Le Monde du 29 09

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Mercredi 29 septembre 2010 - e Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, R ecevant lundi 27 septembre à Paris Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palesti- nienne, Nicolas Sarkozy a parlé juste – et clair. Le président fran- çais a raison quand il identifie un problème de « méthode » dans les tentatives de règlement du conflit israélo-palestinien. Annoncée dimanche, la déci- sion israélienne de ne pas prolon- ger le moratoire partiel de la construction dans les colonies de Cisjordanie en est une illustra- tion. Qu’on en juge : le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait pris cette mesure sans précédent pour un gouvernement de droite (même si elle ne s’appliquait pas à Jérusa- lem-Est) en l’absence de contacts directs avec les Palestiniens. Dix mois plus tard, alors que le fil de la négociation a été renoué pour la première fois depuis 2008, M. Nétanyahou refuse de prolon- ger ce gel, ne serait-ce que de quel- ques mois, alors que la poursuite de la colonisation ne peut que compliquer la quête de la paix. Quand il demande « un méca- nisme d’accompagnement à la négociation », M. Sarkozy ne vise cependant pas les ambiguïtés du comportement d’Israël. Il dénon- ce l’absence de l’Europe dans la négociation. Il cible l’exclusivité que se sont arrogée les Etats-Unis en matière de processus de paix. Il observe avec justesse que ce for- mat de négociation n’a abouti à rien en dix ans. On peut compren- dre la frustration des Européens, qui portent à bout de bras (avec les Américains) une Autorité palestinienne en situation de ban- queroute permanente, sans même être invités à Washington lors de la relance des négocia- tions… Mais l’Union européenne (UE) doit s’en prendre à elle-même. Pre- mier problème : jusqu’à présent, personne dans la région n’a récla- mé la présence de ses missi domi- nici. Les Israéliens ne veulent pas en entendre parler, qui considè- rent que les huis clos à Washing- ton et à Jérusalem leur offrent les meilleures garanties pour défen- dre leurs intérêts. Les Etats-Unis ont veillé scrupuleusement à pré- server leur monopole, et les Pales- tiniens, sauf lorsqu’ils sont de pas- sage en Europe, font en sorte de complaire aux Américains… Second problème : les Euro- péens sont incapables d’un dis- cours un peu hardi sur le sujet. Divisés entre inconditionnels d’Is- raël et alliés un peu plus critiques, ils ont montré leur irresponsable pusillanimité en refusant d’endos- ser les rapports rédigés sur le ter- rain par leurs diplomates, alar- més par la politique israélienne conduite à Jérusalem-Est, l’un des nœuds les plus sensibles du contentieux israélo-palestinien. Les Européens n’échappent pas, enfin, aux problèmes de « méthode » lorsqu’il s’agit de savoir si leur diplomatie est por- tée collectivement ou indivi- duellement. Les ambitions fran- çaises, en la matière, peuvent difficilement être masquées par l’invocation par M. Sarkozy d’une toujours improbable Union pour la Méditerranée ! La légitimité d’une présence euro- péenne à la table des négocia- tions israélo-palestiniennes devrait découler de sa légitimité politique. Celle-ci, toutefois, n’est pas acquise. p Communisme Toute la population de Pyongyang a été mobilisée pour célébrer dignement l’assemblée générale du Parti du travail, rapporte notre envoyé spécial dans la capitale nord-coréenne. La nomination de Kim Jong-un, fils cadet du dictateur Kim Jong-il, au grade de général est interprétée par les spécialistes comme « un pas décisif » dans le processus de succession. Page 5 Enquête Une série de suicides affecte l’Office national des forêts. Pour les agents, l’évolution des conditions de travail entraîne une « souffrance éthique ». Page 17 Justice Le procureur de Nanterre veut garder la haute main sur le dossier Woerth-Bettencourt. Philippe Courroye a rejeté les recommandations du procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, qui lui conseillait de confier l’affaire à un juge d’instruction. Page 12 Editorial Fronde Dans une tribune au « Monde », l’ensemble des députés de l’opposition demande le départ de Bernard Accoyer. Au-delà de l’attitude du président de l’Assemblée lors du débat sur les retraites, ils estiment que les droits de la minorité ne sont plus respectés. Pages 11 et 18 M ahamat Saleh Haroun est le premier cinéaste tchadien de l’histoire. Il a 49 ans, et son cinquième film, Un homme qui crie, a obte- nu le Prix du jury au Festival de Cannes. Son beau film sort en salles mercredi 29 septembre. C’est l’histoire d’un ancien champion de natation, à N’Dja- mena, devenu maître nageur, à qui le régime demande d’offrir son fils unique pour aller com- battre une rébellion. Avec la pré- sence de ce film à Cannes, le Tchad « a pris conscience de l’im- portance du cinéma », dit le réali- sateur. La seule salle couverte du pays est en train d’être rénovée, un fonds a été créé, des jeunes vont être formés… A voir aussi : « Les Amours imaginaires », le film de Xavier Dolan, 21 ans, sur les codes de la sexualité. Lire pages 20 à 22 Un beau film, de l’unique cinéaste tchadien L’étrange mal des gardes forestiers Le gouvernement reporte la réforme de l’assurance-maladie Patrice Delbourg « Il fut peut-être le seul à restituer le vrai goût du XX e siècle, âcre et désemparé. » ph. Hannah L’odyssée Cendrars écriture editionsecriture.com Assemblée : la gauche réclame la démission du président K Contre-enquête Immigration : la France est-elle la plus stricte ? K Droit d’asile, expulsions, accès aux soins : les mesures prévues par la législation française sont-elles plus sévères que celles de nos voisins européens ? K Quels sont les termes du débat au sein des opinions publiques ? Pages 8-9 Corée du Nord : chronique d’une succession annoncée Affaire Woerth : M. Courroye refuse un juge indépendant t « Un homme qui crie », de Mahamat Saleh Haroun, sort en salles t Le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale préserve le ticket modérateur Israël-Palestine : pourquoi l’Europe n’est pas là Déficit de la branche assurance-maladie de la Sécurité sociale en milliards d’euros 2010 2011 - 11,4 - 11,6 UK price £ 1,50 L e gouvernement a beau proclamer sa volonté de réduire les déficits publics, il procède à dose homéopathique en matiè- re de santé. L’assurance-maladie devrait accu- ser un « trou » de 11,4 milliards d’euros cette année, et encore de 11,6 milliards en 2011, selon les chiffres du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, que le gouvernement devait présenter mardi 28 septembre. Comme le reconnaît François Baroin, ministre du budget, il s’agit de « garrotter l’hémorragie », pas encore de soigner le malade. En 2008, le déficit de l’assurance-maladie n’était « que » de 4,4 milliards d’euros. Il s’est ensuite creusé sous l’effet de la crise, plaçant le gouvernement devant un dilemme : fallait-il recourir à un vrai plan de redressement avec prélèvements nouveaux et forte réduction des dépenses, ou était-il préférable de se contenter de mesures d’ajustement ? Le pays sort à peine de la crise, et la prési- dentielle de 2012 est déjà dans toutes les têtes : le choix, très politique, a donc été d’évi- ter toute brutalité. Au dernier moment, le gouvernement a renoncé à augmenter le tic- ket modérateur, à la charge de l’assuré pour les consultations. Laetitia Clavreul aLire la suite et nos informations page 10

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Page 1: Le Monde du 29 09

Mercredi 29 septembre 2010 - e

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

R ecevant lundi 27 septembreà Paris Mahmoud Abbas, lechef de l’Autorité palesti-

nienne, Nicolas Sarkozy a parléjuste – et clair. Le président fran-çais a raison quand il identifie unproblème de « méthode » dans lestentatives de règlement du conflitisraélo-palestinien.

Annoncée dimanche, la déci-sion israélienne de ne pas prolon-ger le moratoire partiel de laconstruction dans les colonies deCisjordanie en est une illustra-tion. Qu’on en juge: le premierministre israélien, BenyaminNétanyahou, avait pris cettemesure sans précédent pour ungouvernement de droite (mêmesi elle ne s’appliquait pas à Jérusa-lem-Est) en l’absence de contactsdirects avec les Palestiniens. Dixmois plus tard, alors que le fil dela négociation a été renoué pourla première fois depuis 2008,

M.Nétanyahou refuse de prolon-ger ce gel, ne serait-ce que de quel-ques mois, alors que la poursuitede la colonisation ne peut quecompliquer la quête de la paix.

Quand il demande « un méca-nisme d’accompagnement à lanégociation », M. Sarkozy ne visecependant pas les ambiguïtés ducomportement d’Israël. Il dénon-ce l’absence de l’Europe dans lanégociation. Il cible l’exclusivitéque se sont arrogée les Etats-Unisen matière de processus de paix. Il

observe avec justesse que ce for-mat de négociation n’a abouti àrien en dix ans. On peut compren-dre la frustration des Européens,qui portent à bout de bras (avecles Américains) une Autoritépalestinienne en situation de ban-

queroute permanente, sansmême être invités à Washingtonlors de la relance des négocia-tions…

Mais l’Union européenne (UE)doit s’en prendre à elle-même. Pre-mier problème : jusqu’à présent,personne dans la région n’a récla-mé la présence de ses missi domi-nici. Les Israéliens ne veulent pasen entendre parler, qui considè-rent que les huis clos à Washing-ton et à Jérusalem leur offrent lesmeilleures garanties pour défen-dre leurs intérêts. Les Etats-Unisont veillé scrupuleusement à pré-server leur monopole, et les Pales-tiniens, sauf lorsqu’ils sont de pas-sage en Europe, font en sorte decomplaire aux Américains…

Second problème : les Euro-péens sont incapables d’un dis-cours un peu hardi sur le sujet.Divisés entre inconditionnels d’Is-raël et alliés un peu plus critiques,

ils ont montré leur irresponsablepusillanimité en refusant d’endos-ser les rapports rédigés sur le ter-rain par leurs diplomates, alar-més par la politique israélienneconduite à Jérusalem-Est, l’un desnœuds les plus sensibles ducontentieux israélo-palestinien.

Les Européens n’échappentpas, enfin, aux problèmes de« méthode » lorsqu’il s’agit desavoir si leur diplomatie est por-tée collectivement ou indivi-duellement. Les ambitions fran-çaises, en la matière, peuventdifficilement être masquées parl’invocation par M. Sarkozyd’une toujours improbableUnion pour la Méditerranée ! Lalégitimité d’une présence euro-péenne à la table des négocia-tions israélo-palestiniennesdevrait découler de sa légitimitépolitique. Celle-ci, toutefois,n’est pas acquise. p

Communisme Toute la population de Pyongyanga été mobilisée pour célébrer dignement l’assembléegénérale du Parti du travail, rapporte notre envoyéspécial dans la capitale nord-coréenne. La nominationde Kim Jong-un, fils cadet du dictateur Kim Jong-il, augrade de général est interprétée par les spécialistescomme « un pas décisif » dans le processus desuccession. Page5

Enquête Une sériede suicides affectel’Office national des forêts.Pour les agents, l’évolutiondes conditions de travailentraîne une « souffranceéthique ». Page17

Justice Le procureur de Nanterre veutgarder la haute main sur le dossierWoerth-Bettencourt. Philippe Courroyea rejeté les recommandationsdu procureur général prèsla Cour de cassation,Jean-Louis Nadal, quilui conseillait de confierl’affaire à un juged’instruction.Page12

Editorial

Fronde Dans une tribuneau « Monde », l’ensembledes députés de l’opposition

demande le départ deBernard Accoyer. Au-delàde l’attitude du présidentde l’Assemblée lors du

débat sur les retraites, ilsestiment que les droits dela minorité ne sont plusrespectés. Pages11 et18

M ahamat Saleh Harounest le premier cinéastetchadien de l’histoire.

Il a 49 ans, et son cinquièmefilm, Un homme qui crie, a obte-nu le Prix du jury au Festival deCannes. Son beau film sort ensalles mercredi 29 septembre.

C’est l’histoire d’un ancienchampion de natation, à N’Dja-mena, devenu maître nageur, àqui le régime demande d’offrirson fils unique pour aller com-battre une rébellion. Avec la pré-sence de ce film à Cannes, leTchad « a pris conscience de l’im-portance du cinéma », dit le réali-sateur. La seule salle couvertedu pays est en train d’êtrerénovée, un fonds a étécréé, des jeunes vontêtre formés…A voir aussi :«Les Amours imaginaires»,le film de Xavier Dolan,21 ans, sur les codesde la sexualité.

Lire pages20 à22

Unbeaufilm,del’uniquecinéastetchadien

L’étrangemaldesgardesforestiers

Le gouvernement reporte la réformede l’assurance-maladie

Patrice Delbourg

« Il fut peut-êtrele seul à restituerle vrai goûtdu XXe siècle,âcre etdésemparé. »

ph.Hannah

L’odysséeCendrars

écritureeditionsecriture.com

Assemblée:lagaucheréclameladémissionduprésident

KContre-enquêteImmigration: laFranceest-ellelaplusstricte?KDroit d’asile, expulsions, accès aux soins:les mesures prévues par la législationfrançaise sont-elles plus sévèresque celles de nos voisins européens?KQuels sont les termes du débatau sein des opinions publiques? Pages8-9

CoréeduNord:chroniqued’unesuccessionannoncée

AffaireWoerth:M.Courroyerefuseunjugeindépendant

t «Un homme qui crie», de Mahamat Saleh Haroun, sort en salles

t Le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale préserve le ticket modérateur

Israël-Palestine: pourquoi l’Europe n’est pas là

Déficit de la brancheassurance-maladiede la Sécurité sociale

en milliards d’euros

2010

2011

- 11,4- 11,6

UK

pric

1,50

L e gouvernement a beau proclamer savolonté de réduire les déficits publics, ilprocède à dose homéopathique en matiè-

re de santé. L’assurance-maladie devrait accu-ser un « trou » de 11,4 milliards d’euros cetteannée, et encore de 11,6 milliards en 2011, selonles chiffres du projet de loi de financement de laSécurité sociale, que le gouvernement devaitprésenter mardi 28 septembre. Comme lereconnaît François Baroin, ministre du budget,

il s’agit de « garrotter l’hémorragie », pas encorede soigner le malade.

En 2008, le déficit de l’assurance-maladien’était « que » de 4,4 milliards d’euros. Il s’estensuite creusé sous l’effet de la crise, plaçant legouvernement devant un dilemme : fallait-ilrecourir à un vrai plan de redressement avecprélèvements nouveaux et forte réduction desdépenses, ou était-il préférable de se contenterde mesures d’ajustement ?

Le pays sort à peine de la crise, et la prési-dentielle de 2012 est déjà dans toutes lestêtes : le choix, très politique, a donc été d’évi-ter toute brutalité. Au dernier moment, legouvernement a renoncé à augmenter le tic-ket modérateur, à la charge de l’assuré pourles consultations.

Laetitia Clavreul

aLire la suiteet nos informations page10

Page 2: Le Monde du 29 09

L’expresso, nouveau baromètre social américain

Les faits

L’histoire SylvainCypel (à New York)

aInternationalProche-Orient: M.Sarkozy réclameunemeilleureimplication del’UEConstatant l’impuissance des seuls Etats-Unis à amener Israéliens etPalestiniensà la paix, au lendemain de la reprise de la colonisation en Cis-jordanie, le président Nicolas Sarkozy a souhaité, lundi 27 septembre,que l’Union européenne se réapproprie le dossier. Premier contributeurfinancierde l’Autorité palestinienne, l’UEn’a pas été invitée aux pourpar-lers directs entre Israéliens et Palestiniens, début septembre, à Washing-ton. L’implication de l’Europe est d’autant plus justifiée, aux yeux deM. Sarkozy, que « nous payons l’absence de paix avec un certain nombrederadicaux quialimentent les réseauxterroristes ». En visite àParis, lepré-sident Mahmoud Abbas a indiqué qu’il attendra la réunion de la Liguearabe, le 4 octobre, au Caire, avant de mettre à exécution sa menace dequitter les négociations de paix. Lire page6n Sur Lemonde. fr: portfolio sonore sur la reprise de la colonisation

LesEspagnols sont appelés àla grèvegénérale,mercredi 29septembreUne grève générale est organisée, mercredi 29 septembre en Espagne,pour protester contre la réforme du travail, la baisse des salaires des fonc-tionnaires, le gel des pensions et le recul de l’âge légal de départ à la retrai-te, de 65 à 67 ans. C’est la première fois, depuis son arrivée au pouvoir, en2004, que le chef du gouvernement socialiste, José Luis Zapatero, estconfronté à une mobilisation de cette ampleur. Syndicats et gouverne-ment se sont entendus, mercredi 22 septembre, pour garantir un serviceminimum dans le pays. Lire page7n Sur Lemonde. fr : appel à témoignages

aFranceCoupesprudentesdugouvernementdanslebudgetdel’assurance-maladieLe gouvernement devait dévoiler, mardi 28 septembre, ses intentionspour le budget de la branche maladie de la sécurité sociale, qui devraitaccuser un « trou » de 11,4 milliards cette année et de 11,6 milliards en2011, selon les chiffres du projet de loi de finance pour la sécurité sociale(PLFSS), présenté le même jour. Même si l’objectif d’évolution des dépen-ses n’a jamais été aussi bas – 2,9 % au lieu du rythme habituel de 3 % à 4 %ces dernières années –, le gouvernement a, notamment, renoncé à aug-menter le ticket modérateur restant à la charge de l’assuré. En revanche,le seuil de remboursement du ticket modérateur à l’hôpital devrait êtrerelevé, ce qui permettra une économie de 95 millions d’euros. Certainsmédicaments ainsi que certains actes médicaux seront aussi plus faible-ment remboursés. Lire page10n Sur Lemonde. fr : infographie «Sept ans de réformes touchantdirectement les assurés»

Woerth-Bettencourt: le parquet deNanterrerefuse lasaisine d’un jugeLe procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a refusé d’abandonner lecontrôle de l’affaire Woerth-Bettencourt dans laquelle il a ouvert quatreenquêtes préliminaires distinctes. Lundi 27 septembre, le procureurgénéral près la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, l’un des plus hautspostes de la magistrature, avait recommandé la saisine d’un juge d’ins-truction. Le parquet de Nanterre a indiqué au Monde qu’il comptait« poursuivre ses investigations». Jean-Louis Nadal a, par ailleurs, estiméqueles conditionsn’étaient pas réuniespour que soitsaisie laCour de jus-tice de la République concernant Eric Woerth. Lire page12n Sur Lemonde. fr : le compre rendu du chat avec Gérard Davet

L’Assembléeexaminele projet deloiBessonsur l’immigrationLes députés ont entamé, mardi 28 septembre, l’examen du projet de loisur l’immigration, adopté le 31 mars par le conseil des ministres. Ce texteprévoit notamment une extension de la déchéance de nationalité, préco-nisée, fin juillet, par Nicolas Sarkozy et plusieurs dispositions destinées à

faciliter l’éloignement des étrangers, y compris Européens. Les députésde l’opposition ont annoncé leur intention de participer activement auxdébats mais de boycotter certaines instances de l’Assemblée, comme laConférence des présidents. Dans les rangs de la majorité, certains dépu-tés considèrent que ce texte est trop répressif et menacent de votercontre s’il n’est pas amendé. Lire page8 et9

Emploisfictifs: LeConseil deParisaadoptél’accord d’indemnisation

L’assemblée municipale parisienne a adopté, lundi 27 septembre, à unelarge majorité, l’accord par lequel l’UMP et l’ex-président de la Républi-que et ancien maire de Paris, Jacques Chirac, s’engagent à verser à la Ville2,2 millions d’euros dans la procédure judiciaire des emplois fictifs. 147élus (notamment les 77 conseillers socialistes), ont voté pour, 13 contre(dont les 9 élus Verts), un s’est abstenu. En échange de cette somme(1,65million d’euros versé par l’UMP, 550 000 euros par M. Chirac), la Vil-le a renoncé à se porter partie civile au procès. « Cette réparation deM.Chirac et de l’UMP, aestimé le maire de Paris, Bertrand Delanoë (…), per-met que la vérité soit admise, que les faits soient reconnus et que la répara-tion intégrale sans négociation et sans accord amiable puisse intervenirau bénéfice des parisiens ». (FRANÇOIS LAFITE/WOSTOK PRESS) Lire page11n Sur Lemonde. fr : chat avec le délégué général de la Cimade,Jérôme martinez. Profil : Thierry Mariani, député UMP, rapporteurdu projet de loi.

EconomieLemoral des ménages allemandsauplushaut depuistrois ans

Selonle baromètre deGfK, premier institut d’études marketingd’Allema-gne, publié mardi 28 septembre, le moral des ménages allemands aatteint son plus haut niveau depuis trois ans. « Des conditions favorables,comme la reprise conjoncturelle, l’évolution positive de l’emploi et lamodération des prix, nourrissent la propension à consommer », a expli-qué dans un communiqué l’Institut GfK. La consommation des ménagespourrait évoluer plus favorablement que prévu dans les prochains mois.(FABRIZIO BENSCH/REUTERS)

L a crise : où ça ? Richard Girardot jubile.

Le PDG de Nespresso, filiale de Nestlé,

ouvrait récemment son deuxième café-

boutique new-yorkais. Le premier était sur

Madison Avenue, au cœur de Mannathan.

Service élégant, pâtisseries fines, atmo-

sphère argentée comme la couleur de l’uni-

forme du personnel. Le nouveau est dans

Soho, un peu moins cher mais plus «hype »

(branché chic). On ne se serait pas porté

volontaire pour faire la promotion d’une

marque si la « stratégie marketing » qu’elle a

adoptée durant la crise, à rebrousse-poil de

celle de ses concurrents, n’était indicative

d’une vraie tendance.

La modernité, aux Etats-Unis, peut symbo-

liquement se résumer à la relation entre

deux «produits » autrefois consanguins en

Europe du Sud et désormais antinomiques :

l’express et la cigarette. Dans l’Amérique

moderne, techno, urbaine et côtière, le petit

noir, apparu il y a une quinzaine d’années,

n’a cessé de progresser. En revanche, la ciga-

rette y a progressivement été prohibée dans

les lieux publics clos. A New York, la munici-

palité entend bientôt l’interdire en plein air,

dans Central Park ou sur ses plages…

Preuve par le jusDans la «vieille » Amérique, en revanche,

l’express reste quasi inconnu : trois Star-

bucks dans tout le grand Cleveland, trois mil-

lions d’habitants. En revanche, là comme à

Detroit ou d’autres ex-bastions de cols bleus

dévastés, on trouve toujours une chambre

d’hôtel ou un espace «fumeurs » au restau-

rant. Bref, le «jus » est devenu « in», donc un

peu cher, quand le tabac s’est ringardisé.

Cela, jusqu’à la crise. Baisse de la recette

aidant, les distributeurs ont changé de straté-

gie. Chef de file, Starbucks, qui s’adressait à

une clientèle jeune, éduquée et relativement

aisée, proposait des prix jugés plus en phase

avec la qualité de son café et de ses dérivés.

Mais avec la crise, des grands du fast-food

comme McDo ou Dunkin' Donuts se sont mis

à proposer l’express à 1 dollar (0,75 centime

d’euro). Starbucks a dû s’adapter, mettant

brusquement l’accent sur ses offres moins

coûteuses et sacrifiant des dizaines de fran-

chisés et des centaines d’emplois.

Rien de tel chez Nespresso, qui a joué plus

que jamais aux Etats-Unis la carte du haut de

gamme chic. Ici, pas de café to go (« à empor-

ter ») dans un gobelet en carton. Résultat :

après New York et Montréal, Miami, Los

Angeles et San Francisco, Boston et Scottsda-

le (Arizona) sont en piste pour accueillir la

«coffee culture». Les ventes par Internet se

développent au Texas, en Arizona… Le marke-

ting sélect, « membres du club » et « café de

référence», fonctionne à plein. Nespresso ne

cesse d’embaucher et son chiffre d’affaires a

augmenté de 30 % aux Etats-Unis, en 2009,

quand celui des concurrents régressait.

La preuve par le jus que la crise a dure-

ment frappé les classes moyennes quand cer-

tains, mieux assis, ne l’ont même pas vue

passer.p

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeurde la publication : Eric FottorinoVice-président, directeur général : David GuiraudSecrétaire général du directoire :Pierre-Yves RomainDirecteur du « Monde » : Eric FottorinoDirecteur adjoint : Laurent GreilsamerEditeur : Michel SfeirDirectrice de la rédaction : Sylvie KauffmannDirecteurs éditoriaux : Gérard Courtoiset Alain Frachon.Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet,Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès,Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).Chef d’édition : Françoise Tovo.Directrice artistique : Sara Deux.Veille de l’information : Eric Azan.Secrétaire général : Jean-Pierre GiovencoMédiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Louis Schweitzer,président. Gilles van Kote, vice-présidentLe Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.Rédaction :80,boulevard Auguste-Blanqui,75707ParisCedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778.(0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48 ouwww.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresseetsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min)

Les scores

Les gens Les chiffrest KimJong-un,lefilsdudirigeantnord-coréen,promugénéral

Le fils cadet du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-il, 68 ans, KimJong-un (photo), 27 ans, a été pro-mu au rang de général, mardi28 septembre. Une annonce faitequelques heures avant une réu-nion exceptionnelle des diri-geants de Pyongyang, la plusimportante depuis trente ans, des-tinée à préparer la succession dudirigeant nord-coréen. (AFP)

Lire page5

t VasileBlaga,ministreroumaindel’intérieur,démissionneLe ministre roumain de l’inté-rieur, Vasile Blaga, 54 ans, a donnésa démission, lundi 27septembre,après une manifestation contro-versée dans la capitale Bucarest,vendredi 24 septembre. « C’est ungeste d’honneur», a indiqué M.Bla-ga, dont le ministère avait été misen cause par le président, TraianBasescu, pour les actes d’« indisci-pline» enregistrés lors de cettemarche. Vendredi, 5 000 poli-ciers, qui protestaient contre unebaisse de 25 % leurs salaires,s’étaient rendus au palais prési-dentiel. Ils avaient alors réclaméla démission de M. Basescu.

t RobertoCima,bossdela’Ndrangheta,arrêtéenFranceUn des chefs de la mafia calabrai-se, en cavale depuis 2003, RobertoCima, 52 ans, a été interpellé,samedi 25 septembre, à Vallauris(Alpes-Maritimes). Il figurait surla liste des 100 fugitifs les plusdangereux établie par le ministè-re italien de l’intérieur, et étaitcondamné à vingt et un ans et sixmois de réclusion pour homicidevolontaire. En juin, Giuseppe Fal-sone, un membre de la mafia sici-lienne, lui aussi en cavale, avaitété arrêté, à Marseille, où il vivait.

tVolleyBon début pour les BleusL’équipe de France se présentepour la deuxième phase du Mon-dial de volley en position de forceaprès avoir bouclé le premiertour, lundi, à Turin, sur un troisiè-me succès en trois matches, face àla Chine (3-0). Les deux prochainsmatches des Bleus auront lieu, jeu-di et vendredi, face à l’Argentine,deuxième du groupe D, et contrele Japon, troisième du groupe A.

tBasketLes Françaises presque enquarts de finale du MondialLes Bleues, emmenées par le duoDumerc – Miyem, ont pris unesolide option pour les quarts definale du championnat du mondede basket en battant, lundi, àOstrava (République tchèque), leBélarus (58-48). Les championnesd’Europe ont de grandes chancesde disputer la phase finale quidébute, vendredi, à Karlovy Vary.

24heuresdans lemonde

tEmploi

7260nouveauxpréretraitésduprivé,en 2009Selon une étude du ministère del’emploi, rendue publique lundi27septembre, le nombre de sala-riés du privé ayant accédé au sta-tut de préretraité en 2009 – enconservant un revenu grâce audispositif financé par l’Etat –, esten recul de 12 % par rapport à2008. Il correspond au plus basniveau enregistré depuis 1985. Cet-te baisse des préretraites, qui fai-sait partie des mesures de main-tien dans l’emploi des seniors,s’est accompagnée d’une haussesensible du nombre des plus de55 ans s’inscrivant au chômage.Celles-ci sont passées de 71 300, en2000, à 144 000, en 2009.

tRevenus

13%deFrançaissousle seuildepauvretéEn 2008, 13 % de la populationvivait sous le seuil de pauvreté enFrance métropolitaine, avecmoins de 950 euros par mois,selon une étude de l’Insee publiéemardi 28 septembre. Ce seuil cor-respond à 60 % du revenumédian, soit 1 580 euros men-suels, en 2008. 7,836 millions depersonnes étaient concernées, en2008, mais la moitié disposaientde moins de 773 euros mensuels.Selon l’Insee, la pauvreté toucheprès d’un tiers des familles mono-parentales.

tEducation

266iPadpourlescollégiensdesHauts-de-SeineAvec deux tablettes numériquesdistribuées à chacun de ses 133 col-lèges publics et privés, le départe-ment des Hauts-de-Seine – le plusriche de France – est devenu, lun-di 27 septembre, le premier dépar-tement où les élèves peuvent sefamiliariser avec l’iPad. Les tablet-tes commercialisées par Appleont été remises, lundi, aux chefsd’établissement. « Le budget totalde l’opération est de 185 000euros », a précisé la vice-présiden-te (UMP) du conseil général, Isa-belle Balkany.

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-tration. Commission paritaire des publications et agences de pressen° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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Président :David GuiraudDirectrice générale :

Bénédicte Half-Ottenwaelter

0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 3: Le Monde du 29 09

Flammarion

A Q M I , C R I S E A U S A H E L , M E N A C E S T E R R O R I S T E S . . .

«L’une des régions les plus risquéesau monde ? L’écrivain Jean-Christophe Rufinl’annonçait dans son dernier roman Katiba.»

romanl’actualité

pour comprendre

Ungrand

Pierre Bordry : «Ma démission est un choix délibéré et stratégique.» NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Dans le petit mondedu sport, les tri-cheurs viennent deperdre un ennemiredoutable. PierreBordry, 71 ans, a

annoncé, vendredi 24 septembre,qu’il démissionnait de la présiden-ce de l’Agence française de luttecontre le dopage (AFLD) sans atten-dre la fin de son mandat, enjuillet2011. Le 1er octobre, il devraitêtre remplacé par un autreconseiller d’Etat, Bruno Genevois.Celui qui considérait l’agence com-me « le petit grain de sable dans lesrouagesbien huilésdusport specta-cle» explique au Monde les raisonsde son départ.Dans les milieux sportifs, larumeur court que Nicolas Sarko-zy serait intervenu pour précipi-ter votre départ.

Je ne pars pas à la demande duprésident de la République ou dugouvernement. C’est un choix déli-béré et stratégique. Je ne voulaispas que les neuf derniers mois demon mandat puissent apparaîtrecomme une fin de règne qui auraitdiminué l’efficacité d’une structu-re aujourd’hui reconnue commel’une des meilleures par l’Agencemondialeantidopage(AMA) etlais-sé à mon successeur une agenceaffaiblie.Existe-t-il aujourd’hui un risqued’affaiblissement de l’AFLD?

Le risque est d’abord d’ordrebudgétaire. Nous repartons sur lesmêmes bases qu’en 2009, où lebudget était préparé avec une res-sourceprovenantd’unelégèreaug-mentation de la taxe Buffet [sur lesdroits de retransmission des événe-ments sportifs]. Le gouvernement,à la demande de la Ligue profes-sionnelle de football, a retiré cetteproposition qui comptait pour4millions d’euros, soit la moitié dubudget de l’AFLD. On ne les a obte-nus qu’en juillet !

Et cette année, le budget ne pré-voit pas non plus de ressourcespérennes pour l’agence alors qu’el-le a besoin de moyens supplémen-taires car les produits indétecta-bles sont de plus en plus nom-breux et que le dopage est beau-coup plus répandu qu’on le pense.Cette situation me fait croire qu’il

n’y a pas une volonté politique desoutien de la lutte antidopage.Au-delà des problèmes budgétai-res, que reprochez-vous au gou-vernement?

Pour le Tour de France 2010,nous avions demandé à effectuerdes contrôles supplémentaires.L’Union cycliste internationale abien sûr refusé. Nous avons alorssaisi l’AMA qui a rendu un arbitra-ge en notre faveur. Mais nousn’avonseuaucunsoutienduminis-tère des sports.

On a même connu un ministre[Jean-François Lamour] qui nous ademandé de ne pas traiter l’affaireLandis [positif à la testostérone surle Tour 2006] trois jours avant laséance où nous avons instruit soncas sur le plan disciplinaire. Dansun autre domaine, celui de la pré-vention, la loi sur l’audiovisuel

public prévoit d’imposer des émis-sions sur ce sujet à la télévisionpublique. Or, personne n’a pris ledécret d’application. C’est quandmême étrange.Est-ce si «étrange» dans un paysoù le président ne cache pas sonadmiration pour un sportif aussicontroversé que Lance Arms-trong?

On ne peut pas rendre homma-ge à Lance Armstrong sans lever lesdoutes qui pèsent sur ses perfor-mances. C’est tout à fait regrettable

qu’on n’ait pas pu lever ces doutesen 2005 [quand le laboratoire deChâtenay-Malabry a retrouvé destraces d’EPO dans ses échantillonsd’urine prélevés lors de son premierTour victorieux en 1999]. Soit ilaurait été blanchi, soit il aurait étésuspendu deux ans et on en parle-rait plus aujourd’hui.

A l’époque, c’est le ministre dessports qui était le patron du labora-toire et qui a refusé. C’est pourquoij’ai proposé à Lance Armstrongd’analyser de nouveau ses échan-

tillons. Mais il m’a répondu quej’avais une très mauvaise idée.Avez-vous subi des pressions à latête de l’agence?

Dans une affaire récente où uncoureurfrançaisaétécontrôléposi-tif à l’EPO, la fédération nationalenousareprochéd’avoirfaitdespré-lèvements et demandé de ne pasfaire les analyses. Dans le passé, onm’a aussi dit très clairement: trou-vez les dopés avant le Tour de Fran-ce mais surtout pas pendant.Vous avez également eu des pro-

blèmes avec le football?Les joueurs professionnels ont

fait un recours devant le Conseild’Etat car ils refusaient que nousles contrôlions de manière inopi-née.Ilestaussi arrivéquedespréle-veurs soient mal reçus lors de mat-ches. Un dirigeant d’un club bienconnuapassésacolère sur euxpar-ce que les contrôles avaient étéeffectués à la fin du match et non àla mi-temps. On peut effective-ment faire entrer en secondemi-temps des joueurs qui n’ontpas été contrôlés…

Pourquoi n’y a-t-il pas de vraievolonté de lutter contre ledopage?

Un jour, on m’a expliqué qu’ilne fallait pas trop lutter contre ledopagesouspeine deperdrel’orga-nisation de compétitions interna-tionales importantes ou de priverles sportifs français de victoires.Devant les enjeux économiques etfinanciers colossaux du sport busi-ness, le mouvement sportif et lepouvoir politique préféreraientpeut-être avoir une agence fortemais qui fasse semblant.

Mais si, dans l’avenir, ils ne sou-tiennent pas davantage le travaild’agenceindépendantecommel’A-FLD, la lutte antidopage va bascu-ler dans le domaine judiciaire et lalutte contre les trafics en devien-dra l’unique fondement. Cette évo-lution risque d’être rude pour lessportifs.p

Propos recueillis par

Stéphane Mandard

LanceArmstrong salueledépart dePierreBordry

Pagetrois

«On m’a dittrèsclairementdanslepassé:trouvezlesdopés avantleTourdeFrance, maissurtoutpas pendant»

Pressionset absence de volonté politique: Pierre Bordry, le patron de la lutteantidopage en France,explique au «Monde» les raisons de sadémission

Touchepas à mon sport spectacle

« AU REVOIR, PIERRE. » C’est ainsique Lance Armstrong a saluépubliquement, et en français, surTwitter, le départ de Pierre Bordry.En privé, le septuple vainqueur duTour de France a dû faire preuvede moins de retenue pour expri-mer sa satisfaction.

Lorsque le coureur américainavait été reçu à déjeuner par Nico-las Sarkozy, le 15octobre 2009, lejour de la présentation de la Gran-de Boucle 2010, le Texan en auraitprofité pour lui demander la têtedu président de l’Agence françaisede lutte contre le dopage (AFLD).Intox ? Lance Armstrong s’en esten tout cas vanté dans le peloton.

Quelques jours plus tôt, lepatron de l’AFLD s’était attiré lesfoudres du coureur et du prési-dent de l’Union cycliste internatio-nale (UCI), Pat McQuaid, enpubliant un rapport qui dénon-çait le traitement de faveur accor-dé par les contrôleurs antidopagede l’UCI à l’équipe de Lance Arms-trong et du maillot jaune AlbertoContador pendant le Tour de Fran-ce 2009 (Le Monde du 6 octobre2009). Et dans la foulée, le par-quet de Paris annonçait avoir

ouvert une enquête préliminaireaprès la découverte de matériel deperfusion au sein de l’équipe Asta-na.

Depuis, l’affaire progresse lente-ment. Mais un autre front judiciai-re s’est ouvert, aux Etats-Unis cet-te fois, à l’encontre du Texan,depuis que son ancien équipier,Floyd Landis – contrôlé positif lorsdu Tour 2006 et sous le coup d’unmandat d’arrêt international poursa participation supposée au pira-tage informatique du laboratoirede Châtenay-Malabry – l’a accuséde l’avoir initié au dopage.

Pierre Bordry, qui conserve leséchantillons suspects du coureurprélevés lors du Tour 1999, a faitsavoir qu’il était prêt à coopéreravec les autorités américaines.D’où le soulagement de LanceArmstrong à l’annonce de sondépart anticipé. Sa joie pourraitêtre de courte durée : le futurpatron de l’AFLD, Bruno Genevois,considéré comme l’un desmeilleurs juristes français, possè-de la particularité d’avoir habitélongtemps dans le même immeu-ble que Pierre Bordry. p

St. M.

0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 4: Le Monde du 29 09

EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE DE LA COUR D’APPEL DE PARISPar arrêt contradictoire à signifier de la 13ème chambre section A de la courd’appel de Paris du 17 décembre 2008 (siginifié le 23/02/2009 à domicile - ARsigné).MOREL Christian dit MAAS né le 11 septembre 1951 à ST ETIENNE(42) de François MOREL et de BARRIOL-MAASYvonne, domicile élu chez MeSCEMAMA, 67 boulevard Lannes 75116 PARIS, a été condamné à la peine de 5mois d’emprisonnement avec sursis ainsi qu’à une amende de cent mille euros(100.000 euros) pour : CONTREFACON PAR EDITION OU REPRODUCTIOND’UNE OEUVRE DE L’ESPRIT AU MEPRIS DES DROITS DE L’AUTEUR, àcompter de 2001 en Thaïlande, infraction prévue par les articles L.335-2 AL.1,AL.2, L.335-3, L.112-2, L.121-8 AL.1, L.122-3, L.122-4, L.122-6 du Code de laPropriété Intellectuelle et réprimée par les articles L.335-2 AL.2, L.335-5 AL.1,L.335-6, L.335-7 du Code de la Propriété Intellectuelle. CONTREFACON PARDIFFUSION OU REPRESENTATION D’UNE OEUVRE DE L’ESPRIT AUMEPRIS DES DROITS DE L’AUTEUR, à compter de 2001 en Thaïlande,infraction prévue par les articles L.335-3, L.335.2 AL.2, L.335-3, L.112-2,L.121-2 AL.1, L.122-2, L.122-4, L.122-6 du Code de la Propriété Intellectuelleet réprimée par les articles L.335-2 AL.2, L.335-5 AL.1, L.335-6, L.335-7 duCode de la Propriété Intellectuelle. DEBIT, EXPORTATION OU IMPORTA-TION D’OUVRAGES CONTREFAITS, à compter de 2001 en Thaïlande,infraction prévue par les articles L.335-2 AL.3, L.112-2 du Code de la PropriétéIntellectuelle et réprimée par les articles L.335-2 AL.3, AL.2, L.335-5 AL.1,L.335-6 du Code de la Propriété Intellectuelle. DEBIT, EXPORTATION OUIMPORTATION D’OUVRAGES CONTREFAITS, à compter de 2001 enThaïlande, infraction prévue par les articles L.335-2 AL.3, L.112-2 du Code dela Propriété Intellectuelle et réprimée par les articles L.335-2 AL.3, AL.2, L.335-5 AL.1, L.335-6 du Code de la Propriété Intellectuelle. La cour a, en outre ordon-né, aux frais du condamné : la publication de cet arrêt par extrait dans le JournalOfficiel de la République française, Le Figaro et Le Monde.Pour extrait conforme délvré à Monsieur le Procureur général sur sa réquisition.

Le Greffier en Chef.

PUBLICATIONS JUDICIAIRES01.49.04.01.85 - [email protected]

C ommentdévelopper la colla-boration entre chercheurseuropéens et africains sans

accélérer l’exode des cerveaux ?L’Association européenne des uni-versités (EUA, 850 universitésdans46paysd’Europe), qui présen-te, mardi 28 septembre à Bruxel-les, un Livre blanc pour «renforcerla confiance et les échanges entrel’Europe et l’Afrique », veut don-ner le bon exemple. Les universi-taires européens appellent deleurs vœux « une coopération uni-versitaire pour le développement »qui contrecarre le pillage de lamatière grise du continent noiractuellement à l’œuvre.

Alors même que l’Afrique faitfaceàundéficitconsidérabled’uni-versitaires (elle forme 2,3 % des

chercheurs du monde, soit moinsque le Royaume-Uni), elle voit sapopulation hautement qualifiées’évaporer. Abdeslam Marfouk,chercheur à l’université de Lou-vain qui travaille depuis plusieursannées sur la fuite des cerveauxafricains estime que plus de dixpays africains ont plus de 40 % deleur main-d’œuvre hautementqualifiée hors de leur pays : 67 %au Cap-Vert, 63 % en Gambie, 53 %en Sierra Leone… Et près d’un cher-cheur africain sur deux réside enEurope.

Cette envolée a, peut-être, étéfreinée par la crise économique etfinancière. Elle n’en reste pasmoins très problématique tant les

universités africaines sontconfrontées à tous les problèmes àla fois : afflux considérable d’étu-diantsgrâceàun accèsàl’enseigne-ment secondaire qui s’améliore,absence d’investissement publicqui accroissent les difficultés desinstitutions à garder leurs équipeset compétition sur les ressourceshumaines entre les Etats africains.

« La pression sur les universitésafricaines est énorme », résume leLivre blanc. « Sans laboratoiresdignes de ce nom, sans pôle d’exc-ellence, avec des salaires dix, voirevingt fois inférieurs à ceux propo-sés dans les universités du Nord, onne peut pas s’étonner de cette sai-gnée des compétences », estimeAbdoulaye Salifou, directeur délé-gué à la politique scientifique àl’Agenceuniversitaire de la franco-phonie (AUF).

Cet appel de l’EUA intervientdans un contexte où la coopéra-tion institutionnelle est faible.« L’aide de l’Union européenne estconcentrée sur les Objectifs du mil-lénaire, la coopération éducativeest très modeste et les fonds consa-crés à la recherche sont centrés surl’excellence », résume Kees Kouwe-naar, directeur du centre interna-tionaldecoopérationde l’universi-té d’Amsterdam qui développedes partenariats de long termeavec des «universités du Sud ».

« Ce qui existe est peu visible,très circonscrit et très contrai-gnant », renchérit Pascal Hoba del’Association des universités afri-caines. Les bourses de mobilitéErasmus Mundus, qui ont étéoctroyées à 866 étudiants afri-cains sur plus de 6 000 bénéficiai-res depuis 2004, rentrent dans cet-te catégorie, étant, de l’avis géné-ral, « réservées » à une toute petiteélite.

Une coopération réfléchie peut-ellefreinercemouvement destruc-

teur de richesse pour les pays lesplus pauvres ? Certains en dou-tent. Avec le recul, Jamil Salmi,expertdela Banquemondiale, esti-me que « rares sont les program-mes de coopération bilatérale quiincluent la mise en place demoyens – salaires, laboratoires –,qui permettent aux chercheurs etaux enseignants des pays du tiers-monde de revenir au pays dans desconditions favorables».

Ces partenariats de long terme,seuls susceptibles de retenir et deconsolider les équipes sur place,existent pourtant depuis long-temps.Et c’est de ceux-làque l’EUAveut s’inspirer, persuadée qu’unecoopération bien encadrée vautmieux qu’une mobilité débridée.

Voilà près de quarante ans quel’université d’Uppsala en Suèdedéploie son International ScienceProgram (ISP), centré sur la

chimie, la physique et les mathé-matiques, qui cible « non les indivi-dus mais les départements des uni-versités », explique Kay Svensson,directeur des relations internatio-nales de l’université.

Sur la période 2003-2008, ISPqui s’est déployé dans douze paysdont dix d’Afrique subsaharienneaffiche un bilan plus qu’honorableavec 138 doctorats et 600 mastersdélivrés et un « “brain drain”

[“fuite des cerveaux”] de seule-ment 5 % ». Beaucoup plus récent,le programme allemand Exceed,lancé en 2008, s’inscrit aussi dansla durée. Financé par l’office alle-mand d’échanges universitaires(DAAD), il vient de doter cinq uni-versités allemandes de cinq mil-lionsd’eurospar an etparuniversi-té pendant cinq ans pour le déve-loppement de projets de coopéra-tion dans les domaines de l’eau-assainissement, de la sécurité ali-mentaire,dutravaildécent,desres-sources naturelles et de la santé.

Autant d’exemples à suivre,prône l’EUA qui doit encore,au-delà des universitaires,convaincre l’Union européenne etl’Union africaine de s’inscriredans cette perspective. p

Brigitte Perucca

Plusde dix paysafricainsontplus de40%deleur main-d’œuvrehautementqualifiéehorsdeleur pays

Où sont les diplômés?

Répartition 48,3% des diplômésafricains émigrés vivent en Euro-pe, 31,8% aux Etats-Unis, 12,4%au Canada, 6,8% en Australie. Unémigré africain sur cinq est diplô-mé de l’enseignement supérieuren Europe; plus de deux sur troisaux Etats-Unis.

Densité L’Afrique compte169chercheurs pour un milliond’habitants contre 742 en Asie,2728 dans l’Union européenne et4654 en Amérique du Nord.3%de la population africaine est diplô-mée de l’enseignement supérieur.

Exil Entre1990 et 2000, la migra-tion des diplômés de l’enseigne-ment supérieur a augmenté de123% en Afrique de l’Ouest contre53% pour les non-qualifiés.Source: Abdelslam Marfouk(Université catholique de Louvain)

Le géant de l’agrochimie BASFs’est expliqué vendredi 24sep-tembre sur l’origine de la présen-ce en Suède, dans des parcellesd’Amflora (sa pomme de terretransgénique de première géné-ration), de plants d’Amadea, untubercule de deuxième généra-tion qui n’est pas encore autori-sé. Selon la firme allemande, cet-te contamination, qui a concer-

né 47 plants, serait due à unmélange de semences intervenudans un entrepôt où les deuxlots étaient stockés conjointe-ment. BASF indique que l’ensem-ble des pommes de terre récol-tées sur les 16 hectares concer-nés dans le nord de la Suèdeseront en conséquence détrui-tes, et que le groupe va amélio-rer son contrôle qualité.

Panthères deFlorideDans la revue « Science », des chercheurs consta-tent que la panthère de Floride est sauvée. Il n’enrestait qu’une vingtaine, consanguines et mala-des, mais l’introduction de huit pumas texans,en 1995, a redynamisé génétiquement l’espèce,qui compte aujourd’hui 130 individus.

«La Crise pétrolière»Ancienmembreduconseilscientifiquedel’Institutfrançaisdupétrole,BernardDurand

annoncelasurvenuedupicpétrolierdanscinqàdixans.Ilsuggèredes«mesuresd’urgence»pourendiguerunecriseéconomiquesansprécédent. Ed. EDP Sciences, 284 p., 26 ¤.

DespistespourcontrerlafuitedescerveauxafricainsPrès d’un chercheur subsaharien sur deux réside en Europe. Les universités veulent limiter ce pillage

BruxellesBureau européen

L es ministres de l’agriculturedesVingt-Septontmisencau-se, lundi 27 septembre à

Bruxelles,lapropositionde laCom-missioneuropéenne de laisser auxEtats la décision d’interdire ou non

la culture de plantes OGM sur leurterritoire. Présentée en juillet, cet-te perspective pourrait permettre,d’après le commissaire chargé dela santé John Dalli, de débloquer ledispositifactuel d’autorisation desOGM au niveau européen. Maiselle suscite un vif débat.

La France et l’Italie ont mené la

fronde,aveclesoutien delaplupartdes autres pays agricoles, notam-ment l’Allemagne et l’Espagne.

Ces pays se disent préoccupéspar un risque de « renationalisa-tion » de la politique agricole com-mune,et de fragmentationdumar-ché intérieur. D’après le ministrefrançais, Bruno Le Maire, « la Fran-ce souhaite que la décision restecommune. Aller vers des décisionsnationales serait un mauvaissignal pour la politique agricolecommune ». Comme l’Allemagne,la France s’interroge aussi sur lacompatibilité de la réforme avecles règles de l’Organisation mon-diale du commerce, qui pourraitcontester l’interdiction des cultu-res sans justifications fondées.

Quelques pays, dont le Royau-me-Uni et les Pays-Bas, ont néan-moins apporté leur soutien à laproposition. « Nous devrions don-ner à nos agriculteurs un choix réelet la possibilité de lutter au niveaumondial », estime Gerda Verburg,

la ministre néerlandaise de l’agri-culture. Les Pays-Bas plaidentpour plus de flexibilité dans le sys-tème d’autorisation, afin de sur-monter les réticencesde nombreu-ses capitales à autoriser certainsOGM. « Le système actuel d’autori-sation nefonctionne pas », amarte-léJohn Dalli,pour défendreson ini-tiative. A ce jour, seuls deux OGMsont cultivés en Europe : lemaïs 810 de l’américain Monsan-to, et la pomme de terre Amfloradu groupe allemand BASF.

Les réactions des ministres del’agriculture donnent une bonneidée de la complexité d’une telleréforme, même si ce sont leurs col-lègues chargés de l’environne-ment qui trancheront. « Ce n’estpas en un ou deux mois que noustrouverons un compromis et unconsensus », a observé la ministrebelge de l’agriculture, SabineLaruelle, dont le pays préside lesVingt-Sept ce semestre. p

Philippe Ricard

Caniculeen CalifornieLa ville de Los Angeles, aux Etats-Unis, a battu unrecord de température, lundi 27 septembre, avecun pic à 45 ˚C enregistré dans le centre-ville, pourla première fois depuis que les relevés ont étécréés en 1877. La vague de chaleur, qui a débutédeux jours plus tôt, devrait s’achever mercredi.

