Histoire de l'art 23/10/2008

Le jugement dernier de Michel Ange

Le contexte :Michel Ange a été l’un des artistes principaux de la renaissance avec Léonard de Vinci et Raphaël, il fut également un précurseur du maniérisme avec son tableau le jugement dernier. A travers cette peinture, (terminée en 1541) il redéfinit l’espace et met en place une certaine théâtralité.Période troublée sur le plan politique (1517 Luther, 1527 sac de Rome). L'Espagne devient la super-puissance européenne, guerre entre l’Espagne, la France et l’Angleterre. Le jugement dernier est le reflet des préoccupations de l’époque, il rappelle le destin fragile de l’humanité. Cette peinture a été redécouverte après sa restauration de 1994 ("Sanctuaire de la théologie du corps humain" Jean Paul II)Dès le départ elle a fait l’objet d’une controverse importante, le chapelain du pape qui avait vu cette peinture en cours de réalisation l’avait dénoncé comme obscène, attaque également des réformés.

L'Église hésite à cette époque entre l’intégrisme et l’ouverture (concile de Trente qui redéfinit ce à quoi l’on croit). L’optimisme humaniste de la Renaissance s’effondre, retour en arrière le concile de Trente souhaite que l’on rende la toile plus "présentable". Après la mort de Michel Ange, D. VOLTERA "habillera" les parties dénudées, Il a pour thème biblique le Jugement dernier, thème qu'on trouve très fréquemment sur le mur d'entrée des églises à l'époque on pense que Clément VII, qui décida de l'emplacement, voulait marquer les esprits après le terrible sac de Rome de 1527 par les lansquenets de Charles Quint. Quatre cents personnages y figurent.

Michel Ange a inversé la pente du mur qui était en surplomb – pour un meilleur éclairage. Impression de mouvement circulaire tourbillonnant de la gauche vers la droite. Les élus sont à droite du Christ, les damnés à gauche (cercles concentriques autour du Christ).

Contrairement à la décoration de la voûte de la chapelle — fortement compartimentée et structurée par des éléments architecturaux peints (corniches, faux pilastres, etc.) —, l’espace dans lequel s’inscrit le Jugement dernier de Michel-Ange est dépourvu des repères traditionnels de la perspective. Les personnages, agglutinés telles des grappes humaines, semblent emportés par une double spirale implacable vers le haut et vers le bas tout alentour d’un Christ en majesté, démiurge aux bras justiciers, près duquel est blottie la Vierge Marie, au visage craintif et implorant.

Haut gauche

haut droite

En haut de chaque lunette, les anges tiennent les instruments de la Passion du Christ : la croix et la colonne où le Christ fut flagellé. Les personnages semblent comme attirés (aimantés) par le Christ. En haut à droite la colonne du supplice (équilibre la croix)., elle tourne sur elle-même.

Au centre le Christ (modèle athlétique de l’apollon antique) et la vierge. Le bras droit levé condamne. La vierge est voilée. Ce n’est pas un christ terrible, il est beau et puissant, il ne génère pas l’angoisse. La figure du Christ, représenté sous l'apparence d'un jeune homme viril et athlétique, rompt avec codes en vigueur. L'aspect divin de Jésus s'exprime par la puissance de la représentation.

Sous le Christ les anges (10) avec des trompettes (sans les ailes pour être plus expressifs et plus dynamiques). On sonne plus à gauche (pour les élus) qu’à droite pour les damnés. Le livre des justes et le livre des damnés (plus gros) sont montrés par des anges.

La terre

La terre est en bas à gauche, l’enfer en bas à droiteLes personnages du bas sont plus petits que ceux du haut. L’enfer est inspiré de Dante, impression de souffrance corporelle, idée également d’enfer psychologique, de la relativité du temps. L’enfer est peut être sur terre ? Combat des vices et des vertus, la résurrection

des corps (intégrité du vivant au delà de la mort). Sur la terre, les gens sortent de terre, d’autres ont plus de mal pour en sortir, ils doivent se faire aider par des anges – réflexion sur l’énergie intérieure, la volonté inégale entre les hommes et malgré le poids des pêchers, la grâce intervient. Personnage suspendu à un chapelet, soutenu par des anges (réflexion sur la prière).

