que la Lune à observer, mais elle était très intéressante. Elle passait par des phases

Page 13: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 13 de 42

qui permettaient de compter le temps, elle brillait mais contenait des tâches bizarres. Parfois même, alors qu'elle était pleine, elle s'assombrissait, provoquant ce qu'on appelait une éclipse de Lune. Enfin, pour couronner le tout, on avait remarqué que les éclipses de Soleil avaient toujours lieu les jours de nouvelle Lune...

A l'époque d'Aristote (384-322 avant JC), on avait déjà compris que la Lune était éclairée par le Soleil, et que c'est en passant devant le Soleil qu'elle l'éclipsait. A l'inverse, ils avaient aussi compris que les éclipses de Lune avaient lieu lorsque la Lune passait dans l'ombre de la Terre.

Aristote fut d'ailleurs le premier, dans son traité du ciel, à affirmer que la limite courbe d'ombre qu'on observait sur la Lune durant les éclipses de lune représentait en fait la forme de la Terre !

Quelques années plus tard, Aristarque de Samos (310-230 avant JC) passa de la théorie à la pratique en se disant qu'en regardant la taille de l'ombre de la Terre sur la Lune, on pouvait peut-être en déduire le rapport entre les deux ! Il ouvrait ainsi la voie à tous les astronomes.

Il expliqua et démontra tout cela dans son Traité sur les grandeurs et les distances du Soleil et de la Lune. Ce livre est un peu indigeste car Aristarque ne connaissait pas à l'époque la Trigonométrie (qui fut inventée par Hipparque (190-120 Avant JC)). Il a donc dû démontrer ses calculs par des tracés géométriques très ingénieux mais pas vraiment très simples. Je vous invite cependant véritablement à y jeter un coup d'œil car c'est vraiment très enrichissant..

Nous allons donc étudier ses démonstrations en les expliquant, et nous referons ensuite les mêmes calculs par la trigonométrie.

Aristarque bâtit tous ses calculs pour calculer la taille de la Lune sur trois hypothèses de départ que nous allons voir.

On ignore comment Aristarque s’y est pris pour arriver à ces hypothèses, mais il existe plusieurs moyens faciles d’y arriver et il a certainement utilisé l’un d’entre eux :

Hypothèse 1 : L'arc sous-tendu dans le ciel par la Lune est la quinzième partie d'un signe. Evidemment, sans plus d'explications, il est difficile de savoir ce qu'Aristarque voulait dire... Il

faut se rappeler qu'Aristarque vivait il y a 2300 ans, et que bien des notions mathématiques évidentes pour nous maintenant étaient alors inconnues.

S'il s'était exprimé dans notre vocabulaire d'aujourd'hui, il aurait sans doute écrit : Le diamètre apparent de la Lune est de un quinzième d'un signe du zodiaque. En clair, comme il y a douze signes du zodiaque qui décrivent un cercle de 360° dans le ciel,

alors un signe fait 30° et donc le diamètre apparent de la Lune est de 2° (en fait il s'est un peu planté car il est en réalité de 0,5°).

Il existe au moins trois méthodes pour retrouver cette valeur : Méthode 1 : La trigonométrie et la méthode du confetti. On prend un objet (un confetti, une

pièce de monnaie, un arbre…) dont on connaît la circonférence exacte. On se recule de cet objet de manière à ce qu’il apparaisse avec le même diamètre apparent que la Lune.

A ce moment-là, le rapport entre la taille des deux objets et leurs distances sont égaux (et est d’ailleurs égal à tangente de l’angle). On voit donc que

α = Artan(diamètre de la pièce / Distance de la pièce à l'oeil)

Aristarque ne connaissait pas la trigonométrie, mais à certainement pu approcher l’angle par

des constructions géométriques en utilisant cette méthode.

Page 14: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 14 de 42

Je vous invite à réaliser l'expérience avec moi : Je découpe un rond de 2 cm de diamètre que je scotche sur une fenêtre donnant à l'est. Vers

la pleine Lune, je me mets face à ma fenêtre et je me recule jusqu'à ce que le rond ait exactement la même taille que la Lune. Je mesure alors la distance de mon œil à la Fenêtre.

Mon expérience a été faite le 09/11/2011 à 19h30. J'ai donc collé un rond de 2 cm de diamètre sur ma fenêtre et j'ai dû m'éloigner de 1,50 m de la fenêtre pour qu'il apparaisse de la même taille que la Lune.

J'en déduis donc que le diamètre apparent de la Lune est de : α = Artan (2 / 150) = 0,76° J'ai retenté l'expérience le 10/11/2011 à 19h00. Cette fois-ci j'ai demandé à ma femme de faire

la mesure. Elle s'est reculée de 1,76m de la fenêtre pour que la Lune lui apparaisse de la même taille que le rond collé à la fenêtre. Cette nouvelle mesure nous fait un angle de :

α = Artan (2 / 176) = 0,.65°. Il faut savoir qu'en réalité, ces 09 et 10 novembre 2011, la Lune était à 405 000 Km de la

Terre. Comme sa taille est en réalité de 3 474 km, le véritable angle est de : α = Artan (3474/405000)= 0,49° Je vous invite à faire ce test pour voir si vous arriverez à un meilleur résultat que moi. Méthode 2 : Chambre noire et trigonométrie. La première méthode que nous avons vue est assez subjective : comment savoir que la taille

du confetti et celle de la lune sont exactes ? Il s'agit en effet d'un jugement qui peut très bien changer d'un individu à un autre et la précision n'est pas vraiment au rendez-vous.

Il existe une solution équivalente qui ne souffre d'aucune interprétation subjective : La chambre noire : Pour cela, nous allons reprendre les expériences effectuées par RPI

ROUMAGNE et nous en servir pour calculer ce fameux angle. Qu'est-ce qu'une chambre noire ? Le principe de la chambre noire, c'est de percer un petit trou (le sténopé) sur une plaque

noire. Les rayons lumineux traversant cette plaque par ce petit trou iront créer une image inversée sur une feuille de papier placée de l'autre côté du trou. On dit que ce principe fut inventé par Leonard

de Vinci, mais on sait qu'à son époque, Aristote l'avait déjà évoqué. On peut donc imaginer de créer une chambre noire en utilisant un tube. D'un côté le sténopé, et de l'autre côté une feuille de papier millimétré qui permettra de mesurer la taille de l'image. On peut ainsi observer la pleine Lune ou le Soleil. Comme ils ont le même diamètre apparent, l'étude du

Soleil nous suffira pour définir le diamètre apparent des deux : Ainsi, huit chambres noires en tube de longueur différentes ont été réalisées et des photos de

l'image du Soleil sur leurs papiers millimétrés respectifs ont été prises :

La moyenne de ces 8 mesures nous donne un diamètre apparent de 0,565°

Page 15: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 15 de 42

Méthode 3 : Le déplacement de la Lune. On sait que la Lune revient à la même position par rapport aux étoiles dans le ciel tous les 29,5 jours en moyenne. En 29,5 jours (soit 708 heures), elle fait donc un tour complet (apparent) de la Terre, soit un cercle de 360° dans notre ciel. Ce qui nous fait une progression de 0,5085° par heure par rapport aux étoiles.

Donc, si on attend qu’une étoile brillant soit très proche de la Lune, et qu'on déclenche le chronomètre, au bout d’une heure, l’étoile se sera déplacée de 0,5085° par rapport à la lune, elle se sera déplacée de 1,017° au bout de 2 heures etc... (En fait c'est la Lune qui a bougé, bien entendu !).

Au bout d'une heure, on observe le déplacement de la Lune par rapport à l’étoile. Il suffit ensuite d’estimer quel pourcentage du diamètre de la Lune ces 0,5085° représentent, et le tour est joué !

Malheureusement pour Aristarque, il ne disposait que de ses yeux et n’avait ni télescope, ni ordinateur, ni Photoshop pour effectuer ses calculs. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait trouvé une valeur quatre fois trop grande !

Heureusement pour nous, ce n’est pas notre cas, et des sites comme celui de l'Association Réunionnaise d'Etude du Ciel Austral a déjà fait le travail pour nous :

Cette photo nous montre un petit montage réalisé à partir de leurs photographies, montrant le déplacement de la Lune par rapport à une étoile en 1 heure. Cette étoile, de magnitude 3,2, est l'étoile Phi Sagittarii, de la constellation du Sagittaire.

En mesurant le diamètre de la Lune, et la distance entre l'étoile de l'image 1 et celle de l'image 5, on voit qu’en une heure, l’étoile s’est déplacée d’environ 0,82 fois le diamètre de la Lune.

Donc, si le déplacement de

0,5085° correspond à 0,82 fois le diamètre de la Lune, alors le diamètre apparent de la Lune est de 0,62°.

Nous sommes un peu au-dessus de la réalité (le diamètre apparent moyen de la Lune est de l'ordre de 0,52°).

Remarque : Cette différence vient du fait que le déplacement de 0,5085° par heure est une moyenne et

que la vitesse apparente de la Lune par rapport aux étoiles varie de près de 29% entre l'apogée et le périgée de la Lune (nous aurons l'explication lorsque Kepler aura énoncé ses lois dans quelques siècles...)

Le 30 mars 2008, la Lune était à près de 400000 Km de la Terre et proche de son Apogée (cf calendrier lunaire de ce jour), ce qui fait que sa vitesse angulaire était certainement plus faible que la vitesse angulaire moyenne.

Mais ceci nous donne une valeur assez approchée : nous pouvons être fiers de nous ! Méthode 4 possible : Les signes du zodiaque. Si l'hypothèse d'Aristarque fait référence aux

signes du zodiaque (pourquoi n'a-t-il pas dit en effet, comme pour d'autres proposition "Le diamètre de la Lune est de un quarante-cinquième du quart de la circonférence" ?), c'est que peut-être il a véritablement utilisé les constellations du zodiaque pour mesurer le diamètre apparent de la Lune. Pour cela, la méthode est un peu archaïque, mais peut fonctionner :

Page 16: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 16 de 42

On dessine une constellation du zodiaque avec un maximum d'étoiles et on dessine la Lune lorsqu'elle la traverse en essayant de garder les proportions. Ensuite, il ne reste plus qu'à mesurer sur notre dessin la distance entre les deux étoiles les plus éloignées de notre constellation (30° à peu près) et de mesurer la taille de la Lune. Il aurait donc ainsi pu calculer que sur son dessin, le diamètre de la Lune était 15 fois plus petit que la distance des deux étoiles les plus éloignées de la constellation. Cette méthode très imprécise pourrait expliquer pourquoi il a trouvé une valeur quatre fois trop grande.

Hypothèse 2 : - La largeur de l'ombre est de deux Lunes : En clair, au niveau de l'orbite de la Lune, le cône

d'ombre formé par la Terre est large de deux fois le diamètre de la Lune. Ici aussi, deux hypothèses s'affrontent sur la manière dont Aristarque s'y est pris. Les deux

techniques se basent sur l'observation des éclipses de Lune. Méthode 1 : l'observation de l'ombre sur la Lune C'est une méthode très visuelle qui consiste tout simplement à imaginer, à partir de la

courbure de l'ombre sur la Lune, quelle est la taille du cercle d'ombre. Ce calcul peut se faire à partir d'un dessin (c'est certainement ce qu'a pu fait Aristarque) ou à partir d'une photographie (c'est ce que nous allons faire), C'est bien entendu la méthode la plus connue :

En prenant plusieurs points sur la limite d'ombre de la Lune lors d'une éclipse de Lune, on peut créer des segments.

