LE GRAND RABBINHAÏM KORSIA FÊTES DE TICHRI...

40
SÉPAHARADES, LE POOL CONSTANTINOIS DE TOULOUSE FÊTES DE TICHRI SEPTEMBRE 2014 202 3 € PRÉPARER LE GRAND PARDON PRÉPARER LE GRAND PARDON LE GRAND RABBIN HAÏM KORSIA JOURNÉES DE LA CULTURE : 9 NOV/8 DÉC JEAN-LUC MOUDENC : 10 QUESTIONS-CLÉS AU NOUVEAU MAIRE DE TOULOUSE ACIT Association Cultuelle Israélite de Toulouse LE MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE TOULOUSE ET DES PAYS DE LA GARONNE

Transcript of LE GRAND RABBINHAÏM KORSIA FÊTES DE TICHRI...

SÉPAHARADES, LE POOLCONSTANTINOIS DE TOULOUSE

FÊTES DE TICHRI

SEPTEMbRE 2014N°202

3 €

PRÉPARER LE GRAND PARDONPRÉPARER LE GRAND PARDON

LE GRAND RABBIN HAÏM KORSIA

JOURNÉES DE LA CULTURE : 9 NOV/8 DÉC

JEAN-LUC MOUDENC :10 QUESTIONS-CLÉS AU NOUVEAUMAIRE DE TOULOUSE

ACITAssociation CultuelleIsraélite de Toulouse

LE MAGAZINE DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE DE TOULOUSE ET DES PAYS DE LA GARONNE

Les guerres ont encore durementfrappé en cet été 2014. Guerre en Ukraine au coeur d'une Eu-rope impuissante à contenir les assautsrevanchards de la Russie de Poutinesur l'un des ex - vassaux de l'ex - Urss.Guerre de tous contre tous dans uneLibye à la dérive.Guerre dévastatrice dans une Syrieoù le sanguinaire tyran de Damas seveut et apparait désormais comme l'undes remparts à la terreur islamiste!Guerre transfrontières en Afrique oùgagne et s'étend la barbarie des djiha-distes de Boko Haram, sauvages ra-visseurs de jeunes filles et cyniquestrafiquants d'otages.Guerre, « sainte » d'un « Etat Isla-mique » s'affichant et se revendiquantcomme un califat de la haine, pour-chassant les « infidèles », - chrétienset yézidis - sommés de choisir entreconversion ou extermination.Guerre enfin contre Israël d'un Hamasjusqu'au boutiste, contraint au termede cinquante jours de conflit - et aumoment où j'écris ceslignes - à un cessez -le-feu « indéterminé »,mais toujours aussi ré-solu à jouer la carte dela négation absolue dela coexistence avec unEtat juif et démocra-tique.

Guerres cruelles avec leur inéluctablecortège de destructions, de morts, dedouleurs, de deuils et de colères, derévoltes et d'indignations.

Indignations trop souvent sélectives.Celles haineusement exprimées, cesdernières semaines dans les rues deParis et de certaines grandes villes deprovince. Celles qui prenant, une foisencore, pour cible exclusive, l'Etat«sioniste» - et, pour faire bonne me-sure - les Juifs, en général, conduisentà l'assaut des synagogues et à l'appelau meurtre.

Bien -pensance et bonnes consciencesunilatérales nullement exemptes detroubles références ou de brunes nos-talgies. On condamne les «repré-sailles» israéliennes contre les repairesdes dirigeants du Hamas, mais onpasse sous silence l'envoi massif etquotidien, depuis plusieurs mois,d'obus, de missiles et de roquettes surles villes et les civils de l'Etat hébreu.On s'insurge contre la riposte, maison feint d'en ignorer les causes et ledroit -unanimement reconnu - de toutEtat à se défendre et à protéger ses ci-toyens. On hurle sa fureur contre Ne-tanyahou, mais on se garde de s'élevercontre le recours aux boucliers hu-mains - femmes et enfants - pratiquéet imposé par les chefs du Hamas àleur population.

Et que penser de l'assourdissant si-lence de ces mêmes « bonnesconsciences » confrontées au massacredes innocents perpétré en Irak par lesséides du Calife autoproclamé de l'Etat

Islamique ? Que direde leur persistant mu-tisme face à l'atrocemise en scène téléviséede l'égorgement desjournalistes américainsJames Foley et Steven

Sotloff par ces djiha-distes, ennemis jurés des démocratieset pourfendeurs de leurs valeurs ?

« Indignez – vous ! » A vouloir et àprétendre pratiquer l'exercice, commele préconisait l'auteur de l'opusculepublié sous ce titre - un auteur lui -même oublieux de l'indispensable im-partialité de cette injonction - ilconvient de rappeler à tous ses en-thousiastes adeptes l'impérieuse né-cessité de ne pas se laisser aller auxperverses dérives de la mauvaise foiet de l'injustice.Mais il est vrai qu'il n'est pire sourdque celui qui ne veut pas entendre ...

Henri Amar

AVIVmag n°202 septembre 2014 3

Le billetd’henriamar

"Indignez-vous !"

Sommaire du N° 202Autimne 2014

Tichri 5774

Jean-Luc Moudenc, nouveau maire de Toulouse,exprime ses convictions et dévoile ses orientationsdans un entretien sans détours. > p 15

Pho

to d

e co

uver

ture

Mai

rie

de T

oulo

use

Le billet d’Henri Amar 3All with us (Tous avec nous) 4L’œil du président 5Actualité religieuse : les fêtes de Tichri de A à Z 6Dossier : les sépharades de Toulouse,Enquête sur les Constantinois 10Interview : Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse 16Haïm Korsia : grand rabbin de France 19Jean-Luc Halimi raconte 21La résistance juive dans le Tarn 22La parole aux associations 24brèves communautaires 28Mémoire : Max Honikman, Pologne,France, Israël 30Le MEJD à Bouloc 31Jeunesse 32Culture 35Hébraïca, la grille des activités 38Carnet communautaire 39

Ont contribué à ce numéroHenri Amar, Jacques Asseraf, Salomon Attia, Annie Beck,Arié Bensemhoun, Dana Bensimon, Sophie Castiel, LaétitiaCooper, Claude Denjean, Johanna Dray, Franck Khalifa,Olivier Lalieu, Pierre Lasry, Maurice Lugassy, YosephYtzrak Matusof, Yaacov Monsonégo, Valérie Ermosilla -Piétravalle, Rachel Roizes, Yaël Rueff-Salama, HubertStrouk, Harold Avraham Weill.

Aviv mag est une publication de l’ACITAssociation Cultuelle Israélite de Toulouse, 2 placeRiquet, 31000 Toulouse. Tél. 05 62 73 46 46Directeur de la publication : Arié BensemhounDirecteur de la communication : Armand PartoucheDirecteur de la rédaction : Pierre Lasry Rédaction et coordination : Yaël Rueff-SalamaCrédit photo : LSP, Bernard Aïach Design et production : LSP, 11 rue Adonis, 31200Toulouse, tél. 05 61 13 18 18, [email protected]égie publicitaire : Joëlle AdjedjN° de commission paritaire : 1106G88068 Dépôt légal à parution

James Foley

4 AVIVmag n°202

« L’actualité malheureusementdonne raison à notre action etnous motive pour continuer notrecombat contre l’antisémitisme etl’antisionisme » commenceBoaz Gasto.« Il est temps d’agir à tous les ni-veaux avant qu’il ne soit troptard » continue Annie Cohen.

boaz Gasto : Lorsque nousavons créé All With Us – TousAvec Nous, nous étions loin depenser que nous serions tantsollicités. Tout s’est très vite en-chainé.

Annie Cohen : « All With Us –Tous Avec Nous », regroupetous les amis d’Israël quelquesoient leurs origines, leurs cul-tures et leurs croyances. 30 % de nos adhérents sont desnon juifs et 10% sont musul-mans. Notre site Facebook, estsuivi par des arabes israéliensainsi que par de nombreux pa-lestiniens, nous en sommes lespremiers surpris.

bG : Cela démontre que notreinitiative intéresse un large pu-blic. Nous sommes issus de lasociété civile, nous ne faisonspas de politique.Les personnes qui nous soutien-nent se retrouvent en nous, carnous sommes indépendants,nous n’agissons pas sous unequelconque étiquette. All WithUs –Tous Avec Nous est une as-sociation non juive.

AC : Nous sommes tous pas-sionnés, déterminés et noussouhaitons intervenir dans uncadre précis :Lancer des campagnes de publi-cité sur l’ensemble du territoirenational afin de faire découvrirIsraël d’une manière différentecar il faut sensibiliser les fran-çais à une vision plus objectivede la démocratie israélienne. Développer les voyages des re-présentants des villes demoyennes importances qui per-mettront d’apporter un

éclairage différent et plus objec-tif sur la société israélienne endécouvrant in situ les réalitéscomplexes sur le terrain. Ils se-ront l’occasion de développerdes jumelages et des échangesculturels et économiques entreles villes des deux pays.Accompagner en Israël des per-sonnalités de la société civile quitravaillent au rapprochemententre les peuples malgré leursdivergences.Proposer des échanges entreétudiants et jeunes diplômes afinde susciter des rapprochementsau niveau technique et dans dessecteurs liés à la recherche.Beaucoup sont surpris de dé-couvrir le dynamisme des StartUp israéliennes et ne savent pasqu’ils utilisent tous les jours desapplications qui ont été dévelop-pées ou inventées en Israëlnotamment dans le secteur del’informatique.

bG : Nous avons accompagnésau mois de mai, deux conseillersmunicipaux d’une ville moyennefrançaise du Sud Ouest.Nous sommes repartis en juinavec une personnalité de la so-ciété civile Madame Latifa IbnZiaten, la maman du soldat as-sassiné lâchement parMohammed Merah à Toulouse.Nous avons parcouru Israëlmais aussi les Territoires Pales-tiniens, rencontré les élus desdeux cotés, des associations quiœuvrent pour le rapprochementet le dialogue entre les peuples.Tous ont découvert que sur l’en-semble du territoire israélien, lesjuifs, les arabes, les chrétiens etplusieurs minorités, vivent en-semble, côte à côte, dans lerespect. Ils se sont rendus compte quel’ensemble des institutions sontles mêmes qu’un pays démocra-tique européen car Israël est unedémocratie.

AC : Pour Mme Ibn Ziaten, il afallu combattre beaucoup d’idéesreçues et cela n’a pas été évident.

Elle avait également une ap-proche très naïve du conflit. Ellen’arrivait pas à comprendre lesimpératifs liés à la sécurité del’Etat d’Israël et au terrorisme, cequi est très curieux compte tenude son histoire. Par contre, elle a été agréable-ment surprise du grand respectde l’Etat d’Israël envers ses sol-dats peu importe leur origine ouleur religion. Le mémorial dessoldats bédouins morts pour lanation l’a profondément touchée.

bG : Malheureusement, lorsquenous sommes rentrés, la situationsur place s’est dégradée jusqu’auconflit que nous connaissons.Nous avons du adapter notre sitefacebook car il est devenu trèsvite une page web d’informationincontournable. Nos adhérents demandaient desinformations sur le conflit afinqu’ils puissent les diffuser à leurtour. Nous avons essayé à notreniveau de rétablir la vérité sur lesattaques contre Israël, en recher-chant des interviews, des articlesquelquefois différents de ceuxque l’on pouvait trouver ailleurs.La promotion d’Israël est trèsvite devenue la défense d’Israël !

AC : L’importation du conflit Is-raélo palestinien en France etl’antisémitisme très présent enEurope ces derniers temps nousont obligés à réagir, car nousnous sommes aperçus que lacouverture médiatique n’est pastoujours objective. Une fois de plus, Israël doit subirmais n’a pas le droit de se défen-dre.Le vivre ensemble républicain aété attaqué, malheureusement lespouvoirs publics, les instancesjuives, à tous les niveaux dénon-cent, condamnent, promettentmais n’agissent pas vraiment.

bG : Nous menons un véritablecombat au quotidien et nousnous sommes battus pour que lacouverture du conflit soit équili-brée. Il était important que tous

les médias fassent des reportagesdes deux cotés, pour montrer laréalité du terrain. Radio France a été plus réfrac-taire, aussi nous avons doncdécidé de lancer une pétition enligne qui continue à recevoir denombreuses signatures.

AC : Il est évident que de parlerdes israéliens dans les abris estbeaucoup moins vendeur que deparler des bombardements àGaza. Depuis notre initiative,nous avons pu noter des progrèsdans la couverture du conflit, cequi prouve que notre action peutêtre efficace. Il faut rester mobi-lisé et ne pas baisser les bras.

bG : Nous avons prouvé quenous avions la souplesse et les ca-pacités à nous adapter pourpouvoir continuer les missionsque nous nous sommes fixées.Proposer des initiatives pour es-sayer de faire changer lesmentalités, entamer un dialoguequi pourra modifier les regardsdes uns et des autres car nous re-fusons de croire que tout estdéfinitivement tracé. Si à notreniveau, nous pouvons un tempssoit peu, amener quelques per-sonnes à faire un pas vers la paix,c’est déjà beaucoup. Actuellement, nous avons denombreux projets en prépara-tion, nous pensons élargir noschamps d’actions. Mais pour poursuivre nos ac-tions, nous recherchons dessponsors et tout soutien financierest le bienvenu. Notre combat est aussi le votre.Seuls nous pouvons peu mais ànous tous nous pouvons beau-coup !

Annie Cohen et boaz Gasto :Site facebook All With Us –Tous Avec Nous,All With Us – Tous AvecNous 4 rue des feuillants 31300 TOULOUSE

Tous avec nousNous préparons activement nos prochaines actions…

4 AVIVmag n°202

Interview croisée des Co-fondateurs de l’association toulousaine : Annie Cohen et boaz Gasto

Les Juifs de France ont peur. Ils sontinquiets pour leur avenir et voientressurgir les démons du passé qui les ont

plus d’une fois poussés à l’exil. Mais les Juifs de France sont français. Ils le sontpassionnément. Et, comme beaucoup de françaisqui quittent notre pays, ils se sentent orphelinsdes valeurs de la République qui sont au cœur deleur éducation et de leur identité. Les manifestations de “soutien aux palestiniens“pendant la guerre contre le Hamas cet été, onttrop souvent dégénéré en émeutes et guérillasurbaines aux cris de “Mort aux Juifs, sionistesassassins…” et plus encore. Certes, legouvernement dirigé par Manuel Valls, a, nonseulement pris la mesure de la gravité de lasituation, mais fait de son mieux pour prendre lesdispositions qui s’imposent pour enrayer cettemécanique de la montée de la haine dans notrepays. Mais, nous le voyons tous les jours, c’estloin d’être suffisant et le moins que l’on puissedire, c’est que la confiance n’est pas là. C’est ledoute qui domine. Il faut rassurer donc,convaincre que, non seulement tout n’est pasperdu, mais qu’au delà des déclarations, il existeun plan, une stratégie crédible pour en finir avecla haine qui annonce la barbarie.

Toulouse est hélas une communauté qui resteprofondément marquée par la tragédie du 19mars 2012. Elle est particulièrement sensible à ladégradation du climat social et aux menaces surla paix civile. De manière générale les assassinats de Toulouseet Montauban sont les marqueurs d’un dramenational qui s’inscrit dans la menace globale quereprésente l’islam radical et le djihad dans lemonde. Déjà près de 200 familles nous ont quitté ou nousquitteront, sans parler de ceux qui choisissentd’autres destinations en Europe et dans le mondeet que nous ne sommes pas capables dequantifier. Plus que toute autre, la communautéjuive de Toulouse est un symbole du malaise etdu mal être des Juifs de France et peut être d’ungrand nombre de nos concitoyens qui réalisentqu’au delà des Juifs et d’Israël c’est la démocratiequi est attaquée, c’est la République qui est visée.

Pour ceux qui partent, l’Alyah est une chance.C’est aussi un choix personnel qui s’inscrit dansune longue tradition et d’espoir du retour à Sion.

C’est la réalisation d’un idéal auquelconsciemment ou pas nous sommes attachés. Aceux qui font ce choix je dis que nos prières etnos encouragements les accompagnent. L’Alyahn’est pas une rupture, c’est à la fois unaboutissement et une continuation. En devenantIsraéliens les Juifs de France restentprofondément français et contribuent aurayonnement des valeurs de la République et dela francophonie dans le monde. C’est aussi un cri d’alarme, car comme l’écritBenoit Raysky : ”Mais à cause de qui, à cause de quoi,les Juifs partent-ils ? A cause de l'irruption violente ethaineuse de la racaille des cités drapée pour lacirconstance dans le drapeau vert de l'Islam. Si des Juifsont l'impression que le sol de France se dérobe sous leurspieds, c'est qu'ils constatent que cette judéophobie estaimablement accompagnée à la gauche de la gauche etchez les écologistes par des commentaires convenus dugenre : "il faut les comprendre, avec Gaza et tout ça…".Alors ils se sentent seuls. Et la solitude est mauvaiseconseillère.Leur départ n'est pas une bonne chose pour laFrance. Et peu importe que cela en soit une pourIsraël. Un Etat qui ne sait pas protéger unecatégorie de ses citoyens est incapable de protégertous les autres.”Nos gouvernants, les responsables politiques,mais aussi les élites intellectuelles sans oublier lesjournalistes dont la responsabilité dans laperception de la réalité est déterminante, feraientbien de méditer ces quelques phrases. Pour ceux qui restent, et disons la vérité, c’est àdire l’encore immense majorité, il faut relever latête et ne pas baisser les bras ! Il faut se battrepour défendre notre place de citoyen, notre placedans ce pays qui est le nôtre parce que nous nefaisons pas qu’y vivre, nous contribuons chaquejour à son édification et à son renforcement. Icic’est chez nous !

Pour ceux qui restent il faut renforcer noscommunautés et se lever pour prendre la placede ceux qui sont partis. Plus de responsabilité,plus de solidarité, plus de générosité… Plus

personne ne doit s’exonérer de son devoir enversla collectivité juive qui ne peut pas vivre ets’épanouir sans chacun de nous. C’est un défiqu’il nous faut relever sous peine de voirdisparaître nos écoles et nos synagogues…

Alors, je vous le dis sans détour et tant pis si jevous choque, ce ne sont pas nos ennemis qui nousmenacent, car ils ne sont forts que de nosfaiblesses. Ce ne sont pas les familles qui nousquittent qui peuvent nous fragiliser car, aucontraire ils nous rendent plus forts et plus dignecar ils nous rappellent que l’Etat d’Israël est notrebouclier et notre fierté. Non, la seule chose quipeut nous atteindre et peut être nous détruirec’est l’indifférence du plus grand nombre, deceux qui se comportent comme desconsommateurs, qui prennent mais qui neveulent rien donner. Voilà ce qui estinsupportable. Voilà ce qui est intolérableaujourd’hui plus encore qu’hier.

C’est avec émotion que je m’adresse à vous pourla dernière fois à l’occasion des fêtes de Tichri.Dans quelques mois j’arriverai à la fin de monmandat et je quitterai mes fonctions. Un autreConseil, un (ou une) autre Président hériterontde cette immense responsabilité au service denotre communauté. En attendant, je garde toutema détermination pour continuer à remplirpleinement ma mission et mettre en œuvre toutesles réformes nécessaires afin d’assurer dans unmoment difficile, la pérennité du judaïsmetoulousain. A la veille des fêtes de Roch Hachana et de YomKippour, je compte sur vous pour être au rendezvous de la vie, de la bénédiction et de l’espoirpour le monde, le peuple Juif et Israël.ChanaVéHatimaTova

Arié BensemhounPrésident de la communauté juive de Toulouse

AVIVmag n°202 septembre 2014 5

Pour ceux qui restent,il faut se battre !

La parole

à ariébensemhoun

6 AVIVmag n°202

Horaires de tichri 5775SELIHOT

Jusqu’au vendredi 3 octobre 2014 :• lundi et jeudi : 5h45• semaine : 6h00

VEILLE DE ROCHHACHANA

Mercredi 24 septembre 2014 :• Sélihot : 6h00 suivi de Hatarat nédarim(annulation des vœux).• 9h00 : visite au cimetière (prière pour lesmorts).EROUV TAVCHILINE• Allumage des bougies : entre 18h32 et19h30.• Minha : 19h00 suivi d’Arvit du 1er soir defête. A. Yéchouroun : 19h30

1ER JOUR DE ROCHHACHANA Jeudi 25 septembre 2014 • Chahrit : 8h00

A. Yéchouroun : 9h00• Minha : 18h30• Tachlikh :19h15

(Pont de Constantine de l’EDJ)(Pont de l’Hers de Balma)(Garonne, ave H. Barbusse, route d’Espagne de Chaaré Emeth)

(Pont du Touch de Birkat Haim, Tournefeuille)

• Arvit : 19h30 A. Yéchouroun : 20h15• Allumage des bougies : après 20h30

2E JOUR DE ROCHHACHANA Vendredi 26 septembre 2014 :• Chahrit : 8h00 (A.Yéchour. : 9h00)

SONNERIE DU CHOFAR• Minha suivi d’Arvit de Chabbat: 19h00

A. Yéchouroun : 19h30• Allumage des bougies de chabbat : entre19h00 et 19h28.

CHAbbAT HAAZINOUCHOUVA Samedi 27 septembre 2014 :• Chahrit : 8h30 A.Yéchouroun : 10h00• Cours : 18h15• Minha : 19h00• Arvit et fin du chabbat : 20h27.

