Le magazine culturel de Québec  · DANIEL TAYLOR Cet été, venez découvrir l’histoire de...

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Volume 6 Numéro 2 2012 Bazzart © 2012. Tous droits réservés. THÉÂTRE DE RUE Partenaire principal Volume 6 • Numéro 2 • CAN$5,00 taxes incluses Cahier gratuit dans la région de Québec PP 41400048 - Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada : Productions OPTIK etc. 114-65, rue Saint-Vallier Est, Québec ( Québec ) G1K 3N6 Le DVD est une exclusivité pour les abonnés de Bazzart. Il est aussi disponible chez nos dépositaires, en quantité limitée. Détails à la page 5. DOSSIER MéDIATION CULTURELLE : À LA RENCONTRE DES PUBLICS DOSSIER THéâTRE DE RUE : INTRODUCTION AU MONDE DE L’ANIMATION URBAINE DE QUéBEC THÉÂTRE DE RUE www.bazzart.qc.ca Le magazine culturel de Québec

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Volume 6 Numéro 2 2012 Bazzart © 2012. Tous droits réservé

s.

THÉÂTRE DE RUE

Partenaire principal

Volume 6 • Numéro 2 • CAN$5,00 taxes incluses Cahier gratuit dans la région de QuébecPP 41400048 - Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada : Productions OPTIK etc. 114-65, rue Saint-Vallier Est, Québec ( Québec ) G1K 3N6

Le DVD est une exclusivité pour les

abonnés de Bazzart. Il est aussi disponible chez nos dépositaires,

en quantité limitée. Détails à la page 5.

Dossier méDiation culturelle : À la rencontre des publics

Dossier théâtre De rue : introduction au monde de l’animation urbaine de québec

THÉÂTRE dE RuE

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Nouvelle ColleCtioN Pierre BoucharD

Aussi connu sous le nom de NewJoeCool, Pierre Bouchard vit et travaille à Québec. Il a coédité le Fanzine Bidon paru il y a quelques années, une publication indépendante dédiée aux dessinateurs de Québec. En 2008, il s’est mérité le prix Réal-Fillion ( Festival de la bande dessinée francophone de Québec ) pour la Meilleure première bande dessinée ( L’île aux ours ). À l’automne 2008, il s’envole vers la France pour entreprendre une résidence d’auteur BD, un échange culturel entre la ville de Québec ( Institut canadien de Québec ) et Bordeaux ( Arpel ). En 2010, il se mérite le troisième prix du concours d’œuvres d’art de la Ville de Québec dans la catégorie Artiste professionnel.

Aujourd’hui, il continue de créer des bandes dessinées avec le scénariste Francis Desharnais aux éditions POW POW et donne des ateliers de bande dessinée dans les écoles primaires. Il évolue aussi dans le monde de la peinture où il revisite des thèmes qu’il chérit comme le hockey, les oiseaux et les poissons. Également, il est actif en tant que muraliste urbain et organisateur d’événements liés au graffiti ( United Colors of Béton ).

FaceBook.com/ PierreBoucharDnewjoecool

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BAZZART est une publication indépendante conçue et réalisée par l’organisme à but non lucratif Productions OptiK etc. BAZZART est un théâtre d’exposition pour les artistes de la relève et de l’avant-garde; une occasion de traiter de leurs réalités culturelles et sociales.

ÉDITEUR

PRODUCTIONs OPTIK ETC.Adresse administrative 114-65, rue saint-Vallier Est Québec ( Québec ) G1K 3N6

Téléphone : 418 521-4866 Télécopieur : 418 523-9121

DIREcTIon

Claire GOUTIER | Directrice générale et artistique

RÉDacTIonCatherine BRETON · Catherine VERMETTE | Adjointes à la rédaction en chef

Chantale Roy | Recherchiste

Marie-Line BEAUDOIN · Françoise BELLEMARE · Alexandra BLOUIN · Matthieu DEssUREAULT · Julie LEGAULT · Jean-Baptiste LEVÊQUE · Mathieu LEMOINE · Roxanne PELCHAT · simon RENAUD | Rédacteurs

RÉVISIon

Guy DUCHARME | Réviseur linguistique Marie-Élaine GADBOIs | Réviseure linguistique

concEpTIon gRaphIqUE

Kim DAMBOIsE | Directrice graphique et webmestre Marie Pier MONGENAIs | Conceptrice graphique

phoTogRaphIE

Guillaume D. CYR | Directeur photo Gregory CLAPPERTON · Jean-François GRAVEL · stéphanie HUARD | Photographes

MULTIMÉDIa/DVD

studio Élément | www.studioelement.ca

capSULE VIDÉo

Mathieu DEssUREAULT | Réalisateur

REMERcIEMEnTS

L’Aubergine de la Macédoine pour les photos d’archives de Paul Vachon

SUR La coUVERTUREPhotographie | Les Zorduriers, Artefacts et artifices ( voir page 20 )

Le magazine Bazzart est distribué gratuitement dans la ville de Québec.

Pour vous abonner ou acheter le DVD comprenant des exclusivités artistiques, venez visiter notre site Internet : www.bazzart.qc.ca

Copyright Magazine BAZZART © Pour tous les auteurs. Toute reproduction de textes, d’illustrations ou de photographies du magazine et du DVD Bazzart est interdite.

Les opinions émises dans ce magazine sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de la direction.

IssN : 1911-415X Dépôt légal — Deuxième trimestre 2012. Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque nationale d’Ottawa.

COMPLICES

Catherine Bretonadjointe à la rédaCtion en Chef

Catherine Breton a fait ses études en théâtre et en littérature à l’Université du Québec à Montréal, ainsi qu’en écriture télévisuelle à l’INIs. Elle travaille tant comme comédienne qu’auteure et

scénariste télé. Cette vie artistique, en équilibre entre l’écriture et la scène, repose à la fois sur le besoin de communiquer et d’être en contact direct avec les gens. s’intéressant toujours à l’aventure humaine, elle est plus que jamais habitée par la passion d’inventer, de créer et de raconter des histoires.

Elle collabore avec Bazzart depuis deux ans en participant entre autres à l’élaboration du contenu du cahier ainsi qu’à la recherche de courts métrages pour le DVD.

Bazzart est possible grâce à la participation bénévole de ses précieux collaborateurs. Nous les remercions pour leur générosité, leur implication et leur fidélité envers les arts et la culture. Leur travail est exceptionnel et ils contribuent au rayonnement de nos artistes, à la diffusion de leurs œuvres ainsi qu’à la reconnaissance des travailleurs des organismes culturels. MERCI!

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SOMMaIrE CaHIEr SOMMaIrE DVD

ÉdITO

07 Se reconnecter sur l’enfance, histoire de rirepar Claire GOUTIER

ACTuALITÉS09 Burlestacular : Cabaret burlesque 25 ans et autant de Gros Becs! Contes voyageurs

dOSSIER MÉdIATION CuLTuRELLE

10 À la rencontre des publicspar Mathieu LEMOINE

dOSSIER THÉÂTRE dE RuE

17 Résumé d’une longue histoirepar Catherine BRETON, en collaboration avec Simon RENAUD

19 Théâtre[s] de rue/Portraits de troupes

25 Avoir le profil de ruepar Catherine BRETON

27 Les risques du métierpar Catherine VERMETTE

30 Festival d’été de Québec Quand l’art de rue fait la courpar Marie-Line BEAUDOIN

31 Carrefour international de théâtre Une ville la nuitpar Catherine VERMETTE

32 Les Fêtes de la Nouvelle-France, un événement d’animation historique aux accents locauxpar Claire GOUTIER

34 Hors Québecpar Alexandra BLOUIN

37 L’héritage précieux de Paul Vachon : la passion du rirepar Françoise Bellemare

CApSuLE BAzzART

Printemps des Poètes 4m49sRéalisation : Matthieu DESSUREAULT

Productions de Bazzart

ExTRAITS dE SpECTACLES

LE tHéâtrE BISCOrnu

Le Rire muet 2min Les Borings - À bord du vieux taco 2m20s Les Borings - Dans la Forêt Lugubre 1m30s Les Borings - Chez les Grumpys 1m10sRéalisation : Benoît Lemay

MarIE StELLa

Ketchup Diète 4m55sRéalisation : Gabriel-Antoine ROy

HOMMAgE

L’auBErgInE DE La MaCéDOInE

Hommage à Paul Vachon 4m40sMontage : Luc Côté

COuRTS-MÉTRAgES, fICTIONS HuMORISTIquES

Tranche de rue 3m40sCoproduction avec la Bande Vidéo, 2002 Réalisation : Philippe Arsenau BUISSIèRES

Les fables ombrageuses de la Fontaine 6m30sCoproduction avec la Bande Vidéo, 2001 Réalisation : Frédéric LEBRASSEUR et Félix MCINNIS

La crise de mi-mai 19m30sCoproduction avec la Bande Vidéo, 2005 Réalisation : Jean-Philippe LEhOUx, Bertrand LEMOINE et Éric MARCOUx

En VEntE chEz coop zonE

cEntrE-VILLE Et taBagIE St-JEan

DétaILS p.24

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Vendredi 20h22 juin20 juillet3 août17 août31 août

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27 juillet10 août24 août

7 septembre

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DIRECTION ARTISTIQUE DANIEL TAYLOR

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éDItO

Se reConneCter Sur l’enfanCe,hiStoire de rire

/ par Claire GOUTIER

Édito

Retrouvons notre cœur d’enfant et avouons que nous aimons qu’on nous fasse rire, qu’on nous amuse candidement… au détour d’une déambulation urbaine. Phénomène de foire? Le théâtre de rue au sens large est une discipline de toutes les époques, vivant en symbiose avec l’événementiel, dépendant ou presque des saisons.

