Le Langage Chez L'Autiste De Haut Niveau Ou Asperger

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    2/13247Canadian Journal of Speech-Language Pathology and Audiology - Vol. 34, No. 4, winter 2010

    Daprs Statistique Canada, en 2003, le nombrede personnes atteintes dautisme ou de toutautre trouble du dveloppement slevait un peu plus de 69 000, soit environ un Canadien sur4501. Daprs la Socit canadienne dautisme, il y a euune augmentation prononce des enfants dge scolaireatteints de ce trouble en Saskatchewan, au Qubec et enColombie-Britannique. Ces trois provinces suivent de prs

    lapparition de nouveaux cas en se basant sur des donnesstatistiques fiables2.Lintrt port aux troubles du dveloppement

    saccrot donc constamment, mais les critres pour lesdiagnostiquer demeurent flous. Prsentement, lchelleinternationale, la dfinition de lautisme la plus rpandue sefonde sur leManuel diagnostique et statistique des troublesmentauxpubli par lAmerican Psychiatric Association(DSM-IV-TR; APA, 2000). Dans la quatrime dition,publie en 2000, le trouble autistique (autisme), le syndromedAsperger, le syndrome de Rett, le syndrome dsintgratifde lenfance et le trouble envahissant du dveloppementnon-spcifi (TED-NS) sont regroups sous lappellation

    des troubles envahissants du dveloppement (TED).Ces troubles, souvent perus comme faisant partiedun continuum, se manifestent tous par une altrationqualitative des interactions sociales et par un caractrerestreint, rptitif et strotyp des comportements, desintrts et des activits. Ces cinq troubles comportent descritres diagnostiques distinctifs, mais seule la distinctionentre le trouble autistique et le syndrome dAsperger seratraite dans la prsente tude.

    Le trouble autistique (autisme) et le syndromedAsperger regroupent les mmes critres, cest--direlaltration qualitative des interactions sociales et le caractrerestreint, rptitif et strotyp des comportements, desintrts et des activits. Cependant, le DSM-IV-TR (APA,2000) exige la prsence de six manifestations ou plus pourposer un diagnostic de trouble autistique comparativement trois ou plus pour poser celui de syndrome dAsperger. Uneincapacit tablir des relations avec les pairs, un manquede rciprocit sociale ou motionnelle, une proccupationcirconscrite un ou plusieurs centres dintrt strotypset restreints, une adhsion apparemment inflexible deshabitudes ou des rituels spcifiques et non-fonctionnelset la prsence de manirismes moteurs strotyps etrptitifs constituent des exemples de ces manifestations(APA, 2000).

    De plus, le diagnostic dun trouble autistique (autisme)exige la prsence dau moins une manifestation decommunication altre, comme un retard ou une absencetotale du langage parl sans tentative de compensationpar dautres modes de communication. Par contre, cecritre nexiste pas pour tablir le diagnostic du syndromedAsperger. Selon le critre D du DSM-IV-R, il nexiste pasde retard gnral du langage significatif sur le plan clinique.

    Par exemple, le sujet a utilis des mots isols vers lge dedeux ans et des phrases valeur de communication verslge de trois ans) (APA, 2000; Guelfi et al., 2003, pp. 98).Le diagnostic de syndrome dAsperger est pos lorsque aucours de lenfance, il ny a pas eu de retard significatif surle plan clinique dans le dveloppement cognitif (DSM-IV-TR, APA, traduction franaise par Guelfi et al., 2003 :98), ce qui contraste avec le trouble autistique pour lequel

    un retard de dveloppement est frquemment associ.En bref, le trouble autistique et le syndrome dAspergerprsentent des caractristiques opposes aux plans de lacommunication et du fonctionnement intellectuel. Letrouble autistique se caractrise frquemment par unretard cognitif et ncessairement par un dveloppementcommunicationnel altr alors que le syndrome dAspergerne prsente ni retard cognitif ni atteinte la communication.

    Le constat de lexistence denfants autistes prsentantun quotient intellectuel (QI) dans la normale (absencede retard cognitif) a suscit lapparition dune nouvellecatgorie dans la ligne des troubles dans le spectre delautisme. Malgr leur QI lev, ces enfants ne pouvaient

    tre diagnostiqus Asperger puisquils prsentaient unretard dans le dveloppement langagier, ne rpondantpas aux critres du DSM-IV pour ce syndrome. Cettenouvelle catgorie denfants, prsentant la fois descaractristiques Asperger (absence de retard cognitif)et autistiques (dveloppement langagier altr), sesttrouve cheval entre le syndrome dAsperger et le troubleautistique (Schopler, 1985). La communaut scientifiquela dnomme autisme de haut niveau vu le haut niveaude fonctionnement intellectuel (QI dans la normale) touten ayant des limites au plan de la communication. Lenfantayant de lautisme de haut niveau (AHN) ne remplit pasles exigences du critre D du syndrome dAsperger (APA,2000). 3

    Dans la littrature, le syndrome dAsperger etlautisme de haut niveau se trouvent dune part sousun mme ensemble de manifestations (Baron-Cohen,ORiordan, Stone, Jones & Plaisted, 1999; Dennis,Lazenby, & Lockyer, 2001; Emerich, Creaghead, Grether,Murray, & Grasha, 2003). Les deux troubles jouissentdun caractre hautement fonctionnel (absence de retardcognitif) les situant un extrme du continuum desTED. Le trouble autistique occupe lautre extrmit de cecontinuum (dficience intellectuelle associe, bas niveaude fonctionnement). Toutefois, ils se distinguent par

    des diffrences langagires. Le peu de littrature sur ledveloppement langagier dans lautisme de haut niveau et lesyndrome dAsperger ainsi que plusieurs rsultats pointantvers des manifestations semblables dans les deux groupesamnent sinterroger sur lutilit clinique les diffrencier.

    1Statistique Canada, Enqute sur la sant dans les collectivits canadiennes 2003; donnes compiles pour la Bibliothque du Parlement.2 Socit canadienne de lautisme, Canadian Autism Research Agenda and Canadian Autism Strategy: A White Paper, mars 2004.3 Les termes critre distinctif, critre langagier, distinction actuelle et autres en ce sens, qui suivront dans le texte, feront rfrence cette dernire phrase.

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langage

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    But de ltudeLobjectif de cette recherche est de rapporter les rsultats

    dtudes comparant les deux groupes (SA et AHN) surdes variables langagires en vue de faire la lumire sur lapertinence dutiliser le critre de retard de langage pourtablir une distinction entre les deux troubles.

    MthodologieTrois bases de donnes ont t consultes pour accder

    la littrature portant sur le langage dans le syndromedAsperger et dans lautisme de haut niveau : PSYCINFO,MEDLINE et LLBA (Linguistics and Language Behavior

    Abstracts). Aucun intervalle de temps na t dterminpour la slection des tudes rapporter. Les critresdinclusion guidant la slection ont t les suivants : 1) lestudes devaient comparer ou rapporter des comparaisonsde participants Asperger et autistes de haut niveau au plandu langage et 2) les participants des tudes devaient treregroups selon la prsence ou labsence dun dlai lorsde lacquisition du langage. Les descripteurs utiliss ont

    vari dune base de donnes lautre, mais ont, en gnral,regroup les termes suivants : Asperger Syndrome, High-functionning autism et language disorders.

    Sur les 112 tudes issues de cette recherche informatique,13 tudes comparant ou rapportant des comparaisonsentre des participants autistes de haut niveau et Asperger(diffrencis selon la prsence ou labsence dun dlai lorsde lacquisition du langage) au plan du langage ont tretenues. Tous les articles sont de langue anglaise et ontt publis entre les annes 1991 et 2008.

