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Etude biblique Le livre de JOB

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Etude biblique

Le livre de JOB

Introduction au livre de Job

Le livre de Job comprend trois parties. Dans la première, Dieu permet à Satan d’éprouver son serviteur. À la suite d’une première série de maux qui n’ébranlent pas la fidélité de Job, Dieu autorise qu’il soit frappé dans son corps. Trois amis venus consoler le malheureux restent muets devant le spectacle qui s’offre à eux.

Après sept jours de ce silence, Job éclate en lamentations. Ses visiteurs interviennent, l’accusant d’avoir commis des péchés exceptionnels pour mériter de tels maux. Mais Job n’arrive pas à se sentir coupable. Cette deuxième partie inclut l’intervention d’un autre personnage, Élihou, qui essaie lui aussi d’expliquer la souffrance. Enfin, Dieu prend la parole et, sans se justifier, expose la supériorité de sa puissance et de sa sagesse, ce qui pousse Job à s’humilier.

La dernière partie décrit la condamnation qui frappe les trois amis et les bénédictions que reçoit Job. Le livre parle de la souffrance imméritée qui atteint le fidèle. Il réfute la théorie selon laquelle toute épreuve est un châtiment parce qu’elle résulte forcément d’un péché.

Job obtient une rencontre avec Dieu; cependant, il ne reçoit aucune explication sur la raison de ses épreuves. Dieu ne lui reproche pas ses protestations d’innocence, mais ses jugements inconsidérés sur sa façon de gouverner le monde. Cette rencontre produit un effet profond chez le serviteur de Dieu : il s’humilie devant son Créateur.

L’Évangile apporte une perspective nouvelle sur la souffrance, que Job ne connaissait pas. La vie éternelle et la gloire avec Jésus-Christ nous incitent fortement à persévérer dans nos épreuves. Mais c’est sans doute le contact avec Dieu – Mais maintenant mon œil t’a vu (Jb 42.5) – qui réunit la perspective de Job et celle de l’Évangile. Car ce ne sont pas la guérison et le retour à la prospérité qui ont calmé la douleur du malheureux, mais sa rencontre avec Dieu. Puissions-nous voir Dieu nous aussi!

Job 1.1-22

1 Il y avait dans le pays d’Outs un homme dont le nom était Job. Cet homme était intègre et droit ; il craignait Dieu et s’écartait du mal.

2 Il lui naquit sept fils et trois filles.

3 Son troupeau était de sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses, et son personnel était très nombreux. Cet homme était le plus considérable de tous les fils de l’Orient.

4 Ses fils allaient dans la maison de chacun d’eux tour à tour pour donner un festin, et ils envoyaient une invitation à leurs trois sœurs pour manger et pour boire avec eux.

5 Et quand les jours de festins étaient révolus, Job envoyait (chercher ses fils) et les sanctifiait, puis il se levait de bon matin et offrait pour chacun d’eux un holocauste, car Job disait : Peut–être mes fils ont–ils péché et ont–ils maudit Dieu dans leur cœur. C’est ainsi que Job agissait toujours.

6 Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Éternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux.

7 L’Éternel dit à Satan : D’où viens–tu ? Satan répondit à l’Éternel : De parcourir la terre et de m’y promener.

8 L’Éternel dit à Satan : As–tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal.

9 Satan répondit à l’Éternel : Est–ce d’une manière désintéressée que Job craint Dieu ?

10 Ne l’as–tu pas protégé, lui, sa maison et tout ce qui lui appartient ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et son troupeau se répand dans le pays.

11 Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu’il te maudira en face.

12 L’Éternel dit à Satan : Voici : tout ce qui lui appartient est en ton pouvoir, seulement, ne porte pas la main sur lui. Alors Satan se retira de la présence de l’Éternel.

13 Un jour que les fils et les filles de Job mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné,

14 il arriva auprès de Job un messager qui dit : Les bœufs labouraient et les ânesses paissaient à côté d’eux ;

15 des Sabéens se sont jetés dessus, les ont enlevés et ont passé les serviteurs au fil de l’épée. Je me suis échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

16 Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Le feu de Dieu est tombé du ciel, a brûlé le petit bétail et les serviteurs et les a dévorés. Je me suis échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

17 Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Des Chaldéens, formés en trois bandes, se sont précipités sur les chameaux, les ont enlevés et ont passé les serviteurs au fil de l’épée. Je me suis échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

18 Il parlait encore, lorsqu’un autre vint et dit : Tes fils et tes filles mangeaient et buvaient du vin dans la maison de leur frère aîné ;

19 et voici qu’un grand vent est venu de l’autre côté du désert et a battu les quatre coins de la maison ; elle s’est écroulée sur les jeunes gens, et ils sont morts. Je me suis échappé, moi seul, pour te l’annoncer.

20 Alors Job se leva, déchira son manteau et se rasa la tête, puis, se jetant par terre, il se prosterna

21 et dit : Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu j’y retournerai. L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni !

22 En tout cela, Job ne pécha pas et n’attribua rien de scandaleux à Dieu.

Quand le malheur frappe

Job subit des épreuves qui ne résultent pas de sa conduite ou de son attitude; au contraire, c’est son comportement juste et pieux qui attire l’attention de Dieu, puis de l’Ennemi. Sans le savoir, il démontrera que la crainte véritable de Dieu n’est jamais intéressée.

Un homme riche et pieux (v. 1-12). La piété et la richesse ne sont pas souvent associées dans la Bible. En fait, la prospérité entraîne souvent le relâchement moral et l’endurcissement du cœur, mais Job fait exception. La crainte de Dieu est une priorité pour lui-même et pour la vie de ses enfants. Cependant, l’Ennemi prétend que la relation qui existe entre Dieu et cet homme n’est, en réalité, que du marchandage, dont les deux tirent avantage. C’est alors que l’Éternel permet l’affliction de Job, mais il y fixe une limite.

Un lot d’épreuves (v. 13-22). Satan ne perd pas de temps et attaque. Il inflige coup sur coup différents malheurs au serviteur de Dieu, espérant que l’accumulation rapide d’épreuves viendra à bout de lui. Le respect de l’Éternel que Job pratique depuis plusieurs années le met en garde contre sa propre douleur. Même s’il ne saisit pas la raison de ses difficultés et surtout pourquoi elles se multiplient si vite, il s’en remet à la souveraineté de son Dieu, qui « donne » et qui « ôte » comme bon lui semble.

Réfléchissons : Je me rappelle une chrétienne qui avait perdu son mari et deux enfants. On lui avait expliqué que Dieu éprouve ceux qu’il aime. Elle avait répondu : « J’aurais préféré qu’il m’aime moins! » La douleur du patriarche n’est pas moindre que celle de cette femme. Job manifeste sa souffrance en modifiant son apparence – manteau déchiré et tête rasée –, mais il ne prononce aucune parole de rébellion.

Seigneur, veille sur ma bouche au jour du malheur afin que je ne pèche pas.

Job 2.1-13

1 Or, les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l’Éternel, et Satan vint aussi au milieu d’eux se présenter devant l’Éternel.

2 L’Éternel dit à Satan : D’où viens–tu ? Satan répondit à l’Éternel : De parcourir la terre et de m’y promener.

3 L’Éternel dit à Satan : As–tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal. Il demeure ferme dans son intégrité, et tu m’incites à le perdre sans cause.

4 Satan répondit à l’Éternel : Peau pour peau ! tout ce que possède un homme, il le donne pour sa vie.

5 Mais étends ta main, touche à ses os et à sa chair, et je suis sûr qu’il te maudira en face.

6 L’Éternel dit à Satan : Le voici, il est en ton pouvoir : seulement, épargne sa vie.

7 Alors Satan se retira de la présence de l’Éternel. Puis il frappa Job d’un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu’au sommet de la tête.

8 Et Job prit un tesson pour se gratter et s’assit dans la cendre.

9 Sa femme lui dit : Tu demeures ferme dans ton intégrité ! Maudis Dieu, et meurs !

10 Mais il lui répondit : Tu parles comme une femme insensée ! Quoi ! nous recevrions de Dieu le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ! En tout cela, Job ne pécha point par ses lèvres.

11 Trois amis de Job apprirent tous les malheurs qui lui étaient arrivés et partirent chacun de son pays : Éliphaz de Témân, Bildad de Chouah et Tsophar de Naama. Ils se concertèrent pour aller le plaindre et le consoler.

12 Ayant de loin levé les yeux sur lui, ils ne le reconnurent pas et se mirent à sangloter. Ils déchirèrent leurs manteaux et jetèrent de la poussière en l’air au–dessus de leur tête.

13 Ils s’assirent avec lui par terre, pendant sept jours et sept nuits, personne ne lui disant une parole, car ils voyaient que sa douleur était fort grande.

Encore et encore!

Quelles sont les limites de la fidélité d’un être humain? Job ne souffre-t-il pas déjà assez comme cela? Non, car s’il a perdu ce qu’il possédait, ce qu’il conserve – son corps et sa santé – suffit pour le garder pieux, prétend l’Ennemi. Dieu n’est pas dupe, mais il permet à Satan d’attaquer de nouveau son serviteur.

Maladie... (v. 1-8) Bien sûr, Satan choisit une affliction très douloureuse pour terrasser Job; il lui inflige une sorte de lèpre, la plus redoutée de l’Orient, qui provoque des démangeaisons terribles, la perte graduelle des membres et presque toujours la mort. Après la perte de ses enfants et de ses biens, Job doit maintenant souffrir dans son corps. De plus, comme sa maladie est repoussante, elle le condamne sans doute à l’isolement.

... et solitude (v. 9-13). Jusqu’à présent, la femme de Job ne s’est pas exprimée, mais ce dernier malheur semble faire déborder le vase. Au lieu d’admirer son mari et de l’encourager, elle trouve son intégrité méprisable et même scandaleuse. Pourquoi servir un Dieu qui afflige ainsi? Les trois amis de Job, quant à eux, gardent le silence moins par sympathie que par stupéfaction devant la gravité de l’état où ils le trouvent.

Persévérons : « Je m’attendais à tout, mais pas à cela! » Voilà ce que nous sommes souvent portés à dire lorsqu’un malheur survient à l’improviste, sans que nous soyons préparés à y faire face. L’épreuve ne serait pas véritablement une épreuve si elle ne provoquait pas en nous le sentiment qu’elle est au-delà de nos forces (2 Co 1.8). Ce désarroi est essentiel, car il nous pousse à reconnaître notre impuissance et à placer notre confiance en Dieu, qui nous donnera le moyen d’en sortir pour que nous puissions supporter nos difficultés (1 Co 10.13).

Job 3.1-26

1 Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance.

2 Job prit la parole et dit :

3 Périsse le jour où je suis né, Et la nuit qui dit : Un enfant mâle est conçu !

4 Ce jour ! qu’il soit donc ténèbres, Que Dieu n’en ait pas souci de là–haut, Et que la lumière ne brille plus sur lui !

5 Que les ténèbres et l’ombre de la mort le réclament, Que des nuées demeurent au–dessus de lui, Et que de sombres événements l’épouvantent !

6 Cette nuit ! que l’obscurité s’en empare ! Qu’elle ne se réjouisse point parmi les jours de l’année, Qu’elle n’entre pas dans le compte des mois !

7 Oui, que cette nuit soit stérile, Qu’il n’y ait pas en elle, de cri de joie !

8 Qu’elle soit exécrée par ceux qui maudissent le jour, Par ceux qui savent réveiller le Léviathan !

9 Que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent, Qu’elle espère la lumière –– sans qu’elle vienne, Et qu’elle ne voie pas les paupières de l’aurore !

10 Car elle n’a pas fermé le ventre qui me conçut, Ni caché la peine à mes regards.

11 Pourquoi ne suis–je pas mort dès les entrailles (de ma mère)? Pourquoi n’ai–je pas expiré au sortir de son ventre ?

12 Pourquoi ai–je trouvé des genoux pour me recevoir, Et des seins pour m’allaiter ?

13 Maintenant je serais couché, je serais tranquille, Je dormirais, alors je pourrais me reposer

14 Avec les rois et les conseillers de la terre, Qui se bâtissent des mausolées,

15 Avec les princes qui ont de l’or Et qui remplissent d’argent leurs maisons.

16 –– Ou bien je n’existerais pas, comme un avorton caché, Comme des petits enfants qui n’ont pas vu la lumière. ––

17 Là les méchants cessent leur agitation, Et là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force ;

18 Les prisonniers sont tous dans la tranquillité, Ils n’entendent pas la voix de l’oppresseur ;

19 Le petit et le grand sont là, Et l’esclave est affranchi de son seigneur.

20 Pourquoi donne–t–il la lumière à celui qui peine, Et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme,

21 Qui attendent la mort sans qu’elle vienne, Et qui la convoitent plus que des trésors,

22 Qui se réjouiraient, transportés d’allégresse et de joie, S’ils trouvaient une tombe ?

23 A l’homme dont la route est cachée, Et que Dieu cerne de toutes parts ?

24 Car, au lieu de pain, surviennent mes soupirs, Et mes cris se répandent comme l’eau.

25 Ce qui me fait peur, c’est ce qui m’arrive : Ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint.

26 Je n’ai ni calme, ni tranquillité, ni repos, Et c’est l’agitation qui survient.

À quoi bon vivre?

Le silence des amis de Job finit par l’irriter. Le malheureux, qui a jusqu’ici ménagé ses paroles pour ne pas pécher contre Dieu, ne peut plus se retenir. C’est une explosion d’amertume qui le saisit, qui lui fait regretter d’être né. La douleur est telle que la mort lui paraît un apaisement.

Le néant... (v. 1-12) L’intensité de la souffrance de Job se manifeste dans le cri qui jaillit de son âme : toute sa vie lui semble vaine et sans valeur. La consolation qu’il pourrait tirer de l’évocation des bons moments vécus avec sa famille défunte ou de sa prospérité passée s’estompe devant l’atrocité de sa douleur. Même le néant, la non-existence, lui paraît préférable à sa condition actuelle.

... ou la mort (v. 13-26). À défaut du néant, Job ne pourrait-il obtenir la mort, qui mettrait fin à sa peine? Peut-être, mais comment? D’une part, son intégrité et sa piété l’empêchent de se suicider ou de demander à ses amis de l’aider à accomplir ce projet funeste. D’autre part, il sait que Dieu a permis tous ses malheurs; il n’en comprend pas le but, mais il les perçoit comme voulus de sa part (v. 23).

Réfléchissons : Job exprime ses sentiments même les plus négatifs sans pourtant offenser Dieu. En fait, sa franchise a un effet bénéfique, car il semble s’apaiser un peu au fur et à mesure qu’il se libère de son amertume. Les psalmistes aussi nous invitent à épancher notre cœur devant Dieu. Le blocage de nos sentiments ne conduit malheureusement qu’à une plus grande souffrance, car notre silence empoisonne notre communication avec Dieu.

Seigneur, je t’ouvre mon cœur afin que tu mettes à nu mes frustrations et que tu m’en libères, car elles entachent la perception que j’ai de toi.

Job 4.1-21

1 Éliphaz de Témân prit la parole et dit :

2 Si l’on tente de prononcer une parole, en seras–tu lassé ? Mais qui pourrait retenir ses propos ?

3 Voici que tu as donné des leçons à beaucoup, Tu as fortifié les mains languissantes,

4 Tes propos ont relevé celui qui trébuchait, Tu as affermi les genoux qui pliaient.

5 Et maintenant qu’il s’agit de toi, tu te lasses ! Maintenant que cela te touche, tu te troubles !

6 Ta crainte de Dieu n’est–elle pas ton soutien ? Ton espérance, n’est–ce pas l’intégrité de tes voies ?

7 Souviens–toi donc : quel est l’innocent qui a péri ? Et où les hommes droits ont–ils disparu ?

8 Comme je l’ai vu, ceux qui labourent l’injustice Et qui sèment ce qui est pénible en moissonnent (les fruits);

9 Ils périssent par le souffle de Dieu, Ils sont consumés par le vent de sa colère.

10 Le rugissement du lion, le cri du jeune fauve, Et les dents des lionceaux se brisent ;

11 Le lion périt faute de proie, Et les petits de la lionne se dispersent.

12 Une parole est arrivée furtivement jusqu’à moi, Et mon oreille en a perçu les sons légers.

13 Au moment où des pensées inquiètes (proviennent) des visions de la nuit, Quand un profond sommeil tombe sur les hommes,

14 La peur et le frémissement m’ont atteint Et tous mes os ont tremblé

15 Un souffle passait sur ma face… Les poils de mon corps se hérissèrent…

16 Quelqu’un se tenait là ; je ne reconnaissais pas son aspect ; Une silhouette était devant mes yeux. Et j’entendis une voix qui murmurait doucement :

17 Un mortel serait–il juste devant Dieu ? Un homme serait–il pur devant celui qui l’a fait ?

18 Si Dieu n’a pas confiance en ses serviteurs, S’il découvre des erreurs chez ses anges,

19 Combien plus chez ceux qui demeurent dans des maisons d’argile, Eux dont les fondements sont dans la poussière, Et qu’on écrase comme une teigne !

20 Du matin au soir ils sont frappés, Ils périssent pour toujours, et nul n’y prend garde ;

21 Le fil (de leur vie) est coupé, Ils meurent, mais non avec sagesse.

La morale qui tue

Le plus considéré des trois amis de Job prend la parole, non pour compatir à la souffrance du malheureux, mais pour le ramener à l’ordre. En effet, Éliphaz reconnaît que Job est un homme pieux qui sait exhorter et encourager les autres; toutefois, il rejette l’idée qu’il puisse être innocent : des malheurs comme les siens ne peuvent survenir sans raison.

Qui dit malheur, dit péché (v. 2-11). Le raisonnement d’Éliphaz est très simple : Dieu récompense les bons et punit les méchants. Peu importe que Job ait été jusqu’à présent un modèle de piété et un sage conseiller, les malheurs qui l’accablent ne peuvent résulter que de ses fautes. Selon Éliphaz, le refus de les reconnaître explique sans aucun doute la sévérité du châtiment qui atteint le serviteur de Dieu.

Car l’homme est pécheur (v. 12-21). Puis, Éliphaz invoque une révélation pour justifier son interprétation de la situation de Job. Cette vision lui montre que tout homme est pécheur et, par conséquent, exposé à la souffrance. Si les anges eux-mêmes ne sont pas parfaits, les hommes le sont encore moins. En fait, la nature même des êtres humains les porte à pécher. D’après Éliphaz, ce principe s’applique à Job, qui a forcément tort de clamer son innocence.

Réfléchissons : Éliphaz ne voit qu’une seule explication aux souffrances de son ami : son refus d’avouer ses fautes. Notons que cette façon de voir les choses peut être rassurante, car elle implique que les personnes qui ne subissent aucune épreuve sont innocentes et justes; la santé et la prospérité deviennent alors des signes de l’approbation de Dieu. Cependant, cette perception simpliste du gouvernement de Dieu invite à des jugements non fondés et cruels.

Job 5.1-27

1 Crie maintenant ! Y a–t–il quelqu’un qui te répondra ? Auquel des saints t’adresseras–tu ?

2 Car l’irritation tue celui qui est stupide, Et la jalousie fait mourir l’imbécile.

3 J’ai vu le stupide prendre racine ; Et soudain j’ai eu sa demeure en exécration.

4 Ses fils s’éloignent (de la voie) du salut ; Ils sont condamnés au tribunal, et personne qui les délivre !

5 Des affamés dévoreront sa moisson, Et viendront l’enlever jusque dans les épines, Des (hommes) assoiffés engloutiront sa fortune.

6 Le malheur ne sort pas de la poussière, Et la peine ne germe pas du sol ;

7 L’homme est né pour la peine, Comme les étincelles s’élèvent pour voler

8 Pour moi, je rechercherais Dieu, Et c’est à Dieu que j’exposerais ma cause.

9 Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre ;

10 Il répand la pluie à la surface de la terre Et envoie l’eau à la surface des champs ;

11 Il relève ceux qui sont abaissés, Et ceux qui sont dans la tristesse parviennent au salut.

12 Il anéantit les projets des hommes rusés, Et leurs mains ne peuvent leur assurer le succès.

13 Il prend les sages dans leur propre ruse, Et le conseil des (hommes) astucieux ne fait pas long feu,

14 Eux qui rencontrent les ténèbres en plein jour Et tâtonnent en plein midi comme dans la nuit.

15 Mais lui, il sauve le pauvre de l’épée qui sort de leur bouche Et de la main du puissant ;

16 Alors, pour le faible, il y a de l’espérance, Mais l’injustice ferme la bouche.

17 Ainsi donc, heureux l’homme que Dieu reprend ! Ne refuse pas la correction du Tout–Puissant.

18 Car c’est lui qui fait la blessure et qui la panse ; Il écrase, et ses mains guérissent.

19 Six fois il te délivrera de la détresse, Et sept fois le mal ne t’atteindra pas.

20 Il te libérera de la mort pendant la famine Et des coups de l’épée pendant la guerre.

21 Tu seras à l’abri du fléau de la langue, Tu seras sans crainte quand viendra la dévastation.

22 Tu te riras de la dévastation comme de la disette ; Ne crains pas les animaux de la terre ;

23 Car tu feras alliance avec les pierres des champs, Et les animaux des champs seront en paix avec toi.

24 Tu reconnaîtras que la paix sera sous ta tente ; Tu visiteras ton pâturage, et il ne te manquera rien.

25 Tu reconnaîtras que ta descendance sera nombreuse, Et que tes rejetons seront comme l’herbe de la terre.

26 Tu entreras dans la tombe en pleine vieillesse, Comme on élève un tas de gerbes en son temps.

27 Voilà ce que nous avons découvert : c’est ainsi ! A toi d’entendre et de le reconnaître !

Pour moi, je rechercherais Dieu!