En réalité, le théâtre de rue regroupe un ensemble de disciplines qui viennent se moduler au contexte particulier et interactif qu’est celui de se produire… dans la rue, dans l’espace public. Pas de scène, parfois seulement une aire de sécurité minimale : les artistes sont en chute libre, livrés au public. Numéros de jonglerie ou de cracheur de feu, clowneries et autres prouesses stupéfiantes, parfois en musique, parfois mises en scène : les formules sont quasi infinies. sans oublier les autres pratiques artistiques qui, elles aussi, investissent de plus en plus l’extérieur. Exemples à l’appui? Les arts visuels et la danse, pour ne nommer que ceux-là.

Nous les retrouvons, ces acrobates et autres personnages loufoques, plus souvent l’été, dans les festivals et les fêtes de quartier, auxquels ils participent nombreux. Leur présence est un puissant antidépresseur et important vecteur pour nous reconnecter avec l’enfant qui vit en nous.

Ils sont bons, drôles, colorés, festifs, saisissants. Ils sont créatifs, ils travaillent souvent dans l’ombre, et la gloire est rarement la récompense promise. Le temps d’un numéro, faisons un tour d’horizon, question de saisir tout le travail derrière ces tours rigolos. C’est dans cette perspective, cette envie de reconnaître le travail exceptionnel de ces artistes qui travaillent fort, que Bazzart a décidé d’explorer ce monde.

Le théâtre de rue et ses personnages nous proposent des univers sans frontières. De la proximité. Ils rajoutent en audace jouant avec nos valeurs, manipulant nos perceptions, pour nous séduire, pour nous entrainer dans leur délire, dans leur sensibilité. Invitation à entrer dans leur monde? Oui, c’est un

peu ça. Ils nous donnent un peu plus de chaleur humaine pendant nos vacances, un vent de fraîcheur dans la canicule.

Bazzart profite de l’arrivée de l’été, de l’ouverture des terrasses et de la promesse des vacances pour attirer votre attention sur ces artistes qui occupent et animent nos villes, émerveillent les enfants et réjouissent les touristes.

Photo Stéphanie Huard

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aCtuaLItéS

Actualités

BurlestaCular : caBaret BurlesqueBurlestacular, cabaret à thèmes fusionnant danse et humour, séduit le public de Québec avec des numéros d’effeuillage dignes de l’époque de la prohibition! Cristina Moscini, l’organisatrice de ce projet, a su s’entourer d’une impressionnante équipe qui veille à la création originale de divers numéros. C’est après avoir observé le regain d’intérêt des dernières années pour le burlesque que madame Moscini, déjà passionnée par le monde du spectacle glamour et les années vaudevillesques, a voulu raviver cette tendance théâtrale dans la capitale.

Le cabaret, créé en partenariat avec de nombreux commerces et compagnies de Québec, a fait salle comble lors de sa première édition au Cercle, l’été dernier. Les numéros affriolants de Burlestacular sont maintenant présentés au moins une fois par saison, dans diverses salles de spectacle de la ville. À suivre! ( R.P. )

contes voyageurs

Cet hiver, les contes traditionnels du Québec ont voyagé loin! Du 27 janvier

au 4 février, Yolaine, la conteuse de la capitale, a fait honneur à notre tradition orale en participant au Festival international du conte et des arts de la parole du Togo. C’est sur

l’invitation du directeur du Festival, Gnim Atakpama, et avec l’appui du Conseil des Arts du Canada que Yolaine a pu se produire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. seule conteuse occidentale parmi six conteurs africains, elle raconte que son travail a surpris le public : « Ce qui les a étonnés, c’est l’humour. Contrairement à là-bas, nos contes ne se terminent pas nécessairement par une morale et s’inscrivent davantage dans le divertissement que dans l’éducation. » Ces différences culturelles représentent pour elle une occasion d’apprentissage riche. « Le conte africain est très participatif : le public répond en chantant, en récitant des formules. En voyant faire les autres conteurs, ça m’a donné un bon exemple d’intégration de la participation du public dans les contes. » Les amateurs d’art de la parole du Québec pourront eux aussi profiter de cette expérience outre-Atlantique, puisque Yolaine a ajouté à son répertoire deux contes que lui ont légués des conteurs africains. ( C.V. )

Pour connaître la prochaine soirée de contes des AmiEs Imaginaires :

www.lesamiesimaginaires.ca

25 Bougies et autant De gros Becs!

Le Théâtre jeunesse Les Gros Becs fête cette année ses 25 ans d’existence. À l’instigation de Diane Lavoie, il a été fondé en 1987 par trois compagnies de théâtre de Québec : le Théâtre du Gros Mécano, le Théâtre des Confettis et l’Aubergine de la Macédoine.

Nuages en pantalon – Compagnie de création et Le Théâtre des 4 coins font encore aujourd’hui partie, avec les trois compagnies fondatrices, des cinq compagnies membres du Théâtre jeunesse Les Gros Becs.

Le Théâtre Les Gros Becs a contribué, pendant toutes ces années, au développement du théâtre jeunesse en proposant des spectacles théâtraux destinés aux jeunes publics ( de la toute petite enfance à l’adolescence ), spectacles provenant d’ici ou d’ailleurs. Plus qu’un simple diffuseur, le Théâtre Les Gros Becs favorise l’initiation et l’éducation théâtrale des enfants, de leurs éducateurs et de leurs parents.

Aujourd’hui, le Théâtre Les Gros Becs jouit d’une réputation internationale dans le domaine du théâtre jeune public. Bazzart souhaite longue vie au Théâtre jeunesse les Gros Becs. ( M.L. )

Peinture Isabelle Lockwell

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à la renContre deS puBliCS/ par Mathieu LEMOINE

Dossier méDiation culturelle

La culture et l’art sont essentiels pour le développement des individus et des collectivités. En effet, l’ouverture sur le monde et la créativité, entre autres, sont des aspects que le contact avec ces milieux permet d’aiguiser. La médiation culturelle, quant à elle, joue un rôle important en créant un pont entre différents publics ( jeunes, adultes, etc. ) et les professionnels des arts et de la culture. La démarche a pour but de développer des projets artistiques mettant à profit le meilleur des deux partis au bénéfice de chacun.

Ainsi, depuis quelques années, nous voyons naître des programmes gouvernementaux visant à rendre accessibles des activités de tous genres pour contrer l’exclusion culturelle. Les organismes communautaires et culturels imaginent et mettent en place des projets novateurs propices à la rencontre de clientèles éloignées. Les artistes répondent à l’appel en participant activement au développement du concept et à la mise en œuvre du projet. Le citoyen lui-même est l’acteur au centre des évènements proposés; il est

appelé à transformer ces activités en occasions de création et de partage, nourrissant tous les partis.

À qui s’adressent les projets de médiation culturelle? À tous ceux qui sont éloignés de la culture pour des raisons sociales, économiques ou géographiques. Le but est justement de faire éclore des projets adaptés à toutes les tranches de la population et pour toutes les sortes de publics : jeunes, vieux, novices et initiés… Tout le monde.

Voyez par vous-mêmes l’éventail de projets présentés dans ce dossier, soutenus par la Ville de Québec et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. Le projet des Incomplètes implique le très jeune public et les familles; il favorise un premier contact avec l’art. Le projet de Code universel s’adresse à un public déjà intéressé par la culture et vise à élargir davantage les horizons de ce dernier. Par exemple, le public est appelé à jouer le rôle d’un chorégraphe de danse contemporaine. Le Printemps des Poètes favorise

entre autres l’échange avec les minorités culturelles, tandis que les Ratés sympathiques intègrent le milieu journalistique pour, au bout du compte, aider deux sphères importantes – les arts et les médias – à se comprendre.

La médiation culturelle veille à faire profiter les arts et la culture au plus grand nombre, au bénéfice de tous. N’hésitez pas à y participer! Tous en sortent grandis.

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LES IncompLètES

quelques mois à peine après avoir présenté Édredon, un spectacle théâtral pour les tout-petits, les incomplètes – audrey marchand, laurence P. lafaille et josiane Bernier – proposent sentiers, un projet de médiation culturelle multidisciplinaire destiné aux jeunes enfants et aux adultes qui les accompagnent.

avec sentiers, les incomplètes vont à la rencontre de très jeunes enfants en milieu communautaire pour les mettre en contact avec différentes formes d’art et les éveiller à leur propre créativité.

tout commence Par les Petites Formes

À l’automne 2011, Les Incomplètes réalisent le projet Dehors/Dedans, petites formes théâtrales pour CPE. Elles présentent alors à des enfants de douze mois à cinq ans six petits spectacles en devenir, chacun réunissant le travail de deux artistes de disciplines différentes et d’un scénographe dont le mandat est de transformer temporairement le milieu de vie des jeunes enfants. Les enfants du CPE se présentent dans

une salle commune transformée pour y voir performer, dans une mise en scène originale, un vidéaste avec une comédienne, une danseuse avec un contrebassiste ou encore une danseuse avec une artiste peintre. Plongés dans un univers particulier grâce au travail du scénographe, les enfants émerveillés partagent entre eux et avec leurs éducatrices, des expériences émotionnellement intenses.

un Parcours : seNtiersLes réactions positives et la richesse de l’expérience ont poussé Les Incomplètes à penser un nouveau projet visant à faire vivre la même expérience à un public plus large et diversifié, et surtout, à pousser cette expérience beaucoup plus loin.

Sentiers est un parcours pluridisciplinaire s’étendant sur une année entière et s’adressant à des tout-petits ainsi qu’à leurs parents. En inscrivant son enfant auprès d’un des organismes communautaires partenaires ( le Pignon bleu, Mères et monde et le Pivot ), un

parent invite son enfant à participer avec lui à toute une série d’activités culturelles qui leur feront découvrir, au cours de l’année, quatre lieux de diffusion.