    Les autres tudes nont pas t slectionnes pour luneou lautre des raisons suivantes : 1) elles ne portaient pas

    sur des aspects langagiers, mais de faon exclusive sur desaspects sociaux, neuropsychologiques, psychologiques etcognitifs, 2) elles portaient sur lintervention auprs de laclientle autistique, 3) elles ne comparaient pas les deuxgroupes cibls ou trs souvent, les regroupaient au sein dunmme chantillon, et enfin 4) le critre langagier (prsenceou absence dun dlai lors de lacquisition du langage)ntait pas respect dans la slection des participants.

    RsultatsLes sections suivantes permettent de regrouper les

    tudes recenses en fonction de leurs rsultats appuyantou remettant en question la validit du critre distinctif

    actuel. Tous les participants des tudes recenses ont tslectionns selon la prsence ou labsence dun retardsignificatif dans le dveloppement langagier. Le tableau 1,prsent en annexe, synthtise les tudes rapportes selonleurs rsultats appuyant ou non la distinction actuelle.

    Rsultats des tudes appuyant ladistinction actuelle

    Les auteurs de des tudes appuyant la distinctionactuelle entre lautisme de haut niveau et le syndromedAsperger mentionnent que les performances suprieuresdes participants Asperger aux diverses tches langagires

    sexpliqueraient par le fait quen bas ge, ces derniers nontpas prsent de dlai lors de lacquisition du langage. Parconsquent, les participants Asperger possderaient deshabilets langagires dveloppes, contrairement auxautistes de haut niveau, pour qui lapprentissage du langageconstituerait un obstacle important. Daprs les auteurs,lcart observ entre les performances des deux groupesserait donc une faon valide de distinguer les deux troubles.

    Habilets syntaxiquesGhaziuddin, Thomas, Napier, Kearney, Tsai, Welch &

    Fraser (2000) ont men une tude dans le but de comparerles habilets communicationnelles et syntaxiques dansle syndrome dAsperger et lautisme de haut-niveau.Quinze (15) Asperger et 13 autistes de haut niveau ontt slectionns pour ltude. La communication et lelangage ont t examins laide dune version modifiede lanalyse syntaxique, soit lanalyse syntaxique abrge(Brief Syntactic Analysis, Thomas, Kearney, Napier, Ellis,Leudar & Johnston, 1996). Cette mthode a dabord permisdanalyser la frontire des phrases selon leur structure, leur

    sens et lintonation avec laquelle elles ont t produites(selon cet ordre). Ensuite, des dysfluidits (interjections,mots rpts, syntagmes rpts et faux dparts) ont trpertories. Enfin, la complexit syntaxique des phrases at analyse. Lanalyse syntaxique a t effectue la suite dela transcription dchantillons langagiers de 7 20 minutesrecueillis lors dentrevues structures avec les participants.

    Les rsultats font ressortir des diffrences entre les deuxgroupes. Comparativement aux autistes de haut niveau, lesparticipants Asperger produisaient des phrases plus longueset des patrons de langage plus complexes, tel que refltspar un pourcentage plus lev de phrases correctementstructures et davantage denchssement. Les autistesde haut niveau, en revanche, utilisaient des phrases pluscourtes ou des phrases plus longues contenant plusieursdysfluidits et erreurs.

    Dans cette tude, la slection des participants selon lecritre langagier indique des diffrences (syntaxiques) dansles profils langagiers des deux groupes. Selon les auteurs,ces diffrences constituent un appui pour lutilisation duretard de langage comme critre distinctif.

    QI verbalKoyama, Tachimori, Osada, Takeda, et Kurita (2007)

    ont compar 36 participants Asperger et 37 autistes de

    haut niveau du mme ge et du mme niveau intellectuel laide de la version japonaise de lchelle dintelligenceWechsler et du CARS-TV (Childhood Autism RatingScale- version de Tokyo).

    Comparativement aux autistes de haut niveau,les participants Asperger obtenaient des rsultatssignificativement plus levs au niveau du QI verbal etaux sous-sections de vocabulaire et de comprhension delchelle Wechsler, mais obtenaient des rsultats plus faibles,mais moins anormaux que ceux des autistes de haut niveauaux sous-sections de communication verbale et non-verbaledu CARS-TV. Le potentiel langagier davantage dvelopp

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langa

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    chez les participants Asperger de cette tude renforcela slection des groupes sur la base du dveloppementlangagier. Les auteurs appuient la distinction actuelle.

    Processus dintgration linguistiqueLes individus prsentant un trouble dans le spectre de

    lautisme prsenteraient une difficult au plan rceptif extraire le sens de linformation perue (Jolliffe & Baron-Cohen, 1999). Prior et Hall (1979) ont montr que lesindividus autistes prsentaient des difficults spcifiquesde comprhension des phrases, mais sans prsenter dedifficult comprendre les mots isols. Cette difficult utiliser adquatement le contexte linguistique pourcomprendre le langage a t dcrite par Frith (1989) commersultant dune difficult plus globale intgrer les diversessources dinformation pour en extraire le sens. Cette thoriedune pauvre cohrence centrale chez les individus autistes(weakcentral coherence theory) est appuye par plusieurstudes (Frith & Snowling, 1983; Happ, 1997; Jolliffe,Landsdown, & Robinson, 1992).

    Jolliffe et Baron-Cohen (1999) ont tudi le traitement

    linguistique de 17 participants autistes de haut niveau, 17participants ayant le syndrome dAsperger et 17 adultesneurotypiques contrles, tous apparis en fonction delge, du QI, du sexe et de la latralit, dans le but dvaluersi la cohrence linguistique locale de chacun est atteinte.La cohrence locale (local coherence) est lhabilet fairedes liens significatifs selon le contexte entre les diversesinformations linguistiques dune phrase maintenues enmmoire de travail.

    Les autistes de haut niveau ainsi que les participantsAsperger utilisaient moins le contexte de la phrase de faonspontane pour prononcer correctement un homographecomparativement aux participants du groupe contrle.

    Lorsquils faisaient face une situation et un rsultatqui ne pouvaient tre cohrents que si une infrencetait faite, les autistes de haut niveau et les participantsAsperger avaient tendance slectionner moins souvent labonne infrence que les participants du groupe contrle.De plus, les autistes de haut niveau et les participantsAsperger utilisaient moins le contexte pour interprterdes phrases ambigus que les participants du groupecontrle. Malgr ces ressemblances, les rsultats font aussiressortir une diffrence significative entre les deux groupesexprimentaux. Dans les diffrentes tches, les autistes dehaut niveau obtenaient une performance significativementplus faible que les participants Asperger.

    En rsum, lensemble de ces tudes indique une supriorit des participants ayant le syndrome dAsperger diverses tches langagires. Leurs habilets syntaxiques,leur potentiel verbal global (QI verbal) et leur capacit plus facilement intgrer logiquement les informationslinguistiques constitueraient autant dlments en faveurdune diffrence qualitative avec le trouble de lautismede haut niveau et cette diffrence se fonderait pour lesauteurs de ces tudes sur la prsence ou labsence dunretard langagier en bas ge.

    Rsultats des tudes remettant en question ladistinction actuelle

    Les rsultats des tudes suivantes ne montrent pas dediffrences langagires significatives entre les participantsautistes de haut niveau et ceux ayant le syndrome dAspergerou bien mentionnent des diffrences pouvant sexpliquerautrement que par la prsence ou labsence dun dlai lorsde lacquisition du langage. Ces rsultats ont amen les

    auteurs de ces tudes sinterroger sur la validit du critreet sur la capacit de la prsence ou de labsence dun retardde langage diffrencier de faon adquate lautisme dehaut niveau et le syndrome dAsperger.

