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49 Le façonnage et l’usinage par les Compagnons menuisiers et ébénistes du Devoir Introduction Du gabarit d’usinage au montage d’usinage Le calibrage d’un élément Le calibrage rectiligne Le façonnage L’usinage Le chantournement Le façonnage L’usinage Le délardement Le façonnage L’usinage Le débillardement Le mortaisage Le façonnage Le mortaisage droit Le mortaisage biais L’usinage La mortaiseuse à mèche et la mortaiseuse à bédane carré La mortaiseuse à chaîne La mortaiseuse à bédane simple oscillant La mortaiseuse à bédane triple Le tenonnage Le façonnage Le tenon L’enfourchement L’usinage Le tenon L’enfourchement Les assemblages à queues-d’aronde et à queues droites Le façonnage L’usinage Le façonnage et l’usinage des entures en queue-d’aronde Sommaire L’usinage des assemblages à pièces rapportées Le tourillonnage L’assemblage à lamelles L’assemblage « Domino » L’assemblage à clé en double queue-d’aronde Les assemblages à pièces rapportées métalliques Les coupes rectilignes La coupe plein chant Le façonnage L’usinage La coupe partielle Les coupes d’onglet et biaise partielles à une moulure Les coupes d’onglet et biaise partielles à deux moulures Les croisillons Les coupes curvilignes Le façonnage L’usinage Le profilage Le façonnage L’usinage Le réglage de l’arbre de toupie Le profilage de pièces rectilignes Le profilage de pièces courbes Le profilage arrêté L’entaillage Le façonnage L’entaillage manuel dans le bois massif Le traçage L’évidement L’usinage Conclusion 049-098-Façonnage et usinage_4 16/03/12 17:53 Page49

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Le façonnage et l’usinage

par les Compagnons menuisierset ébénistes du Devoir

Introduction

Du gabarit d’usinage au montaged’usinage

Le calibrage d’un élément

Le calibrage rectiligneLe façonnageL’usinageLe chantournementLe façonnageL’usinageLe délardementLe façonnageL’usinageLe débillardement

Le mortaisage

Le façonnageLe mortaisage droitLe mortaisage biaisL’usinageLa mortaiseuse à mèche et la mortaiseuseà bédane carréLa mortaiseuse à chaîneLa mortaiseuse à bédane simple oscillantLa mortaiseuse à bédane triple

Le tenonnage

Le façonnageLe tenonL’enfourchementL’usinageLe tenonL’enfourchement

Les assemblages à queues-d’arondeet à queues droites

Le façonnageL’usinageLe façonnage et l’usinage des enturesen queue-d’aronde

Sommaire

L’usinage des assemblagesà pièces rapportées

Le tourillonnageL’assemblage à lamellesL’assemblage «Domino»L’assemblage à clé en doublequeue-d’arondeLes assemblages à pièces rapportéesmétalliques

Les coupes rectilignes

La coupe plein chantLe façonnageL’usinageLa coupe partielleLes coupes d’onglet et biaise partiellesà une moulureLes coupes d’onglet et biaise partiellesà deux mouluresLes croisillons

Les coupes curvilignes

Le façonnageL’usinage

Le profilage

Le façonnageL’usinageLe réglage de l’arbre de toupieLe profilage de pièces rectilignesLe profilage de pièces courbesLe profilage arrêté

L’entaillage

Le façonnageL’entaillage manuel dans le bois massifLe traçageL’évidementL’usinage

Conclusion

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1. Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lamécanisation », p. 113.

Introduction

Le façonnage et l’usinage désignentl’ensemble des opérations permettant detransformer une pièce de bois corroyée enun élément d’une forme donnée contri-buant à la fabrication d’un ouvrage, de« tailler » des bouts de bois avant de lesassembler. On a choisi ici de parler systé-matiquement de façonnage pour une exé-cution manuelle et d’usinage pour uneexécution mécanique.

Le façonnage et l’usinage regroupentune très grande diversité de gestes et detechniques qui s’effectuent à des momentsvariés au cours du processus de fabrica-tion et qui font appel à un large éventaild’outils et de machines. Pour présentercette étude, il a fallu ordonner cette diver-sité, dégager des ensembles cohérents. Onparvient, en fonction du type de travailsur la matière et de la finalité de l’opéra-tion, à distinguer cinq grandes catégoriesd’actions : le calibrage ; la réalisationd’assemblages ; l’exécution de coupes ;le profilage, qui comprend la réalisationde moulures ; l’entaillage. Chacune de cescatégories regroupe elle-même des typesd’opération nettement distincts. Ainsi,le calibrage réunit toutes les opérationsdont le but est de donner aux piècesd’un ouvrage leurs dimensions définitives— gainage, chantournement, délardement,débillardement — et les assemblages donton décrit le mode de réalisation se répar-tissent entre les mortaises et les tenons, lesqueues, d’arondes et droites, et les assem-blages à pièces rapportées.

Cette étude recoupe donc de nombreuxthèmes traités ailleurs dans l’Encyclopédiedes Métiers. La menuiserie, ce qui se tra-duit notamment par de multiples renvois àd’autres études. Mais ici la description secantonne au travail de la matière à propre-ment parler sans empiéter sur la descrip-tion du résultat obtenu : c’est par exemplebien le façonnage d’une queue-d’arondequi est décrit, et non la queue-d’arondeelle-même, déjà décrite dans « Les assem-blages », tome 4. C’est pourquoi ne sontprésentés ni le tracé en amont, ni la fini-tion en aval.

Cette étude alterne systématiquementl’exécution manuelle et l’exécution méca-nique des différentes opérations. Le façon-nage regroupe donc toutes les techniquesde menuiserie antérieures à la mécani-sation du métier qui se généralise pro-gressivement à partir du XIXe siècle1. Cestechniques sont encore utilisées parfoisaujourd’hui pour différentes raisons.

L’emploi d’un outil manuel peut se révélerplus efficace lorsque l’opération ne concernequ’une ou quelques pièces. Il peut égale-ment s’avérer incontournable pour le tra-vail de certaines formes trop complexes,trop refouillées pour les outils de coupe desmachines. Enfin, le maniement des outilsmanuels reste, grâce au contact direct avecla matière et à la répétition qu’il exige,une base essentielle de l’apprentissage dumenuisier.

La description de ces techniquesmanuelles est plus complexe que celle desopérations d’usinage. Elle se heurte eneffet au passage délicat d’une transmissiontraditionnellement orale à une explicationécrite, à la difficulté d’analyser, de décom-poser et de transcrire un geste, ainsi quede rendre compte des sensations qui orien-tent le menuisier vers la posture adéquate.Il peut être compliqué de mettre en motsle « coup de main » que seule l’expériencepermet d’acquérir.

Les techniques d’usinage laissent unepart plus importante à un savoir théo-rique plus aisé à transmettre par écrit.Il s’agit de faire connaître et comprendrele fonctionnement des machines, leurscapacités et leurs limites, leurs conditionsde sécurité. Qu’elles soient manuelles oumécaniques, les techniques de transforma-tion d’une pièce en menuiserie sont avanttout soumises aux contraintes des maté-riaux travaillés et des formes désirées.Une attention particulière est par exempleà porter aux fibres du bois massif quigouvernent l’orientation du fil, la den-sité et donc la réaction des outils qui lestranchent.

Au-delà de cette division essentielleentre usinage et façonnage, la complexitédu sujet est renforcée par la multiplicitédes méthodes qui peuvent parfois menerà un même résultat. Ces choix sont leplus souvent orientés par des contraintesdiverses : matériau utilisé ou matériel àdisposition. Mais, si certaines « règlesde l’art » paraissent incontournables, lesmenuisiers, en fonction de leur expérience,de leurs habitudes, de leurs accointancesavec telle ou telle méthode, ne procèdentpas exactement de la même façon pour unmême objectif. Il aurait donc été vain deprétendre présenter l’exhaustivité des tech-niques, des méthodes et de leurs variantes,pour façonner et usiner une pièce de bois.L’objectif de l’étude est, plus modeste-ment, de présenter les différentes possibi-lités qui s’offrent au menuisier et de luipermettre le choix le plus judicieux, guidépar une exigence de précision, d’efficacitéet de sécurité.

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Du gabarit d’usinageau montage d’usinage

Avant même d’aborder les opérationspermettant de mettre en forme les pièces,il a paru judicieux de présenter la tech-nique du gabarit d’usinage. Un gabarit estune pièce découpée servant de patron oude guide pour tracer, usiner, monter oucoller une pièce ou une série de pièces. Legabarit d’usinage détermine la trajectoirede la pièce de bois lors de la passe pourobtenir la forme désirée. Cette techniqueest donc utilisée pour une grande diversitéd’opérations décrites plus loin.

Le matériau employé pour un gabaritd’usinage doit lui permettre de résister àun frottement tel un galet à bille de toupieet ne pas se déformer avec la successiondes pièces. Cela peut être du MDF2 ou dubois aggloméré, contreplaqué ou massif,avec une préférence pour ce dernier car lacolle présente dans les trois premiers maté-riaux désaffûte les lames.

Le menuisier peut réaliser son gabarità l’aide d’une scie à ruban ou d’une sciesauteuse3 afin de chantourner dans debonnes conditions des lignes sinueuses puiscorriger les imperfections au rabot, à larâpe et au papier de verre avec une cale.Si ce gabarit doit présenter un cintresimple (par exemple un arc surbaissé), lemenuisier peut utiliser une défonceuse por-tative munie d’un compas et l’usiner enune seule opération. Enfin, la défonceuse àcommande numérique permet la réalisationaisée des gabarits les plus divers.

Le montage d’usinage permetd’adapter le gabarit d’usinage et la pièce àusiner à la machine choisie (généralementla toupie, quelquefois la scie à format, laraboteuse ou la scie à ruban). Pour conce-voir ce montage d’usinage qui doit main-tenir la pièce afin de l’usiner efficacementet en toute sécurité, le menuisier suit lesrègles de l’isostatisme4 (fig. 1). L’appui de

plan est assuré par le gabarit, les appuislinéiques par deux cales qui évitent le glis-sement de la pièce au contact de l’outil decoupe et l’appui ponctuel par une troi-sième qui en empêche le rejet.

Pour maintenir la pièce de bois contrele gabarit, l’utilisation de la toupie et de lascie circulaire demande l’emploi d’au moinsdeux genouillères5. Ce système d’ablocagepermet un serrage et un desserrage rapidesde la pièce (fig. 2). Par ailleurs, le menui-sier peut fixer des poignées avec des élé-ments de protection à proximité afin queles mains soient à l’abri des projectionsdésagréables, voire dangereuses, de copeauxet d’éclats lors de l’usinage (fig. 3).

L’usinage de petites pièces pose desproblèmes particuliers. À la toupie notam-

2. MDF (MediumDensity Fiberboard)désigne un panneaude fibres de moyennedensité.

3. Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lesoutils », p. 95.

4. Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lamécanisation », p. 159.

5. Une genouillère,appelée également« sauterelle », est unsystème métalliquemuni d’un levierrotatif qui actionne unpresseur.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 1. Les appuis isostatiques d’un montage d’usinage.a. appuis surfaciques ; b. appuis linéiques ; c. appuiponctuel.

Fig. 2. Un système de presseur vertical : la genouillère.

Fig. 3. Un exemple de montage d’usinage pour la toupie,avec des protections pour les mains. a. gabarit ; b. cale ;c. genouillère ; d. protection ; e. poignée.

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6. Voir infra, p. XX.

7. Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lesoutils », p. 50.

ment, il est dangereux de les maintenir etde les pousser avec les mains : le risque derejet est très important. C’est pourquoi unmontage d’usinage spécifique, le serre-pièceDuluc, est utilisé comme poussoir (fig. 4).C’est un ensemble constitué d’une tablequi supporte une poignée actionnant unpanneau au contour en volute dont l’axede rotation est excentré, ce qui permet deserrer la pièce progressivement contre latable et d’une autre poignée qui permet dele maintenir fermement. Lors de l’usinage,le menuisier positionne visuellement lechant de la pièce de telle sorte qu’il affleurele chant de la table offrant ainsi une plusgrande surface d’appui. Ce poussoir Dulucpeut être remplacé par des genouillèresfixées sur un panneau qui fait office detable. Ces dernières servent à presser lapièce sur le panneau.

Lors de certains profilages, commecelui de petits-bois d’une fenêtre, la pièceacquiert une forme qui la rend instable.Le menuisier doit alors fabriquer un mon-tage d’usinage appelé « boîte » qui englobela pièce lors du profilage et la stabilise(fig. 5). Cette boîte se compose d’unepièce de bois d’une longueur légèrementsupérieure à la pièce à usiner afin de pou-voir y fixer une butée qui la pousse pen-dant l’usinage. L’épaisseur de la pièce debois est la même que celle de la pièce àusiner ce qui permet d’y fixer un panneauqui vient recouvrir l’ensemble. Il fautlaisser un jour entre le guide et le panneauafin que ce dernier ne gêne pas l’appui dela pièce contre ce guide.

En définitive, à chaque fois que l’usi-nage d’une pièce d’un ouvrage pose unproblème particulier que l’utilisation nor-male de la machine-outil ne suffit pas àrésoudre, le menuisier s’adapte à la situa-tion en entreprenant la réalisation d’unmontage d’usinage adapté.

Le calibrage d’un élément

Le calibrage consiste à mettre enforme une pièce de bois, à lui donner desdimensions déterminées. En fonction de laforme que doit avoir la pièce, il peut êtrerectiligne ou courbe. On l’effectue à dif-férentes étapes du processus de fabricationd’un ouvrage et il regroupe plusieurs typesd’opérations : le corroyage et le gainage,lorsqu’il est rectiligne, le chantournement,le délardement et le débillardement lorsqu’ilest courbe. Le calibrage peut donc donnerà la pièce sa forme et ses dimensions défi-nitives ou bien permettre d’obtenir la sur-face de référence pour l’étape suivante.

Le calibrage rectiligne

Le calibrage rectiligne consiste àfaçonner ou usiner une pièce par une sériede sciages suivant une droite comme repère.Il inclut donc le gainage qui correspond àun calibrage rectiligne en pente : c’estl’action d’amincir une pièce de bois surune ou plusieurs faces de sorte que l’unedes extrémités soit plus étroite que l’autre.Le gainage peut également concerner despièces cintrées, mais il s’obtient alors pardu chantournement et du débillardement6.

Le façonnage

Pour un calibrage rectiligne manuel,le menuisier utilise une scie à refendre7. Ilpose la pièce sur l’établi, en la laissantdéborder de la largeur qu’il doit enlevermajorée de quelques centimètres, pour per-mettre un maniement aisé de la scie etéviter que la lame ne touche le bord de

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Fig. 5. Exemple d’un montage d’usinage pour profiler unepièce instable : la « boîte ».

Fig. 4. Un système de presseur vertical : le poussoirDuluc.

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l’établi. Il la serre avec force à l’aide d’unou deux valets sous les pattes desquels unecale permet d’éviter les marques et derépartir le serrage sur une plus grandesurface (photo 1). Quand la pièce à cali-brer est insuffisamment large pour êtremaintenue par les valets le long du bordde l’établi, elle est posée légèrement entravers, en porte-à-faux. Il faut, dans cecas, la retourner pour achever le sciage.

Dans tous les cas, la lame doit êtreparfaitement dégauchie : pour s’en assurer,le menuisier porte la scie à bout de bras enplaçant le dos de la lame dans l’axe devision et bornoye. Il corrige le gaucheéventuel en tournant une des poignéesdans le sens adéquat avant de tendre lascie correctement.

Pour travailler, il tient la scie à deuxmains devant lui, la main droite sur la poi-gnée au-dessus de la lame, la gauche sur lesommier, sous le bras de la scie8. Puis il seplace dans la bonne position, au bout de lapièce, bien droit, les jambes légèrementécartées pour une bonne stabilité. Pendantl’opération, la lame doit se situer dans unplan perpendiculaire à la face de la piècesur laquelle est tracée la ligne de calibrage.Il commence le sciage en posant la lame desa scie à l’extrémité de la planche sur letrait. Puis, inclinant légèrement sa scie versl’avant, dans un mouvement continu maissouple, il amorce la coupe par quelquesdescentes de scie auxquelles succèdent descoups plus amples jusqu’à obtenir quelquescentimètres de sciage devant servir deguide à la lame. Progressivement, ilamplifie son geste et en même temps queson corps se penche en avant, comme pourpeser davantage sur la scie au cours dela descente, ses bras fléchis décrivent desmouvements rythmés de haut en bas,en utilisant toute la longueur de la scie.Chaque fois que le menuisier remonte sa

scie, il la ramène légèrement en arrièrepour éviter un frottement inutile des dentssur la matière. Au fur et à mesure que lascie avance dans la matière en suivant letrait, le menuisier s’avance lui aussi le longde l’établi, pour que son corps soit tou-jours bien placé, ni trop près, ni trop loindu travail.

Les malfaçons du sciage peuvent avoirdifférentes origines. Une scie mal affûtéeou mal réglée ne peut donner satisfaction.Une lame insuffisamment tendue, et par làmême trop souple, tend à se coucher et parconséquent à dévier. Il en est de même sielle est mal orientée ou gauche. Le manie-ment de la scie est également important :c’est de lui que dépendent l’améliorationde l’efficacité et la réduction de l’effort. Sile geste est précis et reste dans le plan decoupe, la lame travaille dans de bonnesconditions et produit un bon sciage. Aprèsusage, la scie doit être détendue afind’éviter une déformation des bras et dusommier, puis suspendue verticalement.

L’usinage

Les principales pièces qui nécessitentun calibrage rectiligne mécanique sontcelles obtenues en série à partir de pan-neaux et dont le parement est polygonal.Il peut s’agir par exemple d’étagères, depanneaux de porte ou encore de marchesd’escalier. Le menuisier peut tracer lecontour de chaque pièce l’une après l’autreou confectionner un gabarit9 à partir d’uneépure de l’ouvrage. Pour le calibrage, ilpeut utiliser une scie à format en adaptantun montage d’usinage sur le guide paral-lèle, par exemple un panneau rectangulairepour des marches d’escalier. Ce panneaudoit se situer en avant de la scie, avec lechant dans le plan de coupe de la lame,au-dessus de celle-ci (fig. 6). Il doit égale-ment être légèrement au-dessus de la piècepour éviter que le sciage ne les coince. Lemenuisier fait glisser la partie de la piècequi doit être coupée sous le panneau etaligne le trait de repère du sciage avec lechant du panneau. S’il utilise un gabarit,il le fixe sur la marche et en aligne le bordavec le chant du panneau. Pour plus desécurité, il peut fixer un presseur de type« genouillère » dans les rainures du chariotde la scie à format afin de maintenir laposition de la pièce pendant l’usinage.

Le gainage rectiligne mécanique estun autre type de calibrage rectiligne que lemenuisier est amené à réaliser. Le menui-sier utilise dans un premier temps la scieà ruban ou la scie à format pour dégrossirla masse capable recevant la pièce, puis la

8. Certains menuisierspréfèrent placer lamain gauche à l’extré-mité du bras, plutôtque sur le sommier.

9. Voir infra « Ledébit », p. xxx.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 1. Gainage d’un pied de table à la scie à refendre.Document Compagnons du Devoir.

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10. Le « gras » désignela réserve de matièrequi sera enlevée lors del’usinage.

11. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 51.

12. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 49.

calibre dans un second temps avec unetoupie ou une raboteuse.