Planète

Animateur, ambassadeur…un guidedesmétiers verts

OGM:fronde contrele systèmeà la cartede BruxellesLa Commission propose de laisser aux Etats la décision de permettre ou non la culture transgénique

Mea culpa de BASF à propos de ses pommes de terre OGM

L es métiers verts existent. Enprésentant, mardi 28sep-tembre, un guide qui leur

est consacré – Croissance verte:zoom sur 50 métiers (La Documen-tation française, 132 p., 12 euros) –,la secrétaire d’Etat à l’écologie,Valérie Létard, a insisté sur lepotentiel qu’ils représentent avec«600 000 emplois créés ou main-tenus à l’horizon 2020 ».

Au-delà du credo maintes foisréaffirmé, le ministère veutconcrétiser les travaux des onzecomités de filière mis en placedepuis un an, dont les transports,les énergies renouvelables, lesmétiers du bâtiment ou encore lesbiocarburants et la chimie verte.Chaque métier est présenté avecles formations qui lui sont consa-crées, les salaires envisagés et uneprésentation des compétences. Laliste à la Prévert mentionne desmétiers aussi divers qu’«anima-teur nature », «diagnostiqueurimmobilier» ou «ambassadeurdu tri».

Le guide s’intéresse aussi à desmétiers plus traditionnels tels que«responsable d’hébergement tou-ristique», «chauffeur- livreur» ouencore «capitaine de pêche ou dela marine marchande»… Ce quifait dire à la directrice de projetsur l’innovation à l’Associationpour la formation professionnelledes adultes (AFPA), Chantal Sarto-rio, que certains choix sont «discu-tables». Travaillant avec le minis-

tère dans le cadre de l’Observatoi-re des métiers de la croissance ver-te, alors que les travaux quidevraient cerner quelque300métiers vont être rendusdébut octobre, Mme Sartorio veutaller au-delà. «Attention à ne rienfiger, dit-elle. Il ne s’agit pas seule-ment de croissance verte maisd’économie verte qui concernetous les secteurs.»

«Bouffée d’oxygène»Valérie Létard reconnaît que

cette liste n’est « pas exhaustive»et qu’il y a bien «une prise de ris-que de figer par l’écriture une situa-tion à géométrie variable ». Maisle ministère, alors que le chômagereste orienté à la hausse, insistesur « la bouffée d’oxygène que cesemplois représentent».

En première ligne sur le mar-ché du travail, Pôle emploi a déjàrecensé ces métiers dits verts etentend faire un effort particulierpour les présenter, en sensibili-sant ses agents et les demandeursd’emploi. «Il y a une mutation desoffres d’emploi, expliquent CélineSpieglaire et Hélène Rambourg,directrices adjointes à Pôleemploi, mais il faut rendre moti-vants des métiers comme ceuxdans le secteur du tri des déchets. »Selon elles, «les compétences doi-vent être diversifiées et celadevrait rendre les emplois plusattractifs».p

Rémi Barroux

4 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 5: Le Monde du 29 09

Transmissionde père en fils

9septembre 1948 L’Assembléepopulaire suprême proclame laRépublique populaire démocrati-que de Corée, à Pyongyang.Kim Il-sung en sera le président.

25juin 1950-27juillet 1953Guerre avec la Corée du Sud.

8Juillet 1994 Kim Il-sung meurt.Son fils Kim Jong-il lui succède.

2008 Kim Jong-il est victime d’uneattaque vasculaire cérébrale.

28septembre 2010 Kim Jong-ilest reconduit comme secrétairegénéral du Parti du travail. Sonfils Kim Jong-un est nommé géné-ral, le confortant ainsi commepossible successeur de son père.

PyongyangEnvoyé spécial

C ’est dans une ville pavoiséede rouge, scintillante le soirde toutes ses illuminations,

ques’est ouverte,mardi28septem-bre, l’assemblée des délégués duParti du travail. Cet aréopage deplus d’un millier de délégués doitélire sa nouvelle direction – ce quirevient à entériner les décisionsdéjà prises – et officialiser un pro-cessus de succession du dirigeantKim Jong-il par son fils cadet, KimJong-un.

Attendu par les résidents étran-gers, le « pas décisif » dans la miseen place d’une succession qui doit« rassurer le pays sur la stabilité durégime », selon un interlocuteurcoréen, paraît franchi. Mardi, àquelques heures de l’ouverture dela conférence du parti, l’agence depresse officielle KCNA a annoncéque Kim Jong-un – ainsi qu’unesœur du chef de l’Etat – était pro-mu au rang de général.

Selon le scénario retenu àl’étranger, l’ascension du fils cadetde Kim Jong-il, âgé de 27 ans, danslahiérarchie durégimedoit lui per-mettre d’être en position, le jour

venu, de succéder à son père,68 ans, victime en été 2008 d’unaccident vasculaire cérébral dontil semble remis – en témoigne sonvoyage récent en Chine. Kim Jong-il a d’ailleurs été reconduit, mardi,secrétaire général du Parti du tra-vail, a rapporté la télévision nord-coréenne.

Le processus en cours rappellecelui entériné en octobre1980 parle 6e congrès du parti : Kim Jong-ilétaitalors apparucommelesucces-seur en titre du président KimIl-sung. Jusqu’à la mort de ce der-nier,en1994,ilgouvernadansl’om-bredesonpère,occupantprogressi-vement les plus hautes fonctions.

Depuis 1980, ni un congrès niuneassembléedesdéléguésdupar-ti n’ont plus jamais été convoqués.D’où la nécessité d’un rajeunisse-ment de la direction du parti.

Parmi les nombreuses ques-tions sans réponse figure aussi cel-le du retard de la convocation del’assemblée du parti. Officielle-ment, elle aurait dû s’ouvrir dansla « première moitié de septem-bre», selonlesmédias officiels.Dis-sensions internes sur les nomina-tions – pas forcément liées à la suc-cession ? Problèmes causés par lesinondations qui ont affecté unepartie de la Corée du Nord ?

En tout cas, Pyongyang prépareengrandepompel’événement,ain-si que la célébration du 65e anniver-saire, le 10octobre, de la fondationdu Parti du travail. Nouveaux bâti-ments poussés comme bambousaprès la pluie, chantiers où lesouvriers s’affairent tard dans lanuit, rues barrées par des travauxde voiries, nouveaux bus et trol-leys, mobilisation de milliers defemmes pour balayer les rues,repeindre les parapets des ponts ettailler, accroupies, les plates-ban-des: Pyongyang fait peau neuve auprix d’un énorme effort humain.

Sur la place Kim-Il-sung et lesesplanades de la capitale, desdizaines de milliers de personnesse sont préparées sans relâcheaux célébrations du 10 octobre.On attend en outre l’un des plus

spectaculaires défilés militairesde l’histoire du pays. Dès diman-che, des camions transportant plu-sieurs milliers de soldats étaientvisibles dans le centre de Pyong-yang fermé à la circulation.

La capitale est la vitrine du payset ce que peut voir un visiteurn’est qu’une facette de la réalité. Laville ne donne pas l’impressiond’abattement à laquelle on pour-rait s’attendre dans un pays dontla population est victime de pénu-ries et étroitement contrôlée : il yrègne une effervescence surpre-nante confirmée par les rares rési-dents étrangers.

Lesmarchésontreprisleursacti-vités après la confusion de la déno-mination du won, la monnaienationale, à la fin 2009. Les restau-rants se multiplient. Une frange dela population dispose visiblementd’argentetlacirculationautomobi-

le équivaut désormais à celle d’unepetite ville européenne, au pointque des sémaphores ont remplacéles célèbres «fliquettes » en unifor-me cintré et socquettes blanchesqui réglaient le trafic avec des ges-tes d’automates – prêtes néan-moinsàintervenirencasdecoupu-re d’électricité.

La majorité de la populationn’enpeinepasmoins. Bienqueper-siste une malnutrition chroniqueaffectant notamment les jeunesenfants et les femmes enceintes, iln’y a cependant pas de disette dra-matiquecomme dans le passé,esti-

mentles représentants des organi-sations humanitaires qui ontaccès aux provinces.

Comme au Sud, les Coréens duNord viennent de célébrer Chusok,la fête des moissons, qui coïncideavec l’équinoxe d’automne. Cettefête traditionnelle est l’occasionde renouer le lien, si important enCorée, entre les vivants et lesmorts. Les familles se rendent surles tombes des parents pour lesentretenir, faire des offrandes etprier pour le repos de l’âme desdéfunts. Au Nord, Chusok, mainte-nu au nom des « traditions natio-nales», est un jour chômé etles res-trictions aux déplacements sontexceptionnellement levées.

Ceux qui ont conservé l’urnefunéraire de leurs parents chez euxla sortent pour l’occasion : le 22 sep-tembre, dans les parcs de Pyong-yang, des milliers de familles

avaient organisé des pique-niquesavec ces urnes placées sur un petitautel autour duquel se réunit lafamille pour faire bombance.

Surlesbergesombragéesdesau-les du fleuve Taedong qui traversePyongyang, un chef de famille, entricot de corps, entouré de safamille,expliquequecettefête per-met de « transmettre aux enfantsl’esprit révolutionnaire qui ani-mait les parents». Le 22 septembreest aussi – coïncidence, à n’enpoint douter – la date du décès dela première femme de Kim Il-sung,héroïne de la lutte anti-japonaiseet mère de Kim Jong-il… Chusok estainsirécupérée dansla sagarévolu-tionnaire qui doit se poursuivre de« génération en génération ». Unecontinuité que les délégués du par-ti, réunis en conclave, sont appelésà avaliser. p

Philippe Pons

Ce« pasdécisif »danslasuccession estcensé«rassurerlepays surlastabilitédu régime»

EnCoréeduNord, leprocessusdesuccessionestlancéLe fils cadet du président Kim Jong-il a été promu général à l’ouverture de l’assemblée générale du Parti du travail

Unbien étrange« professeur » britanniqueau service de Khartoum

International

L e deuxième plus importantgroupe d’insurgés afghans,après les talibans, le

Hezb-e-Islami, dirigé par Gulbud-din Hekmatyar, fait campagnepour l’actuel président HamidKarzaï et défend son plan de récon-ciliation nationale refusé par lespartisans du mollah Omar.

Des membres de la délégationpour la paix du Hezb-e-Islami ontrencontré en septembre des parle-mentaires et des autorités despays occidentaux, dont la France,engagés militairement en Afgha-nistan. Les mêmes représentants,agissantpour lecompte de leurlea-der, M. Hekmatyar, dont la tête aété mise à prix par les Américains

à 25 millions de dollars, avaientdéjà rencontré, en mars, M. Karzaïà trois reprises.

« Nous proposons que les forcesde l’OTAN quittent le pays dans unan, en contrepartie, nous garantis-sons la sauvegarde des institutionset du gouvernement actuel jusqu’àde nouvellesélections etnous veille-rons à ce qu’il n’y ait plus de campsd’Al-Qaida sur notre territoire,seuls les Afghans peuvent tenir cetengagement », résume AminKarim, l’un des cinq membres de ladélégation du Hezb-e-Islami, ren-contré lors de son passage à Paris.

Le Hezb-e-Islami (parti islami-que) de Gulbuddin Hekmatyar,ex-commandant moudjahidin

prochedes Pakistanais, qui futpre-mierministre dansla période post-soviétique, est le mouvement lemieux structuré et le plus « politi-que » de tous les groupes d’insur-gés. Son implantation dans lescamps de réfugiés du Pakistan estforte. Composé de Pachtounes, ilest présent dans toute la zone d’in-fluence de cette ethnie, au nord, àl’est et au sud du pays.

Manque d’argent« A l’exception des provinces de

Zaboul, d’Oruzgan, du Helmand etd’une partie de celle de Kandahar,où les fidèles du mollah Omar sonttrès implantés, nous pouvons assu-rer la sécurité dans tout le pays »,

poursuit M. Karim. Si leHezb-e-Islami est un concurrentdes talibans sur le terrain et leuradversaire politique s’agissant duprocessus de réconciliation, sonreprésentant note que, faute d’ap-provisionnement en armes, « 30 %de nos troupes ont rejoint les rangsdu mollah Omar qu’ils quitterontdès qu’un accord de paix seraconclu». M. Karim ajoute que dansla zone occupée par les Français, àKapisa, au nord de Kaboul, un fiefdu Hezb-e-Islami, son mouve-ment« a dû laisserles talibanss’ins-taller par manque d’argent ».

Au ministère des affaires étran-gères, à Paris, les experts considè-rent qu’en réalité, seuls « 10 % des

combattants du Hezb-e-Islami sontavecles talibans». Les propositionsde M. Hekmatyar ont été remises,mi-septembre, par courrier, à tousles députés français et M. Karimdevait rencontrer les parlementai-res Paul Quilès, Jean-ChristopheCambadélis ou des personnalitéspolitiques telles que l’ex-premierministre, Dominique de Villepin.

Selon les représentants duHezb-e-Islami, le Quai d’Orsay arefusé tout contact, à la différencedu Foreign Office qui encouragedepuis début 2009 l’intégrationde ce groupe dans le jeu politiqueafghan. Les Britanniques avaientpromis à Hekmatyar l’asile en Ara-biesaouditecontre l’arrêtdes com-

bats. La proposition avait été faitepar le biais de son gendre, GhairatBahir, un autre membre de la délé-gation pour la paix.

Richard Holbrooke, représen-tantspécialaméricainpourl’Afgha-nistan et le Pakistan, avait, pour sapart, rencontré, en 2009, Moham-mad Daoud Abedi, égalementmembre de la délégation pour évo-quer le rôle de cette organisationaprèsledépartdestroupesétrangè-res. « Quand les soldats de l’OTANseront partis, on aura supprimé lapremière motivation des combat-tants talibans, M.Karzaï est prison-nier des talibans et des Améri-cains», analyse M.Karim. p

Jacques Follorou

Legrouped’insurgés Hezb-e-Islami plaide pourla réconciliationen AfghanistanLe mouvement de l’ex-premier ministre Gulbuddin Hekmatyar a amorcé un rapprochement avec M.Karzaï et demande le retrait de l’OTAN

A Pyongyang, le 27 septembre, l’arrivée des délégués du Parti du travail. AP PHOTO

A Genève, le Conseil desdroits de l’homme (CDH)attire souvent les représen-

tants des Gongo (GovernmentOperated Non-GovernmentalOrganization), ces fausses ONGqui agissent pour la défense d’unEtat. Mais le 16 septembre, le sangd’Osman Hummaida (célèbredéfenseur des droits de l’hommesoudanais, de passage pour la15e session du Conseil) n’a faitqu’un tour quand il a appris laprésence au Palais des nationsd’un certain David Hoile.

M. Hummaida s’est étonnéque ce Britannique de 49 ans, l’undes « plus actifs lobbyistes du régi-

me de Khartoum, qui traîne derriè-re lui un passé de militant d’extrê-me droite pro-apartheid », ait puobtenir une accréditation auprèsde l’ONU. Qui plus est sous unautre nom : David Howil.

C’est en qualité de « consultanten affaires africaines» et «profes-seur à l’université de Khartoum»que M.Hoile a été invité à partici-per à une conférence organiséepar la Hawa Society for Women,Gongo soudanaise, sur le thèmede la justice internationale.Devant une cinquantaine de délé-gués du Conseil, il s’est livré à uneviolente attaque de la Cour pénaleinternationale (CPI), ce «Guanta-

namo européen », affirmant quel’inculpation par la CPI du prési-dent soudanais Omar Al-Bachirpour crimes contre l’humanité etgénocide au Darfour avait fait delui «un leader africain ».

Il a aussi plaidé pour le non-renouvellement du mandat durapporteur spécial (expert indé-pendant) de l’ONU au Soudan,question brûlante qui doit êtretranchée vendredi 1er octobre, àGenève. Khartoum se démènepour que ce mandat ne soit pasreconduit, arguant «de nombreuxdéveloppements positifs en matiè-re de droits de l’homme». Dans sondernier rapport, le rapporteur onu-

sien relate, lui, la «poursuite decombats sporadiques entre les for-ces gouvernementales et les mouve-ments armés entraînant des victi-mes civiles» au Darfour, et un trèssévère recul des libertés publiquesaprès les élections d’avril.

«Pendez Nelson Mandela!»Joint par téléphone, David Hoi-

le a confirmé qu’il s’était bien ren-du à Genève, accrédité sous unnom «mal orthographié car trans-crit de l’arabe ». Né en Zambie,celui qui se présente comme « unAfricain blanc » explique êtrechargé de contrer « la propagan-de anti-Soudan » en Occident. En

1998, il a créé à Londres l’Euro-pean-Sudanese Public AffairsCouncil, structure qui endossetour à tour les habits d’une ONG,d’un cabinet de consulting oud’un institut de recherche. Ilreconnaît avoir été rémunéré parle gouvernement soudanais sur«des mandats de paix ».

Ses interlocuteurs ne connais-sent pas toujours son passé dansla mouvance de l’extrême droitebritannique. Dans les années1980, M. Hoile était l’un des lea-ders de la Fédération des étu-diants conservateurs (FCS). Cemouvement, finalement dissous,épousait la cause des Contras au

Nicaragua, des rebelles de l’Unitaen Angola, et vilipendait les « ter-roristes de l’ANC » en Afrique duSud. En septembre 2001, le quoti-dien Guardian a publié une ima-ge du jeune Hoile arborant sur sacravate un pin’s sur lequel onpouvait lire « Pendez Nelson Man-dela !». David Hoile qui, dans lesannées 1990, s’était illustré pourses écrits en faveur de la Remano(résistance nationale du Mozam-bique), une guérilla armée decolons blancs, soutenue par l’Afri-que du Sud et la Rhodésie du Sud(actuel Zimbabwe).p

Agathe Duparc

(Genève, correspondance)

50123Mercredi 29 septembre 2010

Page 6: Le Monde du 29 09

Chine-Russie

Pékin etMoscouintensifientleur coopération énergétique

PÉKIN. La Chine et la Russie ont franchi une nouvelle étape dans leurpolitique de coopération énergétique, avec la signature d’une douzainede protocoles d’accord, notamment dans le domaine de la fournitured’aluminium entre Norinco, le premier fabricant d’armes chinois, etRusal, géant russe de l’aluminium, ainsi que dans le nucléaire, pour laconception par les Russes de deux nouvelles unités de la centrale deTianwan, dont la Russie avait déjà fourni les deux premiers réacteurs.Les deux chefs d’Etat, Dmitri Medvedev et Hu Jintao (photo), ont égale-ment symboliquement inauguré l’oléoduc de Sibérie orientale, quiacheminera annuellement 15 millions de tonnes de pétrole brut russedepuis Skovorodino jusqu’à Daqing, dans le nord-est de la Chine, à par-tir de janvier 2011. L’oléoduc de Sibérie orientale a été financé, pour lapartie russe, par des prêts chinois de 25 milliards de dollars. Par ailleurs,la fourniture annuelle par le géant russe Gazpom, de quelque 30mil-liards de mètres cubes de gaz à la Chine pour trente ans, à partir de 2015,fera l’objet d’accords finaux l’été prochain, a précisé l’agence Chine nou-velle. p Brice Pedroletti (PHOTO : MIKHAIL KLIMENTYEV/AFP)

Mexique Neuf morts dans des affrontementsentre l’armée et les cartelsMEXICO. Deux affrontements entre l’armée mexicaine et des hommesde main présumés des cartels de la drogue ont fait neuf morts, diman-che 26 septembre, dont un militaire, à la frontière avec les Etats-Unis, aannoncé, lundi, le ministère de la marine. – (AFP.)

L a France souhaite jouer unrôle plus actif dans le proces-sus de paix israélo-palesti-

nien. Recevant à Paris le présidentde l’Autorité palestinienne, Mah-moud Abbas, lundi 27 septembre,leprésidentde laRépublique, Nico-las Sarkozy, a formulédes offres deservice on ne peut plus claires.

Après avoir fait part de son« inquiétude» et « déploré » la non-reconduction par Israël de sonmoratoire partiel de la colonisa-tion en Cisjordanie, M. Sarkozys’est attaqué à « la méthode suiviejusqu’à présent qui ne semble plusproduire les résultats escomptés ».

« Nous alternons entre des pha-ses de blocage et des tentatives de

reprise, a poursuivi le chef de l’Etat.Il s’agit nullement de critiquer quique ce soit, je veux d’ailleurs rendrehommage aux efforts considéra-bles du président Barack Obamapour relancer le processus, maisj’observe que dix ans après CampDavid, nous n’avons pas progresséet peut-être même reculé dans lareprise du dialogue.»

«J’aidéjàappeléàplusieursrepri-ses la nécessité de mieux associerl’ensemble des acteurs à la recher-ched’unesolution,aajoutéM.Sarko-zy. Le Quartet et ses membres doi-vent collectivement et concrète-ment exercer le rôle de supervisionqui est le leur. L’Europe, premierdonateur en faveurdes Palestiniens,

l’Union pour la Méditerranée[UPM],qui estaffectéeparceconflit,doivent, c’est une exigence, désor-mais participer au processus politi-que.» Et de poursuivre : « Entre unrôle irremplaçable [celui des Etats-Unis] et un rôle exclusif, il y a peut-être une différence de nature.»

Absence à WashingtonJusqu’àprésent, le rôledes Euro-

péens dans le processus de paixs’est généralementlimité aufinan-cement de l’Autorité palestinien-ne. Si on additionne les aides de laCommission européenne et lesaides bilatérales, ces finance-ments font de l’Europe le premiercontributeur du processus de

paix, même si l’absence de la res-ponsable de la diplomatie euro-péenne, Catherine Ashton, à larelance de négociations directesisraélo-palestiniennes, les 1er et2septembre, à Washington, a aussimontré que les Européens étaienttenus pour quantité négligeablepar les principaux protagonistes.

Associés au processus de paixpar le biais du Quartet, avec lesEtats-Unis, la Russie et les Nationsunies, les Européens ne peuventjouer de véritable rôle que lors descourtes transitions politiques amé-ricaines (négociations de Taba enjanvier 2001 ; guerre de Gaza, de27 décembre 2008 au 17 janvier2009). L’un de leurs rares succèsdiplomatiques a été enregistré en2005 avec un statut d’observateurau point de passage entre Gaza etl’Egypte, une situation en suspensdepuis la prise de contrôle de Gazapar le Mouvement de la résistanceislamique (Hamas)…

En dépit de la proximité géogra-phique avec Israël et les territoirespalestiniens, les structures multi-latérales mises sur pied par lesEuropéens, du processus de Barce-lone à l’UPM, ont toujours faitpreuve d’impuissance sur la ques-tion israélo-palestinienne, mêmesi M. Sarkozy a annoncé la tenued’un sommet de l’UPM fin novem-bre, « quoi qu’il arrive ». Les payseuropéens sont en fait divisés endeuxcampssur laquestionpalesti-nienne, entre ceux qui se refusent,pour des raisons historiques oupolitiques, à envisager la moindrepression sur Israël ; et ceux quisont prêts à jouer un rôle plusactif, y compris au prix de frictionsavec les autorités israéliennes. p

Gilles Paris

LaFrance veut jouer un plus grand rôledans ledossier israélo-palestinienNicolas Sarkozy déplore un problème de «méthode» et «le rôle exclusif» des Etats-Unis

L e précédent date de onzeans. La rencontre s’étaitdéroulée au Caire, dix-huit

mois avant le déclenchement dela deuxième Intifada en 2000.Pour la première fois, un prési-dent du Conseil représentatif desinstitutions juives de France(CRIF) s’entretenait avec un res-ponsable palestinien, en l’occur-rence, Yasser Arafat. Lundi 27 sep-tembre, le président de l’Autoritépalestinienne, Mahmoud Abbas,a rencontré l’actuel président duCRIF, Richard Prasquier.

La veille, M. Abbas avait déjàdébattu durant deux heures avecune quinzaine d’intellectuels etde militants juifs, parmi lesquelsAlain Finkielkraut, Jean-PierreElkabbach, l’ex-grand rabbin deFrance René-Samuel Sirat ou la

présidente de l’Union des étu-diants juifs de France (UEJF) Ariel-le Schwab. Ce faisant, les respon-sables palestiniens ont reproduiten France une pratique rodée auxEtats-Unis, où M. Abbas s’estexprimé devant plusieurs organi-sations juives américaines.

«Il était important pour le CRIFd’expliquer à M. Abbas qu’il existeune sensibilité des juifs du monde,et donc de France, par rapport àIsraël et à Jérusalem», explique deson côté M. Prasquier, qui, aunom de la communauté juive deFrance, s’est redit attaché à « lacréation de deux Etats ». S’il n’étaitpas question pour le président duCRIF d’entrer dans les détails de lanégociation, et notamment dumoratoire sur la colonisation –«cela est le travail des Israéliens et

des Palestiniens » nous a-t-il préci-sé–, M. Prasquier a toutefois esti-mé que la question des « construc-tions [dans les territoires occupéspar Israël]» représentait «un élé-ment mineur » des négociations.Le gel de la colonisation constituepour les Palestiniens une desconditions au bon déroulementdu processus de paix.

Droit des juifs sur JérusalemArielle Schwab s’est aussi

réjouie de la rencontre avec le res-ponsable palestinien. «QueM.Abbas considère qu’il a besoindu crédit de la communauté juivepour faire passer son message,c’est nouveau et c’est positif.» Lajeune militante voit les fruitsqu’elle peut tirer en France d’unetelle rencontre. «Parler du coura-

ge de dialogue de M.Abbas est plusporteur d’espoir que de répercuterles réactions les plus violentes »dans les deux camps.

En dépit d’une tonalité «sympa-thique», certains interlocuteursjuifs ont eu un peu de mal à enten-dre les convictions de M. Abbas,notamment sur le retour des réfu-giés ou la question, centrale pourles juifs de France, de Jérusalem.La semaine dernière, dans l’hebdo-madaire Actualité juive, le grandrabbin de France, Gilles Bernheim,estimait que, «sur l’entité Jérusa-lem, aucun droit ne peut s’opposerau droit des juifs ou le contrebalan-cer». Il y ajoutait que la villedevait être sous gouvernance d’Is-raël et qu’il était « opposé au geldes constructions à Jérusalem».p

Stéphanie Le Bars

MahmoudAbbas à la rencontredesjuifs de France

E tat sous surveillance interna-tionale, le Kosovo a perduson président, lundi 27 sep-

tembre. Fatmir Sejdiu a annoncésa démission, à la suite d’une déci-sion de la Cour constitutionnelle,qui avait estimé qu’il ne pouvaitcumuler sa fonction avec celle dechef de parti.

Agé de 58 ans, cet ancien profes-seur de droit avait été élu une pre-mièrefoisen 2006,àla mortd’Ibra-him Rugova (figure modérée de lalutte indépendantiste, dont il étaitune sorte de descendant spirituel),puis il avait été réélu en 2008. Ildirige par ailleurs la Ligue démo-cratiquedu Kosovo(LDK), quiafor-mé une alliance de coalition avecla formation du premier ministre,Hashim Thaci.

Le président kosovar a justifié sadécision – prise après consulta-tions avec plusieurs ambassadeurs

de l’Union européenne (UE) – parson «respect des institutions».

Pourtant, le journal Kosova Sotestime dans un éditorial queM. Sejdiu aurait dû quitter la têtede son parti dès son élection, aulieu d’être l’objet de la saisine de laCour constitutionnelle par l’oppo-sition. Pieter Feith, le chef duBureau civil international (ICO) auKosovo et haut représentant del’UE, a appelé, dès lundi, « tous lesreprésentants politiques à fairepreuve de responsabilité dans l’in-térêtnational et à assurer une tran-sition souple ».

Le président du Parlement,Jakup Krasniqi, remplira les fonc-tions de M. Sejdiu par intérim. Il aannoncé qu’il ouvrira sans tarderdes consultations avec les partispolitiques dans le but de faire éli-re un nouveau président par leParlement. La Constitution récla-

me un soutien de deux tiers des120 députés.

L’incertitude politique est gran-de, pour la première fois depuis laproclamation de l’indépendance,enfévrier2008.Le Partidémocrati-que du Kosovo de M. Thaci, la plusgrande formation au Parlement,acceptera-t-elleun nouveau candi-dat avancé par la LDK ?

Elections anticipées?Dans le cas contraire, des élec-

tions générales anticipées auraientlieu. Elles tomberaient très mal,alors qu’une amorce de dialogueentrePristinaetBelgradedoitdébu-ter sous l’égide de Bruxelles.

Dans une résolution communeavec l’UE, adoptée à l’Assembléegénéraledes Nations unies le9sep-tembre, la Serbiea ouvert la porteàun tel dialogue en renonçant à unecondition préalable : la révision du

statut du Kosovo, dont elle contes-te toujours l’indépendance.

Le président serbe, Boris Tadic,s’est entretenu le 23 septembre, àNew York, avec la chef de la diplo-matie européenne, Catherine Ash-ton, pour fixer les bornes du dialo-gue à venir, dont le calendrier resteflou. « Nous sommes prêts à discu-ter et nous le ferons de bonne foi », adéclaré M. Tadic. Les discussionsporteront « sur l’avancement de lacoopération et l’amélioration de laviedesgens »,aindiquéMme Ashton.

Le rôle précis des Etats-Unisdans ce dialogue entre la Serbie etle Kosovo demeure obscur. Lasecrétaired’Etat, HillaryClinton, serendra à Belgrade le 12 octobrepour peser en faveur d’un ordre dujour ambitieux, qui devrait dansun premier temps se concentrersur les questions économiques. p

Piotr Smolar

Nicolas Sarkozy a reçu à l’Elysée, le 27septembre, Mahmoud Abbas, le président de l’Autoritépalestinienne. LIONEL BONAVENTURE/AFP

International

AuKosovo, le président est contraintà la démissionFatmir Sejdiu cumulait illégalement les fonctions de président et de chef de parti

MoscouCorrespondance

L e maire de Moscou a « perdula confiance » du présidentrusse. Laconique mais sévè-

re, le décret signé par Dmitri Med-vedev, mardi 28 septembre, metfin au règne de plus de dix-huitansd’Iouri Loujkovsur lamétropo-le russe, qui suscite bien desconvoitises.

Le départ de ce pilier de la politi-querusse était envisagé en 2011, auterme de son mandat. Mais sonconflit ouvert avec le chef de l’Etata accéléré le calendrier. M. Loujkova été critiqué pour sa gestion cala-miteuse de la crise provoquée, enaoût, par les fumées toxiquesaprès les incendies de forêts.Début septembre, le maire apublié une tribune déplorant àdemi-mot la politique de DmitriMedvedev. Quelques jours plustard, une violente campagne télé-visée, orchestrée par le pouvoir,visait l’édile et son épouse milliar-daire, Elena Batourina, à la têted’un empire immobilier sans équi-valent dans le pays.

Silamise àl’écartduleader mos-covite était attendue, la formeemployéepourl’écarterestparticu-lièrement violente. La presse russeévoquait récemment d’éventuelsmarchandages entre le maire et lesautorités sur les conditions d’uneretraite honorable pour cet hom-mede74 ans,affublé enpermanen-ce d’une casquette de cuir. A sonretour d’une semaine de vacances,lundi, Iouri Loujkov avait assuréqu’il ne partirait pas de lui-mêmelaissant croire qu’aucun compro-mis n’avait pu être trouvé.

Le maire n’avait visiblementpas prévu son limogeage express.Mardi matin, son cortège automo-bile le déposait à son bureau ; son

agenda était complet pour lesjours à venir. A 8 heures, le décretprésidentiel publié sur le site duKremlin annonçait pourtant ledépart de l’élu avec applicationimmédiate. Le numéro deux del’administration municipale, Vla-dimir Ressine, a été nommé mairepar intérim.

M.Poutine silencieuxLes méthodes employées pour

évincer le maire de la capitale indi-quent que le « système Loujkov »mis en place à Moscou pourrait nepas survivre au départ de l’édile.«Le scénario du pire est en train dese mettre en place » pour M.Lou-jkov, estimait mardi l’analysteEvgeni Mintchenko dans le journalen ligne gazeta.ru. La « perte deconfiance » du président Medve-dev « pouvant même mener à despoursuites pénales » contre l’an-cien maire, selon l’expert.

La disgrâce du maire moscovitepourraitégalementébranlerletout-puissant parti du pouvoir, Russieunie, dont Iouri Loujkov est l’undes codirigeants. Mardi, un respon-sable duparti aregretté«la pertedeconfiance des autorités envers l’undes fondateurs » de la formation«en raison des erreurs commises».Le chef du parti, le premier minis-tre Vladimir Poutine, est, lui, restétotalement silencieux depuis ledébut du conflit entre le chef d’Etatet le maire évincé.

La nomination et la révocationdes gouverneurs forment l’unedes prérogatives présidentiellesfortes, qui permet à M. Medvedevde s’affirmer. A la mi-août, le gou-verneur de l’enclave de Kalinin-grad,GuiorguiBoos, avait été inter-dit de postuler à un nouveau man-dat, en raison du mécontente-ment populaire croissant. p

Alexandre Billette

M.Medvedevaffirmeson autoritéenlimogeantle mairede MoscouLe Kremlin explique qu’Iouri Loujkov«a perdu la confiance» du président russe

6 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 7: Le Monde du 29 09

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MUTUELLE SANTÉ • PRÉVOYANCE • DÉPENDANCE • RETRAITE

MGEN,Mutuelle Générale de l’Education nationale, n°775 685 399,MGENVie, n°441 922 002,MGEN Filia, n°440 363 588,mutuelles soumisesauxdispositionsdu livre II ducodede laMutualité -MGENActionsanitaireet sociale, n°441 921913,MGEN Centres de santé, n°477 901 714, mutuelles soumises aux dispositions du livre III du code de la Mutualité.

95% des cotisations acquises par la MGENsont redistribuées pour les soins et les

services rendus à ses adhérents.

C’est,de loin, le plus important des tauxde redistribution pratiqués en France

par les complémentaires santé.

C’est surtout la concrétisation de lasolidarité et du non profit,que la MGEN

doit aux 3,5 millions de personnesqu’elle protège.

mgen.fr

BerlinCorrespondant

A limentation : 128,46 euros ;loisirs: 39,96euros; télépho-ne et Internet : 31,96 euros ;

vêtements: 30,40 euros; énergie :30,24 euros ; ustensiles pour lefoyer : 27,41 euros ; autres biens etservices: 26,50 euros ; transports :22,78 euros ; produits de santé :15,55 euros ; restauration :7,16euros; culture: 1,16euro; haus-se des prix approximative :2,19euros. Total: 364euros. Voilà cedont,selonl’Officefédéraldesstatis-tiques allemand, qui a épluché lesdépensesde60000foyers,unadul-te bénéficiant des allocations socia-les a besoin chaque mois pour vivre(sonloyerétantprisenchargeparlacommune), voilà donc ce qu’il rece-vra à partir du 1er janvier 2011.

Telest l’argument du gouverne-ment allemand qui, dimanche 26et lundi 27 septembre, a surtout dû

justifier le fait qu’il n’augmentaitce revenu que de 5 euros par rap-port à 2010. La gauche crie au scan-dale et pourrait bloquer ce projetau Bundesrat. 6,7 millions de per-sonnes dépendent de ce systèmedit « Hartz IV » qui, depuis 2005,fusionne les aides sociales et lesallocations chômage.

«Le paquet formation»A Berlin, record national, 21,3 %

des personnes de moins de 65 anssont couvertes par ce dispositif.1,7 million d’enfants de moins dequinze ans vivent dans unefamilleaidée.Dans lacapitale fédé-rale, plus d’un enfant sur trois estconcerné. C’est justement parceque les besoins des enfantsn’avaient pas été calculés précisé-ment qu’en février la Cour consti-tutionnelle avait exigé du gouver-nement qu’il justifie les sommesallouées. Après calculs, le gouver-nement a maintenu les allocations

actuelles qui s’échelonnent de 215à 287euros selon l’âge de l’enfant.

Mêmemodeste,cetteaugmenta-tiondevraitcoûterenviron300mil-lionsd’euros,expliquelegouverne-ment, qui sait que les « Hartz IV »sont parfois vus comme des profi-teurs. La ministre du travail et desaffaires sociales, Ursula von derLeyen, a insisté sur une innovationqu’elle compte lancer en janvier :« Le paquet formation » grâceauquelchaqueenfantd’unefamille«Hartz IV» bénéficiera d’un créditannuel d’environ 250 euros poursesloisirs, l’achatdematérielscolai-re, sa cantine. Si besoin est, un sou-tien scolaire lui sera aussi accordé.

Pour ce faire, la ministre comp-te dépenser 650 millions, mais lefinancement n’est pas encore tota-lement bouclé. Mme von der Leyena dû revoir ses ambitions. Audépart, chaque enfant devait rece-voir une carte électronique et l’ad-ministration aurait défini, avec les

parents et les enseignants, lameilleure utilisation possible.

Considérée comme le modèled’unefemmequi réussit àconciliervie familiale et carrière profession-nelle, Mme von der Leyen, mère desept enfants, incarne l’aile modé-rée de la CDU. Elle juge que l’Etatdoit s’occuper de l’éducation destout-petits, une approche nouvelledans un pays où les églises jouentun rôle important mais aussi où,depuis le nazisme, on se méfie del’embrigadement des mineurs.

C’est d’ailleurs la CSU chrétien-ne qui s’est opposée à Mme von derLeyen au nom de la « liberté desfamilles». Comme lemontre égale-mentl’exclusion du tabac et de l’al-cool des dépenses «normales » desadultes bénéficiaires du«HartzIV», les débatssur larevalo-risation des allocations socialesrévèlent souvent des visions diffé-rentes de la société.p

Frédéric Lemaître

Legouvernement allemand maintientl’austéritédans sa politique socialeA 364 euros par adulte, les allocations sociales ne seront augmentées que de 5 euros en 2011

MadridCorrespondance

P remier test pour la politi-que sociale de José LuisRodriguez Zapatero, qui a

totalement changé de cap depuisle printemps sous la pression dela crise et des marchés financiers :les salariés espagnols étaientappelés à observer une journée degrève générale mercredi 29 sep-tembre, à l’initiative des princi-paux syndicats, qui protestentcontre la réforme du marché dutravail, la baisse des salaires desfonctionnaires, le gel des pen-sions et le projet de recul de l’âgede la retraite de 65 à 67 ans.

Entrente-cinqansdedémocratieretrouvée, c’est la cinquième grèvegénérale organisée en Espagne. Ladernière,en2002,avaitfaitéchouerla réforme du travail voulue par leconservateur José María Aznar.

Aprèsavoir bénéficié d’une paixsociale quasi totale depuis six ans àla têtedu gouvernementsocialiste,M. Zapatero est confronté depuismai à la colère des syndicats qui luireprochent d’avoir mené un virage«néolibéral ». « Dans notre base, il ya de la déception et de la colèrevis-à-vis de la gauche au pouvoir »,souligneCandido Mendez, lesecré-taire général de l’UGT, le secondsyndicat, pourtant proche dessocialistes.

Pour Joan Font, politologue spé-cialiste des mouvements sociauxau Conseil supérieur de recherchescientifique (CSIC), organismepublic, « les Espagnols n’ont pasapprécié les décisions du gouver-nement mais ils ne participerontpas nécessairement à la grèvegénérale. Certains parce qu’ils esti-ment que les sacrifices sont inévita-bles dans un contexte de criseaiguë. D’autres, car se priver d’unjour de salaire est un vrai problè-me, surtout quand tant defamilles ne dépendent plus qued’un seul revenu. »

Selon un sondage publié par lequotidien de gauche Público,12,5 % des sondés déclarent qu’ilsne participeront pas à la grèvepour des raisons économiques. Deplus, 72 % des personnes interro-gées pensent que même si la grèveest un succès, le gouvernement nereviendrait pas sur sa politique.

D’ailleurs, pour Ignacio Fernan-dez Toxo, le secrétaire général desCommissions ouvrières (CCOO), lepremier syndicat, « la grève a sur-tout un caractère préventif contredenouveauxajustements quiaffec-teraient le noyau dur du systèmede protection sociale ».

Les Espagnols sont tout demême 18 % à affirmer leur mobili-sation. De nombreux artistes sesont engagés à faire grève, tel lecinéaste Pablo Almodovar, enplein tournage de son dernier film.Plus surprenant encore, le conseildes laïcs de l’archevêché de Madrida invité les catholiques à se joindreàlagrèvegénérale«avecundistinc-tif de couleur blanche », pour nepas se sentir « manipulés ».

Malgré tout, « il n’y a pas d’am-biance ni d’enthousiasme de grèvegénérale », estime Fernan Bouza,professeur de sociologie, spécialis-te de l’opinion publique à l’univer-sité Complutense de Madrid.« Pour beaucoup, même si les rai-sons sont justes, ce n’est pas lemoment. Lorsque la crise atteintun certain point, en même tempsqu’ils accumulent de la colère, lesgens accumulent aussi de la peur :peur du chômage, du futur et aussi,pour certains, peur que la droiterevienne au pouvoir. »

Cette crainte est justifiée si l’onen croit le baromètre Demoscopia-Antena 3 publié le 24 septembre,qui donne l’avantage au Partipopulaire (PP, droite) avec 44,6 %des intentions de vote, contre seu-lement 31,1 % pour le Parti socialis-te (PSOE), certains de ses électeursse repliant sur les écolo-commu-nistes de la Gauche unie (Izquier-da unida, IU) qui progresseraientde 4 points, à 7,8 %.

M. Zapatero, qui vient de bou-cler un accord décisif avec le Partinationalistebasque (PNV) pourfai-re approuver le budget pour 2011en échange d’un nouveau trans-fert de compétences à la régionautonome du Pays basque (enmatière de politique pour l’em-ploi), et qui se prépare à des élec-tions régionales très difficiles enCatalogne le 28 novembre, saitqu’il risque de payer dans lesurnes une politique que la majori-té de la société désapprouve.

C’est sans doute pour cela que leprésident du gouvernement tentede retrouver la confiance des syn-dicats qui, de sa première électionen 2004 jusqu’au printemps,avaient soutenu sans faille unepolitique décidée en concertationavec eux. Après être parvenu ànégocier avec eux les servicesminimum qui seront assurés mer-credi (notamment la circulationde 20 % à 30 % des trains), M. Zapa-tero tente de les convaincre qu’ilsseraient associés à la prochaineréforme des retraites. p

Sandrine Morel

Europe

«Enmêmetempsqu’ilsaccumulentdelacolère, lesgensaccumulentaussidelapeur:peurduchômage,dufutur»

Fernan Bouzasociologue, université

Complutense de Madrid

Emploi,salaires,retraites: grèvegénérale enEspagneLes syndicats mobilisent contre le virage«néolibéral» du gouvernement Zapatero

Union européenne

Refontedupacte destabilité: Parisconteste lessanctions automatiquesBRUXELLES. La France et l’Allemagne se sont opposées, lundi 27 septem-bre, dans la soirée, sur l’idée de sanctions quasi automatiques dans lecadre de la refonte du pacte de stabilité et de croissance. « La France atoujours été favorable à une gouvernance économique solide et crédi-ble. De là à prévoir un caractère totalement automatique, un pouvoirqui serait exclusivement entre les mains des experts, non », a déclaréChristine Lagarde en marge d’une réunion des ministres des finances àBruxelles.La ministre française prend ainsi ses distances avec l’Allemagne, la Com-mission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) qui ont, aucontraire, fait pression, lundi 27 septembre, pour que les Européensmettent en place une série de sanctions quasi automatiques. La Com-mission doit faire des propositions en ce sens mercredi. Le président dela BCE, Jean-Claude Trichet, a exhorté les Etats membres à durcir la disci-pline budgétaire. Tout en souhaitant renforcer le rôle de la Commis-sion, il propose la création d’un « organe consultatif de sages » pourgarantir une vraie surveillance. p Philippe Ricard

70123Mercredi 29 septembre 2010

Page 8: Le Monde du 29 09

Le débat sur l’immigrationest très variable d’un payseuropéen à l’autre et sou-vent directement corrélé au

nombred’étrangers présents surleterritoire de chaque Etat.EnItalie, ledébatest assez sembla-ble à celui qui se tient en France. Ladernière loi sur la sécurité, entréeen vigueur en 2009, a suscité unefortemobilisation des associationset des milieux de gauche, mais celan’a pas empêché son vote.Au Royaume-Uni, l’immigrationfait débat, mais il concerne avanttout les migrations « européen-nes ». Le pays est en effet l’un desrares à avoir déjà appliqué la liber-téde séjourdes ressortissantscom-munautaires, qui permet auxcitoyens de huit des dix pays quiont rejoint l’Union européenne en2004 (Pologne, Hongrie, Letto-nie…) de s’installer dans un autrepays de l’Union.

Les Polonais, notamment, sontaccusésdeprendrel’emploidesBri-tanniques. Le pays en attendait130000, il en compte plus de 1 mil-lion. Plusieurs grèves ont eu lieu,début 2009, pour dénoncer lesagences qui fournissent des équi-pes de travailleurs européens (Ita-liens,Portugais,etc.) àdes entrepri-ses pour des missions courtes,assorties souvent de salaires fai-bles. Le premier ministre, DavidCameron, a fait en partie campa-gne sur ce thème en promettant defixer « un plafond» d’immigrés.En Autriche, les grands partis(chrétien-conservateur ÖVP et

social-démocrate SPÖ) réagissent àla pression continue de l’extrêmedroite, notamment du Parti de laliberté (FPÖ). L’hostilité se focalisesur les Turcs ou les Tchétchènes,auxquels on reproche leur refus des’intégrer, voire leur « islamisme ».LesSerbesorthodoxesetlesmusul-mans bosniaques sont mieuxacceptés.EnGrèce, dans un pays régi par unrigoureux droit du sang, le débats’enflamme chaque fois que denouveaux droits sont offerts auximmigrés. La dernière passe d’ar-mes a eu lieu à l’hiver 2009-2010autour d’une loi entrouvrant laporte aux naturalisations desétrangers. L’opposition conserva-trice a promis qu’elle abolirait cet-te réforme. Le nouveau petit partid’extrême droite LAOS en a profitépour engranger quelques voix.Comme le montrent les sondages,les Grecs sont parmi les cham-pionseuropéens delaxénophobie.Il y a un consensus contre l’immi-gration, perçue comme une mena-ce pour la sécurité et la cohésionnationale. En pratique, la main-d’œuvre albanaise, première com-munauté immigrée, semble toute-fois en bonne voie d’intégration.EnRépubliquetchèqueetenSlo-vaquie, il n’y a pas de débat, car ily a un consensus fort sur le refusde l’immigration. A gauche com-me à droite. Les faibles taux d’ac-cords d’asile le prouvent. En Répu-blique tchèque, on veut juste del’immigration « choisie ». Maisrares sont les migrants qualifiés àvouloir venir. La crise a étéaccueillie comme une aubainepar les responsables politiquespour stopper l’immigration demain-d’œuvre asiatique.

En Suisse, en 2006, plus des deuxtiers des électeurs ont accepté parvotation une nouvelle loi sur l’asi-le et une révision de la loi fédéralesur les étrangers. Ce dernier texte,entré en vigueur en 2008, portenotamment sur des « mesures decontrainte » pour l’expulsion desétrangers. De nombreux durcisse-ments en matière de traitementdes étrangers et de droit d’asile ontaussi été mis en place ces dernièresannées. Dénoncés par la gauche etles Verts, ils ont servi de modèlepour l’extrême droite européenne,dont le FPÖ autrichien.En Espagne, il y a très peu dedébat sur l’immigration. La crisemonopolise les conversations. Iln’y a pas non plus d’amalgameentre immigration et délinquan-ce. Néanmoins, avec la crise, destensions ont émergé autour dumanque d’emplois.Au Portugal, l’immigration n’estpas du tout un débat. Les Portugaisconsidèrent qu’ils font partie d’unpays d’immigrés, et le sujet quimobilise le plus l’opinion publi-que est l’économie.Au Danemark, le débat est pas-sionné.Mêmesi le nombred’étran-gers est faible, le Parti du peupledanois (extrême droite) a imposéson agenda dans le débat publicdepuis plus d’une décennie. Il est,depuis 2001, lesoutien indispensa-ble du gouvernement libéral-conservateur minoritaire. Sousson influence, le débat s’est durci,et même des partis de gauche prô-nent aujourd’hui une politiqued’immigration restrictive et unton de plus en plus autoritairevis-à-vis des musulmans.p

De nos correspondants

en Europe

Contre-enquêteFrance

C’est l’un des contre-argu-ments préférés du minis-tre de l’immigration, EricBesson, face aux critiquesrécurrentes qui l’assaillentsur sa politique migratoi-re : « Mais allez voir ce quefont nos voisins euro-

péens ! », lance-t-il en substance à sescontradicteurs. Une façon de sous-enten-dre que la France ne serait pas le mauvaisélève que les associations de défense desmigrants décrient tant. Alors qu’un nou-veau projet de loi sur l’immigration devaitêtre débattu, à partir du mardi 28septem-bre, à l’Assemblée nationale, Le Monde avoulu savoir ce qu’il en est, en s’appuyantsur son réseau de correspondants.

L’accueil des demandeurs d’asile Enchiffre absolu, la France est le pays d’Euro-pe qui accueille le plus de demandeursd’asile. En 2009, environ 27 000 person-nes ont déposé une première demande.Mais elle n’a accordé une protection qu’àenviron 20 % d’entre eux. Ce qui la placedans la fourchette basse par rapport auxautres pays. La Norvège, elle, a reçu envi-ron 15 000 nouvelles demandes en 2009,mais elle dépasse les 40 % d’accord de pro-tection.

La France souffre dans le même tempsd’un gros déficit de logements pour cesdemandeurs d’asile, qui se retrouventpour beaucoup à la rue. Les associationsqui les accompagnent tirent, depuis plu-sieurs mois, la sonnette d’alarme. Ailleursen Europe, l’hébergement des deman-deurs d’asile est très inégal. En Angleterre,ils sont gardés en rétention durant toutela durée d’examen de leur dossier.

Parfois, comme en Allemagne, en Fin-lande et aux Pays-Bas, ils sont totalementprisen charge.Maisà l’exceptionde l’Espa-gne, le nombre de places disponibles faitsouvent défaut. En Belgique, 900 person-nes sont actuellement sans toit.

L’hébergement est aussi parfois limitédans le temps, comme en Italie, où il estaccordépour seulementvingtjours. Ensui-te, le réfugié doit demander à être logéauprès des structures communales.

En France, comme dans de nombreuxEtats, les demandeurs d’asile ont égale-ment droit à une aide financière. Celle-cis’élève à environ 310 euros par mois. Elleest accordée à ceux qui n’ont pas de placedans les centres d’accueil. En Autriche,c’est 180 euros par mois, auxquels s’ajou-tent 80 euros par enfant. En Italie, c’est unforfait unique de 800 euros, en Républi-que tchèque, de 600. La Finlande est laplus généreuse : 300 euros par mois et lelogement.Le plus mauvais élève estla Grè-ce où aucune allocation n’existe.