Si on dessine ensuite la médiatrice de chacun de ces segments (la médiatrice passe par le milieu du segment et en est perpendiculaire), on voit qu'elles se

coupent toutes en un seul point. Ce point, c'est le centre du cercle passant par toutes les extrémités de nos segments. Ce

cercle, c'est donc l'ombre de la Terre !!! En répétant l'opération sur le disque Lunaire, on peut aussi définir le centre de la Lune. On peut donc tracer deux rayons : Celui de la Lune (en rouge) et celui de l'ombre de la Terre

(en bleu). Avec le dessin ci-dessus, nous arrivons à un rapport Taille de l'ombre / Taille de la Lune de 2,4.

Le rapport est en fait de 2,65 : nous n'en sommes pas loin du tout ! Méthode 2 : le temps maximal de la Phase

d'ombre pendant l'éclipse de Lune. Comme nous connaissons maintenant le

diamètre apparent de la Lune (en degrés) et sa vitesse de révolution autour de la Terre, alors, si nous connaissons le temps maximal d'une éclipse, nous pourrons en déduire le diamètre apparent de l'ombre et donc le rapport entre les deux !

Selon certaines sources, Aristarque aurait trouvé que la plus grande période d'ombre durant une éclipse de Lune était de 3 heures (il est en fait de 107 minutes soit 1,783 heures).

Comme la période d'ombre commence lorsque le bord haut (sur la figure ci-dessous) entre dans le

Page 17: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 17 de 42

cône et finit lorsque c'est le bord du bas qui sort du cône, alors la taille de l'ombre est de : Diamètre de la lune + 3 * distance parcourue par la lune en 1 heure = 2° + 3 * 0,5085° =

3,5255°, soit presque 1,8 fois la taille de la Lune, proche des 2 fois trouvées par Aristarque. Avec les données que nous avons précédemment calculées, nous aurions : Diamètre de la lune + 1,783 * distance parcourue par la lune en 1 heure = 0,62 + 1,783 *

0,5085 = 1,5266 soit 2,46 fois la taille de la Lune Hypothèse 3 : - Comme lors des éclipses de Soleil la Lune masque exactement le Soleil, alors ils ont le même

diamètre apparent. Je pense que cette hypothèse n'a même pas besoin d'explication, car nous l'avons appliquée

précédemment avec notre pièce de monnaie pour calculer le diamètre apparent de la Lune ! Le premier verdict A partir de ces 3 hypothèses de départ que je vous rappelle :

Le diamètre apparent de la Lune est de un quinzième d'un signe du Zodiaque.

L’ombre de la Terre est deux fois le diamètre de la Lune

Comme lors des éclipses de Soleil la Lune masque exactement le Soleil, alors ils ont le même diamètre apparent

Aristarque en déduisit que : La Terre est 3 fois plus grosse que la Lune Voici comment il s'y est pris, et contrairement à beaucoup de choses qu'on peut lire à droite

et à gauche, Aristarque avait bien compris que l'ombre de la Terre était un cône et non un cylindre ! Il créa donc un schéma géométrique avec Le Soleil, La terre, l'ombre de la Terre et l'orbite de

la Lune :

L'hypothèse de départ est que le sommet du cône d'ombre fait un angle α. On voit que cet angle α se retrouve à plein d'endroits si on trace les parallèles (en bleu

pointillé) passant par le sommet du Soleil, le sommet de la Terre et le sommet du cône d'ombre au niveau de l'orbite de la Lune.

Aristarque dessina les deux triangles rouges et, Thales ayant déjà sévi à l'époque (625-547 Avant JC), il put appliquer son théorème :

Diamètre du Soleil – Diamètre de la Terre Diamètre de la Terre – Diamètre du cône d'ombre -------------------------------------------------------- = --------------------------------------------------------------------

Distance Terre Soleil Distance Terre Lune

Page 18: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 18 de 42

Comme le Soleil est considéré très grand par rapport à la Terre, on peut dire que : Diamètre du Soleil – Diamètre de la Terre ≈ Diamètre du Soleil Or, comme le Soleil et la Lune ont le même diamètre apparent (hypothèse n°3), on a donc :

Diamètre du Soleil Diamètre de la Lune ----------------------- = -------------------------- Distance Terre Soleil Distance Terre Lune

Ce qui nous donne au final : Diamètre de la Lune = Diamètre de la Terre – Diamètre du cône d'ombre Comme nous avons vu juste avant que le diamètre du cône d'ombre = 2 * Diamètre de la

Lune, Aristarque en conclut que : Diamètre de la Lune = Diamètre de la Terre / 3 De notre côté, avec nos propres calculs, nous trouvons : Diamètre de la Lune = Diamètre de la Terre / 3,46 Sachant qu'en réalité, le rapport est de 3,66 et ni nous, ni Aristarque ne sommes tombés très

loin de la vérité. Donc félicitations à nous deux, et surtout à lui ! Par contre, nous ne sommes toujours pas avancés... car si nous connaissons le rapport de

dimension entre la Terre et la Lune, nous ne connaissons toujours pas leur taille... c'est un peu frustrant tout de même !!!!

Aristarque ne s'arrêta pas en si bon chemin, et il était sur le point de découvrir d'autres

rapports de distances. Certes, ce n'est qu'un début, mais notre liste de choses à découvrir commence enfin à se

remplir !!! Maintenant, nous savons - Quelle est la Taille de la Lune ? Pour Aristarque 1/3 de la Taille de la Terre Pour Nous 1/3,46 de la Taille de la Terre (5,6% d'erreur ! Pas mal !!!) En réalité 1/3,66 de la Taille de la Terre Maintenant que nous connaissons le diamètre de le Lune (relativement à celui de la Terre,

mais c'est déjà un début), il est naturel qu'Aristarque ait essayé de savoir à quelle distance elle était. Le calcul des distances dans l'antiquité : La distance de la Lune Avec nos connaissances en trigonométrie et en connaissant maintenant la taille (relative) de la

Lune, il serait très facile de calculer la distance de la Terre à la Lune et nous verrons comment. Pourtant, à son époque, Aristarque n'avait pas de trigonométrie. Il connaissait en effet

uniquement le Théorème de Pythagore et le théorème de Thalès. Nous allons voir comment il est parvenu, avec juste une règle et un peu de logique, à encadrer

la distance de la Terre à la Lune et d'en conclure que : 22,5 * Diamètre de la Lune< Distance Terre – Lune < 30 * Diamètre de la Lune

La seule hypothèse qui lui a été utile pour arriver à cette conclusion fut : - Le diamètre apparent de la Lune est de un quinzième d'un signe du Zodiaque (c'est à dire 2°,

mais nous avons déjà parlé de cette hypothèse ci-dessus),

Page 19: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 19 de 42

Pour comprendre sa démonstration, une étude préalable (premiers pas vers la trigonométrie) est nécessaire :

Démonstration préalable: Soit le triangle ABC ci-contre. Nous divisons l'angle CAB en 4 angles égaux. On

crée donc les points D, E et F sur le segment BC. On projette ensuite D perpendiculairement sur le segment AE pour former le point G. Les deux triangles ADB et AGD ont tous leurs angles égaux. En fait, ils sont identiques et on a donc BD = DG.

On continue le principe pour créer les points H et I tels que ABD, ADG, AGH et AHI soient tous identiques avec donc BD = DG = GH = HI.

G étant la projection de D perpendiculaire à AE, G est donc le point de AE le plus proche de D.

On a donc DG < DE. Par le même procédé, on a aussi GH < EF et HI < FC On en déduit donc que :

BD + DG + GH + HI = 4 BD < BD + DE + EF + FC = BC d'où BD < BC/4 Cela fonctionne aussi si on coupe l'angle CAB en n parties et on aura BD < BC/n Cette démonstration préalable étant faite, nous pourrons donc nous en servir plus tard et

démarrer maintenant l'explication de la démonstration d'Aristarque. Voici donc comment Aristarque s'y est pris pour l'estimation basse :

Construisons un carré ayant pour côté la distance Terre - Lune.

Comme c'est un carré, on a donc : AB = Distance Terre-Lune

L'angle A-Terre-B est de 45°. Terre-A-B est un triangle rectangle en A. En appliquant la démonstration faite au-dessus, on en déduit donc que si l'angle sous lequel nous apparaît la Lune est α, alors nous avons la relation :

Diamètre de la Lune < (α/45) * Distance Terre Lune

Ce qui nous fait, avec les 2° d'Aristarque :

Diamètre de la Lune < (2 / 45) * Distance Terre - Lune

Et avec le diamètre apparent de 0.62° de la Lune que

nous avons calculé, nous aurions eu :

Diamètre de la Lune < (0,62 / 45) * Distance Terre - Lune Voici maintenant comment Aristarque s'y est pris

pour l'estimation haute : Traçons un cercle de centre la Terre et de rayon la

distance Terre - Lune. Les deux points tangents à la Lune sont les points A et B.

Comme l'angle de la Lune est de α, alors on a :

Page 20: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 20 de 42

Arc de cercle AB = Cercle total * (α / 360)

On trace maintenant un cercle de centre B et de rayon la distance Terre - Lune. Il coupe

l'orbite de la Lune en C. On reconnaît par cette méthode la manière de tracer un hexagone. C'est à dire :

Arc de cercle BC = Cercle total / 6 Or, comme l'arc de cercle BC est beaucoup plus grand que l'arc de cercle AB, alors

Arc de cercle BC BC --------------------- > -------

Arc de cercle AB AB Cette inégalité s'explique par le fait que plus un arc de cercle est grand, et plus la différence

entre la Longueur de l'arc et la longueur du segment est importante. Or BC est bien plus grand qu’AB. Donc :

Cercle total / 6 BC

---------------------------------- > ------- Cercle total * (α/ 360 ) AB

Donc AB *(60/α) > BC, et en remplaçant AB par le Diamètre de la Lune et BC par la Distance

Terre Lune, on a :

Diamètre de la Lune *(60 / α) > Distance Terre Lune Ce qui nous fait, en prenant l'angle de 2° trouvé par Aristarque :

Diamètre de la Lune * 30 > Distance Terre Lune Pour être tout à fait honnête, il faut reconnaître qu'Aristarque n'avait pas fait l'approximation

AB = diamètre de la Lune. Cette différence a compliqué un peu sa démonstration et je l'ai zappée pour plus de clarté car

le résultat est le même. Avec notre estimation du diamètre apparent de la Lune à 0,62°, nous obtenons :

Diamètre de la Lune * (60 / 0,62) > Distance Terre Lune Soit

Diamètre de la Lune * 96,8 > Distance Terre Lune Deux autres moyens de calculer la distance de la Lune : 1er Moyen : Le théorème de Thales.

Rappelez-vous l'expérience avec un confetti ou une pièce de monnaie, qui nous a permis de calculer le diamètre de la Lune:

Et bien nous allons réutiliser les données que nous avions trouvées, et en déduire la distance de la Lune :

Page 21: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 21 de 42

On a donc :

Distance Œil - Lune Taille de la Lune ----------------------------- = ------------------------

Distance Œil - Pièce Taille de la pièce

D'où

Taille de la Lune * Distance Œil - Pièce Distance Œil - Lune = -------------------------------------------------

Taille de la Pièce

Avec les données que nous avions trouvées, par l'expérience de la pièce, cela nous donne :

Taille de la Lune * 176 Distance Terre / Lune = ----------------------------- 2

2nd Moyen : La trigonométrie Par définition de la tangente, nous avons

Diamètre de la Lune Tan(α)= ---------------------------- Distance Terre - Lune

Et donc Distance Terre-Lune = Diamètre de la Lune * (1/Tan(α)) Avec les 2° d'Aristarque, nous trouvons : Distance Terre-Lune = 28,6 * Diamètre de la Lune Avec les 0,62° trouvés par nos expériences, nous trouvons : Distance Terre-Lune = 92,4 * Diamètre de la Lune Avec les 0,52° réels, nous trouvons : Distance Terre-Lune = 110,2 * Diamètre de la Lune Maintenant, nous savons - Quelle est la Taille de la Lune ?

