GONTRAN NOLLEAU-SEYRAT

ILE D' YEU Terre de Pèlerinage

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I

I LE D'YEU !... Ce nom ne vous dit rien ? Si, sans doute, mais c'est seulement le rappel d'événements

récents qui vous le remet en mémoire. Autrement, bien sûr, « avant », vous n'en aviez point entendu parler.

Etait-il même bien porté sur la carte de France de votre atlas d'écolier ? Pour ma part, je l'ai vu très souvent oublié et les guides touristiques ne le men- tionnaient — quand ils en faisaient mention — qu'avec une brièveté qu'on pouvait aussi bien attribuer au dédain qu'à l'ignorance. Elle était la grande oubliée, l'inconnue, même le département dont elle fait partie, notre chère Vendée, réputée pourtant si fidèle en ses souvenirs, l'ignorait. Demandez plutôt à un habi- tant de La Roche-sur-Yon ou des Sables-d'Olonne, notre voisin d'en face : « Connaissez-vous l'île d'Yeu ? ». Il répondra : « Je connais Noirmoutier, mais l'île d'Yeu... ».

C'est que, voyez-vous, notre pays est vraiment une

île. Il faut vraiment prendre un bateau et traverser la mer pour venir le voir. Nous avons vraiment des sites incomparables. De très nombreuses plages dans les cadres les plus charmants du monde, des ports ravissants, une vie très particulière où le repos existe. Un pays où se sent la douceur du charme insulaire et l'impression du bonheur presque parfait.

Si nous avons vraiment tout cela contrairement à de nombreuses stations qui annoncent des merveilles... dans la lune, pourquoi vous étonner qu'il faille prendre un bateau et traverser la mer pour venir nous voir ? Pour beaucoup, ce sera un plaisir que d'effectuer ce voyage, pour d'autres... disons la rançon qu'il leur faudra payer.

Ah ! sans doute, si vous aimez la foule des grandes plages et l'attrait des casinos, s'il vous plaît d'être en colonie nombreuse de vacances, d'assister aux festi- vités de nos grandes stations balnéaires, de franchir des centaines de corps pour prendre votre bain, de participer au concours du cache-sexe le plus court, de faire rafler votre galette au baccara ou à la rou- lette, oh ! alors, de grâce, ne venez pas à l'île d'Yeu !

Cette terre, à nos yeux, ne saurait s'accommoder... de tout ce qu'ailleurs on peut faire : c'est l'île d'Yeu dans son indépendance un peu fière, dans son isole- ment égoïste et splendide.

On n'accède ici, je le répète, qu'en bateau. Et après cet embarquement à Fromentine, on

aperçoit bientôt toute la partie orientale de l'île, à quelques encablures, paresseuse, nonchalante, étendue sous notre regard dans une admirable atmosphère d'une finesse nuancée, bercée sous un ciel lumineux, par le grand chant de l'Atlantique.

On accoste et tout vous donne, dès l'abord, une impression de bon accueil, de bonhomie rustique et de simplicité.

Toute l'île est là qui vous attend. Le grand événement quotidien se déroule : l'arrivée

du bateau.

Le paquebot côtier Président Auguste-Durand

Les regards vous observent, curieux mais sympa- thiques. Population de braves gens « on est comme on est » simple, très simple, charitable au malheur du voisin, ayant au plus haut point le goût de l'hospi- talité, le sens du dévouement, du « faire plaisir » et du « rendre service ». La France si particulière et si belle des marins, des grands marins.

Son lit de mort

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