Pour dégrossir la masse capable à lascie à format, il doit concevoir un montaged’usinage qui maintient la pièce en biaisafin que le tracé du gainage soit parallèle àl’usinage de l’outil de coupe. Ce montaged’usinage se compose d’un panneau rectan-gulaire dont un chant prend appui contrele guide et l’autre coïncide avec le trait decoupe (fig. 7 a). Des butées sont fixées surle panneau pour positionner la pièce àgainer. On peut également fixer le panneauqui sert de gabarit sur le chariot de la scieà format. Le chariot possédant des rai-nures, il suffit d’y insérer des baguettes debois de la longueur du panneau et de lesvisser à ce dernier (fig. 7 b). Comme dansle montage précédent, des butées sontfixées sur le panneau pour positionner lapièce à gainer. L’ensemble est maintenumanuellement sur le chariot. Les baguettesde bois ne font qu’empêcher le pivotementdu panneau.

Pour dégrossir la masse capable à lascie à ruban, le menuisier trace simplementla pente sur la pièce à usiner et scie gros-sièrement en laissant le « gras »10 néces-saire au calibrage.

Il calibre ensuite la pièce à gainer à latoupie ou à la raboteuse, à chaque fois àl’aide d’un montage d’usinage. Celui utilisépour la raboteuse doit permettre de garderla surface à usiner parallèle à la table de

travail (fig. 8). L’ensemble est mobile,entraîné par les rouleaux de la raboteuse.

Le chantournement

En menuiserie, le chantournement estl’opération qui consiste à découper unepièce de bois en suivant un tracé courbe,en bois de fil comme en bois de travers(fig. 9). Le menuisier choisit l’outil decoupe, manuel ou mécanique, en fonctiondu rayon, de l’épaisseur, de l’essence debois et de la position d’usinage verticale ouhorizontale de la pièce. Excepté dans cer-tains cas particuliers, comme une main-courante d’escalier, le menuisier considèreque la surface la plus large d’une pièce sedéfinit comme une face tandis que cellequi est plus étroite se définit comme unchant. Une face ou un chant ne s’usinentpas de la même façon.

Le chantournement d’un chant estcouramment effectué dans les ateliers demenuiserie, par exemple pour une traversede porte ou de meuble ou lors de la pre-mière étape du calibrage d’un arêtiercourbe. Autrefois, il était réalisé manuelle-ment à la scie à chantourner11 ou à la scieà guichet12, remplacées depuis par des

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Fig. 6. Exemple de montage d’usinage, fixé sur le guideparallèle de la scie à format, pour un gainage.

Fig. 7. Gainage à la scie à format avec un gabarit.a. le gabarit est en appui contre le guide ; b. le gabaritest positionné par rapport à la rainure sur le chariot dela scie.

Fig. 8. Montage d’usinage pour un gainage à la raboteuse.

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machines comme la scie à ruban13 ou desmodèles plus réduits et portatifs comme lascie sauteuse14. Le chantournement d’uneface est nécessaire par exemple lors ducalibrage de pièces courbes telles qu’unetraverse de porte ou de fenêtre cintréeen plan. Autrefois, on le réalisait à l’her-minette ou à la scie à chantourner puisaux rabots ronds et aux rabots-râpes.Aujourd’hui le menuisier fait appel à lascie à ruban, à la scie à format et à latoupie.

Le façonnage

Pour chantourner manuellement unepièce, le menuisier utilise la scie à chan-tourner. Il pose la pièce à plat, en borduredu plateau sur l’établi, et la serre entrele valet et une cale en veillant à la fairedéborder le moins possible de l’établi pouréviter les vibrations pendant le sciage(photo 2). Il faut contrôler que la lame dela scie à chantourner soit bien affûtée etavoyée15 pour que sa trajectoire soit préciseet régulière, sans qu’elle ne coince ou nedévie. Lors d’un sciage sinueux, la largeurde la lame est choisie en fonction du rayonminimal de la courbe tracée sur la pièce debois : plus la courbe est serrée, plus cettelargeur est petite. Le menuisier évite ainsique la lame ne talonne, c’est-à-dire quel’arête du corps de celle-ci ne bute contrele cintre et empêche ainsi de suivre lacourbe. Le sciage se fait d’un geste ample,avec la lame perpendiculaire au parement,légèrement en avant du trait de coupe afinde laisser le gras nécessaire. Certainesformes courbes imposent de modifierl’orientation de la lame et de changer laposition de la pièce au cours du sciage. Lasurface d’usinage pour le chantournementd’une face étant généralement plus grandeque celle pour un chantournement dechant, la voie de la lame doit être plusimportante pour éviter qu’elle ne se coince.

Si le menuisier procède à des chan-tournements intérieurs ne débouchant suraucune des rives, les pièces peuvent êtresoit à plat sur l’établi et serrées par levalet, soit maintenues verticalement dans lapresse d’établi. Quelle que soit la méthodede maintien choisie, le menuisier perce untrou dont le diamètre est supérieur aucorps de la lame dans la partie à découper,près du tracé. Puis, après avoir démonté lalame de sa scie à chantourner, il l’introduitdans le trou, la remonte, en assure la ten-sion et procède au découpage de la partie àenlever à l’intérieur de cette surface. Cetype de chantournement peut être exécutéaussi à l’aide d’une scie à guichet.

Le menuisier enlève les éventuellesirrégularités de sciage en utilisant desrâpes16, des rabots ou une wastringue, dontla diversité des formes et des taillespermet une grande maniabilité (fig. 10).Depuis l’avènement de la mécanisation, lechantournement manuel est devenu excep-tionnel et a laissé la place au chantourne-ment à la scie sauteuse ou à la scie àruban, la scie à format ou bien encore à latoupie.

L’usinage

L’usinage à la scie à rubanActuellement, le chantournement de

chants se réalise le plus fréquemment àla scie à ruban. Suivant la longueur de lapièce, le menuisier veille à ce qu’elle nesoit pas en porte-à-faux par rapport à latable, au départ et en sortie de sciage.Pour stabiliser la pièce, il peut placer uneservante17 à l’entrée et à la sortie de latable de la scie à ruban. Le menuisier

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 2. Chantournement d’une traverse à la scie à chan-tourner. Document Compagnons du Devoir.

13. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 132.

14. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 95.

15. « Avoyer » signifiedonner de la voie à ladenture, c’est-à-diretordre les dents alterna-tivement d’un côté et del’autre de la lame afind’élargir le sillon decoupe pour éviter quele corps ne se coince.

16. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 75.

17. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 30.

Fig. 9. Exemple d’un chantournement d’une traverse. Ilnécessite un cheminement en plusieurs étapes.

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18. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 3,« L e s é l é m e n t scourbes », p. 239.

19. Les traces d’usi-nage sont des ondula-tions laissées par lesarêtes tranchantes del’outil de coupe.

contrôle la sinuosité du tracé afin derepérer le rayon le plus faible et de choisirune largeur de la lame adaptée. S’il ne pos-sède pas de lame appropriée à la sinuositédu tracé, il peut dégager la courbe progres-sivement grâce à des sciages à intervallesréguliers : la partie à évider tombe ainsimorceau après morceau sans que la lamene se coince. À la jonction de deux courbesqui se raccordent entre elles en pointe, unperçage d’un diamètre supérieur à la lar-geur de la lame permet à celle-ci depivoter plus facilement (fig. 11 a). Il peutaussi dégager la courbe en conduisant dessciages successifs du tracé vers l’extérieurde la pièce (fig. 11 b).

Dans le cas d’un élément courbe18, parexemple un limon, le menuisier effectue unchantournement de faces. Le sciage de lascie à ruban suit le calibre rallongé enétant parallèle aux lignes de rappel ver-ticales qui relient les lignes de chantour-nement tracées sur les chants de la massecapable, ce qui implique de suréleverla pièce à usiner (fig. 12). À l’usinage,la pièce étant placée verticalement sur latable de travail, sa stabilité est permisepar des tasseaux de soutien ou une équerrede maintien. Ainsi, cet usinage à la scie àruban se limite à une hauteur de passeconfinée entre la table et les carters deprotection, ce qui restreint donc la lon-gueur des pièces de bois.

Dans la mesure du possible, il convientd’éviter de reculer la pièce : elle risqued’accrocher la lame susceptible alors dequitter les volants et de sauter. Brute desciage, la surface est soumise à une opéra-tion de finition manuelle ou mécanique quipermet de reprendre les traces d’usinage19

et les éventuels défauts de sciage.

L’usinage à la scie circulaire à formatLa scie circulaire à format est utilisée

principalement pour des chantournements

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Fig. 10. Rectification des irrégularités de sciage. a. à larâpe ; b. à la wastringue.

Fig. 12. Chantournement à la scie à ruban d’une face d’unlimon courbe.

Fig. 11. Chantournement à la scie à ruban de chants auxcourbes serrées. a. à l’endroit du raccord en pointe de deuxcourbes, perçage permettant de faire pivoter la lame ;b. chantournement par passes successives.

a

b

a

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de face, par exemple pour l’évidementd’une face concave d’un panneau de portecintré en plan ou d’un noyau d’escalier.Dans le cas où les faces concaves despièces de bois présentent un évidementimportant, le menuisier peut dans un pre-mier temps les dégrossir, par exemple àla toupie en réalisant une succession depasses avec un outil à feuillure. Ensuite, iladapte la circonférence de la lame de lascie à format à la face concave avec unusinage de travers pour y reproduire laforme circulaire de la lame. Cependant, ilest rare de trouver dans un atelier le dia-mètre d’une lame de scie à format qui cor-responde à celui du cintre de la pièce debois à usiner. Mais, en prenant une lamecirculaire dont le diamètre est supérieur àcelui du cintre de l’évidement et en trou-vant l’angle d’orientation adéquat par rap-port à la surface de coupe de l’outil, lemenuisier peut usiner la face concave, parmontées successives de la lame.

Lorsque la face concave est« confinée » dans un petit diamètre, lemenuisier commence par tracer la sectionde la pièce à usiner pour faire apparaîtrela face concave et ainsi obtenir la corde etla flèche du cintre (fig. 13 a). La flèchedépend de la hauteur de la lame. La cordes’obtient en jouant sur l’angle d’attaque

de la lame de scie circulaire par rapportà la surface de la pièce de bois. Pourdéterminer cet angle, le menuisier conçoit,à partir du tracé de la section, un cadrearticulé composé de quatre tasseaux quiforment un parallélogramme (fig. 13 b).L’écartement entre les deux grands côtésdu parallélogramme est déterminé par lalongueur de la corde du cintre que l’oncherche à obtenir. Il faut ensuite orienterce cadre sur la table de façon à ce que lalame soit en contact avec ces deux grandscôtés (fig. 13 c). La position du cadredétermine alors l’angle d’attaque appro-prié. Il ne reste plus qu’à fixer deux règlesdroites et parallèles de chaque côté ducadre articulé.

Si la concavité correspond à un plusgrand diamètre, l’utilisation d’une scie àformat avec une lame inclinable s’impose(fig. 14). Les paramètres de réglage sontles mêmes que pour une face concave àpetit diamètre, mais la procédure est

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 13. Évidement d’une petite surface concave à la sciecirculaire à format. a. section de la pièce à usiner ;b. application de la règle sur la pièce pour déterminer lalargeur de l’évidemment dont dépend l’angle d’attaque de lalame ; c. présentation de la règle sur la scie à format : lesgrands côtés du parallélogramme déterminé doivent être encontact avec la lame.

a

b

c

Fig. 14. Évidement d’une grande surface concave à lascie circulaire à format à lame inclinable. a. section de lapièce à usiner ; b. présentation de la règle sur la scie àformat ; c. inclinaison de la lame pour obtenir la hauteurde l’évidement.

a

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inversée. Le menuisier commence partrouver la largeur de l’évidement cintrépuis la reporte sur la table à l’aide ducadre articulé (fig. 14 a et b). Celui-ciétant posé perpendiculairement à la lame,le menuisier remonte progressivement cettedernière jusqu’à ce qu’elle touche l’arêteintérieure du cadre (fig. 14 c). Deux règlesdroites sont placées de part et d’autre dece cadre. Ensuite, la lame est inclinéejusqu’à ce qu’elle atteigne la flèche désiréede l’évidement cintré. Lors de l’usinage, lapièce est amenée dans le sens opposé àl’inclinaison de la lame, afin d’éviter que lapièce ne se soulève.

Pour l’usinage d’une face convexe, lemenuisier réalise un montage d’usinage,conçu pour un chariotage latéral de lapièce (photo 3). Le principe consiste àvisser un panneau sur des baguettes debois insérées dans les rainures du chariotde la scie à format. Deux autres panneauxsont fixés verticalement sur le premier desorte qu’ils soient perpendiculaires à lalame. Ils reçoivent une tige métalliquequi sert d’axe de rotation pour la pièce àusiner l’ensemble étant actionné manuelle-ment. Si la rotation doit être bloquée pourmaintenir la pièce dans une position pré-cise, le menuisier perce l’un des panneauxverticaux ainsi que l’extrémité de la piècepour y insérer une tige en métal ou en boisqui permet ce maintien. Ce montage d’usi-nage permet au tranchant de la lame dela scie à format de rester tangent à la cir-conférence de la pièce de bois convexe àusiner. Le menuisier doit d’abord dégrossirla masse capable en déplaçant le montaged’usinage longitudinalement et en l’incli-nant à chaque passage d’une dizaine dedegrés, pour obtenir une surface convexeavec une multitude de facettes d’environcinq centimètres de large. Il poursuit l’usi-

nage par une rotation de la pièce à usinerdepuis son extrémité avant, il descend lalame jusqu’au niveau de l’axe de rotationde la pièce à usiner afin que le tranchantdes dents de la lame usine un maximum desurface. Le montage d’usinage avance dequelques centimètres puis le menuisiertourne doucement la pièce à usiner jusqu’àeffectuer la totalité de la surface convexeentreprise et réitère les mêmes opérations.Il est nécessaire de bien dégrossir la massecapable, pour ne pas risquer que le corpsde la lame ne talonne.

Le chantournement à la scie à formatest moins rapide qu’à la scie à ruban, maisil n’est pas limité par la longueur des pièceset donne un résultat relativement propre.

L’usinage à la toupiePour chantourner une face concave, la

toupie doit être équipée d’un arbre incli-nable afin que l’outil de coupe laisse appa-raître une surface d’usinage (fig. 15 a).Cet outil de coupe doit avoir des araseursen tête d’outil. C’est par exemple le cas del’outil à feuillure (fig. 15 b). En raison desdimensions de l’outil de coupe, on ne peutréaliser en une seule passe que des petitesfaces concaves. Il faut en effet que le dia-mètre de l’outil de coupe soit supérieur àla corde du cintre de la pièce à usiner maisinférieur à son diamètre. Le menuisier doittracer la section de la pièce à usiner pourobtenir la longueur de la corde du cintreet la hauteur de flèche de la face concave(fig. 15 c). La tête de l’outil affleurant latable de travail, le menuisier, en fonctiondu diamètre de l’outil de coupe, inclinel’arbre de toupie pour obtenir la hauteurde flèche de la face concave et faire coïn-cider la corde du cintre avec la zone d’usi-nage de l’outil de coupe (fig. 15 d). Puis ilfixe sur la table un tasseau de chaque cotéde la pièce pour la guider lors de l’usinage.

Pour l’usinage d’une grande faceconcave, les bases du réglage de l’outilsont les mêmes que pour une petite faceconcave. Simplement, il se réalise en deuxétapes. Le menuisier incline la pièce debois et fait reposer un côté sur un tasseauafin que l’outil de coupe ne puisse usinerqu’une moitié du cintre, puis il retourne lapièce pour usiner l’autre côté (fig. 16 a).Pour trouver l’épaisseur du tasseau, il estpréférable de tracer la section du cintre dela pièce afin de visualiser le positionne-ment de celle-ci sur la table et de séparerle cintre en deux parties égales dont il fautchercher les flèches et les cordes. Le tas-seau doit soutenir la pièce inclinée de sorteque la corde du premier cintre soit deniveau (fig. 16 b). Lors de l’usinage d’une

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Photo 3. Montage d’usinage permettant le calibraged’un pilastre cylindrique à la scie à format. DocumentCompagnons du Devoir.

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face concave avec une flèche importante etune longueur de corde supérieure au dia-mètre de l’outil de coupe, le menuisier doitaccentuer l’inclinaison de l’outil de coupe.Ces procédés sont utilisés principalementpour des pièces de grande longueur.

Pour chantourner une face convexe àla toupie, un montage d’usinage s’impose.Il s’apparente à celui réalisé pour la sciecirculaire. Le montage d’usinage à la toupieest mobile et vient se poser sur la table detravail (fig. 17). Il est aussi renforcé surles côtés par des traverses. Le berceau estconçu afin que l’outil de coupe travaille la

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 15. Évidement d’une petite surface concave à la toupieavec un arbre inclinable. a. vue en perspective ; b. outil decoupe utilisé ; c. tracé pour trouver la hauteur d’usinage(h) en fonction de la flèche désirée (f) ; d. tracé pourobtenir l’inclinaison de l’arbre de toupie par rotation surson axe (r).

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a

b

c

d

Fig. 16. Évidement d’une grande surface concave à latoupie avec un arbre inclinable. a. vue en perspective ;b. tracé pour obtenir l’inclinaison de la pièce et donc lahauteur du tasseau (h).

Fig. 17. Chantournement d’une face convexe à la toupieavec un berceau.

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20. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 3,« Les arêtiers cintrés »,p. 164.

21. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 3,« L e s é l é m e n t scourbes », p. 252.

pièce à usiner par en dessous en toutesécurité. Par conséquent, les panneaux quisupportent cette pièce doivent comporterun évidement pour le passage de l’outilde coupe. Deux tasseaux sont fixés sur latable de la toupie de chaque côté du ber-ceau afin qu’il garde une trajectoire régu-lière face à l’outil de coupe. La pièce estpréalablement dégrossie à la scie circulaireà format (fig. 18 a) ou à la dégauchisseuse(fig. 18 b), puis reprise avec le berceau enl’inclinant sur l’outil de coupe afin desupprimer les facettes et d’effectuer une« mise au rond ». L’outil de coupe utilisédoit posséder des araseurs en partie supé-rieure, et être posé en bout d’arbre detoupie pour ne pas que ce dernier ou leboulon de fixation de la fraise ne gêne lepassage de la pièce. La toupie donne àpeu près le même résultat que la scie cir-culaire, avec toutefois une finition un peuplus soignée.

Le délardement

Le délardement consiste à abattre lesarêtes d’une pièce de bois chantournée etdonc établir des chanfreins pour obtenirles faces de l’ouvrage. Ce terme, issu duvocabulaire des charpentiers, est utilisé parles menuisiers essentiellement lorsqu’ilsfaçonnent des arêtiers cintrés20. L’anglede l’arêtier que constituent deux surfacesdélardées sert à définir l’orientation descôtés d’un ouvrage. Pour parvenir à dé-larder une face, le menuisier doit reportersur la pièce courbe chantournée obtenuepar un chantournement des faces et deschants, les lignes de délardement acquiseslors du traçage de l’épure, en utilisant lesgénératrices de la face de l’ouvrage.

Le façonnage

Le délardement manuel s’effectue àla scie à chantourner en suivant les lignesde délardement, par un sciage qui doitsuivre les génératrices des faces. Au fur età mesure que le sciage progresse, le menui-sier est amené à changer la position dela pièce sur l’établi afin d’avoir l’aisancenécessaire pour un travail précis et efficace.À défaut de scie à chantourner, le menui-sier peut utiliser toutes sortes d’outils telsque le rabot électrique, la wastringue ouencore le rabot-râpe.