Pour Aristarque 1/3 de la Taille de la Terre - Quelle est la distance Terre-Lune ?

Pour Aristarque : entre 22,5 fois et 30 fois le diamètre de la Lune

Pour Nous avec la méthode d'Aristarque : entre 72,6 (45/0,62) fois et 96,8 (60/0,62) fois le diamètre de la Lune

Pour nous avec la trigonométrie : 92,4 fois le diamètre de la Lune (16,4 % d'erreur). En réalité : 110,6 fois le diamètre de la Lune

Aristarque ne s'arrêta pas là. Il était certain de pouvoir calculer aussi la distance du Soleil. Il fallait pour cela effectuer l'observation qu'il fallait pour démarrer sa démonstration.

C'est ce que nous allons voir dans la deuxième partie qui paraitra dans le prochain Pélican n° 73 automne 2015.

5. LE VERITABLE AVENEMENT DE LOUIS XIV RECUEILLI PAR CHRISTIAN COMPAIN

Le 9 mars 1661, il y a plus de 350 ans, meurt le cardinal Mazarin. Sa disparition marque le véritable avènement de Louis XIV, sacré roi à cinq ans, mais largement resté sous la coupe de son Premier Ministre. D’ailleurs, le roi se refuse à prendre un nouveau Premier Ministre : il ne veut devoir sa gloire à venir qu’à lui-même !

Page 22: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 22 de 42

Toute l’autorité du maître A peine Mazarin a-t-il rendu l’âme que le jeune monarque, âgé de vingt-trois ans à peine,

déclare haut et fort sa « volonté de ne jamais prendre de Premier Ministre » et « de réunir en lui seul toute l’autorité de maître ». il affirme que « rien n’est plus indigne que de voir d’un coté toutes les fonctions et de l’autre le seul titre de roi ». Bref, il veut détenir seul le pouvoir absolu. Un pouvoir qu’il ne partage même pas avec sa famille. S’il aime son frère, il ne lui laisse pas la moindre parcelle d’autorité : ni charge, ni commandement. Sans doute se souvient-il trop bien de la puissance néfaste acquise par son oncle au moment de la Fronde.

« Du conseil du roi, indique Pierre Goubert, cohue contenant trop de commis et trop de personnages bien nés, il chassa presque tout le monde, même sa mère. Il y admit seulement trois hommes : Le Tellier, Lionne et Fouquet, surveillé et bientôt remplacé par Colbert. Eux furent mes ministres : aucun prélat, aucun grand, aucun prince du sang […].

Les trois hommes avaient en commun une naissance obscure, de l’expérience, une fidélité éprouvée ».

Des troubles étouffés dans l’œuf Enfant, Louis a connu la Fronde, le soulèvement de la moitié du royaume, la fuite en pleine

nuit… pas question de revivre pareil évènement. Comme le colonel général de l’infanterie meurt cette même année 1661, Louis XIV ne réattribue pas sa charge : il nomme désormais directement les officiers, un bon moyen d’avoir des troupes « qui ne connaissent que lui ». les quelques mouvements de révolte de l’année 1661 (en Normandie, dans le Sud-Ouest, en Provence …) sont réprimés militairement. Il abaisse les puissants (les nobles, la bourgeoisie, le clergé) mais soulage le peuple de trois millions d’impôts pour l’année suivante.

Le soleil se lève Ce roi tout puissant rêve surtout de montrer sa gloire « à tout l’univers et à tous les siècles »,

ainsi qu’il l’écrira à son fils. Dès 1662, un an après la mort de Mazarin, il prend le soleil comme emblème. Infatigable, doté d’une puissance de travail colossale, d’une santé à toute épreuve qui fatiguera des générations de médecins, il voit dans sa « grandeur », sa « réputation », le but ultime de ses actions. Il crée ou développe les Académies afin que savants, musiciens, architectes, écrivains … puisse chanter sa louange et illustrer son règne. Il impose sa volonté aux ambassadeurs étrangers pour qu’on parle de sa puissance au-delà des frontières.

Le grand Versailles, par au-delà les siècles Et, bien sûr, il y a Versailles. De ce village qui ne compte qu’une centaine d’habitants en 1660, il

va faire surgir un château à sa gloire, fixer une cou jusqu’alors itinérante comme une troupe de bohémiens … Pendant dix ans, 36 000 ouvriers vont venir creuser, bâtir, sculpter, orner, imaginant des nouveautés inouïes, somptueuse, telles qu’on n’en avait jamais rêvé : la galerie des glaces à une époque où les miroirs n’étaient que de petites tailles, les fontaines colossales alors que l’eau était si couteuse à acheminer … Plus de trois siècles ont passé et Versailles est toujours là pour attester que Louis XIV a bien été le roi soleil, avec le règne le plus long de l’histoire de France.

6. LA FABULEUSE HISTOIRE DE LA DIGUE DE CHERBOURG PAR JEAN-JACQUES SENARD

Le Pélican a publié, dans le n° 67 Printemps 2014 et le n° 68 Eté 2014, les deux premières parties de cette digue. Voici donc la 3ème partie de cette histoire. L’auteur nous en a promis encore deux pour arriver à nos jours.

(Rappel de l’auteur : le besoin de vous faire partager mon émotion pour la construction de la digue de Cherbourg m’est venu du séjour que l’AOP avait organisé en Mars 2012)

Page 23: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 23 de 42

La révolte

Nous sommes en 1789, le chantier des cônes de Cessart vient d’être fermé, Cherbourg est désertée, mais ceux qui restent voient dans l’échec de Cessart la cause de leur malheur.

Des troubles éclatent dans la ville une semaine après la prise de la Bastille à Paris, journée révolutionnaire qui fut surtout une journée d’émeutes.

Le fiasco est total : humain, avec tous ces ouvriers réduits au chômage, économique l’opération a coûté quelques 26 millions de livres pour 18 cônes installés sur les 90 prévus; mais fiasco écologique aussi avec des milliers d’hectares de forêts dévastés, des collines éventrées desquelles plus de 2millions de mètres cubes ont été sortis.

Construction à pierres perdues

Mais si tous les 18 cônes ont été détruits - Alexis de Tocqueville publiera en 1849 une Notice décrivant précisément les dégradations des effets de la mer - les pierres qui ont été déversées dans les cônes sont restées au fond sur une longueur d’environ 3 800m, 10m de haut et une centaine de

mètres à la base, sensiblement selon le tracé que nous connaissons aujourd’hui. (plan)

Le 12 Mai 1791, un décret de l’Assemblée nationale accorde une première somme de 150 000 livres pour reprendre les travaux de la digue. De Cessart est contraint de passer la main au Lieutenant-colonel Meusnier.

La technique de pose s’améliore avec des barges équipées de mâts de charge avec cabestan, chalands à vaste écoutilles, à terre le transport se fait sur chariot à 2 roues ( tipper).

Mais les crédits font vite défaut, et le chantier s’arrête en 1793, année de la mort du roi et à Paris plus grand monde se soucie de la digue de Cherbourg…

La digue est livrée seule aux assauts répétés de la mer et elle va perdre la moitié de sa hauteur en une dizaine d’années.

L’ère napoléonienne

Entre temps, le vent de la Révolution a soufflé sur Cherbourg et sur les forts de la rade qui, en cette période troublée, sont devenus prisons d’Etat.

En 1802, M CACHIN est nommé par le gouvernement pour poursuivre les travaux. Il avait été membre de la commission envoyée sur place par l’Assemblée Constituante en 1792 dont la conclusion avait été de poursuivre les travaux en élevant la digue au-dessus du niveau des plus hautes mers.

La même année, est signée l’éphémère paix d’Amiens avec l’Angleterre, permettant au chantier maritime de redémarrer. Le Premier Consul, Bonaparte, reprend le grand dessein de Louis XVI. Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, rapporté par Las Cases, Napoléon a eu cette phrase « J’avais résolu de renouveler à Cherbourg les merveilles de l’Egypte, d’élever dans la mer ma pyramide » (voir photo).

Le ministère de la Marine rassemble le 22 Fructidor (9 Septembre 1802) une garnison de 1 200 hommes et 600 chevaux pour reprendre l’exploitation des carrières. Et l’activité reprend à Cherbourg attirant de plus en plus de monde de tous horizons et de tous âges. Les autorités sont débordées par cet afflux de demandeurs de travail, obligeant le préfet à interdire l’arrivée à Cherbourg « des

Page 24: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 24 de 42

femmes, des enfants de moins de 14 ans, des mutilés ou des infirmes ». Bonaparte, en sa qualité d’artilleur veut faire de la digue, non seulement un ouvrage de

protection contre la mer mais aussi de défense contre tout agresseur venant de la mer. La partie centrale de la digue est rehaussée d’une dizaine de mètres pour obtenir une plate-

forme de 200m de long sur 25m de large. Cette plate-forme est réalisée au moyen d’enrochements plus volumineux. Le poids des blocs est ainsi porté jusqu’à 4 tonnes pour les plus importants, contre 15kg en général pour les pierres perdues qui remplissaient les cônes, les plus lourdes faisaient 50kg.

On peut imaginer les prouesses techniques à accomplir pour mettre en place de telles masses de pierres et quels dispositifs de poulies et cabestans il faut mettre au point pour acheminer ces éléments sur une mer généralement peu ou prou agitée. (Illustration coupe matériel).

Mais là encore, les déconvenues infligées par la houle vont être grandes, les efforts d’une semaine balayés en une nuit, pierres emportées par les vagues,

effondrements… Néanmoins sur cette plate-forme centrale, une batterie de dix-huit canons est construite en

deux ans, elle est inaugurée en 1804 portant le nom du tout nouvel empereur Napoléon. Cette forteresse n’est pas encore achevée loin s’en faut et elle va devoir lutter contre les assauts

répétés et violents des tempêtes, jusqu’à celle qui se déchaine dans la nuit du 17 au 18 février 1808. Les pertes humaines et les dégâts à l’ouvrage sont considérables.

Quand le calme revient on décompte plus de 200 morts ou disparus – soldats et ouvriers vivaient le plus souvent en famille sur la digue – et on constate que la batterie est éventrée en plusieurs endroits, canons emportés.

Il faut se rendre à l’évidence : un ouvrage constitué uniquement en enrochement, même plus volumineux, n’est pas encore la bonne solution, mais ce n’est pas l’avis de Cachin qui écrit dans son mémoire « Le principal effet de cette tempête fut de consolider l’ouvrage en mettant un dernier terme au déplacement des matériaux dont il avait été formé ». Pas un mot des « péris à la digue ».

Ce drame a néanmoins donné un coup d’arrêt aux activités pendant plus de deux ans. Il faut attendre la venue fin Mai 1811 de Napoléon, accompagné de son épouse Marie-Louise, pour qu’une nouvelle impulsion soit donnée aux travaux. Pendant les quatre jours de son séjour l’empereur visite toutes les constructions et chantiers à pied, à cheval et en bateau dans la liesse populaire. Ces quelques jours marqueront profondément Cherbourg.

