Le Monastère, multiculturellement au service de la personne · Le Monastère, multiculturellement...

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VOTRE OPINION NOUS INTÉRESSE Cette page est la vôtre. Ce que vous en pensez, faites-le savoir. Vous avez un com- mentaire ou une idée de sujet? Écrivez à [email protected] ou appelez Nomba au 819 822-4180 Pour plus d’information, visitez www.aide.org/latribune À ne pas manquer, le cahier spécial La Tribune de la diversité le 28 septembre 2010. Cette page est une initiative de : En partenariat avec : Les gens d’affaires immigrants ont investi 1 010 500 $ en Estrie en 2009 pour dé- marrer leurs entreprises. Ce qui représente environ 35 % des nouveaux investis- sements enregistrés par Pro-Gestion Estrie. Ces gens d’affaires immigrants ont monté 11 entreprises sur un total de 44. Ils ont ainsi permis la création de 25 des 81 emplois au démarrage recensés en 2009. SOURCE : Rapport annuel 2009, Pro-Gestion Estrie. SAVIEZ-VOUS QUE... 27 août Colloque Prévention de la violence con- jugale envers les femmes des communau- tés culturelles : mieux comprendre pour mieux intervenir . Salles 3 et 4 de la biblio- thèque Eva Sénécal à partir de 9 h. Plus d’infos au 819 823 0841. 18 septembre Le Réseau de solidarité des femmes sénégalaises du Canada organise une soirée de danses et chorégraphies afri- caines à la Cafétéria multifonctionnel- le de l’Université de Sherbrooke. Plus d’infos au 819 823 1292, 819 580 1859, 819 569 2588 ou 819 569 6632. 21 septembre Assemblée générale de la Table de concertation jeunesse de Sherbrooke. Salles 3 et 4 de la Bibliothèque Eva Sénécal, à partir de 13 h. Plus d’infos sur http://tcjs.wordpress.com 25 septembre Manifestation du cinquantenaire de l’indépendance du Mali par un souper découverte et célébration. À l’hôtelle- rie Le Boulevard, 4201, boul. Bertrand Fabi, Rock-Forest, à partir de 18 h. Plus d’infos au 819 563 7541. Dans cette institution, plus du quart du personnel est constitué d’immigrés. Une armée essentiellement composée de femmes qui jouissent de l’estime de leur direction. Le Monastère, multiculturellement au service de la personne Un quart de siècle déjà, que Le Monastè- re accueille des pensionnaires octogénaires. Généralement en perte d’autonomie, ces per- sonnes ont besoin d’un service soigné et effi- cace. Alors quand il embauche, le directeur veut avant tout un personnel qualifié. « Mes employés sont originaires d’un peu partout dans le monde. En plus du Canada, ils viennent de Yougoslavie, Burundi, Nica- ragua, France, Tchétchénie, Algérie, Maroc et Chili », s’enorgueillit Michel Plouffe, le directeur. Depuis huit ans qu’il tient les rênes de la résidence du Monastère, Mi- chel Plouffe a le même leitmotiv : « Nous offrons une opportunité de travail aux gens, à eux de se faire leur place. » C’est ainsi que 16 immigrés, sur les 60 employés que compte l’établissement, sont en train d’y faire leur nid. Ce conseiller en affaires permet aux entreprises de la MRC de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger, et de s’as- surer ainsi une meilleure croissance. Jorge Gutierrez et l’internationalisation des entreprises du Val-Saint-François « Je me suis réveillé à l’heure allemande aujourd’hui. » Fraîchement rasé, souriant, Jorge Gutierrez est d’attaque pour une autre journée de travail commencée à... 4 h du ma- tin. C’est ça son « heure allemande ». « Je devais m’entretenir avec une représentante de la Délégation générale du Québec à Mu- nich [Allemagne, ndlr]. Il était 10 h du matin là-bas, la bonne heure pour travailler avec eux. » S’il se réveille aussi tôt, c’est pour veiller à la bonne marche des transactions des entreprises du Val-Saint-François. Conseiller en affaires internationales au CLD (Centre local de développement), son rôle principal est « d’aider les entre- prises de la MRC à faire des affaires à l’in- ternational, en particulier dans le monde hispanophone, et à les accompagner dans ce processus. Ces entreprises sont toutes des PME qui n’auraient pas, autrement, les moyens de s’offrir cette expertise à temps plein », explique Éric Tessier, directeur à la prospection internationale au CLD. De l’opinion d’Éric Tessier, « Jorge sait gagner la confiance des entrepreneurs. Il a une expérience pointue sur le marché mexi- cain. Notre souhait est de le garder le plus longtemps possible. » Un employeur québé- cois qui veut le fidéliser à un poste qui cor- respond à ses compétences, c’est nouveau pour Jorge Gutierrez. Il y a encore deux ans, personne ne voulait lui donner sa chance. L’avocat devenu plongeur Avocat au Mexique, Jorge Gutierrez n’a pas hésité à retrousser les manches au Qué- bec pour se faire une place. Un parcours éprouvant, que le jeune homme raconte maintenant avec décontraction. « Quand je suis arrivé ici, en 2006, j’espérais trou- ver directement un emploi à la hauteur de mes qualifications. » Il va tomber de haut. « J’ai postulé comme consultant pour les banques, les assurances et même à la Cour municipale. J’ai eu droit à la même ritour- nelle, je manque d’expérience de travail ca- nadienne. » Jorge décide alors de revoir ses ambitions à la baisse, pour un début. Dans les agences de services à la clientèle où il se présente, on lui reproche sa surqua- lification et son français hésitant. Las, il ali- gne les petits boulots, « pour survivre », ses économies fondant au fil des mois. « Pour vous donner une idée de ces petits boulots, il m’est arrivé de faire de la plonge », confie- t-il avec un sourire désarmant. Alors qu’on lui conseille de se remettre aux études de droit, pour devenir avocat au Ca- nada, Jorge Gutierrez choisit de valoriser ses acquis mexicains et d’opter pour une forma- tion plus courte. Après un an en Commerce international au séminaire de Sherbrooke, son stage se concrétise en emploi. Dans son costume de conseiller en affaires internatio- nales, Jorge Gutierrez se sent maintenant à son aise. « Je me sens utile à faire ce qui me passionne. » Et cela vaut bien quelques heu- res de sommeil en moins. (N.D.) Expériences enrichissantes Au-delà du visage multiculturel de la résidence du Monastère, Michel Plouffe est fier de la diversité des compétences de l’établissement. Il ne tarit pas d’éloges sur le travail de ses collaborateurs. « Charlotte Ciza, par exemple, a une place importante ici grâce à sa compétence. » Ainsi, quand à la suite d’un accident de la route, la Burun- daise a dû arrêter de travailler pendant un an, le directeur lui a gardé sa place. « Même parmi les dernières recrues, je n’ai que du bon service. Candice Berthier, par exemple, embauchée depuis deux mois, est très appréciée par son superviseur qui me dit qu’elle est excellente. Je l’avais sen- ti en entrevue, puisqu’elle avait déjà de l’expérience acquise en France, son pays d’origine. » Être apprécié à sa juste valeur Patron heureux, Michel Plouffe l’est. Mais s’il y a une chose qui le désole, c’est que la plupart des immigrés qui travaillent pour lui sont qualifiés pour des emplois plus valorisants. « Beaucoup d’entre eux ont fait de longues études. Ce sont des gens instruits et qui ont parfois un bagage professionnel important que notre société méconnaît. » Asmae Moumni, est l’une de ces person- nes. Analyste agroalimentaire au Maroc pendant 15 ans, après un diplôme obtenu en Belgique, elle est préposée aux bénéficiaires à la résidence du Monastère. « Arrivée au Québec, j’ai postulé à un emploi similaire dans une entreprise. Elle a préféré engager un jeune fraîchement sorti de l’école plutôt que moi qui avais de l’expérience. » Asmae en sera traumatisée. Mais elle retient une leçon : « Ici, il faut un diplôme québécois pour que les employeurs vous recrutent, en général. Mon mari est retourné aux études, pour avoir un diplôme québécois sur son CV et il travaille maintenant en biochimie. Moi, je refuse de recommencer à zéro. » Employée à la Résidence du mo- nastère depuis trois ans, Asmae ne compte pas chercher un autre emploi. Elle préfère rester fidèle à un employeur qui l’apprécie à sa juste valeur, dans un environnement où il fait bon travailler. Michel Plouffe au milieu de quelques-unes de ses collaboratrices venues du monde entier.

