Le Monde.fr Dimanche 19 mars 2017

L’Humanité Lundi 20 mars 2017

Date : 10 MARS 17Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 311326

Page de l'article : p.29Journaliste : Armelle Héliot

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CULTURE

Quand l'Histoirefaçonneles individusCHRONIQUE Ce thème, qui constitue latrame de «Lettre à D.» et de «Tout passe »,agit sur les couples exceptionnelset les acteurs des événements tragiques.

LE THÉÂTREArmelle Heliotaheliotçaietigaro frblog lefigaro f r/theatre

Sur une grande table sont dispo-sées des bouteilles, des verres,des biscuits d'apéritif «Entrez,vous êtes chez nous Servez-vous », dit une jeune femme

brune et fine au visage volontaire et gra-ve Les spectateurs, qui viennent degrimper l'étroit escalier qui mené a lapetite salle du Theatre de la Bastille, sontinterloques On est dans une maison Desmeubles, des livres, un tourne disquedéfinissent un espace de jeu central Legradin habituel est complète par des siè-ges au niveau du plateau Chacun fait a samaniere Certains s'assoient directe-ment, d'autres se servent une boisson ets'installent avec leur verre, d'autrestraînent devant la table Face a la jeunefemme, Laure Mathis, ll y a un homme,jeune lui aussi C'est David Geselson,homme de theatre singulier qui avaitdonne ici même, il y a deux saisons, untres original et inoubliable En route-Kaddish

Cette fois le metteur en scene et inter-prète tente d'adapter un livre bref qui abouleverse les lecteurs a sa parution en2006 II s'agit d'un récit, Lettre a D sous-titre Histoire d'un amour II est signe An-

dre Gorz (1923-2007), figure tres connuedu monde de la réflexion en France de-puis l'après-guerre Philosophe, écri-vain, journaliste II fut un homme publicUn homme d'engagement, de combatsintellectuels et politiques Son premierlivre, Le Traître, publie en 1958, fut tresremarque Preface par Jean Paul Sartre,il s'agit d'une autobiographie doubléed'une analyse critique de la societe

Les Temps modernes, Le Nouvel Obser-vateur, Gorz vit sa vie La parution deLettre a D , lettre adressée a celle qui apartage sa vie pres de soixante ans du-rant, annonce le geste résolu d'un double

ne savas pasquels liens invisiblesse tissaient entre nous 99ANDRE GORZ «LETTRE A D »

suicide, en septembre 2007 DavidGeselson tente, avec des moyens assezsimples, de transcrire le livre Maîs, évi-demment, l'encre est assombrie - ouéclairée - par le dénouement tragiqueque l'on connaît

La transposition consiste en uneconversation intime, souvenirs heu-reux, joutes intellectuelles, chamaille-ries de vieux amoureux pour qui letemps n'a pas pese Pourtant, et AndreGorz s'en rend compte parce que safemme souffre d'une maladie incurable

Date : 10 MARS 17Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 311326

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et que le temps devient compté, l'His-toire a agi sur leur destin. Leur aventurefusionnelle n'a pas été épargnée par lesévénements extérieurs. Il se reprocheainsi de ne pas avoir parlé de Doreen,dans Le Traître alors qu'elle était déjàdans sa vie. Étrange livre, étrange spec-tacle, volontairement évasif, avec satrame discontinue, ses suspens, ses si-lences, ses flottements. Il y a là un char-me, une audace portée par deux inter-prètes ultra-sensibles qui touchent.

Pas de discontinuité dans l'adaptation,par Patrick Haggiag du grand livre deVassili Grossman (1905-1964) Tout pas-se. L'auteur de l'extraordinaire et ampleVie et Destin, livre interdit qui ne parutqu'après sa mort et fut porté à la scenepar Lev Dodine, écrivit Tout passe entre1955 et 1963. Ivan Grigorievitch, revientà Moscou après trente ans d'enferme-ment. Il a survécu, il a tenu. Il a perdu sesrêves d'autrefois. Comme Grossman,communiste convaincu qui comprend,au moment de la guerre, la vérité du ré-gime et ses atroces impasses. Grossmandécouvre Treblinka, sa mère est mortelors du massacre de Bab! Var, l'antisémi-tisme se déchaîne. Il comprend, se par-donne mal de ne pas avoir compris plus

tôt. S'interroge sur la manière d'êtrepourtant libre.

Quèlques femmes passent. Une aiméequi ne l'a pas attendu, l'épouse de soncousin, sa mere surtout, essentielle.Anais Pélaquier porte la parole de toutesces femmes avec délicatesse. Pour incar-ner le narrateur dans la traduction deJacqueline Laf end, le metteur en scène achoisi un interprète qui est également unacteur essentiel du paysage théâtral :Jean Varela dirige le Printemps des co-médiens à Montpellier et Sortie Ouest àBéziers.

Un décor inutilement compliqué,l'oblige à d'incessantes actions. Or letexte est dense, long pour un quasi-mo-nologue. Cela exige de l'acteur un debitultrarapide et du spectateur une atten-tion très soutenue. Mais Varela, par saprésence, son regard très expressif, sasensibilité, l'intelligence de sa défense dela pensée de Grossman, fait de cetteplongée étourdissante, du vrai theâtre. •Lettre à O., Théâtre de la Bastille (Paris Xl*),jusqu'au 11 mars à 18 h 30. Puis du 13 au24 mars à 19 h 30. Durée : 1 h 15.Tél. : 01 43 57 4214. Tout passe, ThéâtreGérard-Phlllpe de Saint-Denis (93), jusqu'au18 mars. Durée : 1 h 30. Tél. : 01 4813 70 00.