Page 25: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 25 de 42

En effet, dès son retour à Paris, Napoléon signe un décret qui va faire de la ville un chef-lieu d’arrondissement, puis le siège d’une préfecture maritime, et énonce un plan programme de constructions pour des décennies à venir : hospice, église, magasins, halle aux grains, égouts…

On avait eu le temps, avant le passage de l’empereur d’observer que, parmi les constructions réalisées sur la batterie, celles qui résistaient le mieux étaient les quelques ouvrages réalisés en maçonnerie. Ainsi le nouveau décret du 7 Juillet 1811 fixe les caractéristiques de la future batterie Napoléon, qui doit être maçonnée et fondée au niveau des plus basses mers. Cette idée est primordiale et elle conduira à la réussite de cette extraordinaire aventure humaine.

Les travaux ont repris de plus belle, en 1812 on compte plus d’un millier d’ouvriers journaliers, militaires, prisonniers espagnols sur la digue mais aussi carriers, voituriers, charpentiers, forgerons, équipages de bateaux.

Dans le port militaire, le 27 Août 1813, l’impératrice Marie-Louise assistera en grande pompe à la mise en eau du premier bassin et à cette occasion Cachin est fait baron.

Malheureusement, un nouveau coup dur attend Cherbourg ; avec la désastreuse retraite de Russie, l’exil à l’île d’Elbe, les Cents jours, puis enfin Waterloo : c’est l’effondrement de l’empire…

On peut juger assez maigre le bilan de l’Empire pour la digue du large, mais le projet est maintenu, l’idée maîtresse est lancée et la découverte des liants hydrauliques dans une dizaine d’années va permettre d’obtenir « la vraie solution »

____________ Fin du 3ème épisode.

7. AMOCO CADIZ PAR GILLES MARTIN

Ce nom, presque 40 ans plus tard, ravive en Bretagne de bien tristes souvenirs, et il est bien d’en rappeler quelques conséquences, ainsi que les circonstances de ce drame.

Tout d’abord, il faut rappeler que l’Amoco est arrivé à la côte la nuit du vendredi, précédant le 2ème tour des Législatives de 1978, cela parait anodin, mais, en fait grave de conséquences, car on a commencé à vraiment s’occuper de l’Affaire que le Mardi et les jours suivants.

En particulier, SHELL a pu, impunément continuer à prétendre s’occuper du problème, car ces 230 000 Tonnes de crude oil étaient leur propriété, et ils ont commencé à le pomper, en priorité avec des camions citernes censés évacuer le crude oil vers Brest…, on a vite réalisé que c’était une ineptie, et il bien fallu s’occuper sérieusement de ces problèmes, et des décisions ont été prises.

Primo : Enfin un remorqueur puissant de garde à la Pointe Bretagne, mais sous la responsabilité de l’Etat, et non d’un Armateur spécialisé qui doit bien rentabiliser son navire, car cela est très onéreux. On sait, maintenant combien cette mesure a préservé la Bretagne de dizaines de marée noire…

Deuxio : Installation des fameux rails de circulation avec surveillance Radar permanente, et, donc, à Ouessant, mise en place de ce Radar et de personnel de Surveillance

Tertio : Obligation à tout navire en difficulté de la signaler auprès des Autorités Françaises, qui peuvent obliger le navire à se mettre à l’abri et en sécurité sans que l’Armateur puisse s’y opposer.

Toutes ces mesures sont complémentaires entre elles et obéissent à une évidence, il est plus facile de prévenir que guérir quand le mal est fait.

On parle toujours des Pétroliers, mais les Cargos et autres sont également concernés. Pour revenir à l’Amoco, il a été clairement mis en évidence, que maintenir un remorqueur

privé, est onéreux, et l’Armateur veut, évidemment, rentrer dans ses frais. C’est ainsi qu’il y a eu des discussions très serrées entre les 2 Armateurs : celui de l’ «Amoco Cadiz» et celui du remorqueur. Ces pertes de temps ont rendu de plus en plus difficiles le remorquage, pour s’avérer, à la fin impossible. D’où est venue la catastrophe.

Rapidement il a fallu, trouver le responsable, et lamentablement a été trouvé le pauvre

Page 26: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 26 de 42

Commandant du Remorqueur, vraiment un bouc émissaire. Oublié tout ce qu’il avait fait auparavant, et tout ce qu’il avait tenté pour l’Amoco dans des circonstances empirant rapidement.

C’est pourquoi, je joins à cette mise au point le petit article paru dans Ouest France pour lui rendre hommage, mieux vaut tard que jamais. Et, en tant que marin Breton, je suis fier que ses dernières volontés aient pu être respectées grâce à des Marins Bretons.

Dans ce contexte, on ne peut ignorer que vient aussi décéder un des plus grands (sinon le plus grand), acteurs dans le règlement de l’affaire Amoco. Il s’agit d’Alphonse ARZEL, maire de la petite commune de Ploudalmézeau, 1ère victime de ce naufrage. Il va réussir plusieurs performances :

1, et non la moindre : fédérer des années durant, des dizaines de personnalités de tous bords sans aucune faille dans leurs combats.

2° Tenir tête à un des grands du Pétrole, et en définitive le faire plier. Les esprits, à CHICAGO, furent très impressionnés de voir ces petits Bretons têtus, ceints de

leur écharpe tricolore chanter le BRO GOZH MA ZADOU (l’Hymne Breton) dans les rues de CHICAGO. Il n’a pas obtenu entière satisfaction, mais ils sont les premiers à avoir vraiment lutté contre une grande Multi Nationale du Pétrole, sans jamais renoncer, c’était une première.

Mr Alphonse ARZEL a eu certainement plusieurs décorations (méritées), mais la plus belle est le surnom (mérité, lui aussi) de Monsieur Amoco Cador

Article paru dans « Ouest-France » le 2 avril 2014 - L’Histoire : Le capitaine WEINERT n’avait pu sauver l’AMOCO Durant sa longue carrière de commandant de remorqueurs de haute mer, Hartmut WEINERT a

ramené au port des dizaines de navires en détresse. Mais le 16 mars 1978, sa mission a échouée. Ce jour-là s’écrit l’une des pages les plus noires du transport maritime. Le naufrage du

pétrolier « Amoco-Cadiz ». Dix heures de cauchemar qui hanteront le capitaine WEINERT jusqu’à son dernier soupir rendu 9 novembre 2013 à Kiel en Allemagne. Il avait 72 ans.

230 000 tonnes de brut ! Le 16 mars 1978, le «Pacific», remorqueur de sauvetage de la compagnie allemande BUGSIER,

basé à Brest, se trouve à la sortie du chenal du Four entre l’Île Ouessant et le continent lorsqu’il capte un message de l’ «Amoco-Cadiz ». Le supertanker chargé de 230 000 tonnes de brut est en avarie de barre à 10 miles d’Ouessant.

Le capitaine du «Pacific» se déroute immédiatement de sa route pour porter secours au pétrolier. Mais durant de longues heures, l’armateur de l’ «Amoco-Cadiz» et la compagnie BUGSIER ne parvienne pas à se mettre d’accord sur les conditions du contrat de remorquage.

En fin d’après-midi, lorsqu’une remorque est enfin établie, il est trop tard. Les vents se sont déchainés. Des creux de 10 mètres balaient la mer d’Iroise. Les 10 000CV du «Pacific» et les efforts de ses vingt hommes d’équipage, dont deux seront blessés, ne parviendront pas à arracher le mastodonte aux rochers de Portsall.

Ces atermoiements seront reprochés à Hartmut WEINERT qui devra même s’en expliquer devant la justice. « WEINERT est allé à la bataille, risquant sa vie, son remorqueur

et son équipage pour éviter la souillure des côtes bretonnes. Il fut gravement atteint dans son honneur de marin, au point de vouloir que ses cendres demeurent dans ces eaux qu’il avait

Page 27: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 27 de 42

protégées durant une dizaine d’années » a rapporté hier l’un de ses amis bretons, Jean-Pierre CARADEC, courtier maritime. Juste avant que Helga GRUBEN la compagne du Capitaine disparu et Christine MINNEMAN, sa fille unique, émergent l’urne cinéraire dans les eaux du chenal du Four.

Jean-Laurent BRAS. Le naufrage de l'Amoco-Cadiz

L'épave peut être plongée !! Elle est bien sûr gigantesque et en très mauvaise état car les

tempêtes en cet endroits de la côte sont particulièrement violentes et ont eu raison du mastodonte. Le fil des événements : Le 16 Mars 1978 dans la matinée, le pétrolier libérien Amoco-Cadiz, Capitaine Pascale

BARDARI, chargé de 219 617 tonnes de pétrole brut iranien, en route du Golfe Persique vers Rotterdam s'apprête à contourner Ouessant. La tempête fait rage comme souvent à pareille époque avec des vents de secteur ouest atteignant 130 Km/h dans les rafales. A 9 h 45, survient une avarie de barre sur le pétrolier.

Très vite, le lourd navire ne pouvant plus gouverner vient en travers des lames et commence à dériver. Dans un premier message capté par Radio-Conquet vers 11 heures, le pétrolier demande l'assistance d'un remorqueur et se situe à 10 milles Nord d'Ouessant. Ce message est aussitôt répercuté sur le remorqueur allemand Pacific, Capitaine WEINERT, basé à Brest et qui remonte le Chenal du Four en direction du Pas-de-Calais. A 11 h 28, le Pacific fait une offre de service de type "Lloyd's open form" à l'Amoco Cadiz qui dans un premier temps la décline. S'ensuit une longue tractation sur le montant de l'assistance, ce qui retarde considérablement l'intervention du remorqueur. Lorsque le marché est enfin provisoirement conclu, le Pacific passe une remorque. Il est alors 13 h 15. Malheureusement la masse est trop énorme pour le remorqueur qui ne parvient qu'à freiner la dérive et dans une mer de plus en plus dure, la première remorque casse trois heures plus tard. Le vent est à présent plein ouest force 8, rafales 9 à 10 et le pétrolier à 5 milles de la côte. Une seconde remorque est prête après deux heures d'efforts et cette fois, le Pacific va tenter de remorquer le pétrolier par l'arrière. Mais dans les conditions particulièrement difficiles de cette seconde tentative, ce n'est que peu après 20 heures que le remorquage peut reprendre.

Le Capitaine BARDARI ordonne alors de mouiller l'ancre bâbord tandis que le remorqueur essaie fébrilement de contenir l'infernale dérive pendant une heure. Quelques minutes plus tard, l'arrière talonne par 18 mètres de fond, ce qui provoque une voie d'eau à la machine et la perte de l'énergie électrique. A 21 h 40, l'arrière du pétrolier touche une nouvelle fois et cette fois, le pétrole

Page 28: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 28 de 42

commence à s'échapper. Jugeant sa situation désormais sans espoir, BARDARI fait tirer des fusées rouges et vers 22 heures, l'Amoco Cadiz s'échoue définitivement sur le récif de Men Goulven, à un mille de la côte de Portsall vomissant des flots de pétrole par ses flancs crevés. Tous les efforts du Pacific ont été vains et l'une des plus grandes catastrophes écologiques de la planète est en marche.