L’usinage

Contrairement au chantournementmécanique d’une face ou d’un chant,durant lequel la masse capable ou deséquerres de soutien procurent à la pièceune surface ou un appui toujours droit etstable, le délardement mécanique impliquele déplacement de la pièce sur une surfaceou des appuis courbes et instables, ce quicomplique sensiblement le travail. Unesolution consiste à utiliser une scie à rubanen confectionnant un montage d’usinagecapable de maintenir la pièce dans uneposition où la lame est constamment paral-lèle aux génératrices de la face.

Le débillardement

Le débillardement21 est l’opérationqui consiste à découper les chants ou lesfaces courbes d’une pièce de bois pourobtenir une surface gauche. Qu’il s’agissed’un chant ou d’une face, la technique estla même. Le menuisier est plus souventconfronté au débillardement d’un chant,notamment sur un arêtier cintré ou pluscouramment sur un limon courbe. Dans lecas d’un arêtier cintré, le menuisier doitreporter sur les faces incurvées, obtenuespar un chantournement de faces suivid’un délardement des faces, les lignes dedébillardement acquises lors du traçage del’épure, en utilisant les génératrices de laface de l’ouvrage.

Un débillardement manuel s’effectue àla scie à chantourner. La lame doit suivreles lignes de débillardement en restantparallèle aux génératrices des chants quirelient perpendiculairement les génératricesdu parement et du contreparement. Lemenuisier tient compte de la particularitéde ces génératrices qui sont, pour unvolume générateur cylindrique, de niveauet rayonnantes par rapport à l’axe, etpour un volume générateur sphérique, uni-quement rayonnantes par rapport au point

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Fig. 18. Dégrossissage de la face convexe avant chantour-nement. a. à la scie à format ; b. à la dégauchisseuse.

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de centre22. Il peut, au cours du sciage,changer la position de la pièce sur l’établiafin de pouvoir visualiser constammentla trajectoire de la lame. Comme pourle délardement, à défaut de scie à chan-tourner, le menuisier peut utiliser toutessortes d’outils tels que le rabot électrique,la wastringue, le rabot-râpe ou éventuelle-ment la défonceuse.

Pour un débillardement23 mécanique,le menuisier peut confectionner un mon-tage d’usinage mais celui-ci étant complexe,il préfèrera le plus souvent le débillarde-ment manuel.

Le mortaisage

Le mortaisage consiste à réaliser unemortaise24, c’est-à-dire l’évidement desection généralement rectangulaire danslequel se loge le tenon. La mortaise, partiefemelle, et le tenon, partie mâle, sont,parmi les moyens d’assemblages tradition-nels, les plus utilisés. En règle générale, lalargeur de la mortaise correspond au tiersde l’épaisseur de la pièce de bois. On ditque le menuisier « tierce l’assemblage »(fig. 19). La longueur de la mortaise estdéterminée par la largeur du tenon, quidoit forcer légèrement.

Le façonnage

Pour réaliser manuellement une mor-taise, le menuisier utilise un bédane. Ilrepère d’abord à l’aide du trusquin la lon-gueur de la mortaise par deux traits. Puis,il pose la pièce de bois sur une cale mar-tyre légèrement en biais par rapport auchant du plateau de l’établi, serrée à l’aided’un valet25 et de sa cale. La forme de lacale martyre peut changer en fonction decelle de la pièce de bois à façonner. Lapièce doit se situer le plus à l’aplomb

possible par rapport au piétement droit :l’efficacité des coups de maillet portés surle bédane est ainsi optimale car une grandepartie des vibrations provoquées par lespercussions est absorbée par le sol. Ensuite,le menuisier se place dans l’alignement dela pièce de bois, devant l’établi, la jambegauche en avant (s’il est droitier) pour unemeilleure stabilité. Le menuisier réalisedeux types de mortaisages, droit ou biais,en fonction de l’angle d’assemblage entreles deux pièces.

Le mortaisage droit

Pour réaliser une mortaise droite, lemenuisier place le tranchant du bédaneentre les deux traits de trusquin qui déter-minent la longueur de la mortaise, àenviron deux millimètres devant l’about26,afin d’éviter de « mater27 » (fig. 20 a). Ildonne alors un premier coup de mailletsur le bédane légèrement incliné vers luipour amorcer l’entaille. Puis il le retire etle déplace vers l’avant de quelques milli-mètres en l’inclinant. Il donne alors unsecond coup de maillet sur le bédane à laverticale, dans la direction de l’amorce del’entaille, puis un troisième, avec le bédaneincliné, pour expulser un premier copeau debois. Il répète ces gestes jusqu’à atteindre,par une pente dont l’inclinaison correspondà peu près à l’angle de coupe du bédane, laprofondeur de mortaise désirée.

Ensuite, il tourne le bédane pourplacer le biseau face à lui (fig. 20 b). Il ledécale légèrement du fond de la partiebiaise, et donne un coup de maillet. Avecun léger mouvement vers l’avant dubédane, il expulse un copeau. On répètecette action d’un about à l’autre de lamortaise, par tranches successives de 2 à4 mm suivant la dureté du bois. À chaqueextrémité de la mortaise, le menuisiergarde la réserve délimitée par le premiercoup de bédane. Il termine en équarris-sant les abouts par un coup de bédaned’aplomb. Pour une mortaise débouchante,la pièce de bois est retournée pour y répéterles mêmes opérations (fig. 20 c).

Le mortaisage biais

Une mortaise destinée à recevoir untenon d’une pièce cintrée ou biaise exige unmortaisage biais. La mortaise se présentegénéralement sous la forme d’un aboutdroit qui sert de repos au tenon de la tra-verse et d’un about en biais qui correspondau prolongement de l’inclinaison de cemême tenon. Le menuisier procède exacte-ment de la même manière que pour une

22. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 3,« L e s é l é m e n t scourbes », p. 298.

23. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 3,« L e s é l é m e n t scourbes », p. 276.

24. Pour une visioncomplète des différentstypes de mortaise, voirl’Encyclopédie desMétiers. La menui-serie, tome 4, « Lesassemblages », p. 216à 223.

25. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 29.

26. Les abouts d’unemortaise correspondentaux arêtes des facesperpendiculaires auxjoues.

27. Mater, c’est écraserl’arête.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 19. Une mortaise. a. longueur ; b. largeur ; c. profon-deur ; d. about ; e. fond ; f. joue.

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mortaise droite si ce n’est qu’il laisse unemarge plus importante et qu’au momentd’équarrir les abouts, il oriente son outildans la direction déterminée par un traitpréalablement tiré sur le parement de lapièce (fig. 21). Un œil exercé aligne sansdifficulté l’outil par rapport à ce trait. Ilfaut sinon poser à chant une branche demètre sur les abouts de la mortaise et véri-fier que son inclinaison coïncide avec letrait sur le parement.

L’usinage

Au cours du XXe siècle, différentesmachines, toutes appelées « mortaiseuse »,ont été successivement inventées pourtenter de reproduire la forme d’une mor-taise façonnée à la main. Chacune de cesmachines, en fonction de son outil decoupe, produit des mortaises de forme par-ticulière : abouts arrondis ou équarris,fond arrondi, ondulé ou plat. Les plus

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Fig. 20. Les étapes de l’exécution manuelle d’une mortaise. Pour plus de clarté, le premier tiers de la largeur de la piècetravaillée n’est pas représenté. a. détermination de la profondeur ; b. évidement ; c. façonnage d’une mortaise débouchante.

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couramment utilisées actuellement sont lamortaiseuse à mèche ou à bédane carré, lamortaiseuse à chaîne, la mortaiseuse àbédane simple et la mortaiseuse à bédanetriple. On peut également se servir d’unedéfonceuse à commande numérique.

En fonction des machines, l’usinageest vertical ou horizontal. Si le positionne-ment des pièces de bois diffère, l’aspectfinal reste le même. Toutes ces machines,sauf la défonceuse numérique, ont encommun un bloc-moteur sur lequel est fixél’outil de coupe, et une table de travail surlaquelle repose la pièce à façonner. Lesmachines dont l’usinage est vertical (lamortaiseuse à chaîne et la mortaiseuse àbédane simple) se composent d’une tablefixe munie d’un guide amovible de posi-tionnement. Sur celles-ci, c’est le bloc-moteur et l’outil de coupe qui se déplacentpour usiner la mortaise. Les machines dontl’usinage est horizontal (les mortaiseusesà mèche, à chaîne, à bédane simple ou àbédane triple) n’exécutent que des mor-taises droites. Elles possèdent un bloc-moteur fixe, une table mobile et un guideégalement mobile mais qui ne se déplaceque latéralement. Ce dernier est séparé endeux éléments laissant un intervalle, lalumière, pour le passage de l’outil. EllesSur certaines mortaiseuses à mèche et surcertaines mortaiseuses à chaîne, c’est lebloc-moteur qui se déplace tandis que latable reste fixe.

La mortaiseuse à chaîne et la mortai-seuse à bédane simple, à usinage vertical,se caractérisent par une action de leur

outil de coupe sur le bois qui engendre deséclats. C’est pourquoi elles sont équipéesd’un pare-éclats. Il est constitué par unemasse de bois dur fixée sur un supportmétallique qui suit le mouvement du porte-outil jusqu’au contact de la pièce de boisqu’il comprime au plus près de l’about dela mortaise (fig. 22). Sur les autres mor-taiseuses, à usinage horizontal, c’est leguide qui fait office de pare-éclat.

Les mortaises biaises sont réaliséesavec des mortaiseuses à usinage vertical.Il faut prendre en compte la longueurde l’outil de coupe et l’inclinaison de lapièce. Ensuite, lorsque le menuisier a prisconnaissance des caractéristiques de la mor-taise à usiner, il place en général le pare-ment de la pièce de bois sur la table et lechant contre le guide. Il l’immobilise grâceau presseur dont la force est répartie surune surface supérieure à celle de l’usinagegrâce à une cale en bois dur plus longueque la mortaise. Le menuisier règle le posi-tionnement de l’outil. Il délimite la mor-taise en usinant les abouts. Puis il travailledans le sens opposé à celui de la rotationde l’outil de coupe afin d’orienter lescopeaux dans l’évidement réalisé aupara-vant. Chaque type de mortaiseuse produitdes mortaises caractéristiques.

La mortaiseuse à mèche et la mortaiseuseà bédane carré

La mortaiseuse à mèche28 réalise desmortaises aux abouts arrondis et à fondplat grâce à la rotation d’une mèche dontle diamètre détermine l’épaisseur de l’évi-dement. Pour ce type de mortaiseuse,l’outil travaille en général horizontale-

28. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 149.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 22. Positionnement d’un pare-éclat pour une mortai-seuse à chaîne.

Fig. 21. Alignement du bédane avec l’about biais.

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ment. Il existe plusieurs types de mèches.La mèche hélicoïdale (fig. 23 a) est unemèche à profil constant qui réalise desmortaises par perçage de trous successifspuis par chariotage afin d’évider le surplusde matière entre ces trous (fig. 24). Lamèche à cuillère est une mèche droite àprofil constant qui a des entailles, appelées« brise-copeaux » (fig. 23 b). Elle s’utilisecomme la mèche hélicoïdale mais permetd’obtenir un résultat plus soigné. La mècheà charioter est une mèche droite dont les

arêtes tranchantes donnent un état de sur-face plus satisfaisant que les deux précé-dentes (fig. 23 c). La mèche oscillante estune mèche droite possédant deux araseursfacilitant la pénétration dans la matière ;elle est principalement utilisée dans lamenuiserie en chaise (fig. 23 d).

Le positionnement vertical de l’outilde coupe se règle par rapport au niveau dela table, de préférence en montant, afind’éviter un éventuel jeu mécanique dans lepas de vis provoquant des vibrations lorsde la mise sous tension de la machine. Lediamètre de la mèche doit correspondre àl’espacement entre les deux traits de trus-quin qui délimitent la mortaise. Le réglagehorizontal peut prendre pour référence leniveau de la table ou du bloc-moteur. Unebutée définit la profondeur. Sous la table,deux butées latérales déterminent la lon-gueur de la mortaise.

Deux Américains, Robert et RalfGreenlee, tonneliers de métier, invententen 1874 une mortaiseuse à usinage verticaldont l’outil de coupe est composé d’unbédane creux dans lequel ils ont inséré unemèche hélicoïdale sans pointe de centrage(fig. 25). Cette mèche est dotée de deuxarêtes tranchantes. Elle est animée d’unmouvement de rotation à l’intérieur dubédane qui, lui, est fixe. Son affûtage spé-cifique canalise les copeaux vers l’intérieur,et une lumière latérale permet de les éva-

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Fig. 23. Les différents types de mèches utilisées avec unemortaiseuse à mèche. a. mèche hélicoïdale ; b. mèche àcuillère ; c. mèche à charioter ; d. mèche oscillante.

Fig. 24. Mortaisage par perçage de trous successifs puischariotage.

Fig. 25. Le bédane creux et sa mèche hélicoïdale.

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cuer. La dimension du bédane déterminela largeur de la mortaise. Les réglages depositionnement se font de la même façonque sur la mortaiseuse à mèche. Cettemachine donne un bon état de surface,mais l’usinage reste délicat et relativementlent.

La mortaiseuse à chaîne

La mortaiseuse à chaîne29 réalise desmortaises aux abouts équarris et dont lefond est arrondi dans les angles (fig. 26).L’utilisation de cette mortaiseuse imposedonc de moucher les angles du tenon. À lasortie de la mortaise, dans le sens de laremontée de la chaîne, la coupe est perpen-diculaire aux fibres du bois qui ont donctendance à être arrachées et projetées. C’estpourquoi cette machine est équipée d’unpare-éclat mobile, qui suit le mouvementdu guide-barre. Ce dernier comporte àl’extrémité de son corps un roulement dontle diamètre dépend de l’épaisseur de lachaîne.

Contrairement à la mortaiseuse àmèche, le bloc-moteur de la mortaiseuseà chaîne est généralement mobile. Il sedéplace latéralement et permet ainsi l’usi-nage de la mortaise dans le sens de sa lon-gueur, à condition bien sûr qu’elle soitsupérieure à la largeur de l’outil de coupe.Il se déplace aussi transversalement ce quipermet de positionner la chaîne entre lesdeux traits de trusquin. Il se déplace enfinverticalement permettant ainsi de déter-miner la profondeur de la mortaise.L’ampleur de ce mouvement vertical estlimitée par une butée de fin de course,mais la table, réglable en hauteur, permetde s’adapter aux pièces imposantes. Pourréaliser une mortaise débouchante, le

menuisier usine la première moitié de lamortaise puis retourne la pièce et répèteles mêmes opérations.

La mortaiseuse à bédane simple oscillant

La mortaiseuse à bédane simple oscil-lant30 réalise des mortaises équarries à fondondulé. Elle nécessite elle aussi l’utilisationd’un pare-éclat. Le réglage de l’outil decoupe, qui joue sur l’équilibre de massesexcentriques par rapport à l’axe du porte-outil, est assez complexe et diffère selon lesconstructeurs. Ces derniers fournissent untableau de correspondances entre les lon-gueurs standardisées de mortaises et laposition à donner aux masses. C’est la com-binaison de l’oscillation du bédane et deson mouvement elliptique qui façonne lamortaise (fig. 27). Cette mortaiseuse peutréaliser en une seule passe, et avec ungrand soin, des mortaises doubles ou plu-sieurs mortaises avec ou sans épaulement.

La mortaiseuse à bédane triple

La mortaiseuse à bédane triple31,appelée aussi « mortaiseuse à trois cou-teaux », résout quasiment tous les pro-blèmes rencontrés avec les machinesprécédentes. Elle réalise des mortaises àbords équarris dont le fond est quasimentplat et dont la forme peut être rectangu-laire, trapézoïdale ou parallélépipédique(fig. 28). Le pointage et le mode de fonc-

29. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2« La mécanisation »,p. 149.

30. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 149.

31. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 149.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 27. Mortaisage à la mortaiseuse à bédane oscillant.

Fig. 26. Mortaisage à la mortaiseuse à chaîne.

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32. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les assemblages »,p. 212.

33. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 51.

34. Voir « L’établisse-ment », p. xxx.

35. Le pouce sertd’appui à la lame pourla guider vers la partiedu tenon à éjecter.

tionnement ainsi que le bâti peuvents’apparenter à ceux de la mortaiseuse àmèche. Cette mortaiseuse possède deuxcouteaux latéraux et un bédane central.Les couteaux latéraux, dont l’écartementse règle manuellement, déterminent la lon-gueur de la mortaise et en équarrissent lesabouts. Cette dernière action supprime leséclats, pendant que le bédane central évidele milieu de la mortaise par un mouvementhélicoïdal (fig. 29). L’amplitude d’oscilla-tion de ce bédane se règle en fonction del’écartement des couteaux. Ce systèmeimplique de posséder des jeux d’outils quicorrespondent aux profondeurs de mortaisesouhaitées.

Le tenonnage

Le tenon est la partie mâle qui vientse loger dans la mortaise (fig. 30). Sesdimensions dépendent donc de celles dela mortaise. Pour un ajustement optimal,l’épaisseur du tenon doit être légèrementinférieure à la largeur de la mortaise afinde laisser la place à la colle et sa longueurlégèrement inférieure à la profondeur dela mortaise afin de prévenir d’éventuellesirrégularités au fond de la mortaise et de

tenir compte de l’épaisseur de la colle encas de collage. En revanche, le tenon doitlégèrement forcer dans le sens de la largeurqui peut être soumis au retrait du boispuisqu’il s’agit de travers fil.

Le principe du tenon et de la mortaiseest celui de tous les assemblages regroupéssous le terme d’« enfourchement32 ». Cesmodes de liaison sont très courants enmenuiserie, par exemple pour l’assemblaged’un montant et d’une traverse dormantede porte ou de fenêtre. Leur réalisations’apparente à du tenonnage.

Le façonnage

Le tenon

Pour réaliser manuellement un tenon,le menuisier utilise une scie à tenonner33.Lorsque l’établissement34 est terminé, iltrace les arasements du tenon sur leschants puis sur les faces. Ensuite, aidé dutrusquin, le menuisier repère l’about qu’ilprolonge sur les chants jusqu’à l’arasement.La pièce de bois est alors placée verticale-ment dans la presse avec une partie quidépasse suffisante pour scier avec aisancemais assez limitée pour ne pas occasionnerde vibrations.

Le menuisier se place à côté de lapresse, le long de l’établi. Il pose le pouce35

gauche (s’il est droitier) sur l’about dutenon à côté du trait de trusquin dési-gnant la joue droite, et tient la scie àtenonner de la main droite, de façon à

66

Fig. 28. Les différentes possibilités d’un mortaisage à lamortaiseuse à bédane triple. a. mortaise rectangulaire ;b. mortaises trapézoïdales ; c. mortaise parallélépipédique.

Fig. 29. Mortaisage à la mortaiseuse à bédane triple.

Fig. 30. Un tenon. a. largeur ; b. épaisseur ; c. longueur ;d. arasement ; e. about ; f. joue.