Mais il ne s’agit pas simplement d’assister à des spectacles. Les Incomplètes et leur équipe se déplacent d’abord dans les établissements communautaires fréquentés par les familles pour présenter une petite forme théâtrale, une première performance multidisciplinaire en processus de création. Par la suite, elles proposent un atelier pratique aux participants, une sorte d’activité de création ou d’exploration, liée à la « petite forme », à laquelle l’enfant peut participer en compagnie de son parent accompagnateur. Ces deux premières étapes sont répétées dans chacun des établissements partenaires avec des groupes parents-enfants différents. Lorsque chaque organisme a été visité, tous les groupes sont réunis pour assister à un évènement culturel dans un lieu de diffusion. L’évènement s’inscrit dans la même lignée que la performance et l’atelier qui ont été préalablement proposés. C’est l’occasion de faire des

Photo Stéphanie Huard

laurence p. lafaille, audrey marchand et Josianne bernier

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coDE UnIVErSELentrer Dans la Dansecode universel est une compagnie de danse de québec qui met en valeur le travail et le talent de danseurs de la relève d’ici. la compagnie permet à ces danseurs d’acquérir une magnifique expérience professionnelle tout en contribuant à développer et éduquer un vaste public. Placé devant des projets à la fois particuliers et remarquablement accessibles, un nouveau public nait et apprend rapidement à apprécier le travail des danseurs et des chorégraphes.

Œuvre sociograPhiquesouvent, les gens qui ne connaissent pas la danse et qui voient de la danse contemporaine pour la première fois ne sont pas en mesure de faire naturellement les liens entre l’émotion et les mouvements des danseurs. Nous sommes davantage habitués à intellectualiser qu’à ressentir. « Je voulais un concept où le spectateur voit le développement d’un spectacle et qu’on lui donne des mots décrivant des qualités, des situations ou des états pour qu’il puisse faire des liens entre ce qui se passe devant lui, sa compréhension intellectuelle de ce qu’il voit et l’émotion que cela fait naître chez lui » explique Daniel Bélanger, chorégraphe et directeur artistique de Code universel. De là est née Œuvre sociographique.

découvertes, mais aussi d’échanger avec les autres parents. « C’est aussi une façon de démystifier la sortie culturelle » explique Audrey Marchand. « Toute forme d’art entraine ses propres codes. si ces codes sont évidents pour les habitués, ils ne le sont pas toujours pour ceux qui fréquentent ce type d’activité pour la première fois. ‶ Mon enfant peut-il toucher à telle ou telle œuvre dans un musée? Peut-il réagir à voix haute au théâtre? ″ C’est le genre de questions que le parent peut se poser ». En étant accompagnés par Les Incomplètes, les parents ont réponse à ce type de questions et peuvent explorer des milieux inconnus avec plus d’aisance.

À travers le parcours, tout au long de l’année, les mêmes groupes parents-enfants visiteront la Galerie Tzara, le

Théâtre jeunesse Les Gros Becs, le Palais Montcalm avec les Violons du Roy et le Mois Multi.

« Créer pour les tout-petits est une recherche artistique, mais aussi un combat social, explique Laurence P. Lafaille. Développer ce public signifie non seulement initier les parents et les enfants à la création artistique et à l’émotion esthétique, mais aussi contribuer au développement humain de nos enfants. Pas pour en faire de futurs petits « consommateurs de culture ». Pour les accompagner dans l’acte de grandir. Pour que dans le moment et l’intimité de la représentation, ils vivent quelque chose de vrai, entre enfants, artistes et parents. Il nous semble, naïvement peut-être, que ça change le monde. »

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Dans un lieu public, un couple danse suivant une instruction de base, un thème, qui leur a été donnée. Autour, à la disposition des spectateurs, nous trouvons des cartons sur lesquels sont inscrites des indications destinées à influencer les danseurs. Un animateur invite les gens à lire ces indications aux danseurs et, peu à peu, une communication s’installe entre les interprètes, les spectateurs et l’animateur qui invite les spectateurs à réfléchir sur les incidences des indications données. Les spectateurs sont aussi invités à laisser de côté les cartons pour inventer leurs propres indications que les danseurs pourront suivre, à moins qu’ils ne choisissent de remettre en question la proposition de l’apprenti chorégraphe, discutant avec lui sans cesser de danser.

Comme l’explique Daniel Bélanger, « les danseurs contemporains ne sont pas que des exécutants. Ils ont leur mot à dire dans le processus de création ». En participant à la présentation d’Œuvre sociographique, le spectateur comprend mieux le rôle du chorégraphe et le travail des danseurs. Au bout du compte, c’est la danse elle-même qu’il apprend à apprécier.

alors, daNsez maiNteNaNt!La bonne réception du public et l’enthousiasme des créateurs concernant l’expérience Œuvre sociographique a mené Code universel à pousser le

concept encore un peu plus loin. si, pour Œuvre sociographique, les spectateurs collaboraient à la construction en direct d’un spectacle éphémère et improvisé; Alors, dansez maintenant! invite le public à participer activement à la création d’un spectacle complet destiné à une vie plus longue.

Pendant deux semaines, la construction du spectacle se déroule devant le public. Les personnes qui assistent aux séances de création sont invitées à proposer des pistes de travail, à suggérer des expérimentations. Plus encore, le public peut influencer l’évolution du processus de création en votant pour l’une ou l’autre des propositions diffusées, en vidéo, sur les réseaux sociaux. À la fin de ce processus nait une véritable œuvre collective, « collective au sens large, comme dans collectivité » comme le dit si bien monsieur Bélanger.

Le résultat final vivra sans doute longtemps puisqu’il a été sélectionné pour faire partie de la programmation de Jouer dehors, un concept mis sur pied par l’organisme La danse sur les routes qui vise à donner accès à la danse contemporaine aux citoyens de tout le Québec.

Photo David Cannon

daniel bélanger

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LES ratéS SympatIqUES« j’aime mon Prochain, j’aime mon PuBlic tout ce que je veux c’est que ça clique j’me Fous Pas mal Des critiques ce sont Des ratés symPathiques »

ordiNaire - roBert charleBois

Le constat ne surprendra personne : nous parlons en général très peu d’art contemporain dans les médias. À qui la faute? Aux journalistes qui n’y comprennent rien? Aux artistes aux démarches trop hermétiques? Ou encore une combinaison de ces deux réponses qui nous placent devant un beau ragoût d’idées reçues.

Avec Les ratés sympathiques font de l’art, Catherine-Ève Gadoury et Gaëlle Généreux, instigatrices du projet, tendent à inverser le constat et à mettre au rancart ces préjugés. La première est journaliste, la seconde, étudiante en arts visuels : duo idéal pour un projet de médiation culturelle.

Gaëlle Généreux décrit le projet : « Quinze journalistes changeaient de place avec quinze artistes. Les œuvres des journalistes étaient exposées pendant deux semaines à la galerie Tzara, puis les artistes en arts visuels faisaient des critiques à la télé, à la radio, dans les journaux ».

En fin de compte, tout le monde étaient gagnant. Le journaliste a appris mieux

Photo gregory Clapperton

hamidou savadago

prIntEmpS DES poètES : DE cLownS à hEaVy mEtaLLe Printemps des Poètes, un événement littéraire qui vise entre autres à poétiser les milieux de Québec, rassemble chaque année un nombre impressionnant d’activités. Allant à la rencontre des gens, le but du festival est notamment d’impliquer le public dans la création de projets artistiques pour en faire de véritables activités de médiation culturelle. spectacles littéraires, musicaux, slams, ateliers de poésie avec les enfants et les adolescents, interventions publiques et expositions rythment ainsi le mois de mars depuis quatre ans. D’Anonymus et sa musique décapante à Claude Péloquin, magicien du verbe, le public a eu l’infini plaisir

d’entendre et de découvrir des mots porteurs de sens et de mélodies. La dernière édition du Printemps des Poètes a mis à contribution 200 artistes, d’ici et d’ailleurs, de la relève et établis, pour offrir le meilleur panorama de la vitalité poétique actuelle.

Notre collaborateur, Matthieu Dessureault, revient sur les différentes activités qui ont garni le festival dans un reportage vidéo disponible sur le DVD de Bazzart et en ligne sur www.youtube.com

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comprendre le travail des artistes en art contemporain, l’artiste a fait l’exercice de mettre en mots clairs la pratique d’un autre, puis, au final, le public a eu accès à un projet original poussé par une couverture médiatique amusante, hors du commun et instructive.

Le projet, parrainé par la Manifestation internationale d’art de Québec, était également agrémenté d’activités satellites ( tables rondes et conférences ) poussant encore plus loin les réflexions sur les rapports entre artistes, journalistes et public. Une occasion, selon Catherine-Ève Gadoury, de prendre conscience de l’évolution de ces rapports au fil de l’histoire : « Il y a eu une époque où, avec les salons, c’était tout à fait bienvenu de faire de la critique d’art. Puis, à un certain moment dans l’histoire de l’art, il y a eu un revirement et l’art contemporain est devenu une discipline plus pointue, plus hermétique ». Ce phénomène était d’ailleurs explicité par Françoise Lucbert, historienne d’art et professeure à l’Université Laval, qui présentait une conférence sur le sujet. Ce projet était

sans doute l’occasion de contribuer à provoquer un nouveau revirement… ou de constater que ce revirement est déjà en train de se produire. Depuis plusieurs années, l’art actuel se rapproche de son public et vice versa. Le journaliste doit aussi jouer son rôle de courroie de transmission.

si les activités satellites, bien qu’ouvertes à tous, s’adressaient plus particulièrement aux amateurs avertis, l’activité centrale, l’exposition à la galerie Tzara, était pensée de façon à attirer un public large et diversifié. Pour toucher le plus de gens possible et pour faire en sorte que l’expérience soit vraiment riche et constructive, les organisatrices avaient approché des journalistes et chroniqueurs provenant de plusieurs médias différents ( Radio-Canada, TVA, VTélé, VOX, CKRL mais aussi Le soleil, Le Devoir, Le Journal de Québec, etc. ). Et ces « ratés sympathiques » étaient jumelés avec des artistes de toutes les formes d’arts actuels : peinture, sculpture, collage, art audio, performance, BD… Avec tous ces duos hétéroclites, il était difficile pour le public de ne pas y trouver son compte.