JEUNE DE GUEDALIA Dimanche 28 septembre 2014• Début du jeûne : 6h23• Selihot : 6h30• Chahrit : 7h30• Minha suivi de Arvit : 19h00 • Fin du jeûne : 20h16

VEILLE DE KIPPOUR Vendredi 3 octobre 2014• Sélihot : 6h00, suivi de Chahrit et deHatarat nédarim (annulation des vœux).• Visite au cimetière (prière pour les morts) :9h00• Minha : 14h30• Allumage des bougies : avant 19h15 (débutdu jeûne)• Kol Nidré : 19h15, suivi d’Arvit de Kippouret de la journée solennelle de prière

A. Yéchouroun : 19h30

JOURNEE DE YOMKIPPOUR Samedi 4 octobre 2014 :• Chahrit : 8h00

A. Yéchouroun : 9h00 (Yizkor vers 13h00)

• Néïla (clôture) : 19h00• Fin du jeûne : 20h13

VEILLE DE SOUCCOT Mercredi 8 octobre 2014 :EROUV TAVCHILINE• Allumage des bougies : avant 19h05• Minha 18h45, suivi d’Arvit de fête

A. Yéchouroun : 19h00.

1ER JOUR DE SOUCCOT Jeudi 9 octobre 2014 :• Chahrit : 8h30 (Mitsva du loulav)

Yéchouroun : 10h00• Minha : 18h45 suivi d’Arvit de Fête.• Allumage des bougies du 2e jour de fête :

après 20h05

2E JOUR DE SOUCCOT Vendredi 10 octobre 2014 :• Chahrit : 8h30

A. Yéchouroun : 10h00• Minha : 18h45 suivi d’Arvit

A. Yéchouroun : 19h00• Allumage des bougies : après 19h03

CHAbbAT HOLHAMOED SOUCCOT Samedi 11 octobre 2014 :• Chahrit : 8h30

A. Yéchour. 10h00• Cours : 17h45• Minha suivi d’Arvit : 18h30• Fin de chabbat : 20h01

HOL HAMOEDSOUCCOT Du dimanche 12 octobre au mercredi 15octobre 2014 :• Chahrit : (pas de téphilines)• Dimanche : 7h30 • Lundi et mardi : 7h15• Minha suivi d’Arvit: 18h45

HOCHAANA RAbbA(VEILLÉE D’ÉTUDE) Mardi 14 octobre 2014 : A partir de 22h30 jusqu’à l’aube. Mercredi 15 octobre 2014 :• Chahrit : 7h15EROUV TAVCHILINE• Allumage : avant 18h55• Minha suivi de Arvit de fête : 18h30

A. Yéchouroun : 19h00

CHEMINI ATSERET Jeudi 16 octobre 2014 :• Chahrit : 8h30

A. Yéchouroun : 10h00 (Yizkor)• Minha : 18h45 suivi d’Arvit et réjouissancesde Simhat Torah, procession des Sépharim

A. Yéchouroun : 19h00• Allumage des bougies : après 19h54

SIMHAT TORAH Dernier jour de Fête :Réjouissance avec la TorahVendredi 17 octobre 2014 • Chahrit : 8h30 - A. Yéchouroun 10h00• Minha : 18h30 suivi d’Arvit de chabbatBERECHIT A. Yéchouroun : 18h45• Allum. des bougies de chabbat : après 18h51

CHAbbAT bERECHIT Samedi 18 octobre 2014 :• Chahrit : 8h30 - A. Yéchour. 10h00• Cours 17h45 • Minha : 18h30• Arvit et fin de chabbat : 19h50

Judaïsme pratique

Rav Y.Y. MATUSOF

Par Avraham Weill

Silencieuse prièreIl est des moments dans l'année qui revêtent pour chacun d'entre nous

une émotion toujours particulière. Le shofar de Rosh Hachana fait

partie de ceux-là.

Qu'il ait la voix rauque ou fluette, il fait trembler et pleurer les plus insensibles d'entres nous.

Le Rav Shlomo Yossef Zevin dans son magis-tral ouvrage "Latorah Velamoadim" nouspropose un regard très original sur le secret dela fascinante corne de bélier :Certains moments dans la vie d'un homme sontsi intenses en émotion qu'aucun mot ni aucunelangue, aussi riche soit-elle, ne parviendrait àexprimer l'instant vécu.Lors de ces moments si particuliers d'ailleurs,nous ne ressentons souvent pas le besoin deparler ou en sommes incapables.Un seul mot pourrait même avoir des consé-quences désastreuses. Il viendrait briser net lapuissance de l'émotion et nous renvoyer vio-lemment à la réalité.Parmi ces moments d'exception, il en est unque le peuple juif partageait chaque année àl'époque du temple de Jérusalem.C'était à Yom Kippour lorsque le CohenGadol, le grand prêtre, pénétrait dans le Saintdes Saints pour représenter le plus dignementpossible l'ensemble du peuple d'Israël. Il ne de-vait alors pas sortir le moindre son de sabouche. Il n'était alors accompagné d'aucuneprière. Et c'est uniquement lorsqu'il sortait de cettepièce si particulière qu'il récitait une courteprière comme nous l'enseigne la Mishna dansle traité de Yoma (5e chapitre).Aucune trace de toutes les longues prières etautres poèmes que nous trouvons aujourd'huidans nos rituels de Kippour.Seul le silence était de mise.Ce silence qui fait partie de la musique et quipeut s'avérer parfois être la plus puissante desprières.Nous n'avons plus de Cohen Gadol, mais nousavons encore le Shofar.Or le silence édifiant qui accompagne la son-nerie du Shofar est justement là pour nous fairerevivre l'expérience du peuple juif au temps duCohen Gadol.Un silence durant lequel nous exprimons alorstout ce que nous serions incapables d’exprimerpar des mots, ni même par des écrits.Une silencieuse prière qui déchire le ciel et per-

met de libérer cette voix intérieure, la voix deYaacov, étouffée durant toute l'année par lesmains puissantes d'Essav. Cette petite voix qui sort du plus profond d’en-tre nous mais que nous avons tant de mal àlaisser s’exprimer.Une fois par an, nous avons l’occasion de lais-ser s’échapper ce qu’il y a de plus vrai et deplus authentique à l’intérieur de nous. Sans tri-cher ni se mentir. Nous laissons alors au vestiaire la peau de che-vreuil avec laquelle nous avons paradé pendanttoute l’année et acceptons de nous mettre à nudevant Dieu.Que ce moment est précieux. Oh combienpeut-il s’avérer salutaire.Il y en a qui gagnent leur monde [futur] en uninstant nous enseignent nos sages.

Aucun rabbin ni prophète ne pourra faire letravail à ma place. La Techouva (repentir) vé-ritable n’est pas question de quantité mais dequalité. Elle passe par une prise de consciencecourageuse et assumée. Or cela, tout le mondeen est capable.Dieu attend ce moment avec impatience. Ilsera aussi sensible à notre silencieux recueille-ment durant le Shofar qu’à nos chants les plusfervents.Ne Le décevons. Ne nous décevons pas.

Qu’Hashem accorde à chacune et chacun d’en-tre vous la plus douce et merveilleuse desannées, dans la santé, la prospérité et la séré-nité.Leshana Tova Tikatevou Vete’hatemou.

Avraham WEILL, rabbin de Toulouse

Judaïsme

AVIVmag n°202 septembre 2014 7

13 LIEUx DE CULTEà VOTRE DISPOSITION LE JOUR DE KIPPOUR

HALLE AUx GRAINSPlace Dupuy - 31000 Toulouse

EDJ/ORANAIS -HEKHAL DAVID2, place Riquet - 31000 Toulouse

PALAPRAT2, rue Palaprat - 31000 Toulouse

CHAARé EMETH35, rue Rembrandt 31100 Toulouse

ADATH YéCHOUROUN –ACHKéNAZE EDJ - 2, place Riquet -31000 Toulouse

TOURNEFEUILLE - BIRKAT HAïM73, route de Tarbes - 31170

TOURNEFEUILLE ADATH ISRAëL17, rue Alsace Lorraine - 31000 Toulouse

BALMA - BETH YOSSEFChemin des Arènes - 31130 Balma

ORATOIRE DE L’UNIONSalle des Fêtes - 31240 l’Union

OHR TORAH - MICHKAN NESSIM33, rue Jules Dalou - 31500 Toulouse

LES JARDINS DE RAMBAM Chemin de Tucard - 31650 St-Orens

ORT - ORATOIRE OR YOSSEF 14, rue E. Collongue31770Colomiers

GAN RACHI - TéPHILA LE MOSHé8, Imp Suzanne Lenglen 31200 Toulouse

Une année de Chemita

QU’EST-CE que la Chemita

et quelles sont ses inci-

dences pratiques ?

Depuis la conquête de la Terre Sainte et lepartage des terrains entre les tribus àl’époque de Yehochoua (Josué), le peuplejuif a compté les années en consacrantchaque fois la septième année qui est appe-lée « Chemita » (le compte de la cinquan-tième année – le Yovel (jubilé) – a été aban-donné après la destruction du Temple).L’année de « Chemita » il est interdit detravailler la terre en Israël : labourer, semer,enlever les mauvaises herbes, récolter etvendre de façon normale les produits de laterre… On peut cultiver ce qui pousse surl’eau et dans les serres qui ne sont pas encontact avec la terre, selon les technologiesmodernes développées entre autres pourrespecter ces lois de «Chemita ». Ainsi,toute personne souhaitant se rendre en Is-raël durant l’année 5775 et même après de-vra se renseigner quant aux magasins, res-taurants etc.. où il est possible d’acheterfruits, légumes, fleurs et céréales tout enrespectant ces lois.Par ailleurs, l’année de « Chemita » annuletoutes les dettes entre particuliers.

Pour éviter que des gens refusent de prêterde l’argent à l’approche de l’année de « Che-mita », Hillel l’Ancien institua le Prouzboul: avant et à la fin de l’année de « Chemita »(la veille de Roch Hachana), chacun est in-vité à déclarer (oralement ou par écrit) de-vant un Beth Din (tribunal rabbinique)qu’il lui transmet ses dettes. Ainsi, chacunest libre de réclamer par la suite à ses débi-teurs, le remboursement de ses dettes.Pour s’acquitter de cette Mitsva, certainsveillent même à emprunter de l’argent sym-boliquement avant le Prouzboul.

Enseignement éternelLa chemita, le repos de la terre et l’annéesabbatique : bien que ce commandementne se pratique que sur la Terre d’Israël, ilest néanmoins d’actualité et il contient desrépercussions pour tous.Comme le chabbat hebdomadaire évoquepour nous la foi en Dieu Créateur, ainsi, lechabbat des cycles annuels évoque la foi enD… Régisseur de toute la Nature.Le droit de propriété au sens large est aboliet le partage s’impose.Cette année, comme le chabbat hebdoma-daire, le repos et l’absence des occupationsterrestres et matérielles laissent place et dis-

ponibilité à consacrer son temps à sa rela-tion à Dieu par l’étude de la Torah et sespréceptes.Le sens de la « Chemita » est d’exprimernotre confiance en Dieu même dans notrevie professionnelle et matérielle, comme lechabbat l’indique aussi.

C’est pour cela que l’année à venir requiertnotre engagement à tous pour consacrerplus de notre temps et de notre esprit àl’étude et à nos progrès dans la spiritualité.

D’autant que le chabbat est mis en évidencedès le début de l’année, Roch Hachana ainsique Souccot et Sim’hatTorah tombent jeudiet vendredi suivis de chabbat : trois foistrois (‘Hazaka=force) jours sacrés se sui-vent. De même Yom Kippour tombe égale-ment chabbat.

Je souhaite que l’année 5775 soit une annéede Torah, de bonheur, de joie, de partageet de solidarité pour chacun de nous.Chana tova et bonnes fêtes.

Rav YY Matusof

8 AVIVmag n°202

Judaïsme

Par Yossef Matusof

L’année 5775 est appelée : « Année de la Chemita ».

« Parle aux enfants d’Israël et dis-leur :

Quand vous serez entrés dans le pays que

je vous donne, la terre sera soumise à un

chômage en l’honneur de l’Eternel. Six an-

nées tu ensemenceras ton champ, six an-

nées tu travailleras ta vigne, et tu en re-

cueilleras le produit ; mais, la septième

année, un chômage absolu sera accordé à

la terre, un sabbat en l’honneur de l’Eter-

nel. Tu n’ensemenceras ton champ, ni ne

tailleras ta vigne. » (Lévitique25, 2-4)

Bien qu’il se revendique comme un mode d’existence régi par un code de lois,le judaïsme, peuple et religion confondus, s’inscrit résolument dans l’Histoire.Ainsi, la fête juive, toujours auréolée de sa dimension religieuse, s’insèred’abord dans le temps historique. Elle est, dès l’origine, événement daté dansle destin collectif d’Israël et entend s’arrimer délibérément dans l’épaisseurdu réel; nous éloignant d’une spiritualité éthérée, déconnectée de la réalitépalpable.

C’est ainsi que Pessah commémore,plus de deux siècles d’enfermementégyptien il y a 3400ans, la liberté

recouvrée et la naissance du peuple juif. QueShavouot, rappelle le don de la Torah, deuxans plus tard et que Souccot, illustre l’er-rance des Hébreux durant 40 ans, dans ledésert, et la haute protectiondu Ciel dont ils ont bénéficié.Plus tard, Hanouka et Pou-rim viendront, à l’initiative denos Sages, s’ajouter à l’éphé-méride en célébrant lesvictoires, en -168, des mac-chabis sur les légionsgreco-assyriennes d’occupa-tion et le génocideprogrammé des juifs, déjouépar la Reine Esther, deux siè-cles plus tôt. Le deuil deTich’a Béav, quant à lui, rap-pelle la destruction des deuxTemples de Jérusalem. C’est ainsi que, par ce rappel du passé, lejudaïsme entend valider son présent et sou-ligner, avec force, l’objectif de sa missionessentiellement terrestre: l’avénement d’unehumanité meilleure. Comment, dans cetteperspective, appréhender les solennités plu-tôt austères, de Roch Hachana et YomKippour, qui inaugurent l’année juive ?Alors que métaphysique et sainteté meu-blent l’essentiel de leur liturgie et que jeûne,pénitence et contrition se substituent à unclimat festif. A priori, nul événement n’a, semble-t-il,marqué leur survenue. Aucun miracle n’estvenu frapper de son sceau leur émergencedans la mémoire juive. Elles ont cependantété pourvues par nos Sages, d’une conso-nance historique. Roch Hachana appeléégalement Yom Harat‘Olam*, se trouveidentifié, par le génie de l’exégèse, à l’anni-versaire de la Création du monde, tombantainsi le premier de l’an juif. Et, par le simplecomput des péripéties bibliques, Kippoursurvient le 10 Tichri et marque, précisément,

le jour de la réception par Moïse dessecondes tables de la Loi. Peu importe si laconception de l’univers fut étalée sur desmillions d’années, comme le soutiennentaujourd’hui, les scientifiques; que les “jours”de la Création, égrenés dans le premier cha-pitre de la Genèse, correspondraient à des

phases ou à des ères de for-mation et d’élaboration ducosmos, telles que le suggè-rent certains. Peu importeque le chiffre 5775 du nou-veau calendrier hébraïquecomptabilise, selon la Tradi-tion juive, la chronologie desannées écoulées depuis l’ap-parition du premier hommeou que ce calcul soit assimiléà l’avénement d’une huma-nité civilisée.A partir du moment où lepeuple juif entre de plain-pied dans l’histoire de

l’humanité, il se consacre, d’abord et surtout,à sa relation au Divin et au développementde sa conscience morale. Il tend à négligerl’exploration proto-humaine du temps quipasse ou les théories de l’évolution, dès lorsque l’Homme n’y occupe plus la place cen-trale assignée par l’Ecriture, et que l’éthiquesemble remisée au magasin des accessoires.Plus que le Vrai, c’est le Bien qui le préoc-cupe. Tout en assumant son vécu dans cemonde, le juif entend se vouer à une autreapproche de son existence : une aspirationspirituelle vers un au-delà du matériel, asso-ciée au souci permanent de son Prochain.

Désormais, son regard sera tendu vers leCiel mais ses pieds resteront toujours rivésau sol. C’est ainsi qu’il entend affirmer saprésence au monde et accomplir la missionqui lui fut confiée . Jacques ASSERAF

*Littéralement: Jour de la naissance du monde

AVIVmag n°202 9

ROCH HACHANA-KIPPOUR

Par Jacques Asseraf

Tout en assumant sonvécu dans ce monde, lejuif entend se vouer àune autre approche de

son existence : une aspiration spirituelle

vers un au-delà du matériel, associée au

souci permanent de son Prochain

Entre terre et ciel

Mosaïque représentant le cycle des douze mois duzodiaque hébraïque, période byzantine, inscriptionshébraïques. From synagogue Beth Alpha.

«

«

On dit des Constantinois qu’ils sont le sel dujudaïsme, pourquoi selon vous ? Gilles Nakache : j’ai 65 ans : depuis des tempsimmémoriaux, on a toujours nommé Constan-tine “la petite Jérusalem” parce que c’était unbastion du Judaïsme et de la pratique reli-gieuse. Le peuple de Constantine s’est toujoursentouré de ses synagogues.

Justement je crois qu’à Constantine on dé-nombrait beaucoup de synagogues ?Jacky Tordjeman, j’ai 75 ans : c’est tout à faitvrai ! Il y avait beaucoup de synagogues. Danschaque quartier les gens fréquentaient la leur.

En ce qui me concerne j’habitais place Négrieret je fréquentais la synagogue de Rabbi TsionChoukroun.

Pourquoi une ferveur si forte ?Jacky Tordjeman : la foi était très forte, il yavait une grande religiosité. Je peux vous af-firmer que le jour de Chavouot, la synagogueétait si pleine que l’on ne trouvait pas une placede libre, on ne pouvait pas y ajouter une tête

d’épingle ! Il y avait une effervescence in-croyable. On lisait les 10 commandements cejour-là, et l’on entendait des voix extraordi-naires.Gilles Nakache : ce qui peut-être expliquecette ferveur, c’est le fait que les communautésvivaient en vase clos, en autarcie, et cette par-ticularité resserrait les liens entre les fidèles dela communauté, réunie autour deson Midrash, de ses Téhélim, de sespratiques.

Qui dit grande pratique dit forteéducation. Comment enseignait-on l’hébreu, la pratiquereligieuse?Jacky Tordjeman : pour ma part,j’ai surtout appris au talmud-tho-rah. La différence par rapport auxécoles juives d’aujourd’hui, c’estque nous y allions le jeudi et di-manche. Gilles Nakache : Nos professeursétaient le rav Charbit, le rav Aaron,le rav Guedj, le rav Tsion Chou-kroun, le rav Rabbi Yossef, une sommité, etbien sûr le rav Sidi Fredj Halimi, qui étaitl’âme de la communauté.

Il semble que le noyau constantinois de Tou-louse ait conservé les mêmes amitiésd’outremer cinquante ans plus tard ?Gilles Nakache : Les anciens sont partis maisc’est vrai que les Constantinois de Toulouse ontformé le premier noyau religieux, mis à partbien sûr celui des Turcs et des Ashkénazes.

Jacky Tordjeman : Le 21 juin 1961,Cheik Raymond, le beau-père d’En-rico Macias, grand chanteur aimédes Juifs comme des Arabes, a étéassassiné. De ce jour, les Constanti-nois sont partis pour ne plus revenir,ils savaient que tout était perdu.Gilles Nakache : Je voudrais ajouterceci : Constantine était la ville desponts, il y en avait 36. Cette particu-larité évoque bien le “passage”, lamain tendue entre les communautés.Et Juifs et Arabes vivaient sommetoute en bonne intelligence.

Revenons à Toulouse, quels ont étéles lieux de prédilection des Constantinoisici ?Gilles Nakache : Principalement Palaprat audébut, mais ensuite, c’est la rue du Rempartqui en a été le fief, avec des figures commeSimshoun Taïeb, le beau-père de Jacky, Mon-sieur Khélif, Prosper et Robert Nakache,difficile de tous les citer. Certains sont partisen Israël, surtout à Natanya.

Propos recueillis par Pierre Lasry

10 AVIVmag n°202

Jalons de la communauté

bien représentés à Toulouse, ils ont plaisir à évoquer leurs origines QUESTIONS à DEUx FIDèLES

Les Constantinois de ToulouseUne communauté dans la communauté

AVIVmag n°202 septembre 2014 11

Que peut-on dire du grand rabbin deConstantine, Sidi Fredj Halimi ?

Roger Allouche : c’était un érudit, un ca-talyseur, un fédérateur, il ne faisait jamaisreproche à qui enfreignait la loi, mais possédaitun regard plein d’humanité,

Je crois que les Sepher torah deConstantine étaient différents de ceux

que nous connaissons ?RA : oui, nous avions des sepher torah dansdes boîtes, en bois, avec des rimonim, et il yavait une façon particulière de les présenteraux fidèles. Ceux qui le faisaient étaient desspécialistes.

Comment expliquez-vous cette ferveur siparticulière ?RA : d’abord parce qu’il y avait des rabbanimtrès proches de nous, qui transmettaient, etparce qu’il y avait une exigence d’exemplaritéà suivre. Nous fréquentions chaque jour unTalmud torah très bien structuré, à 11 heuresen sortant de l’école. Nous n’avions pas de pro-blématique de rythme scolaire ! En été nousavions l’enseignement pendant deux mois etpuis nos parents nous y poussaient… Je mesouviens de ma mère disant : “koum !” Lève-toi - pour aller faire la prière le matin. Je suisun vrai Constantinois, d’ailleurs j’habitais 9 rueConstantin à Constantine !Le grand rabbin Yossef Renassia, grande fi-gure de Constantine, était monté en Israël en1961-62, à Dimona, non loin du grand rabbinCastiel. Il était très affectueux et très respec-

table. Voici un texte qu’il écrivit sur sa fille :“à la mémoire de ma fille chérie Reine MilkaRenassia. Je la vois et l’entends, fille éveillée,expliquer la méthode hébraïque, la paracha,les prières aux petits élèves d’Ohr Torah. Jela vois et l’entends, jeune étudiante, chanter laChira, Hacher kelmat, les chants de la Milah,la Avdala, la Haphtara. Tous les ans à la tabledu Séder, je la vois et l’entends, petite fille, ré-citer la Haggada et chanter le Hallel, Ehad miyodeah, Had gadia, Chir hachirim et répéteravec enthousiasme “Lechana abah léroucha-laïm”. Sa Jérusalem n’est plus de ce monde,éditer ces livres qu’elle a tant aimés m’est unbesoin du cœur.”J’ai retrouvé un contrat de mariage de la sœur

de ma grand mère qui date de juin 1897.C’est un document qui met en lumière

les apports très modestes - habit, linge, vête-ments - dont le relevé et l’estimation étaientconsignés dans le contrat, une curiosité histo-rique familiale.

De grands amis à Constantine ontréussi à perpétuer leur amitié

jusqu’ici, comment ont-ils fait ?RA : Cela s’explique, pour une certaine géné-ration. Ce sont des gens qui se connaissaient àConnstantine, et qui se sont retrouvés ici.C’était une petite ville, une communauté de 20000 habitants, dans des quartiers assez resser-rés. De ce fait, les gens se connaissaient, il yavait une reconnaissance de l’autre dansl’identité, dans les airs, les chants (Enrico Ma-cias, Cheikh Raymond), dans les traditions

locales. Et certains perpétuent ce souvenirconstantinois. Les pionniers constantinois àToulouse sont les familles Nakache, Merdekra(Allouche).

On parle de relations arabo-juives paisiblesmais il y a eu des événements graves aussi ?RA : Dans la relation individuelle de voisinage,c’était très correct, entre chefs des trois com-munautés également, mais les émeutes arabesanti-juives à Constantine sont effrayantes.Collectivement, je ne garderai pas le souvenird’une fraternité authentique. Il ne faut pas ou-blier que la guerre d’Algérie a commencéquasiment dans les ruelles de Constantine.Notre logement dominait la rue et nous avonsassisté aux émeutes : les synagogues ont reçudes grenades, le cheikh Raymond une balledans la nuque, le symbole même du rappro-chement musulman-juif.