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avoir constamment en vue le trait à scier.Il amorce le sciage par petits coups rapidesen allongeant progressivement son gestesur quelques millimètres de profondeur defaçon à ne plus voir les dents et ainsi àengager la voie de la scie dans la pièce debois (fig. 31 a). Le menuisier desserrelégèrement la presse, incline la traversevers l’avant, à 45o environ. Puis, il entamela descente d’un geste ample et en suivantdes yeux le trait trusquiné sur le chant dela pièce de bois face à lui, en inclinant pro-gressivement la scie à tenonner depuis lasurface de référence vers le trait d’arase-ment, afin de « tomber » la premièremoitié de la joue (fig. 31 b). Le menuisiertourne sa pièce de bois, la place toujoursverticalement, et procède alors de la mêmefaçon, si ce n’est que la partie de la jouedéjà découverte sert maintenant de réfé-rence (fig. 31 c). La descente se fait paral-lèlement à l’arasement. Le trait de trusquinn’est plus visible, mais la lame bénéficiedésormais d’une surface d’appui assezgrande pour être correctement guidée. Lapremière joue terminée, le menuisier réitèreles mêmes opérations sur la joue gauche.

Enfin, le menuisier scie les arase-ments. Il peut auparavant poser la piècede bois sur la cale martyre et serrer le toutavec le valet et sa cale. De cette manière,il surélève sa pièce et évite de scier l’arrêtedu plateau de l’établi. À l’aide de la scie àaraser, il amorce le sciage sur une arêtepuis descend progressivement, guidé par letrait du parement et du chant (fig. 32).Pour un tenonnage biais, il faut seulementprendre en compte l’inclinaison de l’arase-ment en fonction des traits trusquinés surles chants de la pièce de bois.

L’enfourchement

L’enfourchement classique est unassemblage à tenon et mortaise débou-chante, avec un seul about, en bout dedeux pièces de bois. Son exécution relèveà la fois du tenonnage et du mortaisagedans la mesure où elle nécessite la scie etle bédane. Le tracé est le même que celuidu tenon. Il convient simplement de biendéfinir les parties à supprimer, dans les-quelles doit constamment se trouver letrait de scie. La partie femelle, bien quedéfinie comme une mortaise débouchante,s’exécute comme un tenon par la « des-cente » de deux coups de scie, en veillanttoujours à ce que la voie de la lame setrouve comprise dans la partie qui doitêtre enlevée. Après le sciage, la pièce debois est placée à chant sur une cale mar-tyre, serrée par le valet et la cale, et évidée

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

a

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c

Fig. 31. Façonnage d’un tenon : le sciage des joues.a. amorce des joues ; b. sciage de la partie supérieure desjoues ; c. retournement de la pièce et fin du sciage desjoues.

Fig. 32. Façonnage d’un tenon : le sciage de l’arasement.

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36. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 153.

37. Le menuisieremploie le terme deravancement quandl’arasement du pare-ment d’un tenondevance celui du contre-parement d’une mêmepièce de bois. Voirl’Encyclopédie desMétiers. La menui-serie, tome 4, « Lesassemblages », p. 219.

38. Un dérasement estl’inverse du ravance-ment.

39. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2« La mécanisation »,p. 155.

l’écartement entre les deux outils de coupe,supérieur et inférieur, qui peuvent être desdérouleurs ou des plateaux à tenonner.Enfin, la hauteur de cet ensemble déter-mine la position du tenon par rapport àl’épaisseur de la pièce de bois.

Si le tenon doit comporter un épau-lement, le menuisier utilise les dérouleursou les plateaux. Il place la pièce de bois àchant contre le guide de sorte que l’épau-lement soit en partie basse ce qui permetun usinage plus sûr. Si l’épaulement estréalisé après l’usinage du tenon, il fautmodifier le pare-éclat d’origine afin qu’ilvienne presser la joue du tenon. Dans lecas inverse, aucune modification n’estnécessaire. Ensuite, il déplace verticale-ment l’outil de coupe supérieur de la lar-geur du tenon puis, toujours verticalement,l’outil de coupe inférieur de la hauteur del’épaulement. Ainsi, seul l’outil de coupeinférieur usine l’épaulement.

Si, dans le cas d’une moulure oud’une feuillure, le tenon nécessite unravancement37 ou un dérasement38, lemenuisier déplace latéralement l’outil supé-rieur (photo 5). Si le menuisier se sert dusystème à contre-profil39 pour un raccorde-

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Fig. 33. Façonnage d’un enfourchement : évidement aubédane de la partie femelle.

Photo 5. Usinage d’un tenon à la tenonneuse : le tenon-nage. Document Compagnons du Devoir.

Photo 4. Usinage d’un tenon à la tenonneuse : le tronçon-nage. Document Compagnons du Devoir.

Fig. 34. Les différents arasements d’un tenon. a. ravance-ment de profil ; b. arasement ; c. dérasement.

à moitié au bédane comme une mortaise(fig. 33). La pièce de bois est retournéeafin d’évider l’autre moitié. La partie mâleest définie et réalisée comme un tenon : onutilise la scie à tenon pour les joues et lascie à araser pour les arasements.

L’usinage

Le tenon

Pour réaliser mécaniquement untenon, le menuisier utilise une tenonneuse36.Dans le cas d’un tenon sans ravancementde moulure ou de feuillure (fig. 34),le menuisier règle l’arbre porte-scie dela tenonneuse pour qu’il coupe transver-salement le tenon à la longueur voulue(photo 4). L’épaisseur du tenon dépend de

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ment de moulure, il installe l’outil àcontre-profiler sur un arbre vertical enaval du groupe de tenonnage (photo 6).L’outil doit affleurer la joue du tenon etne vient profiler que l’arasement, par endessous ou par au-dessus suivant le typed’outils utilisé. Sa profondeur de passeest réglée horizontalement en fonctionde l’arasement prédéfini par les outils decoupe supérieur et inférieur.

L’inclinaison des arasements s’obtientà l’aide du guide disposé sur le chariot.Couramment placé d’équerre aux outils decoupe, le guide pivote pour les arasementsbiais. Un pare-éclat est placé en bout duguide et diffère suivant l’inclinaison del’arasement. En effet, le guide pivotant surun axe, l’extrémité s’éloigne peu à peu desoutils de coupe. Pour combler cet éloigne-ment, le menuisier remplace le pare-éclatinitial par un autre, plus long, ou fait cou-lisser le guide s’il est posé sur un rail afind’approcher l’extrémité du pare-éclat auplus près des outils de coupe supérieur etinférieur. Enfin, la surface de référence despièces à usiner est placée contre la table etmaintenue fermement par un presseur.

Pour des pièces présentant un cintreimportant, des arasements cintrés, ou degrosses sections, les tenons se réalisent à latoupie. Le menuisier procède à un montaged’usinage afin de travailler en toute sécu-rité et adapte sur l’arbre de toupie deslames de scies circulaires ou des outils àfeuillure. Dans les petites entreprises arti-sanales, il n’est pas rare de voir des tou-pies équipées de chariots à tenonner. Dansce cas, le menuisier utilise des plateaux àtenonner qu’il règle de la même façonqu’une tenonneuse.

L’enfourchement

La partie femelle40 de l’enfourchementest réalisée à la tenonneuse avec un pla-

teau à enfourchement41. L’outil se déplaceverticalement afin de positionner cet évide-ment sur le bout de la pièce et horizontale-ment pour définir sa profondeur. La partiemâle de l’enfourchement est réalisée commeun tenon en utilisant les plateaux ou lesdérouleurs supérieur et inférieur.

Pour réaliser la partie femelle d’undouble enfourchement, deux plateaux àenfourchement sont superposés avec unécartement correspondant à celui entre lesdeux tenons. Pour la partie mâle, les outilsde coupe supérieur et inférieur usinentles joues extérieures : cette étape s’appa-rente à un tenon avec une forte épaisseur(photo 7). Un plateau à enfourchementréalise ensuite l’évidement au milieu de sonépaisseur (photo 8).

Les assemblages à queues-d’arondeet à queues droites

Les queues peuvent être considéréescomme un type particulier d’assemblage àtenon et mortaise qui demande un tracé etune réalisation spécifiques. Leur forme etleur répartition sur les pièces à maintenir

40. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,p. 212.

41. Le plateau àenfourchement estune fraise d’environ300 mm de diamètrequi usine le profildroit correspondant àla partie femelle del’enfourchement.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 7. Usinage d’un double enfourchement à la tenon-neuse : le tenonnage. Document Compagnons du Devoir.

Photo 8. Usinage d’un double enfourchement à la tenon-neuse : évidement avec un plateau à enfourchement.Document Compagnons du Devoir.

Photo 6. Usinage d’un contre-profil à la tenonneuse.Document Compagnons du Devoir.

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ensemble en font un assemblage particuliè-rement résistant pour les ouvrages en boismassif comme les tiroirs, les caissons, lescoffrets, etc. (fig. 35).

Un assemblage à queue-d’aronde secaractérise par la forme des queues : trapé-zoïdale sur les faces et rectangulaire en boisde bout pour les queues mâles (fig. 36 a).Ces dernières sont séparées par des évide-ments appelés « interqueues » qui reçoi-vent les queues femelles. Celles-ci se recon-naissent à leur forme rectangulaire sur lesfaces et trapézoïdale en bois de bout. Lapièce mâle, qui porte les queues mâles,se distingue par un évidement à chaqueextrémité, destiné à recevoir une demi-queue. Quant à la pièce femelle, elle com-porte les queues femelles, espacées par desévidements destinés à recevoir les queuesmâles de la pièce mâle et une demi-queueà chaque extrémité. Pour un assemblage àqueues droites, les queues et les inter-queues, de forme cubique, sont identiques(fig. 36 b). Certaines queues-d’aronde sontrecouvertes, c’est-à-dire invisibles sur uneface, mais apparentes sur un côté car ellesn’occupent pas toute l’épaisseur de la piècede bois (fig. 36 c). Il existe aussi desqueues-d’aronde invisibles en totalité : onne distingue, une fois l’assemblage réalisé,que deux coupes (fig. 36 d).

Quel que soit le type de queue utilisé,les premières étapes de traçage sont lesmêmes. Le menuisier trace à l’aide du trus-quin une ligne parallèle à l’arête du boutde la pièce qui doit accueillir les queues.La distance entre la ligne et l’arête doitcorrespondre à l’épaisseur de la pièce àassembler plus une surcote d’environ 2 à3 mm permettant d’amorcer le trait de

scie : c’est la ligne d’arasement des inter-queues. Pour les queues-d’aronde recou-vertes et celles qui sont invisibles, il fautprendre en compte le recouvrement lors dece tracé. Les queues-d’aronde de menuisiercomme celles d’ébéniste ont une inclinaisonqui correspond à la diagonale d’un rec-tangle de largeur 1 et de longueur 5, soit78o. La répartition et le tracé sur la pièce

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Fig. 35. Un assemblage à queues. a. joue ; b. queue mâle ;c. queue femelle ; d. demi-queue femelle.

Fig. 36. Différents assemblages à queues. a. à queues-d’aronde ; b. à queues droites ; c. à queues-d’aronde recou-vertes ; d. à queues-d’aronde invisibles.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

de bois diffèrent en revanche d’un métierà l’autre42. Chez le menuisier, queues etinterqueues ont les mêmes dimensions quidépendent à la fois de la largeur de la piècede bois et de son épaisseur. L’ébéniste,quant à lui, calcule le nombre de queues àréaliser de la même façon que le menuisiermais attribue à la base des interqueues unelongueur constante qui varie entre 2 et4 mm et détermine par conséquent celledes queues.

Le façonnage

Afin de décrire le façonnage desqueues-d’aronde, on prend l’exemple de laréalisation d’un tiroir. Après avoir déter-miné la répartition des queues-d’arondemâles, le menuisier serre la pièce dans unepresse de façon à ce que les joues soientverticales. Il peut effectuer la même opé-ration sur plusieurs pièces en même tempsen les serrant ensemble dans la presse.Par contre l’exécution des queues mâleset celle des queues femelles s’effectuentséparément.

Avec une scie à araser, il commencepar « scier au trait »43 les joues des queuesmâles de sorte que l’épaisseur du sciagesoit à l’intérieur des parties à enlever(fig. 37 a). Pour évider les intervalles entreles queues mâles, il pose la pièce à platsur la cale martyre qu’il maintient à l’aidedu valet. Avec le ciseau à bois, qu’il placeà 1 ou 2 mm en avant de l’arasementpour ne pas « mater » l’arête, il entailled’abord obliquement jusqu’à la moitié del’épaisseur (fig. 37 b). Il retourne alorsla pièce et effectue la même opérationsur l’autre face. Pour finir, il dresse le fondde l’entaille de l’arasement en tenantle ciseau bien d’aplomb. La pièce mâleachevée, il réalise la pièce femelle destinéeà la recevoir. Avec une pointe à tracer ouun crayon taillé de manière adéquate, ilreporte par superposition les queues déjàréalisées sur son chant (fig. 37 c). Puis,avec une équerre, à chaque intersectionentre ce tracé et l’arête du chant, il tiresur le plat un segment perpendiculaire àcette arête jusqu’à l’arasement. Il enlève lapartie destinée à accueillir les queues-d’aronde de la pièce mâle en procédant dela même façon que pour les queues mâles.

Pour les queues droites, les queuesmâles ayant la même forme que les queuesfemelles, le menuisier décale les piècesmâles et femelles pour aligner les évide-ments et les queues. Ainsi, il a la possibi-lité de scier les joues des queues mâles etfemelles simultanément. Mais il doit éviderles intervalles séparément.

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42. Voir la descriptiondétaillée du tracé derépartition des queues-d’aronde de menuisierdans l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 3, « Élé-ments de géométrieplane », p. 34.

43. « Scier au trait »consiste à placer lebord de la scie à l’axedu trait de manière àce que ce dernier dispa-raisse à moitié dans lesciage.

Fig. 37. Exécution manuelle d’un assemblage à queues-d’aronde. a. sciage des queues mâles ; b. évidement desqueues mâles ; c. traçage des queues femelles.

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44. Un peigne est unerègle métallique tailléeen forme de dentsparal lé lépipédiquesespacées régulièrement.

45. Un palpeur est undispositif permettantde copier une forme etde retransmettre lesinformations à l’outilde coupe.

Pour les queues-d’aronde recouvertes,les queues mâles de la pièce mâle sontfaçonnées comme celles des queues-d’arondetraditionnelles. En revanche, sur la piècefemelle, les évidements recevant les queuesmâles ne traversent pas l’épaisseur de lapièce comme les queues-d’arondes clas-siques. Il faut donc scier obliquement lesjoues des parties à évider depuis la lignetrusquinée sur le bois de bout qui définitla longueur des queues mâles, jusqu’à celletracée sur la face de la pièce femelle quidétermine l’épaisseur de la pièce mâle(fig. 38 a). On finit d’équarrir au ciseau àbois (fig. 38 b).

Pour les queues-d’aronde invisibles,les pièces mâle et femelle doivent être de lamême épaisseur. Les queues ne traversantpas l’épaisseur des pièces, il faut réaliserune feuillure en bout de chaque pièce afinde laisser un carré, d’environ 6 x 6 mm,situé du côté de l’arête extérieure del’assemblage. Ce carré doit permettre laréalisation ultérieure du chanfrein pourl’assemblage des deux pièces. De l’arêteextérieure des pièces, un trait d’onglet esttracé sur le chant des pièces afin d’obtenirl’arête intérieure de l’assemblage et ainsi laprofondeur des queues (fig. 39 a). Larépartition des queues ne change pas si cen’est qu’à chaque extrémité, il faut prévoirune coupe d’onglet dont la profondeur cor-respond à celle de la feuillure réalisée audébut (fig. 39 b). Le sciage des jouess’effectue obliquement en suivant l’angledéterminé sur les chants de la pièce, et

l’évidement des intervalles se réalise auciseau à bois. Les queues étant terminées,il ne reste plus qu’à chanfreiner à 45o lecarré de la feuillure initiale. On utilise unguillaume, guidé par une cale dont l’aboutest à 45o (fig. 39 c). Cette cale permet enoutre d’éviter les éclats.

L’usinage

Pour usiner les assemblages à queuesdroites ou à queues-d’aronde découvertes,on utilise une machine spécifique : la queu-teuse (photo 9). Elle se compose d’un bâtiqui supporte un axe transversal sur lequelcoulisse un bloc-moteur, d’un peigne44 et dedeux tables fixes, l’une verticale et l’autrehorizontale, chacune équipée de deux vérinsmécaniques ou pneumatiques (photo 10).Ces tables permettent d’usiner deux piècesde bois en même temps. Le bloc-moteurcomporte un mandrin en partie haute etun palpeur45 qui peut être sous le mandrin

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Fig. 38. Exécution manuelle d’un assemblage à queues-d’aronde recouvertes. a. sciage des queues femelles ; b. évi-dement des queues femelles.

Fig. 39. Exécution manuelle d’un assemblage à queues-d’aronde invisibles. a. détermination des parties à évider ;b. sciage de la coupe d’onglet sur le chant de la pièce ;c. chanfreinage, au guillaume et à l’aide d’une cale, ducarré de la feuillure initiale.

ba

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dans le même axe ou sur la queue de lamèche. La fraise, droite ou trapézoïdale,se fixe sur le mandrin. Son diamètre estdéterminé par le constructeur du peigne.Une poignée permet de manier le bloc-moteur pour parcourir avec le palpeurl’empreinte du peigne.

Le menuisier doit positionner lesextrémités de la pièce femelle dans l’axed’une dent de peigne. Le parement de lapièce femelle est posé à plat contre la tablehorizontale. Le chant de la pièce qui reçoitl’assemblage doit affleurer le chant de latable verticale. Celle-ci reçoit le parementde la pièce mâle, posé également à plat etcontre le chant de la pièce femelle maisavec un décalage d’une queue. Ce décalageajouté à la superposition des deux piècespermet au menuisier de réaliser les queues

mâles et les queues femelles en mêmetemps. Avant d’usiner, le menuisier règlela hauteur de la mèche pour qu’elle corres-ponde à l’épaisseur de la pièce posée sur latable horizontale. Il engage la mèche dansle sens opposé à sa rotation et évide ainsiles entailles.

Les queues-d’aronde découvertespeuvent aussi être réalisées avec unedéfonceuse portative ou une toupie munied’un peigne (fig. 40). Le principe d’usi-nage et le positionnement des pièces debois sont exactement les mêmes qu’avec laqueuteuse si ce n’est que, pour la toupie,c’est le peigne avec les pièces de bois quise déplacent alors que l’arbre reste fixe(photo 11).

Le façonnage et l’usinage des enturesen queue-d’aronde

Parmi les différents assemblages àqueue-d’aronde, l’enture à queue-d’aronde

73

La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 9. La queuteuse. Document Compagnons du Devoir.

Photo 10. La queuteuse : positionnement des pièces debois. Document Compagnons du Devoir.

Fig. 40. Usinage de queues-d’aronde découvertes à latoupie munie d’un peigne : a. pièce mâle ; b. pièce femelle.

Photo 11. Usinage de queues-d’aronde avec une toupiemunie d’un peigne. Document Compagnons du Devoir.

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46. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,p. 210.

47. Un tenon bâtardest un tenon avec unseul arasement.

48. Voir infra« L ’ e n t a i l l a g e » ,p. XX.

49. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,p. 227.

50. Domino est uneappellation déposéepar la marque Festool.Le Domino a les carac-téristiques d’un fauxtenon.

51. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,photos 28 à 31,p. 227.

52. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 156.

a la particularité de permettre d’abouterdeux pièces. Elle peut être débouchante ouà mi-bois, en queue-d’aronde simple oudouble. Elle doit résister à la fois à unetraction et une flexion. Ce type d’assem-blage sert principalement en restauration.Le menuisier doit donc parfois, lorsqueles éléments ne sont pas démontables,travailler manuellement directement surl’ouvrage.