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mentaire ou une idée de sujet?Écrivez à [email protected]

ou appelez Nomba au 819 822-4180Pour plus d’information, visitez

www.aide.org/latribune

À ne pas manquer, le cahier spécial

La Tribune de la diversitéle 28 septembre 2010.

Cette page est une initiative de :

En partenariat avec :

Les gens d’affaires immigrants ont investi 1 010 500 $ en Estrie en 2009 pour dé-marrer leurs entreprises. Ce qui représente environ 35 % des nouveaux investis-sements enregistrés par Pro-Gestion Estrie.

Ces gens d’affaires immigrants ont monté 11 entreprises sur un total de 44. Ils ont ainsi permis la création de 25 des 81 emplois au démarrage recensés en 2009.

SOURCE : Rapport annuel 2009, Pro-Gestion Estrie.

SAVIEZ-VOUS QUE...

27 août Colloque Prévention de la violence con-

jugale envers les femmes des communau-tés culturelles : mieux comprendre pour mieux intervenir. Salles 3 et 4 de la biblio-thèque Eva Sénécal à partir de 9 h.

Plus d’infos au 819 823 0841.

18 septembreLe Réseau de solidarité des femmes

sénégalaises du Canada organise une soirée de danses et chorégraphies afri-caines à la Cafétéria multifonctionnel-le de l’Université de Sherbrooke.

Plus d’infos au 819 823 1292, 819 580 1859, 819 569 2588 ou 819 569 6632.

21 septembreAssemblée générale de la Table de

concertation jeunesse de Sherbrooke. Salles 3 et 4 de la Bibliothèque Eva

Sénécal, à partir de 13 h. Plus d’infos sur http://tcjs.wordpress.com

25 septembreManifestation du cinquantenaire de

l’indépendance du Mali par un souper découverte et célébration. À l’hôtelle-rie Le Boulevard, 4201, boul. Bertrand Fabi, Rock-Forest, à partir de 18 h.

Plus d’infos au 819 563 7541.

Dans cette institution, plus du quart du personnel est constitué d’immigrés. Une armée essentiellement composée de femmes qui jouissent de l’estime de leur direction.

Le Monastère, multiculturellement au service de la personne

Un quart de siècle déjà, que Le Monastè-re accueille des pensionnaires octogénaires. Généralement en perte d’autonomie, ces per-sonnes ont besoin d’un service soigné et effi -cace. Alors quand il embauche, le directeur veut avant tout un personnel qualifi é.

« Mes employés sont originaires d’un peu partout dans le monde. En plus du Canada, ils viennent de Yougoslavie, Burundi, Nica-ragua, France, Tchétchénie, Algérie, Maroc et Chili », s’enorgueillit Michel Plouffe, le directeur. Depuis huit ans qu’il tient les rênes de la résidence du Monastère, Mi-chel Plouffe a le même leitmotiv : « Nous offrons une opportunité de travail aux gens, à eux de se faire leur place. » C’est ainsi que 16 immigrés, sur les 60 employés que compte l’établissement, sont en train d’y faire leur nid.

Ce conseiller en affaires permet aux entreprises de la MRC de conquérir de nouveaux marchés à l’étranger, et de s’as-surer ainsi une meilleure croissance.

Jorge Gutierrez et l’internationalisation des entreprises du Val-Saint-François

« Je me suis réveillé à l’heure allemande aujourd’hui. » Fraîchement rasé, souriant, Jorge Gutierrez est d’attaque pour une autre journée de travail commencée à... 4 h du ma-tin. C’est ça son « heure allemande ». « Je devais m’entretenir avec une représentante de la Délégation générale du Québec à Mu-nich [Allemagne, ndlr]. Il était 10 h du matin là-bas, la bonne heure pour travailler avec eux. » S’il se réveille aussi tôt, c’est pour veiller à la bonne marche des transactions des entreprises du Val-Saint-François.

Conseiller en affaires internationales au CLD (Centre local de développement), son rôle principal est « d’aider les entre-prises de la MRC à faire des affaires à l’in-ternational, en particulier dans le monde hispanophone, et à les accompagner dans ce processus. Ces entreprises sont toutes des PME qui n’auraient pas, autrement, les moyens de s’offrir cette expertise à temps plein », explique Éric Tessier, directeur à la prospection internationale au CLD.