Qu’est devenu Constantine ?RA : Le cimetière est resté entretenu.

Ce que m’en disent les marchands arabesconstantinois du marché, c’est que la ville s’estbeaucoup développée, université, hôpitaux…Quand à moi, je regarde peu dans sa direction,mes regards vont plutôt vers Israël que vers leMagreb.

Propos recueillis par Pierre Lasry

Quand on parle de Constantine, on évoque une ferveur religieuse incomparable, une profondeur spirituelle qui traverse le temps,forgée par la tradition, les valeurs familiales et le respect des anciens. Roger Allouche a accepté de jouer le jeu de l’évocation…

1

1

4

3

4

2

5

5

3

2

Jalons de la communauté

L’un avait 17 ans, lesautres avaient respec-tivement 11 et 4 ans

quand ils ont quitté Constan-tine. Entre souvenirs d’enfantou d’adolescent, les noms dessynagogues, des rues, deslieux se bousculent – la rue deFrance, le Mont de Piété, laplace de la Brèche, le Pontsuspendu, la place Négrier, larue Chevalier, l’Alliance et tant d’autres. Lessouvenirs des noms des gens qu’ils ont croi-sés, des Rabbins – Rabbi Zion Choukroun,Rabbi Chlomo Halimi , Rabbi Yoseph Gue-nassia, Rabbi Sidi Fredj - des cousins, desamis, des familles – Guedj, Karoubi, Halimi,Chemack - se mêlent dans un échange en-flammé où chacun relate ses souvenirs et sessentiments.

Rencontre avec quatre constanti-nois passionnés : Jean-PierreAttaïech, Gérard Attaïech, Monique Attaïech, née Sebbah et Claire Rueff, née Zerbib.

Nous consacrons ce numéro aux juifs deConstantine arrivés au début des annéessoixante à Toulouse, au moment de la fin dela guerre et de la signature de l’indépen-dance de l’Algérie. Ces fidèles représententun noyau dur important dans notre commu-nauté, noyau dont vous faite bien sûr partie.La communauté juive était importante àConstantine, comment se déroulait la viejuive ?JP Attaïech : On avait une vie juive beau-coup plus intense et différente de celle quenous connaissons à Toulouse aujourd’hui.C’était une vie très riche ; d’ailleurs on appe-lait Constantine « la Petite Jérusalem »,comme d’autres villes où la religiosité étaitgrande. Les juifs étaient installés dans plu-sieurs quartiers. Par exemple, dans le quartierde la Place Négrier, on comptait cinq syna-gogues. Nous avions de grands rabbins,Rabbi Yoseph Guenassia qui avait écrit desouvrages sur la Shehita sur lesquels j’ai étu-

dié, et Rabbi Sidi Fredj qui lui aussi avaitécrit des livres mais sur Pessah. Ils étaienttous des sommités, certains d’entre eux n’ontmalheureusement pas connu l’indépendanceet d’autres ont suivi le flot des « rapatriés ».Les synagogues étaient pleines, toujours avecbeaucoup de ferveur.

Vous avez connu la dure période de laGuerre d’Algérie, quels souvenirs en gar-dez-vous ?En 1954, après l’assassinat d’instituteurs fran-çais, nous avons connu les premiers «évènements ». Nous avons tous connu lesbombes et les assassinats. La guerre d’Algériepour nous c’était les bombes rue Nationale,au Monoprix, rue de France …Claire raconte : Le père d’une cousine de monpère a été tué d’une balle dans la tête, rue Na-tionale, parce qu’il était juif. J’étais jeunelorsque j’ai connu la guerre, j’en ai gardé unegrande peur de tout bruit violent.

Par conséquent, vous avez quitté Constan-tine avec vos familles en 1961-62, peu de

temps avant la signature del’indépendance. Pourquoiavoir choisi Toulouse ? Com-ment s’est passée votreinstallation ?On rejoignait des membres denos familles qui étaient déjàarrivés en France. JPA : Je suis arrivé le pre-mier de ma famille en 1961,peut-être deux semaines après

l’assassinat de Raymond le chanteur (page ci-contre). Je suis d’abord arrivé à Blois, avantToulouse ; une de mes tantes y était installée.J’y suis arrivé avec un CAP d’ajusteur méca-nicien, j’y ai travaillé pendant trois mois. Puis,s’est posée la question de faire venir mes pa-rents, mais Blois était une petite ville où la

communauté et la religiositéétaient faibles. Une tante, «tata Rosa », habitait Tou-louse ; j’y suis venu, j’ai louéun appartement et j’ai faitvenir mes parents.CR : Nous avons rejoint unde mes oncles - rue des Lois -installé depuis plusieurs an-nées à Toulouse. Il nous atrouvé un appartement dansun immeuble attenant au sienpour nous accueillir, mes pa-

rents, mes frères et moi. Toulouse était unegrande ville du Sud qui a attiré beaucoup dejuifs dans les années soixante.Certains sont partis en Israël, mais il ne fautpas perdre de vue qu’Israël était un tout jeunepays en construction où il fallait pouvoir tra-vailler.

Vous étiez « les frères Attaïech », Gérard,Alexandre, Jean-Pierre et Norbert, déjà enAlgérie de famille très pieuse, et au-jourd’hui des membres influents de lacommunauté de Toulouse. Vous avez touscontribué à mettre en place et animer leculte à Toulouse. Pouvez-vous nous racon-ter cela et nous rappeler les actions menéespar vous et vos frères ?JPA : Je suis arrivé à Toulouse à 17 ans aprèsavoir appris tout ce que je sais du judaïsme en

12 AVIVmag n°202

«SUIT

E D

U DO

SSIE

R

Constantine et son pont suspendu, le pont Sidi M’Cid

De l’enfance sous le soleil de Constantine à l’installation à Toulouse…

Jean-Pierre, Gérard et Monique Attaïech, Claire Rueff

«Algérie. Je connaissais déjà tous les Téhilim,et j’ai commencé à les lire à la synagogue de Pa-laprat sitôt que je suis arrivé. Nous allions à lasynagogue de Palaprat, la seule synagogue à cemoment là. Nous y avons connu le rabbinRozen et M. Fraelich. Ensuite, lorsque le rab-bin Rozen est parti, le rabbin Haïk est arrivé.Puis nous avons déménagé dans un immeubledans le quartier de Bagatelle, là, nous allions àla synagogue de la rue du Pech. Nous allionstous les jours à la synagogue, nous avons tou-jours eu une culture religieuse importante. Jesuis le second de la fratrie, et grâce à mesconnaissances religieuses, j’ai très vite étéproche des rabbins G. Haïk et A. Castiel à laVNS. Après avoir passé 11 ans en Israël, je suisrevenu à Toulouse et me suis occupé de beau-coup d’aspects religieux, pour l’organisation

des offices de Kippour, à la Hévra Kadicha, j’aiassuré les offices à Rambam et j’ai contribué àdynamiser la vie juive à l’Union en mettant enplace le Talmud Torah avec mon ami EdgarGuenassia (zal) qui a très bien marché. Mon frère Alex a été administrateur de l’ACITpendant deux mandatures.Gérard quant à lui est devenu Hazan de la sy-nagogue de Palaprat à la suite du départ enIsraël de David Bensoussan. Nous avons aussi tous formé beaucoup dejeunes Bar Mitzva.Léon Laloum, le mari de notre sœur, a montéun orchestre, « l’orchestre Léon Laloum », danslequel nous avons tous joué. Nous avons apprisà jouer la musique algérienne, celle de Ray-mond, et avons animé de nombreuxévènements Bar Mitzva, mariages, etc… Pourl’anecdote, Gérard a appris à jouer du violon en

moins d’un an, pour animer le mariage de sasœur.La famille Attaïech a servi la communauté deToulouse dans ses aspects religieux.

Quelles sont les traditions constantinoisesqui sont perpétuées ici dans la vie toulou-saine ?Beaucoup d’airs rituels sont hérités deConstantine, même si bien sûr les traditionsse sont mêlées aux autres, marocaine, tuni-sienne, portugaise et autres.CR : Nous nous reconnaissons entreConstantinois par nos traditions ancrées, eten particulier nos traditions culinaires. Parexemple, tous les chabbatoth nos mères fai-saient « poisson – boulettes - couscousVendredi soir et Samedi midi, Tfina de cardes

d’épinards ou autres.

Justement, Monique, Claire, noussommes à l’aube de fêtes de Tichri,mettez nous l’eau à la bouche…quelles sont les traditions culi-naires constantinoises pour RochHachana et Yom Kippour ?MA : Le bouillon de poule avec le ci-tron et la menthe, la tfina d’épinardsavec la joue, le jarret de veau avec lespetites pates – « langues d’oiseau »ou faites à la main entre le pouce et

l’index.CR : Pour le soir de Kippour, la tradition dema mère était de faire une tifna de cardes, sui-vie d’un poulet farci. Mais depuis, lestraditions s’amenuisent, les estomacs ne lesupportent plus, mais la tfina reste un incon-tournable.

Un dernier commentaire sur la ville devotre enfance ?CR : Il est bien triste de ne plus pouvoir re-tourner là-bas librement, nous en avons dessouvenirs très doux et très beaux. Nous avonsaussi des oncles, des parents enterrés danscette ville, et nous ne pouvons aller nous re-cueillir sur leurs tombes. Et cela c’estdommage !

Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama

AVIVmag n°202 septembre 2014 13

SUIT

E PA

GE SU

IVAN

TELa place de la brèche, le théatre et les halles

Le grand musicienCheikh Raymond

Raymond Leyris est né le 27 juillet 1912 àConstantine, alors en Algérie française. Ilest le fils d'un Juif et d'une Française, aban-donné enfant et recueilli par une famillejuive. A cette époque, musulmans, juifs, etchrétiens cohabitaient dans une certaineharmonie, surtout dans les classes les pluspauvres de la population dont était issueCheikh Raymond.Son nom de Cheikh lui est donné par lesmusulmans en signe de respect. Virtuose del'oud, Cheikh Raymond se produisait dansles mariages musulmans comme dans lesBar Mitzhva juives. Il intègre dans son or-chestre le violoniste Sylvain Ghrenassia,père de Gaston Ghrenassia, plus connu sousle nom de Enrico Macias. Ce dernier devintle gendre de Cheikh Raymond en épousantsa fille Suzy.

Jouant et enregis-trant énormément,Cheikh Raymondétait un lien entre descommunautés qui sedéchirèrent à partirdu terrible massacrede Sétif en mai 1945.Alors qu'une grande partie de la commu-nauté juive - souvent installée en Algériebien avant la colonisation - ne pensait pasquitter ce qu'elle considérait légitimementcomme son pays, l'assassinat de CheikhRaymond le 22 juin 1961 à Constantine acontribué à changer la donne. Le meurtred'un homme aussi populaire dans toutes lescomposantes de la population algérienne, amontré à l'ensemble de la communauté juivele danger qu'elle courrait et l’a forcé à l'exilen Métropole.

Les Constantinois de ToulouseUne communauté dans la communauté

14 AVIVmag n°202

Jalons de la communauté

JE venais de Constantine. Je ne me suispas installée tout de suite à Toulousemais à Montauban pour des raisons

professionnelles. Nous faisions des va-et-viententre Toulouse et Montauban car nous avionsde la famille installée aux Arènes. Nous venions nous approvisionner en viande àla boucherie Ghenassia qui était en quelquesorte l’annexe de la communauté, où les gens seretrouvaient et prenaient des nouvelles les unsdes autres.J’étais institutrice à Constantine puis j’ai été ré-intégrée dans l’Académie de France d’abord àMontauban puis ensuite à Toulouse.Mon mari avait trouvé un emploi à MontaubanIl était secrétaire administratif à Constantined’où il a dû démissionner car la situation secompliquait surtout après l’assassinat du beau-père d’Enrico Macias, la situation devenait im-possible. D’autres assassinats nous ont faitquitter Constantine abandonnant tout, noussommes rentrés sans rien du tout.Nous étions des milliers dans cette situation. Laplupart des juifs sont rentrés en juin, juillet1962, mais la population constantinoise prise depanique est rentrée plus tôt, en novembre 1961.C’est la famille qui nous a fait faire le choix deToulouse car ils étaient déjà installés ici.On s’abritait les uns chez les autres essayantde rebondir un petit peu.Puis nous avons eu la chance d’aller à Montau-ban où mon mari, qui était un anciencombattant et prisonnier de guerre, s’était vuattribuer un emploi réservé, un mois avantnotre arrivée..J’avais quatre enfants qui ont été scolariséstout de suite, nous avons eu un appartement àMontauban, je n’avais pas repris mon emploitout de suite car j’étais très affectée et très per-turbée. Nous nous sommes employés à“remonter” la communauté à Montauban avecles familles Borgère, Bartant, Serfati, Suissa,Levy qui arrivaient d’Oran et d’Alger. Nous étions au début très seuls et nous cher-

chions à nous retrouver et nous regrouper, ànous refaire un cercle d’amis.bagatelleAprès trois ans à Montauban, mon mari et moiavons eu une mutation à Toulouse où ma der-nière fille Nelly est née.

J’ai ensuite repris mon travail ; peu de tempsaprès, j’ai été affectée dans le quartier de Ba-gatelle.A l’époque Bagatelle était un quartier neuf trèsaccueillant, il y avait beaucoup de juifs et dePied-noirs, des Espagnols, l’atmosphère étaittrès agréable, les enfants s’amusaient en toutequiétude, la communauté se rassemblait. Lequartier des Arènes avait accueilli une grandepartie des Juifs pieds noirs, on l’appelait la « petite Jérusalem ».J’avais aux environs de trente-six ans, nous

nous reconstruisions une vie après toutes lesépreuves, les inquiétudes et les drames, la vierecommençait, on se retrouvait en paix.On rebondissait, chacun se retrouvait avec unemploi, nous nous recevions, les enfants fai-saient des études. Pour la plupart, même s’ilsavaient peu de moyens, les enfants de Bagatelleétaient bien élevés, modestement mais avectoutes les valeurs que nous voulions conserveret transmettre.Les parents surveillaient leurs enfants, ilsn’étaient pas laxistes et les enfants étaient bien

tenus, protégés, ils fréquentaient l’école et la sy-nagogue, nous menions paisiblement etmodestement nos vies.Quand les fêtes de Pourim et les fêtes de Lagbaohmer arrivaient, chacun faisait une séhoudaet on se recevait. Pour Pourim, on s’envoyait des gâteaux, je mesouviens des enfants Partouche, Armand etSylvain se pressaient pour apporter les gâteauxet on leur donnait une petite pièce.Les Constantinois reconstruisaient à l’identiqueleur ambiance, ici à Toulouse.

«SUIT

E D

U DO

SSIE

R

Les Constantinois de ToulouseUne communauté dans la communauté

Jeune institutrice à Constantine,Denise a rejoint Toulouse en1961. Une trajectoire mouve-mentée et cinq enfants plus tard,elle nous confie ses souvenirs et sa vision de ce passage de l’Algérie profonde au Sud-Ouestde la France. AMbIANCE…

«

AVIVmag n°202 septembre 2014 15

La synagogue de la rue du PechLa synagogue de la rue du Pech s’est construitepour les besoins de la cause car il y avait beau-coup de juifs aux Arènes et, comme lasynagogue “VSN” qui se trouvait rue du rem-part Saint Etienne était trop loin surtout pourles Chomer chabbat, nous avons loué un garagevers l’actuelle clinique Ambroise Paré, dans unerue perpendiculaire à la route de St Simon.Chacun avait mis la main à la pâte : c’était doncun simple dépôt, un garage que nous avonscomplétement aménagé avec les Chichepor-tiche, les parents et les enfants Ataïiech , il y aeu également des petites contributions duFSJU.C’est donc devenu une véritable synagogue,avec l’arche tout au fond, la Teva au milieu, unepetite galerie pour les femmes et un jardin pourles enfants. Les rabbins étaient Isaac Chetrit,Abraham Cohen et l’officiant Israël Atlan. Leterrain était loué sûrement par le Fond social,nous y allions pour les fêtes. Ensuite, nous nous sommes déplacés versChaare Hemet.Mais tout le monde s’était beaucoup beaucoupinvesti pour cette synagogue de la rue du Pech.

L’évolution vers le MirailPetit à petit les familles ont évolué, les enfantsont grandi et les familles se sont déplacées versle nouveau quartier du Mirail qui venait de seconstruire, les appartements étaient plus beaux,plus grands. En ce qui nous concerne, nousnous sommes installés à la Faourette où nousavons acheté notre appartement. La Faouretteétait un quartier très tranquille, face à Bagatellequi proposait des HLM en location.Petit à petit, l’évolution s’est faite, l’immigrationmaghrébine est arrivée dans les années 75, 80et au fur et à mesure, les appartements qui sevidaient étaient occupés par les familles ma-ghrébines.Jusqu’en 1985, 1986 c’étaient encore des quar-

tiers agréables et vivables puis cela a commencéà se gâter, à se dégrader, la fréquentation n’étaitplus la même et les juifs ont commencé à quitterle quartier.Les enfants grandissaient, ils avaient plus devingt ans et se déplacaient vers la ville, vers desquartiers plus résidentiels. J’ai assisté à unetransformation totale du quartier de la Faou-rette qui était un quartier très vivant,

chaleureux, il y avait des officiers de la base deFrancazal qui habitaient là, la fréquentationétait plus “sélect”. J’avais des amis de toutessortes avec toute la population car j’étais l’ins-titutrice de tout le quartier. Puis la zone s’est détériorée sensiblement au furet à mesure de l’arrivée des musulmans quiavaient créé des cafés maures au milieu duquartier, qui n’était plus respectueux ducontexte local et national, à la différence denous, qui étions intégrés tout en respectant noscoutumes.Les voitures commençaient à être vandaliséessi bien que mes enfants redoutaient de venir.C’est en fait la deuxième génération et la troi-sième génération de cette immigration qui a étéplus dévastatrice car la première génération,comme nous, avait voulu se refaire une vie.

Institutrice, un métier qui changeJe garde un excellent souvenir de tous lesélèves que j’ai eu, j’étais respectée, nous étions

considérés presque comme des « héros », cen’était pas comme aujourd’hui, nous nous subs-tituions même parfois aux parents.Pourquoi les choses ont changé ? Peut-être au-jourd’hui que les enseignants n’ont pas surgarder leur rang, ils ont peut-être voulu tropcopiner et ce manque de distance fait qu’il ontpeut- être aussi perdu le respect. C’est comme le tutoiement et le vouvoiementcela permet de conserver une distance et du res-pect.”

Propos recueillis par Pierre Lasry

Le témoignage de Denise Khalifa : une institutrice de Constantine qui a su rebondir en France en recréant une nouvelle vie riche de ses traditions et de ses valeurs

Du Rhummel à la Garonne

QUELQUES FAMILLES DELA RIVE GAUCHE Je ne peux pas toutes les citer, mais jepense bien sûr aux Khélif, aux Chiche-portiche, aux Partouche, aux Attaïech,aux Zerbib, en particulier Marco, à Monsieur N’Kaoua qui faisait les encais-sements pour la communauté, auxAllouche, à René et Marguerite Ghrenas-sia dans leur boucherie, aux Atlan…

16 AVIVmag n°202

Interview exclusive

Vous êtes né en 1960 à Toulouse, vousvous engagez en politique dès l’âge de17 ans ; quels ont été les chemins, les

ressorts secrets qui vous ont propulsé vers cedestin de maire de la 4e ville de France enavril dernier ?

Je crois que c’est la passion de Toulouse. Je mesuis engagé lorsque j’étais jeune pour des idées.Très vite j’ai découvert l’action municipale, cequi est quelque chose d’un peu différent. J’aidécouvert aussi la personnalité de DominiqueBaudis, sur la liste duquel j’ai figuré lorsqu’il abrigué la mairie de Toulouse pour la premièrefois en 1983. J’étais le plus jeune et depuis j’aiapprofondi mon engagement municipal. Jecrois que je suis une illustration du parcours ré-publicain où échelon après échelon, poste deresponsabilité après poste de responsabilité, onconstruit, on renforce un engagement. Le mienm’a conduit à cette grande mission d’être élu àdeux reprises mais dans des conditions diffé-rentes, maire de la ville qui m’a vu naître, danslaquelle je vis et que j’aime très sincèrement.

Vous avez déjà été maire une première fois de2004 à 2008 et député élu de la troisième cir-conscription de la Haute-Garonne de 2012 à2014. On vous sent aujourd’hui plus à l’aise,plus déterminé et sûr de vous que lors de cepremier mandat. Quels sont les ingrédientsde cette évolution, de ces progrès ? Le travailsur soi, la campagne électorale, la maturité,du coaching ?

Il y a sans doute un peu de tout cela, sauf le der-nier point, je n’ai pas fait de coaching. Je penseque j’avais été élu en 2004 dans des circons-tances particulières par le Conseil Municipal. A

partir de là, je ne pouvais détenir une autoritépolitique, morale et personnelle forte.

Le 30 mars 2014, ce qui s’est passé est radica-lement différent. Ce sont les Toulousains, quipar leur souveraineté populaire et démocra-tique, m’ont confié le mandat. La dimension del’élu que je suis n’est plus la même.

De 2008 à 2014, j’ai accompli un parcours d’op-position. Ce ne sont pas des moments faciles.C’est un peu la traversée du désert. Mais, jus-tement, quand on arrive à traverser le désert,on se sent plus fort que lorsqu’on y entre. Et jecrois que toute épreuve dans la vie, lorsqu’elleest vécue de manière positive, constructive,comme une invitation à faire des efforts à puiserau fond de son caractère, à mettre en avant desqualités que l’on peut avoir, à corriger des dé-fauts que l’on a forcément, à ces conditions là,l’épreuve est une étape de progrès. Et moi, j’aivécu ces années d’opposition dans le cadre d’untravail de terrain, de réflexion, d’expressionpermanent au contact des Toulousains. C’est cecontact avec les Toulousains qui m’a rendu sansdoute plus fort.

Peut-on parler un peu de l’homme privé ?Vous êtes marié, père de famille. Je crois quevous êtes catholique pratiquant, quelles sontvos relations intimes avec le judaïsme ?

Des relations de deux ordres. D’abord j’ai eu lachance, d’être très jeune en relation avec le ju-daïsme par ma famille puisque du côté de mamère et du côté de mon père, il y a eu des ma-riages interreligieux entre des juifs et descatholiques issus de ma famille. Je suis donc fa-milier de la religion juive grâce à mes cousins,côté paternel et maternel. Et puis étant catho-lique, je suis pleinement conscient que noussommes des branches différentes du mêmearbre.

Plus tard, lorsque j’ai approfondi mon engage-ment politique, j’ai été en contact avec laCommunauté Juive de Toulouse, non plus àtravers telle ou telle réunion familiale ponctuellemais à travers ses organes communautaires, lesresponsables qui la font vivre.