Jean Varela, un acteur essentiel du paysage théâtral,incarne le narrateur dans Tout passe. MARIE CLAUZADE

Libération Vendredi 18 novembre 2016

Télérama Mercredi 22 mars 2017

L’Express Mercredi 22 mars 2017

LES LETTRES FRANCAISESDate : 08 DEC 16Périodicité : MensuelPage de l'article : p.13Journaliste : Anaïs Heluin

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Archéologie d'un coupleJournaliste, il a participé à la fondation

du Nouvel Observateur Théoricien detendance marxiste, il a construit une

pensée de l'aliénation et de la fm du travailbasée sur l'autonomie de l'individu II estaussi considéré comme le père de l'écologiepolitique et connu comme philosophe disciplede Jean-Paul Sartre Si André Gorz intéresseDavid Geselson, c'est pour tout cela, maîs aussipour sa manière singulière d'aimer Et surtoutd'écrire son amour À partir de Lettre à D,publié en 2006, un an avant le suicide d'AndréGorz et de son épouse Donne Keir, atteinted'une grave maladie, le comédien et metteur enscène imagine dans Doreen ce que put être lequotidien du couple dans ses dernières annéesSes discussions et ses tendresses Ses peurs faceà la grande inconnue qui approche, donnantà Dorme des douleurs que son man supporteencore moins qu'elle A travers ce spectacleintimiste qu'il interprète lui-même avec lasuperbe Laure Mathis, David Geselson inter-roge ce qui nous reste aujourd'hui d'utopie

Les deux comédiens accueillent les specta-teurs dans une atmosphère feutrée, créée parl'élégante scénographie de Lise Navarro C'estl'heure de l'apéritif Disposés sur une grandetable, au centre d'un carré tapissé de moquetteet entouré de bibliothèques en bois, verres devm et amuse-gueules installent une douceur etune générosité prolongée par le livre distribué àchacun, dans lequel on picore selon son appétitOn lit au moins les premières phrases « Tu vasavoir quatre-vingt-deux ans Tu as rapetissé desix centimètres, tu ne pèses que quarante-cinqkilos et tu es toujours belle, gracieuse et dési-rable Cela fait cinquante-huit ans que nousvivons ensemble et je t'aime plus que jamais »Simple et sublime déclaration après un quasi-

silence de toute une vie, transmise par les deuxcomédiens grâce à un subtil aller et retour entreles époques S'ils incarnent le couple, LaureMathis et David Geselson sont en effet aussi, depar leur âge et leur habillement, des trentenairesd'aujourd'hui en pleine reconstitution d'unehistoire qui les fascine

Dans En route Kaddish, où il se mettait enscène dans un dialogue fictif avec son grand-père qui a toute sa vie durant accompagnél'histoire d'Israël, David Geselson partageaitdéjà un récit intime mi-réel mi-fictif, construità partir de documents d'archives et autresmatériaux Si Doreen n'a rien d'autofictifpour le metteur en scène. Lettre à D fut pourAndré Gorz un récit basé sur des faits réels,avec une part de fiction liée à une mémoireperçue comme incertaine « J'ai besoin dereconstituer F histoire de notre amour pouren saisir tout le sens », écrit l'auteur dès lespremières pages

En explorant cette zone complexe du sou-venir documenté maîs néanmoins fuyant etinfidèle au fait passé. David Geselson sonde,l'air de rien, les désirs actuels Leur différencepar rapport à ceux d'hier Un amour pareil àcelui d'André Gorz et de sa femme pourrait-ilnaître sans une grande utopie politique 9 Dansune société ultracapitahste que l'auteur duTraître (1958) a largement critiquée, maîs bienaprès sa rencontre avec Donne Keir9 Autantde questions qui reviennent à interroger lacapacité de l'amour à tenir lieu d'utopie Et,plus largement, la possibilité d'une utopiedans nos sociétes actuelles

Anais Heluin

Doreen, de David Geselson du 8 au 16 décembreau Theâtre Garonne a Toulouse (31), du 10 au12 janvier au Théâtre de Lorient (56), du 28 févrierau 4 mars au Lieu unique a Nantes (44)du 8 au 24 mars au Theâtre de la Bastille a Paris

Stylist Jeudi 1er décembre 2016

I/O Gazette Mardi 21 mars 2017

La Terrasse Mardi 22 février 2017

Mouvement Janvier – Février 2017

Pariscope.fr Mercredi 15 mars 2017

Le Monde.fr Vendredi 10 mars 2017

 

 

Médiapart.fr Lundi 12 décembre 2016

Bibliobs.nouvelobs.com Mercredi 15 mars 2017

Sceneweb.fr Samedi 11 mars 2017

Toute la culture.com Jeudi 9 mars 2017

Vendredi 10 mars 2017

France Inter Dimanche 19 mars 2017

France TV Info.fr Lundi 13 mars 2017

France Culture – Les Nouvelles Vagues Jeudi 12 janvier 2017

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouvelles-vagues/le-couple-45-derniere-lettre-lautre

France Culture – La Grande Table Lundi 19 décembre 2016

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/theatre-avec-doreen

France Culture Lundi 20 mars 2017