Dans la plupart des pays – y compris laFrance – les demandeurs d’asile n’ont pasledroit de travailler. Seulela Norvège déro-ge à la règle après six mois de présence etla Suisse après trois mois.

L’accès aux soins Dans presque tous lespays européens, les demandeurs d’asilesont pris en charge pour leurs frais de san-té. Il y a parfois des restrictions, comme enSuède où les seuls soins d’urgence sontfinancés.EnFrance, lesdemandeursd’asileontdroitàlacouverturemaladieuniversel-le (CMU) durant toute la période d’examende leur dossier. Les mieux lotis sont lesdemandeurs d’asile en Autriche. Ils ontdroit au même niveau de prise en chargeque les Autrichiens. La Grèce est une nou-velle fois la plus en retard. Les demandeursd’asile ont accès aux soins, mais sans priseen charge financière.

Concernant les migrants en situation

irrégulière, il existe, globalement partouten Europe, un accès aux soins. Mais leursdroits sont plus restreints que ceux desdemandeurs d’asile. Dans plusieurs pays(Pays-Bas, Grèce), ils ne sont pris en chargeque pour les soins d’urgence. En Suède eten République tchèque, ils doivent payerleurs frais de santé. Au Danemark, ils n’ontaccès à rien. En France, s’ils ne dépassentpas un seuil de ressources, ils ont droit àl’aide médicale d’Etat (AME).

Les expulsions et la durée de rétentionLe nombre d’expulsions varie d’un pays àl’autre. La France fait partie des Etats quinotifient,chaqueannée, leplusgrandnom-bre d’obligations de quitter le territoire àdes migrants en situation irrégulière.Mais, dans les faits, seuls 20 % d’entre euxsont réellement expulsés. C’est en partie lerésultat d’une administration désorgani-sée. La conséquence aussi d’un droit relati-vement protecteur pour les migrants. EnAllemagne et au Royaume-Uni, les taux dereconduite à la frontière excèdent 80 %.

Concernant la durée de rétention (l’en-fermement des migrants en instance d’ex-pulsion), la France est la mieux placée enEurope : avec trente-deux jours, sa duréemaximale de privation de liberté est laplus courte. Au Danemark, au Royaume-Uni, en Belgique ou en Finlande, la duréede rétention est illimitée.

Déboutés du droit d’asile, mineurs iso-lés: une certaine harmonisation Dansl’ensemble des pays européens, lesmigrants déboutés du droit d’asile consti-tuent des drames humains auxquels lesEtatsmembresn’ontsouventpasderépon-se. C’est le cas de la France, qui compte cha-que année son bataillon de déboutés. Cer-tains sont expulsés mais d’autres devien-nent des clandestins. Les législations ayantétéharmonisées,presqueaucunpaysn’ex-pulse les enfants mineurs isolés, sauf s’ilest démontré que des membres de leurfamille résidant dans leur pays d’originesont prêts à les accueillir. L’Autriche a ainsirenvoyé 181 mineurs en 2008.

Depuis 2003, un système décrié,«Dublin II », a aussi été mis en place pourlimiter les demandes d’asile multiples. Ilprévoit le renvoi du migrant dans le pre-mier pays qu’il a traversé. Or, aujourd’hui,face à une Grèce devenue porte d’entrée del’Union et qui n’accorde l’asile qu’à 3% desdemandeurs, la plupart des pays ont déci-dé de suspendre les retours vers ce pays.

Scolarisation et possibilités de recours:des standards européens Les enfantsmineursdemigrantsensituationirréguliè-re ou demandeurs d’asile peuvent être sco-larisés dans tous les pays. Que ce soit lors-qu’ilssontdéboutésdeleurdemanded’asi-le ou lors de la phase d’expulsion, lesmigrants ont également partout des possi-bilités de recours. Mais en Autriche et enAngleterre,ceux-ci sont non suspensifs. EnGrèce,toujoursdernière,ilssontaussipres-que systématiquement rejetés.

Roms Quels que soient les pays, les Romssont soumis aux mêmes limitations deséjour qu’en France, conformément à lalégislation en vigueur concernant les res-sortissants communautaires. En Allema-gne, en Suède, en Belgique et au Dane-mark,ces dernièresannées, des expulsionscollectives ont aussi eu lieu. En Grèce, ilexiste de nombreux camps régulièrementrasés. Mais les Roms ne sont pas expulséspour autant. Même chose en Espagne et enAutriche. p

Elise Vincent, avec

nos correspondants européens

Entrerejet catégoriqueetlaisser-faire,l’intensitédudébat varieausein del’Union

Décodage

K Immigration: laFranceest-ellevraiment laplussévère?K Accèsauxsoins,asile,expulsions:sapolitiqueest-elleplusstrictequ’ailleursenEurope?K Commentréagissent lesopinionspubliques?

Europe

Le 1er mars dansles rues de Paris,rassemblementpour la «Journéesans immigrés:24heures sansnous». VINCENT

NGUYEN/RIVA PRESS

8 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 9: Le Monde du 29 09

Quand on regarde la durée de rétention,le nombre d’expulsions par an ou l’ac-cueil des demandeurs d’asile, considé-rez-vous que la France est un bon ou unmauvais élève de l’Europe?

LaFranceestglobalement parmi lespre-miers pays d’accueil pour les demandeursd’asile. La durée de rétention y est aussi laplus courte d’Europe. Le nombre desexpulsions n’est pas non plus très élevé.Mais en fait, ce n’est pas le plus important.Il y a des tas de lobbies qui défendent lesdroits particuliers des migrants et qui enfont des combats essentiels. Mais ils ontsouvent des propositions peu réalistes surla libre circulation.

Les vrais problèmes, au niveau euro-péen, ce sont le vieillissement démogra-phique, les besoins en main-d’œuvre, lechômage, ou encore la question de l’élar-gissement. A partir du 1er mai 2011, les huitpays qui sont entrés dans l’Union euro-

péenne en 2004 (République tchèque, Slo-vaquie, Slovénie, Pologne, Hongrie, Letto-nie, Lituanie et Estonie) vont avoir la liber-té d’installation dans l’ensemble de l’UE(en plus de Chypre et de Malte quil’avaientdès leur entrée) et non plusseule-ment la seule liberté de circulation. Celaconstitue un vrai changement.

Bien sûr, on fait l’hypothèse que lesgens ne viendront pas parce qu’il n’y pasde travail à cause de la crise. Mais on peutse tromper. Dans les pays qui appliquentdéjà cette ouverture (le Royaume-Uni, parexemple), se pose la question de savoir cequ’on doit faire en matière de droit du tra-vail. Il importe, par exemple, d’inspecterplus scrupuleusement les conditions detravail et les rémunérations pour éviter ledumping salarial.En matière d’accès aux droits, auxsoins, ou à l’Etat-providence, que pen-sez-vous, justement, de la politiquefrançaise?

La France a fait beaucoup de progrèsces dernières années. Avant, on s’occupaitdes immigrés et de leur intégration bienaprès leur arrivée et à travers des disposi-

tifsquine leur étaient pasforcément réser-vés. Depuis quelques années, la France amis en place une politique spécifique : ondélivreplus d’informationsàceux qui arri-vent, on met l’accent sur la langue françai-se, etc. Mais dans le même temps, la préca-rité de l’immigré primo-arrivant persiste,surtout dans un contexte économiquemorose.

Et c’est là la différence avec les pays quifont de la sélection (Canada, Australie).Ces Etats offrent aux primo-arrivants descartes de résident permanent immédiate-ment.

Comparée à d’autres pays d’Europe, laFrance n’a cependant pas à avoir honte. Ilpeut y avoir, par moments, des dérapa-ges, mais globalement, le système actueln’est pas le fruit du seul gouvernementen place.La politique française, comme ailleursen Europe, est toutefois de plus en pluscoercitive. Derrière, il y a de plus enplus l’idée que l’Etat-providence n’estpas compatible avec une immigrationmal contrôlée. Qu’en pensez-vous?

Je ne pense pas que les immigrés soient

des consommateurs avides de protectionsociale. En tout cas, pas dans les premièresannées de leur arrivée. Au début, ils veu-lent gagner plus d’argent, pouvoir offrir àleurs enfants des perspectives économi-ques et sociales plus roses que celles qu’ilsont connues. La théorie de « l’aimant »(welfare magnet) ne correspond pas à laréalité. Le problème, c’est que l’immigra-tion a un coût. Mais ce coût était aupara-vant occulté, tant les avantages tirés del’immigration (travailleurs mobiles, flexi-bles, en bonne santé) étaient importants.Aujourd’hui, nous sommes dans unesituation où l’on est obligé de prendre encompte les questions de santé, d’éduca-tion, de logement, de la famille, et donc lecoût social de la migration est plus élevé.Mais en même temps, il faut adapter cettevision des choses aux objectifs que l’on sefixe pour l’avenir car on ne pourra pas sepasser des immigrés.

Beaucoup de pays rêvent d’une migra-tioncirculaire, mais ceconcept est engran-de partie un mythe. Ce n’est pas possible.Même en termes économiques, quand il ya des besoins structurels, une entreprise

ne peut pas s’amuser à changer de person-nel tous les ans pour faire plaisir auxtenants de la migration circulaire.Les Etats ont-ils raison de vouloir se«protéger» d’une immigration irrégu-lière non qualifiée et donc de «fermer»partiellement les frontières?

Quand vous avez des millions de chô-meurs chez vous et que, parmi eux, il y ades immigrés et leurs enfants, la logique,c’est effectivement de voir commentremettre sur le marché du travail des gensqui sont déjà là. Ce n’est pas absurde. C’estun ajustement qui donne la priorité àl’état du marché du travail et à la réservede main-d’œuvre disponible.

Toutefois, si on adopte une politique derepli, celle-ci ne peut se justifier que si lepays d’accueil prend des mesures radica-les pour mobiliser ces réserves. Sinon, oncréeune situation où l’employeur ne trou-ve pas de main-d’œuvre. Et si la migrationde travail est fermée, il aura alors recours àde la main-d’œuvre étrangère en situa-tion irrégulière.p

Propos recueillis par

E. V.

Contre-enquêteFrance

«Comparéeà d’autrespays, laFrance n’a pas à avoirhonte»Jean-Pierre Garson, chef de la division des migrations internationales à l’OCDE

Entretien

F INLANDE

FRANCE

ALLEMAGNE POLOGNE

ROYAUME-UNI

PORTUGAL

SUISSE

PAYS-BAS

BELGIQUE R. TCHÈQUESLOVAQUIE

SUÈDENORVÈGE

DANEMARK

ROUMANIE

ITAL IE

GRÈCE

MAC.MAC.

ESPAGNE

AUTRICHE

JOR

L IBAN

ISRAEL

TURQUIE

MAROC

F INLANDE

FRANCE

ALLEMAGNEPOLOGNE

ROYAUME-UNI

PORTUGAL

SUISSE

PAYS-BAS

BELGIQUE R. TCHÈQUE

SLOVAQUIE

NORVÈGESUÈDE

DANEMARK

ROUMANIE*

ITAL IE

GRÈCE

ESPAGNE

AUTRICHE

100 000

50 000

1 000

80 à 100 %

60 à 80 %

40 à 60 %

20 à 40 %

0 à 20 %

donnéesnon communiquées

?

?

?

?

41 à 50 %

31 à 40 %

21 à 30 %

11 à 20 %

0 à 10 %

EXPULSIONS EFFECTIVESEN 2009

ÉTRANGERS EN SITUATION IRRÉGULIÈRE,NOTIFICATIONS D’EXPULSION EN 2009

30 000

15 000

5 000

Inférieurà 1 000

DEMANDES D’ASILE EN 2009 DEMANDES DE PROTECTIONACCORDÉE(TOUS TYPES) EN 2009

*sur 3 ans

5 à 7 mois

6 mois. Parfois 8 jours

8 mois30 jours, en pratique 15 à 24 mois

n.c.6 mois

1 à 9 mois

6 mois, en pratique 18 mois1 jour à 5 ans

9 mois à des années

3 à 8 mois

n.c.

4 mois et demi

24 mois à plusieurs années

7 mois et demi

6 mois mais beaucoup de retard

9 mois à 1 an

4 à 15 mois 24 à 36 mois

Allemagne

Autriche

Belgique

Danemark

Durée d'examen de la demande d'asile

Espagne

France

Grèce

Finlande

Italie Norvège

Pays-Bas Pologne

Roumanie

Portugal

R. tchèqueRoy.-Uni

Slovaquie

Suède

Suisse

R. tchèque

Belgique

Slovaquie

France

Durée de rétention maximale

Suède

Allemagne

Roy.-Uni

Autriche

Italie

Portugal

Espagne

Roumanie

Danemark

Grèce

Finlande

Pologne

Norvège

Pays-Bas

Suisse

1 mois (32 jours)

2 mois

2 mois

6 mois

6 mois

6 mois

Illimitée

Illimitée

Illimitée

Illimitée

n.c.

n.c.

8 mois Illimitée

10 mois

12 mois

18 mois

18 mois

24 mois

a a a a

Droit d’asile, expulsions : de fortes disparités en Europe

SOURCES : CORRESPONDANTS DU MONDE ET EUROSTATINFOGRAP

HIE LE MONDE

90123Mercredi 29 septembre 2010

Page 10: Le Monde du 29 09

aaaSuite de la première page

Certes l’objectif d’évolution desdépenses pour 2011 n’a jamais étéaussi bas. Il a été fixé par NicolasSarkozy à 2,9% en 2011 après 3 % en2010, soit une économie de 2,5 mil-liards d’euros. Ces dernièresannées, l’évolution s’affichaitentre 3 % et 4 %.

En réalité, souligne l’économis-te Claude Le Pen (Paris-Dauphine)on jouesurles mots: « Toutle mon-de parle de plan d’économies, or il

s’agit d’un plan de dépenses car cesontau final5milliardssupplémen-taires par rapport à 2010 qui serontconsacrés à la santé.»

Le plan du gouvernement restede facture très classique. Pourapparaître moins douloureux, lesefforts de maîtrise de la dépenseseront saupoudrés entre les diffé-rentsacteurs: professionnels, labo-ratoires,et…assuréssociaux.Auris-que de voir les complémentaires

de nouveau augmenter leurstarifs. Elles ont déjà prévenu qu’el-les ne supporteraient pas seules lecoût du plan.

Nombreux sont ceux qui consi-dèrent que pour sauver le systè-me, une hausse de prélèvementsétait pourtant inéluctable. La Cais-se nationale d’assurance-maladie(CNAM), en juillet, avait préciséquemême en serrant les dépenses,sans recettes supplémentaires, leretour à l’équilibre ne saurait êtreenvisagé.

Pour sortir le système de la déri-veactuelle, d’autressolutions exis-tent, mais il faudra du temps pourles mettre en place car elles fontappel à des changements d’habitu-des. La CNAM pointe de fortes dis-paritésdedépensesselonlesdépar-tements, et de plus en plus de voixs’élèvent, par exemple la Fédéra-tion hospitalière de France pourque soit engagée une chasse auxactes de soins inutiles, notam-ment chirurgicaux.

Ce qui est proposé cette annéeest en fait « presque un constatd’impuissance », estime le députéUMP Yves Bur (Bas-Rhin), l’un desrapporteurs du projet de loi definancement de la Sécurité socia-le: « L’objectif d’équilibre budgétai-re s’est éloigné, nous n’avons pastrouvé de nouvelles recettes et legouvernement tient encore comp-te des clientélismes nombreux

dans le monde de la santé ». Selonlui, la création des agences régio-nales de santé est un élément fon-damental pour organiser l’offrede soins et réduire les dépenses,mais cela sera lent. Et si un recourstrop fréquent aux services hospi-taliers est constaté, rien ne per-met pour l’instant concrètementde le réduire.

« On a le sentiment d’une politi-que qui consiste à mettre pour l’es-sentiel la poussière sous le tapis,tout en continuant à demanderaux assurés de contribuer », juge ladéputée socialiste d’Indre-et-Loi-re Marisol Touraine, chargée de la

solidarité et de protection socialeau sein du parti. « La droite a déve-loppé un discours de rationalisa-tion qui consiste à responsabiliserles assurés sociaux, mais cela n’aaujourd’hui aucun impact d’unpoint de vue structurel », ajou-te-t-elle.

En fait, « le système change sansque cela soit clairement dit : il passepeuà peudel’assuranceàl’assistan-ce, en se spécialisant de plus en plusdans les gros risques comme le can-cer », analyse pour sa part ClaudeLe Pen. L’économiste y voit là uneapproche gestionnaire, poursuiviepar de hauts fonctionnaires, mais

pas un projet politique. Au fil desannéesémerge, de façonsouterrai-ne, sans que le débat public soitposé, un nouveau système laissantune place grandissante aux com-plémentaires de santé.

Cela comporte un risque d’iné-galités croissantes, puisque tout lemonde n’est pas couvert, ou l’estplus ou moins bien selon lecontrat choisi.

En résumé, les frais sont désor-mais pris en charge à 100 % si l’onestpauvreet malade,mais à50 % sil’on est jeune et bien portant. « Aubout d’un moment, l’assurance-maladie nesera plus crédible sitropdegens sont mal remboursés », pré-vient Christian Saout, président deCiss (collectif interassociatif sur lasanté) qui représente les usagers.Cependant, aucune réforme de lasanté n’est en vue.

Le gouvernement veut mener àtermecelledesretraites,puis s’atte-ler à celle de la dépendance. S’atta-queràlasantéestbienplus compli-qué, car les dépenses sont liées auxcomportements individuels desassurés et des professionnels de lasanté, et car une multitude d’ac-teurs rentre en jeu.

Les Français seraient-ild’ailleurs prêts à la réforme ?Selon la deuxième édition de l’Ob-servatoire sociétal de la santé etde la qualité des soins, réaliséepar Générale de santé avec Ipsos,

à paraître jeudi 30 septembre,55 % estiment que le déficit est unproblème grave, qu’il faut réglerd’urgence ; 41 % en revanchejugent qu’il s’agit d’un sujetimportant, mais que l’on a tendan-ce à exagérer.

Pour Brice Teinturier, directeurgénéral délégué d’Ipsos France, lesFrançais « ne veulent pas de boule-versement trop fort parce qu’ilsanticipent qu’il y aura de grosefforts à faire».

En 2007, le thème de la santéavait été absent de la campagneprésidentielle. L’ampleur du défi-cit de l’assurance-maladie devraitle rendre inévitable pour 2012.

Cependant, « il ne suffit pas quela préoccupation soit forte pourque le sujet devienne un thème decontroverse que l’élection puisseêtre amenée à trancher », prévientBrice Teinturier. Il faut aussi qu’unclivagefortapparaisseentre lagau-che et la droite, ce qui n’est pas lecas aujourd’hui. p

Laetitia Clavreul

«On a lesentimentd’unepolitique quiconsisteàmettre pourl’essentiel lapoussièresousle tapis »

Marisol Tourainedéputée PS d’Indre-et-Loire

en milliards d’euros

SOURCE : GOUVERNEMENT

DÉFICIT DE LA BRANCHE ASSURANCE-MALADIE

en euros, par personne couverteCotisationsRemboursements

SOURCE : UFC-QUE CHOISIR, D’APRÈS DREES, ACAM

MUTUELLES : L’ÉCART SE CREUSE ENTRE LES COTISATIONSET LES REMBOURSEMENTSen milliards d’euros

SOURCE : GOUVERNEMENT

DÉFICIT DU RÉGIME GÉNÉRALDE LA SÉCURITÉ SOCIALE

Remboursements : +27 %

Cotisations : +44 %

- 2,4

- 11,5- 13,2

- 11,6- 8,7 - 9,5 - 10,2

- 20,3- 23,1

- 0,7- 1,6 - 2,1

- 6,1

- 11,1- 11,6

- 8

- 5,9- 4,6 - 4,4

- 10,6- 11,4

- 11.6

1998 99 2000 01 02 03 04 05 06 07

prévisionsprévisions

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 08 09 10 2011

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Des déficits toujours très élevés

339

382 401 427463 490

525 547 551

350 366 388 391 399 426 431

— 21,4

Lesystème de santéenglué dansles déficitsLe trou de l’assurance maladie atteindra 11,6 milliards d’euros en 2011, selon les prévisions du gouvernement

L’UFC-QueChoisir dénoncelespratiques des mutuelles

France

«L’assurance-maladieneseraplus crédiblesitrop degens sontmalremboursés »

Christian Saoutprésident de CISS

A quelle hauteur les Françaissont-ils remboursés pour leurssoins par l’assurance-maladie?Selon les comptes nationaux dela santé, publiés jeudi 16septem-bre, à 75,5% en 2009, soitautant qu’en 2008.Cependant, il s’agit d’un pour-centage global, qui ne reflètepas forcément la perception desassurés sociaux. En effet, si laprise en charge par la Sécuritésociale reste à peu près stableces dernières années, la crois-sance des dépenses pour affec-tions de longue durée (ALD)(cancer, diabète…) rembourséesà 100% est plus dynamique que

les autres, il faut en déduire quele reste est de moins en moinspris en charge. Selon l’économis-te de la santé Didier Tabuteau,qui réclame aux pouvoirspublics un effort de transparen-ce, les soins courants (hors hôpi-tal et hors ALD), ne sont pluspris en charge qu’à hauteur de50% à 55%.Les comptes de la santé 2009ne répondent pas à cette inter-pellation, mais ils indiquentpour les soins de ville (ALD com-prises) et les médicaments, untaux de remboursement s’éle-vant à 65%. Soit déjà bien endessous des 75%.

Les médicamentsà vignettebleuemoins remboursés

LE COÛT de la santé préoccupe deplus en plus les Français et l’asso-ciation de consommateurs UFC-Que Choisir a profité de la présen-tation du projet de loi de finance-ment de la Sécurité sociale 2011,mardi 28 septembre, pour pous-ser un cri d’alarme.

Face à la perspective d’un ris-que de renchérissement des tarifsdes complémentaires, du fait denouvelles mesures de désengage-ment de l’assurance-maladie, elleestime que le reste à charge desménages risque de devenir bien-tôt « insupportable ».

Sur la base de chiffres officielsconcernant les dépenses de santéentre2001 et 2008, et plus précisé-ment les frais de cotisation à unorganisme complémentaire(mutuelles, instituts de prévoyan-ce, assurances privées), elle dresseun «constat sans appel» de la déri-ve du système: quand une person-ne consacrait 407 euros pour sesoigner en 2001, elle débourse618 euros sept ans plus tard. Uneinflation liée d’abord aux complé-mentaires, explique UFC, qui rap-pelle en outre que les renonce-ments aux soins ont augmenté de20% de 2004 à 2008.

L’association constate qu’ensept ans, les prestations de rem-boursement des complémentairesont bondi de 27%, alors que les pri-mes acquittées ont bondi de 44%.«On ne s’attendait pas à un teldécalage» explique Alain Bazot, le

président d’UFC-Que choisir.Multiplicité des tarifs, variété

des descriptions (en pourcentage,au forfait, etc.), l’illisibilité de l’of-fre est dénoncée. Conséquence decette trop grande complexité, « lesconsommateurs s’orientent de plusen plus vers les complémentairesqui remboursent le moins», consta-te M.Bazot. Actuellement, lesmutuelles perdent des parts demarché sur les assureurs privés.

«Constat sans appel»Si l’association reconnaît que la

profession a engagé une réflexionpour faciliter la tâche du consom-mateur, elle estime que la bonnevolonté ne suffira pas. Elle récla-me de pouvoir comparer lesoffres grâce à la mise en place« d’indices de redistribution plusparlants». Avec pour but d’obte-nir ainsi des tarifs moins élevés.

Dénonçant l’inégal accès à unecomplémentaire, l’étude pointe ladisparité des tarifs, qui dépen-dent de la catégorie socioprofes-sionnelle, du type de contrat, de lasituation géographique, mais sur-tout de l’âge. La part du revenuconsacrée à une complémentaireest multipliée par trois en moyen-ne lors du passage à la retraite.

La conséquence est évidente :les mesures d’économies décidéespar le gouvernement n’ont pas lemême impact d’un consomma-teur à l’autre. p

L. Cl.

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale

Des soins courants de moins en moins pris en charge

DÉFICIT record oblige, c’est encoreà un exercice périlleux qu’ont dûse livrer les ministères de la santéet du budget pour préparer le pro-jet de loi de financement de laSécurité sociale (PLFSS), présentémardi 28 septembre. Le déficit durégime général de la « Sécu » quiregroupe les branches assurance-maladie, vieillesse famille, acci-dents du travail des salariés (horsagriculteurs) devrait s’afficher à23,1 milliards d’euros en 2010 et21,4 milliards en 2011.Pasde hausse du ticket modéra-teur pour les soins de ville Pourgarantir la stabilité du déficit del’Assurance-maladie, que le gou-vernement estime à 11,4 milliardsd’euros en 2010, puis 11,6milliardsen 2011, les Français seront appelésà faire des efforts. Mais le gouver-nement a fait un geste en renon-çant à une mesure phare, la haussedu ticket modérateur, et qui avaitsuscité une levée de boucliers. Aufinal, le ticket modérateur – le for-fait laissé à la charge du patient –pour les consultations chez lesmédecins, infirmières ou kinési-thérapeutes ne sera pas augmen-té. Le taux de remboursementdevait passer de 70% à 69,5 %.

Mais pour le système informa-tique des caisses primaires d’assu-rance-maladie, la mesure était dif-ficile à mettre en place. Certainsobservateurs pointaient aussi unrisque politique élevé pour uneéconomie plutôt faible : la mesuredevait permettre de « gagner»200millions d’euros sur un plande quelque 2,5milliards d’écono-

mie, et sur un total de dépensesde santé qui devrait dépasser les165 milliards !Réduction du taux de rembour-sement de médicaments Le gou-vernement a en revanche décidéde réduire le taux de rembourse-ment des médicaments à vignettebleue. Ces produits à service médi-cal rendu modéré, comme leSmecta ou le Spasfon, seront prisen charge à 30 %, contre 35 %aujourd’hui. Une économie de165 millions d’euros est prévue. Acela devraient s’ajouter 95 mil-lions d’euros venant du relève-ment du seuil du ticket modéra-teur à l’hôpital. Jusqu’à présent,l’assuré payait 20% des frais endessous de 91 euros, et un forfaitde 18 euros au-delà. Désormais, cen’est qu’à partir de 120 euros quele forfait s’appliquera.

Quelques mesures sont pré-vues pour réduire la prise en char-ge des affections de longue duréenotamment pour les diabétiques.Un point fortement critiqué.Un effort du secteur de la santéLes professionnels de la santé etl’industrie pharmaceutiquedevront participer à la baisse desdépenses. Les médecins vontdevoir réduire leurs prescriptionsde médicaments et d’actes para-médicaux. L’assurance-maladie adéjà ouvert la voie en mettant enplace des contrats d’améliorationdes pratiques individuelles(CAPI), qui offrent un complé-ment de revenu à ceux respectantune liste de « bonnes pratiques ».Un tiers des médecins généralis-

tes se sont pour l’heure engagés.Les radiologues et les biologis-

tes verront leurs tarifs de consulta-tion remboursés par l’assurance-maladie réduits, ce qui rapportera200millions d’euros. Les hôpi-taux verront eux aussi leurs tarifsbaisser, et devront également maî-triser leurs prescriptions de médi-caments coûteux.

Les baisses du prix de certainsmédicaments et la limitation desvolumes vendus par les laboratoi-res devraient aussi permettred’économiser 625millions.L’emploi et les taxes au secoursdu régime général La Commis-sion des comptes de la Sécuritésociale estimait, en juin, le soldecumulé des caisses nationalesd’assurance-maladie (CNAM), d’as-surance-vieillesse (CNAV), d’allo-cations familiales (CNAF) et de labranche des accidents du travailet des maladies professionnelles(AT-MP) à – 26,8 milliards d’euros.La tenue, meilleure que prévu, del’emploi (+ 2 % de progression dela masse salariale au lieu des 0,3 %envisagés) permet de ramener cedéficit à 23,1milliards. En 2011, lapoursuite de cette évolution favo-rable sur le front de l’emploi(+2,9 % pour la masse salariale),les économies sur les dépenses etles recettes nouvelles – 70 % del’effort de réduction des nichesiront à la «Sécu » – devraient per-mettre de ramener le déficit à21,4milliards. Soit –11,6 milliardspour la CNAM, – 6,9 milliardspour la CNAV, – 3 pour la CNAF et0,1 pour la branche AT-MP.

3,5milliards d’euros pour finan-cer la dette sociale Plutôt qued’augmenter la contribution auremboursement de la dette socia-le (CRDS) pour financer une partiede la dette sociale, le gouverne-ment a décidé de taxer davantageles assurances et les mutuelles ain-si que les ménages. A partir de2011, les complémentaires paie-ront la taxe spéciale sur lesconventions d’assurance (TSCA)sur les contrats de santé « solidai-res et responsables ». L’augmenta-tion de la CSG sur les contrats d’as-surance-vie multisupport rappor-tera 1,6 milliard et la taxation dela réserve de capitalisation desassurances 850 millions.2,2milliards de recettes supplé-mentaires pour les retraites3,7 milliards de recettes supplé-mentaires iront aux retraites en2011 : la mise à contribution deshauts revenus et des revenus ducapital rapportera 1,5 milliard. Les2,2milliards restants seront préle-vés sur les entreprises (annualisa-tion des allégements généraux decharges sociales, 200millions surles retraites-chapeaux et les stock-options).Hausse des cotisations d’acci-dentdutravailLes entreprisesver-ront leurs cotisations AT-MP aug-menter de 0, 1 point (rendement :400millions). Elles devront aussifaire face à la hausse de 4 % à 6 %du forfait social (350 millions) surl’intéressement et la participa-tion. p

Laetitia Clavreul

et Claire Guélaud

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Page 11: Le Monde du 29 09

110123Mercredi 29 septembre 2010

C ’est sans précédent. Dans untexte cosigné par Jean-MarcAyrault (PS), Yves Cochet

(Verts), Roland Muzeau (PCF),Gérard Charasse (PRG) et MartineBillard (PG), l’ensemble des dépu-tés de l’opposition demande ladémission du président de l’As-semblée nationale, BernardAccoyer. « Parce que M.Accoyer n’apas su, pas pu ou pas voulu (...) pro-téger une institution dont il est legarant, il n’est plus digne à nosyeux de présider notre Assemblée»,écrivent-ils.

Le débat sur la réforme desretraites aura été le catalyseurd’un climat qui n’a cessé de sedégrader, depuis deux ans, auPalais-Bourbon. Mercredi 15 sep-tembre, au terme d’une nuit enséance ininterrompue, l’opposi-tion, ayant épuisé son temps deparole – le « temps législatif pro-grammé » – dans la discussion duprojet de loi, avait utilisé le droit,inscrit dans le règlement de l’As-semblée nationale, aux explica-tions de vote personnelles (article49-13). Pas moins de 166 orateurss’étaient ainsi inscrits, pour unedurée pouvant aller pour chacunjusqu’à cinq minutes.

Alors que le vingt-troisièmeorateur, Laurent Fabius, venaitd’achever son intervention,M.Accoyer, estimant que ces expli-cations individuelles consti-tuaient « une application détour-née » du règlement et qu’« ellesn’ont d’autre objet que de retarderla fin des débats », décidait d’y met-tre un terme. « Je ne laisserai pas, àtravers de petites manœuvres,l’obstruction se réinstaller », pro-clamait-il, avant de lever la séan-ce. Le texte sera finalement votédans l’après-midi, dans une atmo-sphère de grande tension.

« Cette décision, je l’ai prise enmon âme et conscience, assumeM. Accoyer, dans Le Monde daté19-20 septembre. Il était de mondevoir de ne pas permettre le

retour de l’obstruction à l’Assem-blée nationale. » « L’honneur duprésident de l’Assemblée nationaleaurait dû être de faire respecter leParlement plutôt que d’imposerl’arbitraire », répondent les dépu-tés de l’opposition, dénonçant« un coup de force ».

Au-delà de la querelle d’inter-prétation du règlement procédantde la révision constitutionnelle dejuillet 2008, qui était censée reva-loriser le Parlement, cet épisodeest symptomatique des relationsde plus en plus tendues entre lamajorité et l’oppositionparlemen-taires. Et de l’impuissance deM. Accoyer à préserver un fonc-tionnement de l’institution accep-té – et acceptable – par tous.

Pris en tenaille entre un exécu-tif qui presse à l’adoption des tex-tes législatifs dans les délais lesplus resserrés – en recourant laplupart du temps à la procédureaccélérée avec une seule lecturede chaque chambre – et un groupe

UMP dominateur, le président del’Assembléenationale n’a pas réus-si à asseoir sa légitimité. Conscien-cieusement, le président du grou-pe UMP, Jean-François Copé, s’estingénié à saper son autorité.Depuis l’adoption de la procédurelégislative mise en place après la

révision constitutionnelle, s’estinstallée une lecture excessive-ment restrictive pour les droits del’opposition des nouvelles disposi-tions réglementaires.

« On est dans l’invention perma-nente de règles inexistantes, déplo-rent les responsables du groupesocialiste. Nous souhaitons qu’il y

ait une instance de régulation quipermette d’établir des règles clai-res. Cela devrait logiquement êtrela conférence des présidents mais,avec un Copé qui considère que laseule loi qui vaille c’est la loi du plusfort, il n’y a pas moyen de fonction-ner normalement. » L’opposition adécidé de suspendre sa présenceen conférence des présidents, quiorganise chaque semaine les tra-vaux de l’Assemblée.

La demande de démission duprésident de l’Assemblée nationa-le n’en reste pas moins une démar-che exceptionnelle. Celui-ci, élupar la majorité en début de législa-ture, ne peut être destitué et il n’aaucunement l’intention de rendreson tablier. Seule une éventuellenomination au gouvernementpourrait précipiter son départ.L’hypothèse apparaît désormaisfort compromise, tant elle sonne-rait comme une « exfiltration » enforme de désaveu de M. Accoyer. p

Patrick Roger

L e congrès annuel de l’Unionsociale pour l’habitat (USH),qui fédère l’ensemble des

organismes HLM, doit s’ouvrirmardi 28 septembre, à Strasbourg,dans un contexte de crise avec legouvernement.

« Hold-up », « ponction scanda-leuse »…, le mouvement HLM nedécolère pas depuis l’annonce, le6 juillet, par François Baroin,ministre du budget, de l’instaura-tion d’une taxe de 340 millionsd’euros. Ce nouveau prélèvement,inscrit au projet de loi de finances2011, va se faire grâce à la suppres-sion pour les HLM de l’exonéra-tion de la contribution sur les reve-nus locatifs (CRL).

Aujourd’hui, seuls les entrepri-ses ou les institutionnels, proprié-taires de logements construitsdepuis quinze ans au moins sontassujettis à cette taxe sur lesloyers. Depuis le 1er janvier 2006,les bailleurs privés ne la paientplus. Les HLM, eux, en avaient tou-jours été dispensés.

Pour le président de l’USH,Thierry Repentin, également séna-teur (PS) de la Savoie, « cette ponc-tion, qui représente plus de 2 % desloyers collectés en 2010, s’ajoute àla diminution régulière des aides àla pierre et annonce le désengage-ment total de l’Etat du logementsocial ». En 2010, les aides à la pier-re (les subventions aux organis-mes HLM pour le financement dela construction de logementssociaux) se sont élevées à 630 mil-

lions d’euros, dont 150 au titre duplan de relance. Dans le budget2011, le gouvernement prévoit500 millions d’euros. Une fois les340 millions déduits, l’Etat neconsacrerait en dépenses réellesque 160 millions d’euros aux HLM.

«Dans le circuit»A grand renfort de chiffres, le

secrétaired’Etatau logement rétor-que que les aides à la pierre nereprésentent qu’une petite partiede l’effort de l’Etat. « 4 milliardsd’euros d’avantages fiscaux et5milliards en APL [aide personnali-sée au logement] sont versés cha-queannée enfaveur des HLM », pré-cise-t-il. Pour Benoist Apparu, les340 millions ne peuvent pas êtreassimilés à une nouvelle taxe :« Cet argent ne revient pas au bud-get de l’Etat. Il va alimenter un fondde solidarité entre les organismesHLM et servira à hauteur de260 millions à financer l’Agence

nationalepour la rénovationurbai-ne [ANRU]. Tout l’argent reste doncdans le circuit du logement social. »

Pourl’USH,la mesure gouverne-mentalesera lourde deconséquen-ces. « 340 millions, ce sont 20 000logements neufs par an que nousne pourrons plus financer sur les100 000 prévus », estime PierreQuercy, son délégué général. Selonses calculs, ce prélèvement auraaussi une incidence directe sur lesloyers, environ 80 euros supplé-mentaires par logement et par an.Pour couper court à cette inflation,le secrétaire d’Etat a réaffirmé,samedi25 septembre, vouloir limi-ter en 2011 la hausse des loyersHLM à l’augmentation de l’indicede référence des loyers (IRL). Jus-qu’à présent, il transmettait unesimple recommandation.

Cette nouvelle donne va obligerles bailleurs sociaux à puiser dansleurs fonds propres et à trouver denouvelles sources de finance-

ment.Pour Benoist Apparu, laven-te aux locataires de logement estunedes voies possibles. Les profes-sionnels sont plus sceptiques. En2007, une convention entre lespouvoirs publics et l’USH pré-voyait la mise en vente chaqueannée de 40 000 logements. Troisans après, ces ventes n’atteignenttoujours pasles 5000 unités. « Cet-te source de financement ne sau-rait être la solution pérenne pourcompenser le désengagement del’Etat », estime Stéphane Peu,adjoint PC au maire de Saint-Denis(93) et président de l’office publicPlaine Commune Habitat. L’élu,ainsi que tous les présidents degauche d’office HLM de Seine-Saint-Denis, appellent à une mobi-lisation générale, y compris deslocataires contre le projet gouver-nemental.

Les marges de manœuvres dumouvement HLM sont pourtantétroites. D’ici au vote du budget2011 en décembre, l’USH va tenterde rallier à sa cause les parlemen-taires. Elle envisage aussi derenégocier les conventions d’utili-tésociale (CUS),signées avecle gou-vernement, qui fixent les objectifsde construction et de vente poursixans.Dans l’immédiat,sonprési-dent, Thierry Repentin, a déjà pré-venu que les bailleurs sociauxmontreront leur mécontente-ment, jeudi 30 septembre, lors dudiscours de clôture du congrès parBenoist Apparu.p

Catherine Rollot

L’ensembledes députés de gauchedemandela démission de M.AccoyerL’opposition juge qu’il n’est «plus digne» de présider l’Assemblée nationale

«On estdansl’inventionpermanentede règlesinexistantes»

Les responsablesdu groupe socialiste

4millions de logement, dontprès d’un tiers construits après1985, constituent le parc des orga-nismes HLM. 10millions de per-sonnes vivent dans ce parc social.

50% des logements sociaux sonten Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

1,2million de demandes de loge-

ments sont en attente (dont550000 émanent de personnesdéjà locataires).

Près de 60% des ménages logéspar les organismes HLM ont desrevenus inférieurs à 60% des pla-fonds exigés pour y entrer.

33% des ménages français peu-vent prétendre à un logementsocial.

L’enseignementcatholiquemenacedefermer desécolesLa baisse du nombre d’enseignants obligeà repenser l’organisation des cours

Bernard Accoyer sur son perchoir, Jean-Marc Ayrault (PS) de dos, le 15septembre. PIERRE VERDY/AFP

Le«protocole» sème lazizanieà la Mairie deParis

L ’enseignement catholiqueesten colère. Au rythme actueldes coupes budgétaires, ce

sont 5 000 à 6 000 postes d’ensei-gnants qui auront disparu d’ici à2013, entraînant la fermeture de1 000 écoles, 100 collèges et70lycées,avecleurcortègede licen-ciements de personnels non ensei-gnant.

Pour Eric de Labarre, secrétairegénéral de l’enseignement catholi-que, SGEC, la perte annoncée de2000 postes à la rentrée 2011 ne sejustifiepas puisque«à ladifférencedu public, l’enseignement privé nebénéficie d’aucun amortisseur.Tous les enseignants sont devantdes élèves. Il n’existe pas de profes-seurs affectés à d’autres fonctions ».Le ministère de l’éducation sembleavoir tenu partiellement comptede ce paramètre. Si le principe deparité public-privé avait été appli-qué, ce sont environ 3 200 postesqui auraient dû être supprimés surles 16000 suppressions prévues.

L’inquiétude est d’autant plusforte dans l’enseignement confes-sionnel que le primaire s’y stabiliseà cette rentrée après plusieursannées de décrues; que les effectifsdes collèges et lycées sont encore àla hausse, augmentant globale-ment de 0,7 %, soit de 8 000 nou-veaux élèves. A l’arrivée, ce sont unpeu plus de 17% des élèves scolari-sés en France qui y sont accueillis.Un taux très différent d’une acadé-mie à l’autre – qui concerne mêmeun tiers des collégiens parisiens –dont les trois plus fortes hausses semesurent à cette rentrée dans lesacadémies de Paris, Versailles etMontpellier.

Pour Béatrice Barraud, la prési-dente de l’Association des parentsde l’enseignement libre, APEL, il esttemps de battre le rappel des820 000 familles adhérentes, etd’envisager, via le site de l’associa-tion, une action collective. «Il nousest possible de mobiliser en untemps record les parents si les résis-tances politiques nous y condui-

saient», rappelle-t-elle dans l’édito-rialdelarevueFamilleetéducation.Un discours qui rappelle que lespartisans de l’enseignement catho-lique sont capables de se faireentendre comme ils l’avaient faiten 1984, alors que planait la mena-ce de la création d’un « grand servi-ce public d’éducation ». Mais cen’estpas,pourl’heure,lemoded’ac-tion retenu par Eric de Labarre.

Autre organisationPourlesecrétairegénéraldel’en-

seignement catholique, il faut sur-tout repenser l’enseignement enoptimisant les moyens octroyésdans le cadre de la politique deréduction des déficits.

Dans le premier degré, il propo-sequel’échelledel’intercommuna-lité soit strictement privilégiée.M.de Labarre avance même l’idéedu regroupement systématiquedes classes de moins de vingt-qua-tre élèves. Les responsables de l’en-seignement catholique s’interro-gent également sur la réduction dunombre d’options offertes en clas-se de 2de du lycée et la création declasses multi-niveaux. Ils tra-vaillent aussi à proposer une autreorganisation des enseignementsqui permettrait d’offrir autant auxélèves en dépensant moins.

Responsable de l’informationau SGEC, Gilles du Retail citel’exemple de la technologie au col-lège. « Les élèves en font actuelle-ment deux heures par semaine.Vingt minutes sont perdues à cha-que fois dans l’installation de laséance, la préparation de l’outilla-ge. Pourquoi ne pas baisser l’horai-re à une heure trente par semaineaulieudedeuxheures.Cetenseigne-ment serait dispensé sous formed’une seule séance de trois heurestous les quinze jours. Au lieu de per-dre quarante minutes, on n’en perdplus que vingt, l’élève a le temps determiner sa réalisation. Ce qui esttrès bon pédagogiquement. » Leremue-méninges est lancé. p

Christian Bonrepaux

4 millions de logements et 10 millions d’habitants

LecongrèsHLM s’ouvresur fond de colèreaprèsl’instaurationd’une taxe de 340millions d’eurosCe nouveau prélèvement priverait les bailleurs sociaux de 20000 logements neufs par an

L es travées du conseil deParis sont pleines, les tribu-nes de presse bondées. Ber-

trand Delanoë ouvre les débats,lundi 27septembre, pour, unefois encore, faire taire les « contre-vérités ». Depuis plus d’un mois,le maire de la capitale se débatface aux critiques d’une partie desa majorité sur le dossier dit des« emplois fictifs ».

Il répète les « raisons» qui ontmotivé la signature du protocoled’accord entre la Ville, l’UMP et Jac-ques Chirac. C’est sa «conceptionde la morale, de l’éthique» qui l’aconduit à accepter une proposi-tion d’indemnisation, insiste-t-il.«Au nom de quoi devrions-nousrefuser?» L’UMP et Jacques Chiracvont rembourser «intégralementla Ville (…), s’il y a restitution, c’estqu’il y a eu spoliation (…), les res-ponsabilités sont reconnues etassumées». «Les Parisiens lésésvont être remboursés du préjudicesubi», plaide le maire de Paris.

Débats houleuxAprès plus d’une heure de

débat, le maire peut s’estimersatisfait : malgré les doutes chezcertains élus PS sur «l’opportuni-té politique » du protocole, aucu-ne voix n’a fait défaut dans leursrangs. Comme prévu, l’UMP avoté pour. Jean-François Lamour,à la tête des troupes parisiennesdu parti présidentiel, a salué un«choix juste à l’égard d’un ancienmaire de Paris et d’un ancien prési-dent de la République qui a beau-coup servi notre pays ». Le « proto-

cole» est adopté par 147 voix pour(UMP, PS, PCF, Nouveau Centre).

Mais 13 élus ont voté contre :9Verts, 1 Modem, 2 Parti de Gau-che et 1 non-inscrit. L’ex-maire du20e, Michel Charzat (non-inscrit)s’est, lui, abstenu.

Entre M. Delanoë et les Verts, ledébat a été houleux. « Cet accordnous choque et entache votre ima-ge», a lancé Sylvain Garel, prési-dent du groupe écologiste. « C’estprécisément parce qu’il y a uneéthique et une morale en politi-que qu’il n’est pas possible de lestransgresser au profit d’un partipolitique », a renchéri YvesContassot, élu (Verts) du 13e arron-dissement. M. Delanoë et JacquesBoutault, le maire (Verts) du 2e

arrondissement, s’étaient déjàaccrochés sur le sujet, dix joursplus tôt. M.Delanoë n’a guère tolé-ré ses allusions sur d’éventuels«arrangements » avec l’UMP.

Lundi, les écologistes sont reve-nus à la charge. «Le compte n’y estpas», a soutenu M.Contassot.Alors que la Ville va recevoir2,2millions d’euros d’indemnisa-tion au titre de 21 emplois présu-més fictifs, l’élu des Verts estimeque le préjudice subi par la Villeest «très sensiblement supérieur sil’on prend en compte les chargessalariales et la durée réelle desemplois». «La somme correspondstrictement au montant inscritdans l’ordonnance de renvoi» deM.Chirac devant le tribunal correc-tionnel, a répliqué M.Delanoë. Ten-tant en vain de le convaincre.p

Béatrice Jérôme

France

Page 12: Le Monde du 29 09

Profil

Jean-Louis Nadal, c’est un ami.C’est même l’ami de tout le mon-de. Les magistrats à qui il n’a pastapé sur l’épaule en leur disant « ilfaut qu’on déjeune » se comptentsur les doigts d’une main. Ceuxavec lesquels il a réellement déjeu-né sur les doigts de l’autre.

Il est vrai que le procureurgénéral près la Cour de cassation,qui occupe le poste le plus hautdans la hiérarchie du parquet,tranche avec la courtoise réservequ’affectionnent ses pairs. Petit,jovial, chaleureux, bien en coursous tous les régimes, Jean-LouisNadal a su néanmoins mettre lespieds dans le plat devant le gou-vernement lors des très policéesrentrées solennelles de la Cour decassation.

Et sa demande, lundi 27septem-bre, de saisine d’un juge d’instruc-tion « indépendant » dans l’affaireWoerth passe particulièrementbien chez les juges, qui voient enlui un rempart contre l’arbitrairepolitique. Le procureur généralavait d’ailleurs testé l’annonce desa décision auprès de quelquesrelais influents, en soulignantqu’il ne manquait pas d’un cer-tain courage.

Jean-Louis Nadal, né il y asoixante-huit ans à Sousse, enTunisie, a fait toute sa carrière auparquet. Substitut dans lesannées 1970 à Saint-Nazaire, Nan-tes, Bordeaux, il passe dix anscomme formateur à l’Ecole natio-nale de la magistrature, avantd’être aspiré en 1984 au cabinet deRobert Badinter, garde des sceaux.

L’expérience n’a pas fait de tortà sa carrière. Il est avocat général àVersailles en 1987, à Paris en 1988,puis procureur à Créteil. Il estensuite promu procureur généralà Bastia en 1991, puis à Lyon, à Aix,et après un détour à l’inspectiongénérale des services judiciaires, à

Paris en 2001. Il est enfin procu-reur général près la Cour de cassa-tion depuis 2004, commandeurde la Légion d’honneur depuis2006 et, au sommet de la gloire«parquetière », ne peut espérermonter plus haut en attendant laretraite, en juin.

Jean-Louis Nadal, sans doute enraison de son passage au cabinetBadinter, passait pour un magis-trat « de gauche ». Il a toutefoispris de court ses supporteurs, enjuillet2001, en prenant le contre-pied du procureur de Paris qui

jugeait possible de convoquer Jac-ques Chirac dans l’enquête sur sesvoyages payés en liquideentre1992 et 1995.

Le procureur Jean-Pierre Dintil-hac avait estimé « possible endroit» l’audition du chef de l'Etatcomme témoin assisté. Procureurgénéral de Paris, Jean-Louis Nadalavait déclaré « discutable » sa posi-tion et souligné « les risques d’irré-gularités» de la procédure. L’his-toire lui a donné raison, mais ilavait eu à se défendre « catégori-quement», dans un communiqué,«d’avoir eu un contact de quelquenature que ce soit avec l’Elysée ».L’épisode avait été un peu pénible.

Jean-Louis Nadal s’est illustrédepuis à deux reprises lors desaudiences solennelles de rentrée,en 2007 et en 2010. « La premièrevertu de la justice est l’indépendan-ce, avait-il déclaré le 8janvier2007. Sans indépendance, pasd’impartialité, et sans impartiali-

té, pas de justice. Or le parquetn’est pas indépendant. » Il recom-mandait de « clarifier le lien hiérar-chique avec le pouvoir exécutifafin de rompre la suspicion et laconfusion».

C’est peu dire qu’il n’a pas étéentendu, le gouvernement ne sou-haitant nullement rompre le lienhiérarchique avec le parquet. Leprocureur général a de nouveauinsisté, le 14janvier, devant le pre-mier ministre, François Fillon.

Il a évoqué les « obstacles dres-sés sur un parcours loin d’êtreachevé», la réforme de la procédu-re pénale, – ce qui est aimablepour la garde des sceaux – et indi-qué qu’il fallait « que soit tôt outard reconsidéré le statut du par-quet, sous peine de laisser perdu-rer une contradiction majeure,dont la validation constitutionnel-le et européenne paraît bien pro-blématique.» p

Franck Johannès

MontpellierEnvoyée spéciale

L e procès n’en est qu’à ses pre-mièresheures,celundi27sep-tembre, et déjà les lignes de

fracture apparaissent. La premièresépareles troisaccusésd’assassinatetdecomplicitéd’assassinatdeBer-nadette Bissonnet, une pharma-ciennedeMontpellierretrouvéecri-blée de plomb, dans sa villa, le11mars 2008.

