Le développement urbain durable : pour une approche...

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UNIVERSITÉ LYON 2 Institut d'Etudes Politiques de Lyon Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine Cécile DIDIER Séminaire: Politique, culture, espace public Sous la direction de Bernard LAMIZET Soutenu le 30 août 2007 Composition du jury : Bernard LAMIZET, Jean-Michel RAMPON

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UNIVERSITÉ LYON 2 Institut d'Etudes Politiques de Lyon

Le développement urbain durable : pourune approche différente de la vie urbaine

Cécile DIDIERSéminaire: Politique, culture, espace public

Sous la direction de Bernard LAMIZETSoutenu le 30 août 2007

Composition du jury : Bernard LAMIZET, Jean-Michel RAMPON

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Table des matièresRemerciements . . 5Introduction . . 6I. Définition du concept de développement durable : De sa naissance à son applicationurbaine . . 10

A. Prémices et évolution du concept . . 10B. Application au domaine de la ville . . 11

1. Principes du quartier durable . . 112. Principe d’interdépendance . . 12

II. Présentation de la ville d’Edimbourg . . 17A. Vue d’ensemble . . 17

1. Présentation générale . . 172. Des situations contrastées dans la ville . . 20

B. Organisations politiques et place du débat sur le développement durable . . 251. Le Parlement et l’Exécutif Ecossais . . 262. La « Ville d’Edimbourg » . . 273. La place des « Verts » . . 28

III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville . . 30A. Articulation entre culture et politiques urbaines . . 30

1. Une politique culturelle forte . . 302. La prise en compte des principes de développement durable dans les politiquesurbaines d’Edimbourg . . 33

B. Un objectif à long terme pour Edimbourg : la disparition de l’opposition centre /périphéries . . 41

1. Intégration du front de mer à la ville . . 412. Renforcement de l’identité urbaine . . 43

IV. Approche comparatiste . . 48A. Échec des politiques de développement urbain de l’Ouest-Édimbourg : une approcheurbaine tronquée . . 48

1. Situation de l’Ouest-Edimbourg . . 482. Des efforts en matière de logement . . 483. Autres aspects de la politique d’aménagement laissés pour compte . . 50

B. Le développement urbain durable dans le centre ville de Saint-Étienne . . 511. Comparaison des centres ville de Saint-Étienne et d’Edimbourg : ancien siteindustriel / patrimoine mondial . . 522. Apports du développement urbain durable pour le centre ville de Saint-Étienne . . 54

Conclusion . . 58Bibliographie . . 61

Ouvrages . . 61Articles de presse et de revues . . 61Littérature grise . . 62Publications . . 62

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Documents et publications sur Internet . . 62Sites Internet . . 65

Annexe . . 66Annexe 1 . . 66Annexe 2 . . 66Annexe 3 . . 67Annexe 4 . . 68Annexe 5 . . 69Annexe 6 . . 71Annexe 7 . . 72Annexe 8 . . 73Annexe 9 . . 74Annexe 10 . . 75

Résumé . . 79Mots-clés . . 79

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Remerciements

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RemerciementsJe souhaite ici remercier les personnes qui ont su me guider et me soutenir tout au long de montravail :

Bernard Lamizet qui m’a accompagnée du début à la fin de mon travail, qui m’a aidée àorienter ma réflexion, et dont les commentaires ont été très précieux.

Paul Cromptonqui m’a permis de découvrir Edimbourg sous un autre jour.

Joe Leibovitz dont l’éclairage sur les politiques urbaines en général et plus précisément dela ville d’Edimbourg a été très utile.

Ma famille qui a été d’un grand soutien.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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Introduction

Ce mémoire est le résultat d’un travail de recherche mené depuis plus d’un an dans le cadrede mon diplôme de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon. Le choix du sujet a été fait enfonction, tout d’abord de mes centres d’intérêt et de ma future orientation professionnellemais également en fonction de la destination géographique de mon année Erasmus.

Durant mon cursus à l’I.E.P., j’ai pu affiner mon projet professionnel et effectuer deuxstages dans le domaine de l’urbanisme. A travers ces expériences, mon intérêt pour lesquestions urbaines s’est précisé et le domaine d’étude de mon mémoire s’est alors imposé.Ce mémoire s’inscrit donc dans la continuité des travaux que j’ai pu mener lors de messtages et notamment lors de celui que j’ai effectué à la Direction Départementale de laLoire à Saint-Etienne où j’ai pu suivre des projets de renouvellement urbain et travaillerplus précisément sur le développement urbain durable. J’ai souhaité approfondir ce travailet j’ai donc choisi d’orienter mon sujet de mémoire vers la prise en considération dudéveloppement durable dans les politiques urbaines.

Les problèmes environnementaux qui se posent actuellement sont en partie liés audéveloppement des villes. La ville est responsable d’une grande part des émissions de gazà effet de serre, c’est pourquoi elle constitue un excellent terrain d’action de lutte contre leréchauffement climatique. De plus, la majorité de la population vivant aujourd’hui en zoneurbaine, les agglomérations deviennent alors le lieu de nombreux problèmes nouveaux liésà la forte concentration de population dans une même zone. La vie sociale doit être penséeà une autre échelle. Ainsi, la vie urbaine fait face à d’importants enjeux : environnementaux,sociaux et économiques. En outre, la ville est en perpétuel changement, elle doit savoirs’adapter au fil du temps. C’est pourquoi on parle aujourd’hui beaucoup de renouvellementurbain. La ville doit pouvoir répondre aux nouveaux besoins de ses habitants et pour celaelle doit régulièrement se rénover. Les politiques urbaines sont donc au cœur du bonfonctionnement de la ville et déterminent la qualité de vie de la population. Par conséquent,il est intéressant de voir quelles sont les priorités affichées dans les projets urbains etcomment les objectifs sont atteints.

On remarque aujourd’hui que les principes du développement durable deviennent deplus en plus présents dans les politiques urbaines. L’écologie politique a été le précurseurde cette prise en considération. Dans les années 1970, la remise en cause de la sociétéde consommation et la prise de conscience que l’homme laisse son empreinte sur sonenvironnement fait naître des revendications écologistes portées par des militants de laprotection de la nature. Les partis « Verts » s’inscrivent dans cette lignée. La conférence deStockholm de 1972 marque alors le point de départ de la prise en compte de l’environnementdans les politiques publiques. En France, le premier député « Vert » est élu à l’AssembléeNationale en 1973 et le premier ministère de l’environnement est créé en 1974 : c’est la miseen place d’un cadre se voulant approprié pour que les politiques publiques s’imprègnent peuà peu des préoccupations environnementales portées par l’écologie politique qui souhaiterépondre aux problèmes environnementaux par la prise en considération de l’interaction qu’ilexiste entre l’environnement et le fonctionnement économique, politique et social de notresociété. Ainsi, les politiques publiques deviennent un outil essentiel dans l’orientation de nosmodes de vie vers une voie plus respectueuse de l’environnement. C’est sur les fondements

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Introduction

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de l’écologie politique, parce qu’elle propose une autre dimension temporelle des politiquespubliques articulant temps long et temps court, que le concept de développement durableapparaît peu à peu sur la scène politique.

Plus précisément, au niveau de la ville, la prise en considération des principes dudéveloppement durable vise à répondre à tous les enjeux et problèmes qui découlentde l’expansion grandissante des villes. Ce phénomène n’est pas nouveau, l’urbanismeest né justement pour répondre aux besoins de développement urbain, cependant il n’a

pas toujours été pensé sur le long terme. La construction des cités ouvrières du 19ème

siècle, celle des cités-dortoirs ou celle des villes nouvelles des années 1960 n’ont surépondre qu’aux besoins immédiats de leur époque et n’ont pas su résister au temps. Cesdéveloppements ont pu résoudre le problème du logement de nombreux travailleurs maisn’ont fait qu’accroître l’expansion tentaculaire des villes. Aujourd’hui, certaines villes sontconscientes de l’impact négatif de l’étalement urbain. La préoccupation du développementdurable dans les projets urbains est donc totalement d’actualité puisqu’un de ses objectifsest de limiter l’expansion urbaine non contrôlée et de réguler le développement urbain. Lesexemples concrets de politiques urbaines durables se multiplient. L’expérience exemplairedu quartier Vauban à Fribourg est la plus connue de toutes en Europe. Ce projet souhaitaitproposer une offre résidentielle attractive visant la mixité sociale et un cadre urbain dequalité et diversifié sur le plan architectural tout en favorisant les pistes écologiques commele développement des transports en commun ou la promotion du vélo. La réhabilitation d’unancien site militaire a rendu l’expérience possible. Cependant, il existe beaucoup d’autresvilles où des efforts similaires, bien qu’à moindre échelle, sont entrepris. J’ai d’abord pu leconstater à Saint-Etienne, mais dans la mesure où j’ai passé ma quatrième année d’étudesà Edimbourg en Ecosse, il m’a semblé intéressant de tirer avantage de cette situation et decibler mon étude sur les politiques urbaines de la ville d’Edimbourg.

D’autre part, ce cadre d’études s’est trouvé très bien convenir, tout d’abord d’un pointde vue pratique puisque j’ai pu mener mes recherches tout en étant sur place, mais aussi enraison de la richesse du site. En effet, Edimbourg est une ville intéressante culturellement,historiquement, économiquement et socialement. Edimbourg semblait donc être un terraind’études précieux d’autant plus que le renouvellement urbain est une des priorités affichéesde la ville et qu’un plan d’aménagement vient d’être publié dans sa version finale pour lesquinze ans à venir intégrant pleinement les principes du développement durable. Il étaitdonc possible d’analyser la place de ces principes dans les politiques urbaines menées àEdimbourg. Mais cette analyse ne peut se faire sans une réflexion sur ce que peut apporterle concept de développement durable dans les projets urbains et sur les objectifs visés àlong terme.

Les politiques urbaines étant déterminantes pour la qualité de vie au sein de la cité,la prise en compte du développement durable dans ce domaine amène à se demandervers quelle vie urbaine on souhaite tendre ; quel type de développement des villes estnécessaire, pour quelle approche de la vie citadine ? L’exemple d’Edimbourg montre bienque le développement urbain durable a pour objectif premier d’améliorer la qualité de vie etd’avancer ainsi vers une vie urbaine plus saine et dynamique qui respecte l’environnementet les générations futures. Si Edimbourg cherche à améliorer sa qualité de vie par ledéveloppement durable, Saint-Etienne vise la même chose. Il est intéressant de voircomment deux villes de deux pays différents intègrent le développement durable dans leurspolitiques urbaines dans un même projet. Même si les situations sont multiples et variées,le développement durable peut apporter des avantages similaires. Une étude de Saint-Etienne est donc intégrée à ce mémoire pour une approche comparatiste. Saint-Etienne a

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été choisie, d’un part parce que le contexte m’était déjà familier et que les efforts en matièrede développement durable sont réels, et d’autre part parce que sa situation est très différentede celle d’Edimbourg. Les contextes et les passés des deux villes diffèrent considérablementainsi que les majorités politiques : alors que les Travaillistes sont majoritaires à Edimbourg,c’est le groupe U.M.P. qui l’est à Saint-Etienne. Pourtant il est intéressant de voir que lesouhait des deux villes est souvent le même - la qualité de vie est primordiale - et que ledéveloppement durable peut répondre à ce souhait dans des situations diverses.

Mon mémoire se fonde donc sur l’analyse de l’apport du développement durable dansles politiques urbaines menées à Edimbourg. Certains cours que j’ai suivis durant monannée à l’Université m’ont permis d’avoir une première idée des projets urbains élaborésdans cette ville. Je me suis alors renseignée davantage sur ces projets à partir despublications mis en ligne sur le site officiel de la « Ville d’Edimbourg ». Un grand nombrede rapports, de documents sont ainsi disponibles. L’accès direct à ces documents officielsfacilite la diffusion de l’information à grande échelle et encourage la consultation. Cecis’inscrit clairement dans la voie du développement durable dont l’un des buts principauxest de favoriser la transparence et de faire en sorte que tous les citoyens se sententconcernés afin qu’ils puissent s’impliquer davantage dans la vie urbaine. Le site de la Villed’Edimbourg a donc représenté ma première source d’information dans la mesure où laVille est le principal acteur du renouvellement urbain. La publication du Finalised EdinburghCity Local Plan constitue la référence principale de mon mémoire. En effet, ce documentrépertorie toute la stratégie de renouvellement urbain et expose les priorités et objectifspourla ville. Les sources Internet ont pris une grande place dans ma recherche documentaired’autant plus que mon sujet de mémoire traite d’un cas concret en cours de réalisation pourlequel les références théoriques n’existent pas encore. J’ai par conséquent utilisé très peud’ouvrages au sens strict du terme. Ils ont été nécessaires toutefois pour la définition decertains concepts comme celui du développement durable ou pour récolter des informationshistoriques sur Saint-Etienne et Edimbourg. De plus, j’ai été amenée dans le cadre del’un de mes cours à Edimbourg à travailler sur les « quartiers durables » (intégrant lescritères environnementaux, un développement social urbain équilibré, la création d’activitéset d’emplois locaux, et les principes de solidarité, de participation et de transparence)notamment en Ecosse. Pour cela j’ai dû rassembler un certain nombre de documentations etde références théoriques sur le sujet qui sont venues m’éclairer d’une façon générale sur lesprincipes fondateur d’un quartier durable. J’ai alors pu utiliser certaines de ces référencespour mon mémoire.

A partir de cette première recherche documentaire, j’ai pu constater qu’il existait àEdimbourg, au niveau de l’espace, deux grandes aires de développement bien distinctes :le centre-ville et le front de mer (cf. Plan en annexe 1). J’ai donc voulu au départ soulignerles différences entre les politiques urbaines mises en œuvre dans ces deux parties de laville et notamment la place qu’elles réservent au développement durable. Mais au fur et àmesure de ma réflexion, l’analyse des différences dans les politiques urbaines m’a paru demoins en moins pertinente dans la mesure où j’ai remarqué que les projets d’aménagementvisaient tous le même objectif, à savoir l’amélioration de la qualité de vie des habitants pardes développements tenant compte des données qui permettent de bien vivre à long termedans le respect de l’environnement. Dans cette perspective, il m’a semblé intéressant devoir comment, à partir de situations très différentes (front de mer / centre-ville), des projetsurbains durables pouvaient réhabiliter certains quartiers et renforcer l’attractivité d’autres,afin que ceux-ci, au final, véhiculent la même qualité de vie. Les projets urbains d’Edimbourgvisent donc la cohésion et l’unité de la ville dans son entier grâce à l’intégration de principes

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de développement durable. Cette hypothèse est la même pour Saint-Etienne bien que lasituation de départ diffère considérablement.

J’ai choisi de traiter mon sujet en quatre parties. Il m’a semblé nécessaire de poser toutd’abord les concepts indispensables à l’analyse des politiques urbaines de développementdurable. Ainsi, la première partie de mon mémoire est-elle consacrée à une définitioncomplète du concept de développement durable, à son historique, à ses principes, et auxnotions qu’il implique. La dimension urbaine du développement durable est égalementabordée de façon à clarifier les spécificités liées au domaine urbain. Dans la deuxième partiedu mémoire, je m’attache plus précisément à situer le terrain d’étude. Cette partie sert àprésenter la ville d’Edimbourg, tout d’abord en exposant ses caractéristiques générales etles problèmes actuels auxquels elle doit faire face, puis en détaillant un peu plus les deuxquartiers principaux pour lesquels les politiques urbaines sont élaborées : le centre-ville etle front de mer qui offrent des opportunités de développement différentes de par leur identitéspécifique à l’une et à l’autre. Enfin, la présentation d’Edimbourg passe par la descriptiondes instances politiques et décisionnelles qui entrent en jeu dans l’élaboration des politiquesurbaines, qui déterminent les priorités et les objectifs de la ville, et qui les influencent.Ce tour d’horizon nous permettra de voir quelle place le développement durable acquiertau sein de ces instances. La troisième partie du mémoire s’intéresse plus précisémentau contenu et aux objectifs des politiques urbaines mise en œuvre à Edimbourg : avanttout j’examine l’influence des politiques culturelles, très présentes dans la ville, sur lespolitiques urbaines car l’intégration du passé dans les débats qui animent les politiquesdu présent semble être une des composantes importantes pour un développement quivise le long terme. Les mesures de développement durable sont ensuite détaillées pourchaque aspect de la vie urbaine. Enfin, j’expose les différents objectifs visés par la priseen compte du développement durable dans les politiques urbaines et notamment celuide redonner à la ville une unité et de renforcer sa cohésion. J’essaie ainsi de démontrerque le développement durable permet de requalifier le front de mer et de renforcer laqualité de vie tout en préservant le caractère particulier de la ville dans son entier. Pourfinir, la quatrième partie propose une approche comparatiste entre les politiques urbainesantérieures de l’Ouest-Edimbourg et celles qui sont menées actuellement dans le centre-ville et le front de mer, pour montrer l’intérêt d’une démarche de développement urbaindurable qui prenne en compte l’interdépendance de tous les aspects de la vie urbaine. Enfin,une comparaison entre les projets de renouvellement de la ville de Saint-Etienne et ceuxd’Edimbourg nous permettra de mettre en évidence que les principes du développementurbain durable peuvent s’appliquer dans des situations diverses pour un même résultat.

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I. Définition du concept dedéveloppement durable : De sanaissance à son application urbaine

A. Prémices et évolution du conceptLe concept de développement durable a pris ses racines il y a maintenant une trentained’années. La première prise de conscience internationale de la vulnérabilité de la planèteet de la nécessité de définir des nouveaux comportements collectifs plus respectueuxde l’environnement a lieu lors de la première Conférence des Nations Unies surl’Environnement en 1972, appelée aussi Conférence de Stockholm. C’est ici qu’est publiéle rapport du Club de Rome « Halte à la Croissance ? » mettant en évidence leslimites du développement actuel et insistant sur l’importance de traiter les questions dedéveloppement et d’environnement comme un seul et même problème.

C’est finalement en 1987 qu’apparaît la notion de « sustainable development » dontla traduction française communément acceptée est « développement durable ». C’estle rapport Brundtland, « Notre Avenir à tous », qui introduit et définit le concept dedéveloppement durable. En dressant un état des lieux alarmant, ce rapport fait ressortirl’urgence de se diriger vers une autre conception du développement de nos sociétés.Il définit ainsi le développement durable comme « un développement qui répond auxbesoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondreaux leurs »1. Cette notion se situe à la croisée de trois piliers ou objectifs fondamentaux :

un pilier économique qui vise à continuer à produire des richesses pour satisfaire lesbesoins de la population mondiale ;

un piler social qui veille à réduire les inégalités à travers le monde ;un pilier environnemental qui cherche à préserver l’environnement que les générations

futures recevront en héritage.Ce rapport devient alors la base de travail pour la Conférence des Nations Unies

sur l’Environnement et le Développement qui a lieu en 1992 à Rio de Janeiro auBrésil. Cette conférence rassemble alors 178 pays et plus de 1500 Organisations NonGouvernementales. Si, à l’époque du rapport Brundtland, la notion de développementdurable n’a qu’un faible impact médiatique, le concept est largement diffusé après laconférence de 1992 où plusieurs textes sont adoptés. Le plus important d’entre eux est

la « Déclaration de Rio » qui instaure un programme d’action pour le 21ème siècleappelée encore « Agenda 21 » et qui recense plus d’une centaine d’actions à entreprendre

1 Commission Mondiale de l’Environnement et du Développement, Notre Avenir à tous, (traduction Luc Gagnon et Harvey L.Mead). Montréal : Editions du Fleuve, 1988.

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I. Définition du concept de développement durable : De sa naissance à son application urbaine

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pour que le développement durable devienne une réalité (lutte contre la pauvreté et lesgrandes épidémies, tourisme et habitat durables, préservation des ressources, lutte contrel’épuisement des sols et la déforestation, promotion de l’éducation…). Cette déclaration estconsidérée comme le texte pilier du développement durable qui devient alors une référenceincontournable.

Cependant, le Sommet de Johannesburg de 2002 dont l’ordre du jour est de faire lebilan sur les engagements pris dix ans auparavant à Rio, montre une faiblesse des résultats.Les engagements n’ont pas été respectés et la déclaration finale fait naître une certainedéception dans la mesure où elle ne fait que reprendre la déclaration de Rio. De plus, l’entréeen vigueur officielle du Protocole de Kyoto en 2005 accentue le scepticisme qui s’est installéautour du développement durable. Les discordances sur cette thématique demeurent forteset marquées notamment par le poids des entreprises industrielles et des économisteslibéraux qui ne partagent pas le souci du développement durable. Pour autant, on ne cessepas d’utiliser ce concept, celui-ci demeurant à l’ordre du jour à l’heure où il faut faire faceconjointement à une diminution des ressources naturelles, au réchauffement climatique,à la pression démographique, à la menace sur la diversité biologique et culturelle, àl’inégale répartition des richesses… Les domaines et les niveaux d’actions sont divers etvariés. La ville peut entre autres être le lieu de grands projets durables respectueux del’environnement, créateur de dynamisme économique et favorisant l’insertion sociale.

B. Application au domaine de la ville

1. Principes du quartier durableLe développement urbain durable doit être considéré comme un système articulant deséléments des trois sphères suivantes, de façon interdépendante : la sphère économique,la sphère sociale et la sphère environnementale. Selon Béatrice Bochet et Antonio Cunhade l’Observatoire Universitaire de la Ville et du Développement Durable, « l’approchedurabiliste établit […] les politiques publiques permettant d’articuler le développement socio-économique et l’aménagement spatial des agglomérations avec une gestion prudentede l’environnement »2. Ce type de développement consiste donc en une approcheintégrée destinée à répondre efficacement aux problèmes urbains tel que l’étalement desvilles, la dégradation des paysages, la nuisance des flux de transport ou les mauvaisesconditions d’habitat. Ainsi, certains principes peuvent s’appliquer à la ville pour tendrevers un développement urbain durable. On note par exemple la nécessité d’augmenter lesdensités de population afin de limiter l’étalement urbain tout en encourageant la vie locale,l’importance de favoriser la reconversion des friches industrielles et des terrains à l’abandonpour préserver les terrains encore vierges et garder ainsi des possibilités de « respiration »pour la ville. De plus, la réduction de la dépendance à la voiture au profit de l’utilisationdu vélo et de la marche à pied – parce que c’est devenu possible – sont des élémentsessentiels du développement urbain durable.

2 BOCHET, Béatrice, CUNHA Antonio (Observatoire Universitaire de la Ville et du Développement Durable), Développement urbaindurable, Vues sur la ville, février 2002, n° 1, p. 3.