Quel discours riche en solides et consolantes paroles : tout homme est pécheur, tout homme doit souffrir, seul l’insensé périt et Dieu récompense le coupable qui s’humilie! Seulement, ces vérités générales

ne conviennent pas à la situation de Job. Éliphaz manque vraiment de compassion envers son ami, car il ne tient pas compte de sa profonde souffrance.

Il est insensé de se plaindre (v. 1-7). Éliphaz reproche d’abord à Job de verbaliser sa souffrance et, ainsi, d’aggraver sa faute De plus, il déclare que Job perd son temps, puisque les saints (les anges) ne lui répondront pas. Il l’incite plutôt à reconnaître que le malheur ne résulte pas du hasard, mais de la nature humaine souillée. Si Job persiste dans sa prétendue innocence, il connaîtra le sort de l’insensé.

Il faut accepter le châtiment (v. 8-27). Après avoir enjoint à Job de cesser de se plaindre, Éliphaz lui propose ce qu’il considère comme la voie droite : reconnaître la souveraineté et la sagesse du Très-Haut dans ses œuvres et accepter humblement la punition qu’il inflige. Il est certain que ce changement d’attitude permettrait à son ami d’être restauré et béni. En d’autres mots, il lui dit que c’est son orgueil qui empêche Dieu de le délivrer.

Réfléchissons : Il n’y rien de faux dans les paroles d’Éliphaz. Elles sont simplement hors contexte, car Job n’a pas péché. Le Nouveau Testament nous invite à pleurer avec ceux qui pleurent et à ne pas soupçonner le mal. Lorsque la tragédie frappe, nous n’avons pas à condamner les victimes pour défendre Dieu. Au contraire, nous devons les accompagner sans les juger et les écouter avec compassion. Méfions-nous des formules toutes faites, qui causent parfois plus de mal que de bien à ceux que nous voulons aider.

Job 6.1-30

1 Job répondit :

2 Oh ! s’il était possible de peser ce qui m’irrite, Et si l’on mettait toutes mes calamités ensemble sur une balance,

3 Elles seraient maintenant plus pesantes que le sable de la mer : Voilà pourquoi mes paroles sont inconsidérées.

4 Car les flèches du Tout–Puissant m’ont percé, Et mon esprit en boit le venin ; Les terreurs de Dieu se rangent en bataille contre moi.

5 L’âne sauvage va–t–il braire auprès de l’herbe tendre ? Le bœuf mugit–il auprès de son fourrage ?

6 Peut–on manger ce qui est fade, sans sel ? Y a–t–il de la saveur dans le blanc d’un œuf

7 Ce que je refusais de toucher, C’est là ma nourriture, si dégoûtante soit–elle !

8 Puisse ma demande s’accomplir Et que Dieu réalise mon espoir !

9 Qu’il plaise à Dieu de m’écraser, Qu’il étende sa main et qu’il m’achève !

10 J’aurais encore cette consolation, Et je sauterais de joie, malgré ma douleur inexorable, C’est que je n’ai pas renié les paroles du Saint.

11 Quelle est ma force pour que j’attende ? Et quelle sera ma fin pour que je prolonge ma vie ?

12 Ma force est–elle une force de pierre ? Ma chair est–elle de bronze ?

13 Ne suis–je pas sans secours, Toute ressource n’est–elle pas bannie loin de moi ?

14 Celui qui souffre a droit à la bienveillance de son ami, Même quand il abandonnerait la crainte du Tout–Puissant.

15 Mes frères (m’)ont trahi comme un torrent, Comme le lit des torrents qui disparaissent.

16 Ils ont des eaux troubles à cause de la glace, La neige s’y cache ;

17 Au temps de la chaleur, ils tarissent, Aux feux du soleil, ils se dessèchent sur place.

18 Les caravanes se détournent de leur chemin, S’enfoncent dans le désert et périssent.

19 Les caravanes de Téma les fixent du regard, Les convois de Saba y comptent ;

20 Ils sont honteux d’avoir eu confiance, Ils restent confus quand ils arrivent.

21 C’est ce que vous êtes maintenant ; Vous voyez ma terreur, et vous avez de la crainte !

22 Vous ai–je dit : Donnez–moi quelque chose, Faites en ma faveur des présents avec vos biens,

23 Faites–moi échapper à la main de l’adversaire, Libérez–moi de la main des violents ?

24 Instruisez–moi, et je me tairai ; Faites–moi comprendre en quoi je me suis égaré.

25 Que les discours droits sont persuasifs ! Mais que prouvent vos reproches ?

26 Pensez–vous faire des reproches à (mes) propos, Et lancer au vent les discours d’un désespéré ?

27 Vous jetteriez le sort même sur un orphelin, Et vous donneriez en échange votre ami !

28 Et maintenant, veuillez vous tourner vers moi, Vous mentirais–je en face ?

29 Revenez, je vous en prie, ne soyez pas injustes ; Revenez, ma justice existe encore !

30 Y a–t–il de l’injustice sur ma langue, Et ma bouche ne discerne–t–elle pas les calamités ?

Le droit à la bienveillance de l’ami

Éliphaz a déclaré parler en son nom et en celui de ses deux compagnons (« nous », 5.27). Job leur répond en leur reprochant leur manque de compassion. Ne comprennent-ils pas que c’est le poids de sa douleur qui l’amène à gémir et à divaguer? Comment peuvent-ils l’accuser ainsi sans raison? N’aurait-il pas droit à leur amitié dans ce temps d’extrême détresse?

Une douleur insupportable (v. 1-10). Au lieu de critiquer les propos de Job, ses amis devraient considérer l’intensité des malheurs qui l’accablent. Ils comprendraient alors pourquoi il se plaint et en vient même à considérer la mort comme une délivrance. Contrairement à ce qu’Éliphaz a insinué, il pourrait ainsi quitter ce monde sans avoir offensé l’Éternel. Il aurait la satisfaction d’être demeuré fidèle à Dieu jusqu’au bout.

Un appel à la pitié (v. 11-30). Mais qu’est-ce que Job attend de ses amis? Il ne désire ni leurs biens pour s’enrichir ni leur secours pour repousser ses ennemis, mais simplement leur compassion. Leurs accusations, comme l’a fait auparavant leur silence, intensifient sa souffrance. Malgré sa déception, il essaie encore d’attendrir ses visiteurs. Tout homme dans la souffrance a droit à la pitié de ses amis même si cette souffrance résulte de sa désobéissance.

Interrogeons-nous : Dieu tient rigueur à ceux qui se réjouissent du malheur des autres. Comment réagissons-nous devant la souffrance? Nous donnons-nous la peine d’écouter et de consoler ceux qui souffrent, peu importe que nous connaissions ou ignorions la cause de leur malheur? Ou préférons-nous prendre nos distances par rapport à ceux qui sont éprouvés, leur indiquant ainsi – même si aucune parole malveillante ne sort de notre bouche – que nous les jugeons?

Job 7.1-21

1 Le sort de l’homme sur la terre n’est–il pas celui d’un soldat, Et ses jours ceux d’un salarié ?

2 Comme l’esclave soupire après l’ombre, Comme le salarié attend sa rémunération,

3 Ainsi j’ai pour héritage des mois de douleur, J’ai pour mon compte des nuits de peine.

4 Lorsque je me couche, je dis : Quand me lèverai–je ? Et (lorsque) le soir se prolonge, Alors je suis rassasié d’agitations jusqu’au point du jour,

5 Mon corps se couvre de vers et d’une croûte terreuse, Ma peau se crevasse et se décompose.

6 Mes jours sont plus rapides que la navette (du tisserand); Ils s’évanouissent : plus d’espérance !

7 Souviens–toi que ma vie est un souffle ! Mes yeux ne reverront pas le bonheur.

8 L’œil qui me regarde ne m’apercevra plus ; Tes yeux me chercheront, et je ne serai plus.

9 La nuée s’évanouit ; elle s’en va, Ainsi celui qui descend au séjour des morts ne remontera pas ;

10 Il ne reviendra plus dans sa maison, Et son domicile ne le reconnaîtra plus.

11 C’est pourquoi je ne retiendrai pas ma bouche, Je parlerai dans la détresse de mon esprit, Je me plaindrai dans l’amertume de mon âme.

12 Suis–je une mer, ou un monstre marin, Pour que tu établisses une garde autour de moi ?

13 Quand je dis : Mon lit me consolera, Ma couche calmera ma plainte,

14 Alors tu me terrifies par des songes, Tu m’épouvantes par des visions.

15 Je souhaiterais l’étranglement, (Oui) la mort plutôt que ces os !

16 Je (les) méprise !… je ne vivrai pas toujours… Laisse–moi, car mes jours ne sont que vanité.

17 Qu’est–ce que l’homme, pour que tu en fasses tant de cas, Pour que tu le prennes tellement à cœur,

18 Pour que tu le visites tous les matins, Pour que tu l’éprouves à tous les instants ?

19 Quand cesseras–tu d’avoir le regard sur moi ? Quand me laisseras–tu le temps d’avaler ma salive ?

20 (Si) j’ai péché, qu’ai–je pu te faire, gardien des hommes ? Pourquoi m’as–tu pris pour cible ? Pourquoi suis–je à charge à moi–même ?

21 Que n’enlèves–tu mon crime, Et ne laisses–tu passer ma faute ? Car maintenant je vais me coucher dans la poussière ; Tu me chercheras, et je ne serai plus.

Pourquoi?

Puisque ses amis ne savent que répondre à son appel (6.24-30), Job reprend sa plainte. S’il comprend bien la destinée humaine et la part de souffrance qui revient à chacun, il ne saisit pas pourquoi son malheur atteint une telle intensité : il souffre cruellement depuis plusieurs mois, et sa douleur perturbe toutes ses nuits.

Je suis désespéré (v. 1-10). La souffrance qui ravage le pieux Job ne date pas seulement de quelques jours; son agonie dure depuis plusieurs mois. Job est persuadé maintenant qu’il ne s’en sortira pas, que sa vie s’évanouit peu à peu. Bien qu’il ne le précise pas, c’est à Dieu qu’il adresse sa prière (v. 7-10), même s’il croit qu’il est trop tard pour que le Seigneur intervienne en sa faveur.

Je n’en peux plus (v. 11-21). C’est donc le désespoir qui s’empare de Job. Il ne comprend pas pourquoi Dieu s’acharne ainsi contre lui. Il ne trouve ni repos ni répit. Il se sent attaqué comme s’il était un être

dangereux. Il n’a plus qu’un désir, que Dieu le laisse tranquille, qu’il le laisse mourir en paix. Qu’a-t-il fait pour mériter tant de souffrance? Dieu ne pourrait-il pardonner ses fautes réelles ou prétendues (v. 21)?

Méditons : Si Job avait connu le plan de salut de Dieu tel que l’Évangile nous le révèle, son attitude aurait été différente. Ainsi, si intenses et si longues que soient les épreuves que nous traversons, nous avons un avantage sur Job. En effet, le Nouveau Testament nous explique que la souffrance est une grâce et un don, car elle nous rapproche de notre Sauveur et nous prépare un avenir glorieux (2 Co 4.17). Nous avons donc la perspective de l’éternité, ce que Job n’avait pas encore.

Oui, Seigneur, lorsque nous sommes dans la souffrance, tu es notre espérance!

Job 8.1-22

1 Bildad de Chouah prit la parole et dit :

2 Jusques à quand tiendras–tu ces propos, Et les discours de ta bouche seront–ils un vent impétueux ?

3 Dieu fausserait–il le droit ? Le Tout–Puissant fausserait–il la justice ?

4 Si tes fils ont péché contre lui, Il les a livrés à leur crime.

5 Mais toi, si tu recherches Dieu, Si tu implores la grâce du Tout–Puissant,

6 Si tu es sans reproche et droit, Certainement alors il veillera sur toi Et rétablira ta demeure qui abritera ta justice ;

7 Ta première condition semblera peu de chose, Celle qui viendra par la suite sera bien plus grande.

8 Interroge donc ceux de la génération précédente, Sois attentif à l’expérience de leurs pères.

9 Car nous sommes d’hier, et nous ne savons rien, Nos jours sur la terre ne sont qu’une ombre.

10 Eux, ne t’instruiront–ils pas ? Ils te le diront, Ils tireront de leur cœur ces propos :

11 Le jonc pousse–t–il sans un marais ? Le papyrus peut–il croître sans eau ?

12 Encore vert et sans qu’on le coupe, Il sèche plus vite que toutes les herbes.

13 Ainsi arrive–t–il à tous ceux qui oublient Dieu, Et l’espérance de l’impie périra.

14 Son assurance est brisée, Sa confiance est dans une toile d’araignée.

15 Il s’appuie sur sa maison, elle ne tient pas ; Il s’y cramponne, mais elle ne subsiste pas.

16 Riche de sève, en plein soleil, Il étend ses rameaux sur son jardin,

17 Ses racines s’entrelacent dans un tas de cailloux ; Il contemple une maison de pierres.

18 L’arrache–t–on de son domicile, Celui–ci le renie : Je ne t’ai jamais vu !

19 Telles sont les délices de sa destinée. Puis de (cette même) poussière, d’autres germeront.

20 Non, Dieu ne rejette pas l’homme intègre, Et il n’affermit pas la main de ceux qui font le mal.

21 Bientôt il remplira ta bouche de cris de joie, Et tes lèvres d’acclamations.

22 Ceux qui te haïssent seront revêtus de honte. La tente des méchants disparaîtra.

Le poids de la tradition

Éliphaz s’appuie sur une révélation pour exhorter Job à avouer ses fautes; Bildad, lui, se réclame de la tradition. Il manifeste un peu de retenue dans ses propos en se limitant à la question de la justice divine; toutefois, il a l’audace cruelle d’insinuer que les enfants de Job ont provoqué leur propre mort par leurs péchés.

Une opinion sans nuance (v. 1-7). Bildad préfère ignorer les appels à la compassion de Job pour se porter à la défense de la justice de Dieu. Puisque Dieu est juste, la mort des fils de Job est forcément justifiée : ils ont dû commettre un crime pour mériter un tel sort! Le souffle que le malheureux père a encore doit donc lui servir à implorer la miséricorde de Dieu et non à mettre en doute sa justice. Et comme Éliphaz, Bildad souligne la récompense extraordinaire qui résulterait d’un changement d’attitude.

La sagesse des pères (v. 8-22). La sagesse séculaire n’enseigne-t-elle pas que le mal finit par être puni, et le bien, par être récompensé? L’expérience ne démontre-t-elle pas que même si les méchants prospèrent, leur vie est sans consistance et que, tôt ou tard, le châtiment les atteint? Non, Dieu ne rejette pas l’homme intègre et ne protège pas le méchant. Bildad termine son discours par un mot d’encouragement

assorti d’un avertissement : si Job se repent, Dieu le bénira; par contre, s’il persiste dans sa rébellion, l’Éternel le fera disparaître.

Veillons : Le principe du mal puni et du bien récompensé est omniprésent dans la Bible, mais il ne suffit pas à tout expliquer. Par exemple, personne ne sait ce qui a provoqué les épreuves qui atteignent Job. Aussi, en appliquant ce principe à sa vie, ses amis pèchent-ils tout en prétendant défendre la justice et la vérité. Lorsque le malheur frappe autour de nous, soyons prudents dans nos jugements.

Job 9.1-35

1 Job répondit :

2 En vérité, je reconnais qu’il en est ainsi ; Comment l’homme serait–il juste devant Dieu ?

3 S’il voulait discuter avec lui, Il ne pourrait lui donner une seule réponse sur mille.

4 A lui la sagesse et la toute–puissance : Qui lui résisterait impunément ?

5 Il déplace les montagnes sans qu’elles le sachent, Il les bouleverse dans sa colère.

6 Il fait trembler la terre sur sa base, Et ses colonnes sont ébranlées.

7 Il parle au soleil, et le soleil ne paraît pas ; Il appose un sceau sur les étoiles.

8 Seul, il étend les cieux, Il marche sur les hauteurs de la mer.

9 Il a fait la Grande Ourse, Orion et les Pléiades, Et les constellations du Sud.

10 Il fait des choses grandes et insondables, Des merveilles sans nombre.

11 Voici qu’il passe près de moi, et je ne le vois pas, Qu’il disparaît, et je ne le comprends pas.

12 Qui ramènera ce qu’il arrache ? Qui lui dira : Que fais–tu ?

13 Dieu ne retire pas sa colère ; Devant lui s’effondrent les appuis de l’orgueilleux.

14 Et moi, comment lui répondre ? Quelles paroles choisir devant lui ?

15 Quand je serais juste, je ne répondrais pas ; J’implorerais la grâce de mon juge.

16 Si j’appelais et qu’il me réponde, Je ne croirais pas qu’il ait prêté l’oreille à ma voix,

17 Lui qui m’assaille (comme) par une tempête, Qui multiplie sans raison mes blessures,

18 Qui ne me laisse pas reprendre mon souffle, Car il me rassasie d’amertume.

19 Si (je recours) à la force : c’est lui qui est puissant. Si c’est au droit : qui me fera comparaître ?

20 Si j’étais juste, ma bouche me condamnerait ; Intègre, elle me donnerait tort.

21 Suis–je intègre ? Je ne le sais pas moi–même ? Je méprise ma vie.

22 Qu’importe après tout ? C’est pourquoi je le dis : Il extermine l’homme intègre aussi bien que le méchant.

23 Si du moins un fléau donnait soudain la mort ! Mais il se rit de l’épreuve des innocents.

24 La terre est livrée aux mains des méchants ; Il voile la face des juges. Si ce n’est pas lui, qui est–ce donc ?

25 Mes jours sont plus rapides qu’un coureur ; Ils prennent la fuite sans avoir vu le bonheur ;

26 Ils passent comme les navires de jonc, Comme l’aigle qui fond sur sa proie.

27 Si je dis : Je veux oublier ma plainte, Laisser ma tristesse, reprendre courage,

28 Je suis effrayé de toutes mes peines. Je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.

29 C’est moi qui serai le coupable ! Pourquoi me fatiguer en vain ?

30 Si je me lavais dans la neige, Si je me nettoyais les mains avec du savon,

31 Tu me plongerais dans la fosse, Et mes vêtements m’auraient en horreur.

32 Il n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, Pour que nous allions ensemble en justice.

33 Il n’y a pas entre nous d’arbitre, Qui pose sa main sur nous deux.

34 Qu’il écarte son bâton de dessus moi, Que sa terreur ne me trouble plus ;

35 Alors je parlerai et je ne le craindrai pas. Autrement, je ne suis pas moi–même.

Le problème du mal

La réponse de Job vise aussi bien Éliphaz que Bildad. Le malheureux ne cherche pas à remettre en cause la justice de Dieu, mais à comprendre ce qui lui arrive. Personne ne peut lui faire de leçon sur la grandeur de Dieu; toutefois, c’est précisément cette majesté qui lui semble être un obstacle dans sa relation avec l’Éternel.

Le droit du plus fort? (v. 1-12) Job reconnaît sans difficulté que Dieu est juste et que l’homme ne peut paraître juste devant lui. De plus, il sait qu’aucun être humain ne peut accomplir les grandes œuvres qu’il a exécutées. Mais cette sagesse infinie et cette toute-puissance sont précisément ce qui le tourmente. Job ne peut pas avouer des fautes qu’il n’a pas commises pour préserver la justice de Dieu. Or ses malheurs prouvent, selon les arguments de ses amis, que Dieu le considère comme coupable.

Une cause désespérée! (v. 13-35) Dieu serait tout-puissant, mais sans cœur, puisqu’il tolère la souffrance de l’innocent… Le discours de Job touche à la révolte. La partie est inégale entre Dieu et lui, et même s’il comparaissait devant l’Éternel, il serait trop intimidé par la grandeur divine pour pouvoir se défendre. Au moins s’il y avait un intermédiaire, un arbitre entre eux! C’est Jésus-Christ, Vrai Dieu et Vrai Homme, qui exaucera son désir. En lui, Dieu révélera qu’il déteste le mal et qu’il peut l’anéantir.

Persévérons : Quel réconfort pour Job s’il avait connu l’Évangile! Il aurait su que son Seigneur avait souffert le premier pour sauver le plus grand nombre! Combien son épreuve, comparée au sacrifice du Fils bien-aimé, lui aurait paru légère! Nous qui avons l’Évangile, même si nous ignorons encore l’origine du mal, nous savons par la foi que Dieu l’a vaincu définitivement et parfaitement à la croix du Calvaire.

Job 10.1-22

1 Mon âme est dégoûtée de la vie ! Je laisserai (s’exprimer) ma plainte sur mon sort, Je parlerai dans l’amertume de mon âme.

2 Je dis à Dieu : Ne me condamne pas ! Fais–moi connaître pourquoi tu me prends à partie !

3 Te paraît–il bien d’exercer l’oppression, De repousser l’ouvrage de tes mains Et de faire briller ta lumière sur le conseil des méchants ?

4 As–tu des yeux de chair, Vois–tu comme voit un mortel ?

5 Tes jours sont–ils comme les jours d’un mortel, Et tes années comme les jours de l’homme,

6 Pour que tu recherches ma faute, Pour que tu t’enquières de mon péché,

7 Sachant bien que je ne suis pas condamnable, Et que nul ne délivre de ta main ?

8 Tes mains m’ont façonné, elles m’ont fait Tout entier… Et tu me détruirais !

9 Souviens–toi que tu m’as fait comme (avec) de l’argile ; Voudrais–tu me faire retourner à la poussière ?

10 Ne m’as–tu pas coulé comme du lait ? Ne m’as–tu pas caillé comme du fromage ?

11 Tu m’as revêtu de peau et de chair, Tu m’as tissé d’os et de nerfs ;

12 Tu m’as accordé la vie et la bienveillance, Tes soins m’ont conservé le souffle.

13 Mais voici ce que tu réservais dans ton cœur, Je sais ce qui était dans ta pensée :

14 Si je pèche, tu m’observes, Et tu ne me tiens pas pour innocent de ma faute.

15 Si je suis condamnable, malheur à moi ! Si je suis juste, je n’ose lever la tête, Rassasié de mépris et absorbé dans ma misère.