La maturité politique m’a également amené àréfléchir sur le judaïsme dans notre pays, surIsraël, sur les rapports de la France et d’Israël,sur la problématique extrêmement complexe du

Proche Orient. Une sorte de conscience civiques’est ajoutée dans un second temps à un vécufamilial. On peut dire que ce sont ces deux as-pects qui ont forgé ma relation avec le judaïsmeet plus particulièrement avec la communauté is-raélite toulousaine.

On vous a vu en campagne - mais aussi horscontexte - très proche de la communautéjuive de Toulouse, qui vient de fêter le bicen-tenaire de sa communauté organisée.Comment voyez-vous aujourd’hui la suite dece chemin que vous avez parcouru avec elleou à ses côtés ?

C’est vrai que je suis plutôt du genre fidèle etdonc je crois avoir été présent en tout tempsdans les grands rendez-vous auxquels la Com-munauté m’a convié comme élu à différentstitres : avant que je devienne maire de Toulouse,avant 2004, pendant mon premier mandat,quand je n’ai plus été maire de Toulouse. La fi-délité, c’est justement la permanence d’unerelation quelles que soient les circonstances etles positions que l’on peut avoir ou ne pas avoirdans la vie publique. Je considère que la Com-munauté juive de Toulouse est une richessed’abord parce qu’elle est extrêmement dyna-mique dans la vie communautaire, mais aussidans la vie publique, dans la vie sociale, dans lavie économique, donc dans la vie toulousainetout court. Et uune ville, pour avancer, a besoinde personnages dynamiques, de groupes dyna-miques. Toulouse est caractérisée depuislongtemps par une sorte de pluralité. Elle fédèredepuis très longtemps des identités, des par-cours humains, des histoires personnelles etfamiliales venues d’horizons extrêmement dif-férents. C’est une ville qui aime le débat et quivit, c’est ma conviction, plus fort, plus intensé-ment que d’autres villes, ce que j’appellerais lepluralisme d’une société. Donc, la communautéjuive, pas simplement parce qu’elle est dyna-mique mais parce qu’elle est héritière d’unehistoire extrêmement riche, extrêmement par-ticulière, a naturellement toute sa place danscette vie toulousaine qui est faite de diversité,de débat, de rencontre, d’échange, de confron-tation parfois.

Jean-Luc MoudencMaire de Toulouse, président de Toulouse Métropole

“Je suis du genre fidèle”

AVIVmag n°202 17

Jean-Luc Moudenc

On ne peut pas ne pas évoquer la recrudes-cence des actes et des paroles antisémites quifrappent la France depuis 2012, et que tousles responsables politiques dénoncent. Audelà des appels à la fermeté républicaine, aurespect de la loi, quelle est votre positiond’élu d’une grande ville. Avez-vous des idéesnouvelles par rapport à ces questions si diffi-ciles ?

Je n’aurai pas la préten-tion d’avoir des idéesnouvelles mais la recru-descence del’antisémitisme dansnotre pays est malheu-reusement une réalité.Nous l’avons vécu à Tou-louse de manière plusdramatique et tragiquequ’ailleurs et notre dou-leur est toujours là.

Il y a quelques mois,lorsque j’étais député etsecrétaire du grouped’amitié France/Israël àl’Assemblée Nationale,nous avons eu une réu-nion de travail en grouperestreint avec Roger Cu-kierman qui avait été éluà la présidence du CRIFnational quelques moisauparavant et les pre-miers mots lors de cetterencontre m’ont frappé.Ils ont été de nous direqu’en reprenant la prési-dence du CRIF qu’ilavait exercé auparavant,il trouvait malheureuse-ment une situationbeaucoup plus grave etdégradée du point de vuede l’antisémitisme enFrance et donc de la démocratie française, et dela République française. Le responsable que jesuis parmi d’autres ne peut être que concerné,interpellé par cette question.

A défaut d’originalité, lorsqu’il y a la montéed’un phénomène pervers et dangereux, je croisqu’il faut d’abord réaffirmer des fondamentauxtrès sûrs, très solides, très anciens. Parce que lepire, lorsqu’il y a la montée d’un péril c’est qu’ily ait une sorte de fragilisation générale, quecette montée d’un péril intimide tout le corpssocial et que la communauté juive se trouve iso-lée pour sa propre protection et sa propretranquillité. C’est ce qu’il faut éviter et donc, àdéfaut d’une position novatrice ou originale, ilme semble que mon rôle, maintenant que je suismaire après avoir été élu député, c’est justement

de réaffirmer publiquement et fortement unefermeté et une fidélité républicaine.

Après cela, il y a des mesures juridiques, il y ades prises de position publiques des pouvoirspublics, nationaux d’abord. Le problème n’estpas un problème municipal ou un problèmelocal.

Nous avions évoqué justement avec Roger Cu-kierman, lors de cette fameuse réunion de fin

2013 ou début 2014, la possibilité de revisiterl’arsenal juridique qui existe dans notre payspermettant de contrecarrer l’antisémitismepuisque nous avons constaté à travers l’affaireDieudonné par exemple que cet arsenal juri-dique pouvait être inopérant. Donc l’idée étaitd’avoir, notamment avec les parlementaires etavec les institutions de la Communauté, un tra-vail technique croisé pour voir quel projet deloi ou quelle proposition de loi nous pourrionsélaborer pour permettre de combler les insuffi-sances et les carences des dispositifs existants.

Je ne suis plus député, donc je ne puis plus par-ticiper à ce travail à peine esquissé. Ce que jesouhaite, c’est que le gouvernement et les par-lementaires remettent ce sujet à l’ordre du jour.On en a beaucoup parlé au moment de l’affaire

Dieudonné, on en parle moins aujourd’hui. Lerisque serait que l’on soit passé à autre chose etcomme (c’est tant mieux) il est moins questionde Dieudonné dans l’actualité, on relâche la vi-gilance et on oublie de faire ce travail deperfectionnement juridique. Il faut que ce tra-vail soit fait. Ce n’est pas parce qu’il y a uneaccalmie dans l’actualité de l’antisémitisme ence moment qu’il faut baisser la garde.

On évoque hélas souventToulouse affublé du nom del’assassin du 19 mars 2012.L’affaire Mérah, l’affaire deToulouse, la tuerie de Tou-louse, le foyer salafistetoulousain, etc…. Cette ter-minologie est à l’évidencenéfaste à l’image de la villerose. Le temps peut l’estom-per mais ce n’est pas certain.

Avez-vous réfléchi, en tantque Maire, à la façon de re-blanchir l’image ternie devotre ville, quel action, queltemps fort peut nettoyer lesmémoires et offrir aumonde un autre angle devue sur la ville ?

Je crois que Toulouse, parses intérêts naturels, et ilssont multiples, a des occa-sions de faire parler d’elle,heureusement de manièrebien différente de ce drame etde manière positive. Nous al-lons, dans peu de temps,assister au lancement d’unenouvelle version d’Airbus,l’A350 Néo qui est promu àun grand succès commercial.La poursuite de la succes storyd’Airbus, c’est une valeur

sûre de la réussite toulousaine et de l’image deToulouse à l’extérieur. C’est un événement queje cite pour répondre à votre question parcequ’il va avoir lieu bientôt. Mais il y a heureuse-ment des évènements réguliers dans la viesociale, dans la vie économique, dans la vie uni-versitaire, dans la vie culturelle toulousaine quicolorent d’une ambiance positive notre vie etl’image de notre cité.

Un mot sur Israël. Vous en revenez il y a peude jours. C’est une destination que vousconnaissiez déjà je crois, que vous appréciez.

Comment voyez-vous l’avenir pour ce paysqui sort à peine d’un conflit sanglant ?

On a l’impression qu’il y a un conflit intermi-nable dont on se demande si il finira un jour.

18 AVIVmag n°202

Jean-Luc Moudenc

Et donc face à tout cela, je crois qu’il faut queceux qui sont amis d’Israël ne cessent de réaf-firmer cette amitié quelle que soit laconjoncture, contre vents et marées, dans lesmoments de tension là bas tout comme dans lesmoments d’accalmie. Je le dis souvent et je leredis : on peut être en désaccord avec telle outelle décision du gouvernement israélien du mo-ment et cela n’empêche pas, bien au contraire,de redire notre attachement à la pérennité d’Israël, de redire, parce que malheureusementles médias ne le disent pratiquement jamais,qu’Israël est une démocratie, sœur de nos pro-pres démocraties européennes et que cettedémocratie israélienne est bien la seule démo-cratie qui existe dans la région, au ProcheOrient. Donc défendre Israël, ce n’est pas for-cément approuver les positions dugouvernement israélien du moment, c’est avanttout défendre un modèle de Société, des valeursde civilisation qui nous sont étroitement com-munes.

Israël est bâtie sur un socle de valeurs démo-cratiques et humaines qui est identique auxvaleurs et au socle de civilisation sur lequel noussommes en France et je crois que dire cela n’estpas neutre. C’est quelque chose de fort et c’estaffirmer une permanence qui est sincère, qui estjuste quelle que soit la conjoncture de paix oude guerre du moment.

En quoi les relations privilégiées entre Tou-louse et Tel Aviv et le jumelage peuvent-ilsprendre davantage de sens ?

Les relations entre Tel Aviv et Toulouse sonttrès anciennes. C’est le plus ancien jumelage deToulouse. Il a 52 ans d’existence. Il a été mis enplace lorsqu’il y avait un maire socialiste. De-puis d’autres majorités, d’autres municipalitésse sont succédées. Le jumelage a toujours étémaintenu.

Ce jumelage, c’est d’abord un signe d’amitié,c’est aussi une marque de reconnaissance pource que je disais un peu plus tôt, c’est-à-dire ledynamisme particulier de la CommunautéJuive Toulousaine.

J’ai un nouvel élu à mes côtés, Aviv Zonabend,qui est chargé des jumelages. Il est épaulé d’unancien élu qui amène son expérience, notre amiGérard Naon et je sais que tous les deux pré-parent des propositions pour donner un nouvelélan que je souhaite à ce jumelage dans les moisà venir.

J’ai rencontré mon homologue Ron Huldaïquelques semaines après mon élection. Jel’avais vu il y a quelques années et nous sommestout à fait sur la même longueur d’onde. Il faut

simplement que l’on sélectionne quels sont lespoints de coopération car, dans les grandesvilles, il y a de multiples choses qui sont possi-bles. Et l’on ne peut pas tout faire en mêmetemps. Donc, il faut que l’on travaille avec TelAviv pour voir quels sont les points de conver-gence, de coopération, d’échange, les thèmesque l’on peut développer pendant la mandaturemunicipale qui s’ouvre.

Hasard du calendrier, la Dépêche du Midipublie le jour de notre entretien une doublepage sur l’aliyah des Juifs toulousains, beau-coup plus importante ces dernières années,qu’elle ne l’a jamais été et qui prive votre villede dizaines de familles. Que pensez-vous dece phénomène. Et faut-il essayer de l’endi-guer ?

C’est très inquiétant car évidemment, ce phé-nomène n’est pas pour l’essentiel le résultat d’uncheminement personnel et spirituel et de ré-flexion. Pour l’essentiel, c’est un corolaire de ceque nous disions au début de notre entretien, àsavoir la montée de l’antisémitisme et donc, celam’autorise, me semble-t-il, à exprimer mes re-grets de cette situation. Je regrette qu’il y aitdes Juifs français, toulousains qui, à un mo-ment estiment qu’au fond, ils seront plus ensécurité s’ils vivent en Israël. A partir du mo-

ment où ils font ce constat, où ils acquièrentcette intime conviction et qu’ils font ce choix,cela veut dire que nous sommes en échec, noustous collectivement, que nous n’avons pas supréserver cette sécurité, cette tranquillité, cettetolérance qui pourtant est dans nos gènes de dé-mocrates et de républicains.

Donc, je ne peux pas me satisfaire de ce qui estun échec. Je le répète pour qu’il n’y ait pasd’ambiguïté, je mets à part ceux qui, mais jecrois savoir qu’ils sont minoritaires, font leuraliyah parce qu’ils sont dans un cheminementspirituel ou familial indépendant du contextesécuritaire français. Je pense que quand des va-leurs fondamentales sont attaquées, il ne fautpas déguerpir. Il faut être là pour les réaffirmer,les défendre et pour créer des solidarités.

Le Communauté Juive toulousaine a beaucoupd’amis non juifs. Je ne suis qu’un parmi ceux-ci mais nous sommes nombreux à être des amisfidèles et solides. Donc je pense qu’il vautmieux se parler, développer des relations etfaire un travail. J’ai évoqué un peu plus hautun travail législatif pour justement créer et dé-velopper des anticorps à l’antisémitisme, unesorte de contre offensive au service des valeursde la démocratie, de la République et du plura-lisme plutôt que de déserter le combat.

Pour clôturer l’entretien, que faut-il souhai-ter au maire de Toulouse ? Et que faut-ilsouhaiter aux juifs de Toulouse ?

Au Maire de Toulouse, il faut souhaiter d’avoirla possibilité de mettre en œuvre les engage-ments sur lesquels son équipe et lui-même ontété élus et donc de développer tout au long dessix années du mandat le travail nécessaire aucôté des Toulousains pour faire en sorte queToulouse réussisse, que la métropole de demainsoit un succès, que le développement écono-mique soit au rendez-vous.

A la Communauté Juive de Toulouse, il fautsouhaiter de conserver le formidable dyna-misme dont je parlais, qui fait d’elle un pilier dela République Toulousaine.

Propos recueillis par Pierre Lasry

“A la Communauté Juive de Toulouse, je souhaite de conserver le formidable dynamisme qui fait d’elle un pilier de la République Toulousaine.”

Entretien

Toulouse a été meurtri, en-deuillé, il y a un peu plus dedeux ans. Votre prédéces-seur, Gilles bernheim, a étéextrêmement présent etréactif et nous a aidé à rele-ver la tête tout de suiteaprès, puis dans les mois quiont suivi. Comment redoreraujourd’hui le blason d’uneville marquée par cette infa-mie ?

“Je suis venu pour la com-mémoration des “un an” decette tuerie, pour les “un an”de l’assassinat des soldats àMontauban et on aconscience effectivement que Toulouse étaitdevenu un symbole. Mais contrairement à desvilles qui portent leur infamie, ces crimes ter-ribles ont été presque supplantés dans lamémoire collective par l’élan de fraternité qu’ily a eu après. Je l’ai perçu quand je suis venuavec Kader Arif, Ministre des Anciens Com-battants et Jean-Yves Le Drian, Ministre de laDéfense, parce que vous avez toujours deuxoptions. J’ai une option biblique : « Voici, jeplace devant vous la vie et la mort ».

Cette ville aurait pu basculer, être entrainéedans la mort. Elle a choisi la vie. Et je vous ledis d’autant plus que ce dimanche, je vais allerà l’inauguration du Sefer Torah à la mémoiredu fils et des deux petits enfants de MonsieurSandler, mon ami. Je l’ai accompagné quand ilest revenu de Toulouse et c’est moi qui ai ré-ceptionné les corps à Roissy avant de les fairepartir en Israël. J’étais, à ma façon, d’une cer-taine manière au cœur de l’accompagnement.J’ai vu les élans de fraternité, de solidarité. Lavie se lever. C’est à nous de faire en sorte queToulouse soit le symbole de la fraternité dansl’adversité et non pas le symbole de la chuted’un monde. Sinon, cela aurait donné une vic-toire au criminel et il n’en est pas question.

Parallèlement à ce choc que l’on a subi,même si la réaction a été positive, il y a uneaugmentation des actions et des discours an-tisémites qui n’épargnent pas Toulouse.Toulouse est comme le reste de la France.

C’est une très bonne remarque. Il y a uneforme de chute du Tabou et une libération dela parole et des actes, comme si finalement, lesméchants avaient le sentiment qu’ils étaient ap-

prouvés par une sorte de majorité silencieuse.C’est le risque grave des majorités silencieuses.On fait les choses au nom des majorités silen-cieuses parce que, par nature, elles nes’expriment pas. D’où l’appel à tous nos ci-toyens à se lever, à parler, à dire, chacun à safaçon. On ne peut pas laisser faire en notrenom des choses insupportables.

Mais en tant que Juifs, comment nous adres-ser à nos concitoyens ? Comment s’adresserà cette majorité silencieuse ?

Chacun doit parler dans son entourage, expli-quer. Chacun doit montrer que la lâcheté et lesilence sont complices et combien on a besoinde sentir cette solidarité de concitoyens, quidonne corps à la fraternité, à notre devise na-tionale : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

J’ai vu La Dépêche qui parle d’un grand nom-bre de départs de familles juives de Toulouseet je crois que c’est un signal d’alarme pourl’ensemble de la société parce que cela veut direqu’il y a des Français qui n’arrivent plus à per-cevoir dans ce qu’incarne la France, le rêved’une société plus sereine, plus agréable, meil-leure, la possibilité d’un futur, d’un

réenchantement de la société.Et c’est d’ailleurs l’un desconstats que l’on peut faire.Les générations actuelles s’in-quiètent beaucoup plus, alorsque depuis toujours on étaitpersuadé que les générationsultérieures allaient vivremieux que nous. Maintenant,on se fait du souci pour les gé-nérations ultérieures. C’estnouveau. C’est à dire quebrusquement l’horizon de sé-rénité est en train dedisparaître.

Ce signal d’alarme, je penseque l’ensemble de la société l’a

entendu. Dans le titre de La Dépêche, ce qu’ily a d’inquiétant, c’est : « Exode ».

Le Maire de Toulouse, interrogé quelquesjours avant vous, a dit sur cette question :«Pour nous, c’est un constat d’échec. DesToulousains juifs qui s’en vont en nombre,cela veut dire qu’on a échoué à les accueillir,à leur donner les conditions d’une bonne vieici.» Que faut-il faire, que faut-il dire pouréviter cette hémorragie continue ?

ll faut reparler et reconstruire à nouveau uneFrance fidèle à elle-même, c’est-à-dire qui pro-tège tous ses citoyens, interdit la violence entreles uns et les autres, qui ne laisse pas cours àdes formes de guerre civile où chacun au mieuxs’insulte, au pire se tabasse. Parce que le ju-daïsme, les Juifs en France sont toujours dansle cadre républicain et refusent de rentrer dansune logique de guerre intercommunautaire, onse trouve avec : « Nous, la France doit nousprotéger ». C’est ce que disent et confirment lesgouvernements quels qu’ils soient avec beau-coup de force. D’autres jouent une sorte deviolence, comme si le seul moyen de s’exprimeren France, était la violence.

Le grand rabbin Haïm Korsia

rapido

Elu depuis quelques semaines, le grand rabbin de France répond à nos questions

1963 : Naissance à Lyon.

1988 : Rabbin à Reims.

2000 : Aumônier de l’armée del’air.

2007 : Aumônier général israélitedes armées.

22 juin 2014 : Elu grand rabbinde France.

Une longue amitié le lie à Jacques Chirac

SUIT

E PA

GE SU

IVAN

TE

AVIVmag n°202 septembre 2014 19

RENCONTRE AVEC“En réalité, c’est la Société dans son ensem-ble qui est malade, nous ne sommes que lesvigies de ce mal-être de la Société. Noussommes ceux qui incarnons l’obligation dese ressaisir pour la Société.

Vous êtes un homme de média. Onconnaît l’émission sur Direct8 « Les en-fants d’Abraham » à laquelle vous avezparticipé pendant six ans. Qu’est-ce quecette expériencetélévisuelle vous aapporté ?

Je dirais que lemédia, la télévisionm’oblige à être syn-thétique, à ne pasparler à telle outelle audience. Ilfaut parler de ma-nière très large. Etl’on se rend compte lorsque le talmud dit :« Diber ha Torah lashon Ben Adam », jeme suis rendu compte que je n’ai parlé tou-jours que de Bible, de Torah, de Talmud. Etle Talmud, la Bible, la Torah, tous ces textesjuifs, profondément juifs ont aussi une au-dience universelle.

L’effort que j’ai dû produire pour quel’émission fonctionne avec un prêtre Alainde la Morandais et aussi avec Malek Che-bel, c’est justement de rendre audible àl’ensemble de la Société des messages pro-fondément juifs. Je continue à le faire et entout cas, j’essaie de le faire.

Peut-on dire de vous que vous avez unprofil de rabbin plus moderne que la plu-part des rabbins qui étaient en lice pourle poste que vous avez obtenu, le poste deGrand Rabbin ?

Moderne, je ne sais pas ce que ça veut dire.Je sais simplement que tous les candidatsétaient des camarades, pour certains de pro-motion, des copains. On travaillaitensemble, on travaille ensemble à nouveau,sans problème.

Pendant la campagne, qui était vraimentsympathique, j’ai le souvenir du passaged’audition à Toulouse. On passait les unsaprès les autres. On parlait dans le couloir.On nous avait servi des gâteaux, ça s’estpassé dans une très bonne ambiance.

Le sujet n’est pas qu’il y en ait un qui soitplus moderne ou différent, c’est plutôt qu’àun moment quelqu’un porte une espérance,et je crois que le judaïsme en France commedans l’ensemble de la Société, a besoin d’unmessage d’espoir et moi, ma nature est là.Elle est de voir toujours le verre à moitiéplein. Quand le verre est à moitié plein, c’estqu’on a encore de la marge. Je dirais que laforce profonde du Judaïsme, ce n’est pas

d’être parfait, c’estd’avoir conscienceque l’homme estperfectible. Chaquesituation est par-faite, parce qu’elleest perfectible.Quand une situa-tion est finie,terminée, bloquée,il n’y a plus d’éléva-tion possible, ni

spirituelle, ni matérielle. Quand vous êtesau top de quelque chose, vous n’allez pasplus loin. La situation qui est la nôtre estque l’on a besoin d’espoir et l’espoir c’est lemoteur profond de l’humanité. Chaquefemme, chaque homme a besoin d’espé-rance.

La France, dans son ensemble a besoind’espérance et ce que j’aimerais, mes vœux,si vous me le permettez, en guise de conclu-sion, d’ouverture de cette année et enparticulier pour la Communauté de Tou-louse c’est que comme toujours, laCommunauté Juive soit à l’avant garde dela Société, comme toujours, nous soyons ca-pables d’être ceux qui produisent del’espérance. Si l’on a été capable d’espérer,d’être devant la Mer Rouge avec les Egyp-tiens qui arrivaient derrière, ce n’est pasparce que quelques méchants s’obstinent àvouloir faire de nous des sous citoyens quenous serons moins citoyens. On sera autantcitoyens. On pourra autant apporter ce quenous sommes à l’ensemble de la Société.C’est ce message d’espoir que je veux déli-vrer, en particulier à la Communauté deToulouse, qu’elle montre son courage, sefraternité, qu’elle montre son exemple àl’ensemble de la Communauté Nationale”.

