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PAR MICHÈLE FOURTEAUX | FÉDÉRATION DES CUMA DE DORDOGNE À l’heure où l’Afrique et ses riches terres agricoles susci- tent la convoitise, où les risques de nouvelles émeutes de la faim menacent, la solidarité des agriculteurs périgourdins a permis à des agriculteurs béninois de conserver les clefs de leur destin. ’est en réponse à une forte demande des agriculteurs béninois que la Chambre d’agriculture de Dordogne s’était inté- ressée, en son temps, à l’agriculture du Bénin. Initié par l’AFDI, un projet de coopé- rative d’utilisation de matériel agricole (Cuma) 1 avait alors vu le jour en 1995. Depuis, l’association Cuma Bénin a pris le relais, renforçant les liens et les projets entre les agriculteurs des deux continents. Pour Thierry Guérin, responsable de mission de l’association, « la version béninoise de la Cuma comme outil de développement agri- cole a fait ses preuves dans le département du Borgou Alibori, pionnier en la matière, et fait actuellement des émules dans le sud du Bénin, où la demande est très forte ». Une croissance à l’image du potentiel de déve- loppement agricole de ce pays au climat tro- pical, qui, fort de quelques 112 600 km 2 , pourrait être un véritable grenier. L’agri- culture y est prépondérante, de type fami- lial, sur de toutes petites exploitations, où les travaux sont essentiellement manuels. « Deux barrières doivent encore être dépas- sées – le labour et le transport des récoltes – pour pouvoir accomplir un grand pas vers l’autosuffisance alimentaire des près de 9 millions d’habitants du pays », précise Thierry Guérin. Les agriculteurs béninois sont cependant toujours freinés par la pau- vreté et par l’absence de prêts adaptés pour le monde agricole 2 . la Cuma de Bahoun’Kpo évoque le sort des enfants : « Nous ne sommes plus obligés de les sacrifier à la garde ou à la conduite des bœufs pour les labours. Grâce au tracteur, ils vont à l’école ». A Sékéré, enfin, Mou- mouni est très fier d’avoir pu commercia- liser un peu de maïs : « Cet argent m’a per- mis d’acheter une voiture et surtout de faire soigner mon père ». Lentement mais sûrement, les coopératives se multiplient au Bénin, soutenues par les autorités béninoises du Programme de pro- motion de la mécanisation agricole (PPMA) qui allouent quelques tracteurs subventionnés aux paysans des Cuma, même s’il faut pour cela attendre parfois longtemps. Le Bénin compte aujourd’hui 130 Cuma, soit 1600 exploitants sur 12 200 hectares. Portées par une nouvelle vision des relations Nord/Sud, où rien n’est imposé ni même donné, ces Cuma béninoises met- tent en lumière le fort élan de volonté et d’espoir qui porte les paysans, accompagné chez les « pionniers » par une progression sociale évidente. Certaines Cuma ont en effet déjà soldé le remboursement du pre- mier tracteur et songent maintenant à en acquérir un second 3 . Du matériel et de l’humain Par contre, ceux qui ont osé faire le pari de la Cuma sont parvenus à acquérir du maté- riel et à réaliser ce qui relevait jusqu’alors de l’impossible.Pour Démon Tamou Sabi- goro, président de la Cuma La Panthère, « le tracteur, c’est une manière de nous mettre à l’aise, de nourrir la famille et de constituer des réserves ». Dans son village, Sinanwon- gourou, au nord du Bénin, le temps gagné grâce à l’utilisation du tracteur est désor- mais consacré à des activités sociocultu- relles. Certains agriculteurs se préoccupent des questions sociales, d’autres du groupe local de musiciens ou entraînent l’équipe de football. Près de N’Dali, Matchu Gata de C 40 III I ALTERMONDES N°33 actualités LE MONDE EN MOUVEMENTS actuali Les échos des régions Impulsés à l’origine par la Délégation académique aux relations européennes, internationales et à la coopération (DAREIC) de Besançon et par le Conseil général du Doubs, les Tandems solidaires ont séduit le milieu éducatif et les acteurs associatifs franc-comtois. Une expérience riche pour les collégiens qui s’ouvrent ainsi sur le monde. Utiliser le monde comme une classe d’école. » C’est avec cette ambition que Thierry Alberti a porté les Tandems solidai- res au sein du collège des Roches de Saint-Hippolyte, dans le Doubs. Le but de ce dispositif original ? « Favoriser la mise en place de l’éducation au développement durable et à la solidarité internationale » à l’école mais aussi « créer un lien entre les milieux éducatif et associatif ». Avec ses élèves, le professeur d’Éducation physique et sportive (EPS) a pu monté un projet de micro-cré- dits destinés à l’élevage qui les a amenés jusque dans le nord du Vietnam pour rencontrer l’ethnie Muong. Initiés en 2006 par la DAREIC, le Conseil général du Doubs et le Rectorat pour le projets Doubs 2010, les Tandems solidaires se sont depuis multipliés en Franche-Comté. Le principe est simple : ensemble, une classe et une association de la région mettent sur pied un projet pédagogique tourné vers la solidarité internationale et le déve- loppement durable. Entre ces deux partenaires, le CERCOOP, le réseau franc-comtois rassemblant les acteurs de la solidarité internationale et de la coopé- ration décentralisée, assure un rôle d’interface. « Nous lançons un appel à participation auprès des associa- tions, explique Vanessa Campan, chargée du suivi des Tandems solidaires pour le CERCOOP. Nous réali- sons ensuite une compilation des projets reçus que nous envoyons au rectorat. » Aux services de l’Académie, ensuite, d’informer les directeurs d’établissement. « Les professeurs qui souhaitent travailler sur des notions périphé- riques à leurs cours ou