    Critiques du critre langagierConcernant les diagnostics de syndrome dAsperger

    et dautisme de haut niveau tablis selon la prsenceou labsence dun dlai lors de lacquisition du langage,Macintosh et Dissanayake (2004) rapportent plusieursrsultats dtudes indiquant que les symptmes de plusieursenfants pointaient vers un syndrome dAsperger, bien queces enfants avaient expriment des difficults significatives

    lors de lacquisition du langage (Eisenmajer et al., 1996;Manjiviona & Prior, 1999; Prior et al., 1998). A linverse,mme si la grande majorit des enfants autistes prsentedes dlais dans lacquisition du langage, il ne sagirait pasdune caractristique universelle du trouble (Eisenmajeret al., 1996, Miller & Ozonoff, 2000).

    Frith (2004) mentionne par ailleurs que le critre Ddu DSM-IV-TR (2000), soit la production de mots isols lge de deux ans et de phrases valeur communicative lge de trois ans, ne signifie pas que lacquisition dulangage a t normale. Potentiellement problmatique,ce critre se base trs frquemment sur des rapportsparentaux rtrospectifs puisque les enfants ayant un TEDsont souvent diagnostiqus au-del de trois ans. Commede fait, Howlin et Asgharian (1999) ont consult 614parents denfants autistes et 156 parents denfants ayantle syndrome dAsperger. Ils rapportent que le diagnosticdautisme de ces enfants est confirm, en moyenne, lgede 5.5 ans comparativement une moyenne dge de 11ans pour le diagnostic dAsperger. Cette constatation ainsique la subjectivit faisant partie intgrante dun rapportparental rtrospectif font grandement douter de la fiabilitde cette mesure. De plus, certains rapports parentaux fontpart dune acquisition langagire anormale, malgr lerespect du critre. Par exemple, le vocabulaire des enfants

    Asperger est souvent dcrit comme tant prcocementadulte, comprenant des mots rares, ordinairement peuutiliss par les enfants. Frith (2004) rapporte galementque le fait de produire des phrases trois ans nest pas gagedune comprhension adquate du langage, tel quattendu cet ge.

    Bennett et al. (2008) partagent galement le point devue selon lequel il est peu fiable de diagnostiquer un troubleautistique de haut niveau ou un syndrome dAsperger selonla prsence ou labsence dun dlai lors de lacquisitiondu langage. Plusieurs jeunes enfants dmontrant souventun dlai dans lacquisition du langage parviennent

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langage

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    ultrieurement dvelopper leur parole et leurs habiletslangagires et rattraper leurs pairs (Fenson et al., 1994).Ils mentionnent aussi que, selon leur exprience clinique,plusieurs enfants autistes de haut niveau qui nont pasdvelopp leur langage tel quattendu lge de trois ans yparviennent l ge de 6 ans. Ils prsentent alors des profilslangagiers quasi-identiques celui des enfants Asperger(Szatmari et al., 2000).

    Diffrences quantitatives et non qualitatives :

    lhypothse dun continuum de svritLes diffrents troubles envahissants du dveloppement

    sont frquemment conus comme faisant partie dun mmespectre. Tel que mentionn dans lintroduction, plusieursauteurs croient en lexistence dun continuum de lautismeo, selon la svrit de latteinte, lindividu se situe unendroit spcifique sur ce continuum (Baron-Cohen et al.,1999; Dennis et al., 2001; Emerich et al., 2003). Moinslatteinte est svre aux plans social, communicationnel etdu comportement, pluslindividu se situera dans la zonefonctionnel du continuum. Tel serait le cas des autistes

    sans dficience intellectuelle, dont les autistes de hautniveau et les individus Asperger.Le fait que les diffrences langagires entre lautisme de

    haut niveau et le syndrome dAsperger soient interprtablesen fonction de la svrit des symptmes, du niveauintellectuel et du niveau de fonctionnement adaptatif estune hypothse qui revient souvent dans la littrature (Feinet al., 1999; Myhr, 1998; Prior et al., 1998; Volkmar, Klin,& Cohen, 1997).

    Szatmari, Bartolucci & Bremner (1989) ont ainsimen une analyse de cluster incluant 28 enfants Asperger(diagnostiqus selon les critres adapts de Wing, 1981)et 25 enfants autistes de haut niveau. Les participants ontt apparis selon leur QI (Full Scale IQ) et regroups endeux et trois clusters sur la base dinformations parentalesdans les domaines suivants : la socialisation, le langage etla communication, et limagination. Dans la conditiondeux clusters, les rsultats montraient des diffrencesdans chaque domaine refltant vraisemblablement lesdeux diagnostics (autisme de haut niveau et syndromedAsperger). En revanche, dans la condition trois clusters, ungroupe mixte est ressorti dans lequel aucune distinctionentre les participants des deux groupes napparaissait.Ces rsultats sont en faveur dun continuum de svritdes symptmes, avec des diffrences quantitatives et non

    qualitatives. Cette tude a t conduite avant que les critresdu DSM-IV ne soient tablis pour le syndrome dAsperger.Bien quappuyant lhypothse dun continuum de svrit,ces rsultats ne peuvent toutefois se gnraliser aux enfantsdiagnostiqus selon les classifications actuelles.

    Plus rcemment, Prior et al. (1998) ont men desrecherches auprs de 135 participants TED non-spcifis,Asperger et autistes de haut niveau. Des donnes surlhistoire dveloppementale et familiale des enfants ainsique sur leurs difficults sociales, communicationnelles etimaginatives ont t recueillies auprs des parents. Troisgroupes sont ressortis la suite de lanalyse des donnes. Une

    fois de plus, les diffrences taient davantage attribuables des variations de svrit des symptmes plutt qu desprofils symptomatologiques diffrents.

    Dans une tude portant sur la production de discoursnarratif, Seung (2007) a compar 10 individus autistesde haut niveau et 10 individus Asperger, gs entre 11et 49 ans, apparis selon lge et le niveau intellectuel.Les participants devaient gnrer un discours narratif

    la suite de lcoute dun segment du Social AttributionTask Video (Heider & Simmel, 1994; Klin, Jones, Schultz,Volkmar, & Cohen, 2002) et rpondre 10 questions enlien avec la vido. Celle-ci reprsentait des mouvements deformes gomtriques o une forme se dplace en fonctionde laction des autres formes sur elle. Des mesures de laproduction lexicale, de lutilisation de liens cohsifs et desdiffrents temps de verbes ont t prises.

    La production lexicale a t value en mesurant lenombre de mots diffrents et le nombre total de motsproduits. Les individus ayant le syndrome dAspergernobtenaient pas une production lexicale significativementplus leve que les autistes de haut niveau. Une grandevariabilit des scores lintrieur des deux groupes a tconstate. De plus, les individus Asperger nutilisaientpas significativement moins de rfrents ambigus que lesautistes de haut niveau. Concernant lutilisation appropriedes temps de verbes, les individus Asperger utilisaient plusfrquemment le pass; temps de verbe attendu dans le cadredun discours narratif. En rponse aux questions poses la suite de la vido, les participants des deux groupesoffraient une performance similaire. Ils dmontraientune tendance donner des rponses partielles et unedifficult rpondre aux questions en pourquoi?. Aucunediffrence significative na cependant t retrouve sur le

    plan des habilets langagires des participants, tel quvaluau pralable par le Test of Language Competence (TLC;Wiig & Secord, 1989). Selon les auteurs, les rsultats decette tude sont en faveur dun continuum de svrit dutrouble, avec la prsence de diffrences subtiles entre lesdeux groupes pour ce qui est de lusage pragmatique etsyntaxique du langage.

    Diffrences langagires diminuant avec lgeSelon les rsultats des tudes prsentes ci-dessous,

    le critre langagier utilis pour diffrencier le syndromedAsperger et lautisme de haut niveau ne serait plusdiscriminant ds ladolescence et lge adulte.