Dans le box de la cour d’assisesde l’Hérault, ils sont deux: MézianeBelkacem,51ans,lejardinieretaide-ménager de la maison, qui a recon-nu le meurtre en garde à vue et quiest confondu par les expertisesgénétiques. A côté de lui, Jean-Michel Bissonnet, 63 ans, le mari delavictime,accuséparMézianeBelk-acem d’être le commanditaire ducrime, ce qu’il nie farouchement.En contrebas, comparaissant libre,un vieux monsieur à l’élégancesurannée, le vicomte Amauryd’Harcourt, 85 ans, un ami de Jean-Michel Bissonnet, qui admet sa res-ponsabilité dans la préparation duscénario mortel et met lui aussi encause le mari.

Cette inégalité de situationentre les deux hommes renvoyéspour complicité d’assassinat a don-né lieu aux premiers échanges ten-dus entre la défense, l’accusation etles parties civiles. Les avocats deJean-Michel Bissonnet ont déposéimmédiatement une demande demise en liberté de leur client afinque celui-ci, détenu depuis trentemois, « affronte son procès dans lesmêmes conditions » qu’Amauryd’Harcourt. La cour a refusé.

Mais la demande de remise enliberté a révélé une autre fracture,familiale celle-là. Au premier rangdes parties civiles, ont pris placedeux jeunes hommes, Florent etMarc, les fils du couple Bissonnetencadrant leur grand-père mater-nel. Tous trois veulent croire à l’in-nocencedeleurpèreetgendre.Der-rière eux, le frère de Bernadette Bis-sonnet, convaincu de la culpabilitéde son beau-frère, s’est constituépartie civile pour le dire.

Le drame est d’abord de ce côté-là. Dans l’apostrophe violente queMarc, le fils cadet de la victime, lan-ce à son oncle à la suspensiond’audience: « Mais pourquoi t’es là,toi ? T’as même pas lu le dossier ! »Dans le silence déterminé quecelui-ci oppose à son neveu, jeunehomme exalté et fragile sur lequelveille un frère aîné d’apparenceplussereine.Danscehuisclosfami-lial, levieux pèredeBernadetteBis-sonnet semble l’otage, veillé parses deux petits-fils pendant lesdébats, et échangeant de temps àautre de longs regards tristes avecson propre fils.

Le procès, lui, va se jouer del’autre côté. Plus d’une centaine detémoins sont attendus pour plon-ger dans l’intimité de ce couple ettenter de comprendre ce qui s’estnoué derrière les volets de la gran-de villa où Bernadette Bissonnet setrouvait seule, en cette soirée du11mars 2008. Méziane Belkacem etAmaury d’Harcourt ont écoutésans ciller la lecture d’un acte d’ac-cusation qui se nourrit beaucoupde leurs propres aveux. Il fait deJean-Michel Bissonnet le cerveaud’unhabilescénariodestinéàélimi-nerson épouse, en le maquillant encrime de rôdeur.

Moyennant 30 000 euros,Méziane Belkacem a reconnu avoiraccepté d’en être l’exécuteur. Ildevait se présenter le soir devant leportail de la villa en prétextant yavoiroubliéuntéléphoneportable,récupérer discrètement une armeplacéeàunendroitconvenud’avan-ce avec Jean-Michel Bissonnet, puissonner à la porte de la maison prin-cipaleettuerBernadetteBissonnet.

De là, il devait déclencher l’alarmede la maison qui sonnait sur le por-tabledel’époux,cacherl’armedansunétuideraquettedetennisetquit-ter la villa au volant du 4X4 du cou-ple avant de l’abandonner quel-ques centaines de mètres plus loin.

Toujours selon la version desdeux accusés, Amaury d’Harcourtétait alors chargé de récupérer l’ar-medanslevéhiculeetdes’endébar-rasser, tandis que Jean-Michel Bis-sonnet, alerté par l’alarme, quittaitla réunion du Rotary Club qui leretenait en ville et se précipitait à lavilla où il trouvait son épouse etappelait les pompiers. Sur les indi-cations d’Amaury d’Harcourt, l’ar-me a été retrouvée dans une rivièredes environs.

Texte à la main, Jean-Michel Bis-sonnet a suivi mot à mot la lecturede la greffière, secoué de tremble-ments au récit de la découverte ducorps de son épouse, haussant lesépaules au rappel des déclarationsde ses coaccusés, secouant farou-chementlatête en signe de dénéga-tion à l’évocation d’une mésenten-te conjugale, pouffant au rappeldes conclusions des expertises psy-chiatriques. Le jardinier, le mari etle vicomte ont quatre semainespour s’expliquer devant la cour etles jurés. p

Pascale Robert-Diard

Jean-Louis Nadal, procureur général de la Cour de cassation, le 12 février. LUDOVIC/REA

Magistratmatois etfin stratège, Jean-Louis Nadaldistille sesrecommandations politiques

D rôle de guerre au sein de lahaute magistrature. Faitinédit, le procureur de Nan-

terre, Philippe Courroye, a écartésans ménagements, lundi 27 sep-tembre, les recommandations dupremierparquetierdeFrance, Jean-Louis Nadal, procureur généralprès la Cour de cassation, qui luiconseillaitvivementdeconfierl’af-faire Woerth-Bettencourt à unjuged’instruction.Le Parti socialis-tecrie auscandale, en appelle àl’ar-bitrage de la garde des sceaux,Michèle Alliot-Marie, autorité detutelle de M. Courroye, qui se réfu-gie pour l’heure dans le silence.

M.Nadal s’est invité avec fracasdans l’affaire Woerth-Bettencourt,en recommandant au parquetgénéraldeVersailles «queles inves-tigations se poursuivent dans lecadre de l’information judiciaire,seul cadre procédural de droit com-mun existant, qui permettent lestrict respect des droits de la défen-se, par l’accès à la procédure et l’as-sistance d’un avocat».

Il ne s’agit là que d’un avis, noncomminatoire – le parquet géné-ral de la Cour de cassation n’a pasautorité directe sur les parquets –,mais il a une très forte valeur sym-bolique. Les syndicats de magis-trats parlent même d’un « désa-veu » pour M. Courroye. Pourtant,il ne sera pas suivi d’effets. « Nouscomptons poursuivre nos investi-gations, sur le plan national ouinternational, comme nous l’avonstoujours fait », a indiqué au Mondele parquet de Nanterre.

Pas question, donc, de confierl’affaire Woerth-Bettencourt à unjuge d’instruction, indépendant

du pouvoir. La haute hiérarchiejudiciaire qualifie même d’« agita-tion » la recommandation deM. Nadal, à mettre selon elle sur lecompte d’un « haut magistrat enfin de carrière qui souhaite se poseren autorité morale ». Elle s’estimesatisfaite de l’enquête menée parM.Courroye.

M.Nadal aussi trouve l’enquêtebien menée mais incomplète. Ilattend d’en savoir plus et « deman-de que les nombreuses investiga-tions, qui restent à effectuer, soientaccomplies ». Il souhaite être« informé sans délai des suites de laprocédure ».

Un ton qui agace, à Nanterre, oùle parquet gère quatre enquêtespréliminaires distinctes liées audossierBettencourt, menées à tou-te allure par Philippe Courroye.Mais dans la plus parfaite opacité.« En l’état, il n’y a aucune raison

technique, juridique ou procédura-lepour ouvriruneinformationjudi-ciaire, déclarait-il au Monde, le13 juillet. Cette décision relève duparquet, et non de commentateursextérieurs… »

Il n’a pas changé d’avis, et sonsupérieur hiérarchique, le procu-reur général de Versailles, Philip-pe Ingall-Montagnier, partage sonpoint de vue. Si la question d’unesaisined’un juged’instruction,voi-re celle d’un dépaysement du dos-sier, s’est bien posée en juillet, iln’en est plus question. D’autantqueM.Courroye apris soin demar-quer son territoire et a voulu fairetaire ses détracteurs, par exempleen se rendant en Suisse, afin d’en-quêter sur le volet blanchiment defraude fiscale de l’affaire. L’occa-sion pour lui de prouver l’étenduedes pouvoirs du parquet.

Reste l’épineux problème desdroits de la défense, soulevé parM. Nadal. Confier l’enquête à unjuge d’instruction indépendantpermet en effet que les avocatsdes parties, mis en cause ou victi-mes, aient accès au dossier.M. Courroye n’écarte pas la possi-bilité d’autoriser les avocats àconsulter le dossier judiciaire,mais seulement en toute fin d’en-quête, quand il l’aura décidé.

« C’est à la justice de s’organisercomme elle le souhaite », a réagiM. Woerth. Son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne, s’est déclaré« beaucoup plus réservé » sur uneinformation judiciaire. « Mon sou-ci est qu’on aille vite, a-t-il confié àl’AFP. Une enquête préliminaire esten cours depuis trois mois, je n’aipas envie que l’on reparte de zéro

avec un nouvel interlocuteur. »Par ailleurs, M. Nadal assure

que les conditions ne sont pas réu-nies pour décider d’une éventuellesaisine de la Cour de justice de laRépublique, quant au rôle prêté àEricWoerthdans l’affaire.Le minis-tre du travail est suspecté d’unéventuel trafic d’influence pouravoir remis la Légion d’honneur àPatrice de Maistre, le gestionnairede fortune des Bettencourt, alorsque ce dernier allait ensuiteembaucher sa femme, Florence, et

devait en outre contribuer finan-cièrementàla campagne présiden-tielle de Nicolas Sarkozy.

M. Nadal avait été saisi d’unedémarchede la députéeeuropéen-ne, Corinne Lepage, qui se posait laquestion d’une saisine possible dela Cour de justice de la République,seule habilitée à juger les délitscommis par des ministres dansl’exercice de leurs fonctions.

Enfin, concernant l’hippodro-me de Compiègne, dont les condi-tions de vente à une société hippi-que ont suscité une polémique surle rôle de M. Woerth, M. Nadal a« demandé au procureur généralprès la cour d’appel de Paris de luiadresser tous les éléments utiles luipermettant d’apprécier les faits ».Aucune enquête judiciaire n’estaujourd’hui lancée sur ce sujet. p

Gérard Davet

L’acted’accusationfaitdeJean-MichelBissonnetlecerveaud’un habilescénariodestinéàéliminersonépouse

Lemari, le jardinieretl’ami vicomtefaceaux assisesTrois hommes répondent de l’assassinat deBernadette Bissonnet, pharmacienne, en 2008

Bienencour soustousles régimes,ilasu néanmoinsmettreles piedsdansle platdevantlegouvernement

Justice Le procès en appel de l’affaire Clearstreamsera jugé par une chambre financièreLe procès en appel de l’affaire Clearstream sera finalement confié àune chambre correctionnelle chargée des affaires financières, a indi-qué, lundi 27 septembre, Jacques Degrandi, le premier président de lacour d’appel de Paris. Le haut magistrat avait d’abord voulu confier ledossier à une formation ad hoc, spécialement composée, compte tenude la charge de travail des chambres financières (Le Monde du 11 sep-tembre). Mais puisque sa décision « engendre des suspicions persistan-tes de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice», le premier prési-dent y a renoncé. Le procès devrait se tenir « au deuxième trimestre del’année 2011 ».

Banditisme Un homme soupçonné d’être liéau banditisme corse interpellé avec 4,8kg de cocaïneSuspecté d’être lié au banditisme corse, Francis Castola, 39 ans, a étéinterpellé, dimanche 26 septembre, sur une aire d’autoroute près deNarbonne (Aude), avec deux autres personnes, en possession de 4,8 kgde cocaïne. Frère de Thierry, assassiné en janvier2009 à Bastelicaccia(Corse-du-Sud), et fils de Francis, assassiné en mars2005 à Ajaccio, Fran-cis Castola avait été l’objet d’une tentative d’assassinat en juin 2009,dans la banlieue d’Ajaccio. Il en avait réchappé malgré de graves blessu-res. A l’issue de sa garde à vue, il devrait être présenté au juge de la juri-diction interrégionale spécialisée de Marseille, jeudi 30septembre.

France

Ilnes’agit làqued’un avis,maisilaune trèsfortevaleursymbolique

L’enquête de la jugePrévost-Desprez validée

Plus rien ne s’oppose désormaisà l’enquête de la juge de Nanter-re Isabelle Prévost-Desprezdans le volet abus de faiblessede l’affaire Bettencourt. Lachambre criminelle de la Courde cassation a rejeté, vendredi24septembre, le pourvoi formépar Me Georges Kiejman, l’avo-cat de Liliane Bettencourt. Enconflit avec Philippe Courroye,le procureur de Nanterre,Mme Prévost-Desprez avait déjàlancé ses investigations. Cettedécision contraint M.Courroye àfournir à sa consœur l’intégrali-té des pièces demandées.

Affaire Woerth: le procureur de Nanterrerefusede saisirun juge indépendantFait inédit, le procureur général de la Cour de cassation a demandé l’ouverture d’une instruction

12 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 13: Le Monde du 29 09

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Page 14: Le Monde du 29 09

F aut-ilbrûler les stock-optionset les retraites chapeaux ? Aumoment où se négocie la

réforme des retraites, la pressions’accentue sur le gouvernementpour qu’il s’attaque à ces disposi-tifs financiers jugés iniques. Lesstock-options – ces droits à acheterdes actions à un prix fixé à l’avan-ce – comme les retraites chapeaux–des retraites « surcomplémentai-res » octroyées à vie aux dirigeantsd’entreprise – profitent surtoutaux hauts et très hauts revenus.

La gauche n’est plus la seule às’indigner. Désormais, des ténorsde l’UMP montent au créneau,pour réclamer plus d’équité. Leshauts revenus doivent, selon cesresponsables politiques, montrerl’exemple des efforts à faire.

Dans le sillage d’Edouard Balla-dur, qui suggère de supprimer cesdeux dispositifs, dans un entretienau Monde de dimanche 26 et lundi27septembre, GillesCarrez,rappor-teur UMP du budget à l’Assembléenationale, dit « s’interroger sur lebien-fondé des retraites chapeaux,un dispositif réservé à quelques“happy few” qui bénéficient déjà derémunérations considérables » !M.Carrez parle d’un système «cho-quant à tout point de vue». « Il n’estpas normal, dit-il, que certains sefassent payer leur retraite par l’en-treprise, à un moment où onmet lesFrançais à contribution.»

Le gouvernement, conscient ducaractère symbolique tant desretraites chapeaux que des stock-options, a annoncé des mesures,pourlesfairecontribueraufinance-ment des retraites. Dans le cadre dela réforme, les prélèvements surcesdeuxdispositifsserontsensible-ment alourdis. Ainsi, expli-que-t-on à l’Elysée, « une fois le pro-jet de loi sur les retraites promul-gué, les contributionspayées par lesbénéficiaires de stock-optionsseront équivalentes à celles sur lessalaires. L’avantage fiscal des stock-

options aura quasiment disparu. »«Même chose pourles retraites cha-peaux, poursuit l’Elysée; en à peinean, nous aurons multiplié par deuxles prélèvements. » Ces nouvellestaxes rapporteront 180 millionsd’euros à l’Etat, dès 2011.

Ces mesures, toutefois, parais-sent très insuffisantes aux yeuxdespartisansd’uneplusgrandejus-tice fiscale. Surtout, s’agissant desretraites chapeaux, un dispositif

dont le nombre des bénéficiairesest étendu – deux millions de per-sonnes,selonla Fédérationfrançai-se des sociétés d’assurance (FFSA) –mais qui, en réalité, bénéficie auxplus riches. Ainsi, 50 % des titulai-res de retraites chapeaux se voientgarantir des rentes de moins de2000 euros par an, quand les diri-geants du CAC 40 obtiennent desretraitesdeplusieursmillionsd’eu-ros.

PourMartinHirsch,ancienhaut-commissaire aux solidarités acti-ves, «il faut mettre fin à un systèmedérogatoire qui a produit trop d’ex-cès. Les dirigeants ne peuvent avoirle beurre et l’argent du beurre, degros salaires et une retraite payéepar l’entreprise» !

Les scandales, de fait, n’ont pasmanqué ces dernières années. Laretraite chapeau de 2,1 millionsd’euros par an versée à Antoine

Zacharias, l’ex-patron de Vinci, àson départ en 2006, à laquelles’ajoutait un parachute doré (uneindemnité de départ) de 12,8 mil-lions, a choqué. M. Zacharias esttoujours poursuivi en justice ausujet de ces avantages.

Les excès auraient survécu à lacrise financière. D’autres régimessont dénoncés par les cabinets deconseil en gouvernance. Proxin-vestpointelarenteattribuéeàJean-François Dehecq, ex-dirigeant deSanofi-Aventis(730000euros),cel-le, reportée, d’Henri Proglio dans lecadre de ses anciennes fonctionschez Veolia (estimée à 650 000euros) ; ou la rente à vie de LindsayOwen Jones, l’ex-PDG de L’Oréal,qui perçoit, chaque année, 3,4mil-lionsd’euros,en plusdesarémuné-rationdeprésident.Unrecordabso-lu. « Sur vingt ans la société devraluiverser68millionsd’euros !»,sou-ligne Cyrille Bellanger, analystechez Proxinvest.

Eviter les abusL’argument utilisé par les entre-

prises pour défendre ces retraitesd’exception est d’expliquer qu’unmandataire social n’a plus decontrat de travail, et qu’il ne cotisedoncplusaurégimederetraite.Cet-te rente payée par l’entreprise estdonc censée faire la jonction. Mais,objecteM.Bellanger,lesgrandsdiri-geants ont des rémunérations éle-vées qui leur permettent de cotisereux-mêmes pour leur retraite.Pour rester dans la mesure du rai-sonnable, Proxinvest suggère delimiter leur rémunération à 240fois le smic (calculé sur 39heures).Soit tout de même… 4,3 millionsd’euros par an. Si ce plafond n’estpas atteint, et seulement dans cecas, le dirigeant pourrait prétendreà une retraite chapeau.

S’agissant des stock-options, ledébatestmoinstranché,etlesparti-sans d’une suppression moinsnombreux. Les experts sont unani-

mespour reconnaîtrequela fiscali-té a été alourdie jusqu’à devenirquasi confiscatoire. Surtout, relèveEmmanuelleRivez-Domont,avoca-te au cabinet Jones Day, « les stock-options ont une utilité économiqueen tant que rémunération différée.Elles répondent aux besoins dessociétés qui ne peuvent pas jouersur le levier des salaires. »

Al’écartdudébatsurlebien-fon-dé des stock-options, l’Autorité desmarchés financiers (AMF) a lancé,en avril, une réflexion pour mieuxencadrer l’attribution et l’exercicede ces options, et éviter tout abusou délit d’initiés. Elle rendra sesconclusions en octobre. Les grandspatrons et les administrateursétant « des initiés permanents », aucourantdessecretsdeleurentrepri-se, l’AMF devrait leur recomman-der de déléguer la gestion de leursportefeuilles de titres à un manda-taire. p

Claire Gatinois et Anne Michel

Une fiscalité alourdie parla réforme des retraites

Stock-options– Le bénéficiaire : la contributionqu’il paie sur le gain de l’optionlevée augmente de 2,5% à 8%.S’y ajoutent 12,1 % de prélève-ments sociaux (CSG, CRDS…).– L’employeur: sa contribution,calculée sur la valeur de l’optionàson attribution, est relevée de10% à 14%.

Retraites chapeaux– Le bénéficiaire : une contribu-tion salariale de 14% est créée,qui s’ajoute aux prélèvementssociaux de 8,1% et à l’impositionsur le revenu déjà acquittés.– L’employeur: il paiera unecontribution de 16% dès le pre-mier euro versé, désormais sansabattement.

N icolas Sarkozy n’a pasrenoncé à l’ambition affi-chée le 27 juillet devant le

conseil de politique nucléaire :reconstituer une puissante filièrefrançaise de l’atome civil. Elle pas-se, aux yeux du président de laRépublique, par le rapprochementEDF-Areva dans le cadre d’un « par-tenariat stratégique» et une mon-tée du groupe d’électricité dans lecapital d’Areva. Selon une sourcegouvernementale citée par l’agen-ce Reuters, EDF porterait sa partici-pation de 2,4 % à «5% ou 6%» – loindes 10 % à 15% évoqués fin juillet.

Lorsdelaprésentationdesrésul-tats semestriels d’Areva, le30 juillet, sa présidente avait jugéqu’« il est trop tôt pour conclurequoique cesoit», en soulignant quecette participation devait « corres-pondre aux intérêts des deux entre-prises».Malgréles réticencesinitia-les d’Anne Lauvergeon, M.Sarkozyest en passe d’obtenir satisfaction.Au-delà d’un rapprochement capi-talistique, les deux entreprises doi-vent régler de nombreux conten-tieux pour devenir de véritablespartenaires.

Convoquésparlepremierminis-tre, François Fillon, à Matignon enfévrier pour régler leurs conten-tieux industriels, ennemis jurés il ya encore quelques semaines, le

PDG d’EDF, Henri Proglio, etMme Lauvergeon ont déposé lesarmes. La patronne d’Areva n’estguèreenpositionderésister,fragili-sée par l’enlèvement au Niger desept employés d’Areva et du grou-pe de BTP Vinci revendiqué parAl-Qaida au Maghreb islamique. Ila relancé la campagne « anti-Lau-vergeon» dans l’entourage du chefde l’Etat, qui avait envisagé au prin-temps de la remplacer.

Difficultés aux Etats-UnisL’Elysée avait demandé, dès

juillet, que les équipes des deuxentreprisesplanchentsur«l’ensem-bledesdomainesd’activitéd’intérêtcommun». Ilssontnombreux,puis-que les équipements et les servicesfournis au groupe d’électricitépèsent25%duchiffred’affairesd’A-reva. Le 3 septembre, M. Sarkozyavaitrappelé quel’Etat, actionnaired’EDF(à85%)etd’Areva(à90%)res-tait le premier responsable de lafilière nucléaire. Mme Lauvergeon etM. Proglio se sont rencontrés le6septembre.

Ils ont décidé de créer cinq grou-pes de travail. Pilotés par des diri-geants de haut niveau, ils ont abor-dé les dossiers qui les opposentdepuis des mois : services asso-ciés aux réacteurs ; cycle du com-bustible (fabrication et recyclage) ;

retours d’expérience des deuxchantiers du réacteur EPR (troisiè-me génération), qui accumulentretards et surcoûts en Finlande etenFrance;élargissementdelagam-me de réacteurs au-delà de l’EPR,sur lequel les deux groupes sont enconflit ; organisation des offres deréacteurs à l’exportation.

Un groupe de travail spécial estconsacré à l’augmentation (3 mil-liards d’euros) et l’ouverture ducapital d’Areva à hauteur de 15 % àdes « partenaires industriels straté-giques », qui intéresse deux fondssouverains (Koweït, Qatar) et lejaponais Mitsubishi Heavy Indus-tries. Annoncée en juin2009, l’opé-ration doit être bouclée à la fin del’année et aider Areva à financerson développement (mines d’ura-nium, construction d’usines defabricationducombustibledescen-trales, modernisation de son outilindustriel…).

Des hommes politiques au seinmême de l’UMP et des analystescontestent cette montée d’EDFdans le capital d’Areva, âprementdéfenduepar M. Progliodepuis sonarrivée à la tête du groupe ennovembre2009. Ils soulignent queles concurrents étrangers d’EDF,par ailleurs clients d’Areva, ne ver-ront pas d’un bon œil le géant del’électricité contrôler leur fournis-

seur. En outre, EDF est déjà trèsendetté et doit afficher d’autrespriorités. A commencer par l’amé-lioration de la performance de ses19 centrales nucléaires, dont la pro-duction a fortement baissé ces der-nières années.

Sans compter ses difficultés auxEtats-Unis, où il espère construirequatreEPRavecConstellationEner-gy. La forte baisse des prix du gazrend le nucléaire beaucoup moinscompétitif. Et l’absence de garan-ties de l’Etat fait peser une lourdehypothèque sur leurs projets com-muns d’EPR, notamment celui deCalvert Cliff (Maryland). Les rela-tions EDF-Constellation se sont tel-lement dégradées que M. Proglio adû faire appel à la banque Lazardpour le conseiller sur ses « optionsstratégiques» outre-Atlantique.

Quand EDF avait racheté 49,9%des activités nucléaires de Constel-lation (4,5 milliards de dollars), fin2008, l’accord autorisait Constella-tionàluicédersescentralesthermi-ques pour 2 milliards de dollars encas de difficulté financière. Le grou-pede Baltimore s’est redressé, maisil envisage quand même d’exercercette option (put) expirant findécembre. Une lourde facture pourEDF alors que ces centrales ont per-du beaucoup de leur valeur. p

Jean-Michel Bezat

EnhausseLeclercL’enseigne de distribution veut arrêter progressi-vement, d’ici à 2020, les prospectus publicitairesen papier, pour faire migrer les contenus de sescatalogues vers Internet et sur les smartphones.

EnbaisseMorganStanleyLa banque d’affaires américaine MorganStanley a gelé ses embauches jusqu’à la fin del’année et envisage des licenciements, selon lachaîne d’information financière Fox Business.

Haro sur les stock-options et les retraites chapeauxL’ancien premier ministre Edouard Balladur propose de supprimer ces deux dispositifs

Les cours du jour ( 28/09/10 , 10 h 04 )

Economie

C inquante et un ans et demi.C’est l’âge moyen d’un ache-teur de voiture neuve en

France. Un chiffre extrêmementélevé et qui ne cesse d’augmen-ter : en 2008, la moyenne sesituait à 50 ans et 7 mois. AuRoyaume-Uni, la statistique estencore plus étonnante : on prendles clefs de sa première voitureneuve à 54 ans en moyenne.Record d’Europe ! Face à ces chif-fres, l’observatoire Cetelem del’automobile a voulu savoir ce quise cachait derrière. Est-ce une ques-tion de permis de conduire? Pas lemoins du monde: la proportiondes moins de 30ans détenteursd’un permis est identique à celledes quinquagénaires. Et ils pas-sent leur permis assez tôt, vers19ans, en moyenne. Est-ce parceque les jeunes se passionnentmoins pour la «bagnole»?

Réalité du prixDans l’étude présentée mardi

28septembre, Flavien Neuvy, res-ponsable de l’Observatoire Cete-lem, est formel: les moins de30ans aiment autant conduireque les plus de 50ans. Alors unevie sans voiture? Inimaginablepour 78% des jeunes Européens et81% pour les jeunes Français. «Lerêve automobile perdure. Il n’y apas de désamour, mais les jeunesse heurtent à une réalité : le prix»,

souligne M.Neuvy. Du coup, ilfaut bien se débrouiller: c’est enPologne, en France et au Royaume-Uni que l’on trouve le plus de pro-priétaires de voitures d’occasionparmi les jeunes. Pas étonnantdans ces conditions que, quand onleur demande combien ilsseraient prêts à mettre dans unevoiture neuve, ils répondent parun chiffre proche de la valeurd’une occasion: «Entre 7000et10000euros», disent-ils dansl’étude. Certains descendentmême jusqu’à 5000 euros. La voi-ture à bas coût? Ils y pensentsérieusement même si les jeunesfilles rêvent de Mini ou de CitroënDS3! Car si les jeunes veulent ache-ter une voiture pas chère, il fautqu’elle soit aussi jolie et « propre»sur le plan environnemental.

Conséquences : si les construc-teurs automobiles veulentconquérir cette clientèle, il leurfaudra résoudre cette équation etfinalement inventer une voiturequi n’existe pas encore sur le mar-ché. Le risque s’ils ne font pas ceteffort? : « Voir les moins de 30 ansaller vers d’autres formes de mobi-lité, comme l’autopartage et lecovoiturage», prévient M. Neuvy.Et à 50 ans, lorsqu’ils auront enfinles moyens d’acquérir une voitureneuve? Et bien, ils n’en achèterontpas! »p

Nathalie Brafman

Pourse payerune voitureneuve, la solution: vieillir!

Après des moisde tension, EDFet Areva négocientun«partenariatstratégique»sous l’œil del’ElyséeLe groupe d’électricité pourrait détenir 5% à 6% de son fournisseur de réacteurs nucléaires

Euro 1euro : 1,3477 dollar(achat)Or Onced’or : 1297,00 dollarsPétrole Light sweetcrude : 75,64 dollarsTauxd’intérêt France : 2,624 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis : 2,542 (à dix ans)

14 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 15: Le Monde du 29 09

E n juin, la société de sécuritéinformatique biélorusseVirusBlokAda découvre sur

Internet un malware (logiciel d’at-taque) intriguant, et très volumi-neux. Elle le baptise Stuxnet, puislance une collaboration avecd’autres sociétés de sécurité,notammentl’entreprise russe Kas-persky et l’américaine Symantec.

En le décortiquant, les expertsdécouvrent un programme d’unecomplexité inédite, conçu dans unbut unique : attaquer les « scadas »(systèmes de contrôle des installa-tions industrielles) fabriquées parla société allemande Siemens.

Stuxnet ne vole pas de données,mais provoque des pannes dansles machines : c’est un logiciel desabotage. Plus précisément, il atta-que le système Windows de Micro-soft, utilisé par les ordinateurs deSiemens. Il peut le pénétrer grâce àquatre vulnérabilités jusque-làinconnues – un luxe inhabituel.Pour déjouer les contrôles, il estdoté de vrais certificats de confor-mité, volés à JMicron et Realtek,deux fabricants de circuits inté-grés taïwanais. Il contient aussi unsystème anti-détection innovant.

Les experts imaginent que pourarriver jusqu’aux réseaux indus-triels non connectés à Internet,Stuxnet doit être introduit dansdes clés USB utilisées par des ingé-nieurs travaillant sur ces systè-mes, ou dans un ordinateur porta-ble laissé sans surveillance. Amoins bien sûr qu’un ingénieurait été complice de l’opération…

De proche en proche, Stuxnet aaussi infecté des ordinateursconnectés à Internet, ce qui lui apermis de créer un « botnet »(réseau clandestin d’ordinateursdétournés par un pirate à l’insu deleurs propriétaires).

Après deux mois de travail,Microsoft et les sociétés de sécuri-té réussissent à colmater les brè-ches et à neutraliser le botnet.Mais le danger persiste, carStuxnet est aussi doté d’une fonc-tion « peer-to-peer » décentrali-sée : des copies du malware peu-vent se connecter et se mettre àjour sans l’intervention d’un cen-tre de commande.

Siemens reconnaît alors qu’il ainfecté quinze de ses systèmes,sans provoquer de vrais dégâts.Parallèlement, d’autres expertsdécouvrent que les trois pays lesplus touchés sont l’Indonésie, l’In-de et surtout l’Iran où Siemens esttrèsprésent,danslestélécommuni-cations et les systèmes industriels.

Aussitôt, les sociétés de sécuritéet des blogs informatiques se lan-centdansdeshypothèsesséduisan-tes, mais invérifiables. Ils affir-ment que Stuxnet est trop parfaitpour être l’œuvre d’une bande depirates ; qu’il a été écrit par uneéquipe d’ingénieurs expérimen-tés, disposant de renseignementsprécis sur les scadas de Siemens.Conclusion : il a été commanditéparunemultinationale, ouunEtat.

Aux Etats-Unis, des journalisteset des bloggeurs conservateursdécident alors que Stuxnet a étéfabriqué pour perturber le pro-gramme nucléaire iranien – la cen-trale électrique de Bushehr, ou lecentre de recherche de Nantanz. Ilsen déduisent qu’il est sans doutel’œuvre de la CIA ou des servicessecrets israéliens et se félicitent devoirl’Occidentutiliser sasupériori-té technique pour entraver lesambitions nucléaires de Téhéran.

Lesautoritésiraniennesaccrédi-tent cette thèse, en accusant des« ennemis étrangers » d’avoir crééStuxnet. Elles reconnaissentnotammentqu’il ainfecté de nom-breux serveurs et les ordinateursde certains employés de la centra-le de Bushehr, mais sans atteindreses « systèmes principaux ».

En revanche, sur les blogs d’in-formaticiens de sensibilité pluslibérale, l’affaire est jugée trop bel-le pour être vraie. Selon eux,Stuxnet est surtout une nouvellecampagne de marketing visant àinciter les chefs d’entreprise et lesresponsablesde l’administrationàacheter plus de produits de sécuri-té informatique.

Des experts indépendantsremarquent que si Stuxnet étaitaussi parfait qu’on le dit, il n’auraitpas été détecté. Certains affirmentd’ailleurs quedes hackers indépen-dants sont capables de réussir detels exploits – ce qui remet en cau-se la thèse du complot d’Etat. Lesplus sarcastiques insinuent égale-ment que si Stuxnet est innovantet efficace, c’est la preuve qu’iln’est pas l’œuvre des bureaucratesde Washington. p

Yves Eudes

T ous lesgrands de l’informati-que et des télécommunica-tions veulent leur tablette

tactile, leur «clone » de l’iPad d’Ap-ple diront les mauvaises langues.Après Asus, Dell, Toshiba, Sam-sung, Sharp, Cisco et même FranceTélécom, c’était au tour de RIM(Research in Motion), le fabricantcanadien du BlackBerry, d’annon-cer lundi 27septembre, son propreterminal, le PlayBook. Pour cetindustriel hyperspécialisé dans latéléphonie (il ne vend que des« smartphones », des terminauxconnectés en permanence à Inter-net), c’est une rupture, un premierpas dans l’univers informatique.

Un peu plus petit et léger que l’i-Pad (un écran de 7 pouces,400 grammes au total), le Play-Book est tout aussi noir et élégant.Il dispose de fonctionnalités quifont défaut à l’engin d’Apple, com-me des caméras pour faire de lavisioconférence, mais il ne pourrase connecter à l’Internet que via lewifi. Pour la compatibilité avec lesréseaux de téléphonie 3G, il faudraattendre les versions ultérieures.Le PlayBook devrait sortir auxEtats-Unis début 2011, un peu plustard dans le reste du monde. Sonprix n’a pas été précisé.

Quelles sont ses chances de suc-cès ? Personne ne croyait au mar-ché des tablettes avant qu’Apple yfasse une entrée tonitruante auprintemps. Désormais, les analys-tes assurent qu’il est prometteur.En 2010, les ventes de tablettespourraient osciller entre 6 mil-

lions, selon le cabinet Gartner et10 millions selon iSuppli.

Mais, s’il n’y a pour l’heure quetrois ou quatre marques de tablet-tes disponibles (Apple, Dell, la PMEfrançaise Archos), c’est une vraiedéferlantequi va arriverentrela finde cette année et début 2011. Débutoctobre, le géant coréen Samsunglancera sa Galaxy Tab. La folio100du japonais Toshiba suivra de peu.Puis les terminaux du taïwanaisAsus, de l’américain Cisco, etc.

ConvergencesPour RIM, sortir dulot sera com-

pliqué. D’autant que parmi lesmachines concurrentes, beau-coup ont adopté le système d’ex-ploitation de Google, Android,doté d’un magasin d’applicationsd’au moins 80 000 programmesinformatiques (jeux, informa-tions en ligne…), contre seulement11 000 disponibles sur le Black-Berry de RIM. « Vu les forces en pré-sence, leurs chances de réussitesont limitées », avance Tina Teng,analyste pour iSuppli. « Si j’avais

un conseil à leur donner, ce seraitde se concentrer sur leurs compé-tences,plutôtque devouloir absolu-ment concurrencer l’iPad », ajouteCarolina Milanesi, du Gartner.

C’est l’une des cartes que sem-ble vouloir jouer RIM. Lundi, sonPDG et fondateur, Marc Lazaridis,a assuré que la PlayBook était « lapremière tablette professionnelleau monde ». De fait, même si lesBlackBerries font un carton auprèsdu grand public, notamment desjeunes qui plébiscitent son servicede messagerie instantanée« BBM », la légitimité du groupereste forte dans les entreprises.

RIMne secontente pas d’yécou-ler des téléphones, il y installe aus-si des serveurs, pour assurer l’en-voi et la réception rapide et sécuri-sée des courriels sur les mobiles.Les messages sont compressés,cryptés lors de leur transport. Celavaut d’ailleurs à RIM ces derniersmois de vives tensions avec cer-tains gouvernements (dont l’Inde)qui exigent d’avoir accès, au nomde la lutte contre le terrorisme,

aux clés de cryptage des messages.Au milieu des années 1990, quandles premiers BlackBerries sontapparus (ils ne s’appelaient pascomme cela à l’époque), RIM, fon-dée en 1984, était une des raressociétés au monde à proposer cetype de services. Le succès fut rapi-de et massif.

Le problème pour RIM, c’estqu’il n’est pas le seul à faire le parides tablettes professionnelles.C’est aussi celui de Cisco, premiervendeur au monde de routeursInternet.EtchezApple,onencoura-ge la mise à disposition sur l’iPadd’applications professionnelles.

Mais le Canadien peut-il fairel’impasse sur les tablettes, à l’heu-reoùla convergence entre télépho-nes et ordinateurs s’accélère ?D’autant que l’originalité de sesBlackBerries s’émousse. Tous les« smartphones » proposentaujourd’hui l’envoi et la réceptionde courriels. Certains construc-teurs, comme Nokia, avec le modè-le E5, sortent des terminaux trèsressemblants.

Au niveau mondial, sur le cré-neau des « smartphones », lesécarts de parts de marché avec l’i-Phoneet lestéléphones dotésd’An-droid, se comblent : ces derniersn’étaient plus qu’à un point deRIM au deuxième trimestre, selonle Gartner. « Dans les pays en déve-loppement, il y a encore des margesde croissance mais en Amérique duNord, il y a trop de concurrence »,selon Tina Teng, de iSuppli. p

Cécile Ducourtieux

L e magazine de mode Voguefête ses 90 ans et publie à cet-teoccasionunnuméroexcep-

tionnel de 620 pages, le plus grosjamais imprimé dans l’histoire dumensuel français. A l’origine,Vogue est un magazine américain,lancéen1894àdestinationdesfem-mes influentes. Son nom est uneallusion à l’océan et aux voyagestransatlantiques au cours desquelsde riches Américaines s’occupaienten lisant des revues de mode.

En Europe, un Vogue anglais avu le jour en 1917 et Vogue Paris aété créé en 1920. Aujourd’hui, leVogue américain, dirigé par AnnaWintour,est vendu à plusd’un mil-lion d’exemplaires, surtout soncélèbre numéro de septembre ou« september issue », qui peutcompter jusqu’à 800 pages… LeVogue français se positionne surun créneau plus avant-gardiste etplus audacieux. « C’est le plus groscontributeur d’articles repris dansles autres Vogue et le plus lu dans lemonde », souligne Xavier Roma-tet, PDG de la filiale française dugroupe Condé Nast, qui publie lemensuel.

Pour Carine Roitfeld, rédactriceen chef de Vogue Paris, « le Vogueaméricain est plus commercial,grand public et consensuel. Il estplus proche de Elle. Vogue Paris estpluspointuetadavantaged’influen-ce auprès des créateurs. Il est mar-quéparunespritfrançais,volontiersplus provocateur ». Le mensuel apour tradition de faire appel à degrands photographes pour mettreen scène la mode. « Nous sommesunmagazinedemodehautdegam-me, qui mise sur les signatures »,résume Mme Roitfeld.

Vogueasouvent défrayé lachro-nique avec des photos provocan-tes. En octobre, il a publié un clichéde Steven Klein montrant le man-nequinLara StonemaquilléenNoi-re, ce qui a suscité des protesta-tions de SOS Racisme. Une autre

fois, il a misen couverture la photod’un transsexuel.

Avec son numéro collector d’oc-tobre, le mensuel offre un portfo-lio de clichés audacieux pris parles plus grands photographes etparus dans Vogue. « Nous essayonstoujours de garder un côté chic etglamour, se justifie Carine Roit-feld. Nous évitons de tomber dansletrash. On peut toutoser,maistou-jours avec la “main” Vogue. »

Ladiffusiondumagazine sepor-te bien. Elle est en hausse régulièredepuis cinq ans, pour atteindre111 422 en moyenne par numéro en

2009 (diffusion France payée).« Nous avons survécu à deux crises,celle du luxe et celle de la presse, sefélicite Mme Roitfeld. Notre lectoratrajeunit.»

Le lancement de nouveauxmagazines féminins comme Gra-zia inquiète peu la rédactrice enchef. « Chaque numéro de Voguereste un collector, que l’on garde.Au contraire de cette presse fémini-ne qui a une durée de vie très cour-te. Un magazine comme Elle mon-tre la mode. Nous, nous réagissons,nous donnons des impulsions. Faceà des tendances qui se succèdent de

plus en plus vite, nous interprétonset faisons des choix subjectifs. »

Sur le créneau des magazines demode haut de gamme, les concur-rents de Vogue sont L’Officiel etNuméro. Le premier est publié parles éditions Jalou, propriété de lafamille du même nom, le deuxiè-me appartient au groupe Ayache.L’Officiel, dont le nom complet estL’Officiel de la couture et de la mode

de Paris, a vu le jour en 1921 et vafêter lui aussi ses 90 ans. « Noussommes plus centrés sur la mode,souligne Benjamin Eymère, direc-teur général éditorial. Nous met-tons en scène le vêtement avanttout.C’estunepressequirelèvepres-que de l’orfèvrerie, de l’artisanatd’art.»Legroupefamilials’esteffor-cé de développer la marque L’Offi-ciel à l’international, grâce à desjoint-ventures ou des contrats delicence. Aujourd’hui, L’Officiel a 22éditions dans le monde.

Les éditions Jalou ont pour pro-jet de valoriser leurs archives, quireprésentent 90 ans de mode fran-çaisedepuis1921.Lesanciensnumé-ros ont été numérisés et l’entrepri-se souhaite maintenant créer unportail d’archives de la mode fran-çaise. L’Officiel est diffusé à 63000exemplaires (diffusion Francepayée). Comme pour les autresmagazines de mode haut de gam-me,lesrecettespublicitairesconsti-tuent une part importante de sonchiffre d’affaires, jusqu’à 80%.p

Xavier Ternisien

Certainsimaginentquece «malware»pourrait êtrel’œuvrede laCIAoudes servicessecretsisraéliens

A90 ans, «Vogue», magazine français de modehautdegamme, se veut toujoursaussi «chicet glamour»Pour son anniversaire, la revue sort une édition qui rassemble ses clichés les plus audacieux

Part de marché En nombre detéléphones vendus, la part de mar-ché mondiale de RIM s’établis-sait, selon le cabinet Gartner,à3,4 % au deuxième trimestre2010. Le groupe canadien se clas-se ainsi au quatrième rang, derriè-re Nokia (34,2%), Samsung(20,1%) et LG (9 %), mais devantApple (2,7%).

Perspectives sur les tablettesEn 2010, entre 6 et 10millions deces tablettes informatiquesdevraient se vendre dans le mon-de. Lors de la présentation de sesrésultats au troisième trimestrede son année fiscale, close finjuin, Apple a annoncé avoir vendu3,27millions d’iPad en trois mois,depuis sa sortie, en avril.

Economie&Médias

«Unmagazinecomme “Elle” montrelamode. Nous, nousréagissonsetdonnonsdesimpulsions»

Carine Roitfeldrédactrice en chefde « Vogue » Paris

Le quatrième vendeur de téléphones mobiles au monde

Lefabricant du BlackBerry se lancedans labataille des tablettesnumériquesAvec PlayBook, le groupe RIM fait un premier pas dans l’univers informatique

Finance

Lesbanques«systémiques»dansle collimateur des régulateursLes experts du Comité de stabilité financière (Financial Stability Board),réunis, lundi 27 septembre, à Paris sous la présidence de Mario Draghi,ont indiqué qu’ils présenteraient lors du prochain G20, à Séoul ennovembre, des recommandations concernant les banques dites « systé-miques», celles dont la faillite serait préjudiciable à tout le systèmefinancier. Ces établissements pourraient se voir imposer des contrain-tes supplémentaires afin de renforcer leur capital. p

Le FMI oblige vingt-cinq pays à un examen régulierde leur système financierLe Fonds monétaire international a annoncé, lundi 27 septembre, qu’ilrendait obligatoires pour vingt-cinq pays, au moins tous les cinq ans,ses « Programmes d’évaluation du secteur financier ». Cette obligationconcernera les grands Etats développés mais également de nombreuxpays émergents. – (AFP.)

La Banque d’Israël relève son taux d’intérêtLa Banque d’Israël a annoncé, lundi 27septembre, une hausse d’unquart de point de son principal taux directeur, à 2 %. Il s’agit de la qua-trième augmentation de ce taux depuis le début de l’année. Elle motivecette décision par la forte hausse des prix immobiliers (+20 % en un an)et des crédits aux particuliers dans ce secteur. – (AFP.)

Lever informatiqueStuxnetalimentelesfantasmesdecomplotL’Iran, à travers les systèmes de sécuritédu groupe Siemens, en serait la principale cible

«Une» du mensuel «Vogue» de décembre1936. HORST

150123Mercredi 29 septembre 2010

Page 16: Le Monde du 29 09

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 28/9 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 38,22 24/9ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 15,91 24/9ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2905,41 24/9ECUREUIL OBLI CAPI C 62,06 24/9ECUREUIL PROFIL 90 D 33,03 24/9ECUREUIL PROFIL 75 D 37,65 24/9ECUREUIL EURIBOR 1259,89 26/9ECUREUIL EXPANSION C 18468,36 27/9ECUREUIL INVESTISSEMENT D 43,85 24/9ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,33 27/9ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2611,79 24/9ECUREUIL TRESORERIE C 66,93 26/9ECUREUIL OBLI EURO D 269,73 24/9ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117438,15 27/9

Multi-promoteursCM-CIC EUROPE 23,41 24/9Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 19,50 24/9CM-CIC SELECT.PEA 7,48 24/9CM-CIC MID EUROPE 19,65 24/9CM-CIC TEMPERE C 169,87 24/9CM-CIC DYN.EUROPE 32,86 24/9CM-CIC FRANCE C 32,11 24/9CM-CIC EQUILIBRE C 70,53 24/9CM-CIC DYN.INTERN. 26,30 24/9CM-CIC OBLI C.T.D 136,61 27/9CM-CIC MID FRANCE 30,54 24/9

Fonds communs de placementsCM-CIC DYN.INTERN. 26,30 24/9CM-CIC OBLI C.T.D 136,61 27/9CM-CIC OBLIGATIOND 26,62 27/9CM-CIC MID FRANCE 30,54 24/9CM-CIC PLANBOURSEC 18,23 24/9CM-CIC TEMPERE C 169,87 24/9CM-CIC EURO ACTS C 19,50 24/9CM-CIC FRANCE C 32,11 24/9

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SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3720,93 28/9 -1,20 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,50

ALLEMAGNE DAX Index 6217,63 28/9 -0,98 6386,97 6/8 5433,02 5/2 11,50

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5517,27 28/9 -1,01 5833,73 16/4 4790,04 1/7 11,70

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10812,04 27/9 -0,44 11258,01 26/4 9614,32 2/7 12,30

Nasdaq composite 2369,77 27/9 -0,48 2535,28 26/4 2061,14 1/7 17,50

JAPON Nikkei 225 9495,76 28/9 -1,12 11408,17 5/4 8796,45 1/9 15,80

LES BOURSES DANS LE MONDE 28/9, 10h04

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2010 2010

(Publicité)

VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,50 26,92 -1,54 1,31 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 89,80 90,93 -1,24 15,55 91,90 70,59 2,25 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 2,54 2,49 1,73 6,42 2,69 1,83 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 36,22 36,73 -1,39 -26,17 55,14 35,42 1,24 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 24,23 24,52 -1,14 -24,69 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,65 12,80 -1,13 -23,49 17,60 11,51 0,55 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 54,23 55,19 -1,74 -2,99 60,38 40,81 1,50 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 31,22 31,71 -1,55 -14,29 40,56 30,40 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 36,23 36,51 -0,74 13,34 40,30 30,20 0,80 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 39,85 40,16 -0,78 18,74 41,28 31,81 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 11,88 12,03 -1,21 -3,84 13,78 7,87 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 43,28 43,80 -1,19 1,05 46,88 39,34 1,20 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 19,07 19,26 -0,99 35,39 19,70 13,29 0,17 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 31,57 31,78 -0,66 -24,04 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 49,17 49,48 -0,61 17,78 50,45 40,84 0,70 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 15,98 16,12 -0,87 -8,29 17,92 14,01 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 25,93 26,19 -0,97 -14,36 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 42,72 43,24 -1,23 -26,11 63,00 35,57 2,00 T FR0000120537L’OREAL ............................ ◗ 81,60 82,85 -1,51 4,62 85,00 70,90 1,50 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 102,85 104,10 -1,20 31,22 106,55 74,19 1,30 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 59,92 65,26 -8,18 11,83 66,76 49,81 1,00 T FR0000121261NATIXIS .............................. ◗ 4,29 4,33 -1,01 20,98 4,90 3,06 0,45 T FR0000120685PERNOD RICARD ............... ◗ 59,93 60,45 -0,86 0,03 68,64 54,89 0,61 A FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 24,88 25,62 -2,91 5,11 27,49 17,92 1,50 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 116,25 118,45 -1,86 38,00 119,30 81,00 3,30 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 34,81 34,92 -0,31 22,16 35,73 27,66 0,60 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 36,57 37,52 -2,53 1,02 40,39 26,56 3,80 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................. ◗ 32,40 32,95 -1,67 -14,91 40,28 27,81 1,00 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS ............. ◗ 49,17 50,01 -1,68 -10,70 58,90 44,01 2,40 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 90,43 91,75 -1,44 10,58 94,47 72,00 2,05 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 44,09 45,05 -2,13 -9,94 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,58 5,69 -1,97 -13,23 8,08 5,16 0,06 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 13,63 13,72 -0,69 -15,47 17,86 12,46 0,65 S FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 57,08 58,13 -1,81 15,55 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 37,55 38,00 -1,17 -16,55 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 161,50 163,00 -0,92 5,07 167,00 119,85 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 71,97 72,87 -1,24 13,29 81,61 60,35 3,50 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 19,68 19,79 -0,53 -14,88 26,49 17,96 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 36,39 36,99 -1,64 -7,80 44,98 33,01 1,10 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 19,88 19,96 -0,45 -4,42 21,47 16,18 1,40 T FR0000127771

Mardi 28 septembre 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

I l suffit de parcourir les couloirsdu métro parisien pour s’enconvaincre : le numérique est

prêt à faire une percée dans l’affi-chage. De grands écrans vidéo surlesquels de brefs spots publicitai-res tournent en boucle, côtoientdésormais les traditionnelles affi-ches en papier. Selon la sociétéMétrobus qui les déploie, 300 sontdéjà installés et l’objectif de 400devrait être atteint à la fin de l’an-née. Ce n’est qu’un début, selon lesafficheurs,quise préparentà négo-cier le virage vers le numérique.

« Le numérique représente déjà10 % à 15 % du chiffre d’affaires dumétro de Londres, contre zéro il y atrois ans. De même pour l’aéroportde Londres. Sur le marché chinois,la part du numérique atteintmême 15 % à 20 % », affirme Jean-Charles Decaux, codirecteur géné-ral de la société JC Decaux, pourqui la mutation est bel et bienenclenchée.