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Même si ces principes peuvent s’appliquer à la ville dans son ensemble, certains ontdémontré qu’une démarche de développement durable était plus pertinente à l’échelle d’unquartier dans la mesure où celui-ci représente souvent une entité plus homogène que laville. De plus, sa dimension offre une plus grande facilité de concertation entre les différentsacteurs. La vie citoyenne est d’ailleurs plus développée à cette échelle, les habitants etles usagers ont tendance à davantage s’impliquer dans des projets qui les touchent deprès, ce qui contribue à créer des liens de solidarité. C’est pourquoi, le projet de rechercheeuropéen HQE²R 3 a été lancé menant à l’élaboration d’une démarche qui vise à intégrerle développement durable dans les projets de renouvellement urbain à l’échelle du quartier.La démarche HQE²R énumère un certain nombre d’objectifs à visée durable. Les projetsde développement urbain doivent alors remplir ces objectifs pour être réellement qualifiésde durables : (cf. Annexe 2)

préserver et valoriser l’héritage, conserver les ressources ;améliorer la qualité de l’environnement local ;améliorer la diversité qu’elle soit sociale ou architecturale ;améliorer l’intégration ;renforcer le lien social.Nous verrons plus loin que dans le cas d’Edimbourg, certains principes de

développement urbain durable sont d’abord énoncés pour la ville dans une stratégiegénérale, mais que les politiques urbaines sont ensuite envisagées plus en détail à l’échellede chaque quartier.

2. Principe d’interdépendanceLes différents éléments qui constituent le monde étant imbriqués les uns dans les autres,agir sur l’un d’entre eux entraîne inévitablement des conséquences sur les autres. Ainsi,toutes nos actions ont des répercussions sur les différents secteurs de la vie et ne peuventpas être pensées de façon isolée. Le réel est donc complexe et toute solution apportéeaux problèmes du réel doit alors être elle aussi complexe et prendre en compte tous lesdomaines de la vie selon un raisonnement transversal.

a. Interdépendance entre les échelles spatiales : « penser global, agir local »Comme on l’a vu précédemment, le développement durable a pris ses racines à l’échelleglobale avec la tenue de conférences internationales. Le développement durable a doncd’abord été pensé à l’échelle internationale. Ce n’est que plus récemment que ces prises deconscience ont été retranscrites à un niveau plus local. Par conséquent, le développementdurable navigue entre différentes échelles spatiales. Généralement, les grandes lignesdirectrices et les programmes d’action sont pensés globalement alors que l’action directeest envisagée localement. Cependant, il faut être prudent quant à l’application locale. Eneffet, les actions locales en matière de développement durable ne mènent pas toujoursà un développement durable sur le plan national ou international. C’est pourquoi, selonSylvain Allemand « il importe donc que les initiatives soient pensées à un niveau supérieur

3 HQE : Haute Qualité Environnementale R : Réhabilitation des bâtiments et Renouvellement des quartiers ² : accent mis surl’Economie et l’Equité sociale

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I. Définition du concept de développement durable : De sa naissance à son application urbaine

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tout en étant adaptées au contexte local »4. Ainsi émerge une nouvelle forme de solidaritéexprimée par le concept de développement durable : « la solidarité inter-territoriale, du globalau local »5 (nous verrons plus loin et plus en détail que la solidarité est une composanteclé du développement durable). Cela signifie donc que l’application des principes dudéveloppement durable au niveau local ne doit pas porter préjudice à la durabilité dureste du monde. L’action doit donc d’abord être menée sur le plan international à traversla coopération entre les Etats, les organisations internationales et les organisations nongouvernementales, puis au niveau national où on retrouve l’action des gouvernements desassociations et des entreprises, et enfin au niveau local avec les élus et la population. Ainsion reconnaît une responsabilité à chaque instance de l’échelle d’action, celle-ci naviguantentre l’individuel et le collectif. Chacun est responsable, à son niveau, de la prise enconsidération des principes de développement durable et de leur bonne application, c'est-à-dire que chacun a la responsabilité de veiller à ce que les engagements soient cohérentsentre les différentes échelles d’actions.

L’exemple des politiques de développement durable à Edimbourg illustre bien cesdifférentes échelles. En effet, l’engagement pour le développement durable de la villed’Edimbourg découle des engagements internationaux et nationaux. A la suite de l’adoptiondu plan d’action « Agenda 21 » au Sommet de la Terre de Rio, les autorités locales desdifférents pays ont été appelées à contribuer à la réalisation de ces objectifs à traversl’adoption d’un « Agenda 21 local ». La ville d’Edimbourg a donc répondu à cet appelet affirmé son engagement en se dotant de son propre « Agenda 21 local » encoreappelé « stratégie environnementale » en 1996. Nous verrons plus loin les termes de cetengagement.

b. Interdépendance entre les échelles temporelles

Temps court / temps longLe développement durable affirme la nécessité de prendre en compte les conséquencesde nos actes dans le temps. Cette dimension temporelle implique une articulation entrele court terme et le long terme afin de pouvoir mieux appréhender les changements etleurs conséquences dans les villes. En réalité, le développement durable implique uneredéfinition du temps politique qui, généralement, se cantonne au temps des mandats etdes évènements qui surviennent dans l’espace public. La préoccupation du temps long estsouvent absente de l’action politique. Selon Françoise Rouxel (1999), le long terme et lecourt terme ont tendance, de nos jours, à se dissocier et à ne pas dépendre l’un de l’autre :

Les logiques sectorielles tendent à s’autonomiser les unes des autres, les orientationsprospectives à long terme semblent se détacher du court terme à qui il reviendrait la gestionquotidienne des territoires. Il s’en suit que l’action quotidienne manque fréquemment derepères stratégiques en s’appuyant sur l’urgence des situations, la rentabilité à court terme,l’opportunisme des interventions, le cas par cas des décisions, tandis que la planification etla gestion dans la durée ne sont pas assurées.6

4 ALLEMAND, Sylvain, Le Développement durable. Paris : Editions Autrement, 2006, Collection Monde d’aujourd’hui, p. 46.5 BOUTAUD, Aurélien, L’Evaluation du développement durable, du global au local : penser le changement ou changer lepansement ?,Thèse, Ecole des Mines de Saint-Etienne, 2005.

6 ROUXEL, Françoise, L’Héritage urbain et la ville de demain. Pour une approche de développement durable. Ministère del’Équipement, des Transports et du Logement, juin 1999, p. 22.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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Ainsi, la gestion des situations du quotidien ne doit pas seulement répondre à lanécessité du court terme mais bien prendre en considération les conséquences de sa miseen œuvre sur le futur. Court terme et long terme sont donc interdépendants dans la mesureoù les décisions prises à court terme peuvent affecter d’autres développements futurs. C’estpourquoi dans une démarche de développement durable il est important d’articuler cesdeux échelles temporelles. La gestion quotidienne des territoires doit être mise en œuvreen fonction des orientations fixées sur le long terme. Par conséquent, le développementdurable implique une démarche globale et non pas des actions ponctuelles. En effet,agir ponctuellement signifie agir indépendamment d’autres facteurs, or le développementdurable prend justement en compte une multitude de facteurs et essaie de les articuler dela façon la plus cohérente possible. Le temps long doit donc être la nouvelle échelle deplanification. L’exemple des constructions de mauvaise qualité illustre bien cette nécessité.En effet, dans le souci de répondre à une demande de logements à court terme et à bas prix,on a longtemps construit des bâtiments médiocres, nécessitant par la suite de nombreusesréparations, impliquant de ce fait un gaspillage écologique et financier. Agir dans le sensd’un développement durable impliquerait au contraire de dépenser plus aujourd’hui pourgarantir des avantages dans le futur et notamment assurer la qualité des bâtiments sur lelong terme.

Passé, présent, futurLa solidarité est une notion clé du développement durable. Elle peut être comprise commel’aide envers les plus pauvres, mais elle est surtout porteuse d’un aspect intergénérationneldu développement. En effet, comme on l’a vu plus haut, le rapport Brundtland définitle développement durable comme le développement qui ne portera pas atteinte auxgénérations futures. Cette forme particulière de solidarité entre les générations fait doncpartie intégrante du concept de développement durable et s’inscrit dans une approche plusglobale de la notion de solidarité qui inclut aussi, comme on l’a vu précédemment, une« solidarité inter-territoriale » et politique entre les différentes échelles de décision. Cetaspect intergénérationnel du développement de nos sociétés s’inscrit pleinement dans letemps long. L’unité de temps n’est plus l’année mais la génération, le quart de siècle. Ledéveloppement présent doit désormais impérativement prendre en compte un futur éloigné.De plus, penser un développement durable c’est aussi prendre en compte le passé, c’estmettre en œuvre un développement dans le temps présent tout en préservant l’héritagedu passé. Par conséquent, le développement durable tient compte du passé, du présentet du futur.

Dans cette perspective, appliquer le développement durable à la ville revient à inscrireles politiques urbaines dans le long terme comme dans le court terme. En effet, l’objectif estde construire pour les vingt ou même cinquante prochaines années. Cela signifie construirepour les générations futures. Dès lors, urbanisme et développement durable partagent unmême horizon temporel à savoir qu’ils s’inscrivent tout deux dans une logique du temps long.De plus, les développements urbains prennent place dans une ville bien déterminée quipossède une histoire propre, un patrimoine particulier et un héritage culturel qui proviennenttous du passé. Le développement durable exige donc que l’on prenne en compte ce passé.Par conséquent, les politiques urbaines doivent pouvoir se projeter, d’une part dans le tempslong du futur, et d’autre part dans le temps long du passé avec la prise en considération dela mémoire et du patrimoine, afin d’être cohérentes et durables.

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I. Définition du concept de développement durable : De sa naissance à son application urbaine

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c. Interdépendance entre les sphères économique, sociale etenvironnementaleSelon le rapport Brundtland, le développement durable se trouve à l’intersection entre lestrois sphères, économique, sociale et environnementale. Les décideurs doivent alors fairede nouveaux choix pour concilier croissance économique, protection de l’écologie et équitésociale. Le développement durable devient donc une forme originale de développementdans la mesure où il vise l’intérêt général par une vision globale des problèmes et desréponses à ceux-ci. Cette transversalité implique donc que le développement durables’applique à l’ensemble des domaines de la vie. Il est donc impossible d’envisager lesactivités de l’homme de manière sectorielle. Le rapport Brundtland souligne cet aspect :

Il y a peu de temps encore, la planète était un vaste monde dans lequel l'activitéhumaine et ses effets étaient regroupés en nations, en secteurs (énergie, agriculture,commerce). À l'heure actuelle, ces compartimentations s'estompent. C'est vrai notammentdes diverses « crises » mondiales dont se soucie tant le public, depuis une dizaine d'annéessurtout. Il ne s'agit pas, en effet, de crises isolées : une crise de l'environnement, une autredu développement, une autre énergétique. Non : de crise, il n'y en a qu'une.7

Les aspects économiques, sociaux, environnementaux culturels et politiques sontinterdépendants et méritent donc d’être pris en considération simultanément et de façoncoordonnée. Tous ces aspects doivent être intégrés au développement afin que celui-ci devienne durable. C’est pourquoi on parle de démarche ou gestion intégrée dudéveloppement. Il est indispensable de prendre en compte les différentes variables et lesdifférents secteurs d’activité qui peuvent s’influencer l’un l’autre et former des systèmescomplexes dans lesquels la moindre action est susceptible d’entraîner une pléthore deconséquences touchant le système dans sa logique la plus profonde.8 L’interdépendancedes phénomènes oblige donc à penser les problèmes globalement pour pouvoir y répondredurablement.

Pour résumer, la notion de développement durable est apparue il y a une trentained’années lors de la Conférence Mondiale sur l’Environnement et le Développement de 1987,mais ce n’est que plus tard que ce concept a été plus largement médiatisé pour devenir lemot d’ordre incontournable de tous les acteurs qui plaident pour une action à long terme. Leprincipe d’interdépendance constitue un élément fondamental qui semble être à la base decette nouvelle forme de développement. Si l’idée de la solidarité intergénérationnelle, c’est-à-dire de la prise en compte du passé, du présent et du futur, véhiculée par ce concept estlargement admise, celle de la solidarité inter-territoriale l’est quant à elle beaucoup moins. Orcet aspect est crucial dans le développement urbain. En effet, il s’agit d’aménager l’espace etd’agir sur le territoire. Ceci peut avoir des conséquences à différents niveaux. C’est pourquoila ville d’Edimbourg doit aujourd’hui prendre en considération les engagements de l’Exécutifécossais afin que ses nouveaux projets d’aménagement ne portent pas atteinte au territoirenational dans son ensemble et même au-delà, c'est-à-dire à l’échelle planétaire.

L’application des principes du développement durable aux projets urbains nécessitedonc la prise en compte de toute une série de thématiques qu’il faut traiter les unes parrapport aux autres. Nous verrons qu’Edimbourg fait de nombreux efforts en ce sens afin de

7 Commission Mondiale de l’Environnement et du Développement Durable, Notre Avenir à tous, (traduction Luc Gagnon etHarvey L. Mead). Montréal : Editions du Fleuve, 1988, p. 5.

8 LAGANIER, Richard, VILLALBA, Bruno, ZUINDEAU, Bertrand, Le Développement durable face au territoire : éléments pourune recherche pluridisciplinaire, Développement Durable et Territoire [en ligne]. Septembre 2002, dossier 1. Consultable sur Internet :<URL : http://developpementdurable.revues.org/ document774.html >

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répondre à de nouveaux défis et à des situations diverses. Il est important maintenant desituer la ville et d’exposer ses particularités pour mieux comprendre les choix qui ont guidéla mise en œuvre de ses nouveaux projets urbains.

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II. Présentation de la ville d’Edimbourg

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II. Présentation de la ville d’Edimbourg

A. Vue d’ensemble

1. Présentation générale

a. Images couramment véhiculées de la villeCapitale de l’Ecosse, Edimbourg compte aujourd’hui parmi les nouvelles capitalesrégionales européennes. L’établissement dans la ville des bureaux de l’Exécutif Ecossaisen 1996 et surtout du nouveau Parlement écossais en 1999 lui ont conféré une dimensionadministrative et politique importante. Edimbourg est donc devenue le nouveau centrede décision de l’Ecosse. Mises à part ses fonctions administratives, Édimbourg estégalement réputée pour sa beauté et sa qualité de vie. Le centre ville a effectivementété classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour l’architecture unique de sa vieilleville et de sa ville nouvelle. Ainsi, Edimbourg profite pleinement de son environnementhistorique, architectural et naturel ce qui lui confère sa deuxième place au palmarès desdestinations les plus touristiques au Royaume-Uni. La ville représente donc un centreculturel et de loisirs très important. De plus, avec une population d’un peu moins de 450000 habitants (448 624 en 2001 pour l’agglomération)9, Edimbourg n’est pas une trèsgrande ville ce qui constitue un atout supplémentaire dans la mesure où cela favorisel’accessibilité à la campagne environnante et à sa région côtière. Ces avantages sont doncdes caractéristiques essentielles assurant l’attractivité de la ville.

Edimbourg est également considérée comme un centre économique majeur dans larégion Est de l’Ecosse. En effet, Edimbourg est une ville prospère qui connaît un fort niveaude croissance économique depuis plus d’une dizaine d’années. Les emplois ont été créésà une rapidité incroyable, la plus importante du pays, ce qui a permis de consolider saposition de noyau principal en terme d’emploi dans la région de l’Est de l’Ecosse. Le tauxde chômage témoigne de cette vitalité. Effectivement, celui-ci dépasse à peine les 2,1% bien que le chômage frappe en plus grande proportion certains quartiers de la ville(Front de mer : 4,8 %, Craigmillar : 6,0 %, Wester Hailes : 4,6 %)10 (cf. Plan en annexe1). Son succès tient à l’importance grandissante que prennent les secteurs financiers etles services d’entreprise qui viennent s’installer dans la cité. Edimbourg constitue doncun lieu privilégié pour l’implantation de nombreuses entreprises actives sur les marchés

9 The City of Edinburgh Council, Edinburgh’s Census 2001: Comparisons for Edinburgh and select other UK cities on a range of censusindicators, with commentary and table, [en ligne]. 29 avril 2001. Consultable sur Internet : <URL : http://download.edinburgh.gov.uk/Census_2001_City_ Comparisons/CCTable1Population.pdf>

10 The City of Edinburgh Council, Unemployment Bulletin [en ligne]. Décembre 2006. Consultable sur Internet : <URL : http://www.edinburgh.gov.uk/internet/Attachments/ Internet/City_Living/City_facts_and_figures/Unemp_Bulletin_2006_12.pdf >

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internationaux. De plus, son pôle universitaire et ses établissements de recherche enbiologie, médecine et biotechnologie reconnus bien au-delà des frontières de l’Ecosserenforcent encore davantage l’image de la ville dynamique et vivante.

Ainsi, Edimbourg est souvent vantée pour sa qualité de vie, sa beauté et son intérêthistorique, son environnement et son dynamisme économique. Néanmoins, la ville doit faireface à certaines pressions découlant de son développement. Edimbourg doit donc répondreefficacement à un certain nombre de problèmes qui commencent à se poser et qui ne ferontque s’accroître dans le futur afin de pouvoir préserver sa réputation et sa vie urbaine unique.

b. De nouveaux défisLa ville d’Edimbourg doit aujourd’hui faire face à de nouveaux défis qu’il est impératifde prendre en compte afin de pouvoir se diriger vers un développement plus durable.L’augmentation de la population, de la demande de transports et de logements sont autantde facteurs qui ont un impact direct sur la viabilité de la ville à long terme. Il est doncimportant de les identifier et de pouvoir les prévoir pour assurer le bon développement dela cité dans le futur.

PopulationLes pressions engendrées par l’augmentation de la population et les conséquences qui endécoulent sont les premières à prendre en compte pour envisager le développement dela ville. Il est prévu que la population d’Edimbourg atteigne 459 000 habitants en 2011 etque le nombre de ménages augmente de 16 900, soit une augmentation de la populationde 2,3 % par rapport à aujourd’hui. Cet accroissement de la population engendre ainside nouveaux problèmes et parallèlement la structure même de cette population évolue.En effet, la poussée démographique va se traduire dans les prochaines années par uneaugmentation de 20 % du groupe d’âge 45-64 ans. La proportion de cette tranche d’âgesera alors largement au-dessus de la moyenne écossaise. L’impact de cette augmentationest à considérer très sérieusement dans la mesure où elle va engendrer toute une sériede conséquences : ce groupe d’âge est généralement associé à Edimbourg à un revenudisponible plus important ce qui engendre très souvent une demande plus forte en termesde biens de qualité et de services, de logements et d’achat de propriétés résidentielles. Cesdonnées sont cruciales pour envisager le développement futur de la cité car comment alorss’adapter à cette nouvelle demande sans pour autant mettre en péril la viabilité de la villesur le long terme. Tel est un des nouveaux défis qui se pose aujourd’hui.

Transports et déplacementsLa prise en compte de la question des transports dans le développement urbain est cruciale.En effet, leur impact sur l’environnement et la santé est loin d’être négligeable. C’estpourquoi, il est très important d’identifier les besoins en termes de transports et de modesde déplacement afin de pouvoir y répondre de la façon la plus durable possible. Cettequestion est d’autant plus importante que la ville d’Edimbourg souffre d’un problème sévèrede congestion dû en majeure partie à une augmentation du nombre de personnes obligéesde faire la navette chaque jour entre les banlieues et le centre-ville pour se rendre à leurtravail. Alors qu’ils étaient 88 000 en 1999, il est prévu que leur nombre augmente jusqu’à100 000 d’ici 2015. La pression sur les transports se fait donc de plus en plus grande d’autantque les distances s’allongent et que le taux d’utilisation de la voiture est bien trop important

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II. Présentation de la ville d’Edimbourg

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pour garantir un développement durable de la ville. Même si Edimbourg demeure une villecompacte où l’usage des transports publics, de la marche à pied et du vélo est relativementdéveloppé comparativement à d’autres villes, elle compte néanmoins parmi les villes quiont eu un des taux de croissance le plus rapide en ce qui concerne le nombre de ménagespossédant une voiture en Europe dans les années 1980. Cette croissance s’est ensuiteconfirmée par une augmentation de 36 % du nombre de voitures à Edimbourg entre 1981et 1991. Enfin, durant les vingt dernières années, le trafic routier entrant et sortant de la villechaque jour a augmenté en moyenne de 54 %.

La place de l’automobile constitue donc un enjeu fondamental pour le développementfutur de la ville. Il est vrai que l’usage intensif de la voiture pose d’énormes problèmes surl’environnement dans la mesure où il représente une source importante de pollution de l’airet contribue au réchauffement climatique. Ses conséquences sur la santé publique sonttoutes aussi préoccupantes. De plus, une circulation routière intense engendre égalementdes accidents et menace la sécurité des personnes. La ville d’Edimbourg doit donc résoudreun nouveau problème d’importance : répondre à la demande croissante des infrastructuresde transports tout en réduisant les conséquences négatives de l’usage intensif de la voiture.Pour cela, la ville devra réfléchir à des formes alternatives de transports des personnesqui permettent de réduire la dépendance à la voiture et qui soient accessibles à tous endesservant tous les quartiers de la ville.

LogementLa demande de logements à Edimbourg est devenue une question prédominante cesdernières années. La pression s’est accrue sur l’offre de logements. Aujourd’hui, la ville faitface à une pénurie d’habitations, ce qui engendre une augmentation des prix des terrains etdes résidences. Il devient dès lors très difficile pour de nombreux ménages de s’installer enville. C’est pourquoi environ un tiers de la population active ne vit pas à Edimbourg mais dansla banlieue et est obligé de faire la navette tous les jours pour aller travailler. La pressions’accroît d’autant plus que le nombre de personnes vivant seules depuis l’an 2000 auraaugmenté de 40 % nationalement d’ici 2010. La demande actuelle concerne néanmoinstous les types de logements : appartements pour des ménages d’une ou deux personnes,résidences familiales, logements étudiants, logements sociaux…

La demande de logements pour les étudiants est un problème important dans la ville.En effet, Edimbourg est une ville universitaire qui regroupe plus de 20 000 étudiants. C’estautant de demandes pour des logements de courte durée à partager dans le centre-ville. Enoutre, il est de plus en plus difficile pour un nombre croissant de ménages à bas revenus detrouver des logements abordables proposés par les bailleurs sociaux. Ce type de logementest d’autant plus rare que la ville d’Edimbourg a instauré depuis un certain nombre d’annéesla règle du « right to buy » (droit à acheter) autorisant les locataires de logements sociauxà acheter leur habitation à un coût très réduit (remise de 60 à 70 %). Cette opportunité adonc permis à de nombreux locataires de devenir propriétaires. Cependant, elle a accrudavantage la pénurie de logements sociaux dans la mesure où il n’est pas prévu que leshabitations vendues soient remplacées. Enfin, la pénurie de logements tient aussi au faitque de nombreuses résidences sont en mauvais état. Plus de 20 000 foyers souffriraientde l’humidité et d’un manque de chauffage.