    Howlin (2003) rapporte ainsi les rsultats de plusieurstudes qui suggrent que les diffrences langagires enbas ge des enfants autistes de haut niveau et Aspergerdiminueraient avec le temps. Par exemple Gilchrist et al.(2001) ont trouv que les diffrences initiales entre les deuxgroupes pour la svrit des symptmes ont tendance dcliner avec lge, et que mme si des diffrences danslADI (Autism Diagnostic Interview) sont constates en basge (les autistes de haut niveau dmontrant davantage desymptmes autistiques), il ny aurait plus de diffrences ladolescence et lge adulte. De mme, Szatmari, Archer,Fisman, Streiner, et Wilson (1995) ont tudi leffet de la

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langag

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    prsence ou de labsence dun dlai dans lacquisition dulangage en bas ge sur la svrit de la symptomatologieautistique et de latteinte de la socialisation des enfantsayant un TED. Ils ont trouv quun dlai dans lacquisitiondu langage prdisait une symptomatologie autistique plusimportante en bas ge, mais dont leffet sestompe avec letemps.

    Howlin (2003) a compar 34 adultes autistes ayant

    prsent un dlai dans leur acquisition du langage (assignsau groupe autiste de haut niveau) et 42 adultes autistesnayant pas prsent de tel dlai (assigns au groupeAsperger), que ce soit dans lutilisation des mots et desphrases tel quindiqu dans le DSM-IV-TR (APA, 2000).Tous les participants possdaient un QI au-del de 70.Les groupes ont t apparis selon lge, le QI non-verbalet le sexe des participants. Trois questions taient posesdans ltude : 1) Les adultes ayant manifest un dlai danslacquisition du langage prsentaient-ils des diffrences dansleur symptomatologie en bas ge (donnes rtrospectivesprovenant de rapports parentaux) comparativement auxadultes nayant pas prsent de dlai langagier? 2) Les scores

    ADI (rtrospectifs et lge adulte) aux sphres sociale,communicationnelle et des comportements strotypsindiquent-ils des diffrences entre les groupes? 3) Dautresdiffrences sont-elles constates aux plans social et langagierentre les groupes lge adulte?

    Mis part lanalyse des scores ADI et les mesurescognitives (Ravens Matrices; Raven, 1956; Wechsler AdultIntelligence Scale;Wechsler, 1981, 1997;Wechsler AbbreviatedScale of Intelligence; Wechsler, 1999), la comprhension demots isols a t value par le British Picture VocabularyScale (Dunn, Dunn, Whetton, & Burley, 1997; Dunn,Dunn, Whetton, & Pintillie, 1982) et le lexique a t valu

    partir de lExpressive One Word Picture Vocabulary Test(Gardner, 1982). Lge des participants dpassait les normesdisponibles pour ces deux derniers tests et des scores dgequivalent ont du tre utiliss comme alternative.

    Les rsultats indiquent que des diffrences en bas geentre les deux groupes ont t rapportes par les parents.En ce qui concerne les scores ADI rtrospectifs, desdiffrences sont constates. En revanche, les mmes scores lge adulte montrent une diminution des diffrences.Aucune diffrence significative napparait aux plans social,communicationnel et des comportements strotyps selonles scores ADI. De plus, lvaluation du fonctionnementsocial et langagier actuel des deux groupes ne montre pas

    de diffrences significatives. La seule diffrence entre lesgroupes fait rfrence au niveau acadmique atteint parlindividu : davantage dindividus Asperger atteindraientun degr universitaire, sans que cela ne leur permettentune meilleure qualit de vie que les autistes de haut niveau.

    Slection circulaire des participantsLa pertinence dutiliser le critre dun dlai du

    dveloppement langagier pour distinguer lautismede haut niveau du syndrome dAsperger est remis enquestion dans la littrature. Plusieurs auteurs, rcemmentrevues par Reitzel & Szatmari (2003), examinant les

    profils neuropsychologiques des deux troubles, ontinvariablement trouv que les autistes de haut niveauobtenaient, en moyenne, des scores verbaux plus faiblesque les participants ayant le syndrome dAsperger. Il sagitde la slection circulaire des participants (Frith, 2004).Comme le diagnostic de syndrome dAsperger est posen fonction dun dveloppement langagier normal, unpotentiel langagier plus dvelopp sera vraisemblablement

    retrouv chez ces individus (Frith, 2004). Par consquent, lesauteurs jugent invalide lutilisation de cette variable pourdistinguer les deux groupes. Par ailleurs, les tudes menessur dautres variables (QI de performance et QI verbal,habilets spatiales, habilets motrices fines et globales)nauraient pas ou trs peu trouv de diffrences entre lesdeux groupes. Ces rsultats appuient ainsi lhypothseselon laquelle les diffrences langagires observes entreles groupes ne sont que la consquence du processus deslection des participants.

    Comptences langagires quivalentesEnfin, certaines tudes montrent un niveau de

    comptences langagires quivalent entre les deux groupesconcerns par cette problmatique. Dans le but de comparerdirectement les habilets langagires denfants autistes dehaut niveau des enfants ayant le syndrome dAsperger,dont le diagnostic a t valid de faon rigoureuse selon lescritres du DSM-IV en dbut dtude, Lewis, Murdoch etWoodyatt (2007) ont obtenu des rsultats pour le langagede base (core language), le langage rceptif, le langageexpressif, le contenu et la mmoire verbale. Les donneslangagires ont t obtenues laide du Clinical Evaluationof Language Fundamentals- Fourth Edition (CELF-4)(Semel, Wiig & Secord, 2003). Au pralable, les auteurs ontadministr aux parents des participants un questionnairesur le droulement de lacquisition du langage de leurenfant. Un orthophoniste expriment a jug de la prsenceou de labsence dun retard de langage tel que dfini parle DSM-IV pour attribuer les diagnostics. Par la suite, labatterie de tests langagiers a t administre.

    Dans lensemble, les rsultats de cette tude montrentque les enfants ayant un TED russissent significativementau-dessous de leurs pairs neurotypiques du mme gepour ce qui est du langage de base, du langage expressif,du contenu et de la mmoire verbale. Par contre, le langagerceptif tait quivalent entre le groupe exprimentalet le groupe contrle. Lorsque compars entre eux,

    les participants autistes de haut niveau et Asperger neprsentaient aucune diffrence significative aux cinqcatgories de langage values (de base, expressif, rceptif,contenu et mmoire verbale). Ces rsultats sont en accordavec les donnes de diverses tudes antrieures (Howlin,2003; Mayes & Calhoun, 2001) montrant aussi que lecours dveloppemental langagier nest pas pertinent pourdiffrencier ces deux troubles.

    Shriberg et al. (2001) ont compar la parole et lescaractristiques prosodiques de 15 participants autistesde haut niveau, de 15 participants Asperger et de 53individus neurotypiques. Tous les participants taient

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langage

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    7/13Revue canadienne dorthophonie et daudiologie - Vol. 34, No 4, Hiver 201025

    de sexe masculin entre 10 et 50 ans. Les chercheurs ontutilis le Prosody-Voice Screening Profile (PVSP, Shriberg,Kwiatkowski & Rasmussen, 1990) pour valuer la prosodiegrammaticale, pragmatique et affective des participants.La parole a t value laide dune transcriptiondchantillons de langage des participants en situation deconversation.

    Les rsultats montrent que comparativement aux

    participants neurotypiques, un nombre significativementplus lev dautistes de haut niveau et de participantsAsperger manifeste davantage derreurs de distorsionarticulatoire, dnoncs inintelligibles et dnoncscomportant une intonation inapproprie dans les motset dans les phrases.