16 Et si j’ose la redresser, tu me pourchasses comme un lion, Tu me frappes encore par des miracles,

17 Tu m’opposes de nouveaux témoins, Ton irritation contre moi augmente, Une armée prend la relève pour m’assaillir.

18 Pourquoi m’as–tu fait sortir du sein maternel ? J’aurais expiré, aucun œil ne m’aurait vu ;

19 Je serais comme si je n’avais pas existé, Et j’aurais été porté du ventre (de ma mère) à la tombe.

20 Mes jours ne sont–ils pas en petit nombre ? Qu’il (me) laisse ! Qu’il se retire de moi, et que je reprenne un peu courage,

21 Avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, Dans le pays des ténèbres et de l’ombre de la mort,

22 Pays de ténèbres profondes comme l’obscurité, L’ombre de la mort, où (règne) le désordre, Et où la lumière est comme l’obscurité !

Pourquoi moi?

Une question lancinante obsède Job : pourquoi Dieu s’en prend-il à lui d’une façon qui lui semble être tout à fait illogique? Les interventions de ses amis n’ont fait qu’accentuer son idée : pourquoi Dieu s’acharne-t-il à le détruire, lui qui est pourtant sa créature et dont il connaît l’innocence?

Le dégoût de la vie (v. 1-12). En condamnant l’innocent à la souffrance, Dieu ne donne-t-il pas raison aux méchants? Pourtant, il n’est pas limité par une perspective humaine et trompeuse pour agir ainsi (v. 4). Ou si Dieu n’avait que quelques jours à vivre, son empressement à tourmenter Job se comprendrait (v. 5-6). Comment donc peut-il éprouver durement l’innocent (v. 7)? Pourquoi avoir mis tant de soins à façonner l’homme si c’est pour l’anéantir?

Un destin piégé (v. 13-22). Job poursuit sa pensée. Dieu aurait-il eu depuis toujours l’intention de le frapper? Dans ces conditions, n’aurait-il pas été préférable qu’il ne voit pas le jour? Mais le passé ne peut plus être changé; il ne reste que l’avenir. Or l’avenir est trop court. Job ne peut que désespérer...

Réfléchissons : Si Job appelle la mort, il ne parle pas de la provoquer. Bien sûr, sa douleur le pousse à contester la justice de Dieu et sa bienveillance, mais son attitude demeure respectueuse. Il ne cherche pas à se venger de Dieu ou de ses amis. Il laisse seulement libre cours à sa plainte (v. 1). Lorsque les malheurs s’accumulent, il est facile de penser que Dieu nous en veut ou nous garde à distance. Mais Dieu a promis de ne jamais nous abandonner.

Seigneur, que de fois j’ai contesté! Merci de ne m’avoir jamais rejeté et de m’écouter toujours avec le même amour et la même bienveillance. Merci de ne pas changer!

Job 11.1-20

1 Tsophar de Naama prit la parole et dit :

2 Cette multitude de paroles ne trouvera–t–elle pas de réponse, Et suffira–t–il d’être loquace pour avoir raison ?

3 Tes bavardages feront–ils taire les gens ? Te moques–tu, sans que personne te confonde ?

4 Tu dis : Mon savoir est sans reproche, Et je suis pur à tes yeux.

5 Oh ! si Dieu voulait parler, S’il ouvrait les lèvres devant toi,

6 Et s’il t’annonçait les secrets de sa sagesse, Qui dépasse la raison, Tu saurais alors que Dieu, pour toi, laisse dans l’oubli une partie de ta faute.

7 Peux–tu découvrir les profondeurs de Dieu, Ou découvrir ce qui touche à la perfection du Tout–Puissant ?

8 Elle est aussi haute que les cieux : que feras–tu ? Plus profonde que le séjour des morts : que sauras–tu ?

9 La mesure en est plus longue que la terre, Elle est plus large que la mer.

10 S’il passe, s’il emprisonne, S’il convoque (à son tribunal), qui s’y opposera ?

11 Car il connaît les hommes de rien, Il voit l’injustice sans avoir besoin d’y faire attention.

12 Mais l’homme a l’intelligence d’une tête creuse, L’être humain est né comme le petit d’un âne sauvage.

13 Pour toi, si tu diriges ton cœur Et si tu étends tes mains vers Dieu,

14 Si tu éloignes l’injustice de ta main Et ne laisses pas demeurer l’iniquité sous tes tentes,

15 Alors tu lèveras ton front sans tache, Tu seras ferme et sans crainte ;

16 Car tu oublieras ta peine, Tu t’en souviendras comme des eaux qui se sont écoulées.

17 Ton existence se lèvera plus brillante que le midi, Les ténèbres seront comme le matin,

18 Tu seras plein de confiance, car il y aura de l’espérance ; Tu regarderas autour de toi et tu te coucheras en sécurité.

19 Tu t’étendras, et personne ne te dérangera, Beaucoup imploreront ta faveur.

20 Mais les yeux des méchants seront consumés ; Pour eux point de refuge ; Leur espérance, c’est d’expirer !

Mise en accusation

Jusqu’ici, les amis de Job n’ont fait qu’insinuer qu’il est coupable, mais voici que Tsophar dévoile clairement leur pensée. Cet homme – qui est sans doute le plus jeune des trois visiteurs, puisqu’il s’exprime en dernier –, part en croisade contre le malheureux Job. Il considère que la plainte de son ami n’est pas autre chose qu’une rébellion.

Pour qui Job se prend-il? (v. 1-12) Probablement qu’au début, Tsophar a été sensible aux arguments de Job, mais il se reprend maintenant et accuse son ami de vouloir triompher par le bavardage, de se prétendre juste devant Dieu et de se croire très intelligent. Il suffirait que Dieu intervienne pour que Job se rende compte que le Seigneur l’a quand même épargné (v. 6). Ce n’est pas Job qui connaît Dieu, mais Dieu qui connaît Job. Et ce n’est pas par caprice que Dieu agit, il a toujours un but moral (v. 10-11).

Il n’y a qu’une seule solution! (v. 13-20) En fait, la réhabilitation de Job ne dépend que de son attitude. S’il revient à de meilleurs sentiments, alors de nouvelles bénédictions lui feront oublier tous ses malheurs. Comme Bildad, Tsophar prend soin de terminer son discours par un avertissement (v. 20; comparer à 8.22).

Veillons : Tsophar n’ajoute rien de vraiment nouveau à la discussion. Il répète à peu près ce que les autres ont déjà dit : ce sont les péchés de Job qui ont provoqué son malheur, et c’est son attitude rebelle qui l’y maintient. Cependant, son intervention cause un peu plus de chagrin à Job, lui qui espérait plutôt de la bienveillance de la part de ses amis.

Nous sommes souvent portés à juger sévèrement ceux qui expriment librement leur souffrance comme si nous devions défendre Dieu. À l’image de notre Seigneur, soyons compatissants envers les malheureux.

Job 12.1-25

1 Job répondit :

2 On dirait, en vérité, que le genre humain c’est vous, Et qu’avec vous doit mourir la sagesse.

3 J’ai tout aussi bien que vous de l’intelligence, moi, Je ne vous suis pas inférieur. Et qui ne saurait pas des choses comme celles–ci ?

4 Je suis quelqu’un qui est un objet de raillerie pour son ami, Quand il invoque Dieu pour qu’il lui réponde ; Le juste, l’homme intègre, un objet de raillerie !

5 Au malheur le mépris ! c’est l’opinion de ceux qui ont une vie tranquille ; C’est un coup pour ceux dont le pied chancelle.

6 Il y a insouciance sous la tente des pillards, Sécurité pour ceux qui offensent Dieu Pour quiconque se fait un dieu de sa force.

7 Mais interroge donc les bêtes, elles t’instruiront, Les oiseaux du ciel, ils te le révéleront ;

8 Médite au sujet de la terre, elle t’instruira ; Et les poissons de la mer te le raconteront.

9 Qui ne reconnaît chez eux la preuve Que la main de l’Éternel a fait tout cela ?

10 Il tient dans sa main l’âme de tout ce qui vit, Le souffle de toute chair d’homme.

11 L’oreille ne discerne–t–elle pas les propos, Comme le palais goûte la nourriture ?

12 Chez les vieillards se trouve la sagesse, Et dans une longue vie l’intelligence.

13 En Dieu résident la sagesse et la puissance. A lui le conseil et l’intelligence.

14 S’il détruit, on ne peut rebâtir ; S’il enferme un homme, on ne peut ouvrir.

15 S’il retient les eaux, tout se dessèche ; S’il les lâche, elles bouleversent la terre.

16 En lui, la force et la raison ; A lui celui qui s’égare ou fait égarer les autres.

17 Il emmène captifs les conseillers ; Il trouble la raison des juges.

18 Il libère du despotisme des rois ; Il leur met une ceinture autour des reins.

19 Il emmène captifs les sacrificateurs ; Il renverse les autorités les plus stables.

20 Il ôte la parole à ceux qui ont le plus d’assurance ; Il enlève le discernement aux vieillards.

21 Il verse le mépris sur les nobles ; Il relâche le ceinturon des forts.

22 Il met à découvert les profondeurs des ténèbres, Il amène à la lumière l’ombre de la mort.

23 Il donne de l’accroissement aux nations et il les fait périr ; Il étend au loin les nations et il les ramène.

24 Il enlève l’intelligence aux chefs des peuples, Il les fait errer dans les déserts sans chemin

25 Et tâtonner dans les ténèbres, sans lumière : Il les fait errer comme des gens ivres.

Au malheur, le mépris!

Le malheureux ne mérite qu’un complet mépris! Voilà la conclusion qui découle du raisonnement des trois visiteurs. Toutefois, Job se moque de leur prétendue science et leur reproche amèrement d’en faire un usage cruel. Il connaît aussi bien qu’eux les perfections de Dieu et peut même en parler avec plus d’éloquence qu’eux.

Une théologie du monde (v. 1-12). Les amis de Job l’insultent avec leur sagesse, qui, en fait, est celle du monde. De plus, l’usage qu’ils en font les rend durs envers ceux qui souffrent. Enfin, ils se trompent de personne, car c’est aux pillards, aux impies et à ceux qui ne reconnaissent d’autre dieu que leur force (v. 6) qu’ils devraient adresser

leurs sermons. De toute façon, la création et les animaux possèdent déjà la théologie qu’ils défendent (v. 7-12).

Un Dieu tout-puissant et sage (v. 13-25). Les affirmations du patriarche démontrent qu’il n’a pas de leçons à recevoir de ses amis au sujet de la puissance et de la sagesse de Dieu. Il souligne ici surtout celles que l’Éternel démontre dans le gouvernement des individus et des peuples. Sa souveraineté est sans limites : il peut confondre les plus forts et les plus intelligents.

Réfléchissons : Job et ses amis semblent partager la même conception élevée de la souveraineté de Dieu sur sa création; leur divergence d’opinions se situe plutôt dans la façon d’appliquer la toute-puissance divine aux circonstances. En effet, si les trois visiteurs adoptent une règle simpliste pour condamner leur ami innocent, Job, quant à lui, ne conteste pas la souveraineté divine, mais il exprime son désarroi devant le malheur qui l’accable et il cherche à comprendre. Il refuse de cacher la vérité pour se soumettre à quelque principe général et continue à protester de son innocence.

Job 13.1-28

1 Oui, mon œil a vu tout cela. Mon oreille l’a entendu et l’a compris.

2 Ce que vous savez, je le sais moi aussi, Je ne vous suis pas inférieur.

3 Mais moi je vais parler au Tout–Puissant, Je veux défendre ma cause devant Dieu,

4 Car vous, vous accumulez la fausseté, Vous êtes tous des médecins de néant.

5 Que n’avez–vous gardé le silence ? C’aurait été pour vous la sagesse.

6 Écoutez, je vous prie, ma défense Et soyez attentifs au plaidoyer de mes lèvres.

7 Direz–vous en faveur de Dieu ce qui est injuste, Et pour lui, direz–vous ce qui est faux ?

8 Voulez–vous avoir égard à sa personne ? Voulez–vous plaider pour Dieu ?

9 (Trouvera–t–il) du bien, quand il vous sondera ? Ou le tromperez–vous comme on trompe un homme ?

10 Certainement il vous fera des reproches, Si vous n’agissez en secret que par égard pour sa personne.

11 Sa majesté ne vous épouvantera–t–elle pas ? Sa terreur ne tombera–t–elle pas sur vous ?

12 Ce que vous rappelez, ce sont des maximes de cendre. Vos protections ne sont que des protections d’argile.

13 Taisez–vous, laissez–moi ! C’est moi qui veux parler ! Il m’en arrivera ce qu’il pourra.

14 Pourquoi saisirais–je ma chair entre les dents Et mettrais–je ma vie dans ma main ?

15 Même s’il voulait me tuer, je m’attendrais à lui ; Oui, devant lui je défendrais ma conduite.

16 Cela même peut m’être salutaire, Car un impie n’ose paraître en sa présence.

17 Écoutez, écoutez mon propos : Que mon explication (parvienne) à vos oreilles.

18 Voici que je veux présenter mon droit ; Je sais que c’est moi qui ai raison.

19 Qui voudrait me faire un procès ? Dès maintenant, je me tairais et j’expirerais.

20 Seulement, concède–moi deux choses, Et je ne me cacherai pas loin de ta face :

21 Éloigne ta main de dessus moi. Et que ta terreur ne m’épouvante plus,

22 Puis appelle, et je prendrai la parole, Ou bien je parlerai, et tu me répondras.

23 Quel est le nombre de mes fautes et de mes péchés ? Fais–moi connaître mon crime et mon péché.

24 Pourquoi caches–tu ta face Et me prends–tu pour ton ennemi ?

25 Veux–tu faire trembler une feuille agitée ? Veux–tu poursuivre une paille desséchée ?

26 Car tu écris contre moi des (paroles) amères, Tu me rends responsable des fautes de ma jeunesse.

27 Tu veux mettre mes pieds dans les entraves, Surveiller tous mes mouvements, Tracer une limite à mes pas.

28 Et (mon corps) tombe en pourriture, Comme un vêtement que dévore la teigne.

Devant Dieu

Ce que Job vient d’affirmer sur la puissance et la sagesse de Dieu ne l’empêche pas de vouloir défendre son droit. Ses amis doivent avoir la décence de le laisser parler, car leur prétendue sagesse pourrait se

retourner contre eux. Job en vient au sujet qui lui tient à cœur : il veut plaider sa cause devant Dieu.

Dans la vérité (v. 1-19). Tout d’abord, Job met en garde ses amis contre une tentation grave, celle de tordre la vérité afin de justifier Dieu. Comment l’Éternel pourrait-il approuver une telle conduite? D’ailleurs, Dieu a-t-il besoin de leur sagesse pour se défendre? De plus, si Job était impie comme ils l’accusent, comment oserait-il paraître devant Dieu? Il les enjoint donc de se taire pendant qu’il présente sa cause à Dieu, reconnaissant toutefois les risques qu’il coure en agissant ainsi (v. 14-15).

Double condition (v. 20-28). Puis, Job se rend compte qu’il doit demander une double grâce à Dieu avant de continuer : un répit dans ses souffrances et le maintien de sa présence d’esprit. Comme Dieu ne répond pas, Job commence son plaidoyer. Il ne prétend pas être sans péché, mais il voudrait bien savoir lesquelles de ses fautes sont la cause de ses malheurs. S’il s’agit d’erreurs de jeunesse, il ne comprend pas que Dieu ne les lui ait pas déjà pardonnées. Pourquoi l’état misérable où il est réduit n’inspire-t-il pas la miséricorde divine?

Persévérons : Nous aussi nous pensons que Dieu nous cache sa face quand nos difficultés se multiplient et qu’aucune issue n’apparaît à l’horizon. Nous aussi nous aimerions savoir pourquoi nous sommes si éprouvés. Lorsque nous souffrons, souvenons-nous que Dieu n’a jamais changé d’idée à propos de Job et qu’il l’a toujours considéré comme intègre et droit (1.8; 2.3 et 42.8).

Job 14.1-22

1 L’homme né de la femme ! Sa vie est courte, il est saturé d’agitation.

2 Il a poussé comme une fleur et il est coupé. Il prend la fuite comme une ombre et ne s’arrête pas.

3 C’est sur lui que tu as l’œil ouvert ! Et tu me fais aller en justice avec toi !

4 Qui fera sortir le pur de l’impur ? Personne.

5 Si par toi ses jours sont fixés –– le nombre de ses mois, Si tu en as marqué le terme qu’il ne saurait franchir,

6 Détourne de lui les regards, et qu’il fasse une pause, Pour qu’il ait au moins le plaisir du salarié à la fin de sa journée.

7 Pour un arbre, il y a une espérance : Si on le coupe, il repousse, Ses rejetons ne manqueront pas ;

8 Si sa racine vieillit dans la terre, Si son tronc meurt dans la poussière,

9 Il refleurit à l’approche de l’eau, Il produit des rameaux comme une jeune plante.

10 Mais l’homme meurt et il perd sa force ; L’être humain expire ; où est–il alors ?

11 Les eaux de la mer peuvent se retirer, Les fleuves tarissent et se dessèchent ;

12 Ainsi l’homme se couche et ne se relèvera plus, Il ne se réveillera pas avant que les cieux disparaissent, Il ne sortira pas de son sommeil.

13 Oh ! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, M’y tenir au secret jusqu’à ce que ta colère s’apaise, Et me fixer un terme pour que tu te souviennes de moi !

14 Si l’homme une fois mort pourait revivre, Je serais dans l’attente tous les jours de mon service, Jusqu’à ce que vienne ma relève.

15 Tu appellerais alors, et moi je te répondrais, Tu languirais après l’œuvre de tes mains.

16 Mais maintenant tu comptes mes pas. N’observes–tu pas mon péché ?

17 Mon crime est scellé dans un sac, Et tu ravives ma faute.

18 Mais la montagne tombe et se disloque, Le rocher se déplace,

19 Les eaux usent les pierres, Et la terre est emportée par leur courant ; Ainsi tu fais périr l’espérance de l’homme.

20 Tu es sans cesse à l’assaillir, et il s’en va ; Tu le défigures, puis tu le renvoies.

21 Ses fils sont–ils honorés, il n’en sait rien ; Sont–ils dans l’abaissement, il ne s’en aperçoit pas.

22 C’est dans sa chair à lui qu’il souffre, C’est son âme à lui qui est en deuil.

La condition humaine

Job se plaint maintenant de la condition humaine en général et de la sienne en particulier. La mort empêche la vie présente, qui est pleine d’injustices, d’apporter une quelconque compensation à l’être humain. Si l’homme ne renaît pas comme les arbres et les plantes, qui meurent et repoussent, pourquoi lui infliger des souffrances?

La brièveté de la vie (v. 1-12). La vie est si courte, alors pourquoi a-t-elle tant d’importance aux yeux de Dieu (v. 1-2)? Comment l’Éternel peut-il exiger la sainteté d’un être qui a hérité le germe du péché de ses parents (v. 4)? La brièveté de la vie et la nature corrompue de l’homme devraient inciter Dieu à être indulgent à l’égard de sa créature. Mais cette pensée entraîne Job vers une autre aspiration...

L’incertitude de la destinée humaine (v. 13-22). S’il y avait après la mort une autre vie qui permettrait de jouir de la faveur divine et, surtout, si cette espérance était sûre, Job pourrait supporter ses douleurs. Cependant, la réalité est tout autre. Si ce qu’il y a de plus solide dans la nature disparaît (v. 18-20), alors encore bien plus l’homme.

Réfléchissons : Job aborde ici la question fondamentale de la destinée humaine. S’il n’y a pas d’autre vie après celle-ci, comment expliquer toutes les souffrances et toutes les injustices que l’être humain endure? Comment comprendre qu’un grand nombre de personnes restent prisonnières de leur misère toute leur vie sans connaître la délivrance? L’apôtre Paul aussi s’est posé ces questions, comme le montre la déclaration suivante : « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes. » (1 Co 15.19). Job, plus de mille ans avant la venue de Christ, a saisi la nécessité d’une autre vie après celle-ci.