La demande de logement est donc de plus en plus forte et la ville d’Edimbourg doiteffectivement être en mesure de répondre positivement à cette demande en créant denouveaux logements et en en rénovant d’autres tout en limitant l’étalement urbain et la

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ségrégation sociale. Il est donc nécessaire de penser la question du logement comme unepriorité et de l’intégrer dans une stratégie globale de développement de l’agglomération.

Finalement, si Edimbourg dispose d’une bonne réputation de par son dynamismeéconomique, son environnement historique et sa qualité de vie, la ville doit néanmoinsaujourd’hui faire face à de nouveaux défis. En effet, l’augmentation de la population est enpasse de peser sur le développement urbain. La demande de logement et de moyens detransports va devenir de plus en plus importante et de plus en plus problématique. Il estdonc indispensable pour la ville de réfléchir à un développement urbain plus durable quiintègre les changements à venir sans altérer sa qualité de vie.

2. Des situations contrastées dans la villeLa ville d’Edimbourg n’est pas, contrairement aux images couramment véhiculées, uneville totalement homogène. En réalité, lorsqu’on évoque Edimbourg, on parle généralementde son centre-ville et on oublie souvent les quartiers un peu plus éloignés qui ont uneimage souvent moins flatteuse. Pourtant, il est important de prendre en compte la totalitéde l’agglomération afin de pouvoir mener des projets urbains cohérents. On distinguedonc d’une part le centre-ville historique qui donne sa réputation à la ville, et d’autre partles quartiers périphériques, notamment un front de mer maintenant en friche mais quia symbolisé pendant longtemps l’ouverture de la cité à un ailleurs, grâce à un domainemaritime des plus dynamiques.

a. Une centre historiqueLe centre-ville d’Edimbourg est riche en histoire et sa portée dépasse les frontièresnotamment depuis son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cependant, cettereconnaissance implique toute une série d’obligations quant à la gestion de ce patrimoine.Il faut donc en être conscient et prudent pour envisager de nouveaux projets urbains. Eneffet, les politiques de la ville orientées vers un développement durable s’inscrivent, commeon l’a vu précédemment, dans le temps long du futur et du passé. Par conséquent, celasuppose la prise en considération du patrimoine.

Patrimoine mondial de l’UNESCOL’importance internationale de la ville d’Edimbourg et son caractère historique ont étéreconnus en décembre 1995 quand la Vieille Ville médiévale et la Nouvelle Ville géorgienneont été ajoutées à la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO (cf. Plan en annexe3). Cette inscription sur la liste du patrimoine mondial reconnaît au niveau international quele centre historique d’Edimbourg possède une valeur universelle hors du commun digne d’unintérêt exceptionnel. Selon le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) :

Edimbourg présente l’union unique d’une Vieille Ville médiévale et d’une NouvelleVille classique, chacune d’une façon magistrale a participé à la création d’une ville d’uneextraordinaire richesse et diversité sans équivalent dans le monde. Ses qualités esthétiquessont grandes et elles ont exercé une profonde influence sur l’urbanisme en Europe et au-

delà aux 18ème et 19ème siècles.11

11 Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS), Evaluation des Organisations Consultatives [en ligne].Septembre 1995. Consultable sur Internet : <URL : http://whc.unesco.org/archive/advisory_body_ evaluation/728.pdf >

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Ainsi le caractère unique d’Edimbourg tient à l’harmonie entre ces deux ensemblesurbains contrastés. En effet, la dualité d’Edimbourg est inhabituelle. D’un côté, la Vieille Ville,

dominée par une forteresse médiévale et construite à partir de deux bourgs du 12ème sièclecomprenant de très vieux bâtiments dont les anciens palais royaux ou l’abbaye médiévale

ainsi que de nombreuses maisons d’habitations datant du 16ème siècle.

Le château vu de la Nouvelle ville, Edimbourg ; Cockburn Street, Vielle ville,Edimbourg ; Intersection de Cockburn Street et de High Street, Vielle ville, Edimbourg.

De l’autre, la Nouvelle Ville qui concentre d’innombrables édifices néo-classiques dontl’intérêt résulte de l’ensemble urbain qu’ils constituent.

Charlotte Square, Nouvelle ville, EdimbourgDéjà en 1972, d’après l’article 1 de la Convention concernant la protection du

Patrimoine mondial, culturel et naturel, la Vieille Ville et la Nouvelle Ville d’Edimbourg étaientconsidérées comme un ensemble justifiant leur inscription sur la liste du patrimoine mondialdans la mesure où elles se présentent comme :

[des] groupes de constructions isolées ou réunies, qui, en raison de leur architecture, deleur unité, ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur universelle exceptionnelledu point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science.12

C’est cette reconnaissance de l’aspect unique, historique et culturel du cœur même dela ville d’Edimbourg qui lui confère cette notoriété. La ville concentre de nombreux symboles

12 UNESCO, Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel [en ligne]. Paris, 16 novembre1972. 16 p. Consultable sur Internet : <URL : http://whc.unesco.org/archive/convention-fr.pdf>

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de la tradition culturelle écossaise en même temps que son rang de capitale est reconnuà l’échelle européenne. Les 4 500 bâtiments classés (des bâtiments publics, de nombreuxensembles d’appartements et maisons individuelles) ainsi que les 38 quartiers protégés dontl’intérêt historique a été reconnu internationalement contribuent à l’image de marque de laville. La réputation de la ville est donc déterminée en grande partie par son intérêt historiqueet la qualité de son environnement bâti ou non qui comprend de nombreux espaces vertset de rencontre au cœur même de la cité, ce qui lui confère ainsi tout son cachet.

Gestion du patrimoineLe centre ville d’Edimbourg étant reconnu patrimoine mondial par l’UNESCO, un certainnombre de principes doit alors s’appliquer, notamment concernant la gestion de cepatrimoine. Cette gestion est d’autant plus importante qu’elle présente des conséquencessur les activités de planification urbaine. L’article 5 de la Convention du Patrimoine Mondialde l’UNESCO évoque ce sujet :

Afin d'assurer une protection et une conservation aussi efficaces et une mise en valeuraussi active que possible du patrimoine culturel et naturel situé sur leur territoire et dansles conditions appropriées à chaque pays, les Etats parties à la présente Conventions'efforceront dans la mesure du possible :

(a) d'adopter une politique générale visant à assigner une fonction au patrimoine culturelet naturel dans la vie collective, et à intégrer la protection de ce patrimoine dans lesprogrammes de planification générale.13

Ainsi, il est de la responsabilité de l’Etat de mettre en œuvre une politiquede conservation de son patrimoine. Les changements qu’impliquent les nouveauxdéveloppements sur le site doivent être pris en considération pour l’élaboration duprogramme d’aménagement de la ville. Pour cela, différents acteurs ont été désignéspour gérer les conflits potentiels entre aménagement urbain et respect de l’environnementhistorique. On compte parmi eux, la Ville d’Edimbourg qui est l’acteur principal en matièrede planification urbaine, ‘Historic Scotland’ qui est une agence de l’Exécutif écossaisresponsable de la protection et de la promotion du patrimoine construit en Ecosse, etenfin ‘Edinburgh World Heritage’ qui est une organisation créée spécialement en 1999pour défendre le patrimoine mondial à Edimbourg. Ces trois structures travaillent doncen collaboration pour identifier les défis posés par le patrimoine et mettre en œuvre despolitiques de protection du site. De plus, cette coopération vise à élaborer un cadre quiaide les acteurs engagés plus spécifiquement dans le développement de la ville à prendreen compte la protection et la mise en valeur du patrimoine dès le début du processus deplanification urbaine.

Le classement du centre ville d’Edimbourg au patrimoine mondial a des conséquencessur le développement urbain. En effet, la conservation du site devient un devoir et imposedonc des conditions pour la mise en œuvre des politiques urbaines, comme par exemple,l’interdiction de détruire certains bâtiments ou encore l’obligation de respecter certaineshauteurs de construction afin de ne pas porter atteinte à l’ensemble architectural de la cité.Nous verrons plus loin que par conséquent, le centre ville est animé principalement par unepolitique culturelle importante qui gouverne le reste des politiques et influe grandement surles choix d’aménagement urbain.

b. Un front de mer en friche13 Ibid, p. 3.

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Pendant longtemps le front de mer a été utilisé comme plateforme industrielle. Denombreuses activités portuaires y étaient implantées. Aujourd’hui, le front de mer ressembleplus à un dépotoir. Les aménageurs se sont alors intéressés à cette partie de la villeen y voyant une grande opportunité de développement afin de soulager Edimbourg desnombreuses pressions qui pèsent sur elle.

Un territoire à l’abandonLe front de mer d’Edimbourg constitue aujourd’hui un vaste terrain de friches industrielles.Historiquement, ce site était divisé en plusieurs ports à vocation industrielle. Ses fonctions

portuaires se sont développées à partir du 19ème siècle à seulement trois kilomètres ducentre-ville. Le front de mer comptait alors parmi l’un des importants ensembles de ports enplace autour de l’estuaire du Firth of Forth. Détenu par l’Etat jusqu’en 1980, cet ensemblea ensuite été privatisé, mais très vite les activités portuaires ont été en majeure partietransférées vers d’autres ports de l’estuaire ce qui a conduit ainsi au déclin inévitable del’activité industrielle. De nombreux terrains sont donc aujourd’hui à l’abandon.

Western Breakwater, Front de mer, Edimbourg, 2003 ;Granton's Western Harbour, Front de mer, Edimbourg, 2002

(EdinPhoto [en ligne] <URL : http://www.edinphoto.org.uk/0_a_waterfront/0_around_edinburgh_-_waterfront_0_granton_western_harbour.htm>) ; (EdinPhoto [en ligne] <URL : http://www.edinphoto.org.uk/0_a_waterfront/0_around_edinburgh_-_waterfront_0_Granton_western_harbour.htm>)

Site de Western Harbour en construction, front de mer, EdimbourgSur une superficie de 172 hectares, 15 % des bâtiments sont actuellement inoccupés

et vacants ; les équipements sont sous-utilisés. C’est dans ce contexte, et à partir del’expérience du réaménagement des docks de Londres, que cette partie de la ville a été

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considérée comme une incroyable opportunité pour développer de nouveaux quartiersqui contribueraient largement aux nouveaux besoins de l’urbanisation ainsi que pourdévelopper de nouvelles activités économiques, culturelles et de loisirs (tourisme) quifavoriseraient le dynamisme de la ville.

Une grande opportunité de développementLe front de mer représente donc un extraordinaire potentiel pour le développement urbaindans la mesure où les nombreux terrains industriels à l’abandon peuvent être exploitésde nouveau dans un but différent, soit pour des logements, soit pour des bureaux ou desactivités de loisirs. L’utilisation de ces friches industrielles apparaît donc comme essentielleafin de limiter l’expansion urbaine sur les surfaces encore vierges situées en périphériede l’agglomération. Cette stratégie de redéveloppement permet donc la préservation de la« Ceinture Verte » (Green Belt) de la ville d’Edimbourg (cf. Plan en annexe 1). Cette CeintureVerte est en réalité un atout majeur de la ville. Elle consiste, depuis 1957, en une couronnede 17 000 hectares de campagne qui entoure toute la ville et qui lui garantit une structureurbaine dense tout en minimisant l’étalement urbain. Elle se compose essentiellement devastes terrains agricoles et de terres cultivées, mais aussi de nombreux terrains de golfnécessaires à la pratique de ce sport si populaire en Ecosse. La Ceinture Verte contrôleainsi la croissance urbaine et préserve le cadre de la ville :

La Ceinture Verte a créé un cadre unique pour la ville et est devenue une raison majeurepour la conservation de sa forme urbaine dense, particulièrement en empêchant l’étalementurbain. La Ceinture Verte est un atout inestimable […] pour sa contribution au bien-être età la qualité de vie de la population.14

Dans ces conditions, l’utilisation des friches industrielles sur le front de mer permetde contrôler la densification urbaine mais constitue également une aide considérable pourrépondre aux besoins de développement de l’agglomération, et ceci notamment en termed’offre de logements. Le front de mer représente une excellente opportunité pour réduireles pressions liées à la pénurie de logements à l’échelle du centre-ville dans la mesureoù il est prévu que soient construits plus de 25 000 nouveaux logements, accompagnésde nombreuses infrastructures commerciales et de loisirs. De plus, le front de mer offrela possibilité pour de nombreuses entreprises de s’installer dans un périmètre proche ducentre. Il est d’ailleurs prévu que soient créés 32 000 emplois dans cette partie de la villedans les vingt cinq ans à venir par l’implantation de nouveaux bureaux, de commercesde détail, de centres commerciaux et de loisirs. L’Exécutif a d’ailleurs déjà profité durenouvellement du front de mer en y installant son nouveau siège. Cette installationreprésente un premier pas symbolique dans le redéveloppement du front de mer affirmantainsi la claire volonté de redynamiser le site.

14 The Edinburgh Green Belt Trust [en ligne]. <http://www.egbt.org.uk/newsletter.html> « The Green Belt has created a uniquesetting for the City and has been a major reason for the preservation of its compact urban form, particularly by preventing urban sprawl.The Green Belt is an invaluable asset […]in its contribution to the well-being and quality of life of its communities. »

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II. Présentation de la ville d’Edimbourg

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Siègede l'Executif Ecossais, Leith, EdimbourgVéritable extension de la ville, le front de mer devient donc vital pour le futur succès de

son économie et de sa qualité de vie. Il faut néanmoins réussir le recyclage des terrains dufront de mer et les rendre attractifs. Pour cela, il est nécessaire de penser une stratégie derenouvellement urbain durable qui intègre pleinement le front de mer à la ville. La proximitéde la mer constitue entre autre une aide précieuse pour la requalification de ce quartier.

En effet, ce quartier devient le lien entre la mer et le reste de la cité. Ainsi, lerenouvellement du front de mer est un élément essentiel dans l’effort mené pour réunirphysiquement la ville et la mer jusque là séparée par un manque d’accessibilité et un quartierindustriel peu attrayant. Cette réunion passe donc d’abord par le redéveloppement du frontde mer et par son intégration à la ville. Or, ce site a longtemps été considéré comme unquartier à part : « Il est curieux de constater que lorsque les visiteurs viennent à Leith, ilssont dans un endroit distinct d’Edimbourg. D’une certaine façon, même aujourd’hui, cetteimpression demeure qu’il n’existe rien de tel dans la ville »15. En réalité, le patrimoinemaritime que représente le front de mer est unique pour Edimbourg mais n’a jamais étéconsidéré comme partie intégrante de cette ville, ce qui est dommageable dans la mesureoù ce secteur détient un véritable potentiel de croissance et possède la capacité de définir

l’image d’Edimbourg pour le 21ème siècle. Des efforts doivent donc être entrepris pour relierle plus efficacement possible le front de mer à la ville en termes de transports mais aussi entermes d’activités. En effet, le développement d’une offre de transports publics importanteportée par une politique des déplacements efficace est cruciale pour faire en sorte que lefront de mer et la ville ne fasse qu’un. La question de l’accessibilité, développée un peuplus loin, est donc essentielle.

B. Organisations politiques et place du débat sur ledéveloppement durable

Le débat autour de cette question prend place au niveau des différentes autorités politiquesde l’Ecosse, nationales comme locales. La volonté et l’impulsion politique semblent être, eneffet, le point de départ pour des actions concrètes.

15 ARTHUR, John, Jealousy of Edinburgh [en ligne], History of Leith. 20 décembre 2003. Consultable sur Internet : <URL :http://www.leithhistory.co.uk/2003/12/20/ jealousy-of-edinburgh/ > « It is an odd fact that when visitors come to Leith they are in adifferent place from Edinburgh. Somehow, even today, there is a community feeling that just doesn’t exist anywhere else in the city. »

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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1. Le Parlement et l’Exécutif EcossaisLe Parlement Ecossais est l’organe législatif de l’Ecosse. Celui-ci a été établi en 1998 parle Scotland Act qui confère au nouveau parlement le pouvoir de voter les lois dans uncertain nombre de domaines qui concernent particulièrement le Pays (éducation, santé,justice…). Le Parlement Ecossais possède désormais des compétences dans presquetous les secteurs à cela près que les fonctions régaliennes (affaires étrangères, sécuriténationale, défense) restent aux mains du Parlement Britannique établit à Westminster. Cetransfert de pouvoir du Parlement du Royaume-Uni vers le Parlement Ecossais, appelécommunément « la dévolution », implique que les décisions soient prises à l’échelon le plusproche des personnes concernées. Le parlement Ecossais est actuellement composé de129 membres issus de divers horizons politiques. En effet, contrairement au Parlement duRoyaume-Uni où le bipartisme est la règle, le mode de scrutin pour l’élection des membresdu Parlement Ecossais autorise une certaine diversité politique. Les résultats du vote de mai2007 en témoignent avec l’élection de représentants du Parti Indépendantiste Ecossais, duParti Travailliste, des Libéraux Démocrates, des Conservateurs et des Verts (cf. Annexe 2).

Pour être complète et cohérente, la dévolution ne concerne pas seulement le Législatifmais aussi l’Exécutif. L’Ecosse possède depuis 1999 son propre Exécutif dont les membressont issus du ou des partis ayant une majorité de siège au Parlement. Celui-ci constituele gouvernement régional de l’Ecosse qui détient la responsabilité de toutes les affairesdévolues. L’Exécutif Ecossais est donc distinct du Parlement Ecossais dans la mesureoù c’est lui qui impulse et élabore les politiques qui sont ensuite examinées et votées auParlement. Il se compose d’un « First Minister » nommé par la Reine sur proposition duParlement, et de ministres ainsi que de « Law Officers » qui conseillent le gouvernementen matière juridique.

La dévolution permet donc à l’Ecosse de gérer elle-même toutes les affaires quila concernent de près. L’aménagement du territoire est une des questions dévoluesaux pouvoirs régionaux. Ainsi, l’Exécutif Ecossais et le Parlement Ecossais jouent unrôle primordial dans le développement du territoire écossais. L’Exécutif a d’ailleurspublié sa vision stratégique pour le développement de l’Ecosse sur le long terme. Cedocument, le « National Planning Framework », traite de la question des régions, dudéveloppement économique, du développement durable, de la diversité de la population etdes infrastructures (transport, énergie…), soit tout ce qui joue un rôle dans l’aménagementdu territoire écossais. Le but est de fournir un cadre au développement de l’Ecosse etd’identifier les changements qui auront lieu d’ici 2025 afin d’assurer la cohésion du territoireécossais et de faire en sorte que chaque région puisse développer tout son potentiel. Ainsi,l’Exécutif fixe des lignes directrices au niveau national qui sont ensuite intégrées dans lesprojets locaux.

Une des priorités énoncées dans ce document est l’engagement national pour ledéveloppement durable, qui fait partie des quatre thèmes principaux sur lesquels l’Exécutif achoisi de mettre l’accent. Cet engagement est réel depuis quelques années et on le retrouveclairement dans différents documents que l’Exécutif Ecossais a déjà publiés. Parmi eux,« Choosing our Future : Scotland’s Sustainable Development Strategy » qui expose lesdifférentes mesures destinées à atteindre un développement plus durable de l’Ecosse :

L’Ecosse est engagée à bâtir un futur durable. Les individus, les entreprises, lesautorités locales et la population agissent pour changer notre façon d’utiliser les ressources,pour planifier et développer des services et pour saisir les opportunités économiquesqu’offre le développement durable. Les politiques et les programmes d’action sont en place

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II. Présentation de la ville d’Edimbourg

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pour conduire les changements dans des domaines clés : transformer la façon dont noustraitons nos déchets, tirer avantage des sources d’énergie renouvelables qu’offre l’Ecosseet agir sur le changement climatique.16

Ainsi, l’Executif Ecossais est un acteur majeur pour impulser des politiques qui aillentdans un sens plus durable. Les cadres d’action qu’il engage trouvent écho au niveau desautorités locales. La « Ville d’Edimbourg » est une d’elles et elle s’efforce de transposer lesengagements nationaux au niveau local.

2. La « Ville d’Edimbourg »La « Ville d’Edimbourg » est l’institution en charge des affaires de la ville. Son but est degarantir la bonne qualité de vie au niveau de toute l’agglomération. Pour répondre à cetobjectif, la « Ville d’Edimbourg » est divisée en six départements, eux-mêmes subdivisésen plusieurs comités consultatifs de neuf membres chacun, qui travaillent chacun sur desthèmes précis comme les affaires familiales, la santé publique, les finances… On comptenotamment parmi eux le comité « développement de la ville » en charge de l’aménagementlocal, de la circulation et des transports, du développement économique et de la sécuritépublique. C’est dans ce comité que sont discutés les nouveaux aménagements urbains etque sont élaborées les nouvelles politiques pour l’agglomération sous l’impulsion de sonexécutif composé de 13 élus. Ainsi la « Ville d’Edimbourg » joue un rôle majeur dans laplanification urbaine.

Plus spécifiquement, la « Ville d’Edimbourg » est aussi un lieu de débat sur ledéveloppement durable et d’impulsion de politiques respectueuses de l’environnement.Depuis 1996 et sa reconnaissance comme autorité principale de la ville, la « Villed’Edimbourg » a toujours affirmé son engagement pour le développement durable. Elle atout d’abord publié en 1997 sa « Stratégie pour l’Environnement » accompagnée de sonplan d’action fixant l’engagement de la ville pour un « agenda 21 local ». Son but étaitdéjà clair : faire qu’Edimbourg devienne une ville durable en prenant en considération lesquestions liées à l’énergie, les déchets, les transports, l’aménagement et le développementéconomique. La mise en place en 1998 de la commission « Lord Provost », équivalent dumaire en France, sur le développement durable marque le point de départ de l’engagementconcret de la ville pour un tel développement. Cette commission avait alors pour mission :

De recueillir les témoignages de tous les secteurs de la population, d’examiner lesrenseignements donnés et de suggérer au Lord Provost les changements politiques quiseraient nécessaires pour permettre à la Ville d’Edimbourg d’atteindre un mode de viesocialement, économiquement et environnementalement durable.17

16 Scottish Executive, Choosing our future: Scotland’s sustainable development strategy [en ligne]. Edinburgh, 2005. p. 6.Consultable sur Internet : <URL : http://www.scotland.gov.uk/Resource/Doc/47121/ 0020703.pdf > « Scotland is committed tobuilding a sustainable future. Individuals, businesses, local authorities and communities are taking action to change the way we useresources, plan and develop services, and seize the economic opportunities that sustainable development presents. Policies andprogrammes are in place to drive change in key areas: transforming the way we deal with our waste, capitalising on Scotland’s sourcesof renewable energy and taking action on climate change. »

17 The City of Edinburgh Council, Towards a sustainable council: A Strategy for the City of Edinburgh Council to promotesustainable development in Edinburgh. Janvier 2001. p. 9. « to take evidence from all sectors of the community, review information andadvise the Lord Provost on changes in policy as might be necessary to enable the City of Edinburgh to achieve a socially, economicallyand environmentally sustainable patternof life ».