Le dossier « Médiation culturelle » de Mathieu Lemoine, ainsi que la capsule vidéo Printemps des Poètes de Matthieu Dessureault, sont réalisés grâce au soutien financier de la Ville de Québec et du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine dans le cadre de leur entente de développement culturel.

Le détail des programmes d’aide pour les organismes artistiques et culturels professionnels de Québec est disponible à l’adresse suivante :

www.ville.queBec.qc.ca/ organismes_artistiques_cul-turels/inDex.asPx

Photo Jean-François gravel

catherine-Ève gadoury et gaëlle généreux

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Au Québec, cette discipline est encore jeune et peu répandue, mais en réalité, le théâtre de rue – ou arts de la rue – existe depuis des centaines d’années.

Du moins, nous pouvons remonter jusqu’à l’époque de la Grèce antique, où nous retrouvons les aèdes, ces chanteurs/poètes qui, dans les grandes solennités, chantaient des hymnes, des poésies mystiques, des cosmogonies et des théogonies de leur cru. Ils racontaient les aventures épiques de héros tels qu’Homer. Tout comme les poètes errants du Moyen Âge, ils parcouraient les villes et villages en chantant des morceaux poétiques sur les dieux, les héros, les grands événements politiques ou militaires. À cette époque, ils étaient reçus avec bienveillance et même avec vénération.

Le début du Moyen Âge marque l’arrivée des troubadours, en particulier en France, sous l’influence des courants arabes et espagnols. Ces artistes permettent de mieux découvrir la poésie traitant plus souvent de l’amour que de la guerre. s’ajoutent peu à peu

réSumé d’une longue hiStoire/ par Catherine Breton, collaboration de simon Renaud

aux numéros des gens s’improvisant jongleurs et bouffons. Ceux-ci performent dans les théâtres de foire médiévaux. Jouant devant public, faisant ici et là quelques plaisanteries légères sur divers sujets tout en évitant de trop politiser leurs propos par peur de la guillotine, ils ne se privent surtout pas de faire quelques farces sur les gens de la noblesse. La sotie en est un bon exemple : ce style de farce s'inspire de l'actualité et dénonce avec un humour grinçant la folie du monde en lui opposant la « sagesse » des sots. C’est aussi à cette époque qu’apparaissent « les mystères », qui sont des pièces représentant dans sa totalité la vie d'un saint. La vie du Christ, Les Mystères de la Passion, provoque un engouement contagieux dans toute l’Europe. Ces représentations religieuses sur les parvis d’églises permettent à la communauté ecclésiastique d’étendre son influence sur le peuple.

Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, beaucoup de troupes de théâtre se lancent à l’assaut des villes et des campagnes

européennes, ne se contentant pas de jouer dans de grandes salles, mais profitant aussi du plein air pour rendre compte de tout leur savoir artistique devant différents publics. Le théâtre de rue est florissant : tous les genres sont appréciés, de la comédie à la tragédie en passant par le burlesque. Les artistes utilisent le décalage entre le comique et le lyrique ou le tragique pour créer de nouveaux genres.

soumis à la hiérarchie des classes sociales, le théâtre jouit d’un statut positif lorsqu’il est au service du roi, mais moins lorsqu’il sert le peuple. Néanmoins, il influence l’ordre social. À titre d’exemple, au XVIIe siècle, Pierre Corneille délaisse ses activités d’avocat pour produire des pièces telles Le Cid ou Horace, qui seront par la suite jouées à l’intérieur comme à l’extérieur des enceintes pendant des siècles.

Au Québec, à l’époque du haut et du bas Canada ( XVIIe siècle ) où les gouverneurs empêchent tout simplement les Canadiens français de s’exprimer librement sur la place publique, le

Photo Philippe ruel

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théâtre de rue est pratiquement inexistant. En fait, tels que nous les connaissons aujourd’hui au Québec, les arts de la rue prennent leur réel envol seulement au début des années 1970 sous l’influence des arts du cirque alors de plus en plus populaires. Cette influence est encouragée par l’essor des festivals qui occupent une place grandissante au sein des villes et régions du Québec et qui permettent une meilleure visibilité aux artistes.

Pendant la même période, les États-Unis, aux prises avec la guerre du Vietnam, voient ses artistes sortir dans la rue pour réclamer la paix. Peter schuman et son Bread and Puppet Theater se fait alors connaître avec ses marionnettes géantes. L’art est encore au service de la paix et de la communauté.

En Europe, au début du XXe siècle, les revendications pour la liberté d’expression reprennent; la tendance

Photo François angers

à quitter les salles au profit de la place publique refait surface. La rue comme lieu de représentation reprend ses droits et permet aux artistes d’aborder les gens, d’aller à leur rencontre.

Les espaces architecturaux et urbains offrent moult possibilités qui n’ont de limites que la créativité des artistes de rue. Nous n’avons qu’à penser aux machines de Royal de luxe ou de Pipototal, ou encore aux installations théâtrales de Kumulus… Aller à la rencontre des artistes de rue, c’est prendre un bain d’actualité aux parfums de préoccupations sociales, avec tout ce que cela a de beau, de laid, de poétique, de déjanté, de drôle ou de froid, de grand ou de petit… C’est un peu comme regarder l’envers de la médaille.

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théâtre[S] de rue portraitS de troupeS

DiFFicile De DéFinir Précisément ce qu’est le théâtre De rue… véritable discipline fourre-tout, carrefour de tous les arts – allant du cirque à la musique, en passant par la danse et les arts visuels -, le théâtre de rue ne répond qu’à une seule caractéristique essentielle : sortir le spectacle en dehors des salles institutionnalisées et aller à la rencontre du public. si la plupart des compagnies de théâtre de rue sont aussi versatiles que polyvalentes, elles ont toutes un petit quelque chose qui les différencie des autres : une signature. chacune se démarquant à sa manière, elles font éclater le théâtre de rue en une multitude de tableaux uniques en leur genre.

pyroDEL’artEtout Feu tout FlammeJouer avec le feu… Cette expression, les filles de PyroDel’Arte l’ont prise au pied de la lettre. Depuis maintenant cinq ans, Louve, Laurie et Isabelle manient de façon professionnelle poïs1, éventails, bâtons et autres instruments enflammés, en plus de cracher et d’avaler du feu. Dangereux dites-vous? Oui, mais il s’agit d’un risque calculé, puisque le trio fait de la sécurité un aspect incontournable de sa démarche. Toutes trois pyrotechniciennes2 de formation, les artistes peuvent aussi compter sur l’aide d’un technicien.

L’art du feu est une discipline plutôt marginale. En autodidactes, les filles de PyroDel’Arte ont apprivoisé les flammes avec l’aide d’une amie qui revenait de voyage. Elles se sont ensuite perfectionnées aux côtés d’artistes d’expérience, tout en s’inspirant, par l’entremise d’Internet, de ce qui se fait en Europe.

Les trois artistes participent au processus de création des numéros de A à Z, incluant la fabrication de leurs costumes et de leurs instruments. Et sur scène, pas question pour elles de se cantonner à une routine!

Bien que l’art du feu soit perçu plutôt comme une discipline mystique et non conformiste, les artistes de PyroDel’Arte aiment y apporter une bonne dose de ludisme. Ainsi, lors de l’entrevue, elles travaillaient à la création d’un « ballet de feu » sur la musique de Casse-Noisette, un numéro qu’elles ont présenté dans le cadre des Maîtres du feu à Montréal. « Chaque spectacle est différent, il y a toujours de l’adrénaline, et le feeling est… simplement incroyable! », conclut Laurie. ( C.V. )

www.PyroDelarte.com

1 Instrument de jonglerie ressemblant à une balle reliée à une chaîne.2 Spécialistes des feux d’artifice.

Photo gregory Clapperton

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artEfactS Et artIfIcESunivers éclatésInventeurs de bicyclettes volantes, chirurgiens de fortune, vidangeurs écolos… Vous pourriez bien les croiser dans les rues de Québec, et bien d’autres encore, puisqu’ils ne sont que quelques-uns des personnages déjantés d’Artefacts et Artifices. Formée par François Devost et Annabelle Roy, la compagnie mise sur son visuel impressionnant pour épater petits et grands.

Avec une vingtaine de spectacles à son actif, dont six destinés spécifiquement au théâtre de rue, Artefacts et Artifices roule sa bosse aux quatre coins de la province depuis maintenant treize ans. Passionnés d’histoire et de légendes, ses fondateurs s’inspirent des réalités sociales et de l’actualité pour créer leurs numéros. Ainsi, le spectacle Les Zorduriers sert à dénoncer la surconsommation, alors que Les Shteins aborde le voyage et l’exploration, soutient monsieur Devost.

Les costumes, les décors et les accessoires ahurissants d’Artefacts et Artifices ont fait leur marque dans le milieu du théâtre de rue de Québec.

En effet, grâce à la formation en scénographie d’Annabelle Roy, leurs créations matérielles sont aussi prisées par l’Opéra de Québec, le Carnaval de Québec, les musées et les plateaux de cinéma.

Une trentaine de collaborateurs de différents horizons – échassiers, acrobates, comédiens, marionnettistes, sculpteurs… – assurent la diversité des spectacles « toujours éclatés » d’Artefacts et Artifices, selon le cofondateur. « La prise de risque fait partie inhérente de notre travail », précise celui qui, à ses débuts, a déjà accepté un contrat d’échassier… sans jamais être monté sur des échasses! Les temps ont bien changé depuis, et François Devost intègre volontiers ces vertigineux accessoires à ses numéros de rue; les gargouilles et autres créatures surdimensionnées imaginées par sa compagnie en sont la preuve.