    Les auteurs rapportent que mme si les histoiresdveloppementales du langage des participants autistes dehaut niveau et Asperger se seraient supposment droulesdiffremment, peu dautres diffrences langagires taientprsentes entre ces deux groupes. De plus, le fait quunemme proportion dindividus Asperger et dautistes de haut

    niveau ait manifest des erreurs articulatoires rsiduellesa amen les auteurs sinterroger sur la capacit dudveloppement langagier des participants discriminerces deux groupes.

    Alternatives au critre distinctif actuelPlusieurs auteurs ont men des tudes dans le but de

    dterminer un critre distinctif plus objectif pour distinguerlautisme de haut niveau du syndrome dAsperger. Leursrsultats pourraient ainsi permettre, aprs validation, demettre au point des critres plus fiables pour diffrencierles deux troubles.

    Discriminer selon la prsence ou labsencedun trouble du langageBennett et al. (2008) proposent de diffrencier lautisme

    de haut niveau du syndrome dAsperger selon la prsencedun troubledu langage (Specific Language Impairment)entre les ges de six et huit ans. Cette proposition est fondesur les rsultats dune tude de Kjelgaard et Tager-Flusberg(2001) portant sur les comptences langagires denfantsTED. Ces auteurs ont fait ressortir la prsence dun groupedenfants TED prsentant un profil langagier normalet un autre groupe TED prsentant un profil langagiersapparentant celui denfants non-TED ayant un troubledu langage (SLI). Ils proposent que les deux troubles aient

    deux trajectoires dveloppementales parallles pouvantse recouper selon la prsence ou labsence dun troubledu langage (SLI) associ. Ils croient donc quune fois quelenfant autiste de haut niveau dvelopperait un langagefluent et sans atteinte caractristique dun trouble dulangage, il emprunterait la trajectoire dveloppementalede lenfant ayant le syndrome dAsperger (Szatmari, 2000).Lobjectif principal de ltude tait dobserver si la prsenceou labsence dun dlai dans lacquisition du langage oula prsence ou labsence dun trouble du langage prdisaitdavantage les habilets sociales et communicationnellesainsi que la symptomatologie autistique dans le temps.

    Le trouble du langage tait dfini par une atteinte dela production et de la comprhension des lmentssyntaxiques et lexicaux, excluant les autres lmentslinguistiques, tels que la pragmatique.

    La prsence dun trouble du langage a t valuetous les 2 ans jusqu 15-17 ans (en 5 temps) chez 68participants initialement gs entre 4-6 ans. Quarante-cinq(45) participants ont t diagnostiqus autistes de haut

    niveau selon un QI au-del de 70 lchelle dintelligenceStanford Binet et labsence de phrases trois ans alors que19 participants ont t diagnostiqus Asperger selon lemme niveau intellectuel, mais ayant produit des phrases lge de trois ans. La prsence dun trouble du langage a tobjective par un score de 1.5 cart-type sous la moyenneau Test of Language Development-2 (TOLD-2, Newcomer& Hammill, 1988).

    Les rsultats montraient que 83.7% des participantsautistes de haut niveau prsentaient un trouble de langagecomparativement 31.5% des participants Asperger. Deplus, en discriminant les deux groupes de cette faon, desgroupes diffrents, mais se recoupant (diagnostic dAspergeravec SLI ou autiste de haut niveau sans SLI) mergeaientcontrairement la classification standard du DSM-IV. lasuite des mesures prises aux cinq temps, la prsence duntrouble du langage lge de 6-8 ans (temps 2) prdisaitdavantage les habilets sociales et communicationnelles ladolescence que le critre langagier du DSM-IV-TR(APA, 2000).

    Discriminer selon la prsence ou labsence dun stylede langage pdant

    Ghaziuddin et Gerstein (1996) ont conduit une tudedans le but de diffrencier lautisme de haut niveau et lesyndrome dAsperger selon la prsence ou labsence dunstyle de langage pdant. Les auteurs ont dfini le stylede langagepdantde la faon suivante : langage dune

    personne qui donne davantage dinformation que le sujet etles buts de la conversation ne le demandent, langage qui violeles rgles de pertinence et qualit, les structures de phrases

    peuvent tre formelles et le vocabulaire, rudit, tel que dansle langage crit; les changes conversationnels reprsententdavantage des monologues, larticulation peut tre prciseet lintonation, formelle (Ghaziuddin & Gerstein, 1996;p. 589 traduction du premier auteur). Cette dfinitionoprationnelle est base sur la dfinition du mot pdant dans le Oxford English Dictionary(1971) ainsi que sur la

    description dune attitude inapproprie en conversationdcrite par Bishop & Adams (1989).Les auteurs se sont bass sur les critres diagnostiques

    actuels (DSM-IV) pour slectionner leurs deux groupes departicipants. Ils ont mis au point une chelle de cotationbase sur des observations cliniques, des concepts dudomaine de lanalyse de conversations (Ochs, 1979; Prutting& Kirchner, 1987) et les maxims de Grice (1975) pourvaluer les manifestations du style langagier pdant chezleurs participants. Le jugement de lutilisation dun style delangage pdant a t mesur partir des enregistrementsaudio de sept 20 minutes pour chaque participant dans

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langag

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    le cadre dune entrevue semi-structure avec un des deuxauteurs de ltude. Lautre auteur, ne connaissant pas lesdiagnostics des participants, a dtermin si les participantsutilisaient ce style de langage.

    Dix-sept (17) participants Asperger et 13 participantsautistes de haut niveau ont t compars selon leurutilisation dun style de langage pdant. Les rsultatsmontrent que 13 (76%) individus ayant le syndrome

    dAsperger, comparativement quatre (31%) autistes dehaut niveau, dmontraient lutilisation dun style de langagepdant. Ces rsultats statistiquement significatifs indiquentque lutilisation dun style de langage pdant pourrait trecaractristique des individus ayant le syndrome dAsperger.

    Discriminer selon la prsence ou labsencedune rigidit lexicale

    Duvignau, Elie, et Wawrzyniak (2008) ont examin laproduction dapproximations smantiques verbales issuede jeunes enfants sans trouble ainsi que denfants ayant lesyndrome dAsperger et denfants autistes de haut niveaulors dune tche de dnomination de squences dactions

    vido. Une approximation smantique verbale (diredshabiller une orange pour /peler une orange/) peuttre considre soit comme une mtaphore, soit commeune erreur de sur-extension, Cet usage dmontreraitune flexibilit smantico-cognitive qui permettrait lastructuration du sens des mots lors de lacquisition dulexique des verbes. Ltude comprenait 8 garons (gs de44 58 mois) ayant un syndrome dAsperger, huit garonsautistes de haut niveau du mme ge et 25 enfants contrles(apparis en ge, sexe, et en niveau dducation). Dix-septvidos daction leur ont t prsentes. Les enfants devaientrpondre la question Quest-ce quelle fait la dame? et ensuite dnommer laction observe dune autre

    manire, avec dautres mots .Les rsultats indiquait des diffrences importantes

    entre les enfants ayant le syndrome dAsperger et lesenfants du groupe contrle (respectivement 3% et 26%dapproximations smantiques). Des diffrences ont aussit trouves entre les enfants ayant le syndrome dAspergeret les enfants autistes de haut niveau (respectivement 3% et32% dapproximations smantiques). Les enfants ayant lesyndrome dAsperger vitaient la tche de reformulation enmettant des commentaires du type : cest pas ncessairepour dire autrement et on peut pas reformuler, on ditplucher, pas dchirer . Selon les auteurs, la difficult de

    ces enfants produire des approximations smantiquesverbales marquerait une dficience significative dansle dveloppement de leur systme lexical. Ce seraitprobablement une cause importante de leurs difficultscommunicationnelles : rigidit lexicale, rejet dexpressionsapproximatives, production et attente de mots spcifiques,non adaptation la varit lexicale, utilisation dun contenulangagier spcialis, etc. Pour les auteurs, ces rsultatspourraient contribuer au dpistage prcoce et au diagnosticdiffrentiel du syndrome dAsperger qui fait aujourdhuiparticulirement dfaut.