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Le rapport de la commission liste 127 recommandations en terme de développementdurable et expose le rôle et les responsabilités des différents acteurs et organisations de laville. La commission établit aussi son propre projet pour Édimbourg à l’horizon 2025 : uneville durable où les ressources sont préservées, une ville humaine où chacun est conscientde ses droits et responsabilités, une ville prospère où les gens peuvent être indépendantsfinancièrement, une ville innovante où chacun a accès à une éducation de qualité, une villedynamique où la coopération entre les différents groupes est la norme et une ville dense oùla population a un accès facile aux services, aux loisirs et aux espaces verts.

Depuis, la « Ville d’Edimbourg » essaie de mettre en pratique les recommandationsde la commission à travers des actions concrètes. Elle a notamment établi un pland’aménagement de la ville qui expose les politiques qui guideront son développement et cecide façon durable. La version finale de ce plan a été publiée en mars 2007 après avoir étéapprouvée par les ministres en 2004. Elle fournit un cadre clair et précis pour les différentesstratégies de renouvellement urbain envisagées dans différents quartiers de la ville. Ainsi,le plan détaille toute une série d’objectifs qui permettront de répondre aux besoins de laville tout en faisant du développement durable une priorité intégrée à tous les niveaux del’aménagement urbain.

3. La place des « Verts »Le débat sur le développement durable est, comme on l’a vu plus haut, national. Lesdifférents organes politiques s’en sont saisis et essaient d’agir dans ce sens. Cela témoignedonc du fait que les Verts ne sont plus les seuls porteurs des idées écologiques etrespectueuses de la planète. La composition du Parlement Ecossais est assez révélatricede cette évolution des choses. En effet, le parti des Verts Ecossais n’y est pas majoritaire, nid’ailleurs à la « Ville d’Edimbourg ». On compte seulement deux membres du Parti des Vertsau Parlement et trois à la « Ville d’Edimbourg ». Le débat sur le développement durableessaie donc de dépasser les clivages politiques mais il ne faut cependant pas négliger lapart des Verts dans cette démarche. Leur présence au Parlement et à la ville est à prendreen considération dans la mesure où ce sont eux qui se sont engagés les premiers dans lavoie du développement durable et qui ont mené campagne sur ce terrain notamment surquatre grands thèmes : les transports, l’énergie, les déchets et les habitudes alimentaires.Les Verts sont d’ailleurs à l’origine de plusieurs projets de loi en Ecosse, contre les OGM,pour des transports « verts » non polluants, contre le réchauffement climatique… Ainsi, lesthématiques des Verts sont aujourd’hui de plus en plus intégrées aux projets politiques del’Ecosse.

En résumé, Edimbourg est une ville dynamique, vivante tant sur le plan culturelqu’économique qui jouit d’une très bonne réputation au niveau national comme international.Néanmoins, la ville devra être en mesure de répondre aux nouvelles contraintes liées àson développement tout en menant à bien un projet urbain efficace et cohérent. De plus, laville doit gérer sa diversité ; les différents quartiers ne sont pas homogènes et ne reflètentpas la même image de la ville. Le front de mer, aujourd’hui en friche, va pouvoir devenirun nouvel espace dynamique intégré au reste de la cité. Les nouveaux projets urbainss’inscrivent donc dans ce contexte. Les différentes autorités, nationales comme locales,essaient de faire face à la situation et de faire en sorte que la ville préserve son identitéunique. Pour cela, elles tentent d’intégrer le développement durable à leurs projets. Celui-ci semble effectivement porteur d’avenir et de réussite pour la ville dans la mesure où il

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II. Présentation de la ville d’Edimbourg

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permettra de fédérer autour de cette notion les différentes composantes de l’agglomérationet de renforcer la qualité de vie en son sein.

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III. Des politiques urbaines durablespour plus de cohésion à l’échelle de laville

A. Articulation entre culture et politiques urbainesLa culture est une dimension très présente à Edimbourg dans la mesure où l’histoire de laville est très riche. C’est pourquoi une politique culturelle importante s’est déployée depuisde nombreuses années et notamment dans le centre-ville. Le développement d’Edimbourgs’inscrit donc dans cette perspective : une politique urbaine très influencée par la dimensionhistorique et culturelle.

Dans l’articulation de cette politique culturelle et des politiques urbaines, ledéveloppement durable permet de faire en sorte que les projets à réaliser dansl’agglomération répondent à la fois aux besoins nouveaux de la ville d’Edimbourg tout enrespectant son environnement historique.

1. Une politique culturelle forteEdimbourg est considérée comme une « ville culturelle ». Son patrimoine, son histoire etson architecture lui confèrent un caractère unique qui se reflète dans la vie de ses habitants,et la politique culturelle mise en œuvre à Edimbourg génère un sentiment d’appartenanceà la cité entraînant une certaine implication des habitants pour les projets en cours.

a. Une politique culturelle génératrice d’identitéDe par sa reconnaissance internationale au patrimoine mondial, Edimbourg possède unedimension culturelle forte. Cette image, souvent utilisée pour promouvoir la ville à l’extérieur,demeure également un élément fédérateur pour sa population. Dans cette perspective,la culture est vue comme une notion fondamentale dans le processus d’identification deshabitants, des collectivités et de la nation. Chacune de ces entités se définit par rapportà un héritage culturel. Le patrimoine d’Edimbourg témoigne de l’histoire des lieux maisaussi de l’identité de ses habitants. Il « constitue un facteur de stabilité sociale en tant quesigne de reconnaissance et d’appartenance à un territoire »18. La politique culturelle sembledonc primordiale pour promouvoir au niveau local comme au niveau national ou mêmeinternational, l’expression d’une identité culturelle propre à la ville et à ses habitants.

18 ROUXEL, Françoise, L’Héritage urbain et la ville de demain. Pour une approche de développement durable. Ministère del’Équipement, des Transports et du Logement, juin 1999, p. 15.

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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C’est pourquoi la Ville d’Edimbourg expose un projet clair en ce sens. Elle considèreen effet la culture non pas comme une composante optionnelle mais bien comme :

Un élément essentiel dans l’apprentissage de la vie, le développement économique, lerenouvellement social et dans la qualité de vie et le bien-être personnel des individus. C’estpourquoi cette politique culturelle est centrale dans notre projet stratégique pour Edimbourgdans le nouveau millénaire. 19

Ainsi, la ville d’Edimbourg donne une certaine priorité à la politique culturelle dans lamesure où non seulement cette dernière permet l’expression d’un sentiment d’appartenanceà la cité mais aussi exerce diverses fonctions tant dans le domaine social que dans ledomaine économique. On peut donc noter que la Ville d’Edimbourg souhaite par exempledévelopper les infrastructures permettant l’implantation de nouvelles industries culturelles(littéraires, audiovisuelles) qui aident au développement économique nécessaire à la qualitéde vie urbaine. Parallèlement, elle envisage par sa politique culturelle de lutter contrel’exclusion sociale en faisant en sorte que chacun ait un égal accès à la culture. L’incitation àla participation des citoyens aux activités culturelles de la ville les encourage à se retrouveret à agir ensemble. Les habitants expriment donc peu à peu leur confiance dans leurcommunauté, la société, ou leur collectivité ce qui donne sens à leur engagement social etles invite à s’investir davantage. C’est ainsi que s’instaure un sentiment d’appartenance etd’identité locale qui génère un sens de la responsabilité.

b. De l’appropriation d’une identité politique au sens de la responsabilitéLa question de l’identité des habitants d’Edimbourg ou de leur sentiment d’appartenance àla ville est cruciale pour comprendre l’implication des habitants et des élus dans les projetsde la ville.

Responsabilité des habitantsLa politique culturelle mise en œuvre par la « Ville d’Edimbourg », qui met en valeur lepatrimoine et qui encourage l’implication et la participation des individus, développe unsentiment de fierté des habitants pour leur patrimoine. Ce sentiment qui renforce leuridentité, leur permet de se sentir responsables de ce patrimoine et de leur ville en général.Cela favorise donc l’implication des habitants dans les projets urbains soit à titre individuelsoit au travers des conseils de quartiers, des organisations bénévoles... En effet, leshabitants sont invités à donner leur avis sur les futurs aménagements de l’agglomération.Le plan local a d’ailleurs été soumis à toute une série d’acteurs afin de mieux répondreaux attentes de la population. Les habitants sont donc intégrés à la planification urbaine etsollicités d’abord par les autorités locales. Cependant, il faut noter que ces sollicitations nepourraient aboutir si la population ne se sentait pas concernée. Or, toutes les consultationsqui ont été menées ont été relativement fructueuses, signe de l’implication et du sens deresponsabilité des habitants. Les autorités locales, et plus précisément les élus, jouent doncun rôle primordial tant pour prévoir d’inclure l’avis des habitants dans les projets que pourfaire en sorte que les habitants se sentent intéressés par ce qui se passe dans leur ville.

19 The City of Edinburgh Council, Towards the New Enlightenment: a cultural policy for the City of Edinburgh [ligne]. Edinburgh,1999, p. 3. Consultable sur Internet : <URL : http://download.edinburgh.gov.uk/ arts/CulturalPolicy.pdf> «An essential element inlifelong learning, economic development, social regeneration, and in the quality of life and personal well-being of individuals. This iswhy this Cultural Policy is central to our strategic vision for Edinburgh in the new millennium. »

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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Responsabilité des élusLa responsabilité des habitants est liée à celle des élus. Dans la mesure où ce sontces derniers qui mettent en œuvre les politiques pour la ville, ce sont également eux quipeuvent influer sur la vie des habitants et par conséquent sur leur perception de la cité.Comme on l’a vu plus haut, la politique culturelle élaborée par les autorités locales esten partie responsable du sentiment d’attachement ou pas des habitants à leur ville et àleur patrimoine. Ainsi, ce sont les élus qui entretiennent ce sentiment d’appartenance etpromeuvent une identité propre à la ville. Ils doivent inclure les habitants dans l’élaborationdes projets pour la ville afin que ceux-ci se sentent pleinement intégrés et aient l’assuranceque leur avis sera vraiment pris en compte. Il est donc du devoir des élus de responsabiliserla population sur ses droits et ses devoirs au sein de la ville, par des campagnesd’information menées régulièrement sur les projets urbains afin que les habitants soienttenus au courant des programmes d’aménagement, qu’ils ne se sentent pas laissés pourcompte et qu’ils puissent ensuite s’exprimer. La responsabilité des élus et de celle descitoyens d’Edimbourg sont donc étroitement liées, la première entraînant la deuxième enjouant sur le renforcement d’un même sentiment d’appartenance.

c. La dimension culturelle du développement durable : moteur del’aménagement urbainLa politique culturelle mise en œuvre à Edimbourg vise à préserver le patrimoine historiquede la ville, fort en symboles et rempli de sens pour sa population. Ce patrimoine a ététransmis de génération en génération et constitue aujourd’hui un réel héritage culturelqu’il convient à nouveau de transmettre à la descendance. La conservation du patrimoines’inscrit donc dans le temps long. C’est dans cette perspective qu’il est nécessaire deconsidérer la culture comme le quatrième pilier du développement durable. En effet, ledéveloppement durable est « un projet de civilisation […] fondé sur la culture, c’est-à-direle déploiement […] de savoir-faire, de rites, de coutumes, de croyances, de représentationsdu monde, de dessins, de constructions »20. La culture n’est pas un simple complément destrois autres dimensions (économique, sociale, environnementale) mais fait partie intégrantedu développement durable. La dimension culturelle tend même à intégrer les trois autreset « à être comme un ciment qui pourra servir de liant »21 par des repères communs àtous et partagés au sein de groupes sociaux. Les ressources culturelles doivent donc êtreprotégées et transmises aux générations futures au même titre que la biosphère. La diversitéculturelle est une condition fondamentale pour assurer le développement durable dans unmonde où les cultures tendent à s’homogénéiser avec l’intensification de la mondialisation.Il est donc nécessaire de faire appel à la responsabilité de chacun pour préserver cettediversité du patrimoine construite sur des valeurs personnelles mais partagées afin dese diriger vers un développement qui permette de conserver dans le temps une identitérepérable, améliorer encore la qualité de la vie et conforter la réputation unique de la cité.Les politiques culturelles vont dans ce sens et sont de véritables moteurs du renouvellementurbain. Selon Françoise Rouxel :

Cet objectif de valorisation du patrimoine traduit l’importance de respecter les cultures etles activités humaines qui témoignent des valeurs passées et présentes à travers les usages

20 Commission Française du Développement Durable, Avis n° 2002-07 sur la culture et le développement durable [en ligne]. Paris,avril 2002, p. 1. Consultable sur Internet : <URL : http://panjuris.univ-paris1.fr/ pdf/Avis7.pdf>21 ARNAUD, Emmanuel, BERGER, Arnaud, DE PERTHUIS, Christian, Le développement durable. Paris : Nathan, 2005. 159 p.Collection Repères Pratiques, p. 24.

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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et des activités d’une société. […] Il suppose de s’interroger sur l’histoire et la mémoire deslieux, la spécificité du bâti à conserver ou à construire dans l’identité de la ville, la pertinencede l’introduction de nouveaux signes dans le milieu urbain au regard de leur capacité derésonance auprès des habitants et des usagers.22

Ainsi, culture et aménagement urbain sont-ils étroitement liés. La prise en compte dupatrimoine et des valeurs culturelles dans les nouveaux projets d’aménagement urbain estindispensable. Un développement urbain durable sait articuler la dimension culturelle avectoutes les autres et s’interroge sur la signification et la place de son héritage dans la ville.Le classement du centre-ville d’Edimbourg au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui estune chance, implique par ailleurs des contraintes pour les politiques urbaines et les choixd’aménagement doivent tenir compte de cette dimension culturelle de la cité qu’il convientde préserver.

Approfondir cette dimension culturelle propre à la ville d’Edimbourg permet de mieuxappréhender les choix d’aménagement de l’agglomération. Politiques urbaines et politiquesculturelles sont intimement liées. Il en résulte que la « Ville d’Edimbourg » propose un pland’aménagement urbain qui intègre pleinement les principes du développement durable afinde répondre à la nécessité d’expansion de la ville tout en respectant son héritage culturelet son environnement.

2. La prise en compte des principes de développement durable dansles politiques urbaines d’Edimbourg

Pouvoir assurer un développement viable sur le long terme qui garantisse demain uneaussi bonne qualité de vie qu’aujourd’hui tout en accompagnant l’expansion inévitable del’agglomération, tel est le défi que la « Ville d’Edimbourg » s’est fixé en établissant un pland’aménagement qui déploie une stratégie globale de développement tenant compte despressions économiques, des nécessités du logement et du transport et de la préservationdu patrimoine historique. Ce plan est clairement orienté vers le développement durable. Lesobjectifs sont présentés tout d’abord de façon globale au niveau de la ville dans son entier,puis en fonction des différents quartiers.

a. Stratégie d’ensembleEdimbourg est amenée à beaucoup changer dans les dix prochaines années. Sondéveloppement doit néanmoins être contrôlé afin que la qualité de vie soit préservée à longterme. C’est pourquoi, la « Ville d’Edimbourg » a exposé son projet pour la ville à l’horizon2015. L’objectif est de faire qu’Edimbourg devienne la ville la plus prospère et la plus durableen Europe du Nord, qu’elle offre une qualité de vie qui rivalise avec les meilleures villesdu monde, qu’elle soit en mesure d’attirer les personnes capables de révéler son potentielet qu’elle devienne enfin une ville sûre et tolérante, créative et solidaire où les gens ontenvie de vivre23. Pour que ce projet devienne réalité, le Plan Local d’Edimbourg insistesur l’importance du développement durable. Il énonce un certain nombre de principes qui

22 ROUXEL, Françoise, L’Héritage urbain et la ville de demain. Pour une approche de développement durable. Ministère del’Équipement, des Transports et du Logement, juin 1999, p. 16.23 The City of Edinburgh Council, Finalised Edinburgh City Local Plan [en ligne]. Mars 2007, p. 10. Consultable surInternet : <URL : http://www.edinburgh.gov.uk /internet/Environment/Planning_buildings_i_i_/Planning/Planning_policies/CEC_edinburgh_city_local_plan#WherecanIviewthefinalisedlocalplan>

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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s’appliquent dans tous les domaines, économique, social, environnemental et culturel, afinque tout nouveau développement urbain s’inspire de ces principes dans la création dequartiers nouveaux.

Tout d’abord, l’économie de la ville va continuer à croître, à créer des emplois et àattirer les investissements. La prospérité économique de la ville demeure donc une priorité.Il faut néanmoins être conscient que croissance économique signifie également nouveauxdéveloppements. La ville doit donc pouvoir faire face à une telle expansion et faire en sorteque la croissance ne soit pas entravée. Pour cela, elle doit être en mesure d’offrir de l’espacepour de nouveaux bureaux, des hôtels, des centres commerciaux, des logements ainsi quede meilleurs infrastructures de transports… Cependant, l’expansion de la ville ne doit pas sefaire au détriment de la « Ceinture Verte ». C’est pourquoi l’augmentation des densités depopulation dans la ville actuelle est une condition très importante pour que soit sauvegardépour longtemps ce véritable « poumon » de l’agglomération. L’utilisation du territoire doitdonc être optimisée au maximum afin que soit respecté l’environnement proche de la ville, àsavoir la campagne environnante et l’héritage historique du cœur d’Edimbourg. Dans cetteperspective, le front de mer est pleinement intégré au plan d’aménagement de la ville dansla mesure où il est considéré comme une grande opportunité pour soulager le centre-villede la pression qui pèse sur lui. Ainsi, le Plan Local de la ville veille à ce que la croissancesoit durable, non seulement en prenant des mesures concernant l’organisation spatiale dela ville mais aussi concernant l’impact sur l’environnement en général. En effet, l’expansionde la ville ne doit pas mener à l’augmentation des émissions de carbone, c’est pourquoi uncertain nombre de mesures durables sont énoncées dans le Plan local d’Edimbourg : utiliserprudemment les ressources naturelles, minimiser les émissions polluantes et les déchetspour une meilleure qualité de l’air, de l’eau et des sols, protéger la biodiversité… Tousces principes généraux du développement durable s’appliquent ensuite à des thématiquesprécises telles que le logement ou les transports. L’ensemble de ces mesures mèneraà la création de quartiers durables, c’est-à-dire des quartiers à usages diversifiés, où ilexiste une certaine proportion de logements abordables, de services, d’emplois, de loisirsafin de favoriser l’inclusion sociale par une vie locale très développée. Ces principes nes’appliquent cependant pas de la même façon et à la même échelle dans le centre-ville etsur le front de mer dans la mesure où les situations sont différentes. En effet, la constructionde quartiers entiers est prévue sur le front de mer alors que le renouvellement du centre-ville se fera davantage par des actions ponctuelles. La distinction sera donc faite chaquefois que possible entre les différentes thématiques.

Cette stratégie d’aménagement et le développement à long terme nécessitent deconstituer des partenariats. Il en existe déjà plus de soixante-dix dans la ville qui regroupentdes acteurs publics, privés, des organisations bénévoles et des conseils de quartiers.Ces partenariats sont essentiels dans la mesure où le regroupement d’acteurs venant desphères différentes favorise la concertation et permet de tenir compte des intérêts divers.Tous les points de vue sont envisagés et les décisions prises grâce à ces partenariats sontsouvent plus consensuelles que d’autres. C’est pourquoi, la « Ville d’Edimbourg » encouragele travail en partenariat ainsi que les consultations. Un maximum d’avis et d’objectionspeuvent alors être pris en compte afin d’aboutir à un aménagement de la ville qui satisfassele plus grand nombre, que ce soit les habitants, les entreprises ou les associations.

b. Design

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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On entend par design tout ce qui touche à la dimension esthétique de la création, dela conception et de l’agencement des espaces et des bâtiments (logements, services,entreprises…).

L’attention portée à la qualité du design des nouveaux développements de la ville faitpartie des priorités énoncées par la « Ville d’Edimbourg » dans son plan d’aménagement.L’objectif général est de faire en sorte que la spécificité de la ville soit respectée. Lesnouveaux projets doivent donc pouvoir s’intégrer pleinement dans le cadre historique de laville et respecter l’harmonie qui existe à l’échelle du centre-ville. La « Ville d’Edimbourg »évoque une « modernisation du centre-ville historique »24 qui consiste en une approcheéquilibrée entre la mise en valeur du patrimoine culturel et la construction de bâtiments plusmodernes et innovants. Un tel choix de design a pour but principal d’augmenter l’attractivitédu centre-ville. Dans les périphéries, la question du design est également très importantedans la mesure où le front de mer a besoin d’être revalorisé. Cette revalorisation passeradonc par une haute qualité de conception des bâtiments et des espaces publics. En effet,la qualité du design est considérée comme une donnée importante pouvant influer sur laqualité de vie de la population. Les nouvelles constructions doivent donc pouvoir répondreaux besoins des habitants et des usagers en faisant en sorte de générer un sentimentd’attachement au lieu. Pour cela, l’environnement nouvellement conçu doit être sûr etagréable, il doit être facile d’y circuler et il doit pouvoir être identifié comme unique etcomme caractéristique de la population qui y vit. Par l’attention particulière portée au designdes nouveaux projets d’aménagement, la « Ville d’Edimbourg » entend créer des quartiersattractifs et dynamiques où les gens aient envie de vivre.

