LE MONDE 25-09-2012

28
Mardi 25 septembre 2012 - 68 e année - N˚21051 - 1,60 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz L a question de confiance était posée aux écologistes fran- çais. Ils ont répondu non en votant, samedi 22 septembre, à 70 % contre le traité budgétaire européen lors du conseil fédéral d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV). La question n’est pas anodine : elle concerne l’axe fondamental de la politique de François Hollande. Le chef de l’Etat a décidé de respecter les engagements européens de la France et de faire redescendre les déficits publics sous la barre des 3 % du PIB, au prix d’un tour de vis fis- cal sans précédent. Surtout, il a fait du sauvetage de l’euro son horizon. Le non des écologistes est incompa- tible avec cette politique. Jean- Marc Ayrault a bien résumé l’attitu- de des partisans du non : « La consé- quence logique de leur démarche, c’est la sortie de l’euro », a déclaré le premier ministre. Les écologistes peuvent argu- menter que le sujet du traité bud- gétaire européen ne figure pas dans le contrat de gouvernement signé avec les socialistes, préten- dre que le candidat Hollande avait promis de le renégocier. C’est vrai… et faux. Si le texte n’a pas été retouché, le président français a obtenu des compensations, com- me l’union bancaire. Surtout, le contexte a changé avec la décision de la BCE de sauver l’euro et le feu vert de la Cour constitutionnelle allemande aux mécanismes euro- péens de solidarité. M. Ayrault assure ne pas vouloir avancer des arguments d’autorité mais de responsabilité. Là réside le problème : les écologistes deman- dent à être traités en partenaire de coalition, ils se comportent en groupuscule irresponsable. Incapa- bles d’avoir une éthique de respon- sabilité et incohérents, puisqu’ils comptent soutenir le budget 2013. Cette attitude est d’autant plus inacceptable que le Parti socialiste ne cesse de compenser les handi- caps de la V e République en trai- tant les écologistes comme si la France se trouvait en démocratie parlementaire : il leur réserve soixante circonscriptions, négo- cie un contrat de gouvernement, attribue des portefeuilles de ministre et leur fait des conces- sions substantielles en renonçant à toute recherche sur le gaz de schiste. Il s’agit d’un jeu de dupes. Les Verts formulent des exigences comme s’ils étaient une force de progrès soutenue par 10 % des électeurs. Ils ne réalisent de tels scores que lorsqu’ils sont emme- nés par le Vert pro-européen Daniel Cohn-Bendit. On l’a vu avec le score d’Eva Joly à la prési- dentielle : ils retombent à 2 % lors- que leurs tendances dogmatiques reprennent le dessus. Les écologistes font mine de croire que leur attitude ne portera pas à conséquence, à l’instar de Cécile Dufflot, qui a séché la réu- nion de samedi mais vantait, dans la soirée, sur Twitter et photo à l’appui, sa méthode « antistress » : cuisiner un chili con carne. Les communistes avaient quit- té le gouvernement en 1984, après le virage de la rigueur. Au nom de la cohérence de son action et du respect des électeurs, c’est à Fran- çois Hollande d’en tirer les consé- quences : il doit mettre fin aux fonctions des deux ministres d’EELV, Cécile Duflot et Pascal Can- fin. Ils reviendront si leur forma- tion se transforme en parti de gou- vernement. Un jour, peut-être. p Lire page 9 TRANSPORT Limiter le nombre de camions à Paris : le défi écologique et économique n’est pas gagné, tant les infrastructures fluviales ont été négligées. Page 8 INDUSTRIE Les gouvernements français et allemand sont très sceptiques sur les risques et les modalités de ce projet censé donner naissance au numéro un mondial de l’aéronautique et de la défense. Paris ne souhaite pas renoncer à sa participation au capital. Page 13 TERRITOIRES Les journalistes du « Monde » et du Monde.fr explorent les territoires de repli. Premier épisode, dans le Gard, d’une série de reportages et d’un blog. Sentiment général : « Ça va mal finir. » Enquête p. 18-19 et www.crise.blog.lemonde.fr CHRONIQUE La Russie voudrait se passer de l’Occident, observe notre éditorialiste Sylvie Kauffmann. Page 20 L a mort, la vie, la souffrance ... Plusieurs centainesde person- nes ont passé le week-end der- nier à l’université de Strasbourg pour échanger, dialoguer, polémi- quer sur ces thèmes. Il s’agissait du premier grand débat public organi- sé par la mission de réflexion du professeur Didier Sicard sur la fin de vie, préparatoire à une future loi. Et malgré les carapaces idéologi- ques, les pesanteurs professionnel- les, le débat a trouvé son chemin dans l’émotion des témoignages : un médecin qui dit sa douleur de débrancher un respirateur, une citoyenne ordinaire qui rappelle la demande de son père de « ne vivre que debout ». Reportage. p Lire page 11 Semaine noire pour François Hollande Des péniches pour livrer les magasins Franprix à Paris Editorial Les nuages s’accumulent sur la fusion géante EADS-BAE Ces « zones sensibles » où montent les tensions françaises Vladimir Poutine se rêve en « maître de l’Orient » Quelle voiture demain pour les classes moyennes ? t Mercredi : publication de chiffres du chômage accablants t Jeudi : décision de justice sur le plan social de Conforama t Vendredi : loi de finances et ses 20 milliards de hausses d’impôts t Le chef de l’Etat, pendant ce temps, est à New York pour l’ONU Fin de vie, quand la parole se libère t Mardi : premier plan social d’une série probable, celui de Sanofi PARTEZ AVEC CECILIA BARTOLI SUR LA PISTE D’UN MYSTÉRIEUX COMPOSITEUR EDITION DE LUXE LIMITÉE «UN SUJET RÊVÉ POUR DONNA LEON» ROMAN DISPONIBLE LE 3 OCTOBRE EN CONCERT LE 13/11 À PARIS, SALLE PLEYEL LE 18/12 À TOULOUSE, LA HALLE AUX GRAINS UK price £ 1,70 « ÉCO & ENTREPRISE » Le Mondial ouvre ses portes à Paris le 29 septembre. Notre supplément de 18 pages est entièrement consacré à l’automobile. STRATÉGIE La voiture ayant été la plus vendue en France, la Renault 4L, n’a plus d’équivalent ni d’héritière. JAGUAR LAND ROVER Les ingénieurs se promènent dans un univers 3D pour concevoir leur prochaine voiture. LOGAN Enquête sur un succès inouï dans l’univers du low cost. Supplément Mettre fin au jeu de dupes des ministres verts Projet d’une 4L Electric conçu par le designer Charlie Nghiem. DR Le regard de Plantu P as de doute, l’économie française est bien entrée sans transition dans l’automne des mauvais jours. A par- tir du mardi 25 septembre, le pays va connaître une semaine terrible, et le pou- voir socialiste essuyer une rafale de mau- vaises nouvelles comme rarement un gouvernement en aura connues. Qu’on en juge : trois plans sociaux géants redou- tés depuis plusieurs semaines vont être confirmés chez Sanofi, ArcelorMittal et Petroplus. Environ 5 000 emplois sont menacés. La barre symbolique des 3 mil- lions de chômeurs sera franchie lors de la publication des chiffres de Pôle emploi pour août. L’absence de croissance – et peut-être même pire – sera confirmée par l’Insee. Et pour couronner le tout, un bud- get de « rigueur de gauche » va détailler, vendredi, un effort de 30 milliards d’euros, dont 20 milliards de hausses d’impôts. Dans ce contexte, l’exécutif sera sou- mis à rude épreuve, et la question du res- pect des 3 % de déficit dès 2013 agite les coulisses ministérielles… Le tout en l’ab- sence de François Hollande, qui, hasard du calendrier diplomatique, sera presque toute la semaine à New York pour l’Assem- blée générale des Nations unies. p Lire pages 2, 3 et 4 Algérie 150 DA, Allemagne 2,20 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,60 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,60 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,20 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

Transcript of LE MONDE 25-09-2012

Page 1: LE MONDE 25-09-2012

Mardi 25 septembre 2012 - 68e année - N˚21051 - 1,60 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

L aquestiondeconfianceétaitposéeauxécologistesfran-çais. Ilsont répondunonen

votant, samedi22septembre,à70%contre le traitébudgétaireeuropéenlorsduconseil fédérald’EuropeEcologie-LesVerts (EELV).Laquestionn’estpasanodine:elleconcernel’axe fondamentalde lapolitiquedeFrançoisHollande.Lechefde l’Etatadécidéderespecterlesengagementseuropéensde laFranceetdefaireredescendre lesdéficitspublicssous labarredes3%duPIB,auprixd’untourdevis fis-cal sansprécédent.Surtout, il a faitdusauvetagede l’eurosonhorizon.Lenondesécologistesest incompa-tibleaveccettepolitique. Jean-MarcAyraultabienrésumél’attitu-dedespartisansdunon:«Laconsé-quence logiquede leurdémarche,c’est la sortiede l’euro», adéclaré lepremierministre.

Les écologistespeuvent argu-

menterque le sujet du traité bud-gétaire européenne figure pasdans le contrat de gouvernementsigné avec les socialistes, préten-dre que le candidatHollande avaitpromisde le renégocier. C’estvrai… et faux. Si le texten’a pasété retouché, le président françaisaobtenudes compensations, com-me l’unionbancaire. Surtout, lecontexte a changé avec la décisionde la BCEde sauver l’euro et le feuvert de la Cour constitutionnelleallemandeauxmécanismes euro-

péensde solidarité.M.Ayraultassurenepasvouloir

avancerdesargumentsd’autoritémaisde responsabilité.Là réside leproblème: les écologistesdeman-dentàêtre traitésenpartenairedecoalition, ils se comportenten

groupuscule irresponsable. Incapa-blesd’avoiruneéthiquede respon-sabilitéet incohérents,puisqu’ilscomptentsoutenir lebudget2013.

Cette attitude est d’autant plusinacceptableque le Parti socialistene cesse de compenser leshandi-capsde laVeRépubliqueen trai-tant les écologistes commesi laFrance se trouvait endémocratieparlementaire: il leur réservesoixante circonscriptions,négo-cie un contrat degouvernement,attribuedes portefeuillesdeministre et leur fait des conces-sions substantielles en renonçantà toute recherche sur le gaz deschiste. Il s’agit d’un jeudedupes.LesVerts formulentdes exigencescommes’ils étaientune force deprogrès soutenuepar 10%desélecteurs. Ils ne réalisent de telsscoresque lorsqu’ils sont emme-néspar leVert pro-européenDaniel Cohn-Bendit.On l’a vu

avec le scored’Eva Joly à la prési-dentielle: ils retombent à 2% lors-que leurs tendancesdogmatiquesreprennent le dessus.

Les écologistes fontminedecroireque leur attitudeneporterapas à conséquence, à l’instar deCécileDufflot, qui a séché la réu-nionde samedimais vantait, dansla soirée, sur Twitter et photo àl’appui, saméthode«antistress» :cuisinerun chili con carne.

Les communistes avaient quit-té le gouvernementen 1984, aprèsle virage de la rigueur. Aunomdela cohérencede sonaction et durespectdes électeurs, c’est à Fran-çoisHollanded’en tirer les consé-quences: il doitmettre fin auxfonctionsdesdeuxministresd’EELV,CécileDuflot et Pascal Can-fin. Ils reviendront si leur forma-tion se transformeenparti de gou-vernement.Un jour, peut-être.p

Lire page9

TRANSPORT Limiter le nombre de camions à Paris : ledéfi écologique et économique n’est pas gagné, tant lesinfrastructures fluviales ont été négligées.Page8

INDUSTRIE Les gouvernements français et allemandsont très sceptiques sur les risques et lesmodalités de ceprojet censé donner naissance aunuméro unmondialde l’aéronautique et de la défense. Paris ne souhaite pasrenoncer à sa participation au capital.Page13

TERRITOIRES Les journalistes du«Monde» etduMonde.fr explorent les territoires de repli. Premierépisode, dans leGard, d’une série de reportageset d’unblog. Sentiment général : «Ça vamal finir.»

Enquête p.18-19 etwww.crise.blog.lemonde.fr

CHRONIQUE La Russie voudrait se passer de l’Occident,observe notre éditorialiste Sylvie Kauffmann.Page 20

L a mort, la vie, la souffrance...Plusieurscentainesdeperson-nesontpasséleweek-endder-

nier à l’université de Strasbourgpour échanger, dialoguer, polémi-quer sur ces thèmes. Il s’agissait dupremiergranddébatpublicorgani-sé par la mission de réflexion duprofesseur Didier Sicard sur la finde vie, préparatoire à une futureloi.Etmalgrélescarapacesidéologi-ques, lespesanteursprofessionnel-les, le débat a trouvé son chemindans l’émotion des témoignages:un médecin qui dit sa douleur dedébrancher un respirateur, unecitoyenneordinaire qui rappelle lademande de son père de «ne vivrequedebout».Reportage.p

Lire page 11

SemainenoirepourFrançoisHollande

DespénichespourlivrerlesmagasinsFranprixàParis

Editorial

Lesnuagess’accumulentsurlafusiongéanteEADS-BAE

Ces«zonessensibles»oùmontentlestensionsfrançaises

VladimirPoutineserêveen«maîtredel’Orient»

Quellevoituredemainpourlesclassesmoyennes?

tMercredi : publicationdechiffres du chômageaccablants

t Jeudi : décisionde justice sur leplansocial deConforama

tVendredi: loidefinancesetses20milliardsdehaussesd’impôts

tLe chefde l’Etat,pendant ce temps, estàNewYorkpour l’ONU

Findevie,quandlaparoleselibère

tMardi : premierplan social d’une sérieprobable, celui de Sanofi

PARTEZ AVEC CECILIA BARTOLISUR LA PISTE D’UN MYSTÉRIEUX

COMPOSITEUR

EDITION DE LUXE LIMITÉE

«UN SUJET RÊVÉPOURDONNA LEON»ROMANDISPONIBLE LE 3 OCTOBRE

EN CONCERTLE 13/11 À PARIS, SALLE PLEYELLE 18/12 À TOULOUSE,LA HALLE AUXGRAINS

UKprice£1,70

«ÉCO&ENTREPRISE» LeMondialouvre ses portes à Paris le 29septembre.Notre supplément de 18 pages estentièrement consacré à l’automobile.STRATÉGIE La voiture ayant étéla plus vendue en France, la Renault 4L,n’a plus d’équivalent ni d’héritière.JAGUARLANDROVER Les ingénieursse promènent dans ununivers 3Dpour concevoir leur prochaine voiture.LOGAN Enquête sur un succèsinouï dans l’univers du low cost.

Supplément

Mettre finaujeudedupesdesministresverts

Projetd’une 4L Electric conçu par le designer Charlie Nghiem. DR

LeregarddePlantu

P as de doute, l’économie françaiseest bien entrée sans transition dansl’automnedesmauvais jours.Apar-

tir du mardi 25 septembre, le pays vaconnaîtreune semaine terrible, et le pou-voir socialiste essuyer une rafale demau-

vaises nouvelles comme rarement ungouvernement en aura connues. Qu’onen juge: troisplanssociauxgéants redou-tés depuis plusieurs semaines vont êtreconfirmés chez Sanofi, ArcelorMittal etPetroplus. Environ 5000 emplois sont

menacés. La barre symbolique des 3mil-lions de chômeurs sera franchie lors de lapublication des chiffres de Pôle emploipour août. L’absence de croissance – etpeut-êtremême pire – sera confirmée parl’Insee. Et pour couronner le tout, un bud-

get de «rigueur de gauche» va détailler,vendredi,uneffortde30milliardsd’euros,dont 20milliardsdehaussesd’impôts.

Dans ce contexte, l’exécutif sera sou-mis à rude épreuve, et la question du res-pect des 3% de déficit dès 2013 agite les

coulisses ministérielles… Le tout en l’ab-sence de François Hollande, qui, hasarddu calendrierdiplomatique, sera presquetoutelasemaineàNewYorkpourl’Assem-blée générale desNations unies.p

Lire pages2, 3 et4

Algérie 150 DA,Allemagne 2,20 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤,Belgique 1,60 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,70 £,Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,60 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 12 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS,Suisse 3,20 CHF, TOMAvion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL,USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

Page 2: LE MONDE 25-09-2012

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du «Monde»SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du «Monde»,membre du directoire, directeur des rédactions Erik IzraelewiczSecrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions SergeMichel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriauxGérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue («M Lemagazine duMonde»)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateurPascal GalinierSecrétaire générale de la rédactionChristine LagetDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

Cette dernière semainedeseptembres’annon-ce terrible. Ponctuéedeplanssociaux,scan-dée par la publicationde mauvais indica-

teurséconomiqueset sociaux,elles’achèvera par la présentation auconseildesministres,quiaura lieuvendredi 28septembre au retourdeFrançoisHollandedeNewYork,du projet de loi de finances pour2013etde ses20milliardsdehaus-ses d’impôt. Rien qui soit de natu-re à faire remonter la popularitédu chef de l’Etat, qui accuse l’unedes plus fortes baisses de laVeRépublique : – 11 points en unmois, avec désormais seulement43%de satisfaits, selon le baromè-tre IFOP- Journal dudimanche.

Surlefrontéconomique,lesnou-velles sontmauvaises: la récessionmenacedans lazoneeuro, l’activitéralentit nettement dans les paysémergents et la croissance peine àaccélérer aux Etats-Unis. Dans untelenvironnement, lesenquêtesdeconjoncture et de climat des affai-res que l’Insee présentera, mardi25septembre, pour la France ris-quent fort d’être médiocres. Celarelanceralesinterrogationssurl’hy-pothèsedecroissancedugouverne-ment pour 2013 (0,8%), lamajoritédes économistes prévoyantmoitiémoins.

Aveccettecrisequin’enfinitpas,lemoraldesménagesapeudechan-ces de se redresser. L’Insee en ren-dra compte, mercredi 26septem-bre, le jour où elle devrait confir-merque le capdes troismillionsdechômeursde catégorieA (sans acti-vité réduite) a été franchienFrancemétropolitaineenaoût (il l’a été enjuin si l’on compte les DOM). Le

ministre du travail, Michel Sapin,avaitprisdel’avanceenannonçant,le 2septembre, cette nouvelle quidevrait s’accompagnerd’unehaus-se du chômage de longue durée etde lapauvreté.

La semaine qui s’ouvre serad’ailleurs truffée d’annonces ou deconfirmations de plans sociaux,avec leur cortège de comités cen-trauxd’entreprises(commeàSano-fi) et de menaces de fermetures(comme à Petroplus) et quelquesrassemblements de salariés tou-chés par les restructurations. Lepire est que rien ne permet d’espé-rer une amélioration rapide de lasituation:ilfauteneffet1%decrois-sance pour créer des emplois et1,5%pour faire reculer le chômage.Onenest loin.

Etait-il bien nécessaire, dans untel contexte,de s’accrocheraux3%de produit intérieur brut (PIB) dedéficit dès 2013? A cette question,qui fait débat, le ministre de l’éco-nomie et des finances, PierreMos-covici,arépondu,dimanche23sep-tembre, sur France 3 : «Si nous netenions pas les 3%, les marchésdiraient: “ils ne sont pas sérieux, ilsne sont pas crédibles”, et boum!,nos taux d’intérêt augmenteraientcommepour l’Espagne.» Il demeu-re que, pour y arriver, il faudra uneffort budgétaire total de 37mil-liards en 2013, dont seulement dixportent sur la réduction de ladépense publique. Le reste estconstitué de hausses d’impôts quipèserontsur lepouvoird’achatdesménages (il devrait reculer de0,6%,selonl’Insee)etsur lesentre-prises. Au risque d’alimenter unespirale récessive.

Faceàcetteavalanchedenouvel-les calamiteuses, le gouvernement

seveut«lucide,combatifetpédago-gue»,dit-onàMatignon.«Ilestclairque la situation n’est pas bonne,mais nous ne le découvrons pasaujourd’hui, explique un prochecollaborateurdupremierministre.Des mauvais chiffres, nous allonshélas en avoir pendant encore unmoment.»

Enanticipantdestempsplusdif-ficilesencore,l’exécutifentendmet-tre un terme aux accusations de ladroite qui lui reproche d’avoir élu-dél’ampleurdelacriseetminimiséleseffortsàfairepourlasurmonter.Mais jouer les Cassandre peut serévéler dangereux à la longue :«Bien sûr, il faut dire que la situa-tion risque de continuer à se dégra-der, parce que c’est la vérité. Mais ilne faut pas que ce discours occultetout ce que nous faisons pour sur-monter la crise, sinon les Françaisvont se demander à quoi nous ser-vons», explique unministre.Fautedepouvoirs’attribuerdebonsrésul-

tats, le gouvernement est détermi-né à faire savoir qu’il fait tout pourenobtenir.«C’est importantque lesFrançais sachent qu’on est en traindemettreducharbon», admet-onàMatignon, où on liste un certainnombre d’«éléments positifs», de

l’adoption par le Sénat de la loi surles « emplois d’avenir», mardi25septembre, à la «mise en œuvreprogressive des outils de croissancepromus par François Hollande auconseil européende juin».

Pour faire ce travail de«pédago-gie», Jean-Marc Ayrault sera cette

foisenpremière ligne: jeudi27sep-tembre, le premierministre, expo-séluiaussiauxfoudresdel’opinion(–7 points dans le baromètre IFOP-JDD), sera l’invité de l’émission«Desparolesetdesactes»,surFran-ce2.Satâche,autermedecettesom-bre semaine et à la veille de la pré-sentation en conseil des ministresdu budget 2013, sera ardue. Car,commeon l’explique à l’Elysée, «àl’angoisse liée à la situation écono-miqueetsociales’ajouteunecraintedenature fiscale».

«En disant précisément quelsseront les efforts à faire, leprésidenta indiqué le chemin mais suscitéune interrogation: qui va payer?Notre tâche, cette semaineet les sui-vantes, ça va être de répéter et répé-ter que l’effort sera réparti de façonjuste, que les catégories populaires,les classes moyennes et les PMEseront épargnées par les haussesd’impôt», explique l’entourage duchefde l’Etat.

Leministrede l’économie,Pier-reMoscovici, a tenté dimanche,surFrance3,defairepassercemes-sage: «Non, nous ne sommes pasle gouvernement du matraquagefiscal. » Il n’est pas sûr qu’il soitaudible. Et la question demeuredesavoircequefera l’exécutifsi lacroissance n’est pas au rendez-vous: accentuer la rigueurou lais-ser filer le déficit?

Le même jour, le président del’Assembléenationale,ClaudeBar-tolone,adit touthautcequebeau-coup pensent tout bas : l’objectifde 3%est «intenable,mais cen’estpas à la France de le dire», a-t-ildéclaré sur Radio J. Précisant :«C’est à la Commission européen-ne de dire qu’on ne peut pasdemander le même effort auxpays européens lorsqu’il y a de lacroissance et lorsqu’il n’y en apas.» p

ClaireGuélaud etThomasWieder

événementChômage,conjoncturedégradée,rigueur:

L’objectifderamenerledéficità3%duPIBdès2013commenceàfairedébat.Cetobjectifest«intenable»,

Portrait

Dans l’avionde ligne qui leconduit vers son ancienne cir-conscription, dans le Lot-et-Garonne, vendredi 21septembre,JéromeCahuzac philosophe surla dureté de la vie politique. «Jeneme suis pas fait que des amisauConseil d’Etat. Le projet de loide finances a été envoyé tard. Il ya eu de nombreuxallers etretours, des corrections. Ils doi-ventme détester», s’inquiète leministre du budget. Car lamiseau point dupremier vrai budgetduquinquennatde FrançoisHol-lande a été un véritable combat.

Mais comment aurait-il pu enaller autrement? Les effortsimposés au nomdu redresse-ment sont historiques. Du jamais-vu depuis le tournant de larigueurpris par la gauchemit-terrandienneen 1983. «Dixmil-liards d’euros de baisse de ladépense publique. C’est inédit endébut demandature. NicolasSarkozy avait commencé avec les15milliards de dépenses de la loiTEPA», attaque leministre. Pourtenir dans l’épure fixée par le pré-sident, ses services ont «raclé deslignes budgétaires de quelquesmillions». Ils rêvaientmême –espoir déçu – de siphonner lesfonds de la formation syndicale…

L’ancien conseiller budgétaireet fiscal du candidat FrançoisHol-lande s’est impliquépersonnelle-mentdans ce travail ingrat.«Dans l’écrasantemajoritédescas, cela s’est très bienpassé.Demandezà Fabius, à LeDrianouàValls. Dans trois cas, il y a eudesproblèmes», affirme-t-il. Leminis-tre du travail,Michel Sapin, ademandé l’arbitragedeMatignon.«Je ne suis pas certain qu’il y aitobtenuplus que ce que nous luiavionsproposé», poursuit-il.

Les tensionsde l’été avec lesministresdu logement et de laculture semblent avoir laissédavantagede traces. CécileDuflot? «Elle n’apas voulu discu-ter», assène-t-il, outré que l’an-ciennenuméround’EuropeEcolo-gie- LesVerts ait fait la promotiondudispositif qui succédera auScellier avantmêmeque le tauxde la réductiond’impôt ait étéfixé. Aurélie Filippetti? «Elle vou-lait que la culture sorte sanctua-risée.» Face à la jeune femme,M.Cahuzac a dû souvent céder.

La taxe à 75%au-delà de 1mil-liond’euros sur les très hauts reve-nus, qu’il n’avait pas vuvenir pen-dant la campagne, lui reste en tra-vers de la gorge. Il la défendra,pluspar loyautéquepar convic-tion. «J’ai envoyéunenote aupré-sident. Je l’appelle la «note du4août». A unmoment donné, j’aicru l’avoir emporté,mais cela n’a

pas été le cas», explique ce rocar-dienqui a toujoursvoulu réconci-lier sonparti et lemondeécono-mique. Sur l’essentiel, toutefois,enparticulier sur la protectiondesplusmodestes et des classesmoyennes, il estimeavoir tenu lesengagementsprésidentiels.

Contrairementànombred’éco-nomistes, leministrene doutepasde la nécessitéde ramener ledéficit public à 3%duPIB dès2013. Il en fait unequestionde sou-veraineténationale. Leministreassumedonc. L’hommeaimeraitprobablementqu’onne lui entiennepas trop rigueur. Et rêve dese débarrasserdes étiquettesd’«arrogant» et de «cassant»quilui collent à la peau.

Orateurbrillant, capablededis-serter sansnotes sur les sujets fis-caux les plus ardus, l’ancienprési-dentde la commissiondes finan-ces de l’Assembléenationale saitêtre tranchant à l’occasion. Et,tous les étudiants enmédecine ledisent, la chirurgie, sonpremiermétier, qu’il a exercéedans lepublic commechirurgien cardia-que, puis dans le privé commechirurgienesthétique, neprédis-

pose guèreà lamodestie. La fati-gue aidant – «cet été, on tenait lesconférencesbudgétaires enpleinediscussion sur le collectif budgétai-re. Je dormais trois heuresparnuit.J’ai terminé fin juillet décalqué» –,on imagine sanspeineque cer-tainsde ses interlocuteurs,minis-tres comme lui, aient pu le trou-verdifficilement supportable.

Retournerdans la circonscrip-tionduLot-et-Garonneoù il futéludéputépour la première foisen 1997 lui permetd’évacuer lestensionsparisiennes. LesVilleneu-voisn’ont toujours pas réaliséqu’il n’était plus leurmairedepuis juin. Il avoueque cela lui«fait bizarre». Sur la placedumar-ché, qu’il arpentedésormais com-me simple conseillermunicipal, ilfait son jobd’élu local avecunbonheurmanifeste et une atten-tion chaleureusequi surprendchez cet hommeréservé auxallu-res de grandbourgeois.

«Vous voyez cet homme-là,dit-il enmontrantunvieuxmon-sieurqui venddes légumes.C’estun Juste parmi les Justes.» JérômeCahuzac est fils de résistants. Sonpère, déclaré grand invalidede

guerre à 24ans, était dans la Résis-tance sous les ordresdirects ducommuniste Jean-PierreVernant,qui devintunhelléniste réputé.Samère, fille d’unnotablepétai-niste deCastelnaudary, organisaun réseauqui permit à des dizai-nesde juifs de passer en Espagne.Par le plus granddes hasards, luivit dans le Lot-et-Garonneàquel-ques kilomètresde Saint-Antoine-de-Ficalba, où sonpère, donnépourmort, rencontra sa futurefemme.«Je ne savais riende cettehistoire,précise-t-il.Monpère neme l’a racontée qu’une fois que j’aiété élu. Et pourtantnous étionstrès proches, lui etmoi.» Il nedirapas – ce que l’on entenddans sonsilence– combien ce père-làman-que à son fils sexagénaire.

De cette histoire familialeancréeà gauche, apprise par bri-bes auprèsd’amis de ses parents,leministre dubudget a gardé lesensde l’intérêt général et uneaptitudeau combat. Il possèdeaussiunpetit côté droit dans sesbottesqui rappelleun autre grandargentier, Alain Juppé.

Des traverséesdudésert, il en aconnuplus d’une.De 1988à 1991,il fut conseiller techniquedeClaudeEvin auministèrede la san-té et commissairedu gouverne-ment lors de la créationde laContributionsociale généralisée(CSG). A sa sortie du cabinet Evin,il pouvait légitimementaspirer àunpostede PU-PH (professeurdesuniversités-praticienhospita-lier) en chirurgie cardiaque. Il nel’obtintpas: les rocardiensétaienttricards chez lesmitterrandistes.Piquéauvif, il choisit alors degagner sa vie – il avait trois jeunesenfants à élever – commechirur-gien esthétique. Il y a fait fortune.

L’amateurdeboxeaencaissé,sans jamaisoublier laduretéquerecèle laviepolitique,et sapartdesolitude.A trois semainesd’unmarathonbudgétairequi serarude– il aura faceà luiplusieursdesesprédécesseursdedroiteàBercy–, il seprépareau combat.«Je saisceque l’onvadire. Il n’yapasassezd’économieset tropd’impôts, diraladroite. C’estunbudgetd’austéri-tédévastateur,dira lagauchede lagauche. J’y suisprêt.»Lui se jetteradans labataille sans se raconterd’histoires:«Nousavonsdevantnousdeuxannées trèsdifficiles.» p

C.Gu.

Orateurbrillant,capablededissertersansnotessurdessujetsfiscauxardus,leministresaitêtre

tranchantàl’occasion

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

PRINTED IN FRANCE

Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg,

94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

Rentrée économique et sociale

«Non,nousnesommespas

legouvernementdumatraquagefiscal»

PierreMoscoviciministre de l’économie

JérômeCahuzac, l’hommeduredressementfiscal

Sur lemarché deVilleneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), son anciennecirconscription, le 22septembre. C.BELLAVIA/FEDEPHOTO POUR LE «MONDE»

2 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 3: LE MONDE 25-09-2012

événement

Premièreestimation

Estimation

0

0,9

0

0,3

0 0

T2T1 T3 T4 T1 T2

2011 2012

PREMIÈRE PRÉSENTATION DUprojet de loi de financementde la Sécurité sociale

CHIFFRE DÉFINITIF DE

la croissance, au deuxième trimestre 2012, en %

0

– 5

– 10

– 15

– 20

2007 2008 2009 2010 2011 2012

ANNONCE DUplan socialSanofi

100Août 2010

90Août 2012

ANNONCEPOSSIBLE DUplan social

ArcelorMittalà Florange

VISITEd’Arnaud Montebourgà la raffinerie Petroplusmenacée de liquidation

PRÉSENTATION DUbudget de rigueurNOUVEAU CHIFFRE DU

chômage en août,en millions de chômeurs

30 milliardsd’effort budgétaireen 2013

Juillet 20072,12

2,99Juillet 2012

2,54

2,682,75

2

3 millions

3

1

2

4

5

6

8

7

Huit rendez-vousà haut risque

NOUVEAU CHIFFRE DUclimat des affaires, en indice base 100

CRÉDIT PHOTO : AFP SOURCES : INSEE, LE MONDE

Solde du régime généralen milliards d’euros

Lundi 24 Mardi 25 Mercredi 26 Jeudi 27 Vendredi 28 Samedi 29 Dimanche 30 Lundi 1er

UN JOUR enNormandie, un autreen Lorraine… La semaine quis’ouvre risque d’être longuepourArnaudMontebourg.Mobilisé auchevet des entreprises en difficul-té depuis sa nomination au gou-vernement, le 16mai, leministredu redressementproductif vadevoir se démultiplier dans lesprochains jours tant les annon-ces de plans sociauxpourraientêtre nombreuses et, surtout, sym-boliques.

Mardi 25septembre, le coupe-ret devrait commencerpar tom-ber chez Sanofi. Cinq comités cen-trauxd’entreprise (CCE) ont étéconvoquéspour informer les sala-riés duplande restructurationconcoctéparChris Viehbacher,directeurgénéral dugroupephar-maceutique.

Selon les syndicats de Sanofi,de 1200à 2500emplois seraientmenacés, surun effectif total de

28000personnesen France. L’en-treprise avait annoncé en interne,le 5juillet, que troisdomainesd’ac-tivité seraient concernéspar ceplan: la recherche, les vaccins deSanofi Pasteur et les fonctionssupport (achats, comptabilité,etc.), qui devraient être regrou-pées à Paris et à Lyon.

D’intensesnégociationsont eulieu ces derniers jours avec le gou-vernement,M.Montebourgdécla-rant le plan«inacceptable» lorsd’une réunion avec les syndicats,vendredi. Selonnos informations,unaccord autourde 1500suppres-sionsdepostes serait en cours dediscussion. Le site le plus touchédevrait être celui de Toulouse, oùplusde600chercheurs sont surla sellette.

Plusmodestemais tout aussidéprimantpour le gouvernementet les élus locaux, un comité d’en-treprise est prévu lemême jour,

mardi, chez le voyagiste toulou-sain Fram, endifficulté en raisonde la crise du tourisme. Il devraitentériner la suppressionde65pos-tes.

Grosdossier qui pourrait, luiaussi, connaîtreune issue cettesemaine, celui de Florange. Lessyndicatsd’ArcelorMittal s’atten-daient lundimatin à être convo-qués àun comitéd’entrepriseextraordinairepourmercredi.«Mais onne sait rien de ce quipourrait y être annoncé, c’est leflou le plus total», s’agaceEdouardMartin, déléguéCFDT àl’aciériede Florange (Moselle).

Aprèshuitmois de conflit, lespresque2700métallurgistesdusite, dontunpeuplus de 500 sontaffectés auxdeuxhauts-four-neaux–les derniersde Lorraine–arrêtésdepuis juin et octo-bre2011, n’en peuventplus de cet-te incertitudeet seraientprêts,

selon certainsmilitants, à bascu-ler dansun conflit plus violent.

Desnégociations«soutenues»,là aussi, avaient lieu ces derniersjours entre le cabinetdeM.Monte-bourget la directiondunumé-rounmondial de lamétallurgie,

afinde trouverune issue accepta-blepar tous au conflit. «Mais pasquestiondediscuter de l’arrêt défi-nitif des hauts-fourneaux, pré-vientM.Martin.Pournous, celareviendrait à entériner lamort deFlorange.»

Autre site ultrasensible, la raffi-nerie Petroplus de Petit-Couron-ne, prèsde Rouen (Seine-Mariti-me). Ses salariés se battent depuisdesmois pour éviter la liquida-tion. Les deux candidats à la repri-se, de petites sociétés étrangèresdont la crédibilité reste sujette àcaution, ont jusqu’àmardi pourapporter des preuvesde leursérieux. Sur place, on s’attendà ceque seulNetOil y parvienne,l’autre candidat, APG, semblantpeumobilisé.

M.Montebourg se rendra surplacemercredi, dans la fouléed’unevisite qu’il doit effectuerchezRenault à Cléon (Seine-Mari-time). Le tribunal de commercedoit trancher le 2octobre. «Plusd’unmillier d’emplois directs etindirects sont en jeu», souligne ledéputé (PS) de la Seine-MaritimeGuillaumeBachelay.

Mercredi, unCCE extraordi-

naire est égalementprévu chezCastorama, le distributeurdematériel debricolage: les syndi-cats ont découvertundocumentinterne faisant état, seloneux,d’unplande suppressionde1167postes d’ici à 2014. La direc-tiondément, et assureque l’effec-tif restera stable. La réunionper-mettrapeut-êtred’y voir plusclair.

Enfin, jeudi, le tribunal deMeaux (Seine-et-Marne)doit ren-dre sa décision sur la validité duplande sauvegardede l’emploiprévoyant la suppressionde288postes au service après-ventedeConforama, lemarchanddemeubles et de produits électromé-nagers, aujourd’hui propriétédudistributeur sud-africain Stein-hoff. Les syndicats demandent lasuspensionde ce plan. p

Denis CosnardetCédric Pietralunga

Rentrée économique et sociale

AUTOMNE DE GOÛT EN PIÉMONTGastronomie protagoniste de l’Automne piémontais! Laisses-toi captiver par lesproduits typiques et le bon vin lors de deux grands événements : le Salone delGusto au programme à Turin du 25 au 29 Octobre et la « Fiera internazionale delTartufo bianco di Alba » du 6 octobre au 18 novembre. Découvrez Turin etLanghe: un territoire unique avec des musées, des résidences royales, despaysages magnifiques ainsi que des produits locaux et des vins célèbres dans lemonde entier. www.piemonteitalia.eu/fr

TURIN

ALLER SIMPLE, A.P.D.

9Réservez jusqu’au 24.09.12. Taxes et charges incluses. Jours de voyage: lundis et mercredis. Période de voyage octobre-novembre. Soumis à disponibilité, termes et conditions. Visitez Ryanair.com pour plus de détails. Les tarifs excluent les frais optionnels. Vols au départ de Paris Beauvais.

¤ .99

l’exécutiffaceàl’ondedechocdelacriseadéclaré leprésidentdel’Assembléenationale,ClaudeBartolone

Sanofi,Petroplus,Florange,uncalendrierdélicatpourArnaudMontebourg

Unaccordautourde1500suppressions

depostesseraitencoursdediscussionchezSanofi

30123Mardi 25 septembre 2012

Page 4: LE MONDE 25-09-2012

Envoyer vos manuscrits :Editions Amalthée2 rue Crucy44005 Nantes cedex 1Tél. 02 40 75 60 78www.editions-amalthee.com

Vous écrivez?Les EditionsAmalthéerecherchentde nouveaux auteurs

Pressée par la communautéinternationale de contrôler lesgroupuscules extrémistes quiagissent en sonnom, la rébellionsyrienne a annoncé, samedi22septembre, le transfert deson commandement central dela Turquie voisine enSyrie, oùses combattants tentent au prixde violents combatsd’élargir lazone sous leur contrôle dans lenord-ouest du pays.«Nousannonçons une bonne nouvelle ànotre peuple syrien libre et héroï-que: le commandement de l’ALS

est entré dans les régions libé-rées», a déclaré son chef, RiadAl-Assaad, dans une vidéo diffu-sée sur Internet. Selon l’Observa-toire syrien des droits de l’hom-me (OSDH), uneONGproche del’opposition, près de80%des vil-les et villages syriens frontaliersde la Turquie échappent désor-mais aux troupes du régime. Ladécision de transfert a été prisesur fondde rivalités entre le com-mandement central, installé enTurquie, et celui de l’intérieur,opérant enSyrie.– (AFP.)

international

NewYork (Nations unies)Correspondante

L a Syrie est la priorité de monagenda», assurait, il y aquel-quesjours, lesecrétairegéné-

ralde l’ONU,BanKi-moon,enallu-sionauxréunionsbilatéralesqu’ilaura avec les chefs d’Etat, les pre-miers ministres et les ministresde plus de 120Etats-membres enmarge de la 67esession annuellede l’Assemblée générale desNations unies, qui s’ouvre mardi25septembre.

Le conflit syrien, avec ses29000victimes, ses 250000réfu-giés et ses 2,5millions de civilsdans le besoin, devrait être pré-sentdanstous lesesprits lorsdecegrand raout diplomatique. Aucu-ne réunion de haut niveau ne luisera pourtant formellementconsacrée. La crise malienne et,plus largement, la crise sahélien-ne, la région des Grands Lacs–avec notamment la résurgencedecombatsà l’estdelaRépubliquedémocratique du Congo –, lacoexistence entre les deux Sou-dans ou encore le dossier nucléai-re iranien auront l’attention de lacommunauté internationale letemps d’une conférence ou d’unsommet.

La Syrie, elle, sera évoquée encoulisses ou enmarge de l’Assem-blée. Le Conseil de sécurité, seulorgane des Nations unies àmêmed’imposerdes sanctionset d’auto-riser une actionmilitaire, a préfé-ré organiser une session ministé-rielle plus générale sur le «prin-temps arabe».

Les trois veto mis par la Russieet la Chine à des projets de résolu-tion qui ne faisaient que condam-ner ou menacer de sanctions lerégime syrien ont eu raison de lamobilisation des Occidentaux.«Une réunion sur la Syrie n’auraitfait qu’enfoncer le clou», déclareun diplomate européen, convain-cu qu’un tel rendez-vous aurait«exacerbé la polarisation» dontsouffre le Conseil de sécuritédepuis 18mois, et se serait révélé«contre-productif».

L’organe exécutif des Nationsunies n’a plus les moyens de sapolitique. Sur la Syrie, il estcontraintdedérogeràsonmandatde garant de la paix et de la sécuri-té dans lemonde. C’est l’aveud’unéchec.«Undeplus, ceneserapas lapremière fois», déclare, cynique,un diplomate, qui rappelle l’im-puissance de l’ONU quant au pro-cessusdepaix auProche-Orientetau conflit enAfghanistan.

La seule vraie concertation surledramesyrienseracelledesAmisde la Syrie, qui regroupe des dizai-nesdepaysoccidentauxet arabes,déterminés à soutenir l’opposi-tion syrienne. Cette absence d’ini-tiative à haut niveau sur la Syrie,alors que les violences font désor-mais plus de 1 000morts par

semaine selon les ONG, est uneaubaine pour le président syrienBachar Al-Assad: divisée, la com-munauté internationale n’amême plus la force d’être simple-mentmenaçante.

Ce conflit sera sans aucun dou-te au centre des discours pronon-césà la tribunede l’Assemblée. Lesresponsables occidentaux pour-ront, à tour de rôle, y aller de leursdiatribes ou cris du cœur contre lerégime syrien, auteur de crimescontre l’humanité. Mais aucunedécisionn’est à attendre.

Après le 3e double veto russo-chinois en juillet, l’ambassadriceaméricaine, Susan Rice, avait faitmiroiter lapossibilitéd’uneaction«hors cadre ONU», assurant queWashington avait l’intention«d’intensifier ses efforts avec diffé-rents partenaires hors du Conseilde sécurité pour faire pression surle régimeAssad et fournir de l’aideà ceuxqui enont besoin».

L’administration Obama a,depuis, défini une « ligne rouge»au-delàde laquelle– et seulementau-delà de laquelle – les Etats-Unis pourraient envisager une

riposte militaire : le recours auxarmes chimiques par le régimesyrien. «Cette menace est à dou-ble tranchant», estime un diplo-matearabe, lesAméricainspréve-nant Bachar Al-Assad qu’ils n’in-terviendront pas, sauf à ce qu’ilutilise des armes chimiquescontre son peuple. Les forcessyriennespeuvent continuer leursinistre besogne.

Le dilemme des Américains,soulignent des diplomates euro-péensàNewYork,estqu’ilsnepeu-vent ni se permettre d’apparaîtretrop faibles face à la répression, nis’embarquer dans une nouvelleguerre en pleine période électora-le.Leprésidentsortantetcandidatà sa réélection, Barack Obama, ne

fera d’ailleurs qu’un passageéclair au siège de l’ONU, mardi25 septembre. Aucune réunionbilatérale ne figure à son agenda.«Le sort de la Syrie ne se déciderapasàNewYork», insisteune sour-ce occidentale.