Job 15.1-35

1 Éliphaz de Témân prit la parole et dit :

2 Le sage répond–il par un savoir (qui n’est que) du vent ? Se gonfle–t–il la poitrine de la brise d’orient ?

3 Est–ce par d’inutiles paroles qu’il se défend ? Est–ce par des propos qui ne servent à rien ?

4 Toi, tu détruis même la piété Et tu supprimes toute méditation devant Dieu.

5 Car, c’est ta faute qui dirige ta bouche, Et tu choisis le langage des (hommes) rusés.

6 Ce n’est pas moi, c’est ta bouche qui te condamne. Ce sont tes lèvres qui déposent contre toi.

7 Es–tu né le premier des êtres humains ? As–tu été mis au monde avant les collines ?

8 As–tu écouté les secrets de Dieu ? As–tu subtilisé la sagesse à ton profit ?

9 Que sais–tu que nous ne sachions pas ? Quelle compréhension as–tu que nous n’ayons pas ?

10 Il y a parmi nous des cheveux blancs, des vieillards, Plus riches de jours que ton père.

11 Tiens–tu pour peu de chose les consolations de Dieu, Et la parole qu’on t’adresse avec douceur…?

12 Comme ton cœur t’entraîne, Et comme tes yeux se mettent à cligner !

13 Car c’est contre Dieu que tu tournes ta colère Et que tu profères de ta bouche de (tels) propos !

14 Qu’est–ce qu’un homme, pour qu’il soit pur ? Et celui qui est né de la femme pour qu’il soit juste ?

15 Si (Dieu) n’a pas confiance en ses saints, Si les cieux ne sont pas purs devant lui,

16 Combien moins l’être horrible et corrompu, L’homme qui boit l’iniquité comme l’eau !

17 Je vais t’expliquer, écoute–moi ! Je raconterai ce que j’ai vu,

18 Ce que les sages ont annoncé, Ce qu’ils n’ont pas dissimulé (et qui venait) de leurs pères.

19 C’est à eux seuls que la terre avait été donnée, Et parmi eux nul étranger n’était encore passé.

20 Le méchant passe dans le tourment tous les jours de sa vie, Le nombre des années réservées à (l’homme) violent.

21 Un bruit qui fait peur retentit à ses oreilles : Au sein de la paix, le dévastateur va survenir sur lui ;

22 Il ne croit pas pouvoir échapper aux ténèbres, L’épée le guette ;

23 Il vagabonde pour chercher du pain, Il sait que le jour des ténèbres l’attend.

24 La détresse et l’angoisse l’épouvantent. Elles l’assaillent comme un roi prêt à l’attaque ;

25 Car il a tendu sa main contre Dieu, Il a bravé le Tout–Puissant,

26 Il a eu l’audace de courir à lui Sous le dos épais de ses boucliers.

27 Il avait le visage couvert de graisse, Les flancs chargés d’embonpoint ;

28 Mais il demeurera dans des villes détruites, Dans des maisons inhabitées, Sur le point de tomber en ruines.

29 Il ne s’enrichira plus, sa fortune ne se relèvera pas, Sa prospérité ne s’étendra plus sur la terre.

30 Il ne pourra s’écarter des ténèbres, La flamme desséchera ses rejetons, Et (Dieu) l’écartera pas le souffle de sa bouche.

31 Qu’il ne croie pas au néant ! Il se tromperait. Car le néant lui sera donné en échange.

32 Cela s’accomplira avant (le terme de) ses jours. Et son rameau ne verdira plus.

33 Il se dépouillera comme une vigne de ses fruits encore verts, Comme un olivier, il fera tomber ses fleurs.

34 La famille de l’impie deviendra stérile, Et le feu dévorera les tentes de l’homme vénal.

35 Concevoir le mal, c’est enfanter le malheur, Et c’est avoir le sein disposé à la ruse.

La tension monte!

Puisque Job a repoussé leurs insinuations, ses amis pensent avoir le droit de l’accabler ouvertement. Ne leur a-t-il pas fourni par ses propres paroles la preuve de son impiété? Ils ne se demandent pas si Job aurait parlé différemment s’ils avaient démontré de la compassion. Ils s’imaginent que le malheureux a toujours nourri ces sentiments à l’égard de Dieu.

Sévérité (v. 1-16). Selon Éliphaz, Job a prononcé des paroles vaines (v. 2-3), dangereuses (v. 4-6), prétentieuses (v. 7-11) et emportées (v. 12-16). Aussi se croit-il autorisé à employer un ton plus direct avec son ami. Vexé que Job rejette sa sagesse et celle de ses compagnons, il prétend que son ami croit avoir la science infuse et s’estime plus avisé que tout le monde. Il déclare même que la prétention insolente de Job est presque un blasphème.

Intimidation (v. 17-35). Le ton monte. Job ne sait-il pas qu’Éliphaz tire sa sagesse d’une tradition respectable qui date de plusieurs siècles? Et puis, ne connaît-il pas le châtiment terrible qui atteint le méchant? Éliphaz, qui n’a pu convaincre Job par la douceur, recourt maintenant à l’intimidation. Les tableaux effrayants qu’il évoque sauront peut-être attendrir son ami. Il ne termine pas son discours comme les précédents, c’est-à-dire sur une note positive en l’invitant à se repentir.

Interrogeons-nous : Les amis de Job n’ont pas su discerner dans les propos du malheureux les paroles d’irritation que provoque la souffrance. Ils ont cru voir dans ses égarements une disposition permanente de son cœur. Ils ne se sont même pas rendu compte que leur approche faisait beaucoup plus de mal que de bien. Observons bien comment nous réagissons lorsque nos opinions et nos conseils sont écartés.

Cherchons-nous à attaquer la personne qui les rejette? à l’intimider par nos propos?

Job 16.1 – 17.4

1 Job répondit :

2 J’ai entendu beaucoup de choses semblables ; Vous êtes tous des consolateurs pénibles.

3 Y aura–t–il une fin à ces paroles (qui ne sont) que du vent ? Qu’est–ce qui t’irrite lorsque tu réponds ?

4 Moi aussi, je pourrais parler comme vous, Si vous étiez à ma place : Je rassemblerais des propos contre vous, Je hocherais la tête sur vous.

5 Je vous fortifierais de la bouche, Le mouvement de mes lèvres (vous) soulagerait.

6 Si je parle, ma souffrance n’est pas soulagée, Si je cesse (de parler) comment s’en irait–elle loin de moi ?

7 Maintenant, hélas ! il m’a épuisé… Tu as mis la désolation dans toute ma famille.

8 Tu m’as saisi ; en guise de témoin Ma maigreur se lève et m’accuse en face.

9 Sa colère (me) déchire et s’attaque à moi, Il grince des dents contre moi. Mon adversaire aiguise ses regards vers moi.

10 Ils ouvrent toute grande leur bouche contre moi, Pour me déshonorer, ils me frappent les joues, Ensemble ils se pressent après moi.

11 Dieu me livre à la merci des gamins, Il me précipite entre les mains des méchants.

12 J’étais tranquille, et il m’a secoué, Il m’a saisi par la nuque et m’a brisé. Il m’a redressé pour lui servir de cible.

13 Ses projectiles m’environnent de toutes parts ; Il me perce les reins sans ménagement, Il répand ma bile sur la terre.

14 Il fait en moi brèche sur brèche, Il court sur moi comme un guerrier.

15 J’ai cousu un sac sur ma peau ; J’ai traîné ma fierté dans la poussière.

16 Mon visage est rougi à force de pleurer ; L’ombre de la mort est sur mes paupières.

17 Il n’y a pas eu pourtant de violence dans mes mains, Et ma prière fut toujours pure.

18 O terre, ne recouvre pas mon sang, Et que mes cris prennent librement leur essor !

19 Déjà maintenant, mon témoin est dans le ciel, Mon répondant est dans les lieux élevés.

20 Mes amis se raillent de moi ; C’est Dieu que j’implore avec larmes.

21 Puisse–t–il être l’arbitre entre l’homme et Dieu, Entre le fils d’homme et son ami !

22 Car le nombre de mes années touche à son terme, Et je m’en irai par un sentier d’où je ne reviendrai pas.

1 Mon souffle se perd, Mes jours s’éteignent, La tombe m’est réservée.

2 N’y a–t–il pas de moqueurs autour de moi ? Et mon œil doit veiller à cause de leurs insultes.

3 Sois donc mon garant auprès de toi–même ; Qui d’autre prendrait des engagements pour moi ?

4 Car tu as fermé leur cœur au discernement ; Aussi ne les laisseras–tu pas triompher.

L’arbitre entre l’homme et Dieu

Les accusations d’impiété que portent de plus en plus directement les trois compagnons contre Job le rendent amer. Le malheureux se réfugie dans son innocence et se moque des piètres consolations de ses amis. Il ressent fortement le besoin d’avoir un médiateur entre lui et Dieu, car il n’a d’autre choix que de se plaindre à Dieu du traitement qu’il lui fait subir.

Des consolateurs pénibles (16.1-5). La sagesse d’Éliphaz et de ses compagnons est superficielle et basée sur les apparences. Job aussi, si la situation était inversée, pourrait adopter le même ton grave. Mais comme il est innocent, les propos de ses amis augmentent sa douleur au lieu de la soulager.

Une souffrance intolérable (16.6-17). La douleur de Job est d’autant plus insupportable que ses visiteurs s’en servent pour l’accuser d’impiété. Mais c’est à Dieu qu’il adresse sa plainte même s’il sait que c’est lui qui le livre au malheur.

Un appel à Dieu contre Dieu (16.18 – 17.4). Le dilemme de Job s’accentue. Comment peut-il demander secours à Celui qui le tourmente? Il se rend compte qu’il a besoin d’un arbitre entre lui et Dieu, et il sait que cet arbitre doit être Dieu lui-même. En effet, si Dieu ne prend pas en main sa cause, elle est sans espoir, car les hommes n’auront jamais pitié de lui.

Glorifions Dieu : Le désir de Job a été réalisé en Jésus-Christ, Vrai Dieu et Vrai Homme, seul arbitre entre Dieu et les hommes. Nous trouvons en lui un intercesseur et un avocat qui a pour mission de nous présenter sans tache à son Père. Il remplit à merveille son rôle de médiateur, puisqu’il est capable de compatir à nos faiblesses, ayant été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché (Hé 4.15).

Lecture complémentaire : Job 17.5-16

Job 18 :

1 Bildad de Chouah prit la parole et dit :

2 Quand mettrez–vous un terme à ces propos ? Ayez de l’intelligence, ensuite nous parlerons.

3 Pourquoi sommes–nous considérés comme des bêtes ? Pourquoi ne sommes–nous à vos yeux que des brutes ?

4 O toi qui te déchires dans ta colère, Faut–il, à cause de toi, que la terre soit abandonnée ? Que le rocher se déplace ?

5 Oui, la lumière du méchant s’éteindra, Et la flamme qui en jaillit cessera de briller.

Job 19 :

1 Job répondit :

2 Jusques à quand affligez–vous mon âme Et m’écrasez–vous de (vos) propos ?

3 Voilà dix fois que vous cherchez à me confondre ; N’avez–vous pas honte de me malmener ?

4 Si j’ai vraiment été dans l’erreur, Mon erreur repose sur moi.

5 Si vraiment vous vous élevez contre moi Et me reprochez mon déshonneur,

6 Reconnaissez alors que c’est Dieu qui me fait tort Et qui m’enveloppe de son filet.

7 Si je crie à la violence, nul ne répond ; Si j’appelle au secours, point de jugement !

8 Il m’a barré le route, et je ne puis passer ; Il a mis des ténèbres sur mes sentiers.

9 Il m’a dépouillé de ma gloire, Il a ôté la couronne de ma tête.

10 Il me renverse de toutes parts, et je m’en vais ; Il a arraché mon espérance comme un arbre.

11 Sa colère s’est enflammée contre moi, Il m’a considéré comme (l’un de) ses adversaires.

12 Ses troupes surviennent ensemble, Elles se sont frayé leur chemin jusqu’à moi, Elles ont établi leurs camps autour de ma tente.

13 Il a éloigné de moi mes frères, Et ceux qui me connaissent se sont dispersés loin de moi ;

14 Je suis abandonné de mes proches, Je suis oublié de mes intimes.

15 Les hôtes de ma maison et mes servantes Me considèrent comme un étranger, Je ne suis plus à leurs yeux qu’un inconnu.

16 J’appelle mon serviteur, et il ne répond pas ; Je dois le supplier de ma bouche.

17 Mon haleine est repoussante pour ma femme, Je suis devenu fétide pour les fils de mes entrailles.

18 Même les gamins me rejettent ; Si je me lève, ils parlent contre moi.

19 Ceux que j’avais pour confidents m’ont en horreur. Ceux que j’aimais se sont tournés contre moi.

20 Mes os sont attachés à ma peau et à ma chair ; Je n’ai gardé que la peau des dents.

21 Ayez pitié, ayez pitié de moi, vous, mes amis ! Car la main de Dieu m’a frappé.

22 Pourquoi me poursuivez–vous comme Dieu (me poursuit)? N’êtes–vous pas rassasiés de ma chair ?

23 Oh ! si mes propos pouvaient être écrits, S’ils étaient gravés dans un livre !

24 Qu’avec un burin de fer et avec du plomb Ils soient pour toujours taillés dans le roc…!

25 Mais je sais que mon rédempteur est vivant, Et qu’il se lèvera le dernier sur la terre,

26 Après que ma peau aura été détruite ; Moi–même en personne, je contemplerai Dieu.

27 C’est lui que moi je contemplerai, Que mes yeux verront, et non quelqu’un d’autre ; Mon cœur languit au–dedans de moi.

28 Lorsque vous direz : Pourquoi le poursuivons–nous ? Alors on découvrira le bien–fondé de ma cause.

29 Craignez pour vous l’épée, Car les châtiments par l’épée sont terribles, Afin que vous reconnaissiez qu’il y a un jugement !

Mon rédempteur est vivant!

Dans sa deuxième intervention (voir la lecture complémentaire), Bildad n’apporte rien de nouveau, puisqu’il reprend les vérités énoncées par Éliphaz pour les appliquer directement à leur ami. La douleur de Job est à ce point extrême qu’il implore la pitié de ses visiteurs, qu’il sait pourtant impitoyables. L’intensité de sa souffrance ne diminue en rien son sentiment d’innocence.

Quel méchant! (18.1-5) Bildad commence par rejeter les prétentions de Job. Il le place dans la catégorie de ceux qui souffrent pour leurs fautes. Puis, il décrit le sort qui attend le méchant en parlant de Job à la troisième personne (v. 5-21). Faudrait-il changer les lois de Dieu et de la nature pour donner raison à Job?

Pitié! (19.1-22) Job repousse vivement les accusations de ses amis en leur exprimant la douleur que leur attitude lui cause. Dieu le traite en ennemi; ses proches l’abandonnent; son corps pourrit. Même s’il sait que cela ne sert à rien, il implore de nouveau la pitié des trois hommes.

Espérant contre toute espérance... (19.23-29) Job est animé d’une conviction profonde : Dieu finira par reconnaître son innocence. Son rédempteur (goël en hébreu, qui signifie aussi avocat, défenseur ou garant) prendra sa défense après sa mort. De plus, sa conviction fait naître en lui une espérance nouvelle qui évoque presque une résurrection : il verra Dieu. Que ses accusateurs prennent garde!

Persévérons : C’est au paroxysme de la douleur que Job démontre l’authenticité de sa foi en proclamant sa confiance au Dieu de l’impossible. De même, notre foi en ce Dieu nous aide à supporter nos épreuves : « [...] Moi-même en personne, je contemplerai Dieu. C’est lui

que moi je contemplerai, que mes yeux verront, et non quelqu’un d’autre [...] » (19.26-27).

Lecture complémentaire : Job 18.6-21

Job 21.1-34

1 Job répondit :

2 Écoutez, écoutez mon propos, Donnez–moi seulement cette consolation.

3 Permettez que ce soit à moi de parler ; Et quand j’aurai parlé, tu pourras te moquer.

4 Est–ce pour moi, ma plainte est contre un homme ? Et pourquoi mon esprit ne serait–il pas impatient ?

5 Tournez–vous vers moi, soyez étonnés, Et mettez la main sur la bouche.

6 Quand j’en ai le souvenir, je suis épouvanté, Et un tremblement saisit ma chair.

7 Pourquoi les méchants vivent–ils ? Pourquoi vieillissent–ils et même reprennent–ils des forces ?

8 Leur descendance s’affermit avec eux, en leur présence, Et leurs rejetons (prospèrent) sous leurs yeux.

9 Dans leurs maisons c’est la paix, et non la peur ; Le bâton de Dieu n’est pas contre eux.

10 Leur taureau est fécond sans insuccès, Leur vache met bas et n’avorte pas.

11 Ils laissent courir leurs gamins, comme le petit bétail, Et leurs fils prennent leurs ébats.

12 Ils élèvent (la voix au son) du tambourin et de la harpe, Ils se réjouissent au son du chalumeau.

13 Leurs jours s’achèvent dans le bonheur, Mais en un instant, ils sont terrifiés par le séjour des morts.

14 Ils disaient pourtant à Dieu : Écarte–toi de nous ; Nous ne voulons pas connaître tes voies.

15 Qu’est–ce que le Tout–Puissant, pour que nous le servions, Que gagnerions–nous à le supplier ?

16 Certes, leur bonheur n’est pas entre leurs mains. Le conseil des méchants est bien loin de moi !

17 Mais arrive–t–il souvent que la lampe des méchants s’éteigne, Que la misère fonde sur eux, Que (Dieu) leur distribue leur part dans sa colère,

18 Qu’ils soient comme la paille emportée par le vent, Comme la bale enlevée par le tourbillon ?

19 Est–ce pour les fils (du méchant) que Dieu réserve son châtiment ? C’est lui que (Dieu) devrait punir, pour qu’il le reconnaisse ;

20 Ses yeux devraient contempler sa propre misère, C’est lui qui devrait s’abreuver de la fureur du Tout–Puissant.

21 En effet, que lui importe sa maison après lui, Quand le nombre de ses mois est mesuré ?

22 Est–ce à Dieu qu’on enseignera la connaissance, A lui qui gouverne les êtres supérieurs ?

23 L’un meurt au sein de son intégrité, De sa tranquillité totale et de son insouciance,

24 Les flancs chargés de graisse Et la moelle des os remplie de sève ;

25 L’autre meurt, l’amertume dans l’âme, Sans avoir goûté au bonheur.

26 Ensemble, ils se couchent dans la poussière, Et la vermine les recouvre.

27 Je connais bien vos pensées Et les réflexions par lesquelles vous me faites tort.

28 Quand vous dites : Où est la maison du notable ? Où est la tente qu’habitaient les méchants ?

29 Mais quoi ! n’avez–vous pas interrogé les passants Et voulez–vous méconnaître ce qu’ils prouvent ?

30 Au jour de la misère, (celui qui fait) le mal est épargné, Au jour où le courroux se déchaîne.

31 Qui lui reproche en face sa conduite ? Qui lui rend ce qu’il a fait ?

32 Il est porté au cimetière, Et l’on veillera sur son sépulcre.

33 Les mottes de la vallée lui sont légères ; Tout homme se laisse entrâiner derrière lui, Des gens sans nombre l’avaient précédé.

34 Pourquoi donc m’offrez–vous de vaines consolations ? Ce qui reste de vos réponses n’est que tromperie.

Le bonheur... des méchants

Dans son deuxième discours (chap. 20), Tsophar reste sourd à l’appel de Job et explique que le péché provoque le malheur, que la faute entraîne forcément l’épreuve. Job, qui était sur la défensive, se limitant à protester de son innocence, prend l’offensive en enjoignant à ses amis de reconnaître la réalité de ce qui se passe.

L’avantage des méchants dans la vie... (v. 1-26) Job proclame avec vigueur que ses amis ne comprennent pas comment Dieu exerce la justice dans cette vie. Contrairement à ce qu’ils ont déclaré à plusieurs reprises, l’impie n’est pas toujours châtié pour ses crimes. Ce fait est indiscutable, tout le monde le sait fort bien. Job se rend compte que ses propos sont hardis et il en avertit ses auditeurs (v. 5-6). Il leur explique aussi que l’impunité et même la prospérité du méchant démontrent le néant de leur sagesse.

... et dans la mort (v. 27-34). Mais il y a plus encore... Si au moins l’impie trouvait dans la mort une sorte de salaire du mal qu’il a commis. Mais, souvent, ne reçoit-il pas des honneurs semblables ou supérieurs à ceux qui sont accordés au juste? Quand sa méchanceté a-t-elle des conséquences fâcheuses pour lui? Les beaux discours sur la justice de Dieu qui punit les méchants et récompense les bons ne tiennent pas compte de la réalité.

Réfléchissons : Même si nous savons que les impies seront punis un jour, nous partageons l’indignation de Job devant l’impunité des méchants. La réalité du mal nous troublera aussi longtemps que nous serons sur terre. Comme l’affirme Job, voudrions-nous enseigner la sagesse à Dieu, à lui qui gouverne tous les êtres célestes (v. 22)? Notre

confiance s’appuie sur le Seigneur et non sur les diverses circonstances que nous vivons.