Une petite primeur pour cet été : Pierre-Jean et Jacques, docteurs aux méthodes peu orthodoxes, seront de retour aux Fêtes de la Nouvelle-France, pour la plus grande terreur des malades! ( C.V. )

www.arteFactsetartiFices.com

Photo Stéphanie Huard

françois devost et annabelle roy

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théâtrE BIScornUsans ParoleBiscornu… synonymes : difforme, bizarre, extravagant, absurde. Autant de mots qui caractérisent si bien le style de cette compagnie de théâtre de rue. Créé à Québec il y a maintenant cinq ans, le Théâtre Biscornu se spécialise en théâtre gestuel sans paroles, dans un mélange d’humour et de mime. ses fondateurs, François-Guillaume Leblanc et Karine P. Boulianne, ont été formés à la bonne école : théâtre, ligues d’improvisation, arts du clown et du mime, et même cinéma. Les cartoons, l’univers de

Photo François angers

Tim Burton et l’expressionnisme allemand sont parmi leurs influences. Ils rendent justement hommage au cinéma des années 20 dans Le rire muet, inspiré des films de Charlie Chaplin. Leur objectif : utiliser le mouvement et le son pour raconter des histoires aux univers étranges et grotesques. En témoigne Les Borings, comédie loufoque créée à l’origine pour voyager. Car le théâtre sans paroles a un atout de taille : il ne rencontre pas la barrière du langage et permet ainsi d’atteindre un public international. La compagnie a d’ailleurs connu un vif succès en Europe et en Amérique latine. Bien sûr, l’équipe tourne principalement au Québec et aussi en Ontario francophone. Ici, leurs plus gros succès sont auprès des enfants. Deux spectacles ont été créés spécialement pour le jeune public. En ajoutant à cela le dernier spectacle solo de François-Guillaume Leblanc, Les chroniques du pas possible, pas moins de 80 représentations sont prévues pour 2012-2013. Impressionnant, pour une jeune compagnie qui n’a « rien à dire »! ( J-B.L. )

www.theatreBiscornu.com

françois-guillaume leblanc et karine p.boulianne

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haroLD rhéaUmEla Danse et la rueEn 2008, pour commémorer le 400e anniversaire de la Ville de Québec, la compagnie de danse contemporaine le Fils d’Adrien danse, pilotée par le chorégraphe Harold Rhéaume, propose un projet inusité : rappeler la procession de la Fête-Dieu en… dansant. son inspiration : le film Les Plouffe réalisé par Gilles Carle en 1981 où une scène de cette procession est évoquée. Ainsi, des danseurs empruntent le même parcours que le film, non pas en récitant des prières au flambeau, mais en dansant. Le nom du projet : Le fil de l’histoire, repris en 2009 et 2010.

Grâce à ce projet, Harold Rhéaume met en relation le public, la danse, et l’histoire de la ville de Québec. D’ailleurs, le chorégraphe rapporte plusieurs témoignages, dont celui d’un couple de septuagénaires de Philadelphie qui tombe par hasard sur le cortège. Cette expérience a gravé dans leur mémoire une image mémorable de leur séjour.

Devant ce succès, il propose un autre projet de danse de rue, celui-ci plus contemporain. Je me souviens, réalisé à l’été 2011 prend pour point de départ la Citadelle de Québec pour se rendre au Parlement. C’est un parcours qui lie le militaire au politique. sont impliqués seize danseurs, la formation musicale Who are you et le designer de mode Philippe Dubuc pour la création des costumes. En décembre 2011, pour célébrer le 40e anniversaire du Grand Théâtre de Québec, un extrait est repris sur le toit de l’édifice.

Réjouissons-nous : Je me souviens sera repris en juillet 2012. Descendons dans la rue pour apprécier ce contact direct et privilégié avec la danse. ( J.L. )

www.leFilsaDrien.ca

Photo David Cannon

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un, Deux, trois,

marIE-StELLa!La troupe Marie-stella, basée à Québec depuis huit ans, est dirigée par Marie-Christine Morin et Norbert Langlois. Leur univers loufoque propose des personnages colorés qui évoluent dans une panoplie de spectacles et d’animations pour toute la famille. Des pièces d’initiation au théâtre, des tableaux et scènes historiques, des spectacles de Noël et aussi la Joyeuse maison hantée dans laquelle nous retrouvons Marie-Christine Morin et quelques marionnettes… C’est dire que l’éventail des représentations couvre tous les événements de l’année. Nous y retrouvons également le clown Ketchup, bien connu à Québec pour ses pitreries et ses spectacles où l’absurde et l’art clownesque se marient pour dilater les rates les plus coincées. Ketchup et ses deux acolytes, Jean Bond

et Julienne BBQ parcourent les événements du Québec pour semer fous rires et crampes abdominales. Plusieurs spectacles sont au programme dont : L’affaire est Ketchup, Ketchup diète, Clown de père en fils… La magie est au rendez-vous pour les plus petits comme pour les plus grands. Et si vous croyez avoir égaré votre cœur d’enfant dans votre cage thoracique d’adulte trop grande pour lui… allez rencontrer les grands loustics de la troupe Marie-stella, vous serez ragaillardi!

Du côté de l’animation, la sélection est tout aussi bigarrée. La compagnie peut vous servir une kermesse, des activités de bricolage, une ménagerie de peluches, des ateliers de costumes, des expositions, des courses de bacs de recyclage… Le tout accompagné de joyeux animateurs délurés qui ne laissent personne bâiller! ( C.B. )

www.marie-stella.com

Photos Courtoisie Marie-Stella

marie-christine morin et norbert langlois

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avoir le profil de rue/ par Catherine BRETON

Ah, ces artistes de rue! Leur dynamisme et leur passion contagieuse vivifient les publics des quatre coins de la province, de shawinigan à Montréal en passant par Québec. Et rien ne les arrête, pas même un beau -25°C « frette » et venteux. Ils font des pieds et des mains, au propre comme au figuré, pour nous offrir une variété indénombrable de performances plus divertissantes les unes que les autres. si les exigences et les contraintes du métier d’artiste de rue sont nombreuses, les plaisirs et satisfactions le sont également, telle la joie de travailler en plein air et de participer aux plus grands événements festifs de la capitale. Mais avant de parler des aspects « pratico-pratiques » du métier, parlons formation.

Il n’existe pas de formation à proprement dit pour devenir un artiste de la rue. Pratiquement toutes les disciplines s’y frottent : la traditionnelle animation de rue, les arts du cirque, le théâtre, et la danse, pour ne nommer que celles-ci.

Être issu d’une école de théâtre, de danse, de cirque peut en avantager

certains, mais autodidactes ou diplômés, les artistes de tous horizons doivent être prêts à tout. Être de bons improvisateurs et avoir le sens du spectacle est utile pour sortir dans la rue et animer des foules!

Une fois sur la place publique, les artistes de rue ne contrôlent pas tous les éléments et l’environnement. Ils doivent faire preuve de souplesse et s’adapter rapidement aux circonstances. Un orage subit, un enfant qui est terrorisé par les clowns ( la crise de larmes n’étant pas le sentiment que l’on souhaite provoquer dans ce cas de figure! ) ou encore un impertinent qui se permet de pincer les « grosses fesses » du clown! Norbert Langlois, de la compagnie Marie-stella, nous a confié qu’il lui était souvent arrivé de voir un parent envoyer son gamin sur la scène pour s’amuser avec le clown Ketchup, son personnage de scène. Ce qui n’était, bien entendu, pas prévu au programme. Les acteurs doivent composer avec ce genre de choses et être prêts à réagir sans offusquer personne… tact et humour sont de mise!

Yves Neveu, directeur de l’École de Cirque de Québec, est d’avis que la rue est la meilleure école. « Le plafond ( le ciel ) est plus haut, ce qui force l’artiste à développer le sens du grandiloquent. Le contexte et le milieu sont idéaux pour valider sa capacité à établir un contact interactif avec le spectateur. Car contrairement à la scène traditionnelle, dans la rue, le quatrième mur1 est absent. La nécessité d’en mettre plein la vue et de stimuler le public devient une priorité. Le mouvement, les acrobaties ainsi que le visuel sont généralement plus efficaces que les discours. Et les performances qui demandent la participation du public, pensons au clown, sont aussi très populaires. » Effectivement, les arts de rue impliquent que les performeurs soient directement en relation avec le public, qui a la pleine liberté de ses mouvements et réactions. Ces dernières sont souvent instantanées et la convention théâtrale, qui veut que l’on apprécie le spectacle sagement et en silence, n’existe pas sur la place publique. Le spectateur est roi et maître à bord. Résultat :

1L’idée qu’un mur virtuel sépare les acteurs

des spectateurs.

Photo gregory Clapperton

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lorsque le spectacle est bon, la foule nombreuse peut en témoigner, et vice-versa. L’expression du milieu dit d’ailleurs « faire sa foule » ou « défaire sa foule ». C’est donc dire que ce sont les spectateurs qui décident du programme et de la qualité des représentations. Et selon les artistes de rue que Bazzart a rencontrés, le public est exigeant. Ce qui force les performeurs à se renouveler constamment et à faire preuve de créativité pour produire du bon divertissement.

Côté pratique, il y a plusieurs aspects à prendre en compte. Les costumes, par exemple, nécessitent une conception astucieuse qui peut s’adapter à toutes les conditions climatiques. Un costume qui permet de s’habiller chaudement par temps froid ou légèrement en période de canicule peut s’avérer judicieux, voire salutaire. Choisir des tissus élastiques, légers et imperméables devient pratiquement une nécessité en plein air. Le maquillage également doit être résistant à l’eau tout en étant doux pour la peau. Il est donc conseillé de faire un saut dans une boutique spécialisée ou d’opter pour un

traditionnel masque qui aura l’avantage d’épargner les peaux sensibles. Certains se permettent un peu plus de liberté et bonifient leurs performances de quelques infrastructures. Mais attention, rien de lourd ni d’encombrant car il faut penser léger lorsqu’on monte et démonte un spectacle soir et matin.

Les décors doivent être transportables facilement. Les éclairages sont souvent absents, car la plupart des spectacles sont présentés de jour pour un public de tous âges. Certaines productions utilisent des trames sonores, mais la plupart du temps, on s’en tient au plus simple appareil, c’est-à-dire les comédiens, quelques accessoires surprenants et un bon numéro divertissant.