Alors que son pays présidait leConseil de sécurité en août, l’am-bassadeur de France, GérardAraud,n’aeudecessedemettreengarde contre les conséquencesd’une inaction s’inscrivantdans ladurée, citant le risqued’une«radi-calisation de l’opposition syrien-ne». Aux Russes et aux Chinois,qui assurent qu’ils n’aiment pasparticulièrement le présidentAssad mais le préfèrent aux isla-mistes radicaux, le représentantpermanent répond qu’avec leurpolitique d’obstruction, «nousallons avoir d’abordAssad, puis lesislamistes radicaux!»

Si des experts soutiennentqu’Al-Qaida n’est pas présent enSyrie en tant que force organisée,des rapports font état depuis plu-sieursmois de l’arrivée par la Tur-quie de combattants djihadistes,enprovenancenotammentd’Algé-

rie ou de Tchétchénie. Est-il troptard?

Au Conseil de sécurité, les Occi-dentauxseplaignentde l’impossi-bilité de dialoguer avec les Russes,allant jusqu’à parler de «confron-tation violente». L’appel lancé parBanKi-moonauxdirigeantsmon-diaux pour qu’ils assument leurresponsabilité collective en pré-sentant un front uni sur la Syrie apeudechancesd’êtreentendulorsde cette 67e session. Le représen-

tant spécial de l’ONUet de la Liguearabepour la Syrie, LakhdarBrahi-mi, de retour de sa première visiteà Damas, sera-t-il plus convain-cant, lundi 24septembre, devantles 15pays membres du Conseil ?«Il n’a pas le quart d’une idée de lastratégieàadopter, lâchait laveilleun diplomateoccidental, sa nomi-nationpermet juste à l’ONUde fai-re acte de présence» sur le dossiersyrien.Un serviceminimum.p

AlexandraGeneste

Les rebelles syriens disent transférer leur QGenSyrie

LestroisvetomisparlaRussie

et laChineonteuraison

delamobilisationdesOccidentaux

MaliLeprésident français,FrançoisHollande, et la secrétai-re d’Etat américaine, HillaryClin-ton, participeront,mercredi26septembre, à un sommet quidevrait déboucher sur l’annoncepar l’ONUd’une stratégie globaleet de la nomination d’un envoyéspécial pour le Sahel.

IranLe président iranien, Mah-moudAhmadinejad, qui doit quit-ter le pouvoir en 2013 aprèsdeux mandats, prononcera sondernier discours devant l’Assem-bléemercredi. Les Etats-Unis,le Royaume-Uni, laFrance,laChine, laRussie et l’Allemagnese concerteront jeudi surle dossier du nucléaire iranienalors que, lemême jour, le pre-mierministre israélien, Benya-minNétanyahou, prononceraun discours à l’Assemblée.

RDCLes présidents congolaiset rwandais, Joseph Kabila etPaul Kagamé, accusé de soutenirlesmutins duM23, devraient par-ticiper jeudi à une réunion sur laRDC et plus largement la régiondesGrands Lacs. Les onze paysde cette région tentent, en vainjusqu’ici, demettre sur pied uneforce «neutre» pour surveillerla frontière RDC-Rwanda.

Syrie: l’Assembléegénéraledel’ONUparalyséeEnraisondesdivisions,aucuneréunionformelleneseraconsacréeauprincipalconflitencours

LasœurdeBacharAl-Assads’exileàDubaïLesprincipauxdossiers internationauxprévus

Un immeuble à Alep détruit par les bombes des forces du régime, le 23septembre. MIGUEL MEDINA/AFP

C’ESTUNEDÉFECTIONpas com-me les autres: le départ discret deBouchra, la sœur aînée duprési-dent syrienBacharAl-Assad, est-elle l’expressiondedissensionsau seinde la famille aupouvoir?C’est ce qu’affirme l’opposantindépendantAymanAbdelNour,qui dirige le sited’informationAll4Syrie, généralementbieninformé.

BouchraAl-Assad est la veuved’AssefChawkat, l’ex-vice-minis-tre de la défense tuéofficielle-mentdans l’attentatdu 18juillet2012 contre la «cellule de crise»du régime, avec trois autreshautsresponsables. Elle s’est installéedans l’émirat deDubaï, où ellejouit de la protectionde la famillerégnanteAl-Maktoum,avec sescinqenfants, qu’elle a inscritsdansune école.

Difficile de savoir si ce départ a

une raisonpolitiqueouplus sim-plementpratique, la vie en Syrieétantdevenueextrêmementcom-pliquéepour les prochesdes diri-geants syriens, qui craignentdefaire l’objet d’attentats oud’enlè-vements. L’état du système scolai-re syrien, dont 10%des écoles ontété détruites ouendommagées etoùnombredeprofesseurs sontportés absents, est peut-être uneraisonde cet exil.

Les relations entre BacharAl-Assadet sa sœur sont notoire-mentmauvaises. Pourtant, lejeuneprésident avait été le seul àplaiderpour sonmariage avecAssef Chawkat, unobscur officiersyrien, dont la famille, d’originesunnite et de Tartous, est assimi-lée à la communauté alaouite, laconfessiondu clan aupouvoir.

L’aînéBassel et le benjaminMahern’ont jamais caché leur

hostilité à cet ambitieuxconsidé-ré commeun intrus. Bassel estdécédédansunaccident de voitu-re en 1994 etMaher, après avoirtiréuneballe dans le ventredesonbeau-frère en 1999 lors d’unequerelle familiale, avait fini pars’en accommoder.

A son tour, Bouchran’avait pasapprécié lemariagedeBacharavecAsmaAl-Akhras, l’actuellepremièredame, issued’unefamilledenotables sunnitesdeHomset élevée à Londres. Insup-portéepar lesmanièreshautainesd’Asmaet ses origines sunnites,Bouchra l’auraitmêmegiflée audébutdes années 2000.

Cen’est pas la première foisqueBouchrapart «en exil». En2008, elle avait déjà déménagéauxEmirats arabesunispourmar-quer sonmécontentementaprèsle limogeagede sonmari de ses

fonctionsde chefdu renseigne-mentmilitaire.

Elle était rentrée aupaysdurant l’été 2009 et le soulève-ment syrien avait permis à sonmari d’opérer un rétablissementde façade commevice-ministrede ladéfense etmembrede la «cel-lule de crise» chargéede gérer lesoulèvement.

Enmai2012, il aurait fait l’objetd’une tentatived’empoisonne-ment. BacharAl-Assad et son frè-reMahern’ont pas jugénécessai-re d’assister auxobsèquesde leurbeau-frère, oubien les ont-ils évi-téespour raisonde sécurité.Main-tenantque sonmari estmort etqu’ellene se sent plus liée au sortdu régime, BouchraAl-Assad a pujuger qu’il était plus prudentdepartir s’installer endes lieuxplussûrs. p

ChristopheAyad

4 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 5: LE MONDE 25-09-2012

50123Mardi 25 septembre 2012 international

Grasset

DANSTOUTES LES LISTES

DE MEILLEURES VENTES

«

»

« On ne peut être qu’impressionnépar l’ampleur de cette introspection,et par sa justesse. »Florent Georgesco, LeMonde des Livres

« Ce romanmagnifique tient enhaleine de bout en bout. »Lucie Cauwe, Le Soir

« Une fable nostalgique,marquéepar la délicatesse et la subtilitélevantine. »Aliette Armel, LeMagazine Littéraire

« Les désorientés ressemble à l’adieuaccablé d’un Stefan Zweig, qui auraitsurvécu au “monde d’hier”. »Brice Couturier, France Culture

« Ce roman aux accents dostoïevskiensest une fresque sur ces trahisons,petites ou grandes, que nous imposele temps qui passe. »Franz-Olivier Giesbert, Le Point

UNENUITS.Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche

UNHERITIERDESUNHERITIERDESMILLEET

Lepouvoirlibyens’attaqueauxgroupesarmésABenghazi, lapopulationaréussi àdélogerplusieursmilicesdesbasesqu’ellesoccupaient

NewYorkEnvoyée spéciale

C ’est la réponse au discoursduCaire. Avant son arrivée àNew York pour l’Assemblée

générale de l’ONU, le présidentégyptien,MohamedMorsi,aadmo-nestél’AmériquedeBarackObama,leprésidentqui, en juin2009,dansla capitale égyptienne, avait pro-mis coopération et respectmutuelaumondearabo-musulman.

Dansuneinterviewde90minu-tesavec leNewYorkTimes, leprési-dent issude l’organisationdes Frè-res musulmans se pose en porte-parole des pays de la région. Il esti-mequelesEtats-Unisdoiventchan-ger leur approchedumonde arabeet montrer davantage de respectpour ses valeurs. «Les administra-tions américaines successives ontpourainsidireacheté,avec l’argentdu contribuable, la détestationsinon la haine des peuples de larégion», a-t-il déclaré.

AlorsqueM.Obamas’estdésen-gagé du processus de paix israélo-palestinien et n’apprécie pas sevoir rappeler sonéchec sur le sujet,M.Morsin’hésitepasàramenercet-tequestionaucentredesincompré-hensions entre les Etats-Unis et larégion.Depuis lesaccordsdeCampDavidde1978entre Israëlet l’Egyp-te, souligne-t-il, les Américainsont«une responsabilitéparticulière» àl’égard des Palestiniens. «Tant quela paix et la justice ne sont pasaccomplies pour les Palestiniens, letraitédemeure incomplet.»

Lesrelationsentrel’Egypteet lesEtats-Unis traversent une périodedifficile. L’ambassade américaineauCaire a été la première visée parles protestations contre la vidéo

islamophobe L’Innocence desmusulmans. Le retard de M.Morsià les condamner a irrité les Améri-cains, et notamment les républi-cains toujours prêts à remettre enquestionl’aideaméricaine ( 1,3mil-liard de dollars, soit environ 1mil-liard d’euros). M.Obama a eu unéchangevigoureuxavecsonhomo-logue pour lui rappeler les obliga-tions de protectiondes personnelsdiplomatiques.

Interrogé par une chaîne locale,M.Obama a répondu par la négati-ve quand il lui a été demandé sil’Egypte pouvait encore être consi-dérée comme un allié des Etats-Unis. «Allié, non, a-t-il dit.Mais pasnon plus ennemi.» Rapidement, laMaisonBlancheafaitmarchearriè-reets’estensuivieunepérioded’in-trospection pendant laquellel’Egypte a été qualifiée de «parte-naire étroit», ou «d’allié majeur»,non-membrede l’OTANpar lesdif-férentsporte-paroleaméricains.

La question a été posée par leNew York Times à M.Morsi : consi-dérait-il les Etats-Unis comme unallié?Danssonanglaisd’ancienétu-diant de l’université de CalifornieduSud,ledirigeantégyptienaironi-sé : «Cela dépend de votre défini-tion d’allié.» Avant d’ajouter quelesdeuxpayssontenmêmetempsde«vrais amis».

Après les espoirs de 2011nés des«printemps arabes», la recrudes-cence de l’anti-américanisme amontré la complexité de la situa-tion à laquelle est confrontée l’ad-ministration Obama, en périodeélectorale. «L’idée qu’un président,même bien intentionné, aurait pueffacer plusieurs décennies de sou-tien aux régimes autocratiques dela région, s’est révélée être une illu-sion», estime Stewart Patrick, duCouncilonForeignRelations.

A l’ONU, M.Morsi poursuivraune offensive diplomatique endirection des pays occidentauxqu’il doit rassurer s’il veut obtenirdes garanties économiques. «L’As-semblée générale marque l’entréede la nouvelle Egypte sur la scèneinternationale», constateundiplo-mateoccidental.M.Morsi fera aus-silaclôturedelaconférenceannuel-le de la ClintonGlobal Initiative, lafondation de l’ex-président,devant un parterre de membres

éminents de la finance et dumon-de des affaires. Il doit rencontrerDavidCameronetFrançoisHollan-de mais pas M.Obama, qui l’avaitpourtant invité à la Maison Blan-cheen juillet.

M. Obama n’a prévu aucunentretienbilatéralavecseshomolo-gues. A six semaines de la présio-dentielle, il veut éviter le moindrefaux pas. Il ne devrait pas passerplus de 24heures à l’ONU. La Mai-son Blanche fait valoir qu’il auradesapartésavec certainsdeses col-lèguesà la réceptionqu’ildonneentant que président du pays hôte,puis au déjeuner des chefs d’Etatsautour du secrétaire général del’ONU. Les républicainsont dénon-cé le fait queM.Obama trouvera letemps d’enregistrer l’émissionpopulaire de l’après-midi «TheView», avec son épouse Michelle,mais pas de rencontrer les alliés del’Amérique.p

Corine Lesnes

Chine

PrisonpourunprochedeBoXilaiPÉKIN.Wang Lijun, l’ex-super flic deChongqing, a été condamné, lundi24septembre, par le tribunal intermédiairede Chengdu, à 15 ans de pri-son.WangLijun s’était réfugié au consulat américainde Chengduenfévrier après être entré en conflit avec son supérieur hiérarchique,BoXilai, suite aumeurtrepar l’épouse de ce dernier d’un consultantanglais. Selon l’agenceChinenouvelle, le verdict «agglomère»plu-sieurs sentences. Sa rapidité permet de penser quedes éclaircisse-ments pourraient bientôt être donnés sur la situationdeBoXilai,mis au secret depuis avril : la probable exclusionduParti communistechinois de cemembredubureaupolitique, dont riennedit qu’ellen’a pas déjà été prononcée en secret, doit précéder undéferrementà la justice.pBrice Pedroletti

MaliAccord pour le déploiement d’une force africaineBAMAKO. LeMali et la Communautééconomiquedes paysde l’Afriquede l’Ouest (Cédéao) ont trouvé, dimanche23septembre, un accord surles conditionsde déploiementd’une force africaine, en vued’une éven-tuelle opérationde reconquêteduNord contrôlépar des islamistesdepuisprès de sixmois. Unemissionde la Cédéao est attenduedans lesprochains jours à Bamakopour formaliser cet accord. – (AFP.)

SoudansDébut de négociations entreKhartoumet JubaADDIS-ABEBA. Les présidentsdu Soudanet du SoudanduSudont com-mencédimancheàAddis-Abebades négociationsdirectes sous la pres-sion internationalepourmettreun termeàun conflit de prèsde cin-quante ans entre les deuxanciensadversaires, de nouveauaubordde la guerre. Parmi les questions soulevéesdimanchedevaient figurerla questiondes régions frontalières contestées, ainsi que la constitutiond’une zone frontièredémilitarisée. – (AFP.)

VietnamTrois blogueurs lourdement condamnésHOCHIMINH-VILLE. Trois blogueurs ont été condamnés lundi 24sep-tembre à des peinesde quatre à douze ans deprisonpourpropagandecontre l’Etat parun tribunal d’HoChiMinh-Ville (sud). – (AFP.)

A près avoir été le berceau dela révolution du 17 février,Benghazi sera-t-elle le foyer

d’unenouvelle révolte, dirigée cet-te fois contre les katibas, ces mili-ces d’anciens rebelles accusées desaper l’autorité du nouvel Etatlibyen?

Samedi 22septembre, dans lafouléed’unemanifestationorgani-sée la veille pour réclamer ladisso-lution de ces groupes armés, desmilliersd’habitantsdelavillecôtiè-re ont réussi à déloger plusieursmilices des bases qu’elles occu-paient depuis la fin de l’insurrec-tion anti-kadhafi. Dans la soirée,Mohamed Al-Megarief, le prési-dent du Parlement élu en juillet, aemboîtélepasdesmanifestantsenannonçant son intention dedémanteler toutes les milices quin’ontpasfaitallégeanceauxautori-tés. Dimanche soir à Benghazi, lebilanduface-à-faceentrelapopula-tionetleskatibas,s’élevaitàquator-zemorts et cinquante-sixblessés.

Principale cible de la colère desmanifestants, Ansar Al-Charia, ungroupuscule salafiste soupçonnéd’avoirparticipéàl’assautdu11sep-tembre contre le consulat améri-cain, a évacué ses locaux ainsi quel’hôpital Al-Jela dont il assurait lasécurité, non sans emporter sonarsenal.Laconfrontationaétéplusviolente avec la katiba RafallahAl-Sahti, dirigée par Ismaïl Al-Sala-bi, une figure de lamouvance isla-miste radicaledeCyrénaïque.

Les assaillants ont saisi desarmesetdesmunitionsaprèsdeuxheuresd’affrontementsàlakalach-nikov et aux roquettes. Signe querienn’estsimpledanslaLibyepost-Kadhafi, Rafallah Al-Sahti fait par-tie des katibas récemment ratta-

chées au ministère de la défense,dans le but de pallier le manqued’effectifdes forcesde sécurité.

Après ces violences, deux mili-ces de Derna, une ville de l’est deBenghazi, considérée comme uneplacefortedudjihadismeenLibye,ont annoncé leur retrait des bâti-ments publics qu’elles s’étaientappropriées. Dimanche à Tripoli,ce sont des éléments de l’arméelibyenne qui ont pris possessiond’un site militaire sur la route del’aéroportainsiqued’uncomplexerésidentiel, investis tous deux pardesgroupesarmés«illégaux».

Politique de remise en ordreIl appartientàMoustaphaAbou

Chagour, le nouveau premierministre libyen, de transformer cesursautenunepolitiquederemiseenordre systématique. Le chantierpromet d’être ardu. Samedi, aprèsles affrontements, la katiba Rafal-lahAl-Sahti a annoncé avoir reprisle contrôlede sonquartiergénéral.Et quoique fiers de leur «putsch»anti-milices, les habitants de Ben-ghazi s’inquiètentde la capacitédelapoliceàmaintenirl’ordredanslacité,notammentà l’hôpitalAl-Jela.

«Le chemin sera très long, avantde parvenir à un désarmement desmilices, explique Noman Benot-man, analyste à la FondationQuilliam. Les salafistes d’AnsarAl-Chariarejettent ladémocratie etle gouvernement issu des urnes».Peuavantlesévénementsduweek-end, son porte-parole, MohamedOmrane, prévenait : «Nous proté-geons notre religion, nous n’avonsaucune raison de rendre lesarmes».p

BenjaminBartheet IsabelleMandraud

PourMohamedMorsi, lesAméricains

ont«uneresponsabilité

particulière»àl’égarddesPalestiniens

LanouvelleEgypteprendsesmarquesvis-à-visdel’administrationObamaLeprésidentégyptienconseilleàWashingtondechangersonapprochedumondearabe

Page 6: LE MONDE 25-09-2012

L’ancienministre de la défenseAkis Tsohatzopoulos endétentionprovisoire, à Athènes, enavril. EUROKINISSI/REUTERS

international& europe

OSP - CESSATIONS DE GARANTIE

101233 - COMMUNIQUE101233 - COMMUNIQUE

En application de l’article R.211-33 du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

dont le siège est situé: 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :

MYRIAM VOYAGESLICENCE: LI 075 95 0243

SARL au capital de 22 867,35 €

Siège social : 10, rue desPoissonniers, 75018 PARIS

L’association précise que la cessa-tion de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

101234 - COMMUNIQUE101234 - COMMUNIQUE

En application de l’article R.211-33 du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

dont le siège est situé: 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :

CAPTOURSLICENCE : LI 006 96 0019

SARL au capital de 38 112,25 €

Siège social : 21, Bld du GénéralLeclerc, 06310 BEAULIEU SUR

MER

L’association précise que la cessa-tion de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

101235 - COMMUNIQUE101235 - COMMUNIQUE

En application de l’article R.211-33 du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

dont le siège est situé: 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :

LIMOUX VOYAGESLicence : LI 011 01 0001

SARL au capital de 7 622,45 €

Siège social : 17 rue Jean-Jaurès11300 LIMOUX

L’association précise que la cessa-tion de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles créances.

101240 - COMMUNIQUE101240 - COMMUNIQUEEn application de l’article R.211-33 du livre II du code du tourisme,

L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLE DE

SOLIDARITE DU TOURISME(A.P.S.T.)

dont le siège est situé: 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garan-tie à :

BROCHARD VOYAGESImmatriculation : IM 079 11 0002

SARL au capital de 20 000 €

Siège social : 8 rue JacquesBujault 79300 BRESSUIRE

Succursales garanties : 20 ave-nue J. Bujault 79000 NIORT

19 avenue du Général de Gaulle79200 PARTHENAY

45 rue Porte de Paris 79100THOUARS

L’association précise que la ces-sation de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et qu’un délai de 3 mois estouvert aux clients pour produire lescréances.

AthènesCorrespondance

L epremierministregrec,Anto-nis Samaras,ademandéà sonministre des finances, Yannis

Stournaras, le 22septembre, detransmettre à la justice la liste de32noms d’hommes politiquesdont les comptes en banque, éplu-chés par la brigade financière duministère (SDOE), comportent desmouvementsde fonds suspects. Leprocureur de la Cour suprêmedevaitrencontrer, lundi24septem-bre, les membres de cette brigadepour commencer son enquête surcequi est considérécommedescasd’«enrichissementétrange».

Selon le quotidien de centre-droit Kathimerini, sept anciensministresseraientconcernés:qua-tre du Parti socialiste, le Pasok, ettrois deNouvelleDémocratie (ND,droite). Ces derniers sont, selon lejournal dominical Real News, l’ac-tuel président du Parlement etancien ministre de la défense,Evangélos Méïmarakis, et deuxex-ministres du gouvernementconservateur de Costas Caraman-lis(2004-2009),GeorgesVoulgara-kis,ancienministredelacultureetdelamarinemarchande,etMicha-lis Liapis, ex-ministre des trans-ports et de la culture.

SelonRealNews, l’enquêteportesur des affaires «d’achat immobi-lier et de blanchiment d’argent».Les trois hommes ont nié, diman-che,lesfaitsreprochésetontpréve-nu qu’ils attaqueraient en justiceceux qui les diffameraient. LaSDOE avait annoncé au printempsqu’elle passait au peigne fin lescomptesde500personnalitéspoli-tiques.Lalistedes32estl’undespre-miers résultatsde cetteenquête.

Laprésence,danslaliste,dupré-sidentduParlementembarrasselegouvernement de coalition, quel-ques semaines avant le vote desdéputés sur les nouvellesmesuresd’austérité, toujours endiscussionavec la «troïka» (Fondsmonétaireinternational, Banque centraleeuropéenne, Commission euro-péenne). M.Méïmarakis avait prislatêteduParlementaprèslavictoi-reélectoraledeNouvelleDémocra-

tie aux élections législatives du17juin. Ilasuccédéàunautredépu-té de ND qui, en un jour de prési-dence – la Chambre issue du scru-tin du 6mai s’était réunie pour sedissoudre, faute de pouvoir déga-gerunemajorité –, avait défrayé lachroniqueenaccordantuneprimede 2 millions d’euros auxemployésen guise de bonus à l’oc-casion du scrutin, et en faisantembauchersa fille.

LesnomsdeMM.LiapisetVoul-garakis ont été associés à d’autresscandales.M.Liapis,quiestuncou-sin germain de l’ancien premierministre Costas Caramanlis, a étécité dans le scandale Siemens.Mais aucune des personnalitéspolitiques du Pasok ou deNouvel-le Démocratie mises en cause n’aété poursuivie par la justice danslecadredecescandalerévélépar lajustice allemande, qui avait mon-tré que des cadres de Siemensavaient versé des commissions àdeshommespolitiquesgrecs.

Lacommissiond’enquêteparle-mentaire constituée à cette occa-sion n’était pas parvenue à unaccord sur les responsabilités de

chacun.Lerégimed’immunitépar-lementaireetlesdélaisdeprescrip-tion rendent très difficile la miseen cause d’anciensministres.

M.Voulgarakis avait, lui, étéimpliquédans lescandaledeVato-pédi, une opération d’échange deterrainsentre le gouvernementdeM.Caramanlis et cemonastère dumont Athos soupçonnée d’être à

l’avantage des moines plutôt quedu gouvernement. La femme deM.Voulgarakis était le notairechargé de l’opération tandis queson beau-père était l’avocat desmoines. Leprieurde l’abbaye, l’ab-bé Ephraïm, a effectué plusieursmois de détention provisoire,avantd’être libéré sous caution.

Il a été remplacé dans sa cellule

de la prison de Korydallos, dans labanlieue d’Athènes, par l’ancienministre de la défense socialisteAkis Tsohatzopoulos, toujours endétention provisoire pour dessoupçons de blanchiment d’ar-gent et de pots-de-vindans l’achatde sous-marins allemands et demissiles russes. Si ses activités entant queministre tombent sous lecoup de la prescription, le travaildes enquêteurssur les comptes enbanque de l’ancien ministre et deses proches – sa femme, sa fille etl’undesescousinssontenprison–ont mis au jour des transferts defonds suspects, notamment versdes sociétés offshore.

Les enquêteurs ont suivi lamême technique pour suivre lesmouvements financiers de plu-sieurs responsables politiques.L’arrestation spectaculaire d’AkisTsohatzopoulos, l’ancien lieute-nant d’Andréas Papandréou – lepère du Pasok et de l’ex-premierministre Georges Papandréou –avait permis de venir à bout d’untabou de la vie politique grecque:voir unministre enprison.p

AlainSalles

L ’heure de l’exode n’a pasencore sonné pour les richesrésidents étrangers du

bourg alpestre deGstaad, en Suis-se. Le résultat de la votation orga-nisée, dimanche 23 septembre,dans le canton de Berne, dontGstaad fait partie, a dequoi rassu-rer les quelque 170 chefs d’entre-prise, vedettes de la chanson oudu sport domiciliés dans la sta-tion et y bénéficiant d’un trèsavantageux système d’imposi-tion: le forfait fiscal.

Lesélecteursducantonontreje-té à66,5% l’initiative«Des impôtséquitables – pour les familles»,qui comprenait une abolitiondudit forfait, un régime d’imposi-tionréservéauxétrangersetcalcu-léenfonctiondutraindevieetdesdépenses du contribuable (sonloyer, en premier lieu) et non deses revenusoude sonpatrimoine.

Dans un autre canton, celui deBâle-Campagne, 61,5% des élec-teursontapprouvé la suppressiondu forfait fiscal. Mais le dispositifne concernait là que 16 contribua-bles, contre 233 pour le canton deBerne.Pourl’ensembledelaConfé-dération, on comptait, fin 2010,5445 bénéficiaires du forfait (dontenviron2000Français),unchiffreenhausse de 75% sur dix ans.

Depuis 2009, quatre cantonsont aboli ce régime fiscal : Schaf-

fhouse,Zurich,Appenzell-Rhodes-Extérieures et Bâle-Ville. L’exem-ple de Zurich a pu refroidir lesindécis. En deux ans, le canton aperdu lamoitié de sesmillionnai-resétrangers:97sur201ontpréfé-ré déménager, entraînant unebaisse des recettes fiscales de12,2millions de francs suisses(10millionsd’euros).

Le cas JohnnyHallydayPourbien exposer les enjeuxde

la votation, la presse helvétique afait œuvre de pédagogie, mettantnotamment en exergue le cas del’artiste français Johnny Hallyday.SelonlequotidienLeMatin,lechan-

teur, domicilié à Gstaad, a engran-gé, en 2011, 6,3millions de francs(5,2millions d’euros) de revenus etn’a payé que 580000euros d’im-pôts. Les partis de gauche à l’origi-ne de la votation ont aussi cité, àl’instardeladéputéesocialisteMar-gretKienerNellen, le cas de«treizefamilles grecquesmultimillionnai-resquis’acquittentd’impôtsridicu-les» àGstaad.

Petite consolation pour lestenants de l’abolition, quiarguaient notamment de l’«injus-tice» faite aux nationaux suisses,les électeursbernois ont accepté, à52,9%, un léger durcissement desconditions d’attribution du for-

fait : le texte prévoit de porterà 400 000 francs (environ330000euros) le revenu imposa-ble minimum pour bénéficier dudispositif. Par ailleurs, un nou-veau mode de calcul alourdira lafactured’environ 30%.

Ledébat sur les forfaits fiscauxest loin d’être clos. L’initiativepopulaire lancée au niveau fédé-ral par La Gauche (gauche radica-le) devrait obtenir avant la datebutoir du 19octobre les 100000signatures nécessaires à l’organi-sation d’un référendum. Celui-cipourrait se tenir d’ici deux àtroisans.p

BenoîtVitkine

SéoulEnvoyé spécial

P our la première fois depuisquatre ans, les espoirs dechangementsemblentànou-

veau mobiliser l’opinion en CoréeduSud.Alorsquelemandatdupré-sident sortant, Lee Myung-bak,s’achèvedans un climat dedésillu-sion et d’amertume, l’annonce,mercredi19septembre,delacandi-datureàl’électionprésidentielledu19décembre d’un indépendant,AhnCheol-soo,aétéressentiecom-meuneboufféed’oxygène.

L’entrée en lice – inédite – d’unindépendant répond apparem-ment à une attente des Coréens: lapopularité deM.Ahn a bondi danslessondages,dépassant la candida-te conservatriceParkGeun-hye.

Agéde50ans,médecinpuispro-fesseur à la prestigieuseuniversiténationaledeSéoul, aprèsavoir fon-dé une entreprise de logiciels qui aconnu un succès foudroyant, AhnCheol-soo est soutenu par l’électo-rat jeune, les intellectuels et unepartiede l’opinion lassede l’enlise-mentdespartis traditionnels.

Se situant au centre gauche, trèscritique à l’encontre d’un systèmepolitiquequiaconduitàunebipola-risationde la sociétéentre richesetpauvres,M.Ahnpèse depuis un and’un poids politique certain: sonsoutien à ParkWon-soon, candidatindépendant venant du mouve-ment citoyen à la mairie de Séoul,enoctobre2011,permità cedernierde l’emporter.

Dans un livre à succès publié enjuillet, lenouveaucandidatàlapré-sidenceprône enoutre un retour àla coopération avec la Corée duNordaprès quatre ansd’unepoliti-que de fermeté. Pour M.Ahn, unnouveau modèle socio-économi-que tenant comptedes aspirations

de lamajorité supposeunerefonted’un système politique reposantsurunecollusionentrelegouverne-mentet lesmilieuxd’affaires.

La campagne électorale reflèteles grands courants de l’opinion.Park Geun-hye, fille du dictateurPark Chung-hee (au pouvoir de1961 à 1979), incarne la droite et lecamp conservateur; Moon Jae-in,avocat défenseur des droits del’homme, est le candidat du Partidémocrateunifié(oppositiontradi-tionnelle, divisée par ses luttesinternes);AhnCheol-sooattireunefrange de l’opinion qui souhaitequelaviepolitiquesoitplusenpha-seavec lamodernisationd’unpaysmembreduG20quicompteparmilesquinzeéconomieslesplusavan-céesdumonde.

Trouver un compromisEn arrière-plan se profile une

bataille entre les deux «âmes» delapolitiqueenCoréeduSuddepuisla libération du joug japonais en1945. D’un côté les dictatures, et enparticuliercelledeParkChung-hee,quia réprimé,emprisonné, torturéetéliminésesadversaires,maisquifut aussi à l’originedu spectaculai-re essor économique du pays. Del’autre, un centre gauche héritierde la lutte contre l’oppression quifutdix ans aupouvoir (1998-2008)etdont lagrande figureest l’ancienprésidentKimDae-jung.

Pas plus Ahn Cheol-soo queMoon Jae-in n’a de chance de l’em-porter s’ils restent en lice face àMmePark, qui a présenté, lundi24septembre, ses «excuses sincè-res» aux victimes de la répressionmenéepar sonpère. Laplupart desanalystespolitiques pensent qu’ilsdevront trouver un compromisafin que l’un des deux se présenteavec le soutiende l’autre.p

PhilippePons

L’abbéEphraïmaétéremplacédanssacelluleparl’ancienministresocialiste

deladéfenseAkisTsohatzopoulos

Lamultiplicationd’affairesembarrasselacoalitionaupouvoiràAthènesAquelques semainesd’unvotecrucial sur lepland’austérité,uneenquêteduministèredes financesgrecvised’anciensministres sur lesquelspèsentdessoupçonsdecorruption

Défaite pour les antitabac

CoréeduSud:uncandidatindépendantbouleverselacourseprésidentiellePopulaire,AhnCheol-sooprônela justicesocialeet laréformedusystèmepolitiquecoréen

A l’issue de l’une des nombreu-ses votations organisées diman-che 23septembre, les Suissesont refusé à 66%undurcisse-ment de la loi fédérale sur letabagismepassif étendant l’in-terdiction de fumer à presquetous les espaces publics fermés.La quasi-totalité des 26 cantons(à l’exception deGenève) ontvoté contre. La protection desnon-fumeurs demeure très hété-rogènedans laConfédération.

Berne

Zurich

LausanneGstaad

Genève

GENÈVE

VAUD

JURA

FRIBOURG

NEUCHÂTEL

VALAIS

BERNE

SOLEURE

BÂLE-VILLE

BÂLE-CAMPAGNE

ARGOVIE

LUCERNE

URI

TESSIN

GRISONS

SAINT-GALL

AI

OBGLARIS

SCHWYZ

ZURICHTHURGOVIE

SCHAFFHOUSE

50 km

APPENZELLRHODES-EXTÉRIEURESOB : OBWALD

AI : APPENZELLRHODES-INTÉRIEURES

Cantons ayant approuvé la suppression du forfait fiscal

Bernevacontinuerdechoyersesriches«réfugiés»fiscauxLesélecteursde lacapitale suisseont refusé,dimanche,d’abolir le systèmeduforfait fiscal

6 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 7: LE MONDE 25-09-2012

SFR

–S.A

.auca

pitalde3423265598,40€-RCSParis343059564

Carrément vous.

Le réseau

Vos réseaux

Nous savons combien vos réseaux sontimportants pour vous.Voilà pourquoi nous investissons

chaque année 1,6 milliard d’euros dans le nôtre.Mais SFR va encore plus loin.En 2012,nous lançons

notre nouvelle technologie Dual Carrier qui vous permetd’échanger, de télécharger et de communiquer deux

fois plus vite qu’avant.

LE RÔLE D’UN OPÉRATEUR, C ’EST DEVOUS EMMENER PLUS LOIN QUE PRÉVU.

www.s f r.c om

LE MEILLEUR RÉSEAU ?

CELUI QUI PERMET

D’INVENTER LES VÔTRES.

Page 8: LE MONDE 25-09-2012

planète

A deuxpasde la tourEiffel, aupetit matin, une grue duport de la Bourdonnais

décharge d’une péniche les conte-neurs destinés à alimenter lesrayons de quatre-vingtsmagasinsFranprix de la capitale. Ce specta-cle, répété chaquematin depuis le27août,annonceunepetiterévolu-tion: lanaissanceàParisdelalogis-tique fluviale, alors que la Seinen’avait encore jamais réussi à sesubstituer aux camions pourl’acheminement des biens deconsommation. L’enjeu écologi-que est énorme. Le défi économi-que aussi.

Près de 2,3millions de tonnesdeproduitstransitentdéjàchaqueannée par le fleuve – une écono-mie de 100000 camions. Mais laquasi-totalitédece trafic concernelesmatériauxetlesdéchetsdusec-teur de la construction. En fait,87%dutonnagetotalentrantdansParislefaitencoreparlaroute.Cet-te sous-utilisation des voies navi-gables n’est pas une exceptionfrançaise: très peu demétropoless’approvisionnentpar bateau.

Lesfreinsmisparlesvillesàl’en-trée des camions et l’aggravationdes embouteillages autour desagglomérations sont en train defaire évoluer cette situation. «Lemodèle que nous voulons favori-ser, c’est l’acheminement desmar-chandises au cœur de la ville par lefleuve, puis leur distribution par

des véhicules propres», expliqueBenoît Mélonio, le directeur dudéveloppement de Ports de Paris,qui souligne que « la Seine est laseule artère d’accès à Paris qui nesoit pas saturée».

Le dispositif de Franprix, enrodage jusqu’à la fin du mois deseptembre, vise à livrer par la Sei-ne,depuis leportdeBonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), 26 conte-neurs quotidiens – soit 450 palet-tes de produits alimentaires. Lescamions qui effectuent la fin duparcoursjusqu’auxsupermarchésroulent encore au gasoil. Ils pour-raient, à terme, être remplacéspardesvéhicules«verts».Troisautresopérateurs réfléchissent à uneorganisationsimilaire, selonPortsde Paris.

Le coût du carburant et la priseen compte croissante des enjeuxenvironnementaux militent enfaveur des péniches. Le transportfluvial consomme cinq foismoins de carburant et émet2,5fois moins de CO2 que la route

par tonnedemarchandiseembar-quée.Dernieravantage, le fret flu-vial permet de libérer de l’espacepublic dans les villes, où les livrai-sons par camion occupent enmoyenne20%du trafic et 30%dela voirie, selon un récent rapportdu Centre d’analyse stratégique.

Pas si simple pourtant d’aban-donner le camion pour la barge.«Cemodedetransportaétédélais-sé trop longtemps, c’est toute lafilière qui est à rénover : il fautrajeunir la flotte, revoir l’équipe-ment industriel des ports, multi-plier lescentres logistiques»,expli-que Danielle Rouganne, déléguéegénérale de l’association profes-sionnelle Entreprendre pour lefluvial.

La flotte ? Pour l’essentiel, despéniches Freycinet de 38 mètresde long et de cinquante ans d’âge,conçues pour transporter dusable ou du blé en vrac, pas pour

livrer des palettes en centre-ville.Les Néerlandais disposent debateaux équipés d’ascenseurs, degrues embarquées, de ponts rou-lants qui vident leur cargaison enunedemi-heure.«Pourdéchargerles 26 caisses de Franprix, il faudrasixheures», calculeM.Mélonio.

Les ports ? «On n’a pas tant dequaisdisponiblesquecela», recon-naît Benoît Mélonio. Surtout, lesinvestissements sont lourds :Ports de Paris a dépensé 1,5mil-lion d’euros pour accueillirFranprix à la Bourdonnais. «Nousespérons mutualiser cet équipe-ment avec d’autres opérateurs»,nuanceM.Mélonio.

Les centres logistiques ?Depuis des années, la pressionfoncièreet le rejet desnuisancesarepoussé les entrepôts à vingt outrente kilomètres de Paris. Or,dans le nouveau modèle qui sedessine, il faut recréer des centres

de stockage en ville pour faire lelien entre les péniches et les véhi-cules de livraison. Ports de Parisaménage un hôtel logistique de7000m2 dans les anciens maga-sins généraux du quai d’Auster-litz. Ailleurs, les terrains risquentdemanquer.

La solution viendra peut-êtredu modèle développé par unepetite société baptisée Vert chezvous. Depuis le mois de mai, cetransporteur a transformé unepénicheenentrepôt flottant pourlivrer ses colis dans Paris. Lebateau quitte le port de Tolbiactous les matins, les cales pleinesde 3000 colis.

A chacunedes cinqescales, unearmada de livreurs part approvi-sionner les clients du quartier–boutiques, administrations,hôtels… – au guidon de tricycles àassistance électrique capablesd’emporterchacun2m3 et jusqu’à

200kg de marchandise. Les vélosrejoignent ensuite la péniche àl’escale suivante, et ainsi de suite.

«Pour rester compétitifs, nousavons organisé les flux pour nousrapprocher de la ville : nous écono-misons les deux heures que leschauffeursdecamionperdentcha-que jour pour entrer et sortir de

Paris», explique Gilles Manuelle,le directeur de la société. Un autreacteur s’apprête à mettre enœuvreceduopéniche-vélos:àpar-tir dumois d’octobre, l’entrepriseGreenLinkétablirauneliaisonflu-viale quotidienne entre Genne-villiers (Hauts-de-Seine) et le portdesSaint-Pères,dansle6earrondis-sement, pour distribuer ensuiteses colis sur des tricycles électri-ques.SelonM.Manuelle,«lemodè-le de Vert chez vous doit rapide-ment devenir très rentable».

Larentabilité,c’estcequidécide-ra du succès ou non de la logisti-que fluviale. «On parle beaucoupde l’environnement, mais ce quiintéresse les industriels, ce sont leséconomies sur les prix », souli-gne-t-onà l’associationEntrepren-dre pour le fluvial. Des économiesqui supposentde repenser enpro-fondeur l’ensemble de la chaînelogistique. Pas sûr que les poidslourds du secteur y soient vrai-mentdisposés.p

GrégoireAllix

L esFrançaispayentleursmédi-caments génériques beau-coup plus cher que leurs voi-

sins européens. C’est le messagequ’entendait faire passer MichèleRivasi, membre de la commissionsanté et environnement du Parle-ment européen, lors d’une confé-rence de presse à Paris, lundi24septembre.

Selon la députée européenneécologiste, s’aligner sur les prixpratiqués par nos voisins et cesserde payer au prix fort de nouveauxmédicaments qui n’apportent pasde grands progrès thérapeutiquespermettrait d’économiser jusqu’à10milliardsd’eurospar an.

La consommation de médica-ments des Français tranche aveccelle des autres pays de l’ouest de

l’Europe. Aux Pays-Bas, quatreconsultations sur dix se soldentpar une ordonnance. En France,97% des consultations donnentlieu à une prescriptiondemédica-ments. En France, une boîte surquatre délivrées aux patients estun générique, soit moins de 15%des dépenses demédicaments. EnGrande-Bretagneet enAllemagne,respectivement 80% et 60% desmédicaments vendus sont desgénériques.

Lesmédicamentsconstituentleprincipal poste des dépenses bru-tes de santé en France. Les centmédicaments les plus vendusdans notre pays «accaparent lamoitié du budget médicament del’assurance-maladie», dénonceMichèle Rivasi. Deux raisons à

cela: des prix élevés et «une com-mercialisationenmasse».

La députée cite le cas du Plavix,un antiagrégant plaquettaire quiempêche la formation de caillotsdans les artères. Facture pour l’as-surance-maladie : 424millionsd’euros. La boîte est vendue37,11euros. Dans bien des cas, lemédicamentpourraitêtrerempla-cé par de l’aspirine à 2,90 euros(Kardégic). D’autre part, le généri-que (clopidogrel) coûte26,09euros.EnItalie, lePlavixcoû-te 18,35 euros et son générique16euros. En Angleterre, le généri-que est vendu2,26 euros.

«Les écarts avec les pays prati-quant une politique de prix baspour les génériques sont parfoisconsidérables.Ainsi, enFrance, leur

prix moyen est de 15 centimescontre 12 enAllemagne, 10 enEspa-gne et seulement 7 au Royaume-Uni», dénonceMme Rivasi. En 2011,l’assurance-maladie avait présen-té une étude comparative poin-tant elle aussi les disparités desprixdes génériquesavec ceuxpra-tiquéspar nos voisins.

Quant aux médicaments pré-sentant une avancée thérapeuti-que sans équivalent (ASMR 1), «lesFrançais les surpaient», selon ladéputée européenne. Leurs prixenFrancesontsupérieursde10%àceuxde l’Espagneet de 16%à ceuxde l’Italie, s’étonneMichèle Rivasi,pour qui il est indispensable deréformer lesmodalités de fixationduprixdesmédicaments.p

PaulBenkimoun

Médicaments:10milliardsd’eurosd’économiepossiblesLaFrancedevrait s’alignersur lesprixdespaysvoisins, selonladéputéeeuropéenneMichèleRivasi

OSP - CESSATIONS DE GARANTIE

LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20

JUILLET 1972 - ARTICLES 44 ET 45QBE FRANCE, sis Etoile Saint Honoré– 21 rue Balzac – 75406 PARIS cedex08 ( RCS Paris 414 108 708), succursaleQBE Insurance (Europe) Limited, S.A.de droit anglais, au capital de GBP500.000.000, dont le siège social est àPlantation Place, 30 Fenchurch Street,London, EC3M 3BD, fait savoir qu’à sademande, les garanties financières dontbénéficiait :

ARCA SARL7 RESIDENCE L’OREE DE L’ISLE

84800 L’ISLE SUR LA SORGUEdepuis le 22 Janvier 2009 pour sesactivités de : TRANSACTIONSSUR IMMEUBLES ET FONDS DECOMMERCE. Cesseront de porter effettrois jours francs après publication duprésent avis. Les créances éventuelles serapportant à ces opérations devront êtreproduites dans les trois mois de cetteinsertion à l’adresse de l’Etablissementgarant sis Etoile Saint-Honoré – 21Rue Balzac – 75406 Paris Cedex 08.Il est précisé qu’il s’agit de créanceséventuelles et que le présent avis nepréjuge en rien du paiement ou du non-paiement des sommes dues.