Lecture complémentaire : Job 20.1-29

Job 22.1-30

1 Éliphaz de Témân prit la parole et dit :

2 Un homme peut–il être utile à Dieu ? Non : l’homme de bon sens n’est utile qu’à lui–même.

3 Cela fait–il plaisir au Tout–Puissant que tu sois juste ? Si tu es intègre dans tes voies, qu’y gagne–t–il ?

4 Est–ce à cause de ta piété qu’il te châtie, Qu’il entre en jugement avec toi ?

5 Ta malfaisance n’est–elle pas grande ? Tes fautes ne sont–elles pas sans limite ?

6 Car tu prenais sans cause des gages à tes frères, Tu arrachais les vêtements de (ceux que tu laissais) nus ;

7 Tu ne donnais pas d’eau à l’homme altéré, Tu refusais du pain à l’homme affamé.

8 Le pays était à l’homme fort, Et l’orgueilleux y siégeait.

9 Tu renvoyais les veuves les mains vides ; Les bras des orphelins étaient brisés.

10 C’est pour cela que tu es entouré de pièges, Et que la terreur t’a saisi tout à coup.

11 Ne vois–tu donc pas ces ténèbres, Ces eaux débordées qui te recouvrent ?

12 Dieu n’est–il pas en haut dans les cieux ? Regarde la hauteur des étoiles ; comme elles sont élevées !

13 Et tu dis : qu’est–ce que Dieu connait ? Peut–il juger à travers l’obscurité ?

14 Les nuages sont un secret pour lui, et il ne voit rien ; Il parcourt le cercle des cieux.

15 Eh quoi ! tu voudrais conserver l’ancienne route Qu’ont suivie les hommes injustes ?

16 Ils ont été saisis avant le temps, Leur fondation est un torrent qui s’écoule.

17 Ils disaient à Dieu : Écarte–toi de nous. Alors que peut faire pour eux le Tout–Puissant ?

18 C’est lui pourtant qui avait rempli de biens leurs maisons. Le conseil des méchants est bien loin de moi.

19 Les justes le verront et se réjouiront, Et l’innocent se moquera d’eux :

20 Celui qui se lève contre nous n’a–t–il pas disparu ? Le feu n’a–t–il pas dévoré leur profit ?

21 Accorde–toi donc avec Dieu, et tu auras la paix ; Par là, ce qui te reviendra sera bon.

22 Reçois de sa bouche instruction, Et mets ses paroles dans ton cœur.

23 Si tu reviens au Tout–Puissant, tu seras rétabli, Tu éloigneras l’iniquité de ta tente.

24 Jette l’or dans la poussière, (L’or) d’Ophir parmi les cailloux des torrents ;

25 Et le Tout–Puissant sera ton or, Et pour toi, des monceaux d’argent.

26 Alors tu feras du Tout–Puissant tes délices, Tu élèveras vers Dieu ta face ;

27 Tu l’imploreras, il t’exaucera, Et tu accompliras tes vœux.

28 Si tu prends une décision, elle se réalisera pour toi ; Sur tes sentiers brillera la lumière.

29 Si l’on t’humilie et que tu dises : C’est de l’orgueil ! Alors (Dieu) sauvera celui qui baisse les yeux.

30 Il délivrera même le coupable, Qui devra sa délivrance à la pureté de tes mains.

C’est pour cela...

Job et ses interlocuteurs débutent leur troisième entretien, duquel Job semblera sortir vainqueur. Éliphaz ne soulèvera aucun nouvel argument; Bildad répétera des banalités et Tsophar ne prendra pas la parole. Éliphaz ne peut réfuter les derniers propos de son ami, mais il ne peut non plus renoncer à un principe qu’il considère comme essentiel. Il ne se contente plus de faire allusion aux péchés de Job, mais il les énonce carrément comme s’il en avait été témoin.

Un principe infaillible (v. 1-10). La conduite de Dieu n’est pas dictée par l’intérêt. Aussi le motif du jugement qu’il prononce ne peut-il se trouver que dans l’homme. Toutefois, comme la piété de l’homme, même si elle ne profite qu’à lui-même, ne peut être responsable du châtiment qu’il subit, c’est forcément son péché qui en est la cause. Éliphaz commence maintenant à énumérer, sans preuve, les fautes dont il croit Job coupable.

Une seule solution (v. 11-30). Pour Éliphaz, les ténèbres de l’erreur ont envahi et perturbé le jugement de Job. Car, demande-t-il, le bonheur des méchants ne signifie-t-il pas simplement que Dieu n’arrive pas à gouverner correctement l’univers, que certains aspects lui échappent? En tout cas, Éliphaz exhorte son ami à la repentance, qui seule peut préserver du sort des méchants. Job doit se réconcilier avec Dieu (v. 21-23).

Interrogeons-nous : Éliphaz, Bildad et Tsophar jouent maintenant cartes sur table : les souffrances de Job résultent de ses péchés. Les trois amis préfèrent en rester à cette perspective simpliste plutôt que d’approfondir leur connaissance de Dieu. Au lieu d’offrir leur soutien au malheureux, ils le condamnent. Sommes-nous empressés, nous aussi, à juger sévèrement certaines personnes qui vivent des situations difficiles? Par exemple, ne pensons-nous pas que les homosexuels atteints du sida ont mérité le mal qui les tue?

Job 22.1-30

1 Éliphaz de Témân prit la parole et dit :

2 Un homme peut–il être utile à Dieu ? Non : l’homme de bon sens n’est utile qu’à lui–même.

3 Cela fait–il plaisir au Tout–Puissant que tu sois juste ? Si tu es intègre dans tes voies, qu’y gagne–t–il ?

4 Est–ce à cause de ta piété qu’il te châtie, Qu’il entre en jugement avec toi ?

5 Ta malfaisance n’est–elle pas grande ? Tes fautes ne sont–elles pas sans limite ?

6 Car tu prenais sans cause des gages à tes frères, Tu arrachais les vêtements de (ceux que tu laissais) nus ;

7 Tu ne donnais pas d’eau à l’homme altéré, Tu refusais du pain à l’homme affamé.

8 Le pays était à l’homme fort, Et l’orgueilleux y siégeait.

9 Tu renvoyais les veuves les mains vides ; Les bras des orphelins étaient brisés.

10 C’est pour cela que tu es entouré de pièges, Et que la terreur t’a saisi tout à coup.

11 Ne vois–tu donc pas ces ténèbres, Ces eaux débordées qui te recouvrent ?

12 Dieu n’est–il pas en haut dans les cieux ? Regarde la hauteur des étoiles ; comme elles sont élevées !

13 Et tu dis : qu’est–ce que Dieu connait ? Peut–il juger à travers l’obscurité ?

14 Les nuages sont un secret pour lui, et il ne voit rien ; Il parcourt le cercle des cieux.

15 Eh quoi ! tu voudrais conserver l’ancienne route Qu’ont suivie les hommes injustes ?

16 Ils ont été saisis avant le temps, Leur fondation est un torrent qui s’écoule.

17 Ils disaient à Dieu : Écarte–toi de nous. Alors que peut faire pour eux le Tout–Puissant ?

18 C’est lui pourtant qui avait rempli de biens leurs maisons. Le conseil des méchants est bien loin de moi.

19 Les justes le verront et se réjouiront, Et l’innocent se moquera d’eux :

20 Celui qui se lève contre nous n’a–t–il pas disparu ? Le feu n’a–t–il pas dévoré leur profit ?

21 Accorde–toi donc avec Dieu, et tu auras la paix ; Par là, ce qui te reviendra sera bon.

22 Reçois de sa bouche instruction, Et mets ses paroles dans ton cœur.

23 Si tu reviens au Tout–Puissant, tu seras rétabli, Tu éloigneras l’iniquité de ta tente.

24 Jette l’or dans la poussière, (L’or) d’Ophir parmi les cailloux des torrents ;

25 Et le Tout–Puissant sera ton or, Et pour toi, des monceaux d’argent.

26 Alors tu feras du Tout–Puissant tes délices, Tu élèveras vers Dieu ta face ;

27 Tu l’imploreras, il t’exaucera, Et tu accompliras tes vœux.

28 Si tu prends une décision, elle se réalisera pour toi ; Sur tes sentiers brillera la lumière.

29 Si l’on t’humilie et que tu dises : C’est de l’orgueil ! Alors (Dieu) sauvera celui qui baisse les yeux.

30 Il délivrera même le coupable, Qui devra sa délivrance à la pureté de tes mains.

C’est pour cela...

Job et ses interlocuteurs débutent leur troisième entretien, duquel Job semblera sortir vainqueur. Éliphaz ne soulèvera aucun nouvel argument; Bildad répétera des banalités et Tsophar ne prendra pas la parole. Éliphaz ne peut réfuter les derniers propos de son ami, mais il ne peut non plus renoncer à un principe qu’il considère comme essentiel. Il ne se contente plus de faire allusion aux péchés de Job, mais il les énonce carrément comme s’il en avait été témoin.

Un principe infaillible (v. 1-10). La conduite de Dieu n’est pas dictée par l’intérêt. Aussi le motif du jugement qu’il prononce ne peut-il se trouver que dans l’homme. Toutefois, comme la piété de l’homme, même si elle ne profite qu’à lui-même, ne peut être responsable du châtiment qu’il subit, c’est forcément son péché qui en est la cause. Éliphaz commence maintenant à énumérer, sans preuve, les fautes dont il croit Job coupable.

Une seule solution (v. 11-30). Pour Éliphaz, les ténèbres de l’erreur ont envahi et perturbé le jugement de Job. Car, demande-t-il, le bonheur des méchants ne signifie-t-il pas simplement que Dieu n’arrive pas à gouverner correctement l’univers, que certains aspects lui échappent? En tout cas, Éliphaz exhorte son ami à la repentance, qui seule peut préserver du sort des méchants. Job doit se réconcilier avec Dieu (v. 21-23).

Interrogeons-nous : Éliphaz, Bildad et Tsophar jouent maintenant cartes sur table : les souffrances de Job résultent de ses péchés. Les trois amis préfèrent en rester à cette perspective simpliste plutôt que d’approfondir leur connaissance de Dieu. Au lieu d’offrir leur soutien au malheureux, ils le condamnent. Sommes-nous empressés, nous aussi, à juger sévèrement certaines personnes qui vivent des situations difficiles? Par exemple, ne pensons-nous pas que les homosexuels atteints du sida ont mérité le mal qui les tue?

Job 23.1-17

1 Job répondit :

2 Aujourd’hui encore ma plainte est une révolte, Ma main étouffe mon gémissement.

3 Oh ! si je savais où le trouver, Si je pouvais arriver jusqu’à sa résidence,

4 J’exposerais devant lui mon droit, Je remplirais ma bouche d’arguments,

5 Je connaîtrais les propos pas lesquels il me répondrait, Et je pourrais comprendre ce qu’il me dirait !

6 Emploierait–il toute sa force à me faire un procès ? Non, mais au moins il ferait attention à moi.

7 Ce serait là un homme droit qui argumenterait avec lui, Et je serais pour toujours absous par mon juge.

8 Mais, si je vais à l’orient, il n’y est pas ; A l’occident, je ne le remarque pas ;

9 Est–il occupé au nord, je ne puis le voir ; Se cache–t–il au midi, je ne puis l’apercevoir.

10 Il connaît pourtant la voie où je me tiens ; Quand il m’aura mis à l’épreuve, j’en sortirai (pur) comme l’or.

11 Mon pied s’est attaché à ses pas ; J’ai gardé sa voie et je n’en ai pas dévié.

12 Je n’ai pas altéré les commandements de ses lèvres ; J’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche.

13 Mais lui, s’il prend une décision, qui pourra l’en faire revenir ? Ce que lui–même désire, il l’exécute.

14 Il accomplira donc le décret qui me concerne, Et il en concevra bien d’autres encore.

15 Voilà pourquoi je suis épouvanté en face de lui ; Quand j’y réfléchis, j’ai peur de lui.

16 Dieu a brisé mon courage, Le Tout–Puissant m’a rempli d’épouvante.

17 Car ce ne sont pas les ténèbres qui me réduisent au silence, Ce n’est pas l’obscurité dont je suis couvert.

Dieu se dérobe-t-il?

Les paroles conciliantes d’Éliphaz atténuent quelque peu la violence des propos de Job. Le malheureux ne peut ni ne veut réduire les voies incompréhensibles de Dieu à une formule aussi simple que celle que présentent ses amis; toutefois, il ne demande pas mieux que de porter sa cause devant Dieu, comme Éliphaz semble lui dire (22.21).

Où le trouver? (v. 2-13) Convaincu de son innocence, Job désire ardemment que Dieu lui accorde une audience. Il est persuadé qu’il sortirait justifié de cette rencontre, car ses épreuves sont certainement dues à un simple malentendu, qu’une explication franche dissiperait. Il ne peut croire que Dieu l’écraserait de toute sa force (v. 6). Mais la distance, l’absence et plus encore le silence de Dieu l’exaspèrent.

Que puis-je y faire? (v. 14-17) L’espoir de Job est vite supplanté par une sorte de pessimisme. L’intensité et la durée de ses souffrances n’indiquent-elles pas une volonté ferme de la part de Dieu d’aller jusqu’au bout d’un « décret » (v. 14) qu’il aurait prononcé contre lui? Combien le mystère dont Dieu s’enveloppe est déconcertant!

Réfléchissons : Quelle joie de savoir que nous avons maintenant par Jésus-Christ un libre accès auprès du Père (Ep 2.18)! Dieu a parlé une fois pour toutes en sacrifiant son Fils, et cette Parole répond à toutes nos questions sur le sens de l’épreuve et de la souffrance sur cette terre.

Lecture complémentaire : Job 24.1 – 26.14. Dans le chapitre 24, Job évoque les autres décrets de Dieu (23.14) par deux séries de tableaux prouvant le règne de l’injustice dans le monde. Le chapitre 25 rapporte le troisième discours de Bildad, où cet ami de Job reprend avec moins de talent les propos d’Éliphaz. Enfin, le chapitre 26 cite les arguments que Job donne à Bildad pour lui démontrer, une fois encore, qu’il en sait plus que lui sur la majesté et la puissance de Dieu.

Job 27.1-23

1 Job exposa de nouveau sa thèse et dit :

2 Dieu est vivant, lui qui écarte mon droit, Le Tout–Puissant qui remplit mon âme d’amertume.

3 Aussi longtemps que j’aurai ma respiration, Et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,

4 Mes lèvres ne prononceront pas d’injustice, Et ma langue ne murmurera rien de faux.

5 Loin de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu’à ce que j’expire, je ne renoncerai pas à mon intégrité ;

6 Je tiens à ma justice, et je ne faiblirai pas ; Mon cœur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours.

7 Que mon ennemi soit comme le méchant, Et que celui qui s’élève contre moi soit comme l’homme injuste !

8 Quelle espérance reste–t–il à l’impie, Quand on tranche (son existence), Quand Dieu lui retire sa vie ?

9 Est–ce que Dieu écoute son cri, Quand la détresse arrive sur lui ?

10 Ferait–il du Tout–Puissant ses délices ? Invoquerait–il Dieu en tout temps ?

11 Je vais vous instruire de la puissance de Dieu, Je ne vous cacherai pas les desseins du Tout–Puissant.

12 Mais vous tous, vous l’avez bien vu ; Pourquoi donc vous laisser aller à la vanité ?

13 Tel est de la part de Dieu le lot de l’homme méchant, L’héritage que le violent reçoit du Tout–Puissant :

14 S’il a des fils en grand nombre, c’est pour l’épée, Et ses rejetons ne peuvent se rassasier de pain ;

15 Ceux qui lui survivent seront ensevelis par la mort, Et leurs veuves ne les pleureront pas.

16 S’il amasse l’argent comme la poussière, S’il entasse les vêtements comme de l’argile,

17 C’est lui qui entasse, mais c’est le juste qui se revêtira, C’est l’innocent qui aura l’argent en partage.

18 Il a bâti sa maison comme celle de la teigne, Comme la cabane que fait un gardien.

19 Il se couche riche, mais ne sera pas enseveli (ainsi); Il ouvre les yeux, et il n’y a plus rien !

20 L’épouvante le surprend comme les eaux ; Un tourbillon l’enlève au milieu de la nuit.

21 Le vent d’orient l’emporte, et il s’en va ; Il l’arrache violemment de l’endroit où il est.

22 On lance sans ménagement (des flèches) contre lui, Il doit prendre la fuite pour les éviter.

23 On bat des mains à son sujet, Et on le siffle de l’endroit où il était.

Rien que la vérité!

Dans ses derniers discours (chap. 27-31), Job, qui semble avoir triomphé de ses amis puisqu’ils se taisent, expose, raconte et rappelle plutôt qu’il ne discute. Il se déclare plus convaincu que jamais d’être innocent, mais il cherche à corriger les idées qu’on se fait du bonheur, car, en toute vie, c’est la fin qu’il faut considérer.

Je suis innocent (v. 1-10). C’est avec serment que le serviteur de Dieu proclame son innocence. Il invoque comme témoin Dieu, qui, pour le moment, permet son affliction. Il ne s’est jamais prétendu parfait (13.26), mais il n’a rien à se reprocher. D’ailleurs, son attitude n’aurait aucun sens s’il était impie, car le méchant ne se tourne pas vers Dieu même lorsque la mort le frappe. Les personnes qui refusent de croire à l’innocence de Job en répondront un jour (v. 7).

Je ne connaîtrai pas le sort de l’impie (v. 11-23). Job sait quel jugement Dieu réserve à l’impie. En fait, il le connaît mieux que ses amis, à qui il semble donner raison en démontrant que la ruine atteint le méchant. Mais Job connaîtra-t-il le même sort que le méchant? Sa foi

dans le Tout-Puissant l’incite à espérer un avenir très différent. Oui, croit-il, Dieu finira par le justifier et par confondre ses accusateurs.

Persévérons : Sommes-nous à une période de notre vie où nous avons l’impression d’être seuls contre tous? Sentons-nous que tout le monde essaie de faire pression sur nous pour que nous nous rangions à l’avis commun au mépris de ce que nous reconnaissons comme la vérité? Que le courage, la persévérance et la foi de Job nous inspirent et nous encouragent à tenir ferme dans la vérité! N’oublions jamais que notre plus grand souci doit être de plaire avant tout à Dieu et non aux hommes.

Job 28.1-28

1 Il y a (un endroit) pour extraire l’argent, Et un lieu pour affiner l’or ;

2 Le fer est tiré de la poussière, Et la pierre fondue (produit) le bronze.

3 On met fin aux ténèbres ; On explore, jusque dans les endroits les plus profonds, Les pierres cachées dans l’obscurité et dans l’ombre de la mort.

4 On creuse un ravin loin des lieux habités ; Les pieds ne viennent plus en aide, Et ils sont suspendus, balancés loin des hommes.

5 La terre d’où provient le pain Est bouleversée dans ses profondeurs tout comme par un feu !

6 Ses pierres sont l’endroit (où l’on trouve) du saphir Ainsi que de la poudre d’or.

7 L’oiseau de proie n’en connaît pas le sentier, L’œil du faucon ne l’a pas regardé :

8 Les plus fiers animaux ne l’ont pas foulé, Le lion n’y a jamais passé.

9 (L’homme) porte sa main sur le granit ; Il renverse les montagnes depuis la racine ;

10 Il ouvre des tranchées dans les rochers, Et son œil peut voir tout ce qu’il y a de précieux ;

11 Il arrête l’écoulement des eaux. Et il amène à la lumière ce qui est caché.

12 Mais la sagesse, où se trouve–t–elle ? Où est l’emplacement de l’intelligence ?

13 L’homme n’en connaît pas le prix ; Elle ne se trouve pas dans la terre des vivants.

14 L’abîme dit : Elle n’est pas en moi. Et la mer dit : Elle n’est point avec moi.

15 On ne peut donner, à sa place, de l’or pur, Ni peser de l’argent pour l’acheter ;

16 Elle n’entre pas en balance avec l’or d’Ophir, Ni avec le précieux onyx, ni avec le saphir ;

17 Ni l’or ni le verre ne peuvent lui être comparés, On ne peut l’échanger pour un vase d’or fin.

18 Le corail et le cristal ne peuvent même pas être évoqués ; Posséder la sagesse (vaut) plus que les perles.

19 La topaze d’Éthiopie ne peut lui être comparée, Et elle n’entre pas en balance avec l’or pur.

20 Alors, d’où vient la sagesse ? Où est donc la demeure de l’intelligence ?

21 Elle est cachée aux yeux de tout (être) vivant, Elle est dissimulée aux oiseaux du ciel.

22 L’abîme de perdition et la mort disent : Nos oreilles en ont entendu parler.

23 C’est Dieu qui en comprend le chemin, C’est lui qui en connaît la demeure ;

24 Car c’est lui qui regarde jusqu’aux extrémités de la terre ; Il voit tout sous les cieux.

25 Quand il détermina le poids du vent Et qu’il fixa la mesure des eaux,

26 Quand il donna une règle à la pluie Et une route à l’éclair et au tonnerre,

27 Alors il vit la sagesse et la manifesta, Il en posa les fondements et la scruta jusqu’au fond.

28 Puis il dit à l’homme : Voici : La crainte du Seigneur, c’est la sagesse ; S’écarter du mal, c’est l’intelligence.

La crainte du Seigneur

Après avoir parlé du sort réservé au méchant, Job explique ce qu’il considère comme le bien le plus précieux et, aussi, le plus rare, la sagesse. Son présent discours sert de prélude aux trois suivants, où il évoquera son bonheur passé (chap. 29), commentera sa condition présente (chap. 30) et rappellera son innocence (chap. 31).

La sagesse est un bien précieux et inaccessible (v. 1-19). L’homme creuse les profondeurs de la terre pour en extraire toutes sortes de matières précieuses. Plus le métal est rare, plus les travaux sont délicats et laborieux. La sagesse, quant à elle, ne s’acquiert pas par des moyens naturels, car elle ne se trouve nulle part dans l’univers matériel. Cependant, elle surpasse en valeur tous les trésors que la terre renferme.

La sagesse est un don de Dieu (v. 20-28). Comment alors l’homme peut-il obtenir la sagesse? En se tournant vers l’Être suprême qui seul la possède, Dieu. Car le Seigneur ne s’est pas contenté de contempler la sagesse pour sa propre satisfaction, il l’a manifestée dans les œuvres de sa création et il a voulu la partager avec les hommes. La sagesse a un caractère moral qui concerne l’être humain et l’invite à marcher dans la droiture.

Réfléchissons : Ce court exposé sur la sagesse nous dévoile l’âme du patriarche. La crainte du Seigneur n’est-elle pas le centre de sa vie (1.1)? C’est pourquoi il peut protester de son innocence devant ses amis. Oui, il craint le Seigneur de tout son cœur. Toutefois, c’est là aussi son désarroi : pourquoi le Dieu qu’il a aimé et servi semble-t-il s’être retourné contre lui?

Seigneur, puisses-tu me rendre sage afin que je discerne la voie où tu veux me conduire, loin du mal!