Le façonnage d’une enture en queue-d’aronde débouchante46 se traite commeune queue-d’aronde traditionnelle. Celui del’enture à mi-bois simple ou double enqueue-d’aronde se réalise en deux étapes :le menuisier effectue d’abord la partie mâlequi se définit comme un tenon bâtard47. Ilsuperpose ce dernier sur la pièce femelle eten trace le contour : il définit ainsi l’évide-ment48 qui recevra la partie mâle.

Pour l’usinage, le menuisier utiliseprincipalement la scie à ruban pour déli-miter sur toute l’épaisseur de la pièce debois les contours de l’assemblage, et ladéfonceuse portative pour effectuer les évi-dements des assemblages à mi-bois. Cettedernière permet de définir une profondeurd’entaille constante par rapport au pare-ment. Grâce à sa maniabilité, il dirige aisé-ment la mèche de la machine au plus prèsdes contours de l’entaille qui sont ensuitedélimités précisément au ciseau à bois.

L’usinage des assemblagesà pièces rapportées

Le principe des assemblages à piècesrapportées consiste à mettre en position età maintenir deux pièces à l’aide d’élémentstiers s’insérant dans l’une et l’autre49. Cespièces rapportées, visibles ou invisibles,sont utilisées dans des ouvrages de menui-serie, d’agencement et de mobilier. Ellespermettent, comme les vis de rappel, desmontages temporaires propices à l’exécu-tion d’ouvrages en série. En bois, en plas-tique ou en métal, elles se présentent sousdiverses formes : tourillons, lamelles com-pressées, « Domino »50, fausses languettes,clé « Hoffmann-Schwalbe », excentriques51.L’exécution de ces assemblages est plusfacile et plus rapide que celle de la plupartdes assemblages traditionnels (tenon, mor-taise, enture, etc.), notamment grâce à lasimplicité d’utilisation des machines quiproduisent les évidements correspondants.L’essor de l’ameublement et de l’agence-ment a favorisé l’utilisation de ces assem-blages à pièces rapportées dans la mesureoù il s’est accompagné d’une standardisa-

tion des dimensions des ouvrages et d’unprocessus d’industrialisation de la fabrica-tion de ces pièces rapportées.

Les premières machines utilisées pourréaliser les emplacements de ces pièces rap-portées étaient réservées uniquement auxindustriels de l’ameublement, mais avec ledéveloppement de l’agencement, elles sontapparues à échelle réduite dans les petiteset moyennes entreprises.

Le tourillonnage

Le tourillon est un cylindre de boischanfreiné aux extrémités pour faciliterson engagement dans le perçage. Il est lisseou cannelé, parfois comprimé et existedans une large gamme standardisée dediamètres et de longueurs. Le tourillonlisse sert essentiellement au positionnementde l’assemblage. Les cannelures facilitentla compression dans le trou et aident àrépartir la colle. Le tourillon comprimé sedilate dans le trou sous l’effet de l’humi-dité de la colle. L’assemblage par tourillonprésente l’avantage de maintenir les piècessur deux axes.

Le menuisier choisit tout d’abord destourillons dont le diamètre est le mieuxadapté à la section de la pièce de bois.Puis, sur l’une des deux pièces à assem-bler, il trace l’axe sur lequel seront alignésles tourillons. Il faut un espace minimal de3 à 5 mm entre le tourillon et les arêtes duchant afin de ne pas fragiliser l’assem-blage. L’écartement entre deux tourillonsdépend de la quantité choisie pour labonne tenue de l’assemblage qu’il fautrépartir régulièrement. Le diamètre du per-çage à effectuer pour insérer le tourillonest indiqué par le fabricant pour chaquetype de tourillon. S’il est cannelé, son dia-mètre réel peut être légèrement supérieur àcelui du perçage ; s’il est lisse, il se peutqu’il soit légèrement inférieur.

Pour usiner ces perçages, le menuisierpeut utiliser la perceuse multibroches52. Ilcommence dans un premier temps pardéterminer la profondeur de perçage, puisil déplace le guide parallèlement aux axesdes mèches et positionne le panneau enréglant les butées du guide. Le menuisieractionne d’une pédale ou d’un bouton desvérins pneumatiques qui pressent le pan-neau contre la table de travail, puis la têtede perçage effectue les perçages.

Le menuisier peut également utiliser latourillonneuse électroportative (photo 12).Elle est munie d’un bloc-moteur cylin-drique qui actionne deux mèches hélicoï-dales variant de 5 à 12 mm de diamètrepour un porte-outil de 8 mm de diamètre.

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La table est reliée au bloc-moteur pardeux coulisses latérales qui ont une butéeréglable dont la profondeur maximale nedépasse pas 34 mm. La table possède unguide réglable en hauteur et inclinable quipermet de positionner les mèches en fonc-tion de l’usinage souhaité. Pour usiner, lemenuisier serre la pièce de bois sur l’établi,repère les axes des tourillons et les faitcoïncider avec ceux inscrits sur la machine.Puis, il prend le bloc-moteur dans unemain et place la deuxième sur le guide ousur la table suivant le positionnement dela machine. Il exerce une pression sur lebloc-moteur en direction de la pièce debois et usine ainsi les évidements recevantles tourillons.

Pour usiner un seul trou à la fois, lemenuisier utilise une perceuse à colonne ouune simple perceuse portative. La profon-deur doit correspondre à la moitié de lalongueur du tourillon plus 1 mm. Pour laperceuse à colonne, il positionne une butéede profondeur sur la machine tandis quepour la perceuse portative, la butée estsituée sur la mèche. Avant de percer, ilrepère le centre des perçages sur la piècede bois. Ensuite, il insère des centreurs53

dans les trous qui permettent de repro-duire les points de centre des perçages dela seconde pièce.

L’assemblage à lamelles

La lamelle compressée est une pla-quette de bois mi-dur, en hêtre parexemple. Le découpage de la forme par unemporte-pièce génère une compression quiimprime un relief gaufré sur ses deux facespermettant d’améliorer la répartition de lacolle. Les deux arcs de cercle qui en défi-nissent le contour correspondent à uneentaille effectuée par une fraise de 100 mmde diamètre et de 4 mm d’épaisseur. Ceprocédé permet une multitude d’applica-

tions, comme le pré-positionnement avantcollage et divers assemblages tant en boismassif qu’en panneaux dérivés. Il existedes lamelles démontables : elles se com-posent de deux éléments symétriques auto-serrants qui s’imbriquent facilement l’undans l’autre. Elles sont dans ce cas en alu-minium ou en matière synthétique résis-tante. Elles sont généralement utiliséespour assembler de petits éléments quidoivent rester amovibles sans ferrures nivisseries apparentes, comme les trappes devisite ou des caches. Cet assemblage nepermet un blocage que sur un seul axe dela pièce mais l’usinage est plus aisé quepour un assemblage à tourillon.

L’usinage de l’entaille en demi-lunedestinée à recevoir la lamelle se fait à lafraiseuse à lamelles, une machine électro-portative plus connue sous le nom de« Lamello »54. Cette entaille ne peut en effetse faire que mécaniquement. Elle laisse unjeu de 1 mm pour permettre une réparti-tion correcte de la colle sans qu’elle débordeau moment de la jonction. Les extrémitéssont adoucies par un méplat ou un arc-de-cercle qui évite de fragiliser la lamelle.

Tout d’abord, le menuisier trace unrepère d’axe sur les pièces à assembler. Ilchoisit la profondeur de plongée en fonc-tion de la lamelle choisie. Puis, il pose leguide de référence sur le panneau, en ali-gnant l’axe de la fraiseuse avec le repèretracé. Il exerce une pression manuelle surle bloc-moteur de la machine afin d’effec-tuer l’entaille. Il est possible d’usiner selondifférents angles, en utilisant le guideinclinable de la machine, afin de réaliserdes assemblages sur chant, à plat jointd’équerre ou à coupes diverses.

L’assemblage « Domino »

Le « Domino », qui doit son nom à saforme rectangulaire, est un faux tenon auxchants arrondis, disponible en cinq tailles55,chacune appropriée à une application età une épaisseur de matériau différentes.Il combine les caractéristiques d’exécu-tion du tourillon et de la lamelle.

C’est avec une machine portative, lafraiseuse « Domino », que le menuisierexécute les trous oblongs destinés àaccueillir ces faux tenons (photo 13). Saparticularité réside dans la simultanéitédes mouvements rotatifs et pendulaires. Letravail s’effectue en toute sécurité grâce àl’absence d’à-coups de la fraiseuse. Leréglage rapide de la largeur de fraisagependant le travail permet de réaliser destrous avec ou sans jeu. Une butée permetde régler la profondeur d’alésage. Le guide

53. Les centreurs sontdes pièces métalliques,de même diamètrequ’un tourillon, avecune pointe en boutpour marquer l’axe dutourillon sur la pièceopposée.

54. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 101.

55. Les dominos dis-ponibles : 5 x 30 mm,6 x 40 mm, 8 x 40 mm,8 x 50 mm, 10 x 50 mm.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 12. Tourillonnage. Document Mafell AG.

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56. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »p. 229.

57. Les doubles queues-d’aronde disponibles :W-1, 7 x 5,5 mm ;W-2, 10 x 8 mm ;W-3, 13 x 9,5 mm ;W-4, 24 x 16 mm.

58. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,p. 229.

inclinable permet d’usiner sur chantd’équerre ou en biais. Cette fraiseuse« Domino » rend possible l’usinage d’unemortaise perpendiculaire à la longueurd’une pièce de bois. Elle s’utilise de lamême façon qu’une fraiseuse à lamelle etle pointage est identique.

L’assemblage à clé en doublequeue-d’aronde

Le « système Hoffmann », du nom dela société allemande Hoffmann-Schwalbequi l’a breveté, ou « système hirondelle »,est une clé en PVC cannelée en forme dedouble queue-d’aronde56 qui permet de lierefficacement deux pièces entre elles. Lescannelures facilitent sa compression lors deson insertion dans l’évidement usiné pourla recevoir. Disponibles en quatre largeurset en différentes longueurs standardisées57,ces clés ont un large champ d’applications :assemblage d’une corniche, d’un montantet d’une traverse pour un cadre, de deuxmains courantes entre elles, etc. Les cléspeuvent être dissimulées par des bouchonsde même forme servant d’éléments déco-ratifs, en bois massif d’essences diversescomme le merisier, le chêne, l’acajou,l’érable, et en aluminium. Les bouchonssont disponibles sous forme linéaire afind’être découpés à la longueur voulue par lemenuisier.

L’entaille destinée à recevoir une cléest une rainure trapézoïdale que le menui-sier réalise avec une fraiseuse à rainurermunie d’une mèche en queue-d’aronde. Lesdifférents modèles de cette fraiseuse sontéquipés de un à quatre bloc-moteurs, etconviennent ainsi aussi bien à la petiteentreprise qu’à l’entreprise industrielle. Lebâti, la table, les réglages et le serrage dela pièce sont les mêmes quel que soit lemodèle. Le bâti, en tôles d’acier soudées,est surmonté d’une table avec un guide

et des éléments de serrage permettant defixer des vérins manuels ou pneumatiques.Le bloc-moteur est muni d’un mandrinpour recevoir la mèche à queue-d’aronde.Il se positionne derrière un guide fixe etse déplace simplement en hauteur. Pourusiner, le menuisier fixe la mèche du dia-mètre souhaité dans le mandrin, règlel’inclinaison des guides suivant l’angle dela coupe de la pièce à usiner puis la hau-teur en fonction de son épaisseur.

Lors de l’assemblage, la clé est inséréedans la rainure à l’aide d’un marteau.L’emploi de doubles queues-d’aronde sim-plifie et accélère le serrage, puisque cetassemblage est autoserrant. Ces clés enplastique présentent en outre l’avantage dene subir aucune variation dimensionnelleet de ne provoquer aucun dégât au contactd’un outil de coupe.

Les assemblages à pièces rapportéesmétalliques

Le menuisier est amené à utiliserdiverses ferrures58 d’assemblage à piècesrapportées : les chapelles, les excentriquesencastrables ou diverses pièces posées enapplique qui ne nécessitent aucun usinageparticulier.

Le terme « chapelle » désigne d’abordla cavité ménagée dans une pièce à bou-lonner perpendiculairement à une autre,pour pouvoir placer le boulon ou visser sonécrou. Il désigne par extension une tigefiletée encastrée munie d’un ou plusieursécrous aux extrémités servant à lier deuxéléments ensemble. Il en existe diversmodèles. Tous nécessitent d’une part unperçage dans les éléments à assembler poury insérer la tige filetée et d’autre part unévidement qui doit permettre de visserl’écrou sur la tige filetée afin de serrerl’assemblage.

À l’origine en métal, aujourd’hui par-fois en plastique, l’excentrique a pourprincipe d’accrocher la tête bombée d’ungoujon en acier afin d’assembler des pan-neaux entre eux. Pour réaliser l’entailledans laquelle l’excentrique doit s’insérer, lemenuisier utilise la perceuse multibrocheset adapte sur les mandrins des mèches cor-respondant aux quincailleries désirées. Iltrace leurs axes sur le panneau, place sur leguide une butée pour chaque quincailleriepar rapport au chant du panneau et l’axede la mèche. En repérant les axes des quin-cailleries et en sachant que les panneauxassemblés ont une cotation commune favo-rable à l’assemblage (la profondeur dumeuble), le réglage des butées pour le posi-tionnement de l’excentrique sur le premier

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Photo 13. Fraisage pour insérer les Dominos. DocumentFestool.

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panneau est le même que l’emplacementdu goujon sur le second panneau.

Les coupes rectilignes

En menuiserie, une coupe est une sec-tion qui permet la liaison de deux piècesde bois. En fonction du joint qu’elle pro-duit, on dit qu’elle est rectiligne ou cur-viligne. Une coupe rectiligne peut êtred’équerre, d’onglet ou biaise. La couped’équerre est une section perpendiculaireaux arêtes de la pièce de bois. Elle estgénéralement utilisée pour délimiter lalongueur d’un ouvrage. La coupe d’ongletest une section à 45o qui permet la liaisonde deux pièces de bois formant un angle à90o. La coupe biaise, appelée aussi « faussecoupe », est une section quelconque quipermet la liaison de deux pièces formantun angle quelconque. Chacune de cescoupes peut être « plein chant » — ils’agit alors d’une section totale de la piècede bois — ou partielle. Tous ces types decoupes sont représentatifs de la diversitédes conceptions permettant de résoudre lesproblèmes de liaison.

La coupe plein chant

Le façonnage

La coupe plein chant est une sectiontotale d’une pièce de bois. Elle peut êtred’équerre, d’onglet ou biaise. La réalisationd’une coupe plein chant s’exécute la pièceposée à plat sur une cale martyre serréesur l’établi. Le menuisier place l’ongle deson pouce près du trait, à l’angle entre leparement et le chant qui lui est opposé.En utilisant l’extrémité de la scie à den-ture fine, il amorce son sciage sur un anglepuis descend progressivement sur le traitdu parement et celui du chant.

Pour affiner un sciage, le menuisier arecours à une boîte à recaler59, bloquée dansla presse ou serrée sur l’établi (photo 14).Chaque pièce est introduite dans la boîteet positionnée suivant son tracé, puis blo-quée à l’intérieur de la boîte par une presseactionnée par une vis. Dès lors, le menui-sier se saisit d’une demi-varlope à recaler60 :la semelle de la varlope prend appui sur lesfaces de la boîte et un léger fer suffit à rec-tifier et dresser la coupe.

L’usinage

Pour l’usinage d’une coupe pleinchant, le menuisier peut utiliser la scie à

format ou la scie radiale. Avec la scie àformat, pour une coupe d’équerre, il posi-tionne la pièce de bois sur le chariot cou-lissant contre le guide ; pour une couped’onglet ou biaise, il utilise une règled’onglet qui indique des angles de 0 à 90o.Avec la scie radiale, qui est montée sur unbras rotatif fixé à une colonne, on peutexécuter une coupe quel que soit son angle.Le menuisier pose la pièce sur la table fixe,contre le guide, choisit l’angle souhaité etactionne la scie.

La coupe partielle

Pour assembler deux pièces moulurées,une coupe partielle s’impose. La coupe,partielle puisqu’elle ne sectionne pasentièrement le chant, peut être d’onglet,biaise ou encore, sur les ouvrages de stylegothique, d’équerre. Cette dernière s’exé-cute, que ce soit à la main ou à la machine,de la même façon que n’importe quellecoupe plein chant, si ce n’est que le menui-sier arrête son sciage au repère délimitantla profondeur de la coupe.

Pour les coupes d’onglet et biaises,deux cas de figures sont possibles : leschants des pièces qui s’assemblent sontmoulurés sur une seule arête ou sur lesdeux.

Les coupes d’onglet et biaise partiellesà une moulure

Le façonnageUne coupe partielle, biaise ou d’onglet,

s’impose pour raccorder deux pièces quicomportent une moulure sur une arêted’un chant (fig. 41). Elle se réalise le plussouvent à l’aide d’une boîte à coupes61.Celle-ci présente une pente à 45o à chaqueextrémité et un évidement destiné à rece-voir l’épaisseur de la pièce de bois. Elle

59. La boîte à recalerest un guide en bois quisert à maintenir unepièce à l’aide d’unepresse afin de pouvoirdresser la coupe.

60. Une demi-varlopedite « à recaler » estune demi-varlope quiporte un fer à angled’attaque de 60 à 70o.Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lesoutils », p. 66.

61. La boîte à coupesest parfois appelée« boîte à cheval » ouencore « sabot ».

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 14. Rectification d’une coupe avec une boîte àrecaler. Document Compagnons du Devoir.

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62. Voir l’Encyclo-pédie des métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 49.

63. Voir l’Encyclo-pédie des métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 137.

64. Voir l’Encyclo-pédie des métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 141.

offre l’avantage de bien guider le corpsde la scie et de rendre inutile le tracé del’angle de la coupe. Comme pour toutecoupe réalisée manuellement, la pièce debois est placée à chant ou à plat sur unecale martyre serrée sur l’établi. Le menui-

sier positionne la boîte à coupes sur lerepère du chant de la pièce de bois quidésigne la coupe. Il place le corps de lascie à dos62 sur l’extrémité pentue de laboîte à coupes, puis incline sa lame pourne scier que le profil de la moulure. Lesciage délimite ainsi la coupe avant de pro-céder au profilage de la moulure.

La réalisation d’une coupe biaise par-tielle s’exécute la pièce posée à plat si lapièce reçoit un tenon (fig. 42 a) ou àchant si elle reçoit une mortaise (fig. 42 b).

C’est le type d’assemblage qui unitles deux pièces moulurées qui déterminele positionnement idéal, à chant ou àplat, pour réaliser la coupe, qu’elle soitd’onglet ou biaise. Il est ainsi préférable deposer sur chant, au bord de l’établi, unepièce avec une mortaise. On dispose ainsid’un plus grand dégagement pour la scie.L’inclinaison du sciage dépend de la formeet des dimensions de la moulure. Plus elleest profonde, plus l’inclinaison du sciageest forte. À l’inverse, les pièces recevant untenon sont toujours posées à plat, puisquele sciage de la coupe, biaise ou d’onglet,doit se faire d’aplomb. Il place l’ongle deson pouce près du trait qui désigne lacoupe et sur l’arête de la pièce. En utili-sant l’extrémité de la scie à denture fine, ilamorce son sciage sur cette arête puis des-cend progressivement sur le trait jusqu’à ladélimitation du profil mouluré.