La question du design est cruciale dans la mesure où elle peut fortement contribuerau développement à long terme. En effet, le design prend en compte toute une sériede principes qui, une fois regroupés, peuvent mener à la création de quartiers durables.Par exemple, le Plan Local de la ville prévoit que les nouveaux projets d’aménagementsprêtent une attention toute particulière à la taille, à la forme et aux matériaux choisisdes bâtiments à construire. Leur impact sur le paysage ne doit pas être négatif, l’intérêtvisuel doit être réel et harmonieux avec l’existant, de même que les développements futursdoivent être en mesure de s’adapter au fil du temps aux différents usagers et à leursbesoins. C’est pourquoi le Plan d’aménagement d’Edimbourg encourage les programmesde construction mixtes et diversifiés afin que chaque quartier puisse attirer des activitésmultiples et par conséquent une population diverse. L’aménagement durable vise, en effet,la diversification sociale des lieux de la ville. Cette diversité est une composante essentielledu volet social de la politique de développement durable lancée dans l’agglomération.Pour cela, il est nécessaire d’encourager la diversification des activités et des modesd’occupation des quartiers afin d’éviter que ne se constituent des « ghettos » urbains dontl’avenir ne peut se concevoir sur le long terme. L’organisation de l’espace doit égalementêtre pensée de façon intelligente et durable afin que la sécurité soit assurée. En effet,un quartier doit être conçu de façon à ce que la protection des allées piétonnes et desespaces ouverts soit naturelle. Enfin, cette conception des nouveaux aménagements nedoit pas oublier d’intégrer de nombreux petits détails qui contribuent pourtant grandementau développement durable : installation de commodités pour le recyclage des déchets,utilisation des énergies renouvelables, installation d’équipements de télécommunication etde places de stationnement de dissuasion…

Ainsi, la réflexion menée par la « Ville d’Edimbourg » sur le design des nouveauxprojets d’aménagement intègre pleinement certains principes du développement durable.

24 ibid. p. 17.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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Les questions environnementale et sociale sont clairement prises en considération. Au-delàde la conception et de l’organisation générale de chaque projet de renouvellement urbain, ilest intéressant de voir plus en détail comment le développement durable s’intègre à toutesles échelles, du logement aux voies de communication en passant par les espaces publics.

c. Logements - équipementsLa contribution du logement au développement durable est essentielle tant sur le planenvironnemental que sur le plan social. Tout d’abord, il est possible de faire de nombreuxefforts quant à la réduction de l’impact de la construction et de la vie d’un bâtiment surl’environnement. Une construction écologique consiste à faire en sorte que le bâtiments’intègre harmonieusement dans son environnement immédiat. De même, l’exploitation d’unbâtiment peut avoir un impact positif à long terme si on favorise une utilisation prudente etréfléchie de l’énergie (énergies renouvelables), de l’eau (récupération des eaux de pluie) etdes déchets (tri sélectif). De plus, la question du logement est étroitement liée à celle del’intégration sociale. Il est effectivement possible de favoriser la mixité sociale grâce à uneconception diversifiée du logement associant dans un même lieu logements abordables,logements étudiants, logements adaptés aux personnes à mobilité réduite, logements detailles différentes pouvant accueillir aussi bien des familles nombreuses que des personnesvivant seules. Le Plan Local d’Edimbourg fait état de ces principes marquant ainsi la volontéd’aller vers un tel type de développement.

Tout d’abord, la forte demande de logements dans Edimbourg exige, comme nousl’avons vu, de se diriger vers une ville plus dense afin de pouvoir préserver la CeintureVerte qui entoure la ville. L’augmentation des densités est une notion clé du développementdurable. Cependant, elle ne peut se faire que si elle respecte les autres principes enassociant par exemple l’augmentation des densités avec la garantie de conditions de vieélevées et d’un environnement attractif. Il faut aussi ne pas vouloir trop augmenter lesdensités et savoir trouver la juste mesure. De fortes densités satisfont l’objectif d’uneutilisation plus effective du territoire, assurent le dynamisme de la vie de quartier et la viabilitédes services locaux mais elles peuvent aussi détruire l’espace public. L’augmentation desdensités ne doit donc pas se faire au détriment d’un environnement de qualité et desespaces ouverts nécessaires à la vie de quartier. Cette question est également intimementliée à la quantité des transports publics disponibles. C’est pourquoi la « Ville d’Edimbourg »encourage l’augmentation des densités d’habitations d’abord dans le centre-ville puis sur lefront de mer où le plan local des transports a été revu et renforcé. De plus, le Plan Local dela ville propose de varier les densités, surtout dans les périphéries, afin d’éviter un étalementurbain monotone : « L’augmentation des densités devrait être encouragée par exempleautour des centres locaux et des nœuds de transports publics »25. Ainsi, la question desdensités s’accorde très bien avec la question de la diversification des types de logements.Ce deuxième principe contribue lui aussi au développement durable.

Un des principes fondamentaux énoncés dans le Plan Local pour les futursaménagements de la ville porte sur la diversité des logements :

Le Conseil cherchera à fournir divers types et tailles de logements où cela sera adaptépour répondre à toute une série de besoins en logement, incluant ceux des familles, despersonnes âgées et des personnes ayant des besoins particuliers.26

25 Ibid, p. 65. « Densities might be encouraged to rise for example around local centres and public transport nodes »26 Ibid, p. 62. « The Council will seek the provision of a mix of house types and sizes where practical, to meet a range of housing

needs, including chose of families, olderpeople and people with special needs »

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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Ainsi, la diversité des types de logements contribue à répondre aux besoins de toutela population. Cette pluralité permet donc une certaine mixité sociale. En effet, varier lestailles et les formes d’habitations permet de toucher des publics différents dans un mêmequartier. Les ensembles ainsi créés favorisent la déségrégation sociale. On cherche à neplus construire des aires de logements semblables ayant les mêmes caractéristiques etregroupant un même segment de la population. On cherche davantage à mélanger les typesde ménages, des familles avec enfants aux personnes vivant seules, aux étudiants et auxpersonnes âgées, en proposant une offre de logements diversifiée. Le front de mer estparticulièrement adapté à un tel type de développement. En effet, des quartiers entiers ysont à construire. Il suffit donc de prévoir dès le départ, comme le fait la « Ville d’Edimbourg »dans son Plan Local, de jouer sur les formes d’habitations afin de pouvoir proposer un largechoix de logements dans un même quartier.

Western Harbour, Front de mer, EdimbourgIl est par contre beaucoup plus difficile d’atteindre cet objectif dans le centre-ville dans

la mesure où les immeubles sont généralement anciens et tous construits sur un mêmeschéma, ce qui réduit ainsi la possibilité d’attirer des ménages aux besoins différents. Lamixité se fait donc surtout par la population étudiante qui investit massivement les quartiersdu centre-ville, se mêlant ainsi à la population locale.

Plus techniquement, les critères fixés par la « Ville d’Edimbourg » dans son documentintitulé The Edinburgh Standards for Sustainable Building, concernant la constructiondes nouveaux bâtiments vont clairement dans le sens d’un développement pérenne.Pour que les bâtiments soient considérés comme durables, le document énonce sixprincipes majeurs à respecter : qualité des plans, qualité de la construction et del’aménagement paysager ; environnements inclusifs, sains et sûrs où chacun peut y vivrelibrement et y accéder sans obstacle ; réduction des effets du changement climatique parl’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables ; encouragement à l’utilisationde ressources et de matériaux durables ; réduction de la pollution par l’incitation aurecyclage ; encouragement d’un usage durable des bâtiments27. Ces grands principesgénéraux visent l’amélioration des constructions futures afin que celles-ci intègrent destechnologies respectant l’environnement. Les principes ciblent la construction elle-même,notamment par des recommandations quant à l’utilisation de certains matériaux, maiségalement l’environnement dans lequel les bâtiments seront construits. Cette démarche estcaractéristique du développement durable dans la mesure où tous les principes sont pensés

27 The City of Edinburgh Council, The Edinburgh standards for sustainable building [en ligne].Edinburgh, février 2007, p. 10. Consultable sur Internet : <URL : http://www.edinburgh.gov.uk/internet/Attachments/ Internet/Environment/Planning_and_buildings/Planning/Planning_policies/Edinburgh%20standards%20for%20sustainable%20buildings/Sustainable%20Buildings%20document.pdf>

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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les uns par rapport aux autres. On ne considère pas le bâtiment en tant que tel mais bien lebâtiment intégré dans un environnement extérieur. Rien ne doit être fait au détriment d’autrechose.

La question du logement est étroitement liée à celle des équipements. Là encore onretrouve cette dimension du développement durable qui cherche à ce que l’aménagementurbain se fasse dans une démarche intégrée, c’est-à-dire prenant en compte toute une sériede facteurs interdépendants. En effet, pour que l’aménagement futur de la ville d’Edimbourgsoit pérenne, les nouveaux développements de logements ne doivent se faire que s’ils sontassociés à une offre satisfaisante de commodités nécessaires aux habitants. On entend parexemple par commodité, la présence d’un médecin, de commerces locaux, d’équipementsportifs et de loisir… Ces commodités sont indispensables pour promouvoir une vie dequartier vivante et dynamique. De plus, l’existence d’équipements collectifs locaux estsouvent un facteur déterminant dans le choix des gens à s’installer dans tel ou tel quartier.

Post Office et Nursery, Craigmillar, EdimbourgLa « Ville d’Edimbourg » prévoit donc de renforcer certains équipements afin de

répondre à la future demande d’écoles, par exemple, notamment sur le front de mer où ilest prévu la construction de plus de 25 000 nouveaux logements. Tous ces développementsont également des conséquences sur l’économie. C’est pourquoi le Plan Local de la ville luiconsacre un chapitre afin d’exposer un certains nombre de lignes directrices durables.

d.Economie - emploisOn l’a vu précédemment, l’économie d’Edimbourg est relativement prospère et lesprévisions optimistes. De nombreux emplois nouveaux ont été créés ces dernières années,essentiellement dans le centre-ville. Dans cette perspective, la « Ville d’Edimbourg »souhaite assurer que l’économie locale se développe sur une voie durable. C’est pourquoicertaines politiques économiques sont énoncées dans le Plan Local de la ville afinqu’elles soient considérées dans un cadre général de développement et non pas de façonisolée. Là encore, cette stratégie répond au principe d’interdépendance du développementdurable ; l’économie et la croissance doivent effectivement être envisagées en lien avecl’environnement et le social.

Un des buts fondamentaux que la « Ville d’Edimbourg » met en avant est de faire ensorte que l’économie fonctionne le plus localement possible. Par exemple, il est importantque les habitants fassent leurs courses dans les magasins de proximité et consommentdavantage de produits locaux. De même, chacun doit pouvoir aller travailler non loin de chezlui. C’est pourquoi le Plan Local vise à promouvoir le développement de certains services et

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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bureaux au sein des nouveaux quartiers. Cela signifie en réalité que la ville cherche à créerdes quartiers à usages diversifiés qui regroupent logements, services locaux et emplois afinque l’activité économique puisse se développer localement et grâce à la population locale.Ainsi, les futurs développements de bureaux devront se faire d’une part dans le centre- villeafin de maintenir sa diversité et d’autre part dans les périphéries et notamment sur le front demer où l’implantation de 32 000 emplois est prévue dans les vingt cinq prochaines années.

Tout d’abord, le centre-ville est la destination privilégiée pour la plupart des entreprisesqui souhaitent bénéficier de la proximité des autres entreprises et services. C’est pourquoi la« Ville d’Edimbourg » met l’accent sur le fait que le renouvellement du centre-ville doit passernotamment par le développement de nouveaux bureaux. Cependant, il existe de moins enmoins d’espaces propices à l’implantation de nouveaux immeubles de travail. Il est doncenvisagé de concentrer plusieurs entreprises sur un même site. Bien que ces nouvellesconstructions soient nécessaires pour le développement économique du centre-ville afinde maintenir le dynamisme d’Edimbourg, le Plan Local de la ville précise bien que de telsdéveloppements doivent se faire en respect de l’environnement historique de la ville. Il s’agitlà d’une des limites auxquelles le centre-ville doit faire face. Le manque de place dans cesecteur rend donc le front de mer vital pour le futur succès économique de l’agglomération,et il est prévu qu’il devienne à long terme la principale destination des futures entreprises.Les opportunités de développement sont grandes. L’implantation d’entreprises stratégiquesrenforcera alors l’image et le dynamisme du front de mer, affirmant ainsi son importancedans l’agglomération. Cependant, de tels développements, nécessaires pour soutenirl’économie de la ville, ne peuvent se faire que si l’offre de transport est bonne. En effet, ledéveloppement des transports publics est une condition majeure pour que les entreprisessoient incitées à venir s’implanter sur le front de mer.

e.TransportLa question des transports est essentielle en vue de la construction d’une ville durable.Effectivement, l’accessibilité est un facteur déterminant pour toute une série d’autresquestions qui sont étroitement liées. Par exemple, l’implantation de logements etd’entreprises dans un quartier ne sera viable et attractive que si l’offre de transport estsuffisamment développée. De plus, les transports et notamment les voitures particulièressont responsables en grande partie de la pollution et du réchauffement climatique. Il est doncnécessaire d’élaborer un plan de transports qui favorise les modes de déplacements douxet réduise la dépendance à la voiture. La « Ville d’Edimbourg » est fortement engagée danscette voie. En mars 2007, elle a publié sa Stratégie Locale des Transports qui énonce sesobjectifs pour la ville. Cette stratégie répond également aux exigences nationales poséespar l’Exécutif Ecossais. Les objectifs principaux de la Stratégie sont au nombre de huit etsont intimement liés aux priorités environnementales, économiques et sociales fixées parla « Ville d’Edimbourg » :

∙ Faciliter l’accès à la ville et la circulation à l’intérieur de celle-ci, essentiellement enréduisant la congestion ;

∙ Augmenter la proportion de trajets piétons, à vélo ou en transports publics ;∙ Réaliser le projet de tramway ;∙ Réduire les besoins de circuler, surtout en voiture ;∙ Réduire les effets négatifs de la circulation, y compris les accidents de la route et les

dommages environnementaux ;∙ Identifier les différents rôles de la rue pour la population - comme un lieu où les gens

vivent et travaillent, se rencontrent, font les magasins et se détendent […] ;

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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∙ Améliorer la capacité des gens à bas revenus et des personnes à mobilité réduite àutiliser le système de transport ;

∙ Assurer que le réseau de routes, chemins piétons et pistes cyclables répondent auxcritères d’une circulation sûre et facile.28

Les objectifs de la Stratégie répondent donc bien aux préoccupations environnementales,économiques et sociales. En effet, par une amélioration du système des transports, la « Villed’Edimbourg » entend réduire les problèmes de santé publique et les impacts négatifs surl’environnement par la promotion de modes de déplacement alternatifs à la voiture, maisaussi encourager l’intégration sociale et l’attractivité de certains secteurs. Un bon réseau detransport permet de désenclaver les quartiers dont l’accès est réduit. Les habitants peuventalors prendre pleinement part à la vie urbaine à partir du moment où ils peuvent accéderfacilement à d’autres quartiers de la ville. La politique des déplacements doit donc renforcerl’accessibilité à l’échelle de toute l’agglomération afin de faire en sorte qu’il n’existe plusde secteurs isolés et coupés du reste de la cité où la population ne puisse pas participerà la vie urbaine.

L’enjeu est majeur surtout pour le front de mer. Son développement ne sera en effetpossible que si le secteur est bien desservi en transports publics et si les liaisons piétonnes,cyclables et routières avec le centre-ville sont assurées. La mise en œuvre du projet detramway est donc très importante dans la mesure où celui-ci améliorera l’accessibilité dufront de mer et aura un impact significatif sur l’intensité et la réussite des développementsdans ce secteur.

Dans le centre-ville, l’enjeu principal est la réduction du nombre de déplacements quise font en voiture. La Plan Local de la ville entend les diminuer en réduisant le nombrede places de parking disponibles dans le centre à défaut de ne pouvoir mettre en placeun système de péage à l’entrée du centre-ville, solution rejetée par les habitants. Ledéveloppement de quartiers sans voiture est également envisagé ainsi que la mise enplace d’un système de « car sharing » (voitures partagées) avec des emplacements deparking exclusivement réservés à ce type de véhicules dans le centre-ville. Il s’agit d’unsystème de location de voiture dont le temps de location peut varier d’une heure à plusieursjours. Les usagers paient en fonction du nombre de kilomètres parcourus et du tempsd’utilisation. Cela réduit le nombre de déplacements inutiles en voiture ainsi que le nombrede ménages possédant un véhicule. Toutes ces mesures visent à dissuader les habitants dese déplacer en voiture. En contre partie, la ville doit pouvoir proposer une offre de transportspublics satisfaisante. Même s’il existe un consensus pour affirmer que le service des bus estbon dans l’ensemble de la ville, des infrastructures de transports supplémentaires serontnécessaires sur le long terme. Le projet de tramway s’inscrit dans cette perspective. Deplus, un gros travail de promotion des déplacements piétons et cyclables est nécessaire.La ville s’engage notamment à inclure dans tous les nouveaux développements un réseaude circuits sécurisés et réservés aux modes de déplacement doux.

f. Espaces verts et espaces de loisirLes espaces verts et les espaces de loisir comptent pour beaucoup dans la qualité de vied’une ville. Edimbourg peut déjà se vanter d’un grand nombre d’espaces ouverts au public(parcs, jardins publics, terrains de jeu, parcs naturels, bordures de rivière, terrains de golf…)qui font en partie sa réputation. C’est pourquoi, la « Ville d’Edimbourg » cherche à préservertous ces lieux de vie. Ces espaces verts et ces espaces de loisir font partie intégrante dupaysage de la cité et participent à la définition de son caractère unique. Dans les années à

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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venir, la population est amenée à croître considérablement, la pression sur l’environnementsera de plus en plus forte, il est donc nécessaire de protéger les espaces non construitspour que la ville et ses habitants puissent profiter d’un environnement sain. L’atteinte àl’intégrité de ces espaces, pour la construction de nouveaux bâtiments par exemple, n’estdonc autorisée que dans des circonstances très particulières énoncées dans le Plan Localde la ville. Des mesures compensatoires sont souvent envisagées.

Dans les nouveaux développements, la « Ville d’Edimbourg » prévoit l’ouvertured’espaces publics nouveaux et en particulier la construction d’un réseau de voies vertesqui permettent la liaison entre les différents quartiers dans un cadre verdoyant. Plusprécisément, chaque projet de développement résidentiel, ou même de développementd’entreprises, doit inclure un espace commun ouvert et de préférence accessible au public.C’est le cas notamment dans les projets du front de mer où de nombreux espaces vertssont planifiés, de la promenade côtière au parc public. La création d’un immense parc estégalement envisagée comme l’une des pièces centrales de ce dispositif. L’aménagementdu front de mer mettra aussi en valeur la thématique de l’eau et du port afin de donner àses espaces ouverts une dimension culturelle propre au lieu.

En résumé, la « Ville d’Edimbourg » s’est fortement engagée vers un développementurbain durable. Son Plan Local, qui énonce les grands principes d’aménagement pour laville, fait référence clairement à des objectifs durables dans tous les domaines en établissantdes projets intégrés qui prennent en compte toutes les dimensions de la vie urbaine afinde favoriser l’intégration et la diversité, de renforcer le lien social et d’améliorer la qualitéde l’environnement.

Les objectifs fixés pour le centre-ville visent d’abord à renforcer sa qualité de vie etles atouts qui font sa réputation : renforcer son patrimoine mondial, sa position de centreéconomique, de capitale administrative et culturelle, de centre régional, de destinationtouristique majeure et de ville accueillante. En revanche, les objectifs pour le front de mervisent avant tout à créer de nouveaux quartiers durables qui puissent transformer ce largesecteur industriel en une vraie alternative au centre-ville. Les projets de développement surle front de mer sont pensés de sorte que le secteur devienne partie intégrante de la ville etpour que la vie sociale dans ses sous-ensembles n’ait rien à envier à celle du centre-ville.

B. Un objectif à long terme pour Edimbourg : ladisparition de l’opposition centre / périphéries

Les politiques urbaines menées à Edimbourg et énoncées principalement dans le Plan Localde la Ville affichent une volonté claire d’améliorer la qualité de vie de ses habitants. Pourcela, les nombreux principes de développement durable sont importants dans le centre-ville comme sur le front de mer. Ils contribueront à atténuer la séparation qui existe entre lecentre et le front de mer. Enfin, les politiques urbaines durables ont été réfléchies dans lesens d’un renforcement de l’identité de la ville.

1. Intégration du front de mer à la ville

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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La réhabilitation du front de mer passe avant tout par son rattachement au reste de la citéafin que s’estompe sa différence de statut avec le centre-ville. Le front de mer doit pouvoir,dans l’avenir, être caractéristique d’Edimbourg autant que le centre-ville. Les habitants ontun rôle crucial à jouer dans ce processus. Leur implication est le moteur de la réussite durenouvellement.

a. Reconnexion avec le reste de la villeComme nous l’avons vu, le potentiel économique du front de mer pour le développementfutur de la ville d’Edimbourg est très important. L’implantation de plusieurs milliers d’emploissur ce secteur est envisagée pour le redynamiser et surtout pour soulager le centre-villedes pressions qui pèsent sur lui. Les futurs développements résidentiels sont égalementprimordiaux pour la requalification de ce secteur et sa capacité à jouer un rôle stratégiquedans la ville. Ainsi, le front de mer est-il voué à devenir une nouvelle aire dynamique quiattire les habitants, les entreprises et les commerces.

La politique des transports, bien évidemment, joue un rôle primordial dans ce projet.En effet, les liaisons sont indispensables entre les différents points de l’agglomération et laconstruction du futur tramway sera le pivot de cette reconnexion. Trois lignes doivent êtreconstruites et desservir les périphéries de la ville et notamment le front de mer (cf. Planen annexe 1). L’accessibilité, et donc l’intégration du front de mer, seront ainsi assuréesen grande partie par un réseau de transports efficaces et durables. Il faut noter ici que leprojet de tramway a provoqué un large débat au Parlement, la nouvelle majorité nationalistevoulant y renoncer en raison de coûts trop importants. Le débat sur les transports durablesa donc été relancé dans l’hémicycle pour aboutir enfin à une majorité claire (Travaillistes,Libéraux-Démocrates, Conservateurs et Verts) en faveur du développement du tramwayconsidéré comme un mode de déplacement propre, non polluant qui ne contribue pas, parconséquent, au réchauffement climatique. Le choix du tramway comme nouveau transportpublic s’inscrit donc pleinement dans la démarche de développement durable qui vise àlimiter les impacts négatifs des transports motorisés sur l’environnement.