«La technologie devient accessi-ble en termes de prix, a expliquéM. Decaux lors du 37e Grand Prixde l’affichage qui s’est déroulé du24au 26 septembre à Marseille. Lecoût d’un écran de 70 pouces équi-péa baissé d’un facteur 4 à 5 en cinq

ans. Il varie, aujourd’hui entre15 000et 20 000 euros. »

Le numérique devient un enjeulors des appels d’offres. Ce n’est pasun hasard si Métrobus a privilégiéle déploiement du plus grandréseau d’écrans français dans lemétro parisien, alors que le contratquile lieàlaRATP expirefin 2010etqu’un appel d’offres a été lancé. Lescandidats devront déposer leuroffre le 8 octobre. Les américainsClear Channel et CBS sont prêts àdéfendre leurs chances face àMétrobus, détenue à 33 % par JCDecaux et à 67 % par Publicis. Enligne de mire : un contrat qui repré-sente près de 10% du marché fran-çais de l’affichage, soit près de100millions d’euros annuels.

Autrecontrat françaisen jeu, oùle numérique devrait égalementjouer un rôle prépondérant. Celuid’Aéroports de Paris (ADP), estiméà 40 millions d’euros par an. Làencore, CBS mais surtout ClearChannel vont tenter de concurren-cerl’opérateur en place, JC Decaux.

Clear Channel prépare, quant àlui, une nouvelle offensive dansles centres commerciaux. « Nousavons un plan de déploiement depanneaux digitaux qui seront des

relais d’expression des marquesdans les centres commerciaux. Ildevrait débuter en 2011 et se dérou-ler sur trois ans », affirme PhilippeBaudillon, directeur général deClear Channel France.

Mais les afficheurs veulent aus-si installer les écrans vidéo dans larue. Un obstacle majeur à leursambitions vient d’être levé. « Il fal-lait attendre une stabilisation ducadre juridique. C’est désormaischose faite avec l’adoption de la loiGrenelle II. Elle a tranché en disant

qu’il fallait laisser le progrès techni-que se faire », précise StéphaneDottelonde, président de l’Unionde la publicité extérieure (UPE).Les afficheurs n’attendent plusque la publication des décretspour se lancer.

Pour cette profession, l’enjeu dela numérisation est de valoriser cemédia aux yeux des annonceurs.Face au développement accéléré

de la communication des marquessur Internet, mais aussi face à ladéferlante attendue de la publicitésur le téléphone mobile ciblée etgéolocalisée, l’affichage ne veutpas rester sur le bas-côté de l’auto-route technologique.

Sans attendre le déploiementdes écrans vidéo, JC Decaux dévoi-lera, début octobre, une initiativedont l’objectif est de faire le lienentre les affiches traditionnelles etles smartphones. Baptisée« U Snap », elle va proposer auxpassants de photographier uneimage et d’accéder ainsi sur leurmobile à des services d’informa-tionurbaine ou àdes offrespromo-tionnelles de marque.

Avec la numérisation, les affi-cheurs veulent proposer à leurtour une publicité ciblée. Au ris-que de susciter la polémique.Métrobus avait installé à l’originedans ses écrans des capteurs capa-bles de mesurer le nombre de per-sonnes qui les regardent et un sys-tèmed’envoiautomatique demes-sages sur les mobiles des passants.Undispositif dénoncépar desasso-ciations antipublicitaires et désor-mais inactif, selon Métrobus. p

Laurence Girard

Aéronautique Latécoèrebondit sur des rumeursde rachat par SpiritLe titre Latécoère a bondi de14,95% à 7,15 euros, lundi 27sep-tembre, à la suite d’un article duFigaro évoquant une perspectivede rachat par l’américain SpiritAerosystems. Très endetté, l’équi-pementier aéronautique cherchede nouveaux actionnaires. MaisLatécoère ne peut faire étatd’« aucun développement signifi-catif» dans sa quête d’un partenai-re, indique son directeur général,Bertrand Parmentier.

Eurocopter : 2011 sera«l’année la plus difficile»,selon son PDGLe PDG d’Eurocopter, Lutz Bert-ling, a prévenu, lundi 27septem-bre, que 2010 ne serait pas l’annéede la reprise et 2011 « l’annéela plus difficile » que le groupe aitconnue en raison d’un marchédes hélicoptères civils et militai-

res toujours incertain. Selon lui,« les annulations de commandesont diminué, mais les restrictionsgouvernementales mettent unepression » sur Eurocopter. – (AFP.)

Social Accord surl’organisation du travailchez France TélécomFrance Télécom a signé, lundi

27septembre, avec les syndicatsCFDT, CFTC et CGC-UNSA (40% desvoix au total) un accord sur l’orga-nisation du travail. Celui-ci est des-tiné à donner plus d’autonomieaux cadres et aux salariés. Cetaccord est l’un des derniers d’unesérie lancée lorsque les suicides sesont multipliés chez l’opérateur.La CGT et SUD ne l’ont pas signé.

Distribution Wal-Mart prêtà racheter le sud-africainMassmartLe numéro un mondial de la distri-bution, l’américain Wal-Mart, aindiqué, lundi 27 septembre, avoirouvert des discussions en vue durachat du groupe sud-africainMassmart pour plus de 4 mil-liards de dollars (3 milliards d’eu-ros). Massmart dispose de288 magasins dans 14 pays ducontinent africain. – (AFP.)

Aérien La compagnieà bas coûts Southwestrachète AirTranLa compagnie américaine à bascoûts Southwest Airlines a annon-cé, lundi 27 septembre, l’acquisi-tion d’AirTran, autre transporteur«low cost ». Cette acquisition, quidevrait lui coûter 3,2 milliards dedollars (2,4 milliards d’euros), per-mettra à Southwest de desservirplusieurs destinations internatio-nales. – (AFP.)

Marchés

Pneumatiques

Michelinlance uneaugmentation decapital d’environ1,2milliardd’eurosLe groupe Michelin a annoncé, mardi 28 septembre, le lancement d’uneaugmentation de capital en numéraire pour un montant brut d’envi-ron 1,2milliard d’euros. Cette opération doit permettre « de financer l’ac-célération du développement de Michelin», dont les investissements« approcheront 1,6 milliard d’euros » en 2011. Dans un communiqué, lemanufacturier ajoute que cette augmentation de capital visera égale-ment à « conforter sa notation de crédit et sa capacité d’accès aux mar-chés de financement ». La souscription des actions nouvelles s’effectue-ra à la parité de 2 pour 11 existantes avec un prix unitaire de souscrip-tion fixé à 45 euros par action nouvelle. Cette opération se déroulera du30septembre au 13 octobre. – (AFP.) p

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

Lavie desentreprises

P lus on est gros, mieux on seporte. L’adage a beau avoircours dans le domaine du

négoce de matières premières, iln’en reste pas moins que pour l’ac-teur plus modeste qu’est Olam, leprojet de fusion avec la sociétéLouis Dreyfus n’est peut-être pasune bonne idée.

Le mariage entre la maison fran-çaise non cotée et sa consœur deSingapour, inscrite à la Bourse loca-le, nécessiterait la mobilisation dequelque 15milliards de dollars(11,1milliards d’euros) et donneraitnaissance au troisième courtiermondial de matières premièresagricoles. Si les deux partis sontmanifestement complémentairesd’un point de vue géographique,cette alliance est surtout suscepti-ble de faire perdre à Olam nombredes atouts qui font son charme.

On ne cerne pas vraiment bienla stratégie du groupe françaisdepuis le décès, en 2009, deRobert Louis-Dreyfus, qui diri-geait la société. La participationmajoritaire qu’il détenait dans l’af-faire a été remise à une fondationcontrôlée par la famille, laquellesonge maintenant, d’après les ban-quiers, à lever des fonds et à intro-duire certaines filiales sur le mar-ché. Mais une émission de titresfournirait aussi aux membres dela famille une occasion de vendre.

Olam poursuit de son côté unestratégie d’intégration verticale,sous la houlette de son directeurgénéral Sunny Verghese. La socié-té de négoce espère doubler sa ren-tabilité en deux ou trois ans en sedéveloppant dans des activitésplus lucratives en amont du cour-tage, qui n’autorise, lui, que desmarges plutôt étroites. C’est ainsi

qu’elle achète des plantations pro-ductrices de palme, de caout-chouc, de café ou de cacao et qu’el-le se développe dans la produc-tion intermédiaire et la transfor-mation de matières premières.

Pour les analystes, la maisonLouis Dreyfus vaut entre 10 et11 milliards de dollars, soit le dou-ble de la capitalisation boursièredu groupe Olam. Et encore, ce der-nier se voit gratifié d’un cours par-ticulièrement généreux parcequ’il travaille sur des spécialitésmoins cycliques. Il cote à près devingtfois ses profits attendus,malgré un endettement net pres-que égal à six fois son excédentbrut d’exploitation. La fusionavec une entité Louis Dreyfus detaille plus importante et position-née sur des marchés plus volatilsserait destructrice de valeur.

Maison familialeLes deux sociétés sont certaine-

ment convaincues que leur uniondégagerait des synergies, maisOlam devrait y réfléchir à deuxfois avant de lier son sort à celuid’une grande maison familiale plu-tôt opaque, qui semble surtoutsoucieuse de s’offrir un meilleuraccès aux marchés de capitaux.Aux yeux des actionnaires du grou-pe singapourien, qui se sont habi-tués à sa politique de croissanceexterne – dix-septsociétés rache-tées au cours des trois dernièresannées – , le mariage apparaîtraprobablement peu avantageux.p

Una Galani

(Traduction de Christine Lahuec)

n Sur breakingviews.comPlus de commentaires sur l’actualitééconomique et financière.

L e consommateur chinoisprendra-t-il goût au «Hob-nob» ? Selon le Financial

Times, le conglomératshanghaïen Bright Food est enpourparlers exclusifs pour l’achatde United Biscuits, le fabricant bri-tannique de ces biscuits granu-leux à l’avoine, et ce pour 2,5 mil-liards de livres sterling (2,9 mil-liards d’euros). United Biscuits aclairement de quoi intéresser ungroupe chinois désireux d’aug-menter son chiffre d’affaires endehors de ses frontières. Il n’empê-che que, même pour le loup affa-mé auquel Bright Food aime à secomparer, la cible ne sera pas faci-le à digérer.

United Biscuits présente deuxgrandes qualités. La première, c’estd’être à vendre. En effet, les fonds

Blackstone et PAI Partners cher-chent à se désengager après avoirgardé l’affaire en portefeuille pen-dant quatre ans. La deuxième, c’estque l’opération devrait pouvoir seconclure sans soulever de polémi-que politique. En 2009, Cadburyest déjà tombé dans l’escarcelle deKraft: le Royaume-Uni ne sembledonc pas hostile par principe aurachat de marques historiques pardes investisseurs étrangers. De tou-te façon, United Biscuits n’est déjàplus britannique. La situation esten cela très différente de celle de laFrance, où l’offre de Pepsi sur Dano-ne s’est vue opposer une fin denon-recevoir au nom de l’intérêtstratégique national.

La somme de 2,5milliards delivres évoquée est plutôt généreu-se. Elle valorise United Biscuits à9,8 fois son excédent brut d’exploi-

tation 2010, si l’entreprise amélio-re ses résultats de 14% comme ellel’a fait en 2009. Pour PremierFoods, sa concurrente cotée enBourse, le multiple n’est que de5,6. Et après avoir été dirigée pen-dant dix ans par des fonds d’inves-tissement, la société n’offre quepeu de possibilités de réductiondes coûts.

Pour Bright Food, le fait quel’opération ne soit pas vraimentintéressante financièrement, ouque les spécialités typiquementbritanniques de United Biscuits neplairont peut-être pas au consom-mateur chinois, n’est pas très gra-ve. Les dirigeants du groupe deShanghaï veulent accroître le chif-fre d’affaires au rythme de 1,5mil-liard de dollars (1,1milliard d’eu-ros) par an au cours des trois pro-chaines années, mais n’ont pasfixé d’objectif pour les bénéfices.L’intégration de United Biscuitsserait synonyme d’un supplémentimmédiat de revenu de 2milliardsde dollars par an. D’ailleurs, un ren-dement de 5% reste plus attractifque celui des emprunts d’Etat àtrenteans chinois.

Bright Food ne serait pas le pre-mier acquéreur à avoir du mal àdigérer son acquisition. Le fabri-cant d’ordinateurs Lenovo et le spé-cialiste de l’électronique TCL ontdû endurer plusieurs exercicesdéficitaires après avoir acheté labranche PC d’IBM pour le premier,un certain nombre de divisions dechez Thomson et Alcatel pour lesecond. Comme les prétendantschinois sont souvent assez malaccueillis à l’étranger, on com-prend leur empressement à fairedes offres lorsqu’une opportunitése présente, quitte à devoir annon-cer un prix élevé. Mais s’ils veulentqu’on les considère comme deshommes d’affaires avisés, il leurfaudra changer de méthode. p

Wei Gu

(Traduction de Christine Lahuec)

L’opérationdevraitpouvoirseconcluresanssoulever depolémiquepolitique

LouisDreyfus n’arienduprétendantidéal pourOlam

Avecla numérisation,lesafficheurs veulentproposer àleur tourunepublicité ciblée

Ungroupe chinois se déclareprêtà croquer UnitedBiscuits

Economie

Lemonde de l’affichage faitsa muenumériquepourinvestirleslieuxpublicsDans le cadre de la loi Grenelle 2, l’installation d’écrans vidéos dans la rue sera autorisée

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

ReutersBreakingviews

16 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 17: Le Monde du 29 09

Du haut de la falaise de Gizia(Jura)oùilaimevenirobser-verles chamois, les fauconspèlerins et les grands cor-beaux,DenisBaratin, gardeforestier à l’Office national

des forêts (ONF), couve du regard une par-tie du vaste territoire dont il a la responsa-bilité. Au premier plan, les montagnes ver-tes du Revermont, puis l’imposante plainede la Bresse et les monts du Mâconnais àl’horizon. Tout autour, des bois de feuilluset de résineux. « Mes forêts», dit-il. Ce sontses arbres, « ses bébés», comme les appelleBénédicte, sa femme : des chênes – ses pré-férés, des hêtres, des érables, des charmes,des sapins, des douglas, des pins…

C’est non loin de ce tableau sylvestre, àPoligny (Jura), que Jean-Paul Marchands’est donné la mort avec une arme à feu, le3décembre 2009. Un suicide sur le lieu detravail comme l’ONF en a connu vingt-deux ces sept dernières années. Ces suici-des n’ont pas tous une origine profession-nelle, reconnaissent les syndicats, mais iln’empêche : le malaise est réel chez lesforestiers, les « agents patrimoniaux »,selon le terme professionnel.

Pour tenter d’expliquer ce malaise, lessyndicats évoquent l’évolution des mis-sions, l’avancement au mérite, la craintedu désengagement de l’Etat et la recherchede la rentabilité, les compressions de per-sonnel qui augmentent le travail adminis-tratif des agents et les amènent à gérer deszones forestières toujours plus grandes…Sur le terrain, il faut couper plus de bois,marteler plus de troncs (le marquage quipermet d’abattre les bons arbres), inciterlescommunes àplus detravaux forestiers.

«Monterritoires’étendsuronzecommu-nes et représente 1550hectares, une surfacequiaugmente d’annéeenannée »,expliqueDenis Baratin, 53ans. Entré à 23ans à l’ONF,par passion, Denis Baratin dit sa désillu-sion. « Avant, je connaissais mes forêtsarbre par arbre. Ce n’est plus le cas »,confie-t-il.Sontravail, lesmissionsdel’offi-ce ont changé. « On a appris un métier, et cequel’on nous demandedefaire aujourd’huiest contraire à la qualité de ce métier.»

Enparcourant laforêt d’Augea, une cen-taine d’hectares plantés de feuillus, l’hom-me habillé de vert raconte les onze maireschangeant au gré des élections, avec les-quels il travaille pour gérer les forêts com-munales. « On établit les plans de coupe, onmartèle les arbres en équipe – l’un des raresmomentsoùleforestier romptavec lasoli-tude. On est au bureau, qui se trouve sou-vent dans notre propre maison, dès 7 heu-res pour faire du travail administratif, puison part sur le terrain ; et il n’est pas rared’avoir des réunions jusque tard avec lesélus», raconte Denis Baratin.

Après trente ans de service, il vient depasser le cap des 1 500 euros mensuels,auxquels s’ajoute une prime annuelle de5 000 euros « en fonction des objectifsatteints ». Et ceux-ci posent problème.« Lors des entretiens annuels, nos direc-teurs fixent nos objectifs et nous deman-dent de consacrer plus de temps aux activi-tés lucratives, aux dépens des missions deservice public. »

La politique de l’ONF n’est pas seule encause. Les tempêtes ont été de véritablescrève-cœur. Installé dix ans en Lorraineavant de rejoindre le Jura en 1993, DenisBaratin n’a pas résisté à la tentation deretourner sur les lieux après le passage deLothar, en décembre 1999. « Sur les1000hectares que jegérais, il enrestait200debout : j’avais bossé dix ans, et tout montravail était par terre. » La voix tremble.L’agent forestier, explique-t-il, travaillepour les générations futures. « On a à cœurde laisser un patrimoine ; ce qu’on plante,on le verra à peine grandir, c’est pour ceuxqui viennent après, de la même manièreque l’on hérite des forêts de nos anciens. »

A la recherche de profits immédiats,l’ONF demanderait de couper des arbres« trop jeunes ». Les chênes sont martelésentre 50 et 60 cm de diamètre, « alorsqu’avant ils devaient faire plus de 60 »,dénonce-t-il. Les scieries modernes n’ac-cepteraient plus les gros troncs, et, tra-vaillant à flux tendu, sans stock, les rota-tions sont plus rapides et les coupes plusfréquentes.

Quand il évoque le suicide de Jean-PaulMarchand, Denis Baratin parle de « souf-france éthique ». De fait, l’origine profes-sionnelle du malaise de son ancien collè-guesembleétablie.Dansuncourrier adres-sé à tous les agents de Franche-Comtédébutseptembre, le directeurrégional, Syl-vestre Chagnard, cite les conclusions de lacommission d’enquête du comité d’hygiè-ne, de sécurité et des conditions de travail(CHSCT) : « Les problématiques liées à lasouffrance éthique ainsi qu’à la reconnais-sanceprofessionnelleémergent commeélé-mentsexplicatifsprobablesdansuncontex-

te de réorganisation permanente de l’éta-blissement et d’évolution des exigences dumétier d’agent patrimonial.»

Accompli pendant le temps de travail etsurle lieu de travail, « l’acte de détresse psy-chologique était manifestement adressé àla communauté de travail ONF ». L’épousede Jean-Paul Marchand en était convain-cue. « Pour les obsèques, elle demanda devenir si possible dans la tenue verte de tra-vail des forestiers, comme son mari l’auraitsouhaité. Mais elle précisa qu’elle ne pour-rait supporter, ainsi que sa famille, la pré-sence d’aucun membre des directionsdépartementale, régionale et nationale del’ONF », témoigne Elisabeth Weissmandans La Désobéissance civique (Stock,2010, 19,50 euros).

Ce drame n’a hélas !, rien d’exception-nel. En juillet, un agent se suicidait dans laNièvre, en août c’était dans les Landes.Trois suicides en 2010, vingt-deux depuis2003, dont dix-huit agents forestiers. « Lemalaise, on le reconnaît, mais il ne faut pasleréduire à laquestion des suicides », confiela directrice des ressources humaines del’ONF, Anne-Marie Boulangier. Et de met-tre en garde ceux – les syndicats – quiseraient tentés de les exploiter : « Nousn’avons pas à utiliser des actes qui ne nousappartiennent pas. » Selon elle, si la pas-sion a du bon, « elle n’aide pas toujours àaccepter les changements en cours ». Lamoyenne d’âge des quelque 3 700 agentsforestiers (sur les 9 750employés de l’ONF)atteint 46,1ans.

« Les agents patrimoniaux font un tra-vail qui ne correspond plus à ce qu’ils

aimaient, les administratifs travaillentsous la pression de la hiérarchie et sont sou-mis à la mobilité professionnelle, tout lemondeest stressé», résumeVéroniqueBar-ralon,membreduCHSCTdeFranche-Com-té pour le Syndicat national unifié des per-sonnels des forêts et de l’espace naturel,affilié à Solidaires, première organisationdevant la CGT.

Hervé Gaymard, président du conseild’administration de l’ONF depuis janvier,

député UMP de Savoie, reconnaît qu’« il y aun problème social à l’office évident ».Selon lui, les causes sont multiples : uneadministration régie sur le modèle colber-tiste, centralisée et très hiérarchisée ; desforestiers isolés dans leur travail et quirevendiquent pourtant plus d’autono-mie; des changements de métiers impor-tants… Chargé par Nicolas Sarkozy d’unemission sur, notamment, « les mécanis-mes de financement et les modes d’organi-

sation de l’office», M.Gaymard doit rendreprochainement son rapport.

Le président de l’ONF estime qu’il faut«réaffirmer la stabilité de l’environnementinstitutionnel ». En clair, couper court auxrumeurs de privatisation ou d’éclatementde l’office en confirmant clairement sonstatut d’établissement public. M. Gay-mard propose aussi que la pénibilité destravaux forestiers soit mieux prise encompteetpréconise unaudit socialenpro-fondeur.

Dans une étude sur le « climat social »interne, réalisée en juin 2005, les deuxtiers des salariés considéraient que « lasituation générale de l’ONF se dégrade »,une proportion qui atteint 90 % chez lesforestiers. Les réformes étaient ressentiescomme « utiles mais pas indispensables»et les «changements trop rapides ».

N ombreux sont les salariés qui esti-ment aussi que l’ONF s’attachetrop à la rentabilité. Pour Véroni-

que Barralon, « l’ONF mène une politiquemarchande plus qu’une gestion patrimo-niale ». Le discours de Nicolas Sarkozy àUrmatt (Bas-Rhin), le 19mai 2009, a mar-qué les esprits. Célébrant la filière bois, lechef de l’Etat en a déploré le solde négatif :« Six milliards d’euros en 2008 », alors que« le potentiel de la forêt est extrêmementimportant ». La forêt représente un quartdu territoire et progresse chaque année de40 000 hectares. Et l’ONF perd de l’argent.Après le déficit du début des années 2000,les tempêtes de fin 1999 ayant fait chuterles prix du bois, l’Office a vu sa santé finan-cière se rétablir. La crise économique de2008-2009 l’a fait replonger: les ventes debois ont rapporté 253 millions d’euros en2007, et seulement 157,4 millions d’eurosen 2009.

« La forêt pousse plus vite, explique ladirection de l’ONF, il faut faire des éclairciesplus nombreuses et aller plus loin dans l’uti-lisation de l’arbre: les missions doivent évo-luer pour permettre de développer les filiè-res du bois énergie et du bois construction.»Plus de bois, plus de travail et moinsd’agents. L’équation est insoluble, esti-ment les syndicats. Les compressions depersonnel ont été importantes de l’aveumêmedeladirection,duesnotammentàlaRévision générale des politiques publiques(RGPP).MichelBénard,agentforestierdansla forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne)et responsable CGT, alerte: « En Russie, oùPoutine a supprimé 70000 postes de fores-tiers, laforêt n’estplus entretenue, etona vul’impact sur les incendies cet été.»

Mais après une année 2009 sans recru-tement,120 nouveauxagentsde l’ONFdoi-vent arriver sur le terrain avant la fin del’année. La passion de la forêt chevillée aucorps, comme les anciens.p

L’appeldelaforêt

«Lorsdes entretiensannuels,nosdirecteursfixent nosobjectifsetnous demandentdeconsacrer plus detempsauxactivités lucratives,auxdépens desmissionsdeservice public»

Denis Baratingarde forestier à l’ONF

Le «territoire» jurassien de Denis Baratin, garde forestier à l’ONF, s’étendsur 1550hectares, une surface qui augmentechaque année. CAMILLE DUPUIS POUR «LE MONDE »

ReportageDécryptages

Rémi Barroux

Deux agentsforestiers se sontdonné la mort surleur lieu de travail,en juillet et en août,ce qui porteà vingt-deuxle nombre de casde suicide à l’ONFdepuis sept ans.Un agent du Juraévoque«la souffranceéthique»d’un de ces disparuset le malaisequi touche l’office

170123Mercredi 29 septembre 2010

Page 18: Le Monde du 29 09

Forte de la puissance deson armement, de lasuprématie de sa tech-nologie et de la richessede ses réflexions straté-gique et doctrinale, l’ar-

mée américaine occupe une placeprédominante sur l’échiquier desforces occidentales. Il serait dèslors légitime d’imaginer que laconjugaison de ces trois facteurs,pour conférer aux Etats-Unis uneincontestable suprématie du faitde leur totale maîtrise des environ-nements tactique, opératif et stra-tégique, leur permettrait tout aus-si facilement de gagner les cœurs.

Or malgré les indéniables suc-cès du général Petraeus en Irak,l’expérience tirée des récentsconflitstend àmontrer quelacapa-cité à gagner des guerres et àconquérir des territoires n’a pasforcément pour corollaire celle degagner la paix. Parmi toutes les rai-sons susceptibles d’être avancéespour expliquer la difficulté desEtats-Unis à rallier à leur cause lespopulations des théâtres d’opéra-tions sur lesquels ils sont engagés,deux au moins, parce qu’ellesprennent leurs racines dans l’his-toire et la culture américaines,méritent d’être évoquées tantelles semblent déterminantes, voi-re rédhibitoires.

La première est historique etparaît tenir à la manière dont a étéeffectuée la conquête de l’Ouest.Pays jeune au regard des nationseuropéennes, les Etats-Unis se sontconstruits autour du thème struc-turant des « nouvelles frontières »et de la conquête des territoiresindiens qui faisaient figure de ter-res inconnues et donc naturelle-ment hostiles et dangereuses.

Cela se traduisait, outre une ins-tinctive attitude de défiance, pardes colonnes de chariots, qui, à lapremière alerte, se refermaient surelles-mêmes dans un cercle auto-protecteur, délimitant ainsi lemonde connu et civilisé de celuisauvage et donc forcément hostilequi se trouvait au-delà de l’anneauprotecteur.

Ce schéma semble désormaisimmuable dans l’inconscient col-lectif américain. Ainsi au Kosovo,lors de l’opération « Trident », en1999, tandis que les unités françai-se et britannique se scindaient par-fois jusqu’à l’échelon de la section,

pour mieux s’insérer dans leurmilieu opérationnel et s’intégreraux populations dont elles parta-geaient d’ailleurs les conditions devie extrêmement sommaires, lesforces américaines se refermaientsur elles-mêmes en se « bunkeri-sant » dans des camps, symboli-ques répliques du cercle de cha-riots du Far West.

L’on peut alors se demander sice syndrome du type « Fort Ala-mo » ne reflète pas en réalité uneincapacité à s’adapter et à s’ouvrirauxautrespoursinonlescompren-dre, du moins les respecter endépassant la méfiance naturelleque suscite tout ce qui n’appar-tient pas à la sphère du «connu ».

La seconde raison qui explique-rait cette distanciation à l’égarddes populations indigènes est denature juridico-culturelle. En effet,pour s’intégrer dans une popula-tion étrangère et s’ouvrir à elle afind’en être acceptée, encore faut-il,au-delà de tous les entraînements

opérationnels auxquels peuventêtre soumises les unités envoyéessur les théâtres d’opérations, quecette démarche d’ouverture àl’autre soit naturelle, spontanée etconforme aux standards culturelsde son propre environnementnational.

Or la législation extrêmementlibérale relative à la détention d’ar-mes aux Etats-Unis (environ200 millions d’armes pour300 millions d’habitants) a pourcorollaire, et sans doute effet per-vers, que chaque individu, parcequ’il peut être porteur d’une arme,

est perçu comme un danger enpuissance. Dès lors, son contrôles’effectue à l’aune du risque poten-tiel qu’il représente et s’opèreselon des procédures extrême-ment strictes, contraignantes etparfois agressives.

Ce modèle, accepté et d’une cer-taine manière sociologiquementlégitimé, a été érigé en standardpolicier et culturel, alors mêmequ’il serait totalement inaccepta-ble dans la plupart des démocra-ties européennes. Il s’ensuit toutnaturellement, par une sorte deglissement inconscient, que ce quiest considéré comme une normede sécurité parfaitement admisesur le territoire américain s’impo-se à plus forte raison sur un théâtred’opérations où l’autochtone estconsidéré comme un ennemipotentiel dont il faut, a priori, seméfier et se protéger.

Il en résulte deux conséquen-ces. Pour les forces américaines,d’abord. En effet, obnubilées parle « dogme du zéro mort », « for-matées » par leurs propres stan-dards culturels, et prisonnièresde leur complexe obsidional qui apu les conduire à des égarementstels que celui d’Abou Ghraib, ellescourent le risque de se replier surelles-mêmes au point de se cou-per de ceux qu’elles venaient pré-cisément aider, au point de leurapparaître distantes et, parfois,méprisantes.

Pour les populations natives,ensuite. Assujetties, sur leur pro-pre sol, à des règles d’engagementdifficilement acceptables parcequ’aliénantes et parfois sources dedommages collatéraux, elles sontd’autant plus portées à considérercomme un envahisseur plutôt quecomme un libérateur l’étrangervenu les défendre. Ainsi la conju-gaisonde ces deux facteurs histori-que et culturel constitue-t-elle unpuissant obstacle à la capacité del’armée américaine de « gagner lescœurs et les esprits».

Au-delà, il pourrait en résulterun risque pour nos propres forces.Engagées aux côtés de leur puis-sant allié, elles pourraient en effetêtre enclines à négliger leurs tradi-tionsetsavoir-êtrehéritésdumaré-chal Lyautey et oublier que « toutebataille gagnée au mépris de ladignité est, tôt ou tard, une batailleperdue».p

Cette volonté d’expéri-menter, en France,des centres d’injec-tion supervisée (CIS)résulte de la difficileréalité de terrain à

laquelle sont confrontées les asso-ciations et s’appuie sur des résul-tats scientifiques validés à l’étran-ger.La mise en place de ces disposi-tifs vient compléter une politiquefrançaise de santé publique cen-trée sur l’accompagnement, dontles résultats sont peu contestableset qui ne contredit pas une politi-que d’éducation des adolescents.

Lescentres de soins,d’accompa-gnement et de prévention enaddictologie (Csapa) et les centresd’accueil et d’accompagnement àla réduction de risques pour usa-gers de drogues (Caarud), ainsi queles associations d’usagers sontconfrontés à la difficulté dedéployer la politique de santé endirection des usagers de drogues.

Ces personnes en grande préca-rité sont souvent en rupture avecle dispositif socio-sanitaire et dansl’impossibilité d’utiliser le maté-riel de réduction des risques. Parailleurs, les riverains supportentde plus en plus mal les nuisancesrésultant de ces no man’s landsque deviennent les Sanisettes, cer-tains parkings, les cages d’escaliersetc., où les usagers de drogues s’in-jectent de l’héroïne, de la cocaïneet des médicaments.

Ainsi, dans le cadre de leursmis-sions de maraude, et sur la base dela littérature scientifique et desexpériences menées dans d’autrespays, les associations de terrain,soutenues par les élus locaux, ontréclamé la possibilité d’expéri-menter le dispositif de CIS en Fran-ce. Contacté sur le sujet, le ministè-re de la santé avait souhaité atten-dre les résultats d’une expertise del’Institut national de la santé et dela recherche médicale (Inserm) surla réduction des risques.

Publié en juin, ce rapport aconfirmé que les CIS renforcentl’efficacité d’une politique deréponses graduées, en permet-tant de réduire les overdoses etles risques infectieux (contamina-tion VIH, hépatite C, abcès…) ; d’at-teindre une population d’usagersde drogues à hauts risques et engrande précarité ; d’améliorerleur accès aux soins (y compris de

la dépendance) et leur santé ; deréduire la consommation dansles lieux publics et les nuisancesassociées.

La ministre de la santé,Mme Roselyne Bachelot, ayant prisacte de cette expertise, a proposéque « s’engage une concertation,notamment avec les collectivitéslocales ». Cette démarche s’inscrittotalementdansl’espritdela décla-ration de Vienne qui demande auxgouvernements de réorienter lespolitiques de lutte contre la dro-gue en tenant compte des problé-matiques de santé publique et desdonnées scientifiques disponi-bles. Lancée en mai, cette déclara-tionarecueilliplusde17000 signa-tures au niveau mondial, dont cel-les de leaders politiques, scientifi-ques ou de la société civile.

Pourtant, le premier ministre,François Fillon, pour qui l’experti-se de l’Inserm ne valide pas l’inté-rêt d’une expérimentation desCIS, affirme, en dépit des preuvesscientifiques accumulées, que « lapriorité de Matignon est de réduirela consommation de drogue, nonde l’accompagner ».

Nous nous inquiétons de cespropos, qui sont en complètecontradiction avec la loi de santépublique de 2004, et avec lanotiond’un accompagnementgra-dué, pratiqué par les Csapa et Caa-rud, qui n’oppose plus prévention,soin et réduction des risques, maisfait l’effort de les placer dans uncontinuum. Avec ce type d’objec-tion, c’est l’ensemble des outilsactuels de réduction des risquesqui seraient refusés.

C’est d’ailleurs contre cesmêmes arguments que Mme Bar-zach ou Mme Weil, dans leurs fonc-tions de ministre de la santé, ontdû lutter pour imposer respective-ment la vente libre de seringues enpharmacie, en 1987, ou les pro-grammesdesubstitutionauxopia-

cés en 1995, qui ont depuis large-ment fait leurs preuves.

Considérer la diminution de latoxicomanie comme seul élémentd’évaluation de la politique de san-té est dangereux pour les usagers,coûteux pour les finances de l’Etatet méprisant pour les profession-nels de santé. La réduction de laconsommation de drogues est aus-si notre objectif, mais elle doit êtreassociée à d’autres objectifs (rédui-re la mortalité, la morbidité, aug-menter la qualité de vie, l’accès auxsoins spécifiques et généraux, lut-ter contre l’exclusion…). Les usa-gers de drogues ne sont pas coupa-bles de leur addiction et doiventbénéficier, comme tous citoyens,d’un accès à la prévention, aux trai-tements et aux soins!

Opposer la légitime volontéd’une politique de prévention etd’éducation qui dissuade de l’usa-ge à une politique de réduction desrisques, qui diminue les consé-quences néfastes de l’usage et ren-force l’accès aux soins, est un gravecontresens. Ce contresens a été àl’origineduretarddelaFrancedansla mise en place de la politique deréduction des risques favorisant latransmission d’agents infectieux(VIH, hépatites) et causant la mortde nombreux usagers de drogues.

Le dispositif actuel d’accompa-gnement des usagers actifs, fondésurdesdonnéesscientifiques, afaitses preuves. Sauf à être remis encausedans salogique même, il évo-lueraenfonction denouvellesdon-nées scientifiquement contrôléesprévuespar laloi desantépubliquede 2004. Les CIS ne sont ni unepanacée ni un outil de banalisationde l’usage, mais à l’heure où l’injec-tion de cocaïne et de médicamentsaugmente dans les grandes villes,ils sont une porte nouvelle d’accèsaudispositifdesoinsetd’accompa-gnement pour ces usagers à hautsrisques et très précarisés. Nous nedemandons que le droit d’ouvrircette porte! p

Professeure Françoise Barré-Sinoussi,Prix Nobel de médecine 2008 ; PierreChappard, coprésident d’Act Up Paris ;Jean Pierre Couteron, président de l’As-sociation nationale des intervenants entoxicomanie et en addictologie (Ani-tea) ; membres du Collectif du 19 maipour l’expérimentation d’une salle deconsommation.

Les Etats-Unis gagnent les guerres,mais peuvent-ils gagner la paix?

Le président de l’Assembléenationale occupe une place àpart dans notre République.Issu de la majorité, il devient,dès son élection, le garant dubon fonctionnement de l’As-

semblée. A ce titre, il a pour premierdevoir de veiller au respect des droits detous les députés, qu’ils soient issus de lamajorité ou de l’opposition. Son impar-tialité fonde son autorité. Son intégritéest d’autant plus indispensable qu’iln’existe pas, en France, de juge compé-tent pour veiller au respect du règlementde l’Assemblée.

Mercredi 15 septembre, à l’occasion dudébat sur les retraites, Bernard Accoyer afailli à cet impératif. Sur les soixante-qua-tre heures réservées à ce texte, les députéssocialistes se sont exprimés vingt heures,les députés de la Gauche démocratique etrépublicaine(GDR,quirassemble lesdépu-tés Verts, communistes et du Parti de gau-che) n’ont disposé que de huit heures ettrente-cinq minutes. Nos oratrices et ora-teurs ont utilisé ce temps pour exposerleurs amendements et formuler leurs pro-positions alternatives.

Devant l’enjeu que représentait un teldébat, jamais ils n’ont cédé à lafacilité de lacaricature. A l’issue du « temps guilloti-ne », ils ont été interdits de parole, alorsque ni la question cruciale de la retraite

des femmes ni les articles concernant letravail des seniors n’avaient pu être abor-dés sérieusement. Ils ont alors demandé àbénéficierd’uneexplication devoteindivi-duelle, prévue par l’article 49.13 du règle-ment.Cedroitn’est assortid’aucune condi-tion. Il résulte, d’une part, du nouvel arti-cle 51-1 de la Constitution et, d’autre part,du fait que chaque député est, en dehorsde son appartenance à un groupe, un élude la nation.

Aucun parlementaire ne peut recevoirde mandat impératif et, de ce fait, nul nepeut préjuger de son expression. En refu-sant ce droit aux parlementaires, BernardAccoyer a pris la grave décision de violer lerèglement de l’Assemblée qu’il préside.

Pire encore, les justifications données aposteriori par Bernard Accoyer confinentà la manipulation de l’opinion publique.Comment peut-on sérieusement accuserl’opposition d’une « obstruction » qui estjuridiquement devenue impossibledepuislaréforme constitutionnelle. L’usa-gede l’article49.13 aurait eu pour seuleffetde repousser le vote de… quelques heures.

S’agissantd’uneréformedecette impor-tance, qui peut honnêtement plaider quec’étaittrop? Legouvernementy était,sem-ble-t-il, disposé. L’Elysée a préféré le coupde force. L’honneur du président de l’As-semblée nationale aurait dû être de fairerespecter le Parlement plutôt que d’impo-

ser l’arbitraire. Une fois encore, une fois deplus, une fois de trop.

Chacunaencoreen mémoireles affairessensiblesdessondagesdel’Elyséeetdessui-cidesà FranceTélécom.C’était ily aunan etl’opposition avait tenté, en vain, de faireusagedeson«droitdetirage»pourobtenirla création de commissions d’enquête.C’était une des promesses de BernardAccoyer à l’été 2008: le droit pour les grou-pes d’opposition d’obtenir la créationd’une commission d’enquête une fois parsession! Au final, ce «droit d’obtenir» s’esttransforméen«droitdedemander»lacréa-

tion d’une commission d’enquête, la majo-rité se réservant la possibilité de la vider deson contenu ou de la déclarer irrecevable.

Le sort réservé aux séances consacréesaux propositions de loi de l’oppositionn’estpasplusbrillant.Lesdébatssontàcha-que fois repoussés en fin de semaine dansun Hémicycle déserté par les députés de la

majorité, encouragés à l’absentéisme parl’usage du vote bloqué.

La contrepartie du « temps guillotine »devait être la revalorisation des travauxen commission. Là encore le fossé estimmense entre les intentions affichées etla pratique constatée. Les débats y sontsouvent bâclés, corsetés dans des délaisirréalistes. La séance à huis clos du mois dejuillet sur les retraites fut l’exemple ache-vé de ce refus de renouveler le débat parle-mentaire.

Le Parlement travaille de plus dans l’ur-gence et, de ce fait, de plus en plus mal.L’usage quasi systématique de la procédu-reaccélérée–c’est-à-dire avecuneseulelec-ture avant l’adoption définitive – ne per-met plus de débattre sereinement dessujets essentiels qui engagent l’avenir de lanation. Alors que les présidents des deuxAssemblées ont le pouvoir de s’opposer àcette accélération des débats en garantis-sant un rythme plus adapté à l’élaborationde lois de qualité, ils laissent se dégrader lesconditions de travail d’un Parlement où semultiplient les lois sur les mêmes sujets aurythme des faits divers.

C’est si vrai que le président de la Répu-bliquea dûannoncerque la fin de la législa-ture serait consacrée à « délégiférer »,c’est-à-dire à corriger les incohérences destextes votés, en supprimant les mesuresinapplicables ou contradictoires.

En fin de compte, notre Assemblée estplus que jamais réduite à une Chambred’enregistrement des exigences présiden-tielles. La majorité parlementaire est invi-téeà faire vite, harcelée par un exécutif quiconsidère les débats au Parlement commeune pertede temps. Nos débats sont bridésalors qu’ils devraient être au cœur de ladélibération démocratique.

Cette évolution du travail à l’Assembléeaboutit à un paradoxe institutionnel : c’estle Sénat qui s’impose désormais comme laChambre des débats et l’Assemblée natio-nale, seule élue au suffrage universeldirect, est priée de se taire.

Parce que M. Accoyer n’a pas su, pas pu,ou pas voulu s’opposer à cette dérive, par-ce que, dans le débat sur les retraites, il apréféré complaire au président de la Répu-blique plutôt que protéger une institutiondontil est le garant, il n’est plus digne à nosyeux de présider notre Assemblée.p

Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialis-te, radical et citoyen ; Yves Cochet, député Vertet président du groupe de la Gauche démocrateet républicaine (GDR) ; Roland Muzeau, porte-parole des député(e)s communistes, républi-cains et citoyens ; Gérard Charasse, responsabledes députés radicaux de gauche ; MartineBillard, députée du Parti de gauche ; et l’ensem-ble des député(e)s socialistes, radicaux etcitoyen, communistes, Verts et apparentés.

ClaudeVicaireGénéral de corps d’armée

Lesassociationssontconfrontéesà

ladifficulté dedéployerlapolitiquede santéendirectiondesusagersdedrogues»

Ilest urgent d’ouvrir des centresd’injection supervisée de drogues

Laséance àhuis closdumois dejuillet

surles retraites futl’exempleachevédece refusde renouvelerledébat parlementaire»

DécryptagesDébats

Lesforcesaméricaines

courent lerisquedesereplier surelles-mêmesaupointdesecouper de ceuxqu’ellesvenaientprécisément aider»

Pourquoinous demandons la démissiondu président de l’Assemblée nationaleBernard Accoyer n’a passu protéger une institution dontil est le garant

18 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 19: Le Monde du 29 09

C ertains diront que c’est unlivre féminin qui fait la partbelle à la psychologie, aux

sentiments. Cependant, la thèseque défend Marie-Eve Malouinesdans Nicolas Sarkozy : le pouvoir etla peur est rationnelle, sérieuse,argumentée. Fruit d’une enquêtemenée àbonne source, avec cepen-dant ce regret que les informa-teurs ont exigé l’anonymat, elle

éclaire les interrogations qui cou-rent en ce moment sur la façondont le président de la Républiqueconduit le pays : est-il vraimentmaître du jeu ou victime de tropfortes passions ? Sujet sensibleabordé ici avec sang-froid sans quejamais affleure ni l’agressivité nil’esprit polémique.

Pour répondre, la journaliste,chef du service politique de FranceInfo, a vérifié auprès de ceux quil’entourentle paradoxedece prési-dent qui a coutume de dire « Je n’aipas peur » et dont le moteur seraiten réalité la peur.

Une peur qui remonte à l’enfan-ce, lorsque le père volage disparaîtde l’environnement familial. L’en-fanta4ans etvit l’événement com-

me un séisme, d’où découlent tou-tes sortes d’angoisses : de l’aban-don, de la trahison, du manqued’argent, du déclassement social.«Situation insupportable. Inadmis-sible. Il fautse battre», écrit l’auteu-re. C’est ce que prône la mère, c’estce que fait le fils. Le pouvoir est unformidable antidote aux peurs deNicolas Sarkozy. Le pouvoir pourse rassurer, pour se prouver qu’onest le plus fort.

La thèse intéressante mais pastoujours serrée de près au fil deschapitres éclaire les nombreusesfacettes de la personnalité duchef de l’Etat, tellement en ruptu-re avec les codes élyséens. Oncomprend mieux son côté fanfa-ron, ses attitudes de nouveauriche, sa perte totale de sens politi-que dès lors que l’un des mem-bres de sa famille est en jeu. Sanscompter ses capacités exception-nelles de rebond lorsque, dès lespremiers instants du quinquen-nat, tout semble voler en éclatsaprès le départ de Cécilia. « Plusc’est difficile, plus c’est stimu-lant. » La leçon vient de loin. Elleremonte à l’enfance.

Le pouvoir est un antidote à lapeur, mais c’est aussi un révéla-teur et un amplificateur des faillesdu premier personnage de l’Etat.Pour se rassurer, Nicolas Sarkozy aorganisé au sommet de l’Etat une

compétition incessante, dont il sedoit d’être naturellement le plusfort. Ce mode de gouvernance fon-dé sur la peur et la méfiance metsous tension son entourage, sesministres, tout l’appareil d’Etat,sans que les résultats soient pro-bants en matière de réformes.

Disséquant la « rupture » prô-née par le candidat lorsqu’il cher-chait à conquérir le pouvoir, l’au-teure montre que le président enson palais est du genre conserva-teur. Là encore à cause des peurshéritées de l’enfance. S’il piquerégulièrement des colères, il nelimogepas. Son entourageressem-ble de plus en plus à un aréopagede patriarches : Claude Guéant(65 ans), Raymond Soubie (70 ans),Jean-David Levitte (64 ans), dont laprésence le rassure. Quant auremaniement du gouvernementannoncé cet été, il n’est toujourspas venu. « L’inconnu l’insécuri-se », affirme un proche.

A cet instant critique du quin-quennat, on aimerait savoir com-ment l’histoire va tourner.Sachant les tours que réserve lapolitique, Marie- Eve Malouines segarde de trancher. Nicolas Sarkozypeut aussi bien virer « autocrate »que finir « apaisé » à la tête d’uneéquipe renouvelée. Au lecteur dedécider.p

Françoise Fressoz

Le 27 septembre 2009, Angela Merkel et leParti libéral (FDP) remportaient les élec-tions, avec plus de 48 % des voix, contre

moins de 34 % pour les sociaux-démocrates duSPD et les Verts. Selon les sondages, si le scrutinavait lieu aujourd’hui, le résultat serait inversé.Le fait est d’autant plus troublant que l’écono-mie va bien mieux et que les Allemands sontplus optimistes qu’en 2009. Par ailleurs, à l’ex-ception de la prolongation de l’activité des cen-trales nucléaires annoncée en septembre, ilsemble difficile de critiquer une décisionmajeure prise depuis un an.La présence militaire en Afghanistan? Cer-tes les Allemands y sont hostiles, mais c’est lagauche qui a envoyé les premières troupes audébut de la décennie. Les hésitations lors dusauvetage de la Grèce ? Les Allemands sem-blent plutôt reconnaissants à Angela Merkelde ne pas avoir paniqué et d’avoir replacé l’Alle-magne au cœur du débat européen. Alors ?Comme l’a reconnu la chancelière à la fin dumois d’août, c’est sans doute une question de« style ».

LesAllemandssontexaspérésparla cacopho-nie qui règne au sein du gouvernement. Envotant à droite, ils espéraient mettre fin auconsensus mou produit par la « grande coali-tion » (CDU/CSU-SPD) au pouvoir de 2005 à2009. En fait il ne se passe pas une semaine sansque les partis au pouvoir s’opposent sur un dos-sier ou que des ministres se contredisent surdes questions majeures. Au printemps, la CSUbavaroise et le FDP en étaient même venus auxinsultes. Le Parti libéral, dont le bon score(14,6%) avait permis à la CDU/CSU de se passerdu SPD, a perdu les deux tiers de ses électeurs.

Son président, GuidoWesterwelle, ne sembleà la hauteur ni comme ministre des affairesétrangères ni comme vice-chancelier. La situa-tion est critique. En mai, la droite a perdu leLand de Rhénanie-du-Nord - Westphalie, où

vivent plus de 20 % des Allemands. Résultat :Angela Merkel ne dispose plus de la majorité auBundesrat, dont le vote est indispensable enmatière de fiscalité, de santé, d’éducation etd’énergie. En 2011, des élections auront lieudans six Länder sur seize. Si la majorité neremonte pas la pente, Angela Merkel n’auraplus les moyens d’imposer la moindre réformeavant la fin de son mandat, en 2013. Heureuse-ment pour elle, la Constitution rend difficile unrenversementdu chancelier parle Bundestagetl’opposition est divisée. Le SPD et les Verts sontdavantage concurrents qu’alliés et le troisièmeparti, Die Linke (la gauche), fait bande à part.Contrainte par le calendrier, Angela Merkel adécidé, en septembre, de lancer plusieurs réfor-mes simultanément et de prendre davantagede risques politiques. En prolongeant la duréede vie des réacteurs nucléaires de douze ans enmoyenne. En se démarquant, non sans coura-ge, des thèses sur le déclin de l’Allemagne queprovoquerait l’immigration musulmane déve-loppées dans un best-seller paru à la rentrée etreprises par une partie de la CDU. En mettantfin au service militaire, cher à son parti.

Lâchée par une demi-douzaine de barons dela CDU qui quittent la politique en partie parcequ’elle ne les a pas appelés à ses côtés, Mme Mer-kel s’appuie sur sa jeune garde, notamment leministrede la défense, Karl-Theodor zuGutten-berg, et Ursula von der Leyen, ministre du tra-vail. « On peut me reprocher mes hésitations,mais quand je suis convaincue du bien-fondéd’une action, je la mène quoi qu’il arrive », dit

parfois Mme Merkel. Encore faut-il qu’elle en aitles moyens. Depuis quelques mois, la sociétéest en pleine effervescence.

Cela a commencé à Hambourg. Opposée àune réforme de l’enseignement primaireapprouvéepar la totalité despartis, la bourgeoi-sie de la ville a imposé un référendum, faitannuler la réforme et provoqué la démissiondu maire. En avril, le mouvement antinucléairea réussi, à la surprise générale, à former unechaîne humaine de 120 kilomètres entre deuxcentrales contestées.En juin, à l’occasion de l’élection par les par-lementaires du président de la République– qui d’habitude ne passionne pas les foules –,l’opinion se mobilise comme jamais en faveurde Joachim Gauck, le candidat présenté par lesVerts et le SPD. Particularité : ce pasteur septua-génaire qui fut l’un des opposants au régimecommuniste de l’ex-RDA n’avait ni expérienceni ambition politique. Si Die Linke n’avait pasprésenté de candidat, le représentant de la CDUchoisi par Angela Merkel, Christian Wulff,aurait sans doute été battu, alors que, sur lepapier, il aurait dû l’emporter haut la main.