Les spectacles qui demandent la participation de toute la famille ont la cote. La compagnie Marie-stella a d’ailleurs remporté un franc succès avec son numéro de course dans des bacs de recyclage. La formule est simple; les enfants s’installent dans un bac de recyclage qui porte un joli numéro de voiture comme dans les vraies courses de Formule Un, et les papas sont chargés de pousser très fort et très vite pour gagner la course. Le tout pendant que les animateurs de la compagnie Marie-stella encouragent les participants et la foule. Les fous rires sont nombreux et le plaisir pour toute la famille, garanti!

Alors si vous débordez d’énergie, que vous êtes créatifs et que vous rêvez d’animer des foules, la vocation d’artiste de rue pourrait vous sourire. si vous préférez demeurer spectateur, ouvrez grand vos yeux et vos oreilles et soyez prêts à tout… Les artistes de rue sont partout et font des pieds et des mains pour vous. Et souvenez-vous que n’importe quelle situation embarrassante peut devenir matière à rire et à fanfaronner.

Photo Jean-François gravel

yves neveu

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Pour notre plus grand plaisir, nous voyons chaque été les artistes de la rue prendre d’assaut les trottoirs. Pendant deux, trois mois, ils égaient la ville, émerveillent petits et grands, se donnent en pâture aux « kodaks » voraces des touristes. Puis, une fois les grands évènements estivaux passés, quand la bise de l’automne se fait sentir, plus rien. Les trottoirs sont déserts. Où sont passés les artistes de la rue, de septembre à juin? Peuvent-ils vivre de leur art? Et même pendant l’été, comment arrivent-ils à trouver des contrats dans le petit marché de Québec? Pour répondre à ces questions, Bazzart a rencontré des artistes aux cheminements bien distincts : Laurie Giguère Robitaille et Isabelle Ménard de la compagnie PyroDel’Arte, François Devost, cofondateur d’Artefacts et Artifices, ainsi que Norbert Langlois de la troupe Marie-stella.

PyroDel’Arte est une jeune compagnie œuvrant dans les arts du feu. Avec à peine cinq ans d’existence, ses fondatrices peuvent se targuer d’avoir de gros contrats, entre autres avec le

Carnaval de Québec. Pour en arriver là, elles ont donné des petits spectacles gratuits, participé à des évènements corporatifs, ainsi qu’à des fêtes privées, comme des mariages. « C’est d’abord par le bouche-à-oreille que nous avons eu nos premiers contrats », explique Isabelle Ménard.

Puisqu’elles font tout par elles-mêmes – publicité, communications, costumes, instruments –, les artistes du feu admettent que c’est un gros investissement de temps et d’argent. « Ce qui est difficile, c’est qu’il y a beaucoup d’amateurs dans notre discipline qui chargent moins cher parce qu’ils ne se paient pas d’assurances et ne s’occupent pas tellement de la sécurité », déplore Laurie Giguère Robitaille. « Ce n’est pas évident pour les gens de tracer la ligne entre amateurs et professionnels », ajoute-t-elle.

Pour ce qui est de l’hiver, les filles de PyroDel’Arte l’admettent d’emblée : mis à part le Carnaval, c’est une saison assez morte. Pour l’instant, ces artistes ne vivent pas à temps plein de leur passion;

l’une d’elles termine ses études alors que ses deux comparses occupent un autre emploi. selon elles, il serait presque impossible de ne vivre que des arts du feu.

varier l’oFFreLa diversité devient alors synonyme de viabilité. Ce besoin, Artefacts et Artifices l’a compris dès ses débuts. La compagnie, fondée en 1999 par François Devost et Annabelle Roy, œuvre dans plusieurs disciplines ( spectacles de marionnettes jeune public, théâtre de rue et scénographie ), ce qui lui permet d’avoir des contrats à l’année.

Monsieur Devost et madame Roy, artistes entrepreneurs qui autoproduisent la majorité de leurs spectacles, n’ont jamais touché la moindre subvention. Ne possédant ni site Web – sinon un blog – ni cartes de visite, François Devost rejoint les filles de PyroDel’Arte quand il affirme que le bouche-à-oreille est la clé du succès. Rester actif, se faire voir par le plus de gens possible, même s’il s’agit de petits spectacles gratuits,

leS riSqueS du métier/ par Catherine VERMETTE et Catherine BRETON

Photo Michel Wiart / Chalon dans la rue

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permet de se former une clientèle. Mais une fois celle-ci trouvée, le tout n’est pas joué pour autant : « garder sa clientèle est un gros défi, qui exige un roulement et un renouvellement des spectacles, continuellement », explique François Devost. Il faut aussi être prêt à mettre les bouchées doubles à l’occasion. Par exemple, pendant la semaine de relâche, période forte pour les spectacles jeune public, Artefacts et Artifices a présenté six représentations de quatre spectacles différents en quatre jours! Malgré tout, vu le marché restreint de la ville de Québec, monsieur Devost, tout comme Isabelle et Laurie, soutient qu’il est essentiel de sortir de la capitale et d’aller se produire à l’extérieur. La majorité des contrats d’Artefacts et Artifices se déroulent d’ailleurs en dehors de la ville.

Bien sûr, l’insécurité financière reste omniprésente : François Devost dit toujours sentir le risque, même après treize ans d’existence de sa compagnie. Artefacts et Artifices étant aussi propriétaire du bâtiment abritant ses ateliers, son cofondateur admet que les

Photo gregory Clapperton

isabelle ménard et laurie giguÈre robitaille

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premières années ont été plus difficiles, mais que l’investissement de départ a été rentabilisé raisonnablement après sept ans.

chaPeau : imPrévisiBle revenuMalgré tout, la situation de PyroDel’Arte et d’Artefacts et Artifices, qui arrivent à décrocher des contrats auprès des festivals et des grands événements, reste enviable pour les artistes de rue dont le chapeau est le seul revenu. Pour eux, le salaire est tout sauf prévisible. L’achalandage touristique, la température, la générosité du public, l’heure à laquelle les représentations sont programmées sont autant de facteurs qui influencent la paie. Une journée, le chapeau déborde, et le lendemain, nous pourrions croire qu’il est percé…

Norbert Langlois, cofondateur de la troupe Marie-stella, en sait quelque chose! À ses débuts, il y a 17 ans, c’est dans les rues du Vieux-Québec qu’il a testé ses premiers numéros, passant le chapeau aux badauds attroupés. Ces

temps-là sont loin derrière, Marie-stella roulant désormais à longueur d’année, et ce, sans subvention. « La demande est là et, au fil des ans, nous nous sommes fait une réputation qui amène constamment de l’eau au moulin », explique monsieur Langlois. Il agit également aujourd’hui comme agent pour le Théâtre Biscornu et pour les spectacles jeune public d’Artefacts et Artifices.

C’est peut-être justement dans l’association et la coopération que réside l’espoir de meilleures conditions de travail pour les artistes de la rue. En ce sens, Norbert Langlois, Jack Robitaille et d’autres acteurs du milieu ont travaillé à la mise sur pied d’une entente entre l’Union des artistes ( UDA ) et le regroupement énergique des petites entreprises de théâtre ( RÉPET ), visant à cerner la réalité des arts de la rue au Québec et à diminuer la précarité des emplois qui y sont liés. En améliorant les conditions de travail des artistes, il y a fort à parier qu’ils seront plus nombreux à vouloir tenter l’aventure et vivre de leur passion. « souvent, les gens ont peur de

faire le saut, mais ils devraient prendre le risque », assure François Devost, qui ne regrette aucun de ses choix. « Je suis chanceux de pouvoir vivre de ce que j’aime », conclut-il.

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Photo Philippe ruel

Qu’ils viennent de Québec ou d’ailleurs, les artistes qui performent aux Arts de la rue du Festival d’été de Québec ( FEQ ) plaisent aux spectateurs. Cirque, théâtre, contes, musique... les genres varient, mais les gens apprécient toujours l’art de rue pour son caractère ludique et participatif. Monsieur Michel G. Barette, programmateur des Arts de la rue, est celui qui orchestre ce volet. Comment s’y prend-il? Dans quelle direction fait-il évoluer cet aspect de la programmation? Petit tour d’horizon.

Monsieur Barette reçoit environ une centaine de projets par année. Et, bien que le ratio artistes internationaux /artistes québécois présentés change d’année en année, la programmation présente toujours des troupes provenant de l’international, surtout de la France. C’est la qualité des propositions et les coups de cœur du programmateur qui sont les principaux arguments pour une sélection à la programmation.

Il arrive aussi que monsieur Barette contacte lui-même les compagnies pour leur demander des numéros spécifiques; les artistes vont donc créer un numéro pour le FEQ, qui parfois reste à l’affiche après le festival. Mais dans tous les cas,

la qualité et la diversité des numéros proposés est le gage du succès, au point qu’aujourd’hui, la rue saint-Jean – terre d’accueil des arts de la rue du Festival d’été – ne suffit plus à contenir la foule.

Nouveauté de cette année, en plus de la rue saint-Jean, la cour du Vieux-séminaire accueillera aussi des artistes. « Ce que je cherchais, explique Michel G. Barette, programmateur des Arts de la rue, c’est un lieu un peu coupé de la circulation qui a un cachet et du caractère et dans lequel nous pouvons faire différentes installations scénographiques. La cour du Vieux-séminaire était tout indiquée. »

La combinaison lieu/artiste n’est pas laissée au hasard : l’endroit influence le choix des numéros qui y seront présentés et vice versa. La plupart des performances s’inscrivent bien dans le contexte de la rue saint-Jean, mais selon monsieur Barette, certains numéros demandent un rapport différent avec le public, plus d’intimité par exemple. La cour du Vieux-séminaire offre cela tout en rendant possibles les présentations d’envergure. « Le plaisir, c’est que le public puisse se permettre d’aller chercher l’émotion dans différents

spectacles avec différentes ambiances, différentes propositions artistiques. » Cet endroit permettra donc une plus grande diversité de spectacles, diversité qui était tout de même présente au sein de la rue saint-Jean par la nature des numéros.