«Ilfautbeaucoupdetraficpourquelalogistiquefluvialesoitrentable»

Prèsde2,3millionsdetonnesdeproduitstransitentdéjàchaqueannéeparlaSeine,soituneéconomiede100000camions

Lesinvestissementssontlourds:PortsdeParisadépensé

1,5milliond’eurospouraccueillirFranprixàlaBourdonnais

DeslivraisonsenpénichepourlibérerParisdescamionsDessupermarchéset transporteursquittent la routepour le fleuve,undéfiécologiqueetéconomique

Entretien

Danièle Patier est une spécialistede la logistiqueurbaine, cher-cheuse associée au laboratoired’économiedes transports duCNRS, à Lyon.Comment expliquer le peud’utili-sation des fleuves pour livrer lesmarchandises?

Lesmunicipalités se préoccu-pent rarementde la question,alorsmêmequ’enville tout estaffairede logistique.Une cinquan-tainede cités en Francepour-raientutiliser un fleuvepour leurlogistique. Presque aucunene lefait : leurs services s’occupentde

transportpublic et scolaire, pasd’approvisionnementenbiens deconsommation.

La conséquence de ce désinté-rêt, c’est qu’on a repoussé les cen-tres logistiques de plus en plusloin des villes, ce qui oblige à fai-re rouler les camions sur de pluslongues distances et entraînedix fois plus de pollution. Ons’est interdit de développer desalternatives à la route parcequ’on n’a jamais pensé la ques-tion dans sa globalité.Qu’est-ce qui justifie le change-ment actuel?

Depuis cinq ans, quelquesmunicipalitésont commencé à se

doter de services chargés de cesquestionsdemarchandises. Et degros chargeurs sont incités à réflé-chir par la contrainte de plus enplus forte qui limite l’entrée descamionsdans les villes.

Cela a commencé à Paris avecMonoprix, qui s’est tourné en2007 vers le fret ferroviaire: sespalettes sont acheminéespar letrain jusqu’à la gare de Bercy,puis par des camions qui roulentau gaz jusqu’auxmagasins.

Aujourd’hui, on redécouvre lefleuve. Les enseignes entamentaussi cette démarchepour l’ima-gedemarque. Certaines réfléchis-sent à la créationd’un label, du

type«transportépar le fleuve».Est-ce rentable?

La logistique fluvialemultiplieles rupturesde charge, qui ont uncoût très élevé: unpréachemine-mentdesmarchandises jusqu’aubateau, puisunpostachemine-ment jusqu’aumagasin. Il fautqu’un transporteur soit capabled’organiser toute la chaînepourque cela reste compétitif. Le trans-port fluvial restepour l’essentielune affairede gros chargeur: ilfaut beaucoupde trafic pour quecela soit rentable.Les quais sont-ils adaptés?

Lesportsurbainsne sont géné-ralementpas équipés. Il faut

régler la questiondes accès, déci-der qui doit payer les investisse-ments très lourds, commentonvadécharger…Surtout, ce dévelop-pement intervient alors que lesquais de Paris ont deplus enplusunevocation touristiqueet pié-tonne. L’activité économiquedoits’accommoderde ces nouvellesfonctions.

LaVille de Paris impose auxports de grosses contraintesd’es-thétique, d’éclairage, de partagedu tempsd’usage avec le grandpublic. Il faut que tout cela soitcompatible avec l’activité destransporteurs.p

Proposrecueillis parG.A.

Quai de la Bourdonnais, dans le 7e arrondissement de Paris, le 7septembre. PATRICE NORMAND/TEMPSMACHINEPOUR «LE MONDE»

Intempéries Inondationsmeurtrières en IndeDes inondationset glissementsdeterrainprovoquéspar les pluiesdemoussondans le nord-est del’Indeont fait aumoins 26mortset huit disparus, a annoncé,dimanche23septembre, l’agenceindiennePTI. La crue duBrahma-poutre et de ses affluents a affectédes centaines demilliersde per-sonnesdans la région. – (AFP.)

AviationLeSénat dispenseles compagniesaméricainesdes quotasdeCO2de l’UELe Sénat des Etats-Unis a voté àl’unanimité, samedi 22septem-bre, un texte de loi permettantaux compagnies aériennesaméri-cainesdenepas se plier à l’obliga-tion européenne, en vigueurdepuis le 1er janvier, d’acheter desquotasd’émissionde gaz à effetde serre quand leurs avions atter-rissentoudécollentdans l’Unioneuropéenne.– (Reuters.)

8 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 9: LE MONDE 25-09-2012

90123Mardi 25 septembre 2012 france

Adobe® Photoshop® Touch inclus

• Grand écran 10.1’’• S Pen intégré

* Note, nouvelle source d’inspiration.

DAS = 0.697 W/kg. Le DAS (débit d’absorption spécifique des téléphones mobiles) quantifie le niveau d’exposition maximal de l’utilisateuraux ondes électromagnétiques, pour une utilisation à l’oreille. La réglementation française impose que le DAS ne dépasse pas 2 W/kg.© 2012 - Samsung Electronics France, 270 avenue du Président Wilson. 93458 La Plaine Saint Denis Cedex. RCS Bobigny 334 367 497. SAS au capital de 27 000 000 €.Visuel non contractuel.

C e n’est pas une surprise.Mais c’est une mauvaisenouvelle:endécidant,same-

di 22septembre, de s’opposer à laratification du traité budgétaireeuropéen, Europe Ecologie-LesVerts (EELV) fragilise lamajoritéetse fragilise lui-même. «On estdans leperdant-perdant, c’est affli-geant», s’agace un haut responsa-ble du PS, d’habitude porté à l’in-dulgencevis-à-vis des écologistes.

AlainVidalies, leministre socia-liste des relations avec le Parle-ment, le dit sans ambages: «C’estune décision regrettable. Politique-ment, ça rend les choses compli-quées». Pourquoi ? «Pour une rai-son évidente : quand on a uncontrat de législature avec un partidont une majorité des membresdécide de voter contre un textedéfendu par le gouvernement, çapose forcémentunproblèmepoliti-que », expliquait-il au Mondedimanchesoir.

A ses yeux, que ledit contratn’impose pas aux partenaires éco-logistesdevoter letraiténechangepas grand-chose à l’affaire : «Surunplannotarial, c’est vrai: la seulechose qui est demandée aux Vertsestd’êtreaurendez-vousde laloidefinanceset de la loi de financementde la Sécurité sociale. Mais sur leplan politique, la décision prise ceweek-endades conséquencessur la

cohérence de la majorité et sur laforcedont abesoin le président.»

Ducôtédugouvernement,l’aga-cementestdoncexplicitevis-à-visd’unpartenairedontlesélansfron-deurs sont d’autant moins com-prisqu’onleconsidèrecommepar-ticulièrement choyé: «Les Vertssaventcequ’ilsnousdoivententer-medereprésentationparlementai-re. Ils ont pu constater, à la confé-rence environnementale, quelleétait la profondeur de l’engage-ment de François Hollande enfaveur de la transition écologique.Ils pourraient en tenir compte»,prévientunministre socialiste.

A Matignon, dimanche soir,l’heure était plutôt à l’apaisement.«Certes, c’est un vote important,mais nous ne sommes pas dans lecaporalisme: de même que nousn’allons pas exclure les socialistesqui voteraient contre, de mêmenous nemettrons pas à la porte lesministresécologistesenraisonde laposition d’EELV», explique un pro-che collaborateur de Jean-MarcAyrault, pour qui les contorsionsrhétoriques de Cécile Duflot et dePascal Canfin essayant de concilierfidélité partisane et solidarité gou-vernementale sont jugées avecindulgence. Du côté des écologis-tes, la volonté est aussi de ne pasenvenimerleschoses.«Cen’estpasun “non” pour emmerderHollande

mais pour reconquérir une discus-sion [surl’Europe]danslescinqpro-chaines années», assure Jean-Vin-centPlacé,présidentdugroupeéco-logisteauSénat.

Depuis des semaines, les parti-sans écologistes du “non” expli-quent que le traité sur la stabilité,la coordination et la gouvernance(TSCG) ne fait pas partie de l’ac-cord électoral scellé le 15novem-bre 2011 entre le PS et EELV, pourune raison simple: le traité n’a étésignéquele2mars2012.«Lamajo-rité ne s’est pas construite là-des-sus : je n’imagine pas concrète-ment que le premierministre ou leprésident décident de rompre lamajorité sur ce sujet», a tenté dedédramatiser François de Rugy,co-patrondesdéputés écologistes.

Laballeestdanslecampdespar-lementaires EELV. Il n’est pas ditqu’ils se rangent tous derrière le«non» au traité même si ce der-nier pourrait être majoritaire. Cen’est d’ailleurs pas ce que leurdemande Pascal Durand, secrétai-

re national d’EELV. «Nous ne som-mes pas unparti stalinien: unpar-ti qui ordonne avec des parlemen-taires qui exécutent», a-t-il expli-qué samedi, en souhaitant tout demême que députés et sénateursécologistes «intègrent la positionduparti dans leur décision finale».

Pour faire bonne figure, les éco-logistes pourraient décider devoterleprojetdeloiorganiquerela-tive aupilotagedes financespubli-ques, qui transposera le traitédansle droit français et sera égalementsoumise au vote des parlementai-res. PourM.de Rugy, «le TSCG et laloiorganiquesontdeuxtextesdiffé-

rents: le premier est un héritage del’ère Sarkozy et on ne peut pasl’amender. La loi organique, prépa-rée par le gouvernement, elle, peutl’êtreetoncomptebiendéposernospropres amendements», notam-mentsurles«investissementsliésàla transition écologique» dontEELVsouhaiteraitqu’ilssoient«sor-tis du calculdudéficit structurel».

«Lesparlementairesontunelogi-que de majorité, rappelleM.Durand. Et ce qui fait vivre lamajorité,c’estlasolidaritébudgétai-re.»D’ailleurs, l’un des plus farou-ches opposants au traité, M.Placé,n’en ferapasuneaffaired’Etat: «Jeserais pour voter non par cohéren-ce.Mais jeme rallierai à lamajoritédugroupeparlementaire.»

AuPS, la disjonction des votes –nonau traité, oui à la loi organique– nourrit une certaine ironie: «Ense livrant à de telles contorsionsquin’ont aucune cohérence, maisvisent seulement à se distinguer ausein d’une majorité qu’ils n’ontaucunement l’intention de quitter,

lesécolossontdescaricaturesd’eux-mêmes», explique unministre PS.A l’ironie s’ajoute l’incompréhen-sion: «EELV, qui a toujours été unparti très européen, semet à l’écarttout d’un coup. Il y a quelque chosequejenecomprendspas»,adéclarédimanche Elisabeth Guigou, prési-dente de la commission des affai-resétrangèresdel’Assembléenatio-nale, dans l’émission «Internatio-nales» (TV5-RFI-LeMonde).

Au sein d’EELV, certains parta-gent cet avis, comme José Bové :«Çava fairebizarre, Lesdeux textessont liés et on a dumal à compren-dre la logique. Si c’est pourdire: “onestautonomesduPS”, ilacinquanteautres façonsde le dire», regrette ledéputéeuropéen,favorableautrai-té. Conclusiond’unhaut responsa-ble socialiste: «Pour l’instant onessaie les uns et les autres de ne pascasser la baraque, mais il faudraitarrêter à unmoment d’en saper lesfondations.» p

RaphaëlleBesseDesmoulièresetThomasWieder

LesécologistesfontvacillerlecontratdemajoritéLe«non»d’EELVautraitébudgétaireeuropéenagaceauseindugouvernementetdans lesrangssocialistes

DanielCohn-Benditclaquelaportesanslafermer

«Enselivrantàdetellescontorsions

(...), lesécolossontdescaricaturesd’eux-mêmes»

Unministre socialiste

POURLUI,«c’est la goutte d’eauqui fait déborder le vase». Au len-demaindu«non»d’EuropeEcolo-gie-LesVerts au traité budgétaireeuropéen,Daniel Cohn-Bendit aannoncé, dimanche23septembre,qu’ilmettait sa«participationà cemouvement entreparenthèses».

Partisanacharnédu«oui»mais se sachant enminorité, ledéputé européenn’amêmepaspris la peine de se rendre, samedi,au conseil fédéral d’EELV, qui s’estprononcéà 70% contre la ratifica-tiondu texte. «Çane sert à rien,dit-il. Je n’avais pas envie devenir.» Fin août, lors des journéesd’étéduparti à Poitiers, il avait pumesurerque ses argumentsétaient loind’être partagés. C’estdonc l’unde ses proches, YannickJadot, égalementdéputé euro-péen, qui a tenté samedi, en vain,de convaincre les cadres duparti.

«Cen’est plus Europe Ecologie-LesVerts, c’est LesVerts », a regret-téM.Cohn-Bendit, endénonçant«l’incohérence totale» à se pro-noncer contre le traité tout envotant le budget qui en sera l’éma-nation.«C’est la “dictaturede l’aus-térité”mais on va voter le budget.Qui peut comprendre ça? Les gensne s’y retrouventplus», souli-gne-t-il, avantde s’enprendre aunouveau secrétairenationald’EELV,PascalDurand,qui a finale-ment fait connaître, samedi, sonoppositionau traité. «Lepompon,c’estDurand! Il y a quelques jours,ilme dit qu’il réfléchit àdémission-ner si le “non” l’emporte, et après, ilappelle à voter “non”», assureM.Cohn-Bendit, endéplorant quele successeurdeCécileDuflot à latêteduparti soit entré dans «lesystèmede lamagouille».

Depuisplusieursmois,M.Cohn-Bendit amultiplié les cri-tiquesenvers EELV, parti à «l’ima-gedétestable» tombédansune«ornièregroupusculaire». «Ils neseposentmêmepas la questiondesavoir pourquoi lesmilitants s’envont et comment expliquernonseulement l’échec dramatiquedelaprésidentielle,mais aussi celuides législatives», souligne-t-il enrappelantque, sans l’accord avecle PS, le nombrededéputés EELVn’auraitpas été lemême.

Autre sujet de friction: leconseil fédéral a rejeté àune large

majoritéunemodificationdurèglement intérieurduparti quivisait à permettre le vote desmili-tantspar correspondanceet parInternet.Unequestiondont ledéputéeuropéenavait fait unmarqueur.«Toute idée pour ren-dre le parti plus démocratiqueaété refusée», juge-t-il. «Jem’aper-çois que la culturepolitiqueà EELVest à l’opposé de ce dont je rêvaispourune formationpolitique»,ajoute-t-il.«Tout ce qu’onpeutdiredeméchant sur les partis poli-tiques, c’est vrai. Ce sont desmons-tres», va-t-il jusqu’à dire.

PascalDurand s’attendait à unetelle réaction.«Dany sur l’Europe,c’estunattachementquasi filial,quelque chosequi dépasse la ratio-nalité», estime cet ancienproche,avantd’ajouter: «Mais onnepeutpas fonctionner surun chantageaffectif odieux.»M.Durandexpli-queque son choixest le fruit d’un«cheminement»maisnotedésor-maisune «divergence forte» avecM.Cohn-Bendit.«C’est undéchire-ment et je n’ai pas du tout enviequ’il parte!, finit-il par lâcher.EELV sansDanyn’existepas!»

«Disproportionné»Prudent,M.Cohn-Benditne cla-

quepas la porte. «J’ai unpieddehors, je vais réfléchir», expli-que-t-il. Il doit retrouver ses pro-ches endébut de semaine àBruxellespour endiscuter.«Cen’est pas une rupturedéfinitive,assureM.Jadot.Cette réflexion, onva lamener ensemble avec [lesdéputés européens] Jean-PaulBes-set et José Bové, et on va voir quel-les leçons on tire de tout ça.»

Auparti, les «méchantsVerts»,comme ironisent certainsd’entreeux, ne semblentplus se formali-ser.Ou en tout cas affectent derelativiser.«J’ai l’habitudede ça,commente Jean-VincentPlacé,présidentdugroupe écologisteduSénat.Danyadumal avec l’aspectcollectif d’unparti politique. C’estquelqu’unde très individuel.»«C’est unepage qui sera très vitetournée, veut croire FrançoisdeRugy, sonhomologueà l’Assem-blée. Je n’ai pas nonplus l’impres-sionqu’il ait décidéd’arrêter de fai-re de la politique, ni d’en faire avecd’autres. C’est disproportionné.» p

R. B.D.

Page 10: LE MONDE 25-09-2012

J’étaismieuxpréparéàgouverner quecette bandedemanchots»

Jean-LucMélenchon, coprésident du Parti de gauche, dimanche23septembre sur Canal+, à propos du gouvernementAyrault.

politique& société

P our Renaud Van Ruymbekeet Roger Le Loire, les deuxjuges chargés d’instruire le

volet financier de l’affaire deKarachi,c’estunevictoiresurtoutelaligne.Enrepoussant,le17septem-bre, les demandes d’annulation dela procédure formulées par troismis en examen, la cour d’appel deParis a conforté les magistrats,dontelleavalidélaprocéduresurlaformecommesur le fond.

La chambre de l’instructionavaitétésaisiepartroispersonnali-tés poursuivies dans ce dossier :l’homme d’affaires Ziad Takieddi-ne, l’ancien directeur du cabinetd’Edouard Balladur à Matignon(1993-1995), Nicolas Bazire, et unex-collaborateur de Nicolas Sarko-zy, Thierry Gaubert. Ils sont soup-çonnés,àtitresdivers,d’avoirparti-cipéàunsystèmeocculteayantper-misde financer la campagneprési-dentiellemalheureuse deM.Balla-dur en 1995, mais aussi le train devie de responsables politiques del’époque, et ce, grâce à plusieurscontrats d’armement signés parsongouvernement.

Danssadécision,dontLeMondea eu connaissance, la cour d’appelestimeque, contrairementàcequesoutiennent les avocats deM.Takieddine, les juges n’ont pasdébordédeleursaisineinitiale.L’ar-rêt s’attarde surtout sur le rôle deM.Bazire, accuséd’avoir contribué,fin 1994, à imposer dans lescontrats Agosta (la vente de sous-marins au Pakistan) et SawariII (lacession de frégates à l’Arabie saou-dite)deuxconsultants,ZiadTakied-

dineet AbdulRahmanEl-Assir. Cesderniers auraient reversé une par-tie de leurs commissions à la cam-pagnedeM.Balladur, dontM.Bazi-re était ledirecteur.

Selon la cour, les arguments deM.Bazire«méconnaissentlaréalitédes éléments du dossier». Elle rap-pelle qu’à l’occasion des contratsAgosta et SawariII, des fonds desti-nésauxdeuxintermédiaires«sontarrivésenFranceen1995et 1996surun compte ouvert à la VTB Bank,soit environ 80millions de francs»,et«qu’unesommede10millionsdefrancsaétécréditéesurlecomptedela Banco Arab de la VTB Bank le18avril 1995 et a été débitée ducompte de la VTB Bank le 25avril1995».

Or,dès le26avril,unpeuplusde10millions de francs en espècesétaientverséssurlecomptedecam-pagne de M.Balladur. Comme lesouligne la cour d’appel, «les expli-cations qui avaient été fournies auConseil constitutionnel [chargé devalider les comptes de campagne]

paraissaient peu crédibles». Al’inverse,lesmagistratsjugenttota-lement crédibles les déclarationsdes ex-femmesdeMM.Takieddineet Gaubert, qui ont mis en causeleurs anciens maris devant lesjuges.Cesdeuxtémoignagesconsti-tuent «des raisons rendant plausi-ble l’implicationdeM.Bazire»,notel’arrêt, qui relève que «MmeTakied-dineafournidesdocumentsaccrédi-tant largementsesdéclarations».

«Désaveu cinglant»Quant à MmeGaubert, «dont

M.Bazireaindiquéqu’ilavaitbeau-coup d’amitié pour elle», la courd’appel souligne qu’elle a «confir-mé aux juges d’instruction, sous lafoi du serment, ses précédentesdéclarations selon lesquelles sonmari et M.Takieddine effectuaientdes voyages en Suisse pour retirerde l’argent, que des espèces étaientremises à Nicolas Bazire lorsquecelui-ci était reçu avenue Poincarépuis avenue Georges-Mandel[domiciles de M.Takieddine] ou

encoreaurestaurant, et, qu’à la fin,M.Bazireavait peur».

La cour, quimentionne aussi lasaisie d’une note indiquant queM.Bazire aurait, en 1994, «donnéson accord pour la création de lasociété Heine», structure offshorepar laquelle ont transité des com-missions suspectes, conclut qu’enprocédant à lamise en examendeM.Bazire, les juges ont fait «uneanalyse appropriée de l’ensembledu dossier qui rend vraisemblablel’implication»de ce dernier.

Enfin, la cour rejette un argu-ment développé par M.Takieddi-ne sur un point crucial : selon lui,les juges ne peuvent enquêter surle financement de la campagnedeM.Balladur,sachantquesescomp-tes furent validés par le Conseilconstitutionnel. L’enquête viole-rait l’article62 de la Constitution,qui dispose que les décisions duConseil s’imposent aux pouvoirspublicsainsiqu’àtoutes lesautori-tés administrativesou juridiction-nelles. «Ce texte ne s’applique pasà l’examen par le Conseil constitu-tionnel des comptes de campagnedes candidats à l’élection présiden-tielle», tranche la courd’appel.

Si l’undesconseilsdeM.Takied-dine, Me Francis Vuillemin, aannoncéà l’AFPqu’il allait sepour-voir en cassation, l’avocat desfamilles des victimes de l’attentatdeKarachi,MeOlivierMorice, s’estfélicité de la décision, qu’il a quali-fiée de «désaveu cinglant pour lesmis en examen».p

GérardDavet etFabrice Lhomme

LaBaule (Loire-Atlantique)Envoyé spécial

T out cela nous dépasse, fei-gnons d’en être les organisa-teurs.» Tel est le résumé de

l’attitude des dirigeants du Frontnational aux universités d’été duparti à La Baule (Loire-Atlantique),samedi22 et dimanche 23septem-bre, après lesdéclarationschocsdeMarineLePendansLeMonde (daté22septembre), où la présidente duFN prônait l’interdiction du voileet de la kippadans la rue.

La cascade de réactions politi-ques et médiatiques a, au final,ravi le FN, peu audible depuis larentrée. Seule contre tous ?MmeLePen,quiadoreêtreaucentredu jeu, veut retourner cehandicapapparent en avantage, en réacti-vant la posture de la «candidateantisystème» et le clivage FNcontre «UMPS». «On existe parcequ’onauneparoledifférente,parceque l’on fait de la politique. Nousallonssusciterlesdébatsetypartici-per», nous déclarait-elle d’ailleursavantque la polémiquenenaisse.

«C’est tout bénef pour nous!»,se réjouit un proche deMmeLePen.«Sur cette question, on est majori-taire. Nous sommes toujours dansl’arc républicain.D’ailleurs, la réac-tion de François Hollande a étémesurée», veut croire cedirigeant.

Il n’empêche. La sortie deMari-ne LePen place sans l’ombre d’undoute le FN à l’extrême droite del’échiquier politique, et est sansdoute lepremier accrocà la straté-gieditede«dédiabolisation»vou-lue par elle. Un positionnementque les déclarations radicales deJean-Marie Le Pen, samedi, à pro-pos de l’immigration ont encorerenforcé, comme lorsqu’il a décla-ré – entre autres – que « les immi-grants sont souventde race,de reli-gion, de mœurs très différentes decelles des Français de souche».

Le Front national se trouvedans une position difficile à tenir.L’UMP, à la faveur de son congrèsde novembre et de l’élection deson nouveau président, radicaliseson discours. Pour exister, le FNdoit donc jouer la surenchère. Au

risquedesemarginaliseretdefrei-ner les ralliements potentiels,comme celui du souverainisteNicolasDupont-Aignan,présidentde Debout la République, qui adéclarésurTwitterque«l’interdic-tion du voile et de la kippa dans larue n’a aucun sens. La laïcité,mêmedans l’esprit le plus strict, nepeut aller aussi loin!»

Cefaisant, l’anciennecandidateà la présidentielle a pris soin deviser spécifiquement l’islam etl’immigration:«Il yades religionsqui posent plus de problèmes qued’autres», a-t-elle ainsi déclaréavant de proposer d’interdire aus-si dans la rue… les djellabas. Parailleurs,elle a cherchéà rassurer lacommunauté juive, vers laquelleelle a multiplié les signes depuisdeux ans. «J’ai une vision raide, jele reconnais, mais je tiens comptedesréalités (…).Cen’estpas lakippaqui pose problème», a-t-elle préci-sé devant quelques journalistes.Et d’ajouter : «Les jeunes juifs quiportent la kippa la portent demoins enmoins, car ils se font cas-tagner par les musulmans qui

règlent le conflit israélo-palesti-nien en France.»

MmeLePenaréitérésonmessagelors de son discours de clôture,dimancheaprès-midi.«L’équilibrede la loi de 1905 est rompu. Il faut yrépondrepar la fermetéet le rappelintransigeant de nos principes»,

s’est-elle justifiée. «Que n’aurait-on pas dit si j’avais limité[l’interdictiondans la rue]à la reli-gionmusulmane?Onm’auraitbrû-lée sur le bûcher médiatique pourislamophobie», a-t-elle tonné.

Maisen interne,quelquesdentsontgrincé. «La kippa, c’étaitmala-droit», reconnaît un cadre régio-nal. «Elle n’aurait pas dû dire ça…Et les croix, on n’aura plus le droit

de les mettre ? », s’inquiète unautre.BrunoGollnisch,anciencan-didat malheureux à la successionde Jean-Marie Le Pen, dont les sou-tiens sont pour beaucoup descatholiques «ultras», a, lui, décla-ré: «La laïcité ne doit pas dégéné-rer en laïcisme.»

D’autresontmêmeboudélapre-mière journée des universitésd’été. Tels Paul-Marie Coûteaux etKarim Ouchikh, tous deux nonencartésauFNmaisquiaurontdesresponsabilités dans le «Rassem-blementbleuMarine», lanouvellestructure lancée par Marine LePen. «La laïcité peut être aussi unpiège (…). Ilnefautpasniernossour-ces chrétiennes», a ainsi lancéM.Coûteaux dimanchematin à latribune. Il ajoute: «Certes, Marine[LePen]afortbienfaitdemettreleschoses au point pour l’espacepublic (…), mais je suis vraimentpour la préférence chrétienne etj’ajouterais (…) la tradition juive.Mais je ne mettrais pas sur unmême pied d’égalité la traditionmusulmane.» p

AbelMestre

Centre

FrançoisBayroufaituneouvertureendirectiondeJean-LouisBorlooFrançoisBayroua esquissé, dimanche 23septembre, la possibilité d’unrapprochementavec Jean-LouisBorloo, qui s’apprête à devenir le prési-dentde l’Uniondesdémocrates et indépendants (UDI).«J’ai toujoursété unmilitant de l’unitédu centre. Alors je dis à Jean-Louis Borloo: “Sic’est vraiment l’unité qui est le but à atteindre, faisons-la ensemble”», adéclaré le présidentduMoDem, invité du«GrandRendez-vousEuro-pe1 - iTélé-Le Parisien». Le sénateur JeanArthuis, présidentde l’Alliancecentriste, a considéré cette offre comme «unebonnenouvelle». «C’estunvrai geste», a convenuLaurentHénart, futur secrétairegénéral del’UDI, tout en assurant que «le centre indépendanta vocationà s’allier àla droite républicaine et pasau cartel des gauches». «Si l’UDI n’apourseul intérêt que de combattre le gouvernement et le président, je ne croispas que FrançoisBayrouaccepterade les rejoindre», amis en garde Jean-LucBennahmias, vice-présidentduMoDem.p – (AFP.)

U nevéritableovation.Ledis-cours de Manuel Valls à lagrandesynagoguedelaVic-

toire, àParis, dimanche23septem-bre,lorsdesvœuxadressésauxres-ponsables communautaires pourle Nouvel An juif a confirmé, auxyeux de nombre d’entre eux, le«sans-fautes»effectuédepuisqua-tre mois par le ministre de l’inté-rieur, selon les termes du grandrabbin de Paris, Michel Gugen-heim. Après des années de défian-ceentrelagaucheetlacommunau-té juive, la tonalité semble avoirchangé. « La confiance débute.Espérons qu’elle soit pérenne», alancé le grand rabbin de France,GillesBernheim.

Pour ce faire, M.Valls n’a omisaucundossier.Enréactionauxpro-posdeMarineLePen,quiasuggéréd’interdire le port du voile islami-que et de la kippa dans l’espacepublic, leministreatenuàrassurerdesfidèlespartagésentreincréduli-té, inquiétude et mépris pour despropos jugés «antirépublicains».«Chaque religion a ses rites et sestraditions; la liberté de croyance,c’est la liberté de porter la kippa, demangercasher,deréaliserlacircon-cision», a assuré leministre chargédescultes,sansfaireallusionauvoi-le islamique. «Jememéfie de ceuxqui,commeMarineLePen, sedisentavocats de la laïcité et sont en faitdes incendiairesdudébatpublic. Lalaïcité n’est pas faite pour jeter lesuns contre les autres. Les juifs deFrance peuvent porter avec fiertéleur kippa, a-t-il insisté.C’est la res-ponsabilitédes politiquesdenepasrépondreà cesprovocations.»

M.Bernheimaaussidénoncélestentativesdu«Frontnationalpourdiviser les religions». Elles «perver-tissent les idées nobles de laïcité etd’égalité», a-t-il affirmé, regrettantque les attaquesde ladirigeantede

«ce parti xénophobe» contre «l’is-lametlejudaïsme»visentà«rédui-re la laïcitéauchristianisme».«Desjuifs circoncis, mangeant casher etportant kippa ont contribué à lamodernité de ce pays, a martelé leprésident duConsistoire, JoëlMer-gui.Toutceciestcompatibleavec lacitoyenneté et la République. »Dans l’assistance, beaucoup sesont aussi inquiétés d’être «unenouvelle fois les victimes collatéra-les»dequestions liées à l’islam.

«Forces obscures»En présence du rabbin Samuel

Sandler,pèreetgrand-pèredesvic-times toulousaines de MohamedMerah,M.Vallsaaussiévoquéuneannée«marquéedusceaude l’hor-reur pour les juifs et la France». Il arappelé la réunionprochained’uncomité interministériel consacréau racisme et à l’antisémitisme.«Un nouvel antisémitisme qui secache derrière un antisionisme defaçade a pris racine dans notrepays,aussibienà l’extrêmegauchequ’à l’extrêmedroite. Il ne faut pasnier ce problème », a ajoutéM.Valls, reprenant une analysedéveloppée dans la communautéjuivedepuis plusieurs années.

Dans ce contexte, il a souligné«lasagessedesreprésentantsdel’is-lam» lors des tensions liées à lapublication de dessins sur Maho-met par Charlie Hebdo. Comme leministre, M.Bernheim s’est félici-téquelesmusulmansaientsu«nepasoffrirdepriseauxcaricatures».

Enfin, devant l’ambassadeurd’Israël enFrance,M.Valls a rappe-lé que « la France est attachée àl’existenced’Israël, à sasécurité»etappelé à « la vigilance» face «auxforces obscures qui semobilisent»,allusion auxmenaces de l’Iran surl’Etathébreu. p

Stéphanie Le Bars

ManuelVallsdéfend«lalibertédeporterlakippa»Ildénonceunnouvelantisémitisme«aussibienà l’extrêmegauchequ’à l’extrêmedroite»

Confortés par la cour d’appel,les jugesVanRuymbeke et LeLoire sont sous lamenace d’unnouvel obstacle. Ils pourraientse trouver dans l’impossibilitéjuridiquede recueillir les explica-tions de protagonistes impor-tants commeEdouardBalladuret François Léotard, respective-ment premierministre etminis-tre de la défense aumoment desfaits – et donc contraints de se

dessaisir. A ce titre, leur caspourrait relever de la cour de jus-tice de la République (CJR), seu-le habilitée à interroger, voire àjuger, des faits impliquant d’an-ciensministres. La commissiondes requêtes de laCJR, saisie le3septembre parM.Takieddine,pour qui les juges ont déjà dépas-sé le cadre de leur saisine, devratrancher prochainement cepoint très sensible.

Acejeu-là, leFNrisquedefreinerles

ralliementspotentiels,commeceluidu

souverainisteNicolasDupont-Aignan

MarineLePenjouelasurenchèreLesproposde laprésidenteduFNsur levoileet lakippa fontgrincerdesdentsauseindesonparti

Le spectre de la Cour de justice de la République

Karachi: lapistepolitico-financièreestjugéesérieuseLacourd’appeldeParisavalidé la totalitéde l’instructionsur levolet financierde l’attentat

«Il y a des religions qui posent plus de problèmes que d’autres», a déclaréMme LePenauxuniversités d’été du FN à La Baule (Loire-Atlantique). JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR «LE MONDE»

ReligionPas demanifestation demusulmans en FranceMalgrédes appels àmanifester relayés sur les réseaux sociauxetparSMS, aucunemanifestationdeprotestationcontre lapublicationde cari-caturesdansCharlieHebdon’a eu lieu, samedi 22septembre.Un impor-tantdispositif policier avait été déployédansplusieurs grandes villes. AToulon,un jeunehommede 18 ans, interpellé,mercredi 19 septembre,après avoir déclaré vouloir s’enprendre aux responsablesde l’hebdoma-daire satirique, a étémis enexamendimancheet incarcéré. A LaRochel-le, un autre homme, soupçonnéd’avoir appelé, surun site djihadiste, àdécapiter le directeurdeCharlie, a été remis en liberté. – (AFP.)

Faits diversUne femme tuée par balles dans sa voitureUne femmede66ans a été tuée de treize balles dans sa voiture, diman-che 23septembreenmilieude journée, enpleine rue à Saint-Quentin(Aisne) par deux individusqui ont pris la fuite. – (AFP.)

Banlieue L’Etat approuve la création d’un fonds qatariArnaudMontebourg,ministre duredressementproductif, auraitapprouvé, selon Libérationdu lundi 24septembre, la créationd’un fondsqatarid’aumoins 100millionsd’eurospour les zonespaupérisées.

10 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 11: LE MONDE 25-09-2012

société

(Publicité)

StrasbourgEnvoyée spéciale

V enir dans une universitédéserte, un week-end, pourparler de la mort, cela son-

naitunpeucommeundéfi.Plusde150 personnes se sont pourtantpressées au premier débat publicsur la «fin de vie» organisé par lamissionderéflexionduprofesseurDidier Sicard, samedi 22septem-bre, à Strasbourg. Une preuve que,septansaprès la loi Leonetti sur lesdroits des malades en fin de vie,bien des interrogations demeu-rent.

Evidemment, cette réunion«expérimentale», première d’une

série de huit, n’a pu éviter deuxécueils attendus: l’affrontemententre ceuxquimilitentpour le sui-cideassistéoupour l’euthanasieetceux qui y sont farouchementopposés; et la présence en grandnombre de professionnels et d’ex-perts, au détriment des «citoyenslambda» invités au premier chef às’exprimer.

Pourautant, ledébatest si sensi-ble, il concerne tant de personnes,qu’il a trouvé son chemin, malgréles carapaces idéologiques, lespesanteurs professionnelles, lesconvictions irréductibles. Ellesétaient plus patentes dans les ate-liers au public fourni, comme si lenombre obligeait à défendre uneposturepublique, quedans les ate-liersmoinsfréquentés,oùlesrécitset les échanges pouvaient prendreuncaractère intimiste.

«Mon travail, c’est de diminuerla douleur physique, explique, lematin, dansun atelier, une femme

médecin dans une unité de soinspalliatifs. Poser un acte de mortaprèsavoirmistoutecetteénergieàsoulager, à sauver la vie commemédecin, me paraît incompatible.Qu’est-ce que ça va donner commeconfusion dans l’esprit des mala-des?» Lapraticiennepousse loin leraisonnement, jugeant que le liende confiance pourrait être rompuentre patient et médecin: le mala-de en viendrait, selon elle, à sedemandersi legestemédicalqu’onlui administren’estpas létal…

Le même médecin racontera,l’après-midi, lors du débat général,la fin d’une femme tétraplégique,atteinte de la maladie de Charcot.Celle-ci ne pouvait communiquerqu’avec sonbrasgauchegrâceàunordinateuradaptéetavaitmanifes-tésavolontédemourir.«Noussom-mes allés chez elle, avec ses fils,après avoir réuni un petit comitéd’éthique. Nous nous sommes ditau revoir, avec quelque chose, sij’osedire,de festif.»Puis lemédecinaposéunproduitsédatifetdébran-ché le respirateur. «Ce geste a étépour nous d’une violence inouïe,témoigne-t-elle,avantde résumer:J’arrête un respirateur, je suis dansmon droit, j’injecterais un produit,je serais condamnée.»

Face à ce désarroi, deux réac-tions opposées. Unmonsieur pro-teste: «Arrêter un respirateur dansle cas d’une maladie de Charcot,c’est quandmêmeungestemajeur.On sait que la vie va s’arrêter trèsvite.»Une citoyenneordinaire, quise présente comme telle, y voit aucontraire «un acte merveilleux. Detoute manière, la mort est là. Vou-loir maintenir les gens dans le cou-loir de la mort est d’une violencesansnom».

Elle est très applaudie. Elle lesera aussi après cette vigoureusesortie:«Mavieàmoinedépendpasdegroupesdepressionnid’associa-tions quelles qu’elles soient. Il fau-drait quand même que ce droit demoi-mêmesurmoi-mêmeexiste!»

Leséchangessontparfoisacides.Un représentant de l’Association

pour le droit de mourir dans ladignité (ADMD) ironise, dans l’ate-liersurlagrandesouffrancepsychi-que, après plusieurs interventionsde médecins qui ont fait état deleur trouble,voirede leurangoisse,à l’idéed’aider àmourir: «Onparlede la grande souffrance psychiquedesmédecins?»

«Je ne sais pas du tout commentcela fonctionne en Suisse, avanceprudemment une participante, nimédecinnimembred’uneassocia-

tion, mais pourquoi n’y aurait-ilpas une structure pour que les gensqui en ont vraiment assez puissents’en aller ?» Une infirmière jugepour sa part que les demandesd’euthanasie – le mot n’est jamaisprononcé–signifientque lesmala-des veulent voir cesser leur situa-tion«plutôtquevouloirmourirvéri-tablement». Comme à l’appui decette thèse, une femme raconteque son père a connu une gravedépression lorsqu’il est devenu

veuf, à 85 ans. «Il en amaintenant87et il est enpleine forme. Jemedis,heureusementqu’iln’étaitpasdansunhôpital où on lui aurait proposéun geste définitif !» Mais l’avait-ilseulementdemandé?

Encore faut-il le pouvoir. Unejeune femmeaffirmeque, dansunétat de grande souffrance psychi-que, «on ne peut pas prétendrequ’une personne est libre». «Tousles hommes sont libres !», s’excla-me le représentantde l’associationsuisseDignitas, avant de reconnaî-tre qu’il est légitime de se deman-der si l’esprit ne connaît pas unealiénation: «Jusqu’où est-on maî-trede saproprepensée?»

L’est-ondesonproprecorps?Ilasesmystères,assureunmédecinderéanimation qui a vu «des chosesincroyables», comme cette patien-te avec un rein artificiel, un pou-mon blanc, le foie atteint, et des«doses phénoménales de médica-ments pour survivre», aller brus-quement mieux. «Je ne peux pasrespecterplusunêtrehumainqu’en

n’interférantpas.Peut-êtrequejeneveuxpaspasserà l’acte, çanem’ap-partientpas.»

Avec son pull-over rouge, savoix douce, ce professeur d’alle-mand estime au contraire que samèrenepouvaitrespecterdavanta-ge son père qu’en répondant«non» à la demande de l’équipemédicale : «Faut-il le réalimen-ter?»Victimeà88ansd’untrèsgra-ve accident vasculaire cérébral, ilétait paralysé. « Il avait dit, écrit,répété, qu’il ne voulait vivre quedebout»,racontesafille.«Lemessa-ge de votre père a fait loi. Mais cemessageest-il restévalide jusqu’à lafin?», demande un sceptique. «Sivotrequestionest“Ya-t-iluneidenti-té parfaite entre ce moment et cequ’il a dit toute sa vie?” Oui. Maisl’énigme restera sur son état deconscienceàcemoment-là.»

Jusque-là, nul ne s’étonne derecueillir plus de questions et decontradictions que de réponses etdecertitudes.p

BéatriceGurrey

La loi LeonettiVotéeen2005,laloi Leonetti permetunaccompa-gnementdupatient ensituationincurable.Elleproscrit l’acharnement théra-peutique, autorise l’arrêtdes trai-tementsquand lepatient ledeman-deetpermet le soulagementde ladouleurpardessédatifs, au risqued’entraîner lamortet instaure lapossibilitéde rédigerdesdirecti-vesanticipées.

Laproposition 21Danssonpro-gramme,M.Hollandeprécisait :«Je proposerai que toute person-ne majeure en phase avancée outerminale d’une maladie incurable,provoquant une souffrance physi-que ou psychique insupportable,et qui ne peut être apaisée, puissedemander, dans des conditionsprécises et strictes, à bénéficierd’une assistance médicalisée pourterminer sa vie dans la dignité.»

Ledébatsurlafindevie,entrepostureetémotionExpertsetcitoyensontpudialoguer,samedi,àStrasbourg, lorsde lapremièreréunionorganiséepar lamissionSicard

LamissiondeDidierSicard«àlarencontredescitoyens»

«Poserunactedemortaprèsavoirmistoutesonénergieàsauverlavie,me

paraît incompatible»Unemédecin

Le cadre législatif

LEDERNIERdimanched’août, l’Ely-séeaconviéunevingtainedeper-sonnesàuneprojectionprivéedufilmdeStéphaneBrizé, sorti ensal-lesmercredi 19septembre,Quel-quesheuresdeprintemps, danslequelune femme(HélèneVin-cent), atteinted’une tumeuraucer-veau, se rendenSuissepourunsui-cideassisté–«Aumoins, ça faitquelquechoseque jedécide», dit-elle avantdepasser à l’acte.Auseinde cepublic choisi,DidierSicard,présidentde lamissionderéflexionsur la findeviequidoitrendresonrapportauprésidentdelaRépublique le 22décembre,nepouvaitvoirmeilleur signede l’im-portancequeFrançoisHollandeaccordeàce sujet.

Après laprojection, le chefdel’Etat lui aposé toutes sortesdequestions,parmi lesquelles laplusclassique:«Mais ça sepassevrai-ment commecela?»Le réalisateurapurépondreoui sanshésiter. Ils’estdirectement inspiréd’undocumentaire,LeChoixde Jean,deStéphanieMalphettes,qui a suivijusqu’aubout le suicideassistéd’unhomme.«C’estunprésidentqui entend lademandede la socié-té,estimeStéphaneBrizé,mais il yaaussi le questionnement intimedequelqu’unquia vusamère souf-frir etmourir.»

L’attentionmarquéede l’Elyséen’estpas inutilepour lamission,qui se sait très attendue.M.Sicardétait àpeine installéqu’il recevaitune lettre incendiairedusénateurhonoraireHenriCaillavet:«Jenepeuxpasoublier quevousêtespro-testantet quevousavezeubeau-

coupdedifficultéspouraccepter,dans le rapportde la commissiond’éthique, le fait que l’intransgressa-blepeutêtre transgressé», écritceluiqui aprésidé l’Associationpour ledroit demourirdans ladignité.Vousaurez,poursuit-il,«ledevoird’entendre» ceuxquisont favorablesà l’euthanasie…

«Rien à voir avec la religion»L’ex-présidentduComité

consultatifd’éthiqueapeugoûtéla leçon :«Mamissionn’a rienàvoiravec la religionou l’athéismeniavecunequelconque idéologiespirituelleoumatérialiste. Je vais àla rencontredes citoyenset suisprêtà entendre tous les avis, saufvenantde l’intolérance.»DeretourdeStrasbourg,oùavait eu lieu,samedi, le premierdeshuitdébatspublicsavantMontpellier, Lille,Clermont-Ferrand,Nantes, Toulou-se, LeHavreetParis,M.Sicard sedisaitnéanmoins«plutôt rassu-ré»: «Les citoyens remettentencause lespostures, qu’elles soientinstitutionnellesoumédicales. Ilsles considèrentcommeuneentraveà leur liberté.»