s’engager avec une classe peuvent alors contac- ter directement les associations ». Le dispositif permet aussi « de rendre visible et d’apporter un soutien financier à une action », via une subvention de 500 euros accordée par le Conseil général à chaque classe participante. Expériences de terrain Thierry Alberti a mené localement des études de cas avec ses élè- ves autour de thèmes environnementaux. En resituant «le local» dans un contexte global, les collégiens ont ensuite réalisé une exposition sur la question de l’eau et du micro-crédit, intitulée « MicrEAU-crédit ». « On avait besoin de partenaires professionnels qui expliquent aux élèves ce qu’est le micro-crédit, comment il peut être utilisé, mis en place et à quelles fins », explique Thierry Alberti. C’est pourquoi il contacte l’association Zebunet, spécialiste de cet outil de finance solidaire et investie dans le développement d’activités d’élevage à Madagascar, au Niger et au Vietnam. Enthousiastes, les élèves décident de se mobiliser pour récolter des fonds et permettre de financer des prêts accordés aux popu- lations locales. Au final, c’est plus de 500 personnes qu auront été soutenues et un voyage sera organisé au Vietnam, en mai 2012, l’occasion de réaliser une « étude d’impacts des actions PAR ANNA DEMONTIS | ALTERMONDES En tandem sur les bancs de l’école menées depuis le collège ». L’expérience offre aux collégiens l’op- portunité de « sortir du cadre scolaire traditionnel », explique M. Alberti. Le travail scolaire est aussi transdisciplinaire afin de « donner du sens aux apprentissages ». Lorsqu’il a fallu partager équitablement l’argent récolté par les élèves entre le Vietnam, Madagascar et le Niger, les cours de mathématiques sur les pour- centages se sont révélés bien utiles. Les Tandems solidaires offrent aussi une vraie leçon de vie: « Ça m’a appris à partager, confie Batile, une élève du lycée Saint Joseph de Besançon (Doubs), un établissement également engagé dans le dispositif. Ça prouve que l’on peut donner aux autres et ne pas penser qu’à soi». Avec l’association Zazakely, sa classe a récolté, l’année dernière, des fonds qui ont servi « à rénover une école de Madagascar », explique sa camarade Aurore. Séduites, les deux jeunes filles ont continué l’aventure en 3 e . Aux yeux de M. Alberti, les Tandems solidaires conduisent les élèves à prendre « confiance en eux ». Ils deviennent « plus critiques sur leur environnement », « plus autonomes car ils prennent des initiatives et apprennent à les mener à bien ». Et le professeur d’EPS de renchérir sur l’ap- CERCOOP Franche-Comté 4 Place Saint- Jacques BP 16163 25014 Besançon Cedex www.cercoop.org CONTACT FRANCHE-COMTE DORDOGNE « Une classe et une association de la région mettent sur pied un projet péda- gogique tourné vers la solidarité inter- nationale Le tracteur et la solidarité port des associations partenaires : « le milieu associatif est por- teur d’expériences de terrain et de vécu : il contribue ainsi à l’ou- verture de l’école sur le monde. » Améliorer la valorisation Le dispositif convainc mais il pourrait évidemment être encore amélioré. « Ce n’est pas toujours évident de persuader les ensei- gnants de passer du temps sur ces problématiques », reconnait Éric Durand, conseiller régional et président du CERCOOP. Cer- tains projets sont ainsi montés pour un an, mais « est-ce que l’on continue l’année d’après ? Pas toujours », confie, de son côté, Sylvain Legou, professeur référent chargé par le Rectorat de l’Académie de Besançon de faire le lien entre le CERCOOP, les associations et les établissements scolaires. Le manque de temps complique aussi le travail de valorisation des projets. Si l’expo- sition « MicrEAU-crédit » a parcouru le Doubs, en passant par les locaux du Conseil général, il n’en va pas de même pour toutes les réalisations. « On travaille au niveau du CERCOOP pour améliorer cette valorisation », souligne Vanessa Campan, en vue de la rendre « visible régionalement et pérenne ». Les idées ne man- quent pas, à commencer par celle de lancer un site Internet. « On aimerait aussi organiser un temps plus officiel avec les départements, les élèves, les enseignants et valoriser collectivement les travaux. » En attendant, les acteurs franc-comtois peuvent d’ores et déjà se targuer de voir les Tandems solidaires s’exporter vers d’aut- res régions. Le réseau multi-acteurs Bourgogne Coopération compte ainsi lancer les premiers projets à la rentrée 2013. His- toire d’« ouvrir les Bourguignons sur le monde », résume Benja- min Léger, coordinateur du réseau, qui y voit un dispositif per- mettant de « renforcer et de développer de façon durable et coordonnée l’éducation au développement et à la solidarité inter- nationale ». En bref, un dispositif comme on en voit peu. I 1. Au Bénin, une Cuma regroupe une dizaine d’agriculteurs sur plus où moins 10 hectares chacun, avec un tracteur, une charrue et une remorque. Le tout pour un investissement d’environ 12 000 euros. 2. Les prêts qui sont aujourd’hui octroyés le sont sur une durée trop courte et à des taux élevés. 3. Frédéric Chignac, journaliste et réalisateur, a réalisé un documentaire de 66 minutes sur l’expé- rience des Cuma au Bénin. Ce film, intitulé « Un long sillon de la Dor- dogne au Bénin », offre une véritable bouffée d’optimisme en racontant l’aventure vécue par les agriculteurs béninois. Union nationale des coopératives d’utili- sation de matériels agricoles du Bénin (UNCUMA Bénin) BP 312, Lokossa Bénin www.cumabenin.com CONTACT © DR © DR L’éducation au développement en tandem Bénin, visite à la Cuma de N’Dali