L’usinagePour l’usinage d’une coupe partielle,

le menuisier utilise, suivant l’emplacementde la coupe, la scie à format ou la scieradiale63. Cette dernière a la particularitéd’usiner par-dessus les pièces de boiscontrairement à la scie à format qui usinepar-dessous.

Pour une coupe sur l’arasement d’untenon, le menuisier fait coïncider la hau-teur de l’arasement où se trouve la coupeavec celle de la lame de scie. La pièce estposée à plat. Avec la scie à format, ilincline la règle d’onglet64 à l’angle désirépar rapport à la lame (photo 15). L’usi-nage s’effectue par-dessous : la coupe estdonc contre la table. Avec la scie radiale, ilpivote la lame à l’angle souhaité par rap-port au guide (photo 16). L’usinage seréalise par-dessus : la coupe est donc appa-rente. Ainsi, avec ces deux machines, lahauteur de l’arasement correspond à laprofondeur de coupe. La lame traversedonc la pièce depuis le chant jusqu’à l’ara-sement du tenon.

Pour une coupe sur une mortaise, lemenuisier fait coïncider la hauteur de lajoue opposée à la coupe de la mortaise

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Fig. 41. Coupes partielles pour un raccord de moulure.a. coupe pour un ravancement de moulure sur un tenon ;b. coupe pour un ravancement de moulure et de feuillure demême profondeur sur un tenon; c. coupe pour un ravance-ment de moulure avec une rainure sur un tenon; d. coupepour un ravancement de moulure avec une rainure sur unemortaise ; e. coupe pour un ravancement de moulure avecune feuillure sur une mortaise.

a

b

c

d

e

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avec celle de la lame de scie. La pièce estposée à plat ou à chant. Le menuisier règleles deux scies de la même façon que pourune coupe près d’un tenon mais le sciageest arrêté en fonction de la largeur et de laprofondeur de la moulure.

Les coupes d’onglet et biaise partiellesà deux moulures

Le façonnageUne coupe partielle d’onglet à deux

moulures est nécessaire pour une piècemoulurée sur l’arête du parement et surcelle du contreparement. La pièce est poséeà chant pour utiliser deux boîtes à coupes :l’ensemble englobe les deux faces et unchant de la pièce (fig. 43 a et b). Le sciagedes deux coupes s’effectue simultanémentà travers l’épaisseur de la pièce. La lame

est guidée par les abouts pentus de la boîteà coupes.

La réalisation de deux coupes biaisespartielles n’est possible que lorsque la pièceest posée à chant sur une cale martyreserrée sur l’établi. Le menuisier n’utiliseaucune boîte ni aucun guide particulier.Il commence par délimiter la coupe surchaque profil en utilisant la même méthodede sciage que pour une coupe simple. Puis,un second sciage à travers l’épaisseur de lapièce permet de relier les traits de scie déjàréalisés.

L’usinagePour l’usinage des coupes d’onglet et

biaise partielles, le menuisier utilise unescie à format ou une scie radiale dont lalame est inclinable (photo 17) et pose lapièce sur chant sur le chariot contre le

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 42. Exécution manuelle d’une coupe d’onglet à une moulure à l’aide d’une boîte à coupes. a. sur une pièce tenonnée ;b. sur une pièce mortaisée.

a b

Photo 16. Usinage d’une coupe d’onglet à la scie radialepivotée. Document Compagnons du Devoir.

Photo 15. Usinage d’une coupe d’onglet à la scie à format.Document Compagnons du Devoir.

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b

a

65. Il y a du raidedans un assemblagelorsqu’il force un peuen longueur.

Photo 17. Usinage d’une coupe d’onglet à la scie radialeinclinée. Document Compagnons du Devoir.

guide d’équerre. Il incline à l’angle sou-haité la lame de la scie et règle sa hauteuren fonction de celle du profil mouluré. Lalame traverse l’épaisseur de la pièce mou-lurée pour effectuer les deux mouluressimultanément.

On peut également utiliser une toupiemunie d’un outil de coupe soit inclinablesoit spécifique à ce type d’usinage etincliné alors à 45o. L’outil de coupe estfixé en bout de l’arbre de toupie. La pièceà usiner avance grâce au chariot qui équipela toupie.

Les croisillons

Les croisillons désignent le raccorde-ment en croix de quatre petits-bois d’unefenêtre. Ce raccordement est généralementà coupe d’onglet et quelquefois à coupebiaise. Dans les deux cas, le mode d’exécu-tion est similaire. Ces coupes permettentl’assemblage en enfourchement ou à mi-bois de petits-bois moulurés (fig. 44 a).

Le façonnage des croisillonsLa tâche consiste à exécuter une

double entaille en onglet délimitée pardeux sciages sur le petit bois horizontal etdeux coupes d’arasement à chacune desextrémités des petits-bois verticaux.

Ces opérations se réalisent les piècesserrées à plat sur l’établi. Le menuisierprocède d’abord à la délimitation par deuxsciages de la double entaille disposée encroix (fig. 44 b). Avec une scie à denturefine et à voie réduite, il place le corps dela lame de scie à l’intérieur de la partie àévider, puis exécute deux sciages disposésen croix et s’arrête à la profondeur voulue.Il termine par un évidement au ciseau àbois. Le résultat final, après sciage despointes du croisillon, n’est pas à angledroit. En effet, comme le trait de scie nedoit pas chevaucher les traits du traçage,le menuisier est obligé de faire pivoter sascie par l’axe du croisillon dans la partieà évider. Les coupes des petits-bois verti-caux, destinées à être assemblées à cellesdes traverses, sont traitées comme descoupes plein chant en prenant en comptecette contrainte (fig. 44 c). Il faut dans cecas accepter en plus un léger raide65.

L’usinage de croisillonsPour un usinage, deux machines sont

possibles : la mortaiseuse à bédane triplepour coupe d’onglet et la guillotine.

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Fig. 43. Façonnage d’une coupe d’onglet à deux mouluresà l’aide d’une boîte à coupes. a. sur une pièce tenonnée ;b. sur une pièce mortaisée.

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Le principe de fonctionnement de lamortaiseuse à bédane triple pour couped’onglet est le même qu’une mortaiseuse àbédane triple classique. Mais les couteauxlatéraux et le bédane central y sont beau-coup plus larges. La table verticale peutêtre inclinable au même titre que le bloc-moteur. Cette mortaiseuse peut réaliser desentailles successivement sans pour autantretourner la pièce de bois.

La guillotine est une machine per-mettant la réalisation d’un onglet double à45o et d’un angle droit (photo 18). Cettemachine est composée d’un bâti surmontéd’une table fixe, d’un guide gradué, pivo-tant et réglable en profondeur et d’unbloc-moteur. Le bloc-moteur est monté survérins électro-hydrauliques ou pneuma-tiques, ou actionné manuellement par unlevier ou une pédale. L’outil de coupe estcomposé de deux couteaux dont l’angled’affûtage est très aigu afin de faciliter leur

pénétration dans la pièce de bois. Chaquecouteau est disposé obliquement à 45o parrapport à la table : les deux forment ainsiun angle à 90o. Avant d’actionner l’outilde coupe, le menuisier règle la profondeurde coupe et positionne la butée sur leguide.

Les coupes curvilignes

Une coupe curviligne, appelée pluscouramment « coupe cintrée », est une sec-tion transversale qui sert au raccord entreun profil droit et un autre cintré ou entredeux profils de rayons différents. Elle estutilisée pour la jonction de deux profilsde moulure à grands cadres, par exempled’encadrement de miroir ou de cheminée.

La jonction de deux éléments cintrésou mixtilignes dépourvus de moulure peuts’effectuer à l’aide d’une simple faussecoupe. Par contre, si les deux éléments àraccorder comportent un profil de moulurecomposé de plusieurs corps, une coupecintrée s’impose. Un tracé géométrique66

permet de trouver le point de centre ducintre de la coupe.

Le façonnage

Pour une coupe cintrée plein chant, lapièce est posée à chant ou à plat et serréesur l’établi. Contrairement aux coupes pleinchant rectilignes, le menuisier positionne lalame de la scie d’aplomb près du trait àl’angle entre le parement et le chant quilui fait face. Il amorce son sciage sur le

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

a

b

c

Fig. 44. Le principe du traçage et d’exécution d’un croi-sillon : en rouge le traçage théorique ; entre les traits gris, lesillon de la lame de scie. a. vue en perspective d’un assem-blage de croisillons ; b. tracé pour une traverse ; c. tracépour un montant.

Photo 18. Usinage d’une coupe d’onglet à la guillotine.Document Compagnons du Devoir.

66. Pour son tracé,voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 3 « Élé-ments de géométrieplane », p. 41.

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67. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« les outils », p. 55.

68. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« la mécanisation »,p. 169.

69. Le compas de ladéfonceuse est une règleen bois ou en métal avecune pointe de centrageréglable. L’ensemble estfixé sur le socle de ladéfonceuse.

70. Les outils à fûtse caractérisent par unfer maintenu dans unfût et sont communé-ment regroupés sousle terme de « rabot ».Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lesoutils », p. 59 à 71.

71. Le terme bouvetageest utilisé pour décrirel’action qui concoure àélargir par un assem-blage un panneau debois (par exemple unassemblage par bouve-tage à rainure et lan-guette). Lorsque lemenuisier effectue unerainure dans un mon-tant pour accueillirun panneau, il utiliseplutôt le terme de pro-filage.

chant puis avance progressivement sur letrait jusqu’à l’achèvement de la coupe.

Pour les coupes cintrées partielles, lapièce de bois est placée à plat et serrée surl’établi. Une coupe concave s’effectue à lagouge de sculpteur67 ou au ciseau à bois,dont la courbure est choisie en fonction dudiamètre du cintre. Une coupe convexes’effectue au ciseau à bois choisi en fonc-tion de sa largeur.

L’usinage

Pour usiner une coupe cintrée pleinchant, le menuisier commence par dégrossirla coupe avec une scie à ruban puis confec-tionne un montage d’usinage qu’il adapteà la toupie munie d’un rouleau calibreur68

(fig. 45). Le gabarit est fixé au-dessus ouau-dessous de la pièce à usiner suivant lesens du fil du bois : lors de l’usinage, lesens de rotation de l’outil de coupe doitcoucher le fil du bois. Cette action sup-prime les vibrations créées par l’outil decoupe sur la pièce de bois. Les coupespeuvent aussi se réaliser à la défonceuseportative avec un compas69 qui permetde défoncer des cintres ou des cercles(fig. 46). Le menuisier place la fraise de ladéfonceuse à l’intérieur ou à l’extérieur ducintre suivant la partie de la pièce à usineret fait coïncider le point de centrage ducompas avec l’axe du cintre.

Pour une coupe cintrée partielle, lemenuisier utilise un gabarit et une toupiemunie d’un rouleau calibreur ou unedéfonceuse portative avec un compas.Dans les deux cas, le procédé est le mêmeque pour une coupe cintrée plein chant.

Le profilage

Le profilage désigne l’ensemble desopérations qui concourent à donner auxpièces d’un ouvrage leur contour définitif.Le profil ainsi créé permet d’assembler despièces entre elles ou d’orner de mouluresles ouvrages de menuiserie. Avant la méca-nisation, le menuisier profilait à l’aided’outils à fût (le bouvet d’assemblage pourrainures et languettes, le bouvet à moulurepour doucine) qui depuis ont été remplacéspar la toupie, les défonceuses portatives,fixes ou à commande numérique. La formerectiligne ou curviligne de la pièce orientele choix du menuisier vers le guide detoupie approprié. La diversité des formeset des profils (rainure, languette, feuillure,moulure simple ou refouillée) conduit lemenuisier à positionner la pièce à plat ou à

chant sur la table de référence et, en fonc-tion de l’outil de coupe, à usiner cettepièce par-dessous ou par-dessus. Certainsouvrages amènent le menuisier à réaliserdes profilages arrêtés. Cette techniqueconsiste à ne profiler qu’une partie d’unepièce de bois. Elle était couramment uti-lisée, dans les ouvrages de style gothique,pour arrêter les moulures profilées sur lesmontants.

Le façonnage

Suivant la nature du profil à réaliser,le menuisier utilise des bouvets, des feuille-rets ou des guillaumes qui tous appar-tiennent à la grande famille des outils àfût70. Les bouvets servent à réaliser le bou-vetage71 de rainures et de languettes, ou leprofilage de moulures. Ils sont souvent

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Fig. 45. Usinage d’une coupe cintrée à la toupie avec ungalet à bille.

Fig. 46. Usinage d’une coupe cintrée à la défonceuse, vuede dessus. a. genouillère ; b. cale de maintien ; c. pièce àusiner ; d. gras du chantournement ; e. compas ; f. cale pourrecevoir le point de centre du compas ; g. support.

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désignés par le nom du profil qu’ils produi-sent, par exemple bouvet à doucine ouencore bouvet à scotie. Les feuillerets et lesguillaumes servent à « pousser » lesfeuillures.

Avant 178072, la plupart de ces outils,bien que dépourvus de contre-fer,73 doiventproduire des états de surface satisfaisantset exempts d’éclats, en particulier pour lesmoulures. Lorsque le fer est positionnédans le fût en étant légèrement en sailliede la semelle, le menuisier vérifie en visua-lisant l’extrémité de celle-ci si son réglagecoïncide avec l’épaisseur du copeau sou-haitée.

Au-delà des spécificités du façonnagede chaque profil, il est possible de dégagerquelques règles communes à tous. Toutd’abord, le profilage exige une grande pré-cision dont dépend la qualité d’un embrè-vement, le parfait affleurage des piècesbouvetées ou encore le bon raccordementdes moulures. Cette précision ne peut êtreatteinte qu’avec des outils parfaitementaffûtés et minutieusement réglés. Si le pro-filage doit être réalisé sur une arête de lapièce — ce qui est le cas pour la plupartdes moulures et pour certaines feuillures —,les pièces de bois sont placées à plat aubord de l’établi, une extrémité en butéecontre la griffe74. Mais l’exécution d’un bou-vetage de rainures exige généralement queles pièces reposent sur leur chant. Dans cecas, les pièces de bois sont le plus souventplacées dans la presse et plus rarement surl’établi contre la griffe. Quelle que soit laposition des pièces et les moyens de blo-cage utilisés, le menuisier se place le longde l’établi comme pour le corroyage.

La difficulté d’exécution des profilsdoit être considérée en fonction de la com-plexité des formes. Un profil simple, telleune rainure ou une feuillure, susceptibled’être réalisé à l’aide d’un seul outil, neprésente que peu de difficultés. Par contre,une moulure dont le contour exige le pas-sage successif de plusieurs outils réclameplus d’attention et de dextérité manuelle.L’ordre d’exécution des différentes partiesdu profil doit être réfléchi (fig. 47). Il nedoit pas supprimer d’éventuels pointsd’appui nécessaires au guidage de l’outilpour la suite, ou à l’inverse il procède audégagement de certaines parties pourpermettre alors le passage des outils sui-vants (fig. 48). Il faut donc non seu-lement posséder les outils adaptés maisaussi en connaître les caractéristiques et lepotentiel.

Pour profiler correctement, la tenuede l’outil et son maniement sont déter-minants. Les outils à profiler exigent en

effet d’être maintenus en permanence dansune position telle que le corps de l’outilsoit parallèle à la face de référence, quipeut être le plat ou le chant de la pièce.Bien que ces outils possèdent des guidesdestinés à faciliter l’orientation de leur tra-jectoire sur le bois, il est difficile de lesmaintenir parfaitement appliqués comme il

72. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 61.

73. Le contre-fer estune lame de fer, placéecontre le fer tranchantde l’outil, qui permetd’améliorer la qualitédu travail.

74. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« les outils », p. 25.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 47. Exemple de décomposition d’une moulure avantun profilage. a. membre principal (doucine refouillée) ;b. membre secondaire (baguette) ; c. membre secondaire(congé).

Fig. 48. Exécution d’une moulure refouillée manuellement.a. épannelage ; b. profilage à plat du membre principal ;c et d. profilage à chant des membres secondaires.

ba

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75. Un tarabiscot estun outil à fût utilisépour effectuer des pro-fils sur une piècecourbe. Voir l’Ency-clopédie des Métiers.La menuiserie, tome 2,« les outils », p. 70.

76. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 100.

77. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 163.

78. La corroyeuse estune machine quipermet de calibrerquatre faces d’unepièce de bois rectiligne.Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lamécanisation », p. 147.

convient de le faire pour éviter une mau-vaise attaque irréparable des pièces debois, surtout quand il s’agit de mouluresrefouillées.

Placé le long de l’établi, le menuisiertient son outil à profiler comme un rabot :la main droite poussant l’outil à l’arrière,la gauche maintenant et guidant l’avant,le pouce placé sur le fût et les autres doigtsétendus sur le côté. Pour entreprendre sontravail, contrairement à l’attitude qu’iladopte pour le maniement de la varlope etdu rabot, il se porte à l’avant de la pièce.Puis, appliquant le guide de son outil surla face de référence considérée, il attaquele profilage en poussant l’outil d’arrière enavant par mouvements rapides et assezcourts, pour être toujours contenus dansun seul mouvement des bras, sans quele corps ait beaucoup à bouger. À la finde chacun de ces mouvements, l’outil doitdéboucher de la pièce, de sorte que lecopeau soit toujours achevé en fin decourse, éliminant par là même les bour-rages de copeaux toujours possibles et lesarrêts d’outil en plein bois. L’opération seprolonge ainsi jusqu’au moment où le profilentrepris parvient à sa profondeur finale àl’extrémité avant de la pièce. L’outil alorsen butée de profondeur ne produit plus decopeaux.

Dès lors, le menuisier recule le longde la pièce pour continuer l’opération, eneffectuant une autre série des gestes, et enveillant toujours à ce que la fin de chaquecoup d’outil arrive à la profondeur finie duprofil (fig. 49). La surface en cours d’exé-cution se présente alors inclinée, allant duniveau de la face à la profondeur achevée.Cette pente permet le travail d’une piècede bois en léger contre-fil sans éclats. Ainsi,progressivement, le profil achevé se dévoileau fur et à mesure que le menuisier reculele long de la pièce. Quelques passages surtoute la longueur de la pièce finissent desupprimer les éventuelles irrégularités deprofilage.

Le profilage des parties cintrées secaractérise par la nécessité d’employer desoutils appropriés au cintre de la pièce.

Bien qu’en théorie, chaque cintre exigeraitun outil adapté à sa courbure, il est maté-riellement impossible, dans la pratique, dedisposer de cet outil idéal étant donné latrès grande diversité des cintres rencontrés.On distingue les outils destinés aux tra-vaux sur chant, tels que les différents bou-vetages d’embrèvement, et ceux conçuspour les travaux sur le plat, tel que le pro-filage de moulure. Ces deux façons diffé-rentes de travailler la courbure influencentla conception des outils dont le principeconsiste à donner au fût une forme cintréeou bien à en réduire la longueur, et parconséquent la portée, jusqu’à obtenir par-fois une petite surface d’appui. À défautde tels outils à fût cintré, un tarabiscot75

peut convenir. Si le menuisier possède déjàun tarabiscot, seul le fer est à fabriquer.

Depuis la mécanisation, le tarabiscota été remplacé par la toupie portative76.Cette machine permet de réaliser desprofilages qui s’avéreraient très difficilesvoire impossibles à la toupie. En effet,dès que le menuisier procède à un profilage(rainure, feuillure, moulure simple ourefouillée) à la toupie sur une pièce courbe(arêtier cintré, élément courbe) un mon-tage d’usinage s’impose, qui peut être com-plexe voire irréalisable.