La juristeValérieDepadt-Sebagmisesur l’informationet sur le faitque le sujet«concernepotentielle-ment tout lemonde».Mais lesmembresde lamissionsontd’ac-cordpourdéplorer, commelepro-fesseurd’immunologie Jean-ClaudeAmeisen,que la loi Leonet-ti sur la findevie soit simalconnueet sipeuappliquée.AStras-bourg, ladémonstrationétaitimplacable. p

B.G.

110123Mardi 25 septembre 2012

Page 12: LE MONDE 25-09-2012

société

Alain BERNARDChampion Olympique

PLONGEZ !

(1) Offre réservée aux particuliers jusqu’au 31/10/12. Le coût TTC client de l’entretien 3 ans/75 000 km est de 880 €. Service proposé par Icare Assurance. Selon conditions générales n° 21012001, conditions détaillées sur honda.fr/civic.Icare Assurance, entreprise régie par le code des assurances, S.A. au capital de 1 276 416 € - RCS Nanterre B 327 061 339. (2) Après apport selon modèle, pour un crédit accessoire à une vente de 10 000 € avec une 1ère échéance à 60jours, vous remboursez 24 mensualités de 430,23 € hors assurance facultative. Le montant total dû est de 10 325,52 € incluant les intérêts de report et 300 € de frais de dossier**. Taux Annuel Effectif Global(TAEG) fixe de 2,90%. Taux débiteur fixe de 0,221%. Durée totale de votre crédit de 25 mois. Le coût mensuel de l’assurance facultative est de 17 € et s’ajoute aux mensualités ci dessus. **Frais de dossier de 3% du montant emprunté.Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez votre capacité de remboursement avant de vous engager. Offre réservée aux particuliers valable du 15/09/12 au 31/10/12. Vous disposez d’un

droit de rétractation. Sous réserve d’acceptation du dossier de crédit par Honda Finance, département et marque commerciale de CA Consumer Finance, SA au capital de 346 546 434 € - 128/130 boulevard Raspail -75006 Paris, 542 097 522 RCS Paris. Société de courtage d’assurance inscrite à l’ORIAS (organisme pour le registre des intermédiaires d’assurance) sous le n°07008079 (consultable sur www.orias.fr). Cette publicitéest diffusée par votre distributeur agréé Honda qui est intermédiaire de crédit non exclusif de CA Consumer Finance et apporte son concours à la réalisation d’opérationsde crédit à la consommation sans agir en qualité de Prêteur. (3) Tarif au 16/07/12. Prix de la Civic 1.4 i-VTEC S incluant 1 500 € d’aide à la reprise standard et 1 200 €d’aide à la reprise réservée aux véhicules de plus de 8 ans (aides conditionnées à l’acceptation de la reprise du véhicule). Offre réservée aux particuliers chez lesconcessionnaires participants et dans la limite des stocks disponibles pour toute immatriculation d’une Civic 1.4 i-VTEC S avant le 31/10/12. Prix catalogue du modèleprésenté Civic 2.2 i-DTEC Pack Design : 25 000 €. Consommation mixte : 4,4 l/100 km. Émissions de CO2 : 115 g/km. *Donnez vie à vos rêves.www.honda.fr

ENTRETIEN OFFERT

3 ANS(1)

CRÉDIT AUTO

2,9% SUR24 MOIS

(2)

TAEG F I XE

SOUS CONDITIONS DE REPRISENOUVELLE CIVIC À PARTIR DE15900€ (3)

I l se faisaitpasserpourunagentsecret investi d’une missionspéciale. Thierry Tilly, 48 ans,

n’a jamais été James Bond, maisplus probablement un escroc, pro-tagoniste «d’une affaire hors nor-me par sa durée dans le temps etparlecôtéatypiquedelamanipula-tion mise en place», souligne lemagistratqui a instruit le dossier.

Ilestsoupçonnéd’avoirensorce-lé onze personnes d’une mêmefamille et de les avoir dépouilléesdeleursbienspourunpréjudicedeprès de 5millions d’euros entrel’automne 2001 et l’automne2009. Ce «Léonard de Vinci de lamanipulationmentale», commelesurnomme l’avocat bordelaisMeDaniel Picotin, qui représenteplusieurs victimes, comparaît àpartir de lundi 24 septembredevant le tribunal correctionneldeBordeaux.

Confronté à ses juges jusqu’au5octobre, Thierry Tilly répond«d’arrestation, d’enlèvement, deséquestrationoudétentionarbitrai-re d’otage pour faciliter un crime»,de «violence sur une personne vul-nérable» et «d’abus frauduleux del’ignorance ou de la faiblesse d’unepersonne vulnérable». Sur le bancdes prévenus comparaît égale-ment Jacques Gonzalez, 65ans,soupçonnéde complicité.

Visage lissedegrandadolescentsur lequel le temps semble ne pasavoirdeprise,ThierryTillyadébar-qué dans l’intimité de la familleVédrinesà l’aubedesannées2000.Attentif, serviable, disponible, fai-

sant valoir «des entrées partout etde solides connaissances juridi-ques», il n’a pas tardé à gagner laconfiance de Ghislaine de Védri-nes, 66ans, qui dirigeait une écoleprivéeprofessionnelleàParis.

En toutebonnefoi, cette femmepourvue«d’une énergie à déplacerlesmontagnes», comme l’a décritesonmari, JeanMarchand,aadoubéThierry Tilly au sein de la famille.Fragilisée par la perte de son pèrepuis de sa sœur, elle était à cemoment-là laproie idéale.Devenul’assistant de Ghislaine qui l’avaitrecruté dans son école, ThierryTilly n’avait qu’un but: approchersamèreGuillemette, sabelle-sœurChristineet son frèreCharles-Hen-ri dont il convoitait les fortunes etlespropriétés.

Seul Jean Marchand n’a pas étéabusé;dès2002ilaalertélajustice,quiadiligentéunepremièreenquê-tepréliminaire.D’autresinvestiga-tions ont suivi de 2003 à 2005 quisuspectaient l’existence d’une sec-te et des détournements de fonds,sansqu’aucunélémentprobantnepuisse toutefois établir lamoindretraced’infractionpénaleetpermet-tredespoursuites.

Les Védrines, une lignée devieille noblesse protestante origi-naire du Lot-et-Garonne, possé-daient le châteaudeMartel àMon-flanquin, une bastide de près de3000 habitants située entre Agenet Bergerac, et, sur la même com-muneau lieu-dit Talade, une gran-de demeure datant du XVIesiècle.C’est là, au château, puis dans la

bâtisse de Talade, qu’entre2001 et2008 Thierry Tilly a soumis lafamilleVédrinesà la réclusion, soittrois générations – la grand-mère(morte en 2010 à 97 ans), ses troisfils et filleset sesdeuxbrusâgésde54 à 66 ans, et ses cinq petits-enfants âgés de 27 à 35ans –, avantun déménagement à Oxford enAngleterre d’où ils seront « libé-rés» ennovembre2009.

Durantcelapsdetemps,ThierryTilly a réussi à couper les Védrinesdurestedumonde.Manipulantunàunlesmembresdelafamille,s’ap-puyant sur les faiblesses des unsafin de mieux les opposer auxautres, cet homme «pervers»,doué, selon les expertspsychiatresqui l’ont examinéà lamaisond’ar-rêtdeGradignan(Gironde),«d’uneintelligence supérieure», a cloîtréses victimesdansuneprisonmen-tale. Geôlier en chef, il leur dictaitsesloisimplacablescenséeslespro-téger d’ennemis imaginaires :francs-maçons, Roses-Croix, colla-bosouencorepédophiles.

Sous emprise psychique, lesVédrines se sont laissé dépouillerde leurs biens par leur gourou qui

assurait servir une cause humani-taire via une fondation québécoi-se, la Blue Light Foundation. Leurscomptes en banque ont été vidés,leurs titres et leurs propriétés ven-dus avec leur approbation. Procé-dant méthodiquement et sanscoup férir, Thierry Tilly a ruiné lesVédrines, les réduisant au dénue-ment leplus total.

Si par malheur l’un d’eux résis-tait, le gourou recourait à desméthodes musclées. Christine deVédrines, 62 ans, belle-sœur deGhislaine, recluse jusqu’à ce qu’el-leparvienneàs’extrairedugroupeenmars2009etdéposeplainte, ena subi les conséquences, jusqu’ausupplice. Pendant plusieurs mois,de novembre2006 au printemps2007,elle aété enferméeà clédansune pièce de l’appartement d’Ox-ford.

En janvier2008, durant unesemaine,elleaétéséquestrée,fenê-tresbouclées, rideauxtirés. Leplussouventassisesuruntabouretfaceau mur, elle n’avait pas droit deregarder ses proches qui devaientl’empêcher de dormir et de se ren-dre aux toilettes. Privée de nourri-ture, elle ne pouvait que boire del’eauetaété frappéeviolemmentàdeux reprises par Thierry Tilly. Leprétexte? Un prétendu secret lié àunhéritagequi aurait étédissimu-lé au restede la famille.

Thierry Tilly a été arrêté le23octobre2009àZurich.Ilencourtdixansdeprisonetuneamendede750000euros. p

YvesBordenave

T rois fusillades en deuxjours : la première samedi22septembre vers 23h40 à

Paris,dans lequartierdeBelleville,a fait deux blessés par balles ; ladeuxième, le lendemain à unedizaine de kilomètres de là, peuaprès 22heures à Bobigny (Seine-Saint-Denis), cité de l’Abreuvoir, aatteint cinq jeunes hommesâgésde18à 26ans; la troisièmeàTrem-blay (Seine-Saint-Denis), rue Yves-Farges, dimanche à 23h10, auraitpu coûter la vie à un jeune de19ansprispourcibleparplusieursindividus circulant en voiture.

Si ces trois affaires criminellesn’ont rien à voir entre elles, lesmodesopératoires se ressemblentet les mobiles sont très probable-mentidentiques.Selonlespremiè-res investigations, il s’agirait, àParis commeà Bobigny et à Trem-blay, de règlements de comptessur fondde trafic de stupéfiants etde guerre de territoire. Dans lestrois cas, l’intention de tuer étaitmanifeste, relèvent les policiers.

Samedi soir, à la hauteur du 6,rue Louis-Bonnet, à deux pas de lastation demétro Belleville, dans le11earrondissement, deux hommescasqués ont fait irruption sur unscooter. Armé d’un pistolet auto-matique ou d’une kalachnikov, lepassager a ouvert le feu, sous lesyeuxd’unedizainede témoins. Lestirs, «nourris et rapides», selon lestémoignages recueillispar lespoli-ciers, auraient pu provoquer une

hécatombedanscequartiertrèsfré-quenté le samedi soir. L’un desdeux hommes a été touché auxjambeset aubassin, le second, tou-ché d’une balle dans la jambe, aréussiàprendrelafuiteenemprun-tantlescouloirsdumétro.Lesdeuxhommes, âgés de 25 ans et 28 ans,sont connus dans le quartier pourleurs activités délictueuses. Ils ontétécondamnésàplusieursreprisesàdespeinesdeprison.

Bandes rivalesA Bobigny, deux bandes rivales

issues de deux cités s’affrontentdepuis plusieurs mois. Dimanchesoir, les tireurs se sont servis d’ar-mes automatiques et de fusil dechasse. Selon des témoignages, ilsseraient repartis sur des motos,une fois leur forfait commis.

Làaussi, lesvictimesontdéjàeumaille à partir avec la police et lajustice. Pour certains à de nom-breuses reprises. L’un des jeunes,âgé de 19 ans, a déjà été interpellé49 fois par les policiers entre2006et 2012 pour des violences et destrafics.Unautre, 19anségalement,l’a été à 45 reprises au cours de lamême période et pour des motifssimilaires.

Des enquêtes de flagrance pourtentatives d’homicides ont étéouvertes aux parquets de Paris etde Bobigny. La brigade criminelleet la police judiciaire de Seine-Saint-Denisont été saisies. p

Y.B.

Troisfusilladesàl’armeautomatiqueàParisetenSeine-Saint-DenisCesrèglementsdecomptesontfaithuitblessésetpourraientêtre liésautraficdestupéfiants

Lescomptesenbanquedeses

victimesontétévidés,leurspropriétésvenduesavecleur

approbation

Le«LéonarddeVincidelamanipulationmentale»comparaîtàBordeauxThierryTillyestaccuséd’avoirmaintenuunefamillesousemprisede2001à2009pourl’escroquer

12 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 13: LE MONDE 25-09-2012

économie

EADS L’Etat français et le groupeLagardère détiennent, par l’inter-médaire de la holdingSogeade,22,35%ducapital d’EADSPartici-pations, structure qui, elle-même,contrôle 50,2%d’EADS.Du côtéallemand, le groupeDaimler exer-ce 22,35%desdroits de votedansEADSparticipations,mais acédé 7,5%ducapital à un consor-tiumdebanquespubliques et d’in-vestisseurs privés. L’Etat espa-

gnol détient 5,45%des actions.Le reste du capital d’EADS(49,8%) est enBourse.

BAESystems Lesprincipauxactionnaires du groupe britanni-que de défense, qui est coté enBourse, sont les sociétés d’inves-tissement bermudienne Invesco(12%) et américaine BlackRock(5,16%), ainsique l’assureur fran-çaisAxa (5%).

Aveclescoupesbudgétaires, lastratégieatlantistedubritanniqueatteintseslimites

L a semainedevrait êtredécisi-ve pour le projet de fusionentreEADSetBAE.Larencon-

tre au sommetentre FrançoisHol-lande et la chancelière allemandeAngelaMerkel, samedi 22septem-bre, à Ludwigsburg (Allemagne),n’a pas débouché sur le feu vertqu’attendaient les états-majorsdesdeuxgroupes.

ParisetBerlinestimentquetou-tes les interrogationsn’ont pasétélevées. On en serait même loin !«C’est l’emploi, la stratégie indus-trielle, les activités de défense, lesintérêtsdenosEtats respectifs»quiposent problème, a pointé, same-di, le présidentde la République.

«On ne comprend pas l’hésita-tion française», se désole-t-on ducôté d’Airbus. Le rapprochementEADS-BAE aurait même à faireface, côté français,àdes«obstaclesdécisifs», rapporte lundi 24sep-tembre, le quotidien économiqueallemand Handelsblatt. Selon lui,Paris«ne veut enaucuncas renon-cer à sa part» au capital du futurgroupe.

Surtout,àPariscommeàBerlin,on estime que la date butoir du10octobre,fixéeparlaréglementa-tion boursière britannique, estbeaucouptropprochepoursepro-noncer sur un dossier aussi com-plexe et onmilite pour un report.«Avoiràdéciderenquelquessemai-nes, c’est trop rapide», laisse-t-onentendre côté français.

AParis,onn’estpastrèsoptimis-tesurl’issuedesnégociations.« Ilya beaucoup de fil à dénouer pourque cela se fasse», indique unesource gouvernementale françai-se, où l’on fait part de «réservespolitiques et stratégiques».

Il semble que l’un des pointsmajeurs de blocage concerne lemaintien de la participation de laFrance au capital du futur groupe.Les dirigeants d’EADS, comme deBAE, souhaitent que les Etats fran-çais et allemands abandonnentleur participation en échanged’une«spécial share». Undroit deveto.

L’Elysée, qui pilote le dossier,refuseraitd’échangerunepartpré-vueautourde9%dans lenouveaugroupe contre cette «special sha-re». «Cela n’a pas beaucoup desens. Avec 9%, on ne décide de rienon est juste présent autour de latable.Mieuxvautunespécial shareque 9%», souligne-t-ondu côté del’avionneur européen.

L’autre point noir du dossierconcerne lesvalorisationsdespar-ticipations. Daimler et Lagardère,qui ont exprimé le désir de sortirducapital, seraientmécontentsde

la parité retenue pour la fusion :60%pour EADSet 40%pourBAE.

Selonlesdeuxgroupes,quipré-féreraient, dit-on, un rapport de68-32, la parité retenue ferait per-dre 3milliards d’euros aux action-nairesd’EADS.

Confronté aux velléités de sor-tie de Daimler du capital d’EADS,Berlin redoute d’être relégué danscette affaire au rang de junior par-tner. Le gouvernement allemandenvisageait de monter lui-mêmeau capital du groupe aéronauti-

que,maisceprocessusétaitenvisa-gé à moyen terme, après les élec-tionsde septembre2013.

Coactionnaire d’EADS avecl’Etat,«Lagardèreattendque l’Etatfrançais prenne position pour seprononcer», a fait savoir, lundi,unporte-paroledugroupe.

Toutefois, le principal point deblocage concerne les relations dufutur groupe avec le Pentagone.Avec des états actionnaires dufutur groupe, BAE redoute de per-dre les « special security agree-

ment» (SSA)qui luipermettentdedécrocher des contrats sur desarmements classés secret défenseavec le Pentagone.

Pour passer outre, les diri-geants d’EADS comme de BAEpourraient créer une société dis-tincte pour isoler les activitésaméricaines de défense de BEA.Celle-ci ne compterait que desadministrateursaméricainset unbritannique.

Soutien deDavid CameronLes blocages franco-allemands

surviennent alors que, progressi-vement, l’opposition politique àune fusionBAE-EADSs’atténueauRoyaume-Uni.Siunebonnepartiede l’ailedroitedes conservateursafait connaître sondésaccord,deuxsoutiens clés se sont débloqués ceweek-end.

LepremiervientdeDavidCame-ronlui-même.Lepremierministrebritannique,quiavait initialementmaintenu un silence prudent, afait savoir – par l’intermédiaire defuites orchestrées dans la presse –

qu’il soutenait sur le principe unrapprochement entre l’entreprisebritanniquededéfenseetleconglo-mérateuropéenaéronautique.

Le feu vert n’est pas incondi-tionnel et de nombreux détailsrestent à régler – en particulier, lepoids qu’aurait le gouvernementfrançais dans la structure –, maisM.Cameronestimequela logiquecommerciale est convaincante.Mieux: il serait prêt à utiliser deson autorité pour tenter deconvaincre les Américains de nepas faire obstacle au rapproche-ment.

Le deuxième soutien est toutaussi important. Il vient de LiamFox, l’ancienministre de la défen-se. Si le député conservateur a étéacculé à la démission, il y a un an,après avoir donné un accès tropprivilégié à un lobbyiste du sec-teur, ildemeureunevoixtrèsécou-tée au sein de la frange dure desconservateurs.

Les députés opposés à la fusionespéraient qu’il devienne leurchef de file. Il les aura déçus: dans

une tribune parue dans le DailyTelegraph, il plaide pour un rap-prochement. Pour des raisonscommerciales.

Dans lecasdeM.Cameroncom-me dans celui de M.Fox, l’argu-ment retenu est celui du bon senséconomique. Avec un argumentsimple:BAE est souspressionéco-nomique à cause des coupes bud-gétairesauxEtats-UnisetenGran-de-Bretagne, ses deux principauxclients, et l’entreprise a besoind’un relais de croissance. EADSpourrait le lui fournir.

In fine, du côté d’EADS, on veuttoujours croire que la fusion a deschancesd’alleràsonterme.Maissile rapprochement devait capoter,certains, chez Airbus notammentsignalent que BAE chercheraailleursunpartenaire.

Tom Enders, le patron d’EADSet promoteur du projet de fusionavecBAE,pourrait, infine,payer leprix d’un échec. Certains évo-quent – déjà –une démission.p

GuyDutheilet Eric Albert (à Londres)

EnhausseTotal – Total a annoncé, lundi 24septembre,la cession de 15 à 20milliards de dollars d’actifsen 2012-2014dans l’exploration-productiond’hydrocarbures, le raffinage, la chimie, le trans-port et le stockage. Le groupe veut rassurer lesmarchés après de lourds investissements.

ParisetBerlinpressentEADSdeprendredutempsLadatebutoirdu10octobrepour lafusionavecBAEest jugéetropproche.Lesdeuxcapitalesontdefortesréserves

LondresCorrespondance

C’est unvirage sur l’aile de180degrésqueBAE s’apprête àopérer avec le projet de fusionavec EADS– si celui-ci va à son ter-me. Le groupededéfensebritanni-que justifie ce rapprochement,avec le conglomérat européend’aéronautiquecivile et de défen-se par le fait qu’il a besoinderelais de croissance alors qu’il doitaffronterdes coupes budgétairesauxEtats-Unis et enGrande-Breta-gne, deuxpays qui sont ses princi-paux clients.

C’est toute la stratégiemise enplaceparBAEdepuis plus d’unedécenniequi est ainsi remise encause, car le groupen’a eude ces-se de se détournerde l’Europepour se concentrer sur les Etats-

Unis et gagner la confianceduPentagone.

L’approcheadémarré en 1999.A l’époque, BAE est enpourpar-lers avec l’allemandDASA(DaimlerAerospace), le françaisAérospatiale-Matraet l’espagnolCASA, pour former ce qui devien-dra EADS.Mais, au derniermoment, le britanniquesurprendtout lemonde enachetantMarco-ni Electronics Systems, la branchededéfense queGECamis en ven-te. La proie, inespérée, lui ouvreles portes dumarché américainde la défense.

Lepieddenez auxEuropéensest confirméen 2006, quandBAEvend saparticipationdansAirbus.L’entreprised’aviation connaîtalors quelquesdéboires avec ledéveloppementde l’A380, sonavion super jumbo.

Le britanniqueprofitede cettemanne financièrepour accélérersondéveloppementauxEtats-Unis. Résultat: BAE est aujour-d’huiune entreprisedavantageaméricainequebritannique: celle-ci réalise 43%de son chiffre d’af-faires outre-Atlantiquecontre29%enGrande-Bretagne.

Problème: ce succès est deve-nuunedépendance, alors queLondres,mais surtoutWashing-ton – réductiondes déficits oblige– sont contraintsde réduire leursdépensesde défensedans lesannées à venir.

«BAEne peut pas grandir avecsa stratégie actuelle», confie auMonde JohnHutton, qui étaitministrebritanniquede la défen-se de 2008à 2009. «Ces dernièresannées, l’entreprise a supprimédes emplois et fermédes usines.

Elle a besoind’unpartenairepourgrandir.»M.Hutton soulignenotammentqu’EADS aunepré-sence importante enChine et auBrésil, deuxmarchés oùBAE estquasimentabsent.

Obstacles sérieuxLiamFox, l’ancienministre de

la défense aujourd’hui députéconservateur, reprend lamêmeanalyse.«Est-ce queBAEa les res-sources et la capacité de continuerseule? (…)Amonavis, la réponsepousseàune fusion», a-t-il écritdansune tribuneparue dans leDaily Telegraph.

Pour lui, le rapprochementdoit se faire nonpas aunomd’unequelconqueEuropede ladéfense,mais pour des raisonspurement commerciales: BAEbénéficierait particulièrement

d’être associé àAirbus, parce quelemarchéde l’aviation civile nesuit pas lemêmecycle économi-queque celui de la défense.

Ces arguments sont loin de fai-re l’unanimité. Plusieurs obsta-cles sérieux demeurent, à com-mencer par l’attitude des Etats-Unis. Les Américains ne voientpas d’un bonœil l’idée de tra-vailler avec une entreprisecontrôlée partiellement par Pariset Berlin.

BAE risquerait demettre endanger son accèsprivilégié auPen-tagone. Ce que le groupen’entendpasperdre, quitte, d’ailleurs, àabandonner le projet de fusionavec EADS, affirme le FinancialTimes, lundi 24septembre.

L’unedes solutions serait deconserver la branche américaine àpart, avecun conseil de surveillan-

cedifférent,mais l’applicationd’une tellemesure serait délicate.

Undeuxièmeobstacle est la for-te réticence des actionnairesdeBAE. Ceux-ci ont été habitués àrecevoir des dividendes très géné-reux, beaucoupplus que ceuxver-sés par EADS. Si la plupart ne sesontpas expriméspubliquementpour l’instant, ils craignent queParis et Berlinne serrent les cor-donsde la bourse.

«Nous pensons qu’il est trèsprobable que la fusion soit blo-quée, soit par le Pentagone, soitpar les actionnaires de BAE», résu-ment les analystes de la banqued’investissementEspirito Santo.Et c’est compter sans les possi-bles réticences enAllemagne ouen France. La fusion est loind’être bouclée.p

E.A.

EnbaisseVietnam –L’inflationaaugmentéauVietnam,enseptembre,pour lapremière foisdepuisdouzemois,pouratteindre6,48%enrythmeannuel, aannoncéHanoï, lundi 24septembre.Lacroissance, elle, a fortementralenti,s’établissantà+4,38%aupremier semestre.

Lescoursdujour (24/09/12, 09h48)

Pour EADS, capital complexeetparité franco-allemande

AngelaMerkel et François Hollande, samedi 22septembre, à Ludwigsburg (Bade-Wurtemberg), ont discuté du projet de fusion EADS-BAE. MICHAELA REHLE/REUTERS

Euro 1euro 1,2963dollar (achat)Or Onced’or 1784,5dollarsPétrole LightSweetCrude 92,06dollarsTauxd’intérêt France 2,29 (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,75 (àdixans)

130123Mardi 25 septembre 2012

Page 14: LE MONDE 25-09-2012

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3510,91 24/9 -0,56 3600,48 16/3 2922,26 1/6 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 7439,75 24/9 -0,16 7478,53 21/9 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5843,16 24/9 -0,16 5989,07 14/3 5229,76 1/6 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 13579,47 21/9 0,00 13653,24 14/9 12035,09 4/6 11,19

Nasdaq composite 3179,96 21/9 0,00 3196,93 21/9 2627,23 4/1 15,79

JAPON Nikkei 225 9069,29 24/9 -0,45 10255,15 27/3 8238,96 4/6 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 24/9, 9h48

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2012 2012

VALEURSDUCAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,89 27,00 -0,44 37,27 27,98 18,70 1,15 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 99,40 99,49 -0,09 14,65 100,00 83,45 2,50 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 0,93 0,93 -0,64 -23,20 1,97 0,80 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 28,96 29,26 -1,01 23,62 32,90 21,93 0,80 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... 12,21 12,38 -1,45 -13,62 17,96 10,60 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,36 12,46 -0,88 23,00 13,25 8,65 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 39,34 39,66 -0,83 29,60 40,59 24,54 1,20 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 20,14 20,30 -0,81 -10,81 23,87 18,55 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 32,55 32,55 0,03 34,83 34,50 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 17,27 17,42 -0,86 -1,96 19,34 12,87 0,52 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 5,75 5,85 -1,71 31,95 6,08 2,84 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 49,94 50,01 -0,14 2,82 54,96 45,93 1,39 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 25,75 25,70 0,20 6,63 31,69 24,02 0,38 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 17,07 17,21 -0,81 -9,18 19,71 14,80 0,58 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 73,72 74,35 -0,85 35,14 75,52 54,50 0,85 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 9,85 9,87 -0,13 -18,81 12,40 9,45 0,58 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 19,43 19,50 -0,36 -8,03 21,85 15,62 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 42,49 42,67 -0,42 56,44 43,84 26,07 0,50 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 29,25 29,67 -1,43 17,69 29,68 23,50 0,93 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 97,05 97,12 -0,07 20,26 102,50 79,22 2,00 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 122,70 122,55 0,12 12,16 136,80 108,00 1,80 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 63,14 63,53 -0,61 38,24 65,00 45,31 2,10 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 88,05 88,00 0,06 22,87 91,11 70,50 0,72 A FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 6,50 6,50 0,08 -38,45 15,18 5,70 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 123,95 124,55 -0,48 12,02 136,90 106,35 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 43,33 44,08 -1,70 21,90 44,90 35,10 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 39,16 39,63 -1,19 46,12 43,83 26,76 1,16 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 28,18 28,22 -0,12 21,46 29,63 22,75 0,37 S FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 30,09 30,29 -0,68 1,42 37,62 23,90 1,24 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 68,49 69,05 -0,81 20,69 69,24 53,20 2,65 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 48,56 49,02 -0,94 19,38 53,47 39,40 1,70 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 23,60 23,80 -0,82 37,17 25,96 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 4,67 4,73 -1,31 1,66 6,46 3,64 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 88,87 89,26 -0,44 22,38 91,84 68,76 1,58 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 40,16 40,80 -1,57 1,67 42,97 33,42 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 161,95 162,45 -0,31 16,59 165,85 130,35 8,00 T FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 36,31 36,59 -0,74 -27,60 58,24 25,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 9,09 9,10 -0,12 7,37 13,05 7,88 0,70 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 35,05 35,34 -0,82 3,82 40,84 31,23 1,22 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 15,53 15,69 -1,02 -5,16 17,06 12,02 1,00 T FR0000127771

Lundi 24 septembre 9h48Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

AudiovisuelLaSociétédes auteursmultimédiaprôneune haussede la redevanceJean-Xavierde Lestrade, présidentde la Société civile des auteursmultimédia (SCAM), devaitdemanderau gouvernement, lun-di 24septembre, lors d’un collo-que à Paris, de revaloriser de17euros en cinqans la contribu-tion annuelle à l’audiovisuelpublic, actuellementde 125euros(80eurosdans lesDOM-TOM). LaSCAMaimerait que l’assiettedeperceptionde la contribution soitélargie aux 200000foyers équi-pés d’unordinateur recevant latélévisionet au 1,6millionde rési-dences secondaires équipéesd’untéléviseur.

FinanceGroupama cèdesa filiale auRoyaume-UniAuborddugouffre en 2011, Grou-pamaachèveunplande cessiond’actifs internationauxengagédébut 2012. L’assureurmutualistea annoncé, vendredi 21septem-bre, avoir concluunaccorddéfini-

tif avecAgeasUK, filiale de l’assu-reurbelgeAgeas, pour la cessionde sa filiale d’assurancede dom-mages auRoyaume-Uni,Groupa-ma Insurance, pour 116millionsde livres (145millionsd’euros).

LaGrèce coûterade600à 700millionsde plus auCrédit agricoleLeCrédit agricole vadevoir remet-tre600à700millionsd’eurossup-plémentairespourpouvoir céder

sa filiale grecqueEmporiki, affir-me leWall Street Journaldu lundi24septembre. Labanque françaiseavait injecté 2,3milliardsd’eurosdansEmporiki en juillet,mais labanquecentrale grecquea jugéqu’il faudrait 3milliards.Depuissonacquisitionen2006, Empori-ki a coûté 10milliardsd’eurosaugroupecoopératif.

TechnologiesAppleréclameplus

de700millionsdedollarsàSamsungDansundocumentde justice enre-gistré vendredi 21septembre, legroupeaméricainApple réclame707millions de dollars (545,4mil-lionsd’euros) supplémentaires endommageset intérêts à Samsung.Il s’est déjà vuoctroyerplus d’unmilliardde dollars par la justiceaméricainedans le cadred’unpro-cèspourviolationdebrevets. Sam-sunga, lui, demandé l’ouvertured’unnouveauprocès. – (AFP.)

SportAdidas réduitles objectifs de ReebokAyantperdu la licenceNFLde foot-ball américain, le grouped’équipe-mentssportifsAdidasa annoncévendredi21septembreuneréduc-tiondesobjectifsdeventes–de 3à2milliardsdedollars–desa filialeReebokpour2015. Endéclindepuiscinqans, cettemarqueserarecentréesur le fitness. Lesobjec-tifs globauxdugroupe, en fortehausse,ont, eux, étémaintenus,en raisondesbonnesperforman-cesde lamarqueAdidas.– (AFP.)

Marchés

Pétrole

CGGVeritasserenforcedansl’offshoreenachetantFugroLe groupeparapétrolier (services et sismique3D) CGGVeritas a annoncé,lundi 24septembre, l’acquisitionde la division explorationet géologiedunéerlandais Fugropour 1,2milliardd’euros.Un tiers de l’opérationsera réalisé sur ses fondspropres. «L’intentionest de lancer, dès que lesconditionsdemarché le permettent, une augmentationde capital avecmaintiendudroit préférentiel de souscription», a indiqué le groupe.Le reste se fera par le produit de la cession de titres de la coentreprise«Seabed» (détenue à 60%par Fugro) et par endettement avec un prêtrelais. Avec cet achat, CGGVeritas complète ses activités et pourra«proposer une offre intégrée depuis l’exploration jusqu’à la produc-tion», a expliqué son directeur général, Jean-GeorgesMalcor.p

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

Laviedesentreprises

I l y a quelquesdécennies, fairecarrière était un concept sim-ple. Il se disait de quelqu’un

qui avait vécu l’essentiel, voire latotalitéde sa vie professionnelledansunemêmeentreprise, pro-gressédans la hiérarchie, et vu sesémolumentsgrimper raisonnable-mentmais régulièrement.Mais quand lamobilité devient larègle, qu’elle soit voulueou subie,nationaleou internationale, dansun secteur, puis dansunautre,que la route professionnellepeutêtre interrompue, la carrièren’estplus linéaire. Et le conceptde réus-site qui lui est attaché est unenotion relative…mais cependantessentielle.Elle fera qu’un salarié, un cadre,un employéoudirigeant, un indé-pendant, un entrepreneur, seraounonmotivé, et donc créatif,productif, cordial. Il sera heureux,satisfait de lui-même, apporteradavantageà l’entreprisequi l’em-ploie, ou à celle qu’il détient,enclenchantun cercle vertueux.Mais quand les critères classiques– galons et salaires – deviennentaléatoires, voire obsolètes, il fauten trouver d’autres, et de valeurauxyeuxdes intéressés et deceuxqu’ils côtoient, collègues,famille, amis, voisins.NickyDries, RolandPepermansetOlivierCarlier, trois chercheursenpsychologiedu travail de laVri-jeUniversiteit (Université libre delanguenéerlandaise) deBruxel-les, classent ces facteurs enquatrecatégories: deux recensent les cri-tères objectifs, performances,salaires, carrières, certes,mais aus-

si accès à la formation, conditionsde travail, équilibre vie privée-vieprofessionnelle; deuxautres, lescritères subjectifs, comme le senti-mentde réussite queprocure lasensationd’être utile à la société.Mais, hélas, ceuxqui espéraientcompenser en gagnant sur cer-tains critères, comme l’équilibredevie, par exemple, ce qu’ils per-dent sur d’autres, serontdéçus.Car ce sont lesmêmesqui cumu-lent les gains, selonune enquête

menéeauprèsde 800 cadres parJeanPralong, professeur à laRouenBusiness School, et dontles résultats viennentd’êtrepubliés. Ces chanceux sont ceuxqui ont suivi unparcours tradi-tionnel, et sont restés fidèles àleur employeur.Les entreprisesne récompensentguère les audacieuxqui ontmulti-plié les expériencespar choix ouobligation.Céder aux sirènes d’un chasseurde têtes ne serait doncbénéfiquequ’à court terme. «Onpeut bou-ger endébutde carrière, les dix pre-mièresannées.Mais ensuite, ilfaut faire preuvede loyauté, quitteà accepterdes postesmoins atti-rants», conseilleM.Pralong. Com-meavant.p

[email protected]

Lesentreprisesnerécompensentguèrelesaudacieux

quichangentd’emploi

Mavie en boîte | chroniqueparAnnieKahn

Fairecarrière

économie

UN MOIS DANS LE MONDE

LE MONDE MENSUEL N° DE SEPTEMBRE À RETROUVER EN KIOSQUE

C ’est un rendez-vous impor-tant pour SFR: le deuxièmeopérateur de télécommuni-

cation français, filiale de Vivendi,doitreprendrelamaincommercia-lement sur cette fin de l’annéealors que, depuis début 2012, il asemblélemoinsréactifdes«histo-riques» face à l’offensive réussiedeFreesur lemobile. Lundi24sep-tembre, il doit expliquer com-ment il compte s’y prendre.

En sixmois (à fin juin), il a per-du 673000 clients, et prévoit unebaissede 12%à15%desonrésultatopérationnel en 2012. Et sa straté-gie de long terme est peu lisible.Son PDG, Frank Esser, a dû partirdébut 2012, son remplaçant, Jean-Bernard Lévy, président du direc-toire de Vivendi, a, lui aussi, étédébarqué, et Vivendi, sa maisonmère, réfléchit àdes changementsdepérimètre.

Modèle de l’aérienLundi, SFR devait annoncer

qu’il ouvrira un service commer-cial d’accès à un réseau «4G» (letrès haut débit mobile), à Lyon, le28novembre.L’opérateur, commeses concurrents Orange et Bou-ygues Telecom, tente, depuis desmois,dejustifierdesforfaitsmobi-les bien plus chers que ceux deFree,par laqualitéet l’avancetech-nologiquede son infrastructure.

Les trois groupes testent tousdes bouts de réseau «4G» dansquelques grandes villes (Lyon,Montpellier,Marseille…)etontpro-mis une ouverture commercialedébut 2013.

Acettedate,aucunnedisposerad’un réseau étendu à la Franceentière.Mais il s’agit surtout, pourl’instant, d’affichage: il faut appa-raître comme le premier. A cette

course de vitesse, SFR veut pren-dre les deuxautres de court.

L’opérateurdevaitaussiprésen-ter, lundi, une refonte de sonoffrede forfaits mobiles, ceux avec destéléphones subventionnés. SFRprocèdeàunenouvellesimplifica-tion, passant d’une quarantainede propositions à moins d’unedizaine.Mais surtout, il fait le paridumodèlede l’aérien.

D’un côté, donc, il y a sa «busi-ness class», des forfaits avec sub-vention, qui restent en moyenne20 euros plus chers que des offresà la Free (pour de la voix illimitée).Mais avec des services à valeurajoutée (à partir de 2Go de débitpour l’accès auxdonnées, l’accès àun réseau «3G +», intermédiaireentre la «3G» et la «4G», etc.). Ilintroduit un principe de cartes defidélité (la «silver», la «gold», la«platine») et même un forfait«super luxe» à… 139,99 euros parmois, avec jusqu’à 6Go de don-nées et de l’assistance informati-que àdistance.

A l’autre bout du spectre, il y asagamme«Red»,« lowcost», sansservices ajoutés, alignée sur lesprixdeFree. Lebutétant, pourSFRcomme pour Orange et BouyguesTelecomd’ailleurs,demanœuvrersuffisamment habilement pour«piquer» des clients à Free avecleurs offres « low cost», tout enconservant le maximum d’abon-nés à leurs forfaits avec subven-tion, plus rentables.

Eninterne,il s’agitaussipourlesdirigeants intérimaires de SFR demobiliser les troupes alors qu’unplandedépartsvolontairesestpro-grammé.Sescontoursserontpréci-sés en novembre. Au moins500postes seraient concernés.p

CécileDucourtieux

Aprèsl’offensivedeFreedanslesmobiles,SFRmisesurlehautdegammeL’opérateur françaisannonce l’ouverturede la«4G»àLyonet lancedes forfaits luxe

A méliorer l’offre de service,croître à l’internationaltout en baissant les coûts.

C’est, en résumé, la stratégie 2020dévoilée par le groupe SNCF, à sonséminaire annuel de presse, orga-nisé du 21 au 24septembre lors dusalon de l’industrie ferroviaireInnoTrans, à Berlin.

Après avoir vu son chiffre d’af-faires bondir de 24 à 34milliardsd’euros entre2007 et 2012, grâce,notamment, à l’absorption dulogisticienGeodisetaudéveloppe-ment de Keolis, sa filiale de trans-porturbain, le groupepublic enta-me une étape plus sage. D’ici à2017, l’entreprise entend voir sonchiffre d’affaires atteindre 40mil-liardsd’euros, samargeopération-nelle s’établir à 10%, contre 9%en2011, et sa dette ramenée de 8,5 à6milliardsd’euros.

Celapassed’abordpar lerenfor-cement de l’offre commerciale.Pour 2013, la SNCF veutmultiplierles offres premiers prix, grâce aulancement de «TGV éco», début2013, mais aussi en revoyant sonoffre de cartes de réduction. Ainsi,

dès mardi 25septembre, la carte12-25 se dédouble pour toucherplus de jeunes. Les adolescentsauront leurs cartes 12-17ans, tan-disqu’unecarte18-27ansest créée.Lesréductionspromisessontiden-tiques,mais davantagede billets à–50% seront offerts.

Règlesmoins strictesDans lemême temps, le groupe

doit réduire ses coûts.«Endix ans,les coûts liésà la fiscalité, auxcoûtsde l’énergie et aux péages à réglerpour emprunter le réseau, vontaugmenter de 5points», rappelleSophieBoissard,directricegénéra-ledelacompagnieferroviaire,tan-dis que les exécutifs régionaux,principauxclientsde laSNCF, sontà court d’argent.

Dès lors, « la réponse, c’est deproduire plus de service public, demeilleure qualité et moins cherpour la collectivité », assureGuillaume Pepy, le président dugroupe.Ilentenddoncfaireécono-miser au groupe environ 500mil-lions d’euros par an, en baissantles coûts de structure, en optimi-

sant l’utilisation desmatériels ouencoreenréduisantlaconsomma-tion énergétique.

En revanche, le groupe n’en-tend pas poursuivre les baissesd’effectifs, très fortes depuis vingtans. «En 2011 et 2012, nos effectifs(156000cheminotsenFrance)sontrestés stables», rappelle M.Pepy.45000 embauches sont ainsi pro-grammées d’ici à 2017 pour com-penser les départs la retraite.

En revanche, dans le cadre de laréformeferroviaire,dontlesorien-tations doivent être dévoiléesdébut octobre par FrédéricCuvillier, le ministre des trans-ports,d’autresgisementsd’écono-mies existent. La mise en placed’un cadre social harmonisé pourtous les personnels ferroviairesdoit aboutir à de nouvelles règlesmoins strictes.

Devant les cadres de la SNCF,mi-septembre,M.Pepyexpliquaitque «dans ce travail d’harmonisa-tion, notamment en matière d’or-ganisation du temps de travail,nous aurons aussi notre part duchemin à faire. (…) L’extension

pureet simpledenotremillefeuillesocial actuel à tous les acteurs,ferait renoncer à la réforme.»

Concernant la gouvernance dusystème ferroviaire, l’autre grandvolet de la réforme attendue, laSNCFsouhaite intégrerRéseaufer-ré de France (RFF) dansunholdingqu’ilmènerait. Afin que le gouver-nement soutienne cette option–que les Allemands ont prise en1993maisquelaCommissioneuro-péenne conteste–, la SNCF propo-se de reprendre à sa charge unepart de la dette de 30milliardsd’euros, actuellement logée chezRFF, etqui s’alourditde1,2milliardpar an.

La SNCF demande que les usa-gersetlescontribuablessoientéga-lement mis à contribution. « Jevoismal legouvernementacceptercedeal, car celaannonceunehaus-se massive des tarifs de train enFrance», souligne un spécialisteferroviaire. Par ailleurs, l’opéra-teur alourdirait ses frais finan-ciers,mettant en péril son objectifde réductionde sa dette.p

Philippe Jacqué (à Berlin)

LaSNCFveutreprendreenmainsonréseau,quitteàs’endetterL’entreprisepubliquelanceunTGVlowcostdébut2013etprévoit45000embauchesd’icià2017

14 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 15: LE MONDE 25-09-2012

150123Mardi 25 septembre 2012 économie

Voyage autour du monde

by

*Pour Rio de Janeiro, partez du 08/10 au 15/12/2012. Pour Cotonou, partez du 08/10 au 15/12/2012 et du 07/01 au 27/04/2013.Tarif à partir de, hors frais de service, soumis à conditions, sur vols directs au départ de Paris. Renseignez-vous sur airfrance.fr, au 36 54(0,34 € TTC/min à partir d’un poste fixe) ou dans votre agence de voyages.

airfrance.fr

668COTONOU

OU RIO DE JANEIRO € TTC*

A/R

JUSQU’AU 1ER OCTOBRE

RomeCorrespondant

L es cinq heures de discussion,samedi 22septembre, entreles dirigeants de Fiat – Sergio

Marchionne, le directeur général,et John Elkann, son président – etMario Monti, le président duconseil italien, n’ont pas clarifiél’avenirdugroupeenItalie.Certes,le constructeur a promis de «sau-vegarder [sa] présence industriel-le» dans la Péninsule. «Mais quevalent désormais les promesses dela société turinoise?», s’interro-gent les syndicats.