Au-delà de la question de transports, les projets d’aménagement de la ville donnentune claire priorité à la reconstruction du tissu urbain. Les quartiers où les développementspassés sont de mauvaise qualité, où les terrains sont à l’abandon (comme c’est le caspour le front de mer), doivent être complètement repensés afin de pouvoir évoluer de façondynamique et pour que la qualité de vie y soit améliorée pour générer ainsi de la cohérencedans la ville et notamment avec le centre-ville. Néanmoins, la cohérence ne signifie pasl’uniformisation. L’atténuation de l’opposition entre le centre et les périphéries voulue par lespolitiques urbaines de la « Ville d’Edimbourg » concerne essentiellement la qualité de vieet le dynamisme des différents quartiers. En aucun cas les développements, l’architectureet les agencements ne doivent être pensés à l’identique. C’est pourquoi les projets pour lefront de mer visent davantage à impliquer les futurs habitants afin qu’ils puissent construireleurs propres quartiers avec leurs propres particularités. L’identité d’un quartier doit pouvoirs’exprimer par ceux qui y vivent et y travaillent. Chacun doit pouvoir mettre un peu de luidans la vie locale afin de créer un lieu de vie singulier. « L’esprit des lieux » doit être uniqueà chaque quartier mais pour ne faire qu’un seul tissu urbain : la diversité des quartiers nedoit pas mettre en péril l’unité de la ville.

b. Implication des habitants dans un projet à long terme faisant naître unsentiment d’appartenance à la ville

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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La « Ville d’Edimbourg » s’est fortement engagée à faire participer les habitants aux projetsde rénovation urbaine. Cette démarche a lieu à toutes les étapes de la planification. En effet,les habitants sont consultés dès le départ,c’est-à-dire dès les premières réflexions sur lesprojets. Chaque document produit par les autorités engagées dans les projets est soumisà une consultation des habitants qui sont invités à donner leur avis sur les différents points.En général, les documents sont publiés sur le site officiel de la « Ville d’Edimbourg » et desquestions sont posées à la population. Ainsi, les habitants peuvent répondre aux questionset émettre des objections ou des observations à toutes les étapes du projet. La version finaledu Plan Local a été soumise à plusieurs consultations de la population au fur et à mesurede l’avancement des réflexions (cf. Annexes 5 et 6). Les habitants s’engagent donc sur unprojet à long terme dans la mesure où le Plan Local de la ville vise l’horizon 2015, voireplus loin notamment pour les projets du front de mer. Par l’implication des habitants tout aulong du processus de renouvellement urbain, la Ville espère réaliser des projets qui soientau plus près d’eux et qui répondent à leurs attentes. Les autorités essaient d’apprécier lecontexte local et les aspirations du public afin de pouvoir mieux répondre aux besoins dela population. Dans cette perspective, chaque renouvellement urbain est unique dans lamesure où les attentes des habitants différent selon les quartiers.

L’intérêt que porte la « Ville d’Edimbourg » à l’avis des habitants les implique davantagedans la vie de quartier. Ils sont plus à même de s’intéresser à ce qui se passe près dechez eux et à agir lorsqu’ils ont été impliqués dans les projets dès le début. Le processusde « place-making » a été instauré pour que cette implication perdure : ce sont leshabitants qui font du lieu ce qu’il est par les interactions qu’ils entretiennent avec lui eten y vivant quotidiennement. Ils le pensent, l’imaginent puis le vivent et le modèlent enfonction de ce qu’ils sont. De plus, l’accent mis sur la politique culturelle encourage cesentiment d’appartenance à un quartier et plus généralement à la ville. Les politiquesd’aménagement du front de mer insistent sur l’importance de l’organisation d’événements etde manifestations culturels ou même sur l’ouverture de galeries d’art afin que les habitantspuissent exprimer leur identité. C’est à l’évidence le moyen pour que les habitants se sententréellement chez eux, dans un lieu qui leur correspondra et qui répondra à leurs attentes.L’attachement encourage d’ailleurs l’engagement au niveau local. Par conséquent, si leshabitants sentent qu’ils ont prise sur la vie de quartier et qu’ils peuvent influer sur lesdécisions, ils se mobiliseront davantage pour préserver leur quartier en bon état, pour faireen sorte qu’il soit sûr et vivant. La gestion se fait donc localement par la population locale.

En résumé, les politiques urbaines mises en place par la « Ville d’Edimbourg » visentà atténuer l’opposition qui existe entre le front de mer en friche et le centre-ville historique.Le Plan Local de la ville s’attache à réintégrer le front de mer à la ville en faisant en sorteque la qualité de vie urbaine d’Edimbourg soit la plus élevée possible et ceci dans tous lesquartiers de la ville, y compris le front de mer. L’objectif principal est donc de rendre, parles politiques urbaines de développement durable, le front de mer attractif avec ses propresparticularités. C’est pourquoi, l’implication des résidents dans les projets de renouvellementest très importante. En effet, la participation et la prise en compte des habitants dans leprocessus d’élaboration des politiques urbaines joue un rôle positif dans leur engagementfutur pour maintenir une vie de quartier de qualité. Les avis de chacun sont pris en compteafin que les développements soient au plus proches des attentes individuelles et collectives.Grâce à la considération portée à la population, chacun peut se sentir concerné et œuvrerà rendre la vie de son quartier, et plus largement de sa ville, plus dynamique et agréable.

2. Renforcement de l’identité urbaine

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Comme nous l’avons vu, Edimbourg a une identité urbaine particulière qui découlenotamment de son caractère culturel et historique et qui génère auprès des habitants unsentiment d’appartenance à la ville. Les nouvelles politiques urbaines ont pour objectifde renforcer cette vie urbaine particulière, d’une part par la préservation des modes devie propres à la ville, et d’autre part par l’intégration des nouveaux développements dansl’architecture présente.

a. La préservation du caractère unique de la ville (patrimoine, mode de vie)Le Plan Local de la ville énonce clairement ses objectifs. Parmi eux on peut relever lanécessité de « s’assurer que les qualités uniques de la ville, son patrimoine construit etle caractère de ces espaces urbains sont protégés pour le futur »29. Par cette politique,la « Ville d’Edimbourg » souhaite garantir à sa population un environnement urbain dequalité, caractéristique de la cité. En effet, on l’a vu plus haut, la ville possède un patrimoineculturel riche qui favorise l’émergence d’un sentiment de fierté et d’appartenance parmises citoyens. Il est donc indispensable de conserver l’héritage historique afin que lavie urbaine d’Edimbourg garde toute sa qualité. C’est pourquoi les nouvelles politiquesurbaines sont pensées en fonction des bâtiments historiques, des parcs, des jardinspublics, des paysages, des monuments et de l’héritage naturel (Ceinture Verte) afin quel’environnement de la ville soit préservé. Le Plan Local énonce, par exemple, un certainnombre de principes concernant les nouveaux développements dans la Ceinture Verte : « ledéveloppement ne sera permis uniquement s’il est nécessaire à l’agriculture, à la foresterieou à l’horticulture »30. Il en est de même pour les développements dans les sites classés : ilsdoivent impérativement « préserver ou renforcer le caractère spécial ou l’apparence du site[…] et utiliser des matériaux appropriés à l’environnement historique »31. Ainsi, un des rôlesclés de la « Ville d’Edimbourg » est d’intégrer des politiques de conservation du patrimoineà l’intérieur du cadre plus large des politiques urbaines.

Ce sont l’environnement historique et naturel de la cité qui déterminent l’identitéurbaine, et par conséquent qui conditionnent les modes de vie et la qualité de vie àEdimbourg. La population vit, en effet, dans un environnement spécifique et adapte sesmodes de vie en fonction de lui. En choisissant de mettre l’accent sur des politiquesqui visent à protéger cet environnement, la « Ville d’Edimbourg » cherche à renforcercette l’identité urbaine. Par exemple, l’importance des espaces verts dans les nouveauxdéveloppements et leur mise en valeur témoignent de cette volonté de préserver le cadreunique de la ville et ainsi d’améliorer la qualité de vie de ses habitants. Le parc des Meadowsinstallé au cœur de la ville en est l’illustration la plus pertinente. En effet, ces grands espacesde pelouse totalement ouverts font partie intégrante de la cité et de la vie de ses habitants.Il s’agit d’un lieu de vie très important ; c’est le point de rendez-vous des sportifs, desmusiciens, des artistes, des golfeurs, et dès les beaux jours des centaines de personnesse retrouvent là pour discuter, jouer, partager…

29 The City of Edinburgh Council, Finalised Edinburgh City Local Plan [en ligne]. Mars 2007, p. 33. Consultable surInternet : <URL : http://www.edinburgh.gov.uk /internet/Environment/Planning_buildings_i_i_/Planning/Planning_policies/CEC_edinburgh_city_local_plan#WherecanIviewthefinalisedlocalplan>30 Ibid, p. 27. « development will only be permitted where necessary for the purposes of agriculture, woodland and forestry, horticulture».31 Ibid, p. 25. «preserves or enhances the special character or appearance of the conservation area […] and utilises materialsappropriate to the historic environment ».

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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Les Meadows et Princes Street Gardens, Centre-ville, EdimbourgUn tel lieu de rencontre et de vie sociale est caractéristique d’Edimbourg et du

quotidien de sa population. C’est pourquoi les projets de développement du front de meressaient d’intégrer à leur tour de tels espaces verts afin de créer une atmosphère etune qualité de vie semblable à celle qui existe déjà dans le centre-ville et atténuer ainsil’opposition entre le front de mer et le centre-ville. La préservation de l’environnementcaractéristique de la ville passe donc d’une part par des politiques qui s’attachent àconserver directement les bâtiments historiques, les espaces verts déjà existants, et d’autrepart par des politiques qui veillent à ce que les nouveaux développements se fassent dansle respect de l’environnement. Ainsi, ces dernières politiques jouent un rôle indirect sur lapréservation du caractère unique de la ville.

b. De nouveaux développements en cohérence avec l’architecture existanteComme nous l’avons vu précédemment, l’architecture d’Edimbourg lui donne un caractèreunique qui lui vaut sa réputation au niveau international. Les conditions de construction dansle centre-ville sont donc très strictes et imposent un respect scrupuleux de l’architectureexistante. Les bâtiments du centre-ville sont effectivement tous construits dans les mêmesmatériaux et sur un même modèle. Il ne s’agit pas pour autant d’uniformiser le centre-villeet d’empêcher la diversité, mais bien de préserver une certaine cohérence architecturalequi n’endommage pas le caractère particulier de la ville.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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Warrender Park Road, Marchmont, Centre-ville, EdimbourgUne attention toute particulière est portée à la « ligne des toits ». Le Plan Local

de la ville expose donc certains principes qui visent à préserver l’architecture existanteet à faire en sorte que les nouveaux développements s’inscrivent également dans cettearchitecture. Le panorama et les perspectives de la ville sont considérés comme vitauxdans l’affirmation du caractère unique et de la particularité de la cité. L’objectif principalest donc de renforcer l’image et l’identité de la ville par l’intégration des nouveaux projetsdans le cadre architectural unique d’Edimbourg. L’harmonie est le mot d’ordre des politiquesurbaines. Chaque nouvelle construction doit pouvoir être en harmonie avec les bâtimentsexistants et l’aspect typique de la ville :

Il est nécessaire de protéger certaines des caractéristiques visuelles les plusétonnantes de la ville, les perspectives sur les bâtiments importants […] à partir de nombreuxpoints de vue dans la ville même et au-delà, la ligne des toits […] qui créent un paysageunique.32

Cet objectif implique donc de reconnaître l’importance du critère de la taille dans laconstruction des nouveaux bâtiments. Celle-ci est fixée par le site même du bâtiment etles constructions environnantes existantes. Ainsi, les nouveaux développements ne doiventpas être plus hauts et plus imposants que les bâtiments essentiels de la ville afin de nepas endommager la « ligne historique des toits », c’est-à-dire afin de respecter le panoramade la ville.

Ces principes concernent essentiellement les constructions du centre-ville, là où lecaractère architectural est prononcé. Cependant, les projets du front de mer doiventégalement respecter l’architecture existante du centre-ville afin que l’agglomérationconstitue un tout. Cela signifie donc que l’architecture des nouveaux bâtiments doit êtreune interprétation contemporaine de l’architecture traditionnelle33. Il est bien sûr impossibled’imposer dans le projet de renouvellement du front de mer la construction de quartiers oùl’architecture serait celle du centre-ville. Les évolutions architecturales et techniques doiventêtre prises en compte. Néanmoins, modernité et amélioration technique n’empêchent pasde penser ces nouveaux développements dans la continuité de ce qui existe dans le centre-ville. L’architecture contemporaine peut effectivement intégrer certaines caractéristiquestraditionnelles comme par exemple la construction de blocs d’immeubles avec une courintérieure consacrée à des jardins privatifs au centre. La construction doit également avoirrecours aux matériaux locaux pour ainsi faire référence au type de bâtiments déjà existants.Tous ces principes viennent alors conforter l’image et l’identité de la ville dans le centre-villeet au niveau du front de mer.

Pour synthétiser, Edimbourg est une ville culturelle où l’environnement historique etnaturel est essentiel. Les politiques culturelles qui visent à préserver le patrimoine sont donctrès présentes, notamment à l’échelle du centre-ville et retentissent nécessairement surl’aménagement urbain pour que le développement de la ville soit possible dans le respect del’environnement historique. C’est pour atteindre cet objectif que la « Ville d’Edimbourg » s’est

32 The City of Edinburgh Council, Finalised Edinburgh City Local Plan [en ligne]. Mars 2007, p. 29. Consultable surInternet : <URL : http://www.edinburgh.gov.uk /internet/Environment/Planning_buildings_i_i_/Planning/Planning_policies/CEC_edinburgh_city_local_plan#WherecanIviewthefinalisedlocalplan> « This is necessary to protect some of the city’s most strikingvisual characteristics, the views available from many vantage points within the city and beyond, of landmark buildings, the city’s historicskyline, […] which create a uniquely visible landscape setting for the city ».

33 The City of Edinburgh Council, A vision for the Waterfront: The way ahead [en ligne]. Edinburgh, 1er mars 2006, p. 8.Consultable sur Internet : <URL : http://cpol.edinburgh.gov.uk/getdoc_ext.asp?DocId=79240>

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III. Des politiques urbaines durables pour plus de cohésion à l’échelle de la ville

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clairement engagée dans la voie du développement durable, et cela dans tous les domainesde l’aménagement urbain. Cependant, si on peut aujourd’hui admirer cet engagement de laville d’Edimbourg dans le sens d’un développement durable pour le centre-ville et le frontde mer, cela n’a pas toujours été le cas. D’autres quartiers périphériques sont les témoinsd’une politique de développement pensée dans l’urgence et qui ont mené à des résultatsbeaucoup plus décevants.

La ville française de Saint-Etienne en a fait elle aussi, par le passé, l’amer constat.C’est pourquoi la comparaison avec les politiques de développement urbain durable misesen œuvre à Saint-Etienne est enrichissante pour se rendre compte des facteurs qui rentrentréellement en jeu dans l’aménagement de l’agglomération et qui influent sur les résultats.Cette approche comparative entre Edimbourg et Saint-Etienne est instructive sur différentsaspects. Tout d’abord, Saint-Etienne est, contrairement à Edimbourg, une ville marquéepar la révolution industrielle. Cette différence est au cœur du choix méthodologique decette comparaison. En effet, il est intéressant de voir que, bien qu’à partir de situationset d’histoires différentes, les politiques urbaines dans les deux villes visent les mêmesobjectifs, à savoir l’amélioration de l’environnement urbain pour une meilleure qualité devie en respect avec l’environnement. De plus, les principes d’aménagement utilisés et lesthèmes abordés dans les politiques des deux villes prennent racines dans les piliers dudéveloppement durable. Certains thèmes sont davantage exploités à Saint-Etienne qu’àEdimbourg et d’autres moins. Il est donc intéressant de comparer dans quelle mesure cesprincipes sont mis en oeuvre dans chacune des deux villes et quelle place ils prennent ausein des autorités responsables de l’aménagement urbain.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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IV. Approche comparatiste

A. Échec des politiques de développement urbain del’Ouest-Édimbourg : une approche urbaine tronquée

1. Situation de l’Ouest-EdimbourgL’ouest d’Edimbourg représente la voie d’accès principale pour pénétrer dans la ville (cf.Plans en annexe 1 et 7). La présence de l’aéroport ainsi que de nombreux importants axesroutiers contribuent largement à renforcer cette image de « porte d’entrée ». Cependant,ce secteur se situe à la frontière de la Ceinture Verte ce qui limite considérablementles nouveaux développements. Par exemple, l’extension de l’aéroport pose un véritableproblème, la protection de la Ceinture verte étant une priorité affirmée alors que ledéveloppement de la ville ne peut passer que par l’amélioration de son accessibilité, entreautres par les voies aériennes.

Depuis quelques années, les quartiers ouest d’Edimbourg ont subi de grandesmutations, tout d’abord dans le secteur économique. Un immense parc d’entreprises aété développé dans ce secteur favorisant notamment l’implantation d’importants servicesfinanciers comme le siège de la Royal Bank of Scotland ou encore de nombreusesentreprises concernant de nouvelles technologies. 6 000 nouveaux emplois ont ainsi étécréés.

Concernant le logement, la situation est très contrastée par rapport au centre-ville.La plupart des logements sociaux sont regroupés dans cette zone et l’architecture diffèrefondamentalement de celle du centre. On retrouve davantage de grands ensemblesconstruits dans les années 1970. C’est pourquoi on a parfois l’impression d’être dans uneautre ville. Cependant, vers la fin des années 1990, de nombreux efforts en matière delogements ont été mis en œuvre dans l’Ouest-Edimbourg. La destruction et l’amélioration decertains quartiers sont réelles. Pourtant, il reste encore beaucoup à faire pour que l’Ouest-Edimbourg soit pleinement intégré à la ville.

2. Des efforts en matière de logementL’Ouest-Edimbourg a été soumis, au cours des années 1990, à un large renouvellementurbain, notamment en terme de logements. Alors que le secteur est caractérisé par laprésence de nombreux grands ensembles construits sur le modèle des bâtiments desannées 1960-1970, certains quartiers de l’Ouest-Edimbourg ont bénéficié d’un changementradical concernant leur architecture et le type de logements offerts.

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IV. Approche comparatiste

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Ouest EdimbourgMême si les logements sociaux restent nombreux dans cette partie de la ville, de grands

efforts ont été réalisés afin d’offrir une meilleure qualité de logement pour tous les ménages.Le quartier de Wester Hailes est le meilleur exemple de ce renouvellement urbain entreprisvers la fin des années 1990. C’est une association de logement installée sur place, WesterHailes Community Housing Association, qui a pris en main et dirigé cette rénovation urbaine.Comme toute association de logement, elle mène sa propre politique et est complètementindépendante. C’est elle qui sélectionne les ménages candidats aux logements sociaux àpartir de ses propres critères. Son indépendance lui permet également de choisir les critèreset le niveau de qualité des logements qu’elle gère. C’est donc Wester Hailes CommunityHousing Association qui a enclenché le processus de renouvellement du quartier de WesterHailes. Son objectif était, tout d’abord, de démolir toutes les barres présentes sur le terrainafin de construire un quartier à taille humaine offrant des types de logements variés, de lamaisonnette aux immeubles peu élevés.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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Westburn Village, Wester Hailes, Ouest EdimbourgLe but était clairement d’éviter la construction de volumes trop imposants qui mettent

en péril la qualité de vie. Depuis son renouvellement, le quartier de Wester Hailes estun véritable exemple de rénovation réussie. Cependant, même si la qualité de vie apu être améliorée par une nouvelle approche du logement, certains aspects viennentassombrir cette réussite. En effet, il manque encore beaucoup d’éléments pour que la viede quartier soit dynamique et complète. Cet échec vient principalement d’une approcheurbaine tronquée qui a favorisé le logement mais qui a négligé d’autres aspects de la vieurbaine tout aussi importants. Ainsi, il est encore très difficile pour le quartier de WesterHailes de faire pleinement partie de la ville.

3. Autres aspects de la politique d’aménagement laissés pour compteL’Ouest-Edimbourg est aujourd’hui davantage considéré comme une banlieue-dortoir àproximité du centre-ville. En effet, il existe de nombreux logements qui rassemblent uneimportante population. Cependant, la plupart des habitants de ce secteur doivent se rendredans le centre pour pouvoir travailler. Ils font la navette tous les jours. De plus, l’Ouest-Edimbourg est très mal desservi pour tout ce qui concerne les magasins, les centres deloisirs… Rien n’est disponible sur place pour les habitants. C’est pourquoi, on peut parler debanlieue-dortoir dans la mesure où les habitants ne rentrent chez eux que pour dormir. Danscette perspective, les politiques de rénovation urbaine qui ont eu lieu à l’instar de WesterHailes ne sont qu’une étape parmi de nombreuses autres dans la mesure où des progrèsont clairement été faits en matière de logement mais non en terme d’accessibilité ou dedynamisme économique. L’aménagement urbain n’a pas été pensé dans son entier. Parconséquent, les nouveaux développements n’ont pas permis l’amélioration de la vie urbainedes quartiers ouest de la ville. La politique du logement a été envisagée indépendamment dela politique économique, des transports, des loisirs… De tels développements ne peuventêtre considérés comme durables.

La différence avec les politiques urbaines actuelles est frappante. Une prise deconscience générale des problèmes environnementaux et de la nécessité de redynamiser laville est à l’origine de ce changement d’approche. Les nouveaux projets en cours intègrent,comme on l’a vu précédemment, toutes les dimensions de la vie urbaine. Le logement enfait évidemment partie mais ne se suffit pas à lui-même. Même si l’amélioration de l’habitat

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IV. Approche comparatiste

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est une réalité à Wester Hailes, la vie urbaine n’en est pas pour autant plus animée, lequartier ressemble plus à un « quartier fantôme ». Effectivement il est très difficile d’allerfaire ses courses à proximité, de sortir au cinéma ou même de travailler près de chez soi.Les transports sont très peu présents dans cette partie de la ville ; seulement quelqueslignes de bus font la liaison avec les points importants de la ville. C’est pourquoi l’ExécutifEcossais insiste sur la question des transports dans ce secteur :

Une intégration soigneuse des transports et de l’utilisation du territoire est exigée afinque l’accessibilité ne soit pas compromise, que les temps de trajet soient réduits et quela possibilité de développements supplémentaires soit réalisable dans le contexte d’unsystème de transport durable.34

Cette priorité donnée au développement d’un réseau de transports efficace dansl’Ouest-Edimbourg est indispensable dans la mesure où une très forte demande émane deshabitants de cette zone :

Cela impose un changement rapide d’étape dans les niveaux d’investissement pourles transports afin de ramener le niveau de congestion de la circulation actuelle au niveauimposé par les cibles nationales et locales, de garantir l’accessibilité et de fournir unesolution durable aux problèmes de transports existants.35

Ainsi, le gouvernement est conscient des problèmes qui se posent au niveau de l’Ouest-Edimbourg et mène une réflexion sur la mise en œuvre de nouvelles politiques urbaines.On voit bien par cet exemple que le développement urbain durable répond beaucoup mieuxaux problèmes d’aménagement dans la mesure où il envisage tous les aspects de la vieurbaine. C’est cette démarche intégrée qui a manqué dans les précédentes politiques dela ville mises en œuvre dans l’Ouest-Edimbourg. En effet, la question du logement ne peutpas à elle seule répondre à tous les problèmes urbains. Elle peut néanmoins résoudrecertaines questions et répondre à certaines demandes. C’est pourquoi il faut prendre encompte cette question du logement mais faire attention qu’elle ne soit pas traitée de façonisolée. Les nouveaux développements de logements doivent être réfléchis en même tempsque la question de l’accessibilité, des services de proximité, des loisirs et de l’économie afinde garantir un environnement de qualité et attractif.

