LE GDS 63 INFORME La besnoitiose, une maladie … · Coryza gangréneux: PCR disponible, taux de...

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LE GDS 63 INFORME Il est important de surveiller son troupeau et en cas de doute sur cette maladie en forte progression depuis 2001, il faut réaliser des analyses diagnostic. La besnoitiose, une maladie émergente qui progresse de manière inquiétante © GDS © GDS © GDS ACTU PROFESSIONNELLE L’AUVERGNE AGRICOLE 11 J EUDI 23 FÉVRIER 2017 L a besnoitiose est une maladie vectorielle émergente en forte progression en France avec un gradient Sud-Nord. Elle atteint de nouvelles zones par l’in- troduction de bovins infestés. La besnoitiose est due à un parasite microscopique du groupe des coccidies (Besnoitia Besnoiti) transmis de bovin à bovin par des piqûres d’insectes (taons, sto- moxes…) ; on suspecte la possible contamination par les aiguilles. Elle se manifeste pendant la phase d’activité des mouches piqueuses (de mars à décembre) mais des contaminations en bâtiment sont possibles (mouches...). Une forte progression vers le nord depuis 2001 Les agents pathogènes peuvent envahir l’ensemble des organes et former des milliers de petits kystes parasitai- res. La besnoitiose touche les bovins quelle que soit leur race, et de manière plus importante les jeunes à partir d’un an et les mâles (qui peuvent devenir définitivement sté- riles). Bien que les symptômes puissent n’affecter que quelques individus dans un troupeau, souvent des lots entiers de génisses sont contaminés. J’observe et je pense à la besnoitiose La maladie incube pendant au moins une semaine après la contamination par piqûre puis se manifeste en trois phase successives. Repérer les premiers symptômes com- portementaux des animaux et les premiers signes cli- niques est essentiel pour réagir vite (traitement). 1- La phase fébrile : 3 à 10 jours • Larmoiement • Jetage (écoulement clair) • Fièvre (40-41 °C) • Animal essoufflé • Peau chaude et douloureuse • Congestion des muqueuses • L’animal s’isole et ne mange plus • Diagnostic différentiel difficile : FCO, coryza gangré- neux, bronchopneumonie… 2- La phase des œdèmes : 1 à 2 semaines Température normale • Déplacement dif- ficile • Hypertrophie tes- ticulaire • Œdèmes bien visibles à la tête et à l’extrémité des membres • Toutes les régions du corps peuvent être atteintes. Diagnostic différentiel en phase aïgue Coryza gangréneux : PCR disponible, taux de mortalité élevé. FCO : PCR, signes d’intensité moindre. Ehrlichiose granulocytaire (EGB), Lyme: PCR et/ou séro- logies, IFI Photosensibilisation : pas de jetage ni fièvre Grippe : pas de congestion de la peau, absence d’œdème. TRAITEMENT DE LA BESNOITIOSE Seul un traitement dans les tous premiers jours (phase fébrile) par de fortes doses de sulfamides peut agir. Le bovin traité peut reprendre du poids, vêler norma- lement ou être engraissé pour être commercialisé car la viande est consommable. Attention : traités et guéris en apparence, les animaux restent porteurs à vie du parasite. Ils constituent un réservoir de contagion pour le troupeau et doivent être éliminés. 3- La phase de dépilation et de sclérodermie À partir de 6 semaines après le début de la maladie • Apparition de kystes sur la sclère oculaire (blanc de l’œil) • Épaississement cutané durable (peau d’éléphant) • Jamais de démangeaison • Crevasses aux articulations (surinfections fréquentes) • Dépilation généralisée • Amaigrissement : non-valeur économique, peut se ter- miner par la mort de l’animal ou l’euthanasie. Diagnostic différentiel en phase chronique Autres maladies vectorielles : PCR et/ou sérologies, IFI, pas d’épaississement cutané Gales : démangeaisons intenses Carences en zinc : pas ou peu d’épaississement cutané Localisation autour des yeux («lunettes»). Les raisons de se préserver Pas de vaccin disponible Traitement long, contraignant, d’un coût élevé pour des résultats pas toujours probants. Les conséquences de la besnoitiose sont variables d’un élevage à l’autre. Elles peuvent être très lourdes sur le plan économique : • Jusqu’à 10 % de mortalité • Réforme précoce des animaux atteints et moins-value commerciale (20 à 50 %), frais d’euthanasie, parfois saisie en abattoir • Difficulté de renouveler (jeunes plus sensibles, infertilité des mâles), perte de cheptel souche, dégradation du niveau génétique car réforme précoce et forcée de nom- breuses génisses. Les mesures à prendre Limiter les mouvements (type estive en zone infectée) et les introductions, dans la mesure du possible. Contrôler les introductions (sérologie) pour éviter d’a- cheter la maladie, quel que soit l’âge des animaux : contac- tez votre GDS. Lutter contre les insectes vecteurs : protéger les animaux pendant la période d’activité maximale des taons. Je surveille le troupeau, en cas de doute, je fais réaliser les analyses diagnostic Les premiers symptômes ne sont pas spécifiques donc le diagnostic clinique est difficile surtout en début d’é- volution et lorsque le troupeau était jusque-là indemne. La contamination a lieu souvent lorsque les animaux (allaitants et génisses en particulier) sont au parc donc difficiles à observer. La contamination ne se traduit pas toujours par l’ap- parition de la maladie. Les animaux porteurs et conta- gieux, majoritaires dans les troupeaux infestés, ne peuvent souvent être détectés que par sérologie individuelle. Je découvre la maladie (les premières analyses sont positives)… Je mets en œuvre une stratégie de lutte Contacter immédiatement le vétérinaire, et le GDS du département. Prévenir et se concerter avec les éleveurs voisins. Élaborer une stratégie de lutte propre à mon élevage et à son environnement, en coordination avec mon GDS. J’observe et je pense à la besnoitiose En cas de doute, j’isole immédiatement les animaux suspects et je fais réaliser des prélèvements pour confir- mer le diagnostic avec mon GDS et mon vétérinaire. Pour tout renseignement contacter votre GDS. © GDS