Le 13septembre, Fiat a en effetannoncé que l’entreprise renon-çait à investir, comme cela étaitprévu, 20milliards d’euros en Ita-lie. Présenté en grande pompe enavril2010, ce projet baptisé «Fab-brica Italia» n’avait reçu presquequedes éloges.

A l’époque, Fiat etM.Marchion-neétaientausommetdeleurpopu-larité. Le groupe venait de racheterl’américainChrysler,et ledirecteurgénéral passait pour le représen-tantd’uncapitalismeitalieninven-tif, surprenant et visionnaire. C’està peine si, dans la liesse générale,on avait fait attention au codicillede ce contrat valable seulement sil’entreprise parvenait à produire1,4million de véhicules en 2014dans la Péninsule. Dans la foulée,lesemployés,aprèsunréférenduminterne, avaient accepté des condi-tionsde travailmoins favorables.

Lerêved’unenouvelleFiata faitlong feu. Si Chrysler se porte bien,l’entreprisesetraîneenItalieoùlesventes sont retombées à leurniveau d’il y a quarante ans. Ainsi,seules 130000 Panda sont sortiesdes chaînesde l’usinedePomiglia-no d’Arco (Campanie), au lieu des260000 rêvées par le construc-teur. Le site de Mirafiori, à Turin,tourneaussiauralenti, alimentantles rumeursde fermeture.

Dans ce contexte, Fiat qui n’aconçu aucun nouveau modèle, se

porte plus mal que ses concur-rents. Si la crise économique a tor-pillé les ambitions de l’homme àl’éternel cachemirenoir, elle ne luia rienenlevéde sonaplomb.

Déclarations contradictoiresAttaqué de toutes parts après

avoir été présenté comme le «sau-veur» de l’Italie, M.Marchionnemultiplie les déclarations contra-dictoires. Un jour, il explique queFiat«feraitdesbénéfices»sansl’Ita-lie. Le lendemain, il jure ses grandsDieux qu’il n’est pas question dequitterlaPéninsule.Unjour, ilcriti-que les aides d’état, «une drogue».Le lendemain, il vante le Brésil, où85% des investissements du grou-pe seront remboursés par l’Etatsous la formed’aide.

La réunion fleuve de samedia-t-elle mis un terme à ce feuille-ton sentimentalo-industriel entreFiat et l’Italie? Officiellement l’en-

treprise «a confirmé sa stratégied’investissement en Italie, aumomentopportun,dansledévelop-pement de nouveaux produitspour profiter pleinement de lareprise du marché européen». Enattendant«lemomentopportun»,il faut bien sauver les emplois.C’est là que l’Etat italien pourraitêtre mis à contribution en finan-çantdenouvellespériodesde chô-mage partiel dont l’entreprise estunehabituée.

Dans son communiqué final etsibyllin, le constructeur a soulignéson « intention de réorienter sonmodèle de business en Italie dansune logique privilégiant l’exporta-tion, en particulier hors de l’Euro-pe». Le gouvernement pourraitinclure dansunplan de relance enpréparation des «aides spécifi-ques»pourlesentreprisesexporta-triceshors de l’Unioneuropéenne.

Encore faudrait-il qu’il y ait un

marché dynamique à l’exporta-tion. Au vu de la conjonctureactuelle, explique le Wall StreetJournal, dimanche 23septembre,Fiat a décidé de retarder à 2014 larelance d’Alfa Romeo aux Etats-Unis qui était prévue au premiersemestre 2012. Le premiermodèlequi devait servir cette offensive–une voiture de sport à deux pla-ces – doit être fabriqué en Italie.p

PhilippeRidet

Ch.horlogerpourtravailleràShanghaïouàSydney

Le premierministre italien,MarioMonti, entouré duprésident de Fiat, John Elkann (à gauche),et du directeur général de lamarque, SergioMarchionne (à droite), à Rome, enmars. REUTERS/STRINGER/FILES (ITALY)

Fiatprometd’investirenItalie«aumomentopportun»Chômagepartiel, exportations: l’Etatpourrait aider leconstructeur italien, enpertedevitesse D epassageàParispour

l’ouverturede laplusgran-deboutiquedugroupe

(500m2, placeVendôme), JérômeLambert, ledirecteurgénéraldeJaeger-LeCoultre (groupeRiche-mont), faitpartiedecesheureuxpatronsqui embauchentà tourdebras.Devenue le secondemployeurprivéducantondeVaud,enSuisse, aprèsuneentre-prised’emballage, lamanufacturehorlogèrede lavalléede Joux,quicomptait623salariés en 1997, endénombredésormais 1350. Cesdouzederniersmois, 150emploisnetsyontété créés; lesdernièresrecruessontarchitectes, infogra-phistes, logisticiens, émailleursmais surtouthorlogers.

«Métier d’avenir»Lademandeest telle que

Jaeger-LeCoultrea signéunparte-nariat avechuit lycéesprofession-nels françaispourproposer auxjeunesayantunCAPenpoche, àla fois du travail et une longue for-mation interne. Lamarquedéni-cheaussi sesnouveauxsalariésdans les autres paysqui dispen-sentdes formationshorlogères(Italie,Grande-Bretagne,Autri-che, Finlande…).«C’est unmétierd’avenir, undes rares que l’onpeutpratiquerdans lemondeentier, sansmême trop bienparleranglais», expliqueM.Lambert.

Bonnombred’horlogersdugroupesontdésormaisenvoyésauxquatrecoinsde laplanète,dans l’unedes46boutiques,oùonparle jusqu’à 7langues, commedans lenouveauvaisseauamiralparisien, afind’yassurer les répa-rationsduserviceaprès-vente.

«C’estuneprofessionquigagneenintérêtavec la complicationdesmontres, il faut compter 20à30anspourdevenirmaîtrehorlo-ger», dit-il.

Dans la valléede Joux, havrede la hautehorlogerie suisse, lenombred’employés (6600) desgrandesmaisons (AudemarsPiguet, PatekPhilippe,VacheronConstantin…) a dépassé celui deshabitants (6300). Et pour éviterles embouteillages, Jaeger-LeCoul-tre a développé–sur lemodèledes bus scolaires– un service deramassagede ses employés.

Lamarquesuisse crééevoici179ansnedétaillepassesperfor-mances financières. Pourtant, samaisonmèreestbien la seuleaavoirannoncéun«avertissementsurrésultats»positif cetteannée–enprévenantenaoûtquesesrésultatsseraientencorebienmeilleursqueprévus.

Dans les dix prochainesannées,M.Lambert est persuadéque la demandeenChinene fai-blirapas. Pourune raison sim-ple: «Il existe dans ce pays des res-sources, des réserves et desbesoins.»Pour l’heure, l’exporta-tiondesmontres suissespour-suit son embellie.

Cette insolente santé fait deplus en plus d’envieux. Fait nou-veau, lesmanufactures de la val-lée doivent se protéger des cam-briolages et renforcer sérieuse-ment leur sécurité. «C’est devenuun vrai risque», concèdeM.Lam-bert. Au point que les policeslocale et cantonale travaillentensemblepour surveiller cessites de production.p

NicoleVulser

LePortugalsupportedemoinsenmoinsl’austéritéimposéeparla«troïka»LegouvernementdeM.PassosCoelhoarenoncéàunemesureimpopulaire

M assés devant le Palais duprésident à Belém, ven-dredi 21 septembre, des

milliers de Portugais ont entonnélerefraind’unechansonpopulairede Fernando Lopes Graça «Acor-dai,acordai,homensquedormis» :«Réveillez-vous, réveillez-vous,hommesendormis.»

Aprèsdesmoisdecured’austéri-té, les Portugais qui, jusqu’ici,avaient accepté leur sort sans serebeller,ontmanifestéleurexaspé-ration. Jusqu’à pousser le gouver-nement à reculer sur l’une desmesures jugées des plus injustes:relever les cotisations salariales de11%à18%toutenréduisantlescoti-sationspatronalesde23,75%à18%.

Dansunpaysminépar la réces-sion et le chômage, cette mesure,décidée le 7septembre sous l’in-fluence des bailleurs de fonds dupays(Fondsmonétaireinternatio-nal, Banque centrale et Commis-sion européennes), alimente,depuis des semaines, la grognesociale, valant au gouvernementle surnom de «Robin des bois desriches».

La décision, le 11 septembre, dela «troïka» d’accorder à Lisbonneun délai supplémentaire pouratteindre ses objectifs de réduc-tiondudéficitn’ya rienchangé.Leflot de critiques s’est amplifié aufil des jours dans un mouvementspontané et inhabituel. Le 15 sep-tembre, des centaines de milliersde personnes sont même descen-

dues dans les rues de Lisbonne etd’une trentaine de villes au Portu-galà l’appeld’unmouvementcrééviadesréseauxsociaux.Uneinitia-tive qui a pris de court les syndi-cats et l’extrêmegauche.

Peu à peu, la crise économiques’estmuéeencrisesocialeetpoliti-que, et la coalition au pouvoir est,aujourd’hui, fragilisée. Les deuxpartis qui la composent – lessociaux-démocrates (PSD) deM.Passos Coelho et les conserva-teurs (CDS-PP) du ministre desaffaires étrangères, Paulo Portas –,n’étaient, de fait, pas d’accord surcette mesure, annoncée sansconsultationpourmieuxconvain-cre de la bonnevolonté dupays.

«Les gens en ontmarre»Après avoir frôlé la démission,

le premier ministre, M. PassosCoelho, a plié. «Je ne confonds pasla déterminationet l’intransigean-ce», a-t-ilexpliqué.Mais ilaurafal-lu huit heures de réunion devantleConseild'Etat convoquévendre-di par le président Aníbal CavacoSilva, pour le convaincre.

« Je pense que ce recul est dû àl’intervention du président, avecl’aide de la banque centrale portu-gaise. Sans cela le gouvernementn’aurait pas plié. Il était intraita-ble», supposeGuilhermed’Olivei-raMartins,professeurà l’universi-té de droit de Lisbonne et fils duprésident de la Cour des comptes.«Le gouvernement est faible et

s’est comporté de façon faible»,estime pour sa part Manuel Villa-verde Cabral, politologue aujour-d’hui à la retraite.

Après cet épisode de tensions,les responsables politiques veu-lent maintenant croire à l’apaise-ment.«Lacrisepolitiqueestdépas-sée, le Portugal est déterminéà res-pecterses engagements», assure leministre en charge des affaireseuropéennes, Manuel Leitao,membre du parti conservateur,opposé dès l’origine à la haussedes cotisations sociales.

L’image du Portugal, jusqu’iciélèvemodèledela«troïka»,ensorttransformée. Le gouvernementsait maintenant qu’il ne peut pastout sepermettrepour satisfaire la« troïka». «L’effort doit porterdavantage sur une réduction desdépenses, les augmentations d’im-pôts sont demoins enmoinsaccep-tées», considère M.Leitao. «Toutecetteaffairemontre les limitesde lapopulation face à l’austérité, et lestensionscrééesparlepartagedufar-deau», insisteunhautfonctionnai-re. «Les gens en ont marre», résu-meM.d’OliveiraMartins.

Lundi, M.Passos Coelho devaitrecevoir les partenaires sociauxpour les entendre sur des proposi-tions alternatives. Le Portugal,endettéautourde118%desonpro-duit intérieur brut, ne veut pasrelâcher l’effort.p

ClaireGatinois etPhilippeRicardàBruxelles

Page 16: LE MONDE 25-09-2012

ValérieNiquetSpécialiste des relations internationales et des questions

stratégiques en Asie, Valérie Niquet est depuis 2010responsable du pôle Asie à la Fondation pour la

recherche stratégique. Elle est égalementmembrede l’Académie des sciences d’outre-mer et rédactriceen chef de la revue «Monde chinois-Nouvelle Asie».

On lui doit une traduction critique en françaisde «Deux commentaires de Sun Zi» (Economica, 1994).

Parmi ses nombreux articles et ouvrages,«Chine-Japon: l’affrontement»a été publié en 2006 chez Perrin

Le 10septembre, répondant à ladécision de rachat des îles Sen-kaku à leur propriétaire privépar le gouvernement japonais,leministère chinoisdes affairesétrangèresa publié un commu-

niqué en forme d’ultimatum faisant por-ter à Tokyo la responsabilité de «toutes lesconséquences qui pourront s’ensuivre».Pékin rappelle que la Chine n’accepteraplusd’être«intimidée»etdéfendraleterri-toire «sacré» de la patrie. Le risque estdésormais de voir le piège d’un engrenageincontrôlableserefermerenmerdeChine.

Condamnées à agir face à une opinionpublique chauffée à blanc, les autoritéschinoises ont dépêchéunedizainede bâti-ments de surveillance et levé lemoratoiresur la pêche dans la zone revendiquée parPékin. Des centaines de bateaux pour-raient se diriger vers les eaux territorialesjaponaises, dans une exploitation desmoyenscivils auserviced’unobjectifmili-taire, selon les principes de la stratégiechinoise qui prône une «guerre sans limi-te». D’ores et déjà, les menaces de rétor-sions économiques et de boycottage desproduitsjaponaisontétéutiliséessurInter-net ou dans la presse chinoise. On se sou-vient qu’en 2010 la Chine avait utilisé l’ar-meducontrôledesexportationsdes terresrares – vitales pour l’industrie nippone dehautetechnologie–pourfairepressionsurTokyo alors que les tensions s’accumu-laientenmerdeChineorientale.

Dans le même temps, des manifesta-tions violentes accompagnées de pillages,autorisées, si ce n’est organisées par lesautoritéschinoises,sesontproduitessurleterritoire. Les biens et les personnes origi-naires de l’Archipel sont menacés et degrandes entreprises japonaises parlent ànouveaudequitterunterritoirechinoisoùl’instabilité et les risques deviendraienttropélevés.

Conséquence immédiate, la Bourse deShanghaï s’est effondrée et certains, enChine, commencent à redouter les effetssurlacroissancedecettestratégiedelaten-sion.Si laChineestdevenuelepremierpar-tenaire commercial du Japon, l’Archipelcontrôledestechnologiesvitalespourl’éco-nomiechinoiseetdemeure l’undesprinci-paux investisseurs étrangers en Chinedevant les Etats-Unis et l’Union européen-ne.

Lestensionsautourdel’archipeldesSen-kaku-Diaoyu en mer de Chine orientale,administré par le Japon mais revendiquépar Pékin depuis 1971, ne sont pas isolées.Elles s’inscrivent dans un triple phénomè-ne demanipulationdes sentiments natio-nalistes en Chine depuis le milieu desannées 1990, d’émergence décomplexéed’une puissance chinoise qui a semblétriompher seule de la crise de 2008, maisaussi de développement d’un sentimentparadoxal de fragilité du régime chinoisconfronté à des tensions économiques,socialesetpolitiques.Cesentimentdefragi-lité est encoreaccrupar les incertitudesdelatransitionpolitiqueque le 18econgrèsduParti communiste devrait entériner aumoisd’octobre.

Lenationalisme,quicontribueàlalégiti-mité du Parti, a pour principal objet leJapon, ennemi d’hier, puissance rivaleaujourd’hui, allié des Etats-Unis et cataly-seur de toutes les frustrations d’une puis-sance chinoise qui cherche à s’imposerdanssazone.Aulendemaindu36eanniver-saire de lamort deMao, le premierminis-tre, Wen Jiabao, rappelait – à nouveau – le«siècle d’humiliation» que la Chine a tra-versé ilyapeu,nourrissantunpeuplusunsentimentderevanchetrèsprésentdanslapopulation. «L’éducation patriotique» etsa dimension antijaponaise ont pris unepart croissante dans la jeunesse et ontaccompagné la reprise en main idéologi-que qui a suivi les événements de Tianan-

men dans les années 1990. Alors que desréformes politiques graduelles apparais-sentcommelaseulestratégieviabledesur-vieà longtermedurégime, lacrainted’une«évolution pacifique» qui viendrait limi-ter l’influence des réseaux qui contrôlentle pouvoir chinois pousse au contraire aurepliidéologiqueetàl’exploitationdessen-

timentsnationalistes lesplusexacerbés.De leur côté, depuis2008, les Etats-Unis

ont été très touchés par la crise et Pékin acru avoir le champ libre enAsie pour «sai-sir les opportunités» et imposer son lea-dership de puissance «émergente» face àunepuissance«endéclin».

Les avancées de Pékin enmer de Chine

depuis 2009, la constante mise en avantdes « intérêts vitaux» – dont la mer deChine semble faire partie – que le régimedoit être prêt à défendre, y compris par laforce, témoignent de cette assurance nou-velledu régimechinoisenAsie.

Dansce contexte, la stratégiede réenga-gementdesEtats-Unisdanslazone,confir-méepar lesecrétaired’EtataméricainLeonPanetta, à l’occasion du dialogue Shangri-Laquis’esttenuàSingapourenjuin,consti-tuepour laChineunautremotif dedécep-tionetdefrustration.Latentationestgran-de à Pékin, alors que les Etats-Unis entrentdansladernièrephasedeleurpériodeélec-torale, et que la relation avec la Chineconstitueaussiunenjeude larivalitéentrele président Barack Obama et Mitt Rom-ney, de tester la réalité de cette volonté deréengagement de la puissance américaineenAsie.

Mais dans le même temps, en dépit decette assurance nouvelle, le pouvoirchinoisest conscientde ses faiblessesetdeses divisions. L’affaire Bo Xilai a révélé la

corruptionprofondedu système. Signe dece très grand sentiment d’incertitude, la« disparition» du vice-président XiJinping, pendantplus dedeux semaines, adonné lieu, sur Internet, aux spéculationslesplus folles.

Longtemps facteur de satisfactionpourle régime, le contexteéconomiqueestplusincertainalorsqueleseffetsdelacrisemon-diale se font sentir sur une économie trèsdépendante des exportations. Le rééquili-brage de la croissance est un échec. Laconsommation intérieure ne représenteque 35%duPIB, dixpointsdemoinsqu’en2000,et l’indiceGini, indicateurdes inéga-lités, est l’un des plus élevés au monde.Signe inquiétant pour le régime, commeàl’époquedesBoxerslorsqueladynastiedesQing finissante tentait de manipuler lemécontentement populaire contre lesétrangers, commeen 1919 lorsque lemou-vement patriotique s’élevait contre unepuissance japonaise à qui le traité de Ver-sailles avait attribué les possessions alle-mandesduShandong,certainsdesslogansutilisés dans les manifestations aujour-d’huidénoncent la corruptionet l’ineffica-citédupouvoir enplace.

C’estdanscecontexteque,depuis2009,les incidents et les provocations se multi-plientenmerdeChine, faceau Japon,maisaussifaceauxPhilippines,auVietnamouàl’Indonésie et même face aux Etats-Unis.Alors qu’en Asie du Sud-Est la Chine pou-vait apparaître comme le moteur d’unerégionalisation économique réussie, lamultiplication des incidents sur mer, lecaractère demoins enmoins «pacifique»de l’émergence de la puissance chinoise lafont apparaître aujourd’hui comme unemenacefédérantdansunemêmeinquiétu-de la quasi-totalité de l’Asie du Pacifique àl’océan Indien.

Faceàcettemenace,accruepar l’opacitédusystèmepolitiquechinoiset les interro-gations sur le rôle des éléments les plusradicaux–militairesoucivils–danslespri-ses de décision, la volonté de «retour versl’Asie» des Etats-Unis a été très appréciéedanslarégion.Loinde lafindel’histoire, cesontdes rapportsde forceprochesde ceuxde laguerre froideoude l’Europeà laveilledelapremièreguerremondialequisemet-tentenplaceenAsie.

AuxPhilippines, auVietnam,desmani-festations antichinoises sont organisées àchaquenouvellecrise,etHanoïetWashing-tonjettentlesbasesd’unecoopérationmili-taire.Au Japon, onveut croire auxdéclara-tions de la secrétaire d’EtatHillaryClintonen 2010 plaçant l’archipel des Senkakudans le périmètre couvert par l’accord dedéfenseunissantTokyoetWashington.

Dans la région, le développement descapacitésmilitaires s’accélère. Alors que laChineexhibesonnouveauporte-avions, leVietnamachètedessous-marinsàlaRussieetlesEtats-Unisannoncentl’élargissementde leur système de défense antimissile enAsie.FaceàPékin,Washingtonestconfron-té à un dilemmedifficile à résoudre. Jouerl’apaisementet resterenmargeseraitdon-ner carte blanche à un régime chinois quineraisonnequ’entermesde jeuxàsommenulle.Ceretrait,enminantlaconfiancedesalliés et partenaires des Etats-Unis, auraitdeseffetsdéstabilisateursetpourraitpréci-piter une crise plus grave encore. Al’inverse, le jeu des alliances pourraitdéclencher un conflit majeur dans larégion.

D’ores et déjà, certains analystes enChinetententd’appeler lesEtats-Unis«àlaraison»etdepersuaderTokyode la fragili-té de l’alliance de défensenippo-américai-ne. Il n’est pas certain que l’Europe ait prisla mesure de ces défis cruciaux dans unerégionqui voit transiter une partmajeuredu commerce mondial et concentretroispuissances nucléaires, sans compterlesEtats-Uniset la Russie.Dans le contexted’une crise économique, la tentation de laréduction des budgets de la défense estgrande. Celle du retrait aussi. Pourtant, endépit de l’éloignement géographique, lespréoccupationsdesautrespuissancesasia-tiquesdoiventêtreprisesen compte faceàune Chine dont les orientations stratégi-ques inquiètent.Dansunmondeaussiglo-balisé, lamontéedes tensions enAsie aurades conséquences considérables sur nospropreséquilibresetnospropres choix. p

Lesautoritéschinoises,affaiblies,utilisentlevieuxréflexenationalistepourdétournerversleJaponlacolèred’unpeuplerongéparlesinégalitéssociales

MerdeChine: laguerremenace

Hongkong

Subic Bay

Guam

Mariannes

Palau

Darwin (Australie)

Shanghaï

BRUNEI

THAÏLANDE

CAMBODGE

LAOS

TAÏWAN

PHILIPPINES

CORÉEDU SUD

PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE

VIETNAM

JAPON

I N D O N É S I E

Détroit deMalacca

Hainan

Principale routecommerciale

MerJaune

Merde Chineorientale

O c é a nP a c i f i q u e

CHINE

MALAISIE

MALAISIE

BIRMANIE VIIe flotte américainede l’Asie orientale

Iles SpratleysRevendiquées par Brunei,la Chine, la Malaisie,les Philippines,Taïwanet le Vietnam

Iles ParacelContrôléespar la Chine,revendiquéespar le Vietnam

Récif de ScarboroughContrôlé par les Philippinesmais revendiqué par la Chine,l’Indonésie et Taïwan

Iles Senkaku (ou Diaoyu)Contrôlées par leJapon,revendiquées par la Chineet Taïwan depuis 1971

500 km

Mer deChine

méridionale

Merde Chine

méridionale

SOURCES : D. ORTOLLANDETJ-P. PIRAT,ATLAS GÉOPOLITIQUEDES ESPACES MARITIMES,2010, ÉDITION TECHNIP ;LE MONDEINFOGRAPHIE LE MONDE

Un espace maritimerevendiqué par la Chine...

... source de tensionsrégionales

Zonemaritime convoitée

Revendication de Pékinauprès de l’ONU(7mai 2009)d’une souverainetéexclusive sur la merde Chine

Base navale chinoiseou implantation portuaire

Incidents entre la Chineet ses voisins

Facilités militairesaccordées aux Etats-Uniset bases américaines

En négociation

LAQUALITÉDESRELATIONSentre laChineet le Japondépendducontextegéos-tratégiqueetde l’analyseque le régimechinoispeuten faire. Le29septembremar-que le40eanniversairede l’établissementde leurs relationsdiplomatiques. Si le rap-pel constantde laguerresino-japonaiseetde sesatrocitésest aucœurde l’éducationpatriotiqueenChine, à cette époque,Mao,recevantunedélégationdeparlementai-res japonais, remerciait le Japonpourunconflitqui avaitpermisauParti commu-nisted’arriveraupouvoir.

L’établissementdesrelationsdiplomati-quess’inscrivaitdansuncontextestratégi-quequi–pourPékin–étaitdominépar lamenace«principale» soviétiquealorsquedes incidentsarmésentre lesdeuxex-pays frèress’étaientproduitsen 1969. LaChinedécidaitde se rapprocherdesEtats-Unis–menace«secondaire»–dansunbas-culementstratégiquemarquépar lavisitedeRichardNixonen février1972. Surprisparcesévolutionsdont il n’auraitpasétéinformé, le Japondécidaitd’accélérersonproprerapprochementavecPékin.

Pour laChine, l’établissementdes rela-tionsdiplomatiquesavecunepuissancejaponaiseenpleinélan luipermettaitdesortirde l’isolementetdebénéficier–alorsque la révolutionculturelleavait lais-

sé l’économiedupaysexsangue–d’uneaideconsidérable.

PourTokyo, l’établissementrapidedesrelationsdiplomatiquesavecuneChinequinepouvait l’inquiéterapparaissait aus-si commeunesourced’opportunitésnou-velleset lemoyendedémontreràWash-ingtonque, désormais, ce sontaussi lesintérêtspropresdu Japonquipréside-raientà ses choixdiplomatiques.

Si laChine–etTaïwan–avaientpour lapremière fois revendiqué l’archipeldesSenkaku-Diaoyuen1971, cettequestiondesouveraineténeconstituaitpasunenjeumajeuravecTokyo. L’heuren’étaitpas àPékinaux tensionsavec le Japondevenulepremierpourvoyeurd’aideaurégime. En1992,Pékinpourraaussi se féliciterde labonnevolonté japonaise lorsqueTokyosera lapremièrepuissanceà rompre l’os-tracismeimposéà laChinepar lespuissan-cesoccidentalesaprès les événementsdeTiananmenen juin1989. Lavisitede l’em-pereurdu JaponenChine, lamêmeannée,marquera l’apogéedeces relations.

Lecontexteestbiendifférent. Lamena-cesoviétiqueadisparuet laChines’esthis-séeaudeuxièmerangmondialmais lerégimecontinued’analyser la situationinternationalecomme«incertaine».Cettefois, ce sont lesEtats-Uniset leursalliésen

Asiequi suscitentson inquiétude.Si les relationséconomiquesentre

TokyoetPékinsontmarquéesparune for-te complémentarité, le Japonest aussiredevenupour le régimechinois l’exutoi-redes frustrationsaccumuléesdans lapopulation.Cettestratégiede la tension,miseenœuvredepuis la findesannées1990et ladésastreusevisiteduprésidentJiangZeminàTokyo, alimenteenretour laradicalisationd’unepartiede l’opinionpublique japonaisefaceàuneChinequidéçoit et inquiète.

Laquestionterritorialedans ce contex-ten’estqu’unprétexte,ou lemarqueurdel’étatdes relationsentre lesdeuxpuissan-cesasiatiques.En 1978,DengXiaoping,à laveillede lancer lapolitiquede réformesetd’ouverturequi allait transformer lepays,déclareraque laquestiondes Senkaku-Diaoyudevaitêtre«misedecôté»pourlaisser lavoie libreàune fructueusecoopé-rationentre lesdeuxpays. L’archipel sem-ble fairepartiedeces«intérêtsvitaux»pour ladéfensedesquels les autoritéschinoisesmultiplient lesgesticulationsmartiales.Ainsi, ledegréde tensionentreTokyoetPékin,quelqu’ensoit l’objetappa-rent, constitueunbaromètreprécisdudegréd’ouvertureetd’intégrationausys-tèmemondialvouluparPékin.p

décryptages LEGRANDDÉBAT

«“L’éducationpatriotique”

etsadimensionantijaponaiseaprisunepartcroissantedanslajeunesse »

L’instabilitédesrelationssino-japonaises

DR

16 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 17: LE MONDE 25-09-2012

170123Mardi 25 septembre 2012 décryptagesDÉBATS

JeanPeyrelevade

Economiste

L’Europe va mieux, laFrance s’enfoncedans lacrise. On peut espérer,sous l’impulsion deMario Draghi et de laBanque centrale euro-

péenne,unrépitdanslabatailledesdettes souveraines. Peut-êtremême, grâce au vote dupacte bud-gétaireet auxprogrèsde lasolidari-téauseindelazoneeuro,verra-t-onla disparition progressive de laméfiancedes prêteurs à l’égard desbanques et des emprunteurspublics. Doncun vrai retour au cal-mesur lesmarchés financiers.

Cependant, une évolution aussifavorable laissera entier le problè-me de compétitivité des Etatsconcernés, dont chacun demeureresponsable pour lui-même. De cepoint de vue, dont tout dépend,notre pays, loin de progresser,continue à reculer. Faute d’actionsuffisante, nous sommes condam-

nés à un quinquennat de croissan-ce nulle et demontée du chômage.LeparideFrançoisHollandedevoircelui-ci commencer à reculer fin2013estdoncd’oreset déjàperdu.

Eneffet,nouscontinuonsàaban-donner des parts demarché, notrecommerce extérieur est toujoursdéficitaire, lesmargesbénéficiairesdenotreappareilproductif sontauplus bas, surtout dans l’industrie,les défaillances d’entreprises semultiplient et l’investissement vaencorereculer.Pourcombattrecet-te atonie, nous aurions besoin demettreenplaceunevéritablepoliti-que d’offre, et ainsi arrêter notredésindustrialisation.Mais le «chocde compétitivité» souhaitable estsanscesserenvoyéàplustard,alorsque rienneseraitplusurgent.

Commentexpliqueruntelaveu-glement collectif? Nos dirigeantspolitiques, toutes tendancesconfondues,sontà l’imagede l’opi-nionpublique: ilsnecomprennentpaslesconditionsdelacréationdesrichesseséchangeables.

L’entreprise est au cœur de laproblématique. Or elle est éclatéeentre des intérêts divergents àcourt terme, alors que leur conver-gence serait décisive pour sa crois-sance à long terme et la prospérité

detous.Elleest conçuecommeunemachine à distribuer: des dividen-des et des plus-values aux action-naires, des rémunérations tou-jours en hausse aux salariés, del’emploi aux jeunes à la recherched’embauche. Marchés financiers,syndicats, pouvoirs publics, cha-cun la regardedemanièrepartielle

et à son propre bénéfice. Nul ne sedemande d’où vient la mannequ’onluiréclame.Qu’elleinterrom-pesadistributionvis-à-visdeteloutel et elle devient immédiatementcoupable.

Comments’étonnerdurésultat?Depuisdixans,lessalairesaugmen-tentplusvitequelaproductivité,cequifaitquenotrecoûtdutravailestdevenu parmi les plus élevés aumonde, depuis dix ans les dividen-

des croissent plus rapidement quela valeur ajoutée, depuis dix ansl’emploi industriel s’effondre et sil’on continue sur cette trajectoirenous connaîtrons bientôt un reculgénéralisédupouvoird’achat.

Un choc de compétitivité, obte-nu par diminution des chargessociales dites patronales, est unecondition nécessaire du redresse-ment.Maisellen’estpassuffisante.Nous avons besoin d’entreprisesavec des marges plus élevées, quiinvestissentetinnoventdavantageafin de monter en gamme. Nousavons besoin d’une vraie modéra-tion salariale, conditionnée parl’évolutiondelaproductivité.Nousavons besoin de bénéfices réinves-tis, plus que de dividendes, afin defavoriser la croissance. En bref,nousdevonschangerdemodèle,etautrementquepar slogans.

Lacroissancepar l’endettement,c’est terminé.Nous devons reveniraux fondamentaux, le travail et lecapital techniquemis enœuvre ausein des entreprises dont la bonneactivité est d’intérêt public. Nousavons besoin d’un nouveau pactesocial, en faveur des entreprises etdans chacune d’elles afin de lesencouragerplutôtquelessanction-ner.Adéfaut, lepire est certain.p

Alors qu’elle s’apprête à fêterses 54ans, notre Loi fonda-mentale ne ressemble, enfait,plusvraimentàcellequivit le jour à l’initiative dugénéral de Gaulle. Présiden-

ce après présidence, le fait du prince en aprofondémentmodifié levisage.

Pasun chefd’Etat, à l’exceptiondeGeor-ges Pompidou, qui n’y ait imprimé samar-que et sa trace ! De Gaulle, le premier, latransforma, dès 1962, en instaurant l’élec-tion présidentielle au suffrage universeldirect. Valéry Giscard d’Estaing avec lamodificationdelasaisineduConseilconsti-tutionnel, FrançoisMitterrand à l’occasiondelaratificationdutraitédeMaastricht,Jac-quesChiracaveclepassageduseptennatauquinquennat,NicolasSarkozyen limitantàdeux lenombredemandatsélyséens…

Touteslesprésidences,oupresque,com-mencent d’ailleurs par la création d’unecommission chargée de toiletter la Consti-tution. Le doyen Georges Vedel, le profes-seur Pierre Avril, Edouard Balladur ontplanché, tour à tour, sur des propositionsquisontdemeuréeslettremorte.Avecl’ins-tallation de la commission Jospin, nousrevivons, aujourd’hui, le même scénario.Le scepticisme est donc de mise, non passur le résultat ou la pertinence de ses tra-vaux,mais sur leurmiseenœuvre.

La qualité des hommes et des femmesn’estpasencause.Enrevanche,laméthoderend l’échec presque inévitable. Ces com-missions travaillent dans la confidentiali-té. Du coup, lorsque sont dévoilées leursconclusions, l’esprit critique l’emporte, lespolémiques s’installent, les oppositionsfont feu de tout bois et le président, pourcalmerlejeupolitique,enterretout.Onver-ras’ilenvaautrementavecFrançoisHollan-de,maisunchangementdeméthodepour-raitluidonneruneplusgrandelibertéd’ac-tionet dedécision.

Al’approchediscrète,voiresecrète,d’uncollège d’experts, pourquoi ne pas substi-tuer un grand débat public dont le comitédes sages désignés par le chef de l’Etat tire-rait les conclusions? Ce déverrouillageconstitueraituneavancéedémocratiqueet

donnerait de la force aux réformes rete-nues. Il rapprocherait les citoyens de leursinstitutions.

Sisoufflaitceventdudébat,deuxpropo-sitions,parmibiend’autresnaturellement,pourraient être examinées. La premièreconcerne la parité hommes-femmes. Sou-haitable, elle est devenue dans la forma-tion des équipes gouvernementales à lafois un exercice imposé et une opérationcosmétique! On ne choisit plus les minis-tresenfonctiondeleurscompétencesmaisde leur sexe. Cette parité ministérielle,numérique,estuneapprochepeugratifian-tepour les femmes.

Cen’estpas, eneffet, à l’échelongouver-nementalqu’il faut imposer laparité,maisau sein de l’Assemblée nationale, dont lavocation est d’être représentative. Danschaque circonscription, après adaptationdesmodalités électorales, seraient élus unhomme et une femme. Libre, ensuite, auprésidentdeconstituersongouvernementdansunvivier renouvelé.

Deuxième proposition à débattre : lamodificationducorpsélectoralduSénatetl’affirmationdesavocation.Ilpourraitêtreconstitué – de droit – desmaires des gran-des villes de France (plus de 100000habi-tants), des présidents des conseils régio-naux et départementaux, si ces structures

demeurent, et d’élus désignés au scrutindelistepourreprésenterlesvillespetitesetmoyennes ainsi que les communes rura-les. Le Sénat deviendrait, de fait, la Cham-bre des collectivités territoriales, à l’imagedu Bundesrat allemand, tandis que l’As-semblée,commeleBundestag,seraitrepré-sentativedupeuple français.

Cette évolution du Sénat réglerait, enoutre, la question du cumul des mandats. IlfaudraitêtreélulocalpoursiégerdanslaHau-te Assemblée. Le cumul serait, en revanche,interdit à la Chambre des députés. Certes, ilne s’agit pas de copier le modèle allemand,mais cette nouvelle configuration Assem-blée-Sénatamélioreraitl’harmoniedémocra-tiquedupays.Unenécessité en tempsde cri-sepourrapprocher lesFrançaisde leurs insti-tutionsetde leurs représentants.

A tout lemoins,undébatpublic s’impo-sesurcettequestionessentielledelarepré-sentativitédenotreParlement. p

LE MOIS DU CANAPÉCanapé 3 places Chesterfield,fabrication artisanale, ressorts et plumes,

cuir mouton pleine fleur ciré et patiné à la main.

Prix : Seulement 2 39O €** Jusqu’au 29/09/2012

80, rue Claude-Bernard - 75005 PARISTél. : 01.45.35.08.69

www.decoractuel.com

Fauteuils &Canapés Club

Haut de Gamme

«Al’approchediscrète,voiresecrète,d’uncollège

d’experts,pourquoinepassubstituer

ungranddébatpublic »

LacommissionJospindoitchangerdeméthode !

Il va sans dire que toute violence, qu’elle soitinspirée par des sentiments religieux ou desraisons laïques, doit être condamnée sanséquivoqueetavec laplusgrandefermeté.Celaest conforme au meilleur de la traditionmusulmane, qui abhorre les querelles confes-

sionnelles, lesconflits interethniqueset lesviolencesinterreligieuses.

Cette leçon s’inspire de l’exemple du prophèteMahomet lui-même, qui, alors que ses ennemis lesoumettaient aux pires traitements, dédaigna tou-jours ces insultes et choisit à chaque fois la voie dupardon, de lamiséricorde et de la compassion. C’estpour cette raison que les musulmans du mondeentier l’appellent« laMiséricordepour lesmondes».En vérité, cet exemple est résumé par le Coran lui-même, qui exhorte ainsi les croyants : «La bonneaction et la mauvaise action ne sont pas identiques.Repoussez la mauvaise action par une actionmeilleure.»

Lemondeagrandbesoindetellesleçons,quirepré-sentent l’authentique enseignement du Coran et duProphètedel’islam. Ilest importantdedistinguercesnobles messages de ceux brandis par des gens quin’ont aucune compétence en matière d’interpréta-tionreligieuse,d’herméneutiquecoraniqueoud’his-toire de la pensée islamique.

Malheureusement, la situation actuelle du mon-demusulmanest telleque les institutionset structu-res porteuses d’autorité légitime sont si affaibliesque les discours enflammés ont remplacé l’analyseréfléchie comme moyens d’incitation à l’action etcommeguidesdu sentiment religieux.

Aujourd’hui,nousavonsunbesoinurgentdediri-geants religieux sérieux qui affrontent la réalité dumondemoderne–avec tous lesdéfiset lesdifficultésqu’elle comporte – afin de créer un environnementdans lequel leshommespuissent coexister. Celadoitêtre un effort commun déployé par lesmembres detoutes les cultures et de tous les groupes religieux.

Ledésir sincèredecomprendrecequi sous-tend larévérence des musulmans à l’égard du Prophète estun élément indispensable à un tel effort. Pour plusd’un milliard de musulmans à travers le monde, leprophète Mahomet représente l’exemple suprême.Il est leur point de référence et, comme l’explique leCoran,«plus cherà leursyeuxque leurpropreperson-ne».

Dans la conception islamique dumonde, les pro-phètes sont lesmoyenspar lesquels les hommesontreçu l’enseignement de Dieu. Cela est tout aussi vraide la succession des prophètes antérieurs à l’islam –parmi lesquels Abraham, Moïse et Jésus – que celal’est du prophète Mahomet lui-même. Ce sont desmaîtres révérés qui nous ont enseigné la naturemême de la réalité, le but de notre existence et la

façon de nous mettre en relation avec Dieu. C’estpourquoilesmusulmanss’efforcentd’imiter l’exem-ple du Prophète dans tous les aspects de leur vie. Ilscherchent à assimiler profondément ses valeurs.

Celles-ci comprennent, entre autres, la capacitéd’accueillir les provocations avecpatience, toléranceet miséricorde. Ce sont là, pour les musulmans, desvaleurs spirituellesde la plus haute importance, quela vie du prophète Mahomet lui-même illustre avecgrande clarté.

Uneanecdoteleconcernantestconnuedesmusul-mans dumonde entier. Un de ses ennemis était unefemmequi vivaitdansune ruequ’il empruntait cha-que jour et dans laquelle elle jetait des ordures avantson passage. Un matin, passant devant chez elle, ilremarqua qu’elle s’était abstenue de le provoquer.Inquiet qu’elle ait renoncé à sa routine quotidienne,la seule réaction du Prophète, aussi difficile que celapuisseêtrepour lui, fut de s’enquérirde la santéde lafemme. Les exemples du Prophète priant pour sesennemis et affichant une fermeté inébranlable faceauxinsultesetauxprovocationsabondentdanslalit-térature islamique.

Cela, sans nul doute, devrait être un idéal islami-que.Malheureusement,toutlemonden’estpascapa-ble de vivre en accord avec son idéal. Ce qui est clair,c’est que l’attachement des gens au personnage duProphèten’estenriendiminué,mêmequandilssontincapables,pourdesraisonsqui leursontpropres,desuivre les enseignements qu’il leur a dispensés.

Lesmusulmans considèrent les insultes contre leProphète comme pires que des insultes qui seraientproférées envers leurs propres parents, leur famille,etmême contre eux-mêmes. Le Prophète est unper-sonnage sacré qui a enseigné auxmusulmans com-ment vivre en cemonde, et dont la venue fut undondivin.

Aussi, les récents documents qui visentmanifes-tement à offenser les sentiments les plus profondsde plus d’unmilliard d’êtres humains dans le mon-de ne font que contribuer à l’aggravation des ten-sions, et ne profitent à personne. Les musulmansdoiventsoit ignorerdetellesprovocations,soityréa-gir demanièrenonviolente, dans les limites instau-réespar leurreligion.Ces limitesontdetouteéviden-ce été franchies au cours des derniers jours, c’estpourquoi les instancesreligieusesmusulmanesain-si que l’Eglise copte d’Egypte ont joint leurs voixpour appeler au calme et ne pas permettre que lasituation s’aggrave. p

Traduit de l’anglais parGilles Berton

ClaudeAllègreGéochimiste,

membre de l’Académie des sciences

Denis JeambarEcrivain et journaliste

«Lesmusulmansdoiventsoitignorerdetellesprovocations,soityréagir

demanièrenonviolente,dansleslimitesinstauréesparleurreligion.Ceslimitesontdetouteévidenceétéfranchies

aucoursdesderniersjours»

AliGomaaGrandmufti d’Egypte

«Marchésfinanciers,syndicats,pouvoirspublics,regardentl’entreprisede

manièrepartielleetàsonpropre

bénéfice»

Mahometlui-mêmeignorait laprovocationSonexemplepeutinspirer lesmusulmans

Unnouveaupactesocialenfaveurdel’entrepriseLacroissancenullerisquedegreverlequinquennat

Page 18: LE MONDE 25-09-2012

Zonesfragiles

décryptages ENQUÊTE

Achaque fois, c’est pareil. Lespériodes électorales ont aumoins la vertu de pousserles journalistes à regarderde très près leur proprepays.La louped’unsondage

ou le coup de phare d’un résultat localattire soudain l’attention sur un coin deFrance. On saute dans un train. On s’en-flamme pour un village ou une usine,dont on ne connaissait jusque-là pasmêmel’existence.Onydécouvreunmon-de.Onprometderevenir.Etpuisunprési-dent est élu, des députés succèdent àd’autres députés. Ce sont eux qui absor-bent la lumière et l’actualité, la Francedespetitsmatinsdisparaît peuàpeuder-rière la Francedesgrands soirs. Le scrutinsuivant arrive déjà, et on se rend comptequ’onn’est jamaisrevenudansceboutdepays dont nous voulions tout raconter.

Mais, au fait, qu’aurions-nous vu queles Français ne connaîtraient pas déjà?Des voitures bâchées devant despavillonsparceque l’essenceestdevenuetrop chère ? Des villages qui se sententassiégéspar l’arrivéedequelquesnouvel-les familles « à problèmes»? Des pèresqui ont devant eux un avenir plus sûrque celui de leur fils ? Des familles qui nese font plus soigner ou seulement audébut dumois?