Propos recueillis par Pierre Lasry

Entretien

Le grand rabbin Haïm KorsiaMon vœu, c’est que nous soyons capables d’être ceux

qui produisent de l’espérance

“Les enfants d’Abraham”, l’emission de Direct 8, avec lepère Alain de la Morandais et Malek Chebel

SUIT

E D

E LA

PAGE

PRé

CéDE

NTE

Homme de l’ombre dont on

connaît le nom, la voix, le

visage, connu mais discret,

qui ne mâche pas ses mots,

Jean-Luc Halimi se bat

tous les jours sur le terrain

de l’engagement pour la

Communauté.

Qui êtes-vous JL Halimi ? Je suistout d’abord un vieux militant de laCommunauté, j’ai toujours été très at-taché à la servir, à la représenter le plusdignement possible, à faire qu’elle soitrespectée et respectable, en m’impo-sant des règles strictes de respect del’autre et de rigueur, que j’ai appliquéesdans toutes les associations pour les-quelles j’ai travaillé et notamment ausein du CRIF où j’ai servi de nom-breuses années comme SecrétaireGénéral. Je suis, dans la vie civile, in-génieur en Télécom spatialesdepuis1981. J’ai fait mes études àl’ENSEEIHT à Toulouse dans les an-nées 70, j’étais alors déjà un militantactif de l’UEJF. C’est également à cettepériode que j’ai rencontré Esther etYossef Matusof et découvert le mouve-ment Loubavitch ; j’ai appris à leurcontact ce que signifiait un judaïsmerésolument tourné vers les autres et laforce d’un engagement, et je ne l’ai ja-mais oublié. Nous nous sommes mariésensuite avec Geneviève Zekri en 1981et sommes partis vivre à Paris jusqu’en1988. Puis, nous sommes revenus vivreà Toulouse. Depuis, j’ai une activitécommunautaire ininterrompue.

Vous êtes un « militant de longuedate » dans beaucoup d’associationscommunautaires ? Racontez-nousvotre parcours ? En revenant à Tou-louse, je me suis investi à la Fédérationdes Organisations Sionistes de France(FOSF), émanation de l’OrganisationSioniste Mondiale, qui régit l’action desoutien à Israël en diaspora. Là j’y airetrouvé mon ami Gilles Nacache. J’aiensuite rejoint le CRIF en 1990, où j’aidémarré un long parcours qui se pour-

20 AVIV mag n°201

“Portrait

UN HOMME DISCRET, MAIS DONT L’ENGAGEMENT EST INÉbRANLAbLE !

Jean-Luc Halimi

suit aujourd’hui. J’ai tout d’abordau sein du Comité Directeur, tra-vaillé pour la Commission des Juifsd’URSS. Puis, au delà de l’actionde soutien à Israël, notre principalemission était dans les années 90 delutter contre l’antisémitisme et leFront National. Avec Yvan Ma-cheto et Gilles Nacache, nousavons animé la Commission « An-tisémitisme » ; nous y avons traitédes affaires parfois délicates, révé-lant des situations humainesdifficiles pour certaines famillesjuives vivant dans la région, et quiont pour certaines mené à un pro-cès et une condamnation.Après les accords d’Oslo en 1993,nous avons connu une relative ac-calmie au niveau de l’action desoutien à Israël, avant le déclenche-ment de la seconde intifada à partird’Octobre 2000, avec sa cohorte dehaine d’Israël, de désinformation etd’explosion d’actes antisémites enFrance. Le travail était considéra-ble ; auprès d’Arié Bensemhoun,alors Président, j’ai travaillé active-ment au sein de la Commission«Média» avec notamment AlainAttlan et Catherine Leuchter : ex-pliquer le sujet sur le planhistorique et du droit international,trouver des argumentaires, décryp-ter les articles, aider les gens àargumenter face à des attaques rhé-toriques très violentes contre Israëlet le Sionisme. Cette période CRIF,s’est vécue dans une ambiance demilitantisme exceptionnel, autourd’Arié Bensemhoun, avec notam-ment Roger Attali, Gilles Nacache,Daniel Tolub, Serge Allouche, Ni-cole Yardéni, Eric Zerbib et biend’autres.

Concernant le FSJU, à la demandede Jo Amar (directeur régional), jeme suis présenté en 1999 à l’élec-tion des représentants régionaux auConseil National du FSJU alorsdirigé par Alain Alter. Cette périodea vu la forte montée en puissancede l’association culturelle HE-BRAICA, avec notamment AlbertSiboni et Maurice Lugassy et qui ainitié les Journées de la CultureJuive.

Vous avez également mis au ser-vice de la Communauté voscompétences professionnelles entravaillant sur le chantier internetde l’EDJ ?à partir de l’année 2000, j’ai tra-vaillé sur le projet de câblageinformatique de l’EDJ, avec lamise en réseau de tous les postes detravail pour l’ensemble des associa-tions et le raccordement à Internet.Ensuite, avec le soutien actif et bé-névole de Rony Dahan et de sasociété, nous avons pu développerle site web de la Communauté en2001 (CEDJ.org : Cyber Espacedu Judaïsme), dont RaymondSchmorak assure aujourd’hui lagestion comme webmaster, avecpassion et efficacité. Enfin nousavons lancé la diffusion de AvivHebdo par Internet.Depuis 2006, nous avons aussi misen place avec David Benchimol etRaymond Schmorak, la diffusionde la radio Kol Aviv en streamingsur Internet (webradio), qui nouspermet d’être écouté par nos audi-teurs aux quatre coins du monde.Depuis les projets se sont poursui-vis : généralisation du câblageinformatique de l’EDJ, évolutionvers la Téléphonie sur IP, et au-jourd’hui le projet de diffusionvidéo de radio Kol Aviv sur Inter-net.

Jean-Luc Halimi, on connaitvotre voix, vous animez des émis-sion sur Radio Kol Aviv, il s’agitlà d’une autre façon de vivre sonengagement ? Quels sont les en-jeux d’une radio communautaire ?J’ai toujours été intéressé par laradio, qui est le média majeur au

service de la Communauté. Ces derniers mois avec notammentla couverture des élections Munici-pales, puis des Européennes etenfin l’enlèvement et l’assassinat denos 3 enfants en Israël suivi parl’Opération Bordure Protectrice,ont bien montré l’importance cru-ciale de ce média et l’attente trèsforte de tous nos auditeurs. Elle estaussi une vitrine de la Communautéet de ses Institutions (ACIT FSJU,CRIF) et contribue fortement à va-loriser la place et l’image de laCommunauté au sein de la Cité, carles auditeurs de Kol Aviv, il faut legarder à l’esprit, s’étendent large-ment au-delà de la Communauté.La radio est un lien que j’ai toujourscultivé au travers des émissions quej’ai animées dans le passé (ex :CRIF MAG puis REPLIQUES).J’ai été sollicité en ce début d’année2014 par Armand Partouche et Gé-rald Bennarous pour rejoindrel’équipe d’animation des émissionspolitiques de Kol Aviv notammenten vue des élections et je les en re-mercie car ils m’ont permis derenouer un lien à nouveau très actifavec Kol Aviv.Aujourd’hui un dimanche sur deux,j’anime avec grand plaisir aux cotésde Gérald Benarrous la tranchematinale (9h-12h30) incluant avecnotamment l’émission le GrandPlateau, des interviews, débats etdécryptages de l’information poli-tique nationale et israélienne.

Un mot sur la situation des juifsde France dans le contexte quevous contribuez à décrypter se-maine après semaine ?Nous vivons dans un contexte d’an-tisémitisme porté par unemouvance islamo-gauchiste, fort,violent, qui s’exprime désormaisouvertement, et où la question de lapérennité du judaïsme diasporiqueen France et en Europe est posée.Je ne fais pas partie de ceux quipoussent au départ précipité ; jepréfèrerais naturellement quel’alyah reste une démarche volon-taire, sereine et positive, plutôtqu’un dernier recours.La réponse à cette grave question

de l’antisémitisme et de la pérennitédu Judaïsme en France est entreles mains des pouvoirs publics quien ont parfaitement consciencemais dont on ne sait aujourd’huis’ils sauront ou pourront prendreles mesures nécessaires pour endi-guer ce phénomène. L’absence deréaction forte de la société civile etle déni de la réalité de nombre d’in-tellectuels et responsables de médiane porte guère à l’optimisme. Le « politiquement correct » etl’aveuglement sont là, certainementmêlés à la crainte ! Les agressionsn’ont fait qu’augmenter mais nom-bre de médias et de responsablespolitiques jouent sur le vocabulaire,ne parlant pas par exemple de « ter-roristes » mais de « combattants » ;et quant aux manifestations antisé-mites violentes de ces dernièressemaines, certains vont du déni oude la relativisation systématique,jusqu’à l’attribution de la responsa-bilité des actes antisémites … auxjuifs eux-mêmes coupables de sou-tenir Israël. La question du départest donc aujourd’hui ouverte, maisil est aussi clair qu’Israël a besoind’une diaspora forte, contribuant àrenforcer le judaïsme et à soutenirle pays partout dans le monde. Je reste un militant qui soutient in-conditionnellement l’Etat d’Israëlqui est une partie de nous-mêmes –de moi même- mais aussi qui conti-nue à travailler pour que laCommunauté soit forte, vivante, etrespectée.

Un mot pour la communauté deToulouse en cette veille de fêtes ?La Communauté a plus que jamaisbesoin de tous, beaucoup trop peude gens s’investissent aujourd’huiau service de la Communauté, despersonnes qui auraient le temps etles moyens de le faire. Il faut qu’ilssachent que lorsqu’on se donnepour la Communauté on reçoit in-finiment plus en retour !

Propos recueillis par Yaël Rueff-Salama

AVIVmag n°202 septembre 2014 21

22 AVIVmag n°202

Mémoire

Les résistants juifs dans le Tarn :

Dossier de Valérie Ermosilla – Pietravalle,Olivier Lalieu et Hubert Strouk

A la faveur des commémorations du 70e anniversaire

de la Libération de la France, le rôle des résistants

juifs dans le Tarn durant la Seconde Guerre mon-

diale retrouve toute sa place.

Depuis 1939, le nombre des Juifs avait considérable-

ment augmenté dans le Tarn, en raison de l'afflux

des réfugiés. Outre les Juifs traqués, cachés, certains

sont aussi internés dans les camps de Saint-Sulpice

ou de Brens, ou assignés à résidence par le gouver-

nement de Vichy, comme à Lacaune. Dans ce

contexte, une partie choisit la voie de la Résistance.

Le Tarn, département refugeLes populations juives rejoignirent le Tarnpour plusieurs raisons : proximité de la fron-tière espagnole et topographie avantageusecar difficile d'accès. La Montagne Noire, lesMonts de Lacaune sont des espaces où forêtset rochers présentent maints abris. De plus,avant-guerre, beaucoup de Juifs commer-çants du Sentier ou du Marais de Pariss'approvisionnaient en textile dans le Tarn. Laforte présence des protestants dans ce dépar-tement joue également un rôle attractif.Enfin, il existe une filière qui conduit cesJuifs de la zone Nord jusqu'au chantier ruraldes E.I.F. de Lautrec où ils trouvent conseilset aide. Ainsi, dans ce département, se développent àla fois le sauvetage des Juifs et une luttearmée qui prend en 1943 la forme originalede maquis juifs. Tout en gar-dant leur spécificité, ils s’intègrent auxmouvements de Résistance afin de bénéficierd'une reconnaissance officielle et des armes deLondres pour se battre.

Les E.I.F. et le chantier rural deLautrecLe mouvement des E.I.F (éclaireurs Israé-lites de France) est né en 1923 sousl'impulsion de Robert Gamzon qui voulaitcréer un mouvement de scoutisme juif. “ Scouts, juifs et Français ”, ainsi se définis-

sent les EI. Ce mouvement souhaite concilierattachement à la France, principes et valeursrépublicains et revalorisation de l'éducationjuive.

Particulièrement sensibles au contexte poli-tique depuis les accords de Munich de 1938,les EI ne se font guère d'illusion sur la péren-nité de la paix. Dès lors, ils établissent dans lesud de la France des maisons de repli pour lesenfants parisiens. Démobilisés après l'armis-tice de juin 1940 les anciens cadres EI, sousla direction de Gamzon, commencent à orga-niser les bases du sauvetage de la jeunessejuive en choisissant la forme de chantiers ru-raux pour apprendre le travail de la terre. àLautrec, un chef des EI, Marc Haguenau,trouve une propriété et sous la direction deGamzon et de Léo Cohn y installe une pre-mière équipe de “défricheurs” le 15 novembre1940. Ce mouvement E.I est reconnu officiellementet intègre la Fédération des associationsscoutes françaises. Dans l'immédiat, la préoc-cupation majeure du mouvement demeure lesauvetage des enfants. Cette urgence obligeles EI à adhérer à l'UGIF le 30 mars 1942.Le chantier de Lautrec compte 50 à 70 per-sonnes que le gouvernement de Vichysuspecte de mener des activités clandestines.En effet, ils cachent des Juifs traqués, leurfournissent des faux papiers notammentaprès les rafles d'août 1942. Dans ce contexte,le Commissariat Général aux QuestionsJuives ordonne la dissolution des EI en fé-vrier 1943. Cette mesure donne un réel élan à la réactiondes Juifs face à l'oppression : le sauvetage etl'entraide s'intensifient et les jeunes EIF s'en-gagent pleinement dans la lutte armée.

NAISSANCE ET ACTION DESMAQUIS JUIFS DU TARN

Un maquis E.I.F. “ pour ne plus être des la-pins, mais des bêtes qui ont des griffes et descrocs ” selon Gamzon

Après leur dissolution, les EI de Lautrec dé-cident de prendre le maquis. Ils veulentparticiper aux combats de Libération natio-nale, en tant que Juifs français, fiers de leuridentité. En décembre 1943, ils créent leur premiermaquis à La Malquière. Il regroupe huithommes. Son chef, Roger Cahen, dit lieute-nant Roger, se charge de le structurer etd'accueillir les nouveaux venus. Gamzonprend rapidement contact avec la Résistance

locale qui se trouve déjà bien implantée àVabre grâce aux efforts de “ Pol Roux ”( Guyde Rouville). Après La Malquière, une partie des E.I, pla-cée sous la direction du lieutenant Roger etde Gilbert Bloch (lieutenant Patrick), s'ins-talle en mars 1944 à La Roque. Un mois plustard, Adrien Gensburger (Sergent Adrien)avec 38 hommes, fonde le maquis de LaCado. L'ensemble est commandé par RobertGamzon (capitaine Lagnès).

L'intégration dans les Corps Francsde Libération du Tarn (CFL10Vabre)Ces groupes intègrent au printemps 1944 leCFL 10 Vabre. Dépendants de l’Armée Se-crète ils sont placés sous l’autorité de PierreDunoyer de Segonzac, chef militaire de laZone A. Gamzon les baptise CompagnieMarc Haguenau, en souvenir du secrétairegénéral des EI, mort à Grenoble en 1944 aucours de son évasion pour échapper à la Ges-tapo.La judéité de cette compagnie s'épanouitdans la vie quotidienne du maquis : chantstraditionnels, prières, rites et coutumes hé-braïques.

L'action militaire des sections juivescombattantes du Tarn au sein duCFL 10 Vabre

En 1944, le maquis de Vabre compte 448 en-gagés. Sa 2ème Compagnie est forte de 138hommes dont 87 résistants juifs. Il est attaquéà La Roque le 8 août 1944. Sept hommestombent au combat dont Gilbert Bloch.Plus tard, la Compagnie Haguenau participe

Libération de Castres par les maquisards, archives privéesJean-Paul Nathan

AVIVmag n°202 septembre 2014 23

à l'attaque du train de Mazamet. Ce 19 août1944, les résistants juifs soulignent avec fiertéleur identité. Défilant devant les prisonniersallemands, ils clament “Ich bin jude!” (“Jesuis juif!”). Hubert Beuve-Méry relate cetépisode glorieux dans un article de Tempsprésent intitulé “La guerre des juifs”.Les membres de la Compagnie Haguenauprennent part, enfin, à la Libération de Cas-tres le 20 août 1944. La majorité de ce pelotonjuif s’engage ensuite dans le 12e Régiment deDragons qui part de Castres le 6 septembre1944 pour poursuivre la lutte au-delà duRhin.

TémoignageLe marquis d'Aragon, chef de résistance lo-cale, souligne “ Il existait un maquistotalement homogène, c'était le maquis juif.À certains d'entre eux, aux discours que nousentendions, à quelques détails vestimentaires,nous savions que nous avions affaire à desjuifs religieux. Dans quels temps vivions-nous? Nous avions vu tant de juifs partir en groupeet captifs vers l'Allemagne. Voilà enfin quenous avions devant nous, rassemblés, entraî-nés, des juifs prêts à prendre le même chemin,mais cette fois en armes. Personne n'avaitl'air plus militaires que ces hommes dont lespropos nous rendaient graves »

Le maquis de l'Armée JuiveL'Armée Juive est née en janvier 1942 à Tou-louse sous l'impulsion de Abraham Polonskyet de Lucien Lublin. Cette organisation estissue de la “ Main Forte ”créée en 1940 parDika Jefroykin, David Knout et sa femmeRégine, un groupe de juifs sionistes. Ils sefixent comme objectif une Résistance immé-diate et armée, pour libérer le territoire, etpour participer à la fondation d'un état juif.Le mouvement se structure en se dotant d'unservice de faux papiers, de filières de passagevers l'étranger, de groupes francs et enfin d'unjournal clandestin, Quand Même.A l'été 1943, l'AJ choisit de fonder un maquisdans le Tarn. Ses résistants s'entraînent aucombat notamment au Rec. Plus tard, les di-rigeants de l'A.J créent un maquis autonome,spécifiquement juif. Il voit le jour à Biques, le15 novembre 1943 sous le commandement dePierre Loeb (dit Pierrot) et de Henri Broder.Mais, la situation devenant précaire, le ma-quis s’implante à Lacaune, à Martinou en

mars 1944, qu’il quitte pour L'Espinassier unmois plus tard. La responsabilité de ce maquisest confiée à Jacques Lazarus, figure majeurede cette Résistance juive.

Le peloton TrumpeldorAprès entente avec la Résistance locale, lesmembres de l'AJ conviennent d'intégrer leCorps Franc de la Montagne Noire (CFMN)le 6 juin 1944 afin de prendre part aux com-bats de libération du territoire. Adoptantcomme symbole le drapeau “ Bleu-Blanc ”,ces résistants se regroupent dans une unité etla distinguent par son nom: le Peloton Trum-peldor, en souvenir de cet officier de l’arméetsariste engagé dans le mouvement sioniste.

Dans ce CFMN, fort de quelque 800 maqui-sards, le peloton Trumpeldor compte 40résistants. Le commandement est alors confiéau lieutenant Leblond de l'Armée Secrète, deson vrai nom Lévy-Seckel. Converti au pro-testantisme en 1939, il réclame l’honneur decommander cette unité juive en 1944.

Le CFMN subit une sévère attaqueallemande le 20 juillet 1944 qui l'oblige à sedisperser en petites unités pour rester effi-cace. Alors qu'il cherche un repli pour sonpeloton, le lieutenant Leblond est arrêté et fu-sillé par les Allemands le 5 août 1944 àl'Espinassière. Réintégré au CFMN après le15 août, ce peloton participe activement à laLibération du département. Ces maquisards ne se contentèrent pas de li-bérer le Tarn : ils poursuivirent la lutte enterritoire allemand jusqu'à la victoire finale.

Difficile de présenter tous les héros parfois

anonymes qui ont marqué l'histoire de cesmaquis du Tarn. Ces résistants, français ouétrangers, combattirent pour libérer laFrance de l'Occupation, et du régime deVichy, restaurer les valeurs républicaines etpréserver leur identité, à l'image d'AchilleSzpilfogiel, un des membres des EIF du ma-quis de Vabre dans la compagnie MarcHaguenau.

Achille Szpilfogiel, dit Freddy, estné en 1924, à Random en Pologne. En 1942,recherché par les Nazis à Paris, il se replie

sur Toulouse.Il rencontrealors LéonNisand- Neu-gewurtz, ditLéon Des-c a m p s ,aumônier descamps d'inter-nement duSud de laFrance qui lecharge de dis-

tribuer de fausses cartes d'identité. En juillet1943 à Toulouse, il est arrêté et interné aucamp de Noé. Léon Descamps organise sonévasion le 29 décembre 1943. L’aumônierenvoie alors Freddy au maquis de Vabre oùil intègre la Compagnie Haguenau et parti-cipe à différentes actions : parachutages,défense de La Roque, attaque du train deMazamet et libération de Castres. Il est en-suite incorporé dans le 12e régiment deDragons. Il se bat jusqu’à Belfort en octobre1944, mais il est renvoyé parce qu'il n'est pasde nationalité française.

Dossier réalisé par Valèrie Ermosilla – Pietravalle,professeur d'histoire, Olivier Lalieu, historien, responsable de l’aménagement des lieuxde Mémoire et des projets externes, Mémorial dela Shoah et Hubert Strouk coordinateur régionaldu Mémorial de la Shoah pour le Sud de la France.Cet article s'appuie sur la récente exposition consa-crée à la Résistance juive dans le Tarn, présentéele 27 mai 2014 à la Mairie de Lacaune, en partena-riat avec l'Association des Amitiésjudéo-lacaunaises présidée par Jacques Fijalkow.Elle bénéficie du soutien de l’Office Nationale desAnciens Combattants et Victimes de Guerre et dela Mairie de Lacaune.

Le maquis de l’Espinassier De gauche à droite : Jean-Jacques FRAYMAN,Jacques LAZARUS, PATRICIA, Henri BRODER, Pierre LOEB et Albert COHEN. Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC

des héros méconnus

« Ici, dans cette terre de

France, le judaïsme a trouvé

des racines profondes. Juif et

Français : l’un ne va pas sans

l’autre ! » Cette phrase a été

prononcée le 27 février 2014

à Toulouse, par le premier

ministre Manuel VALLS

(alors ministre de l’intérieur)

lors du Diner du CRIF.