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LE GDS 63 INFORME Il est important de surveiller son troupeau et en cas de doute sur cette maladie enforte progression depuis 2001, il faut réaliser des analyses diagnostic.

La besnoitiose, une maladie émergentequi progresse de manière inquiétante

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ACTU PROFESSIONNELLE L’AUVERGNE AGRICOLE•11JEUDI 23 FÉVRIER 2017

La besnoitiose est une maladie vectorielle émergenteen forte progression en France avec un gradientSud-Nord. Elle atteint de nouvelles zones par l’in-troduction de bovins infestés.

La besnoitiose est due à un parasite microscopique dugroupe des coccidies (Besnoitia Besnoiti) transmis debovin à bovin par des piqûres d’insectes (taons, sto-moxes…) ; on suspecte la possible contamination parles aiguilles.Elle se manifeste pendant la phase d’activité des mouchespiqueuses (de mars à décembre) mais des contaminationsen bâtiment sont possibles (mouches...).

Une forte progression vers le norddepuis 2001Les agents pathogènes peuvent envahir l’ensemble desorganes et former des milliers de petits kystes parasitai-res.

La besnoitiose touche les bovins quelle que soit leur race,et de manière plus importante les jeunes à partir d’unan et les mâles (qui peuvent devenir définitivement sté-riles). Bien que les symptômes puissent n’affecter quequelques individus dans un troupeau, souvent des lotsentiers de génisses sont contaminés.

J’observe et je pense à la besnoitiose La maladie incube pendant au moins une semaine aprèsla contamination par piqûre puis se manifeste en troisphase successives. Repérer les premiers symptômes com-portementaux des animaux et les premiers signes cli-niques est essentiel pour réagir vite (traitement).1- La phase fébrile : 3 à 10 jours• Larmoiement• Jetage (écoulement clair)• Fièvre (40-41 °C)• Animal essoufflé• Peau chaude et douloureuse

• Congestion des muqueuses• L’animal s’isole et ne mange plus• Diagnostic différentiel difficile : FCO, coryza gangré-neux, bronchopneumonie…

2- La phase des œdèmes : 1 à 2 semaines• Température normale• Déplacement dif-ficile• Hypertrophie tes-ticulaire• Œdèmes bienvisibles à la tête età l’extrémité desmembres• Toutes les régionsdu corps peuvent être atteintes.