De l’opinion d’Éric Tessier, « Jorge sait gagner la confi ance des entrepreneurs. Il a une expérience pointue sur le marché mexi-

cain. Notre souhait est de le garder le plus longtemps possible. » Un employeur québé-cois qui veut le fi déliser à un poste qui cor-respond à ses compétences, c’est nouveau pour Jorge Gutierrez. Il y a encore deux ans, personne ne voulait lui donner sa chance.

L’avocat devenu plongeurAvocat au Mexique, Jorge Gutierrez n’a

pas hésité à retrousser les manches au Qué-bec pour se faire une place. Un parcours éprouvant, que le jeune homme raconte maintenant avec décontraction. « Quand je suis arrivé ici, en 2006, j’espérais trou-ver directement un emploi à la hauteur de mes qualifi cations. » Il va tomber de haut. « J’ai postulé comme consultant pour les banques, les assurances et même à la Cour municipale. J’ai eu droit à la même ritour-nelle, je manque d’expérience de travail ca-nadienne. » Jorge décide alors de revoir ses ambitions à la baisse, pour un début.

Dans les agences de services à la clientèle où il se présente, on lui reproche sa surqua-lifi cation et son français hésitant. Las, il ali-gne les petits boulots, « pour survivre », ses économies fondant au fi l des mois. « Pour vous donner une idée de ces petits boulots, il m’est arrivé de faire de la plonge », confi e-t-il avec un sourire désarmant.

Alors qu’on lui conseille de se remettre aux

études de droit, pour devenir avocat au Ca-nada, Jorge Gutierrez choisit de valoriser ses acquis mexicains et d’opter pour une forma-tion plus courte. Après un an en Commerce international au séminaire de Sherbrooke, son stage se concrétise en emploi. Dans son costume de conseiller en affaires internatio-nales, Jorge Gutierrez se sent maintenant à son aise. « Je me sens utile à faire ce qui me passionne. » Et cela vaut bien quelques heu-res de sommeil en moins. (N.D.)

Expériences enrichissantesAu-delà du visage multiculturel de la

résidence du Monastère, Michel Plouffe est fi er de la diversité des compétences de l’établissement. Il ne tarit pas d’éloges sur le travail de ses collaborateurs. « Charlotte Ciza, par exemple, a une place importante ici grâce à sa compétence. » Ainsi, quand à la suite d’un accident de la route, la Burun-daise a dû arrêter de travailler pendant un an, le directeur lui a gardé sa place.

« Même parmi les dernières recrues, je

n’ai que du bon service. Candice Berthier, par exemple, embauchée depuis deux mois, est très appréciée par son superviseur qui me dit qu’elle est excellente. Je l’avais sen-ti en entrevue, puisqu’elle avait déjà de l’expérience acquise en France, son pays d’origine. »

Être apprécié à sa juste valeurPatron heureux, Michel Plouffe l’est.

Mais s’il y a une chose qui le désole, c’est que la plupart des immigrés qui travaillent

pour lui sont qualifi és pour des emplois plus valorisants. « Beaucoup d’entre eux ont fait de longues études. Ce sont des gens instruits et qui ont parfois un bagage professionnel important que notre société méconnaît. »

Asmae Moumni, est l’une de ces person-nes. Analyste agroalimentaire au Maroc pendant 15 ans, après un diplôme obtenu en Belgique, elle est préposée aux bénéfi ciaires à la résidence du Monastère. « Arrivée au Québec, j’ai postulé à un emploi similaire dans une entreprise. Elle a préféré engager un jeune fraîchement sorti de l’école plutôt que moi qui avais de l’expérience. » Asmae en sera traumatisée. Mais elle retient une leçon : « Ici, il faut un diplôme québécois pour que les employeurs vous recrutent, en général. Mon mari est retourné aux études, pour avoir un diplôme québécois sur son CV et il travaille maintenant en biochimie. Moi, je refuse de recommencer à zéro. » Employée à la Résidence du mo-nastère depuis trois ans, Asmae ne compte pas chercher un autre emploi. Elle préfère rester fi dèle à un employeur qui l’apprécie à sa juste valeur, dans un environnement où il fait bon travailler.

Michel Plouffe au milieu de quelques-unes de ses collaboratrices venues du monde entier.