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PAR MICHÈLE FOURTEAUX | FÉDÉRATION DES CUMA DE DORDOGNE

À l’heure où l’Afrique et ses riches terres agricoles susci-tent la convoitise, où les risques de nouvelles émeutes de la faimmenacent, la solidarité des agriculteurs périgourdins a permis à des agriculteurs béninois de conserver les clefs de leur destin.

’est en réponse à une forte demande desagriculteurs béninois que la Chambred’agriculture de Dordogne s’était inté-

ressée, en son temps, à l’agriculture duBénin.Initié par l’AFDI,un projet de coopé-rative d’utilisation de matériel agricole(Cuma) 1 avait alors vu le jour en 1995.Depuis, l’association Cuma Bénin a pris lerelais,renforçant les liens et les projets entreles agriculteurs des deux continents. PourThierry Guérin, responsable de mission del’association, « la version béninoise de laCuma comme outil de développement agri-cole a fait ses preuves dans le départementdu Borgou Alibori, pionnier en la matière,et fait actuellement des émules dans le suddu Bénin, où la demande est très forte ».Unecroissance à l’image du potentiel de déve-loppement agricole de ce pays au climat tro-pical, qui, fort de quelques 112 600 km2,pourrait être un véritable grenier. L’agri-culture y est prépondérante, de type fami-lial, sur de toutes petites exploitations, oùles travaux sont essentiellement manuels.« Deux barrières doivent encore être dépas-sées – le labour et le transport des récoltes–pour pouvoir accomplir un grand pas versl’autosuffisance alimentaire des près de 9millions d’habitants du pays », préciseThierry Guérin. Les agriculteurs béninoissont cependant toujours freinés par la pau-vreté et par l’absence de prêts adaptés pourle monde agricole 2.