La zone des martyres, ils activent les principes de leur supplice. Ils montrent une volonté inébranlable malgré la souffrance et la mort, se sont les témoins du Christ. Ainsi, sous le Christ, saint Laurent porte le gril de son martyre sous le bras et saint Barthélemy, écorché vif, tend sa peau — sur laquelle apparaît un dramatique autoportrait de Michel-Ange. Sur la droite figurent notamment saint Blaise (et ses peignes), sainte Catherine (tenant une roue cassée) et saint Sébastien (ses flèches à la main).

A droite l’artiste a symbolisé la lutte entre le vice et la vertu, entre les anges et les démons qui s’emparent des humains. Le penseur à gauche représente l’inaction de l'omission volontaire (support du remord), les démons et les anges sont humanisés. Influence considérable sur le monisme européen. Les corps sont proéminents, avec une musculature excessive. En bas à gauche corps entouré par un serpent (Adam et Ève).

L’enfer

La barque en bas est reprise de l’enfer de Dante, que Michel Ange connaissait bien. Les damnés sortent de la barque et arrivent en enfer. Les démons sont "bestialisés" (héritage du Moyen Age). Au centre Lucifer est représenté avec des oreilles d’âne, et courbé vers la terre. En bas à gauche, on distingue les bouches de l’enfer (caverne), située à la croix de l’autel. La célébration de la messe se fait face à l’enfer.

A gauche, on trouve les élus avec une séparation entre les hommes et les femmes. Les

figurent apparaissent plus nette au fur et à mesure qu’elles apparaissent au premier plan. L’accent est mis sur l’expressivité et la sensualité. Parmi les hommes élus, au premier plan, on trouve le bon larron (de dos) , c’est comme un deuxième Christ, il parait s’élever facilement (allègement du poids de la croix). Les corps sont représentés dans toute leur plénitude.

A gauche du Christ, St jean baptiste, et St André (qui tourne le dos). A droite St Pierre, (barbu vindicatif, un coléreux) chef de l'Église qui rend les clés au Christ (c’est la fin des temps). Devant St Pierre, un jeune homme qui regarde le Christ dans les yeux représente l’être humain face à son créateur. Sous le Christ St Laurent avec la grille portée en forme d’échelle – échelle du ciel - (il a été grillé sur un bucher).

Enfin, St Barthélemy, écorché vif, tend sa peau — sur laquelle apparaît un dramatique autoportrait de Michel-Ange (une offrande au Christ à travers cette fresque).

ConclusionL’âme est individuelle, c’est une identité qui se définit en même temps qu’elle s’incarne,

corps et âme vont ensemble, de même que la béatitude et la souffrance psychique et physique. La grâce, la volonté et les œuvres donnent accès à la spiritualité, l’enfer, c’est soi même. Une vision violente et désespérée témoignant du pessimisme de l’artiste vieillissant.

Une référence en artMais parallèlement à la critique des dévots, l’œuvre reçoit un accueil inégalé dans le milieu artistique. Des peintres de toute l’Europe se rendent dans la chapelle Sixtine afin de découvrir, de s’imprégner, voire de copier, la fresque du Maître. Le critique et historien de l’art Giorgio Vasari traduit cet engouement en écrivant que «cette sublime peinture doit servir de modèle dans notre art». Les siècles passant, l’œuvre de Michel-Ange demeure un canon de l’esthétique. En témoigne peut-être la coûteuse restauration entreprise entre 1988 et 1994 — qui a notamment permis de retrouver l’éclat des couleurs d’origine et de supprimer quelques repeints effectués après le XVIe siècle.