Ce n’est pas tout : à Stuttgart, depuis prèsd’un an, des dizaines de milliers de personnes,de tous âges et de toutes obédiences politiques,se mobilisent contre la transformation de lagare approuvée depuis dix ans tant à Berlinqu’à Stuttgart par la gauche (à l’exception desécologistes) et la droite. La contestation est telleque cet investissement de plusieurs milliardsd’euros devient caduc bien que les travauxaient commencé.

Dernier signe du brouillage des repères :c’est un responsable du SPD, Thilo Sarrazin, quiaécrit le brûlotsur l’intégration.En un an,Ange-la Merkel a mené peu de réformes à terme,mais l’Allemagne, elle, a beaucoup bougé. p

Courriel : lemaî[email protected]

I l paraît que Cancun est une sta-tion balnéaire. Ça tombe bien :pendant les pauses, les négo-

ciateurs qui doivent s’y retrouver,en décembre, pourront aller fairedes pâtés de sable, bâtir des châ-teaux qu’emporteront les marées,dessiner des plans magnifiquesqu’effaceront les vagues. De quoivont-ils discuter, au fait ? Du cli-mat. On l’oubliait, celui-là, dans letohu-bohu de l’actualité. C’est quele processus de discussion estdurablement enlisé : la porteouverte, en 1992, lors du Sommetde la Terre, avec l’adoption de laConvention sur le changement cli-matique, élargie en 1997 avec leprotocole de Kyoto, s’est brutale-ment refermée, fin 2008, avecl’échec de Copenhague. Depuis,Barack Obama a échoué à faireadopter une loi sur le climat, et lesEtats-Unis sont aux abonnésabsents. Les Européens sontmoins mobilisés que jamais,anxieux du chômage et de la com-pétitivité. Les Chinois dévelop-pent à toute vapeur leur industriedes énergies renouvelables sansprévoir de réduire leurs émis-sions de gaz à effet de serre avantune vingtaine d’années. Et le chro-niqueur écologie d’outre-Manche,George Monbiot, de se désoler :« Le processus est mort », la négo-ciation climatique est perduedans les limbes, à l’image de cellesur le commerce international.Fin du film ? Non. Les négocia-tions sur le commerce et sur le cli-mat diffèrent fondamentale-ment: celle-ci a échoué à causedes gouvernants, incapables des’entendre, tandis que celle-là aété bloquée par un mouvement

populaire, l’altermondialisme. Ors’il est utile de stopper la libérali-sation des échanges, les peuplesn’ont aucun intérêt à abandonnerl’exigence climatique. Car le chan-gement climatique se poursuitinexorablement et, plus on tarde-ra à établir une coordination inter-nationale pour l’enrayer, plus lesconséquences en seront domma-geables.Aux Etats-Unis, Greenpeace, leRéseau pour l’action sur les forêtstropicales et l’écologiste BillMcKibben ont lancé un appel à« l’action directe “non-violente” ».« Nous sommes face aux indus-

tries les plus puissantes et les plusprofitables du monde, écrivent-ils,nous ne les vaincrons pas en étantgentils. » Se référant aux mouve-ments civiques passés, ils affir-ment qu’« un moyen de communi-quer efficacement au public et auxdécideurs l’importance de la criseest de s’impliquer physiquement ».On avait observé à Copenhaguel’émergence d’un mouvementcitoyen pour la justice climatique.Lui seul peut maintenant fairepencher la balance dans le bonsens. En France, contre les OGM,les faucheurs volontaires ontnaguère montré l’exemple d’unelutte efficace. Les citoyens du cli-mat pourraient s’en inspirer. p

Courriel : [email protected]

Nicolas Sarkozy :le pouvoir et la peurMarie-Eve MalouinesStock, 280 pages, 18 ¤

Analyse

Frédéric LemaîtreCorrespondant à Berlin

«Les GrandsClassiquesde la littératurelibertine»Fougeret deMonbron: «Margotla ravaudeuse»,en vente avec

l’édition datéejeudi30 septembre.«Le Mondedu piano»Friedrich Gulda :Richard Strauss,Debussy et Ravel.A partir du 1er octobre.

Seulun mouvementcitoyenpourla justiceclimatiquepeut fairepencherla balance

Leprésident etses peurs

Ecologie HervéKempf

Lelivredu jour

Rectificatifs Prochainementdans0123

Lesable de CancunLachancelière Angela Merkel,réformatricemalgré elle

SUPPLÉMENT SPÉCIAL

DE 8 PAGESwww.lemonde.f

r

Avecdu mercredi 29 septe

mbre daté jeudi 30 septembre

EspagneLe Musée taurin deMadrid

L’art roman en Haut-Aragon

Les parcours de golf de Huelva

AnalysesDécryptages

Ville de Paris Dans notre articleconsacré au rapport de la chambrerégionale des comptes (CRC) d’Ile-de-France sur la gestion des ressour-ces humaines de la Ville de Paris (LeMonde du 18septembre), contraire-ment à ce que nous avons écrit, «laprime départementale» versée parla collectivité aux différents person-nels «s’échelonne de 30euros à40000 euros mensuels» et non pas«de 30 000 à 40000euros ».

190123Mercredi 29 septembre 2010

Page 20: Le Monde du 29 09

Untrèsjeune homme pour qui «l’artn’attend pas»

Qualifiéde réactionnaire ily a quarante ans,«Electra Glidein Blue»ressort en sallesFaux road movie, faux plaidoyer conservateur, l’œuvre de James William Guercio déplore, avec mélancolie, la grandeur perdue de l’Amérique

Les Amoursimaginaires

ppp

On l’attendait au tournant.Auteur, à 20 ans, de J’ai tuéma mère, grinçant premier

film sorti en 2009 où il se mettaiten scène dans le rôle d’un adoles-cent homosexuel en conflit ouvertavec sa mère, Xavier Dolan avaitalors épaté la galerie. Qu’on aimeou pas le film, l’originalité et l’âpre-té de son propos, l’assurance et ladétermination qu’avait alorsmisesce jeune réalisateur québécois à seprésenter comme un auteur avecun grand A, plaçaient haut la barrepour ce qui allait suivre.

A peine un an plus tard, le voiciqui revient avec un petit film biende son temps, aussi coloré et artifi-ciel que le précédent était sombreet naturaliste, aussi ludique et gra-cieux qu’il était éprouvant. Unravissant bijou pop qui se consom-me avec un plaisir gourmand etaccrédite l’idée que Dolan auraitles moyens de ses ambitions.LesAmoursimaginairescontel’his-toire, depuis sa naissance jusqu’àsa déliquescence, d’un faux trian-gle amoureux : deux jeunes dan-dys, Francis et Marie, qui sont aussiles meilleurs amis du monde, tom-bent en pâmoison devant le mêmebeau garçon blond, drôle, délicat,cultivé : Nicolas. Personne ne saitde quel côté penche Nicolas, et celapourrait aussi bien être des deux.Ou d’aucun.

Amants interchangeablesEn attendant que leur proie

dévoile sa préférence, Francis etMarie laissent se déchaîner leurmachine à fantasmes et se conso-lent dans les bras d’amants inter-changeables, passades qui don-nent lieu à un feu d’artifice de scè-nes monochromes (passées au fil-tre vert, bleu ou rouge) d’une sen-sualité envoûtante. Alors qu’ilséchafaudent, chacun de son côté,toutessortes destratégiespourl’at-tirerdansleur lit, lebeaugossejoueavec leurs sentiments, dort avec lesdeux comme on le ferait avec deuxbons copains, jusqu’à ce que la bul-le sentimentale éclate, faisant cou-ler chez les deux amoureux transisdes larmes d’amertume, de ran-cœur, d’incompréhension.

La matrice de ce film, que l’onretrouve curieusement dansKaboom, charmant teen moviequeerde GreggAraki quisort en sal-les la semaine prochaine, estl’échelle de Kinsey. Imaginée parl’auteur des fameux « Rapports »sur la sexualité des Américainsdans les années 1950, cette échelleclasse la population en six catégo-ries, allant de 100 % hétéro à 100 %homo en passant par divers stadesintermédiaires dans lesquels sesitueraient,selon Kinsey, lamajori-té des hommes et des femmes.« Queer », ce terme qui recouvretoutce qui relève du brouillagedesidentités sexuelles, ne saurait qua-

lifier le film sans le réduire. Mais ildésignebiencequi faitsa moderni-té : une manière à la fois affectueu-se et irrévérencieuse qu’a Dolan derafraîchir des codes et référenceshyperbalisés pour produire uneproposition tout à fait nouvelle.

Entrer dans sa danseCette histoire bête comme un

râteauprendsasaveurdansla miseen scène de Dolan, qui la raconte aumoyen d’un collage de citationscinéphiles, artistiques, musicales,littéraires… La joie qu’elle procure aà voir avec le plaisir, visiblementjouissif, qu’il prend lui-même àconjuguer dans une même scèneles ralentisd’In the Mood for Love etla version par Dalida du Bang Bangde Nancy Sinatra (remis au goût dujour par Kill Bill), à jongler avec lescouleurs primaires tendanceGodard des années 1960 en invi-tant Cocteau, Koltès, AudreyHepburn ou encore James Dean àentrer dans sa danse et à dialogueravec sa propre filmographie.

Anne Dorval, qui jouait déjàdans J’ai tué ma mère, revient làdans le rôle truculent de la mèreérotomanede Nicolas.Quant àl’ap-parition furtive de Louis Garrel, àlafin du film, elle doitêtre lue com-me l’avant-goût d’une collabora-tion plus substantielle à venir. Lejeune cinéaste ne manque visible-ment pas d’ambition, mais il nefaudrait pas prendre ce geste pourde l’arrogance. La seule pose queprenne Dolan, c’est celle du fan éri-geant un bel autel aux artistes deson panthéon personnel.

Rien n’est laissé au hasard dansce projet. Dolan dessine lui-mêmeses (trèsbeaux) costumes, il compi-lesabande-son (des Suitespourvio-loncelledeBachaugroupePartenai-re particulier), cisèle ses dialoguescomme des joyaux. Jamais, demémoire de spectateur français, lequébécoisn’aparusipimenté.Satu-rée deréférences àla culture pop, lalangue des personnages – qu’ils’agisse de Marie ou du « chœurantique» que forme une palette degarçons et filles dont les interviewsponctuent le film – entrouvre lesportesd’unmondeinconnu,désira-ble et sexy. « Pas le temps de laissermûrir les bananes, moi je vais paspasser ma vie sur Hotmail ! », assè-ne l’une des filles du chœur.

Témoignant individuellement,avec un humour pince-sans-rire,de l’expérience d’un échec amou-reux, ces jeunes gens sont filmésdans une alternance de zooms etde dézooms brutaux, sans que l’onsache jamais si l’on a basculé dansle documentaire ou si on est tou-jours dans la fiction. Ces séquen-ces, qui font écho au récit principalsans jamais le recouper, ancrent lefilm dans le présent d’un cinémaqui, de plus en plus, se joue de tou-tes les frontières.p

Isabelle Regnier

Film canadien de Xavier Dolan. AvecNiels Schneider, Monia Chokri. (1 h 35.)

Lesamours électrisantes de Xavier DolanPour son deuxième film, le réalisateur québécois se joue, avec succès, des codes de la sexualité et du cinéma

ON NE PEUT PAS FAIRE abstrac-tion de cette jeunesse. A lui seul,Xavier Dolan fait s’effondrer lamoyenne d’âge des cinéastes quifréquentent la Croisette. Il avait20ans quand son premier long-métrage, J’ai tué ma mère, a étésélectionné à la Quinzaine des réa-lisateurs. Cette année, pour ses21ans, Un certain regard lui aoffert une place pour Les Amoursimaginaires.

D’autant que ces films sontceux d’un très jeune homme.« L’art n’attend pas », dit-il, de pas-sage à Paris pour accompagner lasortie des Amours… Xavier Dolanveut dire que J’ai tué ma mère estle fait d’un garçon de 20 ans –« pas de 21, encore moins de 22 », etqu’il n’aurait pas pu porter ce filmpendant des années. « De quij’aurais eu l’air si j’avais eu 40 ansà la sortie ? », se demande-t-il.

Modestement, il attribue auxcirconstances la faculté qu’il aeue de passer à l’acte dès qu’il aeu écrit son premier scénario.« Tout le monde n’a pas150 000 dollars [canadiens, soitenviron 110 000 euros] d’écono-mies », fait-il observer. C’est utile,bien sûr, mais il faut aussil’aplomb nécessaire pour s’impo-ser sur un plateau, devant lesacteurs et l’équipe.

L’une des ressources dontXavier Dolan dispose à foison,

c’est l’aplomb (il dispose égale-ment d’une grosse réserve detalent). Il a sans doute appris àl’utiliser sur les plateaux de ciné-ma et de télévision, qu’il fréquen-te en tant qu’acteur depuis l’âgede 4 ans. Jusqu’à 8 ans, il a fait l’ap-prentissage d’une vie où « la vieest une parenthèse entre les tour-nages», où le cinéma est «une dro-gue dure, la plus dure après la ciga-rette». Jusqu’à ce que sa mère luiimpose un sevrage brutal en l’en-voyant en pension pour cinq ans.Les spectateurs de J’ai tué mamère savent que Xavier Dolan luien est peu reconnaissant.

A son retour à la vie civile, l’ado-lescence lui a barré le chemin destournages – « trop vieux, tropjeune, trop arabe » (son père estégyptien). Puis, avec un soucid’exactitude qui marque tout l’en-tretien: « Non, pas trop arabe, onne me l’a jamais dit. Mais les direc-teurs de casting sont très confor-mistes.» Il s’est quand mêmedébrouillé pour doubler deuxrôles récurrents, Rupert Grintdans Harry Potter et Jacob Blackdans Twilight.

A 17 ans, Xavier Dolan décou-vre enfin le cinéma de l’autre côtéde l’écran, à la place du specta-teur. Jusqu’ici, il n’aimait que lecinéma américain, des films « trèsmauvais ». « Mon père s’est mis àavoir cette femme scénariste, dont

la sœur est critique… elle m’a don-né des titres de films à voir. » Lepremier fut Mort à Venise. Il a vuaussi Les 400 Coups, mais aprèsavoir écrit le scénario de J’ai tuéma mère, qui croise parfois celuidu premier film de François Truf-faut : « On m’a dit de le faire passerpour un hommage, mais je n’aipas voulu. »

Après l’accueil plus que bien-veillant réservé à ses débuts,Xavier Dolan a voulu réaliser unprojet plus ambitieux, LaurenceAnyways, pour lequel il n’a pastrouvé les financements nécessai-res. Pour que la parenthèse redou-tée se referme au plus vite, il amonté à toute vitesse la produc-tion des Amours imaginaires, lefilm d’un garçon de 21 ans, ni plusni moins. Un film tourné dans saville, à Montréal, des « mœursaméricaines filmées à l’européen-ne ». Le réalisateur a rechigné àl’idée que son film soit sous-titré

pour sa sortie en France.A Toronto, capitale économi-

que du Canada anglophone, lorsdu festival où il présentait sonfilm en voisin, il disait, quelquesjours plus tôt : « Quand on fait unfilm québécois – c’est ça la beautéd’une culture minoritaire –, il fautsimplement être honnête avec soi.Je n’essaie pas de faire en sorte quemes personnages parlent plus qué-bécois, ou que ce soit juste de lamusique. Quand on est honnête,on est authentique, et mon authen-ticité, elle est québécoise. »

Xavier Dolan s’apprête à «chan-ger de ligue» (terme de hockey oude base-ball, ici on dirait « de divi-sion»). « J’ai tué ma mère :300 000dollars, Les Amours ima-ginaires : 600 000 dollars. Lauren-ce Anyways, 9 millions », dit-ilavec, dirait-on, un peu d’incréduli-té dans la voix. Louis Garreldevrait tenir le premier rôle de cefilm, dont il commencera le tour-nage en février 2011. Sait-il aumoins où il va ? « Je sais quelle estma destination, mais je ne connaispas le chemin. » Il précise: « Dansun bain de sang. Les rideaux tirés,des cendriers pleins et un disquede Schubert, non… de Satie.»Xavier Dolan se repasse ce qu’ilvient de dire et demande: « Vousn’allez pas écrire ça, quandmême? » p

Thomas Sotinel

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Electra Glide in Blue

P armi les avatars du roadmovie, genre historique-ment lié à l’histoire de la

contre-culture américaine, l’undes plus étonnants est Electra Glidein Blue. Réalisé par James WilliamGuercio en 1973, jamais ressorti ensalle depuis, il souffre de la fâcheu-se réputation d’être le contrepointsociopolitique d’Easy Rider (1969)– en quelque sorte son alter egoréactionnaire. Il est vrai que Guer-cio n’y va pas de main morte. Letitre de son film renvoie pour com-mencer à ce monstre mythiquefabriqué par Harley Davidson,dont est alors équipée la police

américaine. Son héros est un poli-cier nommé John Wintergreen,dontlaprobitén’ad’égalquelecou-rage, un zélote de la bannière étoi-lée qui s’entraîne au tir sur un pos-ter d’Easy Rider et qui tomberasous les balles d’un hippie.

Quaranteansplustard,l’étiquet-te infamante collant au filmdemande néanmoins à être sérieu-sement reconsidérée. Electra Glidein Blue n’est pas tant un manifestecontre la jeunesse qu’une déplora-tion,d’unemélancoliesouvent iro-nique, de la grandeur perdue del’Amérique et de la division de sonpeuple. Wintergreen la personnali-se au premier chef, en réunissantdes traits parfaitement contradic-

toires : amant accompli, cultivantson corps et son esprit, il est parailleurs un nabot qui arrive à peineà l’épaule de ses collègues. Winter-green est un nain qui se prendraitpour Superman.

Avachissement généraliséTant le récit que la mise en scène

dufilmcultiventceparadoxe.Aspi-rant à défendre la loi avec uneexemplaire intégrité, Wintergreense heurte autant à l’intolérance, à labêtise et au racisme de ses collè-gues qu’à la dégénérescence d’unFlower Power converti au pur traficde drogue et à l’avachissementgénéralisédetouslessens.L’esthéti-queestaussiporteused’unirrécon-

ciliable clivage: d’un côté, le décordes westerns de John Ford, cetteMonument Valley filmée en planlarge qui renvoie au grand mytheaméricain, de l’autre, des séquen-ces d’intérieur qui morcellent etdéshumanisent les individus parun montage serré, en les réduisantà leurs symboles (blouson de cuir,poitrine féminine moulée dans uncorsage, armes rutilantes, unifor-mes impeccables…). L’histoire de cefilm, plus amère que fascisante, estcelled’un rêve de grandeur collecti-ve ramené à la dimension d’une lis-te d’accessoires fétichisés.

Le mauvais sort qu’on lui fit à sasortie, entre l’indifférence dugrand public et le lynchage politi-

que qui visa son réalisateur, auraaussi contribué à en faire un filmunique. James William Guercioétait en effet un complet néophytelorsque le studio United Artists,désireux de réitérer le coup finan-cier fumant d’Easy Rider, lui confia1 million de dollars pour réaliserunroad movie.Amoureux duciné-ma classique, Guercio s’inspirad’un fait divers survenu à Phoenixets’entoura pour l’opération d’uneéquipe hétéroclite, composée detalents confirmés (le chef opéra-teur Conrad Hall, quelquesfameux seconds rôles du cinémaclassique) et de jeunes déjàbrillants, à commencer par RobertBlake, qui incarne le motard.

Brûlé par son propre film, entrédans la légende au titre de roadmovie alors qu’il n’en est pas vrai-ment un (nul trajet ici, plutôt untragique surplace), Guercio neretourna jamais derrière la caméraetrevintàses premièresamours, lamusique. Compositeur et produc-teur, notamment pour le groupeChicago, son studio d’enregistre-ment fut détruit par un incendiedans les années 1980. Fidèle à sonvieux rêve américain, il s’est retirédans un ranch, où, aujourd’hui âgéde 65 ans, il élève du bétail. p

Jacques Mandelbaum

Film américain (1973) de James WilliamGuercio. Avec Robert Blake. (1 h 39.)

Francis (Xavier Dolan), Nicolas (Niels Schneider) et Marie (Monia Chokri), une sacrée bande de copains. DR

L’unedes ressourcesdontXavier Dolandisposeà foison,c’est l’aplomb(ildispose égalementd’unegrosse réservedetalent)

20 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 21: Le Monde du 29 09

Ao, le dernierNeandertal

pvv

J acques Malaterre est connu demillions de téléspectateurspour avoir signé une série de

docu-fictions « préhistoriques », àcommencerpar L’Odysséedel’espè-ce, en 2003. Cette popularité, asso-ciée à l’engouement actuel pourlesgrandsrécits écologiques,expli-que son passage à la fiction ciné-matographique avec Ao, le dernierNeandertal.

Le film imagine la vie du der-nier d’entre les Neandertal, voicienviron trente mille ans. Celui-ci apour nom Ao et arbore les traits deson espèce: une petite taille pleinede robustesse, un front fuyant etce fameux « bourrelet sus-orbitai-re » qui semble le rendre plus pro-che du gorille que de MarcelProust. A part ça, un cœur d’or, unevie écologiquement correcte, lesouci de la famille. Mais son clanest décimé, et le voici sur la route,en quête de sa survie.

Sa vie, comme sa disparition,demeurant un relatif mystère, lefilm l’afflige d’un saignement denez chronique, lui crée un langage,et lui invente, pendant qu’on y est,une aventure licencieuse avec unecousine Sapiens, beaucoup plus

sophistiquée que lui. Cette licenceérotique, comme le rappelle utile-ment la conseillère scientifique dufilm, Marylène Patou-Mathis,directrice de recherche au CNRS, sefonde sur une récente découvertescientifique obtenue grâce auséquençage du génome humain :Néandertaliens et Sapiens seseraientoccasionnellement accou-plés, au point qu’un certain nom-bre d’entre les hommes actuelsposséderaient quelques gènesnéandertaliens. Cette découverteconfirmera un pressentimentéprouvé par quiconque mène unevie sociale, qu’il s’agisse de rela-tionsde voisinage oude comporte-ment routier.

Par ailleurs, le film souffre denombreux problèmes. La faiblessede sa mise en scène en est un. Sanaïveté, qui table sur le spectaclede ces acteurs grimés en primitifspour nous inciter à la tolérance, enest un autre. Adapté d’un romande Marc Klapczynski (Aô, l’hommeancien, Ed. Aubéron, 2003), le filmdécalque enfin le scénario de LaGuerre du feu (1981), de Jean-Jac-ques Annaud. p

Jacques Mandelbaum

Film français de Jacques Malaterre,avec Simon Paul Sutton, Aruna Shields.(1 h 24.)

Siproche de nous,le dernierNeandertalAvec «Ao», Jacques Malaterre livre à Sapiensune fresque écolo sur ses vieux cousins

Un homme qui crie

ppv

A u Tchad, les religions et lescultures se heurtent avecviolence. De ces convul-

sions aussi vieilles que le pays, lecinéaste Mahamat Saleh Harounextraitpourladeuxièmefoisd’affi-lée, après Daratt, réalisé en 2006,une tragédie sèche et aiguisée,pour mieux disséquer la souffran-ce humaine, afin que chacun puis-selavoir pourcequ’elleest,unhéri-tage universellement partagé.

Le héros d’Un homme qui cries’appelle Adam. Forcément, il esthomme et pécheur. Son péché res-semble à celui qu’Abraham auraitcommis si Dieu n’avait arrêté sonbras au moment où il s’apprêtait àsacrifier Isaac.

Dans les rues de N’Djamena, lacapitale du Tchad, tout le mondeappelle Adam « champion ». Parcequ’il fut le meilleur nageur d’Afri-que centrale, il y a longtemps. Etparce qu’il a réussi à préserver cet-te gloire à travers les ans grâce à unemploi prestigieux : maître-nageur à la piscine de l’un des seulshôtels internationaux de la ville.Adam est assisté par son fils Abdel.

Dans le temps incertain quedécrit le film (le scénario s’inspirede plusieurs épisodes de l’histoiretchadienne sans identifier précisé-ment l’époque des faits), l’hôtel estdirigé par une Chinoise et fréquen-té par des soldats qui portent lescasquettes bleues des Nationsunies. La ville est survolée par desavionset deshélicoptères,et latélé-visionnationale appelleàserrer lesrangs derrière le gouvernementpour faire face à la rébellion.

Adam essaie désespérément denepasentendrelarumeurdumon-de, mais elle est plus forte que tout.La patronne de l’hôtel le déchoit deson titre de maître-nageur pourconfier le poste à Abdel. Et, dansson quartier, son patriotisme estmis en doute : on lui demande de leprouver en offrant son fils uniqueà l’armée gouvernementale.

Mahamat Saleh Haroun estobsédé par la paternité. Chez lui,

les pères sont à la fois irresponsa-bles et omnipotents, jouant de lavie de leurs héritiers sans jamaisen assumer les conséquences. Onpeut voir là une image des diri-geants africains d’après les indé-pendances. L’image qu’il offre làd’un désarroi à l’échelle d’un conti-nent suffirait à saisir l’attention.

Intensité lyriqueUnhomme quicrien’estpas seu-

lement une parabole. C’est la tragé-die d’un vrai père, de chair et desang. Pour ce film, Mahamat SalehHaroun a retrouvé le très impres-sionnant interprète de Daratt,Youssouf Djaoro, de qui émaneune autorité naturelle si forte quela moindre atteinte qui y est portéerésonne comme un coup de ton-nerre. Sa longue silhouette, engon-cée dans un uniforme de gardientrop petit pour lui (après son limo-geage de la piscine), exprime tou-tes les humiliations. Le réalisateurdépeint avec attention et tendres-se une famille à peine prospère,

dans laquelle la mère (Hadjé Fati-mé N’Goua) négocie une trêve per-pétuelle entre ses deux hommes.

Ce bonheur, que l’on sait mena-cé dès le départ, vole en éclats aveclaguerre.Cetteguerre estsansdou-te la raison d’être d’Un homme quicrie. Le plus souvent, les films deguerre ont pour héros des combat-tants, victorieux ou défaits. On neverra pas beaucoup d’uniformes,encoremoinsd’armesdanscefilm.Etpourtantlaguerredevientomni-présente, dans chaque plan. On laretrouvedans la peur qui habite lesregards, dans le vide qui envahitlesruesd’unevillequin’arrêted’or-dinaire jamais de grouiller. Ce can-cer de la guerre a gagné jusqu’aucœur du bonheur d’Adam, qui vaessayer de réparer sa faute.

On ne peut nier la beauté de cet-te dernière partie d’Un homme quicrie. Elle parvient souvent à l’inten-sité lyrique que le cinéaste a vou-lue. Cette beauté est aussi fragile,parce que Mahamat Saleh Harounn’a pas eu tout à fait les moyens

nécessaires à la pleine expressionde sa vision. C’est d’autant plusrageant que la séquence de l’exodede la population de N'Djamenamontre bien que le cinéaste saitpasser au grand format lorsqueson propos le commande. A cetteréserve près, Un homme qui crieempruntesontitre à AiméCésaire :« Car la vie n’est pas un spectacle,car une mer de douleurs n’est pasun proscenium, car un homme quicrie n’est pas un ours qui danse.»

Cette pensée, sous une formula-tion ou une autre, vient souventface à un écran de cinéma où défi-lentvingt-quatreimages demisèrepar seconde. Jamais elle ne traver-se l’esprit à la vision du film deMahamat Saleh Haroun. Questionde respect à l’égard des personna-ges comme des spectateurs. p

Thomas Sotinel

Film tchadien et français de MahamatSaleh Haroun. Avec Youssouf Djaoro,Diouc Koma, Hadjé Fatimé N’Goua,Djénéba Koné. (1 h 32.)

Entretien

A 49 ans, le Tchadien MahamatSaleh Haroun est l’auteur de cinqlongs-métrages: Bye Bye Africa(1999), Abouna (2002), Daratt(2006), Sexe, gombo et beurre salé(2008) et Un homme qui crie.En tant que premier cinéastetchadien de l’histoire, vous sen-tez-vous artiste orphelin?

Faire du cinéma, c’est s’inscriredans une histoire nationale qui acommencé avant vous. Moi, j’ai eule sentiment de commencer sanscela. Il y a pourtant eu quelqu’unavant moi, Edouard Sailly, uncaméraman qui filmait les actuali-tés qui passaient avant les films,l’équivalent des actualités Gau-mont, et qui avait réalisé descourts-métrages. Si je les avais vusavant de poser ma première camé-ra, peut-être cela aurait-il atténuéce sentiment qui m’a toujoursaccompagné.

Curieusement, j’ai eu le mêmesentiment quand j’ai tourné pourla première fois en France, où j’ha-bite depuis longtemps mainte-nant. Sexe, gombo et beurre saléest un téléfilm Arte. Le film se pas-se à Bordeaux, et il n’y a que desvisages noirs. J’ai eu l’impressionque le cinéma français n’avaitjamais nourri mon imaginaireavec cette imagerie, qu’il n’y avaitaucun film antérieur qui me per-mettait de la mettre en question.Mes références sont toutes venuesdu cinéma américain.Au-delà de la question de la filia-tion, récurrente dans votre filmo-

graphie, en quoi cette situationd’orphelin a-t-elle façonné votrecinéma?

Je dirais plutôt que c’est ma viequi a eu une influence. Lorsquej’ai été blessé par balle, adoles-cent, que mon père m’a évacué enbrouette, j’ai dû fuir ce pays. Lecinéma s’est imposé comme unemanière de dire que je suis vivant.Je fais mes films dans un état detension extrême, qui est lié à l’en-vironnement dans lequel je tour-ne. On est tellement tous auxaguets que cela crée ce sentimentque chaque prise pourrait être ladernière.Cela peut-il expliquer l’esthéti-que de vos films, très sèche, sim-ple, frontale?

Absolument. Le fait de tra-vailler dans une économiemodeste joue, mais cette atmo-sphère vous pousse vers la simpli-cité, l’honnêteté. On filme com-me si on avait un fusil sur la tem-pe. Tout cela constitue uneconscience, la conscience ducinéaste tchadien.La scène d’ouverture d’Un hom-me qui crie, au bord de la pisci-ne, est surprenante. On n’a pasl’habitude de voir un film afri-cain qui se passe chez les riches.

L’idée de la piscine était de figu-rer une scène avec des gens qui secôtoient d’un peu partout. Des gos-ses de riches, des soldats de l’ONU,des femmes de coopérants occiden-taux… Un espace où Adam auraitbien voulu entrer, mais dont ilétait exclu. Il est celui qui le prépa-re pour les autres, qui en jouissent.

Il y a deux guerres en concurren-ce ici : la guerre civile et la mon-dialisation économique.

Oui. Je voulais montrer que cer-taines questions qui traversent lemonde touchent tout aussi bienl’Afrique. Rappeler que l’Afriquefait partie du reste du monde.Le titre du film fait référence àun vers d’Aimé Césaire : «Unhomme qui crie n’est pas un oursqui danse.» Que signifie cettephrase pour vous?

Elle est tirée de Cahier d’unretour au pays natal. Elle renvoiepour moi simplement à l’atten-tion qu’on doit accorder à autrui.La souffrance d’autrui n’est pasfaite pour amuser la galerie. Celas’applique aussi bien au père, quine prête pas attention aux argu-ments de son fils, qu’à l’entouragedu père, qui ne se soucie absolu-ment pas de son sort. Il n’y a guè-re que la mise en scène qui lui don-ne de la dignité. Bien sûr, c’est untexte des années 1950, qui avait àcette époque une forte connota-tion anticolonialiste. Mais il fautle réactualiser. Aujourd’hui, il y ades Africains qui jouent le rôle descolons. Ce que je montre ici relèved’une responsabilité tchado-tcha-dienne. Si j’avais voulu parler del’époque coloniale, je l’aurais fait,avec des images.Le sacrifice de l’enfant, qui estau cœur du film, est un motifbiblique…

Oui, mais je le ramènerais àune réalité plus prosaïque. En Afri-que, tout adulte est le père ou l’on-cle de quelqu’un et a, de ce fait,

une responsabilité à l’égard desjeunes générations. Or l’Afrique atrahi cette mission. Elle disparaîtpartout. Mais c’est l’Afrique qui ainventé les enfants de la rue, et lesenfants-soldats. Comment en est-on arrivé à envoyer des enfants àla guerre ?Qu’a représenté la sélectiond’Un homme qui crie au Festivalde Cannes, puis le prix qu’il areçu?

Vraiment beaucoup. Dès lasélection, les gens étaient déjà tel-lement contents qu’on soit pré-sent à ce niveau –premier filmafricain en compétition depuistreize ans. Et puis le Tchad a prisconscience de l’importance ducinéma. Aujourd’hui, ils sont entrain de rénover la seule salle cou-verte du pays, Le Normandie, quiva rouvrir en octobre avec l’avant-première d’Un homme qui crie. Larénovation a été lancée après leprix reçu par Daratt à Venise.

Avec la sélection à Cannes d’Unhomme qui crie, un fonds pour lacréation cinématographique a étécréé. Il y a un peu d’argent auTchad depuis qu’on a du pétrole,qui a rendu cela possible aussi.Mi-juillet, ils m’ont proposé depréparer un projet pour la miseen place d’un centre de formationdes jeunes aux métiers de l’audio-visuel. C’est une grande joie pourmoi. Cette réponse venant desautorités tchadiennes me comble.On va voir jusqu’où ils vont, biensûr, mais ça fait plaisir à voir. p

Propos recueillis par

Isabelle Regnier

Wall Street : l’argentne dort jamais

pvv

L e meilleur vient au début, aumoment où Gordon Gekko(Michael Douglas) sort de pri-

son et se voit restituer les attri-buts de sa puissance passée, par-mi lesquels un téléphone porta-ble gros comme un fer à repasser.On espère que la suite des aventu-res du courtier sans scrupulessera empreinte de la même ironiesauvage (et de la même fascina-tion presque avouée) que WallStreet (1987).

Hélas Wall Street : l’argent nedortjamais nesepassepas en2001,datedela libérationde Gekko,maisen 2008, et après ce bref prologue,le courtier reptilien disparaît del’écran pour un bon moment, afinque Oliver Stone mette en placeson nouveau drame financier. Voi-ci donc Jake Moore (Shia LaBeouf),un banquier utile, puisqu’il lèvedes fondsen vue de développer dessources d’énergie renouvelables. Iltravaillesousl’autoritébienveillan-te d’un patriarche de Wall Street,Louis Zabel, dont l’immense fortu-ne est sur le point d’être réduite ànéant par l’éclatement de la bulleimmobilière.

Pour que Gekko revienne dansle circuit du scénario, il faut fairede Jake Moore le compagnon de lacharmante Winnie Gekko, fillehaïssante de Gordon (Carey Mulli-gan), qui l’a abandonnée pour fai-re carrière. A l’insu de Winnie, Jakerenoue avec Gordon Gekko, endevient le disciple pour vengerson ancien patron du prédateurBretton James (Josh Brolin) qui arachetésabanqueàvil prix(cet épi-sode étant inspiré du rachat deBear Sterns par J. P. Morgan).

Le mélodrame familial sert deglu à un scénario qui n’ose pasconcentrer toute son attention surle cataclysme financier qui asecoué la planète, il y a mainte-nant deux ans. Conçu, au plus fortdes années Reagan comme un brû-lot lancé contre les premiers rava-

ges du capitalisme financier post-industriel, Wall Street est restédans le folklore américain commeune célébration de ces années deconvoitise.

Peut-être parce que cette fois iln’y a rien à sauver – ni le panacheni l’humour – chez les hommesqui ont mis l’économie mondialeà genoux, Oliver Stone tourneautour du pot, s’attarde sur dessituations finalement inintéres-santes (comme le remarquait lechroniqueur financier du NewYork Times, invité à donner sonavis sur le film, dans la réalité, lefinancement des énergies propresn’est pas générateur de suspense).

Enfant négligéeCette incertitude se reflète dans

les performances des acteurs.Carey Mulligan, impeccable dansUne éducation, est ici à la dérive enenfant négligée alors que Josh Bro-lin exprime jusqu’à la dernièregoutte l’essence abjecte de son per-sonnage de banquier omnipotent.Un seul des fils narratifs donneune idée de ce qu’aurait pu être lefilm : Jake est affligé d’une mèreagent immobilier irresponsablequi jongle d’hypothèque en hypo-thèque. Chargée de représenterl’autre bout de la chaîne financiè-re, l’irresponsabilité individuellecommeuneincarnationde l’irresp-onsabilité corporate, Susan Saran-don est magnifique et drôle. Ellen’aurait pu être qu’une illustra-tion pédagogique, elle réussit àcréer en quelques séquences unpersonnage à part entière.

Si tout le film s’était hissé à ceniveau, Wall Street : l’argent nedort jamais aurait pu rester com-me une image d’un moment del’histoire, à l’instar de Wall Street.Mais ce sera finalement la crise de2008 qui restera dans l’histoirecomme l’événement qui a réussi àcouper le sifflet à Oliver Stone. p

T. S.

Film américain d’Oliver Stone, avecMichael Douglas, Josh Brolin,Shia LaBeouf, Carey Mulligan. (2 h 15.)

OliverStone contreWallStreet, round2Face à l’ampleur du désastre financier, la suitedu film de 1987 se réfugie du côté du mélo

Danslechaostchadien,latragédied’Adam,pèredéchuenquêtederédemptionPrix du jury à Cannes, «Un homme qui crie» donne en partage la souffrance née de la guerre

MahamatSalehHaroun: «Comme unfusil sur latempe»

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Maître-nageur, Adam (Youssouf Djaoro) garde son masque de plongée pour la route. DR

210123Mercredi 29 septembre 2010

Page 22: Le Monde du 29 09

Les meilleures entrées en FranceEvolution

Nombre de par rapport Totalsemaines Nombre Nombre à la semaine depuis

d’exploitation d’entrées (1) d’écrans précédente la sortie

Voici un trio de tête propre à attirer l’attention des théologiens. Lepremier de la semaine passée, Des hommes et des dieux, est relégué à laseconde place par Resident Evil. Le mal qui sommeille en nous (et quiprend à l’écran la forme d’affreux monstres qu’extermine Milla Jovo-vich) l’a donc emporté sur le film monastique de Xavier Beauvois. Der-rière, on trouve les divagations déistes et consuméristes de JuliaRoberts. Seule nouveauté de ce tiercé, Mange, prie, aime tente de trouverun chemin qui va des fiches cuisine à l’harmonie conjugale, en passantpar une dose homéopathique de bouddhisme. Derrière ce panoramapresque exhaustif de la spiritualité au début du XXIesiècle, il faut descen-dre bien bas pour trouver les autres films sortis le 22septembre. Amore(14e, 40877 entrées) et Simon Werner a disparu (15e, 40282 entrées) par-viennent à exister. C’est plus qu’on peut en dire d’aussi jolis films queMiel ou Chantrapas, qui n’atteignent pas les 10 000 spectateurs.

nRetrouvez l’intégralitéde la critique sur Lemonde.fr

ppp excellentLes Amours imaginairesFilm canadiende Xavier Dolan (1 h35).

ppv à voirUn homme qui crieFilm tchadien et françaisde Mahamat Saleh Haroun (1 h32).

nL’Art d’être ArrabalDocumentaire françaisde Bernard Léonard et Pierre Alexisde Potestad (1 heure).Evocation de la vie et de l’œuvre del’écrivain-dramaturge-cinéaste,cofondateur du mouvement Pani-que, à travers conférences, voyages,extraits de films et de pièces. Celutin facétieux et iconoclaste vitdans le culte de son père emprison-né par Franco et de « l’amour subli-me ». p J.-L. D.

pvv pourquoi pasAo, le dernier NeandertalFilm françaisde Jacques Malaterre (1 h24).

Wall Street: l’argent ne dortjamaisFilm américaind’Oliver Stone (2h 15).nLa YumaFilm franco-nicaraguayen de Floren-ce Jaugey (1 h24).Première fiction réalisée au Nicara-gua depuis vingt ans par une docu-mentariste française. La jeuneYuma vit dans un bidonville et seprépare à une carrière de boxeuse.Nombreux écueils : mère démis-sionnaire, beau-père alcoolique,gangs ravageant sa cité, jusqu’à ladéception sentimentale avec un belétudiant. Interprété par des nonprofessionnels et bricolé, le film atti-re la sympathie, mais souffre d’unemise en scène fébrile. p J. Ma.nMoi, la finance et ledéveloppement durableDocumentaire français de JocelyneLemaire-Arnaud (1 h 34).Face à la caméra, banquiers, mili-

tants, dirigeants d’agence de nota-tion sur l’investissement sociale-ment responsable et syndicalistesdiscutent développement durableet fonds éthiques. Le tout agrémen-té de scènes de ménage (la réalisatri-ce époussette chez elle) et de toursde magie, comme si un professeurengagé voulait alléger le fardeau desa classe. p T. S.

vvv on peut éviternLa MeuteFilm françaisde Franck Richard (1 h25).Cousine nordiste de la Thénardier,Yolande Moreau capture les pas-sants, les encage dans l’arrière-sallede son bouge pour nourrir des créa-tures affreuses qui grouillent sousles terrils. La dimension régionalequ’on espérait de ce « Mal tombéchez les Ch’tis » se dissipe dans lesfigures imposées du film de terreur.p T. S.

nSans queue ni têteFilm françaisde Jeanne Labrune (1h35).Une prostituée de luxe tente de chan-ger de vie. Un psy dépressif atterritchez elle, se retrouve incapable de lamoindre imagination sur le plansexuel. Sous couvert de mini-provo-cations qui sont l’occasion d’exposerles multiples facettes de l’actrice Hup-pert, la tonalité est mièvre. Sous cou-vert de légèreté, le film est une char-ge contre la psychanalyse. p I. R.nTrop loin pour toiFilm américain de Nanette Burstein(1 h41).Il travaille chez un éditeur de musi-que, elle est stagiaire dans un journalnew-yorkais. Ils se rencontrent,s’aiment, mais elle doit repartir à SanFrancisco pour finir ses études. Lesuspense est intolérable: les protago-nistes vont-ils résister à la tentation,l’éloignement aidant, de coucheravec un ou une autre? La réponse estoui. La morale est sauve. p J.-F. R.

nous n’avonspas pu voirLand of ScarecrowsFilm sud-coréen de Gyeong-tae Roh(1 h20).

Lesfilms dela semaine

San Sebastian (Espagne)Envoyée spéciale

U ne guerre larvée opposedepuis quelques années lesdeux grands festivals de

septembre, Venise et Toronto, quirivalisent pour attirer les profes-sionnels. Organisé à la même épo-que, celui de San Sebastian, qu’on alongtemps appelé « le plus petitdes grands », semble s’éloigner unpeu pluschaque année dela lumiè-re des projecteurs.

Située dans l’une des plus bellesvilles de la côte basque espagnole,la manifestation, dont la 58e édi-tions’estterminée le25septembre,a révélé des cinéastes comme leTaïwanais Tsaï Ming-liang avec LesRebelles du dieu Néon (1992), ou leFrançais Laurent Cantet avec Res-sources humaines (1999).

Mais, depuis le début desannées 2000, plus rien de saillantn’apparaît à San Sebastian, hormisquelques rétrospectives (DonSiegel – réalisateur et producteurdeL’Inspecteur Harryou de L’Evadéd’Alcatraz –, cette année) et deuxbelles sections vouées au soutiende films en provenance de pays duSud et en mal de financements.

Faute de moyens, San Sebastiandonne l’impression d’avoir renon-cé à se battre, se laissant aller jus-

qu’à ne plus respecter strictementlanormedesfestivalsdits«interna-tionaux » selon laquelle tous lesfilms projetés doivent être sous-titrés en anglais. Les journalistesétrangersqui fontle voyageseraré-fient.Et lesfilmssont plusdifficilesà voir depuis qu’un multiplexe arompu son accord avec le festival,réduisant le nombre de séances.

Lanominationaupostededirec-teur de Jose Luis Rebordinos,fera-t-elle souffler un vent nou-veausurlacôtebasque?Cecinéphi-le connu, entre autres, pour uneprogrammation de films fantasti-ques et d’épouvante qu’il organisechaque année à San Sebastian,entrera en fonctions en 2011. Il a étéadoubé par le sortant, Mikel Olaci-regui,dontc’étaitcetteannéeleder-nier mandat. En juillet, celui-ciavait émis le souhait « qu’un sangnouveau apporte de l’espoir, desidées et de la compétitivité».

Cette année, l’événement a étéla projection des Mystères de Lis-bonne, fabuleuse fresque signéeRaoul Ruiz, qui lui valut le Prix dumeilleur réalisateur. Sinon, la prin-cipale récompense, le Coquillaged’or,est alléaufilmNeds,duBritan-nique Peter Mullan.

Trois autres films sortaient dulot, chacun dans un style différent,sur fond d’effondrement desvaleurs morales. Sous le vernis trèspropre, caractéristique de la nou-velle « qualité espagnole », PaNegre, d’Agusti Villaronga frappepar la noirceurglaçante de son pro-pos. Située au lendemain de laseconde guerre mondiale, au cœurde la Catalogne fasciste, cette fic-tion accompagne l’éveil à la vied’un garçon d’une dizaine d’an-nées élevé dans une famille derépublicains pauvres et pétrisd’idéaux. A la suite d’un meurtreeffroyable, l’enfant découvre avecdégoût les compromissions dontses parents se sont rendus coupa-bles pour survivre.

Les deux autres films jouent lacarte de la comédie. Mais la réalitéqu’ils dépeignent n’est guère plusdrôle. Charge acide contre le pou-voir religieux, La Mosquée, duMarocain Daoud Aoulad-Syad, suitlesétapesducombat perdud’avan-ce d’un vieux paysan de Zagora

pour récupérer un lopin de terredont il a perdu l’usage au profitd’une communauté de croyants.

Très noir et très frais à la fois, LaVidautil,deFedericoVeiroj,cinéas-te uruguayen remarqué en 2008pour son film Acné, était un desfilms les plus originaux de la sélec-tion. Tourné en noir et blanc, avecune sobriété radicale, il commencedans les locaux de la cinémathè-que de Montevideo, dont le direc-teur, un quinquagénaire qui sem-ble porter sur ses épaules toute lapoussière de son institution, lanceun appel aux dons pour en empê-cher la fermeture. La défection dudernier sponsor, qui annonce qu’ilne soutiendra plus que les projetsculturels rentables, sonne le glasdu lieu – et de la carrière de sondirecteur.

La seconde partie du film retra-ce la journée qui suit, accompa-gnant chacune des émotions dupersonnage d’une musique degrand film classique. Le mélangede mélancolie, de rage, de tendres-se pour un personnage dont la vieserésumeàsonamourpourleciné-ma, et d’un comique dans lequelonesttentédevoiruneversionsud-américaine de l’humour belge,construit une atmosphère irrévé-rencieuse follement séduisante. p

Isabelle Regnier

P rès de 1,3 million de specta-teurs en dix-neuf jours ! Letrèsgrandsuccèsde Deshom-

mes et des dieux, de Xavier Beau-vois, est une surprise. Qu’un filminattendu attire un monde fou,cela arrive, pour preuve les 8,5 mil-lions d’entrées pour Les Choristes,en 2004. C’est beaucoup plus rarepour un film austère, sur un sujetdur – les sept moines de Tibéhiri-ne, en Algérie, enlevés et assassi-nés en 1996. D’autant que le long-métrage de Beauvois est une for-me lente, recueillie, dépouillée,centrée non sur le drame lui-même mais sur la réflexion desmoines qui les mène à rester dansleur monastère.

Le film a été lancé, le 8 septem-bre sur 252 copies en France, ce quiest appréciable, tout en restantloin des productions à grand spec-tacle. Mais avec 468 000 entréespour sa première semaine d’ex-ploitation, il s’est installé en têtedu box-office, faisant mieux queSalt, ou Inception. En deuxièmesemaine, le film était toujours entête: 481 000 entrées, avec près dudouble de copies (424). Du 22 au26 septembre, la fréquentationtient : 346 000 entrées sur442 copies. Et à partir du mercredi29 septembre, le nombre de copiesva encore grimper, à 464.

Augmenter trois fois le nombrede copies est exceptionnel pourun film comme celui de Beauvois.Les responsables tablent, à l’arri-vée,sur2,5millionsd’entréesmini-mum. D’autant que le film a deschances d’être primé aux Césars, le25 février 2011, et qu’il représente-ra la France, deux jours plus tard,aux Oscars, à Hollywood. Les ven-tes à l’étranger sont prometteuses.Les Etats-Unis et le Canada, parexemple, sont très intéressés, dit-on chez Wild Bunch.

Pourquoi un tel engouement ?D’abord parce que le film est jugébon, porté par des acteurs inspirés.Auréolé du Grand Prix au Festivalde Cannes (juste derrière la Palmed’or), en mai, le film est né sousunebonne étoile : « L’accueil à Can-nes a été fantastique, il y a eu uneovation de près d’un quart d’heure,montre en main, à l’issue de la pro-jection officielle. Tout a commencéà Cannes », affirme StéphaneCélérier, PDG de Mars, la sociétéqui distribue le film.

La quasi-totalité de la critique, àCannes puis au moment de sa sor-

tie en salles, a encensé le film. Maisc’est loin d’être suffisant pour fai-re un triomphe. Un Prophète, deJacques Audiard, a obtenu lemême prix à Cannes, en 2009, lemême succès critique, mais, pourlesquinze premiersjours, iln’a réa-lisé que la moitié des entrées deDes hommes et des dieux.

Le film de Beauvois bénéficiesurtout du bouche-à-oreille. Selonune enquête du Centre nationaldu cinéma (CNC), du 22 septembre,60 % des personnes interrogéeschoisissent leur sortie cinéma enfonction de ce qu’ils entendentautour d’eux. L’émotion suscitéepar l’assassinat des religieux a aus-si joué, et plusieurs médias, duNouvel Observateur à France Inter,ont évoqué le destin des moines etle mystère qui entourent leurmort.

Les exploitants de salles ajou-tent que ce film attire un public

catholique, qui va peu au cinéma.« Il y a énormément de religieux, debonnes sœurs et des gens qui por-tent la croix, confirme une respon-sable de la salle du Panthéon, àParis. Le public est âgé. Beaucoupde retraités et peu de jeunes. Aussi,la dernière séance de 22 heures aété avancée d’une heure. »

Bretagne et Alsace, deux terrescatholiques, sont les régions quiont le plus vu le film. StéphaneCélérier reconnaît avoir « beau-coup ciblé la communauté catholi-que » pour la promotion : le film aété montré à la presse « catho »,des accords ont été passés avec leséditions Bayard, des acteurs ontparticipé à des débats avec des reli-gieux, « des avant-premières onteu lieu pour des représentants del’Eglise ». M. Célérier dit avoirrépondu à « un engouement sincè-re de l’église catholique. »

Nombre de salles ont fait de

même. « Le diocèse Bayeux-Lisieux, et la radio catholiqueRCF14 se sont mobilisés. Un publicde croyants est venu », expliqueGautier Labrusse, du cinéma Lux,àCaen. Le Palace,à Epinal, a organi-sé deux débats, devant une sallebondée, avec le père Jean-MarieLassausse, auteur du livre Le Jardi-nier de Tibéhirine.