La vision d'apocalypse que les habitants de Portsall découvrent à l'aube du 17 mars 1978

A 23 h 18, le Capitaine BARDARI envoie

enfin son premier SOS, demandant une assistance immédiate si possible par hélicoptère. Un hélicoptère Super Frelon décolle alors de la base de LANVEOC POULMIC et fait route vers le pétrolier. Dans des conditions extrêmes, trois opérations d'hélitreuillage permettent de sauver la totalité des 44 hommes présents à bord qui sans cette intervention étaient voués à une mort quasi certaine.

Dans le même temps, le Vice-Amiral COULONDRES, Préfet Maritime de Brest déclenche le plan Polmar-mer. Des unités de la Marine appareillent avec à leur bord de la craie, des produits dispersants et détergents. Face à l'ampleur sans précédent du déversement, ces moyens dérisoires ne seront pas d'un grand secours.

A l'aube du 17, c'est un spectacle de désolation que découvrent les habitants. Une épaisse nappe marron écrase les vagues et se répand lourdement sur les plages et les rochers. L'odeur écœurante du brut est transportée par les rafales loin à l'intérieur des terres. En quelques jours, ce sont quelque 300 kilomètres de côtes qui sont souillées. Pour toute une région, c'est une catastrophe économique qui vient s'ajouter au désastre écologique. La pêche, l'ostréiculture, la récolte des algues, le tourisme en sont les premières victimes. Mais il faut faire face et dans un magnifique élan, militaires ou marins, volontaires locaux ou lointains, enfants des écoles ou retraités, armés surtout de leur farouche volonté vont entamer le nettoyage de chaque mètre carré de littoral souillé. Cette tâche obscure autant que nauséabonde demandera plusieurs mois.

L’ «Amoco Cadiz» a été construit aux chantiers espagnols Astilleros Espanoles SA à Cadiz et fait partie d'un groupe de superpétrolier construis entre 1972 et 1973 dont les destins allaient être tragique. Le premier de la série est le tristement célèbre Amoco Cadiz qui s'échoue sur les côtes bretonnes le 16 mars 1978, répandant 230 000

Page 29: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 29 de 42

tonnes de fuel brut. Puis c'est au tour du Maria Alejandra le 11 mars 1980 sur la côte Mauritanienne, puis le 3 avril de la même année c'est le Mycene sur la côte Sénégalaise.

Le capitaine WEINERT avait commencé à naviguer en 1956. « Depuis 1969, j'ai travaillé presque continuellement sur les remorqueurs de Bugsier, placés en station à Douvres, à Brest, sur la côte de la Mer du Nord de l'Allemagne, de l'Ouest et sur le littoral de la Baltique, expliquait-il dans son rapport de mer. Les navires les plus importants que j'ai assistés avec le Pacific, avant l'Amoco Cadiz sont : entre le 21 et 23 février 1975, le pétrolier Golar kansai, du 20 au 23 mars 1975, le pétrolier Obernai, le 20 novembre 1976, le transporteur de vrac Thor. » Et d'ajouter : « Durant ma carrière de capitaine, de 1974 à 1977, j'ai sauvé avec le Heros et le Pacific, dix navires que j'ai conduits à Brest. »

« Ce drame a été très douloureux pour mon père, surtout quand on lui a passé les menottes devant la presse, explique sa fille. Il a fallu 15 ans de procédure pour qu'il soit innocenté. Maintenant, il a pardonné. Au contraire des médias, la population bretonne a été chaleureuse avec lui, notamment M. Gonin, médecin de l'île d'Ouessant. »

8. FAMILLE POZZO DI BORGO

Devise : Virtute et Consilio La famille Pozzo di Borgo est issue d'un très ancien clan

d’origine corse, ramifié en plusieurs branches, dont plusieurs membres se sont illustrés au cours de l’histoire, dans l’armée, la diplomatie, la politique et la finance.

De souche insulaire, la famille Pozzo di Borgo peut être

considérée comme une des plus anciennes de l’île. Bien que les origines de la famille ne puissent être déterminées avec certitude au-delà du XIIe siècle, certains témoignages laissent penser qu’elle serait issue de Rinieri da Gozzi, fils de Guido, fils d’Arrigo Cinarchese mort en 1257, seigneur de Gozzi, Celavo et Cauro. Son fils Rinieri II épouse Torquatella, fille de Giudice, dont il a Rinieri III, maintenu dans sa seigneurie de Gozzi par son grand père Giudice. Il cède cependant la seigneurie de Celavo et Cauro. D’une alliance inconnue on lui connaît deux fils : Guglielminuccio, seigneur de Lisa et Sozzone (alias Suzzone) seigneur de Lisa et des Monticci.Plus tard Suzzone est contraint d’établir une place forte aux Monticci. C’est sous ce dernier nom que les ancêtres des Pozzo di Borgo sont

désignés par la chronique. Ainsi, le village de « Pozzo di Borgo », qui donna son nom à la famille, situé

Page 30: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 30 de 42

au-dessus d’Ajaccio aurait été fondé par Suzzone de Lisa, seigneur des Monticci, issu des seigneurs da Gozzi, Celavo et Cauro .

Carte de la Corse au XVIII siècle ou figure les ruines du village de "Pozzo di Borgo" rasé eu XVI eme siècle par les maures

Tour de Monticci (base du XIIème siècle, reconstruite au XXème siècle) sur les hauteurs d'Ajaccio

village d'Alata, fief de la branche principale de la famille Pozzo di Borgo

Des lignées d'officiers dans toute la Méditerranée À l’image des clans écossais des Highlands, pourvoyeurs de mercenaires réputés, les Pozzo di

Borgo, ne cessent de produire depuis le XIVe siècle des lignées de militaires de renom qui s’établissent en Corse mais également dans toute la Méditerranée et particulièrement, à Venise, Rome, Livourne, Gênes, Marseille et sur l’île de Zante. Ainsi Suzzone Pozzo di Borgo, né en 1547, fut colonel de la garde corse du pape et fondateur de la branche d’Alata après la destruction par les Barbaresques vers 1574 du village de « Pozzo di Borgo » qui donna son nom à la famille. Un autre Livio Pozzo di Borgo, colonel au service de Rome, a fondé l’hôpital des pauvres à Ajaccio et assuré son financement à partir de 1581. Ses descendants veilleront à la destinée de celui-ci pendant plusieurs siècles. Pier Lovico da Pozzo di Borgo qui vit au milieu du XVe siècle est l’auteur de la branche de la famille qui s’installa et prospéra sur l’île de Zante (Grèce). Cette branche donna entre autres, Stefano Pozzo di Borgo, soldat à Ajaccio en 1598 et capitaine au service de Venise en 1606 ; Domenico Pozzo di Borgo (1612-1685) resté aux ordre du gouvernement vénitien pendant 51 ans pour finir sa carrière comme colonel de la compagnie d’italiens en 1675 aux îles de Corfou, Suda et Zante et major de la place de candie. Il épouse à Zante le 29.04.1649 Elena Apostoliti, fille de Giorgio d’une noble famille de Zante ; Girolamo Pozzo di Borgo(1660-1705) sergent major au service de Venise, capitaine en 1683. Il épouse en 1684 Bianca Mocenigo, fille du noble Battista. Cette branche s’éteindra à Venise en la personne de de Girolamo Pozzo di Borgo, sergent-major en 1737, qui meurt sans postérité connue.

Chapelle des Grecs (Ajaccio) restaurée en 1620 par le colonel Paul-Emile Pozzo di Borgo. Plusieurs membres de la famille Pozzo di Borgo furent inhumés ici

Château de la Punta, édifié par la lignée ducale des Pozzo di Borgo avec des éléments architecturaux du palais des Tuileries

Des dynasties d'hommes de loi et de capitaines corailleurs

Alors que certains membres de la famille Pozzo di Borgo s’illustrent également dans la magistrature où des lignées d’hommes de loi, notaires, avocats, s’établissent sur plusieurs générations et forment des véritables dynasties ; d’autres en revanche se tournent vers la mer et s’illustrent dans les compagnies de capitaines corailleurs. À partir du XVIIe siècle, la famille Pozzo di Borgo se divise en de nombreuses branches établies principalement dans les villes et villages de

Page 31: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 31 de 42

Corse, en particulier à Ajaccio, Alata, Apietto et Villanova mais également sur les rives de la Méditerranée. En Corse ils tiennent le haut du pavé, font partie des nobles six, sont « orateurs » « syndicateur » et représentent les Corses auprès du conseil génois. Ils sont, pendant plusieurs siècles, étroitement liés aux destinées de la Corse.

Ajaccio, port de pêche de corail célèbre, au XVIII eme siècle,qui a fait la fortune de nombreux membres de la famille.

Une noblesse ancienne À partir du XVe siècle, de nombreux membres de la famille,

feront reconnaître leur noblesse et bénéficieront des droits attachés à ce statut (exemption du paiement de la dîme et de la taille, port des

armes, représentant aux conseils des nobles six et nobles douze, orateur auprès du sénat génois, syndicateur).

Reconnus parmi l’élite aristocratique insulaire, ses membres se verront confier au cours de l'histoire par Pise, Rome, Gênes, la France et la Russie des responsabilités militaires et diplomatiques qui feront leur réputation. Après l'annexion de la Corse par la France en 1769, certaines branches de la famille favorables aux français feront reconnaître leur noblesse prouvée au-delà de deux cents ans, par le conseil supérieur de la Corse (arrêt des 9 juin et 5 septembre 1774) et se verront ainsi intégrées dans la noblesse française.

Cathédrale d'Ajaccio ou de nombreux "Pozzo di Borgo" ont été baptisés

Une histoire mouvementée avec la famille Bonaparte, alliances et divisions

Les liens d'amitié entre les familles Pozzo di Borgo et Bonaparte ont

été étroits pendant plusieurs siècles. De très nombreuses alliances matrimoniales ont rapproché les deux clans mais les ont également divisés lorsque leurs intérêts politiques divergeaient. Ainsi l’empereur Napoléon Ier eut comme ennemi farouche et tenace, son lointain cousin et ancien ami, Charles-André Pozzo di Borgo, futur ambassadeur de Russie en France. Leur célèbre querelle prendra pour théâtre l'Europe entière.Le rôle de Charles-André Pozzo di Borgo fut déterminant dans la chute de l'empereur Napoléon.

Napoléon, l'abdication de Fontainebleau par Delaroche.

Porche du "Palazzu Pozzo di Borgo", à Ajaccio

Page 32: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 32 de 42

Exemples d'illustrations Pasquale Pozzo di Borgo, officier corse, fils de Maestro Giovanello, (mort en 1603), notaire,

lieutenant du chancelier de l’office de Saint-Georges en 1567, orateur de l’au-delà des monts

en 1584, 1589, 1591 et 1592. Capitaine d’une compagnie corse en Ligurie en 1599.

Secondo Pozzo di Borgo, officier corse, fils de Maestro Giovanello, collecteur des tailles de la

piève d’ajaccio par lettre patentes du 19.5.1590, commissaire des routes du delà-des-monts le

15.5.1593, capitaine de la compagnie corse de Ligurie, membre du conseil des anciens de la

ville d’Ajaccio et orateur à Gènes en 1597.

Paolo-Emilio Pozzo di Borgo, officier corse, capitaine de la compagnie corse de l’au-delà des

monts, après la mort de son mort son père en 1603, puis colonel au service du Saint-Siège.

Réside à Ascoli où il meurt en 1626. Père de Paolo-Agostino et Giacomo, tous deux capitaines

au service de Venise.