Job 29.1-25

1 Job exposa de nouveau sa thèse et dit :

2 Oh ! que ne puis–je être comme aux mois du passé, Comme aux jours où Dieu me gardait,

3 Quand il faisait briller sa lampe sur ma tête, Et qu’à sa lumière je m’avançais dans les ténèbres !

4 Tel que j’étais aux jours de ma pleine maturité, Quand Dieu veillait en ami sur ma tente,

5 Quand le Tout–Puissant était encore avec moi, Et que mes jeunes fils m’entouraient ;

6 Quand mes pieds baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d’huile !

7 Quand je sortais (pour aller) à la porte de la ville, Et que je me faisais préparer un siège sur la place,

8 Les jeunes gens me voyaient et se retiraient, Les vieillards se levaient et se tenaient debout.

9 Les princes arrêtaient leurs propos Et mettaient la main sur leur bouche ;

10 La voix des chefs se taisait, Et leur langue s’attachait à leur palais.

11 Car l’oreille qui (m’)entendait me disait heureux, L’œil qui (me) voyait me rendait témoignage ;

12 En effet je délivrais le malheureux qui implorait de l’aide, Et l’orphelin que personne ne secourait.

13 La bénédiction de celui qui allait périr venait sur moi ; Je remplissais de joie le cœur de la veuve.

14 Je me revêtais de la justice ; elle me revêtait. J’avais mon droit pour manteau et pour turban.

15 J’étais des yeux pour l’aveugle Et des pieds pour le boiteux.

16 J’étais un père pour les pauvres, J’examinais la cause de l’inconnu ;

17 Je brisais la mâchoire de l’injuste Et j’arrachais la proie de ses dents.

18 Alors je disais : J’expirerai dans mon nid, J’aurai des jours nombreux comme le sable ;

19 Mes racines se tendront vers l’eau, La rosée passera la nuit sur mes rameaux ;

20 Ma gloire se renouvellera en moi, Et mon arc retrouvera force dans ma main.

21 On m’écoutait et l’on restait dans l’attente, On gardait le silence (pour entendre) mes conseils.

22 Après mes paroles, on ne répliquait pas, Et mes propos se répandaient sur eux (tous);

23 Ils m’attendaient comme (on attend) la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une ondée de printemps.

24 Je leur souriais (mais) ils n’y croyaient pas, Ils ne pouvaient faire disparaître la lumière de mon visage.

25 Je choisissais d’aller avec eux, et je m’asseyais à leur tête ; Je demeurais comme un roi au milieu d’une troupe, Comme celui qui console les affligés.

Le passé

Les trois visiteurs se sont tus. D’ailleurs, ce n’est plus vraiment à eux que Job s’adresse. Il n’interrompt sa méditation que pour parler à Dieu de temps en temps. Sa pensée se tourne vers l’époque heureuse où chacun l’estimait, non parce qu’il était riche, mais parce qu’il pratiquait plusieurs vertus. Sa conduite ne lui garantissait-elle pas une longue prospérité?

Quand le Tout-Puissant était encore avec moi (v. 1-10). Job ne pense pas d’abord à la santé et aux richesses qu’il possédait autrefois, mais à la communion qu’il avait avec Dieu. Sa vie n’était pas exempte de

difficultés, mais il sentait la présence de Dieu à ses côtés. Puis, il se rappelle sa belle et nombreuse famille qui le réjouissait tant ainsi que l’abondance et le respect dont il jouissait.

Je me revêtais de la justice (v. 11-17). L’estime et l’honneur que tous lui prodiguaient ne découlaient pas de l’abondance de ses biens, mais des vertus qu’il pratiquait, de la générosité et de la compassion qui le caractérisaient.

J’avais confiance en l’avenir (v. 18-25). Sa conduite exemplaire et son grand dévouement envers autrui ne garantissaient-ils pas à Job une vie longue et paisible? Qu’est-ce qui pouvait mettre fin à son bonheur s’il persévérait dans la crainte du Seigneur et dans l’amour du prochain?

Réfléchissons : « Tous ceux d’ailleurs qui veulent vivre pieusement en Christ-Jésus seront persécutés. » (2 Tm 3.12) La crainte du Seigneur que Job pratiquait avec tant de ferveur ne le mettait pas à l’abri des épreuves; au contraire, elle suscitait la rage de l’Ennemi. Le malheureux ignorait ce principe. Nous, cependant, nous sommes privilégiés, car nous savons que la souffrance n’est pas notre ennemie, mais un moyen que Dieu peut utiliser pour nous faire grandir en lui (Jc 1.2-4).

Job 30.1-31

1 Et maintenant !… de plus jeunes que moi sourient à mon sujet, Ceux dont je méprisais trop les pères Pour les mettre parmi les chiens de mon troupeau.

2 Mais à quoi me servirait la force de leurs mains ? Ils sont incapables d’atteindre la vieillesse.

3 Desséchés par la privation et la faim, Ils fuient dans les lieux arides, Depuis longtemps dévastés et ravagés ;

4 Ils arrachent les herbes sauvages près des buissons Et n’ont pour pain que la racine des genêts.

5 On les chasse du milieu (des hommes), On crie après eux comme après un voleur,

6 Pour qu’ils demeurent dans d’affreux ravins, Dans les cavernes de la terre et dans les rochers ;

7 Ils vont braire au milieu des buissons, Ils s’entassent sous les mauvaises herbes.

8 Êtres vils et innommables, Ils sont repoussés du pays.

9 Et maintenant, je suis l’objet de leurs chansons, Je suis en butte à leurs propos.

10 Ils ont horreur de moi, ils s’éloignent de moi, Ils ne se retiennent pas de me cracher au visage.

11 Puisque (Dieu) a mis à découvert ce qui me restait et qu’il m’a humilié Ils rejettent tout frein devant moi.

12 Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des chemins de malheur ;

13 Ils coupent mon propre sentier et travaillent à ma perte, Eux que personne ne secourait ;

14 Ils arrivent comme par une large brèche, Ils se précipitent sous les décombres.

15 L’épouvante s’est tournée contre moi, Ma noblesse est emportée comme par le vent, Mon salut a passé comme un nuage.

16 Et maintenant, mon âme s’épanche sur moi–même, Les jours de la souffrance m’ont saisi.

17 La nuit me perce les os, au–dedans de moi, (Les douleurs) qui me rongent ne se couchent pas.

18 C’est tellement grave que mon vêtement se déforme, Il se colle à moi comme ma tunique.

19 (Dieu) m’a jeté dans la boue, Et je ressemble à la poussière et à la cendre.

20 Je t’appelle au secours, et tu ne me réponds pas ; Je me tiens debout, pour que tu fasses attention à moi.

21 Tu deviens cruel contre moi, Tu m’attaques avec la vigueur de ta main.

22 Tu m’emportes sur le vent (que) tu me fais chevaucher, Et tu me fais frémir au fond de moi–même.

23 Car, je le sais, tu me mènes à la mort, Au lieu de rendez–vous de tous les vivants.

24 Mais celui qui va périr n’étend–il pas les mains ? Celui qui est dans le malheur n’implore–t–il pas du secours ?

25 N’avais–je pas des larmes pour celui dont les jours sont durs ? Mon âme n’était–elle pas triste à cause du pauvre ?

26 Car j’espérais le bonheur, et le malheur est venu ; J’attendais la lumière, et l’obscurité est venue.

27 Mes entrailles bouillonnent sans relâche. Les jours de souffrance m’ont affronté.

28 Je marche noirci, mais non par le soleil ; Je me lève dans l’assemblée et je crie.

29 Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches.

30 Ma peau devient sombre sur moi, Mes os sont brûlants de fièvre.

31 Ma harpe ne sert plus qu’au chant de deuil, Et mon chalumeau qu’à la voix de ceux qui pleurent.

Le présent

À son bonheur passé (voir la note d’hier), Job oppose maintenant sa condition actuelle. Des gens méprisables profitent de ses souffrances pour l’accabler de mauvais traitements sans que Dieu intervienne. Est-ce à dire que c’est le Tout-Puissant qui autorise ses maux? Cette possibilité exacerbe la souffrance du malheureux.

À la merci des misérables (v. 1-15). En plus des terribles souffrances physiques (la lèpre) et psychologiques (la perte de ses enfants), Job doit subir l’affront d’individus qu’il considère comme insignifiants; il doit supporter d’être la risée des rebuts de la société, qui viennent l’humilier par leurs chansons et leurs insultes. Privé de ses fils, abandonné de ses serviteurs et de tous, devenu un objet d’horreur pour sa femme, Job doit endurer l’hostilité de ces hordes malfaisantes, de ces voyous, dirions-nous aujourd’hui. Et cela avec le sentiment que c’est Dieu qui l’a livré entre leurs mains (v. 11).

Dans l’abaissement suprême (v. 16-31). Job se sent jeté dans la boue par Dieu (v. 19). Même au temps de sa prospérité, il n’aurait jamais osé infliger à quelqu’un le traitement qu’il subit maintenant. Dieu lui semble cruel (v. 21), surtout par le silence dans lequel il paraît s’enfermer. Serait-il de connivence avec tous ceux qui l’attaquent?

Méditons : Comme si souffrir n’était pas suffisant, Job doit aussi se justifier de demander secours (v. 24). C’est sans doute le sentiment que Dieu a autorisé ses souffrances qui l’écrase le plus. « Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Voici : nous disons bienheureux ceux qui ont tenu ferme. Vous avez entendu parler de la fermeté de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde. » (Jc 5.10-11)

Job 31.1-40

1 J’avais fait un pacte avec mes yeux ; Comment aurais–je pu fixer mon attention sur une vierge ?

2 Quelle part Dieu (m’aurait–il réservée) d’en haut ? Quel héritage le Tout–Puissant (m’aurait–il envoyé) des cieux ?

3 La misère n’est–elle pas pour l’homme inique, Et l’infortune pour ceux qui commettent l’injustice ?

4 N’est–ce pas (Dieu) qui regarde mes voies Et compte tous mes pas ?

5 Si j’ai marché dans la fausseté, Si mon pied s’est hâté vers la ruse,

6 Que Dieu me pèse dans des balances justes, Et qu’il reconnaisse mon intégrité !

7 Si mon pas s’est détourné du (droit) chemin, Si mon cœur a suivi mes yeux, Si quelque souillure s’est attachée à mes mains,

8 Que je sème et qu’un autre mange, Et que mes rejetons soient déracinés !

9 Si mon cœur a été séduit à cause d’une femme, Si j’ai fait le guet à la porte de mon prochain.

10 Que ma femme tourne la meule pour un autre, Et que d’autres abusent d’elle !

11 Car c’est une infamie, Une faute (punie par) les juges.

12 C’est un feu qui dévore jusqu’à l’abîme de perdition, Et qui pourrait détruire radicalement tout mon revenu.

13 Si j’ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante Dans leur contestation avec moi,

14 Que ferai–je, quand Dieu de lèvera ? Et quand il interviendra, que répondrai–je ?

15 Celui qui m’a formé dans le ventre de ma mère ne les a–t–il pas formés aussi ? Un seul (Dieu) ne nous a–t–il pas placés dans le sein maternel ?

16 Si j’ai refusé aux indigents ce qu’ils désiraient, Si j’ai fait languir les yeux de la veuve,

17 Si j’ai mangé seul mon morceau (de pain), Sans que l’orphelin puisse en manger,

18 –– Car dès ma jeunesse, il a grandi (avec) moi, comme (avec) un père, Dès le ventre de ma mère, j’ai guidé (la veuve); ––

19 Si j’ai vu le vagabond manquer de vêtements, Le pauvre n’avoir point de couverture,

20 Sans que ses reins m’aient béni, Sans qu’il ait été rechauffé par la toison de mes agneaux :

21 Si j’ai levé la main contre l’orphelin, Parce que je me voyais soutenu par les juges,

22 Que mon bras se détache de mon épaule, Et mon avant–bras du coude, et qu’il se brise !

23 Car le malheur (envoyé) par Dieu, j’en ai peur, Et je ne puis rien devant sa majesté.

24 Si j’ai mis dans l’or mon assurance, Si j’ai dit au métal précieux : En toi je me confie ;

25 Si je me suis réjoui de l’abondance de mes biens, Des richesses que ma main avait acquises ;

26 Si j’ai regardé la lumière (du soleil) quand il brillait, La lune quand elle s’avançait radieuse,

27 Et si mon cœur s’est laissé séduire en secret, Si ma main s’est portée à ma bouche pour un baiser ;

28 C’est encore une faute passible de jugement, Et j’aurais renié le Dieu d’en haut !

29 Si je me suis réjoui du malheur de celui que me haïssait, Si j’ai sauté d’allégresse parce qu’un mal l’avait atteint,

30 Moi qui n’ai pas permis à ma langue de pécher, De demander sa mort avec imprécation ;

31 Si les gens qui sont dans ma tente ne disaient pas : Où est celui qui n’a pas été rassasié de sa viande ?

32 –– L’étranger ne passait pas la nuit dehors, J’ouvrais ma porte au voyageur ; ––

33 Si, comme (tout) être humain, j’ai caché mes crimes, Pour enfouir mes fautes dans mon sein,

34 Parce que j’étais effrayé de la rumeur de la foule, Parce que le mépris des familles me terrifiait ; Si je me suis tenu silencieux sans franchir (ma) porte…

35 Oh ! qui me fera trouver quelqu’un qui m’écoute ? Voilà mon dernier signe : Que le Tout–Puissant me réponde ! La plainte écrite par mon adversaire

36 Ne la porterai–je pas sur mon épaule, Ne la nouerai–je pas sur moi comme une couronne ?

37 Je lui rendrai compte du nombre de mes pas, Je m’approcherai de lui comme un prince.

38 Si mon terrain crie contre moi, Et que ses sillons versent des larmes ;

39 Si j’en ai mangé le produit sans l’avoir payé, Et que j’aie désespéré l’âme de ses propriétaires ;

40 Qu’il en sorte des ajoncs au lieu de froment, Et de l’ivraie au lieu d’orge ! Fin des paroles de Job.

L’intégrité de Job

Job passe en revue les péchés auxquels un homme de sa condition est exposé. Il conclut que sa conduite a toujours été irréprochable. Il proclame son innocence de façon formelle.

Sur les plans personnel et social (v. 1-23). Non seulement Job s’est abstenu des regards impurs, du mensonge et de la fausseté, de l’adultère et de l’injustice, mais il a pratiqué les vertus contraires. De plus, il reconnaissait sa responsabilité envers les démunis et il n’y a pas

dérogé, même si sa position élevée lui aurait permis d’abuser de ses privilèges (v. 21); il ne s’est jamais détourné de la misère d’autrui.

Sur les plans spirituel et matériel (v. 24-28; 38-40). La prospérité favorise l’orgueil et l’idolâtrie. Bien qu’il ait été prospère, Job n’a succombé ni à l’un ni à l’autre; il ne s’est pas appuyé sur ses richesses ni tourné vers les astres pour les adorer. De plus, il a toujours acquis ses terres ou administré ses biens honnêtement.

Sur les plans humain et émotif (v. 29-37). Job a toujours pris garde de haïr ou de maudire ses ennemis. Il accueillait le voyageur et l’étranger. Il a toujours détesté l’hypocrisie. Sa justice n’était pas superficielle ou fausse, mais authentique, Dieu en est témoin.

Progressons : Job se livre à un examen minutieux. Il n’est plus révolté. Un calme relatif s’est fait dans sa conscience, qui le convainc que Dieu ne peut être contre lui. Et nous, qu’aurions-nous à dire de notre intégrité dans chacun des domaines mentionnés par Job? Portons à Dieu les faiblesses que nous décelons dans notre cœur pour qu’il nous pardonne et nous fortifie.

Père, tu as permis que nous trouvions en ton Fils bien-aimé quelqu’un qui nous écoute (v. 35); aussi nous approchons-nous de lui en toute confiance!

Job 32.1-22

1 Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il se regardait lui–même comme juste.

2 Alors s’enflamma la colère d’Élihou, fils de Barakeel de Bouz, du clan de Ram. Sa colère s’enflamma contre Job, parce qu’il se disait juste devant Dieu.

3 Sa colère s’enflamma contre les trois amis, parce qu’ils ne trouvaient rien à répondre et que néanmoins ils condamnaient Job.

4 Comme ils étaient plus âgés que lui, Élihou avait attendu pour parler à Job.

5 Mais Élihou avait vu que ces trois hommes n’avaient plus de réponse à la bouche, et sa colère s’était enflammée.

6 Élihou, fils de Barakeel de Bouz, prit la parole et dit : Je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; C’est pourquoi j’ai tremblé et j’ai craint De vous expliquer mon savoir.

7 Je me disais : L’âge avancé saura parler, Le grand nombre des années fera connaître la sagesse.

8 Mais en réalité, dans un homme, c’est l’esprit, Le souffle du Tout–Puissant, qui lui donne l’intelligence ;

9 Beaucoup (d’années) ne donnent pas la sagesse, Et ce ne sont pas les vieillards qui comprennent le droit.

10 Voilà pourquoi je dis : Écoute–moi ! Moi aussi j’expliquerai mon savoir.

11 J’ai attendu (la fin de) vos paroles, J’ai prêté l’oreille à vos raisonnements, Jusqu’à ce que vous ayez examiné à fond (ses) propos.

12 Je vous ai donné toute mon attention ; Et voici qu’aucun de vous n’a convaincu Job, Aucun n’a répondu à ses discours.

13 Ne dites pas cependant : (En lui) nous avons trouvé la sagesse ; C’est Dieu qui peut le confondre, et non pas un homme !

14 Il ne m’a pas adressé (directement) ses propos : Aussi ne lui répondrai–je pas avec vos paroles.

15 Ils ont peur, ils ne répondent plus ! Les mots leur manquent !

16 J’ai attendu : puisqu’ils ne parlent pas, Parce qu’ils s’arrêtent et ne répondent plus,

17 A mon tour, je veux répondre moi aussi, Je veux expliquer, moi aussi, mon savoir.

18 Car je suis tout plein de propos, L’esprit me presse au–dedans de moi ;

19 Voici qu’au–dedans de moi, c’est comme du vin sous pression Comme des outres neuves qui vont éclater.

20 Je parlerai pour respirer à l’aise, J’ouvrirai mes lèvres et je répondrai.

21 Je ne ferai pas de considération de personne Et je ne flatterai pas un être humain

22 Car je ne sais pas flatter : Mon créateur m’enlèverait bien vite.

Mon esprit me presse de parler

Sans que nous nous en doutions, un cinquième personnage assiste depuis le début à la discussion. Élihou est resté muet jusqu’ici, mais devant le silence de ses compagnons, il ne peut s’empêcher d’intervenir. Il se dit irrité aussi bien par l’attitude de Job que par la réaction de ses trois amis. Les précisions à propos de son nom et de son origine démontrent la réalité de sa personne (il ne s’agit pas d’un ange!). Ce chapitre sert de préambule aux arguments que le jeune homme présentera dans les suivants.

La sagesse ne va pas avec l’âge (v. 1-10). C’est la colère qui pousse Élihou à réagir. Il s’est contenu jusqu’à présent par respect pour ses aînés, mais le silence dans lequel ils se confinent maintenant lui semble une démission. Quant à Job, a-t-il raison de proclamer sa justice aux dépens de celle de Dieu? Ces circonstances démontrent à Élihou que la sagesse n’est pas nécessairement une affaire d’âge, car le Tout-Puissant peut inspirer qui il veut par son Esprit (v. 8).

La crainte de Dieu et non des hommes (v. 11-22). Ni Job ni ses trois visiteurs n’ont épuisé le sujet, même si le silence de ces derniers semble donner raison au malheureux. Élihou s’estime donc en droit d’intervenir, mais il prévient ses interlocuteurs que ses paroles vont sans doute leur déplaire. Puisqu’il se croit mandaté par Dieu lui-même pour élucider le problème de Job, la pression intérieure qu’il ressent lui donne de l’assurance et de l’énergie.

Réfléchissons : Élihou l’ignore, mais il prépare l’intervention que Dieu s’apprête à faire. À quatre reprises, il prend la parole sans que personne ne l’interrompe. Même s’il revient sur la culpabilité de Job, ses discours permettent probablement à l’homme éprouvé de réfléchir davantage à sa situation.

Job 33.1-33

1 Maintenant donc, Job, écoute mes propos, Prête l’oreille à toutes mes paroles !

2 Voici que j’ouvre la bouche ; Ma langue va parler dans mon palais.

3 C’est la droiture de mon cœur (qu’exprimeront) mes discours, Et c’est une science pure que proposeront mes lèvres :

4 L’Esprit de Dieu m’a formé, Et le souffle du Tout–Puissant me fait vivre.

5 Si tu le peux, réponds–moi, Prends tes dispositions, présente–toi devant moi !

6 Devant Dieu, je suis comme toi, Moi aussi, j’ai été tiré de l’argile ;

7 Ainsi la terreur que j’inspire ne t’alarmera pas, Et mon autorité ne saurait t’accabler.

8 Mais tu as dit à mes oreilles, –– Et j’ai entendu le son de tes propos :

9 Je suis sans reproche, sans péché, Je suis net, il n’y a pas de faute en moi.

10 Et (Dieu) trouve contre moi de l’hostilité, Il me considère comme son ennemi ;

11 Il met mes pieds dans les entraves, Il surveille tous mes mouvements.

12 –– Je te répondrai qu’en cela tu n’as pas raison, Car Dieu est plus grand qu’un homme.

13 Pourquoi veux–tu disputer avec lui ? Car on ne peut répondre à toutes ses paroles.

14 Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, Tantôt d’une autre, et l’on n’y fait pas attention.

15 (Il parle) en songe, en vision nocturne, Quand un profond sommeil tombe sur les hommes, Quand ils sont endormis sur leur couche.