    DiscussionLe but de cette recension tait de revoir le critre

    langagier utilis actuellement pour tablir la distinctionentre lautisme de haut niveau et le syndrome dAsperger.Lanalyse des tudes rapportant des comparaisons entre lesparticipants ayant le syndrome dAsperger et les autistes dehaut niveau, diagnostiqus selon le dlai dans lacquisitiondu langage, a permis dtablir les constats suivants.

    Sur les treize tudes slectionnes pour cetterecension, seulement trois rapportent des diffrenceslangagires significatives entre les deux groupes. Lesrsultats dmontrent une supriorit au plan langagierdes participants ayant le syndrome dAsperger qui, daprsles auteurs de ces tudes, dcoulent dune acquisitiondu langage sans dlai pour ces participants. Les autrestudes, cependant, rapportent des diffrences langagireset communicationnelles subtiles entre les deux groupes departicipants pouvant sexpliquer dune autre faon que parle critre bas sur un dlai dans lacquisition du langage.Parmi les hypothses avances, le fait que le diagnosticdAsperger soit pos en fonction dun potentiel langagierplus dvelopp rfrant une slection circulaire dudiagnostic peut expliquer la prsence de ces diffrenceslangagires (Macintosh & Dissanayake, 2004). Plusieurstudes nont pas trouv de diffrences significatives au plandu langage entre les participants des deux groupes, ce quine supporte pas la validit du critre actuel diffrencierles deux troubles. La distinction actuelle, faite selon cecritre, est donc remise en question.

    A lheure actuelle, force est de constater une nettetendance de la part des chercheurs sinterroger sur lavalidit du critre actuel. Plusieurs auteurs se mobilisentactuellement dans le but de trouver une alternative au

    critre et dapprofondir la problmatique (ex : Bennett et al.,2008; Duvignau et al., 2008; Ghaziuddin & Gerstein, 1996).Dautres choisissent galement de ne pas considrer unepossible diffrence entre les deux groupes de participants.Ainsi, parmi les tudes consultes, sept nont pas reconnu lecritre distinctif actuel, ne lont pas utilis et ont regrouples participants Asperger et autistes de haut niveau ausein du mme chantillon. Dennis et al. (2001) lont faitdans leur tude. Ils mentionnent quil est prfrable deregrouper les deux cohortes dans le but de maximiser lenombre de participants de leur chantillon. Ils justifient ceregroupement sur le fait que la distinction entre le syndromedAsperger et lautisme de haut niveau nest pas claire et

    que les deux groupes prsentent des profils trs similaires,Rcemment, plusieurs tudes ont ainsi t menes sur diversaspects langagiers en regroupant les participants Aspergeret autistes de haut niveau (ex : Baron-Cohen et al., 1999;Baron-Cohen, Wheelwright, Hill, Raste, & Plumb, 2001;Colle, Baron-Cohen, Wheelwright & Van der Lely, 2007;Emerich et al., 2003, Loukusa et al., 2007 et Rajendran,Mitchell, & Rickards, 2005).

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langage

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    Des diffrences sexpliquant autrement que par lecours dveloppemental du langage

    Dans le but de documenter limpact de lutilisationdu critre actuel pour diffrencier les deux diagnostics,les tudes plus rcentes se sont centres sur les habiletslangagires un ge plus avanc et ont mesur le degr desvrit des symptmes des participants Asperger et autistesde haut niveau. Les diffrences retrouves sexpliqueraient

    mieux par lhypothse dun continuum de svrit delatteinte langagire que par le cours dveloppemental dulangage entre deux et trois ans. De nombreuses tudes ontainsi montr que plus que deux groupes pouvaient ressortirdune analyse des comptences langagires de participantsAsperger et autistes de haut niveau regroups au sein dumme chantillon. Les participants ayant le syndromedAsperger et les autistes de haut niveau ne prsentent pasdes profils langagiers qualitativement distincts, mais desdiffrences davantage quantitatives (Kjelgaard & Tager-Flusberg, 2001; Prior et al., 1998; Szatmari, Bartolucci,& Bremner, 1989). Certaines tudes montrent aussi queles rsultats obtenus aux tches langagires peuvent se

    recouper chez les deux groupes (Ghaziuddin & Mountain-Kimchi, 2004; Lewis et al.,2007). Macintosh et Dissanayake(2004) mentionnent ainsi que si des diffrences peuventeffectivement tre prsentes entre les deux groupes, elles nesobservent quen fonction de la frquence, de lintensit etde la svrit des atypies langagires, qui, par ailleurs, sont dumme type. Ces rsultats indiquent que la symptomatologielangagire et communicationnelle peut tre de diversdegrs chez les personnes atteintes dun TED. Ltude deSzatmari, Bryson, Boyle, Streiner, et Duku (2003) rsumebien lide dun continuum de svrit en rapportant quele niveau de langage, comme le niveau intellectuel, sontdeux facteurs contribuant au dveloppement, plus ou

    moins fonctionnel, de lenfant TED.De faon semblable, une diminution des diffrencesavec lge peut aussi sexpliquer via la proposition duncontinuum de svrit des symptmes. Plusieurs rsultatsmontrent quau fil des annes, lenfant autiste de haut niveaupeut progresser au plan langagier ou peut compenser desdifficults langagires qui taient prsentes en bas gepour en venir ne plus tre diffrenciable dun individuAsperger. Howlin (2003) a men une des seules tudessur les TED lge adulte et les rsultats indiquent que lesdiffrences notes en bas ge (les mmes diffrences qui ont la base, men la distinction actuelle des deux groupesselon la prsence ou labsence dun retard langagier) ne

    persistent pas dans le temps. Lindividu autiste pourraitdonc se promener sur le continuum autistique selon ledegr de svrit des atteintes. Ces atteintes pouvent sansdoute varier au cours dune vie.

    Cette ide rejoint aussi lhypothse des trajectoiresdveloppementales de Szatmari (2000) qui suggre que,selon ses aptitudes langagires, un enfant autiste de hautniveau qui progresse au plan du langage peut en venir prendre la trajectoire dveloppementale plus typique dunAsperger. Le type de langage dvelopp chez les individusde ces deux groupes ne serait donc pas diffrent en soi,mais serait dvelopp diffrents niveaux.

    Problmes poss par le critre actuel : dabord,

    la slection circulaire Outre le caractre questionnable du critre D du DSM-

    IV, son utilisation actuelle pour distinguer les deux troublesne va pas non plus sans poser problmes. Dnonce parun certain nombre dauteurs (Bennett et al., 2008; Frith,2004; Howlin, 2003; Macintosh & Dissanayake, 2004), la slection circulaire du diagnostic constitue le problme

    majeur de lutilisation de ce critre. Il apparat en effetvident de retrouver des comptences langagires plusavances chez des individus ayant t slectionns selonun potentiel langagier plus dvelopp. Le critre actuelne diffrencierait donc pas les deux groupes, mais lesdiviserait selon que les individus possdent un langageplus ou moins dvelopp et cela ne serait reprsentatif desdeux populations quen bas ge puisque ces diffrencesne subsisteraient pas dans le temps. Cette faon de poserun diagnostic expliquerait aussi plusieurs autres rsultats,comme le fait que les parents des autistes de haut niveause soient inquits plus tt du dveloppement langagierde leur enfant. Les parents dun enfant qui a prsent unretard langagier risquent de sen inquiter davantage, quilsoit autiste de haut niveau ou Asperger (Howlin, 2003).Ce type de rsultats rtrospectifs, qui a servi appuyer ladistinction actuelle selon la prsence ou labsence dunretard langagier, renforce encore linvalidit de cetteslection. En effet, les variables values dans le but dedistinguer les deux groupes devraient tre indpendantesdes critres utiliss pour diagnostiquer chacun des troubles.Ce nest qu cette condition que pourront ressortir desdiffrences substantielles.