De l’assassinat d’Ilan Halimiau massacre du musée juifde Bruxelles en passant parla tuerie ignoble d’Ozar Ha-torah.De L’antisémitisme fruc-tueux du pseudo humoristequi piétine, souille et tue uneseconde fois les victimes dela Shoah aux manifestationspro-palestiniennes, en pas-sant par des « morts auxjuifs ! » scandés dans desrassemblements qui neconcernent pas directementla communauté juive, unepartie croissante des juifspense quitter la France.En analysant la situation,

qui n’a pas été effleuré parl’idée de faire son alyah ?En août 2014 ce sont plus de5000 juifs (contre 3000 juifsen 2013) qui ont décidé departir. Le visage des mi-grants vers Israël a changé.Les années précédentes,l’alyah était surtout le faitd’étudiants. Aujourd’hui cesont des familles ; beaucouppartent pour ne plus ressen-tir cette inquiétude

permanente d'insécuritépour leurs enfants.Paradoxe de l’histoire, àl’heure où la France commé-more le soixante - dixièmeanniversaire de sa libérationface à l’oppresseur nazi, lacommunauté juive France etd’Europe est menacée parl’accroissement de l’antisé-mitisme !A Toulouse, le CRIF,l’ACIT et le FSJU travail-lent de concert avec lesresponsables politiques, lesservices de police et le recto-rat pour assurer au mieux lasécurité de notre commu-nauté. Et même si les

gouvernants prennent avecimportance nos propos, cecombat contre l’antisémi-tisme ne cesse de gangrenernotre société. La lutte contrecette haine ne peut être ga-gnée sans un véritablesursaut républicain. Si laFrance veut redonnerconfiance aux juifs qui nepartiraient pas si ilsn’avaient pas ce sentimentd’abandon, il faut que lesmentalités changent.L’antisémitisme c’est avanttout le problème de tousceux et celles qui se revendi-quent républicains et quiveulent que la laïcité et levivre ensemble triomphe.Le CRIF ne cesse d’expli-quer ces problématiquessans relâche à tous ses par-tenaires. Lorsqu’unepersonne est agressée pourson appartenance religieuse,c’est que le socle républicainet les valeurs les plus pro-fondes basées sur latolérance sont fragilisés.C'est purement et simple-ment un échec grave pourun état qui se veut « paysdes droits de l’homme ».La grande majorité des juifsde France souhaite rester ici,ils veulent garder confiancedans les fondements mêmede notre république. Il fautqu’au-delà des mots il y aitdes actes concrets qui puis-sent garantir la sécurité denotre communauté. La plu-part des juifs de France nesouhaitent qu’une chose :rester les enfants d’Abrahamet de Marianne.

Salomon ATTIASecrétaire Général du Crif Toulouse Midi Pyrénées

24 AVIVmag n°202

La Wizo en 1966, déjà sur le pont…

La République doit réagir …

Manuel Valls arrive au centre de congrès Pierre-Baudis de Toulouse. Il étaitl’invité d’honneur du repas annuel du Crif Midi-Pyrénées, cinq cents invitésétaient présents, dont le préfet de région Michel Comet, le président du conseilrégional Midi-Pyrénées, Martin Malvy, le maire de Toulouse, Pierre Cohen, leprésident national du Crif, Roger Cukierman, ou le cinéaste Alexandre Arcady.

Les associationsLE CRIF LA WIZO

La WIZO à Toulouse Dans quelques jours nous entrerons dansles fêtes de Tichri ; dans quelques jours nousserons dans nos synagogues – hélas gardéescomme des blockhaus.Espérons dorénavant qu’Israël n’aura plus àaffronter les roquettes et que les Israélienspourront enfin vivre en paix. Mais le paysdevra faire face à d’autres problèmesinternes, sécuritaires, économiques …C’est là que nous, Wizéennes, avons un rôle im-portant à jouer. La Wizo a toujours participépour 1/3 du social en Israël. Grâce à vous descrèches, des écoles professionnelles, des dispen-saires, des abris ont été créés.

Ces réalisations, nos réalisations doivent conti-nuer à vivre et ainsi réduire les inégalitéssociales qui sont encore présentes en Israël.Chères amies, maintenant plus que jamais, nousavons besoin de vous, de votre soutien, de votreappui. Malgré soucis et difficultés nous pou-vons être fières de notre travail et avoir foi enl’avenir de la WIZO.C’est pourquoi, avec Colette Simon, présidentede la section toulousaine, je lance un appel àtoutes nos sympathisantes. Venez nous rejoin-dre, engagez-vous, aidez-nous à élargir le pontqui relie nos deux rives : Israël et la DiasporaMes meilleurs vœux de chana tova, que cette annéeapporte paix, sécurité et sérénité à Israël et aux juifsde France. Anny Beck

AVIVmag n°202 septembre 2014 25

Katia Nakache

Les associations

Et encore du nouveau à l’EDJ…Septembre 2014, veille des fêtes deTichri, Katia Nakache, directricede l’EDJ, reprend les rennes. Avectoute son énergie, entourée de sonéquipe, elle travaille sur le nouveauprogramme d’activités et d’anima-tion dans l’espace communautaire.Son objectif est toujours aussi af-firmé, continuer à remplir et àdynamiser cet espace.

Entretien de rentrée

Septembre, une nouvelle annéedémarre qui, nous l’espérons,sera placée sous des auspices fa-vorables pour tout le monde.Vous reprenez les activités à latête de l’EDJ avec toujours lemême enthousiasme. Quellesbonnes surprises nous atten-dent cette année ?

L’an dernier, nous avons initiéplusieurs activités nouvellescomme les thés dansants et lesrendez-vous beauté qui ontconnu un certain succès mais quipeinent tout de même à démarrer.Je vais donc renouveler ces pro-grammes, mais plusponctuellement des dimanchespar exemple. Je vais aussi menerune petite enquête de satisfactionsur ces deux animations pourvoir dans quelle mesure je lespropose. Puis, je souhaite développer d’au-tres activités telles que des coursde Zumba, de théâtre et des Ate-liers Cuisine. Pour les collégienset lycéens, nous avons des étu-diants autour de nous qui nousont proposé de mettre en placedes créneaux d’aide aux devoirs,Je suis très aidée par Simon Hababou pour ce projet !Ensuite, certainement le 30 no-vembre prochain – mesdames

prenez date ! – nous allons consa-crer la Journée aux FemmesJuives : un dimanche après-midientier avec coiffeurs, esthéti-ciennes, massages, relooking, TaïChi, Feng Shui etc… suivi d’unesoirée à thème pour profiter decette mise en beauté du jour !!!

Enfin, nous allons réorganiser lasoirée du 31 décembre qui sem-ble-t-il est attendue du publicconquis de la première édition.

Quand commence ce pro-gramme ? Est-il décliné pourtous les âges et peut-il répondreà toutes les envies ? A qui est-ildestiné ?Nous démarrons 1er octobre,entre Roch Hachana et Yom Kip-pour. Tout le monde pourra ytrouver des activités qui luiconviennent.

Qui sont vous principaux parte-naires ?Je souhaite vraiment travailleravec toutes les associations. A cejour, je travaille évidemment avecles associations Hébraïca et Hé-

braïca Jeunesse au quotidienmais aussi avec Eydel Weilld’Aviv Hanashim et Batia de LevTahor ; L’ACIT et le FSJU sontconstamment à nos côtés pournous aider et nous guider dansl’organisation des événements !

Disposez-vous des moyenstechniques et humains suffi-sants pour mener à bien vosprojets ?J’ai beaucoup d’idées d’anima-tions et de services à développerpour répondre aux attentes detous. L’équipe de l’EDJ est trèsprésente et je sais que je peux

compter sur elle. Je me suis en-tourée l’an passé de supers«mamys bénévoles» qui viennentanimer et encadrer les activités,en particulier celles consacréesaux enfants. Mais, il manque desheures à mes journées pour gérerà la fois le développement desanimations et les aspects adminis-tratifs. Je profite d’ailleurs devotre interview pour lancer unappel à des bénévoles volontairesqui seraient prêts à m’aiderquelques heures par semainepour que je puisse mener à biences projets.

Vous avez permis à de nom-breux enfants l’an passé devenir passer des journées d’ac-tivités à l’EDJ pendant lespériodes de congés scolaires, ilssemble qu’elles ont eu un échostrès favorables, allez-vous re-nouveler ces actions ?Oui, bien sûr !!!! Je travailleraide nouveau en partenariat avec leGan Rachi pour l’organisation dece programme. Nous avons ausside nouvelles idées pour amuserles enfants mais je n’en dévoilepas plus, je leur réserve des sur-prises…

Merci Katia

Propos recueillispar Yaël Rueff-Salama

l’EDJ

La soirée de réveillon 2013

Le centre aéré

Inscrivez vous sur le statut Facebook

sécurisé et retrouvez les animations et le programme de

l’Espace du JudaïsmeEdjToulouse New

26 AVIVmag n°202

Maurice Lugassy

Les associationsHEbRAICA

Des Journées de la Culture Juiveen une dramatique actualitéLorsque nous avons choisi le thème desxxIIes Journées de la Culture Juive,nous ignorions en janvier 2014 que nousserions au cœur de l’actualité. En rejoi-gnant les dates commémoratives de 1914et de 1944, le programme 2014 devaitconcerner les guerres et la manière dontles Juifs les ont vécues, à la fois dans leurchair et dans leur foi. Nous en sommesainsi arrivés au titre assez simple, Tu netueras point, et à une ligne générale, lesliens entre les Juifs, le judaïsme et la vio-lence. Puis, en tant que thématiqueconsécutive, les diverses manifestations derésistance à l’oppression, aux répressions,aux guerres, et au génocide. Nous avons ainsi depuis plusieurs moismis en place une affiche ( un soldat som-bre qui porte une fleur au bout du fusil,dans un champ de coquelicots), et déclinéla thématique en films projetés au cinémaABC (To be or not to be avec Mel Brooks,Sobibor de Lanzmann, Exodus de Prem-minger) et au Goethe Institut (Tumarcheras sur l’eau d’Eytan Fox). On aajouté du théâtre, en partenariat avec leThéâtre Garonne (l’adaptation de His-toire d’une vie d’Appelfeld) et au GoetheInstitut ainsi qu’à l’EDJ, un montage iné-dit de pièces de cabaret d’Hanoch Levin,en une traduction nouvelle. Résister à laviolence par le rire, par le témoignage, parla transmission. En arrière-plan, du 8 no-vembre à début décembre, l’expositionréalisée par Monique-Lise Cohen, lesJuifs dans la résistance, maintient pré-sente cette double thématique, violence etrésistance.Et puis, l’été vint. Le soleil, les séjours àla plage et… les missiles sur Israël. Bonnombre d’entre nous avons été finalementla cible de ces missiles lancés aveuglémentsur les civils à Ashdod, Ashkélon, Tel Avivet même Jérusalem, pour ne citer que cesvilles. Et là, ce qui ressortait des livresd’histoire prend une réalité palpable, so-lide, meurtrière. Notre affiche résonnealors lugubrement, nous créons alors unnouveau visuel ; nos premiers choix fonc-tionnent mais semblent terriblement

incomplets. Nous lançons une série d’in-vitations : l’ancien ambassadeur ElieBarnavi, le promoteur infatigable de lapaix Marek Halter, l’auteur d’un excellentlivre et documentaire sur les Frères mu-sulmans, Michaël Prazan, et, enprovenance d’Israël, les romanciers A.B.Yehoshuah et Edgar Keret. Quant àPierre Jourde, il nous rejoindra le 20 no-vembre pour un dîner-rencontre.

C’est à ce parcours à la fois dans l’histoire,dans l’actualité et dans la pensée juivequ’Hébraica vous convie dès le 8 novem-bre. En cette période très agitée et floue,à l’Espace du Judaïsme et dans les lieuxpartenaires, les journées de la Culturejuive nous aideront à parler, réfléchir,mieux comprendre, mieux nous compren-dre, sans oublier de rire, ensemble.

Maurice Lugassy, Président d’Hébraica

PRENDRE DATE

Samedi 8 novembre 21h Edj,Ouverture, La Nuit des Arts

Mercredi 12 novembre, 20h30, GoetheInstitut, Cabaret inédit d’HanochLevin

Jeudi 13 novembre, 20h30, Edj,Jacques Sémelin, en partenariat avecl’AJC

Jeudi 20 novembre, 20h, Edj, dînerrencontre avec Pierre Jourde, écrivain

Programme complet surhebraicatoulouse.com

Pierre Jourde, écrivain et blogueur, inlassable défen-seur d’Israël

AVIVmag n°202 septembre 2014 27

Laurent Taïeb Linda Sztulman

Les associations

Un bien «Bel été » àrenouveler

Du 28 juin au 31 juillet Laurent Taïeb, délégué ré-gional du FSJU-AUJF etLinda Sztulman, responsa-ble régionale du réseauPasserelles ont proposé dedécliner le programme na-tional « Bel été » pour lesaînés de Toulouse et sa ré-gion ; un succès qui ne s’estpas fait attendre.Retour sur le mois de juillet :

Entretien avec Linda Sztulman

Linda, pouvez-vous nous rappe-ler en quelques mots leprogramme que vous avez déve-loppé et les objectifspoursuivis ?L’objectif était simple : proposerdes activités ludiques et cultu-relles aux seniors qui, faute demoyens ou d’accompagnant, nepouvaient partir en vacances.Nous avons choisi d’organiserdeux activités par semaine, ré-parties de façon à la fois ludique– piques niques à la forêt de Bou-conne, au lac de Saint Féréol,demi-journée à Calicéo ou encorevisite du zoo de Plaisance - etculturelle - visite guidée duMusée des Augustins, du châteaude Laréole, de la Cité de l’Espaceainsi qu’un atelier d’écriture.Toutes ces sorties ont été animéespar des professionnels. Pourexemples, l’atelier d’écriture étaitanimé par Annie Bloch-Ray-mond, sociologue aujourd’hui à laretraite, et les visites de muséesétaient assurées par des guidesconférenciers.

Les repas étaient bien entendustrictement cachers; ils se dérou-laient soit à l’EDJ, soit sur leslieux de pique-nique. Je tiens à rappeler que ce pro-gramme a pu fonctionné grâce ausoutien du FSJU, de la Mairie de

Toulouse, du Conseil Général, duConseil Régional et de l’ACIT.Ces subventions ont permis de nedemander aux participantsqu’une faible participation auxfrais.

Je crois savoir que ce pro-gramme a rencontré un vifsuccès, combien de personnes yont participé ?J’ai enregistré en moyenne unequarantaine de personnes àchaque activité. Beaucoup sontvenus entre amies, leur mari nevoulant pas forcément venir, cer-

tains en couple et d’autres seuls.Au début, je comptais une ving-taine de participants, puis au furau et à mesure du déroulé du pro-gramme, un effet boule de neigea permis de gonfler les effectifsjusqu’à une quarantaine, en

comptant un noyau dur à chaqueactivité. Le bouche à oreilles atrès très bien fonctionné.

Les effectifs ont augmenté aufur et à mesure du mois de juil-let, votre public a donc étéconquis ?« Bel été » a eu un très bon écho.Tout le monde était enchanté,d’autant plus que c’était la pre-mière fois que ce type deprogramme était proposé à Tou-louse. Certains ont mêmeregretté qu’il ne soit pas prolongésur le mois d’août. D’autres

m’ont demandé de le développertout au long de l’année. Je croisque le succès était au rendez-vous !

Si on doit dresser un palmarèsdes activités, quel serait-il ?Parmi les activités qui ont le plusplu ? Calicéo, les sorties à la forêtde Bouconne, au château de La-réol ou à la Cité de l’Espacearrivent en tête ! Je pense qu’àtravers ces activités, les gens ontexprimé ce besoin de vacances etde loisirs.

L’atelier d’écriture a connu plusde retenue ; d’ailleurs, j’ai comptébeaucoup moins de participants.Je pense qu’il y a une certainepudeur des personnes face à cetexercice qui demandait d’écrireson histoire pour la transmettre àses petits enfants.

Face à ce retour très positif il vafalloir envisager de renouvelercette action l’été prochain ?Bien entendu nous allons la re-nouveler au regard de ces échos.On va garder la même forme, enaugmentant certainement le nom-bre d’activités proposées parsemaine – peut-être 3 à 4 - oubien même à étendre sur le moisd’août pour répondre aux de-mandes exprimées. Bienentendu, nous dépendrons aussides aides allouées, mais je penseque le public nous attend !

Merci Linda

Propos recueillispar Yaël Rueff-Salama

PASSERELLES

Cité de l’Espace - De gauche à droite : Renée, Elisabeth, Fortunée et Esther !

Au zoo de Plaisance du Touch

28 AVIVmag n°202

brèvesSamedi 5 avril

L’assemblée générale del’ACIT : préparer demain

C’est un rendez-vous important.L’Acit, c’est nous, et dans ce moment d’échange annuel, cha-cun de nous a son mot à entendre, comme il a son mot à dire.Les services cultuels de la communauté juive de Toulouse sontà la disposition de tous pour tous les moments de la vie, et lesfêtes de Tichri aujourd’hui en sont un vivant exemple. L’as-sistance était nombreuse.

Les grands sujets ont été passés en revue par le président AriéBensemhoun, et le trésorier Michel Khalifa a rendu son rap-port financier. Yves Bounan a présenté la nouvelle charte desstatuts de cotisants, mise en place pour pallier les départs ré-cents qui laissent un vide à combler pour pouvoir continuer àgérer notre communauté comme elle le souhaite et le mérite.

L’Ordre National du Mérite honore Robert Marcault

L’ordre national du Mérite rend un hommage solennel àla mémoire du Déporté et Grand Résistant que fut Ro-bert MARCAULT. A l’issue de son assemblée générale, le 5 avril2014, l‘association des membres de l’Ordre national du Mérite que pré-side Gérard ELBAZ, en Haute-Garonne, offrait un grand momentd’émotion à une nombreuse assistance réunie dans l’amphithéâtre deMétéo France.En effet, sous la présidence du Préfet Henri-Michel COMET et enprésence des plus hautes personnalités civiles et militaires, un vibrant hommage était rendu à la mémoire de Robert MARCAULT, déportéet victime du nazisme. Il fut un grand témoin, qui à sa libération, a eule courage et l’intelligence de pré-venir des foules de jeunes en leurdéclarant « Si je suis là, c‘est pourvous mettre en garde : n’écoutez pas lessirènes qui vous invitent à la haine del’autre, des différences… dites non àl’horreur autour de vous »Avant de remettre le Trophée de reconnaissance à sa veuve Mme AnnieMARCAULT, le Préfet COMET donnait lecture du texte qui y étaitgravé : « La République Française avec toutes ses composantes et à l’initiativede la section des membres de l’Ordre national du Mérite de la Haute-Garonne,témoignent avec ce Trophée un vibrant hommage au souvenir de Robert MAR-CAULT, survivant des camps d’extermination nazis pour son inlassable travailde témoignage et de transmission de la Mémoire de la Shoah auprès des nom-breuses générations ! Il restera dans nos esprits notre plus grand et vénérabletémoin ».

Dimanche 29 juin

Mardi 1er juillet Synagogue Hékhal David :hommage aux trois jeunes

israéliens assassinésC’est dans une atmosphère de recueillement malheureusement tropconnue que s’est déroulé un office spécial à l’Espace du Judaïsme àl’appel du Rabbin Avraham A. Weill et de toutes les organisationsjuives. « Il y a un temps pour pleurer, un temps pour prier et un tempspour agir. Soyons fort dans l'unité » a dit le rabbin.A la fin de l’office, Nicole Yardéni, présidente du CRIF Midi-Pyrénées,a précisé que les juifs entrent dans une nouvelle période complexe danslaquelle les accusations face aux représailles israéliennes ou tentativesde justifications de tels actes au nom d’un contexte politique difficileau Moyen-Orient, doivent trouver des réponses fermes et des argu-ments affutés. « Israël va détruire le Hamas et les organisationsislamistes barbares », ceci doit être entendu, compris et admis.

Quel traitement médiatique de la guerre ? Comment les envoyés spé-ciaux traitent avec les porte-parole du Hamas ? Et avec l’arméeisraélienne ? Des journalistes de France Culture, en compagnie d’ArnoKlarsfeld ont essayé de répondre… ExTRAITS

Isabelle Veyrat-Masson, historienne, sociologue des médias : les accrédita-tions sont faciles à obtenir tant du côté israélien que du côté palestinien.Guillaume Auda, iTélé et RTL : “il y a une différence notable : aujourd’huiles israéliens permettent aux journalistes étrangers d’entrer dans la bandede Gaza, alors qu’ils savent que les images peuvent leur être défavorables.Ce n’était pas le cas en 2009”.Emmanuel Halperin, journaliste israélien, ”aucun journaliste n’a filmé ouinterviewé un combattant du Hamas. Encore moins filmé un site de lance-ment de roquettes. Quand des journalistes ont enquêté pour vérifier si lesroquettes étaient tirées depuis des zones civiles, ils ont été recherchés et ex-pulsés de Gaza.”’ Helène Sallon, du Monde : “Impossible de trouver un combattant, d’inter-roger un dirigeant politique, tout le monde est caché, on ne voit rien. Quandj’ai couvert l’enterrement des trois hauts commandants de Rafah, tous les

jeunes gens étaient en civil et je n’ai croisé aucun combattant.”Guillaume Auda : “les porte-paroles du Hamas tenaient des conférences depresse à l’intérieur de l’hôpital Shifa. J’ai vu des responsables du Hamas,une fois, qui se repliaient après un bombardement massif, et c’est très rare.S’il a fallu attendre 40 jours pour qu’Israël trouve des hauts cadres duHamas et les tue, c’est encore plus difficile pour des journalistes.”Ludovic Piedtenu (France Culture) : “avec l’armée israélienne, c’est très facilede travailler, ils envoient des extraits vidéo de leurs opérations, parfoisquelques heures à peine après. C’est réactif, très bien organisé. Le personnelqui s’occupe de la presse est bienveillant, parle français…”Isabelle Veyrat-Masson : “on a envie de connaitre les effets de ces images àtravers les sondages. Malgré le nombre d’images, les français se désenga-gent. 70 % déclarent que leur sympathie ne va ni vers Israël, ni vers lesPalestiniens. Ils n’ont pas envie de prendre position. Mais il y a un effet surla sympathie à l’égard d’Israël qui s’est inversée. De 68 % de sympathisantsdans les années 1950/60, ils sont seulement 14 % aujourd’hui. Mais il n’y apas pour autant de sympathie à l’égard des Palestiniens même s’ils sont pourun état palestinien. Est-ce que les médias ont eu un rôle négatif à l’égardd’Israël ? Je crois qu’il faut voir un autre chiffre qui montre que l’existencede l’état d’Israël n’est pas en cause. Seuls 1 % se déclarent contre son exis-tence. Ils étaient plus nombreux en 1970. Le peuple français est, en Europe,le plus favorable à Israël. Arno Klarsfeld : La France n’est pas antisémite, lasociété est très ouverte aux Juifs mais il y a une partie de la jeunesse desbanlieues, une frange de l’extrême-gauche, le noyau dur de l’extrême droitequi est farouchement antisémite. Propos recueillis par Pierre Lasry

brèves

AVIVmag n°202 septembre 2014 29

samedi 6 septembre

Le traitementmédiatique de la

guerre à Gaza

Mercredi 30 juillet

Le dernier convoi

Le 30 juillet à 12 h 30 eut lieu sur le parvis de la gare de Toulouse-Matabiau la lecture des noms des personnes emportées par ledernier convoi le 30 juillet 1944. Serge Klarsfeld ainsi que Jacques Fredj, directeur du Mémorialde la Shoah, ont fait le déplacement pour rendre hommage auxvictimes du régime nazi et de Vichy. Parmi l'assemblée nom-

breuse, nous pouvions remarquer laprésence d'anciens déportés, rescapés de ceswagons de malheur en 1944. Parmi eux, cer-tains venaient de Paris ou de Nice, tandisque Madame Marie Vaislic, (ci-contre àl’âge de sa déportation) mesurait en tant quetoulousaine, la course infernale de l'histoire,celle qui emporte, qui fait disparaître ou quiépargne jusqu'à un retour au point de dé-part. Maurice Lugassy

Coordinateur régional du Mémorial de la Shoah

Jeudi 31 juillet

Manifestation pro-israéliennesous haute surveillanceScandant «Israël légitime défense» ou «Hamas, Al-Qaïda même combat», plusieurs milliers de personnesse sont rassemblées à Paris pour soutenir Israël et sonoffensive sur Gaza. Répondant à l'appel du Crif, quelque4.500 manifestants, selon la police, 6.000 selon les orga-nisateurs, se sont réunis vers 18h30 devant l'ambassaded'Israël, dans le VIIIe arrondissement de Paris, pour cepremier rassemblement pro-Israël organisé dans la ca-pitale depuis le début du conflit, le 8 juillet.