la Cuma de Bahoun’Kpo évoque le sort desenfants: « Nous ne sommes plus obligés deles sacrifier à la garde ou à la conduite desbœufs pour les labours. Grâce au tracteur,ils vont à l’école ». A Sékéré, enfin, Mou-mouni est très fier d’avoir pu commercia-liser un peu de maïs: «Cet argent m’a per-mis d’acheter une voiture et surtout de fairesoigner mon père».Lentement mais sûrement, les coopérativesse multiplient au Bénin, soutenues par lesautorités béninoises du Programme de pro-motion de la mécanisation agricole(PPMA) qui allouent quelques tracteurssubventionnés aux paysans des Cuma,même s’il faut pour cela attendre parfoislongtemps. Le Bénin compte aujourd’hui130 Cuma, soit 1600 exploitants sur 12200hectares. Portées par une nouvelle visiondes relations Nord/Sud,où rien n’est imposéni même donné,ces Cuma béninoises met-tent en lumière le fort élan de volonté etd’espoir qui porte les paysans,accompagnéchez les « pionniers » par une progressionsociale évidente. Certaines Cuma ont eneffet déjà soldé le remboursement du pre-mier tracteur et songent maintenant à enacquérir un second 3.

Du matériel et de l’humainPar contre, ceux qui ont osé faire le pari dela Cuma sont parvenus à acquérir du maté-riel et à réaliser ce qui relevait jusqu’alorsde l’impossible.Pour Démon Tamou Sabi-goro,président de la Cuma La Panthère,« letracteur, c’est une manière de nous mettreà l’aise, de nourrir la famille et de constituerdes réserves». Dans son village, Sinanwon-gourou, au nord du Bénin, le temps gagnégrâce à l’utilisation du tracteur est désor-mais consacré à des activités sociocultu-relles.Certains agriculteurs se préoccupentdes questions sociales, d’autres du groupelocal de musiciens ou entraînent l’équipede football.Près de N’Dali,Matchu Gata de

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40 III I ALTERMONDES N°33

actualités LE MONDE EN MOUVEMENTS actuali

Les échos des régions

Impulsés à l’origine par la Délégation académique aux relations européennes,internationales et à la coopération (DAREIC) de Besançon et par le Conseil général du Doubs,les Tandems solidaires ont séduit le milieu éducatif et les acteurs associatifs franc-comtois.Une expérience riche pour les collégiens qui s’ouvrent ainsi sur le monde.

Utiliser le monde comme une classe d’école.» C’est avec cetteambition que Thierry Alberti a porté les Tandems solidai-

res au sein du collège des Roches de Saint-Hippolyte, dans leDoubs. Le but de ce dispositif original ? « Favoriser la mise enplace de l’éducation au développement durable et à la solidaritéinternationale» à l’école mais aussi «créer un lien entre les milieuxéducatif et associatif». Avec ses élèves, le professeur d’Éducationphysique et sportive (EPS) a pu monté un projet de micro-cré-dits destinés à l’élevage qui les a amenés jusque dans le nord duVietnam pour rencontrer l’ethnie Muong.Initiés en 2006 par la DAREIC, le Conseil général du Doubs etle Rectorat pour le projets Doubs 2010, les Tandems solidairesse sont depuis multipliés en Franche-Comté. Le principe estsimple : ensemble, une classe et une association de larégion mettent sur pied un projet pédagogiquetourné vers la solidarité internationale et le déve-loppement durable. Entre ces deux partenaires, leCERCOOP, le réseau franc-comtois rassemblant lesacteurs de la solidarité internationale et de la coopé-ration décentralisée, assure un rôle d’interface. «Nouslançons un appel à participation auprès des associa-tions, explique Vanessa Campan, chargée du suivi desTandems solidaires pour le CERCOOP. Nous réali-sons ensuite une compilation des projets reçus que nousenvoyons au rectorat. » Aux services de l’Académie,ensuite, d’informer les directeurs d’établissement.«Les professeurs qui souhaitent travailler sur des notions périphé-riques à leurs cours ou s’engager avec une classe peuvent alors contac-ter directement les associations». Le dispositif permet aussi « derendre visible et d’apporter un soutien financier à une action», viaune subvention de 500 euros accordée par le Conseil général àchaque classe participante.

Expériences de terrainThierry Alberti a mené localement des études de cas avec ses élè-ves autour de thèmes environnementaux. En resituant «le local»dans un contexte global, les collégiens ont ensuite réalisé uneexposition sur la question de l’eau et du micro-crédit, intitulée«MicrEAU-crédit». «On avait besoin de partenaires professionnelsqui expliquent aux élèves ce qu’est le micro-crédit, comment il peutêtre utilisé, mis en place et à quelles fins», explique Thierry Alberti.C’est pourquoi il contacte l’association Zebunet, spécialiste decet outil de finance solidaire et investie dans le développementd’activités d’élevage à Madagascar, au Niger et au Vietnam.Enthousiastes, les élèves décident de se mobiliser pour récolterdes fonds et permettre de financer des prêts accordés aux popu-lations locales. Au final, c’est plus de 500 personnes qu aurontété soutenues et un voyage sera organisé au Vietnam, en mai2012, l’occasion de réaliser une « étude d’impacts des actions