16 Alors il fait des révélations aux hommes Et met le sceau à leur instruction,

17 Afin d’écarter l’être humain de ses oeuvres Et de préserver de l’orgueil l’homme fort,

18 Afin de garantir son âme du gouffre Et (d’empêcher) sa vie de périr par le javelot.

19 Par la douleur aussi l’homme reçoit un avertissement sur sa couche, Quand une lutte continue (vient agiter) ses os.

20 Alors il prend en dégoût le pain, Même les aliments les plus désirables.

21 Sa chair se consume et disparaît au regard, Ses os qu’on ne voyait pas sont mis à nu ;

22 Son âme s’approche du gouffre, Et sa vie de ceux qui donnent la mort.

23 Mais s’il se trouve pour lui un ange intercesseur, Un seul entre mille, Qui annonce à l’homme son devoir,

24 Alors il lui fera grâce et dira : Délivre–le, afin qu’il ne descende pas dans le gouffre ; J’ai trouvé une rançon !

25 Et sa chair retrouve la fraîcheur de la jeunesse, Il revient aux jours de son adolescence.

26 Il adresse sa prière à Dieu qui lui est favorable, Il voit sa face avec des cris de joie. (Dieu) rend à l’homme sa justice.

27 Il chante devant les hommes et dit : J’ai péché, j’ai perverti ce qui est droit, Et je n’ai pas été traité comme je le méritais.

28 Dieu a libéré mon âme pour qu’elle ne passe pas dans le gouffre, Et ma vie verra (encore) la lumière.

29 Voilà tout ce que Dieu fait, Deux fois, trois fois, avec l’homme.

30 Pour détourner son âme du gouffre, Pour l’éclairer de la lumière des vivants.

31 Sois attentif, Job, écoute–moi ! Tais–toi, et c’est moi qui parlerai !

32 Si tu as quelque propos (à formuler), réponds–moi ! Parle, car je voudrais te rendre justice.

33 Sinon, toi, écoute–moi ! Tais–toi, et je t’enseignerai la sagesse.

Le sens de la souffrance

Dans son premier discours, Élihou s’attache à démontrer qu’il y a des souffrances qui, sans être un châtiment pour des fautes précises, servent à purifier l’homme des germes de péchés enracinés dans son cœur. Ainsi, lorsque Dieu reprend l’homme et l’avertit, c’est pour l’empêcher de sombrer dans l’orgueil.

Le problème (v. 1-13). Après s’être défendu de vouloir intimider Job par son audace, Élihou en vient aux propos qui l’ont indigné. Job n’a-t-il pas affirmé que Dieu faisait preuve d’une hostilité gratuite à son égard? Et pour éliminer tout doute, il cite les paroles mêmes que Job a prononcées. Le jeune homme insiste : personne n’a le droit d’intimer à Dieu l’ordre de lui répondre.

La solution (v. 14-33). Dieu ne s’est pas réfugié dans un mutisme obstiné comme le pense Job, affirme Élihou. Il ne cesse de parler en interpellant l’homme de diverses façons, par exemple par les songes, les visions et les souffrances. L’épreuve sert de mise en garde contre l’orgueil, mais elle a toujours pour objectif le salut. Ce salut passe par l’intervention d’un messager, d’un ange intercesseur (v. 23), qui annonce à l’homme son devoir. C’est probablement ce rôle qu’Élihou croit jouer auprès de Job.

Réfléchissons : L’approche d’Élihou est sans doute plus nuancée que celle de ses trois compagnons. Cependant, elle vise sensiblement le même but, confondre Job et l’amener à confesser son péché. Son arrogance transparaît dans les derniers versets où il exhorte Job tour à tour à parler et à se taire. Même s’il assigne un rôle purificateur à la souffrance, il n’écarte pas du tout son rôle punitif (v. 27). Voilà précisément ce que Job conteste!

Seigneur, j’ai parfois beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi je souffre, mais je compte sur ta miséricorde et ta grâce pour me garder.

Job 34.1-37

1 Élihou reprit et dit :

2 Sages, écoutez mes propos ! Vous qui avez de la connaissance, prêtez–moi l’oreille !

3 Car l’oreille discerne les propos, Comme le palais goûte la nourriture.

4 Choisissons donc le droit pour nous, Reconnaissons entre nous ce qui est bon.

5 Job dit : Je suis juste, Et Dieu a écarté mon droit ;

6 Malgré mon droit, je passe pour menteur ; Ma blessure est incurable sans que j’aie péché.

7 Y a–t–il un homme semblable à Job, Buvant la raillerie comme l’eau,

8 Marchant dans la société de ceux qui commettent l’injustice, Cheminant de pair avec les méchants ?

9 Car il a dit : Il est inutile à l’homme De mettre son plaisir en Dieu.

10 Écoutez–moi donc, hommes de bon sens ! Loin de Dieu la méchanceté, Loin du Tout–Puissant l’injustice !

11 Il rend à l’être humain selon ses actions, Il rétribue chacun selon ses voies.

12 Non certes, Dieu ne commet pas de méchanceté ; Le Tout–Puissant ne fait pas fléchir le droit.

13 Qui l’a chargé de (gouverner) la terre ? Qui (lui) a confié le monde entier ?

14 S’il ne pensait qu’à lui–même, S’il ramenait à lui son Esprit et son souffle,

15 Toute chair périrait en même temps, Et l’homme retournerait dans la poussière.

16 Si tu as de l’intelligence, écoute ceci, Prête l’oreille au son de mes propos !

17 Est–ce que vraiment celui qui a de la haine pour le droit pourrait gouverner ? Et condamnerais–tu le juste, le puissant ?

18 Dira–t–on à un roi : Vaurien, Et à des nobles : Méchant ?

19 (Dieu) n’a pas égard à l’apparence des princes Et ne distingue pas le riche du pauvre, Parce que tous sont l’ouvrage de ses mains.

20 En un instant, ils meurent ; Au milieu de la nuit, un peuple est ébranlé et périt ; L’on écarte le puissant sans effort.

21 Car (Dieu) porte les yeux sur les voies de l’homme Et il regarde tous ses pas.

22 Il n’y a ni ténèbres ni ombre de la mort, Où puissent se cacher ceux qui commettent l’injustice.

23 Il n’est pas besoin de prêter attention longtemps à un homme, Pour qu’il entre en jugement avec Dieu ;

24 Il brise les puissants sans faire d’enquête Et il en établit d’autres à leur place ;

25 Car il distingue leurs oeuvres. Il les renverse de nuit, et ils sont écrasés ;

26 Il les frappe comme des méchants, Dans l’endroit où l’on peut (les) voir.

27 C’est parce qu’ils se sont écartés de lui Et qu’ils n’ont pas su discerner toutes ses voies.

28 Ils ont fait monter vers lui le cri de l’indigent, Et il entendra le cri des malheureux.

29 S’il donne le repos, qui prononcera une condamnation ? S’il cache sa face, qui pourra le regarder ? (Cela est vrai) aussi bien pour une nation que pour un homme ;

30 C’est pour qu’un homme impie ne règne pas, Et ne soit plus un piège pour le peuple ;

31 Car a–t–il jamais dit à Dieu : J’ai supporté (ma peine), je n’agirai plus mal ;

32 Ce que je ne vois pas encore, montre–le moi ; Si j’ai commis des injustices, je ne recommencerai pas ?

33 Est–ce d’après tes idées que Dieu doit rétribuer ? Car tu réprouves ; c’est toi qui choisis, mais non pas moi. Ce que tu connais, dis–le donc !

34 Les hommes de sens me diront, Ainsi que l’homme sage qui m’écoute :

35 Job parle sans la connaissance, Et ses paroles manquent de discernement.

36 Que Job continue donc à être éprouvé, Puisqu’il répond comme font les hommes injustes !

37 Car il ajoute à son péché une faute grave : Il bat des mains au milieu de nous, Il multiplie ses discours contre Dieu.

Dieu n’est pas méchant!

Élihou cherche à démontrer que Job se trompe lorsqu’il affirme que Dieu le traite injustement. Le jeune homme va même trop loin; il met dans la bouche du malheureux des paroles qu’il n’a jamais dites (v. 9). Job a pourtant simplement déclaré qu’on ne voit pas toujours de différence entre le sort des bons et celui des méchants.

Le gouvernement parfait de Dieu (v. 1-20). Élihou cherche à établir que Dieu ne fait jamais que le bien et rend toujours à l’homme selon ses œuvres. Comment, en effet, admettre que le Dieu créateur et souverain prenne plaisir à maltraiter ses créatures? Ce serait facile pour Dieu de détruire le monde et s’il ne le fait pas, c’est qu’il l’aime. Comment Dieu pourrait-il gouverner la création autrement que par le droit et la justice, lui qui reprend aussi bien les grands de cette terre que les petits?

Le jugement juste de Dieu (v. 21-37). Dieu exerce son jugement sans faire acception de personnes. Son savoir infini l’exempte de devoir s’informer des circonstances et lui permet d’agir rapidement. Il punit à juste titre l’impie qui ne s’est pas repenti ou humilié. Notons que c’est à Job qu’Élihou adresse cette dernière remarque (v. 31-32).

Progressons : Job, au fond, n’a fait qu’exprimer son incompréhension au sujet des injustices qu’il voit, aussi bien dans sa propre vie que dans celle des autres. Élihou, comme ses compagnons, perçoit dans cette interrogation une rébellion contre Dieu. Et pour appuyer ses dires, il prête à Job des propos blasphématoires qu’il n’a pas tenus. Il y a des tragédies dans cette vie qui nous dépassent. Dieu ne nous demande pas de le défendre en blâmant des innocents; par contre, il nous demande de lui faire confiance jusqu’au bout.

Lecture complémentaire : Job 35.1-16

Job 36.1-21

1 Élihou continua et dit :

2 Attends un peu, et je vais t’expliquer, Car j’ai encore quelques propos pour la cause de Dieu.

3 Je tirerai ma science de très loin Et je rendrai justice à celui qui m’a fait.

4 Car, en vérité, mes propos ne sont pas des tromperies, C’est un (homme) intègre dans ses connaissances qui est avec toi !

5 Dieu est puissant et il ne rejette (personne); Il est puissant par la force de son intelligence.

6 Il ne laisse pas vivre le méchant Et il fait droit aux malheureux.

7 Il ne détourne pas les yeux loin du juste, Il place des rois sur le trône, Il les y fait asseoir pour toujours, afin qu’ils soient élevés.

8 Sont–ils liés de chaînes, Sont–ils pris dans les liens du malheur,

9 Il leur dénonce leurs actions Et leurs révoltes quand ils s’enorgueillissent ;

10 Il les avertit pour leur instruction, Il leur dit de renoncer à leur injustice.

11 S’ils écoutent et se soumettent, Ils achèvent leurs jours dans le bonheur, Leurs années dans les délices.

12 S’ils n’écoutent pas, ils périssent par le javelot, Ils expirent dans leur manque de connaissance.

13 Les impies se livrent à la colère, Ils n’appellent pas (Dieu) au secours quand il les enchaîne ;

14 Leur âme périt dans leur jeunesse, Et leur vie parmi les débauchés.

15 Mais (Dieu) délivre le malheureux par son malheur même, Et c’est par la souffrance qu’il l’avertit.

16 Il te retirera aussi de la détresse, Au lieu de cela (tu seras) à l’aise sans contrainte, Et ta table sera chargée de mets succulents.

17 Si tu juges tout à fait comme le méchant, Le jugement et le droit se saisiront (de toi).

18 Que la fureur ne t’entraîne pas à la moquerie, Et que la grandeur de la rançon ne te fasse pas dévier !

19 Tes cris suffiraient–ils pour ne pas être dans la détresse, Et même toute la vigueur de ta force ?

20 N’aspire pas après la nuit Qui enlève les gens de leur place.

21 Garde–toi de te tourner vers l’injustice, Car c’est ce que tu as choisi, à cause de (ton) malheur.

Le but de la souffrance

Élihou ne laisse pas le temps à Job de répliquer et se justifie en prétendant apporter des paroles vraies : la souffrance purifie le juste, enlève toute racine de péché en lui et le garde dans la bonne voie. C’est bien la cause de Dieu que le jeune homme croit défendre.

Dieu délivre par le malheur (v. 1-15). La souffrance contribue au bien du juste; ce n’est que pour les méchants qu’elle a une triste fin. Aucun malheureux n’est trop petit pour que Dieu s’occupe de lui, car non seulement le Seigneur est compatissant, mais il veut et peut rendre une justice parfaite. Ce n’est donc que contre les méchants qu’il sévit. Il exerce sa miséricorde envers les justes et utilise la souffrance pour les avertir lorsqu’ils deviennent orgueilleux.

L’homme répond par la soumission (v. 16-21). Mais alors, pourquoi Job n’est-il pas délivré? Selon Élihou, c’est son obstination à protester de son innocence qui aggrave sa situation. Qu’il accepte ses épreuves, et les choses s’arrangeront! Qu’il se tourne humblement vers Dieu plutôt que de crier d’indignation et de se laisser décourager par l’intensité de ses souffrances!

Veillons : Souvent, nous considérons les gens responsables des catastrophes qui les atteignent. Qu’il s’agisse de la pauvreté des pays en voie de développement ou de celle que nous côtoyons dans nos villes, elle nous semble toujours la conséquence d’un comportement que nous

jugeons déficient. Jésus nous prévient que nous serons jugés de la façon dont nous jugeons les autres (Mt 7.2). Nous n’avons pas à défendre la cause de Dieu en condamnant notre prochain.

Méditons : « Puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu, tenons fermement la confession de notre foi. » (Hé 4.14)

Job 36.22 – 37.24

22 Dieu se montre sublime par sa force ; Qui saurait enseigner comme lui ?

23 Qui lui prescrit ses voies ? Qui peut dire : Tu as commis une iniquité ?

24 Souviens–toi d’exalter son oeuvre Que les hommes célèbrent dans leurs chants.

25 Tout être humain la contemple, Tout homme la voit de loin.

26 Dieu est grand, mais nous ne savons pas le reconnaître ; Le nombre de ses années est insondable.

27 Il attire les gouttes d’eau Qui s’évaporent et retombent en pluie ;

28 Les nuages la laissent couler, Ils la répandent sur la foule des humains.

29 Qui comprendra le déploiement de la nuée, Le fracas de sa tente ?

30 Voici : il déploie autour de lui sa lumière, Il recouvre les profondeurs de la mer.

31 Par ces moyens il juge les peuples, Il donne la nourriture avec abondance.

32 Il prend l’éclair en mains, Il lui ordonne (d’aller) contre l’assaillant.

33 Il s’annonce par son tonnerre ; Le troupeau pressent son approche.

1 C’est pour cela que mon coeur est tout tremblant, Qu’il bondit hors de sa place.

2 Écoutez, écoutez le fracas de sa voix, Le grondement qui sort de sa bouche !

3 Il le fait rouler dans toute (l’étendue) des cieux, Et son éclair (brille) jusqu’aux extrémités de la terre.

4 Puis éclate un rugissement : il tonne de sa voix majestueuse ; Il ne retient plus (l’éclair) dès que sa voix se fait entendre.

5 C’est merveilleux comme Dieu tonne de sa voix ; Il fait de grandes choses que nous ne reconnaissons pas.

6 Il dit à la neige : Tombe sur la terre ! Il le dit à l’averse, à la pluie, même aux plus fortes averses.

7 Il ferme d’un sceau la main de tout être humain, Afin que tous se reconnaissent comme son oeuvre.

8 L’animal sauvage se retire dans un repaire Et se couche dans sa tanière.

9 Le tourbillon vient du midi, Et le froid des vents du nord.

10 Par son souffle Dieu produit la glace, Et l’étendue des eaux se fige.

11 Il charge d’humidité les nuages, Il disperse la nuée étincelante.

12 Leurs évolutions varient selon ses directives pour exécuter Tout ce qu’il leur ordonne, Sur la face du monde terrestre ;

13 C’est comme un bâton dont il frappe sa terre ; Ou c’est comme (un signe de) sa bienveillance qu’il les fait apparaître.

14 Job, prête l’oreille à ces choses ! Arrête–toi pour comprendre les merveilles de Dieu !

15 Sais–tu comment Dieu les dirige Et fait briller la lumière de sa nuée ?

16 Sais–tu comment les nuages se tiennent en équilibre, Ces merveilles de celui dont la science est parfaite ?

17 Toi dont les vêtements sont chauds Quand la terre se repose par le vent du midi,

18 Peux–tu comme lui étendre une voûte de nuées, Aussi solides qu’un miroir de fonte ?

19 Fais–nous connaître ce que nous devons lui dire ; Nous n’exprimerons (plus rien) à cause des ténèbres (de notre ignorance).

20 Lui annoncera–t–on que je parlerai ? Mais un homme peut–il dire qu’il veut périr ?

21 Maintenant on ne voit plus la lumière tamisée par les nuées, Car un vent a passé et les a nettoyées,

22 Et du nord survient une lueur dorée. Oh ! que la majesté de Dieu est redoutable !

23 Nous ne saurions parvenir jusqu’au Tout–Puissant, Grand par la force, Par le droit et par une souveraine justice : Il ne répond pas !

24 C’est pourquoi les hommes doivent le craindre ; Il ne porte les regards sur aucun des sages.

Arrête-toi!

Élihou invite Job à considérer l’infinie grandeur de Dieu; il le prépare ainsi à louer l’Éternel lorsque celui-ci lui adressera la parole. En fait, c’est dans la nature, le cycle des saisons, les bouleversements atmosphériques que l’homme contemple les merveilles du Créateur.

Devant les œuvres extraordinaires de Dieu (36.22 – 37.13). Au lieu de blâmer Dieu, Job devrait se joindre à tous ceux qui le louent. Élihou exalte la gloire de Dieu telle qu’elle se manifeste dans la nature. Après avoir décrit l’orage, il évoque l’hiver et ses conséquences sur la vie des hommes et des animaux. Ce spectacle ne doit-il pas soulever une admiration et une crainte qui enlèvent tout doute quant à la sagesse du Créateur?

Devant la majesté redoutable de Dieu (37.14-24). Un être qui ne peut comprendre ni imiter les merveilles du Créateur devrait réfléchir avant de le critiquer... La série de questions ironiques d’Élihou – Sais-tu? Peux-tu? (v. 15-18) – soulignent la distance infinie qui sépare la créature du Créateur. L’homme, qui ne peut regarder fixement le soleil, peut encore moins regarder Dieu. La crainte est donc la seule attitude qui soit juste devant la majesté divine.

Réfléchissons : La perspective d’Élihou concernant la majesté de Dieu est juste, mais sa compréhension du patriarche ne l’est pas. Ce serait à lui – et à nous aussi – de s’arrêter pour reconnaître que l’œuvre du Tout-Puissant dans la vie des hommes est incompréhensible. Il ne nous

appartient pas de condamner nos semblables; Dieu nous demande plutôt d’être leur gardien.

Méditons : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies […] Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées » (Es 55.8-9).

Pourquoi moi?

Réjean Laflamme

Après un enseignement sur le sens des épreuves, une chrétienne qui vivait des moments fort douloureux me fit ce commentaire : « Oui, je sais que Dieu châtie ceux qu’il aime… Mais j’aurais souhaité qu’il m’aime moins ou qu’il porte son amour sur quelqu’un d’autre! » Cette femme, dans la quarantaine, venait de perdre son mari après avoir perdu deux de ses enfants l’année précédente. Que dire devant un tel malheur?

Trois amis de Job trouvent ce dernier dans une douleur non moindre que celle de cette femme. Non seulement le serviteur de Dieu a-t-il perdu ses enfants, mais il est atteint d’un mal qui le ronge continuellement au point de l’empêcher de dormir. Et sa femme, au lieu de le consoler, lui conseille de blasphémer Dieu, tandis que de leur côté, ses amis attribuent ses souffrances à des péchés inavoués.

Cette accumulation d’épreuves provoque en Job, que Dieu lui-même a déclaré « intègre et droit » (Jb 1.8), une souffrance morale encore plus grande que la douleur physique qui l’accable sans répit. Pourquoi Dieu le frappe-t-il aussi intensément et surtout pourquoi lui cache-t-il sa face?

En période de malheur, il peut nous sembler, comme à Job, que des forces obscures se sont concertées pour nous choisir comme cible. Les premiers dards ébranlent peut-être notre confiance en Dieu – sans toutefois l’anéantir –, mais leur accumulation rapide finit par dévorer nos énergies spirituelles, nous laissant hagards et angoissés, incapables de réagir aux coups supplémentaires qui nous atteignent.

En de tels moments, il nous arrive même de considérer la mort comme une amie, une délivrance, quoique notre conscience nous interdise de la provoquer. C’est alors qu’une rafale de questions envahit notre âme pour la tourmenter. Nous entendons dans notre for intérieur des insinuations malveillantes, semblables à celles des amis de Job. Puis, un vague sentiment de culpabilité s’empare de notre esprit et l’embourbe dans des raisonnements futiles. « Pourquoi moi? répétons-nous sans cesse, Dieu n’est-il pas censé me donner le moyen d’en sortir? » (1 Co 10.13), etc. Et l’insupportable se produit : Dieu semble ne pas vouloir répondre à nos cris!

Inévitablement, le bonheur et la sérénité de nos proches nous portent à croire que nous sommes sous la coupe amère d’un jugement. Il arrive

même que nos amis intimes prennent leurs distances face à nous, craignant que notre détresse obscurcisse leur horizon.