On sait tout et on ne sait rien de cemonde confus, en équilibre sur un fil, oùcohabitent des discours durs et des viesvulnérables. Dans la Creuse, quelqu’unhésite si on lui demande où il en est : «Jenesaispasquoivous répondre.C’est pas lePérou,mais c’est pas la Grèce non plus.»

On cherche ses mots pour en parler.Misère?Précarité? Ilsn’ontpluscours. Ilsajoutent même au désordre, choquantceux qu’ils sont censés désigner. «Onparledenouscommesionétaitdesmargi-naux! Oui, je le prends mal : le pays c’estnous,on est tout lemonde», se fâchecettecantinièredansune écoledeCaen. Ellenel’ajoutepas,mais ça sedevine: elle voit làdumépris.Dans leNord, c’estunvendeursur unmarché qui demande aux journa-listes : «Alors, vous êtes venus au zoo?» Ilmime un singe. Refuse de répondre auxquestions. Même pas fâché, rigolard :«De toute façon, soit on nous plaint, soiton nous prendpour des fachos. Parfois lesdeux.»

C’est pour tout cela que nous avonsvoulu faire continuer notre tour de Fran-ce,entamépendant lacampagneélectora-le et lesblogs«UneannéeenFrance» : unvoyage dans ces «zones sensibles» sansrendez-vous fixe, aux étapes informelleset aléatoires.p

F.Au. et B.H.

Entretien

ChristopheGuilluy, géographeet consul-tant auprèsd’organismespublics, racon-te la France d’aujourd’huià travers ses ter-ritoires. Il a notammentpublié l’Atlas desnouvelles fractures sociales en France(Autrement, 2004) et Fractures françaises(Bourin éditeur, 2010).Dans votre travail, vous commencez parremettre en cause les grandes typolo-gies auxquelles se réfèrent en généralsociologues, urbanistes ou statisti-ciens. Vous estimez que les classifica-tions traditionnelles ne disent plus laréalité sociale et culturelle. Pourquoices catégories ne vous semblent-ellesplus représentatives de la Franced’aujourd’hui?

Chaqueépoqueporte enelle sesproblé-matiques: la lignedepartagedans lemon-dedu travail ne passe plus seulemententre ceuxqui ont un emploi et ceuxquin’enont pas commedans la Francedes«trente glorieuses». Nous vivonsà l’èredesplans sociaux, des intérimaires, dutempspartiel. Lamondialisationaméta-morphosé la question sociale aussi pro-fondémentque la révolution industrielle,il faut trouver denouveaux indicateurs.

Dans le départementde laMayenne,par exemple, les indices paraissentbons,un tauxde chômage relativementbas etdepuis très longtemps.Or, de nombreuxemplois sont précaires, avec des revenusqui tournent autourde 800ou900euros.Mêmechosepour le loge-ment: la catégoriedes «propriétaires»

signifie généralement«sansproblème».Or, en France, près de 40%d’entre euxontdes revenusqui les rangent aumêmeniveauque ceuxqui postulent au loge-ment social.

Plus généralement, rappelons queprèsdes trois quarts desménagespauvresneviventpas enHLM.Onpourrait aussi évo-quer les retraités, qui représententuntiersdesménages auniveaunational :67%d’entre eux sontd’anciens ouvriers,employésouagriculteurs avec de trèspetits revenus.

La combinaisonde ces données, quej’appelle les «indicesde fragilité sociale»,dessineune tout autre carte de Franceque celle dont ona l’habitude. Elle se divi-se endeux: d’un côté, la «Francemétropo-litaine», celle des grandes villes avec sesbanlieues, qui s’est constituée àpartird’unedoubledynamiqued’embourgeoi-sementet d’immigration; lamondialisa-tionpar le haut et par le bas. A l’écart desgrandesmétropoles, émergeune«Francepériphérique» surdes espacespériur-bains, ruraux, industriels, dans des villespetites etmoyennes.Ony retrouvenotammentdes employés, des ouvriers,des retraités et l’essentiel de ces catégo-ries qui sont souvent à 50euros prèspourboucler leurmois, que j’appelle les nou-velles classespopulaires. C’est-à-dire60%de la population.Comment expliquez-vous cette recom-position du territoire?

Pendant longtemps, ouvriers etemployéshabitaient les grandesmétro-poles, dans le cœur dupays, là où se pro-

duisaient les richesses. Aujourd’hui,contrairement à ce qui se passait dans lesannées 1970, ceuxqui quittent la villesont les catégories les plusmodestes, quise sont pris lamondialisation enpleinetête. Evincés par la désindustrialisationet l’embourgeoisementdes centresurbains, ils se retrouvent nonpas del’autre côté du périphérique,mais «del’autre côté des banlieues». Or, cettepopulationvit de fait à l’écart des centreséconomiques et de décisions, unenon-intégration sociale,mais aussi culturellequi a généré un sentiment tenace de relé-gation.Habiter une grande ville resteune chance, avec des opportunités d’em-plois plus fortes que dans le rural picard.Là, se jouent aujourd’hui les véritablesfractures françaises, le divorce culturel.

Dans ces territoires de repli et de gran-des fragilités sociales, tout devientmena-ce : le plan social de l’entreprise voisine,mais aussi la constructionde logementssociaux. En France, ce problème identitai-re a toujours été nié. Ce n’est pas rien deconstruire dix pavillons dansune petiteville pour y accueillir des gens d’ailleurs,d’une grandemétropole ou d’un autrepays. Cela ne veut pas dire que c’estimpossible,mais ça reste difficile sur-tout, dans ces zones-là, où les habitantsn’ont pas lesmoyens de déménager.

Moi aussi, comme tout lemonde, jesuis en faveur de l’habitat social. On enmanque:mais il faut lemettre d’abord làoù tout va bien, pas dans des espacessocialement fragiles où le logement estla dernière des «sécurités».

Onavait beaucoupparlé de vos travauxaumoment de la dernière élection prési-dentielle, comment l’expliquez-vous?

Le seulmoyend’attirer l’attentiondela classe politiqueoumédiatique sur cet-te Francepériphériqueest de parler duvote Frontnational. Là, soudain, elle serend comptede sonexistence et, de fait,Le Pen est enprogressionconstante dansces territoires de fragilités sociales.Aujourd’hui, la fracturepolitiquenepas-se plus par la gauche et la droite,maisentre ceuxqui ont lesmoyensdeconstruireune barrière symboliqueentresoi et les autres, et ceuxquine les ontpas.

Dans les quartiers populaires des gran-des villes, l’évitement du collège est sou-vent la normepour les catégories supé-rieures. Les bobosparisiens ont lesmoyensd’ériger des frontières endou-ceur, un «évitement républicain» enquelque sorte: ils savent se débrouillerpournepasmettre leurs gaminsdans lamêmeécole que ceuxdes familles tchét-chènesou africaines.Un enseignant surcinq contourne la carte scolaire. Pour lesouvriers ou les paysans, le tauxpasse àunsur vingt.Quand il n’y a pasd’autre fui-te possible, la tentationest de demanderà quelqu’un, qu’on supposepolitique-ment fort, dedresser pour vous cette bar-rière symbolique.A l’arrivée, on peutquandmêmese poser la question: qui estdans la radicalité? Le salarié à tempspar-tiel qui vote FN?Ou le boboparisienquifait de l’évitement scolaire?p

Proposrecueillis parFlorenceAubenas

Ilyaquatremois,la campagneprésidentielle avaitmisenvaleur lesproblèmesdecettepartiedupaysque legéographeChristopheGuilluyappelle la«Francepériphérique».Retourdanscemondeconfusoùcohabitentdesdiscoursdursetdesviesvulnérables

«Danslesterritoiresderepli, toutdevientmenace»

18 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 19: LE MONDE 25-09-2012

décryptages ENQUÊTE

Sumène (Gard)Envoyé spécial

U n jour de juin, à Sumène, bourgcharmant lové dans l’écrin desCévennes, cité tranquille alignant

ses vieillesmaisons de guingois les piedsdans le lit du Rieutord, 288 habitants serendirentauxurnesetdéposèrentunbul-letin du Front national lors du secondtourdesélectionslégislatives.Commeunbon tiers des 1356 inscrits n’avaient pastrouvéde raisons suffisantes de se dépla-cer, Sybil Vergnes, candidate «bleuMari-ne», se trouva nantie de 33% des suffra-ges exprimés, battue en duel par le dépu-té PS sortant,WilliamDumas.

«Ici, ce n’est pas un problème de délin-quance,d’immigration, constateGhislainPallier,mairesansétiquettede lacommu-ne. Il fautchercherailleurs laraisonduras-le-bol.» Il sourit, hésite, évoqueunepiste.«La population a bien changé.»

A la tête d’une entreprise de terrasse-ment, Ghislain Pallier est né à Sumène(Gard). « J’ai connu la période où les genspartaient», dit-il. Pendant desdécennies,ledéclinde l’agriculturemontagnarde, lafermeturedesminesdecharbon, ladécré-pitudede l’industrie de la bonneterie ontsaigné la région. On ne comptait plus lesmaisons, les mas ou les terres laissés àl’abandonouconfiésaugardiennagefati-gué des anciens.

Sumèneprofiteaujourd’huidel’embel-lie démographique que connaissent les

Cévennes depuis quelques années. Lebourg compte aujourd’hui 1 650 habi-tants, gagnant 200 habitants en dix ans.Plus guère de maisons restent inhabitéeset des pavillons neufs se construisent làoù la pente le permet. Les façades de lavieille ville sont ravalées et retrouvent dulustre et de la vie.

«Je suis né en 1961, quand les Cévennesétaient en train de mourir. C’était la find’un monde, décrit par Jean-Pierre Cha-brol. Il y a aujourd’huiune revitalisation»,raconte Patrick Cabanel, professeur d’his-toirecontemporaineàl’universitéToulou-se-Le Mirail. Cet autochtone, auteur d’un

docte «Que sais-je» sur sa région, maisaussi d’une ode amoureuse,Cévennes. Unjardin d’Israël (La Louve éditions, 2006),évoque un pays de caractères trempés,d’âmesfortesà laGiono.Unetraditionnel-le terre d’exil aussi, pour les persécutés,les exclus ou les contestataires.

Interrompualors qu’il fauchait un prédans son havre montagnard, il décrit les

nouvelles populations qui se sont instal-lées et «ont changé la culturede ce pays.»

Il y a les vacanciers parisiens ou nord-européens qui ont retapé à grands fraislesvieillespierrespourenfaired’avenan-tes villégiatures. «Ils ont contribué à unelubéronisation des Cévennes», expliquel’universitaire. Ils portent chapeaux depaille et espadrilles mais avec trop d’af-fectation et suscitent parfois les jalou-sies, avec leurs belles piscines et leursgrosses voitures.

Ont débarqué aussi des jeunes enmald’un mode de vie alternatif. «Des babascool qui ne gagnent pas des mille et descents», résume Ghislain Pallier. Ils ontposé ici leur sac à dos et leur ordi, fils ouplutôt petits-fils spirituels des soixante-huitards qui s’installèrent naguère avecplus ou moins de succès. Ils gravitentdans lemilieuassociatifousocioculturel,ouvrent des boutiques colorées ou bio,ont inauguré un centre d’art dans unlocal prêté par lamairie.

Ils sont en partie à l’origine des Tran-ses cévenoles, un festival de musique etd’arts de la rue qui draine chaque fin dejuillet, depuis quinze ans, desmilliers despectateurs. Ilsanimentaussi laviesocia-le de Sumène. Ils se retrouvent le soir surles bancs du Bar de la Place, restent jus-qu’àdesheuresavancéesàrefaire lemon-de parfois en grand tapage.

«A cette immigration d’utopie s’ajouteune immigration de crise », poursuitPatrick Cabanel. Des « investisseurs» ontracheté une bouchée de pain de vieillesbâtisses insalubres, les ont grossièrement

retapées et divisées en appartement. Ilsles louent entre 350 et 450euros parmoisà des populations qui vivent de l’aidesociale.«C’est laCAFquipayedirectementle loyer», expliqueGhislainPallier.

Nîmes, Montpellier ou d’autres gran-des villes déversent ainsi dans ce coin demontagne leur trop-plein de misère. Lemaire voit régulièrement arriver ces nou-veauxadministrés,pourlaplupartd’origi-ne européenne. Dernièrement, une fem-me a débarqué de Dieu sait où dans uncamion aménagé et lui a demandé si ellepouvait s’installer sur un parking avecsonchien, enattendantde trouverunvraipied-à-terre.«Ils ne sont pas plusde cent àSumène, relativise l’élu. Mais c’est unepopulationqui apporteparfoisdesproblè-mes, d’alcool, de bagarre, de querelles devoisinage. Des gens seuls débarquent avecplusieurs chiensdans des appartements.»

Il est une dernière catégorie de nou-veaux arrivants. Des salariés modestesfuient les grandes agglomérations, vien-nent chercher la tranquillité et des prixencore abordables. Faute d’emplois surplace, ils travaillent à Montpellier ou àNîmes, à trois quarts d’heure en voiture,long trajet qu’ils font soir et matin com-me un pensum. Ils partent à l’aube,reviennent à la nuit, se mêlent peu de lavie du bourg. «Ces nouvelles populationsarrivent à l’écart des vieux villages, dansdes lotissementsbanals, des clonesdeCar-pentras ou de Saint-Gilles, constatePatrick Cabanel. Elles ont apporté avecelles le vote FN.»

Signe de ce bouleversement sociologi-que,untiersdeshabitantsdesCévennesyvivent depuis moins de dix ans. LaurentRieutort, 47ans, professeurdegéographieà l’université Blaise-Pascal, à Clermont-Ferrand, originaire de la Lozère voisine, aétudié cette migration et ses conséquen-ces. «On assiste à une turbulence énorme,à des flux problématiques. Nous sommesdans des territoires économiquement fra-giles.Or, il y aaujourd’huibeaucoupd’ins-tallationde personnes en situationprécai-re. Un nouvel arrivant sur cinq est au chô-mage.80%viennentd’unmilieuurbainetn’ont aucuneattache locale.»

«On aboutit à une société explosée»,conclut l’universitaire.«Çavapéter», pré-ditmêmeSybilVergnes,45ans, l’anciennecandidate FN. Elle aussi est née à Sumèneetenestpartiequandiln’yapluseudetra-vail. Cette femme issue d’une famillesocialiste s’est installée près de Marseilleoù trois agressions l’ont convertie àd’autres idées. Elle est revenuechercher latranquillitéàSumèneoùelleaouvertuneépicerie et fait construire une jolie mai-sondansun lotissement.

Ce jour-là, elle a convié chez elle sonvoisin et directeur de campagne, Sébas-tien Bocquet. Ce Nordiste âge de 42 ansestunancien légionnairequi, aprèsquin-ze ansde «crapahut» de Sarajevo à l’Afri-que, s’est fixé dans le Sud, a vécu près deNîmes avant de se poser à Sumène. Pourcompléter sa pension de 1000euros, iltravaille à Montpellier comme employédu tramway.

Pendant deux heures, les deux mili-tants vont décliner les thèmes tradition-nels du FN ou ceux chipés à l’actualité :l’immigration,ladélinquance, lafermetu-re des services publics, etc. Mais il en estun qui, dans les Cévennes, fait moucheplusque lesautres : le rejetde l’assistanat.

La région a toujours vécu, chichementmais orgueilleusement, de son labeur.«Le travail y a toujours étémis enavant»,constate Laurent Rieutort. «L’arrivéed’une immigration blanche assistée créeun vrai choc de civilisation», ajoutePatrick Cabanel.

Alors Sybil Vergnes affirme porter laparole de ceux qui «travaillent, cotisent,n’ont droit à rien». «On montre les pau-vres qui sont au RSA, assure-t-elle. On nemontrepas le Françaismoyenqui vit avecun smic et ne s’en sort pas. On nemontrepas levieuxquiaunepetiteretraiteetn’ar-rive pas à la fin dumois. Dansmon épice-rie, vingt ou trente personnes ont uneardoise et, à partir du 20, demandent àpayer le 7 du mois suivant. Et le nombreaugmente sans cesse.»

A côté, les «cas sociaux» auraient labelle vie, à l’entendre.«Cene sont pasdesgens qui veulent trouver du travail caraujourd’hui, on a plus de chance de trou-ver un logement en ne travaillant pas eten se le faisant payer par la CAF. Il n’y apas assez de différences entre ceux quigagnent lesmicet ceuxquiviventdesallo-cations.»

Sébastien Bocquet raconte la vie quidevientpluschèreet lessalairesquinesui-

vent pas. Il évoque le coût de l’essence, les300euros qu’il dépense en pleins chaquemois et qui grèvent son salaire de1 700euros. Sa pension militaire a étérécemment amputée de 80euros en rai-son de prélèvements supplémentaires.«Pour les RMistes, tout va bien, affir-me-t-il. Ils ont la CMU, se font rembourserintégralement tous les soins médicauxquand nos anciens ne sontmême plus soi-gnés. Les retraités, les salariés doiventpayer pour un appareil dentaire quandeuxont leur céramiquegratuitement.»

Sybil Vergnes assure que le discourscontre l’assistanat passe de mieux enmieux. William Dumas reconnaît beau-coup l’entendre. «Ici, les gens ne pensentmême pas à demander ce à quoi ils ontdroit, assure le député. Alors critiquerceuxquiprofitentdusystème, c’estundis-cours qui accroche dans un pays pauvre.Les gens sont choqués: ceux-là, ils ne fontrien et ils gagnent presque autant quenous. Ça va de la cantine gratuite au RSA.Le FN joue sur cet antagonisme.»

GhislainPallierentendaussi régulière-ment ce discours. «On dit : “Qu’ils aillentunpeu travailler.”» L’entrepreneurs’aga-ce lui-même d’avoir dumal à trouver dela main-d’œuvre. «Maintenant, bien sûrqu’il y en a qui profite du système,mais ilne faut pas généraliser.»

Ces antagonismes n’empêchent pasSumène de continuer à couler des jourspaisibles.Enapparence, toutvabien.MaisSybil Vergnes se plaint des doigts d’hon-neur que des jeunes lui adressent parfoisquand elle circule dans sa Mercedes. Sonépicerieaperdu40%desonchiffred’affai-res depuis qu’elle s’est présentée sous labannière du FN. Pendant la campagne,unevoiturebélieramêmeenfoncélavitri-ne de son magasin. Des slogans anti-FNont été badigeonnés sur des bâtiments.

Les frontistes accusent à demi-mot la«faune», les «parasites sociaux»qui gra-viteraient autour des Transes cévenoles,mettant dans un même sac les punks àchien, les écologistes, les altermondialis-tes ou les jeunes d’origine immigrée deGanges(Hérault), lavillevoisine.Lesorga-nisateurs du festival préfèrent ne pasrépondre à ses attaques. «On est à deuxdoigts de la manipulation», ironise l’und’eux.

En juillet, le FN a recouvert les affichesdes Transes cévenoles par des portraitsdeMarineLePen, aussitôt couverts à leurtourpardenouveauxplacardsdesorgani-sateurs. Cette guerre des nerfs se jouepour l’heureà coupsdebrosseset depotsde colle. Mais récemment, dans unhameau voisin, un homme a tiré sur desjeunes qui volaient de l’essence dans leréservoir de sa voiture. «Ça va mal finir.Lesgensont tousun fusil ici. Les Cévennes,c’est la Corse sans la mer», assure Sébas-tien Bocquet.

«Il y a des frictions, bien sûr, mais il nefaut pas les exagérer. Pour le moment, çatient. Tout le monde coexiste», tempèreGhislain Pallier. Le maire rappelle que laplupart des actes de délinquance élucidésétaient le fait de jeunes extérieurs aubourg. « Il y a moins de tolérance dansnotre société, moins de respect d’autrui,constate-t-il cependant. Je suis parfoisappelé pour des banalités, des histoires debruit qui se seraient hier arrangées entrevoisins.» Les nerfs sont à vif. La crise n’yestpaspour rien. LemairedeSumènesaitque sa petite commune est prise dans untourbillon qui lui échappe largement. «Sinousdevionsnous retrouver dans la situa-tionde laGrèce oude l’Espagne, cela pour-rait encoredégénérer.» p

«L’arrivéed’uneimmigrationblancheassistéecréeunvraichocdecivilisation»

PatrickCabanelCévenol, professeur d’histoirecontemporaine à l’université

de Toulouse-LeMirail

«Çavamalfinir.Lesgensonttousunfusilici.

LesCévennes,c’estlaCorsesanslamer»

SébastienBocquetdirecteur de campagne de Sybil

Vergnes, candidate FN aux électionslégislatives de 2012

f Sur Lemonde.frPendant un an, les journalistes du «Monde»se penchent sur la crise et les mutationsqui se font jour dans le pays par le biaisd’un blog collectif consacré au reportage :www.crise.blog.lemonde.fr

ASumène, petite cité cévenole de 1650habitants,33%des suffrages exprimés se sont portés surla candidate FN lors des dernières élections législatives.JULIEN GOLDSTEIN/REPORTAGE BY GETTY IMAGES POUR «LE MONDE»

BenoîtHopquin

Sumène,àmauxcouverts

190123Mardi 25 septembre 2012

Page 20: LE MONDE 25-09-2012

Marine Le Pen, qui était en université d’été duFront national à La Baule avant de relativiser sonpropos, a dit qu’il fallait interdire voile et kippasur la voie publique. A-t-elle raison?

Même lesmembresde sonparti,M.Collard, si j’aibien entendu, ont pris leurs distances avec cetteaffirmation, qui traduit véritablement le fond de lapenséeetdelasensibilitédeMarineLePen,uneespè-ce d’islamophobie latente. Je crois qu’il faut répétersans cesse que la laïcité, c’est le refus de toute reli-gion d’Etat, mais c’est le respect par l’Etat des diffé-rentes religions.

Parmi ces religions, l’islama sa place en France, àcondition qu’elle respecte les lois de la République.Ce quenous combattons ce n’est pas l’islam, c’est ladérive fanatiqueetextrémistequihélassemanifes-te dans beaucoup de pays du Proche-Orient, et par-foismême ici, cheznous.FrançoisHollande a chuté de onze points en unmois dans les sondages. Quelle en est la raisonselon vous?

Je crois que les raisons sontmultiples. D’abord, ily a beaucoupde promesses non tenues, et on pour-rait en allonger la liste.

Je prendrai un seul exemple: le traité européensur la stabilité, la coopération et la gouvernance enEurope. M. Hollande s’était solennellement engagépendantsa campagneànepas le ratifieren l’état.Orque va-t-il faire? Soumettre au Parlement françaisle texte que Nicolas Sarkozy avait signé à la fin dumois de janvier. Et je comprends que les suppor-teursdeM.Hollandes’y perdentunpetit peu.

Deuxièmeexplication,c’est lesentimentquerienne se décide. Pendant toute la campagne électorale,c’étaitsimplequandonécoutait lessocialistes,il suf-fisaitde sedébarrasserdeSarkozy,et toutallait allermieux. Il y avait une sorte de déni de réalité et dedéni de crise. Et aujourd’hui, on se rend comptequenoussommesconfrontésàunecrised’uneextrêmegravité, et que ça implique des décisions rapides etmajeures.Est-il souhaitable queNicolas Sarkozy revienneà termedans le jeu politique?

C’est à lui d’en décider. Si vous voulezmon senti-ment personnel, c’est qu’il doit prendre son temps,prendredureculpourvoircequ’il sepasse. Jenesuispassûrquesonirruptionànouveausurlascènepoli-tique,alorsqu’iln’yapasd’échéanceélectoraledansles mois ni même les années qui viennent, auniveau national, serait parfaitement comprise.J’iraismêmejusqu’àdirequesapopularité estpeut-être directement liée à son recul.p

Proposrecueillis parJean-FrançoisAchilli, Pierre Célérier

etVanessa Schneider

C ’était le 8septembre à Vladi-vostok, port russe de la côtePacifiquequi, dans la lan-

gue de Pouchkine, et donc cellede Poutine, veut dire «maître del’orient».

VladimirPoutine –peut-êtren’est-il pas inutilede rappelerque, en russe, Vladimir veutdire«maître dumonde» – accueillaitdoncàVladivostokunevingtainededirigeantsd’Etats de la régionpourun sommetde coopérationéconomiqueAsie-Pacifique,forumégalementconnusous lenomd’APEC.M.Poutine, dansuneformeéblouissanteaprèsunvolenULMavec les cigognes de Sibé-rie, attachaitunegrande impor-tance à ce sommet, pour l’organi-sationduquel il avait fait débour-ser à sonpays quelque 14milliardsdedollars et construit le pont sus-

pendu leplus longdumonde.De fait, tout se déroulaparfaite-

ment. Certes, BarackObama, enpleine campagneélectorale,n’avaitpas fait le déplacement,mais celapermit auprésidentHuJintao, chef de l’Etat de l’autregéantduPacifique, laChine, de nepas se faire voler la vedette.Hilla-ryClinton remplit debonnegrâceson rôlede remplaçante. Sur lesphotosavecM.Poutine, elle appa-raît souriante.

En réalité, la chefde ladiploma-tie américainen’avait pas quedesraisonsde sourire,mais elle n’enmontra rien. Pendant leur entre-tienbilatéral, leministre russedesaffaires étrangères, SergueïLavrov, lui annonçaqueMoscouallait expulser l’Agenceaméricai-nepour le développement inter-national,Usaid, qui adépensépas

loinde 3milliardsde dollars enfinancementsdeprojets divers enRussiedepuis la chutede l’Unionsoviétique.Washington, soit pournepasprêter le flanc aux critiquesducandidat républicain, soit dansl’espoirde retarder la décision,attenditdix jours pour rendre l’in-formationpublique.Désormais,c’est officiel : les agents de l’UsaidenRussiedevront avoir remballéleurs subventionset plié bagagesle 1eroctobre.

Lanouvelle est passée relative-ment inaperçue,mais elle enditlong sur l’état d’esprit deVladimirPoutine, qui a commencéenmaison troisièmemandatprésiden-tiel. Pourquoi fallait-ilmettre finauxactivitésde l’agenceaméricai-ne? Parce que, a expliquéuncom-muniquéofficiel russe,Usaidnerespectaitplus le cadre qu’elles’était fixé: ses représentants«tentaientd’influencer le proces-sus politiquepar ladistributiondesubventions».

Avecunbudget localmoyenassezmodestede 50millions dedollarspar an,Usaidne risquaitpasde financer toute l’oppositionrusse.Mais lesONGqu’elle soute-nait figurentparmi celles qui ontleplus gêné le pouvoir russe cesdernières années:Memorial, dontAndrei Sakharov fut l’inspirateuretdont les recherchesenTchétché-

nie sont trèsmal vues àMoscou,Golos, l’associationqui a surveilléles élections et dénoncé les frau-des, Transparency International,dont le travail de fourmi sur la cor-ruptionest très respecté. L’agenceaméricainesubventionnaitparailleursde nombreuxprojetsdans le domainede la santé.

Aplusieurs reprises déjà, Vladi-mirPoutine a accusé les Etats-Unisd’êtrederrière la vaguedecontestationà laquelle il seheurtedepuis les élections législativesdedécembre2011. Pour lui, les asso-

ciationsqui reçoivent de l’aidedel’étranger sont des«chacals». Les«révolutionsorange», puis le«printempsarabe» l’ontplacé surladéfensive et il a durci les condi-tionsd’obtentiond’aide étrangèrepour lesONG.

Unautremotif apparaît, cettefois dans le communiquéofficiel :la Russie est à présent «suffisam-mentmûre»pourpouvoir sepas-serd’un«leadership extérieur»

commecelui des Etats-Unis,mora-lisateurs enchef.

Cetteprécision est intéressante,et pas seulementparce qu’ellemet àmal le conceptde «reset»,ounouveaudépart, sur lequel lesprésidentsObamaet, à l’époque,DmitriMedvedevs’étaient enten-duspour relancer le dialogue rus-so-américain. Lemot«reset» aaujourd’huidisparuduvocabulai-re officiel.Vingt ans après l’effon-drementde l’URSS, laRussie estdoncunpays«mûr», gorgédesrevenusdugaz et dupétrole, et

dirigéd’unemaindemaître, avecune remarquable continuité, parVladimirPoutine, tantôt prési-dent, tantôt premierministre. LaRussien’est ni l’Albanieni la Sier-ra Leone, elle sait faire duvélo tou-te seule et n’apas besoindespeti-tes rouesde l’Usaid et autres insti-tutionsbien-pensantes.

D’ailleurs, la Russie a-t-ellebesoinde l’Occident? AVladivos-tok, le présidentPoutine s’est réso-lument tournévers l’Orient et sanouvelle étoile, la Chine. LaRus-sie, a-t-il dit, est prête à coopéreravec laChine, sonplusgrosparte-naire commercial,«dans toutesles directions». Pourquoi la puis-sanceaméricaine serait-elle la seu-le à «pivoter» d’ouest en est et àseproclamerpuissancede l’Asie-Pacifique? Pourquoi la Russie,

dont les deux tiersdu territoire sesituent enAsie, nepourrait-elleaussi «pivoter»? EnAsie cepen-dant, les futursnouveauxamisdelaRussiene s’épuisentpas en effu-sionsde bienvenue. Pékin apourl’instantunevision trèsutilitairede laRussie et de ses ressourcesnaturelles.«LaRussien’est pas per-çue commeunpartenaire très sta-ble,nousexplique, à Pékin, l’undesprincipauxexperts chinoisdepolitiqueétrangère.Onne sait pasvraimentquelles sont ses prioritésstratégiques. Elle nous estutile,mais paspour degrandes choses.»Pourpivoter, finalement, il fautêtreplusieurs.p

Post-scriptum. Des lecteurs vigi-lantsont réagi à notre chroniquepubliéedans LeMondedu 18sep-tembre, «Unegrande faminepeuten cacheruneautre». Ils regret-taient, à juste titre, l’omissiond’un livre important sur la grandefamine chinoise,HungryGhosts,du journalistebritannique JasperBecker, traduit en français en 1998sous le titre LaGrande FaminedeMao (Ed. Dagorno). France5 diffu-sera le 28octobreundocumentai-re portant lemêmetitre, qui réu-nit plusieursauteurs cités danscette chronique.Quant à la grandefamineukrainienne, elle avait aus-si été évoquée, dans sesdétails lesplus terribles, bienavant les ouvra-gesquenous avons cités, par untransfugesoviétique,ViktorKravt-chenko,dansun livrepublié en1947 auxEtats-Unis et en France:J’ai choisi la liberté (Ed. duCerf).Voilàdeuxoublis réparés.

[email protected] : @sylviekauffmann

Touspolitiques

LaRussien’estni l’Albanieni laSierraLeone,ellesaitfaireduvélotouteseuleetn’apasbesoindespetitesrouesdel’Usaidetautresinstitutionsbien-pensantes.D’ailleurs,laRussiea-t-ellebesoindel’Occident?

L’air dumonde | chroniquepar SylvieKauffmann

Vladimir,maîtredumonde, rêved’Orient

Alain Juppémaire (UMP)de Bordeaux,

ancienministredes affairesétrangères

¶France Inter,« Le Monde »,

AFP

¶« Tous

politiques » :tous les

dimanchesà 18 h 10

en direct surFrance Inter

et enstreaming surLemonde.fret AFP.com

décryptagesANALYSES

LE FUTUR,MAINTENANT.

#MondialAutowww.facebook.com/mondial.automobile

10H-20H—NOCTURNES JEUDI & VENDREDI JUSQU’À 22HParis expo Porte de Versailles

BILLETS EN VENTE — MAGASINS AUCHAN, CARREFOUR, CORA, E.LECLERC, FNAC,GALERIES LAFAYETTE, GÉANT, SYSTÈMEU,VIRGIN MEGASTORE

w w w. m o n d i a l - a u t o m o b i l e . c o m

AlainJuppé:«Nousnecombattonspasl’islam,maisladérivefanatique»

20 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 21: LE MONDE 25-09-2012

culture

Théâtre

BerlinEnvoyée spéciale

Q u’est-ce qu’on fait, quandon a 50 ans ? On met uneboule tango, de lamusiqueàfond,et ondanse jusqu’au

bout de la nuit. C’est ainsi que laSchaubühne a fêté son jubilé, ven-dredi 21septembre. Avecune «par-ty»menée par la star de la troupe,LarsEidinger,quiestaussiDJ. Postésuruneestrade,dansunesalledéco-rée d’un rideau circulaire pailletéd’argent, cet acteurprodigieux jon-glait avec un choix de musiquespop qu’il avait voulu très éclecti-

que. Pendant ce temps, des cita-tions défilaient sur un écran. Trèséclectiques,ellesaussi:«Toutcequine provoque pas ne peut pas êtreappelé art» (Marilyn Manson),«Areyoureadyto fuck?» (Uffie),ouKarl Lagerfeld: «Qui porte un jog-ging a perdu tout contrôle de soncorps. » Ceux qui dansaient nedemandaient pas mieux que decontredire le couturier. Ils sont res-tés jusqu’à 8heures du matin, àfêter cinquante ans de révolutionsd’unehistoireuniqueenEurope.

Cettehistoire,unhommel’incar-neàluiseul: JürgenSchitthelm,quia fondé la Schaubühne, en 1962, etdepuisenaassuréladirection,sansfaillir. Ilétait là,ce21septembre.Passur la piste, mais au bar, avec sesamis. 73 ans, une allure de jeunehomme, mince, nerveux, c’était lehéros de cette soirée : à 18h30,KlausWowereit, lemaire de Berlin,lui avait rendu hommage, devantun public où se côtoyaient deuxgénérations, celle de Peter Stein,directeur artistique de 1970 à 1985,et celle de ThomasOstermeier, sonsuccesseurdepuis 1999.

Dans la foule, on voyait passerdescomédienshistoriques,commeJutta Lampe, EdithClever ouAnge-laWinkler.BrunoGanz,quirépèteàParis avec Luc Bondy, avait envoyéun mot. Peter Stein, lui, n’est pasvenu. Depuis qu’il a quitté laSchaubühne, il a rompu toutcontact. Cela n’a pas empêchéTho-mas Ostermeier de fêter allègre-ment le jubilé. Vers 2heures dumatin,onapercevaitdessacsestam-pillés «50 Jahre Schaubühne» quitraînaientsurlesol,avecdescannet-tes. Dehors, des gens étaient atta-blés, devant le sublime bâtimentqu’occupe la Schaubühne, dessinépar l’architecte Erich Mendelsohnen1926.

Samedi, en début d’après-midi,

le barduthéâtre avait retrouvé soncalme, comme Berlin, qui vit lanuit.ThomasOstermeierestarrivé,et nous avons suivi les couloirsblancsdel’administration,quisem-blent sans fin et épousent la formedevaisseauduthéâtre.JürgenSchit-thelm attendait. En jean, cette fois.Presque aussi grand que ThomasOstermeier,unmètrequatre-vingt-dix-huit.Quandcesdeux-làsedon-nent l’accolade, on se sent frêle. Ilsont en commun un regard bleutranchant et une pensée redouta-blement précise ; mais le débit duplus jeuneestaussicalmequeceluidesonaînéest rapide.

«Je suis heureux,mais remué»,acommencé par dire Jürgen Schit-thelm.«Heureuxdu travail accom-pli,etremuéparcequejevaisquitterlethéâtresamedi29septembre.Queferai-jelelundisuivant,moiqui,pen-dant cinquante ans, suis venu touslesmatinsà9heures?»

Il y a cinquante ans, laSchaubühnen’étaitpassurlaLehni-ner Platz, dans le quartier bour-geois de Charlottenburg, mais àKreuzberg, dans une salle grise, àHalleschesUfer, près duMur. C’estlàque,pourJürgenSchitthelm,touta commencé.

Né en 1939, fils d’un banquierqui travaillait dans la partie Ouest

de Berlinmais vivait dans la partieEst, ilavitecompris,quandleMuraété érigé, en 1961, que son histoirene collerait pas avec l’idéologiesoviétique. Fasciné par les specta-cles deBertoltBrecht, il voulait sui-vreuneécolede théâtre. Lesautori-tés lui ont répondu qu’il y avaitassez d’acteurs, et qu’il devrait plu-tôt faire l’écoled’officiers.

«Heureusement,rappelleJürgenSchitthelm,c’étaitdanslesmoissui-vants la construction du Mur. Lafrontière entre Berlin-Est et Ouestn’était pas encore infranchissable.J’ai pu partir. » Avec une poignéed’amis, il décidede fonderun théâ-tre à Berlin, en allant contre la ten-dance générale. Aumoment où lesgens quittent la ville, à cause de lapartition, ils choisissent de tra-vailler là, précisément, plutôt qued’aller faire carrière dans une villeallemande«normale».

Ilsserontdoncàl’ombreduMur,dont témoigne l’histoire de laSchaubühne, qu’on peut suivre enfeuilletant le très beau livre d’ima-ges, 50 Jahre Schaubühne (Theaterder Zeit, 599p., 40 euros). Passé lecoupd’éclat de la fondation, saluéepar toute lapresse («Il yavait treizequotidiens à Berlin, alors qu’auj-ourd’hui on en compte cinq ousix!»), la Schaubühne a connu sa

première révolution quand PeterSteinet ses amis, lemetteur en scè-ne Klaus-Michael Grüber, lesacteurs Bruno Ganz, Edith Clever,Jutta Lampe, Michael König…, sontvenus à Berlin, et que Jürgen Schit-thelmles aassociésà sonthéâtre.

Ils avaient 30 ans, ils s’étaientaguerris à Brême et Zurich, et ilsvoulaient «leur» théâtre, dont ilsdécidèrent qu’il serait collectif :même salaire pour tous, interdic-tion pour les comédiens de tra-vailler ailleurs, décisions commu-nes pour toute la marche du théâ-tre, du choix des pièces aux ques-tions financières.

Pour une révolution, c’en futune.Même si, peu à peu, les règlescollectives se sont délitées, et quePeter Stein s’est imposé comme lemaître, cette re-fondation de laSchaubühne a fait accourir toutel’Europe à Berlin, pour voir les

mises en scène de Peter Stein, deKlaus-Michael Grüber ou de ClausPeymann, l’actueldirecteurduBer-liner Ensemble, qui a décidé assezvitede faire cavalier seul etdequit-ter le collectif.

Ainsi, dans les années 1970, laSchaubühneestdevenue«le»théâ-tre, celui dont rêvaient nombre demetteurs en scène, comme Jean-PierreVincent,quin’a jamaiscachéavoir reproduit l’expérience berli-noise au Théâtre national de Stras-bourg, de 1975 à 1983. Le succès futtelqu’en 1981 laVilledeBerlindéci-da de donner à la troupe un nou-veaubâtiment, celuide laLehninerPlatz,dignedesonutopie.Laquelle,il faut le dire, s’est peu à peuengluée dans la dépression qui agagnéBerlin. Le tempsdes grandesluttesd’après1968s’étaitémoussé;le caractère insulaire de la ville,qu’onnepouvait quitter sans fran-chir de frontière, pesait sur lesesprits. QuandPeter Stein, en 1985,adécidédepartirdelaSchaubühne,unepages’est tournée.

Il a fallu attendre quinze anspourques’opèreunenouvellerévo-lution à la Schaubühne, avec l’arri-vée de Thomas Ostermeier et deson théâtre où bat le pouls de lamodernité en Europe. QuandJürgenSchitthelmavu ses premiè-

res mises en scène, dans des bara-ques de chantier installées devantle Deutscher Theater, il a comprisqu’il avait làunhommede la trem-pe d’un grand directeur artistique,commePeterStein.Et ilaeuraison:la Schaubühne a connu, à partir de1999, une renaissancemagnifique,dans Berlin réunifiée, et dans uncontexte radicalement nouveau.«Il yaunedifférence fondamentaleentre l’époque de Peter Stein et lanôtre, dit Ostermeier. Il n’y avaitpas de chômage dans les années1970. Ni de crise des valeurs commeaujourd’hui.»

Et cela se sent, à la Schaubühne.Au départ, le metteur en scène etses amis ont décidé, eux aussi, detravailler d’une manière collecti-ve:mêmessalaires, interdictiondefairedu cinémaoude la télévision.Avec le temps, le désir d’enfants etdefamille, les règles sonttombées:les comédiens qui voulaient plusd’argent et une organisation plussoupledutravailontvoté leurfin ily a deux ans. « Je les comprends,mais, pour moi, c’est une catastro-phe,ditOstermeier.Ilfauttoutréin-venter.» En faisant une autre révo-lution ? «Oui. » On peut faireconfiance à son désir d’utopie: ilestné en 1968.p

Brigitte Salino

Ilyacinquanteans,laSchaubühnen’étaitpassurla

LehninerPlatz,danslequartierbourgeoisdeCharlottenburg,maisàKreuzberg,

prèsduMur

Ilsavaient30ans,ilsvoulaient«leur»théâtre,dontils

décidèrentqu’ilseraitcollectif:mêmesalairepourtous

LaSchaubühne,révolutionsquinquagénairesDesmetteursenscèneetdesacteursd’exceptionontfaitdecettescèneberlinoiseunlieuuniquemais fragile

Boule tango,musique à fond, danses jusqu’au bout de la nuit. C’est ainsi que la Schaubühne a fêté son jubilé, le 21 septembre à Berlin. JÖRG BRÜGGMANN / OSTKREUZ POUR «LE MONDE».

Théâtre

Q ue l’homme soit un louppour l’homme, voire unvautour,un renardouunemouche àm…, qu’il puisse

aussi être un perroquet ou uncaméléon, que les femmes, quantà elles, se donnent souvent le rôledegruesoud’oiesblanches, quellepièce lemontremieux queVolpo-ne? Ben Jonson, ami et rival mal-heureux de Shakespeare, canton-né depuis des siècles dans le rôled’éternelsecond, l’aécriteen1606.Elle est d’une actualité sidérante.Car rarement le pouvoir corrup-

teurdel’argentaétédémontéavecunecruautéaussitranquilleetaus-si implacable. Dans Volpone ou lerenard, tous les personnages sontdépeints comme les produitsd’une société capitaliste insatia-ble, dans laquelle la recherche duprofit pervertit tous les rapportshumains.

Pâle refletOnse réjouissaitdoncde lavoir

réapparaître, cette grande piècequi est si rarement jouée en Fran-ce. Las ! Il faudra attendre pourvoir vraimentVolpone. La versionqu’en donne Nicolas Briançon à la

Madeleine, à Paris, tronquée etsimplifiée, n’est qu’un pâle refletde l’original. Dans un décor qui,curieusement, évoqueplus l’antredu capitaine Nemo que la demeu-re d’un riche bourgeois vénitiendu début du XVIIe siècle, NicolasBriançon transforme la comédienoire en gentille farce bourrée declichés.

L’intrigue, qui accumule lescoupsdethéâtre,estpourtant irré-sistible. Volpone (Roland Bertin),riche célibataire sans héritiers,feint d’être à l’article de la mort.Les prétendants à la successiondéfilent, qui ne viennent pas les

mains vides, dans l’espoir d’êtrecouchés sur le testament du pré-tendumourant.

Rendus fous par la perspectivedel’héritage,l’avocatVoltore(com-me«vautour») tented’empoison-ner Volpone, le vieux gentilhom-meCorbaccio déshérite son fils, etle jeune marchand Corvino offresa propre femmeenpâture…

Tous semblent agir comme desmarionnettes entre les mains dumanipulateur suprême: Mosca(Nicolas Briançon), le domestiquedeVolpone, ceMosca devenu aus-sicélèbrequeleIagodeShakespea-re, notamment depuis qu’il a été

joué par Louis Jouvet dans le filmdeMaurice Tourneur, en 1940.

Acteur-ogreOn imagine ce qu’un Thomas

Ostermeier, à la suite de Mesurepour mesure, pourrait faire d’unetelle pièce. Là, il faut se contenterde peu. On peut néanmoins sau-ver quelques moments, ceux oùVolpone-Bertin, matou matois, etMosca-Briançon, insecte froid,jouent au chat et à la souris, avecunplaisir évident.