L’usinage

Les machines à profiler (la moulu-rière, la défonceuse, fixe ou à commandenumérique, et la toupie77) ont remplacéla grande majorité des outils manuels deprofilage. La moulurière permet de pro-filer principalement des pièces droites. Sonprincipe de fonctionnement est le mêmeque celui d’une corroyeuse78. Elle seretrouve essentiellement dans l’industriedu bois où elle est utilisée notamment pourla fabrication de lames de parquet ou debardage. La défonceuse fixe, utilisée dansl’industrie du meuble, se compose d’unetable sur laquelle est fixée une potence quisoutient la machine. Le plus souvent, cettemachine est utilisée pour profiler des piècescintrées. L’axe de la table de la défonceusereçoit une petite tige métallique qui sert depoint d’appui pour guider la pièce de bois.La défonceuse se règle en fonction de latige. La pièce étant mise en mouvementmanuellement, le menuisier doit anticiperun éventuel rejet si elle n’est pas main-tenue fermement.

C’est cependant la toupie qui constituela machine essentielle du profilage. Sapolyvalence, liée à la diversité des formesde fer qu’elle peut porter et à l’adaptabi-lité de sa table, lui permet de remplacer

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Fig. 49. Maniement de l’outil à profiler par guillochage.a. profondeur de la moulure ; b et c. va-et-vient de l’outil.

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tout l’éventail des outils à fût. Cette poly-valence est encore accrue par la capacitédu menuisier à concevoir des montagesd’usinage de plus en plus complexes afind’adapter les différents guides à la formedes pièces à usiner. La toupie permet doncun gain de temps considérable, mais néces-site le respect le plus strict des consignesde sécurité.

Le réglage de l’arbre de toupie

Le réglage en hauteur de l’outil decoupe et le positionnement de la piècede bois à profiler par rapport à celui-cirépondent aux mêmes exigences pour latoupie et pour la moulurière. Parmi lagrande variété des profils (rainure, lan-guette, feuillure, moulure…), on peutdistinguer ceux que l’on usine sur une face(rainures, languettes…) et ceux effectuéssur une arête (feuillures, congés, quart-de-rond, doucine…). Pour l’usinage de cesderniers, il faut déterminer la positionadéquate de la pièce : posée à plat ousur chant. Avec certains profils, commela doucine, les outils de coupe adéquatspermettent les deux positions. Mais, dèsque le profil correspond à une moulurerefouillée, il faut placer les parties en sur-plomb face à l’outil de coupe (fig. 50). Parconséquent, certaines moulures refouillées,comme la baguette79, imposent un usinageen deux passes au moins : en posant lapièce à chant d’abord et à plat ensuite.

La rotation de l’outil de coupeSuivant la matière à usiner (bois

massif, panneau mélaminé) et la qualitéd’usinage souhaitée, il existe deux grandstypes d’usinage : l’usinage « en opposi-tion » et celui « en avalant » égalementdit « en concordance ».

L’usinage en opposition, le plus cou-ramment utilisé, consiste à présenter lapièce de bois dans le sens contraire de larotation de l’outil de coupe (fig. 51 a).Pour éviter un choc au contact de la piècede bois avec l’outil en rotation, le menui-sier anticipe en régulant la vitesse d’ame-nage manuellement ou mécaniquement.

Pour l’usinage « en avalant », la piècede bois est avancée dans le sens de larotation de l’outil de coupe (fig. 51 b).Le contact des deux éléments accentue lavitesse d’amenage de la pièce qui ne peutêtre régulée qu’à l’aide d’un entraîneur.Ce type d’usinage produit un meilleur étatde surface que celui obtenu avec un usi-nage en opposition. Il présente toute-fois quelques inconvénients : on constateune usure avancée de l’outil de coupe et

il oblige à une diminution de la vitessed’amenage afin de ne pas accélérer cetteusure. De plus, si les outils de coupe pos-sèdent des déflecteurs80, ceux-ci talonnentcontre le bois et empêchent l’usinage.

79. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les moulures »,p. 136, figure 16 b.

80. Le déflecteur est uncontre-fer qui permetde réguler la profon-deur du tranchant del’outil de coupe. Voirl’Encyclopédie desMétiers. La menui-serie, tome 2, « Lamécanisation », p. 167.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 50. Profilage d’une moulure refouillée à la toupie.a. membre principal ; b et c. membres secondaires.

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Fig. 51. Amenage d’une pièce de bois pour un profilage àla toupie. a. en opposition ; b. en avalant.

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81. La lumière de tablecorrespond à l’espaceentre la circonférencede l’outil de coupe etles rondelles concen-triques.

82. Le balourd est undéséquilibre dans unepièce tournante dont lecentre de gravité ne setrouve pas sur l’axe derotation.

83. Une vis de serrageavec un écrou ou unboulon est une vis dansl’axe en bout de l’arbreporte-outil pour serrerles demi-lunes.

84. Le chapeau est unerondelle métallique quise pose par-dessus ladernière bague, sanstoucher l’arbre porte-outil.

85. En général, tousles réglages mécaniquess’effectuent en montantpour éviter l’affaisse-ment sous son proprepoids de l’élément àrégler lors de la misesous tension.

86. La plate-bandeest un profil simplepermettant de réduireprécisément le contourd’un panneau afinde rentrer dans unerainure.

Le positionnement de l’outil de coupesur l’arbreLors du montage d’un outil de coupe

sur l’arbre porte-outil, le menuisier bloquela rotation de l’arbre et vérifie la lumièrede table81. Puis, il pose l’outil de coupe auplus bas de l’arbre porte-outil afin d’éviterle balourd82 lors de la mise en route. Lemenuisier empile au-dessus de l’outil decoupe des bagues jusqu’à couvrir l’arbre enentier en laissant dépasser la vis de ser-rage83 pour mettre en place le chapeau84,et serre modérément l’écrou (fig. 52). Lesens de rotation de l’outil de coupe étantinversé par rapport à celui du filetage,l’écrou ne peut se desserrer. Ensuite, lemenuisier débloque la rotation de l’arbre,puis règle en montant85 la hauteur de l’outilde coupe par rapport à la table à l’aided’un réglet de toupilleur ou d’un pied àcoulisse à cadran (voir figure 55). Une foisen position, l’arbre vertical est bloqué enhauteur manuellement ou électriquement.Le menuisier choisit le positionnement del’outil de coupe en dessous ou au-dessus dela pièce de bois à usiner en fonction duprofil souhaité.

L’usinage par-dessous permet d’usinerun profil constant sur une arête, quels quesoient l’épaisseur et le calibre de la piècede bois. Cet usinage convient donc particu-lièrement pour des moulures (fig. 53 a).Dans la mesure du possible, le menuisier

présente le parement contre la table. Lapièce peut accidentellement se soulever,mais la déformation du profil peut êtrerectifiée lors d’un second passage. C’estégalement la position d’usinage la pluscouramment employée car c’est elle quioffre le plus de sécurité tout en canalisantles copeaux de bois directement dans lecarter de la toupie. En effet, les construc-teurs conçoivent les outils de coupe à pro-fils simples pour un usinage par-dessous.

Usiner par-dessus permet de déter-miner une épaisseur constante entre latable de la toupie et l’outil de coupe. Cetusinage est surtout utilisé pour le profilagede plates-bandes86, de rainures et de lan-guettes (fig. 53 b et c). Le profilage par-dessus devient dangereux lorsque l’outil decoupe est en saillie de la pièce. Dans cecas, il est en contact direct avec les élé-ments qui entraînent la pièce de bois etceux qui protègent l’utilisateur. De plus,le manque d’efficacité de l’aspiration descopeaux de bois peut réduire la visibilitédu menuisier.

Ce type d’usinage est particulièrementadapté aux plates-bandes car leur profil se

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Fig. 53. Profilage à la toupie. a. profilage par-dessous ;b et c. profilage par-dessus.

Fig. 52. Positionnement du chapeau sur l’arbre de toupie.

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caractérise par une épaisseur constante auniveau de la languette afin qu’elle puisserentrer dans une rainure prévue à cet effet.L’usinage reste néanmoins délicat : si lapièce se soulève ou que quelque chosevient se glisser entre la table de la machineet la pièce de bois, le profil est déformé etirrattrapable dans le meilleur des cas ; aupire, la pièce est éjectée brutalement.

Le profilage de pièces rectilignes

Pour effectuer un profilage rectiligneà la toupie, le menuisier dispose de guidesde toupillage linéaire87 (fig. 54). Il com-mence par régler la hauteur de l’outil decoupe puis la profondeur d’usinage duprofil en adaptant la lumière de guide88. Ilpeut contrôler cette profondeur avec unréglet (fig. 55 a), une règle de toupilleur(fig. 55 b) ou, pour une précision optimale,un pied à coulisse à cadran (fig. 55 c). Lemenuisier veille à la propreté et à la bonnelubrification de la table et des guides afinde faciliter le glissement de la pièce.

Durant le profilage, le menuisier setient sur le côté de la pièce et non derrière,pour mieux maîtriser son déplacement etéviter d’être atteint par un éventuel rejetsi elle lui échappe des mains. En règlegénérale, le parement de la pièce de boisest posé contre la table afin que les éven-tuels défauts d’épaisseur ne soient réper-cutés que sur le contreparement.

Dans le cas de l’usinage périphériqued’un panneau de bois massif à chant droit,il est préférable de débuter le profilage entravers fil (fig. 56). Quand l’outil de coupevient trancher perpendiculairement le fildu bois, les fibres offrent une résistancequi engendre des éclats en sortie de profi-lage. Mais en poursuivant, le fil du bois se

retrouve dans le sens de rotation de l’outilde coupe supprimant ainsi les éclats. Si lemenuisier ne profile qu’un chant du pan-neau en travers fil, il faut prévoir un pare-éclat en sortie d’usinage.

Si un profil est réalisé sur toute lahauteur du chant, pour une moulure par

87. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 165.

88. La lumière deguide est l’espace entrele guide d’entrée etcelui de sortie.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 54 Les éléments d’un guide linéaire. a. guide d’entrée ;b. presseur vertical ; c. presseur horizontal ; d. guide desortie ; e. carter de protection ; f. vis de réglage pour lesguides ; g. lumière de guides.

Fig. 55. Outils de contrôle pour régler l’outil de coupe parrapport aux guides et à la table. a. réglet ; b. règle de tou-pilleur ; c. pied à coulisse à cadran.

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Fig. 58. Stabilisation d’une pièce de petite section à l’aidede peignes.

89. Le peigne est uneplanche en bois ou enplastique dont le tiersde la largeur a été sciépar tranches succes-sives d’environ troismillimètres d’épaisseur(pour assouplir cestranches au contact dela pièce de bois), àenviron 60o par rap-port au chant de cetteplanche.

90. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« La mécanisation »,p. 165.

91. Voir infra « Leprofilage arrêté »,p. xxx.

exemple, la pièce n’a plus de surfaced’appui en fin de passe, ce qui peut pro-voquer des déformations. Pour remédierà cela, le menuisier règle la profondeurdu guide de sortie en actionnant une visde réglage afin de le décaler vers l’avant(fig. 57). Si l’usinage d’un profil, parexemple une grosse feuillure, déstabilise lapièce à usiner en sortie de profilage, il fautréaliser une contre-forme du profil et lapositionner sur le guide de sortie. Cettecontre-forme peut être clouée ou vissée siles guides sont en bois. Sinon, le menuisierpeut utiliser des peignes89 en complémentde serrage de la pièce (fig. 58). Si la pièceest trop courte par rapport à la lumière,un panneau recouvrant l’ensemble desguides et maintenu à l’aide de serre-jointspermet à la pièce de rester continuellementen appui pendant l’usinage.

Sur la toupie, l’entraîneur90 sert àréguler la vitesse d’amenage d’une piècevers l’outil de coupe. Outre une sécuritéaccrue, il permet d’obtenir une meilleurequalité d’exécution qu’à la main. Efficacepour les travaux en série, il n’est pas exclu

de l’utiliser pour une seule pièce de bois.Dans le cas d’un profilage arrêté91, lemenuisier doit procéder à un amenagemanuel. Il place les mains à plat, celle degauche devance celle de droite. Il adapteson geste aux obstacles (presseurs, élémentsde sécurité) qui peuvent gêner l’amenagede la pièce. Cet amenage manuel a l’incon-vénient de ne pas être régulier, ce qui pro-voque des ondes d’usinage irrégulières, deszones partiellement brûlées et donc unefinition plus longue et plus fastidieuse.

Lorsque le menuisier veut effectuer unprofilage d’une pièce posée à plat sur latable avec l’entraîneur, il place ce dernierprès du guide et verrouille la potence enrotation depuis la table. Il présente lapièce à usiner sous le bloc-moteur pourrégler la hauteur des galets de l’entraîneurde sorte qu’ils pressent correctement lapièce de bois contre la table. Pour undéplacement d’une pièce posée à plat surla table, la pièce doit être pressée par lesgalets pour être continuellement en contactavec les guides (photo 19). Pour effectuercette pression, le bloc-moteur de l’entraî-neur est pivoté légèrement dans la direc-tion du guide de sortie d’une quinzaine dedegrés. Pour un déplacement d’une pièceposée à chant de la droite vers la gauche,dont le plat est contre les guides, les galetsde l’entraîneur sont positionnés verticale-ment par rapport à la table (photo 20).Les deux premiers galets se positionnenten face du guide d’entrée et le troisièmegalet en face du guide de sortie. Lamanœuvre étant délicate, il ne faut sur-tout pas positionner le troisième galetdevant l’arbre de toupie : il peut orienterla pièce à usiner dans la lumière et ladéformer.

Une fois l’entraîneur réglé, le menui-sier vérifie qu’un galet ne soit pas encontact avec l’outil de coupe en tournantl’arbre à la main, puis il démarre l’aspi-ration et la machine. S’il y a un bruit

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Fig. 56. Sens de profilage d’une plate-bande en fonctiondu fil du bois afin de limiter les éclats dans les zones àrisque (a).

Fig. 57. Décalage du guide de sortie pour un profilage surtoute la surface d’une pièce.

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inhabituel, généralement lié à la vitessede coupe de l’outil, le menuisier attentifle reconnaît et arrête immédiatement lamachine. Il peut profiler une pièce d’essai.Si le profil ne correspond pas au résultatsouhaité — carré trop grand ou trop petit,congé incomplet, etc. —, il modifie la hau-teur de l’arbre et la position du guidejusqu’à ce que le profil soit parfait.

Le profilage de pièces courbes

Lorsque le menuisier doit réaliser unprofilage sur une pièce courbe92, il peut uti-liser un guide à lunette93 ou des guides detoupillage linéaire. C’est la surface de réfé-rence (surface d’appui droite ou courbe)

pendant le profilage qui oriente le menui-sier vers le choix du guide. Lorsque lasurface de référence est plane et que leprofilage s’effectue sur une surface cintrée,le menuisier utilise le guide à lunette. Enrevanche, lorsque la surface de référenceest cintrée et que le profilage s’effectue surune surface plane, le menuisier utilise lesguides de toupillage linéaire (par exempleune moulure refouillée sur un chambranlecintré).

Pour un profilage effectué sur unesurface cintrée, le menuisier utilise donc unguide à lunette. Le diamètre de l’arrondides plaques du guide à lunette doit êtreinférieur ou égal au diamètre du plus petitcintre de la pièce afin que la pièce soitconstamment en appui sur le repère94 ins-crit sur la lunette (fig. 59). Il doit égale-ment être supérieur au diamètre de l’outilde coupe pour que la profondeur du profilsoit au maximum au niveau du repère.Si ce n’est pas le cas, le menuisier n’a plusde point précis pour effectuer un profilagerégulier en profondeur. Il contrôle la pro-fondeur d’usinage à l’aide d’un réglet oud’un pied à coulisse. Pour accompagner lapièce à usiner vers le repère, le menuisierplace ses deux mains fermement sur lapièce de bois, celle de gauche légèrement àl’avant. Un contact direct de la pièce auniveau du repère provoquerait un rejetviolent de celle-ci. L’extrémité avant dela pièce prend donc appui sur la lunettedepuis l’extérieur droit de la zone de tra-vail jusqu’à atteindre le repère (fig. 60).Pour réaliser un profil de profondeur régu-lière, le chant de la pièce cintrée est encontact constant avec le repère et terminesa course vers l’extérieur gauche de la zonede travail.

Lors d’un profilage sur toute la hau-teur du chant d’une pièce cintrée, parexemple une moulure, on rencontre lesmêmes problèmes que pour un profilagerectiligne. La pièce de bois a besoin d’une

92. Le terme « piècecourbe » dans cettepartie fait référence àtoutes les pièces qui nesont pas rectilignes.

93. Le guide à lunetteest un guide équipé deplaques arrondies enmétal qui se place au-dessus ou en dessousde l’outil de coupe.Voir l’Encyclopédiedes Métiers. La menui-serie, tome 2, « Lamécanisation », p. 166.

94. Le repère corres-pond au dépassementmaximal de l’outil parrapport au guide, etpar conséquent à laprofondeur maximalesouhaitée pour leprofil.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 19. Positionnement de l’entraîneur de la toupie pourusiner une pièce placée chant contre guide et face contretable. Document Compagnons du Devoir.

Photo 20. Positionnement de l’entraîneur de la toupie pourusiner une pièce placée chant contre table et face contreguide. Document Compagnons du Devoir.

Fig. 59. Le guide à lunette. a. repère ; b. lunette ; c. pres-seur vertical ; d. vis de réglage ; e. carter de protection ;f. virgule métallique.

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95. Le galet à bille estun roulement à billeavec une multituded’alésages interchan-geables de sorte que lediamètre puisse corres-pondre à celui del’outil de coupe à pro-filer choisi.

96. La virgule est unguide secondaire deforme quelconque quiest fixé au plus près del’outil de coupe sur latable de la toupie. Ellesert d’appui avant quela pièce à usiner nesoit en contact avec legalet à bille.

surface d’appui complémentaire au chantprofilé. Le menuisier réalise donc ungabarit de la forme de la pièce, qui sertd’appui pendant le profilage. Il doit ensuiteprendre en compte l’épaisseur du gabaritpour régler le positionnement de la lunetteet des organes de sécurité (fig. 61).

Outre un guide à lunette, le menuisieradapte sur l’arbre porte-outil un galet àbille95 qui peut être placé au-dessus ou au-dessous de l’outil de coupe. Si le menuisierveut réaliser un profilage dont l’usinages’effectue par en dessous, il place au-dessusde l’outil de coupe le galet à bille qui prendappui sur la partie du chant non usinéde la pièce de bois, et inversement pourun usinage réalisé par-dessus (fig. 62).À partir du galet à bille, le menuisier peutadapter des bagues pour augmenter le dia-mètre de ce galet et ainsi régler la profon-

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Fig. 60. Profilage d’une pièce cintrée à la toupie avec unguide à lunette.

a

b

Fig. 61. Positionnement du gabarit (en gris) et du carterde sécurité. a. pour un profilage sur une arête ; b. pour unprofilage sur une face.