De son côté, l’Eglise a incité sesfidèles à aller voir le film. La Confé-rence des évêques de France asalué« un chef-d’œuvre de paix » etle fait que Beauvois a eu « la gran-de intelligence d’être épaulé » parun conseiller monastique.

L’abbé Gérard Nicole, vicairegénéral de Saint-Brieuc et Tré-guier, a vu deux fois le film « avecplaisir ». Pourquoi un tel succèsalors que les églises se vident ? « Lefilm pose des questions essentiel-les sur le sens de la vie, la fraternité,nos relations avec l’islam. Croyantset non-croyants sont touchés parun film qui recèle plusieursniveaux de lectures. »

Sans doute aussi la vie de moineattire. Le Grand silence, documen-taire de près de trois heures de Phi-lip Gröning, sur le quotidien demoines chartreux, sorti pour laNoël 2006, a connu un succèsexceptionnel – 158 313 entrées enfévrier 2007. Et les moines deTibéhirine incarnent tout ce que lepublic, de gauche comme de droi-te, ne trouve plus dans la société :noblesse d’âme, sens du sacrifice,désintéressement, quotidien éco-lo, méditation, réflexion sur lamort… « Ce qui touche, c’est lecontraste avec l’agressivité des reli-gions actuelles. C’est un film deréconciliation », ajoute M. Célérier.

Une chose est sûre, Beauvois,film après film, gagne des specta-teurs: N’oublie pas que tu vas mou-rir (1996) : 119 000 entrées. SelonMatthieu (2001) : 209000. Le PetitLieutenant (2004) : 641 000. Oùs’arrêtera Des Hommes et desDieux ? p

Romain Baro

et Michel Guerrin

Troisautres filmssortaient dulot,chacun dans un styledifférent,sur fondd’effondrementdesvaleursmorales

SanSebastian,festivalmalade,attendunnouveaupatronLa manifestation espagnole peine à attirer des films forts et pèse de moins en moins à l’étranger

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Resident Evil :Afterlife 3D 1 360 771 408 � _ 360 771

Des hommeset des dieux 3 345 636 442 � – 6% 1 294 530

Mange, prie, aime 1 233 149 304 � _ 233 149

The Town 2 196 472 297 � – 26% 516 616

Hors-la-loi 1 162 132 400 � _ 162 132

Inception 10 84 847 318 � – 18% 4 725 214

Salt 5 80 103 399 � – 32% 1 366 604

Ces amours-là 2 69 330 320 � – 33% 200 694

Le Dernier Exorcisme 2 61 871 206 � – 52% 212 052

Piranha 3D 4 52 017 219 � – 46% 587 734

Source : Ecran Total (1) Période du 22 au 27 septembre inclus

LaConférencedesévêques deFranceasalué«un chef-d’œuvredepaix»

Grand Prix à Cannes, encensé par la critique, ce film doit aussison succès à l’aura des acteurs (ici, Olivier Rabourdin). DR

«Deshommesetdesdieux»,quelsuccès!Le film de Xavier Beauvois a attiré 1,3million de spectateurs et représentera la France aux Oscars

Patrimoine Mesures annoncées pour les Archivesnationales, toujours en grèveLe gouvernement s’apprête à « faire un effort budgétaire important »pour les Archives nationales, a dit, lundi 27 septembre, Hervé Lemoine,chargé du dossier au ministère de la culture : création de postes, haussedu budget de fonctionnement, livraison d’un bâtiment à Pierrefitte-sur-Seine fin 2011, plus tôt que prévu. Ces mesures visent à « calmer » le per-sonnel, en grève depuis le 24 septembre, et qui demande « l’abandonpur et simple » du projet d’installer la Maison de l’histoire de France surleur site parisien, situé dans le Marais. – (AFP.)

22 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 23: Le Monde du 29 09

A l’heure de l’élection présidentielle :un hors-série sur l’héritage de Lula,

et le bilan d’un «pays-continent» plein d’avenir.

BRÉSIL

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0123HORS-SÉRIE

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23

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LULA DANS LE TEXTE

- - - - - - - - - -

LES ATOUTSD’UN

PAYS-CONTINENT- - - - - - - - - -

LES DIAGNOSTICS

DE CARLOSGHOSN

ET DE FERNANDO

HENRIQUE CARDOSO- - - - - - - - - -

BRÉSILUNGÉANTS’IMPOSE

Solidarité

D es centaines d’objetss’échangent chaque joursur les forums de Freecycle

Paris (Freecycle.org). StéphanieRatte, qui prépare le déménage-ment de sa famille, vient ainsi d’of-frir toutes sortes de lots : meubles,jouets, vêtements pour enfants,écharpes, sacs… « Ce sont desobjets en bon état, mais dont nousne nous servons plus, explique cet-te assistante de direction. J’ai unegrand-mère écolo et un cousinconseiller en économie d’énergie.Alors, nous sommes sensibilisés àla problématique du gaspillage.Nous aimons mieux donner quejeter. Je pourrais revendre sureBay, mais je n’en ai pas vraimentbesoin financièrement. En plus, cer-

tains objets peuvent être ébréchésou tachés. Je me suis adressée aurelais Emmaüs de mon quartier,mais il avait déjà trop d’affaires.J’ai essayé d’autres sites de dons,mais je ne les trouvais pas assezréactifs. »

Youssef Guiga, cadre dans l’in-dustrie automobile, donne sou-vent des livres : « Nous en avonsprès de 3 000 à la maison. Nous nepouvons plus en stocker, mais com-me ce sont des objets auxquelsnous tenons, avec une charge émo-tionnelle, nous avons décidé de lesdonner en pensant que nousallions connaître ceux qui viennentles récupérer. En fait, certains nefont que passer, et d’autres discu-tent. Une dame nous apportemême des pots de confiture pournous remercier ! », raconte-t-il.

Bruno Raye, chef économe dansun hôtel, aime bien l’idée que « leschoses ont une vie après qu’on s’ensépare ». Il vient de donner un

aquarium : « J’aurais pu le propo-ser à Emmaüs, mais ses horaires depassage sont contraignants. C’estd’ailleurs un volontaire d’Emmaüs,aquariophile, qui l’a récupéré pourl’association! »

H.,qui a voulu rester anonyme,bénévole au Secours populairefrançais en Seine-Saint-Denis,vient régulièrement s’approvi-sionner chez Freecycle. « Les gensdonnent plus facilement lorsqu’ilssavent qu’on viendra chercher lesaffaires chez eux », constate-t-elle.Freecycleaété crééàTucson (Arizo-na), en mai 2003, par un écologis-te,Deron Beal, dans le but de rédui-re le gaspillage et la pollution :mieux vaut donner les objets donton veut se débarrasser, que lesconduire à la déchetterie. L’idées’est répandue, et le mouvementrevendique 7,5 millions de mem-bres dans le monde, dont 35 000en France et 7 000 à Paris.

« Ecologie et solidarité sont lesmaîtres-mots des groupes Freecy-cle », explique Vincent Florin, lecoordinateur français, modéra-teur du groupe de Nantes (Loire-Atlantique). Cet informaticiens’est lancé dans l’aventure en2005, lorsqu’il a voulu se débarras-ser de ses tatamis, àl’occasion d’undéménagement. « On recherchaitdes animateurs bénévoles pour fil-trer les messages », indique-t-il. Lesmodérateurs suppriment notam-ment toutes les annonces quicontiennent des objets « inter-dits », comme les cigarettes, l’alco-ol ou les médicaments, ou qui pro-posent des objets à la vente. « Noussommes “a-commerciaux”, toutestgratuit cheznouset iln’y a aucu-ne publicité », observe StéphaneTsacas, informaticien lui aussi,modérateur à Paris

Les sites de dons en ligne nesont qu’une goutte d’eau dansl’océan des transactions d’objetsde seconde main. Le site Don-nons.org, par exemple, n’a reçuque 408 000 visiteurs uniques enjuillet, selon Médiamétrie/Netra-tings, la société de mesured’audience de référence de l’Inter-net en France. Rien à voir avec les14,5 millions de visiteurs d’eBay.« Cela représente tout de même

15 000 objets donnés ! », remarquele fondateur du site, Olivier Nass,qui gère également l’agenda Vide-greniers.org. Il existe encored’autres sites comme Recupe.net(154 000 visiteurs uniques enjuillet 2010), Le-dindon.fr,Wigiwig.com ou Consoglobe.com.

Le succès de la formule vientsans doute de la crise, de l’influen-ce grandissante de l’écologie et dela maîtrise généralisée de l’Inter-net. Mais aussi du fait que lesobjets « que nous avons utiliséssont revêtus d’une valeur affecti-ve », comme le rappelle SamuelLepastier, pédopsychiatre et psy-chanalyste : « Dans chacun d’eux, ily a une partie de nous, de notre his-toire. Il est donc difficile de s’enséparer. Donner un objet, c’est se

dire qu’il va continuer à vivre, qu’ilne sera pas perdu pour toujours,surtout si celui qui le reçoit ne letransformepas», constate leméde-cin, membre de la Société psycha-nalytique de Paris.

M. Lepastier précise toutefoisque, « en faisant un don, on renon-ce à exercer sa maîtrise sur l’objet,pouravoir la maîtrisesur la person-ne qui l’accepte, sous forme dereconnaissance, par exemple.Quant à celui qui reçoit… il doit,comme en comptabilité. Un donpeut d’ailleurs manifester toutel’ambivalence d’une relation, com-me le montre l’exemple de MarcelProust, qui fit don des meubleslégués parsa mère à unbordel mas-culin où il se rendait lui-même ».p

Rafaële Rivais

Ceux qui ont du mal à bouclerleurs fins de mois peuvent aussilouer les objets dont ils ne se ser-vent plus, sur des sites ad hoccomme E-loue.com,Consoglobe.com ou Zilok.com.Christian Gusthiot, retraité dansun village de l’Essonne, gagneainsi quelque 500 euros parmois en louant sur Zilok une qua-rantaine d’objets, tels que desmotoculteurs, des débrous-sailleuses, un taille-haie ou unmarteau piqueur… «Celui quime le loue y gagne, parce qu’ilpaie moins cher que chez un pro-fessionnel, et moi parce que jerentabilise ces objets», expli-que-t-il. On trouve de tout sur

Zilok: robes de mariage, skis,machines à coudre, poussetteset même voitures, pour la loca-tion desquelles une assurancetemporaire est proposée.Marion Carrette, cofondatricedu site, indique louer régulière-ment un lit-parapluie, 10 eurospar jour : «Ce sont en généraldes grands-parents, oncles outantes accueillant des enfantsen vacances, qui en ont besoin.Ils viennent le chercher et cer-tains propriétaires proposent deles livrer, pour quelques euros deplus.» Le site prend une commis-sion de 10%. Créé il y a deuxans, il revendique une moyennede 300000 visiteurs par mois.

Lessites de dons en ligneredonnent vie auxobjetsSensibles notamment aux problèmes du gaspillage, nombre de personnes préfèrent donner que jeter ou vendre

Lesjardins prennentla BastilleUne inquiétante fleur rouge sang s’accroche au tronc d’unarbre et semble vouloir le dévorer: cette insolite sculpture entissu, signée Marie Barbé, installée square Colbert, dans le11e arrondissement de Paris, s’inspire du nénuphar qui poussedans le poumon de Chloé, l’héroïne de L’Ecume des jours, deBoris Vian. « Jusqu’à quand l’arbre pourra-t-il respirer dansnos villes ? », demande l’artiste, qui participe à l’exposition duGénie des jardins, dont le thème est cette année « Respirer ».Jusqu’au 3 octobre, 55 artistes présentent, dans cinq squaresdu 11e arrondissement, des œuvres conçues spécifiquementpour ces lieux. Square Louis-Majorelle, les enfants apprécientparticulièrement la tête du Chapelier fou dans une théière,empruntée à Lewis Carroll, par l’artiste Tracy Mead.Square de la Roquette, on peut « faire une pause » avec L’Ange-lus de Millet, revisité par Erick Vilquin. L’association Le Géniede la Bastille est la première à avoir ouvert des ateliers d’artis-tes au public, à Paris, en 1984. « Il y a, hélas, de moins en moinsd’ateliers à cause de la hausse des prix de l’immobilier, alors,pour garder un lien avec le public, nous avons créé Le Géniedes jardins, en 2005 », explique son président, François Cos-son, artiste lui-même. p R. Rs (GÉNIE DES JARDINS/FRANÇOISE VERMEIL)

Legeniedelabastille.net

&Vous

«Donner un objet,c’estsedirequ’il vacontinuerà vivre,qu’ilneserapas perdupourtoujours»

Samuel Lepastierpsychanalyste

Louer son taille-haie pour arrondir ses fins de mois

230123Mercredi 29 septembre 2010

Page 24: Le Monde du 29 09

MilanEnvoyée spéciale

I l y avait beaucoup de léoparddans la salle du défilé, lundi27 septembre. Ici, porté autour

du cou, là sur une robe ou sur desescarpins, voire, pour certainesinvitées, en « total look ». Et pourcause : 1 500 convives étaient pré-sents pour célébrer, sous une tentedressée au pied de l’arche de la Paix(l’équivalent à Milan de l’arc deTriomphe à Paris), les quarante ansde mode de Roberto Cavalli.

De sublimes mannequins, dontLaetitia Casta et Natalia Vodiano-va, ont défilé en pantalons de cuirpattes d’éléphant, soutiens-gorgeen alligator et tuniques voiles aumotif fauve, réalisé parfois tout enpaillettes… Tout l’univers du créa-teurflorentin estlà,dans cesmodè-les sexy, faussement sauvages,ornées de colliers plastron auxfranges de cuir et dents de requins,de sandales spartiates qui s’enrou-lent jusqu’au genou et de sacstaillés dans les plus précieusespeaux de crocodile.

« J’ai voulu cette collection com-me une apothéose de mon travail etune formidable déclarationd’amour aux femmes », expliqueRobertoCavalli.Enplusdecettepré-sentation, il a convié à un dîner degala à Paris, mercredi 29 septem-bre, dans la Chapelle de l’Ecole

nationale des beaux-arts, moultstarsinternationales,despersonna-lités de la mode et des amis coutu-riers. Des vêtements y seront expo-sés ainsi que les photographiesd’un livre rétrospective, signées duduo Mert &Marcus.

Mais pourquoi ce rendez-vousparisien ? « Paris, c’est là que j’aidébuté,auSalonduprêt-à-porterdela Porte de Versailles, en 1970, et –malheureusement pour les Italiens–, c’est encore la capitale de lamode! », précise-t-il dans un fran-çais presque parfait. De cette épo-que, il a gardé un petit studio surl’île Saint-Louis. « J’adore monterl’escalier et regarder la pointe del’île… C’est comme une partie de mavie qui se déroule à mes pieds, préci-se le styliste qui fêtera ses 70 ans le15novembre. C’était une période oùla mode était une chose amusante,pas fastidieuse.»

Ce petit-fils d’un artiste reconnu(son grand-père Giuseppe Rossiappartenaitau courant de peinturedes « Macchiaioli », né dans la citéflorentine au milieu du XIXe siècle)aétudiéàl’Ecoled’artde Florenceetfait ses débuts en peignant desmotifssurdes tee-shirts. «J’ai euun

peude succès, alors je suis parti avecma Fiat 500 bleue jusqu’à Côme,capitale de l’impression sur textile,pour y apprendre les techniquesd’imprimerie.»

Bientôt, il ouvre une petite fabri-que et vend ses sweat-shirts impri-més à de grandes marques. Jus-qu’au jour où il innove vraiment.«J’ai été cherché à Millau, cette villefrançaise dédiée aux gants de luxe,de la peau fine, légère comme de lasoie, sur laquelle j’ai réussi à impri-mer un motif.» Dès lors, Cavalli, « lepremierà avoirtraité le cuir commeune étoffe quelconque », dit-t-il fiè-rement, compte Pierre Cardin ouHermès parmi ses clients.

Imprimés fauve, zèbre, fleurs…lorsqu’il lance sa marque, RobertoCavalli trouve d’abord le succès enAmérique, auprès de riches clien-tes. «Certaines achetaient mes ves-tes comme des tableaux, se rappel-le-t-il. Je leur ai même emprunté desmodèles pour mon exposition àParis, mercredi 29septembre. »

A l’époque hippie, ses imprimésgais et colorés séduisent une autreclientèleen quêted’originalité:Bri-gitte Bardot, Sophia Loren, entreautres. Pour elles, le créateur ita-lienouvre en 1972sa première bou-tique à Saint-Tropez. Dès lors, lenom de Roberto Cavalli devientsynonyme de stars, de fêtes et detapis rouges.

«J’ai eu ce passage à vide dans lesannées 1980. Plus personne ne vou-lait des imprimés fantastiques quej’aime faire. Puis est arrivée la modeminimaliste des années 1990. Cecourant – anti-féminin au possiblepuisqu’il transforme les femmes enhommes – est en partie responsabledu renouveau de ma griffe à partirde 1995 », analyse Roberto Cavalli.L’autre raison de cette reconquê-teest l’invention d’un jean stretch,artificiellement vieilli au grain desable et associé à du cuir, que vontbientôt s’arracher Kate Moss ouMadonna.

« Ma plus grande fierté, confieRoberto Cavalli, c’est d’avoir traver-sé quatre décennies de mode, sansque mes vêtements aient pris uneride. Mieux encore: j’ai été copié, cequi est bon signe!» p

Véronique Lorelle

&Vous

«J’aivoulu cettecollectioncommeuneapothéosedemon travail etuneformidabledéclaration d’amourauxfemmes»

Roberto Cavalli

Milan, prêt-à-porter printemps-été 2011

Défilé Roberto Cavalli.ALESSANDRO GAROFALO/REUTERS

VersusJuvénile attitude

Ci-dessous: les gros carreauxet le liberty se rendent désira-bles grâce à Christopher Kane,styliste écossais de 28 ansengagé par Donatella Versace.Pour Versus (la ligne plus«jeune» et plus abordable deVersace), il répand ces motifsde tartan et de fleurs sur la sil-houette, depuis les talons deschaussures jusqu’aux montu-res des lunettes, sans frôlerl’overdose. Autre réussite dustyliste britannique: de petitesrobes courtes, presque juvéni-les, réalisées avec un assembla-ge géométrique de tissus auxcouleurs électriques.PHOTOS : ANTONIO CALANNI/AP

La semainede la modemilanaise s’estachevée, lundi 27septembre, par ledéfilé deRoberto Cavalli,dont les imprimés inventifs ont conquis laplanète

Extravagancesà l’italienne

24 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 25: Le Monde du 29 09

Carnet

0123cette semai�e---------------------------------------------------------

E� ve�te dès le ve�dredi 1er octobrechez votre marcha�d de jour�aux

--------------------------------------------------Dossiers et docume�tsChez votre marcha�d de jour�aux

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Ve�dredi 1er octobredaté samedi 2octobre

E� couvertureLa jeu�e gardedes partis politiques

Cahier spécialMo�dial de l’automobile

Nos services--------------------------------------------------------------LecteursKAbo��eme�ts

Tél. : 0-825-000-778(0,15 TTC/mi�)www.lemo�de.fr/abojour�al

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AU CARNET DU «MONDE»

DécèsJean-Paul Caverni,

président de l’université de Provence,Les membres de l’équipe de direction,L’administrateur provisoire

de l’UFR sciences géographiqueset de l’aménagementEt l ’ensemble des personne l s

de l’université,

ont la profonde tristesse de faire partdu décès de

Jean-Luc BONNEFOY,professeur des Universités,directeur de l’UFR sciences

géographiques et de l’aménagement,directeur adjoint de l’UMR 6012 Espace.

Les funérailles auront lieu le mercredi29 septembre 2010, à 13 h 30,au crématorium d’Avignon.

Monique Choquet,Jean Benoit Morla,Marie-Laure Morla,

ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,

ont la très grande tristesse de faire partdu décès de

Laure DELFAU de BELFORT,sage-femme,

infirmière du corps expéditionnairefrançais en Italie,

ancienne de la 1ère armée française,

le 26 septembre 2010.

La cérémonie religieuse sera célébréele mercredi 29 septembre, à 14 h 30,en l’église de l’Immaculée-Conception,Paris 12e.

19, rue Montéra,75012 Paris.

Gilles et Élise Toublanc,ses enfants, et leurs conjoints,Matthias Toublanc,

Merlin et Orson Moret,ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Michelle DESRUELLES,

survenu le 16 septembre 2010,à l’âge de soixante-dix-sept ans.

Sa curiosité, sa vivacité et son amourdu classement nous manquent déjà.

Léon Goltman,son mari,Eliane Goltman,Jacqueline et Serge Filippini,

ses enfants,Virginia, Amélie et Mathias,

ses petits-enfants,Sa famille, ses proches,

ont la profonde tristesse de faire partdu décès de

Mme Suzanne GOLTMAN,

à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Rendez-vous ce mardi 28 septembre,à 14 h 30, au cimetière parisiende Bagneux, entrée principale.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Antoinette,son épouse,Marie-Françoise,

sa fille,Jean-Luc,

son fils,Anne et Anny,

ses belles-filles,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,Sa famille,Ses amis,

font part du décès de

Jean GROLLEAU,(1927-2010),agronome,

diplômé de l’ENSH (1949),

survenu le 25 septembre 2010,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Annie Queyrel,Manuelle Puylagarde,Pascal Guenancia,Alexandre, Charles, Laura et Tsipora,

ont la tristesse de faire part du décèsde leur père et grand-père,

Gabriel GUENANCIA,

survenu le 24 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-douzième année.

L’inhumation aura lieu le 29 septembre,à 12 heures, au cimetière parisiende Pantin, 164, avenue Jean Jaurès,à Pantin (Seine-Saint-Denis).

117, boulevard Bineau,92200 Neuilly-sur-Seine.

Le secrétaire perpétuel,Le bureauEt les membres

de l’Académie des inscriptionset belles-lettres,

ont le très grand regret de faire partdu décès, survenu à Paris, le 25 septembre2010, de

M. Bernard GUENÉE,

membre de l’Institut,

officier de la Légion d’honneur,commandeur

dans l’ordre national du Mérite,commandeur

des Palmes académiques,chevalier

dans l’ordre des Arts et Lettres,

ancien élèvede l’Ecole normale supérieure,

agrégé d’histoire,docteur ès lettres,

professeur émérite à l’universitéde Paris I - Panthéon-Sorbonne,directeur d’études émérite

à l’Ecole pratique des hautes études(IVe section).

Une messe de funérailles sera célébréeà Paris, en l’église de Saint-Germain-des-Prés, le jeudi 30 septembre, à 10 h 30.

Le présidentde l’Ecole pratique des hautes études,Le doyen

de la section des sciences historiqueset philologiques,Les enseignants-chercheurs,Les auditeursEt les étudiants,

ont la profonde tristesse d’annoncerle décès de

M. Bernard GUENÉE,membre de l’Institut,directeur d’études,titulaire de la chaire

« historiographie médiévale »,

survenu le 23 septembre 2010, à Paris.

I l s s ’ a s s o c i en t à l a dou l eu rde sa famille.

Yvonne,sa femme,Les familles Guffroy, Toupance,

Courson, GrangerEt ses amis,

ont un immense chagrin,

Pierre GUFFROY,

est décédé le 26 septembre 2010.

Il a été chef décorateur d’une centainede films.

Il avait eu trois César et un Oscar.

« Mort ? Allons donc ! tu vis ma vie. »

Ses obsèques seront célébrées le samedi2 octobre, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Sulpice, Paris 6e.

7, rue de Vaugirard,75006 Paris.La Forge,71460 Chapaize.

Reims.

M. et Mme Robert Heidsieck,Mme Stéphanie Heidsieck,M. et Mme Charles-Benoît Heidsieck,

ses enfants,Adrien, Maxime, Gaëtan, Cécile, Henri,

William et Suzanne,ses petits-enfantsAinsi que sa familleEt ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Anne HEIDSIECK,née DAUSSY.

La cérémonie religieuse aura lieule jeudi 30 septembre 2010, à 10 heures,en l’église Saint-André, Parvis ChanoineWarnier, de Reims.

Cet avis tient lieu de faire-partet de remerciements.

Michel et Christine Gerson,ses enfants,Ariane, François et Antoine Gerson,

ses petits- enfants,Les familles Gerson, Weil, Kremer,

Roueff,Ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jeanine GERSON-WEIL,

à l’âge de quatre-vingt-six ans,le 25 septembre 2010.

L’inhumation aura lieu le mercredi29 septembre, au cimetière de Montmartre,à 16 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

12, rue Beffroy,92200 Neuilly-sur-Seine.

Montpellier.

Les familles Laurence, Taillandier,Fornage, Lopez, Boivent,Parents et amis,

ont la douleur de faire part du décès de

Bernard LAURENCE,chevalier dans l’ordre national du Mérite,ancien conseiller municipal de Rennes,ancien gouverneur exécutif Francedu club Richelieu international.

Les obsèques auront lieu le jeudi30 septembre 2010, à 14 heures, en la salleomniculte de Grammont, Montpellier.

Les pères provinciauxde la Compagnie de Jésus,de Chine et de France

Et sa famille,

font part du retour à Dieu du

père Jean LEFEUVRE,

décédé à Taipei (Taiwan),le 24 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-neuvième annéeet la soixante-et-onzième de sa viereligieuse, dont soixante-trois en Chine.

Alexis et Vladimir Manenti,ses petits-fils,Gorana Manenti,

sa belle-filleAinsi que toute sa famille,

ont la tristesse d’annoncer le décès de

Josée MANENTI,née JURINE,

psychanalyste et cinéaste,

survenu le 23 septembre 2010,à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Une cérémonie religieuse a lieu le mardi28 septembre, à 16 h 30, en l’égliseSaint-Séverin à Paris.

L’inhumation aura lieu le jeudi30 septembre, au cimetière de Cargèseen Corse, dans l’intimité familiale.

Le bureauEt les membres

de la Société de psychanalyse freudienne

ont la profonde tristesse de faire partdu décès de leur collègue et amie,fondatrice et première vice-présidente,

Josée MANENTI,psychanalyste,

le 24 septembre 2010.

Résistante de la première heure,elle participe au sauvetage d’enfants juifs.Son intérêt pour les enfants délinquantset psychotiques l’amène à s’engagerdans le mouvement de pédagogieet psychothérapie institutionnelle.Psychanalyste toujours curieuse de tout

et de tous, sa liberté de pensée éclairaitses collègues.

Une messe sera célébrée en l’égliseSaint-Séverin, 1 rue des prêtres Saint-Séverin, à Paris 5e, le mardi 28 septembre,à 16 h 30.

Dijon (Côte-d’Or).

Charles NOIROT,ancien professeur à l’université

de Bourgogne,ancien directeur du Centre

d’enseignement supérieur d’Abidjan,grand spécialiste des termites,

est décédé le 23 septembre 2010.

Il a été incinéré dans la plus stricteintimité.

De la part de :Cécile Timothée Noirot,

son épouse,Olivier Noirot,

son fils,Danièle Rudel Noirot,

sa belle-fille,Mélisande et Christelle Noirot,

ses petites-filles,Sa famille,Ses amis,Ses nombreux élèves,Ses collègues scientifiques.

Maguy Portal,son épouse,Ses enfants et petits-enfants,Son frère, ses belles-sœurs,

son beau-frère,Ses neveux et nièces,

ont la douleur de faire part du décès de

Alain PORTAL,directeur honoraire

de la Banque de France,croix de la Valeur militaire,

survenu à Paris, le 24 septembre 2010,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Les obsèques auront lieu le mercredi29 septembre, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Vincent-de-Paul, Paris 10e, suiviesde l’ inhumation au cimet ière deMontmartre.

171, rue du Faubourg Poissonnière,75009 Paris.

Ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfantsEt ses arrière-arrière-petits-enfants,

ont le chagrin de faire part du décès de

Justinien RAYMOND,agrégé de l’Université,docteur ès lettres,

professeur honoraire au lycée J.-B. Say,

survenu le 18 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année.

L’incinération a eu lieu dans l’intimitéfamiliale.

Ils rappellent à votre souvenir,sa chère épouse,

née Denise GUY,

décédée le 5 juin 1996.

Cet avis tient lieu de faire-part.

11, rue Vauquelin,75005 Paris.

Barbara Romanowiczet Mark Jonikas,ses enfants,Martin et Magda Jonikas,

ses petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Casimir ROMANOWICZ,Virtuti Militari,

fondateur de la librairie polonaise« Libella »

et de la galerie Lambert,

survenu le 25 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-quatorzième année.

Ses obsèques auront lieu à Jours-les-Baigneux (Côte-d’Or), le 29 septembre,à 14 h 30.

Une messe sera célébrée en sa mémoirele jeudi 30 septembre, à 19 heures,au Centre du dialogue, 23-25 rue Surcouf,à Paris 7e.

Nous avons la grande tristesse de fairepart du décès, de notre camarade et ami,

Paul SERVY,ancien secrétaire

de la section 13e Ouest Lucie Aubracdu Parti Socialiste.

Nous saluons son engagement militantexemplaire.

Remerciements

La sœur,Les enfantsEt les petits-enfants de

Robert-Alain LÉVY,

ont été profondément touchés par lesmarques de sympathie reçues à l’occasiondu décès de leur frère, père et grand-père.

Ils vous prient de trouver ici leurs trèssincères remerciements.

Anniversaires de décès

28 septembre 2006

JK.

« Rome n’est plus dans Rome. »

« Tu aurais pu vivre encore un peu... »avec Irène et Michèle.

Hommage et Amour à

Paul PRINCÉ,biologiste PhD,

décédé le 29 septembre 2006.

Michèle Jacquin Princé.

Souvenir

Jietske Aletta BLOKDIJK,épouse JARTOUX,

nous a quittés il y a vingt ans...

Nous pensons à elle.

Mme Josette Dormois,son épouse,Michel et Monique Dormois,Marie-France et Eric Gérard,

ses enfants,Véronique, Philippe, Emilie

et Rosalie,ses petits-enfants,Mme Annie Liquette,

sa sœur,Mme Yvonne Dormois,

sa belle-sœur,Les familles Baclet, Crémieux,

Dormois, Grangeon, Kovalenkoet Liquette,

ont la douleur de faire part du décès de

Robert DORMOIS,ingénieur des Mines (Nancy 39),

survenu le 24 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-onzième année.

Une bénédict ion sera célébréeen l’église Saint-Pierre-Saint-Paul,place de l’église, à Fontenay-aux-Roses(Hauts-de-Seine), le jeudi 30 septembre,à 14 h 30, suivie de l’inhumationau cimetière de Fontenay-aux-Roses.

Mme Josette Dormois,7, rue Jean Jaurès,92260 Fontenay-aux-Roses.

* Prix de vente au numéro

Offre valable pour un premier abonnement en France métropolitaine jusqu’au31/12/2010.Société éditrice du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui 75707 Paris Cedex 13.Société anonyme au capital de 149 017 497 - RCS Paris B 433 891 850.Vous vous abonnez auMonde : vos nom, prénom et adresse seront communiqués à nos services interneset, le cas échéant, à quelques publications partenaires, sauf avis contraire de votre part. Si vous ne souhai-tez pas recevoir de propositions de ces publications, merci de cocher la case ci-contre

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250123Mercredi 29 septembre 2010

Page 26: Le Monde du 29 09

Mardi28 septembreTF1

20.45 Football.Ligue des champions (1re phase, 2e journée,groupe F) : Chelsea (GB) - Marseille. En direct.22.45 Pascal, le grand frère.0.50 Harry Roselmacksur le théâtre afghan. Magazine (105 min).

FRANCE2

20.35 La Maison des Rocheville.La maison qui nous parle [1/5] Téléfilm. JacquesOtmezguine. Avec Virginie Desarnauts (Fr., 2010).22.15 Un jour, un destin.Jean-Marie Le Pen, une histoire d’héritages.23.50 Journal, Météo (15 min).

FRANCE3

20.35 Tous vos amissont là... Michel Galabru.Invités : Kad Merad, Jean Rochefort, LaurentGerra, Michel Boujenah, Axelle Laffont, etc.22.40 Soir 3.23.05 Ce soir (ou jamais !).0.20 Chabada. Invités : Patrick Fiori, Lio,Enzo Enzo, Daniel Guichard, etc. (50 min).

CANAL+

20.50 Coup de foudreà Rhode Islandpp

Film Peter Hedges. Avec Steve Carell, JulietteBinoche, Dane Cook (Etats-Unis, 2008).22.35 Football. Ligue des champions.23.45 36 vues du pic Saint-Louppp

Film Jacques Rivette. Avec Jane Birkin, SergioCastellitto, André Marcon (Fr., 2009, 85 min).

ARTE

20.40 Les Tudors.Série. Reine légitime. Amour courtois (S2, 7-8/10).22.29 Thema -Istanbul, d’un continent à l’autre.22.30 Istanbul : le Grand Bazar. 23.20 Débat.0.25 Au cœur de la nuit.Fatih Akin et Thea Dorn. Documentaire (60 min).

M6

20.40 Desperate Housewives.Série. On apprend de ses erreurs. Un endroittranquille (saison 6, 7 et 8/23, inédit).22.25 Swingtown.Série. Rester authentique. Vague de chaleur.Petits secrets entre amis (S1, 6 à 8/13, inédit)U.0.45 Burn Notice. Série (S2, 8-9/16, 95 min).

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10 degrés la fraîcheur gagne les pays scandinaves

En Europe12h TU

Une perturbation abordera laBretagne avec des pluies dès lematinsur le Finistère, progressant jusqu'enNormandie, Pays de la Loire,Poitou-Charentes etNord-Pas-de-Calais en fin de journéeou soirée. Des nuages bass'accrocheront parfois tardivementsur le Nord-Est (avec quelquesgouttes), alors que le soleil perceragénéreusement sur lamoitié sud.

SaintMichelCoeff. demarée 67

LeverCoucher

LeverCoucher

Beau au sud

Aujourd’hui

Météo&Jeux Ecrans

A bien écouter les responsa-bles politiques, il semble-rait que notre vie publique

soit atteinte ces jours-ci d’une véri-table maladie du temps. L’attentedu remaniement promis par Nico-las Sarkozy? Interminable. Unesorte d’apnée nationale. Et quedire de l’attente du choix que vontbien finir par faire Martine Aubryet Dominique Strauss-Kahn ?Interminable, elle aussi. A croireque ces trois-là n’ont que faire del’impatience de l’opinion publi-que, persuadés qu’ils sont de la jus-tesse de l’adage mitterrandien : « Ilfaut laisser du temps au temps.»Rien de tel au Parlement, embar-qué, lui, dans une folle coursecontre le temps. Les retraites, lesujet méritait pourtant réflexion.Il n’en fut rien. « L’oppositionn’avait cessé de “jouer la montre”depuis le début des débats », écri-vait la semaine dernière, dans LeMonde, le président de l’Assem-blée nationale, Bernard Accoyer,pour justifier sa décision de sus-pendre la séance alors même queplusieurs dizaines d’orateursétaient encore inscrits. « A l’issuedu “temps guillotine”, ils [lesorateurs] ont été interdits de paro-le alors que ni la question crucialede la retraite des femmes ni les arti-cles concernant le travail desseniors n’avaient pu être abor-dés», répliquent, dans la page«Débats » de ce numéro, l’ensem-ble des députés de gauche. Ils ajou-tent : « Le Parlement travaille deplus en plus dans l’urgence et, dece fait, de plus en plus mal. L’usagequasi systématique de la procédu-re accélérée – c’est-à-dire avec uneseule lecture avant l’adoption défi-nitive – ne permet plus de débattresereinement des sujets essentielsqui engagent l’avenir de lanation. »

Nous voilà bien: pendant que nosgrands leaders musardent, réflé-chissent à leur destin, soupèsenttel ou tel argument, nos députéss’essoufflent à légiférer au pas decourse. La politique à contre-temps. Imaginons un remanie-ment annoncé et aussitôt fait ; lamobilisation générale décrétée auPS ; et un Parlement qui soit autrechose qu’une chambre d’enregis-trement des exigences présiden-tielles. Qu’elle en gagnerait dutemps, la France! Qu’elle arrête-

rait d’en perdre en querelles stéri-les et en petites phrases assassi-nes!Un conseil aux responsables poli-tiques de tous bords : allez voir,dès jeudi 30 septembre, l’exposi-tion « La France de RaymondDepardon » à la Bibliothèquenationale de France. Ou procurez-vous son magnifique ouvrage,qui paraît ces jours-ci aux édi-tions du Seuil. Comme l’écrit l’his-torien américain Steven L. Kaplandans l’indispensable hors-sérieque Télérama consacre à ce pro-jet, « Depardon s’intéresse autemps bâtisseur, mais aussi autemps de l’usure et de l’érosion, letemps qui ne lâche pas, mais aussicelui qui ronge et dévore. » Letemps de la France, en somme.Celui, justement, que l’on a ten-dance, ces jours-ci, à oublier. p

Mercredi29septembreTF1

20.45 Mentalist.Série. Pour une poignée de diamants.Fils prodige (S2, 9 et 10/23, inédit) ; La Veuverouge (saison 1, 4/23). Avec Simon Baker.23.10 Fringe.Série (saison 2, 5 et 6/23, inédit, 95 min) V.

FRANCE2

20.35 En marge des jours.Téléfilm. Emmanuel Finkiel. Avec Michèle Laroque,Wladimir Yordanoff (France, 2006).22.25 Le Bureau des plaintes.0.10 Journal de la nuit, Météo.0.25 Des mots de minuit. Invités :Nicolas Bouchaud, Romane Bohringer, VivicaGenaux, Nikki Yanofsky, Joost Swarte (90 min).

FRANCE3

20.35 Des racines et des ailes.Passion patrimoine : le rêve d’une vie. Magazine.22.30 Soir 3.22.55 Ce soir (ou jamais !).0.10 « Vie privée, vie publique »,l’hebdo. Invités : Michel Galabru,Claude Gensac, Samy Naceri (50 min).

CANAL+

20.45 Football.Ligue des champions (1re phase, 2e journée, gr. B) :Hapoël Tel-Aviv (Isr.) - Lyon. En direct.22.35 Les Rencontres de la soirée.23.45 The Pacific.Série (saison 1, 9 et 9/10, 105 min) V.

ARTE

20.40 Les Mercredis de l’Histoire.Menace contre Solidarnosc. Quand l’Allemagnede l’Est voulait envahir la Pologne. Documentaire.21.30 Thema -Femmes : pourquoi tant de haine ?21.35 La Cité du mâle. Documentaire (2010).22.30 Quand le rap dérape ! Documentaire.22.55 Débat. Avec Malika Sorel, Serap Cileli.23.30 L’Intouchablep

Film Benoît Jacquot. Avec Isild Le Besco,Bérangère Bonvoisin (France, 2006, 80 min).

M6

20.40 On a échangé nos mamans.Evelyne et Frédérique ; Bettina et Christelle.23.10 Les Parents les plus strictsdu monde. Au Canada. Madagascar (180 min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman-che-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Pendantque nosleadersmusardent,réfléchissentà leurdestin,nos députéss’essoufflentàlégiféreraupas decourse

Sudoku n˚10-232 Solution du n˚10-231

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiatrice : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778(0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Changement d’adresse et suspension :

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Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.frDocumentation : http ://archives.lemonde.fr

Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du lundi 27 septembre.1, 15, 22, 23, 46 ; numéro chance : 9.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : pas de gagnant ;4 bons numéros : 1 737,10 ¤;3 bons numéros : 10,10 ¤ ;2 bons numéros : 5,00 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 5 301 459.

Motscroisés n˚10-232

Chronique FranckNouchi

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Solution du n° 10 - 231HorizontalementI. Inventoriage. II.Neuvaine. Son.III. Solennels. Us. IV.Onc. Guelte.V. Actuaire.VI. Azimut. Tong.VII. Ten. Boit. Non.VIII. Ib.Lepture. IX.Orée. Iéna. An.X.Neuvièmement.

Verticalement1. Insolation. 2.Néon. Zèbre.3. Vulcain. Eu. 4. Eve. CM. Lev.5.Nanotube. 6. Tin. Utopie.7.Onega. Item. 8. Relui. Tune.9. Sert. RAM. 10. As. Leone.11.Goût. Nô. An. 12. Enseignant.

Philippe Dupuis

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1. Le confesseur d’Henri IV ainspiré ce juron. 2. Entrave lesprises de décision. Précède le su.3.Ne rumine plus. Disparaît denos salles de bains. 4. Arrivée cheznous. Clameur au cirque. 5. Sansaucune culture. Fait appel.6. Personnel. Dans les réserves dumilitaire. 7. Privé. Interjection.8.Demême. Domaine fantastiquesur les rayons. 9. Construction ausud. Sans changement. 10. Sortiessubtiles. 11. Enfant turbulentd’Agrippine la Jeune. Met le feuaux organes. 12. Abattent les plussensibles.

I.Quand le blanc vieillit bienmal.II.Mise en réduction. Un repèrepour lematelot. III. Jeanney passa ses derniersmoments.Il nous a beaucoup appris surMichel-Ange et ses amis. IV. Lesplus beaux finiront aumusée.Protection. Possessif.V.Queue depersil. Enmettant dans la bonnedirection.VI. Atteintes quand lescoups d’œil sont bons. Dessus detable.VII. Jeté pour se faire uneidée. Excellent avec des haricotsrouges.VIII. Pas satisfaite. Lesmêmes pour tous. IX.Ornement.Gai participe. Voie étroite.X.Donne des forces. Possessif.

Letemps dela France

26 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 27: Le Monde du 29 09

EuropeRecherche d’harmoniePourquoi un Etat central euro-péen à la française ? La rumeurpopulaire actuelle est pleined’« harmonisations européennesde Bruxelles », ou autres expres-sions approchantes. L’harmonisa-tion est une décision européennevalable pour tous les pays adhé-rents de la même façon, décidéepar des institutions opaques.Il y a de la concurrence entre payseuropéens et, à la fois, un destincommun. Je me souviensqu’Adam Smith (1723-1790) parlede division du travail globale.Faut-il que l’Europe décide uneseule politique pour l’ensembledes Etats qui la composent, oudoit-elle valoriser, harmoniser lesdifférences? Que ce soit pour lamonnaie, l’éducation par exem-ple ou encore pour le droit.Dans ces deux derniers domaines,la France est un pays où l’éduca-tion et le droit sont marqués parl’importance centrale de l’écrit.Le Royaume-Uni est un pays dedroit oral, comme les Etats-Unis.Doit-on sacrifier le droit oral audroit écrit, ou sacrifier le droitécrit au droit oral ? Harmoniser ledroit ou l’éducation, cela signi-

fie-t-il que les droits et les éduca-tions doivent être semblablesdans tous les Etats de l’Union euro-péenne ?

Pascal Le Bihan

Saumur (Maine-et-Loire)

ImpôtLe commissaire européen au bud-get, Janusz Lewandowski, estimeque la nécessité pour les Etats deconsolider leurs finances publi-ques rendait envisageable la créa-tion d’un impôt européen etcompte faire, dans ce sens, une tel-le proposition. Les termesemployés par M. Lewandowskilaissent rêveur. Ce serait donc enprélevant une dîme supplémen-taire sur les richesses des Etatseuropéens que l’on faciliterait l’as-sainissement des budgets de cesEtats? Pas un mot sur l’assainisse-ment des finances de l’Union euro-péenne, qui n’est pourtant pas ladernière lorsqu’il s’agit de gaspilla-ge. Faites ce que je dis et surtoutpas ce que je fais !

Roger Saintpierre

La Rochelle

PLACEZ deux horloges atomiques d’une extrême précision à des hau-

teurs différentes : vous constaterez que la plus haute avance légère-

ment plus vite que l’autre. C’est la conclusion d’une étude américai-

ne publiée dans la revue Science. L’administration française devrait

en tenir compte. Les lenteurs bureaucratiques seraient certainement

atténuées si on installait les fonctionnaires en terrasse, au grand air,

au lieu de les laisser s’assoupir dans les rez-de-chaussée.

Le temps s’écoule donc plus vite en altitude. Faut-il s’étonner que

Nicolas Sarkozy, qui a accédé en 2007 à la plus haute marche du

podium, soit un homme pressé ? Et que Dominique Strauss-Kahn,

réfugié sur son Aventin, ait une longueur d’avance sur les autres can-

didats socialistes ? L’étude de Science tombe à point, en tout cas, pour

expliquer le malheureux lapsus commis à la télévision par Rachida

Dati. Pour une fois que l’ex-ministre people commentait le taux d’in-

flation… «J’ai parlé un peu trop vite, a-t-elle expliqué ensuite. Celapeut arriver dans ce genre d’émission. » Cela peut arriver, en effet,

quand on cherche à prendre de la hauteur. Fallait-il nourrir un peu

plus le bavardage économique sur les ondes ? Assez d’inflation ! p

LettredeWall StreetSylvain Cypel

Çavolebas

Le courrier du jour

Billet Robert Solé

Fini lapeur,lesriches ont la rage

RÉSERVEZ

VITE !

Thierry Beinstingel

Maylis de Kerangal

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L e 20septembre, la chaîne économi-que de télévision américaine CNBCdiffusait une rencontre entre Barack

Obama et un groupe d’Américains –petitsentrepreneurs, cadres d’institutions finan-cières, salariés, retraités, étudiants…– repré-sentatifs de ces classes moyennes dont onrépète ici qu’elles ont été les plus touchéespar la crise.

En réalité, les classes moyennes dites«basses» (précarisées) ont été plus affec-tées. Mais, à six semaines d’élections légis-latives générales, la Maison Blanche avaitchoisi cet échantillon parce qu’il est politi-quement utile: il vote plus que les moinsfortunés. S’il n’en était pas encoreconscient, M.Obama put, une heuredurant, se faire une idée des angoisses etde la rogne qui, jusque parmi ses partisans,

se sont emparées de ces classes moyennes.Comme souvent avec un panel représenta-tif, tout et son contraire lui fut reproché.Beaucoup jugèrent qu’ils n’avaient pas de«plan de sauvetage» clair pour relancerl’économie. D’autres au contraire qu’il enavait un, transparent mais néfaste.

La plupart de ses interlocuteurs luireprochèrent d’avoir laissé filer le chôma-ge et privilégié le sauvetage des banquestout en négligeant leur sort. «Je suis épui-sée d’avoir à vous défendre, vous et votreadministration, défendre un changementpour lequel j’avais voté», lui lança une Afri-caine-Américaine travaillant à la directionfinancière d’une entreprise. L’emploi, enco-re et encore, et dans une moindre mesurela dégradation du niveau de vie, apparu-rent comme les préoccupations majeures.

A l’inverse, un cadre de fonds spéculatifaccusa M.Obama, en régulant les marchés,de «fouetter les fesses » des financiers com-me lui… S’il est un paradoxe aujourd’huiaux Etats-Unis, c’est bien cette convergen-ce entre ceux qui voient dans le présidentun suppôt des «banquiers de Wall Street»,objet de détestation, et ceux pour qui ilincarne, au contraire, «le socialisme» –ter-me censé définir toute politique économi-que publique autre que la dérégulation etle désinvestissement de l’Etat.

Bref, il y a une colère des classes moyen-nes, mais aussi une «rage des riches», com-me l’a récemment cataloguée l’économis-te Paul Krugman. «La vraie rage politique,celle qui amène des gens à comparer Oba-ma à Hitler ou à l’accuser de trahison, n’al-lez pas la chercher du côté des Américainsqui souffrent réellement. Vous la trouverezplutôt parmi les très privilégiés, ces gens quin’ont aucune crainte de perdre leur emploi,leur maison ou leur assurance-maladie,mais qui sont littéralement enragés à l’idéede payer des impôts modestement supé-rieurs» à ceux qu’ils règlent depuis queGeorge Bush leur a offert un bouclier fiscalde première classe, une «menace» qu’ilsperçoivent comme un crime contre leurbon droit et contre l’Amérique telle qu’ilsla conçoivent, écrit-il.

Ceux-là mêmes qui ont couru quéman-der la manne publique lorsque leur établis-sement financier était menacé, poursuit-il,sont aujourd’hui scandalisés que l’onentende légiférer sur le montant de leursprimes (une mesure que le milliardaire Ste-

phen Schwarzman a comparée à l’invasionnazie de la Pologne…).

M.Krugman cite une enquête en «une»de Forbes, mensuel assumé des riches, quiprésente le président Obama comme proje-tant de rabaisser la puissance des Etats-Unis au profit d’une ambition «kényaneanticoloniale» dont il serait investi. Deplus en plus fréquemment s’exprime cettevision d’un président étranger au rêveaméricain qu’eux-mêmes, les riches, incar-nent, grâce à l’absence de contraintes (la«liberté») dont ils ont bénéficié depuistrente ans: de fait, nulle part au monde onne compte autant de millionnaires propor-tionnellement à la population.

Le 9juin, Dorothy Rabinowitz, membredu comité directeur du Wall Street Journal,expliquait que «l’identification du prési-dent réside ailleurs» que dans son pays.«Ses croyances et attitudes (…) sont à cher-cher dans les salons de la gauche mondialeet dans l’establishment académique où pro-lifèrent les radicaux et leur progéniture.»Les mots, le style, tout y est. L’article étaitintitulé: «The Alien in the White House».

En anglais, Alien signifie «étranger» maisaussi «étrange», «venu d’ailleurs». Voilàoù en est le niveau d’une campagne politi-que quotidiennement menée dans lespages éditoriales du Wall Street Journal surdeux axes essentiels : la bizarrerie suggé-rée comme non américaine de ce prési-dent et l’hostilité à tout «accompagne-ment social» de la crise économique.

Le 21septembre, le magnat Mort Zucker-man y attaquait la politique Obama visantà limiter (un peu) les expulsions d’emprun-teurs immobiliers insolvables et à ne paslaisser s’effondrer les prix du bâti qui met-trait des millions de foyers américains surla paille. Son alternative: laisser le marché«trouver son propre équilibre». Le 25, unmembre du cercle ultralibéral Cato Institu-te y a affirmé comme « une évidence clai-re» que l’abaissement maximal de l’impo-sition des plus fortunés « produit plus derevenus sur le long terme» pour la majori-té. Les chiffres de la dernière décennie auxEtats-Unis démontrent l’inverse, qu’impor-te… Deux exemples entre cent.