Mais le grand Roland Bertinn’est pas toujours ici à sonmeilleur. Acteur-ogre capable

d’abriterdans sonvaste corps tou-tes les folieshumaines,mais ausside libérer le comique le plus frais,il abesoind’êtredirigé, sinonil faitdu Roland Bertin, c’est-à-dire qu’ilcabotine. Il a 81ans.On aimerait levoir encore dans un spectacledignede lui. p

FabienneDarge

Volpone ou le renard. De Ben Jonson.Adaptation et mise en scène : NicolasBriançon. Théâtre de la Madeleine, 19,rue de Surène, Paris 8e. MoMadeleine.Tél. : 01-42-65-07-09. Dumardi au same-di à 20h30, samedi et dimanche à17heures. De 17 ¤ à 54 €.. Durée : 1h45.

Pourquoitantdeclichésdansce«Volpone»pourtanttellementd’actualité?Onattendaitavecdélice le retoursur lesplanchesdugrandRolandBertin.Hélas!NicolasBriançontransforme lacomédienoireengentille farce

210123Mardi 25 septembre 2012

Page 22: LE MONDE 25-09-2012

culture

630 pages, 8 portfolios, 100 portraits, 300 photosen librairie le 13 septembre 29,80Є

Découvrez le webdocumentaire:www.lemonde.fr/uaef

les arènes

De juin 2011 à juin 2012,0123a posé ses valises dans huit communes

et quartiers de France

Musique

StrasbourgEnvoyée spéciale

C ’est sous le signe du reli-gieuxquelefestivaldemusi-que contemporaine Musica

a ouvert sa trentième édition, le21septembre. Le premier jour, il yeut le rareMoïse etAarond’ArnoldSchoenberg (1874-1951) au Palaisde lamusiqueet des congrès.Opé-rabiblique(inachevé)dontlecom-positeurautrichienécrivit le texteet la musique entre 1923 et 1937alors que l’Europe tombait sous lejougdel’idéologienazie.Ledeuxiè-me jour, ce fut la créationauThéâ-tre national de Strasbourg d’un«apéro bouffe» : Limbus-Limbo,écrit pour les 50ans des Percus-sions de Strasbourg par l’ItalienStefanoGervasoni (né en 1962).

D’un côté, un sujet tiré de l’An-cien Testament (l’Exode) relatantlamissionreçuedeDieuparMoïsede libérer d’Egypte le peuple d’Is-raël et le conduire en Terre promi-se. De l’autre, une fin de partiedansles limbes,ceséjourdesâmesentre ciel et enfer –que l’Eglisecatholique supprima officielle-ment (par l’intermédiaire deBenoîtXVI) le 20avril 2007. Surune joue, une immense claquethéologique; sur l’autre, un souf-flet existentiel.

Avec Moïse et Aaron, Schoen-berg pose en effet la question fon-damentaledumonothéismejudaï-queetdelanotiondepeupleélu.Savie, peuplée d’une longue quêtespirituelle, le verra baptisé etconverti au protestantisme à l’âgede25ans,puis intéresséauspiritis-

me, au mysticisme, à la théoso-phie,voireàl’occultisme,avantl’af-firmation définitive de sa judéité–et la fuite aux Etats-Unis en 1933.Musicalement,Moïse et Aaron estune œuvre tellurique et magnifi-que, qui exalte le principe unitairedu système dodécaphonique éla-boréparSchoenberg.Alaluxurian-ce orchestrale répond un gigantis-me choral et vocal, à la séductionduverbe incarnéparAaron, ledog-mede la pureté proféré parMoïse,àlatentationidolâtreduVeaud’or,la foi en l’immanence d’un dieu«irreprésentable, incommensura-ble, omniprésent, omnipotent».

La direction inspirée de SylvainCambreling a rendu pleine justiceà cette partition magistralementservie par l’EuropaChorAkade-mie, l’Orchestre symphonique dela SWR de Baden-Baden et de Frei-burg, et un plateau de solistesdominé par les impressionnantsFranz Grundheber (Moïse) etAndreasConrad (Aaron).

«Ya-t-ilunevieavantlamort?»interrogeait le lendemain Limbus-Limbo, revenant à des considéra-tions nettement plus… matériel-les. Dans ce cabaret du «noman’sland» (imaginé par le librettistePatrick Hahn), se croisent des

transfuges de Linné, botaniste quiinventa la classification des espè-ces, et de Giordano Bruno, prêtreet philosophe condamné aubûcher pour hérésie. Tous ymènent une éternité pépère jus-qu’àl’arrivéedelabelleTina(«The-re Is No Alternative»), mix explo-sif entre MarilynMonroe et ZeldaFitzgerald.

La partition de Gervasoni, déli-bérément ludique, montre unbeau savoir-faire, entre percus-sions (bien sûr), cors, cornets, cordes Alpes et cymbalum,mais aus-si sons concerts et dispositif élec-tronique matérialisant les lieuxlimbiques. Mais ce créateur d’at-mosphères pêche par un recoursdévoyé à la citation (Gluck, Bach,Purcell…), avouant l’impossibilitéd’unseconddegréhors lepastichedes chefs-d’œuvre anciens.D’autantplusdommagequeletra-vail de la metteuse en scène fran-co-allemande, Ingrid von Wan-toch Rekowski, est un petit bijoude joyeusetés baroques en tousgenres.

Moïse et Aaron, c’est sûr, agagné son paradis au ciel de lamusique.Avant sa potentielle dis-parition, Limbus-Limbo aura droitau purgatoire – en décembre àl’Opéra Comique, à Paris, puis àl’Opéra de Reims. «Une œuvred’art est une chose qui contamineleshommescommeunecontagionet les amène tous à unmême étatd’esprit» écrivait Tolstoï dans sonJournaldu 23mars1894. p

Marie-AudeRoux

Festival Musica, à Strasbourg (67). Jus-qu’au 6octobre. Tél. : 03-88-23-47-23.De 5,50¤ à 20¤. Festival-musica.orgLimbus-Limbo, de Stefano Gervasoni. Al’Opéra-Comique, Paris 2e. 3 et 4décem-bre. Tél. : 08-25-01-01-23. De 6¤ à 45¤.Opera-comique.com.A l’Opéra de Reims (51), le 15décembre.Tél. : 03-26-50-03-92. 22¤.Operadereims.com

JacquesLenotChirosco. Erinnern alsAbwesenheit I, II &IIIWinston Choi (piano), LaurentCamatte (alto), ensemble Multilatéra-le, Jean Deroyer (direction).

Lamusi-quede Jac-quesLenot, néen 1945,n’est abso-lumentpas «ten-

dance». Il importemoinsde luitrouverdes origineshistoriques(école deVienne) et des parentésstylistiques (Ligeti, Carter, Boulez)qued’enpercevoir l’éléganceintemporelle. Car elle n’assurepas la représentationd’une esthé-tiquemais la communicationd’unesthète. L’écrituredes noti-ces, commecelle des partitions,émaned’un compositeurquiexcelle dans la révélation raffinée.Des sources, des rencontres et desunivers, ainsi qu’en témoigne lefascinantChirosco, inspirépar lepeintreMarkRothko. Lenot y sou-lève le voile de l’abstractionsono-repour découvrirune animationde fantaisie, au sens ludiquepuisonirique. pPierreGervasoni1CD Intrada.

DavidEl-MalekMusic fromSource vol. IIAussi envoûtant et réussi que lepremiervolumepublié en 2008,cedeuxièmeMusic fromSourcedu saxophonisteDavid El-Malekproposeune fusiondu jazz et demusiques traditionnellesdescultures juives dans leur partorientaleet duMaghreb.Avecqua-tuor à cordes, instrumentsdeper-cussionsvariés et la chanteuseIngrid Panquin, cette nouvelleplongéedansdes ambiances dedanses et de fêtes oude recueille-ment liturgique (la superbe suiteTehilim 150) se révèle encore plusaboutie. Aplusieurs reprises, unravissement pSylvainSiclier1CD Naïve.

ArnoFutureVintageUnvrai bonheur! Retrouver leBelge Arno dans toute savigueur, armé de sa verve surréa-

liste etd’uneimpudeurqui lui per-met uneprécisionterre à ter-re ! Future

Vintage commence sur les cha-peauxde roue (de guitares élec-triques et de boucles électroni-ques plus exactement) avec untitre qui respire la comédiemusi-cale, Showof Life. Et puis il y a lesdélicieuxQuand les bonbonspar-lent, Dis pas ça à ma femme, DieLie, etc. Bref, un festival degouaille, de verdeur, de «Wakeup, rise up », appels à resterdeboutmalgré l’absurdité de lacondition humaine et de celle duchanteur – la pochette représen-te un tourne-disque Teppaz, unecarpe à la place du disque, tenupar unemain artificielle. FutureVintage a été magnifiquementproduit par John Parish, compli-ce de PJ Harvey, et le bassisteBilly Fuller (Robert Plant,Massi-ve Attack) en épaissit les lignesde basses comme à Bristol.Jamais, pourtant, Arno n’estman-gé par cette savante électroni-que. pVéroniqueMortaigne1CD Naïve.

AntibalasAntiba-lasFondé en1998 par lesaxopho-nisteMartin Per-na, un an

après lamort du Nigérian FelaAnikulapoKuti, figure de lamusique africainemoderne etinventeur de l’afrobeat, le collec-tif new-yorkais continue à reven-diquer l’héritage de son héros. Ilfut parmi les premiers groupesoccidentaux àmarcher dans lespas du Nigérian. Depuis, Fela,remixé par les DJ, a suscité lacréation de nombreux groupesd’afrobeat hors d’Afrique.D’une implacable énergie, fun-ky, rageur, brillant et dansant, cecinquième albumvibre de cui-vres véhéments et de percus-sions entêtantes. Une efficacitésaisissante. pPatrickLabesse1CD Daptone Records/Differ-Ant.

«MoïseetAaron»,c’estsûr,agagné

sonparadisaucieldelamusique

SélectionCD

«Limbus-Limbo», une création de Stefano Gervasonipour les 50 ans des Percussions de Strasbourg. PHILIPPE STIRNWEISS

LefestivalMusica,duspiritueldansl’artAStrasbourg, l’AncienTestamentestplusmarquantque lesâmesperduesdans les limbes

DisparitionsTereskaTorrèsRésistante et femmede lettres fran-co-américaine dont le best-sellerWomen’s Barracks avait fait scanda-le en 1950 en abordant les relationslesbiennes dans les casernes, Teres-ka Torrès estmorte, à l’âge de92ans.Née le 3septembre 1920 à Paris, elleavait rejoint la France Libre à Lon-dres en juin1940. Secrétaire auquartier général du général deGaul-le, elle avait écrit plusieurs ouvra-ges après la guerre. – (AFP.)

MarcelHanounCinéaste français et théoricien ducinéma expérimental, auteur deplus de 70 films,MarcelHanoun,né en 1929 à Tunis, estmort, same-di 22septembre, à l’hôpital de Cré-teil, à l’âge de 82 ans. – (AFP.)

PatrickSaussoisLe guitariste de jazzmanouchePatrick Saussois estmort, samedi22septembre, à l’âge de 58 ans. Lea-der du groupe de jazzmanoucheAlma Sinti, qu’il avait créé en 1996,il avait reçu en 2009 leDjango d’or.– (AFP.)

CinémaHorreur et polaren tête du box-officeLe filmpolicier End ofWatch et lefilmd’horreurHouse at the End ofthe Street se sont partagé la tête dubox-office nord-américain dès leursortie en salle : ils ont, l’un commel’autre, engrangé 13millions de dol-lars (10millions d’euros) pour leurpremierweek-end d’exploitation.Unenouvelle chance, avec Clint Eas-twood en recruteur de base-balldevenant aveugle, se classe troisiè-me, avec 12,7millions de dollars. –(AFP.)

22 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 23: LE MONDE 25-09-2012

Prix parlementaireFranco-Allemand10.000 €

Le prix parlementaire franco-allemand seraattribué par l’Assemblée nationale et leBundestag à deux lauréats, l’un Français, l’autreAllemand, qui recevront chacun 10 000 € pourrécompenser un ouvrage qui contribue à unemeilleure connaissance mutuelle des deux pays,dans les domaines juridique, politique,économique ou social ou dans celui des scienceshumaines.

Peuvent être candidats les citoyens des deuxpays, auteurs d’un ouvrage dans ces domaines.

Le prix sera remis courant 2013.

Les postulants français doivent adresser leurcandidature à l’Assemblée nationale avant le31 octobre 2012, le cachet de la postefaisant foi.

Ils y joindront en trois exemplaires : leurœuvre, un résumé de celle-ci (trois pagesmaximum), une lettre de motivation (une pagemaximum) et un curriculum vitæ (deux pagesmaximum), qu’ils feront parvenir à l’adressesuivante :

Assemblée NationaleDivision du protocole et de la gestion,Secrétariat du prix parlementaire franco-allemand (Bureau 6190),126, rue de l’Université, 75355 Paris cedex 07 SP.Courriel : [email protected]

&vous

Histoire

L a France de la Renaissancemange sa viande avec lesdoigts, ce qui justifie l’usage

du rince-doigts avant et après cha-que plat. Le système d’hygiène oudecérémoniesupposeunbassinetuneaiguière. Toutes les personnesdemême rangpeuvent accéder enmême temps à ces ablutions ; lesautres,deconditioninférieure,pas-sent après. Telle est la table aristo-cratiqueprésentéeparleMuséeduchâteau royal de Blois (Loir-et-Cher)depuisle7juillet,àl’occasionde l’exposition « Festins de laRenaissance», consacrée à la cuisi-neetauxtrésorsdelatabledecetteépoque.

L’écuyer tranchant dilacère lesviandes posées sur un plat. Cha-que invité saisit unmorceau avectrois doigts et le dépose sur untranchoir de métal précieux ousurunetranchedepainquiservirad’assiette. On mange à menuesbouchées, et l’on néglige les mor-ceaux de pain imprégnés des jusdeviande,qui serontdistribuésaupersonnel. Bien connu par lesminiatures, ce protocole de tableest encore proche de l’époquemédiévale.Sur ledressoir,derrièrela table mobile posée sur des tré-teaux, sont alignés les flacons,hanaps (récipients à boire ) et cou-pes pour le servicedes boissons.

La Renaissance, en France, cor-respondauXVIe siècle,deLouisXIIàHenri III, périodeoù leValdeLoi-reestlaCôted’AzurdesValois,sou-mis, un temps, à l’énigmatiqueCatherine de Médicis, successive-ment reine, régente et mécène. Acette époque, l’imprimerie nais-sante assure la diffusion des pre-miersmanuels de cuisine. L’expo-

sition fouille avec précision desquestions jusque-là méconnues,l’usagede la fourchetteetdesvais-selles d’office, de table et d’appa-rat:aiguières,drageoirs,platsd’or-fèvrerie, qui sont pour ElisabethLatrémolière, conservatrice dumusée, «autant d’éléments d’unethéâtralisationdu repas».

«Science de gueule»Sont mis en scène les espaces

desdifférents tempsalimentaires,celuioù le repas sepréparedans lacuisine (dessins, gravures), celuioù il se consomme (peintures,tapisserie) et celui où se dresse lebuffetostentatoire sur lequel sontprésentésles coupessurpiedet lesrafraîchissoirsde bouteille.

Pour la première fois est mon-trée au public une coupe en verresoufflé, émaillé et doré aux armesd’Anne de Bretagne, ainsi qu’une

nef de table disposée à la placed’honneur, objet princier en for-me de vaisseau contenant unecuillère, un couteau, une servietteet un cure-dents, qui a donné sonnom à notre moderne vaisselle.«Mettre le couvert», c’était assu-rer la protection de tous les platsprésentés sur la table du service àla française. Une serviette étaitnouée autourdu cou des convivespour éviter aux collerettes d’êtretachées ; opération délicate quinécessitait une aide car on avait«dumalà joindre lesdeuxbouts».Voilà l’origine de cette expressiontoujoursd’actualité.

L’exposition est accompagnéed’animations et a donné lieu les 13et 14septembre à un colloque surleséchangesentrel’ItalieetlaFran-ce à cette époque, avec l’Instituteuropéend’histoireetdes culturesde l’alimentation (IEHCA).

Lors de son mariage, en 1533,avec le futurHenri II, CatherinedeMédicis, qui apporta le melon, lesharicots et les artichauts dont elleraffolait, était-elle accompagnéede cuisiniers et de pâtissiers ita-liens, comme l’a prétendu leXVIIIesiècle?«C’estunmythe,assu-re Florent Quellier, historien etco-commissaire de l’exposition. Iln’existe aucune trace de cuisiniersou pâtissiers italiens chez lesValois. » Non plus que dans lafamilledeGuise.

L’origine de cette légende rési-de dans un passage des Essais deMontaigne, qui avouait ne pas fai-re la différence entre un chou etunelaitue,maiss’étaitlaissésédui-repar lesproposdumaîtred’hôteldu cardinal Carafa lors de sonarri-véeàRomeen1580:«Ilm’a faitundiscours de cette science de gueuleavec une gravité et contenance

magistrales, comme s’ilm’eût par-lédequelquegrandpointdethéolo-gie. » Repris par François Marindans la préfacedesDonsdeComus(1739), amplifiéparDiderot, aucunn’avuladérisiondansleproposdeMontaignequi, par ailleurs, préfé-rait la cuisineallemande.PourFlo-rent Quellier, «cette obsession ita-

lienne nous a fait tourner le dos àl’influence probable de la cour deBourgogne».p

Jean-ClaudeRibaut

Festins de la Renaissance. Jusqu’au21octobre au Musée du château royalde Blois, place du Château. De 4 ¤ à9,50¤. Tél. : 02-54-90-33-33.

AlaRenaissance, lerepasestunspectacleAuMuséeduchâteauroyaldeBlois,uneexpositionmetenscène l’artde la tableet lacuisinede l’époque

Coupe aux armes d’Anne de Bretagne, Venise, vers 1500. STUDIO SEBERTDe la confection à la dégustation, le parcours s’intéresse à tous les temps alimentaires. FRANÇOIS LAUGINIE

GastonLagaffe,fouduvolantQui a inventé la ceinture de sécurité élastique?Leparcmètre-distributeurde bubble-gums? C’estGaston Lagaffe, bien sûr!Leparcmètre-distributeurde bubble-gums? C’estGaston Lagaffe, bien sûr!L’antihéros imaginépar Franquinpassait sa vie à créer desmachines aus-L’antihéros imaginépar Franquinpassait sa vie à créer desmachines aus-si inopérantesque cocasses. Aumomentoù s’ouvre, le samedi 29sep-si inopérantesque cocasses. Aumomentoù s’ouvre, le samedi 29sep-tembre, leMondial de l’automobilede Paris, une expositionpré-tembre, leMondial de l’automobilede Paris, une expositionpré-sente les inventionsmotoriséesdeGastonLagaffe. Les fans dusente les inventionsmotoriséesdeGastonLagaffe. Les fans ducélèbre jean-foutre y retrouverontdifférentes versions ducélèbre jean-foutre y retrouverontdifférentes versions dumodèle jauneet noir qu’il conduisait, par exempleune voituremodèle jauneet noir qu’il conduisait, par exempleune voitureélectrique reliée au réseauparun fil,mais aussi unmoteur àélectrique reliée au réseauparun fil,mais aussi unmoteur àbarbecueou ce ballon antipollution fixé aupot d’échappe-barbecueou ce ballon antipollution fixé aupot d’échappe-ment, qui se remplit de gaz carboniqueet finit évidem-ment, qui se remplit de gaz carboniqueet finit évidem-mentpar exploser. L’expositionbénéficie du soutienmentpar exploser. L’expositionbénéficie du soutiend’un ingénieur, AlainBernard. Cet ancien élève de Poly-d’un ingénieur, AlainBernard. Cet ancien élève de Poly-techniqueenprofite pourpromouvoir sapro-pre invention, la borneModulowatt, à la foisstationde recharge électrique et aide au sta-tionnement.Un concept qui, il l’espère, auradavantagede succèsque les bricolagesdeGas-ton. pOlivier Razemon (PHOTOS DR)

Ça roule, avec Gaston, Galerie 64 bis, 64bis, avenue de New-York,Galerie 64 bis, 64bis, avenue de New-York,Paris 16e. Du lundi au vendredi de 10 heures à 19 heures. Samedi sur ren-. Du lundi au vendredi de 10 heures à 19 heures. Samedi sur ren-dez-vous. Entrée libre. Jusqu’au 9novembre.

Tourisme

Bordeaux(Correspondante)

A u détour d’une promenadesur les berges de la Garon-ne, trois grands hiboux en

bois de mélèze se serrent côte àcôte. Image inattendue derrière lecentre commercial de Bègles. Celan’estpasunereconstitutionsurdi-mensionnéedehibouxdesmaraisà vocation pédagogiquemais…unrefugeurbain.

Onpeut ypasser lanuit : depuisles deux lits ronds situés dans latête de ces rapaces, on peut obser-ver la lune sedérober sous lesnua-ges, regarder les mouvements delamarée. Sont fournis table plian-te, chaises, tapis en plastique ainsiqu’unkit denettoyage.Mais, com-mepourunrefugedehautemonta-gne, il fautveniravecsa couette, sanourriture, soneauet sa lumière.

Cerefuge,apparufinaoût,est letroisième installé dans l’agglomé-ration bordelaise. Le premier, res-semblant à un nuage, avait étécréé en 2010 à Lormont (Gironde),dans le cadrede labiennaleartisti-que Panoramas, festival d’artsnumériques, plastiques et vivantsquise tientdans lesparcsde la rivedroite (la deuxième édition a lieules 29 et 30septembre). Le deuxiè-me, baptisé Hamac, installé dansunparc àGradignan, se rapproched’unebanane.

Emilien,9ans,quiapassésapre-mière nuit à la belle étoile, hésiteentre«unebananegrisée,unesou-coupe volante et un hélicoptère».Le quatrième a ouvert ses portes àFloirac, sur la rive droite, le 21sep-tembre. Dénommé La Belle Etoile,ce refuge a été conçu par l’artisteplasticienStéphaneThidet.Chacu-ne des cinq branches est une tenteenmétaldetypecanadienne,caléeprès d’une ruine de lavoir, entre

chênespersistants et hêtres.Depuis leur ouverture et jus-

qu’à leur fermeture, fin octobre,ces installations sont prises d’as-saut, principalementpar deshabi-tantsde l’agglomération,voirepardes riverains. «On connaissait leparc de jour, on l’a découvert denuit de manière insolite, gratuiteet confortable », expliquent,enchantés par leur expérience,Marie et Laurent Cotrait, parentsd’Emilien, qui habitent à l’orée duparcdeMandavit deGradignan.

Bousculer l’architectureCe concept de refugeurbain est

né dans l’esprit d’Yvan Detraz,quand l’architecte bordelais étaitencoreétudiant:«L’idéeestd’ame-nerdesgensàdécouvrir lesterritoi-res périurbains souvent mécon-nus, avec un enjeu de déambula-tionet depromenade surplusieursjours», explique le directeur ducollectifd’architectesetd’urbanis-

tes Le Bruit du frigo qui, dans sesinstallations, bouscule de maniè-re ludique et réfléchie la penséesur l’architecture. La directionartistiqueet lafabricationdesrefu-ges est confiée à un autre collectifbordelais, Zebra 3, spécialisé dansla fabrication d’œuvres d’artcontemporain.

LacommunautéurbainedeBor-deaux (CUB), qui finance les troisderniers refuges, a l’intention dedévelopper l’expérience, les com-munes assumant de leur côté lamaintenance et s’occupant de lagestion des réservations. Le prési-dent de la CUB, Vincent Feltesse,est persuadé de l’intérêt de cettepropositionunique: «Le succès deces refuges urbains confirme lebesoin de nature, et c’est une offrepour les habitants qui ne peuventpas partir en vacances.» Et pourtous les curieux avides d’insolitedans la ville.

ClaudiaCourtois

Passerlanuitdansunhibou,unebanane,unnuage…Dans leBordelais, des refugesconçuspardesartistesaccueillent lesamateursd’insolite

230123Mardi 25 septembre 2012

Page 24: LE MONDE 25-09-2012

FocusJilSander, lenouveauretourMilan

Envoyée spéciale

Les griffes milanaises pos-sèdent toutes un patri-moine stylistique presti-gieux: cuir, maille, four-rure… Reconnaissables,

gages de savoir-faire et de qualité,ces références rassurent, surtouten temps de crise. Quand il s’agitde les revisiter, le travail sur lesmatériauxet lestexturestientuneplace prépondérante. La grandetradition du cuir à l’italienne est àl’honneur,mêmepour l’été.

Chez Bottega Veneta, le cuirtressé « intrecciato», qui a fait larenommée de la maison, ponctuedes silhouettes années 1940 gra-cieusement décorées. Rainures deserpent cloutées, broderies de jais,perles,dentelles,sequinsetmacra-més dessinent sur les robes destableaux singuliers.

Lesfourrures,premièrespéciali-té de Fendi, se fondent dans desmarqueteries de cuir, taffetas etnéoprène dont les teintes tran-chées soulignent desmotifs archi-tecturaux.

Des sandales cuissardes en cro-codile mat ont remplacé les sagesballerines chez Salvatore Ferra-gamo. Elles se portent avec degrands manteaux de cuir, desjupes portefeuilles, une robe depeau grège aux plissés abstraits.Connue pour ses effets de matiè-resexpérimentauxetdécalés,Mar-ni multiplie les ensembles depeaux aux volumes amples ; leurtexturedense,presquecaoutchou-teuse, accentue la bizarrerie calcu-lée de la silhouette.

Voilée demousseline, rebrodéede sequins imprimés, la maillemulticolore Missoni, pur produitdes années 1960-1970, cherche àrenouvelerses effets,mais ses tex-tures expérimentales sont parfoistrop compliquées. Peut-être fau-drait-il se concentrer sur les for-mes? Les imprimés années 1960multicolores d’Emilio Pucci relè-vent de la même problématique.La tactique de Peter Dundas, ledirecteur artistique de la griffe,consiste à leur substituer un thè-me asiatique. Des dragons brodéssurdesblousonsbombardiers,desrobes kimonos, ou sculptés sur les

plates-formesdessandales, sont lefil conducteur d’une collectionsexy et originale. Mais qui déso-riente les adeptes du style Puccipremièregénération.

Cettequadratureducerclen’estpasleproblèmedeDolce&Gabba-na. Leur style repose sur des réfé-rences culturelles: l’Italie, sonhis-toire, sa géographie servent depierre angulaire à des collectionsqui sont autant de déclarationsd’amour à leur terre natale. Pourl’été, ils célèbrent la Sicile, patriede Domenico Dolce, à travers desrobes et manteaux en paille fine-ment tressée, granitée de brode-ries de corail ou de fleurs en 3D.Giorgio Armani suit, lui, une logi-que qui relève du concept esthéti-que: les lignesstrictes le fascinent.Signé de l’architecte Tadeo Ando,l’imposant bâtiment qui accueillesesdéfilésincarneaussisaphiloso-phie.Pourlatraduiredansunecol-lection été, le designer a opté pourles feuilletés de mousselines,soies, voiles de coton donnant àses coupes strictes une allureaérienneet une texture volatile. p

CarineBizet

TablesdesmatièresLesgrandesmaisons italiennesrevisitent leurscodesesthétiquesetmultiplient les texturessophistiquées

mode

Chez votre marchand de journaux100 pages

Une publication

www.monde-diplomatique.fr/mdvUN RÊVE EST PASSÉ…

Etats-Unis,société sous tension

Dolce&Gabbana.GIUSEPPE CACACE/AFP

Fendi. FILIPPOMONTEFORTE/AFP

Bottega Veneta. DR

Jil Sander. LUCA BRUNO/AP

Prêt-à-porter MILAN | PRINTEMPS-ÉTÉ 2013

SalvatoreFerragamo.OLIVIERMORIN/AFP

ENTRE la créatrice et lamaisondumêmenom, les relations tien-nent du feuilleton à rebondisse-ments. L’Allemande a fondé samarque en 1968 et imposé unesilhouette tout en épure qui amarqué les années 1990. Endésaccord avec le groupe Prada,qui vient alors de racheter la grif-fe, elle claque la porte en 2000,avant de signer un premierretour en 2003. La réconciliationsera de courte durée : elle démis-sionne de nouveau deux ansplus tard.

Le Belge Raf Simonsprend lerelais; il enrichit subtilement levocabulaire strict de lamaison etlui insuffle unepoésie particuliè-re. Sous sa direction, lamaisonreconquiert son statut demarqueculte, bastiond’un chicminimalis-te. La revente de la griffe en 2006ne change rien à l’affaire. Jil San-der, elle, revient sur la scènemodepar un autre biais et signede 2009à 2011 desmini-collec-

tionspourUniqlo, label japonaisdemode àpetits prix. Auprin-temps 2012, Raf Simons a quitté lamaisonpour rejoindreChristianDior.Un coupde théâtre suivi parl’annonce surprise du retour de JilSander dans lamaisonqu’elle acréée. A 68 ans, elle n’a plus rien àprouvermais sans doute encoredes envies de création. D’autantque lamodeest à nouveau éprisedeminimalisme.

Sa première collection, pourl’été 2013, est une réussite. Ses sil-houettes strictes adoucies devolumes soufflés et arrondiessont idéalement en phase avecl’époque.Mais dans la catégoriequ’elle a initiée, l’offre est déjàtrès complète. Phoebe Philo chezCéline, Hedi Slimane, de retourchez Saint Laurent Paris, RafSimons chez Christian Dior, ouencore la chaîne COS occupent leterrain. Jil Sander va devoir(re)trouver sa place. p

C.Bi. (àMilan)

24 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 25: LE MONDE 25-09-2012

sport

Entretien

L eConseilde l’Europevientdedésigner la ministre dessports, Valérie Fourneyron,

pour représenter le continent aucomité exécutif de l’Agencemon-diale antidopage (AMA). Cinq ansaprès le renoncement de Jean-FrançoisLamouràbriguerlaprési-dence de l’institution, la Franceretrouveradoncsaplaceauseindel’AMA à partir du 1er janvier 2013,après la validation de cette nomi-nation par le conseil de fondationde l’agence, les 17 et 18novembre.Pourquoi avoir sollicitécemandat au sein de l’AMA?

Toutd’abordparce que la Fran-ce avait disparu du paysage de lalutte mondiale antidopage dontelle est historiquement l’un desmoteurs. Ensuite parce que l’A-MA a souffert, ces dernièresannées, du peu de représentationetdumanquede lisibilitédesposi-tions européennes. Enfin parcequ’il faut restaurer la place de laFrance dans les instances sporti-ves internationales.Cela signifie-t-il que votreprédécesseur, leministredes sports espagnol, n’a pas sufaire entendre la voix de l’Euro-pe au sein de l’AMA?

Mes collègues européens ontexprimé une vraie attente : quel’Europe ait une voix forte au seinde l’AMAetque laFrance retrouvesonrôledemoteur.La lutteantido-pagea été la colonnevertébraledemon parcours personnel. En tantquemédecindusport, j’ai encadrédes sportifs de haut niveau dansles années 1980.Auseinduminis-tèredusport, j’ai ensuiteparticipéà la rédaction de la loi Bambuckpuis de la loi Buffet en 1999 qui,après l’affaireFestina,a impulsé lacréation de l’AMA. J’entendsaujourd’huim’appuyersurcepar-cours et définir collectivementune feuille de route claire pourporter la voix de l’Europe au seinde l’AMA.Ces dernières années, on areproché un certain laxisme

à l’AMAnotamment sur le casdes corticoïdes dont l’usage estquasi légalisé…

Concernant les corticoïdes, maposition est très claire. Ils permet-tent d’améliorer les performanceset représentent un risque pour lasanté. Il fautdonc trouverun seuildedétectionquipermettededécla-rer un contrôle positif. Il ne fautjamais oublier que le dopage n’estpasseulementunproblèmede tri-chemais aussi de santépublique.

Le processus de révision ducodemondialantidopagevadurerjusqu’en 2015, c’est dans ce cadrequ’il faudraavancer sur la listedesproduits interdits mais aussi surd’autresquestionscommecelledela duréedes sanctions.

Aujourd’hui, on peut avoir le

sentiment qu’il y a deux poidsdeux mesures. On ne peut pas sesatisfaired’une lutte qui sanction-nedessportifspourlaprisedecan-nabis et qui laisse impunis dessportifsquiont recoursàdesauto-transfusions, toujours indécela-bles. Multiplier les contrôles n’estpas suffisant, nous devons avan-cer dans le champde la recherche.C’est indispensablepourasseoir lacrédibilitéde la lutte antidopage.Comment expliquez-vous qu’onait dû attendre sept ans aprèsson dernier Tour de Francevictorieux pour que LanceArmstrong soit enfin inquiétépar l’Agence antidopageaméricaine (Usada)?

Le cas Armstrong démontrequ’il y a des intérêts qui peuvent

passeravant la lutte antidopageetdonc la freiner. Et que s’il n’y avaitpas eu une volonté très forte desautorités indépendantes commel’Usada ou l’AFLD [Agence françai-sedeluttecontreledopage]desdif-férents pays concernés par ce dos-sier, celui-ci n’aurait pas prospéré.Pensez-vous, commesemblele croire l’Usada, que LanceArmstrong a bénéficié deprotections durant sa carrière?

Je n’ai pas tous les éléments dudossier mais cette procédure,quand elle sera arrivée à son ter-me,vasansdoutemettreenlumiè-re les moments où il y a eu desfailles. Et des failles, il y en a eu, çane fait pas de doute.Dans un entretien au«Monde»du27août, le conseiller scientifi-

que de l’AFLD,Michel Rieu, évo-quait des interventions politi-ques…

L’AFLDet son ancienprésident,PierreBordry,ont jouéunrôlecru-cial dans l’affaire Armstrong. Ilsont su résister à des pressionsdiverses. Personnellement, jeserai trèsvigilanteà cequ’il n’y aitaucune intervention du politiquedans la lutte antidopage. C’estpourçaquenous l’avonsconfiéeàune autorité indépendante, l’A-FLD. Son indépendance doit êtrerespectée.

L’Usada demande queLanceArmstrong soit destituéde ses sept Tours de Francevictorieux. Comprendriez-vousque l’Union cycliste internationa-le (UCI), qui ne s’est pas encoreprononcée, prenne une autredécision?

Non, je ne comprendrais pasque l’UCI ne retire pas ses septtitres à Lance Armstrong. L’UCI vadevoirprendreses responsabilitésparrapportauxconclusionsdel’U-sada. C’est la dernière étape néces-sairede cetteprocédure. La séréni-té du résultat est l’essence dusport. Si on semet à douter, il n’y aplusde sport.Armstrong, Contador, Landis,Riis, Ulrich… si on dresse la listede tous les vainqueurs duTourqui se sont dopés, difficiled’établir un palmarès. Le Tourn’a-t-il pas perdu toutecrédibilité sportive?

Le Tour reste extrêmementpopulaire. J’ai pu le constaterencore cet été dans ma ville de

Rouen. Qu’il y ait des interroga-tions sur le palmarès de ces der-nières années, c’est une réalité.Ne pas attribuer de palmarès surcette période pourrait être unepremière étape pour que le Tourgagne en crédibilité.La justice espagnole vient enfinde fixer une date pour le procèsPuerto. Ce sera en janvier2013,soit six ans et demi aprèsl’affaire. Comment expliquez-vous cette lenteur?

Je regrette ces délais. Ils ne sontpas compatibles avec le résultatsportif, avec le temps de la perfor-mance. Ce n’est pas possible deredonner des médailles desannéesaprès.Ilenvadelacrédibili-té de la lutte antidopage, dans lerespectdes droits de la défense, deréduire ces délais. Au sein de l’A-MA, nous essaierons de faire desavancées sur ce terrain. On abesoin que les freins qui ont puêtre à l’œuvre dans l’affaire Arms-trong ou Puerto puissent êtrelevés. Et d’autant plus quand cesinterventions ont pour seul butd’empêcher une procédure d’allerjusqu’aubout.Sur le bancdes témoins ne siége-ront que des cyclistes alors quele principal accusé, lemédecinEufemiano Fuentes, avait décla-ré travailler également avec desfootballeurs ou des athlètes.Le cyclisme est-il la victimeexpiatoire?

Le cyclisme est souvent mon-tré du doigt parce qu’il a été tou-ché par de nombreuses affaires,mais c’est aussi une disciplinequifait beaucoup plus que d’autrespour lutter contre le dopage. Sid’autres sports ont été concernéspar cette affaire, j’espère que ceprocès permettra qu’ils se retrou-vent aussi devant la justice.Aujourd’hui, il y a encore trop dedéséquilibres entre les sports etentre les pays enmatière de lutteantidopage.Lacrédibilitéde la lut-teantidopagepasseparuneréduc-tionde ces déséquilibres.p

Proposrecueillis parStéphaneMandard

Football

D ans les entrailles du StadeVélodrome,unecohortedejournalistes enthousiastes

guette l’arrivéed’ElieBauppour latraditionnelle conférence de pres-se d’après-match. Le visage grave,l’entraîneur de l’Olympique deMarseille n’est guère enclin àaccepterlesélogesaprès lavictoireétriquée(1-0)de sonéquipecontreEvian-Thonon-Gaillard,dimanche23septembre. Les joueurs pho-céens sont pourtant parvenus àarracher une sixième victoireconsécutive en autant de rencon-tres disputées depuis l’ouverturedu championnat. Leader de laLigue 1 avec quatre points d’avan-ce sur l’Olympique lyonnais, l’OMréalise, grâce à cette incroyablesérie, la meilleure entame de sai-son de son histoire. Le club mar-seillais dépasse ainsi son proprerecordde quatre victoiresd’affiléeobtenues en ouverture de la sai-son… 1932-1933.

Devantuneassembléeauxcom-mentaires laudatifs, Elie Baupprend soin de ne pas relever cettestatistique. «On n’en parle pas, onparle des points, on sait qu’il fautles prendre car on aura desmoments délicats», déclare l’en-traîneur,quia connu, lorsde la sai-son 1998-1999, un début de saisonaussi fastueux avec des Girondinsde Bordeaux sacrés champions deFrance à l’arrivée. A l’aune desinfortunesd’unOMclassé dernieràlamêmepériodel’andernier,cet-te dynamique étonne jusqu’au

sommet du club. «On ne pouvaitpas penser qu’on ferait le meilleurdépartduclubdepuis80ans,obser-ve le président Vincent Labrune.Mais on ne va pas fanfaronner. Onaterminé10edudernierchampion-nat et notre situation est fragile.»

Le«miraclemarseillais» inter-vient alors que le club connaîtunepérioded’austéritébudgétai-re. Conjuguéeauxmauvais résul-tats de la saison dernière, la non-qualification de l’OM en Liguedes champions a conduit ses diri-geants à alléger de 30millionsd’euros l’enveloppe annuelle(110millionsd’euros). «Nos recet-tes sont en chute libre et on sortd’une année difficile, expliqueVincent Labrune. L’actionnairedu club, Margarita Louis-Dreyfus,a fait cet été des efforts considéra-bles en injectantunequinzainedemillions d’euros. Cette saison,notre feuille de route était deconserver une équipe compétitivetout en visant un retour à l’équili-bre financier. »

En prônant la rigueur, le prési-

dent de l’OM assume la « ligne»choisie, en juin2011, lors de sonavènement à la tête du club. Cen-sée anticiper les pertes de ressour-cesliéesà labilletterie,cettestraté-gie accompagnera, jusqu’en 2014,les coûteuxtravauxderénovation(270millions d’euros) du StadeVélodrome dont la capacité d’ac-cueil est réduite, cette saison, à42000 places. Dans cette logique,l’imposante masse salariale duclub a été nettement allégée à lasuite du départ de cadres commeAlou Diarra ou Stéphane Mbia. Al’exceptiondel’arrivéesousformede prêt de l’Anglais Joey Barton,l’OM s’est distingué par sa discré-tion lors dumercato estival.

Management plus austèreLa nomination d’Elie Baup en

remplacement de Didier Des-champs a aussi marqué un retourvers un mode de managementplus austère. Reconverti commeconsultant télé, l’ex-coach de Bor-deauxn’avait plus dirigé d’équipedepuis trois saisons. A 57 ans, ce

techniciend’expérienceincarne laréussite d’un effectif olympiendébarrasséde ses états d’âme.

« Le choix du coach était unpoint central, estime VincentLabrune. Elie Baup avait un étatd’esprit revanchard. Je ne lui ai pasmis la pression en lui demandantd’être dans les trois ou quatre pre-miers.»Davantageéprisd’esthétis-meque sonprédécesseur, l’entraî-neur phocéen s’appuie sur lesnotions de «plaisir» et de «solida-rité». «Il amis du bonheur et de lajoie dans le groupe, des choses quinous manquaient», considère lemilieuMathieu Valbuena. A l’ins-tar de son coéquipier, André-Pier-re Gignac reflète cette spirale ver-tueuse. En disgrâce sous l’ère Des-champs, le buteur a retrouvé uneplacedetitulaireà lapointede l’at-taquephocéenne.

Ledépart de joueurs influents aaussi conforté certains éléments,naguère peu utilisés, au sein duvestiairephocéen. «Il y amoins deconcurrenceetlaqualitésedévelop-pe», confiait récemment auMon-de le nouveau sélectionneur desBleus, Didier Deschamps, sortiexténué de son passage à l’OM(2009-2012).

Dimanche 7octobre, les Mar-seillais recevront le PSG et sesstars.S’ilsprolongentleursériejus-qu’au clasico, les joueurs de l’OMégaleraientlerecorddehuitvictoi-res consécutives détenu par unautre Olympique, lillois, lors de lasaison1936-1937.ElieBaupnepour-rait alors éluder cette statistique.p

RémiDupré

Avalanchemeurtrièredansl’HimalayaLes recherches se poursuivaienttoujours, lundi 24septembre, auNépal, après unegigantesqueava-lanche aumontManaslu, dansl’Himalaya, qui a causé lamortd’aumoinsneuf personnes, dontunemajoritéde Français, diman-che 23septembre. Les victimes fai-saientpartie d’un groupede 25 à30alpinistes, tousmontagnardsaguerris, sur le point d’atteindrele sommetduManaslu(8156mètres), le huitièmeplushautdumondeet l’undes plusdangereux. Sept alpinistes fran-çais, originairesde Savoie et deHaute-Savoie, font partie des victi-mes: quatre ont été identifiés,trois sont portés disparus. Parmi

les disparus, figurent égalementunoudeuxEspagnols, un Italien,unNépalais et unAllemand. Cetteavalanche se serait déclenchéevers 7400mètres et aurait empor-téunepartie du camp3 à6800mètres.Huit rescapés sonttoujours coincés en altitudeen rai-sondes conditionsmétéoquiempêchent les hélicoptèresdevoler.«Les secours ont été freinéspar lemauvais temps», a indiquélundi leministèrenépalais du tou-risme. C’est l’avalanche la plusmeurtrièredepuis celle duKangGuru en2005 auNépal. Sept Fran-çais et onze accompagnateursnépalais y avaient trouvé lamort.p SIMRIK AIR/AP PHOTO

«Mescollègueseuropéens

ontexpriméunevraieattente:quel’Europeaitunevoixforteauseindel’AMAet

quelaFranceretrouvesonrôledemoteur»

«L’UCIdoitretirersesseptToursàArmstrong»Laministredessports,ValérieFourneyron,expliqueau«Monde»savisionde la lutteantidopage

RésultatsMontpellier-Saint-Etienne 1-1Bastia-PSG 0-4Reims-Nancy 2-0Sochaux-Troyes 3-1Lorient-Nice 1-1Brest-Valenciennes 2-1Toulouse-Rennes 2-2Bordeaux-ACAjaccio 2-2Marseille-Evian 1-0Lille-Lyon 1-1

Classement1.Marseille : 18 points.2. Lyon:14.3.PSG: 12.4.Lorient : 12.5.Reims: 10.6.Bordeaux: 10.7.Toulouse: 9.8.Brest : 9.9.Valenciennes: 8. 10.Saint-Etienne: 7. 11.Nice: 7. 12. Lille : 7.13.ACAjaccio: 6. 14.Sochaux: 6.15.Bastia : 6. 16.Montpellier : 5.17.Evian: 4. 18.Rennes : 4.19.Nancy: 4.20.Troyes: 2.