    Une perspective trop troite de la conceptiondu langage

    Une autre limite au critre distinctif actuel que lonretrouve dans cette recension est lie la dfinition dudveloppement langagier propose, selon laquelle qu ilnexiste pas de retard gnral du langage significatif sur leplan clinique (p. ex., le sujet a utilis des mots isols verslge de 2 ans et des phrases valeur de communicationvers lge de 3 ans) (APA, 2000; Guelfi et al., 2003, pp.98). Bartlett, Armstrong, et Roberts (2005) mentionnentque cette dfinition, purement syntaxique, omet de tenircompte de plusieurs habilets langagires essentielles audveloppement normal de la socialisation dun enfant.Cette conception traditionnelle du langage oublie deconsidrer, entre autres, les fonctions de la communication(ex. : demander, dcrire, attirer lattention et faire de

    lhumour), lesquelles pourraient permettre de ciblerplus facilement un dficit social reli au dveloppementlangagier. La dfinition du retard langagier selon lecritre D du DSM-IV apparait trop troite compte tenudes connaissances actuelles dans le domaine du langageet de la communication. Cette perspective structuralisteomet dvaluer le langage dans le contexte plus largi dela communication quon connait aujourdhui. Bartlettet al. (2005) suggrent dadopter une perspectivesociolinguistique et croient quil est essentiel de situerle niveau de langage dun individu en tenant comptede lutilisation quil en fait pour initier et maintenir des

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langag

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    interactions sociales. Bien que le dveloppement langagierpuisse tre normal sans que le dveloppement de lapragmatique ne le soit, il est tout lavantage de considrercette sphre de la communication dans ltablissement descritres diagnostiques de ce type de trouble.

    Des sources peu fiablesPar ailleurs, le fait que la prsence ou labsence du dlai

    lors de lacquisition du langage soit elle-mme objectivepar des rapports parentaux rtrospectifs fait aussi douter dela validit de cette source. Comme lont rapport Howlin etAshgarian (1999), les diagnostics dautisme de haut niveauet de syndrome dAsperger se poseraient en moyenne 5.5 ans et 11 ans, respectivement. Le seul moyen derpondre au critre D du DSM-IV (lenfant a-t-il produitdes mots isols lge de deux ans et des phrases valeurcommunicationnelle lge de trois ans?) est de se fieraux souvenirs des parents. Cette source dinformation estpourtant juge comme peu fiable (Majenemer & Rosenblatt,1994; McCormick & Brooks-Gun, 1999). Une alternativeintressante et plus objective a rcemment t propose parBennett et al.(2008), qui suggrent de distinguer lautismede haut niveau du syndrome dAsperger selon la prsencedun trouble du langage (SLI). Ce trouble du langage peuttre mis en vidence par des tests standardiss et validsainsi que par le jugement clinique de professionnels dansle domaine. Point important, la situation de lenfant estvalue dans le moment prsent, non en fonction du pass.

    Une faible fidlit interjugeLe fait que la distinction entre lautisme de haut

    niveau et le syndrome dAsperger selon les critres actuelsdu DSM-IV ne soit pas applique de faon constante parles chercheurs et les cliniciens constitue une autre limiteimportante (Eisenmajer et al.,1996; Klin, Pauls, Schults, &

    Volkmar,2005). lheure actuelle, il est particulirementardu de comparer les tudes entre elles puisque leschercheurs modifient frquemment les critres du DSM-IV ou du ICD (Internation Classification of Diseases,critres quivalents au DSM-IV) lors de la slection desparticipants autistes de haut niveau ou ayant le syndromedAsperger (Macintosh & Dissanayake, 2004). Par exemple,dans leur tude sur les habilets langagires rceptiveset expressives de participants autistes de haut niveau etayant le syndrome dAsperger, Ramberg, Ehlers, Nyden,Johansson et Gillberg (1996) ont permis aux participantsAsperger de participer ltude mme sils prsentaient undlai lors de lacquisition du langage. Dautres chercheurs

    ont ajout des critres ceux du syndrome dAsperger.Klin, Volkmar, Sparrow, Chichetti et Rourke (1995) ontslectionn leurs participants Asperger seulement silsprsentaient un historique de difficults motrices finesen plus de rpondre aux autres critres. Ce trait seraitfrquemment observ dans cette population, mais neconstitue pas une caractristique requise pour poser lediagnostic. Enfin, les auteurs de plusieurs tudes sur lelangage dans ces deux troubles nont pas tenu compte dela distinction actuelle (Baron-Cohen et al., 1999, 2001;Colle et al., 2007; Dennis et al., 2001; Emerich et al., 2003;Loukusa et al., 2007; Rajendran et al., 2005).

    La rgle de prsance du diagnostic de trouble autis-tique sur celui du syndrome dAsperger

    Afin de poser les diagnostics de syndrome dAspergeret de trouble autistique selon les critres tablis dans leDSM-IV (APA, 2000), au moins deux manifestations dunealtration qualitative des interactions sociales et au moinsune manifestation de comportement restreint, rptitif etstrotyp doivent tre retenues. Pour poser le diagnostic

    de trouble autistique, au moins une manifestation decommunication altre correspondant soit 1) un dlai oulabsence de langage parl (sans tentative de compensationpar dautres moyens), mais aussi 2) une difficult initierou maintenir une conversation avec dautres, 3) lusagestrotyp et rptitif du langage ou prsence de langageidiosyncrasique, ainsi qu 4) labsence de jeu symboliquespontan et vari selon ce qui serait attendu lge delenfant, sajoute aux critres exigs (APA, 2000; Guelfi etal., 2003, pp. 98).

    De plus, le critre F du diagnostic de syndromedAsperger requiert que pour poser ce diagnostic, lescritres retenus ne peuvent rpondre aux exigences du

    DSM-IV (APA, 2000) pour un autre trouble dans le spectrede lautisme. Le DSM-IV (APA, 2000) exige aussi que si lescritres pour le trouble autistique sont satisfaits, ce sous-type de TED auraprsance sur tous les autres (Woodbury-Smith, Klin, & Volkmar, 2005). De ce fait, lenfant quiprsenterait des particularits langagires, correspondantaux exemples de manifestations du critre daltrationde la communication dans le trouble autistique (ex. :inhabilit initier/maintenir une conversation, langageidiosyncrasique, etc.) sans avoir prsent un dlai lors delacquisition du langage, rpondra aux critres du troubleautistique et, vu la rgle de prsance, ce diagnostic devralui tre attribu.

    De nombreux auteurs dnoncent ainsi le fait quil estpratiquement impossible de diagnostiquer des cas ayant lesyndrome dAsperger en respectant les critres du DSM-IV (APA, 2000), et que ces cas se font donc plus rares etmoins fiables (Eisenmajet et al., 1996; Mayes, Calhoun,& Crites, 2001; Miller & Ozonoff, 1997). Cette limitationa un impact considrable sur la fiabilit des diagnosticsdiffrentiels poss.