Contre l’imposition des plus riches,contre l’élargissement de l’assurance-mala-die, contre la régulation des marchés,contre, contre… Il y a eu deux ans exacte-ment, avec la faillite de Lehman Brothers,une peur panique s’était emparée desriches aux Etats-Unis. Aujourd’hui, lafinance assainie et les bénéfices de retour,avec la confiance retrouvée est venu letemps de la rage. p

Courriel : [email protected]

Deplus en pluss’exprimecettevision d’un présidentétrangerau rêveaméricainqu’eux-mêmes, les riches,incarnent,grâce àl’absencedecontraintes

«Le Monde des livres»Rencontres avec Philip Rothet avec VassilisAlexakis ; le succès d’Amélie Nothomb

0123

Courrier et contributions des lecteurs :[email protected] : 01-57-28-21-74

Prochainementdans0123

pTirage du Monde daté mardi 28 septembre 2010 : 418 301 exemplaires. 1 2 3

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La voiture se met àl’électrique

On en parle depuis desmois, on nous promet unnouvel âge de l’automobi-le, une mobilité boulever-sée. Mais à l’occasion duMondial de l’automobile

de Paris, du 2 au 17 octobre, la voitureélectrique se transforme de promesseen réalité. Pour la première fois, legrand public pourra passer commande,et les premiers modèles rouleront dès lafin de l’année.

PSA Peugeot-Citroën donnera le coupd’envoi en France avec la Peugeot Ion etla Citroën C-Zéro, transposition de laI-Miev de son partenaire Mitsubishi. En2011, ce sera au tour de Nissan de lancerson modèle, la Leaf, et Renault sa Fluen-ce. Sa petite citadine, la Zoé, sera, elle,commercialisée en 2012. Quant à la BlueCar de Bolloré, elle reste annoncée pour…bientôt. Mais la voiture électrique arrive-ra-t-elle à s’imposer ?

La technologie ne date pas d’hier. Com-me le rappelle le Groupement d’étudeset de recherches permanent sur l’indus-trie et les salariés de l’automobile (Gerpi-sa), le premier modèle date de la fin duXIXe siècle et la France a compté jusqu’àdix-neuf constructeurs de voitures élec-triques. Peine perdue, le moteur à explo-sion s’est imposé. Il y a bien eu quelquestentatives lors des différents chocs pétro-liers pour trouver des motorisations desubstitution, comme à la fin des années1970 avec PSA, qui avait mis beaucoupd’espoir dans la voiture électrique. Maisla fièvre était retombée aussi vite que leprix du baril de pétrole.

Le succès sera-t-il, cette fois, au rendez-vous ? Carlos Ghosn, PDG de Renault etde Nissan, en est convaincu. Selon lui, lavoiture électrique représentera 10 % dumarché mondial en 2020 (entre 6 et 8mil-lions de voitures). Chez Volkswagen,Martin Winterkorn est beaucoup plus cir-

conspect : elle n’excédera pas 1,5 % desventes. Philippe Varin, président dudirectoire de PSA Peugeot-Citroën, cou-pe la poire en deux en prévoyant un mar-ché à 5 %.

Montée en puissance progressiveQu’elles que soient les prévisions, « il

ne faut pas voir la voiture électrique demanière dogmatique, mais comme unealternative au moteur traditionnel, pourun certain type d’usages et pour contri-buer à la réduction des émissions de CO2 »,estime Rémi Cornubert, directeur asso-cié chez Oliver Wyman. Une chose estsûre : la montée en puissance sera trèsprogressive. Car, si de nombreux problè-mes techniques ont été surmontés, quel-ques obstacles sérieux demeurent :

l’autonomie des batteries, qui permetpour l’instant de rouler tout au plus150 kilomètres. Or, même si 90 % desconducteurs de véhicules particuliers nedépassent pas, en moyenne, 50 kilomè-tres par jour en ville (en France, 84 % destrajets journaliers sont même inférieursà 10 km), la peur de se retrouver brutale-ment à l’arrêt est encore psychologique-ment difficile à assumer.

Avant d’attirer le grand public, le mar-ché devrait donc d’abord se concentrersur les flottes d’entreprise ou de collecti-vité locale. Le circuit que leurs véhiculesempruntent est connu, ce qui résout à lafois les questions d’autonomie et dedéveloppement des infrastructuresdédiées à la recharge des batteries.

Pour le grand public, cet aspect consti-tue « l’un des points le plus critique », esti-me François Jaumain, associé chez Pri-cewaterhouseCoopers. Là aussi, il fau-dra rassurer l’automobiliste. Même si

« toutes les expériences conduisent à fai-re le même constat : 90 % à 95 % desrecharges se feront à domicile, les 5 % à10 % restants se faisant dans l’espacepublic », souligne Jean-Louis Legrand,coordinateur interministériel pour lesvéhicules « décarbonés ».

Autre barrière : le prix. Malgré la pri-me gouvernementale de 5 000 euros,ces voitures ne sont pas à la portée detoutes les bourses.

Reste enfin la question des capacitésde production d’EDF. « A l’horizon 2020,les véhicules électriques ne représente-ront que 1 % de la consommation françai-se d’électricité. Il n’y aura donc aucun pro-blème pour leur fournir l’électrique néces-saire », affirme Igor Czerny, directeur dudépartement transport véhicule électri-que d’EDF. En revanche, « il faudra s’assu-rer que tous les véhicules ne soient pasrechargés en même temps ».

La voiture électrique a néanmoins sesdétracteurs. « En dépit de son échecconstaté, on continue d’en annoncer lesuccès en s’appuyant sur des démonstra-tions souvent convaincantes et sur desprévisions de marchés toujours exponen-tielles », affirme Frédéric Fréry, profes-seur de management stratégique et direc-teur scientifique de la chaire ESCPEurope/KPMG cité dans le livre La Voitu-re de demain : la révolution automobile acommencé, de Francis Demoz (NouveauMonde Editions, 236 p., 15,90 euros). Ilfaudra sans doute une bonne dizained’années pour départager supporteurset adversaires de la voiture électrique. p

Nathalie Brafman

M o d è l e s , p r o f i l s d ’ u t i l i s a t e u r s , e x p é r i e n c e s à l ’ é t r a n g e r

0123Mondial de l’automobile

La firme californienne Tesla propose un roadsterélectrique luxueux. Avec ses 288 ch, il permetune vitesse de pointe de 240 km/h et l’autonomieannoncée par le constructeur permettraitde parcourir jusqu’à 340kilomètres. PHOTO DR

Cahier du « Monde » N˚ 20429 daté Mercredi 29 septembre 2010 - Ne peut être vendu séparément

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Autonomie, coût, infrastructures, fiabilité… L’utilisationd’un véhicule électrique induit d’autres pratiques

Unrapportdifférentàl’automobile

Unsujetsous tensionchez Renault

E-Concept,de Mini,et eScooter,de SmartDe la petite voiture au scooterélectrique, il n’y a qu’un pas,que Mini et Smart ontallègrement franchi.LeE-Concept de Mini (enhaut) s’inspire del’esthétique rétro chèreà la marque et installeson petit moteurélectrique dans laroue arrière.Lesavoir-faire de BMW(maison mère deMini) dans le domainedes deux-roues rendcrédible l’hypothèsed’une commercialisationdans le futur, même si aucunedécision n’a encore étéprise.Quant au eScooter deSmart (en bas), il comporte, luiaussi, un moteur dans la rouearrière et, comme le E-Concept,se met en route non pas avecune clé mais avec sonSmartphone, que l’on glissedans un logement spécial.ChezSmart, on paraît égalementtenté de le mettre en vente.PHOTOS DR

Plus encore qu’un chan-gement technologi-que, la voiture électri-que introduit un rap-port différent à l’auto-mobile. Les construc-

teurs ne doivent pas seulementconvaincre surle plan technique etsur celui de la fiabilité, il leur fautaussi surmonter certaines réticen-ces des utilisateurs face aux chan-gements induits par le fonctionne-ment, l’utilisation, mais aussi enterme de coûts d’usage.La question de l’autonomieMême si EDF proclame qu’« il nes’agit pas d’un frein à l’utilisationdes voitures électriques », la ques-tion du rayon d’action des voitures

électriques est au centre des préoc-cupations. Certes, le trajet moyend’un automobiliste français nedépassepas37kilomètres, soitqua-tre fois moins que les 140 à 150kmrevendiqués par les nouveauxmodèles électriques. Ces chiffres,toutefois, sont théoriques.

Une telle performance supposeun trafic étale et exclut le recoursau chauffage ou à la climatisation.« Nous voulons être transparents :pour apprécier l’autonomie effecti-ve de nos modèles, il faut appliquerune décote de 20%», soit une auto-nomie effective de 120 km, assureAyoulGrouvel,responsabledu pro-jetélectriquechezPSA.Lesconstruc-teursproposerontbientôt des équi-

pements GPS capables d’indiquerla station de recharge la plus pro-che. Renault, de son côté, travaillesur un réseau de stations-servicecapablesdeprocédersurlechampàun échange des batteries – amovi-bles–desesvoitures,cequipermet-trait d’en accroître l’autonomie.Une nouvelle répartition descoûts Chères, très chères voituresélectriques… Quelle que soit la for-mule retenue, le prix des modèlesdisponibles à la vente (Mitsubishii-MiEV, Citroën C-Zéro, PeugeotiOn), ou qui le seront prochaine-ment (Nissan Leaf), tangente les30 000 euros après déduction del’aide publique de 5 000 euros. Onpeut espérer que l’augmentation

delaproductiontirera progressive-ment les prix vers le bas. Renault,qui lancera ses modèles en 2012,table sur un tarif de l’ordre de15000 euros (sans les batteries, quiseront louées), prime de5000 euros déduite.

Les dépenses liées à l’utilisationd’un véhicule électrique se révè-lent très différentes de celles d’unevoiture à motorisation classique :le prix d’achat est plus élevé, maisl’usageestbeaucouppluséconomi-que: compter 1,5 euro environ aux100 km contre 6 euros pour unvéhicule essence de même gabarit.

La durée de vie des batterieslithium-ion est estimée à150000 kilomètres. Pour amortir

l’achat d’une voiture électrique,admet PSA, il faudra parcourir25000 km par an.Des infrastructures indispensa-bles Une voiture électrique serecharge sur une prise électriqueordinaire. Il faut compter sept heu-res environ pour porter les batte-ries à pleine charge, alors qu’uneprise à recharge rapide permet deparvenir à la moitié de ce résultaten un gros quart d’heure. Or,Renault aopté pour des prises rapi-des en courant alternatif alors quePSA table sur le courant continu. Siaucun accord n’intervient, il fau-dra installer deux types de prisesur les bornes de recharge…

L’essentiel des programmesd’installationdebranchementélec-trique concerne les lieux privés,principalement les parkings d’im-meuble.A partirde2015, seraintro-duit un «droit à la prise» qui inter-dira à une copropriété de s’oppo-ser à l’installation d’un raccorde-ment électrique.Des voitures faciles à conduireUtiliser ce type de véhicule n’a riende complexe. Au contraire, on nepeut pas caler (il n’y pas de boîte devitesse) et l’entretien est quasi-nul.Sonmoteursilencieuxetétonnam-ment souple permet des reprisessupérieures à certains moteurs àessence. Toutefois, il faut surveillerles réactions des piétons qui neremarquentpastoujourslaprésen-ce de ce véhicule totalement silen-cieux, mais aussi l’ordinateur debord indiquant l’autonomie dispo-nible.Quantàl’opérationderechar-ge des batteries, elle ne présenteaucune difficulté particulière.p

Jean-Michel Normand

Mondialde l’automobile2010

Pratique

Renault ZoéOn ne la découvrira sur le bitume qu’en 2012, mais elle piaffe déjàd’impatience. La Zoé ne sera pas une voiture «électrifiée» mais unmodèle conçu entièrement à partir d’une feuille blanche. Renaultprésente, sur son stand, une version très proche de ce qui sera lemodèle de série de la Zoé qui sera proposée à la vente autour de15000 euros, prime gouvernementale déduite, somme à laquelle ilfaudra ajouter 100 euros par mois pour la location des batteries.En prime, le système de climatisation proposera trois effets :«hydratant», «detox» et «senteurs actives»… Sur son stand,Renault présentera également son Twizy électrique. Ce curieuxcroisement entre un scooter (les occupants sont assis l’un derrière

l’autre) et une voiture (ildispose de quatre roues),

roule à 75km/h et sonautonomie atteint100kilomètres. Autres

Renault électriques :la Fluence ZE,

modèle familial quisera proposé

comme voiturede société, et

une versionélectrique de

l’utilitaireKangoo.

PHOTO DR

Mondial de l’automobileParis Expo, Porte de Versailles.Place- de-la-Porte-de-Versailles,Paris 15e.

Dates Du samedi2octobreau dimanche 17octobre.

Horaires Ouverture au public, dusamedi au dimanche de 10heuresà 20heures. Nocturnes les jeudis7 et 14octobre jusqu’à 22heures.

Y aller En métro: ligne 12, stationPorte-de-Versailles (cette lignedessert les gares Montparnasseet Saint-Lazare) ; ou ligne 8, sta-tion Balard (la ligne dessert le ter-minal Invalides de l’aéroport d’Or-ly). En tramway : ligne T3 & ligneT2. station Porte-de-Versailles.En autobus : ligne 39 et ligne 80.Arrêt Porte-de-Versailles.

Tarifs Adulte: 12¤, jeunes10ans/18 ans: 6¤ (6,55¤ en ven-te en ligne), étudiants : 6¤ (surprésentation de la carte d’étu-diant, billets vendus uniquementaux caisses du Salon). Comitésd’entreprise et groupes (dès 15personnes) : 10¤. Gratuit pour lesmoins de 10 ans.

Toutes les informations Sur lesite : Mondial-automobile.com

S’IL Y A UN SUJET sur lequel Car-los Ghosn, le PDG de Renault et deNissan, n’aime pas plaisanter,c’est bien le véhicule électrique.Faites-lui remarquer que Renault,qui va lancer sa première voitureélectrique début 2011, va se fairedoubler par PSA Peugeot-Citroën(prévues fin 2010) alors qu’il a étéle premier constructeur à avoirmis cette technologie au cœur desa stratégie, et vous risquez de lemettre de mauvaise humeur.

Faites-lui constater aussi que,finalement, tous les constructeursont décidé d’avoir des voitures élec-triques à leur catalogue, aprèsavoir longtemps affiché leur scepti-cisme, et là… il voit rouge.

C’était au salon automobile deGenève, en mars2010, lors d’une

table ronde avec des journalistesfrançais: «Ah bon? Vous pensezvraiment qu’entre Volkswagen,PSA et nous, c’est la même chose ?D’un côté, vous avez des construc-teurs qui vous présentent une voitu-re en disant, ça y est nous avonsnotre voiture électrique. Et quandvous leur dites: très bien, mais d’oùvient la technologie de la batterie?Et si la voiture marche, commentallez-vous les produire? Elles sontoù, vos capacités? Pas de réponse.De l’autre, vous avez un groupe, etd’une certaine manière le seul, quia investi massivement non seule-ment dans la technologie mais aus-si dans les capacités de produc-tion», s’emporte-t-il.

Dans la ligne de mire, PSA Peu-geot-Citroën. Leurs deux voitures

(la Ion chez Peugeot et la C-Zérochez Citroën) seront livrables endécembre. Produits au Japon chezMitsubishi où ils sont déjà com-mercialisés depuis plus d’un an,ces modèles ont, il est vrai, peud’ADN tricolore, mais ce partena-riat a permis à PSA de griller la poli-tesse à Renault.

Pour développer leurs véhiculesélectriques –quatre modèles chezRenault, quatre chez Nissan– lesdeux alliés ont dépensé 4milliardsd’euros. Et 2000 personnes tra-vaillent désormais sur ce projet.

Quant à la production, lepatron de Renault explose de rirequand on lui annonce que MartinWinterkorn, le président du grou-pe Volkswagen, prévoit de produi-re 250000 voitures électriques en

2018. «Nous, c’est simple, nousserons à 500000 en 2012. Nos capa-cités de production [batteries etvoitures] sont au Japon, en Grande-Bretagne, au Portugal, en France etaux Etats-Unis», assène-t-il.

La Zoé, la quatrième du plan«voiture électrique», qui sera pro-duite dans l’usine de Flins (Yveli-nes), sera, selon Patrick Pelata,directeur général délégué deRenault, «la première au monde àêtre conçue pour être fabriquée engrande série». Alors pour CarlosGhosn, qu’on ose mettre Renaultet Nissan « dans le même paquet,en disant en plus que nous sommesun peu en retard, c’est franchementfort! C’est même carrément de laprovocation!»p

Nathalie Brafman

Siège social : 80, bd Auguste-Blanqui75707 PARIS CEDEX 13Tél. : +33 (0)1-57-28-20-00Fax. : +33 (0)1-57-28-21-21

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Edité par la Société éditricedu «Monde » SA,

Président du directoire,directeur de la publication,directeur du «Monde » :

Eric Fottorino

La reproduction de tout article est interditesans l’accord de l’administration. Commissionparitaire des journaux et publications no0712C 81975.

ISSN : 0395-2037

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Pré-presse Le MondeImpression Le Monde12, rue M.-Gunsbourg94852 Ivry CedexPrinted in France

II 0123Mercredi 29 septembre 2010

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P endant des décennies, l’in-dustrie automobile a cher-ché sans répis à lutter contre

lebruit.Frottements, grincements,vrombissements étaient considé-rés comme une nuisance, qu’il fal-lait à tout prix atténuer. L’arrivéede la voiture électrique bouleverseles priorités. Car l’une des caracté-ristiques de ces nouvelles motori-sations est qu’elle ne font aucunbruit, au risque de présenter undanger pour les piétons ou lescyclistes. En effet, jusqu’à 25 km/h,il est impossible de détecter l’arri-vée d’un véhicule électrique.

Dans un rapport, la NationalHighway Traffic Safety Adminis-tration (NHTSA), l’agence fédéraleaméricaine chargée de la sécuritéroutière, a montré que les véhicu-les hybrides et électriques ont unrisque deux fois plus élevé d’êtreimpliqués dans des accidents avecdes piétons, par rapport aux véhi-culesqui utilisent unmoteur tradi-tionnel… « Nous sommes aumilieu d’un paradigme, reconnaîtSimon Luque, directeur adjointdu programme véhicule électri-que chez Renault. Le silence, c’estévidemment agréable, mais dansle cadre du véhicule électrique,c’est un risque. »

Aux Etats-Unis, le départementdes transports pourrait légiférerpour imposer un minimum sono-re aux véhicules électriques.L’ONU n’est pas resté insensible àcette question. Sous la pression

d’un groupe de lobbyistes baptiséQuietCar, les Nations unies tra-vaillent sur la question etdevraient remettre leurs conclu-sions en février 2011. Une normeexigeant d’émettre un niveauminimum de sons pour avertir lesaveugles est à l’étude. Pour l’ins-tant, un seul pays au monde, leJapon, a mis en place une régle-mentation sur les émissions sono-res des véhicules.

Dans ce contexte, les construc-teurs préfèrent anticiper et ontcommencé à réfléchir activementà la façon d’ajouter du bruit lors dudéplacement du véhicule. Maislequel ? « C’est compliqué. La logi-que voudrait en effet que l’on rendedu son aux véhicules qui n’en ontpas assez, explique Vincent Rous-sarie, responsable acoustique del’entité Perceptions et facteurshumains chez PSA PeugeotCitroën. Mais nous sommes devantune double contrainte : si notre butest de pallier le risque dû au silence,il n’est pas question de créer unequelconque gêne urbaine.»

Dans un premier temps, lesdeux voitures électriques de PSA(Ion chez Peugeot et C-Zéro chez

Citroën) ne seront pas équipéesd’un système sonore spécifique. Leconstructeur français a décidé dese faire aider par des designerssonores externes. Il travaille, entreautres, avec Creative Diffusion, ungroupement de jeunes composi-teurs spécialisés en recherchemusicale.

Renault, qui collabore avec l’Ir-cam(Institutderechercheetcoordi-nation acoustique/musique)depuisnovembre2009,adéjàtestéune vingtaine de bruits potentielsauprès d’un panel de consomma-teurs. Sauf réglementation contrai-re, le constructeur ne souhaite pasreproduire le bruit d’un moteurthermique. «Notre axe de réflexionest d’identifier ce qu’est un bruit enmilieu urbain ou péri-urbain. L’idéeest de trouver un son rassurant, passtressant,mais identifiabledefaçonnaturelle », explique M. Luque.Renault devrait aboutir dans sesrecherches courant2011.

De son côté, Nissan, après avoirconduit de nombreux essais et tra-vaillé avec des experts en psycho-logie cognitive et des acousticiens,a créé un système, disponible sursa Leaf, qui émet des sons diffé-rents en fonction de sa vitesse oude sa direction. Au démarrage, leson sera plus grave ; si la voiturerecule, il sera intermittent.Un ordi-nateur de bord et un synthétiseurintégré au tableau de bord contrô-leront l’émission de ce bruit quiproviendra d’un haut-parleur pla-cé dans le compartiment batterie.

Peut-être verra-t-on des véhicu-les électriques émettre tout sim-plement le bruit du moteur ther-mique,même si c’est difficilementconcevable, tant le silence fait par-tie du concept. C’est en tout cas lechoix qu’a fait le constructeurcoréen Hyundai. Sa BlueOn, inspi-rée de l’i10, est équipée du disposi-tif « Virtuel Engine Sound Sys-tem », qui reproduirait le bruitd’unmoteur thermique,au prétex-te que nos oreilles sont habituéesdepuis des décennies à ce son. p

N. Bn

I l y a déjà les inconditionnels duvéhicule électrique, ceux quiont ou qui vont sauter le pas ;

les indécis ou ceux qui ne se sen-tent pas concernés ; et puis ceuxqui sont contre.Muriel Attia, mariée, troisenfants, cadre supérieur dansune banque. Conductrice duweek-end, elle ne prend jamaissa voiture (une Peugeot 206)pour partir en vacances et faitentre3000et 4000 kilomètrespar an. Habite à Neuilly-sur-Sei-ne (Hauts-de-Seine) « Une voitu-re électrique, si je devais remplacermon véhicule, ça ne me viendraitpas à l’idée. Pour moi, c’est forcé-ment une petite voiture que l’onn’utilise pas très souvent, quis’adresse plutôt à des jeunesurbains, que l’on doit rechargersouvent parce qu’elle ne permetpas de faire beaucoup de kilomè-tres. C’est un concept qui me paraîtencore très compliqué. Quant àl’écologie, c’est une problématiquequi ne me mobilise pas plus queça.»Didier Taillebois, 44ans, marié,commercial dans une sociétéd’import-export. Habite à côtédeSenlis(Oise)«Hors aggloméra-tion, je pense que le véhicule élec-trique est totalement inadapté. Unexemple : ce matin je suis allé àLille, j’ai mis deux heures en rou-lant à 130 km/h, sans m’arrêter.Avec une voiture électrique,j’aurais été obligé de recharger labatterie. J’aurais donc mis plus detemps. C’est une très belle inven-tion mais il faut que l’environne-mentchangeet s’adapte.Pourl’ins-tant, l’infrastructure n’a pas étédéployée. Les premiers acheteursd’une voiture électrique devrontdonc obligatoirement adapter leurmode de vie autour.

D’un point de vue écologique, jesuis aussi très réservé. Commentva-t-on recycler les batteries ? Lavoiture électrique sera certesmoins polluante pour l’at-mosphère, mais sera-t-elle écologi-que? C’est la grande question.»

Laurent Benoist, 60 ans, secré-tairegénéraldelaSNSM(sauve-teurs en mer). Habite La Celle-Saint-Cloud(Yvelines)«Lavoitu-re électrique, c’est l’avenir. Soit oncontinue à conduire des véhiculesutilisant du pétrole et il faudraaller vers l’hybride, soit on tournecarrément la page et on s’orientevers un autre système. Ce tempsest arrivé, et le monde, la sociétéseront un peu meilleurs pour nosenfants.

J’ai calculé que je fais environ30 kilomètres par jour pour mestrajets domicile-travail. L’autono-mie des batteries, de l’ordre de150 km actuellement, ne me posedonc aucun problème. En plus, cesera moins cher. Avec monAudi A4, 150 kilomètres par jourreprésentent un plein tous les qua-tre jours, soit 70 euros. Ma voitureélectrique ne sera pas une voitured’appoint mais je n’irai pas nonplus en Bretagne avec… »Laurence Herbet, 38 ans, deuxenfants de 8 ans et 10 ans, créa-trice de « doudous » pourenfants. Habite Toulon « Pour lequotidien, aller chercher lesenfants à l’école, faire des courses,etc., le véhicule électrique est toutà fait adapté. Pour les longs trajetset les salons, je continuerai à rouleren Peugeot 807.

Le fait que la voiture électriqueémettezéroémissiondeCO2 corres-pond en plus à mon état d’esprit.Pour mon travail, je n’utilise que

des matières naturelles. Lorsque leGPL est apparu, j’ai tenté l’expé-rience alors que ce n’était pas dutout généralisé.

Concernant les infrastructuresnécessaires au développement del’électrique, je me pose assez peudequestions. Je rechargeraimabat-terie chez moi et on finira bien partrouver des prises en ville.»Vincent Barthalon, 52 ans, troisenfants, technicien en prothè-ses implantables. Habite à Bey-nes(Yvelines). Ilvabientôtrece-voir sa voiture électrique « Il y aun an et demi, j’ai commandé uneSmera, une voiture biplace en tan-dem, fabriquée par Lumeneo. C’estun véhicule complètement adaptéà la ville. Il pèse 500 kg et seconduit comme un scooter. Com-mejene faisjamais plusde150kilo-mètres par jour, c’est donc parfaitpour moi. Le prix ? 25 000 euros(moins 5 000 euros de bonus).C’est vrai, c’est très cher mais c’estun geste pour l’environnement.

Si on veut être cohérent, notam-ment sur le plan environnemen-tal, il faudra recharger la nuit, c’estce que je ferai. Bien sûr, ma Smerane sera pas la seule voiture dufoyer et ne remplacera pas maMégane Renault qui restera la voi-ture familiale, la voiture du week-end. Aujourd’hui, il faut penser lavoiture autrement. De plus enplus, il faudra l’utiliser en fonctiondes trajets. »p

Propos recueillis par N. Bn

Pourou contre:l’avisdes conducteursL’arrivéedanslesconcessionsdespremiersmodèlesdèslafindel’annéesuscite scepticisme, curiosité ou militantisme environnemental

Laluttecontre le silence,prioritédes constructeursL’absence de bruit d’une voiture électrique est une sourcede danger pour les piétons et les cyclistes

Tesla RoadsterLa firme californienne est la marque qui monte. Ceconstructeur s’est imposé comme la première icônede l’automobile électrique luxueuse et sportive.Les performances de son roadster, devenu enpeu de temps la coqueluche du show-biz et desriches apôtres des technologies «zéroémission», sont décoiffantes: le 0 à 100km/hexécuté en quatre secondes et une vitesse depointe qui flirte avec les 240km/h. De quoirappeler que les voitures électriques peuvent aussise transformer en bolides. Surtout avec un moteur de 215kW(288ch) sous le capot. L’autonomie annoncée est de 340km,mais pour atteindre cette limite il ne faudra pas trop

solliciter le tempérament de feu de ce coupé deux places,dont la carrosserie est empruntée à Lotus. PHOTO DR

Peugeot iOn et Citroën C-Zéro,Mitsubishi i-MiEVLes sœurs jumelles, la Peugeot iOn et la Citroën C-Zéro, seront lesattractions du Mondial. Commercialisées dans la foulée du Salon,elles voleront la vedette aux projets Renault, attendus à partir dela fin 2011. Ces avenantes petites voitures (3,48 mètres) sont devraies quatre-places animées par un moteur électrique installésous le coffre et qui entraîne les roues arrière. Les batteriessont, elles, logées sous l’habitacle. Par rapport à laMitsubishi i-MiEV, dont elles sont étroitement dérivées,les deux françaises annoncent une autonomie en hausseet n’hésitent pas à revendiquer un rayon allant jusqu’à150 kilomètres. A condition de ne pas utiliser le chauffageou la climatisation, d’éviter les embouteillages et deconduire avec une grande douceur… Une fourchette de

100 kilomètres paraît plus réaliste. Simplissimes à utiliseret à recharger (l’opération dure sept heures au maximumet peut être effectuée en se branchant à une prise decourant ordinaire). Les deux jumelles sont aussi trèsagréables à conduire. Dommage qu’elles soient aussichères: près de 30000 euros, prime gouvernementalede 5000 euros déduite. Les formules de location –48mensualités de 459 euros puis 48mensualités de260euros chez Citroën, mensualités de 499euros toutcompris chez Peugeot – sont elles aussi onéreuses.Seule consolation; le prix de revient aux 100 kilomètresen voiture électrique coûte environ 1,5euro, quatre foismoins qu’un modèle à essence. PHOTOS DR

PSAa décidédesefaire aiderpar desdesignerssonoresexternes

Mondialde l’automobile2010 III0123Mercredi 29 septembre 2010

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LaFranceveut être unleader en Europe

Plusieurs pays font le pari du véhicule électrique, avec deux objectifs:réduire les émissions de CO2 et diminuer leur dépendance au pétrole

DelaChineauDanemark,lesinitiativessemultiplient

Nissan LeafAlors que la plupart des nouveaux véhicules électriques affichent leur

vocation urbaine en adoptant des gabarits réduits, la Nissan Leafs’inscrit dans la catégorie des berlines de taille moyenne. Nissan a fait ce

choix pour s’adapter à la demande des clients américains, qui pourrontacheter la Leaf (la «feuille») à compter de décembre. Pour la France, il

faudra attendre près d’un an. Ce modèle est doté d’un moteur électriqueplacé à l’avant, qui développe une puissance équivalant à 109 ch, et

dépasse les 140km/h. Nissan assure que l’autonomie maximale est de160kilomètres. Selon le constructeur, cette performance «répond aux

besoins quotidiens de 80% de la clientèle européenne». PHOTO DR

Partout dans le monde,des projets de véhiculeélectrique se dévelop-pent autour de deuxpréoccupations : laréduction des émis-

sions de CO2 et l’amélioration del’autonomie énergétique.AllemagneLe gouvernement alle-mand a lancé, mi-2009, un grandplan de développement de l’élec-tromobilité, dont l’ambition affi-chée est de faire du pays le leadermondial dans la production etdans la commercialisation de voi-tures électriques. Ce projet pré-voit la mise en circulation d’unmillion de véhicules (électriquesou hybrides rechargeables) d’ici à2020, et de 5 millions en 2030.Aucune aide à l’achat n’est pré-vue, l’accent étant mis surl’« attractivité du véhicule ».

Les 500 millions d’euros mis àdisposition par le gouvernementfédéral jusqu’en 2011 pour la réali-sation de ce plan sont consacrés àla recherche et au développementainsi qu’à la mise en place de nor-mes communes. Dans ce cadre,un groupe de travail franco-alle-mand a été lancé en 2009, visant àharmoniser les besoins en matiè-re d’infrastructures.

La région transfrontalièreStrasbourg-Mannheim-Stuttgarta été choisie pour devenir un terri-toire pilote en la matière. Septautres « régions-modèles » alle-mandes, dotées d’une enveloppeglobale de 115 millions d’euros,développeront des programmessimilaires.Chine Le gouvernement a lancé,en juin, une politique d’incitationàl’achat de véhicules « verts » dans

cinq grandes villes. Il offre6 900 euros d’aide à l’achat d’unevoiture hybride ou électrique et350 euros pour un modèle à essen-ce économe. Le constructeur d’hy-brides BYD constate depuis unehausse de ses ventes et l’expérien-ce pourrait rapidement être éten-due dans le pays.

L’Etat a créé, cet été, un groupe-ment d’entreprises publiquesdoté de 150 millions d’euros, char-gé de travailler sur les motorisa-tions électriques. Certainsconstructeurs étrangers s’inquiè-tent : ils craignent d’êtrecontraints departager leur techno-logie pour entrer sur ce marché.

Le manque de stations derecharge est un obstacle au déve-

loppement des véhicules électri-ques. Shanghai n’en compte aucu-ne, même si la plus grande ville dupays prévoit d’en construire qua-tre cents cette année. Dans cedomaine, la ville de Shenzhen esten avance : 45 taxis électriques ycirculent et 10 stations sont déjàopérationnelles.DanemarkEn février, le gouverne-ment a décidé la suppression tota-le, jusqu’à 2016, des taxes sur lesvoitures électriques, ce qui repré-sente une forte incitation puisqueles Danois payent en moyenne100 000 couronnes (13 400 euros)de taxes lors de l’achat d’une voi-ture. Du coup, Renault a décidé defaire du Danemark son pays testpour le véhicule électrique : à l’été

2011, ses premiers modèles circule-ront sur les routes danoises.

Un réseau de stations de rechar-ge est en cours de constitution.L’Israélien Better Place vadéployer, en 2011, des stations dechangement de batteries. Ledanois ChoosEV propose de déve-lopper des stations de charge àdomicile ou dans des parkings. Il ya, à ce jour, moins de 500 voituresélectriques au Danemark, mais« les résultats seront vraiment sen-sibles à compter de 2011 », prometLærke Flader, directrice de DanskElbil Alliance, une associationdanoise de promotion du véhicu-le électrique.Californie Les Californiens sontaccros à leurs voitures, mais sou-

mis à des contrôles très stricts surla pollution de leurs moteurs àl’essence, qui déterminent lerenouvellement annuel de leur« vignette » automobile. La Cali-fornie a été le premier état à impo-ser l’essence sans plomb et à régu-ler les émissions de CO2.

Aujourd’hui, il encourage lavoiture électrique ou hybride.Ainsi, sur une Coda ElectricSedan, proposée à un prix de45 000 dollars (33 400 euros) parune start-up de Santa Monica,l’Etat californien offre une primede 5 000 dollars, à laquelle s’ajou-tent 7 500 dollars de la part del’Etat fédéral.

Parallèlement, un réseau derecharge se met en place. A SanFrancisco, le fournisseur d’électri-cité General Electric annonce les« GE WattStation », un réseauurbain de parcmètres chargeurs,conçus par le designer industrielYves Béhar, qui sera disponibleen 2011.Japon Les initiatives se multi-plient pour promouvoir le véhicu-le électrique. Ainsi, le gouverne-ment offre une prime de 6 800eurossur unmodèlecomme laNis-san Leaf. De son côté, la poste japo-naise a annoncé, le 23 août, l’achatd’un millier de Zero/Sports pourdistribuer le courrier. Cette sociétéde la préfecture de Gifu a pour spé-cialité de transformer des voituresà propulsion classique en modèleélectrique.

Autre exemple, la ville de Kyotoacréé unservicede partage devéhi-cules électriques. Elle souhaitedévelopper cette opération avecMitsubishi et Nissan. Les utilisa-teurs pourront connaître l’empla-

cement des bornes de recharge-ment grâce à un service disponiblesur téléphone portable.Pays-Bas Le pays s’est fixé com-me objectif d’atteindre un parc de20 000 voitures électriques en2015, 200 000 en 2020, 1 millionen 2025. Le gouvernement a déblo-qué 65 millions d’euros et lancé,sous l’égide de la famille royalerégnante, la « FormuleE ». Présidéepar l’ancien premier ministreRuud Lubbers, cette fondation apour but l’installation, dans lepays, de quelque 10 000 bornes dechargement d’ici à 2012.

Dix-huit millions d’euros sup-plémentaires ont été débloquésparle ministère des affaires écono-miques pour inciter les entrepri-ses nationales à se joindre à desprojets internationaux dans ledomaine du véhicule électrique.Les autorités ont aussi soutenu leprojet d’installation, à Amster-dam, du quartier général euro-péen du constructeur coréenCT & T, spécialisé dans les véhicu-les électriques. A cela s’ajoute unepolitique d’incitation fiscale.

Enfin, en février, la ministre del’économie a également plaidépour des normes communes pourles batteries au niveau européen.Les mouvements écologistes seréjouissent de ces décisions maisréclament que l’électricité qui seraconsommée pour faire rouler leparc de voitures provienne de l’éo-lien et non de nouvelles centralesau charbon.p

Cécile Boutelet,

Harold Thibault, Olivier Truc,

Claudine Mulard,

Philippe Mesmer et

Jean-Pierre Stroobants

Peugeot 508Sur un segment qui s’essouffle,

Peugeot a décidé de rationalisersa gamme. La nouvelle 508 va

donc remplacer à la fois la 407et l’antique 607. Longue

(4,79m en berline et 4,81m enbreak), cette voiture seraproduite en France ainsi

qu’en Chine et recevraultérieurement le système

«Hybrid 4» de la 3008. La 508marque une rupture dans

l’histoire du style Peugeot. Elledélaisse les effets un peu torturés

des productions des années1990 et2000 pour un «design intemporel», plus épuré.Commercialisation attendue début 2011. PHOTO DR

Citroën DS4Après la DS3, Citroën élargit sa gamme parallèlesiglée DS avec une berline surélevée adoptant leprofil d’un coupé. La DS4 se présente comme uneévolution plus raffinée et mieux motorisée que lanouvelle C4, elle aussi dévoilée au Mondial. Lamarque au chevron annonce un comportementroutier plus aiguisé et des moteurs pluspuissants (jusqu’à 160 ch en diesel, jusqu’à

200ch en essence). Les offres de personnalisation de la DS4concerneront davantage l’habitacle que l’extérieur.Commercialisation: deuxième trimestre 2011. PHOTO DR

LORS DE L’ÉDITION 2008 du mon-dial de l’automobile, NicolasSarkozy avait lancé : « Le XXIe siè-cle sera le siècle de la fin du pétro-le, il verra donc la fin de la voituretelle que nous la connaissons. »

Depuis, le gouvernement voitgrand: il mise sur deux millionsde voitures «décarbonées» en2020 et a engagé un vaste planpour le développement de la voitu-re propre, hybride et électrique.Pour amorcer la production et enfinir avec le cercle vicieux «pas deproduction, pas d’acheteur, pas deproduction», le gouvernement alancé une commande groupée de50000 véhicules par une quinzai-ne de sociétés, dont La Poste, EDF,la SNCF, Veolia ou Vinci. Le planvise 100 000véhicules d’ici à 2015.

Du côté des infrastructures,même si l’essentiel des recharges(90 à 95%) se fera à domicile, unedes conditions pour que la voitureélectrique se développe passe parun déploiement rapide et accessi-ble. «Cela rassurera les automobi-listes», reconnaît selon Jean-LouisLegrand, coordinateur interminis-tériel pour les véhicules décar-bonés.

Super-bonusLe gouvernement a signé une

charte d’engagements mutuelsavec douze agglomérations pilotes(dont Bordeaux, Paris, Strasbourget Grenoble) et PSA Peugeot-Citroën et Renault. L’objectif est decréer 75000 points de rechargedès 2015 et 400000 d’ici à 2020.

Parallèlement, le ministère de l’éco-logie vise un réseau de 4,4millionsde points de rechargement d’ici à2020. Les constructeurs automobi-les s’engagent, eux, à commerciali-ser 60000 véhicules électriquesen France en 2011-2012.

Enfin, pour inciter à l’achat, lesuper-bonus de 5000 euros pourl’achat d’un véhicule dont les émis-sions de CO2 sont inférieures ouégales à 60grammes par kilomè-tre n’a pas été remis en cause. Pourla France, l’enjeu est clair: se posi-tionner comme un leader sur unmarché européen estimé à 10mil-liards d’euros de chiffres d’affaireset qui créera, selon Christian Estro-si, ministre de l’industrie,«280000 emplois verts».p

Nathalie Brafman

Mondialde l’automobile2010VI 0123Mercredi 29 septembre 2010

Page 35: Le Monde du 29 09

F ormes sages, élégance discrè-te et conservatisme de bonaloi. L’édition 2010 du Mon-

dial de l’automobile de Paris nesera pas celui des audaces stylisti-ques et des nouveaux concepts.

La majorité des nouveautésdévoilées porte de Versailles nes’écarte pas d’un design un peu tiè-de que l’on qualifierait volontiersde centriste. Terminées, les années2000, les options résolument pro-vocantes de BMW, lorsque l’améri-cain Chris Bangle avait entreprisde réveiller la maison bavaroise.Le maniérisme de Peugeot, lesaccèsd’originalitédeFiat ou les pri-ses de risque systématiques deRenault ne sont plus de mise.

La fade Renault Latitude succè-de à l’excentrique Vel Satis, la Nis-san Micra s’est singulièrementassagie, alors que la nouvelle Mer-cedes CLS, qui, il y a cinq ans, avait

brillamment bousculé les codesdu haut de gamme, présente unedeuxième génération beaucoupmoins téméraire. Les temps aven-tureux du design sont-ils révolus ?Ce sens de la retenue n’est sansdoute pas étranger à la situation,plutôt difficile, dans laquelle sedébattent les constructeurs enEurope comme aux Etats-Unis.Sur un marché déprimé, mieuxvautrassurer que bousculer l’ache-teur. Le déplacement du centre degravité de l’industrie automobilemondiale constitue un autrelevier susceptible de peser sur leschoix des constructeurs.

Ceux-ci ne peuvent ignorer quela Chine est devenue le premierdébouché mondial et que les clas-ses moyennes des pays émergentsaccèdent en masse à la voiture. Lavocation des modèles destinés à lagrande production étant globale,

l’influence des marchés chinois,russes, brésiliens ou indiens estdevenue grandissante. Or, lesattentes des néo-automobilistesdespaysémergents nesont pas cel-les des Européens ou des Améri-cains. Il leur faut des véhicules quifassent sérieux, en imposent avecune malle arrière bien visible.

Lelook minimaliste, rétro,déca-lé ou excentrique, ce n’est pas leurtasse de thé. « Ces nouveauxaccédants ont un rapport optimis-te,enthousiastevis-à-visdelavoitu-re, qui, à leurs yeux, constitue unsigne de richesse, de statut social,souligne Laurens Van Den Acker,le nouveau patron du design deRenault. Les stylistes issus de cespays ont souvent tendance à dessi-ner des modèles comme s’il s’agis-sait d’américaines des années1950. » Responsable du designpour l’ensemble du groupe PSA,

Jean-Pierre Ploué constate, lui aus-si, que « le centre de gravité du desi-gn bascule vers l’Est ». « La normedominante a changé, dit-il. Enmatière de goûts automobiles, cesont désormais les Européens quiincarnent l’exotisme. »

Ce glissement s’observe à tra-vers les nouveautés présentées ausalon par les marques françaises.En quête de reconnaissance inter-nationale, la Peugeot 508, qui seradiffusée sur de nombreux mar-chés extraeuropéens, joue la cartede la beauté bourgeoise et rompt

avec l’inspiration latine et légère-ment rebelle de la 407. La RenaultLatitude, produite en Corée et des-tinée pour l’essentiel aux marchésrusse et moyen-orientaux, s’effor-ce de ne pas déplaire aux Euro-péensetne cherche guèreàs’inscri-re dans un continuum stylistiqueavec le reste de la gamme. Quant àla C4 de Citroën, elle peut difficile-ment prétendre au titre de cham-pionne de l’audace.

Cette aspiration au classicismeet à la respectabilité – dont Audiconstitue sans doute l’expressionla plus aboutie – n’empêche pour-tant pas les constructeurs d’épicerleur catalogue avec des modèles«de niche » à forte personnalité : lecoupé Peugeot RCZ, la gamme DSde Citroën, la Renault Wind, laToyota IQ, la Volkswagen Sciroccoou encore la Nissan Cube.p

J.-M. N.

S ila voitureélectrique, vedettedu Mondial, doit encore faireses preuves, la motorisation

hybride (moteur thermique asso-ciéàunmoteurélectrique)progres-se. Avec de plus en plus de modèlesdisponibles, des tarifs enfin un peumoins élitistes, l’avenir de ce typede véhicules semble assuré, mêmesi les ventes restent modestes.

Le Japon, où la Prius de Toyotaest la voiture la plus vendue, faitfigure d’exception. Mais cette tech-nologie qui permet à la fois de rou-ler dans un silence total à faibleallure, de réduire considérable-ment les émissions de CO2 et deconsommer très modérément enconduite urbaine, ne cesse degagner des (petites) parts de mar-ché aux Etats-Unis.

En France, malgré un créditd’impôt plutôt généreux, Honda

et Toyota n’ont réussi à écoulerque quelques milliers d’unités.Mais les deux principauxconstructeurs de modèles hybri-des n’ont pas dit leur dernier mot.D’énormes progrès ont été réali-sés sur ce type de véhicule.

Longtemps, choisir de rouleren hybride a été un luxe. Carexcepté les peu élégantes berlinesfamiliales Toyota Prius (aux alen-tours de 25 000 euros) et HondaInsight (20 000 euros), les modè-les hybrides lancés sur le marchéconcernaient essentiellement lehaut de gamme. Des volumineu-ses et ultraconfortables Lexus (lamarque haut de gamme de Toyo-ta) aux BMW, Mercedes, Audi, Infi-niti (Nissan) ou même Porsche, leshybrides de luxe ne manquentpas. Mais pour s’offrir ces modè-les, il faut débourser des sommes

considérables. Présentées au Mon-dial, la BMW Activehybride 7 estvendue à partir de 134 000 euros,la Volkswagen Touareg V6 TSIHybrid à 84 000 euros.

Clientèle familialeRécemment, deux modèles

plus accessibles ont été lancés :l’étonnant petit coupé HondaCR-Z qui, avec deux places dignesde ce nom, vise une clientèle limi-tée et très ciblée, et surtout la Toyo-ta Auris, première berline compac-te à être équipée d’un tel système.Moins chère qu’une Prius, plusmaniable en ville, l’Auris n’est pasla plus aboutie des hybrides maismarque néanmoins un tournant :celuide l’arrivéede modèleshybri-des grand public.

Présentée au Mondial, la Hon-da Jazz, qui sera commercialisée

au cours du premier trimestre2011, symbolise cette ouverture.

Monospace compact (moins dequatre mètres de long), réputépour ses aspects pratiques et sarobustesse, la Jazz va être prochai-nement dotée d’une technologiehybride similaire à celle de sagrande sœur, l’Insight, à savoir unbloc essence de 88 CV couplé à latransmission à variation conti-nue (CVT). La puissance maxima-le annoncée est de 98 CV. Propo-sée à partir de 18 500 euros(moins les aides fiscales), la Jazzpourrait permettre à une clientè-le familiale tentée par l’hybridede sauter le pas.

Autre constructeur en pointesur cette technologie, Toyota a pré-vu de proposer un véhicule hybri-de dans chaque segment avant2020. Attendue pour 2012, la peti-

te Yaris deviendrait ainsi la pre-mière citadine hybride.

Mais dans un pays comme laFrance où près de 71 % des auto-mobilistes continuent de préfé-rer le diesel à l’essence, l’événe-ment du Mondial 2010 pourraitavoir lieu du côté du stand Peu-geot. Le constructeur français ydévoilera en effet son 3008HYbrid 4, qui associe moteurs die-sel et électrique.

Avec une puissance cumuléede 200 ch, des rejets de CO2limitésà 99 g/km et une consommationannoncée aux alentours de4l/100km, ce premier hybride die-sel devrait être commercialisé auprintemps 2011. Son prix de baseest estimé aux alentours de35 000 euros, avant déduction dubonus de 2 000 euros. p

Alain Constant

«Ce sontdésormaislesEuropéens quiincarnentl’exotisme»

Jean-Pierre Plouédirecteur du design de PSA

Vague declassicisme sur le designautomobile mondialL’originalité des années 2000 a laissé la place à un certain conservatisme. L’influence des pays émergents,qui recherchent avant tout statut et sérieux, n’est pas étrangère à cette inflexion

C ’est une évidence : dans lesvingt prochaines années, lemarché automobile mon-

dial devrait rester majoritaire-ment composé de véhicules dotésde moteur thermiques. « Les éner-gies alternatives vont se dévelop-permais le moteur traditionnel res-tera une pièce de choix car il va pro-gresser, affirme Remi Cornubert,directeur associé chez OliverWyman. Avec toutes les améliora-tions potentielles, on pourra enco-re réduire de 20 % à 40 % les émis-sions de CO2. »

En 2009, celles-ci ont diminuéen moyenne de 8g/km. Grâce à denombreuses innovations commele stop and start : un système quicoupe et rallume automatique-ment le moteur à l’arrêt, il permetde réduirela consommation de 5 %à 10 %, un meilleur aérodynamis-me de la carrosserie, une diminu-tion des frottements liés auxpneus, ou tout simplement uneréduction du poids des modèles.

Alors que, pendant vingt ans,on a assisté à une augmentationdu poids des voitures avec tou-jours plus d’équipements et deconfort, la tendance est aujour-d’hui à « l’amincissement ». Uneréduction de 100 kg permet degagner un demi-litre aux 100 kmet de réduire les émissions de CO2

de 10 g/km.L’objectifchez les constructeurs

est d’atteindre les 3 litres aux100 km et continuer à baisser lesrejets de gaz carbonique. Pour yparvenir, plusieurs technologiessont explorées par les construc-teurseuropéens. L’uned’elles, bap-tisée « downsizing », consiste àréduire la taille du moteur sansdégradersesperformancesdepuis-sance. Ainsi, les petits moteurs dePSA prévus pour 2012 devraientpermettre au groupe de proposerdes véhicules émettant moins de100 g/km de CO2. D’autres projetspromettent 50 g/km. Le véhiculeélectrique deviendra alors beau-coup moins séduisant.p

N. Bn

Audi A7SportbackNouvelle venue dans le cataloguede la marque allemande, l’A7Sportback est un coupé quatreplaces dont la mission est deralentir l’érosion – en Europe,surtout – des ventes de grandesberlines de luxe. Longue de4,97mètres, elle dispose d’unvaste coffre, mais son habitabilitéaux places arrière apparaîtperfectible. Juchée surd’immenses roues,reconnaissable à sa ligne de toitfuyante et un style plus anguleuxque les précédentes Audi, l’A7Sportback sera la grande rivale dela Mercedes CLS, dont la nouvellegénération sera lancée au Mondialde Paris. PHOTO DR

Mondialde l’automobile2010

Renault LatitudeLe losange annonce la couleur: laLatitude, son nouveau haut de gamme,est «une berline familiale statutaire».Autrement dit, une grande voituretraditionnelle, un genre en perte devitesse sous nos latitudes mais pas surles marchés de Russie, d’Asie ou duMoyen-Orient. En Europe de l’Ouest, laLatitude – dérivée de la Samsung SM5et produite en Corée par Renault – estchargée d’assurer la transition enattendant un renouvellement pluslarge du haut de gamme Renault. Dansles prochaines années, la marquefinira par remplacer l’Espace et donnerun successeur à la Vel Satis.Commercialisation prévue: début2011. PHOTO DR

L’hybrideserendplusaccessiblepourgagnerdespartsdemarchéLesnouveaux modèles dotés demotorisation alliantélectricité etcarburant sont pluspetits etmoinschersque lesanciens

Lemoteurthermiquen’apasditsonderniermot

VII0123Mercredi 29 septembre 2010

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