Fig. 62. Profilage d’une pièce cintrée à la toupie avec ungalet à bille.

deur d’usinage de l’outil de coupe. Le galetà bille et l’outil de coupe ont le même axede rotation. Par conséquent, contrairementau guide à lunette, l’outil atteint immédia-tement la profondeur maximale de profi-lage. Si le menuisier présente directementla pièce sur le galet à bille, elle est doncéjectée brutalement. Pour parer à ce pro-blème, il faut mettre en place une virgule96.Cette virgule est fixée en amont de l’outilde coupe et sert de premier appui pour lapièce à usiner avant qu’elle ne soit en

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contact avec le galet à bille et donc avecl’outil.

Dans le cas d’un profilage simple (unemoulure simple, une rainure) sur une tra-verse chantournée et qui présente un anglerentrant, le menuisier ne peut profilerjusqu’à l’extrémité de l’angle car l’outil decoupe est circulaire (fig. 63). Il est doncnécessaire d’effectuer une reprise manuelledu profil, à l’aide de gouges et de ciseaux àbois. Dans le cas où le profil se fait sur unangle saillant, l’outil de coupe peut profilerjusqu’à l’extrémité de cet angle, mais il varencontrer du contre-fil et engendrer deséclats, voire la rupture de l’angle saillantsi le profil est trop important (fig. 64).Le menuisier peut alors réduire la quantitéde matière usinée en procédant en plu-sieurs passes.

Dans le cas de l’usinage d’un profilqui nécessite de placer la face contre leguide, par exemple une moulure refouillée,le menuisier utilise les guides de toupillagelinéaire. Il doit concevoir un « berceau »qui reprend la forme de la pièce cintréeafin de la guider correctement pendantl’usinage (photo 21). Ce montage d’usinagese décompose en deux parties. La premièrepartie, « le berceau », est fixée contre lesguides de toupillage linéaires et sert àorienter la pièce à usiner vers l’outil decoupe. Le menuisier veille à aligner l’axede cette partie avec celui de l’arbre detoupie. La seconde partie est la contre-

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 63. Profilage d’une traverse chantournée : l’outil decoupe pénètre dans un angle rentrant.

Fig. 64. Profilage d’une traverse chantournée : l’outil decoupe pénètre dans un angle saillant.

Photo 21. Montage d’usinage pour profiler une moulurerefouillée sur la face d’une pièce cintrée. DocumentCompagnons du Devoir.

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forme de la pièce à usiner. Elle sert àpresser et à guider la pièce à usiner sur lapremière partie. Ainsi la pièce est pousséemanuellement pendant l’usinage. Pour unamenage mécanique de la pièce à l’aidede l’entraîneur, les galets doivent êtredémontés pour être jumelés sur l’axe dugalet central afin que la pièce courbe nepuisse pas buter dans le carter du bloc-moteur (photo 22). Ensuite, l’entraîneurest placé devant et au-dessus de l’outil decoupe de façon à ce que les galets jumeléssoient dans l’axe de l’arbre porte-outil. Lacontre-forme qui sert de presseur est alorssupprimée et remplacée par les galets del’entraîneur.

Le profilage arrêté

Le profilage arrêté consiste à profilerune pièce de bois sur une longueur limitée(par deux mortaises par exemple). Ce typede profilage peut être effectué sur unepièce rectiligne ou curviligne.

Le profilage arrêté rectiligneLe profilage arrêté rectiligne est l’usi-

nage d’un profil arrêté sur une pièce droite.Le menuisier retrouve très souvent cettetechnique de travail, par exemple au coursde la réalisation d’une porte vitrée enpartie haute et assemblée de panneaux enpartie basse. La partie haute de cetteporte possède, pour recevoir le vitrage, unefeuillure qui est arrêtée car, pour recevoirun panneau, la partie basse change deprofil et comporte une rainure.

Une fois les guides et l’outil de couperéglés, le menuisier détermine par deuxtraits au crayon la zone de travail de l’outilsur le guide ou sur la table afin que lerepérage soit visible lorsque la pièce debois est en cours d’usinage. Les pièces à

usiner doivent être coupées préalablementde long. Une fois la zone de profilagedéterminée sur la pièce, le menuisier posi-tionne les butées sur les guides d’entrée etde sortie (fig. 65 a).

Lorsque les réglages sont terminés, lemenuisier positionne le presseur vertical eneffleurant le dessus de la pièce pour ne pasgêner le déplacement de cette dernière versl’outil : dans ce cas le presseur a simple-ment une fonction de protection. Lors duprofilage, le menuisier place en premierl’extrémité arrière contre la butée d’entrée.La pièce a tendance à entrer brusquementdans l’outil de coupe et à se plaquer contrele guide. La pièce est ensuite poussée pro-gressivement vers l’outil et accompagnéejusqu’à la butée de sortie, puis dégagée parson extrémité arrière (fig. 65 b).

Le profilage arrêté curviligneLe profilage arrêté curviligne consiste

à arrêter un profilage sur une pièce courbe.

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Photo 22. Profilage sur une face d’une pièce cintrée àl’entraîneur avec les galets jumelés au centre. DocumentCompagnons du Devoir.

a

b

Fig. 65. Profilage arrêté rectiligne. a. positionnement desbutées sur les guides d’entrée (a) et de sortie (b) avec lazone de profilage (c) ; b. technique de passe.

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La technique s’apparente à celle utiliséepour une pièce droite si ce n’est que lemenuisier utilise un galet à bille et unevirgule. Le menuisier doit concevoir unmontage d’usinage qui prend en comptela zone de profilage sur la pièce de bois(fig. 66).

L’entaillage

Une entaille, en menuiserie, est unévidement de matière. Elle peut remplirune fonction d’assemblage ou une fonctiondécorative. Certaines entailles, notammentd’assemblage, avant l’évidement propre-ment dit, nécessitent au préalable dessciages qui en délimitent les contours. Parailleurs, la réalisation de certains assem-blages fait succéder une étape d’entaillageà une étape de sciage. C’est par exemple lecas d’un assemblage à mi-bois en croix de

Saint-André97. La mortaise corresponddonc également à la définition de l’entaille.Mais c’est une entaille suffisamment parti-culière et importante en menuiserie pourl’étudier à part98.

Lorsque l’entaille remplit une fonctiond’assemblage, c’est le plus souvent grâceà un encastrement. Il s’agit par exemplede l’entaillage de marches d’escalier, del’incrustation d’objets en tout genre ouencore du ferrage. L’entaille décorative seretrouve quant à elle sur des pièces orne-mentales comme des panneaux à plis deserviette, ou des traverses d’imposte avecdes métopes, des triglyphes99, etc.

Ces entailles peuvent être débou-chantes ou partielles. Elles sont débou-chantes si elles traversent toute la piècedans l’une de ses dimensions. Une entailledébouchante correspond par exemple à unassemblage à mi-bois en croix. Une entaillepartielle se retrouve par exemple dans unassemblage à paume carrée100.

Pour réaliser une entaille, le choix del’outillage manuel ou mécanique utilisé parle menuisier dépend de la surface, de laforme et de la profondeur de l’entaille. Laréalisation manuelle d’une entaille s’estraréfiée avec la généralisation pour les fer-rures de la défonceuse portative101 puis dela paumelleuse. Par contre, dès que lemenuisier doit réaliser une entaille équarrie,il termine les angles au ciseau à bois.

Le façonnage

L’entaillage manuel dans le bois massif

Le menuisier doit préalablementprendre connaissance de l’aspect fibreuxdu bois massif et anticiper la réaction dutranchant de l’outil lorsqu’il pénètre dansle bois. Les outils manuels courammentutilisés pour effectuer une entaille sont desoutils tranchants emmanchés102. Leurgrande maniabilité permet de réaliser desentailles de formes diverses, tant en boisde travers qu’en bois de fil, qu’il soit droit,couché ou qu’il s’agisse de contre-fil.

Lorsque le tranchant de l’outil estengagé dans le fil d’une pièce de bois etqu’il rencontre du fil droit, c’est-à-dire desfibres parallèles à la face travaillée, il suitle fil du bois tout en gardant une profon-deur constante dans l’entaille et produit unbon état de surface (fig. 67 a). Dans cetteopération, la planche du ciseau103, générale-ment posée à plat sur la face finie, sert deguide.

Lorsque le ciseau rencontre du filcouché, c’est-à-dire des fibres qui, par rap-port à la planche du ciseau, forment un

97. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,p. 206, figure 22.

98. Voir infra,p. XX.

99. En menuiserie,une métope désigneun ornement constituéd’un évidement quipermet de donner plusde relief à une sculp-ture qui, dans unefrise, alterne avec destriglyphes, ornementsconstitués d’une succes-sion de cannelures etde plats à intervallesréguliers.

100. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les assemblages »,p. 204 à 208.

101. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 4,« Les outils », p. 99.

102. Voir l’Encyclo-pédie des Métiers. Lamenuiserie, tome 2,« Les outils », p. 53.

103. La planche duciseau correspond aucorps de l’outil.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 66. Profilage arrêté curviligne en utilisant un gabarit.

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Fig. 68. Les différents types de travers fil rencontrés par leciseau. a. fil droit ; b. fil couché.

104. Ici, l’angle dedépouille correspond àl’angle entre le dos duciseau à bois et la plande la pièce façonnée.

angle aigu, il tend à être entraîné dans lemême sens (fig. 67 b). Un ciseau parfaite-ment affûté, avec un angle de coupe assezfin, produit un excellent fini. Seulement,dans cette opération, l’outil ne peut garderune profondeur constante puisque le tran-chant de l’outil suit le fil du bois quiremonte. Le menuisier doit donc maintenirfermement la planche du ciseau sur la sur-face finie en l’orientant en biais pour tran-cher les fibres du bois.

Lorsque le ciseau rencontre du contre-fil, c’est-à-dire des fibres qui, par rapport àla planche du ciseau, forment un angleobtus, il a tendance à suivre le sens desfibres, à s’enfoncer anormalement dans lebois, et ainsi produire des arrachements etun mauvais état de surface (fig. 67 c). Lemenuisier adopte alors la même attitudequ’avec du fil couché mais en réalisant decourtes passes. Il peut également animerl’outil d’une trajectoire oscillante.

Dans le cas où le tranchant de l’outilest engagé en travers fil pour effectuer un

fond d’entaille, l’entaille se réalise perpen-diculairement aux fibres du bois. Elle serévèle toujours plus difficile qu’en boisde fil et l’état de surface demeure d’assezmauvaise qualité, car sous l’action del’arête tranchante les fibres ont tendance às’écraser et à se décoller plutôt qu’à selaisser trancher. Dans des bois très homo-gènes, comme le hêtre, on peut cependantobtenir un état de surface correct. Toutcomme les coupes en bois de fil, la coupeen travers fil peut s’effectuer en fil droit,en fil couché ou en contre-fil. Mais dans cecas, c’est l’angle entre la planche du ciseauet les cernes observables en bout de lapièce de bois qui est pris en compte.

En fil droit, le tranchant du ciseautend à décoller les fibres plutôt qu’à lestrancher, car la force nécessaire à l’actionde l’outil est parfois supérieure à la résis-tance au décollement des fibres (fig. 68 a).Il s’ensuit un mauvais état de surfacequi peut cependant être amélioré en opé-rant avec un outil dont l’angle de coupeest proche de 20o, au lieu de 25o en règlegénérale.

En fil couché, les inconvénients dedécollement des fibres restent les mêmesqu’en bois de fil. Le ciseau a cette fois ten-dance à déraper, mais l’état de surface estbon (fig. 68 b). Dans cette opération, lemenuisier anime son outil d’une trajectoirebiaise avec un léger angle de dépouille104.

94

Fig. 67. Les différents types de fils du bois rencontrés parle ciseau. a. fil droit ; b. fil couché ; c. contre-fil.

a

b

c

a

b

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En contre-fil, le tranchant du ciseausuit le fil du bois vers l’intérieur de lapièce de bois et arrache les fibres sansvraiment les trancher. Le maniement del’outil devient alors très difficile et l’étatde surface reste assez médiocre. Le menui-sier améliore cependant le résultat en opé-rant par petites passes, en ayant soin den’enlever que très peu de bois à la fois.Dans l’entaille en bois de travers, quelleque soit la direction des cernes du bois, ilconvient chaque fois qu’il est possible de lefaire, d’agir non pas de face par rapport auchant de la pièce, mais de biais (fig. 69 a).Ce mouvement peut avoir une trajectoirebiaise rectiligne ou, pour des cas plus diffi-ciles, biaise et sinusoïdale en raison dumouvement oscillant que le menuisierdonne au ciseau (fig. 69 b).

Le traçage

Suivant la forme de l’entaille, le tra-çage s’exécute au trusquin, à l’équerre,au compas, au gabarit, ou bien encore àmain levée. Afin de distinguer les parties àenlever de celles à conserver, il est conseilléde faire une marque à la craie de couleurà l’intérieur de la surface déjà délimitée.Non seulement, ceci permet d’indiquer plusclairement les différentes parties, maisencore d’apprécier l’équilibre des pleins etdes creux avant d’entreprendre le travail.

Dans certains cas, comme les assemblagesà mi-bois, l’entaille s’effectue sur toute lalargeur d’une ou plusieurs surfaces, ce quipermet de délimiter certains contours à lascie à araser.

L’évidement

Les pièces à évider peuvent être pla-cées à chant ou à plat sur l’établi. Posée àplat sur l’établi, la pièce présente son tracéà la vue du menuisier contrairement à celleposée à chant. Quelle que soit la disposi-tion de l’entaille sur la pièce de bois, sonmode d’exécution se trouve déterminé parsa nature (d’encastrement ou décorative)et sa forme. S’il s’agit d’une entaille droite,parallèle ou non aux rives de la pièce, unmaillet et quelques ciseaux à bois suffisentà l’exécuter par guillochage (fig. 70 a) oupar bûchage (fig. 70 b). Le menuisier pro-cède ensuite à un dégagement du contour(fig. 70 c) et à un dressage du fond.

En revanche, pour une entaille dontle contour comporte des courbes, il est pré-férable de délimiter d’abord ce contour en

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Fig. 69. Les différentes façons de manier le ciseau lorsqu’ilrencontre du travers fil. a. maniement en biais ; b. manie-ment par oscillation.

a

b

Fig. 70. Entaillage d’encastrement. a. guillochage ;b. bûchage ; c. reprise des contours.

a

c

b

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105. La bague decopiage est un acces-soire propre à la défon-ceuse lui permettant decopier toute forme àpartir d’un gabarit.

Photo 23. Gabarit pour l’entaillage à la défonceuse avecune bague de copiage d’un motif présent sur des volets.Document Compagnons du Devoir.

Fig. 71. Entaillage en bois de bout. a. sans cale pare-éclat ;b. avec cale pare-éclat.

donnant des coups de gouge ou de ciseau àbois légèrement en retrait du contour del’évidement et à l’intérieur de celui-ci, puisde procéder à son dégagement comme pourune entaille droite. Enfin, le menuisier ter-mine par une reprise des contours en res-pectant exactement le tracé.

Pour aplanir les fonds, il faut faireusage de la guimbarde, en réglant son fer àla profondeur finie de l’entaille. Pour êtreefficace, cet outil doit être manié avec desgestes rapides et courts. Le supplément debois conservé sur le contour de l’entailleest alors enlevé au ciseau et à la gouge.Lorsqu’il n’y a qu’une faible quantité dematière à enlever, particulièrement lorsquele ciseau travaille perpendiculairementaux fibres, le risque d’éclats est important.Pour l’éviter, le menuisier prend soin deplacer une cale faisant office de pare-éclats(fig. 71).

La réalisation manuelle des entaillesdécoratives suppose un plus grand soin

que celle des entailles d’encastrement. Enraison de leur fonction d’ornement, lesdétails sont plus nombreux et le fini sedoit d’être parfait. La diversité des ciseauxà bois et des gouges nécessaires est aussiplus importante afin de répondre à la plusgrande variété et à la plus grande com-plexité des formes à évider.

L’usinage

Pour réaliser mécaniquement uneentaille, le menuisier peut utiliser diversessortes de machines : mortaiseuses, défon-ceuses, affleureuse, paumelleuse… Le choixde ces machines reste à l’initiative dumenuisier suivant le type d’entailles ren-contrées, mais il utilise le plus souvent ladéfonceuse portative pour sa maniabilité,sa facilité d’utilisation et sa polyvalencepermise par la diversité des fraises compa-tibles.

Pour effectuer une entaille partiellerectiligne, la défonceuse portative est cou-ramment munie d’une fraise droite quipermet d’obtenir des entailles à fond plat àun angle droit. Suivant la complexité del’entaille, le menuisier peut confectionnerun montage d’usinage afin de guider ladéfonceuse dans les bonnes directions etainsi détourer puis évider l’entaille sou-haitée (photo 23).

Pour des usinages cintrés, le menuisierdoit équiper la table de la défonceused’une bague de copiage105 dont le diamètreest supérieur à celui de la fraise utilisée(photo 24). Cela engendre un élargissementdu contour de l’entaille effectuée sur legabarit par rapport à celle réalisée surla pièce de bois. Lors de l’usinage de lapièce de bois, la bague de copiage vients’appuyer sur le contour de l’entaille dugabarit.

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a

b

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Dans certains cas, le menuisier estamené à préparer des sculptures en évidantle contour des motifs pour les mettre enrelief. Il utilise une défonceuse portativesans gabarit, munie d’une petite fraisedroite afin de pouvoir travailler dans lesplus petits angles des motifs. La défon-ceuse, dans cette situation, n’est guidéeque visuellement.

Conclusion

Pour chacune des opérations recenséesdans cette étude, nous avons tenté de pré-senter les moyens techniques et le modeopératoire nécessaires pour la mener àbien. Il reste toutefois un mode d’usinagequi n’a pas été évoqué et qui peut convenirà toute opération : le recours à un centred’usinage à commande numérique. En

amélioration constante depuis son appari-tion dans les années soixante-dix, ce sys-tème qui repose sur la conception et lafabrication assistées par ordinateur alliepolyvalence, rapidité et qualité d’exé-cution. Le processus commence par laconception de la pièce à l’aide d’un logi-ciel spécialisé qui permet de la modéliser.Cette modélisation est ensuite interprétéepar un autre logiciel qui a pour but deprogrammer le « parcours-outils » corres-pondant. Il détermine alors le choix desoutils, les vitesses de coupe et d’avance, lastratégie d’usinage. À ce stade, les connais-sances du matériau, l’anticipation de soncomportement face aux outils et l’intelli-gence de l’ensemble du processus de fabri-cation de l’ouvrage restent primordiales. Ilest parfois possible d’effectuer une simula-tion graphique qui permet au program-meur de visualiser en 3D le comportementde la machine-outil et de vérifier la per-tinence des méthodes d’usinage choisies.Enfin, ces parcours sont traduits par la« commande numérique » qui, après uneindispensable phase de réglage, usine et« sort » les pièces. Calibrage, perçage, mor-taisage, tenonnage, profilage, entaillage :rares sont les opérations d’usinage quirestent à l’écart de son champ de compé-tence !

Mais l’investissement que demande cetype de machine, la nécessaire formation àla science de la programmation, le tempsde préparation en amont de l’usinage àproprement parler ne justifient pas sonutilisation pour des pièces isolées. La« commande numérique » constitue doncl’exemple le plus spectaculaire du progrèstechnologique du métier de menuisier sanspour autant en être la panacée.

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La menuiserie / Le façonnage et l’usinage

Photo 24. Positionnement de la fraise de défonceuse parrapport à la bague de copiage. Document Compagnons duDevoir.

Les Compagnons menuisiers et ébénistes du DevoirTexte du Compagnon Hoehn, Nicolas le Vosgienet du Compagnon Dersoir, Antoine l’Angevin.

Dessins de Pierre Chapelle.

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