    ConclusionLe regroupement des donnes sur ce sujet fait une mise

    jour de la situation actuelle quant au processus diagnostiqueen vigueur pour distinguer lautisme de haut niveau du

    syndrome dAsperger. Aux termes de cette recension, ilapparat que le critre distinctif des deux troubles demeureflou et comporte de nombreuses limites. Sa validit estdailleurs remise en cause par de nombreux chercheursqui mentionnent labsence de consensus entre les tudesquant au processus de slection des participants, ce quilimite encore la fiabilit des diagnostics poss. Notre tudecomporte ainsi des limites qui ne peuvent tre ignores. Enpremier lieu, le fait que toutes les tudes slectionnes pourcette recension aient regroup leur chantillon selon desdiagnostics qui respectent les critres du DSM-IV (APA,2000) pose problme. Loutil qui permet dobjectiver le

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langage

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    11/13Revue canadienne dorthophonie et daudiologie - Vol. 34, No 4, Hiver 201025

    retard de langage nest pas fiable. Par exemple, cest le casdes rapports rtrospectifs vs. de lutilisation dun mmeinstrument diagnostique qui permettrait de sparer lesgroupes dune faon identique. De ce fait, chaque tuderapporte des rsultats qui doivent tre nuancs et celles-ci sont ainsi, difficilement comparables entre elles. Lessources peu fiables de loutil diagnostique et la faible fidlitinter-juge des diagnostics entre les tudes obligent donc

    conclure dune manire prudente.Malgr ces limites, les propos tirs de cette recensionnous semblent tout de mme reflter la pertinence deremettre en question la validit du critre D du DSM-IV(APA, 2000).

    Pour aller plus loinPour la trs grande majorit des auteurs uvrant dans

    le domaine, il est encore trop tt pour ramener les deuxdiagnostics en un seul trouble. Les rsultats engrangs

    jusqu prsent ne sont pas suffisamment consistants.En dehors du langage, plusieurs caractristiques

    cliniques ont t tudies dans le but de distinguer ces

    deux troubles, telles la prsence de difficults motriceset spatiales prdominantes chez les individus ayant lesyndrome dAsperger, des diffrences quant certainsfacteurs cognitifs et quant au pronostic, mais les rsultatsse sont avrs peu concluants (Frith, 2004; Gillberg, 1998;Schopler, Mesibov, & Kunce, 1998). Il a ainsi t suggr queles autistes de haut niveau et les individus ayant le syndromedAsperger prsenteraient des profils de QI verbal et deperformance inverss; les individus Asperger possdant unQI verbal plus lev et un QI de performance plus faiblealors que linverse se retrouverait chez les autistes de hautniveau (Klin et al., 1995; Lincoln, Allen, & Kilman, 1995;Rutter 1978). Les tudes visant confirmer ou infirmer

    cette hypothse ont toutefois fait ressortir des rsultatscontradictoires (Ghaziuddin & Mountain-Kimchi, 2004;Szatmari, 1998).

    Frith (2004) a propos plusieurs argumentssuggrant une mme tiologie des deux troubles. Des casdautisme de haut niveau et ayant le syndrome dAspergersurviendraient frquemment au sein dune mme fratrie,ce qui implique quune mme prdisposition gntiquepuisse provoquer les deux troubles. Lauteure rapportegalement les rsultats des tudes de Szatmari et al.(2000) et Howlin (2003) selon lesquels un ge avanc,les autistes de haut niveau et les individus Aspergerpartageraient tellement de caractristiques communes

    quils deviendraient difficilement diffrenciables. Enfin, ellementionne la prsence de similarits neuro-anatomiquesdans lorganisation crbrale des micro-colonnes chez lesdeux groupes.

    Dautres rsultats dtudes rcentes suggrent quela diffrence entre les deux groupes pourrait tre plusclaire dans dautres aires que celle du langage et de lacommunication. McAlonan, Suckling et al. (2009) onttrouv des diffrences quant aux patrons de matires griseschez les deux groupes de participants. Les rsultats de cettetude suggrent que la neurobiologie sous-jacente cestroubles peut tre distinguable. Par ailleurs, Jones et al.

    (2009) ont trouv quun sous-groupe de leurs participants(ayant un trouble dans le spectre de lautisme autre quundiagnostic de trouble autistique) qui se caractrisait parun niveau de fonctionnement intellectuel dans la normaleet par un dlai lors de lacquisition du langage, prsentaitdes capacits de discrimination auditive des frquencesdes sons significativement au-dessus de la moyenne. Lesauteurs proposent dapprofondir la recherche sur lescapacits auditives dans les troubles du spectre autistiquedans le but de spcifier diffrents sous-types.

    De nombreuses tudes doivent encore tre menesafin dtablir une relle distinction entre lautisme dehaut niveau et le syndrome dAsperger. De nombreuxcliniciens continuent dobserver une diffrence entre lesdeux troubles. Des tudes approfondies en ce qui a trait la verbosit des participants ayant le syndrome dAsperger(Shriberg et al., 2001), leur langage livresque (Ghaziuddin& Gerstein, 1996), une rigidit lexicale typique de leurtrouble (Duvignau, Elie & Wawrzyniak, 2008), la prsencedun trouble du langage associ (Bennett et al., 2008), aufonctionnement crbral (McAlonan et al., 2009) et aux

    processus auditifs (Jones et al., 2009) sont autant de pistespouvant mener une relle distinction des deux troubles.Malgr lincertitude quant la spcificit de chacun de

    ces deux troubles, il demeure crucial quun remaniementdu critre diagnostique actuellement distinctif des deuxtroubles soit amorc. Parmi les suggestions proposes,Bennett et al. (2008) soulignent la ncessit dviter desquestions de recherche circulaires et soulignent le besoinde comparer les groupes sur des variables indpendantesdes critres diagnostiques. Larrimage des chercheurs quantaux critres de slection des participants de leurs tudesapparat essentiel. Pouvoir comparer les tudes entre ellesest une source prcieuse dinformation permettant de

    regrouper les rsultats afin que leur valeur en soit enrichie.La recherche de nouvelles alternatives au critre actuel ainsique lapprofondissement des connaissances sur les troublesdans la ligne de lautisme est poursuivre.

    Certaines prcautions peuvent aussi tre prises enpratique clinique. Il est intressant de constater que ds1998, certains auteurs mentionnaient que la validit dusyndrome dAsperger comme entit syndromique uniqueapparaissait prmature puisquune relle distinction avecles individus autistes hautement fonctionnels ntait pasobserve (Schopler, 1998). lheure actuelle, Macintoshet Dissanayake (2004) croient que la meilleure solutionen pratique clinique est dutiliser ltiquette plus vaste de

    trouble envahissant du dveloppement ou de troubledans le spectre de lautisme pour diagnostiquer lesindividus touchs par ce type de difficults.

    Enfin, comme le rapporte Howlin (2003), il serait indude penser que les individus ayant un syndrome dAspergerprsentent un dveloppement du langage normal.Lensemble des donnes sur le sujet dmontre clairementque comparativement des individus neurotypiques,ces personnes prsentent des habilets langagires sousla moyenne et ce, mme lge adulte. Par consquent,les services offerts aux individus autistes de tous niveauxdoivent tre adapts leurs problmatiques individuelles

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    et ne doivent pas dcouler du type de diagnostic pos. Larecherche se poursuit dans le domaine (cf. Mottron, HpitalRivire-des-Prairies) et les enfants touchs par un troubledans le spectre de lautisme sont traits de faon gale, sansdiscrimination faite en fonction du type de diagnostic.

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    Note des auteurs

    Prire dadresser toute correspondance : MarionFossard, Facult des lettres et sciences humaines, Institutdes Sciences du langage et de la communication, Universitde Neuchtel, Ruelle Vaucher, 22, CH-2000 Neuchtel.Courriel: [email protected].

    Date soumis : le 25 aot 2009

    Date accept : le 12 mars 2010

    Autisme de haut-niveau, syndrome dAsperger et langa