Suzzone Pozzo di Borgo (1547-1634), officier corse, noble six (1585), colonel de la garde corse

du pape (1619). Auteur de la branche principale d’Alata.

Tertio Pozzo di Borgo, officier corse, mort avant 1651, Alfière (lieutenant) dans la compagnie

de germino de Franchi, confirmé dans les privilèges d’exemption d’impôts et de taille le

28.8.1593. Capitaine de la compagnie corse en Ligurie.

Domenico Pozzo di Borgo (1612-1685), officier corse au service de Venise pendant cinquante-

et-un ans, sergent major des ordonnances de Zante, commandant et

provéditeur de la citadelle de Parga en 1669, colonel d’une compagnie

d’Italiens en 1675 aux îles de Corfou, studa et Zante, puis major de la place

de Candie.

Carlo Andrea Pozzo di Borgo (1764-1842), homme politique corse

puis français, diplomate au service de la Russie. Un des membres les plus

célèbres de la famille. Il finit sa carrière comme ambassadeur de Russie auprès de la France

puis de l’Angleterre. Ses héritiers firent ériger sur les hauteurs d'Ajaccio, à l'emplacement des

ruines de l’ancien village de Pozzo di Borgo, le célèbre château de la Punta, avec une partie des

ruines incendiées du Palais des Tuileries.

Giuseppe-Maria Pozzo di Borgo (1787-1827), homme politique Français, président du conseil

général de la Corse, colonel au service de l’Autriche, épouse à Prague en 1808 Thérèse,

comtesse Wratislaw de Mittrowsky, dont la fille Marie-Thérèse épouse Joseph-Antoine, comte

Baciocchi, chambellan de l’empereur Napoléon III.

Charles Jérôme Pozzo di Borgo (1791-1879), officier français,

commandant de la place de Barcelone, colonel du régiment de Hohenlohe,

nommé 1er duc Pozzo di Borgo par Ferdinand II des Deux-Siciles (1852).

Roland Pozzo di Borgo (1928-2001), homme d’affaires français, fils de

Mathieu Ferrandini et de Marie-Anne Pozzo di Borgo dont il prend le nom.

Christian Pozzo di Borgo (1944-2004), médecin anesthésiste,

universitaire, franc-maçon, grand maître du Grand Orient de France de 1988

à 1989.

Yves Pozzo di Borgo (1948), homme politique français,

sénateur centriste et membre de l'Assemblée parlementaire

du Conseil de l'Europe.

Page 33: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 33 de 42

Philippe Pozzo di Borgo (1951), homme d’affaires dont l’histoire est évoquée dans le film

Intouchables en 2011.

Cécile Pozzo di Borgo (née Mouton-Brady), haut fonctionnaire,

ancienne ambassadrice de France en République dominicaine et au

Pérou, préfet de l’Aveyron depuis novembre 2011.

Armorial

Branche ducale Branche Vénitienne Branche italienne

9. RECIT D’UNE AVENTURE INVOLONTAIRE AU GABON EN 1975 PAR CLAUDE LEBELLE

A cette époque, nous résidions à Port-Gentil au Gabon. En famille, avec déjà deux enfants, Bernard et Anne. Françoise était enceinte de Claire qui devait naitre en 1976.

C’était les vacances de Noël. Le 25 décembre nous étions venus à la case pique-nique le matin, comme nous en avions l’habitude. Cette case, située sur la côte de la baie de Port-Gentil, non loin du Cap Lopez où Elf-Gabon avait son terminal pétrolier. Elle était la « propriété » d’un groupe d’amis qui s’y réunissait en famille régulièrement le samedi et le dimanche. On y accédait en canot à moteur, en partant de la « SER » où se trouvait la base nautique favorite des amateurs de sports nautiques de l’ile Mandji.

Nous avons déjeuné tous ensemble sous la case, enfants et parents mélangés joyeusement, dans une ambiance très familiale. Bernard et Anne

aimaient les jeux de la plage et de l’eau. Dans l’après-midi, je suis reparti à la pêche à la traine sur le tombant du banc du Prince, assez

loin du Cap Lopez en direction de la bouée du Prince qui balisait l’entrée de la baie de Port-Gentil. Les navires de tonnage trop important devaient la contourner par l’Est, car le banc du Prince ne laissait qu’un tirant d’eau trop faible entre le Cap Lopez et la bouée et le risque d’échouement était réel.

Ceci ne concernait pas les petits canots à moteur hors-bord employés par les plaisanciers. Je pilotais le canot et j’avais avec moi un partenaire de pêche, Pierre, que je ne connaissais que depuis peu et avec lequel je n’avais jamais pêché. Nous avons mis le cap vers le nord-est pour aller sur le lieu de pêche qui me semblait favorable, à savoir le tombant ouest du banc du Prince. En effet, en raison de la faible profondeur sur le banc et de la marée, le courant était assez fort sur le banc lui-même.

Les barracudas se tiennent à l’affut, juste sous le sommet du banc, le nez dans le courant, en attendant leurs proies, inconscientes du danger, qui ont l’imprudence de se glisser dans le courant au-dessus des prédateurs prêts au festin.

La stratégie de la pêche à la traine consiste à laisser trainer derrière le bateau une ligne équipée d’un leurre constitué d’un poisson en bois peint auquel sont attachés trois hameçons triples, articulés sur leur attache.

Page 34: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 34 de 42

Le pêcheur se tient sur la plage arrière, et le pilote manœuvre pour faciliter la tâche au pêcheur lorsqu’il a une touche. Quand le barracuda mord, il attrape l’appât sans ménagement et file à toute allure. A ce moment le moulinet lâche du fil à grande vitesse et produit un son qui monte dans l’aigu.

J’avais déjà une bonne expérience de la pêche au barracuda, mais je pêchais encore sur une ligne de 50lbs, qui me permettais de remonter la prise en force, malgré sa mauvaise volonté évidente,

jusqu’à pouvoir la gaffer pour la jeter dans le bateau. J’avais confié le pilotage à Pierre et me tenais sur la plage arrière ; avec ma canne à thon sur

laquelle j’avais installé un moulinet Mitchell 624. Vers 5h du soir, j’ai eu une belle touche et le son du moulinet laissait présager une prise

intéressante ! J’ai commencé à ramener le barracuda au bateau et confiant dans la résistance de mon fil de Dacron 50lbs, je l’ai amené près du bord.

C’est à ce moment que mes ennuis ont commencé. Au moment précis où je gaffais ma prise, le moteur hors-bord s’est arrêté et le bateau, privé

de motorisation s’est spontanément mis travers à la houle, ce qui a rendu instantanément la manœuvre de pêche très délicate, car le bateau roulait bord sur bord. J’ai monté le poisson par bâbord d’un coup de gaffe, il était énorme, sans doute près de 2 m et était toujours « vert » car je ne l’avais pas assez fatigué.

D’un puissant coup de queue, le barracuda m’a renversé par-dessus le plat-bord et je suis tombé à l’eau à tribord ; avec lui, ma canne à pêche et tout l’attirail, moulinet compris. Dans ce mouvement le poisson en bois sur lequel s’était pris le barracuda a touché mon pied gauche et un des hameçons triples s’est accroché profondément dans la chair, à peu-près au milieu sur le côté intérieur du pied. Et je me suis retrouvé à l’eau dans une situation très inconfortable, la canne à pêche pendante à mon pied par l’intermédiaire du fil de pêche et de l’hameçon, avec le barracuda accroché par la gueule à un des autres hameçons triples du leurre. Le bateau qui roulait travers à la houle, qui ne pouvait plus manœuvrer faute de moteur.

De fait nous étions arrivés au bout du premier réservoir de carburant, et il suffisait de changer

Page 35: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 35 de 42

le flexible d’alimentation du moteur pour pouvoir repartir. Très simple, mais je n’avais pas pris la précaution d’initier Pierre à ces détails avant de l’emmener. Difficile à expliquer lorsque le bateau s’éloigne sous l’effet du vent, alors que je dérive sous l’effet d’un courant de marée opposé au vent à ce moment, et rapidement impossible.

En quelques dizaines de secondes, je me suis rendu compte que je n’avais aucun espoir de rejoindre le bateau à la nage avec accroché à mon pied gauche le barracuda toujours vivant et la canne et l’attirail de pêche.

A ce moment, je me suis souvenu que les manœuvres de compression oculaire ont pour effet de ralentir le rythme cardiaque, chose que je savais vérifiée chez l’homme. Et j’ai essayé cette manœuvre sur mon barracuda, qui a eu le bon goût de ne plus s’agiter, ce qui m’a permis en glissant ma main à la hauteur de sa gueule de décrocher l’hameçon qui le retenait.

Il est parti ou tombé au fond de l’eau, je ne sais. Je ne l’ai pas revu depuis. Après cette première petite victoire, je me suis décidé à couper avec les dents le Dacron 50 lbs

pour me débarrasser de ma canne et de mon moulinet qui me pesait pour nager, en pliant la jambe gauche et en plongeant la tête sous l’eau. Exercice peu facile, mais indispensable, après lequel il me restait accroché au pied un poisson en bois équipé de trois hameçons.

Après quelques essais de brasse, qui se sont soldées par la prise de mon mollet droit sur un hameçon du pied gauche, j’ai renoncé à nager de façon classique, non sans avoir réédité la figure déjà connue de plongée pour libérer le mollet droit, en déchirant la peau prise dans l’hameçon, sans faire de détail.

On pourrait croire, à froid, que c’est très douloureux, mais le sentiment d’extrême urgence fait que la douleur est inhibée par la concentration mentale nécessaire à la survie. Je ne me rappelle pas avoir eu mal à ce moment.

C’est à ce moment que j’ai eu le temps de réfléchir sérieusement à la situation. Il ne s’était passé que 5 minutes depuis ma chute, mais les perspectives d’avenir avaient été gravement modifiées.

La première chose qui vient est que je ne vais pas arriver à remonter à bord du bateau, car incapable de nager, mais seulement de surnager en limitant mes mouvements. Et que Pierre n’a pas réussi à remettre le moteur en route, ce qui lui interdit de venir me secourir. Je regrette que dans ces moments de panique de sa part, il n’ait pas pensé à me jeter la bouée de sauvetage rouge qui trônait sur la plage arrière. Il a quand même pensé à envoyer la fusée de détresse qui a alerté les secours.

Ce qui a conduit le service de sécurité d’Elf-Gabon à envoyer à sa recherche deux remorqueurs qui se trouvaient à l’appontement du Cap Lopez, le Duquesne de l’URO et les Almadies de l’URD. Les deux bateaux ont repérés très rapidement notre bateau avec Pierre à son bord. Le bateau était peint en jaune et rouge, ce qui le rendait très visible. Ils ont pris Pierre à bord et ont remorqué le bateau jusqu’à l’appontement.

Ils ne m’ont pas vu malgré mes signes. Les vagues trop fortes me dissimulaient aux yeux de l’équipage. Pierre était très affecté par l’évènement et m’avait perdu de vue rapidement car je n’avais pas de gilet de sauvetage et la mer était formée, avec des vagues courtes dans lesquelles je me débattais. Il a indiqué au service de sécurité, dirigé par M. CADIOU, qu’il m’avait vu disparaitre, ce qui a conduit Elf-Gabon à arrêter les recherches vers 17h30, à la tombée de la nuit.

J’avais pu voir les bateaux secourir Pierre, et me chercher ensuite, mais l’obscurité a rendu la tâche vaine très rapidement.