Une grande variété est donc souhaitée. Vu la grande notoriété dont jouit le Festival d’été de Québec, le nombre de propositions augmente d’année en année. En général, le choix des artistes vise à faire plaisir au plus grand nombre de gens possible. Par contre, le programmateur aime quand même prendre quelques risques : des numéros plus originaux peuvent être choisis, s’ils ont une grande qualité artistique. Il s’assurera qu’il y ait une bonne connexion avec le public et que l’environnement soit adéquat, quitte à faire des ajustements en cours de route.

Vous pourrez voir les surprises que réservent cette année les Arts de la rue Loto-Québec du Festival d’été du 5 au 15 juillet.

Festival D’été De quéBec

quand l’art de rue fait la Cour/ par Marie-Line BEAUDOIN

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carreFour international De quéBec

une ville la nuit/ par Catherine VERMETTE

En 2009, dans le cadre du Carrefour international de théâtre, le spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant… avait séduit les gens de Québec. Récidivant en 2011 avec une toute nouvelle mouture, Où tu vas quand tu dors en marchant… 2 prometait encore cette année d’animer la basse-ville d’un brin de folie théâtrale.

Théâtre de rue? Frédéric Dubois, coordonnateur artistique de l’évènement, préfère parler de « théâtre dans la rue ». « Nous voulons prendre la ville à partie, la montrer sous un jour différent, plus théâtral », explique-t-il. Comme l’évènement est gratuit et ouvert à tous, c’est une façon pour le Carrefour international de théâtre de Québec de se faire connaître à l’extérieur du milieu théâtral, de se décloisonner et d’aller directement à la rencontre du public. Toute l’inspiration pour monter le spectacle provient des lieux et de la nuit, puisque la déambulation est offerte seulement après le coucher du soleil. « La nuit a ce petit côté secret, caché et pervers, que nous avions envie d’explorer », précise monsieur Dubois.

Pour réussir à créer l’univers immersif et énigmatique qui caractérise Où tu

vas quand tu dors en marchant… 2, Frédéric Dubois a approché des artistes de différents horizons, leur proposant de créer des tableaux inédits à partir de lieux prédéterminés de la basse-ville de Québec. La marina saint-Roch, l’ancien cinéma Charest et la rue du Pont sont autant d’endroits à explorer et à découvrir sous une nouvelle perspective. « Nous attribuons un lieu à chacun, et partir de là, les artistes ont carte blanche », précise le coordonnateur artistique. Les créateurs, dont la majorité est établie dans la ville de Québec, sont choisis en fonction de leurs réalisations antérieures, mais aussi dans une optique de représenter différents corps de métier. Comédiens, metteurs en scène, scénographes et artistes en arts visuels se côtoient, mêlant les disciplines pour le plus grand étonnement des spectateurs, qui, au détour de leurs déambulations, peuvent apprécier saynètes, projections vidéo et ambiances musicales. L’année dernière, ils étaient plus de 200 artisans et professionnels de la scène à mettre leur talent au profit de l’évènement unique en son genre.

Cette année, les cinq tableaux thématiques étaient créés par Nancy Bernier, steve Gagnon, Christian

Fontaine, Marie Gignac, Alexandre Fecteau, Jean-François Cooke et Pierre sasseville.

Les gens de Québec étaient donc invités à redécouvrir une partie de leur ville sous la lunette poétique de ces artistes les 25 et 26 mai 2012. Pour plus d’informations :

www.carreFourtheatre.qc.ca

Photo Stéphanie Huard

Photo Stéphanie Huard

frédéric dubois

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les Fêtes de la nouvelle-France est un événement qui se distingue par sa programmation en continu. contrairement aux événements comme le Festival d’été ou le carrefour international de théâtre de québec, l’événement propose toute une gamme d’animations thématiques essentiellement gratuites. le but est principalement de faire une reconstitution historique en créant une ambiance festive. comment? en amusant les participants et en faisant la fête, tout en amenant le public à découvrir un peu d’histoire à travers des thématiques annuelles. Bazzart a discuté avec stéphanie Devaux, coordonnatrice à la programmation, pour lever le voile sur leur fonctionnement.

bazzart : Quelle place les artistes de la rue occupent-ils dans votre programmation?

s. d. : Excluant les bénévoles, les « fournisseurs d’animation » représentent de 50 à 70 % de la programmation. Aux Fêtes de la Nouvelle-France, il y a tout le temps de l’animation. De midi à 20 h, l’animation se fait en continu. Nous retrouvons des spectacles, des chanteurs, des chorales, des présentateurs, des artisans… en plus de 80 bénévoles qui viennent également incarner un personnage pendant l’événement.

bazzart : Quels sont vos critères de sélection? Comment choisissez-vous vos fournisseurs? Y a-t-il des contraintes imposées par la nature de votre événement?

s. d. : Nous demandons effectivement à nos fournisseurs de s’adapter à un événement historique. Par exemple, les artisans qui tiennent des kiosques doivent utiliser les méthodes et les outils qu’utilisaient nos ancêtres dans la période de la Nouvelle-France. De plus, nous tentons – dans la mesure du possible – à ce que les installations et les structures soient en bois, question de respecter l’ambiance d’autrefois. Et, il est impératif que TOUs soient costumés. si le fournisseur n’a pas de costume, l’événement lui en fournira un. Même le personnel est costumé. L’idée, c’est vraiment de recréer le village d’antan sans anachronisme.

bazzart : Votre thématique étant relativement spécifique, avez-vous de la difficulté à renouveler votre offre? Quelle est la part de « commande » que Les Fêtes de la Nouvelles-France fait?

s. d. : Nous trouvons nos thématiques annuelles assez facilement. L’animation fait évoluer cette thématique. Chaque année, généralement en janvier, nous organisons un brainstorm collectif où sont invités nos fournisseurs, dont la grande majorité provient de la ville de Québec. Ceux-ci nous font ensuite des propositions. Il y a donc une part d’adaptation du fournisseur, mais nous travaillons beaucoup avec les mêmes personnes depuis plusieurs années.

les Fêtes De la nouvelle-France,

un événement d’animation hiStorique aux aCCentS loCaux

/ par Claire GOUTIER

Bazzart s’est entretenue avec un des fournisseurs des Fêtes de la Nouvelle-France, Axe – Centrale créative. Collaborateurs depuis environ une dizaine d’années, ils se sentent libres et respectés dans leurs créations. Ils créent leurs numéros en fonction de l’événement et leurs idées sont toujours les bienvenues. En ce qui concerne les Fêtes, ils affirment que chaque année est vraiment différente : une année, ils feront du spectacle de scène, la suivante, du déambulatoire. Ce n’est jamais pareil. Par contre, ce sont quatre jours assez intensifs qui demandent une présence permanente sur le site. Ils affirment avoir une expérience très positive, chaque fois renouvelée.

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SONDAGE

partiCipez à notre Sondage Sur leS intérêtS de noS leCteurS!

En y répondant, vous pourriez gagner un des prix suivant :

/ Une des deux ( 2 ) cartes régulières pour le Cinéma Le Clap ( valeur de 69,95$ chacune );

/ Un des quatre ( 4 ) laissez-passer pour la prochaine édition du Festival de cinéma de la Ville de Québec ( valeur de 35$ chacun );

/ Un des six ( 6 ) abonnements d’un an au magazine Bazzart ( valeur de 20$ chacun ).

Visitez notre site Internet au www.bazzart.qc.ca et cliquez sur l’icône sondage à la page d’accueil. C’est simple et rapide!

Date limite pour répondre au sondage : le vendredi 10 août 2012

Tirage : le lundi 13 août 2012.

Les gagnants seront avisés par téléphone et/ou courriel dans la journée.

merCi d’être nomBreux à lire Bazzart;

merCi de votre partiCipation à Ce Sondage!

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francE terre sacrée Des arts De rue Les arts de la rue sont à la France ce qu’est le théâtre à Molière : indissocia-bles. Explosifs, les arts de rue en France sont solidement implantés depuis la fin des années 1970. Presque chaque ville du pays a son propre festival et, chaque année, des artistes émergents s’ajoutent aux milliers qui existent déjà. Les plus grands festivals – Viva Cité à sotteville-lès-Rouens, Chalon dans la rue à Châlons-sur-saône, ainsi que le festival d’Aurillac – reçoivent entre 800 et 1000 propositions. La sélection n’est pas facile parmi ces artistes qui repoussent toujours un peu plus loin les limites des arts de rue.

Aujourd’hui, l’espace public est tellement utilisé, travesti, exploité, que le concept même de théâtre de rue devient flou. Alors qu’à une époque, la rue était un espace de création pure où les compagnies pouvaient se permettre des interventions spontanées sans convocation, aujourd’hui, la politique et les règlements ont peu à peu resserré l’étau autour des artistes. Il faut alors faire preuve d’ingéniosité et investir des lieux inexplorés. La célèbre compagnie

Ilotopie a choisi, quant à elle, de faire du théâtre… sur l’eau! « Faire de l’art, pour moi, c’est installer du désordre pour faire réfléchir. Pour faire régner l’ordre, nous n’avons pas besoin d’artistes. Il faut troubler les gens pour qu’ils se demandent : ‶ Qu’est-ce qui se passe? Mais qu’est-ce que ça veut dire?″», nous confie Bruno schnebelin, fondateur et directeur artistique de la troupe. « Installer le désordre dans la ville est désormais de plus en plus difficile avec les publicités partout, les autos et les marques franchisées… Alors depuis quelques années, nous nous intéressons beaucoup à l’eau comme espace de création. L’eau reste libre, donc l’eau peut être un théâtre », explique-t-il.