A ce point de la réflexion, on peut se demander si le modèle utilisé à Edimbourg est entrain de réussir parce qu’il est porté uniquement par un contexte favorable. L’étude de la villede Saint-Etienne qui bénéficie d’un contexte tout à fait différent nous apporte des élémentsappréciables pour nous permettre de constater que les critères du développement durablepeuvent s’appliquer aussi avec succès dans un autre cadre.

B. Le développement urbain durable dans le centreville de Saint-Étienne

34 Scottish Executive, West Edinburgh Planning Framework [en ligne]. Edinburgh, 2003, p. 8. Consultable en ligne : <URL :http://www.scotland.gov.uk/Resource /Doc/47034/0026420.pdf > « This will require careful integration of transport and land use sothat accessibility is not compromised, travel times are reduced and capacity for additional development is created in thecontext of asustainable transport system ».

35 Ibid, p. 9. « This points to a need for an early and sustained step change in levels of transport investment to contain existinglevels of traffic congestion in line with national and local targets, safeguard accessibility and provide a long-term sustainable solutionto existing transport problems ».

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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1. Comparaison des centres ville de Saint-Étienne et d’Edimbourg :ancien site industriel / patrimoine mondial

Il est intéressant de comparer les politiques urbaines mises en œuvre à Saint-Etienne età Edimbourg dans la mesure où leurs profils sont assez contrastés du point de vue de lapopulation d’une part et de l’image véhiculée par leur centre-ville d’autre part. En effet, Laville de Saint-Etienne compte aujourd’hui 175 000 habitants (estimation INSEE 2005) soit2,5 fois moins qu’Edimbourg. L’échelle d’étude est donc radicalement différente mais il esttoutefois intéressant de voir comment des politiques urbaines sont mises en œuvre dansdeux villes aux proportions inégales. Une approche comparatiste nous permettra de mieuxapprécier les résultats des politiques urbaines engagées dans chacune des deux villes auxhistoires et aux architectures distinctes.

a. Deux histoiresDu point de vue de leur histoire, Saint-Etienne et Edimbourg sont radicalement différentes.Ces différences expliquent entre autres les images que chacune des deux villes véhiculeaujourd’hui d’elle-même. En effet, l’histoire est déterminante pour comprendre pourquoitels ou tels développements ont eu lieu et dans quelles circonstances. L’histoire d’une villeconditionne ce qu’elle est aujourd’hui et permet d’expliquer les choix passés qui ont uneincidence sur le présent. Dans le cadre de notre étude, il est important de prendre en comptel’histoire de Saint-Etienne d’une part, et d’Edimbourg d’autre part pour comprendre leurréputation, leur développement urbain et leur politiques futures.

Saint-Etienne et Edimbourg ont pris des voies très différentes dans le passé, la premièreest devenue une métropole industrielle alors que la seconde a profité de sa position debourg royal. En effet, Edimbourg était un bourg royal à l’origine et a su préserver saréputation de « ville des cols blancs ». Les classes supérieures de la société se côtoyaient

quotidiennement. En réalité, l’industrialisation du 19ème siècle a beaucoup moins affectéeEdimbourg que les autres grandes villes ce qui lui a permis de conserver sa réputationau fil du temps ainsi que son patrimoine historique. C’est pourquoi la vieille ville et lanouvelle ville d’Édimbourg ont pu être aujourd’hui classées au rang de patrimoine mondial.

A l’inverse, Saint-Etienne est devenue un très grand centre industriel au cours du 19ème

siècle, notamment par l’essor des industries traditionnelles (houille), son industrie rubanièreimportante, l’industrie des armes et des cycles et l’explosion de l’industrie métallurgique.Ainsi, Saint-Etienne a été fortement marquée par l’industrie, ce qui a conditionné sa vieéconomique, sociale et culturelle. En effet, une large population ouvrière s’est installée àSaint-Etienne durant ces années au contraire d’Edimbourg.

Saint-Etienne a d’ailleurs été stigmatisée pendant longtemps pour son histoireindustrielle. De nombreuses étiquettes parfois très pesantes lui sont attachées : « lebassin stéphanois était surtout perçu à l’extérieur comme le pays minier, noir, dominé parla marque du charbon, y compris la marque visuelle : puits, crassiers, usines dans laville »36. L’industrialisation de la ville a donc entraîné de nombreuses modifications urbaines.L’architecture de la ville reste fortement marquée par cette période. Là où Édimbourg a supréserver son identité royale, Saint-Etienne s’est transformée en métropole industrielle tantsur le plan des modes de vie que sur le plan architectural.

36 MERLEY, Jean, Histoire de Saint-Etienne. Toulouse : Editions Privat, 1990, p. 287.

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b. Deux architecturesL’architecture d’Edimbourg et celle de Saint-Etienne découlent directement de leur histoire.

Dans la mesure où Edimbourg n’a été que très peu affectée par l’industrialisation du 19ème

siècle, elle a pu préserver toute son intégrité. Ceci s’est traduit par la conservation de sesnombreux bâtiments historiques : églises, chambre du Parlement, palais royal…

Eglise Saint Giles, Vielle Ville, EdimbourgCet héritage construit qui fait, comme on l’a vu auparavant, sa réputation,

vaut à Edimbourg d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. A l’opposé,l’industrialisation importante de Saint-Etienne a entraîné une transformation de ses quartiers

reflètant les nouveaux modes de vie du 19ème siècle. La mine pénètre jusqu’au cœurde la ville, les conditions de logement sont loin d’être adaptées à tous les besoins. Lesouvriers vivent dans des demeures médiocres. La ville est avant tout marquée par sonindustrie avec ses usines et ses fumées. L’architecture de la ville est représentative dela révolution industrielle. Le centre-ville se caractérise tout particulièrement par l’originalitédes immeubles des passementiers qui représente une importante part de la population au

19ème siècle. En effet, le ruban est une des activités principales de la ville. Par conséquent,les logements s’adaptent et on voit la construction de nombreux immeubles-ateliers auxhautes fenêtres s’implanter sur les pentes des collines du centre-ville.

Façade d’un immeuble-atelier de passementier, Saint-Etienne.(BONILLA, Mario, TOMAS, François, VALLAT, Daniel, Saint-Etienne au XIXe siècle :

De Pierre-Antoine Dalgabio à Pierre-Léon Lamaizière. Saint-Etienne : Publication del’Université de Saint-Etienne, 1994. p. 128)

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Les rues qui longent ces immeubles sont souvent sinueuses et étroites. Ainsi, lepaysage urbain de Saint-Etienne affirme une originalité qui découle d’une Histoire marquéepar la révolution industrielle.

L’architecture du passé a laissé de nombreuses traces aujourd’hui. Avec la baisseconstante de la production houillère et des autres industries, Saint-Etienne entame sareconversion dans les années 1980. On assiste alors à la rénovation des quartiers anciens,les établissements miniers disparaissent au fur et à mesure de la surface, on supprimede nombreux logements insalubres et des efforts sont faits en termes d’aménagementpaysager. Néanmoins, la ville de Saint-Etienne a encore du mal à tourner la page et à seséparer de cette image qui la poursuit : la ville reste encore fortement imprégnée de latradition industrielle. C’est pourquoi une des priorités est de créer une autre image de laville, plus attractive, qui lui permettent d’effacer cet héritage industriel peu reluisant. SelonJean Merley, la ville ne manque pourtant pas d’atouts :

Il n’est pas faux de dire que Saint-Etienne est devenue une ville agréable à vivre etdont certains atouts sont quelque peu jalousés par des agglomérations voisines : ainsi lecalme et la relative sécurité, la qualité des transports en communs (le tramway apparaîtaujourd’hui comme un des moyens de communication les plus adaptés à la ville).37

La ville est donc lancée sur la bonne voie pour faire en sorte de réhabiliter son image.Cependant, il est encore difficile de passer outre l’héritage industriel qui pèse profondémentdans l’inconscient collectif et le paysage urbain. C’est pourquoi la Ville de Saint-Etiennes’est engagée sérieusement dans la voie du développement durable afin de pouvoir changerl’image de la ville et par conséquent améliorer la vie urbaine de ses habitants.

2. Apports du développement urbain durable pour le centre ville deSaint-Étienne

Depuis 2004, un vaste programme de rénovation urbaine a débuté à Saint-Etienne sousl’impulsion du Sénateur-Maire Michel Thiollière, membre du parti radical valoisien. C’estlui qui a engagé la ville dans une mutation urbaine importante soutenu par son conseilmunicipal majoritairement ancré à droite mais où les différentes forces politiques sontreprésentées (Socialistes, Verts, Communistes, Centristes et Extrême-Droite). On parle de « renaissance » après la crise industrielle et la période de reconversion. Ce renouvellementurbain vise donc le développement économique mais aussi la réhabilitation de certainsquartiers du centre-ville et de la périphérie afin d’améliorer la qualité de vie des habitants.Pour cela, la Ville de Saint-Etienne s’est engagée à mettre en œuvre des principes dedéveloppement durable. Quatre quartiers sont concernés par ce grand projet de ville« Renaissance 21 ». On compte parmi eux le quartier du Crêt de Roc, ancien quartier despassementiers qui fait partie intégrante du centre-ville actuel de Saint-Etienne (cf. Plan enannexe 8).

a. Les objectifs : recréer un centre-ville attractif et résidentiel qui efface lesstigmates du déclin industrielLa Ville de Saint-Etienne souhaite, par son renouvellement urbain, augmenter sonrayonnement au niveau national comme au niveau européen en faisant en sorte queles traces de son héritage industriel en termes d’architecture (locaux abandonnés sans

37 Ibid, p. 294.

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IV. Approche comparatiste

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cachet…) deviennent de moins en moins présentes et ne créent pas un déficit en termesd’image. Pour cela, la ville doit renouveler son habitat dans plusieurs secteurs. Le projet« Renaissance 21 » vise, pour ces quartiers :

A renforcer leur vocation résidentielle et leur diversité fonctionnelle grâce à unvaste programme combinant démolitions, reconstructions et restructuration de l’habitat,aménagement d’espaces publics et requalification ou création d’équipements »38.

Ce projet de renouvellement urbain s’inscrit dans une démarche de développementdurable dans la mesure où les différentes dimensions de l’aménagement de l’espace urbain(logement, espaces publics, équipements…) sont envisagés de façon interdépendante etnon isolée afin que les futurs développements soient cohérents sur le long terme. LaVille de Saint-Etienne est donc consciente des interactions qui existent entre les différentsaspects de la vie urbaine et de l’importance de les prendre en considération pour tendrevers un développement pérenne. Selon le responsable de la cellule Politique de la Ville etRénovation Urbaine de la Direction Départementale de l’Equipement de la Loire :

Le renouvellement urbain désigne l'ensemble des interventions mises en œuvre dansles quartiers en crise, en vue d'améliorer leur fonctionnement et de favoriser leur insertiondans la ville. Ces interventions empruntent plusieurs voies et vont de la restructurationde l'habitat, l'amélioration de la desserte des transports, la création de nouveaux servicespublics, à l'implantation d'entreprises et l'accompagnement social des habitants. Car enréalité, s'il s'agit bien de changer la ville, de la renouveler, de modifier fondamentalementet durablement la physionomie des quartiers en difficulté, c'est pour changer la vie deshabitants.39

Il est donc clair que le projet de renouvellement urbain de Saint-Etienne visel’amélioration de la qualité de vie de ses habitants, ce qui passe par une réflexionapprofondie et conjointe sur le logement, les transports, les équipements, l’environnement,l’économie et l’insertion sociale. Les piliers du développement durable sont donc à la basede la politique urbaine mise en œuvre par la Ville de Saint-Etienne, la D.D.E. de la Loire etSaint-Etienne Métropole (communauté d’agglomération) qui représentent les trois acteursprincipaux de ce projet.

Plus précisément, le quartier du Crêt de Roc situé au cœur même de la ville etconstruit sur un site collinaire est très caractéristique du paysage stéphanois. En effet,ancien quartier des passementiers, le Crêt de Roc dispose d’un patrimoine bâti porteurd’histoire. Cependant, les conditions d’habitat posent aujourd’hui problème : obsolescencedes bâtiments, dégradation prononcée, vacance importante. Les ménages ne souhaitent,par conséquent, plus s’installer dans ce quartier et une certaine fragilité sociale se fait sentir.C’est pourquoi un des objectifs prioritaires de la Ville de Saint-Etienne est de requalifier lequartier afin d’attirer de nouveaux ménages et d’améliorer le cadre de vie des habitants déjàsur place. La proximité avec d’autres projets majeurs en cours (construction d’une deuxièmeligne de tramway, ouverture de la cité du Design destinée à promouvoir le design industrielqui a grandi à Saint-Etienne, implantation d’une nouvelle salle de spectacle, le Zénith…) estun atout incontestable dans la mesure où le quartier est pleinement intégré à la stratégied’ensemble de renouvellement de la ville ce qui assure sa liaison avec d’autres secteursclés de Saint-Etienne.

38 Ville de Saint-Etienne, Quartiers Renaissance 21 : La Rénovation urbaine en marche dans 4 quartiers de Saint-Etienne.Janvier 2006.

39 BANC, Philippe (D.D.E.de la Loire), Renouveler l’urbain, le pari des 5 prochaines années [en ligne]. Saint-Etienne, 2 mai2005. Consultable sur Internet : <URL : http://www.loire.equipement.gouv.fr/article.php3 ? id_article=369>

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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La rénovation du quartier du Crêt de Roc passe par plusieurs opérations derenouvellement urbain qui ont lieu sur les différents sites du quartier (cf. Plan en annexe9). Par exemple, on compte parmi elles la réhabilitation du foyer Clairvivre (foyer de jeunestravailleurs et auberge jeunesse), le réaménagement de l’Esplanade du Crêt de Roc avec laconstruction d’une promenade publique ou encore l’opération Desjoyaux, la plus innovantede toutes, qui vise à mettre en place un véritable quartier durable.

b. L’exemple de l’opération DesjoyauxLe projet urbain concernant le secteur Desjoyaux fait partie du projet de renouvellementurbain du quartier du Crêt de Roc situé au centre-ville de Saint-Etienne. Il s’agit d’unedémarche urbaine originale dans la mesure où les enjeux du développement durable etde la qualité environnementale sont clairement pris en compte. La Zone d’AménagementConcertée (Z.A.C.) (cf. Annexe 10) du secteur Desjoyaux tente donc de répondre aux

préoccupations majeures du 21ème siècle. La Ville de Saint-Etienne a fait appel à uncabinet d’architectes afin qu’il propose un modèle de développement durable à l’échelle duquartier Desjoyaux en fonction de la spécificité paysagère du secteur. En effet, la situationdu secteur Desjoyaux est tout à fait particulière puisque le quartier se trouve au pied d’unecolline ; de nombreux facteurs doivent alors être pris en compte : ensoleillement, problèmed’éboulement, drainage… Les propositions du cabinet d’architectes avalisées par la Ville deSaint-Etienne, la D.D.E. de la Loire et les différents autres partenaires publics intègrent lesquestions liées aux déplacements, aux usages des différents espaces, à la construction, àla conception des logements, à l’eau et aux énergies utilisées. L’approche urbaine est donctrès complète pour que soit ainsi offert un environnement résidentiel de qualité qui attire denouveau la population dans le centre-ville.

Les objectifs et les priorités étant établis, le cabinet d’architectes a pu faire un certainnombre de propositions détaillées. Tout d’abord, le secteur étant situé au pied d’une colline,une réflexion a été menée sur l’emplacement de la centaine de logements prévue. Il adonc été décidé de placer les logements sur le secteur ensoleillé du quartier, c’est-à-direen retrait par rapport à la colline qui projette malheureusement une ombre importantesur le secteur Desjoyaux. Par conséquent, l’espace libre au pied de la colline sera prévupour la construction d’espaces verts publics ainsi que des aires de jeu. Concernant lesdéplacements, la volonté est de créer un quartier libéré de tout véhicules et de n’autoriserque les arrêts minutes. Les modes de déplacement doux sont alors privilégiés et lesstationnements pour vélo pleinement intégrés au plan de composition du quartier. Laquestion du bâti constitue également une grande part du projet puisque des efforts en termesde logements sont indispensables afin de créer une réelle attractivité résidentielle. C’estpourquoi il est prévu de construire des logements diversifiés, du bâtiment de trois étages aulogement intermédiaire avec accès individuel pouvant répondre à une demande variée. Desterrasses et des jardins sont également prévus sur les parties sud des logements ainsi quedes toitures végétalisées qui présentent non seulement un caractère esthétique intéressantmais qui permettent aussi de réguler les risques d’inondation et d’offrir un meilleur confortacoustique et thermique. Les consommations énergétiques sont alors réduites. De plus,des capteurs solaires pour l’eau chaude sanitaire sont intégrés au bâti ainsi que des petiteschaufferies à bois centralisées par secteur. Enfin, la question de la sécurité et de la sûreté duquartier fait également partie de la planification. Le risque d’éboulement devrait être contenupar l’implantation d’un piège à cailloux beaucoup plus écologique que des renforcementsen béton.

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IV. Approche comparatiste

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Le projet urbain de la Z.A.C. Desjoyaux est très innovant du point de vue de laqualité environnementale. De nombreux efforts sont réalisés pour offrir une qualité devie élevée en respect de l’environnement aux habitants de Saint-Etienne. Le centre-ville doit effectivement retrouver son attractivité et réduire les impacts négatifs de sonpassé industriel. La qualité environnementale prend donc une place très importante dansla politique de réaménagement du quartier, peut-être davantage qu’à Edimbourg où lesefforts sont plutôt portés sur l’accessibilité et la diversité sociale et fonctionnelle. Cesdifférences dans les thèmes abordées par les deux municipalités peuvent probablements’expliquer par le fait que les projets à Edimbourg sont de plus grande envergure. Lespolitiques urbaines énoncent donc des principes qui visent avant tout un développementpérenne à l’échelle de toute l’agglomération alors qu’à Saint-Etienne, les politiques entermes d’aménagement durable touchent davantage des quartiers ciblés et mènent à desactions ponctuelles plutôt que globales à l’échelle de la ville. Edimbourg montre alors sonavance en termes de réflexion sur le développement durable. Cela est sûrement facilitépar l’organisation des services de la « Ville d’Edimbourg » qui possède un départementresponsable de toutes les affaires concernant le développement urbain (développementéconomique, politiques des transports, logements sociaux…) à la différence de la Ville deSaint-Etienne où tous ces secteurs d’activités sont séparés et envisagés indépendammentles uns des autres. Les efforts en termes de développement durable sont bien réelsà Saint-Etienne, comme on l’a vu avec l’opération Desjoyaux, mais ils restent encoretrop peu nombreux proportionnellement à l’ampleur du programme de rénovation urbaineà l’échelle de l’agglomération. L’engagement de la ville dans ce sens reste encore àconfirmer contrairement à Edimbourg où la Ville semble avoir pris l’habitude d’intégrer ledéveloppement durable dans ses politiques. Néanmoins, même si les opérations en faveurd’un développement plus durable ne sont pas de la même envergure dans les deux villes,il est important de souligner que les intentions et les objectifs sont bien les mêmes : ledéveloppement urbain durable est envisagé comme un outil d’aménagement efficace quipermet une approche de la vie urbaine différente et plus saine.

Nous dirons pour conclure que la comparaison de différents projets de rénovationurbaine est intéressante pour révéler les facteurs déterminants qui font qu’un projet estune réussite ou pas. Les politiques urbaines mises en place dans l’Ouest-Edimbourgdémontrent l’importance d’une démarche urbaine intégrée qui prenne en compte l’ensembledes aspects de la vie des habitants. La prise en compte de la question du logement seuleaméliorera la qualité de l’habitat mais nullement celle de la vie urbaine. Les questions destransports, des équipements, des emplois sont toutes aussi importantes. Les projets derenouvellement urbain de Saint-Etienne vont également dans ce sens. Bien qu’Edimbourg etSaint-Etienne soient très différentes sur le plan historique et architectural, leur démarche dedéveloppement urbain durable est comparable, malgré que l’échelle d’action soit bien plusmodeste dans le cas de Saint-Etienne. Les objectifs sont les mêmes, les deux villes visent àaméliorer la qualité de vie de leurs habitants, soit en revalorisant le patrimoine existant, soiten réhabilitant des quartiers en crise. Les projets urbains du front de mer d’Edimbourg et duquartier du Crêt de Roc de Saint-Etienne s’inscrivent ainsi dans la même optique, chacunvoulant devenir plus attractif et effacer un passé peu reluisant en termes de construction.Le développement durable est donc très présent dans de tels projets dans la mesure où,loin de créer des ensembles ghettos, il permet de revaloriser certains quartiers et de faireen sorte qu’ils fassent pleinement partie de la ville.

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Conclusion

Ce travail a consisté à étudier la place du développement durable dans les politiquesurbaines d’aujourd’hui et à s’interroger sur ce que ce concept peut apporter à la vie citadine.Edimbourg a constitué un très bon terrain d’étude pour ce mémoire dans la mesure où unnouveau plan d’aménagement de la ville vient d’être validé par les autorités locales quiintègre pleinement les principes du développement durable. De plus, la comparaison établieavec Saint-Etienne est venue confirmer que le développement durable pouvait s’appliquerdans des contextes différents mais pour des objectifs et des résultats similaires.