La deuxième chose est que je vais être en retard pour diner, puis que je vais sans doute passer la nuit à l’eau, puis que Françoise et les enfants et les amis vont être inquiets et quand les bateaux s’éloignent et que la nuit est tombée, force m’est de constater que je n’ai que fort peu de chances de survie.

En quelque sorte, l’horizon s’éloigne rapidement, votre avenir se limite maintenant à votre survie immédiate et le temps dont vous disposez est réduit aux quelques heures qui vous séparent de la fin.

Page 36: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 36 de 42

Je ne vois plus que les lumières de l’appontement du Cap Lopez. Je connais la zone et la direction des courants. Je sais que nager et tenter de rejoindre la côte ne ferait que m’épuiser. De là où je me trouve, le courant de l’Ogooué va me porter vers le nord, je manquerai sans doute Libreville pour atterrir en Guinée équatoriale. De temps en temps des bateaux qui ne me cherchent pas, passent à distance. Autant d’espoirs déçus.

A la fin, cette idée me vient naturellement à l’esprit comme une conclusion évidente : je vais mourir.

Cela résulte d’une analyse objective de la situation et non d’un sentiment de panique. Je suis rationnel, et cela me reste même dans ces moments. Je vais mourir. Point. C’est sûr !

Pour mourir, me dis-je, il convient de se préparer. J’ai donc fait ma dernière prière, car je suis croyant.

Et j’attends et je nage pour rester à la surface. C’est long. Je refais une autre dernière prière. Et je nage. Et j’attends. Les yeux commencent à me bruler, l’eau de mer y est pour quelque chose. Et j’avale de l’eau involontairement. Celle-là je ne l’avais pas vu venir. Elle m’a submergé, mais

j’ai surnagé. Car je suis têtu ! Et je continue à nager et à vouloir survivre. Et je refais une troisième dernière prière. Et je nage. C’est long, trop long ! Il me vient une idée : si c’est inévitable, puis-je accélérer le mouvement ? J’ai déjà renoncé à la

vie. Suis-je obligé d’attendre la mort ? Comment faire ? J’essaye de me noyer en buvant la tasse ! Mais les réflexes du corps que je

désire quitter sont incoercibles. Et je dois me rendre à l’évidence : On ne se suicide pas sans quelque préparation ou outillage ! Ici, une gueuse de fonte m’entrainerait rapidement et sûrement au fond, il y a bien 30 ou 40 m de profondeur, maintenant que le courant m’a porté au nord vers le large.

N’ayant pas prévu cette éventualité, je ne dispose que de mon maillot de bain. Et pas de vendeurs de fonte à l’horizon, mais désespérément personne.

Et j’attends, maintenant résigné, repensant à ceux que je quitte, ma femme, mes enfants et ce bébé que je ne connaitrais pas, ma maman, mes frères et sœur, neveux, et ceux et celle à venir, et mes amis et mes ennemis !

Puis je reprends ma prière et m’en remet à la Providence. Il doit être près de minuit. Enfin, je réussis à détacher l’hameçon de mon pied gauche. La plaie

a cessé de saigner rapidement, car l’eau de mer a cautérisé les chairs en quelque sorte. L’attente continue, mais qu’attends-je ? La fin ou un improbable sauvetage ! Je me remémore un article lu récemment où il était indiqué que le moment critique pour le

naufragé est celui où il réalise qu’il va être sauvé et où il a envie de relâcher toute cette tension qui l’a maintenu en vie malgré les vagues et l’eau de mer qu’il a ingurgité de force et qui lui a récuré la totalité du tube digestif. C’est le risque : se laisser aller alors qu’on n’est pas encore sur le pont du sauveteur. Faire marcher son esprit est un moyen de rester alerte et de ne pas s’endormir. Il faut vouloir continuer et surtout continuer de vouloir.

Si je ne dispose pas de ma propre fin, il faut s’occuper sérieusement de rester en vie. C’est ce que je fais.

Soudain, au travers de mes yeux brûlés par le sel et qui ne me laissent voir qu’une sorte de brume, je distingue des lumières qui bougent, sous mon vent. Incrédule au début, je comprends que ce sont des bateaux, qui se déplacent lentement, ce qui indique à cette heure de la nuit qu’ils

Page 37: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 37 de 42

cherchent, et qu’ils me cherchent certainement. Ils sont encore loin et il est trop tôt pour me manifester par la voix. J’observe que les projecteurs placés sur le passavant balayent largement l’océan devant eux. Je suis encore trop loin pour être visible, mais ils se rapprochent dans ma direction.

Jusqu’au moment où la lumière du projecteur passe sur moi et je fais des signes de mes bras pour attirer leur attention. Simultanément, je prends une inspiration et pousse le plus formidable coup de gueule que je n’ai jamais poussé. Miracle, j’ai été entendu et le projecteur revient se fixer sur moi, les personnes placées sur le passavant me font des signes. Je leur réponds par signes.

Invraisemblable mais vrai, je vais être tiré d’affaire. J’apprendrai quelques minutes plus tard qu’il s’agit de l’Adamsturm de OSA, un des bateaux affrétés par Elf-Gabon pour le service des appareils de forage et des plates-formes de productions des champs pétroliers offshore sur lesquels je travaille pour y construire les infrastructures, plates-formes et pipe-lines.

Un autre bateau, mieux placé que l’Adamsturm, fait route vers moi et exécute la manœuvre de l’homme à la mer. Il se dirige vers moi et vire par bâbord pour me présenter son flanc tribord, là où se situe cette zone marquée clairement « Rescue Zone ». Ce bateau est le Nobistor. Les deux autres bateaux qui se sont joints aux recherches sont ceux qui ont secouru Pierre, le Duquesne et les Almadies.

Le barracuda en aquarium à La Rochelle Le Nobistor est maintenant proche et le bordé défile devant mes yeux. Lorsque je suis à

portée, un des matelots me jette une bouée de sauvetage, que je ne manque pas de saisir, car je ne désire pas poursuivre seul cette expérience. Pas question de se montrer snob et repousser l’aide que l’on m’apporte, bien au contraire ! J’arrive au niveau de la Rescue Zone et les matelots du Nobistor m’attrapent par les bras et me hissent sans difficulté aucune à bord. Je ne suis pas lourd ou ils sont très costauds. La joie de retrouver les hommes après m’être éloigné autant du monde des vivants.

Soudain, après tant d’heures passées à survivre, ma tension mentale se relâche complètement et je ne suis plus qu’une loque mouillée entre leurs mains qui me soutiennent. Je ne peux plus marcher et ils me portent jusqu’à une cabine qui se trouve être celle du commandant qui m’accueille chaleureusement et que je tâche de remercier de même; tout en m’excusant d’avoir mouillé sa couchette du fait de mon état général. Il me répond bien sûr que c’est sans importance. Singulier échange de politesses dans ces circonstances particulières.

J’apprends plus tard que j’ai nagé pendant 7 heures 30, ce qui constitue un record local, qui sera ultérieurement battu par mon ami René GRAILLAT, je l’apprendrai plus tard, qui a survécu pendant 9 heures dans des circonstances plus difficiles peut-être.

Il doit être maintenant plus de 2 heures du matin. Le Nobistor et toute la flotte se dirigent maintenant vers le môle Akosso, où se situe la base navale d’Elf-Gabon.

Nous y arrivons vers 3 heures du matin. Accueillis par Gilbert PORTAL, le directeur général d’Elf-Gabon, qui m’accueille chaleureusement sur le môle.

Page 38: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 38 de 42

Par tous les amis et collègues qui ont orchestrés les recherches, particulièrement Jean QUENTIN, mon chef de service et Alain BARADEL avec lequel je partageais mon bureau et qui devait m’accompagner à la pêche le lendemain.

Nous quittons le môle pour nous rendre chez nos amis TASLE, où ma femme Françoise me serre dans ses bras tant qu’elle peut et me confie devant tout le monde cette phrase définitive : « Si tu recommences, je divorce ». Nicolas et Armelle TASLE, dont nous étions très proches, nous hébergerons pendant deux jours chez eux en attendant que la vue me revienne. Il me faudra beaucoup de sommeil, ainsi qu’à Françoise pour récupérer de ces heures intenses où nous avons brûlé toute l’énergie nerveuse dont nous étions capables.

Le médecin de la société, le Dr MOREL vient me visiter pour évaluer mon état général et des séquelles éventuelles. Ses conclusions sont nettes : « Vous êtes en pleine forme et vous n’avez même pas maigri. Vous avez survécu grâce à votre gilet de sauvetage incorporé. » (Mes poignées d’amour !)

Bien d’autres amis sont venus me témoigner leur amitié dans ce moment tellement spécial. Daniel GUFFLET, Guy GLAZIOU, Guy et Yvette HALLEY, M.CADIOU responsable de la sécurité d’Elf-Gabon, qui s’est excusé d’avoir abandonné des recherches sans espoir, et qui ajoute qu’il n’abandonnera plus les recherches sur un témoignage de disparition, et tant d’autres.

Lorsque je suis revenu au club de bridge dont Françoise et moi étions des assidus, mon ami Pierre BIENS, m’a exprimé par un petit discours l’affection de tous les membres du club, en ajoutant qu’ils ne m’avaient jamais cru perdu, car comme il l’a dit ce jour-là « Claude, nous te connaissons bien, tu surcontres toujours ! ».

Je n’ai pas parlé de cet évènement à ma famille restée en France, me réservant de le leur dire à nos prochaines vacances, prévues fin avril pour la naissance de notre troisième enfant fin mai.

Mais ma mère l’a appris par des amis qui ont vendu la mèche involontairement. Elle en a été très affectée alors que j’étais déjà sorti d’affaire, et s’en est toujours voulu d’avoir été ce soir-là ignorante de mon sort au moment où elle savourait en famille un très bon repas dans le 5ème arrondissement de Paris. Nous en avons reparlé longtemps.

De cette aventure, j’ai tiré des leçons. Mais elles ne sont venues que peu à peu. La première impression reste de se sentir désormais invulnérable. Et cette impression incroyable de faire du rab !

Cependant le sentiment d’invulnérabilité n’est qu’une impression fausse, qui ne dure que peu de temps, et que la vie se charge de corriger ultérieurement. Mais après avoir renoncé consciemment à la vie, on l’apprécie plus intensément que jamais, et cela dure toujours.

J’ai appris que la vigilance peut se présenter sous deux formes au moins chez les marins. Chez les français de l’Union des Remorqueurs de l’Océan et de l’Union des Remorqueurs de Dakar, la totalité de l’équipage était en cette journée de Noël à moitié bourrée. Chez les allemands de l’Offshore Supply Association, la moitié de l’équipage était strictement à jeun, l’autre moitié était totalement bourrée. Les français et les allemands m’ont retrouvés en équipe et m’ont tiré d’affaire. Je ne sais toujours pas quelle est la meilleure des deux méthodes !

Je suis retourné à la pêche avec mon ami Bernard FREDET et avec lui et sous sa surveillance attentive et amicale, j’ai pêché de nouveau et attrapé un barracuda à la traine, et l’ai gaffé et embarqué dans le bateau, malgré les appréhensions que je ressentais avant d’y retourner. Il me fallait y retourner !

Grâce à Bernard, j’ai vaincu mes peurs et ai continué à pratiquer la pêche, avec plus de précautions qu’avant toutefois. L’année 1976 a été très bonne pour la pêche à la traine et les barracudas ont payé un lourd tribut à la vindicte que j’éprouvais à leur égard et ont contribué involontairement à de nombreux festins.