La manifestation s'est tenue sans incidents mais soushaute surveillance: rues alentour bouclées, accès filtrépar la police et important service d'ordre.A plusieurs reprises les manifestants, agitant petits dra-peaux israéliens et français, ont entonné l'hymnenational français, La Marseillaise. à Lyon, entre 800 et mille personnes se sont aussi ras-semblées jeudi soir à la Grande synagogue pourapporter leur soutien à l'état et à la population d'Israël.

From Le Figaro du 31 juillet 2014

Photo D.R

30 AVIVmag n°202

“Mémoire

Pologne…France…IsraëlAutour de Max Honikman • 1re partie

Un récit d’Annie et Esther Honikman

Le nom de Max Honikman est lié à d'autres noms

de la petite communauté ashkénaze d'après-guerre:

M. et Mme Chilstein, Oscar et Paulette Shapiro, Dr

Anklewitch et sa femme, Dr Gynfogel père et fils, M.

Kaufmann, … des amis intimes auxquels viennent

s'ajouter les grossistes de la place de la Bourse et de

la rue Ste Ursule : les Zilberberg - partis à Paris

au début des années 60 - et puis les Grushewski

(Fanny que nous avions revue à Tel Aviv), Bo-

rowski, Perleberger, Petchenik, Chizen, Guenashov,

Shtulman, Grauhar et d'autres encore qui mérite-

raient d'être cites mais qui échappent à ma mémoire.

Je ne pourrai conclure cette liste sans mentionner le

nom de M. et Mme Kishner, non pas liés au com-

merce des "shmates" mais à celui des "delicatessen":

le concombre salé est pour moi comme la madeleine

de Proust et le magasin de la rue des Filatiers me

revient instantanément en mémoire, avec toutes ses

odeurs alléchantes d'épices, de "shprotes" et de pain

noir!Tous ces noms évoquent des personnalitésfortes et conscientes de leur responsabilité defaire renaitre de ses débris une nouvelle com-munauté saine et dynamique qui tout enrestant attachée à son passé et à ses valeursculturelles et religieuses, a su s'adapter à laréalité d'après-guerre en France et créer desliens nouveaux avec le jeune état d'Israël. C'est là que Max Honikman entre en scèneau début des années 1950.

1 – le jeune homme militant (de 1932 à1947)Adolescent il est déjà actif dans le mouvement"Ha halouts"(le pionnier) alors qu'il étudie aulycée O.R.T. de Vilno (Pologne). C'est en1932 qu'il débarque à Paris où il poursuit sesétudes d'ingénieur radio à l'Ecole des Arts etMétiers tout en continuant ses activités sio-nistes. En 1935, il tente son Alya en 'EretsIsrael" mais reçoit une réponse négative àcause des nouvelles rigueurs imposées par lemandat britannique. Il reste donc à Paris etune fois diplômé, est embauché par la sociétéde radio Pathé Marconi (La Voix de son Mai-tre). A la suite des mesures anti-juives qui sévissent

dans Paris en 1940, il est encouragé par sonpatron à quitter Paris et se refugier dans lazone libre. C'est ainsi qu'il dé-barque à Toulouse avec unelettre de recommandation pourM. Martin Gautier, le "PathéMarconi" de Toulouse qui l’em-bauche immédiatement dans samaison de la radio, rue d'AlsaceLorraine!Une nouvelle vie commencemais le calme est de courtedurée. Max est dénoncé et in-terné au camp de Recébedou. Jetiens à citer M. Martin Gautierpère en tant que "Juste parmi lesNations" car c'est grâce a son in-tervention rapide que Max a été libéré etgrâce à son soutien qu'il a pu fuir la Franceoccupée et rejoindre la 2ème D.B. (DivisionBlindée du général Leclerc). Le détail de sonparcours pendant la guerre a été publié dans« Aviv » n° 197 de de juin 2013, p12.

2 - Les années d'après-guerre. Fin 1947, c'est à Toulouse qu'il choisit de re-tourner, accompagné de son épouse Jeanne(Yenta) Bechkes rencontrée en Pologne. C'està Toulouse qu'il décide de créer une famille,de "construire et se reconstruire" comme ondit en hébreu "livnot ve leibanot"! Il reprend son travail d’ingénieur chez MartinGauthier. Il reprend aussi ses activités sio-nistes et noue des liens avec la communautéjuive locale et aussi avec ses amis de Paris,comme M. Orfus lui aussi fervent sioniste,actif pour le K.K.L. et porte-parole du partides libéraux indépendants.

3 – l’homme engagé : Au début des années 1950, Max devient pré-sident de la fédération sioniste - sectiontoulousaine Midi Pyrénées - et il le resterajusqu'en 1962. Cette responsabilité le met en contact avecdes personnalités de la scène politique israé-lienne (le parti Mapai alors au pouvoir), lesreprésentants du Keren Kayemet pour les-quels il organise des collectes et surtout lesdélégués de l'Agence Juive ; le nom de M.Kenan me revient en mémoire car Max l'arencontré lors d'une de ses visites en Israël.En dehors des fêtes, les conférences, débats,interviews, réunions et rencontres organiséspar Max ont animé la salle des locaux de larue du Rempart St Etienne.

A la même époque, Max écrit des articles quisont publiés dans le journal national Yiddish"Unzer Wort". Mais sa langue favorite restesans nul doute l'hébreu ; il lisait avec grandplaisir et intérêt le journal "Haarets" de la 1èreà la dernière page lors de ses séjours en Israël!Sa bibliothèque, comme un reflet de l’effer-vescence intellectuelle de l’époque, contenaitdes livres, en hébreu et en yiddish, d'histoireet de littérature, de poésie (dont les recueilsdu poète Tchernikovski) ; certains de ces ou-vrages sont dédicacés à Max par leurs auteursqu’il invitait à Toulouse dans le cadre de sesactivités pour la communauté. Selon sa vo-lonté, il en a été fait don au Medem(Bibliothèque Yiddish) et au Musée de laShoah à Paris.

à SUIVRE…

Aujourd’hui prend place le

70è anniversaire de la Libé-

ration de Bouloc et sa région

et partout se déroulent des

cérémonies comme celle qui

vient de prendre place

devant la stèle dédiée à

la mémoire d’Edouard

MARSAUD, Rémy CURE,

Charles DESTRUEL et

Philippe POIRIER. Ils sont

tombés aux mains des alle-

mands en déroute le 20 août

1944 et l’ont payé de leur vie

le jour même ou la région se

libérait. Leur souvenir ne

doit pas être oublié.

Comme ne doit pas être oubliénon plus cet autre drame qu’a étéla Shoah avec l’arrestation à Bou-loc, la déportation et l’assassinatdans les camps de la mort nazis deRégine et Hersch KOMORNIKavec leurs deux enfants Max etSusi.

Cette famille a rejoint la cohortedes 6 millions de Juifs arrêtés àtravers toute l’Europe, dont 76000en France, et exterminés dans lecadre de la « Solution finale », éta-blie par les dignitaires nazis lorsde la conférence de Wansee du 20janvier 1942.

Les familles juives, françaises ouétrangères, qui avaient fuis enzone « dite » libre, avaient dans unpremier temps été accueillies entant que « réfugiées », puis assi-gnés à résidence à la suite de lapromulgation du premier statutdes Juifs établi par le gouverne-ment de Pétain en octobre 1940.

La famille Komornik était arrivéed’Autriche, réfugiée à Bouloc oùla famille s’était bien intégrée.L’école pour le plus jeune, les tra-vaux des champs pour le père. Ils

avaient refusé une opportunité defuite car ils se sentaient en sécu-rité.

Ils ont disparu, condamnés parcequ’ils étaient juifs et parce quel’antisémitisme meurtrier avait dé-ferlé sur toute l’Europe.

Mais ce chiffre de 6 millions dejuifs massacrés est à présent large-ment revu à la hausse avec lesfouilles du Père Desbois qui conti-nue son travail harassant et met àjour inlassablement d’immensescharniers de juifs fusillés enUkraine. Au cours d’une confé-rence à Toulouse, il nous avaitdéclaré devoir s’arrêter durant despériodes plus ou moins longuescar ce qu’il découvrait tout au longde ses recherches sur ce qu’il anommé « la Shoah par balles »était insupportable. Il avait besoinde ces arrêts pour avoir la force decontinuer.

Aujourd’hui, cet antisémitisme esten train de renaître et sans vouloirfaire preuve de pessimisme, nousdevons tous nous mobiliser, avectous les moyens dont nous dispo-sons, même s’ils paraissent faiblesou insuffisants devant la défer-lante de haine dont nous recevonstous les jours les clameurs. Pour-tant, nous savons quel’antisémitisme, le racisme et l’in-tolérance ne peuvent conduirequ’à la ruine et à la mort. Les

guerres et les destructions hu-maines n’ont jamais été unesolution à aucun problème surcette terre.

Alors, faisons en sorte que le «vivre ensemble » ne devienne pasune utopie.

Je remercie tout particulièrementla municipalité de Bouloc pourl’accueil que les membres del’équipe de l’association Toulouse-MEJD, Mémoire des EnfantsJuifs Déportés, et moi-même,nous recevons chaque année de-

puis l’inauguration de cette plaqueau mois de juillet 2010.

Nous sommes heureux de nousretrouver parmi vous pour ces

commémorations si importantes etnous vous remercions du fond ducœur de pouvoir partager ces mo-ments d’émotion avec vous tous.Rachel ROIZES, Présidente del’Association Toulouse - MEJD

La minute de recueillement devant la plaque,avec Rachel Roizès, pour MEJD et les représentants des résistants

AVIVmag n°202 septembre 2014 31

bOULOC, 20 AOUT 2014

La Mémoire des Enfants Juifs Déportés

32 AVIVmag n°202

Jeunesse

EEIF : un été INOUbLIAbLELes bâtisseurs : 18 jours à la découverte de l’aventure Comme le dit la chanson « ils sont hauts commetrois pommes et n’ont peur de rien.. », nos 47bâtisseurs ont campé sous la tente près de 3 se-maines sous le beau soleil du centre de loisirsde Gascogne, sous la direction de la chef decamp Clara Zerbib.

Ils ont séjourné avec le groupe de Saint – Maur(Val de Marne), plus connu sous le nom de« Yona » (colombe, oiseau de paix).

Au programme, les incontournables classiquesEI : constructions, « concours de bouffe », Mac-cabiades, bivouac, veillées chants, (et mêmeWalibi !) ont rythmé ces 18 jours de rencontres,de découvertes et de partages, placés cette annéesous le signe des 4 éléments. Rien de mieuxpour un vrai retour à la nature !

23 Bâtisseurs, et 3 animateurs ont égalementfait leur « promesse bat », cérémonie au coursde laquelle ils promettent solennellement derespecter la loi nationale des bâtisseurs :

On les félicite et leur souhaite un grand Mazal-tov !

On ne vous a pas dit tout dit : cette année les«bats», ont également construit tous ensembleune très grande cabane … de quoi donner denouvelles idées aux enfants pour la rentrée !

Bilan très réussi de ce séjour qui a permis l’in-tégration au groupe d’une dizaine de nouveauxenfants.

Alors on vous dit, 1,2,3 Spart’i, c’est comme lesEI, ce n’est jamais fini …

Les Eclaireurs : trois semainesde partages, de découvertes etd’actionsLes 65 « éclais », tels qu’on les surnomme, de laBranche Moyenne de Toulouse se sont retrou-vés pour camper du 7 au 28 juillet dernier, à laBlaquererie près de Millau. Ils ont fait là-bas larencontre de 40 éclaireurs du groupe local deParis La Victoire.

Tout comme les bâtisseurs, ils n’ont pas échappéaux incontournables activités EI du mois dejuillet. ; sans oublier la journée Bonne Action -ou BA - qui a consisté cette année à aider unagriculteur à nettoyer entièrement sa ferme,ainsi qu’à traire ses chèvres. De quoi rapide-ment se replonger dans le monde de la cam-pagne pour nos petits toulousains !

Cette année encore, le camp BM6 a eu la chancede célébrer la mise des Tefillins d’un de seséclaireurs, Nathan Azuelos, tout comme en2013 avec Axel Bounan. C’est ainsi que le mer-credi 16 Juillet toute la famille Azuelos a dé-barqué à la Blaquererie pour ce moment si par-ticulier. Que de nostalgie… effectivement, pour

ceux qui s’en souvien-nent encore, c’était bien10 ans en arrière: mêmegrotte, même siddourim,même chants, mêmedanses. On aurait pucroiser les regards decertains éclais, au-jourd’hui animateurs etchef de camps. Eh ouic’est bien en Juillet 2004, sur lemême terrain de camp, queCharles-Elie Sillam a lu sa paracha

Pinhas et que nous avions cette fois accueilli lafamille Sillam.

Rien de plus merveilleux, d’unique et d’émou-vant qu’est l’ambiance EI pour accompagnertous ces bar-mitzvot lors de leur premier jourde la vie d’homme. Un grand Mazaltov à Na-than et à la famille Azuelos, ce fut un réel plaisirde célébrer et de partager cette joie. Nous es-pérons avoir l’occasion d’accueillir chaque an-née une nouvelle bar-mitsvah sur nos camps,expérience si enrichissante pour le mouvement,les enfants et les familles concernées. Et, on nevous cache pas que les éclais ont égalementhâte de retrouver le goût unique des croissantssur un terrain un camp !

Et comme la chanson du camp Shot Gun 2014le disait, « on aurait bien voulu qu’elle dure,cette belle aventure ! »

La branche Perspective : unvoyage unique C’est du 6 au 27 Juillet 2014que les 10 membres de la BPde Toulouse, âgés de 17 ans,ont participé à un voyage exceptionnel sur laterre d’Israël. Ce n’est sûrement pas le climatde guerre qui a empêché les EEIF et ses pifs deToulouse, Nice et de Paris, toujours autant dé-terminés, de partir à la découverte de leur terre.

Au Programme :

1e étape →Le voyage Hatikva 2014, trois joursde croisière sur la mer Méditerranée organiséspar l’Agence Juive, avec escale à Chypre, oùétaient regroupés plus de 800 jeunes issus demouvements juifs français. Inutile de vous direque l’ambiance était au rendez-vous !

A la fin de la croisière, les pifs ont assisté auconcert d’Amir Haddad à Kyriat Gat.

2e étape → La ville de Jérusalem, avec la dé-couverte et la visite de la Vieille Ville, du Kotel,ainsi qu’un pèlerinage au cimetière. Ils ont passéle premier chabbat dispersés dans plusieurs fa-milles d’anciens EI. De quoi avoir plus d’uneanecdote à se raconter !

Nathan fait sa bar mitsva

la BC devant la cabane

AVIVmag n°202 septembre 2014 33

Jeunesse

Dimanche 13 Juillet ils sont également partisvisiter l’incroyable mémorial de Yad Vashem.

3e étape → 5 jours de volontariat dans un kib-boutz à Nitsana ; au programme de ce bénévo-lat : agriculture, archéologie et apprentissagesur l’implantation de village ou le recyclagedans le désert.

4e étape→Les incontournables Ein Gedi, ren-contre des bédouins, Massada et Mer Morte

5ème étape → Chabbat pleines de rencontresdans une auberge de jeunesse à Eilat

6e étape → 5 jours de Gadna à Sdé Boker,programme similaire à celui de l’armée israé-lienne qui prépare les lycéens de fin de cyclesecondaire au service militaire.

Et pour clôturer ce camp, nommé par les ani-mateurs “MIKLATEVOU 2014” (en rappelaux heures passées dans plusieurs miklats d’Is-raël), un grand et dernier chabbat a été organiséavec tous les Pifs qui séjournaient en Israël, àNetanya.

C’est plein de souvenirs que tous les Pifs de laBP9, ou Famey, se sont quittés pour retrouverleur ville respective, au quatre coins de laFrance. Une chose est sûre, émerveillés des dé-couvertes et des rencontres faites en Eretz Is-raël, ce voyage, qu’ils ont mis un an à préparer,ils ne sont pas prêts de l’oublier !

Pour finir …C’est donc un « sans faute » pour les campsBC, BM, BP, 2014 tous dirigés par un chef decamp Toulousain cette année !

Un grand merci aux trois maitrises EEIF, com-posées d’animateurs bénévoles toulousains, pa-risiens et niçois, qui ont donné beaucoup deleur temps pour transformer ces camps en mo-ments magiques.

Nous tenions également à remercier certainsparents et notamment le FSJU qui nous ontaidé à financer intégralement la sécurité sur lescamps BC et BM et qui ont permis à ces mai-trises d’œuvrer sereinement et en toute sécurité.

A très bientôt pour de nouvelles aventures !

Manon, Romane, Hannah, Léna, Léa, Barbara, Clara

La Rentrée EEIF ! C’est un programme très chargé qui attend les Eclai-reuses Eclaireurs Israélites de Toulouse :

→ La branche Cadette (7-11 ans), qui accueille les bâ-tisseurs, dit « bats » sera sous la direction de Elsa Siboniet Yoann benchetrit pour la deuxième année consécutive.

→ La branche Moyenne (12- 15 ans), qui comprend les éclaireurs, dit « éclais »sera elle dirigée par Anael Nedjar et Eden bensimon.

Petit Zoom sur LA bRANCHEPERSPECTIVE, souvent méconnuedu grand public→ La Branche perspective réunit desjeunes, appelés “Pifs” qui ont vécu en-semble le même parcours EI: ils ont étéBâtisseurs, puis Eclaireurs pour la plu-part. L’année perspective est unepériode où ils se retrouvent entre eux etpendant laquelle ils vont s'investir dans

des projets qu'ils vont eux-mêmes mettre en place, encadrés par deux animateurs,qui sont cette année Katleen Abergel et Dana Bensimon. A Toulouse, les projets aboutissent régulièrement sur un voyage de découverte d’Is-raël au mois de Juillet. Cette année exceptionnellement, les Pifs ne partiront pas enIsraël mais au Japon, où ils participeront au Jamboree.Le Jamboree est la réunion mondiale des scouts qui a lieu tous les quatre ans.Il permet aux jeunes des quatre coins du monde de vivre la fraternité scoute en ac-tion, et de prendre conscience de la dimension internationale du scoutisme.Par là, Barden-Powell espérait faire progresser la paix dans le monde : Les scoutsayant été présents lors de jamborees prennent conscience du fait qu’avant d’apparte-nir à tel ou tel pays ennemis ils étaient avant tout jeunes et semblables.

Les activités du dimanche reprendront dès le mois de Septembre, un dimanche sur trois de12h30 à 17h00 à l’Espace du Judaïsme.Concernant le camp de Toussaint, il aura lieu à Saint-Lary, du Mercredi 29 Octobre auDimanche 2 Novembre 2014. L’année s’annonce également très spéciale pour notre groupe local qui fête cette ces 75 ans

(créé en 1940 par Robert Munnich). Plus d’infos dans les éditos àvenir.

Dana Bensimon, Johanna Dray, responsables du groupe local

PROGRAMME

34 AVIVmag n°202

Jeunesse

Hébraïca Jeunesse

La colo d’HébraïcaJeunesse Cet été, Hébraïca Jeunesse a organisé sa coloen partenariat avec Moadon, organisme culturelde vacances et de loisirs implanté à Paris, quiorganise des colonies de vacances dans toute laFrance et à l’étranger.

Ce partenariat a pu avoir lieu grâce à la flexibi-lité de Moadon, mais également grâce au sou-tien du FSJU et du CASIT, comme les annéesprécédentes.

10 enfants et 3 animatrices dont Léa Berdah,professionnelle d’Hébraïca Jeunesse, sont partisà Figeac du 8 au 24 juillet. Le centre de va-cances était une « Académie des sports », doncles enfants ont pu choisir plusieurs activitéssportives parmi foot, basket, hip hop, tennis,zumba, krav maga ou équitation. Ces activitésmatinales étaient encadrées par des profession-nels. L’après- midi, les animateurs et animatricesde Moadon proposaient leurs activités, jeux,sorties, veillées, soirées, etc…

Les enfants se sont éclatés, l’ambiance était aurendez-vous. Ils sont revenus des souvenirspleins la tête, épanouis, enchantés par leur sé-jour, prêts à repartir ! Il leur tarde maintenantde reprendre les activités d’Hébraïca Jeunessequi seront proposées tout au long de l’année.

Des retrouvailles sont déjà prévues pour le di-manche 21 septembre (date à confirmer).

Laetitia Cooper, présidente d’Hébraïca Jeu-nesse

Hébraïca Jeunesse, émanation du Fonds SocialJuif Unifié, s’adresse aux enfants et ados de 7à 17 ans.

Pour toute suggestion, information, vous pou-vez contacter Léa Berdah au 06.22.60.35.16.

LEV TAHOR

Un nouvel animateur à Lev Tahor !Bienvenue à Rav bitton, qui vient présider aux destinées de ce beaumouvement qu’est Lev Tahor, que Rahamim Sebag à su animer et vi-taliser depuis plusieurs saisons.

Le Créateur a fait résider en chacun denous un « cœur pur », ou plus précisé-ment, une immense réserve d’énergie, deforce et d’optimisme. Les turbulences dela vie atteignent à des degrés divers cetteréserve. De nombreusesforces se liguent pournous ravir ce bien pré-cieux. Comment nousrégénérer ? Lev Tahor s’est fixécomme objectif de don-ner cette « pêche » à nosjeunes, mais égalementà toute notre commu-nauté. Nous avons uneréserve inépuisable desagesse, de force, de joieet de sérénité qui nousvient d’un jeune-vieuxtexte, imité, déformé,traduit/trahi, trafiquépar beaucoup, maisdont nous avons « l’ori-ginal », expliqué parceux qui l’ont étudié ettransmis tout au long des siècles : laTorah.C’est cet héritage que Lev Tahor se pro-pose de faire découvrir à toute lacommunauté, dans de nouveaux lieux derencontre, dans la convivialité et la joie.