Dans la première partie, nous avons défini en détail le concept de développementdurable qui fait appel à trois dimensions fondamentales : économique, sociale etenvironnementale. Le principe d’interdépendance est la base de ce type de développement.On parle d’interdépendance entre les trois piliers du développement durable mais égalemententre les différentes échelles de temps car la notion de temps est cruciale et reposesur une articulation réfléchie entre temps court et temps long. Le développement durabledoit ainsi pouvoir répondre aux logiques du temps présent sans porter préjudice auxgénérations futures. La solidarité intergénérationnelle est donc primordiale dans l’approchede ce concept. De plus, le développement durable implique une dimension spatiale, lesdifférentes échelles territoriales devant être prises en compte pour plus de cohérence :le développement local, souvent plus adapté aux préoccupations de chacun, ne doit pasperturber l’équilibre national ou même international. Ainsi, le développement durable est unconcept complexe qui englobe de nombreuses notions qui doivent être pensées de façoninterdépendante pour assurer un développement viable sur le long terme.

La deuxième partie a été consacrée à la présentation générale de la ville d’Edimbourg.Il était important de définir précisément le terrain d’étude et ses caractéristiques afin depouvoir ensuite analyser plus en détail, dans la partie suivante, les politiques urbainesmenées dans la ville. Ainsi, Edimbourg est une ville qui jouit d’une très bonne réputationtant sur le plan national que sur le plan international grâce à son patrimoine historiquemais aussi grâce à son dynamisme économique et politique. Cependant, cette ville estdevant un certain nombre de nouveaux défis (augmentation de la population, logement,transport) qu’elle devra relever pour préserver son image et son caractère. De plus, nousavons montré que l’image de la ville était souvent attachée à son centre-ville historiqueclassé au patrimoine mondial de l’UNESCO et que les autres secteurs de la ville, ettout particulièrement le front de mer, étaient généralement méconnus à cause de l’imagedélabrée et industrielle qu’ils véhiculaient. Pourtant, on a pu constater que la « Villed’Edimbourg » s’intéressait de près au front de mer dans la mesure où ce domaine peut êtrerepensé dans une perspective de développement dynamique qui pourrait venir soulagerle centre-ville des pressions qui pèsent sur lui en terme d’habitat et d’implantation desentreprises. Enfin, la description des différentes organisations politiques écossaises nousa permis de compléter la présentation de la ville par l’exposé de leur engagement pour ledéveloppement durable et de leur rôle dans la mise en place des politiques urbaines.

Nous avons pu aborder alors plus en détail la question du développement durabledans les politiques urbaines de la ville et essayer de voir quel est l’objectif principal d’untel développement. Tout d’abord, dans le contexte d’Edimbourg, il a été nécessaire de

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Conclusion

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préciser que la culture joue un rôle fondamental dans l’élaboration d’une politique de laville. Elle occupe une place primordiale dans la vie des habitants et génère un sentimentd’appartenance à la cité qu’il est important de préserver. Nous avons vu ensuite plus endétail quelles mesures de développement durable ont été intégrées aux politiques urbaines.Chaque domaine de la vie des citadins est concerné : du logement aux espaces verts enpassant par les transports et le développement de structures sociales et d’animation. La« Ville d’Edimbourg » est donc clairement engagée sur la voie d’un développement à longterme pour améliorer la vie de ses habitants dans tous les quartiers de l’agglomération. Lesprincipes de développement durable permettent de réhabiliter certains secteurs, commele front de mer, pour faire en sorte que celui-ci soit pleinement intégrée à la ville. Larequalification de son image passe donc par un développement pérenne. L’identité de lacité traverse les politiques urbaines déployées dans la mesure où les développements sontpensés de telle sorte qu’ils ne détériorent pas l’environnement architectural exceptionnel dela ville et la qualité de la vie qu’elle propose.

Enfin, la dernière partie du mémoire vient renforcer davantage l’hypothèse de départselon laquelle le développement urbain durable permet une approche qualitative de la viecitadine dans la mesure où il prend en compte l’interdépendance des phénomènes urbains.La comparaison entre les politiques urbaines actuelles mises en œuvre dans le centre-villed’Edimbourg et sur son front de mer et les politiques que la ville a menées dans sa périphérieOuest dans le passé montre à quel point les problèmes urbains doivent nécessairementêtre traités les uns par rapport aux autres, dans toute leur complexité. Dans ce cas précis, laquestion du logement a été réglée par le passé de façon isolée proposant une améliorationcertaine de l’habitat mais laissant de côté tous les autres aspects qui rendent généralementpossible l’émergence d’une vie de quartier vivante et de qualité. Cet exemple plaide donc enfaveur d’une démarche intégrée de développement durable. De plus, la comparaison entrela politique urbaine d’Edimbourg et celle de Saint-Etienne offre une note optimiste quantà l’application des principes d’un développement qui s’inscrit dans le temps long. En effet,Saint-Etienne et Edimbourg dont les histoires, et par conséquent le patrimoine bâti, diffèrentconsidérablement ont su adopter chacune une démarche pérenne pour leurs projets derénovation urbaine. Le développement durable peut donc s’adapter à diverses situationstout en menant aux mêmes résultats : la création de quartiers où la vie locale est vivanteet de qualité.

Au terme de ce mémoire, nous pouvons affirmer que le développement durable,appliqué au domaine de la ville, ne se réduit pas à des efforts environnementaux,mais consiste bien en une démarche globale qui vise non seulement la protectionde l’environnement mais également le bien-être individuel et collectif et la prospéritééconomique. La satisfaction de ces trois objectifs permet de mener une vie saine etépanouissante. C’est pourquoi, le développement durable est aujourd’hui dans toutesles bouches. Il reste néanmoins trop peu souvent mis en application. Edimbourg montreprécisément son avance dans ce domaine dans la mesure où la ville a su réfléchir à laprise en compte du développement durable au niveau de toute l’agglomération et passeulement d’un seul quartier comme c’est souvent le cas (quartier Vauban à Fribourg,quartier GWL Terrein à Amsterdam, quartier Kronsberg à Hanovre…). Cet exemple nousmontre combien la volonté des acteurs est déterminante dans la mise en œuvre d’unepolitique de développement sur le long terme. En effet, la « Ville d’Edimbourg » a su affirmerson engagement et faire en sorte que de nombreux protagonistes se sentent impliqués(habitants, associations de quartier, promoteurs, entreprises…). Dans cette perspective,il semble nécessaire de faire évoluer les comportements et de faire prendre consciencede l’enjeu que représente un développement pérenne. Les débuts du développement

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durable ont été difficiles dans la mesure où la persistance de certains comportements etla résistance aux changements semblent limiter la mise en place de véritables démarchesglobales de développement et ne privilégier que des actions ponctuelles. C’est pourquoi,il semble intéressant, à ce point du mémoire, de se demander comment il est possibled’inciter les différents acteurs des politiques urbaines à intégrer davantage les principes dudéveloppement durable. Il serait peut-être alors judicieux d’envisager les différents outilset aides qui existent déjà en France pour les collectivités locales, organes principaux dedétermination des politiques urbaines. En effet, des outils existent. L’assistance à maîtrised’ouvrage, par exemple, permet de seconder les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvreafin de faire en sorte que tous les thèmes du développement durable soient bien traitésdans les projets de ville, de la réflexion à la réalisation sur le terrain. La communication estégalement un outil incitatif. Une publicité importante autour des projets urbains peut êtresource de motivation pour les acteurs de l’agglomération car, pour une ville, montrer sacapacité d’innovation et son exemplarité permet de promouvoir une image forte d’elle même.Les différents protagonistes doivent alors tout faire pour que la réalité corresponde à cetteimage et perdure le plus longtemps possible. Ainsi, la communication qui peut prendre desformes diverses, des simples prospectus aux visites de chantier, sert d’une part à justifierle bien-fondé de tels projets, et d’autre part à encourager les acteurs grâce à l’adhésion dela population à la voie qu’ils ont prise et à les inciter à aller jusqu’au bout de leur réflexion.

Pour finir, nous pouvons noter que ce mémoire a également ses limites dans la mesureoù les projets étudiés ne sont, comme leur nom l’indique, qu’à l’étape de projet et ne sontdonc pas encore réalisés. Les résultats ne peuvent donc pas encore être appréciés. Lathéorie et la pratique peuvent différer s’il n’existe pas de surveillance méticuleuse à toutesles étapes de la réalisation du projet. L’évaluation et le suivi régulier des opérations sontindispensables pour contrôler, garantir la qualité et éventuellement prévoir des actions decorrection. Il serait alors intéressant de revenir sur les projets d’Edimbourg et de Saint-Etienne une fois la réalisation terminée pour constater les réussites et les insuffisances,ainsi que pour recueillir l’avis des habitants sur les changements et les améliorations qu’ontpu apporter de tels développements dans leur vie quotidienne à court et à long terme.

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Scottish Green Party [en ligne]. 2002 < http://www.scottishgreens.org.uk/ site/id/1/title/Home.html >

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The Edinburgh Sustainable Development Partnership [en ligne]. 2004 <http://www.esdp.org.uk/>

The Scottish Parliament [en ligne]. 1999 < http://www.scottish.parliament.uk/vli/language/french/index.htm >

U.M.P. Loire [en ligne]. <http://www.ump42.info/index.htm>

Ville de Saint-Etienne [en ligne]. <http://www.saint-etienne.fr/index.php>

Waterfront Communities Project [en ligne]. 2004 <http://www.edinburgh.gov.uk/ wcp/index.html>

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

66 Didier - 2007

Annexe

Annexe 1

Plan de la Ville d’EdimbourgSource : The City of Edinburgh Council [en ligne] <http://www.edinburgh.gov.uk/

internet/Attachments/Internet/ Environment/Planning_and_buildings/Planning/Local_plans/Edinburgh%20City%20Local%20Plan/ECLP%20part%201.pdf>

Annexe 2Les 5 objectifs et les 21 cibles incontournables de développement durable selon ladémarche HQE²R

� Objectif 1 : préserver et valoriser l'héritage, conserver les ressources1. Réduire la consommation d'énergie et améliorer la gestion de l'énergie2. Améliorer la gestion de la ressource eau et sa qualité

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Annexe

Didier - 2007 67

3. Éviter l'étalement urbain et améliorer la gestion de l'espace4. Optimiser la consommation de matériaux (matières premières) et leur gestion5. Préserver et valoriser le patrimoine bâti et naturelObjectif 2 : améliorer la qualité de l'environnement local6. Préserver et valoriser le paysage et la qualité visuelle7. Améliorer la qualité des logements et des bâtiments8. Améliorer la propreté, l'hygiène et la santé9. Améliorer la sécurité et la gestion des risques (dans les logements et lequartier)10. Améliorer la qualité de l'air (intérieur et du quartier)11. Réduire les nuisances sonores12. Minimiser les déchets et améliorer leur gestionObjectif 3 : améliorer la diversité13. S'assurer de la diversité de la population14. S'assurer de la diversité des fonctions (économiques et sociales)15. S'assurer de la diversité de l'offre de logementsObjectif 4 : améliorer l'intégration16. Augmenter les niveaux d'éducation et la qualification professionnelle17. Favoriser l'accès de la population à l’emploi et aux services et équipementsde la ville18. Améliorer l'attractivité du quartier dans la ville en créant des espaces de vieet de rencontre pour tous les habitants de la ville19. Éviter les déplacements contraints et améliorer les infrastructures pour lesmodes de déplacement à faibleimpact environnemental (transports encommun, deux roues, marche)Objectif 5 : renforcer le lien social20. Renforcer la cohésion sociale et la participation21. Améliorer les réseaux de solidarité et le capital

Annexe 3

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68 Didier - 2007

Plan du centre-ville d’Edimbourg : La Vieille Ville et la Ville NouvelleSource : Edinburgh World Heritage [en ligne] <http://www.ewht.org.uk/editor/

getfile.aspx?ItemId=62>

Annexe 4Comment sont élus les membres du Parlement écossais (MSP) ?

Chaque électeur écossais est représenté par un MSP de circonscription et sept MSPrégionaux. Tous les MSP possèdent un statut équivalent au sein du Parlement.

Lors d’une élection parlementaire écossaise, les électeurs participent à deux votes.Lors du premier vote, les électeurs choisissent un candidat parmi les candidats qui se

trouvent dans leur circonscription électorale. Le candidat qui remporte le plus grand nombre

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Annexe

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de voix, obtient le siège; ce système est connu sous le nom de ‘first-past-the-post’. Ondénombre au total 73 MSP de circonscription.

Le deuxième vote est destiné à un parti politique ou à un candidat indépendant au seind’une zone électorale plus grande appelée Région parlementaire écossaise. On comptehuit Régions parlementaires écossaises. Chaque région possède sept sièges au Parlement.Dans chaque région, les sièges sont attribués aux partis en fonction du nombre de sièges decirconscription acquis et du nombre de voix obtenu lors du second scrutin. Les membres éluspour occuper ces 56 sièges additionnels sont connus sous le nom de membres régionaux.Ce système de scrutin est connu sous le nom de Système de membre additionnel (AMS)et correspond à un mode de représentation proportionnelle.

Résultats des élections au Parlement Ecossais de mai 2007Source : The Scottish Parliament [en ligne] <http://www.scottish.parliament.uk/msp/

elections/2007/documents/ Table1.pdf>

Annexe 5

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70 Didier - 2007

Liste de 20 questions posées à la population à propos du Plan Local de la Ville

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Annexe

Didier - 2007 71

Source : The City of Edinburgh Council [en ligne] <http://www.edinburgh.gov.uk/internet/Attachments/Internet/ Environment/Planning_and_buildings/Planning/Local_plans/Edinburgh%20City%20Local%20Plan/Edinburgh_City_Local_Plan_Consultation_Paper.pdf>

Annexe 6

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72 Didier - 2007

Réponses données par la « Ville d’Edimbourg » aux questionset aux commentaires des habitants sur la Plan Local de la ville

Source : The City of Edinburgh Council [en ligne] <http://www.edinburgh.gov.uk/internet/Attachments/Internet/ Environment/Planning_and_buildings/Planning/Local_plans/Edinburgh%20City%20Local%20Plan/Appendix%202a%20Individuals_by_topic.pdf>

Annexe 7

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Annexe

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Carte routière de la région d’Edimbourg montrant l’accessibilité à la villeSource : Viamichelin.fr

Annexe 8

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

74 Didier - 2007

Plan de la ville de Saint-Etienne et des quatre quartiers du projet « Rennaissance 21 »Source : Ville de Saint-Etienne, Quartiers Renaissance 21 : La Rénovation urbaine en

marche dans 4 quartiers de Saint-Etienne, janvier 2006.

Annexe 9

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Annexe

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Plan du quartier du Crêt de roc à Saint-EtienneSource : Ville de Saint-Etienne, Quartiers Renaissance 21 : La Rénovation urbaine en

marche dans 4 quartiers de Saint-Etienne, janvier 2006.

Annexe 10LES ZONES D'AMENAGEMENT CONCERTE (ZAC)

LES ORIGINES :Loi d'Orientation Foncière n° 67-1253 du 30 Décembre 1967 ;LES TEXTES DE REFERENCE :Code de l'Urbanisme :partie législative : articles L 311-1 à L 311-8 ;

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76 Didier - 2007

partie réglementaire : articles R 311-1 à R 311-12.QU'EST-CE QU'UNE Z.A.C. ?Une Z.A.C. est une opération d'aménagement, par laquelle une collectivité réalise ou

fait réaliser " l'aménagement et l'équipement des terrains, (…) en vue de les céder oude les concéder à des utilisateurs publics ou privés " (article L 311-1). Cette procédureconsiste donc à la fois à produire des constructions et à réaliser des équipements publicsd'infrastructure (voiries et réseaux…) et de superstructure (classe supplémentaire dans uneécole, etc…).

COMMENT SE DEROULE LA PROCEDURE ?LA CREATION DE LA ZACInitiative de la création (art R 311-1) :L'initiative revient à l'Etat, à une collectivité territoriale ou à un établissement public,

ayant vocation, de par la loi ou ses statuts, à réaliser ou à faire réaliser l'objet de la ZAC.La concertation préalable prévue à l'article L 300-2 doit être engagée dès le début

du projet par une délibération qui précise les objectifs poursuivis et les modalités deconcertation.

Le dossier de création :- est approuvé :

∙ soit par la commune ou l'EPCI compétent lorsqu'ils en ont l'initiative ;∙ soit par le Préfet, lorsque l'initiative de l'opération appartient à l'Etat, à la Région, au

Département, ou à un établissement public relevant de ces collectivités (OPAC, …)ou lorsque la ZAC est située à l'intérieur d'une opération d'intérêt national.

- doit comporter (art. R 311-2 du code de l'urbanisme) :

∙ un rapport de présentation ;∙ un plan de situation ;∙ un plan de délimitation du ou des périmètres composant la zone ;∙ une étude d'impact.

Le dossier doit enfin préciser si la Taxe Locale d'Equipement est maintenue dans la zone,et quel est le mode de réalisation choisi (régie, convention publique d'Aménagement…)

La loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et renouvellementurbains (S.R.U) a supprimé les Plans d'Aménagement de Zone (P.A.Z.). Les règlesd'urbanisme de la ZAC sont intégrées au plan local d'urbanisme (P.L.U.). La création dela Z.A.C. peut nécessiter la mise en révision du P.L.U. si l'opération projetée empiète surla zone agricole (A) ou porte atteinte à l'économie générale du document d'urbanisme.exemple : cas d'une Z.A.C à vocation d'activités dans un secteur antérieurement destinéà l'habitation.

Il est à noter que les P.A.Z. approuvés avant l'entrée en vigueur de la loi S.R.U.demeurent applicables jusqu'à l'approbation d'un P.L.U. par la commune ou l'E.P.C.I.compétent. Ils ont les mêmes effets pour les zones intéressées que les P.L.U. et sontconséquemment soumis au même régime juridique.

Les P.A.Z. peuvent faire l'objet d'une modification, d'une révision simplifiée et d'unemise en compatibilité dans le cadre d'une D.U.P.

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Annexe

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La délibération qui approuve le dossier donne lieu, en application de l'article R 311-5du code de l'urbanisme, à des mesures de publicité :

Affichage, pendant un mois, de la délibération ou de l'arrêté préfectoral à la mairie dela ou des communes, et, le cas échéant, au siège de l'EPCI compétent ;

Insertion au recueil des Actes Administratifs de la Préfecture (si création par le Préfet),de la commune (si création par une commune qui compte plus de 3.500 habitants), et aurecueil des actes administratifs de l'EPCI, lorsqu'il existe dans son périmètre une communede plus de 3.500 habitants ;

Insertion dans un journal diffusé dans le département ;Ces mesures de publicité déclenchent les effets juridiques attachés à l'acte de création

(sursis à statuer, … cf. ci-dessus).LA REALISATION DE LA ZACLa personne publique qui a pris l'initiative de la création de la ZAC constitue un dossier

de réalisation approuvé, sauf lorsqu'il s'agit de l'Etat, par son organe délibérant (art R 311-7).Le dossier de réalisation comprend :le programme des équipements publics à réaliser dans la zone ;le programme global des constructions à réaliser dans la zone ;les modalités prévisionnelles de financement, échelonnées dans le temps ;les modifications à apporter éventuellement à l'étude d'impact.Le programme des équipements publics doit être accompagné de l'accord des

collectivités et autres maîtres d'ouvrages publics, qui se prononcent sur le principe dela réalisation de ces équipements, de leur incorporation dans leur patrimoine, et, le caséchéant, de leur participation au financement ; ainsi, si elle figure dans un programmedes équipements publics d'une Z.A.C., l'extension d'un collège devra recueillir l'accord del'assemblée délibérante du département.

Par ailleurs, l'opération ne peut légalement mettre à la charge de l'aménageur que lecoût des équipements nécessaires aux futurs habitants ou usagers des constructionsà édifier dans la Z.A.C. (article L 311-4 du code de l'urbanisme). Inversement, une Z.A.Csuppose un minimum d'équipements publics, pour que l'autorité compétente puisseremplacer la T.L.E. par un régime de participations spécifiques à caractère contractuel(articles L 317 quater et 1585-C-I-2° du Code Général des Impôts).

Enfin, le dossier contiendra :des annexes techniques (plan des domanialités future, plans des réseaux,…)le cas échéant, le projet de concession d'aménagement (nota bene : l'attribution des

concessions d'aménagement est soumise par le concédant à une procédure de publicité etde concurrence définie aux articles R 300-4 et suivants du code de l'urbanisme)

les modifications à apporter éventuellement à l'étude d'impact ;le cahier des charges des cessions de terrains (article L 311-6);Cette dernière pièce précise en effet :le nombre de mètres carrés de surface hors œuvre nette dont la construction est

autorisée sur la parcelle cédée ; elle définit donc les droits à construire attachés à chaqueparcelle.

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Le développement urbain durable : pour une approche différente de la vie urbaine

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(éventuellement) " les prescriptions techniques, urbanistiques et architecturalesimposées pour la durée de réalisation de la zone ".

L'approbation du dossier de réalisation donne lieu aux mêmes mesures de publicitéque l'approbation du dossier de création.

MODIFICATION OU SUPRESSION DE LA ZACLa modification de la ZAC peut affecter des éléments du dossier de création

(périmètre,…), ou du dossier de réalisation (programme des équipements publics,…)..Elle est prononcée dans les formes prescrites pour la création de la zone (art R 311-12)

La suppression de la ZAC est prononcée sur proposition de la personne publiquequi avait eu l'initiative de sa création, et au vu d'un rapport de présentation qui motive lasuppression ( art R311-12).

La publicité de la décision de suppression ou de modification de l'acte de création sefait dans les mêmes formes que pour l'acte de création.( cf art R 311-5).

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Résumé

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Résumé

La ville d’Edimbourg est clairement engagée dans la voie du développement urbain durableà l’échelle de toute l’agglomération. Cette nouvelle forme de renouvellement urbain visel’amélioration de la qualité de vie des habitants tout en respectant l’environnement et enrenforçant le dynamisme économique de la ville. Cela passe par une réflexion conjointesur les transports et les modes de déplacements, le logement, les espaces publics et leséquipements locaux, la diversité et l’intégration sociale. L’espace situé en front de mer,aujourd’hui en crise, est considéré comme un terrain privilégié pour la mise en applicationdes principes de développement durable afin que celui-ci redevienne partie intégrante dela ville et la soulage des pressions imposées par l’expansion urbaine qui pèsent sur elle.

Une comparaison avec la politique urbaine mise en œuvre à Saint-Etienne montreque le développement durable peut s’adapter à diverses situations tout en menant à desrésultats similaires : la création de quartiers où la vie locale est durablement dynamique etde qualité.

Mots-clésDéveloppement durable ; interdépendance ; patrimoine ; politique culturelle ; politiqueurbaine ; qualité de vie ; renouvellement urbain ; responsabilité.