En 1978, le 30 juillet, avec Françoise, nous avons pris notre plus beau spécimen de barracuda, 1.80m et 26kgs, et n’avons pas résisté à la tentation d’en formoler la tête, qui trône chez nous comme un trophée. Inutile de dire que nous avons mangé le corps, grillé au barbecue et à la sauce « soleil » comme l’appelait nos enfants.

Et puis après, petit à petit ce détachement naturel des sujets non essentiels. Peu de choses

Page 39: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 39 de 42

sont réellement importantes dans la vie. Beaucoup de choses ne sont que des modes, peu de choses sont vraies. Ces convictions ne nous ont plus quittées, Françoise et moi, et nous ont été une force dans les épreuves auxquelles nous avons eu à faire face plus tard.

Je n’ai pas recommencé d’exploit de natation, Françoise n’a pas divorcé, nous avons eu Claire en 1976 et Pierre en 1982. Nous avons continué une vie de famille heureuse.

Et après 43 années de mariage, 2 autres entreprises, 5 autres expatriations, et bien des épreuves, nous sommes toujours là, ensemble, heureux, et n’avons rien oublié de tant d’amis que nous avons rencontrés au cours d’une vie très mouvementée. La retraite est arrivée et avec elle le moment de raconter cette histoire que je ne n’avais jamais mise en mots. Et de dire merci à tous ceux qui ont contribué à me sortir du pétrin où je me trouvais dans cette nuit de décembre 1975. Françoise et moi ne les avons jamais oubliés. Et de dire merci à Françoise qui a continué à espérer contre toute vraisemblance et tout pronostic, jusqu’ à mon sauvetage.

Le point de vue de Françoise sur ces moments difficiles : « De mon côté, à la case pique-nique, nous avons attendu, mais la nuit tombant nous sommes

rentrés à la SER. Du haut de ses 4 ans, Bernard, m’a demandé où était son père. Je lui ai répondu qu’il allait

rentrer après nous. Il a été pris en charge avec sa sœur Anne par les filles de nos amis TASLE. De mon côté, j’étais persuadé que Claude nageait. Il m’avait toujours dit : « S’il nous arrive

quelque chose avec le bateau, il faut tenir jusqu’au matin, pour que les secours se mettent en branle ! »

J’ai demandé à voir le Dr MOREL, car étant enceinte de Claire, je ne voulais pas perdre le bébé. On m’a emmené dans une première maison près de la SER. Le Dr MOREL m’a dit qu’il voulait que je dorme. Il m’a fait une piqure, mais je me disais : « Claude nage, si je m’endors, il coule ! ».

Puis les choses s’organisant, je suis allée chez nos amis TASLE, qui avaient une case près de la nôtre et où les enfants se trouvaient déjà, et endormis.

Le Dr MOREL est venu me voir, deux fois encore, avec une piqure à chaque fois. J’étais calme et très éveillée.

J’ai beaucoup prié, je me suis expliquée avec le Bon Dieu ! Finalement j’ai dû m’endormir et Armelle est arrivée en me disant : « Claude est retrouvé, il arrive ! ». J’étais réveillée instantanément et l’ai accueilli comme il le dit ici. A ma décharge, ce n’était

pas la première fois qu’il frôlait la mort devant moi ! Nous avons constaté après que je me suis endormie à peu près au moment où le Nobistor l’a

repêché. Le Dr MOREL m’a avoué après qu’il aurait du pouvoir me retirer l’appendice, s’il l’avait fallu,

après la première piqure et qu’ensuite il ne pouvait pas la renouveler trop à cause du bébé ! » Claude et Françoise, à Croissy sur Seine le 5 janvier 2015

10. Décès du dernier soldat japonais

Hiroo Onoda est mort tranquillement à Tokyo à 91 ans. Rien que de très banal sauf que cet ancien soldat japonais a vécu caché dans la jungle aux Philippines jusqu'en 1974, pensant que la guerre n'était pas finie.

Pendant près de trente ans après la capitulation de l'empire nippon, cet officier de renseignement et spécialiste des techniques de guérilla, qui est paisiblement décédé d'un arrêt cardiaque jeudi dans un hôpital de la capitale japonaise, a résisté sur l'île philippine de Lubang, près de Luzon. Et, du fond de l'enfer vert, il a continué à se battre contre un ennemi qui avait disparu, probablement aussi contre les insectes et le paludisme, tout cela pour l'Empereur. Incroyable esprit de sacrifice nippon et d'obéissance totale qui rappelle le bushido, le code d'honneur des samouraïs.

Page 40: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 40 de 42

On l'avait envoyé aux Philippines en 1944 avec un ordre formel : ne jamais se rendre et tenir

jusqu'à l'arrivée de renforts. Avec trois autres soldats, il a obéi à cette instruction pendant des années après le conflit, ignorant que le combat était fini.

Leur existence ne fut découverte qu'en 1950 lorsque l'un d'eux décida de sortir de la forêt et de rentrer au Japon.

On eut beau alors larguer par avion des tracts annonçant à Onoda que la guerre était terminée depuis longtemps et que l'armée impériale avait été battue, le soldat n'y crut jamais et continua avec ses derniers acolytes à surveiller des installations militaires et même parfois à se battre contre des soldats philippins.

Pour lui, la guerre n'était pas terminée, l'Empire ne pouvait être vaincu! Et quand, en pleine guerre du Vietnam, des B-52 américains survolaient parfois "sa" jungle, c'était la meilleure preuve pour lui que le combat continuait.

Après la mort d'un des compagnons d'infortune d'Onoda, Tokyo et Manille continuèrent de rechercher ce dernier et son ultime frère d'armes pendant dix ans. Finalement les recherches furent arrêtées en 1959, Japonais et Philippins étant persuadés que tous deux étaient morts.

Impliqué dans la mort de dizaines de Philippins Mais en 1972, ils refirent surface pour attaquer des troupes philippines. Onoda réussit à

s'enfuir alors que son dernier homme était tué. Tokyo, capitale d'un Japon démocratisé et en plein boom économique, décida alors d'envoyer

des membres de sa propre famille pour tenter de le convaincre d'arrêter le combat, mais en vain. Il aura finalement fallu que son ex-commandant s'enfonce lui-même dans la jungle en 1974 et

lui ordonne de déposer les armes pour qu'il accepte sa reddition. Hiroo Onoda était le dernier de ces dizaines de soldats japonais qui, aux quatre coins de l'Asie,

refusaient de croire à la défaite, et avaient décidé de continuer la lutte au nom de l'empereur Hirohito, bien après la capitulation annoncée par ce dernier le 15 août 1945.

L'un de ces "fous de l'Empereur", fut arrêté en 1972 dans la jungle de l'ile de Guam. A son retour au Japon en 1974, Hiroo Onoda expliqua quant à lui que pendant ses trente

années au cœur de la jungle philippine, il n'avait eu qu'une seule chose en tête: "exécuter les ordres". Mais le Japon qu'il avait retrouvé n'était plus celui qu'il avait quitté: triomphant, conquérant,

Page 41: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 41 de 42

impérial. L'Empire était vaincu, certes, mais se reconstruisait à marche forcée. Et surtout, était devenu pacifiste, constitution "made in USA" oblige depuis 1947.

Alors, sans doute déboussolé, le soldat perdu de l'Empire part s'installer dans un ranch au Brésil, tout en faisant des aller et retour vers le pays du Soleil Levant.

En 1984, il devient une vedette dans son pays. Il fonde un camp de jeunesse où il enseigne... des techniques de survie, celles qui l'ont aidé à tenir trente ans durant dans l'enfer vert.

En 1996, Onoda est revenu à Lubang, invité par les autorités locales, bien que durant ses trois décennies de planque il ait été impliqué dans la mort de dizaines de Philippins. C'était la guerre, croyait-il.

Alors il a fait un don pour fonder une école. En mai 2013, Onoda est encore apparu dans un programme de la télévision publique japonaise

NHK. "J'ai traversé une époque qui s'appelait la guerre". Une guerre qui, à en juger par les réactions des pays voisins, colle encore et toujours à la peau

du Japon.

11. LE SUDOKU

PELICAN n° 72

PELICAN n° 71

7 8

2 4 3 6 5 8 9 1 7 5 1 6

8 6 9 4 1 7 5 3 2 9 3 5

1 5 7 9 3 2 4 6 8

4 2 1

9 1 8 7 4 5 6 2 3 7 5 2

6 7 5 2 9 3 8 4 1 9 3

4 3 2 1 8 6 7 5 9

6 2 7

3 8 6 5 7 1 2 9 4 4 8

7 2 4 3 6 9 1 8 5 3 8 6 9

5 9 1 8 2 4 3 7 6

12. THE BIRDS

Page 42: LE PELICAN - AOP · 2015. 10. 13. · année à taves le chantie. Il fut nécessaie d’utilise une solution oiginale de batadeau en enrochement déversant un débit atteignant 100

Le Pélican n° 72 été 2015 publié le 16 juin 2015

Page 42 de 42

13. A QUAND VOS ARTICLES ?

Le n° 1 du « PELICAN » a paru en juin 1986 sous la plume de Jean JUNK. Déjà il faisait appel à la collaboration des lecteurs :

Le Pélican … ? ... C’EST VOUS !...

C’est ainsi depuis 29 ans ! Le « PELICAN » et ses rédacteurs attendent vos articles originaux que vous nous rédigerez pour paraître dans une prochaine édition. Ces articles peuvent aborder tous les sujets « apolitiques » et « non tendancieux » que vous nous adresserez : la technique, la mer, l’histoire, la géographie, les vécus de votre vie active, la cuisine, les collections bizarres de vos connaissances, les voyages, les jeux/énigmes (avec la solution), etc … Votre imagination est débordante d’idées et vous aurez le courage d’en faire profiter nos Adhérents. Cette revue est la vôtre et vous devez y participer.

Actuellement, seuls quelques Adhérents, les doigts de la main sont trop nombreux pour les compter sauf si vous avez malheureusement perdu deux doigts à cette main dans votre vie active, participent à la

rédaction du « PELICAN ». Soyez plus nombreux pour nous adresser vos articles pour faire du « PELICAN » une revue

plus intéressante plus vivante. Pour nous adresser vos articles vous avez deux méthodes :

1. Vous êtes sur la toile : vous rédigez votre article avec photos, croquis, dessins,… (la rédaction en assurera la mise en page) et vous l’expédiez par mail à Hervé KERFANT : [email protected] .

2. Vous n’êtes pas sur la toile : Vous n’avez que des articles qui sont manuscrits avec des photos, croquis, dessins, … Utilisez la vieille méthode, vous les expédiez par courrier à l’AOP (Vous nous précisez si vous voulez récupérer vos photos, croquis, dessins, … qui vous seront retournés après utilisation pour les besoins du Pélican) à l’adresse suivante :

Amicale de l’Offshore Pétrolier3 c/o SUBSEA 7 à l’attention de Hervé KERFANT

1 quai Marcel Dassault 92156 SURESNES CEDEX

Si vous ne faites rien, le « PELICAN » va mourir d’inanition. Cela serait dommage ! Le comité de rédaction du PELICAN vous remercie par avance.

Eux, ils sont nombreux !!!

3 Association loi de 1901, déclarée sous le N° 6148 le 15 juin 1984. Modifications des statuts le 11 avril 1996

déclarées le 15 avril 1996 JO du 8 mai 1996 Sous le N° 2042