Installer du désordre? En effet, les arts de rue en France ont une portée très politique et militante, car l’espace public, c’est aussi l’espace des électeurs. Beaucoup de compagnies bitumineuses sont nées des révolutions, des crises, et se sont servies des arts de rue pour exploiter cette passion revendicatrice propre aux Français. Les artistes s’intéressent autant à la politique que la politique s’intéresse aux artistes! Menacés, les politiciens ont vite compris qu’ils devaient collaborer pour limiter les

débordements : subventions, centre de créations – appelés lieux de fabrique – et reconnaissances diverses ont été mis sur pied. Les artistes de rue français ont ainsi pu survivre et se développer, contrairement à d’autres compagnies européennes qui ont fleuri, mais qui se sont éteintes graduellement, faute d’argent.

Les artistes français, ces pionniers des arts de rues, continuent à nous inspirer, à nous influencer et à nous faire rêver. Voici quelques troupes emblématiques à découvrir : Royal Deluxe, Generik Vapeur Ilotopie, Transe Express Délices Dada

horS quéBeC/ par Alexandra BLOUIN

Photo Mathieu Lodin, agence Fortune Carré.

royal deluxe

LES coUpS DE cœUr DE cécILE LamaLLE, DIrEctrIcE DES commUnIcatIonS DU fEStIVaL châLon DanS La rUE :

- ex-nihilo, Danse contemPoraine - les grooms, musique - les commanDos Percus, Percussions De Feu - komPlexkarPharnaüm, Projection viDéo et musique - caraBosse, création autour Du Feu.

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proVIncE DE qUéBEc…terre D’exPlorationoyé! oyé! – croyance populaire : « les arts de rue, ce sont juste des clowns et des marionnettes! »

Au Québec, nous associons souvent à tort le théâtre de rue à l’animation et au divertissement facile. En effet, les artistes de rue se produisent principalement dans les festivals où le caractère forain et le divertissement induisent l’animation, mais il ne faut pas se laisser prendre par les clichés : « même les clowns doivent avoir quelque chose à dire! » affirme Philippe Gauthier, directeur artistique du festival de théâtre de rue de Lachine.

Festival De théâtre De rue De lachineAprès quelques voyages en Europe et autant de découvertes, fascinés par les lieux et par l’utilisation de l’espace, Philippe Gauthier, Rémi-Pierre Paquin et Yves Dolbec créent en 1996 le Festival de théâtre de rue de shawinigan ( aujourd’hui à Lachine ) afin de faire rayonner cette discipline encore méconnue au Québec. Le but du festival, selon monsieur Gauthier, est « de regrouper tous les projets qui utilisent et théâtralisent les lieux ». Au Festival de théâtre de rue de Lachine, les disciplines s’embrassent, si bien qu’il est maintenant presque impossible de les catégoriser.

Voici quelques coups de cœur que monsieur Gauthier a bien accepté de partager avec nous : La Tête de Pioche ( Québec ), Corpus ( Toronto ), Les

Photos Mathieu Lodin, agence Fortune Carré.

royaL DELUxE à montréaL à L’été 2012Annoncée, reportée, annulée, la venue de la compagnie française Royal Deluxe à Montréal pour le Festival Juste pour rire est confirmée! Emblème légendaire, cette troupe d’intervention théâtrale de renommée internationale théâtralise des lieux grâce à des installations monumentales.

royal deluxe

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sages Fous ( Trois-Rivières ), La Tortue Noire ( saguenay ), Human Playground ( Montréal ), La 2e Porte à Gauche ( Montréal ), L’Orchestre d’Hommes-Orchestres ( Québec ), 2boys.tv ( Montréal ), L’activité Répétitive Grandement Grandement Libératrice ( Montréal ), Théâtre Momentum ( Montréal ) et Les Fermières Obsédées ( Québec ).

Festival la rue kitétonneLe trio Toxic Trottoir, formé par les comédiennes Marie-Hélène Côté, Muriel de Zangroniz et Dominique Marier, a donné naissance, il y a trois ans, au festival d’arts de rue éclaté La rue Kitétonne, à Rosemont ( Montréal ). Leur objectif : « rassembler les gens…autrement que devant la télévision », explique madame Côté. Le Off Kititille, volet off de La rue Kitétonne, fait quant à lui place aux artistes de rue émergents et à ceux qui veulent se produire dans l’espace public pour une première fois.

Toxic Trottoir s’inscrit dans une démarche artistique où le volet communautaire et l’engagement social sont très importants. Les comédiennes s’impliquent par diverses actions auprès des citoyens afin qu’ils s’approprient au maximum le festival et qu’ils vivent « une expérience festive, chaleureuse et inclusive ».

« Dans la rue, le contact avec le public est très franc, il y a une réelle rencontre qui peut aller plus loin, c’est cette proximité-là qui nous fait triper, s’enthousiasme madame Côté. Amener l’art là où les gens s’y attendent le moins,

permettre à tout le monde de toucher, d’expérimenter et créer des rencontres entre spectateurs... Nous sommes vraiment dans la médiation culturelle. »

théâtre De rue ou théâtre Dans la rue?selon stéphane Crête, comédien de la troupe Momentum : « Le théâtre in situ, c’est de savoir comment tirer profit d’un espace en le rendant théâtral. Ce que j’aime du in situ c’est qu’il y a une mise en danger pour les concepteurs et pour les artistes, car nous sortons de notre zone de confort et nous y catapultons les spectateurs. Il y a toute une perte de repères qui rend le spectateur plus disponible. »

« La rue, c’est un espace qui appartient aux gens qui y passent; lorsqu’il est transformé, les gens réagissent, comme si nous entrions chez eux. La présence subversive de certaines interventions révèle un certain inconfort. »

En octobre, la troupe Momentum présentera la pièce Dish Washer dans une ancienne usine de trains, transformée en restaurant.

InfoS accESSoIrES….les as - les trouPes De théâtre De rue sont aPParues Par milliers en euroPe De 1970 à 2012, en voici quelques-unes à Découvrir :

france kumulus, le Phun, cie off, opus, cirkatomic théâtre group’, carabosse, le 2e groupe d’intervention, komplex-karpharnaüm- square tv, groupe Zur, metalovoice, agence tartar( e ), turak, artonik, les Piétons, mécanique vivante, théâtre de l’unité, altitude, trace en poudre, katertone, urgence et enfer productions, groupe F, les vernisseurs, lieux Publics, Décor sonore, hors strates, samu, alligator, François Delarozière, luc amoros, Pipototal, la machine, les-as-des-as, extea, Paka, titan, kmk, ex-nihilo…

chine   wang Deshun

allemagne theater titanick, ilka schönbein

écosse Boilherhouse

italie leo Bassi

espagne semola teatre, la Fura dels Baus, Périllos

usa survival research laboratories

chili compania gran reyneta, teatro del silencio

belgique circus ronaldo, totem

argentine De la guarda

australie strange fruit

russie licedei

pologne teatr Biuro Podrozy

pays bas close act

royaume uni no fit stae ( circus ), mimbre, strangelings, stickleback Plasticus, wildworks

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l’héritage préCieux de paul vaChon : la paSSion du rire

/ par Françoise BELLEMARE

Véritable pionnier des arts du cirque et du clownesque tant au Québec qu’à l’international, Paul Vachon a été un artisan très important du développement et de la reconnaissance de sa discipline. s’il laisse en deuil ses proches ainsi que ceux qui ont eu la chance de le connaître, il lègue aussi un riche héritage à sa communauté artistique.

En 40 ans de carrière, Paul Vachon a participé à la mise sur pied d’une multitude de lieux d’expression de son art et de formation pour la relève, tel que le Cirque du Monde, un volet social du Cirque du soleil, qui vise la transmission de l’art clownesque auprès de jeunes en réinsertion sociale depuis 1995. Pour Gil Favreau, directeur à l’action et à la responsabilité sociale du Cirque du Monde, Paul était un grand clown avec une humanité, un leadership et un charisme incroyable. « Même dans les pays où il était amené à travailler et dont il ne partageait pas la langue, il trouvait toujours une façon de rassembler les gens. Il entrait dans une pièce en tapant des mains : les gens embarquaient. »

son énergie et sa rigueur, il les lègue à la relève qu’il a pris soin de former et pour laquelle il représente un modèle

inspirant. Pour Josette Déchène, conjointe et compagne de scène de Paul Vachon, il s’est dévoué entièrement à son art. « Il a légué tout ce qu’il savait, tout ce qu’il était ».

son ParcoursC’est en 1970 que Paul Vachon fait son entrée dans le milieu artistique. Dès lors, il dirige la création d’une cinquantaine de productions principalement dédiées au jeune public. Il participe également à la fondation de Chatouille, Cézard et Chocolat et du Théâtre de l’Aubergine de la Macédoine, pour lequel il agit à titre de directeur général et artistique. Viennent ensuite l’École nationale du Cirque, le Théâtre jeunesse Les Gros Becs et le Regroupement national des arts du cirque En Piste, pour lequel il assume la présidence et siège au conseil d’administration en tant qu’administrateur pendant plus de huit ans. Il laisse aussi sa marque au Festival d’été de Québec, dont un volet incontournable est, grâce à lui, dédié aux arts de la rue ainsi qu’au Carnaval de Québec.

En novembre 2010, le Conseil des arts et des lettres lui décernait le Prix à la création artistique dans le cadre de la

24e édition des Prix d’excellence des arts et de la culture à l’Hôtel de ville de Québec. Paul Vachon est décédé d’un cancer le 27 août 2011. À l’annonce de cette nouvelle, les mots de sympathie sont venus de partout sur la planète. Bon voyage l’artiste!

Photo Claudel Huot, Courtoisie

Photo Claudel Huot, Courtoisie

VISIonnEz La VIDéo DISponIBLE SUr LE DVD Bazzart

( DétaILS pagE 5 )

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Photo Claudel Huot, Courtoisie

Photo Claudel Huot, Courtoisie

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PostproductionImaginationCollaboration

BD/DVDSE ReviewSE OnsetEffets spéciauxMotion design

MontageSupervision

Services techniquesColoration

Mastering DCP

www.studioelement.ca

Cinéma Digital

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