Quel réconfort de savoir que le livre de Job a été écrit et préservé pour nous! Il contient la promesse que Dieu ne nous abandonne jamais et l’assurance qu’il vient à notre rencontre même dans les moments les plus noirs de notre existence (et il serait difficile qu’ils le soient davantage que ceux de Job!). Nous n’aurons peut-être jamais de réponses précises aux questions qui nous tourmentent ni d’explication sur la raison des épreuves qui jalonnent notre vie, mais nous pourrons toujours nous présenter devant Dieu à la manière de Job : maintenant que mon œil t’a vu, je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre (Jb 42.6).

La conclusion du livre de Job est claire : Dieu n’a pas à justifier aux hommes sa façon de gérer sa création. En effet, avons-nous son intelligence et ses attributs pour juger du bien-fondé de ses actions, de sa façon de gouverner l’univers? Quel orgueil de croire que nous sommes l’ultime référence en matière d’intelligence et de jugement, et que cela nous donne le droit de juger le Créateur de toutes choses!

Comme ce fut le cas pour Job, notre orgueil doit s’abaisser devant la majesté et la sainteté de Dieu. Le Seigneur ne nous demande pas de justifier la souffrance des justes sur terre ni de plaider pour lui… Il nous appelle simplement à nous en remettre à sa miséricorde et à sa bonté.

Job 38.1-38

1 L’Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit :

2 Qui est celui qui obscurcit mes desseins Par des propos dénués de connaissance ?

3 Mets une ceinture à tes reins comme un (vaillant) homme ; Je t’interrogerai, et tu m’instruiras.

4 Où étais–tu quand je fondais la terre ? Déclare–le, si tu le sais avec ton intelligence.

5 Qui en a fixé les mesures, le sais–tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ?

6 Dans quoi ses bases sont–elles enfoncées ? Ou qui en a posé la pierre angulaire,

7 Alors qu’ensemble les étoiles du matin éclataient en chants de triomphe, Et que tous les fils de Dieu lançaient des acclamations ?

8 Qui a fermé la mer avec des portes, Quand elle s’élança et sortit du sein maternel ;

9 Quand je fis de la nuée son vêtement, Et de l’obscurité ses langes ;

10 Quand je lui fixai mes prescriptions, Et que je lui mis des verrous et des portes ;

11 Quand je dis : Tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas au–delà ; Ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ?

12 Depuis que tu existes, as–tu commandé au matin ? As–tu fait connaître sa place à l’aurore,

13 Pour qu’elle saisisse les bords de la terre, Et que les méchants en soient secoués ?

14 (Tout) se transforme alors comme l’argile qui reçoit une empreinte, Et se présente comme (paré d’un) vêtement.

15 Mais les méchants sont privés de leur lumière, Et le bras qui se lève est brisé.

16 Es–tu parvenu jusqu’aux sources de la mer ? T’es–tu promené dans les profondeurs de l’abîme ?

17 Les portes de la mort t’ont–elles été dévoilées ? As–tu vu les portes de l’ombre de la mort ?

18 As–tu considéré l’immensité de la terre ? Déclare–le, si tu sais toutes ces choses.

19 Où est le chemin (qui conduit) à la demeure de la lumière ? Et les ténèbres, où ont–elles leur emplacement

20 Pour que tu puisses les saisir à leur limite Et comprendre les sentiers de leur habitation ?

21 Tu le sais ! mais alors tu étais né, Et le nombre de tes jours est bien grand !

22 Es–tu parvenu jusqu’aux réserves de neige ? As–tu vu les réserves de grêle,

23 Que j’ai mises de côté pour un temps de détresse, Pour un jour de bataille et de guerre ?

24 Où est le chemin par où la lumière se divise, Et par où le vent d’orient se répand sur la terre ?

25 Qui a ouvert un passage aux averses Et tracé le chemin de l’éclair et du tonnerre,

26 Pour faire pleuvoir sur une terre sans hommes, Sur un désert où il n’y a pas d’êtres humains,

27 Pour abreuver des lieux dévastés et ravagés, Et faire germer et sortir de l’herbe ?

28 La pluie a–t–elle un père ? Qui donc fait naître les gouttes de rosée ?

29 De quel sein (maternel) est sortie la glace, Et qui a enfanté le givre du ciel ?

30 Les eaux s’immobilisent comme une pierre, Et la surface de l’abîme se prend.

31 Peux–tu nouer les liens des Pléiades Ou dénouer les cordages d’Orion ?

32 Fais–tu paraître en leur temps les constellations, Et conduis–tu la Grande Ourse avec ses petits ?

33 Connais–tu les lois du ciel ? Fais–tu attention à la terre, à son organisation ?

34 Élèves–tu la voix jusqu’aux nuages, Pour que des torrents d’eaux te recouvrent ?

35 Envoies–tu les éclairs pour qu’ils partent ? Te disent–ils : Nous voici ?

36 Qui a mis la sagesse dans le secret (du coeur), Ou qui a donné l’intelligence à l’esprit ?

37 Qui peut avec sagesse compter les nuages Et incliner les outres des cieux,

38 Pour que la poussière se fige, Et que les mottes de terre se collent ensemble ?

La réponse de Dieu

L’apparition de Dieu, que le malheureux Job a tant de fois réclamée et qu’Élihou a déclarée impossible (37.23-24), se produit enfin. Les accusations de ses amis ont entraîné Job dans une voie quelque peu présomptueuse. Aussi Dieu doit-il d’abord humilier son serviteur.

Pour qui te prends-tu? (v. 1-3) Dieu n’explique pas à Job ce qui s’est passé dans les lieux célestes (1.6-12; 2.1-6); il ne lui explique pas non plus le problème du mal. Cependant, c’est du milieu de la tempête qu’il l’interpelle. Ce contexte servira en lui-même de leçon, car Job a voulu discuter d’égal à égal avec Dieu. Mais qui est-il pour critiquer l’Éternel?

Où étais-tu? (v. 4-38) Dieu pose diverses questions à Job sur la création et le gouvernement du monde afin de lui faire prendre conscience de sa folie de vouloir critiquer son Créateur. La création elle-même, l’océan et ses limites, l’aurore, les profondeurs de l’abîme et l’étendue de la terre, la lumière et les ténèbres, les phénomènes

atmosphériques et leur formation, les astres, les phénomènes célestes, toutes ces merveilles de la nature inanimée témoignent de la sagesse infinie du Créateur.

Réfléchissons : Les personnes qui critiquent Dieu ne se rendent pas compte de leur arrogance à son égard. Elles ne peuvent concevoir qu’un Dieu bon et puissant permette que des innocents souffrent. Toutefois, seul Dieu est en mesure de porter un jugement juste sur l’œuvre qu’il accomplit. Aussi lorsque nous murmurons devant l’épreuve, n’indiquons-nous pas à Dieu que nous savons mieux que lui ce qui convient à notre vie? « Tout ce qu’il a fait est beau en son temps, et même il a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité, bien que l’homme ne puisse pas saisir l’œuvre que Dieu a faite, du commencement jusqu’à la fin. » (Ec 3.11)

Job 38.39 – 39.30

39 Chasses–tu la proie pour la lionne, Et apaises–tu la faim des lionceaux,

40 Quand ils sont tapis dans (leurs) tanières, Quand ils demeurent dans le taillis comme dans un repaire ?

41 Qui prépare au corbeau sa pâture, Quand ses petits crient vers Dieu, Errants, sans nourriture ?

1 Connais–tu le moment où les bouquetins font leurs petits ? Observes–tu les biches quand elles mettent bas ?

2 Comptes–tu les mois pendant lesquels elles portent, Et connais–tu le moment où elles font leurs petits ?

3 Elles se courbent, donnent le jour à leur progéniture, Et sont délivrées de leurs douleurs.

4 Leurs petits prennent de la vigueur et grandissent en plein air, Ils s’éloignent et ne reviennent plus auprès d’elles.

5 Qui a mis l’onagre en liberté, Et qui a dénoué les liens de l’âne sauvage ?

6 J’ai fait de la steppe son habitation, De la terre salée sa demeure.

7 Il se rit du tumulte de la ville, Il n’entend pas les cris d’un charretier.

8 Il parcourt les montagnes (pour trouver) sa pâture, Il est à la recherche de tout ce qui est vert.

9 Le buffle désire–t–il être à ton service ? Passe–t–il la nuit près de ta crèche ?

10 Attaches–tu le buffle par une corde pour (qu’il trace) un sillon ? Traînera–t–il la herse derrière toi, dans les vallons ?

11 Mettras–tu ta confiance en lui, parce que sa force est grande ? Lui abandonneras–tu le produit de ta peine ?

12 Peux–tu compter sur lui pour rentrer ta récolte Et pour l’amasser dans ton aire ?

13 L’aile des autruches se déploie joyeusement ; On dirait l’aile, le plumage de la cigogne.

14 Mais quand (l’autruche) abandonne ses oeufs à la terre, Et les laisse chauffer dans la poussière,

15 Elle oublie qu’un pied peut les écraser, Qu’un animal de la campagne peut les fouler.

16 Elle est dure envers ses petits comme s’ils n’étaient pas à elle ; Elle n’a pas peur d’avoir eu de la peine pour rien.

17 Car Dieu l’a privée de sagesse, Il ne lui a pas donné l’intelligence en partage.

18 Quand elle se dresse et prend son élan, Elle se rit du cheval et de son cavalier.

19 Est–ce toi qui donnes la puissance au cheval Et qui revêts son cou d’une crinière flottante ?

20 Le fais–tu bondir comme la sauterelle ? Son fier hennissement répand la terreur.

21 Il piaffe dans le vallon et se réjouit de sa force, Il s’élance au–devant des armes ;

22 Il se rit de la peur, il n’est pas terrifié, Il ne recule pas en face de l’épée.

23 Sur lui retentissent le carquois, La lance étincelante et le javelot.

24 Bondissant d’ardeur, il dévore l’espace. Il ne peut se contenir au son du cor,

25 Quand le cor (sonne), il crie : Ah ! De loin il flaire la bataille, La voix tonnante des chefs et les clameurs.

26 Est–ce par ton intelligence que l’épervier prend son vol Et qu’il étend ses ailes vers le midi ?

27 Est–ce par ton ordre que l’aigle s’élève Et qu’il place son nid sur les hauteurs ?

28 C’est dans les rochers qu’il demeure et passe la nuit, Sur une dent de rocher, (comme) une forteresse.

29 De là il épie sa proie, De loin, ses yeux l’aperçoivent.

30 Ses petits boivent le sang ; Et là où sont des cadavres, il est là.

Les leçons des animaux

Après avoir décrit les merveilles de l’univers inanimé (voir la note d’hier), Dieu s’attarde au monde animal et montre combien il révèle sa sagesse. Les animaux sauvages, en particulier, se passent très bien de l’homme, qui, de toute façon, n’a aucun pouvoir sur eux.

Leur instinct de survie (38.39 – 39.4). Que de leçons nous donnent les espèces animales qui habitent notre planète! De la plus forte (la lionne, 38.39-40) à la plus faible (le corbeau, 38.41), les bêtes réussissent par elles-mêmes à assurer leur subsistance et celle de leur progéniture.

Leur indépendance vis-à-vis de l’homme (39.5-12). Encore plus frappant est l’esprit d’indépendance qui caractérise certains animaux. Ainsi l’onagre n’a pas besoin de l’homme et a en horreur tout ce qui entrave sa liberté. Le buffle – terme qui désigne ici l’oryx, une antilope à la taille d’un bœuf reconnue pour sa force – refuse aussi le joug de l’homme.

Leurs particularités étonnantes (39.13-30). Toutefois, ce ne sont pas seulement l’instinct de survie et le désir de liberté des animaux qui sont impressionnants, mais aussi leur étrangeté et même parfois leur ridicule. Ainsi la sottise de l’autruche n’a d’égale que sa rapidité; par contre, les chevaux de guerre manifestent une vigueur et une bravoure exemplaires, et les oiseaux de proie savent instinctivement quand s’envoler et où trouver leur nourriture.

Interrogeons-nous : Il suffit de regarder un documentaire sur n’importe quelle espèce animale pour être éblouis par les merveilles que Dieu a créées. Et notre admiration nous conduit toujours à la même question : Celui qui a manifesté tant de sagesse dans la création de la nature et des animaux peut-il faillir dans le gouvernement des êtres humains? Qu’en pensons-nous? Qu’en pense Job?

Job 40.1 – 41.3

1 L’Éternel reprit la parole et dit à Job :

2 Le discutailleur va–t–il faire un procès au Tout–Puissant ? Celui qui conteste avec Dieu a–t–il une réponse à cela ?

3 Job répondit à l’Éternel :

4 Voici : je suis peu de chose ; que te répliquerais–je ? Je mets la main sur ma bouche.

5 J’ai parlé une fois, je ne répondrai plus ; Deux fois, je n’ajouterai rien.

6 L’Éternel répondit à Job du milieu de la tempête et dit :

7 Mets une ceinture à tes reins comme un (vaillant) homme ; Je t’interrogerai, et tu m’instruiras.

8 Veux–tu réellement annuler mon jugement ? Me condamneras–tu pour te justifier ?

9 As–tu un bras comme celui de Dieu, Une voix tonnante comme la sienne ?

10 Orne–toi de fierté et de prestige, Revêts–toi d’éclat et de magnificence !

11 Répands les flots de ta colère, Regarde tous les orgueilleux et abaisse–les !

12 Regarde tous les orgueilleux, courbe–les ! Écrase sur place les méchants,

13 Cache–les tous ensemble dans la poussière, Emprisonne–les dans le cachot !

14 Alors moi–même, je te célébrerai, Car ta droite aura été ton salut !

15 Voici l’hippopotame que j’ai formé comme toi ! Il mange de l’herbe comme le boeuf.

16 Le voici ! Sa force est dans ses reins, Et sa vigueur dans les muscles de son ventre ;

17 Il raidit sa queue comme un cèdre ; Les nerfs de ses cuisses sont entrelacés ;

18 Ses os sont des tubes de bronze, Son ossature comme des barres de fer.

19 Il est la première des oeuvres de Dieu ; Celui qui l’a fait l’a pourvu d’une épée.

20 Les montagnes lui fournissent sa pâture, Là où se jouent tous les animaux de la campagne.

21 Il se couche sous les lotus, Dans le secret des roseaux et des marécages ;

22 Les lotus le couvrent de leur ombre, Les saules du torrent l’environnent.

23 Si le fleuve devenait violent, il ne s’alarmerait pas ; Si le Jourdain se précipitait dans sa gueule, il resterait en sécurité.

24 Est–ce quand il a les yeux ouverts qu’on pourra le saisir ? Est–ce qu’on le prendra au piège, pour lui percer le museau ?

25 Prendras–tu le crocodile à l’hameçon ? Lieras–tu sa langue avec une corde ?

26 Mettras–tu un jonc dans son museau ? Lui perceras–tu la mâchoire avec un crochet ?

27 T’adressera–t–il de longues supplications ? Te dira–t–il de douces paroles ?

28 Conclura–t–il une alliance avec toi ? Le prendras–tu comme esclave pour toujours ?

29) Joueras–tu avec lui comme avec un oiseau ? L’attacheras–tu pour (amuser) tes jeunes filles ?

30 Des associés le mettront–ils en vente ? Le partageront–ils entre des marchands ?

31 Couvriras–tu sa peau de dards, Et sa tête de harpon à poissons ?

32 Mets ta main sur lui : Au souvenir du combat, tu ne recommenceras plus !

1 Voici, quand on l’attend, on est déçu ; A son seul aspect n’est–on pas renversé ?

2 Nul n’est assez farouche pour l’exciter ; Qui donc me résisterait en face ?

3 Qui m’a fait des avances pour que je le lui rende ? Sous tous les cieux (tout) est à moi.

L’art de gouverner le monde

La première réponse de Dieu atteint son objectif : Job reconnaît qu’il n’est qu’une créature. Même s’il s’humilie, il semble encore mettre en doute la justice de Dieu. L’Éternel instruira donc son serviteur à ce sujet. Les redoutables hippopotame et crocodile permettront d’illustrer le gouvernement divin. Puisque l’homme est incapable de dompter ces animaux, comment arriverait-il à réprimer le mal et à faire régner la justice?

La justice de Dieu (40.1-9). Après avoir énuméré les preuves de la toute-puissance et de l’infinie sagesse qu’il a déployées dans le monde physique, Dieu interpelle de nouveau Job, qui, cette fois-ci, confesse son ignorance. Il développe le thème de sa justice divine par l’exemple de deux créatures effrayantes. Car la justice relève de la puissance : il ne suffit pas de connaître le bien, il faut pouvoir le faire triompher du mal.

La puissance de Dieu (40.10 – 41.3). Ce n’est pas sans raison que Dieu choisit deux animaux impressionnants par leur force pour démontrer sa puissance. Le caractère féroce et indomptable de l’hippopotame et du crocodile, qu’il tient pourtant en laisse, suffit à prouver sa compétence pour gouverner le monde.

Réfléchissons : Pour expliquer sa justice et sa puissance, Dieu aurait pu révéler à Job ce qui ce passe dans les cieux. Toutefois, il ne le fait pas, car l’homme doit croire sans comprendre. Notre foi n’est cependant pas aveugle; les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient fort bien dans ses œuvres depuis la création du

monde (Rm 1.20). Qui donc peut résister à Dieu (41.2)? Même si nous ne comprenons pas tout, nous savons en qui nous croyons et nous comptons sur sa bonté et sa sagesse.

Lecture complémentaire : Job 41.4-26

Job 42.1-17

1 Job répondit à l’Éternel :

2 Je reconnais que tu peux tout, Et qu’aucune réflexion n’est inaccessible pour toi.

3 –– Qui est celui qui assombrit mes desseins (par des propos) dénués de connaissance ? Oui, j’ai fait part, sans les comprendre, De merveilles qui me dépassent et que je ne connaissais pas.

4 –– Écoute–moi, et moi je parlerai ; Je t’interrogerai, et tu m’instruiras. ––

5 Mon oreille avait entendu parler de toi ; Mais maintenant mon oeil t’a vu.

6 C’est pourquoi je me condamne et je me repens Sur la poussière et sur la cendre.

7 Après que l’Éternel eut adressé ces paroles à Job, l’Éternel dit à Éliphaz de Témân : Ma colère est enflammée contre toi et contre tes deux amis, parce que vous n’avez point parlé de moi avec droiture comme (l’a fait) mon serviteur Job.

8 Prenez maintenant sept taureaux et sept béliers, allez auprès de mon serviteur Job et offrez pour vous un holocauste. Mon serviteur Job priera pour vous, et comme j’ai de la considération pour lui, je ne vous traiterai pas selon votre folie, car vous n’avez point parlé de moi avec droiture, comme l’a fait mon serviteur Job.

9 Éliphaz de Témân, Bildad de Chouah et Tsophar de Naama s’en allèrent. Ils agirent comme l’Éternel le leur avait dit ; et l’Éternel eut de la considération pour Job.

10 L’Éternel rétablit la situation de Job, quand celui–ci eut prié pour ses amis ; et l’Éternel lui accorda le double de tout ce qu’il avait possédé.

11 Tous ses frères, toutes ses soeurs et toutes ses connaissances d’autrefois vinrent vers lui et mangèrent avec lui dans sa maison. Ils le plaignirent et le consolèrent de tous les malheurs que l’Éternel avait fait venir sur lui, et ils lui donnèrent chacun une qesita et chacun un anneau d’or.

12 L’Éternel bénit la dernière partie (de la vie) de Job plus que la première. Il posséda 14000 brebis, 6000 chameaux, 1000 paires de boeufs et 1000 ânesses.

13 Il eut sept fils et trois filles.

14 Il appella la première du nom de Yemima, la seconde du nom de Qetsia, et la troisième du nom de Qérèn–Happouk.

15 Il ne se trouvait pas dans tout le pays d’aussi belles femmes que les filles de Job. Leur père leur accorda une part d’héritage parmi leurs frères.

16 Job vécut après cela 140 ans ; il vit ses fils et les fils de ses fils jusqu’à la quatrième génération.

17 Puis Job mourut âgé et rassasié de jours.

Mon œil t’a vu!

À l’aveu de son incapacité (40.4), Job ajoute celui de sa culpabilité (v. 6), non pas celle que ses amis lui prêtent, mais celle d’avoir jugé le gouvernement de Dieu. Il ne demande plus à savoir pourquoi il souffre. Il a compris qu’il doit mettre sa confiance dans le Dieu tout-puissant qu’il découvre sous un jour nouveau.

Je reconnais que tu peux tout (v. 1-6). Même s’il ne comprend pas tout, Job reconnaît la justice de Dieu, qui est si grand. Sa perception de Dieu est changée : « Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t’a vu » (v. 5). Il souffre encore de la lèpre au moment où il fait cette déclaration; toutefois, il n’a plus besoin à présent d’avoir des réponses à ses questions, car il croit à la sagesse du plan souverain de Dieu.

L’Éternel entend la prière de Job (v. 7-17). L’Éternel a prononcé des paroles sévères, mais il a aussi entendu l’humble confession de Job. Puisque son serviteur est désintéressé, Dieu le comblera d’honneurs et de biens. Par contre, les trois visiteurs subiront sa colère. Ils ne doivent leur pardon qu’à l’intercession de Job.

Réfléchissons : Job, en priant pour ses amis avant même d’être guéri, donne une nouvelle preuve du désintéressement de sa piété. Il retrouve

la santé et acquiert une prospérité plus grande que celle qu’il connaissait autrefois. Cependant, le bien le plus précieux qu’il retire de son expérience, c’est sa rencontre avec Dieu, qui non seulement lui fait oublier tous ses malheurs, mais l’amène dans une dimension nouvelle où il se sent en confiance pour affronter tous les défis à venir.

Seigneur, merci pour l’exemple de Job. Comme lui, je veux m’en remettre à ta miséricorde et à ta justice.