LemiraclemarseillaisplanesurlaLigue1Avecunbudgetderigueuretunnouvel entraîneur, l’OMn’en finitplusdegagner

SÉBASTIEN CALVET/FEDEPHOTO

La sixième journéedu championnat de France

250123Mardi 25 septembre 2012

Page 26: LE MONDE 25-09-2012

(Dés)ordreSensdessusdessous.«Bordéliquesdetouspays,unissez-vous!»L’objetde cemail, automatiquement rangédansmondossier «Marlou»nepouvait passer inaperçu.Voyez le fatras surmonbureau: empilementde tasses, piles ébouriffées de journaux, de courriers, de…des nuées depapillonsautocollants, unbloc-notes, des crayons, plusieurs télépho-nes…Seulsmonclavier etmonécran émergent, indemnes, de cet atta-chantméli-mélo. Pourtant,meprévient l’expéditeurde cemail, lemagazine«Soon SoonSoon», «Demain, lemondeappartiendraauxmaniaquesdu rangement.Heureusement, il existerades solutionspourmettre de l’ordre dans sa vie, sans faire lemoindre effort (…). C’est votremère qui va être contente…»Ruéevers l’ordre. «Expérimentezdemaindèsaujourd’hui». Volontiers.Quels bons filons suivrepourmettreun termeau chaos environnant?Premièrepiste, «Plonger dans le contenu secret d’un sac àmain», avecPeter-Feldman (bit.ly/UclUPb). Cet artiste«étale sur une table toutes leschoses cachées dans les sacs àmain et les classe bien proprement sur unetable» avantde les prendre enphoto. Inutile de l’imiter, je ne voudraispasdévoiler tousmes secrets…Deuxièmepiste avancée par «SoonSoonSoon«, «En finir unebonne fois pour toutes avec lapaperasse»grâ-ce à Xambox (bit. ly/QZsLIT). Qu’attendrede ce géniede la paperasse?Ce scanner serait «la première solutionqui permet de retrouver sespapiers sans jamais les classer». Ce collecteurnumérise, trie «tout docu-ment à votre place» et les restitue sur ordinateur, tablette ou smartpho-ne. Encore faut-il trouver le temps– des jours entiers – depasserun àun tous ceux apparusavant cette «boîtemagique». Troisièmepiste, cel-le de «devenir chercheurd’ordre en ligne» grâce auxappliswebWor-dLess etMillionShort (bit. ly/Ql8dIg). A quoi bon? Elles neme sontd’aucuneaide pour ordonnermonbureau. «Unbeaudésordre, a écritEugèneSavitzkaïa,vautmieuxqu’une inerte ordonnance», non? p

PolitiqueSarkozy au rendez-vous de 2017?Il fait la couverturedeMlemagazineduMondedu 22septembreencompagniedeCarla.Mais Sarkozy s’ennuie, il réfléchit à une activitéaprès sonmétier de «présidentde la République».Mais quoi faire exac-tement? Réaliser enfin son rêveobsessionnel: faire de l’argent?Uneautre solution consiste à exercer la présidenced’une fondationderenomméemondiale.Mais laquelle?Une troisièmevoie, plus classiqueserait de donnerdes conférencesà travers lemonde.Mais pourdirequoi? La réponse est plus simple car les thèmesnemanquentpas s’agis-santde faire profiter, auplus grandnombre, de son expérience commechefd’Etat : comment appauvrirunpays, comment rendre les richesplusheureuxet plus épanouis, ou comment l’incompétenceenmatiè-re internationalen’est pas unhandicappour dirigerun grandpays, oualors commentvendre de l’illusionenpermanenceà unpeuple.De cechoixdépendra sa volonté de se représenter à la présidentielle en 2017.

Eric Perez, Paris

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Lundi24septembreTF1

20.50 Camping Paradis.Série. Les Jeux de l’amour (inédit).22.40New York unité spéciale.Série. Perdu en chemin (S13, 9/23, inédit)U ;Inexcusable (S11, 5/24)V ; L’Enfant du métro.Meurtre dans un jardin (S1, 19-8/22)U (190min).

FRANCE2

20.45Castle.Série. L’Empreinte d’une arme (S4, 4/23, inédit) ;La Mort à crédit. L’Enfer de la mode (S2, 1-3/24).22.55Mots croisés.Islam : où est le problème ? Débat.0.25 Journal de la nuit, Météo.0.40 Au clair de la lune - La Spira.Documentaire. Gérard Caillat (90min).

FRANCE3

20.45 Le Pensionnat de l’espoir.[4 à 6/6]. Le Temps de la découverte.Le Temps des incertitudes. L’Heure de vérité.Documentaire. Cyril Denvers (2012).23.08Météo, Soir3.23.35 Tibet, le mensonge chinois?Documentaire. Bernard Debord (2008).0.30 La Case de l’oncle Doc.Requiem pour un champion (55min).

CANAL+

20.55 Engrenages.Série (saison 4, 7 et 8/12, inédit)U.22.45 Spécial investigation.L’Affaire Alessandri : contre-enquêtesur un meurtre mystérieux. MagazineU.23.40 L’Œil de Links.0.10 Le Sentiment de la chairpFilm Roberto Garzelli (2010, 90min).

ARTE

20.50 Police Python 357pp

Film Alain Corneau. Avec Yves Montand,Simone Signoret, François Périer (France, 1975).22.50 The Spiral. Série (S1, 4/5, inédit).23.45Ned Kellypp

Film Gregor Jordan. Avec Heath Ledger, OrlandoBloom, Geoffrey Rush (GB, 1970, 105min).

M6

20.50 L’amour est dans le pré.Episode 13. Télé-réalité.22.40 «L’amour est est dans le pré»:que sont-ils devenus? [1/2] (120min).

D

D

D

D

D

D

D

A

A

A

A

A

1010

1010

1010

1010

1005

1000

995

1020

1020

1020

1025

1025

1025

1025

1005

1000

990

990

1000

985

980

1015

1015

1015

1015

Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

www.meteonews.fr

Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

DA

Paris

Madrid

Séville

Rabat

Alger

Tunis

RomeBarcelone

Tripoli

Le Caire

Jérusalem

Beyrouth

Athènes

Berne

Amsterdam

Bruxelles

Berlin

Londres

Edimbourg

Dublin

Oslo

Stockholm

Copenhague

Riga

Varsovie

Kiev

Ankara

Istanbul

Sofia

OdessaBudapest

Vienne

Prague

Munich

ZagrebMilanBelgrade

Bucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

LisbonneLisbonne

TunisTunis

BarceloneBarcelone

TripoliTripoli

Lisbonne

ReykjavikReykjavik

En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

Paris

Madrid

Séville

Rabat

Alger

Tunis

RomeBarcelone

Tripoli

Le Caire

Jérusalem

Beyrouth

Athènes

Berne

Amsterdam

Bruxelles

Berlin

Londres

Edimbourg

Dublin

Oslo

Stockholm

Copenhague

Riga

Varsovie

Kiev

Ankara

Istanbul

Sofia

OdessaBudapest

Vienne

Prague

Munich

ZagrebMilanBelgrade

Bucarest

St-PétersbourgHelsinki

Minsk

Moscou

30 à 35° > 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°-10 à -5°< -10°

Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand

Lyon

Chamonix

Bordeaux

Biarritz

Limoges

Besançon

Rouen

PARIS

Châlons-en-champagne

Toulouse

Dijon

Lille

1 22

Grenoble

16112923

2516211220111811

2621

22143016

17121210108104262119925222318201016914122212138302174

209117

2920301831262925271814430273226393030262718332332202212

11 172815

352621122414231124203121

322717142818222031222311

242820262622

averseséparsesbeautemps

assezensoleilléenpartieensoleillévariable,averseéparseaversesmodérées

assezensoleillé

assezensoleillébeautemps

aversesmodéréesfortepluieaversesmodéréeséclairciesbeautempsaverseséparsesassezensoleilléaversesmodéréeséclairciesenpartieensoleillépluiemodéréeenpartieensoleilléaverseséparsesbeautempspluiemodéréeenpartieensoleilléenpartieensoleillé

enpartieensoleillébeautempsvariable,orageuxbeautempssoleil,oragepossiblebeautempsaverseséparsessoleil,oragepossiblebeautempsvariable,orageuxbeautempsaverseséparsesbeautempsvariable,orageuxenpartieensoleillésoleil,oragepossible

beautempsbeautempsaverseséparsesbeautempsassezensoleillévariable,orageux

soleil,oragepossible2613assezensoleillé

averseséparsesbeautempsaversesmodéréeséclairciesbeautempsenpartieensoleillé 1412

soleil,oragepossiblesoleil,oragepossibleassezensoleillébeautempsaversesmodéréesenpartieensoleillé

Mercredi

Mardi 25 septembre25.09.2012

60 km/h

55 km/h

60 km/h

45 km/h

55 km/h

13724183015119

299 10

201792213

42516

14

faiblepluiesoleil,oragepossiblebeautempscielcouvertéclairciessoleil,oragepossibleenpartieensoleilléaversesmodéréeséclairciessoleil,oragepossible

Jeudi Vendredi Samedi

02h2307h41 17h14

19h41

919

418

1017

1319

819

1218

918

818

1119

1120

1219

1419

1421

1622

1621

10 16

12 18

13 22

11 18

12 17

12 15

18 201220

14 16

17 25

11 16

11 17

10 16

12 17

11 16

14 18

12 14

14 18

17 24

12 14

13 20

10 18

9 18

10 18

7 17

12 15

12 15

13 20

6 22

12 18

12 27

12 23

15 23

15 27

19 2421 23

15 24

12 23

17 24

332922283126

48/52

Pacifique Le typhon “Jelawat” se renforcera mais évitera les terres !

En Europe12h TU

Un front ondulera entre le Poitou-Charentes et la Lorraine, apportant despluies modérées et des cumulssignificatifs sur la journée. A l'arrière, untemps instable demanifestera avec desaverses localement orageuses. Enfin, lesconditions semontreront orageuses dulittoral méditerranéen en remontantdans la vallée du Rhône. Lemercures'échelonnera de 16 à 27 degrés de Brestaumidi toulousain sous le soleil.

Saint HermannCoeff. demarée

LeverCoucher

LeverCoucher

Toujours très perturbé !

Aujourd’hui

météo& jeux écrans

Mardi25septembreTF1

20.50Mentalist.Série. Chasse au témoinU. Le Tueur le plus fort(saison 4, 6 et 7/24) ; Pur sang (saison 3, 5/24).23.15 Baby-Boom.Une affaire d’homme. Documentaire (80min).

FRANCE2

20.45Océanspp

Film Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (2009).22.30 Infrarouge - «Home»,histoire d’un voyage.[1 et 2/2]. Documentaire. Yann Arthus-Bertrand.0.30 Journal de la nuit, Météo.0.50 En cas de malheurpp

Film Claude Autant-Lara. Avec Jean Gabin,Brigitte Bardot (France, N., 1958, 115min).

FRANCE3

20.45 Plus belle la vie.Coup de feu pour Barbara. [1 et 2/2]. Feuilleton.22.30 «Plus belle la vie»,les secrets de... Barbara et Boher.23.28Météo, Soir3.23.55 Ce soir (ou jamais !) (95min).

CANAL+

20.55 PolisseFilm Maïwenn. Avec Karin Viard, JoeyStarr,Marina Foïs (France, 2011, audiovision)U.23.00Un été brûlantpp

Film Philippe Garrel. Avec Monica Bellucci,Vladislav Galard (France, 2010, 90min)U.

ARTE

20.50 Vatican II.Le concile qui a changé l’Eglise. Documentaire.21.45 La Famille Flick :une histoire allemande. [1 et 2/2].L’Ascension. L’Héritage. Documentaire (2010).23.30 Le Maître du logispp

Film Carl Theodor Dreyer. Avec Johannes Meyer,Astrid Holm, Mathilde Nielsen (Dan., N., 1925).1.20 Yourope.Droit d’asile : des voix s'élèvent (35min).

M6

20.50 Rechercheappartement oumaison. Télé-réalité.23.00Maison à vendre. Magazine.0.30 The Defenders.Série. Que justice soit faite. Les VieillesCanailles (saison 1, 12 et 13/18, 90min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.

Tous les joursMots croisés et sudoku.

Sudokun˚12-228 Solutiondun˚12-227

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;Par courrier électronique : [email protected]

Médiateur :[email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 32-89(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤

Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr

Documentation : http ://archives.lemonde.frCollection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40

Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du samedi 22 septembre .

17, 23, 25, 37, 44 ; numéro chance : 9.Rapports :

5 bonsnuméros etnuméro chance : pas de gagnant ;5 bonsnuméros : 98 731,30 ¤ ;4 bonsnuméros : 1 048,40 ¤ ;3 bonsnuméros : 10,70 ¤ ;2 bonsnuméros : 5,30 ¤.Numérochance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 2 649721.

Motscroisés n˚12-228

5 7

6 3 2

4 1 8 2

3 5 9 8

2 8 5 4 7 6

4 9 7 1

3

2 9 8Realise par Yan Georget

9 5 6 3 2 1 4 8 7

7 3 1 5 8 4 6 9 2

4 8 2 7 9 6 5 3 1

5 7 3 2 6 8 9 1 4

2 1 8 9 4 3 7 6 5

6 4 9 1 5 7 8 2 3

1 6 7 4 3 9 2 5 8

3 9 5 8 7 2 1 4 6

8 2 4 6 1 5 3 7 9

Tres facileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

LotoHorizontalement Verticalement

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Solution du n° 12 - 227HorizontalementI. Petits-beurre. II. Epanouis. Uns.III. Ribaude. La. IV.ONU. Raidir.V. Relances. Ena.VI. Atèle. Sic. SP.VII. It. Gel. Logea.VIII. Sécu.Abélard. IX. Rétro. Orée.X.Nauséabondes.

Verticalement1. Péroraison. 2. Epinette.3. Tabulé. Cru. 4. INA. Algues.5. Tournée. Té. 6. Sud. Lara.7. Bières. Bob. 8. Es. Asile. 9. Li.Côlon. 10. Ruade. Gard. 11. RN.Insérée. 12. Estrapades.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1. A toujours le cerveau enébullition. 2.Ne réveillera pasl'intérêt. 3. Carré, il met en réserve.Protégée dans les fonds. 4. Pâtebatave. Envoie ses soldats auxquatre coins dumonde. 5. Vieuxcaractères germaniques. Faciliteles calculs. 6. A l’affiche àBayreuth. 7.Doublé chez Nini.Dada avant de suivre lessurréalistes. 8.Grant ou Aubry.9. Cœur de brebis. Grecque. Sur laportée. 10. Sein. Facilitentl’accrochage. 11. Se retrouver enbonne place. Met fin à la partie.12.Ouverture vers les plaisirs.

I. Leurs familiarités sont souventdéplacées. II. Bien accrochée. Troplourdement chargé. III. Plongerdans un total abandon. Sur unbulletin référendaire. IV. Jeu depions. Cercles imaginaires.V.Metle feu aux organes. Possessif. Plusaimée par Zeus que par Héra.Piégé.VI. A régler en partant.Chargera le bâtiment.VII. Plein debonsmots. Soutins.VIII.Déposeau palais. Gonflé quand il prend lelarge. IX. Préposition. A l’entréed’Istanbul. Ouverture pourévacuation.X. Se lance dans lecombat sans faire couler le sang.

HORS-SÉRIE0123

BATAILLE ÉLECTORALE

TEA PARTYPÈRES FONDATEURS

CONGRÈS

DÉMOCRATESVS RÉPUBLICAINSMITT ROMNEY

L’AMERIQUE

PLAN DE RELANCEDÉCLIN

INDUSTRIE AUTOMOBILE

NOUVELLE DONNE DÉMOGRAPHIQUERÉGULATION DE LA FINANC

E

SYSTÈME DE SANTÉ

RETRAITESOCCUPYWALL STREET

LOI ANTI-IMMIGRANTSDREAM ACT

GUANTANAMOBEN LADEN

LE REGARDDE CINQ

ROMANCIERSAMÉRICAINS

LATINOS

D’OBAMA

Où en est le rêve américain ?Un hors-série du Monde

« L’Amérique d’Obama »à découvrir en kiosque dès maintenant

26 0123Mardi 25 septembre 2012

Page 27: LE MONDE 25-09-2012

270123Mardi 25 septembre 2012 carnet

/( 8/(!/.3!:/**/)/(!

#60/&/:0$;

!;K/E;O

!;K/E;O

9'**/3!+'($,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,

"!#$

(65 1:.!3 0= 5:;2:-$7:"/: ,)/.-: +) 0

)%" ($"!",'#," + '.#3: *.$7%#:2 /9%7-8: !:5 )-$7:5

444444444444444444444444444

(65 1:.!3 0= 5:;2:-$7:"/: ,)/.-: +) <<

)%" *#&!%#" !: &%7#.5 &%/2:

4'$ $/%8+3/$,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,7/3!/:%$!#5'((/)/(!$

L:O2 ? GF&87 4B>G)! LL'IM$K3

CCC2O;M6K=;2-0IJA6"6E0KJO

! "':!+&:/ 1: 6'(1/8B> A6EO;DJ0=,E(E/H;&*OJK1E$>.+B5G NJ0$/!< %OJ@$90; 6E '60D$/J0HL:O2 ? B5&+.&F8&F7&8+CCC2O;M6K=;2-0IA6EH$1E;

! 7/ 9.%(/! 1: 6'(1/L:O2 ? B5&+.&F8&F8&F8

2%'-/$$+'((/*$! 0/%8+3/ 1/$ 8/(!/$

L:O2 ? B&8B+&B+&B5&).

(&%$#$!%'"

"!#$

!"'",334 2346'-)"34

'4" +")'#*0)4( .+-5"'4&)(6+-,)0(

52/+6)"'4(%( )2*&!136"3-(

1,'' )-1/4#

&,+%($'!"(+3"/ 54 )43"/64

52613-,/5&('),4 "&'-1-!,34

/-&%4334 5-//4 521-0)"+.,*&4)2,&1"'3+- 54 1" .3-"-64

($('0/4 54 ("-'2

)4')"3'4(-66&+#$"33 (')44'

1+3 "-'3#3//3,)"-'(5)4"1 "6'

,&"-'"-"/+!4- 1"54-

#( -(&+-))( *%$.

-"!+$*%(-,+!'-%*+%$,

1"'3-+(

),#*+%+

3(- 1'**-1$,'( /,%,0+-&2% "-2(.!')* "-2((-(-#

N& KE3F9(9&4 +:=KE& 83EI L F3EH 6&H HE116$5&4FH L * $' ")&)+%!' (, *#!(' L 6J=++"H < 6J%(9F934 =-344$H (E D34(&MSI

"3)**+#0$)%'

!##"$ -21)%$+(&+! B @ D > N % P C ? # R @ , N %

!"! iG3'& !%'8(

;$"#

>"$;

=E 69&E (& 2OQ)G. !3

!,).'

^EQg:< Q<)QKQ)`'MM'*LL'`AM'2QTQ@:)' ](*<c'h5S:<' > /,! 0/0

(&#$"!*%! 4 :7.32 <7,398; ;)>30 6+2= >7,1 583 573.2,3

6:Pc' E`I M'cch'g >(/"!0'.!+# -/$$#&.!+#2&59c @S'H M' TEh)Q'<dE@@`'QM6Dc1 ](

0g@EMQ'h](

2&59c g5&@Q!/`'M' J''NR'<)

* > N N % ? P C ' J , * B C C % D % C ?* 12:0=+A-, -A 5 ,-7<29-, 5 >*# )/0%# R X'hKQ@' EA:<<'L'<cg R 877GG R eaGee 8hhEg 4')'I ;

54!/ O' 5h:!c' )' @'cc'")),- '+12?<-,A- 'c O' h'?:Qg ME ,:hL`M' *<c&ThEM' )` )/0%#5'<)E<c b L:Qg 5:`h C4" E` MQ'` )' 7Ui=eG" g:Qc B6. /- ,+/?1A@27 g`h M' 5hQI NQ:g/`'

'2 3/-;2 583 44S$/`' AE<@EQh' C M.:h)h' )' ME X:@Q&c& &)QchQ@' )` )/0%#4Ehc' AE<@EQh' ^Egc'h@Eh) 8L'hQ@E< 0I5h'gg

]( >

0I5Qh' "Q< > 2Ec' 'c gQT<Ec`h' :AMQTEc:Qh'g

]:L > [h&<:L >

8)h'gg' >

4:)' 5:gcEM > _:@EMQc& >

0RLEQM > B

W&M1 >

X\4*-W- -2*WY*40 2V ^\]20 X8 R #G= 6\V_0F8Y2 8V+VXW0R6_8]ZV* R fiG7b [8Y*X R Ubb #;7 #iG Y4X [EhQg R 4E5QcEM )';U e7G bU#=fG!1 \""h' h&g'hK&' E`I <:`K'E`I EA:<<&g 'c KEMEAM' '< ,hE<@' L&ch:5:MQcEQ<' O`g/`.E` b7d7adaG7a1 0< E55MQ@EcQ:< )'gEhcQ@M'gb#=b;'cUG)' ME M:Q *<":hLEcQ/`''c_QA'hc&g)`e OE<KQ'h 7;f#=K:`g)Qg5:g'H).`<)h:Qc ).E@@$g=)' h'@cQ!@EcQ:<'c)' hE)QEcQ:<)'gQ<":hLEcQ:<g K:`g @:<@'h<E<c '< K:`g E)h'ggE<c C <:ch' gQ$T'1 [Eh <:ch' Q<c'hL&)QEQh'= @'g ):<<&'g 5:`hhEQ'<c %ch'g @:LL`<Q/`&'g C)'g cQ'hg= gE`" gQ K:`g @:@S'H ME @Eg' @QR@:<ch'1

7aa0^Z824F

]:c'H M'g b )'h<Q'hg @SQ""h'g!T`hE<c E` K'hg: )' K:ch' @Ehc'

;AI9/(&0&

4F&

793H

KE&

AU CARNET DU «MONDE»

Anniversaire de naissance

Il y a un an, un rayon de soleil est arrivédans nos vies, jour après jour, tu nouscombles de bonheur.

Elyasnous te souhaitons un joyeux anniversaire.

Décès

Liria Begeja,son épouse,Lea Barnier,

sa fille,entourées de leur familleet deAnne Fontaine,Frédéric Mitterrand,Henry Chapier,Benoît Jacquot,Olivier Assayas,Edi Rama,Andrew Litvack,Yousry Nasrallah,Docteur Jean-Pierre Tarot,

font savoir queLuc BARNIER-STROUZER,

a changé de vie.Rendez-vous le jeudi 27 septembre

2012, à 14 h 45, à l’entrée principale ducimetière du Montparnasse, 3, boulevardEdgar-Quinet, Paris 14e.

Le général Geoffroy d’Aumaleet son épouse, Marie-Jo,née de Loisne,Aliénor et Roland Massenet

et leurs enfants,Margot, Victor et Ariane,Charles et Pauline d’Aumale

et leurs enfants,Maxime, Ambre et Benjamin,Alexandre et Julie Chavarot,Fleur et David Gilbert-Desvallons,Matthieu et Annabelle Girardet,

ont le grand chagrin de faire part du décèsde

Christian d’AUMALE,ambassadeur de France,

commandeur de la Légion d’honneur,croix de guerre 1939-1945,

le 19 septembre 2012.La cérémonie religieuse sera célébrée

le mardi 25 septembre, à 10 h 30,en l’église Saint-François-de-Sales,6, rue Brémontier, Paris 17e.Une bénédiction aura lieu le même jour,

à 17 heures, en l’église de Colline-Beaumont (Pas-de-Calais), suivie del’inhumation dans le caveau de famille,où il rejoindra son épouse,

Claude,et sa fille,

Béatrice.

Lucien Kalfon,président,Les membres

du bureau et du conseil d’administration,La direction générale d’ORT France,

ont la tristesse de faire part du décès,survenu le 18 septembre 2012,de l’ingénieur général,

Michel DARMON.

Ils présentent leurs plus sincèrescondoléances à son épouse et à toutesa famille et s’associent à leur peine.

Michel Darmon a été membre duconseil d’administration d’ORT Francedepuis 1986 à ce jour. Il a été vice-président du conseil technique de 1986à 1995. Par son expérience professionnelle,il a beaucoup œuvré pour la mise en placedes filières électroniques au sein d’ORTFrance.

Michel Boyon,présidentdu Conseil supérieur de l’audiovisuel,Dominique Baudis,

Défenseur des droits,ancien président du Conseil supérieurde l’audiovisuel,Les membres du collège,Les collaborateurs du Conseil,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Mme Sylvie GENEVOIX,chevalier de la Légion d’honneur,ancien membre du Conseil,

survenu le 19 septembre 2012.

La cérémonie religieuse aura lieule mardi 25 septembre, à 14 h 30,en l’église Notre-Dame-d’Auteuil,à Paris 16e.

MmeMaurice Genevoix,sa mère,M. Bernard Maris,

son époux,Mme Charlotte Séjourné,

sa fille,M. Julien Larere-Genevoix,

son fils,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Sylvie GENEVOIX,éditeur, journaliste

et ancien membre du CSA,chevalier de la Légion d’honneur,

survenu le 19 septembre 2012.

La cérémonie aura lieu le 25 septembre,à 14 h 30, en l’église Notre-Dame-d’Auteuil, Paris 16e.

Son sourire reste avec nous.

91, rue de l’Assomption,75016 Paris.

Le général Elrick Irastorza,président du conseil d’administrationde la Mission du centenaire de la PremièreGuerre mondiale,

Le professeur Antoine Prost,président du conseil scientifique,

Et toute l’équipe de la Mission,

ont la tristesse de faire part du décès de

Sylvie GENEVOIX,

survenu le 19 septembre 2012.

Ils s’associent au deuil de son mari,Bernard Maris, de sa famille et de sesproches et rendent hommage à sonengagement précoce aux côtés de laMission du Centenaire.

Les éditions Allia

ont la tristesse de faire part du décès de

Patrick LÉBÉDEFF,1948-2012.

Il lui faut s’élever contre l’humanitéet être à soi-même son seul disciple,

aussi bien en respect de son propre génieque des objets vers lesquels

il tend.

16, rue Charlemagne,75004 [email protected]

« La paix soit avec vous. »Jean 20.19.

Raymonde Achard,sa maman,Noël Lebel,

son époux,Pierre-Éloi, Aube et Quentin,

ses enfantset leurs conjoints,Ysée, Lou et Arsène,

ses petits-enfants,Bernard et Christian Achard,

ses frères,Élisabeth,

sa belle-sœur,

ont la très grande tristesse de faire partdu décès de

Françoise LEBEL-ACHARD,survenu le 20 septembre 2012,à l’âge de soixante-douze ans.

Ses obsèques religieuses serontcé lébrées le mardi 25 septembre,à 11 heures, en l’église Saint-Séverin,Paris 5e, suivies de l’inhumation, dansla plus stricte intimité, dans le caveaufamilial, au cimetière de Saint-Nazaire-lès-Bagnols (Gard).

Ni fleurs ni couronnes.

Des dons à « L’art à l’hôpital Beaujon »,service du professeur Ruzniewski.

40, boulevard Saint-Germain,75005 Paris.

Frédéric et Anne Lecarmeet leurs enfants,Sophie et Thierry Albert

et leurs enfants,Claude Lecarme,

leur mère,Danielle et Vincent (†) Lecarme

et leurs enfants,Anne et Jean-Pierre Raffin,

et leurs enfants,Catherine et Michel Lucas,François et Sylvie(†) Fabre

et leurs enfants,Christophe et Jacqueline Lecarme

et leurs enfants,Tamara Leylavergne, Philippe Nicolas,

et leurs enfants,

ont le chagrin de faire part du décès de

Jérôme,le 13 septembre 2012.

Corinne, Claude, Oriane,ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Lucile MARIOTTE,néeMÉRITAN,

survenu le 21 septembre 2012.

L’inhumation aura lieu le samedi29 septembre, à 10 heures, dans le caveaufamilial, à Lamanon, Bouches-du-Rhône.

131, avenue de Mazargues.13008 Marseille.

Charbonnières-lès-Bains (Rhône).Masseret (Corrèze).

Evelyne Pénicaud,son épouse,Ses enfants,Ses petits-enfants,Sa familleEt ses amis,

ont la tristesse de faire part du retourà la maison du Père, de

Jean-Claude PÉNICAUD,chevalier de Malte.

La messe de funérailles sera célébréeen l’église de Charbonnières-lès-Bains,le mardi 25 septembre 2012, à 11 heures.

Une eucharistie d’adieu et d’espoir auralieu le mercredi 26 septembre, à 11 h 30,au cimetière de Masseret, suivie del’inhumation dans l’intimité familiale.

Ni fleurs ni couronnes, mais une quêteau profit de l’Ordre de Malte, 42, rue desVolontaires, 75015 Paris.

Cet avis tient lieu de faire-part etde remerciements.

4, square des Tamaris,Les Hautinières,69260 Charbonnières-lès-Bains.21, Grand-Rue,19510 Masseret.

Evry.

Elisabeth Moncany-Pervès,son épouse,Isabelle et Sylvain,Céline et Miguel,Laurent et Adrienne,Maire et Julien,

ses enfantsEt ses sept petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Michel PERVÈS.La cérémonie religieuse a eu lieu

le 21 septembre 2012, à 14 h 30, en lacathédrale Saint-Spire de Corbeil-Essonnes.

Colette Simonnet, née Renard,son épouse,Marguerite-Marie Simonnet,

sa sœur,Claude et Didier (†) Rind,Françoise Simonnet-Bisson,Pierre Simonnet,

ses enfants,Stéphanie Rind,Vincent († 12 août 2012)

et Mathilde Rind,Sébastien Guillot,Perrine et Lise Guillot, Iris Bisson,Florent, Charles et François Simonnet,

ses petits-enfants,Leïa et Milo Guillot, Viggo Rind,

ses arrière-petits-enfants,Anne Simonnet, Philippe Viault,

ses neveux,Les familles Renard, Saint-Martin,

Heurtematt, Gantcheff, Herry, Rind etMenet,

ont la tristesse de faire part du décès de

François SIMONNET,capitaine de vaisseau honoraire,

survenu le 21 septembre 2012,à Paris, à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Une messe sera célébrée cette semaine,en l’église Sainte-Cécile, 6, rue Sainte-Cécile, Paris 9e.

L’inhumation aura lieu au cimetièrede Moulins-Engilbert (Nièvre) précédéed’une messe de communion en l’égliseSaint-Jean-Baptiste.

18, rue du Faubourg-Poissonnière,75010 Paris.34, rue des Fossés,58290 Moulins-Engilbert.

Dominique Torrès,Gabriel Levin,Mikael LevinEt leurs enfants,

ont la grande douleur d’annoncer le décèsde leur mère et grand-mère,

Tereska TORRÈS,romancière,

ancienne combattante,médaille de la France libre.

Elle s’est éteinte doucement, à l’âgede quatre-vingt-douze ans, entourée deses enfants.

La cérémonie religieuse sera célébréele mercredi 26 septembre 2012, à 14 h 30,en l’église Saint-Médard, 141, rueMouffetard, Paris 5e.

Anniversaire de décès

Le 23 septembre.

Ceux qui l’on connue et aimée,pensent à

Marie PATEY.

Anniversaire

25 septembre 1932.

Glenn GOULD.

« Quand un homme atteint à cette hauteuril illumine le monde... »

Yéhudi Ménuhin.

Congrès

Les nouveaux métiers de l’avocat,Confédération nationale des avocats,12 et 13 octobre 2012, àMontpellier.15 heures de formation continue validée.

www.congrescna2012.fr

Cours

Prospective, innovation,stratégie et organisation :Les formations de master

Management spécialité Prospectivedu Conservatoire national des arts

et métiers reprennentle lundi 1er octobre 2012, à Paris 3e.Cours du soir sur la prospective,

l’innovation, la planificationpar scénarios, le management stratégiqueet l’organisation, les grandes tendancesdu futur, le développement durableet la prospective territoriale.

Courriel : [email protected] Internet :

http://www.mip-ms.cnam.fret http://www.laprospective.fr/Réunion d’information :

le 27 septembre, 2 rue Conté, Paris 3e,à 19 heures, en salle des Thèses.

Communication diverse

À l’occasion de la sortie de deuxnouveaux ouvrages de la collection« Profession cadre, service public »,le SCÉRÉN-CNDP et l’ESEN

organisent une table-ronde sur le thème« Éthique et développement

professionnel des cadres publics ».Conférence de clôture : Martin Hirsch,président de l’Agence du service civique,

mercredi 26 septembre 2012,à 18 heures,

École nationale d’administration,2, avenue de l’Observatoire, Paris 6e.

Information et inscription à[email protected]

ou tél. : 05 49 49 79 68.

Vos grands événementsNaissances, mariages

Avis de décès, remerciementsColloques, conférencesExpositions, vernissages

Vous pouvez nous transmettrevos annonces la veillepour le lendemain :

❑ du lundi au vendredi jusqu’à 16 h 30(jours fériés compris)

❑ le dimanche de 9 heures à 12 h 30

Pour toute information :01 57 28 28 2801 57 28 21 36

[email protected]

Le Carnet

Page 28: LE MONDE 25-09-2012

Télévision«Homeland», l’Amérique d’aprèsBen LadenCette série psychologique, qui brosse le portrait d’uneAmériqueenfer-méedansune crise deparanoïa aiguëdepuis les attentats du 11septem-bre 2001, et que lamortd’OussamaBenLadenn’apas réussi à apaiser, atriomphéauxEmmyAwards. Sur sonblog, Pierre Serrisier revient surles raisonsdu succès.http://seriestv.blog.lemonde.fr/

Anepasmanquer sur0123.fr

Pasdejokerpour«Batman»

Lettred’ItaliePhilippe Ridet

L epireest toujoursàvenir.Onpensaitavoirtouché lefonddesmœurspoliti-ques italiennesavec le«bunga-bun-

ga»oule scandalede la familleBossi,maisil estvraique l’onneconnaissaitpasenco-reFrancoFiorito,41 ans, conseiller régionalduLatium. 1,90mètre, 170kg, capable (c’estluiqui ledit)d’«avaler 12beignetsausabayon».

Entréenpolitiquepar laporte trèsàdroitedupostfascisme, il a recueilliplusde20000suffragesauxdernièresélectionsdemars.Suffisantpourfairesonentréeauconseil régionalet sevoirbombardéprési-dentdugroupeduPeuplede la liberté, lepartidedroiteprincipalsoutiendeRenataPolverini, laprésidentederégion.Undétailindispensable: FrancoFioritoestsurnom-mé«Batman»parsesamis,qui saventmanier l’antiphrase ironique:un jourqu’ilétaitparvenuàse juchersuruneHarley-

Davidson, il enest tombé…à l’arrêt.Maisluipréfèrese faireappeler le«fédéral», untitreenvoguedans l’Italiemussolinienne.

Enseptembre,«Batman»aétémisenexamenpar leparquetdeRomepourappropriationillicitedebienspublics. Entantqueprésidentdegroupe, il avait lahautemainsur les fondsdestinésaux«relationsavec lesélecteurs».

Unemannedehuitmillionsd'eurosdans laquelle il a commencéàpiocherpour lui-même.Lesenquêteursont identi-fiéunecentainedeversementssurunedizainedecomptesenbanqueàsonnompourunmontantde750000euros. «Bat-man»s’estégalementachetéun4×4BMWetuneSmartauxfraisducontribua-ble.Anecdote:unefois laSmart livrée, elles’estavérée troppetitepoursacarcasse.

Pourtant,«Batman»nemanquaitderien. Ilpossèdeouloueprèsd’unedizaine

d’appartementsainsiqu’unevillaavecvuesur lamersur le rocherdeCircée.Asesémolumentsdeconseillerrégional (8100eurosdesalaire+4190eurosd’indemnitéde fonction+3000eurosde frais), il ajoute8000euroscommeprésidentdegroupe,8000euroscommeprésidentde la com-missiondubudget. Sioncomptebien, celadonneunpeuplusde300000eurosparan…soit 1000eurospar jourouvrable.«Jegagneplusque leprésidentduconseil et leprésidentde laRépubliqueréunis», a-t-iladmiscommeàregretaucourtdesoninterrogatoire.

Grandcœur,«Batman»aaussi régalésesamis.Denombreuxélusontbénéficiédeses largessescomptables.Avecunesim-ple facture, leplussouvent fausse, ils sesont fait rembourserautitredes«rela-tionsavec lesélecteurs» leurscoursesauxsupermarchés,des repasarrosésaucham-pagne,desbijoux,desachats chezGucci,viaCondotti, lapluschicdes ruesdeRome.Unconseilleraprésentéune facturede1400eurospourunapéritif, unautreàpré-tenduavoirdépensé1200eurosenachatdemozzarella.

«J’étaispersécuté. Jen’aipasvolé, j’aidis-tribué», a avancé«Batman»endonnantlesnomsdetous lesconseillersquiavaientprofitédesa«générosité». Parmieux,LidiaNobili,uneconseillèresurnommée«l’arbredeNoël»enraisondesongoûtpour lesbijouxclinquants.Cette femmeblondeexerce laprofessiondeproviseurde lycée,maispassesesvacancesdanssavilladeTampa,enFloride.

Lesscandalespouvantencacherd’autres, lapresse italiennen’apasété lon-gueàcreuser le filon.Massacrésdenou-veauximpôts, les Italiensontdécouvert,avec fatalismeoueffarement,qu’onse lacoulaitdouceausiègede la région.Pre-nons le casdeCarlodeRomanisparexem-ple.Anciencollaborateurd’AntonioTajani,vice-présidentdelaCommissioneuropéen-ne, ce jeunehommeestparvenuluiaussiàse faireélireen2010.Pourfêter ça, il aorga-

niséunesoiréeauForoItalicodeRomepour2000personnes.Les invités, la jeu-nessedoréedesbeauxquartiersdeRomeetquelquesconseillersrégionaux,devai-ent revêtirunetogeouunecuirassedeguerrierantique.Certainsportaientdesmasquesdecochon,c’estplus chic.Coûtdelaréception: 30000euros, soitplusd’uneannéedesalaired’unouvrierdechezFiat.DeRomanisassureavoir toutpayédesa

poche(«Jeviensd’une familleaisée»),maislesenquêteursontdesdoutes.

Onsedemandebien,enrevanche, cequeRenataPolveriniestvenuefaireà cette«toge-party» (les lecteurs intéresséspar cemoment,cloude laviemondaineetpoliti-queromaine, sedocumenterontaisémentsur le site Internetden’importequelquoti-dien italien).Anciennesyndicaliste,prochede lamouvancedeGianfrancoFini, leprési-dentde l’Assembléenationale, elleportaitlesespoirsde ladroitevertueuse.Sapartici-pationàune fêtecélébrant leBas-Empireasévèrementmisàmal son image.«Jen’étaitpasentoge,a-t-elleditpoursadéfen-se,maisen imperméable.»C’estvrai…

Depuisque«Batman»s’estmisà table,onrigolemoinsaupalaisde la région. Lesfonctionnairesde lagendarmeriefinanciè-recampentdans lescouloirset épluchentlescomptes.FrancoFioritoaquittésonbureauet ses fonctionsenemportantdeuxlourdscartonsde facturesqu’ila confiésauxmagistrats.Lesconseillersde l'opposi-tionmenacentdedémissionnerenblocpourprovoquerunenouvelleélection.

Vêtuedeblancetdeprobitétardive,RenataPolveriniapromis, le 18septembre,defaire leménageetdecouperdrastique-mentdans le traindeviedesélus.Aprèsavoirmenacédedémissionner,elleadéci-déderesteràsonposte.Elleditqu’elle igno-rait toutdesactivitésde«Batman».Ellenesesentpas responsableetencoremoinscoupable. p

[email protected]

J ene fumepas lamoquette,mais le havane, aussi je necomprendsguère commentj’ai pu commettre deux

erreursgrossièresdansmaderniè-re chronique–que les lecteursauront sûrementd’eux-mêmesrectifiées: lorsqueGilles Bouleauparlait de cuisine, jeudi 20septem-bre, dans son journalde TF1,c’était probablementpourouvrirla voie auprogrammepharede lasoirée, «Masterchef», et nonà sonchallenger «TopChef», surM6,comme je l’ai, par lapsus, écrit.

Etquiaura commemoi compul-sivementdévoré«Masterchef»saitqueLaurentn’apas étédisqua-lifiépour avoir confondudeuxdesserts (c’était le flash-backd’unépisodeprécédent),maispouravoir commisun improbableongletde bœufaumelonet autabasco.

Tantque j’y suis, j’avoueaussiavoir attribuéàDaphnéBürkiunemauvaiseblaguedeMichelDeni-sot –ceque j’ai constatéenconsul-tant le replaydu«Grand Journal»sur le site InternetdeCanal+.

Meaculpa.Je regardais à nouveau l’émis-

sionenclairde la chaînecryptée,vendredi21, avecpour invitésEricZemmouret EricNaulleau,quiont reconstitué leurduosurParisPremière (etM6pour la rediffu-sion)dans«Zemmour&Naul-leau». Il sembleque lesdeux com-pèresn’aient toujourspasdigéréleur évictiond’«Onn’estpas cou-ché», animée le samedi soir parLaurentRuquier sur France2, niretrouvé l’énormeaudiencequiétait la leurdans le cadrede cepro-grammetrès suivi.

D’ailleurs, leur émissionn’apaslemêmesel, à ceque j’ai puenjuger, dimanche23 surM6, lorsdel’entretienbadinavec les deuxdéputésduFrontnational,MarionMaréchal-LePenetGilbertCol-lard. S’il est vrai que les représen-tantsdumouvementd’extrême

droite sont souvent reçusà la télé-visioncommedes chiensdansunjeudequilles, j’ai trouvé lesdeuxancienschroniqueurs lesplusdétestésduPAFsingulièrementenjouéset sympathiquesavecleurs invités. Est-ceparcequ’ilssontdésormaisanimateurspaten-tés etnonplusdézingueurs invi-tésdans le cadred’uneémissionmenéeparune tiercepersonne?

Est-ceparce queZemmour, ins-crit à la liste des «néo-fachos etleurs amis»par LeNouvelObser-vateur, défenddes thèsesprochesde celles du Frontnational et quesamargedemanœuvre critiqueenest d’autantdiminuée? Je nesais pourquoi,mais les «deuxEric», accoudés à leur table,m’ontfait penser auxdeuxpépésrâleursdu «Muppet Show», pen-chés à la rambardede leur loge.Enmoins drôles.

Ducôtéde chezRuquier, le res-sentimentenvers ses ex-chroni-queurs semble symétrique.Rece-vant, samedi22, la comique Isa-belleMergault et le cinéastePatri-ce Leconte, qui s’étaientvunaguè-re agonird’opprobrepar les deuxflingueurs, l’animateurd’«Onn’estpas couché» s’est payé leluxe carnassierde rediffuserunerépliquemagnifiquementcinglan-tedeLeconte (uneblagueacideenformedeparodiede fablede LaFontaine), qui avait laisséZem-mourblêmeet sansvoix.

Commedit le titre de l’autreémissionqu’animeNaulleausurParisPremière: «ÇabalanceàParis.»p

Accoudésàleurtable,les«deuxEric»m’ontfaitpenserauxdeux

pépésrâleursdu«MuppetShow».Enmoinsdrôles

ConseillerrégionalduLatium,FrancoFiorito

avait lahautemainsurlesfondsdestinésaux«relationsavecles

électeurs».Luietsesamisenontlargementprofité.

«Jen’aipasvolé, j’aidistribué»,s’est-ildéfendu

0123

C’estàvoir… | chroniqueécranspar RenaudMachart

Flingages

pTirageduMondedatédimanche23-lundi24septembre2012:422189exemplaires. 1 2 3

28 0123Mardi 25 septembre 2012