Rav Monsonego m’a confié la direction decette équipe. Après avoir parcouru toutesles communautés francophones, au tra-vers de séminaires, de Chabbat, deconférences et de nombreuses rencontres,j’ai choisi d’accepter cette mission. Lacommunauté juive de Toulouse a été frap-pée, et par son intermédiaire, l’ensembledu peuple juif. Etant souvent venu à Tou-louse pour donner des cours et des

conférences dans le cadre de Lev Tahor,j’ai décidé de relever le défi, avec l’aide duCréateur sans Qui rien n’est possible. Lev Tahor est d’ores et déjà à l’origined’une nouvelle émission de radio qui com-

mencera après les fêtes :Torah Spot. L’émissionréunira un plateau dejeunes qui dialoguerontavec la communauté, aucours de débats sur desthèmes de société etd’actualité. Plus encore,nous organisons déjà denouveaux cours en ville,dans les lieux publics.Nous sommes bien sûrsdisposés à organiser dessoirées chez les familles,pour des cours et desdébats entre amis, dansune atmosphère de dia-logue et d’échange.

Je participe égalementà l’animation des sites

Torah box et Espacetorah. Sur ce der-nier site, vous pourrez écouterquelques-uns de mes cours notammentsur les rubriques « Sciences et Torah », «la paracha », « judaïca », ou bien encoreceux qui sont consacrés à la Shoah, auxpreuves archéologiques de la sortied’Egypte, ou bien, dans un autre registre,au couple.Rendez-vous également sur le Facebookde levtahor sur lequel vous trouverez tousnos rendez-vous, ainsi que des Torah-flash sous la forme d’une phrase, d’unenseignement de nos sages.

Mordekhaï Bittonmordekhaï [email protected]

Lev Tahor bera li Elokim,vérouah nakhon hadechbékirbi.O Dieu, crée en moi uncœur pur, et fais renaîtredans mon sein un espritdroit.

AVIVmag n°202 septembre 2014 35

Juifs et chrétiensNé à Vienne, émigré en France, il prépara à Bâle une thèsede doctorat en théologie sur le sermon aux Juifs d’Augustin,avant de publier en 1960 sa thèse d’histoire sous la directiond’Henri-Irénée Marrou, professeur à la Sorbonne fondateuren 1948 de l’amitié judéo-chrétienne. Parmi ses maîtres, desantiquisants spécialistes d’histoire des religions, tel MarcelSimon, auteur du Verus Israël (1947). Il défend donc une his-toire médiévale des juifs et chrétiens, au plus près des textes,au plus haut niveau universitaire. Il s’inscrit dans lesillagede Salo Wittmayer Baron qui plaidait déjà pour une histoire« déghettoïsée ».Il travaille avec des collègues non spécialistes, développantainsi une voie novatrice. à Fanjeaux, lieu de colloques an-nuels, on débat. En témoigne un livre marquant : Juifs etjudaïsme du Languedoc, Cahiers de Fanjeaux 12, Toulouse, Privat, 1977, publié avec Marie-Humbert Vicaire.

Un travail encyclopédique au service denouvelles recherchesExhumer des documents inédits, mettre en lumière dessources méconnues et toujours renouveler le corpus, telssont les axes majeurs qui guident son oeuvre. Il met l’érudi-tion et l’extrême rigueur scientifique au service de l’histoiredes juifs, jamais perçue comme périphérique ni particulière,mais bien au contraire conçue comme intimement insérée

dans l’histoire de la société médiévale globale. Les années1970 voient une floraison de titres publiés chez Privat, quioffrent inventaire des sources et synthèses, proposent denouvelles pistes.

Une modestie conquéranteIl souligne que « Toute minorité a l’inquiétude en partage »et réfléchit à la confrontation avec les majoritaires. Il rejettetoute vision lacrymale parce qu’elle serait un a priori quirendrait impossible toute oeuvre scientifique. Il insiste surla nécessité de replacer les textes dans leur contexte reditcombien l’étude bouscule les lieux communs : « Le devenirhistorique des Juifs, aussi peu que de tout autre groupe hu-main, ne suit pas une direction rectiligne [… ] D’abord etsurtout : les rapports entre juifs et chrétiens ne sont pas unecatégorie isolée, indépendante ... ». Il ne cesse de reprendreses oeuvres, de nuancer son propos. Infirmer l’hypothèse dedépart, obtenir une réponse en creux ne l’effraie pas.Lui, dont la présence vivante s’affirme d’abord par sa mé-thode historique et sa boulimie de découvertes, parle deshommes qu’il étudie, les Juifs médiévaux, avec un mélangede distance et de connaissance intime, mais loin de l’expres-sion de tout pathos. Ainsi nous dit-il (sommes-nous autorisésà voir un léger sourire se dessiner dans cette proposition ?) :« Sans nulle propension à l’apologie des Juifs, je me croisen droit d’affirmer ... »

le feuilletonhistoriqueclaude denjean

Culture

C’est à Toulouse que les ouvrages novateurs de la collectionFranco-Judaïca ont d’abord été édités à la fin des années1970. On peut lire les préfaces et introductions aux divers ouvragesde cette collection. Claude Denjean et Juliette Sibon proposent unebiographie intellectuelle de cet auteur dans « Être historien desjuifs médiévaux en France après Bernhard Blumenkranz », Thelegacy of Bernhard Blumenkranz, Colloque de Vienne (nov. 2013),Martha Keil, Philippe Buc et John Tolan eds (à paraître).

Bernhard Blumenkranz,un historien à Toulouse à la fin du xxe siècle

En cette année qui suit le bicentenaire de la communauté de Toulouse et le centenaire de la naissance du refondateur de l’histoire des juifs en France, nous pouvons relire le message de rigueur et de réflexion que Bernhard Blumenkranz (1913-1989) nous a laissé.

ZAC Triasis, rue Antoine Becquerel 31140 LaunaguetTél. 05 62 89 11 22

36 AVIVmag n°202

Point de vue

A la recherche del’UnitéProfesseur certifié hors classe d'économie gestion, docteuren sciences juridiques et politiques de l'université dessciences sociales de Toulouse, il est l’auteur de "Difficile laï-

cité, Sources et enjeux", éditions l'Harmattan, Paris 2014.

Presque 60 jours passés à Ashkelon sous la nuéede missiles tirés par le Hamas dans le but de créerle chaos en Israël, 60 jours après le kidnapping etl’assassinat de Eyal, Naftali et Gilad, 60 joursaprès l’opération « Tsouk Etan », le gouvernementisraélien a eu l’intelligence de ne pas se laisser en-trainer dans la spirale de la violence de ceux quiont forgé leur identité dans la haine du juif et dontle seul but était, au travers des tunnels, de semerla mort au sein même du territoire israélien pré-cisément le jour de Roch Hachana. Elle est là lavictoire d’Israël ! Bien sûr, il y a ceux qui ne seront jamais satisfaitsde ne pas être allés plus loin sur le plan militaire.A ceux là, je leur demande d’entendre les hurle-ments de ces mères venues à l’enterrement de leur

enfant chéri dont le sacrifice est certainement pluspathétique que celui du Petit cheval de GeorgesBrassens. Il y a ceux qui, des deux côtés de l’échiquier poli-tique israélien, vont jouer leur carte en isolant unpeu plus le premier ministre Benjamin Netanyahou. A ceux là, je voudrais dire combien il est dange-reux de jouer avec l’unité du peuple d’Israël.Enfin, il y a ceux que l’on n’a pas entendus toutau long du conflit et dont on aurait tant appréciéleur don d’ubiquité pour éviter les pièges d’uneguérilla qui a fait tant de victimes parmi les trèsjeunes soldats de Tsahal. A ceux là, je veux leurdire qu’ils ont joué avec l’Unité tout court. J’en aiun peu marre d’entendre des pseudo-républicainset des pseudo-démocrates se soustraire àl’épreuve de la vérité historique allègrement dé-voyée, non sans un certain cynisme couard face àla multitude, preuve honteuse de leur collabora-tion à la libération de la parole raciste, antisémiteet antisioniste. Et, je n’évoque même pas les atro-cités commises par l’EI. Deux poids, deuxmesures. Où sont passés les idées de Spinoza, Hobbes,Locke, Rousseau, Kant, Mendelssohn et des Lu-mières en général qui ont inspirés les fondateursde l’Europe et des Etats-Unis et qui ont inspiré laDéclaration des droits et du citoyen du 26 août

1789, la Déclaration universelle des droits del’homme du 10 décembre 1948 ou encore laConvention européenne des droits de l’homme du4 novembre 1950 ? Mais seulement voilà, beaucoup de ces penseurssont ceux de la religion naturelle, du coeur et del’angélisme « biologicateur» des principes fonda-teurs des Etats de droits. C’est l’opinion et les droits qui dictent leur volontéau Nomos et c’est là le point de rupture qui ex-plique les fractures actuelles du pacte social enEurope et le cynisme des diplomaties euro-péennes et américaines. L’Europe est le lieu desdroits de l’homme mais elle est le lieu du « plus jamais cela ! ». L’Europe est aveuglée par son universalisme mas-sificateur. L’Europe se fourvoie dans sa « dérivedu cœur » qui la conduit à ses antipodes : la néga-tion de l’autre. Le juif n’aurait pas sa place dansun monde ou tout est nivelé par le bas c’est à direpar les droits et l’opinion. Parallèlement, Israël n’apas son mot à dire dans le concert des nations. Is-raël est bien un « Etat juif ». Il est vrai que lemonde des hommes est celui du dualisme et c’estbien là le drame de l’humanité. Mais, Roch Acha-nah est avant tout la proclamation de l’Unité. La vie et la mort se fondent ensemble. Il n'y aque « Etre » mais nous choisissons la vie.

par Franck Khalifa

Nombreux produits d'épicerieisraéliens

Arrivage chaque semaineViande volaille fraîche & surgelé

Rayon charcuterie à la coupeet épicerie fine

Large choix de fromages & laitages

Rôtissoire poulet rôti

Roti de poulet

Roti de dinde…

Et ses accompagnements

Vin spécial réserve ...

Pain de shabbat frais chaquejeudi et vendredi

Market 26 est heureux de la confiance que vous lui avez apportée, et tient à remercier l’ensemble de la communautépour son encouragement à continuer dans la voie du cacher.

Market26 vous souhaite de très bonnes fêtes de Tichri

Et une merveilleuse année 5775 !

174 chemin de Ramelet MoundiTournefeuille Tél : 05 34 52 26 26 Ouvert du lundi au jeudi 9h- 19h,

vendredi et dimanche 9h14h30

AVIVmag n°202 septembre 2014 37

« Le Codex d’Alep » Ou l’Etrange destin d’unManuscrit sacré - ParMatti FriedmanCet ouvrage n’est pas une fiction.

L’auteur s’est documenté auprès desplus hautes personnalités scientifiqueset théologiques et il a passé 4 ans à enécrire l’histoire.

Le Codex ou Couronne d’Alep, textesacré le plus convoité du monde est la plus ancienne version connue dela Bible hébraïque. Il aurait été écrit entre 910 et 930 de notre ère à Ti-bériade par un grand érudit, le Rabbin Aaron Ben Asher. Ce manuscritest très précieux, car il n’en n’existe aucune copie. C’est sur la base duCodex d’Alep que Maïmonide a édicté les règles de rédaction de laThora.

On pourrait résumer son histoire – et quelle histoire – ainsi :

Ecrit en Israël, volé par les Croisés, caché pendant des siècles à Alep (Syrie ), endommagé par un incendie allumé par des émeutiers arabesen 1947, il est finalement arrivé le 6 janvier 1956 en Israël, son point dedépart.

Je pourrais m’arrêter là, mais ce serait sans compter sur l’intérêt trèsvif suscité en moi par ce livre et que je veux vous faire partager.

Matti Friedman raconte l’incroyable destin de ce précieux manuscritqui a survécu à des siècles de guerre avant de regagné, finalement Israël,son point de départ.

Mais comment le Codex a t il voyagé depuis une obscure crypte de lasynagogue d’Alep jusqu’à Jérusalem ?

L’auteur nous emmène à travers les âges à la rencontre de personnagesfascinants, agents secrets, gens d’Eglise, hauts fonctionnaires israëliensqui, tous tentent de mettre la main sur ce texte sacré.

Composé donc au xe siècle, le Codex aurait été, par la suite, la propriétéde la communauté karaïte à Jérusalem. Au cours de la 1ere Croisade,il est volé par les Croisés lors de la chute de Jérusalem en 10 99. Aprèspaiement d’une rançon, il est racheté par la communauté juive de Furs-tat en Egypte.

Trois siècles plus tard, un rabbin fuyant les troubles du Caire, l’emporteavec lui et s’installe à Alep. Le manuscrit sera gardé dans la synagoguecomme une relique jusqu’en 1947, date à laquelle éclate les émeutesanti-juives. La synagogue est brûlée. On sauve le Codex.

Je vous laisse découvrir les conditions rocambolesques de sa sortie deSyrie et de son arrivée en Israël en 1958, comme si ce manuscrit avaitattendu que le peuple d’Israël revienne lui aussi chez lui.

Malheureusement durant ce long périple, environ 1/3 de ses pages ontdisparu, volées ou vendues à des collectionneurs. Lors de l’enquête,l’auteur s’est trouvé face à un mur de silence. L’étrange mutisme au sujetdes feuilles disparues ne semblait pas être uniquement observé par lesjuifs d’Alep. Les israéliens se taisaient également.

La grande synagogue d’Alep est aujourd’hui abandonnée, à demi car-bonisée, au milieu d’un quartier juif…sans juif. Un monde vieux demilliers d’années s’est éteint à Alep.

Dans son livre, Matti Friedman, grand reporter, qui vit à Jérusalem,retrace donc l’incroyable vie de ce manuscrit qui a survécu à des sièclesde guerre. Ce récit est à la croisée de l’enquête journalistique et du thril-ler d’espionnage ; un destin romanesque où se mêlent la convoitise desuns, le fanatisme religieux des autres et d’obscurs secrets d’Etat.

« Je m’attendais, dit il, à écrire une histoire exaltante sur le sau-vetage de ce Manuscrit. En fait, j’ai ouvert un placard et je me suistrouvé enseveli sous les cadavres qui y étaient cachés »

Quant au Codex ou Couronne d’Alep, parchemin témoin denotre histoire mouvementée, il est exposé au Musée du Livres àJérusalem, où il attend votre visite.

Une citation de Jonathan Safran Foer en conclusion :

« on ne connaît aucun précédent à un peuple dispersé parvenant àconserver son unité, car en général dispersion égale disparition »

A cette citation je rajouterai : l’union du peuple juif s’est faite etse fait toujours autour d’un Livre : la Bible hébraïque qui a aidéce peuple a survivre en tant que juifs.

Bonnes fêtes de Tichri

Anny BECK

Les pagesd’Anny

Anny, notre insatiable lectrice, possède une authentique qualité : elle prend du plaisir à lire maiselle a un autre talent - qui n’est pas donné à tout le monde : celui de nous le faire partager !

Culture

Lectures

38 AVIVmag n°202

Gérard AzulayDisparition

RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS

05 62 73 45 33

HébraïcaG R O U P E F S J U

CETTE ANNÉEJ’ADHÈRE

À HEBRAÏCA !

ANGLAISMERCREDI 18H-19H (NIVEAU INTER.- AVANCÉ)

TAI CHIMercredi 16h-17h

N O U V E L L E S A C T I V I T E S

HEBREU BIBLIQUEJeudi 18h30-19h30

HISTOIRE JUIVE Jeudi 19h45-20h45

ATELIER D’ECRITURE« Raconte moi une histoire »

Lundi 14h30- 16h

COURS D’HÉBREUNIVEAU ALEPH : MERCREDI 10H – 11H30

MERCREDI 19H30 – 21HNIVEAU BETH : LUNDI 20H –21H30

NIVEAU GUIMEL : LUNDI 18H30 - 20HNIVEAU DALETH : MARDI 19H30 - 21HNIVEAU VAV : MARDI 17H30 – 19H

APPROFONDISSEMENT : MARDI 15H – 16H30CONVERSATION : MARDI 16H30 – 17H30

DESSIN PEINTURELUNDI 14H-16H OU MARDI 16H-18H

OU DIMANCHE

DANSES D’ISRAELLUNDI ( DÉBUTANTS ) 19H-20H

LUNDI ( DÉBUTANTS PLUS) 19H30-20H30LUNDI ( INTER-AVANCÉS) 20H30-22H

L A R E N T R É E D ’ H É B R A Ï C A

HOMMAGES à GÉRARD AZULAY

“Comment vous dire simplement ce que nouspensons ? Nous avons toujours eu pour Gé-rard plus que de l’estime, de l’admiration.Avec son départ, c’est une forme totalementdésintéressée du militantisme et de l’engage-ment associatif qui est atteinte. Il fût unhomme convaincu, d’une parfaite honnêtetéintellectuelle, toujours prêt à rendre service.Il acceptait toutes tâches, toutes fonctions,qu’il accomplissait avec compétence, appli-cation et rapidité. Travailler avec lui était unvrai bonheur. Fidélité à sa famille, à sesidéaux, à ses valeurs. Il manifestait malgrétous ses engagements une incroyable dispo-nibilité. Il est une des rares personnes quidisait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il disait.A toutes ses qualités, s’ajoutait une autre bienpeu fréquente, la modestie. Travailleur del’ombre, il ne cherchait aucune gratification,aucun honneur, merci pour tout.”

“Gérard était pour nous un époux, un pèreet un grand-père chéri formidable. Il n’y arien d’autre à ajouter.”Arlette Azulay, son épouse.

“Juste un petit historique : Avant de nousrencontrer à la responsabilité confiée parl’ACIT, nous ne nous connaissions que su-perficiellement. Nous nous sommesappréciés et travailler avec Gérard était un

i m -mense plaisir. Il fut un homme dévoué,intègre pour ce qu’il avait à accomplir. A sondépart de la vie, j’ai perdu un ami, un frère.Repose en paix Gérard et prie pour toute tafamille”. Alexandre Attaïech

“Gérard était un grand serviteur de la com-munauté. Il était un homme de grand cœurqui a donné beaucoup de son temps et de sonénergie. Il était connu pour ne pas mâcherses mots ; il avait son franc parler. Il avait ungrand esprit critique mais très constructif, ilapportait toujours des solutions.”Elie Amsellem

“Il était une personnalité, un serviteur de lacommunauté et non des moindres. J’ai souvenir d’un homme discret, qui n’a ja-mais ménagé ses efforts pour la communauté.Il n’était pas là pour briller, mais était là pourun objectif : servir sa communauté.”Arié Bensemhoun

Nombreux produits d'épicerieisraéliens

Arrivage chaque semaineViande volaille fraîche & surgelé

Rayon charcuterie à la coupeet épicerie fine

Large choix de fromages & laitages

Rôtissoire poulet rôti

Roti de poulet

Roti de dinde…

Et ses accompagnements

Vin spécial réserve ...

Pain de shabbat frais chaquejeudi et vendredi

Il fut président de l’ADAPEI, président national des agents généraux d’assurance, président régional des retraitésd’assurance, président du club d’Alouette, trésorier de l’ACIT sous les deux mandats de Tony Elicha.

Market 26 est heureux de la confiance que vous lui avez apportée, et tient à remercier l’ensemble de la communautépour son encouragement à continuer dans la voie du cacher.

Market26 vous souhaite de très bonnes fêtes de Tichri

Et une merveilleuse année 5775 !

174 chemin de Ramelet MoundiTournefeuille Tél : 05 34 52 26 26 Ouvert du lundi au jeudi 9h- 19h,

vendredi et dimanche 9h14h30

AVIVmag n°202 septembre 2014 39

Naissances à Toulouse

23/05/2014 CHETRIT Louise Angélina Ruth

10/06/2014 PEZILLA Raphaël Méir

20/06/2014 HABIB-FITOUSSI Aaron

20/06/2014 HABIB-FITOUSSI Isaac

08/07/2014 NAKACHE Ruben

08/07/2014 NAKACHE Naomie

11/07/2014 NAKACHE Ariel

22/07/2014 GAGNEBIEN Raphaël

18/08/2014 SEROR Elsa

18/08/2014 BITOUN Romy

20/08/2014 GURARY Ménahem Mende

29/08/2014 Salomé ARTIGAUx

… et ailleurs

18/05/2014 ZAMIR AndréaTel-Aviv (Israël)

18/05/2014 ZAMIR OliviaTel-Aviv (Israël)

25/06/2014 LEBHAR Réfaël ElishaParis

05/09/2014 HAINE Emma (Paris)

Bar et Bat Mitsva

23/06/2014 LEMAITRE Julien10/08/2014 TESTEMALE Yohan28/08/2014 AZUELOS Nathan06/09/2014 STROUK Ness

… et ailleurs

07/08/2014 MEIMOUN Ariel Chalom

Mariages à Toulouse

06/07/2014 KESSAS Sébastien /LAYANI Céline

14/07/2014 AZOULAY David /BOYADJIEVA Stanislava

17/08/2014 ALLOUCHE Lionel / ATTALI Sophie

28/08/2014 DAHAN Philippe / ELOIT Yaelle

31/08/2014 BENHAIM Raphaël / DANAN Anaelle

31/08/2014 KHELIF Jérémy / SERADIEU SIMON Natacha

… et ailleurs

13/07/2014 SAADA Jonathan / BENDAYAN Marion

Montpellier

11/08/2014 HABIB Jérémie /LEVY Hannah

Israël

11/08/2014 COHEN Alexandre /INGOLD Yonit

Israël

13/08/2014 COHEN Jacob /Jessica ZEKRI

Israël

18/08/2014 GONZALEZ Florian /BENSEMHOUN Sharon

Israël

24/08/2014 CHICHE Jordan / LEHIANY Sarah

(Montpellier)

Décès30/06/2014 GRUSZEWSKI Fanny

04/07/2014 MITRANI Feby

16/07/2014 HAMMEL Lot

17/07/2014 BECUS Rachel

20/07/2014 SEBBAG Prosper

21/07/2014 MORYOUSSEF Fanny

22/07/2014 SIMON Williams

23/07/2014 RAMOND Fanny

24/07/2014 DARMON André

25/07/2014 BENDRIHEM Esther

30/07/2014 DOUIEB Jean Claude

31/07/2014 ALMOUZNI Joseph

14/08/2014 TARZAN

Berthe Madeleine

28/08/2014 AZULAY Gérard

… et ailleurs

LEVY Daniel

Metz

CarnetSophie Castiel