PAR ANNA DEMONTIS | ALTERMONDES

En tandem sur les bancs de l’école

menées depuis le collège». L’expérience offre aux collégiens l’op-portunité de « sortir du cadre scolaire traditionnel», explique M.Alberti. Le travail scolaire est aussi transdisciplinaire afin de«donner du sens aux apprentissages». Lorsqu’il a fallu partageréquitablement l’argent récolté par les élèves entre le Vietnam,Madagascar et le Niger, les cours de mathématiques sur les pour-centages se sont révélés bien utiles.Les Tandems solidaires offrent aussi une vraie leçon de vie : «Çam’a appris à partager, confie Batile,une élève du lycée Saint Josephde Besançon (Doubs), un établissement également engagé dansle dispositif. Ça prouve que l’on peut donner aux autres et ne paspenser qu’à soi». Avec l’association Zazakely, sa classe a récolté,l’année dernière, des fonds qui ont servi «à rénover une école deMadagascar», explique sa camarade Aurore. Séduites, les deuxjeunes filles ont continué l’aventure en 3e.Aux yeux de M.Alberti,les Tandems solidaires conduisent les élèves à prendre «confianceen eux». Ils deviennent «plus critiques sur leur environnement»,«plus autonomes car ils prennent des initiatives et apprennent àles mener à bien». Et le professeur d’EPS de renchérir sur l’ap-

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Une classe et uneassociation de larégion mettent surpied un projet péda-gogique tourné versla solidarité inter-nationale

Le tracteur et la solidarité

port des associations partenaires : « le milieu associatif est por-teur d’expériences de terrain et de vécu : il contribue ainsi à l’ou-verture de l’école sur le monde.»

Améliorer la valorisationLe dispositif convainc mais il pourrait évidemment être encoreamélioré. « Ce n’est pas toujours évident de persuader les ensei-gnants de passer du temps sur ces problématiques », reconnait ÉricDurand, conseiller régional et président du CERCOOP. Cer-tains projets sont ainsi montés pour un an, mais « est-ce quel’on continue l’année d’après ? Pas toujours», confie, de son côté,Sylvain Legou, professeur référent chargé par le Rectorat del’Académie de Besançon de faire le lien entre le CERCOOP, lesassociations et les établissements scolaires. Le manque de tempscomplique aussi le travail de valorisation des projets. Si l’expo-sition « MicrEAU-crédit » a parcouru le Doubs, en passant par

les locaux du Conseil général, il n’en va pas de même pourtoutes les réalisations.«On travaille au niveau du CERCOOP pouraméliorer cette valorisation», souligne Vanessa Campan, en vuede la rendre «visible régionalement et pérenne». Les idées ne man-quent pas, à commencer par celle de lancer un site Internet. «Onaimerait aussi organiser un temps plus officiel avec les départements,les élèves, les enseignants et valoriser collectivement les travaux.»En attendant, les acteurs franc-comtois peuvent d’ores et déjàse targuer de voir les Tandems solidaires s’exporter vers d’aut-res régions. Le réseau multi-acteurs Bourgogne Coopérationcompte ainsi lancer les premiers projets à la rentrée 2013. His-toire d’« ouvrir les Bourguignons sur le monde », résume Benja-min Léger, coordinateur du réseau, qui y voit un dispositif per-mettant de « renforcer et de développer de façon durable etcoordonnée l’éducation au développement et à la solidarité inter-nationale ». En bref, un dispositif comme on en voit peu. I

1. Au Bénin, une Cumaregroupe une dizaine d’agriculteurs sur plus où moins 10 hectareschacun, avec un tracteur,une charrue et uneremorque. Le tout pour un investissement d’environ 12000 euros.

2. Les prêts qui sontaujourd’hui octroyés le sont sur une durée trop courte et à des tauxélevés.

3. Frédéric Chignac, journaliste et réalisateur, a réalisé un documentairede 66 minutes sur l’expé-rience des Cuma auBénin. Ce film, intitulé«Un long sillon de la Dor-dogne au Bénin », offreune véritable boufféed’optimisme en racontantl’aventure vécue par lesagriculteurs béninois.

Union nationale descoopératives d’utili-sation de matérielsagricoles du Bénin(UNCUMA Bénin) BP 312, LokossaBénin www.cumabenin.com

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