Diagnostic différentiel en phase aïgueCoryza gangréneux : PCR disponible, taux de mortalitéélevé.FCO : PCR, signes d’intensité moindre.Ehrlichiose granulocytaire (EGB), Lyme: PCR et/ou séro-logies, IFIPhotosensibilisation : pas de jetage ni fièvreGrippe : pas de congestion de la peau, absence d’œdème.

TRAITEMENT DE LA BESNOITIOSESeul un traitement dans les tous premiers jours(phase fébrile) par de fortes doses de sulfamides peutagir.Le bovin traité peut reprendre du poids, vêler norma-lement ou être engraissé pour être commercialisé carla viande est consommable.Attention : traités et guéris en apparence, les animauxrestent porteurs à vie du parasite. Ils constituent unréservoir de contagion pour le troupeau et doiventêtre éliminés.

3- La phase de dépilation et de sclérodermieÀ partir de 6 semaines après le début de la maladie• Apparition de kystes sur la sclère oculaire (blanc del’œil)• Épaississement cutané durable (peau d’éléphant)• Jamais de démangeaison• Crevasses aux articulations (surinfections fréquentes)• Dépilation généralisée• Amaigrissement : non-valeur économique, peut se ter-miner par la mort de l’animal ou l’euthanasie.

Diagnostic différentiel en phase chronique• Autres maladies vectorielles : PCR et/ou sérologies,IFI, pas d’épaississement cutané• Gales : démangeaisons intenses• Carences en zinc : pas ou peu d’épaississement cutanéLocalisation autour des yeux («lunettes»).

Les raisons de se préserver⇨ Pas de vaccin disponible ⇨ Traitement long, contraignant, d’un coût élevé pourdes résultats pas toujours probants.⇨ Les conséquences de la besnoitiose sont variables d’unélevage à l’autre. Elles peuvent être très lourdes sur leplan économique :• Jusqu’à 10 % de mortalité• Réforme précoce des animaux atteints et moins-valuecommerciale (20 à 50 %), frais d’euthanasie, parfoissaisie en abattoir• Difficulté de renouveler (jeunes plus sensibles, infertilitédes mâles), perte de cheptel souche, dégradation duniveau génétique car réforme précoce et forcée de nom-breuses génisses.

Les mesures à prendre⇨ Limiter les mouvements (type estive en zone infectée)et les introductions, dans la mesure du possible.⇨Contrôler les introductions (sérologie) pour éviter d’a-cheter la maladie, quel que soit l’âge des animaux : contac-tez votre GDS.⇨Lutter contre les insectes vecteurs : protéger les animauxpendant la période d’activité maximale des taons.

Je surveille le troupeau, en cas de doute, je faisréaliser les analyses diagnostic⇨Les premiers symptômes ne sont pas spécifiques doncle diagnostic clinique est difficile surtout en début d’é-volution et lorsque le troupeau était jusque-là indemne.⇨ La contamination a lieu souvent lorsque les animaux(allaitants et génisses en particulier) sont au parc doncdifficiles à observer.⇨ La contamination ne se traduit pas toujours par l’ap-parition de la maladie. Les animaux porteurs et conta-gieux, majoritaires dans les troupeaux infestés, ne peuventsouvent être détectés que par sérologie individuelle.

Je découvre la maladie (les premièresanalyses sont positives)…Je mets en œuvre une stratégie de lutte⇨ Contacter immédiatement le vétérinaire, et le GDS dudépartement.⇨ Prévenir et se concerter avec les éleveurs voisins.⇨ Élaborer une stratégie de lutte propre à mon élevageet à son environnement, en coordination avec mon GDS.

J’observe et je pense à la besnoitiose En cas de doute, j’isole immédiatement les animauxsuspects et je fais réaliser des prélèvements pour confir-mer le diagnostic avec mon GDS et mon vétérinaire.

Pour tout renseignement contacter votre GDS.

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